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Mémoire portant sur l’assistance de la famille par les professionnels médicaux.

Sommaire

INTRODUCTION.. 2

PARTIE I – UNE APPROCHE THEORIQUE SUR  L’ASSISTANCE DE LA FAMILLE PAR LES PROFESSIONNELS MEDICAUX.. 4

Section 1- Présentation des cas de départ 5

Section 2- Le cadre de l’étude : la famille dans les situations aigues. 7

Section 3- Le concept de communication dans le cadre médical 11

Section 4- La communication dans les situations aigues. 14

PARTIE II –  LA NECESSITE DE LA PRISE EN CHARGE DE LA FAMILLE, DES MESURES POUR SON AMELIORATION.. 18

Section 1- Les obligations et les devoirs des infirmiers. 19

Section 2- La prise en charge de la famille et son importance pour les parties prenantes. 20

Section 3- L’amélioration de la prise en charge de la famille. 22

Section 4- Des suggestions pour une amélioration de la prise en charge de la famille. 25

CONCLUSION.. 28

BIBLIOGRAPHIE.. 29

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

INTRODUCTION

 

 

Toute personne qui a fréquenté, ne serait-ce que pendant quelques instants seulement, un milieu hospitalier a pu voir de manière concrète les tensions qui règnent dans cet endroit : le stress, l’angoisse, le traumatisme, outre les émotions fortes de toutes sortes.

Ces tensions sont constatées auprès de chacun des acteurs qui s’y trouvent, mais plus particulièrement auprès des professionnels médicaux et des proches qui viennent assister les patients.

En effet, l’hospitalisation est une expérience traumatisante non seulement pour les patients, mais également, et d’une manière considérable, pour les familles et les proches : ils viennent notamment pour assister le membre de leur famille qui est malade, suivre l’évolution de son traitement, et surtout pour prendre des renseignements auprès des professionnels qui le soignent.

Mais les familles se trouvent souvent délaissées, insatisfaites dans leur besoin d’être informées. En effet, les responsabilités qui incombent aux professionnels de la santé sont telles, que l’assistance des familles n’est plus l’une de leurs premières préoccupations. Or, le besoin d’être informées et d’être pris en charge est constant et fondamental chez les familles, et surtout dans les situations les plus difficiles.

Ainsi, même si l’assistance des familles est importante dans toutes les situations, elle devient de plus en plus indispensable dans certains cas, rendant ainsi nécessaire l’intervention des professionnels médicaux, notamment des infirmiers.

Une problématique se pose alors sur la place que doit avoir l’assistance donnée aux familles dans cet environnement qui semble défavorable à toute approche relationnelle entre professionnels médicaux et familles des patients.

C’est la raison pour laquelle nous allons focaliser notre étude sur « La prise en charge des familles en situation aigue ».

En effet, ayant vécu personnellement et dans le milieu professionnel  des situations difficiles, orienter notre analyse sur ce sujet va nous conduire à mettre en exergue l’importance et la nécessité de la prise en charge des familles en milieu hospitalier.

La question qui se pose est la suivante : Comment la prise en charge de la famille du patient doit-elle être en situation aigue, et dans quelle mesure serait-elle efficace ? OU  Quels sont les devoirs des infirmiers dans la prise en charge de la famille du patient et comment peut-elle être améliorée ?

Afin de répondre au mieux à cette question, nous allons analyser dans un premier temps deux situations de départ qui vont nous aider à placer le sujet dans son contexte, avant de voir les concepts qui seront abordés dans notre étude. Ensuite, nous allons voir les principaux enjeux de la prise en charge des familles, et avancer, enfin, quelques suggestions pour l’amélioration de l’assistance par les infirmiers.

En d’autres termes, nous allons aborder en premier lieu l’importance de l’assistance de la famille par les professionnels médicaux (Partie I), avant de voir en second et dernier lieu la nécessité de la prise en charge de la famille, des mesures pour son amélioration (Partie II).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

PARTIE I – UNE APPROCHE THEORIQUE SUR  L’ASSISTANCE DE LA FAMILLE PAR LES PROFESSIONNELS MEDICAUX

 

 

Dans cette première partie de notre travail, nous allons essayer de décrire l’importance de l’assistance de la famille par les professionnels médicaux. En effet, même si cette dernière est souvent ignorée, notamment dans le cadre de l’urgence, elle est à considérer et mérite d’être observée par tout le personnel médical et particulièrement par les infirmiers. C’est ce que nous allons aborder tout au long de notre travail.

Mais afin de comprendre au mieux son importance et avant de voir ses différents enjeux, il importe d’adopter une approche théorique afin de voir les différents concepts qui l’entourent.

Cette première partie va donc être principalement consacrée à l’étude des différentes notions qui entourent notre sujet.

 

Section 1- Présentation des cas de départ

Dans cette première section, nous allons décrire et analyser les deux situations qui nous ont amené à nous poser des questions sur le sujet de l’approche relationnelle dans le milieu médical, et principalement en ce qui concerne la famille des patients. Le premier cas (A) est une situation qui a été vécue personnellement, tandis que le deuxième (B), est une expérience vécue dans le milieu professionnel.

  • Descriptif du cas N°1

Cette première situation est une expérience qui a été personnellement vécue et qui a concerné une personne très proche.

Elle se déroule dans un CHU, plus précisément dans un service de neurochirurgie. Le patient (Monsieur B), a dû subir une opération d’urgence suite à un traumatisme crânien causé par une agression. Il devait donc être opéré par un professeur pour un hématome sous dural à 10h30.

L’infirmière à laquelle nous avons demandé des nouvelles, vers 15h30,  a alors répondu que M. B n’est pas encore revenu mais qu’il ne devrait plus tarder. Ayant patienté dans le couloir jusqu’à 17h, sans aucune nouvelle, l’inquiétude a pris le dessus.  L’infirmière qui se trouvait dans le pc nous répond alors, après notre demande, qu’elle va téléphoner et nous tenir au courant. Après environ quinze minutes, elle nous a dit que M. B est en salle de réveil (SSPI) et qu’il récupère.

Une heure suite à cette « nouvelle » venant de l’infirmière, aucun personnel médical ne vient nous voir, à l’exception d’un brancardier qui s’arrête, il nous a vu attendre depuis le début d’après midi. C’est lui qui remonte les patients du bloc opératoire. Il demande: “Vous attendez une personne du bloc?” nous répondons alors : “oui, Mr B, il a été opéré par le Dr A. » Il dit alors qu’il va se renseigner.

