Resolution Des Problemes Des Etablissements Hebergeant Des Personnes Agees Dependantes (EHPAD)
RESOLUTION DES PROBLEMES DES ETABLISSEMENTS HEBERGEANT DES PERSONNES AGEES DEPENDANTES
(EHPAD)
INTRODUCTION
A partir d’un certain âge, les personnes sont enclines à se redéfinir, un nouveau départ souvent difficile. Elles deviennent une sorte de poids pour la société. C’est ainsi que les familles font appel à des professionnels pour prendre soin de leurs parents assez âgés lorsque ces derniers deviennent incapables de prendre soin d’eux-mêmes. En effet, à partir d’un certain âge, les facultés mentales et physiques faiblissent et des maladies auparavant inconnues font leur apparition. C’est là que les familles, souvent débordées par leur quotidien ou inefficaces face à la vieillesse de leurs parents, les confient à des organismes ou des personnes plus qualifiées. Il se peut également que ce soit les personnes âgées elles-mêmes qui fassent appel à ces professionnels.
Les familles ont un choix : soit ils font venir les personnes qualifiées pour s’occuper des personnes âgées à la maison soit ils envoient ces personnes âgées dans un centre qualifié. Faire venir à domicile les professionnels peut s’avérer plus coûteux que de faire appel à un centre adapté. C’est ainsi que le plus souvent, on envoie les vieilles personnes dans ce qu’on appelle aujourd’hui un Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes ou EHPAD. Autrefois, ce type d’établissement était appelé « maison de retraite ». Selon le site officiel de l’Administration Française : Service-Public.fr : c’est une structure médicalisée ayant vocation à accueillir des personnes âgées.
Toutefois, s’occuper de personnes âgées n’est pas chose simple. Il faut dire que parmi elles se trouvent des personnes têtues et difficiles à vivre. Sans oublier les maladies diverses et la faiblesse physique de ces personnes qui peuvent entraîner des accidents imprévisibles. Tout ceci rend la tâche de ces établissements encore plus difficile et délicate. Des personnes au départ très motivées et qualifiées sont susceptibles de perdre leurs moyens face à une situation imprévue et difficile. C’est ainsi qu’il est primordial de trouver des solutions efficaces pour éviter au maximum les accidents et le stress au sein de ces EHPAD.
En effet, dans la pratique, le personnel des EHPAD ont à faire face à diverses situations toutes aussi spécifiques les unes que les autres. Compte tenu de la particularité des personnes âgées prises en charge : caractère, état physique, mentalité, besoins. Des équipements perfectionnés et une formation adéquate sont donc requis pour mener à bien la mission d’un EHPAD.
Certains critères sont pris en compte lors de l’intégration d’une personne âgée dans un EHPAD, critères que nous verrons plus loin et qu’il est important de savoir compte tenu de leur impact sur le travail des soignants de l’EHPAD.
Nous avons donc été appelé à traiter ce sujet important afin de déterminer les solutions adéquates aux différents problèmes des EHPAD. Après quelques recherches et réflexion, nous avons établi le plan suivant : en premier lieu, il s’avère nécessaire de cerner ce qu’est plus précisément un Etablissement Hébergeant des Personnes Agées Dépendantes et les (I). En second lieu, nous allons tenter d’apporter diverses solutions à ces problèmes sans toutefois prétendre à la perfection (II).
PREMIERE PARTIE : LES ETABLISSEMENTS HEBERGEANT DES PERSONNES AGEES DEPENDANTES (EHPAD)
Dans cette première partie, nous allons d’abord définir ce qu’est un EHPAD (A) et énumérer les divers problèmes de ce type établissement (B).
A – Définition d’un EHPAD
Un Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées est, comme nous l’avons déjà vu, un établissement médico-social qui peut accueillir des personnes âgées et dépendantes. Il est possible que ces personnes soient atteintes de la maladie d’Alzheimer ou de maladies dégénératives. Les EHPAD sont régis par une loi du 24 janvier 1997 qui a été complétée par les décrets du 26 Avril 1999. Les EHPAD ainsi que tous les établissements médico-sociaux sont également régis par le Code de l’action sociale et des familles. Nous allons voir d’abord les caractéristiques d’un EHPAD (1) et ensuite le personnel de ce type d’établissement (2).
- Les caractéristiques d’un EHPAD
Qu’il soit privé associatif ou commercial ou public, l’EHPAD doit conclure une convention avec l’Etat et le Conseil Général qui l’oblige à respecter un cahier des charges et des règles de qualité qui visent à assurer l’accueil des personnes âgées dans de bonnes, voire, les meilleures conditions. Il s’agit d’une convention entre l’EHPAD, l’assurance maladie et le conseil général. Cette convention est pour une durée de cinq ans et devra donc être renouvelée selon la durée d’existence de l’EHPAD. Parmi les qualités requises, la qualité de vie est particulièrement importante (accessibilité, hygiène, sécurité, etc.), la personnalisation de la prise en charge (projet de vie individualisé, respect du rythme de vie du résidants, activités adaptées, etc.) et les relations avec le résidants et ses proches (niveau de participation de la famille du résidants, bonne information, etc.). A part l’engagement sur la qualité des services, la convention implique un système de tarification particulier : la triple tarification : elle répartit les frais de séjour selon 3 volets : hébergement, dépendance et soins auxquels correspondent des aides financières spécifiques. En échange, cette convention permet à l’EHPAD de percevoir des crédits de fonctionnement.
Ensuite, comme son nom l’indique, l’EHPAD accueille un type particulier de clients, en effet, certaines conditions sont requises pour pouvoir intégrer un EHPAD : il faut avoir plus de 60 ans, être en perte d’autonomie et bénéficier ou non d’une aide sociale du département. En ce qui concerne cette dernière condition, il y a des EHPAD qui ne sont pas habilitées à recevoir des bénéficiaires d’aide sociale.
Toujours dans le cadre du type de client pris en charge par les EHPAD, là encore il y a une distinction à faire selon le degré d’autonomie, encore dénommé, degré de dépendance, de la personne âgée. Ce degré permet de définir le tarif adéquat et l’éligibilité de la personne âgée à l’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA). Le degré d’autonomie est évalué par des professionnels selon certains critères qui figurent dans une grille dénommée AGGIR (Autonomie Gérontologie Groupes Iso Ressources).
Essayons d’abord de mieux connaître ce que sont l’APA et la grille AGGIR[1]. L’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA)[2] est une allocation destinée aux personnes âgées. Elle est ouverte aux personnes hébergées à domicile ou dans un établissement. Le demandeur doit remplir un certain nombre de conditions pour pouvoir en bénéficier. Il doit ensuite respecter, une fois son allocation attribuée, certaines obligations envers le conseil général.
Lesdites conditions à remplir sont les suivantes :
- Avoir 60 ans ou plus
- Etre en manque ou en perte d’autonomie en raison de l’état physique ou mental
- Avoir besoin d’une aide pour l’accomplissement des actes essentiels de la vie ou être dans un état nécessitant une surveillance régulière.
- Résider de façon stable et régulière en France
- Pour les étrangers, être en séjour légal en France
Il est important de savoir que l’attribution de l’APA n’est pas soumise à conditions de ressources. Toutefois, une somme : « le ticket modérateur », reste à la charge du bénéficiaire, sauf si ses revenus sont inférieurs à 725,22 euros par mois.
Pour le maintien de l’APA, le bénéficiaire est tenu envers le conseil général de :
- Déclarer la personne ou le service d’aide à domicile rémunéré par cette allocation
- Fournir les justificatifs d’utilisation de l’aide (fiches de salaire, déclarations Urssaf, talons des chèques emploi-service, factures du service d’aide à domicile, factures des aides techniques, etc.)
- Signaler tout changement qui survient dans sa situation (déménagement, hospitalisation, changement d’intervenant au domicile, modifications de ses ressources, etc.)
Quant à la grille nationale AGGIR (Autonomie Gérontologie Groupe Iso-Ressources), elle permet d’évaluer le degré de dépendance du demandeur de l’allocation (APA). L’évaluation a lieu sur la base de plusieurs variables qui servent à déterminer le niveau de dépendance de la personne. Ces niveaux sont répartis en 6 groupes, dits « iso-ressources » (GIR). L’évaluation se fait suivants 17 critères. Seules les 10 variables suivantes, dites discriminantes, qui se rapportent à la perte d’autonomie physique et psychique, sont utilisées pour le calcul du GIR : cohérence, orientation, toilette, habillage, alimentation, élimination, transferts (se lever, se coucher, s’asseoir), déplacement à l’intérieur, déplacement à l’extérieur, communication à distance (téléphone, alarme, sonnette, etc.). D’autres variables illustratives, au nombre de 7, sont également utilisées. Elles n’entrent pas dans le calcul du GIR, mais apportent des informations pour l’élaboration du plan d’aide de la personne : gestion de son budget et de ses biens, cuisine, ménage, transports, achats, suivi d’un traitement médical, activités de temps libre. Chacune des 17 variables est cotée en A (actes accomplis seul, spontanément, totalement et correctement), B (actes partiellement accomplis), C (actes non réalisés).
Il existe 6 niveaux, dits iso-ressources, de dépendance dans la grille AGGIR. Le demandeur de l’APA est classé dans un des groupes en fonction des résultats de son évaluation. Seules les GIR 1 à 4 ouvrent droit à l’APA. La personne classée en GIR 5 ou 6 peut néanmoins demander une aide ménagère.
Voici les degrés de dépendance des différents groupes iso-ressources :
- Gir 1 : personne confinée au lit ou au fauteuil, dont les fonctions mentales sont gravement altérées et qui nécessite une présence indispensable et continue d’intervenants ; ou personne en fin de vie
- Gir 2 : personne confinée au lit ou au fauteuil, dont les fonctions intellectuelles ne sont pas totalement altérées et dont l’état exige une prise en charge pour la plupart des activités de la vie courante ; ou personne âgée dont les fonctions mentales sont altérées mais qui est capable de se déplacer.
- Gir 3 : personne ayant conservé son autonomie mentale, partiellement son autonomie locomotive, mais qui a besoin quotidiennement et plusieurs fois par jour d’une aide pour les soins corporels
- Gir 4 : personne n’assumant pas seule ses transferts mais qui, une fois levée, peut se déplacer à l’intérieur de son logement. Elle doit aussi parfois être aidée pour la toilette et l’habillage ; ou personne n’ayant pas de problèmes locomoteurs mais qui doit être aidée pour les soins corporels et les repas
- Gir 5 : personne ayant seulement besoin d’une aide ponctuelle pour la toilette, la préparation des repas et le ménage
- Gir 6 : personne encore autonome pour les actes essentiels de la vie courante
Il faut savoir qu’il est possible de changer de Gir. En effet, la règlementation prévoit que le classement dans un Gir et le montant de l’APA sont revus régulièrement par l’équipe médico-sociale du conseil général (pour la personne à domicile) ou par le médecin coordonateur ou, à défaut, un médecin conventionné (pour la personne en établissement). Cette révision peut aussi être demandée à tout moment par le bénéficiaire de l’allocation (ou par un de ses proches), par courrier adressé aux services compétents du conseil général. La personne classée en Gir 5 ou 6 lors d’une précédente demande d’APA, peut déposer une nouvelle demande d’allocation en cas de dégradation de son état de santé.
Une autre définition de l’EHPAD[3] : « l’EHPAD est un établissement d’hébergement pour personne âgées dépendantes. C’est un ensemble immobilier constitué de chambres médicalisées permettant l’accueil de personnes âgées ayant besoin d’une assistance quotidienne et permanente. L’EHPAD propose des services tels que l’hébergement, les repas, la blanchisserie, les soins d’hygiène et médicaux, etc. un établissement EHPAD répond à des règles strictes, soumises aux conventions tripartites et à des normes de logement. »
Cet espace, par l’intermédiaire de son site internet, nous a fournit certaines informations. Parmi ces informations, il nous indique que la France va connaître une profonde mutation de la structure de sa population, du fait de l’allongement de la durée de vie, l’élévation du niveau de vie et l’arrivée à l’âge de la retraite des baby boomers. Les plus de 60 ans représenteront au minimum 33% de la population française en 2040, contre environ 21% en 2000.
Il nous informe également que la maladie d’Alzheimer et les maladies apparentées constituent aujourd’hui la principale cause de dépendance lourde des personnes âgées et donc une des principales causes d’entrée en institution. Cette maladie touche 850.000 personnes en France, un chiffre qui représente 18% des personnes de plus de 75 ans. Dans les prochaines années, les coûts humains et financiers de la prise en charge de ce type de maladies vont s’alourdir (systématisation des diagnostics, prise en charge plus précoce, progrès de la prise en charge et des traitements, etc.), avec 225.000 nouveaux cas déclarés chaque année.
S’il y avait environ dix millions de français de plus de 65 ans en 2005, ils seront de l’ordre de 18 millions en 2050, soit une croissance totale de 185%. Cette hausse est inégale en fonction du décile concerné : plus de 45% pour la population de 65 à 74 ans, plus de 78% pour les 75 à 84 ans, plus de 288% pour les plus de 85 ans. Cette augmentation se traduit par une progression mécanique du nombre de personnes âgées fortement dépendantes (2% des personnes de 70 ans sont dépendantes contre 30% de celles qui ont 90 ans). Le nombre des personnes de plus de 60 ans classées en GIR 1 à 4 dépasse d’ores et déjà le million si l’on se réfère aux données des bénéficiaires de l’APA.
Autrefois, les EHPAD étaient dénommés maisons de retraite médicalisées. Pour mieux correspondre aux nécessités d’aujourd’hui, aux critères qualités entre autre dont l’individualisation de la prise en charge, un changement de nom et de statut s’est imposé. Vers la fin de l’année 2007, la moyenne d’âge des résidants en EHPAD fût de 84 ans. 84% d’entre eux étaient considérés comme dépendants dont la moitié comme très dépendantes[4].
Aujourd’hui, les EHPAD ne cessent d’innover afin de mieux répondre aux attentes des personnes âgées et pour suivre les évolutions technologiques actuelles. Mises à part les évolutions dans le cadre de la médecine, il y a également l’utilisation des nouvelles technologies. En effet, certains EHPAD n’hésitent pas à se servir des ordinateurs et d’internet pour se faire connaître et pour animer les journées des personnes âgées.
Par exemple, pour l’EHPAD Saint Germain de l’Herm (63), il se sert de la médiathèque du village (Haut-Livradois) pour permettre à ses résidants d’alimenter un blog juste fait pour eux. Selon leur animatrice, Christine Mollimard : « C’est pour qu’ils comprennent que ce qu’ils écrivent est visible dans le monde entier c’est également un travail de mémoire et de mise en mots auquel ils se livrent ».
