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Mémoire portant sur la fonction paternelle dans la psychanalyse.

SOMMAIRE

  1. Introduction 3
  2. Fonction paternelle et psychanalyse 4
  3. Freud et le Complexe d’Œdipe 4
  4. Lacan et la fonction symbolique du père 5
  5. Le père réel, le père imaginaire, le père symbolique 5
  6. La médiation signifiante 5
  7. Forclusion du nom du père 6
  8. Le père absent 6
  9. Absence du père 6
  10. Conséquences psychologiques 7

III. Relation fusionnelle à la mère : Psychose symbiotique de Margaret Mahler 9

  1. Notion de traumatisme dans une filiation manquante 11
  2. La filiation 11
  3. La filiation biologique 11
  4. Le parent domestique 12
  5. L’aspect généalogique 12
  6. Le traumatisme selon Ferenczi 13
  7. La notion de rupture dans le traumatisme 13
  8. Confusions de langage traumatique 13
  9. Traumatisme et vécu dans l’enfance 14
  10. Le traumatisme d’après Caroline Garland 19
  11. Théories psychologiques et Paternité 20
  12. Théories psychologiques et le rôle du père 20
  13. La Théorie Psychanalytique 20
  14. La Théorie Systémique Familiale 21
  15. La Théorie de l’Apprentissage Social d’A. Bandura 23
  16. Discussion 25

VII. Conclusion 30

VIII. Bibliographie 31

  • Introduction

Diverses analyses émanent quant au concept de la paternité, certaines prônent l’utilité du père, de la fonction paternelle pour le bon développement de l’enfant alors que d’autres affirment que le père n’est pas indispensable dès que l’enfant ait accès à une figure parentale masculine ou féminine, à l’amour parental. Autrement dit, que les fonctions du père peuvent être assurées par d’autres figures parentales comme la mère, les amis … 

En s’approchant de cette dernière point de vue que reflète la filiation du père manquant, un travail de réflexion sera réalisé afin de mettre en relief les processus psychiques, et relationnels présents et à l’œuvre, dans les familles au sein desquelles le lien de chair pour le fils n’existe qu’avec la mère.

Pour ce faire, la fonction paternelle dans la psychanalyse sera développée en mettant en exergue la fonction du père en psychanalyse et en déterminant le concept du père absent. Ensuite, la relation fusionnelle de l’enfant à la mère résultant de l’absence du père  sera ensuite aborder. Puis, la notion de traumatisme dans une filiation manquante sera ensuite explorée avant de clore sur les diverses théories psychologiques relatives à la paternité.

  • Fonction paternelle et psychanalyse

  • Freud et le Complexe d’Œdipe

Dans son œuvre littéraire, S. Freud aborde toujours le rôle du père, la paternité. La notion de Complexe d’Œdipe a été introduite dans son œuvre qui s’intitule Trois essais sur la théorie de la sexualité, Freud (1905), complexe qui se manifesterait durant le stade phallique du développement psychosexuel, c’est-à-dire entre 3ans et 6 ans. Durant ce stade, l’enfant ressentirait une puissante attirance amoureuse pour son parent du sexe opposé. 

Ainsi, les garçons éprouveraient une attraction amoureuse pour leur mère : Complexe d’Œdipe alors que les filles seraient plus attirées pour leur père : Complexe d’Electre.

Le complexe d’Œdipe est ainsi un stade essentiel pour le développement psychologique, notamment en ce qui concerne la future vie amoureuse de l’enfant. Les manifestations porteront sur la recherche du partenaire à l’image du parent de sexe opposé, de ses caractéristiques.

Pour le père, à ce stade de complexe d’Œdipe, il se doit d’assumer un double rôle qui est différent selon le sexe de l’enfant. En effet, le père représente l’objet d’attirance amoureuse pour les filles alors qu’il est un « rival » s’interposant entre le fils et la mère afin d’inhiber la relation fusionnelle pour les garçons.

  • Lacan et la fonction symbolique du père

  • Le père réel, le père imaginaire, le père symbolique

Le père imaginaire va venir de manière intrusive en ce manifestant par une remise en cause de l’identification phallique. 

L’enfant va prendre en compte l’intérêt que va porter la mère au père dans la réalité. 

L’enfant va alors se convaincre qu’il ne peut pas tout assouvir pour l’Autre dans la réalité de son existence et par conséquent ne pouvant pas être l’objet maternel.

L’identification phallique et sa remise en cause peut être effective grâce à la médiation signifiante de la mère.

La mère est dénuée du phallus dans l’espace imaginaire de la relation fusionnelle, c’est à se moment là que le rôle du père doit être effectif, déloger le désir de l’enfant car il a le phallus. On peut considérer ce phallus comme le rival de l’enfant auprès de l’Autre. 

La figure paternelle va venir faire vaciller l’identification de l’enfant à savoir s’il doit être ou pas le phallus.

  • La médiation signifiante

Il y a deux principes qui vont permettre à l’enfant d’avoir accès à la remise en cause de l’identification phallique.

Le premier étant la médiation signifiante de la mère, c’est à dire que l’identification va être suscitée par les exigences de la réalité. C’est à l’aboutissement de cette médiation que la dimension symbolique va faire son apparition dans la dialectique œdipienne et qu’elle va être structurante ou non.

Lors de cette médiation la mère va signaler à l’enfant qu’il n’est pas l’objet qui lui manque. L’enfant va donc comprendre qu’il n’est pas l’objet du phallus pour la mère et que par conséquent qu’il n’a rien à attendre de cette identification imaginaire du phallus.