 

Avant de partir, il a demandé si nous souhaitions boire quelque chose ou aller nous asseoir, car « cela fait longtemps que je vous vois arpenter le couloir » dit-il. Quinze minutes passent, toujours rien, jusqu’à ce qu’un médecin approche. Nous nous sommes approchés de ce dernier et lui explique la situation. Il dit qu’en effet il devait opérer M.B mais qu’une urgence l’en a empêché. Il l’a alors confié à un de ses confrères. Il sait qu’il y a eu un problème en SSPI et se propose d’aller voir.

Angoissée, nous avons demandé à le suivre afin d’être au plus près. Il nous installe alors dans une pièce attenante à la SSPI. Dans un sentiment de “cauchemar éveillé”, nous attendons toujours, enfin il revient et nous explique qu’en SSPI, ils ont eu du mal à le réveiller et ont du le replongé dans le coma. Il a passé un IRM en urgence, il a fait une nouvelle hémorragie. Il ne peut en dire plus, c’est trop tôt. Il nous permet de le voir.

 

  • Présentation du cas N°2

La deuxième situation est plus simple, plus courte, non anxiogène. Elle se déroule dans un service de chirurgie. C’est la fin de matinée, nous étions au pc infirmier pour valider les soins que nous avons effectué. Mr D, chirurgien entre avec un air jovial, il dit bonjour au personnel, demande si il y a eu des problèmes lors de son absence. Non, rien à signaler. Il nous informe qu’il vient d’opérer Me C, que l’intervention s’est bien déroulée. Il demande à l’infirmière le numéro de téléphone de la famille. Elle le lui a donné.

Il se pose nonchalamment sur le rebord de la paillasse et appelle. “Allo, Me C, bonjour c’est le docteur D, je remonte du bloc opératoire, cela s’est bien passé, votre maman va bien, vous pouvez aller manger sereinement, laissez lui le temps de récupérer. Venez en début d’après midi si vous voulez…oui? À bientôt” et il raccroche.

 

Ces deux situations nous intéressent particulièrement, étant donné qu’elles représentent bien la place attribuée à la famille dans les milieux hospitaliers et des conséquences que l‘importance donnée à la famille peut procurer à cette dernière.

Ces cas ont le mérite de présenter l’importance de la prise en charge des familles dans les situations aigües.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Section 2- Le cadre de l’étude : la famille dans les situations aigues

Afin de bien comprendre le cadre dans lequel nous allons effectuer notre étude, il importe de nous intéresser au concept de famille et à leurs attentes. Pour ce faire, nous allons voir en premier lieu la notion de famille (A), et leurs besoins dans le cadre médical (B).

  • La notion de famille dans un contexte médical

Tout d’abord, il importe de voir quelques définitions du mot « famille », afin de mieux comprendre ses significations et sa place dans le contexte médical.

 

  • La notion de « famille »

A première vue, la famille est un concept qui semble évident, dont tout un chacun saisit la signification. Le passage par les dictionnaires pour voir la définition de ce mot ne semble donc d’aucune utilité. Cependant, la diversité des significations données par ces derniers nous révèlent la complexité du concept de famille.

Selon la définition donnée par le dictionnaire Larousse, la famille est « l’ensemble des personnes unies par un lien de parenté ou d’alliance : famille proche, éloignée » ; ou encore l’« ensemble formé par le père, la mère et les enfants »[1].  Ces définitions ont été choisies entre celles données par le même dictionnaire car elles résument bien les diverses acceptions du mot «famille ».

La famille peut traduire alors la « petite communauté » formée par le père, la mère et les enfants, ou bien toute un groupe de personnes qui comporte toutes les personnes descendantes d’ancêtres communs, liées par le lien du sang ou du mariage[2]. Il est donc indispensable de déterminer préalablement la portée que va avoir le terme famille dans un contexte particulier. C’est-à-dire qu’il importe de savoir notamment si le terme « famille » dans le cadre de notre étude va désigner la famille dans le sens restreint du terme (qui se réduit aux parents et à la fratrie) ou bien la grande famille incluant les oncles et les tantes ou encore les cousins.

En général, dans un contexte médical, la famille peut rejoindre la notion de « proches » car elle est souvent formée par toutes les personnes qui font partie de l’entourage du patient, et qui s’organisent pour le soutenir et prendre soin de lui. C’est-à-dire que dans le contexte médical, le concept de famille peut être élargi, incluant tous les entourages qui ont non seulement un lien familial avec le patient, mais également un lien affectif avec celui-ci.

Ou au contraire, la famille peut être constituée de quelques personnes qui sont les plus proches, ayant entretenu une relation étroite avec le patient. C’est d’ailleurs ce que nous rencontrons dans la pratique dans le cas des maladies graves et des situations aigües, situation sur laquelle va se focaliser notre étude.

Nous allons maintenant voir l’implication de ces proches et familles dans le milieu médical, et notamment à l’égard du patient.

 

  • L’implication des familles et son importance pour les patients

Selon René Magnon et Geneviève Dechanoz, « La famille exerce une influence importante sur l’équilibre physique et psychique d’une personne »[3]. En effet, la famille est un élément clé pouvant influencer l’état du patient. En outre, les membres de la famille peuvent fournir d’informations importantes et nécessaires aux interventions du personnel médical vu que ce sont les proches du patient qui le connaissent mieux que quiconque.

Mais elle est souvent négligée par les personnels médicaux, et particulièrement dans le cas d’une urgence qui caractérise souvent les situations aigües : toute l’attention du personnel médical est portée sur le patient, laissant la famille dans l’ignorance et l’angoisse. De plus, cette mise à l’écart des membres de la famille ne fait qu’augmenter leur stress et leur inquiétude. En effet, c’est dans ces situations que la famille se trouve le plus en difficulté, nécessitant ainsi une assistance particulière et non une mise à l’écart et une absence d’information.

La question qui se pose est alors la suivante : le personnel médical est-il obligé de laisser la famille dans cette situation de stress, de souffrance ou d’angoisse ? A-t-il la possibilité de répondre à leurs besoins?

Afin de donner les réponses à ces questions, il nous est nécessaire de voir les différents enjeux de la relation entre le personnel médical, notamment les infirmiers, et les familles ; des éléments que nous allons essayer de développer au long de ce travail.

