Business Model et Enjeux Financiers dans le Football Professionnel Européen : Étude de Cas sur la Ligue 1 et l’Exemple Allemand
Plan
- L’environnement économique du football européen
- Etats des lieux du football européen
- La notion de « business model »
- Le marché économique du football européen
- Le modèle économique du football français
- Etat des lieux du foot français
- Diagnostics économique
- L’ampleur médiatique et le profil des consommateurs du produit « football professionnel français »
- Le modèle économique des autres championnats
- Leur source de revenu et politique commercial
- Relation entre budget et résultats sportifs
- La performance des clubs français par rapport aux autres championnats européens.
- Les stratégies économiques et commerciales des clubs de football
- Les problématiques économiques du football professionnel
- Les politiques d’attractivité des grands championnats
- Le « business model »
- La politique d’Entertainment anglais
- Le succès du modèle allemand
Introduction :
Lors de l’ouverture de la saison de football en août 2011, le discours du président de l’UEFA, Michel Platini fait état des milliards d’euros de dettes des clubs européens appartenant à plusieurs championnats[1]. Effectivement, le football professionnel est un vaste marché qui génère des milliards d’euros par an. Le modèle économique dans chaque championnat a évolué depuis les dernières décennies en parallèle avec la mondialisation. Ce mémoire traite des aspects financiers qui sont sujettes à des polémiques dans la planète football. Il concerne particulièrement le football professionnel masculin européen.
A Chaque printemps, lorsque la DNCG publie son rapport d’activité sur les résultats économiques des 40 clubs de foots professionnels français Ligue 1 et Ligue 2, la question du business model des clubs de football se repose ! Si l’on enlève les clubs de Ligue 2, le résultat de l’exercice pour les 20 clubs de Ligue 1 grimpe à -100 millions d’euros. En parallèle, notre voisin allemand continue de faire parler de lui et à faire des envieux avec son modèle équilibré. Le Bayern Munich en est bien sur l’exemple que tous les clubs allemands suivent avec 528 millions d’euros de chiffres d’affaires (+22 %), un bénéfice net de 16,5 millions d’euros (+18 %) et plus de 250 000 socio.
De plus, cette année le club allemand a signé un énorme contrat avec son équipementier qui lui rapportera plus de 900 millions d’euros. C’est donc sans aucune surprise que le football français tente de prendre en exemple le football allemand pour créer son business model. Le business model français constitue un enjeu économique de plus en plus débattu sans pour autant aboutir à une modélisation concrète pour les clubs de l’Hexagone. Jean-Michel Aulas, en est le principal supporter. Le président du club lyonnais a, depuis quelques années, construit un busines model avec la construction d’un nouveau stade qui va aujourd’hui rendre ses premières conclusions. Mais l’exemple français est bien sur le PSG qui génère près d’un tiers des revenus de la ligue 1 depuis son rachat par le Qatar.
Le business model est un terme récurrent dans l’univers du football. Le football étant un sport compétitif et ludique, il génère donc des revenus qui nécessitent de ce fait une règlementation financière ainsi qu’une bonne gestion[2]. Ce principe de gestion financière est appuyé par plusieurs articles dans le code du sport[3]. Selon ces articles, une organisation sportive qui génère des recettes supérieures à 1,20 millions d’euros est considérée comme une entreprise commerciale. Ce statut de société commerciale implique donc de la part de la direction des clubs une gestion financière semblable à celle d’une entreprise normale.
Afin de rester compétitifs, il est normal que les clubs de foot français tentent eux aussi de mettre en place un modèle économique efficace. C’est une stratégie complexe qui à pour but d’atteindre un modèle économique qui engendrera des bénéfices pour le club. On parle donc de business model. Un business model à pour but de décrire de la manière la plus précise le positionnement l’entreprise, les objectifs de l’activité, les moyens et les ressources mis en œuvre pour les atteindre, ainsi que les règles, les principes de fonctionnement et les valeurs de l’entreprise concernée. Le business model à pour objectif de mettre un place un avantage concurrentiel susceptible de créer et de gérer de la valeur ajoutée.
Mais non seulement les clubs de foot professionnels veulent créer un business model compétitif mais ils veulent aussi l’internationaliser en faisant intervenir des acteurs internationaux parfois complètement étrangers au monde du sport. Ces choix d’internationalisations ont parfois de malheureuses conclusions qui peuvent se terminer par un dépôt de bilan d’un club. En revanche, ce peut être aussi une source de succès pour certains clubs et engendrer de grands bénéfices. C’est pourquoi dans cette étude, nous allons voir pourquoi internationaliser le business model des clubs de foot.
La présente étude se consacre au fait qu’aujourd’hui beaucoup de clubs de football tente d’internationaliser leurs business modèles avec des résultats variables. Certains clubs, de par leurs décision semble ne pas savoir où ils vont et cela peut vit tourner à la catastrophe. C’est pourquoi il est important de savoir ce qu’est un bon business model.
La première partie s’attelle à faire un état des lieux de l’environnement économique européen. Ici, sera abordé tour à tour, l’état économique pour les 5 principaux championnats européens, l’impact de la crise économique sur ces clubs et nous feront un état des lieux des forces en présence.
La deuxième partie, quant à elle, se concentrera sur les différentes stratégies des clubs européens avec les politiques de formation et les stratégies de transfert de joueurs, les modèles de financement (transferts, « mécénat », endettement, recours aux marché), la création de valeur de « marque, les stratégies commerciales (merchandising, publicité, sponsoring) et l’internationalisation de l’activité ou bien encore la propriété des stades.
Enfin, dans la conclusion, sera suggérer la prise de certaines mesures et les business modèles à suivre.