Toutefois il est important que la mère exprime sa dépendance au père et que le père confirme celle-ci afin de se positionner comme celui instaurant la loi. C’est ainsi que nait le registre symbolique et la chaine signifiante. 

  • Forclusion du nom du père

Complémentairement au concept d’Œdipe inachevé de Freud, Lacan se réfère à la fonction paternelle, au père dans le sens où le complexe d’Œdipe ne peut se faire qu’en présence d’un tiers dénommé l’ordre du père ou nom du père. Or, cela est intimement lié avec la réalisation de la sexualité par le biais de la question d’identité sexuelle : un homme ou une femme. 

En d’autres termes, l’identification au père entraînant une représentativité dans l’inconscient notamment l’unicité du signifiant phallique, le complexe d’Œdipe constitue les prémices de la réalité humaine, particulièrement sa conquête. 

Le terme de forclusion est issu de monde juridique qui signifie la perte de faculté à faire valoir un droit à l’expiration d’un délai.

Cela se traduirait par une sexualisation d’une relation aliénante, asservissante et spéculaire étant donné le reflet agressif de la relation lors de la phase du miroir. La forclusion effaçant complètement l’Autre dans lequel devrait se fixer l’imago paternelle.

Lacan souligne ainsi l’absence de lien, de réponse, de réaction de l’Autre au cri de la fonction paternelle.

  • Le père absent

  • Absence du père 

Selon E. Sullerot (1992, p. 226) « le manque du père ne se borne pas à l’absence du père présent. Un père qui ne répond pas aux besoins d’attachement de son fils, il est également un père manquant ».

De plus, deux types d’absence sont distingués par M. Porot (1973) :

– absence réelle : pouvant être durable en cas de décès, d’emprisonnement ou de maladie grave, ou intermittente suite aux obligations professionnelles du père

– absence virtuelle : bien que le père habite avec l’enfant, il ne déploie aucun effort pour établir une relation, interagir avec son enfant… le père renonce en fait à son rôle de père.

Ce qui suppose que bine que le temps passé par le père avec son enfant ne permette une évaluation bénéfique de la fonction paternelle, ce qui importe c’est l’amour, la justice et la fermeté que le père va inculquer à son enfant à travers la réalisation d’activités quotidiennes.

La paternité inadéquate qui aboutirait à une imposition de frustration à l’enfant serait caractérisés par cinq types de comportement d’après G. Courneau (1989) :

    • Absence du père de façon prolongée, indépendamment de la raison de l’absence
    • Absence de réponses paternelles par rapport aux besoins d’attachement et d’affection de l’enfant
    • Menaces d’abandon en guise de punition ou d’application de discipline à l’enfant
  • Culpabilisation de l’enfant
  • Abus et utilisation de l’enfant dans le sens où l’enfant se doit d’endosser le rôle d’adulte face aux addictions du père (alcoolisme, autres substances …)

L’expression de carence paternelle serait ainsi employée pour dire d’un homme qu’il a échoué dans son rôle de père, et qui ne donne rien à ses enfants, selon F. Hurstel (1997)

  • Conséquences psychologiques 

En psychanalyse, le père représente la loi, l’autorité… comme l’affirme M. Porot « de sa mère l’enfant attend l’amour. De son père l’enfant attend d’abord l’autorité » (M.Porot, 1973, p 154). Par conséquence, la répercussion psychologique de son absence impacterait sur la transmission de l’autorité et le développement de l’enfant. D’ailleurs, Lacan d’affirmer que la défaillance de la fonction paternelle est susceptible d’engendrer de graves problèmes psychologiques chez l’enfant, comme les psychoses (J. Lacan, 1966).

De plus, H. Luccioni et J.M. Sutter de dire que « Les symptômes, présents dans le Syndrome du Manque d’Autorité, sont de plus en plus associés, en partie ou totalement, à une carence du père » (, 1965, p. 815) dont les actes de délinquance qui s’avèrent être le résultat probant d’une manque d’autorité paternelle, notamment.

Quant à la manifestation sociale de l’absence du père, les garçons seraient exposés à la violence juvénile alors que les filles seraient plus vulnérables à la grossesse précoce, hors mariage, ou encore au fait d’élever seule l’enfant d’après D. Popenoe (1996).

En ce qui concerne le rendement scolaire ainsi que le développement cognitif, l’absence du père engendrerait des résultats plus bas par rapport aux autres enfants dont le père est présent notamment pour la compétence cognitive et l’évaluation scolaire (Hetherington et al, 1982, 1985) .

  • Relation fusionnelle à la mère : Psychose symbiotique de Margaret Mahler

La théorie de Mahler a été élaborée au début des années 70. Effectivement, se basant sur la psychose infantile, Mahler développe sa théorie en fonction de l’angle de la distance relationnelle entre l’enfant et sa mère.

– la phase autistique normale (0-1 mois) se caractérise par la présence d’une indifférenciation entre le monde extérieur et l’enfant complémentairement à une absence de conscience quant à la présence de la mère : effectivement l’enfant ainsi que le sein maternel est perçu comme un tout. La satisfaction hallucinatoire se manifeste dès lors que l’enfant confond l’hallucination du sein avec la réalité. Système qualifié de clos et d’autosuffisant par Freud qui le compare à un œuf.