L’EHPAD public peut être autonome ou être rattaché à un établissement sanitaire, le plus souvent un hôpital. Il a la plus grande capacité d’accueil avec 84 résidants en moyenne par établissement en 2007 et regroupe environ la moitié des places en maison de retraite. Les délais d’attente pour obtenir une place sont souvent de plusieurs mois, parfois même, une année. L’EHPAD privé quant à lui peut être à but lucratif (commercial) ou non (associatif). 30% des places en EHPAD est dominé par le secteur associatif et se caractérise par un nombre important d’établissements de petite capacité. Pour ce qui est du secteur commercial, il se développe rapidement et se focalise surtout sur les grandes dépendances.
Il y a également des EHPAD spécialisés : avec une ou plusieurs unités de soin spécifique qui accueillent les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et des troubles apparentés. La formation de leur personnel, leurs soins et la participation des familles y sont spécifiques. L’environnement et l’architecture des bâtiments sont également particuliers pour optimiser la qualité de vie des malades et atténuer les troubles comportementaux.
Catherine Nedelec, dans son mémoire pour l’obtention du diplôme de cadre de santé intitulé : « Réflexion autour du projet de vie », nous indique qu’il y a d’autres types d’établissement qui peuvent accueillir les personnes âgées
- Les foyers logements occupés par des personnes âgées valides dont quelques-uns sont médicalisés (Infirmier, auxiliaire de vie qui viennent à domicile dans certaines communes).
- Les USLD qui se situent dans les hôpitaux. Les personnes âgées ont besoin d’une surveillance médicale et paramédicale continue.
- Les maisons d’accueil temporaire : elles permettent de « soulager » les familles, qui hébergent leur aïeul à domicile. La durée de séjour ne doit pas dépasser 4 mois.
- Les accueils de jour : il s’agit d’un accueil à la journée, permettant aux aidants de se ressourcer dans la journée et aux personnes âgées d’avoir une continuité de lien social.
- Les accueils de jour Alzheimer : 2 à 3 fois par semaine, les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer peuvent s’y rendre. Elles sont logées soit chez leurs enfants ou soit chez leur conjoint.
S’occuper de personnes âgées ne se limite pas à les soigner, les laver et les nourrir, cela implique également de faire en sorte à ce qu’elles se sentent bien, à ce qu’elles soient traitées comme des êtres humains, qu’elles sont d’ailleurs : avec des sentiments, des amis, une famille, etc. ; bref, des besoins socioculturels. Cela s’explique par le fait que l’EHPAD est probablement le dernier domicile de la personne âgée avant de mourir, il est donc primordial de faire en sorte à ce que ce soit dans les meilleures conditions possibles.
C’est dans cette optique que le projet de vie, qui fait partie de la qualité de vie, a été instauré. Tous les membres du personnel de l’EHPAD sont concernés par ce projet, ainsi que les familles et les proches des résidants. Le projet de vie comprend :
- Le recueil de données à l’entrée du résidants
- Ses besoins et envies
- Son projet d’animation en fonction de son état de dépendance
Chaque résidants est spécifique, ce qui implique un projet de vie personnalisé pour chacun d’entre eux. En effet, chaque résidants a sa vie, sa famille, ses amis, ses goûts, etc. L’EHPAD doit tenir compte de tous ces critères, du moins la plupart d’entre eux pour que le résidants se sente bien autant que possible. Si autrefois ce fût les résidants qui devaient s’adapter aux conditions des maisons de retraite, le projet de vie personnalisé au contraire oblige les EHPAD à tenir compte des conditions de vie que les résidants avaient au sein de leurs foyers. Ce projet est compris dans le tarif hébergement de l’EHPAD, ce qui signifie que le projet de vie est véritablement un élément déterminant de la qualité de vie des résidants. En contrepartie, le résidants devra toutefois s’habituer au fait de vivre en collectivité, ce qui ne fût pas le cas chez lui avant. Les personnels de l’EHPAD seront là pour l’aider dans ce processus d’adaptation et pour qu’il ne puisse pas se sentir trop oppressé par les diverses règlementations qui régissent l’établissement. En effet, les personnes âgées peuvent être très fragiles physiquement et moralement.
La qualité de vie, selon l’OMS en 1993, est : « la perception qu’a un individu de sa place dans l’existence, dans le contexte de la culture et du système dans lesquels il vit, en relation avec ses objectifs, ses attentes, ses normes et ses inquiétudes. Il s’agit d’un large champ conceptuel, englobant de manière complexe la santé physique de la personne, son état psychologique, son niveau d’indépendance, ses relations sociales, ses croyances personnelles et sa relation avec les spécificités de son environnement »
Après avoir vu ce qui concerne l’EHPAD en soi, nous allons maintenant voir les divers intervenants de cet établissement.
- Le personnel au sein de l’EHPAD
Plusieurs personnes interviennent au sein de l’EHPAD pour prendre soin des résidants. On peut les regrouper en 4 catégories : les membres de l’administration, l’équipe de soin, les animateurs et le personnel logistique et technique. Leur effectif dépend de la capacité d’accueil de l’EHPAD en question.
En tant qu’entreprise employant des travailleurs, il est évident qu’il y ait des administrateurs au sein de l’EHPAD. Ils assurent les tâches administratives comme le secrétariat, la comptabilité, l’accueil et les relations avec les familles. Certains agents peuvent même accompagner les résidants et leurs familles dans les démarches administratives et aussi pour les mesures de protection juridique (tutelle, curatelle). Les premiers interlocuteurs des familles au sein d’un EHPAD sont :
- L’agent d’accueil : il occupe un poste stratégique : il est chargé de l’accueil, des renseignements à fournir à propos de l’EHPAD, de la réception des appels téléphoniques et des relations avec l’extérieur (courriers).
- Le directeur : il dirige l’ensemble du personnel de l’EHPAD. Il est le premier responsable du bon fonctionnement de l’établissement. Même s’il n’est pas toujours auprès des personnes âgées, il est toutefois responsable de leur bien-être.
Ensuite, en tant qu’établissement médico-social, l’EHPAD dispose d’une équipe de soin : à la fois médicale, paramédicale et médico-sociale bien évidemment. Cette équipe est majoritaire au sein du personnel de l’EHPAD. Leur mission est de prendre soin des personnes âgées : de les nourrir, de les laver, de les soigner, de leur parler, de les écouter, etc.… :
- Il y a, par exemple, des infirmiers : ils sont chargés de faire les actes médicaux comme le pansement ou les injections et de distribuer ou même d’administrer les médicaments aux résidants. « L’infirmier donne habituellement des soins infirmiers sur prescription ou conseil médical ou en application du rôle propre qui lui est dévolu. La profession d’infirmier comporte l’analyse, l’organisation, la réalisation de soins infirmiers, leur évaluation, la contribution au recueil des données cliniques et épidémiologiques et des actions de dépistage. Les infirmiers participent également à des actions de prévention, de formation et d’éducation à la santé ou d’encadrement. Ce métier est très diversifié, et les infirmiers peuvent exercer dans de multiples structures et secteurs d’activités : hôpital, centre de soins, centre de réadaptation, maison de retraite, santé du travail, santé scolaire, psychiatrie, soins palliatifs, oncologie… Les soins infirmiers sont préventifs, curatifs ou palliatifs. Ils exigent donc des qualités techniques et relationnelles, une bonne résistance physique, ainsi que de la disponibilité.»[5]
- Il y a également des aides-soignants : compte tenu de l’importance de leur rôle, nous allons consacrer une petite sous-partie exclusivement pour ces aides-soignants. Mais pour commencer, il importe de savoir d’ores et déjà qu’ils secondent les infirmiers. Ils sont chargés de s’occuper de l’hygiène et du confort des personnes âgées. Ce sont ces aides-soignants qui sont le plus proches des résidants car ils sont avec eux au quotidien (toilette, repas, déplacement, etc.…), ils veillent au maintien de leur autonomie et à la participation aux animations. Selon le site Maisons de retraite.fr : « l’aide-soignant réalise des soins liés aux fonctions d’entretien et de continuité de la vie visant à compenser un manque ou une diminution d’autonomie de la personne. Son rôle s’inscrit dans une approche globale de la personne soignée et prend en compte la dimension relationnelle des soins. L’aide-soignant accompagne cette personne dans les activités de sa vie quotidienne, il contribue à son bien-être et à lui faire recouvrer, dans la mesure du possible, son autonomie. »
- L’aide médico-psychologique : elle a une tâche similaire à celle de l’aide-soignant. Cette aide est principalement orientée vers la communication des résidants (à travers la parole ou tout autre moyen) et à la favorisation de leur vie sociale.
- L’agent de service : il est chargé de la propreté des chambres et des espaces communs, ainsi que de leur entretien
- Le cadre infirmier : il est chargé de la coordination et de l’animation de l’ensemble du personnel soignant. Comme le directeur envers tous les employés de l’EHPAD.
- Les autres professionnels de santé : il peut s’agir de médecins, de kinésithérapeutes, d’ergothérapeutes, de psychologues, de diététiciens, etc.…
- Le médecin coordonateur : il a un rôle de conseil auprès du directeur de l’EHPAD, pour l’intégration de nouveaux résidants notamment. Il coordonne l’action des professionnels de santé, même ceux de l’extérieur. Toutefois, il n’intervient pas directement auprès des résidants. Il doit préserver l’autonomie du résidants et trouver des solutions s’il y a des pathologies aigües.
Quant aux animateurs ou personnel d’animation, c’est eux qui font la différence entre un simple établissement médical et un domicile collectif. Nous avons parlé plus haut du projet de vie individualisé, et bien ce sont les animateurs qui font en sorte à ce que les résidants puissent réaliser le leur, avec l’aide de l’équipe de soin bien entendu. Les animateurs sont pratiquement toujours présents et s’assurent du bien être psychologique des résidants : bien être, joie, etc. Selon Philippe Crône, un animateur en EHPAD : « Nous les aidons à exister autrement que par la maladie, au travers d’activités variées et de projets de groupes. Dans l’atelier mémoire par exemple, les personnes âgées expliquent qui elles sont en allant chercher dans les souvenirs. A la fin, des affinités, se créent autour de valeurs communes. Nous créons des liens. »
Passons maintenant au personnel logistique et technique : les membres de cette équipe se chargent d’entretenir les installations de l’EHPAD (petites réparations, ménage, peinture, etc.), en collaboration avec l’agent de service. Ils préparent les repas, entretiennent le linge, s’occupent du jardinage, etc.… Ainsi, ils participent indirectement au bien-être des résidants.
Il convient ici de noter que d’autres personnes sont susceptibles d’intervenir auprès de l’EHPAD. Ils interviennent, soit à la demande des résidants, soit ils viennent régulièrement :
- Les professionnels (service à la personne, paramédicaux, etc.…) qui peuvent être soit libéraux, soit salariés. Ils sont rémunérés par le résidants car c’est pour ses soins personnels : son médecin traitant, son coiffeur, etc.
- Les représentants de différents cultes : ils interviennent ponctuellement ou périodiquement (messe hebdomadaire par exemple).
- Les bénévoles : ils mettent sur pied des activités régulièrement ou ponctuellement. Certains EHPAD peuvent être en lien avec d’autres entités : associations, écoles, etc. « Leurs interventions, même si elles restent exceptionnelles, soulignent l’ouverture de l’établissement sur la cité » commente Philippe Crône.
- Les aides-soignants
Le métier d’Aide Soignant est défini réglementairement par le décret n° 89-241 du 18 avril 1989 modifié. Les Aides Soignants doivent être titulaires du diplôme professionnel d’Aide Soignant (ex CAFAS), du Certificat d’Aptitude aux Fonctions d’Aide Médico Psychologique, ou du diplôme professionnel d’Auxiliaire Puéricultrice (niveau V).
L’Aide Soignant contribue à une prise en charge globale des personnes, en liaison avec les autres intervenants au sein d’une équipe pluridisciplinaire, en milieu hospitalier ou extrahospitalier, dans le secteur médical, social, ou médico-social. Au sein de cette équipe, il dispense, en collaboration et sous la responsabilité de l’infirmier, les soins visant à répondre aux besoins d’entretien et de continuité de la vie de l’être humain et à compenser partiellement un manque ou une diminution d’autonomie de la personne.[6]
- Activités
- Collaborer aux soins
- Dispenser des soins d’hygiène et de confort :
- Assurer le réveil et le lever des patients, faire la toilette (totale ou partielle), les changes, l’esthétique et l’habillage
- Accompagner les patients aux toilettes pour rééducation urinaire
- Masser les membres inférieurs pour soulager
- Aider à l’élimination
- Participer à l’identification des besoins de la personne :
- Observer et transmettre les informations sur l’évolution des signes cliniques du patient et donner l’alerte
- Collaborer aux soins préventifs et curatifs :
- Prendre la température, faire la pesée
- Prévenir les risques d’escarres
- Surveiller les selles
- Aider l’infirmier aux pansements
- Distribuer et aider à la prise de médicaments préparés par l’infirmier (si acte de la vie courante)
- Participer à la distribution des repas :
- Aider certains patients à prendre leur repas
- Contrôler la prise des repas
- Solliciter et stimuler au quotidien les différentes fonctions afin de conserver ou développer l’autonomie des patients lors de la toilette, de la prise de repas, de déplacements, ….)
- Participer à la prise en charge du corps en cas de décès :
- Effectuer la toilette mortuaire et l’habillage
- Aider au transport du corps au dépositoire
- Participer à la tenue des dossiers de soins :
- Participer aux transmissions orales et écrites concernant le patient : aspects physique, psychique et social (fiche poids, de selles, suivi comportement, activités, …)
- Participer au projet de vie :
- Collaborer au suivi de la démarche de soin (constat, objectifs, actions) et à l’évaluation de l’autonomie
- Collaborer a la qualité du séjour
- Participer à l’accueil des patients et de leur famille :
- Informer sur le fonctionnement de l’établissement (organisation, horaires, activités,..)