- L’environnement économique du football européen
Les médias bouleversent profondément le monde des spectacles, la télévision a en effet bouleversé le spectacle sportif. Actuellement, toutes les disciplines sportives, particulièrement le football vivent aux dépens des droits télés. La médiatisation du sport change pratiquement la donne. Les clubs de foot professionnels étant considérés comme une entreprise, le devise des entreprises est « le client est roi ». Cette médiatisation du sport marque alors une rupture entre les éléments considérés comme importants du sport et les éléments qui plaisent aux téléspectateurs.
Plusieurs exemples illustrent cette adaptation du sport aux spectacles télévisuels dans plusieurs disciplines. En tennis par exemple, la couleur de la balle a changé, du blanc au jaune. Dans le tennis de table, la taille de la balle a été agrandit. Tous ces changements consistent à améliorer le visuel des téléspectateurs. Dans la NBA, quelques règles de bases du basketball ont été laissées au profit du spectacle etc.
Cette médiatisation du sport est également marquée par l’introduction des spots publicitaires. Le sport étant considéré par les marques comme le vecteur de message par excellence, les disciplines les plus médiatisés ne peuvent donc qu’attirer les annonceurs et les sponsors. A titre d’exemple, une trentaine de seconde de publicité lors du superbowl coûte entre trois à quatre million de dollars.
Ce phénomène touche de près le football européen. Si l’on dit toujours que « le football a besoin de la télévision autant que la télévision a besoin du football », cette équilibre est actuellement menacé. Aujourd’hui, ce sont les chaînes de télévision qui établissent les règles. Etant donné qu’ils privilégient le spectacle avant tout, les grands clubs historiques ont alors de l’avantage par rapport aux plus petits. Cette médiatisation creuse donc l’écart entre les championnats et entre les clubs du même championnat.
Nous nous intéressons de près aux modèles économiques des cinq grands championnats européens. Face à cette médiatisation du sport, les modèles économiques des clubs doivent s’adapter également. Suite à la crise économique, leur politique a-t-il changé ou pas ? Dans cette première partie, nous allons aborder ces championnats, particulièrement le championnat français.
- Etats des lieux du football européen
- La notion de « business model »
Avant de s’étendre sur le modèle économique du football français, il est préférable d’abord de définir le terme “business model”. L’expression est traduite en français comme “modèle économique’ ou encore “modèle d’affaire”.
De nombreux auteurs économiques se penchent déjà sur le sujet depuis les vingt dernières années à l’instar de Godefroy Dang Nguyen et Priscillia Créach (2011). Selon ses auteurs, le “business model » s’est développé particulièrement sous l’impulsion du développement des technologies de communication et de l’information d’un côté et du développement du marché de ces NTIC de l’autre côté[4].
Effectivement, l’apparition d’internet a changé de nombreux concepts, en premier lieu les concepts marketings des entreprises. Cet avènement marque un changement des habitudes et des comportements des consommateurs.
Une autre définition du « business model » est proposée par Chesbrough et Rosenbloom en 2002. Selon eux, le business model englobe la proposition de valeur, le segment de marché, la structure des coûts, le réseau de valeur et la stratégie concurrentielle[5].
D’autres auteurs proposent une autre définition. Pour Lecoq et al. par exemple, le business model intègre plusieurs disciplines de gestion qui tournent autour de trois points principaux : la gestion des ressources et compétences, le gestion de l’offre proposé aux clients et enfin, la gestion de l’organisation. Le business model consiste donc à mettre en avant les avantages concurrentiels des offres, la compétence et les ressources de l’entreprises et enfin l’importance de l’organisation[6].
- Le marché économique du football européen
Le football professionnel est naît à la fin du 19ème siècle à travers la création de la première fédération au monde. Cette fédération est créée à Londres sous l’appellation de “Football association”. Le principal but de la fédération était alors de créer des règlements consensuels à ce sport qui se pratiquait différemment dans les régions et grandes écoles anglaises[7].
Cette fédération anglaise organise sa première compétition de championnat sur la saison 1888-1889. Cette professionnalisation du football est rendue possible grâce à l’investissement de grandes entreprises britanniques de l’époque. Ces dernières déboursent des sommes importantes pour payer les joueurs afin qu’ils portent les couleurs de l’entreprises tout au long du championnat.
La création de la FIFA s’ensuit quelques années plus tard, c’est à dire en 1904 à Paris. Les textes de la FIFA exigent strictement que chaque pays n’a droit qu’à une seule fédération. Étant donné que cette organisation favorisait le football amateur, la fédération professionnelle anglaise n’en faisait donc pas partie. Toutefois, la professionnalisation du football s’étend en Europe du Nord ainsi qu’en Amérique Latine dans les années 20 et 30 sous influence britannique. Dans le cas de la France, le statut des joueurs en tant que « professionnels » n’est reconnu qu’en 1932.
En 2010, on décompte environs 1300 clubs de foot professionnels en Europe. Les cinq plus grands championnats d’Europe ont engrangé environs 55 millions de personnes dans leur stade au cours de la saison 2009-2010. Les dernières données disponibles à ce jour sur le championnat européen datent de l’année 2010[8]. Selon ce même rapport, le championnat anglais demeure en tête de liste quant au revenu, il est estimé à plus de 2,3 milliards d’euros. Par ailleurs, le championnat allemand connaît la plus nette progression.
Concernant les dépenses par contre, elle est estimée à 7,1 milliards d’euros. Un signe alarmant des clubs européens est que leurs dépenses sont parfois supérieures à leurs revenus sur une saison. Les transferts de joueurs et d’entraineurs constituent les principales dépenses des clubs.
- Le modèle économique du football français
De nombreux qualificatifs sont utilisés par la presse pour qualifier le football français que c soit « ennuyeux », « trop défensif » ou encore « peu spectaculaire ». Le championnat français de Ligue 1 est pourtant considéré comme l’un des championnats européens les plus médiatisés. La France manifeste un retard flagrant par rapport aux quatre autres grands championnats. Les équipes françaises n’arrivent pas à s’imposer au niveau des compétitions européennes en dehors du PSG. Ceci s’explique par la capacité des championnats voisins à attirer des grands joueurs, de disposer d’infrastructures modernes ce qui se répercutent directement sur leur résultat sportif.