– la phase symbiotique normale (2 – 5 mois) se traduit par la fusion comportementale que le nouveau-né manifeste envers sa mère, de telle manière que la symbiose in-utero se poursuivait normalement ex-utero. Cette fusion qualifiée de psychosomatique est à l’origine de l’illusion de la toute-puissance : l’unité duelle avec un total état de dépendance à la mère.

En effet, la mère est identifiée, investie comme un objet qui fait partie de l’enfant, un objet qui lui est totalement fusionné et qui lui satisfait totalement.

Petit à petit, la coquille se fissure conjointement avec l’investiture du monde extérieur malgré le fait que ce dernier n’est pas encore défini comme « dehors » par l’enfant.

– la phase de séparation/individuation se traduit par la capacité du bébé à anticiper la satisfaction. En effet, il commence par identifier les origines externes de ses sources de gratification à partir des frustrations et de la réalité : que l’hallucination n’est pas l’objet. D’où le début de l’ébauche entre le moi et le non-moi.

– le processus d’éclosion ou la différenciation (5-10mois) est marqué par certains comportements de différenciation tels que le fait d’observer, de loin, le corps de la mère et l’exploration de ce dernier : doigt dans la bouche de la mère, tiraillement des cheveux de la mère …. Le bébé commence à reconnaître sa mère en tant qu’une personne à travers des comportements qui lui font, un peu, mal.

– Les essais (10 – 15 mois) se manifestent par l’autonomie de l’enfant de par son développement cognitif, c’est à dire sa capacité en l’établissement de relations entre les personnes et les objets à travers une relation de causalité outre le développement moteur tel que l’apprentissage de la marche. Les essais offrent effectivement l’établissement de spécificités relationnelles entre l’enfant et la mère à travers les absences de la mère, l’intérêt pour le monde extérieur qui lorsque diminue est favorable à la construction imaginaire de l’enfant.

– Le rapprochement (15 – 24 mois) débute dès lors que l’enfant prend conscience de la séparation. Prise de conscience qui est conjointe à un fort besoin d’amour. Ce qui le place dans une situation de partage entre deux contraires que sont l’autonomie et la symbiose. 

De ce fait, durant un certain laps de temps coexiste l’envie de développement ainsi que le désir de régression auxquels vient s’opposer une double angoisse : l’angoisse de séparation et l’angoisse de disparition qui se manifestent par des comportements de poursuite tels que le fait de s’agripper à la mère, courir vers la mère pour se précipiter dans ses bras.

L’horizon de l’enfant commence à s’ouvrir dès lors que cette crise s’efface peu à peu et que l’enfant s’ouvre à d’autres personnes que la mère.

– La consolidation du processus d’individuation (24 – 36 mois) est une étape importante de par l’acquisition et l’apprentissage des fonctions cognitives comme le langage, le processus d’imagination, la fonction sémiotique, l’élaboration d’une réalité stable, l’assurance de la permanence de l’objet … faisant en sorte que l’enfant puisse consolider le processus à travers une véritable image mentale de la mère qu’il utilise en son absence.

Il est important de noter que l’établissement de confusions et de décalages à l’origine de psychoses précoces s’établissent durant cette période.

Mahler a mis en évidence deux principaux types de psychoses infantiles : les autistiques et les symbiotiques.

– L’autisme correspond à un mécanisme de défense radicale par l’enfant qui se retrouve dans l’impasse quant à l’utilisation du pôle d’orientation émotionnelle qu’est la mère. En d’autres termes, l’enfant ne fais pas appel à la fonction de moi auxiliaire qu’est le moi de la mère, or cette fonction lui offre la possibilité de donner du sens à ses perceptions et sensations.

L’enfant est ici comme emprisonné dans un cercle infernal terrible qui lui ôte toute possibilité d’arranger, d’ordonner son univers dans lequel il y a extrême confusion entre son monde intérieur et extérieur. 

Par conséquent, l’enfant s’enferme sur lui–même dans un lieu qui lui est personnel, restreint et qui est totalement intolérant au changement.

– La psychose symbiotique est la conséquence directe de la fixation durant le stade de l’objet partiel durant lequel le self de l’enfant est et reste en fusion à la Mère qui de son côté est active dans l’illusion de son omnipotence.

C’est durant la deuxième année de l’enfant que les symptômes commencent à apparaître pour faire suite dans les moments clefs comme l’abandon de la fusion symbiotique, au moment de l’Œdipe… moments qui induisent une angoisse massive d’annihilation qui se traduit cliniquement par une désorganisation de la personnalité complémentairement à une perte de langage et la survenue de symptômes psychotiques.

  • Notion de traumatisme dans une filiation manquante

  • La filiation

La filiation se définirait par trois aspects complémentaires selon Irène Théry. Un parent serait donc caractérisé par la filiation biologique, la filiation domestique et la filiation généalogique (Théry, 2000).

  • La filiation biologique

Comme son nom l’indique, l’enfant résulte d’un père et d’une mère biologique qui sont ses géniteurs.

Ce qui rappelle à la notion de la mère qui accouche, donne naissance, met au monde son enfant ainsi qu’à celui du père qui a fécondé l’ovule de la mère.

Il est ici vraiment question de parents géniteurs, biologiques, et non d’autres rien comme le cas de parents adoptifs ou de beaux-parents.

  • Le parent domestique

Par domestique s’établit ici la définition du parent qui vit avec son enfant, qui cohabite avec lui.