- Répondre au téléphone et passer les communications à la personne concernée ou répondre en cas de renseignements simples demandés
- Répondre aux sollicitations des patients :
- Gérer les angoisses face la mort, la solitude ou la maladie en rassurant les patients
- Répondre aux sonnettes
- Accompagner les patients dans leurs différents déplacements
- Assurer la sécurité et la protection du patient
- Mettre en place ou/et participer aux animations et activités occupationnelles : aide à la marche, coiffure, esthétique, jeux, gymnastique…
- Accompagner les patients à la fin de vie :
- Apporter soutien et réconfort (présence, parole,…)
- Participer au soutien des familles en cas de décès :
- Prévenir et accueillir
- Répondre aux questions éventuelles
- Assurer l’entretien courant des matériels et des locaux
- Assurer l’entretien de l’environnement direct et indirect du patient :
- Faire le lit et changer la literie au besoin
- Nettoyer la chambre (surfaces : lit, table de nuit, armoire)
- Dresser le couvert et débarrasser les tables
- Nettoyer les tables
- Envoyer le linge sale à la lingerie, le récupérer et le ranger dans les armoires
- Préparer les chariots toilettes et repas
- Disposer le matériel nécessaire à la toilette des patients, aux repas et à l’entretien des chambres
- Préparer les chambres pour la visite de la famille lors d’un décès
- Gérer les stocks et les approvisionnements
- Participer à la gestion des stocks des produits (incontinence et autres)
- Assurer commandes et rangement
- Participer a l’organisation interne
- Participer aux réunions de service
- Participer à la tenue du cahier de communication interne
- Gérer les communications téléphoniques et transmettre les appels
- Encadrer et participer à l’évaluation des stagiaires et des élèves aides soignants
- Résultats attendus:
- Assurer une vigilance continue et rigoureuse dans l’observation du patient
- Respecter les délais impartis pour chaque tâche (toilettes, repas…)
- Apporter des soins physiques et relationnels en fonction des besoins de chaque patient
- Observer tous types d’anomalies dans le comportement du patient et transmettre l’information
- Respecter le projet de soins et de vie de l’établissement
- Assurer une transmission d’informations écrites et orales fiable et ciblée
- Respecter le secret professionnel
- Respecter son domaine d’intervention
Après avoir vu ce qui concerne l’EHPAD et les membres de son personnel, nous allons maintenant aborder le cœur du sujet qui est le côté négatif de la profession en EHPAD.
B – Les risques professionnels en EHPAD
Divers types de problèmes professionnels peuvent subvenir au sein d’un EHPAD. Nous allons les classer en trois catégories : les problèmes d’accident (1), les problèmes liés aux résidants (2) et la fatigue professionnelle (3).
- Les problèmes d’accident
L’un des principaux problèmes que les Etablissements Hébergeant des Personnes Agées Dépendantes ont à faire face sont les problèmes d’accident. En effet, les personnes âgées rencontrent souvent des difficultés à se déplacer. Particulièrement à partir d’un certain âge. C’est à cause de cela que la plupart du temps, les personnes âgées trébuchent. Ces accidents peuvent être très dangereux dans la mesure où les personnes âgées sont très fragiles. En effet, la moindre chute peut être fatale pour la personne âgée. Même l’aide-soignant le plus avisé peut ne pas toujours s’attendre aux accidents qui risquent de frapper les résidants : escaliers, cours, salle à manger, chambres, etc. Voyons quelques exemples pour illustrer cela.
Les accidents dans les escaliers sont les plus dangereux. En effet, la montée des escaliers est fort pénible pour les personnes âgées et en cas de fatigue, elles peuvent perdre l’équilibre et tomber vers l’arrière. Si la chute n’est pas très dure, le résidants pourrait se casser un membre ou autre organe non vital mais si la chute est dure, il risque d’y laisser la vie. De même pour la descente, si le résidants tient mal la rampe ou s’il éprouve des difficultés sérieuses, il risque de tomber par l’avant, la tête la première et de rouler jusqu’en bas des escaliers. La chute des escaliers, que ce soit par la montée ou par la descente, est probablement fatale lorsqu’elle a lieu depuis les marches les plus hautes.
Quant aux accidents dans la cour ; certes, ils ne sont pas plus dangereux que ceux dans les escaliers mais ils peuvent causer des troubles sévères aux résidants. Effectivement, un résidants qui trébuche peut se blesser, se fracturer ou même mourir. Il peut également tomber suite à un malaise. Mais mis à part les séquelles physiques, des séquelles mentales sont susceptibles de se manifester. Tels qu’un manque de confiance en soi, des traumatismes, des colères injustifiées, de l’agressivité, etc. En effet, nous verrons plus bas, lorsque nous traiterons les problèmes bucco-dentaires, que la moindre incapacité peut entraîner des troubles graves sur la personnalité et sur la vie sociale d’un résidants.
Il y a également les accidents dans la salle à manger. Les résidants assez autonomes et qui arrivent à se nourrir eux-mêmes peuvent toutefois rencontrer des difficultés à tenir la cuillère. Ils se pourraient aussi qu’ils avalent de travers et s’étouffent en conséquence. L’étouffement peut empêcher le résidants de respirer et donc de perdre la vie. La mort est un risque constant en EHPAD, c’est la raison pour laquelle ont l’envisage souvent dans cette partie. Car mises à part les maladies et la vieillesse, les accidents font partie des causes de la mortalité en EHPAD.
Enfin, les accidents dans les chambres. Ils sont également dangereux dans la mesure où les résidants s’y retrouvent seuls pendant leur sommeil. En effet, pendant la nuit, les aides-soignants ne se trouvent pas dans les chambres à coucher des résidants, sauf pour les plus fragiles où l’assistance est très nécessaire. Durant leur sommeil, les résidants sont susceptibles de se retourner dans leur lit et de tomber. Une chute durant le sommeil peut également être fatale compte tenu de l’inconscience du résidants. Plus encore, les aides-soignants peuvent ne pas se rendre compte de la chute d’un résidants dans sa chambre que très tard ou même, seulement le lendemain.
Après avoir vu les accidents qui peuvent arriver aux résidants en EHPAD, voyons maintenant les autres problèmes toujours en relation avec les résidants.
- Les autres problèmes liés aux résidants
Il y a toutes sortes de problèmes qui peuvent arriver en EHPAD, nous allons traiter les cinq principaux d’entre eux : les conflits entre médecin traitant et médecin coordonateur (a), les problèmes d’alimentation et de nutrition (b), les problèmes bucco-dentaires (c), les problèmes des soins palliatifs (d) et enfin, le problème de maltraitance des résidants (e).
- Les conflits entre médecin traitant et médecin coordonateur
On sait tous à quel point les personnes du troisième âge peuvent être fragiles physiquement et mentalement : les maladies qu’elles n’auraient jamais eues durant leur jeunesse surgissent de nulle part. Leur système immunitaire se détériore, ce qui facilite l’accession des maladies. Certes, si les personnes âgées sont en EHPAD, c’est pour se faire soigner, mais il y a des cas où les soignants peuvent être inefficaces, c’est d’ailleurs pour cela qu’il y a des médecins traitants et coordonateurs.
Entre le médecin traitant et le médecin coordonateur, des divergences peuvent subvenir. En effet, le médecin traitant est le médecin personnel du résidants tandis que le médecin coordonateur coordonne les traitements des résidants d’un EHPAD. En conséquence, leurs avis peuvent diverger et entraîner des conflits sérieux entre eux. Ces conflits peuvent avoir de graves répercussions sur les patients : divergences de traitement, complications au niveau de la maladie du patient, voire même, délaissement du résidants. En effet, le médecin libéral, en plus de s’occuper du résidants intervient ailleurs, ce qui pose le problème de sa disponibilité. Pourtant, le médecin traitant est un important lien du résidants avec sa « vie antérieure » (médecin de famille) contrairement au médecin coordonateur qui représente sa « nouvelle vie » en EHPAD. De son côté, le médecin coordonateur non plus ne peut pas toujours être présent car soit il a d’autres tâches au niveau de l’EHPAD, soit il s’occupe d’autres EHPAD. A cela s’ajoute le problème de la définition des responsabilités de ces médecins : lequel est le réel médecin prescripteur ? Lequel des deux traitements les infirmiers doivent-ils suivre en cas de divergences ? Celui du médecin traitant ayant connu le patient depuis longtemps ou celui du médecin coordonateur qui est plus évolué et qui répond mieux à l’organisme du troisième âge ? Deux situations peuvent se présenter : soit le patient décide de respecter le traitement prescrit par son médecin traitant, auquel il a entière confiance ; soit il décide de s’adapter aux habitudes de son nouveau domicile et décide d’adopter les prescriptions du médecin coordonateur, laissant ainsi le médecin traitant devant le fait accompli et sans consultation préalable. Coordonner les actions de ces deux médecins ne semble pas être chose simple compte tenu de l’exercice actuel ; effectivement, les relations entre médecin traitant et médecin coordonateur sont quasi-inexistantes. Lorsqu’il y a relations, les contradictions émergent et peuvent parfois conduire à des problèmes juridiques. Quelle position adopter alors ? Laisser le patient décider pourrait être une solution aisée mais cela conduirait le médecin coordonateur à faire des concessions s’il n’est pas choisi ; alors qu’au sein de l’EHPAD, il est le premier responsable des traitements des résidants. Ce serait comme laisser les médecins traitants décider du sort des résidants et ainsi diriger l’EHPAD. Le docteur Luez a écrit qu’en cas de contact, il se pourrait que le médecin coordonnateur puisse conseiller le médecin traitant d’un résidants et conduire à ce qu’il modifie progressivement sa pratique. Il n’a cependant pas la légitimité, ni les moyens de former les praticiens libéraux exerçant dans son EHPAD aux spécificités de la médecine gériatrique et à sa pratique. Pourtant, cela pourrait être très bénéfique pour les deux parties mais surtout pour le résidants qui n’aura plus à faire le difficile choix de son médecin prescripteur.
Nous éluciderons la question dans la partie solutions aux problèmes de l’EHPAD mais passons maintenant à un autre problème en EHPAD et qui n’est pas non plus des moindres. Quoiqu’il faut reconnaître tous les problèmes en EHPAD sont importants compte tenu du fait qu’il s’agit de vies humaines et fragiles, où la moindre erreur peut être fatale pour les résidants. Il s’agit de la nutrition et de l’alimentation des personnes âgées.
- La nutrition et l’alimentation des personnes âgées
Il est clair que ce sujet est très sensible en EHPAD : quel type de nourriture serait le mieux adapté pour les personnes du troisième âge ? Tenir compte de leurs organismes et de leur état de santé est requis pour la conception du menu : sont-ils à même de mâcher la nourriture ? Quelles son leurs allergies ? La nourriture proposée est-elle adaptée au traitement du résidants ? Etc. A ces questions s’ajoute la compétence du cuisinier : sauras-t-il cuisiner ces plats ?
Il est évident que le régime des personnes âgées est un tantinet différent de celui des personnes plus jeunes. Ce qu’ils mangent étant déterminant pour leur état de physique et le traitement de leurs maladies. Même si leur régime est strict et parfois même toujours similaire, il faudrait de la variété et de la diversité dans la nourriture. En effet, il ne faudrait pas que prendre le repas devienne un ennui pour les résidants si les menus ne changent pas. Les normes de qualité sont également exigées à propos de ces repas. Il est fort possible que la nourriture assignée au résidants ne corresponde pas à ses goûts personnels. L’exigence de qualité est donc d’autant plus requise pour la satisfaction du résidants. Si les normes de qualité ne sont pas suivies en ce qui concerne les repas des résidants, ces derniers pourraient quasiment refuser de manger tout simplement, ce qui serait très mauvais pour leur état de santé. Faire appel à un diététicien s’avère souvent nécessaire pour ne pas se tromper sur les aliments à préparer.
Tellement de choses sont à voir en ce qui concerne la nutrition et l’alimentation des personnes âgées. Parmi elles se trouvent le suivi de leur régime. Certains membres du personnel peuvent ne pas être qualifiées ou rencontrer des difficultés à « nourrir » les résidants : réticence de ces derniers, incompréhension des agents, confusion de régimes, etc. Les former est de rigueur dans ces situations mais cela peut s’avérer insuffisant car les résidants ont chacun leur particularités : comportement, faculté à manger, etc. Ainsi, certains agents préfèrent ne pas tenir tête au résidants et lui donner ce qu’il désire, ou tout simplement qu’ils ignorent l’importance du régime à suivre et des conséquences qui pourraient s’ensuivre en cas de dénutrition du résidants. Tout ceci mérite d’être clarifié et mérite d’être inculqué aux agents qu’ils font du mal aux résidants s’ils ne leur donnent pas ce qu’ils doivent manger mais ce qu’ils veulent manger.
De même, les cuisiniers, aussi talentueux qu’ils soient, ne sont pas forcément très familiers avec l’alimentation des personnes âgées. Il se pourrait qu’ils cuisinent aveuglément comme ils le feraient en toute autre circonstance. Pourtant, ce serait si simple s’ils étaient conscients que la nourriture qu’ils préparent pour les résidants pourrait leur permettre d’avoir un meilleur état de santé et même de gagner plus de temps à vivre. En effet, les cuisiniers sont des acteurs déterminants pour la réussite du projet de vie personnalisé. Avec de la nourriture adaptée et de bonne qualité, les résidants auraient plus de plaisir à manger, ce qui est excellent pour leur santé et leur bien-être intérieur et extérieur. Certains régimes peuvent être compliqués et souvent modifiés selon la maladie ou l’état de santé des résidants, mais cela ne devrait pas constituer un blocage pour les cuisiniers. Il suffirait d’une mise à jour quasi-constante des régimes et une adaptation au rythme de l’EHPAD.
Après avoir fait le point sur les problèmes d’alimentation et de nutrition des résidants des EHPAD, voyons maintenant ce qu’il en est de leurs problèmes bucco-dentaires. Cette suite paraît logique puisque même si la nourriture donnée aux résidants est impeccable, cela serait inutile s’ils ne peuvent même pas la manger.
- Les problèmes bucco-dentaires des résidants
La vieillesse entraîne avec elle de nombreuses facultés physiques et mentales, la dentition n’est pas en reste face à ce fait naturel. La dentition faiblit comme les autres organes du corps humains. Cela est aggravé par la prise de médicaments et la dépendance. Du coup, la plupart, sinon toutes les personnes âgées sont munies de dentiers ou prothèses dentaires pour pouvoir continuer à mâcher et pour l’esthétique. Mais cela ne facilite pas toujours l’action de mâcher. En effet, même un dentier s’entretient comme de vraies dents, sinon ils risquent de s’user au fil du temps. Les problèmes dentaires peuvent générer toutes sortes de problèmes qui n’auraient jamais eu lieu si les personnes âgées avaient une meilleure dentition. En effet, même une personne jeune souffre le martyre lorsqu’une simple carie vient à surgir. Alors on peut imaginer ce que cela pourrait faire à une personne âgée.