A l’exception du PSG, le football professionnel français souffre d’une absence de résultat au niveau européenne. Il est nécessaire donc d’effectuer une analyse de la réalité du football français.
- Diagnostics économique
Actuellement, les clubs de football professionnels sont considérés comme des entreprises appart entières. Etant donné que l’ampleur du budget du club est relativement liée à ses résultats sportifs, il convient donc de connaître la situation économique du football français.
A l’exception du PSG, racheté par les qataris ainsi que l’AS Monaco, les autres clubs français rencontrent tous des difficultés financières. D’après les chiffres de la DNCG[9] pour la saison 2011-2012, la ligue 1 accuse un déficit de 61 millions d’euros. Aussi, le bilan expose que neuf clubs sont déficitaires tandis que onze sont bénéficiaires.
Le schéma ci-dessus démontre les dépenses et recettes des clubs français pour la saison 2011-2012 selon le rapport du DNCG. D’après ce schéma, le salaire des personnels incluant les joueurs constitue la plus grande charge pour le club tandis que la principale source de revenu est les droits télévisés.
Une brève comparaison sur une période de dix ans avec les autres championnats voisins, c’est-à-dire allemand, italien et anglais, démontre toutefois une meilleure santé financière des clubs français par rapport aux clubs anglais ou italiens. Concernant l’évolution des résultats nets, le modèle français se rapproche davantage du modèle allemand.
En revanche, concernant le chiffre d’affaires, la Ligue 1 accuse un retard considérable par rapport aux autres championnats. D’après le schéma ci-dessous, le championnat anglais devance de loin le championnat français. En effet, la Premier league anglaise présente un chiffre d’affaires deux fois plus importants que la Ligue 1. Pour le championnat allemand et italien, il existe quand même un écart respectif de 33% et 30% par rapport à la France.
- Les droits télévisés : principaux recettes des clubs français
Ces cinquante dernières années, la structure financière des clubs au niveau européen et français ne cesse de changer en parallèle notamment aux contextes économiques du moment. Un rapport rédigé par le Sénat sur les problèmes du football professionnel français démontre que la part des droits audiovisuels dans les recettes des clubs augmente plus rapidement par rapport à d’autres sources de revenus. Ceci met en exergue donc une forte dépendance du football à l’égard des droits TV.
Par exemple, entre 1998 et 2005, les recettes issues des droits télévisuels ont été multipliées par six. Avant 1995, les droits TV ne représentaient qu’à peine un tiers des recettes des clubs, actuellement, ils représentent carrément au-delà de la moitié des revenus. Un autre chiffre démontre l’apparition de cette dépendance. Pour la saison 1970-1971, les clubs d’élites de Ligue 1 tiraient leur revenu majoritairement des billetteries qui représentent 91% des recettes contre seulement 1% pour les sponsorings. Actuellement, le championnat français et italien est les plus tributaires des droits TV avec environ 50% du chiffre d’affaires des clubs.
Cette domination des médias est également marquée par une rivalité entre les plus grandes chaînes de diffusion des matchs. Malgré la gestion de la Ligue de Football Professionnel de la vente de ces droits de diffusions, il existe quand même un déséquilibre du chiffre d’affaires des clubs.
Figure 1: Répartition des revenus des clubs de foot français
Source : DNCG
La ligue de football professionnel (LFP) est mandatée par la Fédération Française de Football (FFF) afin de gérer de manière centralisée les recettes des droits télévisuels. Ces droits audiovisuels est composé des droits nationaux qui permettent aux diffuseurs de retransmettre les matchs des championnats Ligue 1 et Ligue 2 sur le territoire français et des droits internationaux permettant à des diffuseurs étrangers de transmettre les matchs à l’étranger. Ces diffuseurs étrangers sont souvent originaire des pays africains francophones. Dans le cas où les clubs français participent à des compétitions européennes à l’instar de la ligue des champions ou de la Ligue Europa, l’UEFA verse alors un montant proportionnel aux recettes des droits de retransmission des matchs aux clubs.
Ces recettes nationales et internationales sont donc redistribuées aux clubs de foot de Ligue 1 et ligue 2 selon la formule suivante : 74% des recettes totales des droits audiovisuels sont attribués à la ligue 1 tandis que 13% vont aux clubs de Ligue 2. La part de ligue 1 se répartissent comme suit : 50% est distribués aux 20 clubs comme étant une recette fixe, les 30% sont distribués selon le classement des clubs et enfin les 20% dépendent de la notoriété des clubs.
Figure 2: Répartition des droits télévisés en France
- L’ampleur médiatique et le profil des consommateurs du produit « football professionnel français »
Le budget des clubs français est donc imprévisible, voire incontrôlable au point de vue économique dans la mesure où le montant des droits télévisés est aléatoire. En effet, ce budget est fortement dépendante de l’exposition des clubs et de la diffusion de leur match en direct. De plus, seul un bon résultat sportif garantit une plus grande exposition.
- Ampleur médiatique des clubs français
Malgré que le poids des droits télévisés soit élevé en France par rapport à d’autres championnats européens, cette forte présence s’explique également par la faiblesse des revenus commerciaux. Concernant le sponsoring, à la différence des championnats anglais, allemands ou espagnols, les clubs français disposent de plusieurs sponsors si bien que les maillots des équipes sont assimilés par la presse à de véritables panneaux publicitaires. Pour la saison 2013-2014 par exemple, les maillots portaient en moyenne 4,5 marques visibles pour les vingt clubs de Ligue 1. Si certains n’endossent que deux marques à l’instar de Marseille, d’autres vont jusqu’à sept ou huit marques sur leur tenue comme Montpellier.