 

  • Les besoins et les attentes de la famille du patient

Afin de mieux comprendre les enjeux de la relation famille-patient, nous allons aborder ici les besoins des familles, et en particulier lors des situations aigües, ainsi que leur place dans le milieu hospitalier.

  • Les besoins des familles dans le cadre médical

L’incompréhension entre les personnels médicaux et les familles peut amener les premiers à considérer les proches et les familles comme des éléments perturbateurs qui rendent difficile leur travail.

Ce point de vue peut être justifié lorsque nous nous référons simplement à la complexité des interventions de ces professionnels médicaux et au stress qu’ils traversent. Mais lorsque nous nous mettons à la place des familles, nous sommes vite amenés à voir la situation d’un autre point de vue : la famille est également dans des situations extrêmes nécessitant des attentions particulières.

Pour établir un équilibre, les professionnels médicaux doivent essayer de comprendre les besoins et les attentes des familles dans ces situations déterminées.

D’abord, et c’est d’ailleurs la plus importante des attentes des familles,  elles ont un besoin d’information important. Il est donc indispensable de leur donner des nouvelles sur la situation le plus tôt possible. En effet, il est nécessaire de les informer sur l’évolution des choses et de leur expliquer clairement ce qui se passe. Cela va réduire l’anxiété et l’angoisse qui pèsent sur eux.

En outre, et c’est d’ailleurs, le plus important, la famille a besoin d’une approche qui privilégie l’écoute, la relation, l’assistance ou encore le soutien. Ces derniers doivent être exprimés d’une part, par les professionnels médicaux, mais également au niveau de l’environnement et de l’aménagement des lieux. En effet, les espaces doivent être aménagés de sorte que les familles puissent se reposer dans un endroit confortable et rassurant dans l’attente de nouvelles de leurs proches, et notamment dans les situations d’urgence.

 

  • La famille et son besoin d’information

Les familles des patients viennent principalement pour soutenir leur proche et pour prendre des nouvelles sur son état de santé. Les professionnels médicaux, ayant un rythme de travail très important, ne se préoccupent pas souvent de la famille. Recueillir des informations  va alors être très difficile pour cette dernière, du moins cela va nécessiter beaucoup d’effort de sa part. En effet, plusieurs cas similaires à ce que nous avons présenté au début de notre travail sont observés dans les milieux hospitaliers, et ce, même dans les cas extrêmes.

Nous ne pouvons donc que constater le manque, voire l’absence de communication et d’approche relationnelle dans les milieux hospitaliers. En effet, les familles ne s’attendent pas à ce qu’elles fassent l’objet d’un travail à part pour les professionnels de santé, toutefois, un effort de leur part pour les informer de ce qui se passe est nécessaire et suffirait pour subvenir au besoin le plus fondamental des familles dans ces cas d’espèce. Une organisation de travail par les professionnels médicaux pourra alors les aider à remplir leur devoir d’informer la famille et au mieux, de la soutenir malgré les difficultés qu’impliquent leurs tâches.

 

 

Section 3- Le concept de communication dans le cadre médical

Afin de mieux voir l’importance de la communication dans le milieu médical, il importe d’aborder dans un premier temps quelques définitions  ainsi que la place de la communication et de l’approche relationnelle dans la relation soignants-familles.

  • L’approche relationnelle et l’accompagnement des proches et de la famille

L’approche relationnelle est un composant essentiel des activités professionnelles des soignants. En effet, elle a toujours fait partie de leurs attributions, mais elle tend souvent à être oubliée dans la pratique. Nous allons alors revoir et mettre en exergue dans cette sous-partie l’importance de cette action dans la relation famille-soignants.

  • L’importance de l’approche relationnelle

L’approche relationnelle est l’un des meilleurs moyens pour encadrer les relations entre les soignants et les familles. En effet, des membres de la famille viennent pour soutenir et aider les patients, impliquant nécessairement des interactions avec les différents responsables, notamment les médecins et les personnels soignants.

Mais cette approche relationnelle est souvent mise à l’écart dans la pratique. Elle se traduit principalement par des actions (verbales ou non), qui visent à établir des liens entre les proches et les personnels. Des liens basés sur la confiance doivent alors être noués entre les deux parties afin de favoriser les tâches qui incombent aux soignants et afin de soulager les  différents sentiments qui pèsent sur les familles, pour ne citer que l’anxiété ou le découragement ; comme le dit Isabelle MOLEY-MASSOL, « L’entourage est lui aussi malade par procuration »[4]. En effet, outre les conséquences psychiques que peut produire l’absence d’accompagnement sur les familles, il peut également affecter le travail des personnels soignants. C’est-à-dire que des difficultés sont constatées lorsque des conflits existent entre les proches et les personnels soignants.

 

  • La notion de prise en charge de la famille

La prise en charge « désigne le fait de prodiguer des soins à un patient »[5]. Elle signifie également s’occuper d’une personne ou d’un groupe de personnes. Dans le cadre de notre travail, ce sont les familles qui font l’objet de prise en charge.

La prise en charge désigne ici principalement le soutien et l’attention accordés à la famille qui se trouve dans des situations aigües. Dans ces situations difficiles, l’angoisse et le stress des familles sont au maximum. Aussi, le milieu hospitalier doit veiller à leur bien-être pour rendre ces situations aigües plus supportables pour ces familles : c’est là que vient le concept de prise en charge qui implique le bien-être physiologique et surtout le bien-être moral et psychologique.

  • La nécessité de l’accompagnement de la famille

 

L’accompagnement, au-delà du simple accueil fait aux proches et aux familles, est nécessaire vu la détresse psychologique qui les affecte, notamment dans le cas des situations les plus difficiles. En effet, certaines mesures doivent être prises par les responsables afin de favoriser cet accompagnement.

D’abord, le milieu médical doit être aménagé de sorte à ce que les entourages des patients y trouvent leur place, notamment lorsqu’une longue attente est prévue (dans le cas d’une intervention chirurgicale, par exemple). Ainsi, des aires de repos (avec des chaises ou des fauteuils) doivent être à la disposition des familles afin de leur conférer un minimum de confort.