Un mal de dent peut engendrer divers problèmes tels que des problèmes alimentaires. Effectivement, avoir mal aux dents rend difficile l’alimentation : le résidants a du mal à mâcher et devient réticent à se nourrir, ce qui est défavorable pour sa santé. Autre problème, la communication : les problèmes dentaires compensés d’une sècheresse buccale endommage la faculté de la personne âgée à s’exprimer. Conséquence, elle perd confiance en elle et refuse d’échanger avec les autres, ce qui entraîne son isolement, un changement de personnalité et la détérioration de sa vie sociale, vie sociale pourtant importante pour la réussite du projet de vie. Certaines études ont également démontré que les affections respiratoires et pulmonaires étaient plus fréquentes chez les résidants d’EHPAD ayant des problèmes bucco-dentaires. En effet, par la bouche passent les bactéries et autres virus pour aller vers les voies respiratoires et les voies pulmonaires.
S’ajoutent à ceux-là les problèmes d’entretien et de lavage des dents ou des prothèses dentaires. Les aides-soignants, submergés par tout leur travail, ont tendance à oublier l’importance de la propreté et du bon état des dents ou des dentiers. Les résidants très dépendants ne sont pas aptes à s’en occuper eux-mêmes compte tenu de leur état physique. Quant aux résidants autonomes, ils ont tendance à oublier cette étape de la toilette lorsqu’ils ont des troubles de la mémoire, ce qui conduit à la dégradation de leur hygiène bucco-dentaire et de leur santé en général.
La propreté bucco-dentaire est souvent délaissée au sein des EHPAD, les responsables étant focalisés sur les maladies et les repas. Les agents pas très sensibilisés sur ce sujet important ne participent pas activement à l’entretien et au lavage des dents et des prothèses dentaires des résidants dépendants. Pourtant, non seulement ils devraient le faire mais ils devraient également être les premiers avertisseurs en cas d’oubli par les résidants assez autonomes pour le faire.
Si la situation bucco-dentaire des aînés en EHPAD est aussi dégradante c’est parce que la plupart du temps, cette situation était déjà présente lors de leur entrée en établissement. En effet, dans leur précédent domicile, les personnes âgées n’allaient pas souvent chez le dentiste comme ils ont dû le faire compte tenu de leurs difficultés à se déplacer ou faute de n’avoir trouvé quelqu’un pour les y accompagner ou tout simplement par insouciance. De plus, les dentistes à domicile sont rares, sinon inexistantes ; cela pourrait pourtant être très avantageux pour les aînés et même pour toute personne en général. Cette inexistence de dentiste à domicile est tout à fait compréhensible compte tenu des matériels qui sont utilisés dans cette branche de la médecine.
Cette question de l’hygiène bucco-dentaire des résidants étant traitée, passons maintenant aux problèmes des soins palliatifs.
- Les problèmes liés aux soins palliatifs
Pour cette sous-partie, nous allons nous baser sur un mémoire : « les difficultés des soins palliatifs en EHPAD »[7]. Dans ce mémoire se trouve une définition des soins palliatifs : « Les soins palliatifs sont des soins actifs, continus, évolutifs, coordonnés et pratiqués par une équipe pluridisciplinaire. Ils ont pour objectif, dans une approche globale et individualisée, de prévenir ou de soulager les symptômes physiques, dont la douleur mais aussi les autres symptômes ; les soins donnés visent à anticiper les risques de complications et de prendre en compte les besoins psychologiques, sociaux et spirituels dans le respect de la dignité de la personne soignée. Les soins palliatifs cherchent à éviter les investigations et les traitements déraisonnables et se refusent à provoquer intentionnellement la mort. Selon cette approche, le patient est considérant comme un être vivant et la mort comme un processus naturel. Les soins palliatifs s’adressent aux personnes atteintes de maladies graves évolutives ou mettant en jeu le pronostic vital ou en phase avancée et terminale ainsi qu’à leur famille et à leur proche. Les soins palliatifs s’adressent soit aux adultes atteints de maladie grave évolutive mettant en jeu le pronostic vital ou en phase avancée ou terminale, soit aux personnes dont la vie prend fin dans le grand âge. Les soins palliatifs concernent aussi les proches du patient. ». Ce mémoire, comme son intitulé l’indique, parle des difficultés et des problèmes liés aux soins palliatifs, voici donc leur exposé selon Alexandra Dervin :
La prise en charge des soins palliatifs dans les EHPAD est difficile à cause des contraintes matérielles et financières. La prise en charge en soins palliatifs des résidants est une obligation, ainsi que la lutte contre la douleur (circulaire de 24 septembre 1998). Les EHPAD sont confrontés à des difficultés à obtenir un personnel qualifié. De plus, il y a un problème dans l’intervention de libéraux. Ils n’ont aucune relation échelonnée avec les travailleurs et cela peut entraîner des difficultés. Les moyens sont très différents selon les structures et le personnel est souvent peu formé. Le rôle de médecin coordinateur est donc important à ce niveau. Il doit permettre le respect de la dignité de l’individu. Il doit former les équipes à cette discipline. Sa mission de développer un réseau avec les structures de soins palliatifs est indispensable. Il faudrait une augmentation des équipes mobiles pour pouvoir répondre aux différentes requêtes de l’hôpital, de la ville et des institutions. Le décret du 22 février 2007 relatif à l’intervention des structures d’hospitalisation à domicile dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées devrait permettre une prise en charge multidisciplinaire mais reste le problème de financement de ce type de prestation.
Sur le plan de l’organisation, Les chiffres doivent sous-estimer le nombre de résidants entrés dans une démarche de fin de vie. Lors de son admission, la plupart des résidants sont déjà dans une démarche de palliatif. La difficulté est d’évaluer le passage de la prise en charge de soins palliatifs à une démarche de fin de vie. Le médecin traitant a souvent du mal à lâcher prise et à s’engager dans un soin de confort. Pour arriver à bien identifier et à préparer ce passage, une évaluation et une discussion pluridisciplinaire avec les équipes, le médecin coordinateur et le médecin traitant seraient indispensables. En effet des difficultés de type organisationnel sont à prendre en considération. Le médecin traitant passe ponctuellement dans la résidence et passe peu de temps avec le résidants. Il est en de même pour le médecin coordinateur qui doit entreprendre de nombreuses missions dans un délai souvent insuffisant. Une autre difficulté est aussi le rapport entre le médecin coordinateur et le médecin libéral. Les médecins traitants n’aiment pas trop que le médecin coordinateur s’occupe de leur malade. De nombreux médecins traitants voient le médecin coordinateur comme un opportuniste. De plus une prise en charge en soins palliatifs demande un personnel qualifié. Le turn-over des soignants tout confondus entraîne souvent des lacunes. Le médecin coordinateur a l’obligation de former les équipes, mais le changement fréquent du personnel demanderait des formations multiples. Il revient toujours le même problème du temps de présence nécessaire du médecin coordinateur dans une EHPAD. Le personnel soignant ne peut malheureusement pas passer sa vie en formation. Le nombre de résidants par soignant est très important. Le soignant a déjà peu de temps par résidants pour avoir une prise en charge de qualité.
En ce qui concerne les problèmes de moyens, L’utilisation d’hypnotique est comme les morphiniques rarement utilisé en seringue électrique. Pour les hypnotiques, il est possible de se procurer de midazolam par dérogation à la pharmacie hospitalière de secteur. L’inconvénient est que son utilisation se fait en injection lente sur 12 heures mais peu de médecins libéraux utilisent ce type de produit. Les raisons sont le manque de connaissance sur la possibilité de se procurer ce type de produit et la peur d’utiliser en EPHAD.
Enfin, les problèmes de formation et d’information. Premièrement, l’évaluation de la douleur. Chez les malades en fin de vie, l’angoisse et la douleur s’intriquent. Il est donc recommandé d’analyser ce que recouvre la plainte douloureuse pour évaluer la demande réelle du résidants. L’analyse de la douleur comprend une évaluation de ses causes, de ses mécanismes, de sa topographie, de son intensité et de son retentissement sur le comportement quotidien et l’état psychologique du patient. Dans le traitement de la douleur surtout pour les résidants, il faut utiliser des échelles hétéros évaluatives. Le personnel est souvent peu formé à ses échelles et leur utilisation est peu intégrée par le médecin traitant. L’enseignement théorique des soins palliatifs pendant le second cycle a été intégré qu’à partir de 1996. Les médecins traitants qui interviennent n’ont malheureusement pas eu cette formation car on sait que la démographie médicale est assez âgée.
Deuxièmement, le traitement de la douleur. Le premier traitement antalgique est de rassurer le patient. Le traitement peut être médicamenteux et non-médicamenteux selon l’étiologie de la douleur et du ressenti du résidants. Il est recommandé de favoriser la voie orale et d’administrer en prévention le traitement antalgique. Pour les résidants en EPHAD, il est important de rechercher la posologie minimale et à l’élimination rapide. Or on s’aperçoit que le médecin traitant utiliser le patch sans titration de la morphine au préalable. Il demande rarement aux équipes d’évaluer le traitement et ses effets néfastes. Souvent le médecin coordinateur qui la demande et essaye d’alerter ses confrères sur l’utilisation abusive de ce type de galénique le plaçant parfois dans une situation délicate face à ses confrères. Les nouvelles générations seront probablement plus sensibilisées car la prise en charge de la fin de vie devient une priorité.
Troisièmement, l’anxiété. C’est un processus de blocage cognitif avec des manifestations somatiques. Il est important de la prendre en charge. L’écoute favorise la prise de conscience du résidants et permet une meilleure prise en charge psychologique. Le problème est le manque de psychologue dans les EPHAD. La prise en charge psychologique représente 9 établissements sur 13 pour la prise en charge du résidants et seulement 7 établissements sur 13 pour les proches. Deux établissements n’ont pas mis en place une prise en charge psychologique par manque de moyens.
Les problèmes des soins palliatifs étant, passons aux problèmes de maltraitance des résidants.
- Les problèmes de maltraitance des résidants
Le problème de maltraitance au niveau des EHPAD a toujours été au centre de toutes les attentions. En effet, auparavant, plusieurs émissions télévisées et des témoignages, et même actuellement, démontrent à quel point ce fléau fait rage. Actuellement, nous disposons d’une législation afin de l’éradiquer. Le fait de maltraiter les résidants peut résulter de plusieurs paramètres dont le principal est le stress des aides-soignants. Nous aborderons la question du stress plus tard mais pour l’instant, nous allons illustrer la maltraitance en EHPAD[8]:
Ce site parle de résidants abandonnés sur les toilettes et de médicaments administrés de force. Cette forme de maltraitance est plus subtile mais pas rare. Une étude réalisée en 2010 et 2011 par la Haute Ecole de la santé La Source, sur mandat de l’association Alter Ego, s’est penchée sur la question de la maltraitance. Sur 230 institutions romandes, l’étude conclut que près de 50% des personnes responsables questionnées avaient déjà été collationnés à des cas de maltraitance envers une personne âgée impliquant du personnel de l’établissement.
Ce chiffre montre que le risque de maltraitance est toujours présent. Cela ne veut pas dire pour autant qu’il s’agit dans tous les cas de situations extrêmes, Mais plutôt de cas ponctuels où un soignant infantilise un résidants par exemple.
Mais alors où commence la maltraitance? Dans une situation où il y a atteinte à l’intégrité de la personne. Un coup ou une insulte constituent clairement de la maltraitance. Mais il peut y avoir des formes plus subtiles, comme l’infantilisation de la personne. Vu de l’extérieur, cela ne paraît pas très choquant, pourtant les dégâts sur la personne âgée peuvent être importants. Une conjonction de facteurs: il ne faut toutefois pas pointer du doigt le maltraitant. Généralement, la personne n’a pas l’intention de nuire. Il existe souvent une conjonction de facteurs qui favorisent l’apparition de la maltraitance. Cela peut être lié à la personne âgée elle-même, à son isolement, au fait qu’elle ne peut s’exprimer. Un membre du personnel d’une institution qui aurait des problèmes familiaux, par exemple, est plus à même de commettre un acte maltraitant. Il est aussi primordial que le personnel soit bien encadré, et ait un endroit où verbaliser et évacuer les situations vécues. Si le personnel est insuffisant et n’a pas de bonnes conditions de travail, cela peut aussi être un facteur de risque.
Ce site nous donne des exemples concrets sur la maltraitance en EHPAD : les résidants maltraités dans un EMS lausannois :
L’EMS Grand-Vennes, dont la plupart des résidants souffrent de démence, est accusé de fournir à ses résidants une qualité de vie et de soins déplorables.
«Pour moi, c’est insupportable d’avoir vu toutes ces choses. Ce qui se passe là-bas est scandaleux et dégradant pour l’être humain.» dit Danielle Lyon, animatrice durant cinq ans à la Résidence Grand-Vennes. Danielle Lyon fait partie de la quinzaine d’anciens employés – licenciés ou démissionnaires – et d’employés encore en place à dénoncer les problèmes de maltraitance au sein de cet EMS lausannois.
Cet établissement, qui accueille jusqu’à 21 personnes atteintes de démences, avait déjà été sous le feu de la critique en 1997. Encore émue, l’ex-employée raconte l’horreur : «La direction imposait de faire des économies sur les protections contre l’incontinence. Lorsqu’il y avait des traces de selles, ils remettaient simplement une couche de papier de toilette dessus et les remettaient aux résidants. J’ai d’ailleurs constaté qu’ils avaient souvent des infections urinaires.». Dans un long dossier, les témoignages dressent un portrait inquiétant de l’EMS de Grand-Vennes dont voici quelques extraits de ces témoignages : «Des résidants sont laissés jusqu’à 90 minutes sur les WC.» ; «Il est habituel qu’une seule douche par semaine soit donnée. En cas de manque de personnel, ce qui arrive fréquemment, cette douche est supprimée.» ; «J’ai vu une soignante obliger une résidante à prendre un médicament: elle la bloquait avec un bras et avec l’autre main, elle le lui enfonçait de force dans la bouche.». Plusieurs employés évoquent également la mauvaise prise en charge des chutes, mais aussi des problèmes lors de la préparation de médicaments. «Les aides-soignantes donnaient des médicaments, ce qui n’est pas autorisé.»
EMS jugé non conforme : les employés et ex-employés ne sont pas les seuls à avoir constaté des dysfonctionnements. La CIVEMS, organisme cantonal d’inspection des EMS, a livré deux rapports à la suite d’une visite en octobre 2010 et d’une seconde en février 2011 :
Il ressort, entre autres, qu’une résidante a dormi à côté du corps de sa voisine décédée la veille au soir. Une autre résidante a reçu sa douche en face d’une chaise percée contenant des selles et des urines, et restée ouverte tout au long du soin. A la suite de la dernière inspection, l’EMS de Grand-Vennes a ainsi été jugé non conforme par la CIVEMS.