Que le parent domestique soit biologique ou non importe, il s’agit notamment du parent qui prend en charge son éducation, l’élève.

Les parents adoptifs peuvent ainsi être des parents domestiques.

  • L’aspect généalogique

Dans ce cas, c’est le droit qui est à l’origine de la désignation du parent. D’ailleurs, selon Irène Théry : « Le droit (note l’auteur) a la charge non seulement de donner le titre de parent en fonction de certaines règles et procédures, à tel ou tel individu, mais ce faisant il inscrit chaque enfant dans un système symbolique de représentation de la parenté » (Théry, 1998).

  • Le traumatisme selon Ferenczi

  • La notion de rupture dans le traumatisme

Selon Ferenczi, le traumatisme serait induit et provoqué par une rupture, un arrêt d’activités psychiques conjointement à l’installation d’un état de type passif tel une soumission qui est dépourvu de résistance, comme si paralysé, anesthésié, déconnecté de la réalité … entraînant subséquemment un arrêt de la perception et de la pensée.

D’ailleurs, Ferenczi affirme que le traumatisme est : « un choc inattendu non préparé et écrasant, agit pour ainsi dire comme un anesthésique » (Ferenczi, 2006).

Le traumatisme provoque ainsi le retrait du sujet par rapport à lui-même à travers une, des effractions de la psyché qui se traduit par une séparation, un clivage de la totalité de la personne en une partie douloureuse, endolorie qui s’avère brutalement destructrice et une autre partie aussi flegmatique qu’omnisciente.

Ferenczi expose d’ailleurs des situations de clivages, de ruptures en cascade qui vont induire une dislocation de la vie psychique, un éparpillement de la personnalité qui peut aboutir à l’éradication du psychisme de la personne. Effectivement, le morcellement, les fragmentations subséquentes au traumatisme dépossède la personnalité, l’âme … un corps sans âme qui ne ressent rien, ne perçoit rien …

  • Confusions de langage traumatique

Dans sa compréhension du traumatisme psychique, Sandor Ferenczi estime que certains traumatismes face à une réalité certaine sont délaissés et induisent une confusion de langue.

Cependant, Ferenczi de dire qu’: « à partir des obstacles à la réunion des éléments de la personnalité en une unité, on peut peut-être remonter à la manière dont se constitue le clivage lui-même. Au cours d’une torture psychique ou corporelle, on puise la force de supporter la souffrance dans l’espoir que tôt ou tard cela va changer ; on maintient donc l’unité de la personnalité. Mais si la quantité et la nature de la souffrance dépassent la force d’intégration de la personne, alors on se rend ou cesse de supporter, cela ne vaut plus la peine de rassembler ces choses douloureuses en une unité, on se fragmente en morceaux. Je ne souffre plus, je cesse même d’exister tout au moins comme Moi global. Les fragments isolés peuvent souffrir chacun pour soi. La cessation de la souffrance globale et son remplacement par des fragments de souffrance pourraient apporter ce soulagement soudain qui fait que des pleurs, la lutte, les cris s’inversent brusquement en rire » (Ferenczi, 2006).

En d’autres termes : la rupture de M. B rupture avec cette jeune femme de 19 ans, qui partageait sa passion pour les mathématiques et dont la relation pouvait être qualifiée de sérieuse car ils habitaient déjà ensemble durant ces six  (06) mois, pourrait s’apparenter à une sorte de torture tant psychique que corporelle : rupture sans explication ni raison apparente.

  • Traumatisme et vécu dans l’enfance

Les termes « carence de l’objet primaire » et de « non-réponses » sont également utilisés par Ferenczi dans Confusion des langues entre adultes et enfants (1933) pour décrire les blessures non cicatrisées lors de l’enfance, blessures qui paralysent et inhibent la réflexion, la capacité de penser du sujet. 

C’est dire donc que la cause du traumatisme n’est pas extérieure mais plutôt intérieure et serait la résultante d’une « absence de réponse de l’objet face à une situation de détresse » qui est perçue comme un « viol de la pensée ».

D’ailleurs, «Le vécu affectif analytique représente en soi pour le patient une sorte de « prise de conscience » et s’accompagne d’une certaine protection contre une rechute dans le refoulement… Cette sécurité est substantiellement augmentée par le rattachement à un vécu antérieur » (Lettre Ferenczi à Freud du 14 Février 1924 n° 947). C’est dire la présence d’un refoulement subit dans le passé qui se traduit par un traumatisme lors de répétition de ce refoulement.

D’ailleurs, en clinique du traumatisme, Ferenczi parle de mécanismes d’« autoclivage narcissique » qui s’assimilerait à une expérience de mort imminente. Effectivement, la « sortie hors du corps », qui est décrite telle une « curieuse réaction de dépersonnalisation » devant un danger mortel (Noyes, 1976), reste un phénomène intriguant qui est intimement lié au paranormal qui figure parmi les expressions dissociatives connues. 

Toutefois, des recherches en neurosciences ont apportés des précisions quant à la présence de principes neurologiques qui sont traduits par des illusions (Blanke, 2002) ou encore des conflits sensoriels entre la vision et la perception (Ehrsson, 2007) dans cette notion de « sortie du corps ». 