Ensuite, les familles doivent également être soutenues moralement, vis-à-vis de leur état psychique. C’est d’ailleurs l’essentiel de l’accompagnement qui doit être fait. Chaque responsable, et notamment  l’équipe soignante doit favoriser l’approche et l’accompagnement en prenant le temps de discuter avec les entourages, de chercher à déterminer leurs besoins spécifiques, et d’essayer d’y répondre afin de soulager les entourages et surtout afin de créer des liens avec eux. De plus, cet accompagnement qui va conduire à une meilleure entente et à un échange entre les deux parties va également prévenir contre les troubles psychologiques qui peuvent atteindre les professionnels médicaux.

Nous retrouvons ici le concept de relation d’aide développé par le psychologue Carl Rogers. En effet, la « relation d’aide » désigne « […] des relations dans lesquelles l’un au moins des deux protagonistes cherche à favoriser chez l’autre la croissance, le développement, la maturité, un meilleur fonctionnement et une meilleure capacité d’affronter la vie. L’autre, dans ce cas, peut être soit un individu, soit un groupe. »[6]. L’aidant doit alors respecter et présenter au groupe aidé (dans notre contexte,  les familles) les sept concepts suivants. Il s’agit de la présence, de l’écoute, de l’acceptation, du respect chaleureux, de l’empathie, de l’authenticité et enfin de la congruence[7].

 

  • La complexité de l’intervention du soignant, entrave à l’assistance des proches

Malgré les avantages de l’approche relationnelle qui doit être établie entre les soignants et les familles, le manque de temps et le stress que les soignants subissent dans le cadre de leur travail les conduisent souvent à la mettre de côté dans la pratique.

  • La place restreinte donnée à la famille dans le milieu médical

La première situation présentée en début de notre développement est un exemple parmi tant d’autres sur la négligence dont souffre l’entourage des patients dans les milieux hospitaliers, même dans les situations les plus graves. En effet, nous comprenons aisément que l’inquiétude, le stress et la détresse vécus par les familles sont d’autant plus importants lorsqu’elles se trouvent dans des situations aigües. Leur besoin de soutien et d’information devient alors, en toute évidence, plus prépondérant.

Nous ne saurions dire par ailleurs que les soignants et les médecins ignoreraient ce devoir qu’ils ont envers les familles. Mais la famille et l’entourage tendent à devenir leur dernière préoccupation dans les situations aigues. Une problématique subsiste alors dans ces situations, notamment celle relative à la recherche des moyens qui pourraient être mis en œuvre pour donner de la place à la communication avec la famille au côté des actions menées par les médecins et les soignants dans leur travail. (Nous aurons l’occasion de revenir sur les mesures à prendre pour assurer la prise en charge des familles malgré les limites qui peuvent la rendre difficile).

  • Le soutien aux familles, une tâche rendue difficile pour le personnel médical

Nous avons vu précédemment la nécessité et les différents avantages de la création d’un lien entre les soignants et les familles, notamment par le biais de l’accompagnement et de l’approche relationnelle. Cependant, malgré cette nécessité, nouer des liens avec les familles ou assurer leur prise en charge est rendu difficile dans la pratique à cause de la complexité des tâches qui incombent aux personnels médicaux.

En effet, la théorie prône l’importance de la prise en charge et de l’établissement de relations avec les familles et  l’entourage des patients, mais dans la pratique, ils figurent parmi les dernières préoccupations des soignants et des médecins, recevant ainsi très peu d’attention de leur part.

Cette situation, certes injuste, devient compréhensible dès lors que l’on se penche sur le travail des personnels médicaux et des stress qu’ils ont à surmonter. En effet, les situations d’urgence les conduisent à axer leurs actions et toute leur attention sur le patient, oubliant ainsi l’entourage et la famille. Pourtant, comme nous l’avons vu plus tôt, « L’entourage est lui aussi malade par procuration »[8]. Les personnels médicaux, quelle que soit la difficulté de la situation et de leur intervention, doivent s’organiser afin de donner une place au soutien donné à  la famille.

 

Section 4- La communication dans les situations aigues

La place et les rôles de la communication sont d’autant plus importants dans les situations aigües. Afin de comprendre cette importance de la communication, nous allons d’abord voir la notion de communication, avant de voir la place que tient celle-ci dans les différents rôles des soignants.

  • La nécessité accrue de l’approche relationnelle dans les situations aigües

Nous avons pu voir plus tôt dans notre développement la nécessité de l’approche relationnelle entre les soignants et les familles qui viennent pour leur proche malade.

  • Le concept de communication

Etymologiquement, le mot communication vient du latin communicare qui veut dire faire part de, partage, mettre en commun[9]. Par définition, la communication décrit l’action de transmettre des informations ; en outre, c’est « l’ensemble des phénomènes qui peuvent intervenir lorsqu’un individu transmet une information à un ou plusieurs autres individus à l’aide du langage articulé ou d’autres codes (ton de la voix, gestuelle, regard, respiration…) » Elle est donc l’ensemble des moyens utilisés pour partager des informations.

Pour que les informations passent correctement, le concept de communication implique l’existence d’un lien entre les deux parties qui s’échangent des informations. Entre les soignants et la famille donc, c’est le patient qui constitue ce lien : « La relation Soignant – Famille confronte donc les deux parties autour d’un lien commun : le patient, son état de santé, ses soins, son devenir »[10].

La communication dans le cadre médical est rendue importante par les informations qui doivent y être échangées. Ainsi, les soignants doivent  être conscients de l’importance de cette communication avec les familles et des divers enjeux que cela implique, notamment pour ces familles.

 

  • Les apports et l’intérêt de la communication et de la prise en charge dans les situations aigues

La prise en charge des familles est primordiale dans les situations aigues. En effet, le passage des diverses informations concernant le patient et son état de santé doit se faire sous une approche relationnelle et une communication adéquate. Ainsi, les soignants doivent véhiculer clairement toutes les informations à leur disposition, ne serait-ce que pour calmer les familles.

Aussi, ils doivent accorder de l’attention aux familles (laisser un proche sans nouvelles pendant des heures dans le couloir de l’hôpital est un signe évident d’absence d’attention venant de tout le personnel médical, et notamment de ceux qui s’occupent principalement du patient).

Le premier intérêt de la communication est de créer un lien de confiance avec les familles. Ainsi, cela éviterait tout comportement perturbateur de la part de ces dernières, pour ne citer que les relations conflictuelles avec les soignants, les questions incessantes adressées au personnel soignant au mauvais moment…

Ensuite, vient l’intérêt des familles. En effet, les premiers acteurs qui tirent des avantages de la communication sont les familles dont le besoin d’être informées est satisfait.