Par rapport aux trois autres championnats allemands, anglais et espagnols, les recettes des clubs français sont donc plus dépendants des résultats sportifs. La part faible des recettes commerciales ne leur permet pas de palier les conséquences d’une contreperformance sportive. Seul, le championnat italien éprouve une plus grande dépendance que le championnat italien alors que l’Allemagne et l’Angleterre peuvent compter à 50% des recettes commerciales ce qui les exempte d’une dépendance vis-à-vis des droits audiovisuels.
La figure ci-dessous démontre la capacité des championnats étrangers à générer un important revenu commercial grâce à leur spectateur. Ceci reflète l’influence et l’importance des stades pour ces clubs étrangers. L’Allemagne, l’Espagne et l’Angleterre se démarquent par la part important des sponsorings et des billetteries dans leur budget par rapport à la France. Pour l’Espagne par exemple, les recettes matchs représentent 25% du revenu global tandis qu’ils ne sont que de 13% en France.
Si la faible notoriété médiatique de la Ligue 1 et l’incapacité de remplir les stades expliquent le chiffre d’affaires inférieur du championnat français, la Ligue 1 souffre également d’une politique commerciale moins concluante que celle des voisins européens.
Malgré une situation financière saine, les clubs français souffrent cruellement de difficulté à générer des recettes commerciales. Les revenus générés par les produits dérivés et les licences sont par exemple trois fois plus importants pour l’Angleterre par rapport à la France.
- Profils des consommateurs de Ligue 1
Malgré le retard en termes d’infrastructures et de médiatisation à l’international de la Ligue 1, son attractivité au niveau nationale est excellente. En effet, les français sont de grands consommateurs du football français.
D’après une enquête effectuée auprès de la population, le football demeure le sport de prédilection des français. 17% d’entre eux évoquent spontanément le football lorsqu’on cite un sport. Si la Coupe du monde et l’Euro sont en tête comme étant considéré les compétitions favoris, la Ligue 1 et la Ligue des Champions viennent ensuite derrière eux. Environ la moitié des hommes sont des consommateurs de Ligue 1 contre environs 16% des femmes. Ces personnes appartiennent à des catégories socio-professionnelles très larges. La majorité d’entre eux ont moins de cinquante ans[10].
La ligue 1 intéresse 21,3% de la population française soit environs 10 800 000 personnes. Neuf personnes sur dix de ces Captifs de Ligue 1 sont tous de sexe masculin tandis que sept personnes sur dix ont moins de 49 ans. De même, 70% des consommateurs de Ligue 1 disposent d’une activité socio-professionnelle dont une majorité CSP+. Effectivement, les professions les plus représentés dans cet échantillon sont des cadres, des ouvriers, des étudiants ainsi que des professions intermédiaires.
Par conséquent, le pouvoir d’achat des consommateurs de football est largement supérieur à la moyenne nationale ce qui signifie que ces personnes appartiennent majoritairement à la classe moyenne supérieures et la classe aisée. Par ailleurs, les citadins sont les plus grands consommateurs de football. L’intérêt de la population pour le football varie également en fonction des régions. Par exemple, la région parisienne, le Sud-Est ainsi que l’Ouest sont surreprésentés tandis que cet intérêt est moins important dans le Sud-Ouest où le rugby règne en maître.
- Le modèle économique des autres championnats
Les championnats voisins se démarquent par leur compétitivité sportive ainsi que l’ampleur de leur budget. Si le championnat anglais est réputé par sa puissance médiatique, les championnats italiens, allemands et espagnols se démarquent également pour leur compétitivité au niveau européenne. En effet, les clubs de ces quatre championnats sont parmi les plus riches en Europe mais également les plus titrés lors des compétitions européennes.
- Leur source de revenu et politique commerciale
La France se positionne clairement à la cinquième place concernant les budgets des clubs en première division. Elle est devancée de très loin par l’Angleterre, l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie. L’écart entre la France et l’Italie, celle qui le précède dans le classement s’élève à 20% du budget français.
D’après la figure ci-haut, le championnat anglais et allemand cumulent les budgets les plus importants en Europe. La particularité de ces deux championnats réside également dans la faible part des droits audiovisuels dans leur recette. L’Italie et la France sont celles qui sont les plus dépendantes des droits TV.
Le schéma démontre clairement la part importante des droits TV pour les clubs italiens. Ces droits représentent par exemple 64% du budget de La Juventus de Turin alors qu’ils ne représentent que 29% pour Manchester United.
Le structure des revenus des plus grands clubs européens démontre l’importance du stade et du billetterie dans leur budget. La place des stades est d’autant plus important pour les clubs anglais où la billetterie peut représenter jusqu’à 50% du budget total dans le cas d’Arsenal. Ces clubs développent un politique marketing visant d’abord les spectateurs en adaptant leur stade, en ciblant la clientèle ou encore en attirant les sponsors. D’ailleurs, la billetterie est étroitement corrélée avec les revenus commerciaux du club. Ainsi, les sept plus grands clubs d’Europe se trouvent toujours en tête de classement tant pour la billetterie que pour les autres produits commerciaux.
Afin d’optimiser les revenus de la billetterie et les autres produits dérivés, les grands clubs anglais ont développé une politique tarifaire visant à satisfaire les spectateurs. Aussi, les clubs ont développés plusieurs types de billets allant de « affaires » à « VIP ». Dans le cas des stades de Manchester United ou d’Arsenal, ces places VIP représentent 10 à 15% du revenu de la billetterie. L’efficacité de cette politique explique la part importante de recettes commerciales pour les clubs britanniques. Par exemple, pour un stade à capacité d’accueil comparable, un club anglais à l’instar de Chelsea peut retirer 110 millions d’euro sur une saison alors qu’un club français comme Lyon, seulement 22 millions d’euro.