  • Origine du traumatisme

Selon Ferenczi donc, l’origine du traumatisme est externe et peut être soit un accident, une agression, un bouleversement qui va entraîner un dysfonctionnement, une désorganisation de l’appareil psychique du sujet qui l’immerge dans un chaos psychique conjointement à une dévastation de toutes ses enveloppes psychiques le rendant vulnérable car atteignant le plus profond de lui-même, notamment lors d’épisodes traumatiques à répétition. 

C’est ce qu’illustre Ferenczi lorsqu’il a observé l’émoi des soldats effrayés qui se traduisait par une paralysie corporelle qui remémore et schématise la position du corps lors de traumatisme que représentent les explosions lors des guerres (Ferenczi, 1970).

  • Concept de dissociation

La notion de dissociation, référence internationale, dans la prise en charge du psycho traumatisme rejoint également la théorie de Ferenczi dans son concept de fragmentation dans le traumatisme (Ferenczi, 1982) : « L’effet immédiat d’un traumatisme dont on ne peut venir à bout aussitôt est la fragmentation. Question : cette fragmentation est-elle seulement la conséquence mécanique du choc ? Ou est-elle déjà aussi, en tant que telle, une forme de la défense, c’est-a` -dire de l’adaptation ?» (Ferenczi, 1930)

D’ailleurs, en clinique du traumatisme, Ferenczi parle de mécanismes d’« autoclivage narcissique » qui s’assimilerait à une expérience de mort imminente. Effectivement, la « sortie hors du corps », qui est décrite telle une « curieuse réaction de dépersonnalisation » devant un danger mortel (Noyes, 1976), reste un phénomène intriguant qui est intimement lié au paranormal qui figure parmi les expressions dissociatives connues. 

Toutefois, des recherches en neurosciences ont apportés des précisions quant à la présence de principes neurologiques qui sont traduits par des illusions (Blanke, 2002) ou encore des conflits sensoriels entre la vision et la perception (Ehrsson, 2007) dans cette notion de « sortie du corps ». 

  • Réalités cliniques du traumatisme

En termes de faits, deux réalités cliniques du traumatisme sont évoquées par Ferenczi :

  • des mobilisations immédiates face aux réactions par rapport à l’agresseur et l’agression
  • des modalités d’affrontements face aux effets perpétués de l’agression 
  • La commotion : 

La commotion qui se traduit par un choc, un traumatisme à l’origine de la rupture de Soi : « Un choc inattendu, non préparé et écrasant, agit pour ainsi dire comme un anesthésique. Mais comment cela se produit-il ? Apparemment par l’arrêt de toute espèce d’activité psychique, joint à l’instauration d’un état de passivité dépourvue de toute résistance. La paralysie totale de la motilité inclut aussi l’arrêt de la perception, en même temps que l’arrêt de la pensée. La conséquence de cette déconnection de la perception est que la personnalité reste sans aucune protection. Contre une impression qui n’est pas perçue, il n’est pas possible de se défendre»(Ferenczi, p.87, 2006).

Dans lequel, « Le choc est l’équivalent à l’anéantissement du sentiment de soi, de la capacité de résister, d’agir et de penser en vue de défendre le soi propre. Il se peut aussi que les organes qui assurent la préservation du soi abandonnent, ou du moins réduisent leur fonction à l’extrême » »(Ferenczi, p.33, 2006).

Au niveau de l’enfant, l’effet est immédiat lors de traumatisme assimilé à un choc psychique et/ou physique qui se manifeste par la fragmentation la dissociation de toutes ses enveloppes psychiques subséquemment aux ressentis physiques et/ou psychiques de l’enfant durant l’agression : « Le moment de l’abandon total de la maitrise extérieure (alloplastique) et de l’instauration de l’adaptation interne (au cours de laquelle devient concevable de se réconcilier même avec la destruction du moi, c’est-a-dire avec la mort, en tant que forme d’adaptation) sera éprouvé comme une délivrance ( ?), une libération » (Ferenczi, p.67, 2006) .

Face à cela, des mécanismes de défense peuvent s’élaborer sous forme archaïque qui se traduit par des sensations d’étouffement, d’écrasement, submergeant le sujet dans ses défenses psychiques : « Dans les moments de grande détresse face auxquels le système psychique n’est pas a la hauteur, ou quand les organes spéciaux (nerveux et psychiques) sont détruits avec violence, des forces psychiques très primitives s’éveillent, et ce sont elles qui tentent de maitriser la situation perturbée. Dans les moments ou le système psychique fait défaut, l’organisme commence à penser» (Ferenczi, p.63-64, 2006).

  • La survie psychique : 

« Le moi abandonne entièrement ou partiellement le corps, la plupart du temps à travers la tête, et observe de l’extérieur ou de haut le destin ultérieur du corps en particulier ses souffrances » (Ferenczi, p.54, 2006).

Effectivement, il s’agira de la défragmentation dont l’origine reste encore assez vague : mécanisme de défense ou d’adaptation ? Réaction directe au traumatisme ? : « Le clivage en deux personnalités qui ne veulent rien savoir l’une de l’autre, et qui sont groupées autour de différentes tendances, fait l’économie du conflit subjectif. […] Un enfant est frappe par une agression imparable, conséquence : il rend son âme avec la conviction totale que cet abandon de soi-même (évanouissement) signifie la mort. Mais justement, la relaxation totale qui s’établit par l’abandon de soi peut créer des circonstances plus favorables pour pouvoir supporter la violence. » (Ferenczi, p.87, 2006).