Enfin, des conditions de travail déplorables sont également dénoncées. En plus des pressions, plusieurs cas d’agressions verbales et physiques sont rapportés. «Une soignante se promenait même armée d’un couteau au travail au cas où elle se ferait agresser», confie une ancienne bénévole de l’EMS.
En cinq ans, Danielle Lyon a ainsi vu plus d’une vingtaine de personnes être licenciées ou démissionner. Avocate des plaignants, Maître Natasa Djurdjevac Heinzer confirme: «Le taux de rotation du personnel de cet EMS est beaucoup plus élevé que dans d’autres établissements.»
Pire encore, un homme atteint d’Alzheimer est mort récemment dans des conditions qui laissent songeurs certains membres du personnel encore en place. En mai 2010, l’homme tombe de son lit durant la nuit, le veilleur constate la chute mais ne prend pas de mesures pour le soigner. Le lendemain matin, lorsqu’une animatrice voit les blessures du résidants, elle insiste pour appeler une ambulance que l’infirmière cheffe refuse. L’animatrice emmène donc l’homme au CHUV en taxi. Au vu de son état, il sera hospitalisé pendant une semaine. De retour à l’EMS, le résidants chutera encore avant de décéder. «Selon un témoignage, on aurait laissé cet homme agoniser», commente maître Natasa Djurdjevac Heinzer.
Fin 2010, le groupe d’employés avertissait la Commission cantonale d’examen des plaintes des résidants ou usagers d’EMS. Après avoir entendu plusieurs témoins, la commission faisait part de son «extrême inquiétude» au conseiller d’Etat Pierre-Yves Maillard. Avant d’ajouter que «le personnel et les patients sont en danger permanent».
Présidente dès les débuts de cette commission en 2003, Maître Claire Charton confirme: «Je n’ai jamais vu ça. C’est ce que l’on appelle un gros cas. Ce n’est toutefois pas forcément ce qui a été dénoncé qui a retenu le plus notre attention.». La commission d’examen des plaintes rendait la semaine dernière son préavis à Pierre-Yves Maillard. Contactés par téléphone, ni le directeur de l’EMS ni son avocat, n’ont souhaité s’exprimer.
Au-delà de ces maltraitances physiques, la maltraitance peut prendre diverses autres formes, une sorte de maltraitance également : la maltraitance financière : il y a des cas où les escrocs prennent de l’argent dans les affaires des résidants ou les forcent à modifier leurs testaments, ils s’attaquent également à leur famille[9] : « C’est un phénomène qui va complètement bousculer non seulement la France mais l’ensemble du continent européen : on va avoir plus de 25% de personnes de 65 ans dans très peu de temps et ce sont souvent des personnes fragiles », très vulnérables aux escroqueries, a prévenu le Médiateur, Jean-Paul Delevoye, lors d’une conférence de presse.
La mission qui avait pour but d’étudier « la maltraitance financière à l’égard des personnes âgées dans les établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux », a conclu que ce phénomène n’avait pas seulement lieu dans les maisons de retraite et, le plus souvent, avait une origine familiale. « Je n’ai jamais vu en tant que Médiateur de la République (…) autant de violence au sein des familles, dans une espèce de combat d’intérêts avec des déchirements incroyables, et là il n’y a pas de limites à la malhonnêteté », a avoué M. Delevoye. Il évoque ainsi « les vols et escroqueries » qui consistent par exemple à pousser la personne vulnérable à des placements abusifs, à la forcer à accorder ou à souscrire des prêts, à lui faire changer les bénéficiaires de son assurance-vie, voire à modifier son testament. Le rapport pointe aussi du doigt « les abus de faiblesse » comme les dons extorqués, les mariages arrangés, le logement occupé sans droit ni titre, ainsi que les « pratiques abusives de l’entourage » telles que les abus de procuration, les détournements d’aides sociales ou de pensions de retraite.
En dehors de la famille, les commerçants et les sectes s’y mettent également. Ainsi, il y a une « délinquance astucieuse » : les produits et les services pour personnes âgées, qui peuvent être inutiles, peuvent être exorbitants. Quant aux sectes, elles se présentent chez les personnes âgées (domicile ou EHPAD) en tant « qu’auxiliaires bénévoles d’accompagnement en fin de vie » d’après la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires), cette mission ajoute que les vols d’argent et d’effets personnels des personnes âgées sont même banalisés. Le rapport remis au Médiateur de la république prône une meilleure formation des professionnels, constatant que la méconnaissance de la loi du 5 mars 2007 sur la protection des majeurs restait un des principaux obstacles à la lutte contre la maltraitance financière.
La maltraitance financière également peut prendre une autre forme : au niveau du séjour en EHPAD. Une enquête de 2007 de la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation, et de la Répression des Fraudes (DGCCRF), et plus récemment, le 27 Septembre 2010 le lancement d’une mission d’étude du Médiateur de la république, après plusieurs plaintes de familles et de résidants, affichant les dysfonctionnements et les pratiques abusives de structure médico-sociales. Lancement confirmé le 11 Octobre de la même année. Intitulé de la mission : « mission sur la maltraitance financière à l’égard des personnes âgées résidantes en établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux ».
Mais revenons sur l’enquête de la DGCCRF sur les 238 structures contrôlées : il ressort que les dysfonctionnements portant sur les contrats de séjours sont les plus évidentes : pour cela, 10 procès-verbaux ont été dressés ainsi que 58 rappels à la réglementation et 33 notifications réglementaires.
Voici donc les multiples maltraitances financières qui peuvent frapper les personnes âgées et leurs familles selon les enquêtes menées par la DGCCRF :
- Affichage des prix :
A ce propos, 14 notifications d’information réglementaire, 19 rappels de réglementation et 3 procès verbaux ont été dressés
Les principaux manquements à ce sujet: défaut d’affichage des prix de la blanchisserie, du téléphone, des prestations réalisées par des prestataires extérieurs (coiffure, pédicure, esthétique). 3 rappels de réglementation et 3 procès verbaux ont été donnés pour défaut d’affichage des tarifs dépendance.
- Remise de notes : elles sont dans l’ensemble correctes. Une direction départementale a adressé un courrier au Conseil général et la DDASS sur le fait que 4 établissements sur les 5 contrôlés continuaient de facturer le tarif dépendance pendant les 30 jours d’absence d’un résidants.
- Livrets d’accueil :
Deux notifications d’information réglementaire et six rappels de réglementation ont été dressés en ce qui concerne les livrets d’accueil.
Mais 11 départements sur 37 ont constaté des insuffisances en matière de livret d’accueil : non remis, incomplet (absence de la charte de la personne accueillie). Certains établissements se disent encore en phase de rédaction de leur livret 5 ans après la loi du 2 janvier 2002.
- Contrats
- 12 notifications d’information réglementaire
- 18 rappels de réglementation
- 3 procès verbaux.
- En ce qui concerne les manquements plus ou moins graves, voici les résultats d’enquête :
- Les manquements n’existent pas ou ne sont pas signés par les résidants (50% dans un établissement du Rhône, souligne la DGCCRF)
- Absence d’annexe contractuelle avec les prix
- Présence de l’annexe sans précision du choix du résidants
- Absence de clauses obligatoires (conditions en cas d’absence du résidants), ou sont illégales (contrat d’un an avec reconduction tacite)
- Manque des avenants quand le résidants choisit une nouvelle prestation
- Rédaction imprécise, difficilement compréhensible, référence à une réglementation caduque
- Clauses illégales :
- L’établissement se réserve le droit de modifier le tarif de blanchissage de la ligne en fonction des variations de prix de son fournisseur
- Le tarif hébergement est plus élevé pour les résidants en unité protégée (Malades Alzheimer, Parkinson)
- Résiliation possible du contrat pendant une « période d’essai » obligatoire de 3 mois avant admission
- Période d’essai de 1 mois pendant laquelle le contrat est résiliable par la direction à tout moment
- Clauses défavorables relatives au décès du résidants :
- Facturation de 8 jours d’hébergement après libération de la chambre
- Le logement doit être remis à la disposition de l’établissement dans les meilleurs délais plus 15 jours de frais de séjour à compter de sa libération
- Facturation de 15 jours à compter du décès pour frais de remise à neuf
- La remise en état de la chambre :
- A l’admission, les résidants versent deux mois de loyer pour remise en état du logement; sommes restant acquise par l’établissement qu’il y ait ou non remise en état.
- L’occasion d’un changement de chambre, facturation de 1215 euros pour la réfection des peintures, boiseries, désinfection, sans état des lieux préalable
- Résiliation :
- Sur l’initiative du résidants : 4 jours d’hébergement facturés
- Un mois de préavis pour résiliation de contrat temporaire supérieur à un mois
- En cas d’incompatibilité avec la vie collective, les faits doivent être établis et portés à la connaissance du résidants ou de son représentant légal. Le logement est à libérer dans les 30 jours.
- Facturation en cas d’absence :
- En cas d’hospitalisation, réduction applicable seulement en cas de non remboursement par la mutuelle du forfait hospitalier
- Délai de prévenance exigé : 15 jours pour toute absence de plus de 2 jours.
- Difficultés de paiement :
- Résiliation immédiate après mise en demeure par lettre recommandée
- Toute somme non-payée à son échéance subit une majoration de 10% (clause pénale)
- Dépôt de garantie – Arrhes
- 3500 euros demandés avant chaque entrée et restitués au départ
- Versement d’arrhes à al réservation conservés par l’établissement en cas d’annulation
- Exonération de responsabilité :
- En cas de chute, maladresse ou accident
- Exclusion de tout recours pour tout accident dont le résidants serait victime, de même que pour les pertes, vols et dégradations
- La direction décline toute responsabilité en cas de perte, vol d’objets de valeur, tout dommage que pourrait occasionner le résidants à lui-même, à un tiers (résidants ou non), à la suite d’une fugue, imprudence, maladresse, accident, tant à l’intérieur, qu’à l’extérieur de l’établissement
- Souscription obligatoire d’un contrat d’assurance avec clause de renonciation à recours contre l’établissement
- Prélèvement automatique obligatoire :
- Imposé comme unique mode de paiement :
- 2 euros supplémentaires par mois pour paiement par chèque
- Cautions :
- Demande à des débiteurs non-alimentaires
- Demande d’une caution solidaire renonçant au bénéfice de toute discussion
- Autres clauses :
- Clause laissant croire que les prix sont systématiquement contrôlés par la DGCCRF
- Clause de compétence territoriale
- droit de disposer de son poste TV facturé 20.71 euros/mois
- Respect de l’arrêté encadrant les prix
Pour ces manquements, 4 notifications d’information réglementaire, 16 rappels de réglementation, 2 procès verbaux ont été distribués. Les établissements remboursent alors les résidants surfacturés. Dans un même département, un établissement a remboursé 1106 euros à 15 résidants, un autre 1737 euros. En revanche d’autres établissements pratiquent encore des prix uniformes pour tous les résidants sans liberté de prix à la signature des nouveaux arrivants (outil de gestion financière).
- Conseil de la Vie sociale (CVS)
A ce propos, 2 notifications d’information réglementaire, 4 rappels de réglementation ont été distribués.
Quelques cas ont révélé l’absence de CVS. Des gestionnaires indiquent la difficulté à réunir cette instance par manque de motivation des représentants des résidants et de leur famille.
- Publicité :
A ce propos, deux notifications d’information réglementaire et un rappel de réglementation ont été distribués
Le principal manquement est l’existence de dépliants publicitaires aux informations pouvant induire en erreur sur la réalité des services rendus. Deux exemples pour illustrer cela :
- Médicalisation annoncé : mention de la présence d’un médecin 24H/24 alors que l’établissement ne dispose pas de médecin.
- Prestations présentées comme effectuées dans l’établissement alors qu’elles sont sous-traitées.
En bref, les types de violences retenues peuvent être compilés à travers les travaux du Conseil de l’Europe, à savoir :
- Violences physiques : coups, brûlures, ligotages, soins brusques sans information ou préparation, non satisfaction des demandes pour des besoins physiologiques, violences sexuelles, meurtres (dont euthanasie) ;
- Violences psychiques ou morales : langage irrespectueux ou dévalorisant, absence de considération, chantage, abus d’autorité, comportements d’infantilisation, non respect de l’intimité, injonctions paradoxales,
- Violences matérielles et financières : vols, exigence de pourboires, escroqueries diverses, locaux inadaptés
- Violences médicales ou médicamenteuses : manque de soins de base, non-information sur les traitements ou les soins, abus de traitements sédatifs ou neuroleptiques, défaut de soins de rééducation, non prise en compte de la douleur…
- Privation ou violation de droits : limitation de la liberté de la personne, privation de l’exercice des droits civiques, d’une pratique religieuse…
- Négligences actives : toutes formes de sévices, abus, abandons, manquements pratiqués avec la conscience de nuire
- Négligences passives : négligences relevant de l’ignorance, de l’inattention de l’entourage, de la tentation de se substituer à la personne dans la prise de décisions ou l’accomplissement de tâches au lieu de l’aider à les prendre ou les accomplir par elle-même.
Après avoir parlé longuement des problèmes de maltraitance en EHPAD, voyons à présent la fatigue professionnelle des travailleurs en EHPAD.
- La fatigue professionnelle des travailleurs en EHPAD
Dans le document : « Vaincre l’usure professionnelle »[10], Le burnout ou épuisement professionnel constitue une forme sévère de stress qui affecte surtout les professionnels de santé et d’assistance sociale. Il se caractérise par un état d’épuisement physique, affectif et mental, un comportement inadéquat (indifférent, cynique, brutal) avec les patients et par une perte de confiance dans la compétence et réussite du travail de la personne victime de burnout. Il est à l’origine de nombreux arrêts de travail. Le burnout constitue un grave problème de stress dans de nombreuses situations de travail social et médico-social. Le burnout débute avec l’épuisement émotionnel et continue avec la dépersonnalisation et la diminution de la réalisation.
L’épuisement professionnel est surtout connu sous l’appellation anglaise burnout. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), il se caractérise par « un sentiment de fatigue intense, de perte de contrôle et d’incapacité à aboutir à des résultats concrets au travail ». C’est en 1969 que le terme burnout a été utilisé pour la première fois. Il a fait l’objet de nombreuses définitions depuis. Dans les années 1970, on réservait l’expression aux employés du domaine de la relation d’aide, très engagés émotivement dans leur travail, comme les infirmières, les médecins, les travailleurs sociaux et les enseignants. Maintenant, on sait que tous les travailleurs – de l’ouvrier au chef d’entreprise – peuvent être exposés au burnout.