Les revenus générés par les stades sont également dépendant de leur capacité d’accueil. Aussi, la capacité de remplissage des stades est relativement supérieure pour les clubs anglais mais un peu en dessous pour les clubs espagnols, allemands et italiens. Les clubs faisant partie du « Big Four » du Premier League arrivent tous à remplir au maximum leur stade, c’est également le cas des clubs intermédiaires.
- Relation entre « puissance financière » et « résultat sportif »
Une étude effectué par un cabinet privé, Ineum Consulting[11], met en avant la relation entre le classement UEFA des clubs de foot professionnels ainsi que leur chiffre d’affaires pour la saison 2005-2006. Ils démontrent la corrélation entre les budgets des clubs ainsi que leur résultat sportif au niveau national ainsi qu’au niveau européenne. Si certains clubs présentent un déficit de résultat sportif par rapport à leur budget, d’autres présentent un résultat sportif positif malgré des ressources financières inférieurs. C’est l’exemple des clubs portugais comme le FC Porto.
Même si dans certains cas, la puissance financière n’implique pas forcément des victoires sur le terrain, elle favorise quand même des résultats sportifs positifs. Aussi, parmi les treize clubs qui ont atteint la finale de la Ligue des Champions, huit d’entre eux se trouvent en tête du classement des clubs les plus riches d’Europe en 2007 qui sont tous espagnols, allemands, anglais et italiens.
Cette relation entre la puissance financière et les résultats sportifs s’explique par l’attractivité de ces championnats. En effet, grâce à une plus grande exposition aux médias, les championnats italiens, espagnols et anglais attirent les plus grandes stars du foot, ce qui implique de ce fait un résultat positif. Par ailleurs, les règlements de la répartition des recettes financières accentuent l’écart entre les clubs à plus grande notoriété et ceux qui sont moins médiatisés. En effet, les droits télévisuels sont distribués selon la notoriété et les résultats sportifs au niveau européen ce qui avantage les grands clubs.
- Les contraintes des clubs français
L’application de la libre circulation des joueurs a bouleversé le football professionnel. Aussi, le football est caractérisé par une forte mobilité des mains d’œuvres ainsi que des flambés de salaire. Il existe alors une rivalité entre clubs afin d’attirer les meilleurs talents qui a entraîné une inflation des salaires des joueurs qui battent des records chaque saison. Les clubs français en ressortent alors pénalisés à l’exception des riches clubs comme le PSG ou Monaco.
La libéralisation de la circulation conduit à une concentration des meilleurs jours dans les plus grands clubs d’Europe. Aussi, les cinq plus grands championnats disposent de 42,4% de joueurs étrangers dans leur effectif. Toutefois, ce chiffre varie d’un championnat à un autre. En Angleterre par exemple, les jours étrangers représentent 59,6% alors qu’ils ne représentent que 33,4% en France. Ceci s’explique par la forte attractivité du football anglais par rapport au football français mais aussi des moyens supérieurs des britanniques. Ce sont les joueurs sud-américains qui sont surreprésentés parmi ces étrangers, particulièrement les argentins et les brésiliens.
Cette internationalisation des effectifs est différente pour chaque pays. Les joueurs étrangers en France par exemple sont tous originaires d’Afrique. Pour l’Espagne et l’Italie, il s’agit des joueurs sud-américains. Pour l’Angleterre et l’Allemagne, les joueurs sont d’origines diverses mais majoritairement européennes. Cette internationalisation des joueurs s’accompagne également d’une intensification de la mobilité des joueurs. En moyenne, un joueur est passé dans 3,44 clubs en une décennie de carrière. On note également que la réussite sportive d’un club est inversement corrélée aux transferts qu’il effectue.
- Les stratégies économiques et commerciales des clubs
- Les problématiques économiques du football professionnel français
Les clubs européens appartiennent dans la plupart des cas à des richissimes hommes d’affaires américains, russes, qataris etc. De ce fait, il existe des différents entre les dirigeants techniques et la politique de gestion ce qui a un impact sur le succès du modèle économique dans le football professionnel.
- Problématique de la rentabilité des clubs
Dans la première partie, nous avons établi que la capacité des clubs à investir dans le recrutement est étroitement corrélée aux résultats sportifs. Ce point peut justifier la politique de recrutement purement commerciale. Toutefois, il est important de se demander si des résultats sportifs positifs et des investissements financiers sont rentables à long terme.
En 1999, Kuypers et Szymanski tentent de trouver une corrélation entre le résultat sportif d’un club, basé sur son classement avec son résultat brut. Leurs études ont été réalisées dans les quatre divisions du championnat anglais durant une période de 19 ans. Leur recherche infirme l’hypothèse d’un lien entre résultat sportif et la rentabilité d’un club.
De son côté, Drut (2011) effectue les mêmes études sur le championnat français. Il affirme également qu’il n’existe pas de réel corrélation entre la rentabilité et la performance sportive d’un club. Aglietta (2008) démontrent que l’origine des résultats négatifs d’un club sont entre autres les transferts ou encore les salaires. Drut soutient alors que les performances financières des clubs dépendent davantage de l’identité du club ainsi que de sa politique que de son classement dans le championnat.
Si la maximisation du profit est le principal objectif de toute entreprise. Il est important de savoir comment fonctionne les clubs de foot et leur maximisation de profit. Le statut d’entreprise commerciale et la génération de profit étant des termes que les amateurs de football réfutent. Pour ces personnes et quelques presses sportives, la dimension sportive doit primer avant les profits. Afin d’éviter ces polémiques, les clubs de foot ont défini des politiques financières visant à augmenter les revenus et fidéliser les supporters.