  • Le traumatisme d’après Caroline Garland

Selon Caroline Garland (p.14, 2001) : « […] essentielle du point de vue psychanalytique est l’idée que d’avoir été pris dans un événement traumatisant, réveille immanquablement les douleurs et les conflits non résolus de l’enfance ».

Chaque enfant réagit différemment selon son stade de développement, son degré d’intégration, ses capacités cognitives et surtout son « Moi ». Ainsi, même des jumeaux de même âge réagissent de manière différente face à un évènement en fonction de la différence de relation précoce qu’ils auront avec leur mère, de la différence affective avec le père et de la différence d’estime de soi.

Après tout traumatisme, l’enfant se doit de renoncer à celui qu’il était avant l’épisode traumatique dans le sens où il va subir une transformation profonde à l’image du deuil, d’une perte. D’ailleurs, l’enfant, impuissant, face à ce qu’il vient de subir se retrouve dans une situation d’impasse qui ne lui permet ni de rêver, ni de penser, ni de mentaliser, ni de symboliser … a contrario, il sera sujet à des rêves «traumatiques répétés ». Parfois, des «Flash-Back » (Garland, p.90, 2001) peuvent survenir et réactiver le processus de douleur.

  • Théories psychologiques et Paternité

  • Théories psychologiques et le rôle du père

Références essentielles, les théories psychologiques apporte des arguments et des éclaircissements quant à la façon dont évolue et se développe l’être humain.

En ce qui concerne notamment au développement de l’enfant, le père jouerait un rôle, perçu comme complémentaire.

Trois modèles théoriques abordent la relation père-enfant :

  • la Théorie Psychanalytique
  • la Théorie Systémique 
  • la Théorie de l’Apprentissage Social
  • La Théorie Psychanalytique

Pour ce qui est de la figure du père, la psychanalyse dénote un certain intérêt, toutefois, le concept de père pourvoit à une connotation spécifique (Dor, 1989).

D’après C. Trono (1993), complexe, le père existerait au pluriel car il est en fait question de trilogie paternelle qui est formée par trois entités distinctes :

  • Le père imaginaire : serait la représentation du père idéal, celui à qui l’on voudrait s’identifier, celui qui serait la référence du père.
  • Le père réel : comme son nom l’indique est celui qui endosse les fonctions du père, c’est-à-dire le prendre soin, subvenir aux besoins primaires de l’enfant, assurer les ressources économiques…
  • Le père symbolique : est associé à la paternité symbolique, telle une figure de loi et d’interprète à la fois dans le sens où il permet la survie par action sur l’interdiction de l’inceste, de la mort… et par voie de conséquences suscite l’émergence du Super-Ego.

De ce point de vue, la perception du père rejoindrait plutôt une fonction symbolique qu’une figure concrète. Ce qui amène à dire que la considération de la fonction paternelle est principalement axée sur le développement de l’enfant et est fonction de contingences sociales sans avoir un fondement biologique au contraire de la fonction maternelle (Widlocher, 1965).

Pour ce qui est de la paternité, la psychanalyse distingue clairement la fonction paternelle du rôle du père et du père en tant qu’individu (Guyomard, 1987) (Segalen, 1981) (Dor, 1989).  :

  • La fonction paternelle, universelle, interviendrait au sein de la parole et du langage. Initiée par la fonction maternelle, la fonction paternelle semble assumer une efficacité symbolique (Guyomard, 1987)

Elle est importante dans la psychanalyse dans le sens où elle se veut à la fois être structurante et symbolique par rapport aux autres concepts existants.

De plus, « l’existence d’un homme n’est guère nécessaire pour qu’il y ait un père » puisque « la dimension du père symbolique transcende la contingence de l’homme réel »  (Dor, 1989).

  • Le rôle du père qui provient du domaine social rappelle à un ensemble d’attitudes concrètes ainsi qu’un ensemble de comportements que la société, la famille joignent au père (Guyomard, 1987)
  • Le père en tant qu’individu se réfère à un homme à qui le nom de père est attribué dans le but d’attester de la réalisation de la fonction sociale dans la famille. Le père en tant qu’individu rejoint ainsi le père du sujet par référence aux normes sociales (Segalen, 1981).
  • La Théorie Systémique Familiale 

Cette théorie est issue de la « Théorie Générale des Systèmes » qui a été référencée par le biologiste L. Bertalanffy en 1968et qui se fonde sur le concept de système qui forme « un complexe d’éléments en interaction » (V. Bertalanffy, p. 37, 1973) pouvant être fermé ou ouvert

Atteignant les domaines sociaux ainsi que la Psychologie, la « Théorie Générale des Systèmes » contribue également à une révolution paradigmatique qui affirme que les perturbations mentales, les dysfonctions ou encore les maladies seraient subséquentes à des interactions dysfonctionnelles qui sont vécues dans le cadre familial. Ce qui amène à la «Théorie de la Thérapie Familiale ».

D’après la Thérapie Familiale, l’homme ne se définit pas comme un être isolé mais plutôt comme « un membre des groupes sociaux, qui agit et réagit » (S. Minuchin, 1979, p. 18). De ce fait, l’individu interagit avec le contexte en l’influençant et en y étant influencé.

L’individu fait donc partie d’un système social

Au sein de la famille, l’individu fait parti d’un système social auquel il doit s’adapter, et ses actions sont régies par les caractéristiques du système, ce qui signifie que les changements au sein de la structure familiale suscitent des changements sur le plan comportemental et sur le processus psychique de ses éléments.