 

  • Les devoirs du soignant envers les proches

Nous allons maintenant voir les principaux rôles qui incombent aux soignants dans le cadre de leur travail. Pour ce faire, nous allons nous focaliser sur le cadre législatif qui régit les attributions des infirmiers, et particulièrement celles relatives à l’approche relationnelle qu’ils doivent entretenir avec les patients et leurs entourages.

  • Le cadre législatif

Il nous importe de nous intéresser aux rôles attribués aux infirmiers par la législation en ce qui concerne la relation avec le patient et son entourage.

L’accompagnement et la prise en charge des familles ne sont pas des concepts abordés expressément dans les textes législatifs.

Mais l’article R4311-2 du Code de la santé publique stipule néanmoins, dans son dernier alinéa que : « Ils (les soins infirmiers) ont pour objet de, dans le respect des droits de la personne, dans le souci de son éducation à la santé et en tenant compte de la personnalité de celle-ci dans ses composantes  physiologique, psychologique, économique, sociale et culturelle : […] –De participer à la prévention, à l’évaluation et au soulagement de la douleur et de la détresse physique et psychique des personnes, particulièrement en fin de vie au moyen des soins palliatifs, et d’accompagner, en tant que de besoin, leur entourage. »[11]

Par ailleurs, l’article R4311-5, qui définit les rôles propre des infirmiers, précise que les soins qui en relèvent comprennent l’information du patient et de son entourage. Cet article manque toutefois de précision quant aux limites et à la portée de ce rôle de l’infirmier.

Ces lignes qui font référence à l’accompagnement de l’entourage du patient la citent parmi les différentes attributions des infirmiers. En effet, même si elles font surtout référence au cas des personnes en fin de vie, elles ont le mérite d’évoquer l’accompagnement de l’entourage qui doit être fait par les infirmiers.

 

 

 

  • La diversité des rôles des infirmiers

Les principaux rôles qui incombent aux soignants, notamment ceux des infirmiers, sont cités par le Code de la santé publique. La lecture de ce code, et particulièrement des divers articles consacrés aux infirmiers révèle alors un fait : les rôles des infirmiers sont très nombreux, et ceux relatifs à une approche relationnelle y sont quelque peu limités.

Ce constat est bien fidèle à la réalité : le rôle d’accompagnement des familles et de l’entourage y est présent, et se trouve parmi les attributions des infirmiers, pourtant il reste très limité, mis à l’écart face aux autres tâches qui incombent à chacun d’eux.

Pourtant, l’accompagnement et la prise en charge des familles font partie intégrante des responsabilités les plus importantes des infirmiers, étant donné qu’ils peuvent d’abord influencer considérablement la santé du patient, ensuite conduire à la création d’une relation bénéfique et une compréhension mutuelle entre les soignants et les familles pour garantir la bonne marche des soins, et surtout veiller à l’état physiologique et psychologique des familles qui se trouvent dans des situations très difficiles.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

PARTIE II –  LA NECESSITE DE LA PRISE EN CHARGE DE LA FAMILLE, DES MESURES POUR SON AMELIORATION

 

Nous avons pu aborder, sous une approche théorique, les différents concepts qui entourent notre sujet d’étude. Dans cette deuxième partie de notre travail, nous allons nous intéresser aux différents devoirs qui incombent aux infirmiers (Section 1), les enjeux  de l’accompagnement et de la prise en charge des familles (Section 2). Enfin, nous allons avancer quelques mesures qui pourront être appliquées afin de favoriser la prise en charge de la famille dans les situations aigues (Sections 4 et 5).

 

 

      Section 1- Les obligations et les devoirs des infirmiers

Nous avons pu voir précédemment la place de l’accompagnement de la famille dans les textes législatifs. Nous allons maintenant nous intéresser à la complexité des tâches que les infirmiers doivent assurer.

  • La complexité des rôles des soignants

Les responsabilités des infirmiers ont toujours été nombreuses. Mais les interventions de ces dernières ont toujours été axées principalement sur le bien-être physique des patients, du moins dans la pratique.

Mais les infirmiers du temps moderne ont davantage de responsabilités. En effet, ils doivent s’occuper non seulement du bien être physiologique des patients, mais également de leur bien-être psychologique. L’état mental des patients a été révélé comme un facteur clé de l’évolution de leur santé. De plus, l’environnement complexe dans lequel ils évoluent implique également une prise en charge du bien-être des familles et de l’entourage qui sont présents afin de soutenir leurs proches.

Dans cet environnement où ils sont submergés de travail, cette dernière préoccupation qui doit être assurée par les infirmiers est souvent jugée comme négligeable par les uns, mais est importante pour les autres. En effet, l’opinion et la conviction des soignants sont diverses sur le sujet, la question de la prise en charge de la famille est devenue  très relative, dépendant de la conviction de chaque infirmier.

Les convictions des infirmiers peuvent donc être partagées en deux catégories : d’une part, celle des infirmiers qui considèrent la famille comme des partenaires et donc privilégient la prise en charge et la communication avec elle, et d’autre part, nous retrouvons la catégorie des infirmiers qui limitent l’approche relationnelle. L’appartenance des infirmiers à cette seconde catégorie est surtout poussée par le « manque de connaissances à propos de l’importance de la famille sur le bien-être du patient, le sentiment d’impuissance ou de frustration, ainsi que la fatigue de compassion »[12].

Cette conviction des infirmiers, accentuée par le manque de temps, conduit à l’absence de toute approche relationnelle de leur part, délaissant les familles dans l’attente et n’accordant aucune attention à leurs besoins.

  • Les responsabilités des infirmiers envers la famille dans le cadre de la prise en charge

La première responsabilité qui doit être assurée par le personnel médical, et notamment par les infirmiers, est celle relative à l’information.

En effet, la communication est, comme nous l’avons vu plus tôt, l’élément le plus fondamental des attentes et besoins de la famille. Mais l’on doit également veiller à la qualité des informations données aux familles, car étant donné qu’elles se trouvent déjà dans des situations aigües engendrant des troubles psychologiques importants, elles ne sont plus en mesure de comprendre les termes et les formulations complexes.