Selon le site : Officiel Prévention, « Santé et Sécurité au travail », les conséquences du burnout sont nombreuses : La fatigue psychologique qui résulte des actes de violence ou d’usure compassionnelle, pouvant parfois aller jusqu’à l’épuisement nerveux et la dépression, est la conséquence de l’excès de tous ces facteurs stressants qui se cumulent à la longue, entraînant de nombreuses conséquences psychologiques et somatiques : pour les travailleurs sociaux, la réalité croissante des atteintes à la santé psychique et de ses effets somatiques par le stress se traduit par des maladies cardio-vasculaires, des troubles musculo-squelettiques, gastro-intestinaux, hormonaux et des états d’anxiété et dépressifs, des troubles du comportement dont des conduites addictives (alcoolisme, drogues) et alimentaires (boulimie, anorexie), ainsi que les pathologies post-traumatiques consécutives à l’augmentation des agressions. En effet, la réponse psychique dans un environnement stressant s’élabore avec une réaction hormonale et somatisations : il y a mobilisation du système endocrinien face à cette agression ou menace, ce qui provoque à court et à long terme, une augmentation de la fréquence cardiaque, de la pression artérielle, de la sécrétion de cortisol, de catécholamines (dont l’adrénaline), etc.… avec effet sur l’anabolisme/catabolisme entraînant de nombreuses conséquences psychosomatiques et hormonales.
L’épuisement émotionnel se caractérise par le sentiment d’être totalement et inutilement absorbé par son travail, et la dépersonnalisation avec le développement de sentiments d’incompétence et d’attitudes négatives envers les usagers. Les atteintes principales sont les suivantes :
- Atteintes physiques
- Troubles musculo-squelettiques (douleurs des articulations et douleurs musculaires).
- Troubles gastro-intestinaux (maux de ventre, douleurs et ulcères d’estomac).
- Accidents cardiovasculaires et accidents vasculaires cérébraux (hypertension artérielle, palpitations cardiaques, cardiopathie coronarienne…).
- Céphalées, migraines.
- Atteintes psychiques
- Fatigue et irritabilité chroniques.
- Troubles du sommeil.
- Crises d’angoisse.
- Syndrome dépressif.
- Troubles du comportement
- Réactions auto et hétéro agressives.
- Troubles des conduites alimentaires (obésité).
- Consommation accrue d’alcool, de tabac, de médicaments (anxiolytiques) et substances psychotropes.
- Comportements à risque et actions suicidaires.
- Apathie, démotivation complète
DEUXIEME PARTIE : LES SOLUTIONS AUX PROBLEMES DES ETABLISSEMENTS HEBERGEANT DES PERSONNES AGEES DEPENDANTES (EHPAD)
A – les solutions aux problèmes d’accident
- Solutions pour l’établissement
Les problèmes au sein des EHPAD ont conduit certains dirigeants ou directeurs de ces établissements à se pencher sérieusement sur la question. C’est ainsi qu’après quelques recherches et réflexions, nous avons pu compiler quelques solutions qui pourraient les aider dans leur mission.
En ce qui concerne les accidents, on a déjà vu plus haut que ceux-ci peuvent être dus à diverses circonstances indépendantes du personnel de l’établissement. En effet, les personnes âgées, de par leurs conditions physiques rencontrent plusieurs difficultés : difficultés de mouvement, difficultés à s’alimenter correctement, difficultés à parler ou à s’exprimer, difficultés à prendre soin d’eux-mêmes et même à bouger tout simplement. C’est ainsi que nous estimons que la première solution qui serait adéquate et qui devrait être la priorité est l’installation d’un système sécuritaire performant : escaliers non difficiles à utiliser, objets non tranchants (meubles sans contours perpendiculaires mais plutôt circulaires par exemple), autant de circuits pour chaises roulantes que possibles, un personnel à l’affût et attentionné, prise en compte de la particularité de la personne âgée lors de la conception ou de la décoration des chambres des résidants, des aliments faciles à ingurgiter, accompagnement systématique pour les plus fragiles et pourquoi pas, des caméras de surveillance. En effet, le personnel ne peut pas toujours suivre les personnes âgées partout où elles vont. Faire attention seulement à ne pas violer leur vie privée, on devrait tout de même pouvoir leur laisser un peu de liberté.
Une seconde solution, qui est d’ailleurs valable pour toute maison ou foyer, la présence de boîtier de premiers secours, au moins dans chaque pièce de l’établissement. Cela pour que chaque personne âgée puisse être secourue à temps à chaque fois qu’elle aura subi un accident. En effet, les risques seront ainsi prévenus et les résidants et leurs familles seraient plus rassurés.
Bien que les personnes âgées ne soient plus vraiment aptes à s’exprimer, certaines sinon la plupart d’entre elles sont toujours très éveillées intellectuellement et moralement. Raison pour laquelle nous proposons cette troisième solution : la conscientisation ou sensibilisation. Une personne âgée serait plus prudente et avisée si elle savait à quoi s’attendre lorsqu’elle effectue un mauvais pas. Certes, cela ne va pas faire disparaître les accidents à cent pour cent mais cela pourrait fort bien les réduire considérablement. De plus, si auparavant les résidants des EHPAD étaient âgés de quatre vingt dix ans et plus, on dénote actuellement un rajeunissement de ces résidants : ils seraient aux alentours de soixante ans. Un point en plus pour la facilité d’assimilation des personnes de cet âge.
Quatrièmement, la sensibilisation ne devrait pas se limiter aux personnes âgées uniquement. En effet, le personnel de l’EHPAD devrait également être sensibilisé sur les accidents qui peuvent se produire dans ces établissements. Bien sûr, il est fort probable que cela ait déjà été inclus dans leur formation mais sur « le terrain », il se pourrait que ce ne soit pas la même chose. De plus, on ne peut envisager tous les accidents qui pourraient se produire que si on y vit quotidiennement. En guise d’exemple de sensibilisation du personnel d’un EHPAD : on vient de découvrir dans un EHPAD qu’un accident peut subvenir dû à un certain type de lit, alors, on organise une séance de sensibilisation au sein même de l’EHPAD en question ou même dans tous les autres EHPAD existants dans la région en vue de répandre l’existence de ce nouveau type d’accident.
Le personnel des EHPAD devrait également pouvoir être formé sur les risques qu’ils courent dans leur métier car malgré leur formation initiale, les imprévus ne manquent pas. Les membres du personnel découvrent de nouveaux faits qu’ils n’ont pas connus précédemment et souhaitent savoir comment agir face à ces nouveaux faits, ils se posent des questions qui nécessitent des réponses. Les meilleurs formateurs de ce cas seraient leurs prédécesseurs qui ont déjà eu assez d’expérience pour la transmettre à la relève. La nécessité de la formation peut également venir du fait que parmi le personnel d’un EHPAD, il y a des membres qui ne sont pas très familiers avec le métier, soit parce que ce sont des bénévoles, soit qu’ils mettent juste leur savoir au service de l’EHPAD (médecin, coiffeurs, femmes ou hommes de ménage, etc.…).
Cinquièmement, Réduire les chutes chez les personnes âgées vivant en maison de retraite grâce à un nouveau jeu baptisé « Perkichute »[11].
« Perkichute » est un jeu pédagogique à destination des personnes travaillant auprès de personnes âgées. Il vise à sensibiliser les pensionnaires des maisons de retraite et des établissements d’accueil de personnes âgées aux différents facteurs de risques à l’origine des chutes. En effet, la chute entraîne très souvent des hospitalisations en urgence, une perte d’autonomie et de confiance en soi. Ce jeu de société pédagogique et ludique, Perkichute, est né d’une concertation entre professionnels de la gériatrie et personnes âgées, aborde tous les facteurs de risque de chute connus. Le jeu se présente sous forme d’un parcours de 63 cases à effectuer en répondant à des questions posées par un animateur. Différents thèmes sont abordés dans ces questions : prévention des chutes, ostéoporose, aménagement du lieu de vie, alimentation et nutrition, activité physique, prise de médicaments. L’outil est constitué d’un plateau de jeu, d’un dé et de cinq pions de couleurs différentes. Ces éléments ont été spécialement réalisés pour les personnes âgées de façon à compenser d’éventuels déficits sensoriels (taille des éléments, couleurs, contraste, graphisme épuré…).
La partie peut réunir de 2 à 5 joueurs. Elle est dirigée par un animateur pouvant orienter le jeu aussi bien au niveau du déroulement que des différents problèmes de fond (ostéoporose, nutrition, activité physique, déficits sensoriels, vigilance dans la prise des médicaments, comportements à risque, ergonomie des lieux de vie…). Chaque joueur, après avoir lancé le dé est questionné par l’animateur sur un de ces thèmes à l’aide d’une série de cartes comportant plusieurs questions. Un deuxième jeu de cartes (Bonus ou Chance), permet à l’animateur de poser des questions plus ludiques qu’il peut également orienter en fonction de la culture générale des joueurs. Ce jeu s’adresse, en premier lieu, aux maisons de retraite, aux associations d’aide et de maintien à domicile des personnes âgées et aux clubs du troisième âge désireux d’apporter une information pertinente à leurs membres. » Perkichute s’annonce donc comme un moyen pour le personnel travaillant auprès des personnes âgées de faire passer des messages de fond et des messages pratiques tout en éveillant la curiosité des participants. Il s’agit aussi de changer chez ce personnel, la vision de la problématique de la chute pour les amener à penser qu’elle n’est pas inéluctable » précisent les créateurs. Pour information, ce jeu a un prix assez élevé, il faut compter 170 euros et 180 euro pour la formation du personnel (fortement conseillez), ce jeu est commercialisez par la société AEA Geste Formation.
Après avoir vu ce que l’établissement pouvait faire afin de résoudre ses problèmes d’accident, voyons maintenant ce que l’Etat pourrait faire pour aider les EHPAD.
2) Solutions pour l’Etat
L’Etat, premier responsable de la satisfaction de ses citoyens, se doit d’intervenir et même de participer au bon fonctionnement des EHPAD. Pour ce faire, il édicte des textes législatifs afin de régir les EHPAD. En cas de non-respect de ces textes, l’Etat est en mesure d’infliger des sanctions, cela étant édicte dans le texte législatif lui-même.
Mais à part cela, l’Etat devrait également contribuer au fonctionnement des EHPAD. A titre d’exemple, une contribution financière. En effet, il y a des EHPAD qui ont des difficultés à innover car ils consacrent la plupart de leurs acquis à la rémunération du personnel et aux dépenses quotidiennes. Une contribution financière de l’Etat servirait, non seulement à l’innovation des EHPAD mais aussi pour que l’Etat puisse suivre de près les EHPAD et émettre de nouvelles directives. Mais la contribution de l’Etat peut également être en nature, tels que des ordinateurs pour que les EHPAD soient à refaire la hauteur des nouvelles technologies ; telles que des infrastructures pour pouvoir accueillir plus de personnes âgées, ou bien des bus pour que les EHPAD puissent envoyer leurs résidants en randonnées, promenades ou voyages.
L’Etat détenant tous les pouvoirs de décision, il devrait être en mesure de mettre sur pied un département qui étudierait principalement les EHPAD et leurs besoins. En effet, les personnes âgées en maison de retraite sont aussi des citoyens qui méritent une attention particulière compte tenu de leur fragilité. Ce département pourrait, entre autre, faire un bilan des diverses maladies qui peuvent frapper les personnes âgées et les mesures à prendre en conséquence. Certes, les médecins qui travaillent au sein des EHPAD sont déjà bien places pour savoir que faire face aux maladies des vieilles personnes mais une pleine participation de l’Etat ne ferait que faire progresser rapidement les choses. Cela éviterait aussi de laisser les EHPAD livrés à eux-mêmes.
Plus haut, nous avons vu que la sensibilisation joue un rôle important dans la résolution des problèmes des EHPAD. Et bien, ici également, l’Etat pourrait fortement contribuer. Mise à part la télévision, l’Etat est un excellent « sensibilisateur ». En effet, il suffit que l’Etat émette un communiqué pour que cela se répande comme une trainée de poudre à travers tout le pays : affichages dans les établissements publics, brochures, etc.…
Plus encore, l’Etat pourrait mettre sur pied des EHPAD, des EHPAD publics seraient très utiles et sûrement moins onéreux que les EHPAD privés. Ainsi, plusieurs personnes âgées sans moyens de subsistance pourraient être prises en charge. En effet, les personnes âgées, compte tenu de leur âge et de leurs conditions physiques, ne sont plus aptes à travailler normalement et même que les entreprises ne sont pas ouvertes à accueillir des travailleurs âgés dus à la règlementation sur la retraite.
Fort heureusement, l’Etat est bien conscient de l’importance des EHPAD. C’est sûrement d’ailleurs pour cela qu’un département ministériel est spécialement dédié aux personnes âgées.
B – Les solutions aux problèmes du personnel
Dans cette sous-partie, nous allons voir d’abord les solutions face aux risques professionnels du personnel de l’EHPAD en général (1) ; ensuite, nous traiterons plus longuement les solutions à adopter face au stress (2). La raison en est que c’est le problème le plus prédominant au sein des EHPAD. Le stress ou épuisement professionnel ou souffrance professionnelle entraîne des catastrophes en chaîne : travail mal fait, résidants maltraités, personnel invalides, etc.
- Solutions aux risques professionnels en général
En vue de garder un lien logique avec le plan des problèmes en EHPAD liés aux résidants, nous allons garder le même en ce qui concerne leurs solutions.