En premier lieu, le premier objectif d’un club consiste donc à fidéliser le public. Cet objectif est commun à toutes les marques et enseignes sportifs ou non sportifs. Cette fidélité implique alors une augmentation du nombre des fans et une interaction avec le club à travers l’achat des produits dérivés comme les maillots. Ensuite, la satisfaction du public est basé sur la consommation du produit et après. Dans notre contexte, il s’agit du visionnage du match. La satisfaction du public dépend alors du score, c’est-à-dire du résultat. Par ailleurs, d’autres éléments conditionnent la satisfaction des spectateurs à l’instar de la facilité d’accès au stade, le stationnement, les services affiliés etc. Cette satisfaction influence le taux de remplissage des stades ainsi que le taux d’audience télévisuelle. On émet alors l’hypothèse que les publics anglais sont satisfaits des matchs ou que c’est culturelle pour les anglais de voir un match les weekends.
Le second objectif consiste à développer une politique commerciale et merchandising efficace. La performance marketing repose sur les principes du management, du commerce et de la gestion. Dans le cas d’un club, la réussite marketing implique une augmentation des ventes de produits dérivés et des services dérivés. Un exemple de réussite commerciale est par exemple la vente de maillots du Real Madrid grâce à des grands joueurs de notoriété internationale. Ici revient alors la question de la richesse des clubs. Seuls les clubs riches ont la capacité de recruter de grands joueurs, donc profitent des performances marketing. Les clubs intermédiaires français ne peuvent pas rivaliser avec de clubs historiques comme Manchester United ou le Real Madrid.
Le troisième point consiste à diversifier les activités du club. Cette pratique n’est pas encore très répandue chez les clubs européens contrairement aux sports américains. Enfin, la quatrième politique des clubs actuels consiste en l’acquisition de stades par les clubs. Seulement, 17% des clubs européens jouent dans leur propre stade[12]. Le club anglais Arsenal compte parmi les clubs les plus endettés à cause de l’acquisition de leur stade Emirates Stadium. De nombreux clubs s’investissent dans les stades actuellement. Cette politique a de nombreux avantages. Par exemple, elle équilibre le compte de résultat des clubs grâce à la présence du stade dans leur actif. C’est ainsi que des clubs comme le Real Madrid et le FC Barcelone se permettent de réaliser des recrutements d’envergure malgré le fairplay financier puisque leur compte est équilibré.
- Problématique fiscale et salariale
Le déséquilibre entre les clubs français et les clubs des autres championnats se justifie par la différence de fiscalité entre les pays. En effet, les clubs français sont désavantagés à cause de la fiscalité française. D’après Arnaud Flancquart et al, (2011), parmi les cinq championnats d’élite, les quatre pays en dehors de la France ont une politique fiscale favorisant la rentabilité des clubs. Par exemple, l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie ont pris l’initiative de supprimer les charges sociales pour les joueurs professionnels. Le taux d’impositions sur le revenu a été réduit de 19% en Espagne, passant de 43% à 24%. Dans le cas de l’Angleterre, une politique de défiscalisation des demeures des joueurs de foot professionnels existe.
Tout dépend donc de la politique fiscale de l’Etat. Il s’en sort perdant dans cette rivalité de défiscalisation entre les championnats ce qui creuse l’écart entre les pays. Cette politique de « dumping fiscal » est à l’origine de l’attractivité des championnats, les joueurs privilégient toujours les pays avec moins d’impôts.
Par ailleurs, un des problématiques du football professionnel est également le déséquilibre des bilans des clubs. Comme il est dit dans la première partie, les championnats français et italiens sont dépendantes des droits télévisuels. Pourtant, les clubs ne disposent pas de pouvoir sur ces revenus, ils ne sont que spectateurs. Ce sont la ligue professionnelle et les chaînes de diffusions qui négocient directement ces revenus. Les dirigeants et propriétaires des clubs n’ont donc aucun contrôle sur leur principale source de revenu. Dans le cas de la France par exemple, c’est la LFP qui gère les droits de retransmissions des matchs et de la distribution des revenus aux clubs.
Pour équilibrer leur bilan, la pratique comptable des clubs consiste à comptabiliser le contrat de leurs joueurs comme étant des actifs incorporels. Les clubs procèdent à une amortissement sur la durée du contrat des indemnités de transfert.
Enfin, une problématique qui handicape le football français est l’inflation des salaires. Dans un rapport de l’UEFA en 2011, seulement 13% des clubs de foot ont un budget salaire en dessous des 30% du budget global. La moyenne des clubs européens s’élève à 70% de leur budget global. Baroncelli et Lago (2006) défendent cette inflation de salaire, considérant qu’elle entre dans un « cercle vertueux ». Ils justifient leur argument par le fait qu’une hausse des salaires permet d’attirer les meilleurs joueurs, ce qui implique donc une amélioration de la performance sportive et du niveau de l’équipe.
Figure 3: Cout salariaux par rapport aux revenus, nombre de clubs, exercice 2009
Source : Rapport Benchmarking UEFA, 2010
Par la même occasion, elle favorise l’attractivité du championnat grâce à la médiatisation des joueurs, ce qui permet d’espérer une augmentation des droits de diffusion. C’est le cas par exemple du championnat espagnol qui est davantage médiatisé qu’auparavant grâce à la rivalité entre le Real Madrid et le FC Barcelone, propulsée par les joueurs comme Ronaldo et Messi ou encore des entraîneurs comme Mourinho et Guardiola. Un autre exemple est le cas du PSG, repris par les Qatari qui dans leur campagne européenne ont recruté des joueurs et des entraîneurs de renommés internationaux afin de se faire une place dans l’élite européenne. Cette « cercle vertueux » est pourtant décrié par Drut (2011) qui considère cette inflation continue des salaires comme un « problème de gouvernance du football professionnel.
- Les politiques d’attractivité des grands championnats
Dans cette dernière partie, nous allons voir comment les grands championnats ont su développer leur médiatisation au profit du spectacle sportif ainsi que des résultats sportifs. En premier lieu, nous allons prendre l’exemple du succès de la médiatisation du football anglais ainsi que le modèle économique allemand.