De ce fait, les soignants qui vont les informer doivent prendre le temps de leur expliquer clairement la situation et de donner, dans la mesure du possible, tous les détails qu’ils jugeront importants pour la famille.

En outre, les soignants doivent adopter les principes de l’approche relationnelle (que nous avons vus plus tôt dans le développement). Cela contribuerait largement à apaiser les familles dans leur angoisse et à faire preuve de soutien et de compréhension.

 

 

       Section 2- La prise en charge de la famille et son importance pour les parties prenantes

Nous allons maintenant nous focaliser sur les différents enjeux que représente la prise en charge et l’accompagnement des familles pour les parties prenantes, et notamment pour les soignants et pour les familles.

  • La prise en charge de la famille, un risque de surcharge pour le personnel médical

Les difficultés que rencontrent les infirmiers dans la prise en charge des familles dans la pratique restent nombreuses.

  • La place réduite de la prise en charge des familles dans les responsabilités des soignants

Certains soignants ont tendance à considérer la famille comme ne présentant aucune nécessité pour le bien-être du patient, et que prendre soin d’elle est une perte de temps.[13] Une telle conviction de la part des soignants témoigne du manque de compréhension et du manque de volonté de nouer des liens avec la famille. Or, l’un et l’autre des deux camps se trouvent dans des situations difficiles, ayant ainsi chacun ses préoccupations et ses attentes.

Pour mener à bien les relations soignants/familles, ils doivent d’abord se comprendre, évaluer objectivement les difficultés rencontrées par chacun afin de mieux saisir leurs émotions et leur position et  pouvoir déterminer ainsi les comportements et les actions adéquats. Cependant, le rôle des soignants dans l’établissement de l’approche relationnelle est le plus important, car ce sont eux qui accueillent les familles dans ce domaine auquel ils sont habitués.

  • Le temps nécessaire dans l’approche relationnelle et la prise en charge

La deuxième cause qui pousse les infirmiers à exclure ou à réduire la prise en charge de la famille de leurs interventions est le manque de temps. En effet, les infirmiers ont diverses responsabilités axées sur le patient, ainsi qu’un horaire de travail difficile. Chaque minute compte donc pour ces soignants, raison pour laquelle prendre le temps pour discuter avec la famille à chaque changement de situation peut leur paraitre impossible.

C’est-à-dire que le temps consacré aux familles va limiter le temps qui aurait dû être passé à soigner le patient. C’est ce qui justifie, en partie, le fait que le temps consacré aux familles et à l’approche relationnelle est souvent réduit dans les milieux hospitaliers. Cependant, ce n’est pas une raison suffisante pour justifier l’absence totale d’information ou l’insuffisance de cette dernière.

 

  • Le domaine médical : un environnement complexe

Vues les différentes caractéristiques de l’environnement hospitalier, un constat peut être fait : celui-ci est défavorable à l’approche relationnelle. Un tel fait nécessite alors des efforts venant des professionnels médicaux pour faciliter la communication avec les familles.

  • Les traits caractéristiques des milieux hospitaliers

Dès notre entrée dans un milieu hospitalier, nous constatons rapidement l’environnement désagréable qui y règne. En effet, les centres hospitaliers sont marqués par la douleur, le désespoir, l’angoisse et la peur, mais au-delà de tout cela, un fait est constaté : les médecins et les soignants qui vont dans tous les sens, laissant paraitre le stress et le débordement dans leur travail.

Les familles se trouvent donc dépourvues et impuissantes face à cet environnement qui parait rendre impossible toute communication et toute approche relationnelle. D’où la nécessité d’une initiative de la part des soignants pour répondre à cette impuissance de la famille. En outre, le stress et l’absence d’informations peuvent éveiller chez les familles des sentiments de rivalité envers le personnel médical, ce qui rendra difficile l’établissement d’une relation entre les deux acteurs plus tard.

 

  • Le milieu hospitalier, un cadre peu accueillant pour la famille

La présence ou non d’un milieu spécialement aménagé pour la famille dans un milieu hospitalier change d’un milieu à l’autre. En effet, selon P. Thibault-Wanquet, « La présence des familles dans les services hospitaliers s’accompagnement de la mise à disposition, très variable selon les lieux, voire au sein d’un même établissement, de moyens matériels (fauteuils, pièces de rencontre, possibilité de prendre une boisson, une collation, etc.) »[14]

Ainsi, des milieux hospitaliers sont encore dépourvus de ces lieux, rendant de ce fait l’endroit moins accueillant et moins adapté à la présence des familles. Cependant, force est de constater que ces lieux sont plus que nécessaires pour ces familles afin de soulager leur anxiété, leur impatience et leur fatigue.

      Section 3- L’amélioration de la prise en charge de la famille

Vue la situation observée dans les milieux hospitaliers, certains efforts doivent encore être déployés par les soignants afin d’assurer une meilleure prise en charge des familles dans les situations aigües.

  • Des comportements pour une prise en charge adéquate

L’amélioration de la prise en charge de la famille nécessite tout d’abord une amélioration au niveau du comportement des personnels médicaux, et notamment chez les infirmiers.²

  • La nécessaire acceptation de la présence des familles

La famille n’est pas toujours accueillie à bras ouverts par les soignants, d’où la négligence dont elle fait souvent l’objet[15]. Le premier point que l’on doit observer pour améliorer l’intervention des soignants envers les familles est donc la place qui est accordée à ces dernières dans le milieu hospitalier.

En effet, le personnel médical et les soignants doivent reconnaître la place que la famille doit détenir, ainsi que la détresse qu’elle traverse, notamment dans les situations les plus difficiles.

Ensuite, il faut créer un environnement favorable à cette présence de la famille quand elle attend des nouvelles sur l’évolution de la santé du patient. Ainsi, il faut soigner l’accueil fait aux proches, leur montrer que l’on leur accorde de l’importance et veiller à leur bien-être (notamment en ce qui concerne les besoins physiologiques dans le cadre d’une longue attente).

Et enfin, il faut assurer la qualité de la communication avec les familles en soignant les informations qui leurs sont données. En effet, les soignants doivent constamment penser à prévenir la famille à chaque changement de situation jugé important. C’est-à-dire que la famille doit être prévenue quand des évènements ou une évolution surviennent, du moins quand ils sont considérables. En outre, les soignants doivent leur fournir tant de détails que possible avec précision et clarté. Cela éviterait également les questionnements incessants de la part des informés.