- Solutions pour les conflits entre médecin traitant et médecin coordonateur
Des problèmes spécifiques aux EHPAD nécessitent également d’être résolus : les divergences entre les médecins coordonateurs et les médecins traitants entre autres. Un mémoire nous a particulièrement fascinée pour la rédaction de cette sous-partie: « Quelle place pour le médecin traitant dans l’EHPAD ? »[12] : L’impétrant invoque dans ce mémoire qu’à l’heure actuelle, le médecin généraliste ne peut plus exercer de façon totalement isolée. Pour pouvoir assurer dans de bonnes conditions, ses missions de soins, de prévention et bientôt d’éducation thérapeutique il doit travailler de plus en plus avec les réseaux de pathologie, de gérontologie ou réseaux de soins palliatifs. C’est pareil au sein des EHPAD, où il doit pouvoir s’appuyer sur l’organisation mise en place et intégrer voir harmoniser sa pratique avec le projet de soins de l’établissement et adopter les protocoles mis en place par le médecin coordonnateur et l’équipe de soins. Les médecins libéraux doivent être mieux informés du rôle et des missions du médecin coordonnateur et pouvoir communiquer régulièrement avec lui dans le cadre de rencontres programmées. D’autre part, il apparait de plus en plus important de se diriger vers une harmonisation des pratiques au sein des différentes EHPAD d’une même région afin de faciliter leur adoption par les médecins traitants, qui peuvent intervenir dans d’autres EHPAD. A l’instar de l’initiative récente concernant la création d’un dossier unique régional d’admission dans les établissements pour personnes âgées, il serait souhaitable de développer un projet identique au niveau de la région afin de réaliser des protocoles de soins standardisés et une liste pharmaceutique préférentielle unique. La place et le rôle du médecin traitant demeure indispensable au sein des maisons de retraites. Il demeure un lien essentiel pour la personne âgée avec « sa vie d’avant » et représente un facteur de meilleure intégration du résidants dans l’EHPAD. C’est un véritable trait d’union entre la ville et l’établissement qui héberge la personne âgée. Par sa connaissance de l’histoire de vie, de l’état psychologique et du mode de vie de son patient il est le plus à même de participer au projet de vie individuel de celui-ci dans son nouveau cadre. Ce serait une grande erreur que de vouloir écarter les médecins traitants des établissements pour personnes âgées. Même sous le prétexte qu’ils ne sont plus assez nombreux, pas très disponibles ni suffisamment coopératifs, même s’il paraît plus facile d’avoir un médecin prescripteur unique en plus du médecin coordonnateur, ce serait réducteur de replier les EHPAD sur elles-mêmes, de créer une rupture totale avec les médecins de famille, avec à la clé, un risque de déshumanisation progressive des structures d’hébergement pour personnes âgées.
- Solutions pour la nutrition et l’alimentation
Un EHPAD de 58 lits entre Dinan et Dinard a adopté quelques solutions pour ces types de problème. Ainsi, ils ont classé les solutions en trois catégories : la cuisine, le suivi des régimes et le fait de redonner le plaisir de manger.
D’abord, les solutions qu’ils ont adopté suite aux problèmes liés à la cuisine : la directrice organise une réunion de formation avec les cuisiniers et elle organise une première formation sur l’alimentation enrichie en lien avec un laboratoire qui intervient sur les différents moyens d’enrichir avec des compléments alimentaires. La personne qui intervient, un cuisinier de formation, explique l’importance de la présentation des plats : tant pour les textures moulinées et hachées que pour les autres plats. La directrice demande au médecin coordinateur de faire un topo sur les aliments à haute valeur nutritive. Elle invite également les cuisiniers à une formation sur les ulcères et nous les associons autant que possible aux formations liées à la nutrition. L’établissement compile les informations suite aux formations et les divers échanges sous forme de fiches techniques qu’il met à disposition des personnels de cuisine, de service hôtelier et de soins.
Concernant les nombreuses plaintes des résidants sur la qualité et la variété des repas, les responsables provoquent une réunion avec les élus, les résidants et leurs familles. A l’issue de cette réunion, ils décident de créer une commission repas qui élabore et approuve les menus proposés par les cuisines. Ils réunissent la commission sur une rotation de cinq semaines. Cette commission est composée : du chef cuisinier, de la directrice, de représentants de résidants, d’un représentant d’élus et de l’IDEC.
Ils commencent la réunion par un point sur les cinq semaines passées et étudient les menus, l’intérêt de cette démarche est de réunir tous les acteurs et que les intérêts de chacun soient entendus. L’aspect pratique et financier des cuisines, les gouts et choix des résidants, le respect d’un équilibre et d’une variété de repas.
Voyons ensuite les solutions en matière de suivi des régimes : pour le manque de formation des agents en salle, ce qui entraîne des soucis en matière de suivi des régimes, ils ont décidé de désigner une aide sociale responsable de la salle à tous les repas et à laquelle les agents peuvent se référer.
Ils ont également élaboré des protocoles sur les régimes en fonction des problèmes ponctuels qui peuvent être rencontrés pour responsabiliser les agents. Cela est très efficace car par exemple, les responsables n’ont plus à dire aux agents: « ne donnez pas tel ou tel aliment à Mme x » mais plutôt « Mme x a eu la diarrhée ». Ces derniers peuvent alors se référer au protocole « conduite à tenir en cas de diarrhée ». Mais en plus, la directrice rencontre les agents chaque matin afin de discuter des problèmes qu’ils auraient pu rencontrer au cours de leur travail. Les médecins traitants assurent l’éducation des patients lorsque les agents perçoivent une réticence ou un manque de compréhension de la part de ces patients.
Autre solution que cet établissement a adopté, la révision de la flexibilité des régimes avec les médecins pour disposer d’une marge, compte tenu de l’âge des résidants. Tous les médecins intervenants dans leur établissement ont adhéré à ce principe de la flexibilité des régimes et d’un ratio « santé-plaisir de manger » qui est laissé à la libre appréciation des responsables et de l’équipe.
Enfin, pour le fait de redonner le plaisir de manger, ils ont réaménagé l’espace et ont appelé la salle à manger « salle de restaurant », ce qui produit a produit un effet surprenant sur leurs résidants : ils se préparent avant de descendre manger.
Mais encore, les personnes très dépendantes lors des repas sont installées dans un endroit discret de la salle à des tables rondes, pour la convivialité. Tous les soignants qui aident au repas sont assis à la table et ne donnent à manger qu’à une seule personne à la fois. Les repas à textures particulières sont préparés à partir du menu du jour et la présentation en est particulièrement soignée. Les soignants ne mélangent pas les légumes et la viande ou le poisson afin que le gout des aliments soit préservé. Sur les tables, ils disposent un large choix de boissons colorées, des sirops, qu’ils laissent à la disposition des résidants.
Les tables sont nappées avec des nappes en tissus colorées et ils ont choisi de réinvestir dans un mobilier de restaurant et non de collectivité, leur vaisselle est changée de manière régulière afin de ne pas avoir d’assiettes ébréchées, etc. Les boissons sont servies dans des verres à pieds aussi bien pour les valides que pour les non valides.de plus, ils ont un vaste projet de rénovation de la salle de restaurant, et le mobilier qu’ils ont choisi a été sélectionné auprès d’une entreprise de mobilier de restaurant et non de collectivité.
Pour éviter que les problèmes qu’ils ont rencontrés ne se reproduisent, ils ont mis en place des évaluations régulières : la surveillance du poids est protocolisée, ils ont investi dans une plate-forme de pesée. Chaque résidants est pesé une fois par mois.
Ils achètent des compléments alimentaires pour les personnes qui ne mangent pas suffisamment et qui souffrent de mal nutrition et ces personnes bénéficient d’un suivi particulier avec une fiche de surveillance alimentaire qui est élaborée de manière ponctuelle en décision d’équipe, il ne s’agit pas de rendre ces fiches de suivi systématiques pour éviter tout risque de routine. Pour toute personne qui entre dans l’établissement, il est demandé un bilan nutritionnel au médecin traitant avec un dosage d’albumine. Les cas avérés de dénutrition sont très fréquents pour des résidants en provenance du domicile, compte tenu des entrées qui sont souvent faites dans des situations d’urgence.
L’évaluation des soins au travers du rapport d’activité ou le référentiel angélique sont également des outils qui peuvent être utiles pour l’évaluation de nos actions. Par exemple, nombre de pansement liés à dénutrition =0 aujourd’hui.
Ils remettaient environ une fois par an un questionnaire de satisfaction aux résidants mais ils ont réfléchi à un autre moyen d’évaluation car les résidants ne le remplissaient pas de manière objective. Ils ont voulu le rendre anonyme mais le problème s’est répété. De plus, se sont souvent les familles qui le remplissent.
Le conseil de vie social est aussi un avertisseur en cas de dérive ou de problèmes liés à l’alimentation. Les remarques de la commission repas sont un bon outil d’évaluation.
- Solutions pour les problèmes dentaires
L’idéal serait d’instaurer des examens bucco-dentaires en maison de retraite, pour préserver le nombre de dents fonctionnelles des aînés en EHPAD. Pour améliorer ces soins, la caisse primaire d’assurance-maladie de Paris (CPAM) en partenariat avec l’Union française de santé bucco-dentaire (UFSBD) ont mis en place en 2005 le »Bucco-Bus ». Ce véhicule est un en réalité un cabinet dentaire itinérant, allant à la rencontre des personnes âgées dépendantes, à domicile ou en EHPAD. Ce dispositif innovant et efficace devrait se développer dans d’autres régions de France, afin d’améliorer le bien-être de nos aînés et leur prise en charge dentaire. Mais encore, il devrait y avoir un centre spécialement dédié à la dentisterie au sein de chaque EHPAD. Ainsi, les résidants seront rassurés et n’auront pas à s’inquiéter sur la santé de leurs dents puisque dès qu’ils auront un problème à ce sujet, ils n’auront qu’à consulter au sein même de leur établissement.
- Solutions pour les problèmes de soins palliatifs
Pour les problèmes des soins palliatifs, Alexandra Dervin avance les solutions suivantes : le médecin joue un rôle primordial à ce propos, il doit permettre le respect de la dignité de l’individu. Il doit former les équipes à cette discipline. Sa mission de développer un réseau avec les structures de soins palliatifs est indispensable. Il faudrait une augmentation des équipes mobiles pour pouvoir répondre aux différentes requêtes de l’hôpital, de la ville et des institutions. Le décret du 22 février 2007 relatif à l’intervention des structures d’hospitalisation à domicile dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées devrait permettre une prise en charge multidisciplinaire mais reste le problème de financement de ce type de prestation. Dans la région de la Vallée de Montmorency, une équipe de veille itinérante nocturne va permettre d’injecter des solutions la nuit par une infirmière. Ce projet est appelé EPINAL. Ce projet est en cours de validation, il est financé par le Ministère de la santé.
Le problème de personnel qualifié dans les EHPAD en ce qui concerne la préparation des médicaments peut se résoudre selon trois systèmes[13] :
- L’établissement assure lui-même la préparation et la dispensation des médicaments que la pharmacie de ville lui livre
- Le recours à la pharmacie à usage intérieur de l’établissement
- Le recours aux services d’une pharmacie de ville pour la préparation des médicaments
Dans les infirmeries des EHPAD, on utilise des logiciels dédiés qui assurent la gestion des ordonnances et soit permettent au personnel de préparer les médicaments, soit s’interfacent avec la pharmacie intérieure, via intranet ou internet, la PUI utilise alors le logiciel pour l’assister dans le remplissage, l’élaboration de ce qu’on appelle les « semainiers » ou les « piluliers ». Enfin, pour ce qui est de la troisième option, les logiciels utilisés par les infirmeries s’interfacent avec ceux du lieu de préparation (la pharmacie de ville) et pilotent alors la facturation et le « robot » de la pharmacie.
- Solutions face à la maltraitance
Pour ces problèmes, il existe un document : « la Gestion des Risques de Maltraitance en Etablissement »[14]. Selon ce document : il est conçu pour être un outil d’aide à la mise en place d’une démarche de gestion des risques de maltraitance. Il doit permettre aux gestionnaires d’établissements :
– de faire le point sur les principes méthodologiques et les principales étapes d’une démarche de gestion des risques
– de s’appuyer sur des exemples pour la mise en place de la démarche de gestion des risques de maltraitance
Ce document correspond à une exigence de :
– clarté : c’est la raison pour laquelle la partie méthodologique est complétée par une boîte à outil conçue à la fois comme une aide à la compréhension et comme une aide pour la mise en œuvre de la démarche
– souplesse : c’est la raison pour laquelle les outils proposés sont évolutifs
– coordination des actions : c’est la raison pour laquelle le présent guide s’articule avec les démarches d’évaluation de la qualité visées par la loi du 2/01/2002 et notamment l’évaluation externe qui prendra en compte dans son cahier des charges la mise en place de telles démarches.
Ce guide comprend une fiche méthodologique sur la gestion des risques une boîte à outil pour laquelle vous trouverez :
- une typologie des risques de maltraitance : qui dresse la liste des principaux risques et facteurs de risque de maltraitance auxquels les établissements sont exposés
- Un modèle de tableau de bord qui peut être utilisé pour initier une démarche opérationnelle
En ce qui concerne la méthodologie en gestion des risques, les différentes étapes décrites ci-après ont été identifiées dans le guide élaboré par l’ANAES intitulé « Principes méthodologiques pour la gestion des risques en établissement ». On distingue essentiellement trois étapes :
- l’identification des risques
- l’analyse
- le traitement des risques
Voyons une à une ces étapes :
- L’identification des risques : « connaître pour pouvoir agir » : L’identification peut se réaliser à l’aide de 2 démarches complémentaires :
- Une identification a priori qui permet de gérer les risques prévisibles d’une activité afin de ne pas exposer inutilement les personnes à un risque
- Une identification a posteriori. Dans ce cas de figure il s’agit de prendre en compte des évènements « incidents, accidents » qui témoignent de l’existence de risques et ce afin d’en tirer des enseignements.
Plusieurs types d’événements sont donc à considérer dans ce cadre : les accidents et catastrophes qui correspondent à des risques patents ; les presque accidents, les précurseurs et les évènements sentinelles qui correspondent à des risques avérés. Le presque accident est un évènement qui aurait conduit à l’accident si des conditions favorables n’avaient permis de l’éviter. Le précurseur correspond à tout évènement critique qui peut conduire à l’accident avec une probabilité importante. L’évènement sentinelle identifie une occurrence défavorable qui sert de signal d’alerte. Enfin, il convient d’identifier les « autres évènements indésirables» qui correspondent à des incidents (évènements fortuits) ou dysfonctionnements (problèmes au regard d’un fonctionnement normal)
- L’analyse et le traitement des risques : cette analyse se fait :
- en identifiant les causes
- en déterminant la fréquence et la gravité
Le traitement des risques repose sur une combinaison de divers mécanismes : d’une part, la prévention et la récupération qui visent à réduire la fréquence du risque. L’objectif est d’éviter la survenue d’un événement redouté. D’autre part, l’atténuation ou la suppression du risque à sa source. L’atténuation ou protection permet de réduire les conséquences d’un risque qui s’est réalisé.