La famille est donc perçue comme un système, un tout, une globalité qui ne peut être comprise que selon une perspective holistique (A. Relvas, 2002).

Chaque famille se caractérise par l’unicité et la complexité qui traduit la singularité de la famille au sein de relations et d’émotions assez complexes (J. Gameiro, 1992).

  • La Théorie de l’Apprentissage Social d’A. Bandura

La théorie de l’apprentissage social trouve son origine au Béhaviorisme et se base sur le principe admettant que la répétition d’un comportement est intrinsèque à ses conséquences, toutefois elles corrompent et innovent étant donné la non observation directe de certains processus cognitifs : les pensées, les croyances ou encore les expectatives, qui impactent sur le comportement humain.

Afin d’éclaircir les comportements humains, A. Bandura fut le pionnier de cette théorie par combinaison des principes comportementaux et cognitifs.

Une expérience a été en réalisée par A. Bandura au cours de laquelle, trois groupes d’enfants dont l’âge varie entre 3ans et 6 ans ont été soumis à l’observation de deux modèles adultes : un homme et une femme.

  • un groupe expérimental a observé des modèles agressifs qui criaient et donnaient des coups (pied et poing) à Bobo, une poupée gonflable.
  • un deuxième groupe expérimental a observé des modèles adultes non-agressifs et inhibés.
  • un groupe de contrôle n’a observé aucun modèle. 

Les résultats de l’expérience ont montrés que les enfants reproduisaient ce qu’ils voyaient, en d’autres termes le groupe expérimental ayant pour modèle des adultes agressifs ont reproduit une quantité d’agressivité analogue (A. Bandura, 1961) .

  1. Bandura à alors supposer que certains comportements sont fonction et se basent sur l’apprentissage vicariant, en d’autres termes qui est issu de l’observation de comportement de modèles. Cet apprentissage passant par quatre étapes, à savoir : l’attention, la rétention, la production et la motivation.

De ce fait, A. Bandura a préconisé une théorie générale de l’Apprentissage Social encore appelée apprentissage par l’observation ou apprentissage vicariant qui affirme qu’un comportement peut s’acquérir sans qu’il y ait eut réalisation préalable et sans soutien. D’ailleurs, le comportement humain, toujours selon A. Bandura, se baserait sur le principe du déterminisme réciproque, qui signifie acquisition d’apprentissages et interaction de principes : comportements, contexte et cognitions.

  • Discussion 

Dans les familles au sein desquelles le lien de chair pour le fils n’existe qu’avec la mère, il importe de bien cerner « le normal et le pathologique » dans la relation mère-enfant. En effet, dans la relation entre la mère et l’enfant se distingue une infinie de relations variées qui reflètent tant la singularité que l’originalité de cette dualité. 

Ainsi, il convient d’évoquer le terme de vulnérabilité de la relation.

Vulnérabilité de la relation dont la définition repose notamment sur la sensibilité spécifique de la dite relation par rapport aux divers facteurs de risque qui varient selon les étapes de développement de l’enfant.

Trois types de risque sont ainsi identifiés :

–  facteurs liés à l’enfant : 

Dans ce type de facteurs de risque, les relations varient entre les différences de tempérament et l’atteinte somatique ainsi que la psychopathologie.

Pour ce qui est de la prématurité, il a été mis en exergue qu’il y a possibilité d’asynchronie dans les interactions mère-nourrisson notamment en termes d’ajustement. En effet, certains enfants qui peuvent nécessiter une certaine stimulation des parents de par leur manque de réaction et de sensibilité peuvent engendrer un effet inverse à celui recherché, comme une insatisfaction mutuelle ou encore une réduction du plaisir d’interaction, d’échanges. 

Ce genre de dysharmonies repose principalement sur la mère dont le fonctionnement sous l’effet de l’anxiété engendre un excès de stimulations et par voie de conséquences la tendance à la surprotection. 

Le nourrisson n’arrive plus à faire passer clairement ses besoin, ses messages, d’autant plus que la prématurité ne facilite pas la communication. De ce fait, il apparaît de fréquents changements d’états de vigilance, outre des pleurs qui deviennent difficiles à réconforter chez les prématurés. 

D’ailleurs, en termes d’activités et de vocalise, ils se font discrets outre leurs comportements de retrait tel que l’évitement du regard, et même du contact d’où une perturbation de la dynamique des interactions. 

L’asynchronie se traduisant par le fait que l’activité, l’interaction entre la mère et l’enfant n’est pas simultanée, ni spontanée.

Toutefois, plus d’attention de la mère par rapport aux signaux de l’enfant, comme le fait de l’imiter, ce dernier peut répondre de manière plus active, plus attentive avec une diminution du comportement d’évitement.

Les signes précoces de non-intégration sont autant de signes d’alarmes qui mettent en difficulté tant la mère que l’enfant. 

Les principaux signes étant la rareté et le retard de l’apparition du sourire, une mauvaise qualité en termes de contact au visage, un moindre enthousiasme, les hypotonies …

– facteurs liés aux parents, à la mère :

Généralement, ces facteurs se retrouvent dans les familles carencées encore dites atypiques et/ou à problèmes multiples.

Il s’agit notamment de :

  • absence d’organisation de la vie quotidienne ce qui explique l’apparition fréquente de situations de crises
  • la présence, importante, de carences sanitaires, éducatives et sociales 
  • l’historique parental (carence et discontinuité des soins parentaux dans l’enfance) 
  • psychopathologie grave non reconnue et traitée comme telle.