  • Favoriser la compréhension et l’interaction avec les familles

Comme nous l’avons dit, l’accompagnement des familles qui devrait être fait par chaque soignant dépend de la conviction personnelle de chacun dans la pratique. La première cause de cela vient des soignants eux-mêmes et de la perception qu’ils ont de l’accompagnement des proches.

Mais une autre cause, également prépondérante, est relative à l’environnement hospitalier et son organisation. En effet, la place donnée à la famille par l’ensemble du milieu hospitalier et par la plupart de son personnel (par les médecins, par exemple), va influer sur la vision des soignants.

Ainsi, la présence d’un ou de plusieurs lieux destinés aux proches, ou encore la valorisation de l’accueil et de l’information des familles vont conduire plus facilement les soignants à privilégier l’interaction avec les familles et les proches.

  • L’intégration de la prise en charge de la famille dans les préoccupations des professionnels médicaux

Le bien-être, non seulement du patient, mais également des proches et des familles fait partie intégrante des différents rôles des soignants. De plus, ils sont toujours confrontés aux familles dans les milieux hospitaliers, ce qui rend plus évidente la nécessité d’une meilleure prise en charge des familles dans les milieux hospitaliers.

  • La modification des interventions pour une meilleure prise en charge de la famille

Les interventions des soignants sont aménagées autour des soins dispensés  aux patients. Mais étant donné que la famille est l’un des acteurs  des milieux hospitaliers, une place bien déterminée doit lui être conférée.

D’abord, il importe de modifier la pratique des soignants en mettant plus en évidence la relation qu’ils doivent entretenir avec la famille. Cela peut être fait par un rappel fait aux soignants de la place que mérite la famille et de leur rôle pour la soutenir dans de telles épreuves. En outre, l’on doit mettre l’accent sur ce devoir des soignants lors de leur formation.

Par ailleurs, il importe de former les soignants à l’approche relationnelle et à l’établissement d’une communication avec les familles. Ainsi, les soignants pourraient assurer la prise en charge dans les bonnes conditions, en dehors de toute difficulté.

Et enfin, un aménagement de l’emploi du temps de chaque soignant est nécessaire en y intégrant notamment la prise en charge de la famille. Ainsi, ils vont pouvoir déterminer le temps qu’ils pourraient consacrer à la famille.

  • La famille, au-delà des besoins du patient

Dans le cadre de la prise en charge de la famille, c’est celle-ci qu’il faut mettre en avant, l’accompagnement étant axé sur son bien-être psychologique et physique.

De ce fait, des mesures doivent être appliquées, afin de voir la famille comme un acteur à part entière qui nécessite d’être soutenu, et non une entité que l’on peut mobiliser pour le bien-être du patient. C’est-à-dire que la famille ne doit pas seulement être perçue comme un élément indispensable à la guérison du patient, mais comme une partie distincte qui a besoin d’être soutenue et informée.

Ce point de vue peut ne pas être apprécié par les soignants vu qu’ils ont déjà des horaires très complexes quand ils prennent soin des seuls patients. Mais une telle perception peut être changée dès lors qu’ils se penchent davantage sur les difficultés dans lesquelles les familles se trouvent. Les soignants sont donc amenés à faire preuve de compassion et de compréhension envers les familles, n’étant toutefois pas obligés de fournir des efforts surhumains, mais de combler au mieux les besoins et les principales attentes de ces familles, et particulièrement celles qui se trouvent dans des situations aigües, auxquelles le manque d’information va causer plus de mal.

 

     Section 4- Des suggestions pour une amélioration de la prise en charge de la famille

Dans cette dernière sous-partie de notre développement, nous allons avancer quelques suggestions afin d’améliorer la prise en charge de la famille des patients dans les situations aigües.

  • Des éléments à développer pour une amélioration de la prise en charge

Ces quelques idées pourront nous conduire à mieux placer l’approche relationnelle et la prise en charge des familles dans les milieux hospitaliers.

  • La maitrise des techniques de la relation d’aide

La maitrise des différentes techniques inhérentes à l’approche relationnelle est indispensable pour une amélioration de la prise en charge des familles. En effet, la maladresse et le manque de prise en charge auxquels font face les familles sont surtout causés par la méconnaissance des techniques à mettre en œuvre dans ces situations données. C’est-à-dire que la volonté de soutenir et d’aider les familles est présente chez les soignants, mais par méconnaissance de l’approche à adopter, celle-ci est rendue difficile et insatisfaisante.

D’abord, la relation d’aide nécessite la présence physique et psychologique pour établir la confiance entre les deux personnes. Ensuite, elle se caractérise par l’écoute : Cal Rogers parle d’une « disponibilité dans le temps, mais aussi de disponibilité intérieure pour être prêt à accueillir ce que dit l’autre.»[16]

Vient ensuite l’acceptation qui exprime une ouverture et une reconnaissance de l’autre. Par la suite, le soignant doit exprimer un respect chaleureux et une empathie envers la famille. Ainsi, il fera preuve de compréhension et pourra établir un lien de confiance avec la famille qu’il veut aider. Et enfin, le soignant doit assurer une cohérence de ses actes et de ses paroles tout au long de son intervention.

Ces quelques astuces pratiques de Carl Rogers ont été spécialement développées pour une relation soignant/malade. Mais comme les familles présentent le besoin d’être aidées et d’être soutenues dans les situations aigües, les soignants pourront fonder leur intervention sur ces quelques astuces.

 

  • Quelques astuces pour développer le lien soignants/familles

La clé d’une intervention adéquate auprès de la famille est d’abord la compréhension de ses besoins et de ses attentes. Pour ce faire, le meilleur moyen d’en avoir connaissance est de demander à ces familles ce dont elles ont besoin.

En effet, le fait que le soignant prenne le temps d’entamer une conversation avec la famille est déjà un élément essentiel et un grand pas franchi dans le cadre de la prise en charge. Ainsi, la famille pourrait alors se décharger de toutes les tensions qui pèsent sur elle, et exposer ses attentes aux soignants et être rassurée.

Il faut ainsi mettre l’accent sur la compréhension : les soignants doivent comprendre la situation que traverse la famille, de ses inquiétudes et de l’angoisse qu’elle traverse. Cette compréhension va alors créer chez les soignants, la volonté et la conviction de lui apporter de l’aide.