- Le business model des clubs européens actuels
Afin de demeurer compétitifs au niveau européen, les clubs doivent obligatoirement générer un certain seuil de revenu et réaliser des profits. Le fonctionnement des clubs s’opère donc ainsi, progresser dans les compétitions, rentabiliser le club et enfin investir dans des projets futurs. Les dirigeants des clubs souhaitent instaurer un « businness model » efficace et viable à long terme. Conscient de leur dépendance aux revenus des droits de diffusion, ces dirigeants ont alors développé un nouveau « business model » axé sur l’optimisation des stades ainsi que le merchandising.
- Les stades : un potentiel de revenu
Ce nouveau potentiel et générateur de revenu est encore peu exploité en France et en Italie. Pourtant, il fait ces preuves en Angleterre, en Allemagne ou encore en Espagne. La plupart des clubs de ces trois championnats ont su modernisé leur stade et les infrastructures qui vont avec. Certains clubs ont même profondément changé l’enceinte du stade.
Ces rénovations ont été possibles grâce à des partenariats public/privé. Dans le cas de l’Allemagne par exemple, ces rénovations et modernisation des stades ont été rendu possible grâce à l’implication des autorités publiques durant la coupe du monde en 2006. Grâce à cette compétition, l’Allemagne a réussi à rénové 10 stades pour un budget de 1,4 milliards d’euro.
Dans le cas de l’Angleterre, elle a investi plus de 2 milliards de livres depuis les années 90 dans la rénovation de stades ou dans la construction de nouveaux stades. Par exemple, l’Emirates Stadium, le nouveau stade d’Arsenal à Londres a couté près de 100 millions de livres. Suite à la construction de ces stades, une nouvelle pratique s’est développée, celui du « naming » où les stades portent le nom d’une marque privée en échange d’importants financements dans la construction du stade. Le championnat allemand est le pionnier du « naming » après la coupe du monde. C’est le cas par exemple du stade du Bayern Munich qui porte le nom d’une entreprise d’assurance Allianz. En Angleterre, on peut citer l’Etihad Stadium de Manchester City. La firme Allianz a payé 110 millions d’euro sur dix ans afin de le stade à Munich porte son nom.
Un stade moderne constitue un outil pour augmenter les revenus de la billetterie. Un nouveau stade permet d’attirer davantage de spectateurs et d’abonnés. Les politiques tarifaires, dans laquelle les anglais sont passé maître, font augmenter ces recettes également. Le développement des loges VIP constituent un des avantages de ces politiques tarifaires en Angleterre. Dans le cas de l’Allemagne, les tarifs ne sont pas très élevés mais compensés par la capacité d’accueil des stades dont la moyenne est de 45 000 personnes.
- Le sponsoring et merchandising
Une autre source de revenu dans le business model des clubs actuels est les revenus commerciaux. Ceci consiste en des politiques marketing, de merchandising et de sponsoring. Dans ce domaine, les Allemands et les Anglais ainsi que les grands clubs espagnols possèdent un certain avantage par rapport aux autres championnats.
Les produits dérivés constituent une opportunité pour les clubs de trouver une autre source de revenus en dehors des droits TV. Il existe même des boutiques officielles de vente de produits dérivés à l’instar des maillots, des ballons etc comme pour les marques de vêtements. Les clubs historiques ouvrent même des musées pour les amateurs de football. C’est le cas par exemple du Santiago Bernabeu à Madrid qui abrite un musée retraçant l’histoire du Real Madrid. Ce musée rivalise avec les plus grands sites touristiques madrilènes.
Un aspect qui désavantage les petits clubs est que le merchandising est dépendant de la performance sportive du club, à sa prestige ou encore aux renommés des joueurs. De ce fait, les plus grands clubs tirent davantage de recettes de cette politique que les petits clubs. Nous allons reprendre l’exemple du Real Madrid où le recrutement de Cristiano Ronaldo a généré seulement un an plus tard une vente de plus d’un millions de maillots à son nom. Si le transfert de Ronaldo a couté 94 millions d’Euros, les maillots ont été vendus à 75 euro l’unité. Le club a même tiré bénéfice des recettes marketing dans la vente de maillot du joueur anglais David Beckham.
Grâce au développement des technologies de l’information et de la communication, les clubs profitent d’une visibilité grandissante au niveau international. A ceci s’ajoute l’achat de droit TV par des chaînes étrangères originaires des pays émergents. Réalisant cela, les plus grandes entreprises tiennent à sponsoriser les grands clubs de foot. Actuellement, à la fin de la saison, les clubs effectuent même une tournée mondiale en Asie et aux Etats Unis ce qui font d’eux des marques à l’échelle mondiale à l’instar de Manchester United.
- La politique d’entertainment anglais
Le « business model » anglais est considéré comme le plus complet en Europe ce qui justifie que ce championnat est largement plus développé en France. Les raisons de ce développement des clubs d’élite britannique et même les clubs intermédiaires sont entre autres la diversification de leur recette notamment l’exploitation au maximal de leurs stades.
Le business model anglais se repose avant tout sur le communautarisme. Historiquement, ce championnat est caractérisé par une demande stable malgré les contre-performances sportives. En Angleterre, devenir un supporter est presque inhérent chez les gens et fait partie de leur vie, de leur ADN. Cet esprit communautarisme assure la stabilité des recettes de billetterie. Cet esprit est également commun aux deux grands clubs espagnols.
L’amateur de foot anglais est unique en Europe. Ces personnes ont grandi dans l’amour du football et surtout dans l’amour pour leur club qui est transmis de génération en génération. L’Angleterre se démarque par l’attraction des matchs même en sixième division qui est comparable à la seconde division française. Ce sentiment de communautarisme est inné chez les anglais, qui contrairement aux américains qui ont le choix entre plusieurs sports (basketball, football, baseball) ne connaissent que le football.