Souvent, la mère et l’enfant se trouvent dans une relation fusionnelle éliminant tout tiers. Cela se traduisant par l’envahissement de la scène de consultation par la mère bien qu’il y ait présence du père ou autres.

La mère hésite souvent entre deux comportements :

  • mettre une certaine distance entre elle et son bébé
  • coller son bébé à elle, le surexcitant

Une « sous alimentation narcissique primaire du nourrisson » (M.David, 2014)   survient à la suite de stimulations inadéquates conjointes à des abandons successifs. 

– situations particulières de risque :

Ces situations impactent la qualité des interactions, il s’agit notamment d’évènements traumatiques comme des deuils ou encore d’un handicap qui va engendrer des troubles en termes de relations comme de la culpabilité.

Normalement, un enfant résulte de la relation établie entre un homme et une femme qui forment le couple parental. Cette réalité parentale est essentielle et requise afin d’assurer le bon développement humain. D’ailleurs, le père ne peut remplacer la mère comme la mère ne peut remplacer le père, ils ne sont pas interchangeables (J. Le-Camus et Zaouche-Gaudron, 1997).

L’enfant à besoin de distinguer et de reconnaître les caractéristiques de ses parents, ces figures parentales, notamment pur ce qui concerne les caractéristiques reliées au sexe, aux stratégies éducatives, à la personnalité.

De ce fait, le père ni la mère ne peuvent être qualifiés de coparent, ils sont tous deux une figure parentale distincte.

L’absence du père pouvant également se traduire comme le manque de contact et/ou l’ignorance de l’existence du père par l’enfant semble apparaître comme un vide dans son âme à l’image d’une « faim paternelle » (father hunger) (B. Erickson, 1998, p. 19)

Cette absence pouvant être subséquente à la mort du père, une adoption, le divorce des parents, une addiction à certaines substance du part ou encore une paternité traditionnelle. A long terme, cette « faim paternelle » peut engendrer des comportements violents, la toxicomanie, une promiscuité sexuelle, une dépression ou encore une obsession pour la pratique d’activité professionnelle.

D’ailleurs, M. Lamb (1997) de qualifier de néfaste l’absence du père dans le sens où les aspects relatifs au social, à l’émotionnel, à l’économie qui incombent aux rôles du père ne sont pas assurer dans la famille, outre l’absence du modèle sexuel.

L’école Lacanienne prône l’importance de la paternité par rapport à la maternité (J. Lacan, 1938). En effet, Lacan affirme que bien que nécessaire et salutaire, la fonction de la mère n’est que provisoire et semblerait dangereuse à la limite, requérant la disparition de l’imago maternelle. A contrario, la fonction du père serait primordiale à la construction de l’enfant, notamment à sa personnalité : « L’imago du père, dans la mesure où elle domine, polarise quant aux deux sexes, les formes les plus parfaites de l’idéal de l’ego, ce qui indique qu’elles réalisent l’idéal virginal », (J. Lacan, 1938, p. 65).

Approche qui pourtant une différence manifeste entre le père réel et le père symbolique (J. Lacan, 1958).

Le père ne serait donc qu’une allusion, une allégorie dont la principale manifestation se situerait dans le cadre du Complexe d’Oedipe, étant donné que l’absence de père ne permet pas le processus du Complexe d’Œdipe, rendant la fonction du père, essentielle (J. Lacan, 1958) .

La théorie d’apprentissage d’A. Bandura met en exergue l’importance du modèle vivant pour la détermination du comportement humain. Dans ce sens, l’on peut affirmer que les figures parentales, que ce soit le père ou la mère ou les deux, sont considérés comme modèles comportementaux pour leurs enfants, des modèles idéaux.

Mentionner le père semble être un devoir pour la mère, même de manière négative. Incontestablement, la mère doit parler du père afin que l’enfant puisse comprendre et savoir qui est son père, malgré qu’elle puisse avoir d’autres compagnons (Sullerot, 1992).

Pour ce qui est de l’émergence du père symbolique, c’est la mère qui se doit d’assurer le rôle principal par le biais d’échanges avec l’enfant, notamment verbaux, lorsqu’il est à un stade où sa capacité du langage se développe. Outre la présence physique du père, il est essentiel que la mère parle de lui afin qu’il y ait une triangulation œdipienne (Dolto, 1990)

  • Conclusion

Les parents ne peuvent pas être interchangeables et ne peuvent se supplanter étant donné les distinctes fonctions du père que de la mère (H. Wallon, 1954). Afin de maintenir un équilibre au sein de la famille, les parents se doivent de se présenter, être perçus par l’enfant comme étant des figures distinctes tant pour le comportement que pour le sexe. 

L’absence du père est significative étant donné que l’enfant pourrait être confronté à une absence de modèles …et par conséquent l’apprentissage des compétences sociales pourrait s’avérer inadéquat, en particulier le conformisme, la négociation, la coopération qui sont requis pour un développement exemplaire (M. E. Costa, 1994).

Ainsi, la fonction est plus importante que l’homme pour la perspective psychanalytique. D’ailleurs, la fonction paternelle est à la fois symbolique qu’universelle et introduite, initiée par la mère afin de représenter la Loi et d’éviter une fusion entre l’enfant et sa mère, c’est à dire assurer la triangulation œdipienne.

  • Bibliographie

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Mémoire de fin d’études de 34 pages.

24.90

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