 

  • Une identification des attentes et des besoins de la famille, la clé pour l’efficacité de l’intervention

Les attentes des familles peuvent être nombreuses, changeantes d’une famille à l’autre et même au sein d’une même famille. De ce fait, il devient difficile de  déterminer quelles sont les attentes de chacune d’elle et ainsi comment l’aider au mieux. L’identification des besoins est alors un élément essentiel pour parvenir à une prise en charge appropriée.

  • Le nécessaire développement de la capacité relationnelle des soignants

La communication et la prise en charge des familles dans les situations les plus difficiles s’avèrent très difficiles. Outre le stress subi par le personnel médical dans la prise en charge des patients, il doit également faire face à la famille et veiller au bien-être de celle-ci.

Ainsi, afin de faciliter cette intervention qui est, de toute évidence, un vrai défi pour les soignants, ces derniers doivent être mieux préparés.

Pour ce faire, les soignants doivent être formés à la prise en charge des familles pour être mieux armés devant cette tâche. Aussi, les soignants doivent être préparés à cette tâche dès leur formation. Par ailleurs, la pratique peut les conduire à maitriser la prise en charge et à l’introduire parmi leurs rôles et responsabilités.

 

  • Des moyens de détermination plus efficaces des attentes et des besoins de chaque famille

Comme nous l’avons dit plus tôt, les attentes des familles sont très divergentes. Ainsi, il importe d’y remédier afin d’éviter une perte de temps ou une insatisfaction des familles.

Nous pouvons alors nous baser sur les données principales qui sont communes à toute personne. Il s’agit principalement des besoins physiologiques et psychologiques que l’on nécessite le plus dans les situations aigües.

D’abord, étant dans des situations de stress et d’angoisse, les familles ont souvent besoin d’être soutenues physiquement. Ainsi, il importe de les installer, ou de faire simplement une proposition, dans un lieu plus approprié muni de fauteuils où elles peuvent s’asseoir et trouver des boissons à leur disposition.

Ensuite, le deuxième besoin qui est commun à toutes les familles est le suivant : le besoin d’informations. Ainsi, la prise en charge doit privilégier les informations et la communication. Cela permettrait ensuite de savoir les attentes particulières des familles.

 

 

CONCLUSION

 

 

Un constat négatif peut être fait dans les milieux hospitaliers de nos jours : la prise en charge des familles n’est pas toujours assurée, et notamment dans les situations aigües.

En effet, cette prise en charge est devenue un élément très relatif, dépendant des convictions et des volontés de chaque soignant. Or, force est de constater que les familles sont soumises à un stress et à une angoisse considérables dans ces situations aigües : elles nécessitent alors une prise en charge particulière et adéquate.

La question qui a été pose est alors la suivante : comment la prise en charge de la famille du patient doit-elle être en situation aigue, et dans quelle mesure serait-elle efficace ?

Répondre à cette question nous a amené à explorer différentes idées qui pourront améliorer la prise en charge des familles en situations aigües. Il s’agit principalement de la communication, du développement de l’approche relationnelle, outre les soutiens matériels comme l’aménagement de lieux adéquats aux situations des familles.

Un autre concept très intéressant a également été révélé lors de notre analyse, il s’agit de la relation d’aide qui implique l’application et la maitrise de quelques principes afin de favoriser la compréhension, l’écoute et la confiance dans la relation soignants/familles.

Toutefois, nous ne saurions négliger la complexité des responsabilités qui incombent aux soignants, le stress ainsi que les horaires inimaginables qu’ils ont à endurer. Un constat peut être fait lorsque nous nous penchons sur le travail des soignants : ils ont assez de travail rien qu’en ne s’occupant des seuls patients. C’est ce qui nous amène à dégager que l’amélioration ou l’instauration de la prise en charge par les soignants nécessite l’application de certaines mesures. Quelques astuces sont alors proposées afin de faciliter la prise en charge, et de concilier les besoins des familles avec les ombreuses responsabilités qui incombent aux soignants.

Ainsi, la prise en charge et ses techniques doivent être abordées dès la formation des soignants. En outre, ils doivent aménager leur emploi du temps de manière à ce qu’ils puissent accorder du temps à la famille. De plus, ils doivent accorder de l’importance à l’approche relationnelle et à l’accompagnement des familles.

 

 

 

 

 

 

 

 

BIBLIOGRAPHIE

 

TEXTE DE LOI

  • Décret 2004-802 du 29 Juillet 2004, portant Code de la santé publique

 

OUVRAGES

  • MAGNON René et DECHANOZ Geneviève, Dictionnaire des Soins Infirmiers, AMIEC, Mai 1995
  • MOLEY-MASSOL Isabelle, Le malade, la maladie et les proches

 

  • ROGERS, CARL. Le développement de la personne

 

 

WEBOGRAPHIE

 

[1] Dictionnaire Larousse en ligne, in www.larousse.fr/dictionnaires/francais/famille/32798

[2] Définitions du mot famille, in www.cnrtl.fr

[3] René MAGNON et Geneviève DECHANOZ, Dictionnaire des Soins Infirmiers, AMIEC, Mai 1995

[4] Isabelle MOLEY-MASSOL, Le malade, la maladie et les proches. p 288

[5] In www.linternaute.com

[6] ROGERS, CARL. Le développement de la personne. p. 29

[7] Caroline Naoufal, Les septs concepts de relation d’aide, in www.rechercheensoinsinfirmiers.com

[8] Ibid., Isabelle MOLEY-MASSOL, Le malade, la maladie et les proches. p 288

[9] In www.toupie.org/Dictionnaire/Communication.html

[10]  In  www.infirmiers.com/doss/arretsoinsenrea.php#_La_relation_Soignant-Famille

 

[11] Décret 2004-802 du 29 Juillet 2004, portant Code de la santé publique

[12]La famille,  L’AVANT-GARDE, Vol° 11 N°1 Automne 2011, p.2

[13] Id., La famille,  L’AVANT-GARDE, Vol° 11 N°1 Automne 2011, p.3

[14] P. Thibaults-Wanquet, Les aidants naturels auprès de l’adulte à l’hôpital, p.47

[15] La famille,  L’AVANT-GARDE, Vol° 11 N°1 Automne 2011, p.3

[16] In www.rechercheensoinsinfirmiers.com

Mémoire de fin d’études de 30 pages.

24.90

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