Nous pouvons quand même évoquer les limites de cette politique d’entertainement auquel se repose le modèle anglais. Après des années d’hégémonie sur la scène européenne, le football anglais commence à montrer ses limites. En effet, les clubs britanniques comptent parmi les clubs les plus endettés d’Europe. Chelsea est le club le plus endetté en Europe, Arsenal et Manchester United sont dans le top 10.
- Le succès du modèle allemand
La finale en Ligue des Champions entre le Bayern Munich et Dortmund marque le succès du modèle économique allemand. Cette finale constitue la finalité d’un modèle allemand admiré pour l’efficacité de gestion financière. Mise en place depuis 2002, ce modèle économique allemand manquait uniquement un titre majeur au niveau européen et mondial.
Le championnat allemand est réputé pour la santé financière de leur club. Selon une étude de Deloitte en 2011-2012, le championnat allemand génère un chiffre d’affaires d’environ 1,7 milliards d’euros en une saison ce qui le place en seconde position derrière la Premier League anglaise. Toutefois, si l’on regarde de près, les clubs allemands engrangent plus de bénéfices que les clubs anglais. Si le premier a enregistré un bénéfice net de 171 millions d’euros, le second a réalisé seulement 75 millions d’euros.
Lors de l’euro 2000, l’équipe nationale allemande est vieillissante et se fait éliminé dès le premier tour. Cet évènement constitue le commencement d’un nouveau modèle. Leur objectif étant de se projeter dans l’avenir, dans le prochain match, dans la prochaine compétition majeure. Le succès du modèle allemand n’est pas un hasard, confie Christian Seifert, président de la Ligue Allemande de Football (DFL), c’est le résultat d’un travail acharné depuis plus d’une dizaine d’année.
Tout comme le modèle anglais, l’Allemagne se repose sur l’esprit communautaire. Les clubs peuvent s’appuyer sur les recettes de la billetterie grâce à la ferveur de leur public même dans les périodes de résultats sportifs négatifs. L’affluence des stades est également importante en Allemagne, les stades accueillent en moyenne 40 000 spectateurs par match, soit une meilleure performance que l’Angleterre. Une telle affluence est impossible à réaliser en France où les stades ne peuvent même pas accueillir 40 000 personnes.
Conclusion
Le modèle économique des clubs de foot européen est marqué par une forte présence des droits TV. Cette dépendance constitue la principale faiblesse des clubs français. Par ailleurs, par rapport aux autres championnats européens, la France souffre également d’un manque de médiatisation et de notoriété lui permettant d’attirer les grands joueurs à l’exception du PSG. Etant donné que l’achat de grands joueurs implique des résultats sportifs positifs, les clubs français n’arrivent pas à se démarquer.
Contrairement à cela, les clubs anglais et allemands sont moins dépendants des droits TV. Ils s’appuient davantage sur les recettes commerciales grâce à l’exploitation optimum de leur stade. Ceci se réalise grâce à une fidélisation des supporters qui même durant les périodes noires des clubs, répondent toujours présents. Cette fidélité des supporters assurent aux clubs anglais, allemands et des grands clubs espagnols un revenu stable de la billetterie.
Afin de rattraper son retard alors, le championnat français doit s’investir dans la politique commerciale et marketing afin d’inverser la domination des grands diffuseurs. Par ailleurs, il faut également développer de vrais partenariats comme dans les grands clubs espagnols et anglais et non multiplier le sponsoring en affichant plusieurs marques sur le maillot.
Afin d’attirer les meilleurs joueurs, l’Etat doit aussi repenser la politique fiscale afin d’être à la hauteur des autres championnats. Etant donné que le football constitue un secteur économique générant plusieurs emplois, cette politique ne sera que bénéfique pour le club et pour l’Etat.
[1] « Mon message sera alarmiste sur le football: des lumières rouges s’allument, on ne peut pas vivre avec des milliards d’euros de déficit sans en payer les conséquences un jour ou l’autre »1 (Michel Platini, 2011)
[2] J. Defrance, 1995, « Sociologie du sport, Paris, La découverte.
[3] GOUVERNEMENT FRANÇAIS (2010) Le sport professionnel. (Online) Disponible : http://www.sports.gouv.fr/index/sport-et-competition/sport-professionnel/
[4] GODEFROY DANG NGUYEN ET PRISCILLIA CREACH (2011) Recherche sur la société du numérique et ses
usages : Actes du 8ème séminaire de Marsouin. Paris, Harmattan.
[5] HENRY CHESBROUGH AND RICHARD S ROSENBLOOM (2002) The role of the business model in capturing
value from innovation: evidence from Xerox Corporation’s technology spin-off companies. Industrial and
Corporate Change, vol.11.
[6] ERIC STEPHANY (2003) La relation capital-risque/PME : fondements et pratiques. De Boeck, Bruxelles.
[7] FIFA (2011) History of the laws of the game. (En ligne) Disponible sur: http://www.fifa.com/classicfootball/history/index.html (Accès le 31/12/2015)
[8] SEFTON PERRY (2010) Rapport Benchmarketing 2009-2010. Union des associations européennes de
football. (Online) Disponible :
http://www.uefa.com/MultimediaFiles/Download/Publications/uefaorg/Publications/01/45/30/58/1453058_DOWNL
OAD.pdf (accès le 08/12/2015)
[9] Direction régional du contrôle de gestion : Le principale rôle de la DNCG est de surveiller la gestion financière des clubs afin d’exhorter le surendettement qui se passe dans les autres grands championnats.
[10] Soccerscope – KANTAR SPORT – Juin 2012 Base : Français de + 15 ans (1.000 interviews
[11] Cette étude est basé sur les indices UEFA 2007 et les budgets 2005-2006
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