- Enfin, le management des risques :
Le traitement des risques contient des principes fondamentaux. L’amélioration de la sécurité nécessite de passer d’une approche des risques cloisonnée à un management global, intégré et coordonné des risques. La condition préalable et cruciale est le développement d’une culture de sécurité qui ne soit plus axée sur la faute, sur l’individu, sur le mythe de l’infaillibilité humaine mais qui soit ouverte, constructive, non culpabilisante, et permette aux professionnels de rapporter les erreurs, de les discuter, d’en tirer des enseignements, et aux décideurs de mettre en place les mesures de prévention et de réduction des risques. L’idée même d’un tel management implique un pilotage des personnels de direction qui sont seuls en capacité d’avoir une vision globale de la structure et de la faire évoluer dans le sens d’une meilleure anticipation et d’une résolution plus efficace des risques de maltraitance.
Au regard de ces principes méthodologiques, plusieurs points ont été dégagés concernant le contexte spécifique d’une démarche de gestion des risques en établissement pour personnes âgées ou handicapées :
D’une part, les conditions d’installation sont telles que la prise en charge s’inscrit dans la durée au contraire des prises en charge en établissements de santé pour lesquelles les séjours sont de quelques jours. L’établissement est donc considéré comme un lieu de vie et pose plus particulièrement la question de l’intimité, des visites et notamment de l’accueil des familles. D’autre part, les conditions d’organisation sont sensiblement différentes de celles en vigueur au sein des établissements sanitaires. En effet, le nombre et la qualification des personnels restent un facteur marquant qui nécessite quelques aménagements du fait notamment du peu d’encadrement en place au sein des établissements.
Enfin, la prise en charge est moins « technique » que dans les centres hospitaliers. Certes, certaines spécificités ont été dégagées notamment en terme de prise en charge médicale pour laquelle il a été fait mention de pathologie qui peuvent exposer plus particulièrement au risque, de même a été évoquée la nécessité de mieux encadrer les conditions de transfert entre établissements. Néanmoins, au delà de ces aspects « techniques», l’importance du facteur humain a largement été soulignée par les membres du groupe de travail comme un trait caractéristique du secteur que ce soit en termes de prise en charge ou en termes de facteur de risque. Pour les personnes handicapées, la loi du 11 février 2005 substitue au concept de « prise en charge » celui d’accompagnement à la démarche de progrès vers l’autonomie dans la conquête de l’égalité des droits de la participation à la vie sociale et à la citoyenneté. Elle enrichit, tout en la rendant plus complexe, la relation professionnels-usagers, notamment en matière de responsabilités respectives et de gestion des risques. En effet la relation professionnel – usager est une relation à risque qui nécessite une vigilance de tous les acteurs car une maltraitance ordinaire peut s’installer de manière insidieuse sans que personne n’en ait pris réellement conscience. Elle est alors faite d’attitudes, de comportements, de gestes, de réflexions, d’une façon de travailler qui s’inscrivent dans des pratiques sur lesquelles il n’y a plus de recul. Ainsi, au-delà des comportements individuels c’est aussi l’organisation qu’il faut interroger.
La bientraitance s’inscrit donc non seulement dans la gestion des risques à partir des facteurs de risques décrits dans le présent guide, mais aussi dans une démarche d’amélioration continue de la qualité, qui traduit la dynamique institutionnelle mise en œuvre autour des droits et du projet de vie de la personne.
La maltraitance verbale est une des formes de maltraitance fréquente en EHPAD. Cependant, elle peut également être solutionnée. Comment ? Simplement en employant un autre langage envers les résidants. Le site Soignants en EHPAD.fr nous fournit une liste de vocabulaires forte intéressante à ce sujet. En effet, ce site nous parle de l’importance des mots qui ont chacun un sens bien particulier, chaque mot peut faire du bien ou du mal, voici quelques mots qui pourront aisément être utilisés :
- Résidant : s’écrit avec un a : le résidant : personne qui habite à un endroit, qui réside. Le résident est une personne qui vit temporairement à l’étranger. Nos résidents vivent dans la résidence, c’est leur domicile.
- Collaborateur : un salarié est celui qui travaille contre un salaire. Un collaborateur est celui qui collabore avec d’autres personnes à une œuvre commune.
- Réfectoire : grande salle commune pour manger en collectivité — nous trouvons des réfectoires dans les écoles, les lycées, les centres de vacances…. Nous n’avons pas de réfectoire à la maison ! Les résidants prennent leurs repas dans une salle à manger ou salle de restaurant lieu convivial, chaleureux.
- Trottinette : les résidants utilisent du matériel pour les aider à marcher. Il s’agit de matériel médical ou paramédical, adapté. Le résidant utilise un déambulateur.
- Bavoir: il est quelquefois nécessaire de protéger les vêtements du résidant pendant le repas. Nous l’appellerons une serviette adaptée. Le bavoir est un élément du trousseau d’un bébé. Utiliser ce mot infantilise le résidant et ne respecte pas sa dignité de personne adulte.
- Couche : les résidants sont adultes. Nous leur proposons des protections, en prévention d’un désagrément physique, physiologique, lié à leur âge ou à leur dépendance. La couche est réservée aux bébés, aux jeunes enfants.
- Emmener : nous n’emmenons pas le résidant à la salle à manger, dans la salle de bains nous l’accompagnons, nous lui proposons notre aide pour se rendre à la salle à manger…
- Sale : un vêtement n’est pas sale, il est tâché.
- Donner à manger : nous aidons le résidant à prendre son repas. Donner à manger : nous nous adressons à des bébés, des enfants qui n’ont pas encore appris à manger seuls. Ce n’est le cas du résidant. Il sait manger seul, il a des difficultés à réaliser tous les gestes nécessaires ou il les a oublié. Il est souhaitable de lui laisser la possibilité de manger seul, même si cela prend beaucoup de temps (penser à réchauffer les aliments) et si des aliments tombent à côté de l’assiette.
- Laver un résidant : nous lavons une voiture, mais nous faisons la toilette ou aidons à la toilette les résidants, nous essayons de ne pas faire à la place des résidants (Le résidant a perdu son identité de personne adulte). Même lorsque le résidant n’aura plus la capacité à participer, nous devons lui garder sa place dans ce moment où le respect de l’intimité est primordial.
- On : à ne pas utiliser : « on » ne représente pas une personne…. Chacun d’entre nous a une responsabilité propre, une personnalité. Chacun de nos actes nous engage : cet engagement est valorisé par le « JE » ou le « NOUS » .
- « Mamie », « pépé », « mémé » : mots utilisés par les enfants pour nommer leurs grands-parents. Ces mots s’utilisent au sein de la famille. Le résidant n’est pas un membre de notre famille. Il a son identité propre. Il est une personne adulte. Chacun d’entre nous est reconnu par son nom de famille. Nous appellerons donc le résidant: Monsieur XXXX, Madame XXXX.
- « C’est obligatoire », « C’est pas le moment », « vous n’avez pas le choix » : nous devons toujours chercher à respecter le choix et la demande du résidant.
- Si une contrainte s’impose, il faut essayer de l’expliquer à la personne et ne pas se contenter du « c’est obligatoire » : il y a une raison à toute chose et de lui proposer une alternative et une solution.
- « Dépêchez vous » : à ne pas utiliser : Le résidant effectue plus lentement que nous les actes quotidiens. Tout déplacement, toute activité lui demande de nombreux efforts. Respectons son rythme de vie. Le « Dépêchez vous » est une phrase inutile et humiliante.
- « Faîtes un effort » : reconnaissons le résidant dans ses limites, acceptons les. Le résidant ne peut pas faire d’effort, il assume sa dépendance comme il peut !
- « J’ai pas le temps » : en répondant ainsi, nous n’apportons pas de réponse au résidant. Expliquons-lui que nous avons entendu sa demande, que nous allons la prendre en compte, mais que nous avons besoin d’un peu de temps pour terminer ce que nous faisons… Répondre « j’ai pas le temps », c’est dire au résidant qu’il n’est pas important, c’est le nier….
- « Faîtes attention » : a une valeur éducative, nous considérons le résidant en situation d’apprentissage. Nous oublions qu’il est un adulte, nous l’infantilisons. A chacun d’entre nous d’anticiper la situation qui peut mettre le résidant en échec : un verre trop rempli, un objet posé sur le bord de la table…
- Ligotage, attacher : priver un résidant de liberté est un acte grave. Quand marcher, se lever, rester assis sont sources de danger pour le résidant, une mesure de contention peut être mise en place. Cette décision est prescrite par le médecin. Elle a fait l’objet d’une évaluation en équipe. Elle sera remise en question régulièrement. La famille doit être informée.
- Les barrières de lit : le terme exact est « ridelles»
- Le chariot : pour les collaborateurs le terme exact est « le fauteuil roulant »
- Il retombe en enfance : cette phrase nie leur dimension d’adulte, leur histoire et les réduit à leur perte d’autonomie.
- J’ai fini mon service : pour un résidant, il y a une continuité du service. Les changements d’équipe ne le concernent pas. Mieux vaut dire que « nous en informons une collaboratrice qui arrive tout de suite ».
- Perdre la tête : nous respectons le résidant dans son intégrité, dans son unicité. Les résidants souffrent de différentes pathologies qui affectent leurs facultés physiques ou psychiques. Ils sont atteints de troubles de la mémoire, de sénilité…. Perdre la tête c’est comme le décapiter symboliquement. « Enlever la tête » c’est réduire la personne à un corps
Ce site internet nous indique également que chacun a une obligation de signaler les situations de maltraitance, obligation qui est contenue dans le Code de l’action sociale et des familles : article L.311.3 : « L’exercice des droits et libertés individuelles est garanti à toute personne prise en charge par des établissements et services sociaux et médico-sociaux. Dans le respect des dispositions législatives et réglementaires en vigueur, lui sont assurés : le respect de sa dignité, de son intégrité, de sa vie privée, de son intimité et de sa sécurité. ». Ainsi que dans la loi du 2 janvier 2002 rénovant l’action sociale et médico-sociale. Section 2, des droits des usagers du secteur social et médico-social, article 7.
Il y a également une obligation de signaler les situations de maltraitance :
- Code pénal article 434-3 : « Le fait, pour quiconque ayant eu connaissance de privations, de mauvais traitements, ou d’atteintes sexuelles infligés à un mineur ou à une personne qui n’est pas en mesure de se protéger en raison de son âge, d’une maladie, d’une infirmité, d’une déficience physique ou psychique ou d’un état de grossesse, de ne pas en informer les autorités judiciaires ou administratives est puni…» : il s’agit d’un cas de non-assistance à personne en danger.
- Code pénal article 314-1 : « L’abus de confiance est le fait par une personne de détourner, au préjudice d’autrui, des fonds, des valeurs ou un bien quelconque qui lui ont été remis et qu’elle a acceptés, a la charge de les rendre, de les présenter, ou d’en faire un usage déterminé… »
N’oublions pas non plus que la loi protège les personnes qui signalent des actes de maltraitance
- Article L.313-24 du Code de l’Action Sociale et des Familles : « Dans les établissements et services mentionnés à l’article L.312-1, le fait qu’un salarié ou un agent a témoigné de mauvais traitements ou privations infligés à une personne accueillie ou relaté de tels agissements, ne peut-être pris en considération pour décider de mesures défavorables le concernant en matière d’embauche, de rémunération, de formation, d’affectation, de qualification, de classification, de promotion professionnelle, de mutation ou de renouvellement du contrat de travail, ou pour décider la résiliation du contrat de travail ou une sanction disciplinaire. »
La question se pose donc : que doivent faire les aides-soignants en cas de maltraitance ? D’abord, ne jamais oublier que les aides-soignants ont le devoir de signaler un cas de maltraitance. En cas de plainte d’un résidant, ils doivent écouter la personne et recueillir un maximum d’informations, rester calme et objectif. S’ils repèrent des signes d’alerte, il faut qu’ils transmettent les éléments au directeur. Ils doivent informer leur directeur, qui rédige avec eux une fiche de renseignements selon la gravité de l’évènement.
- Solutions face au stress
Le stress est inclus dans les problèmes en EHPAD. C’est même l’un des plus grands problèmes en EHPAD car la difficulté de gérer les personnes âgées est pesante. En effet, les personnes âgées peuvent être très exigeantes, non coopératives et mal entendantes. S’occuper de personnes âgées équivaut à s’occuper de grands enfants : capricieux, dépendants, non autonomes, etc.… mais à la différence des enfants, ce sont des adultes bien évidemment et les personnes âgées sont plus lourdes physiquement, ce qui rend leur gestion d’autant plus difficile. Tout ceci entraine un véritable stress pour le personnel de l’EHP AD. Un personnel stressé travaille mal et un travail mal fait entraine des répercussions sur les personnes âgées dont on est censé prendre soin. Donc, il est primordial d’éliminer autant que possible le stress, l’évacuer par tout moyen nécessaire. Pour cela, tous les moyens sont bons dont voici quelques uns :
D’abord, organiser des activités de détente comme des jeux de société ou des matchs de sport pour évacuer le stress et pour se détendre tout simplement. Ces activités pourraient avoir lieu mensuellement par exemple. Cela permettra aux employés de s’éloigner un moment du lieu de travail, d’oublier leurs soucis quotidiens et d’avoir plus de contacts avec leurs collègues. Le sport est bon pour la santé, les jeux de société permettent de développer l’esprit d’équipe et de compétition, très utile pour un travail bien fait.
Ensuite, un moyen très efficace également, le système de rotation. Il y a toujours un moyen quel qu’il soit de permettre aux employés de se reposer dans la semaine. Cela leur permettra de faire les choses qu’ils aiment faire : voir des amis, passer du temps avec la famille, s’occuper de soi, etc.… un changement d’environnement aussi minime soit-il peut être très bénéfique dans la lutte contre le stress.
Dans la lutte contre le stress au sein des EHPAD, le cadre de santé joue un rôle très important. Dans le mémoire : « L’épuisement professionnel du soignant : comment limiter les dégâts »[15], le cadre de santé au sein des EHPAD dispose de nombreux moyens pour aider le personnel à combattre le stress, voici les moyens qu’elle propose :
Premièrement, inculquer le sens du travail au personnel. En effet, par son management, le cadre de santé peut faire participer l’équipe à la construction et à la réalisation de différents projets. Cela amènera le personnel à définir les valeurs communes, à donner une orientation à ses aspirations. De plus, la conduite de projets permet d’éviter les conflits liés à la recherche de sens à donner au travail.
Deuxièmement, la motivation. Il n’y a rien de tel qu’une rémunération motivante pour que le personnel sache que son dur labeur porte des fruits convenables qui lui permette d’assouvir ses envies et ses besoins, qu’on est reconnaissant pour tout ce qu’il effectue. Mais la motivation ne se limite pas à la rémunération, elle peut prendre toute sorte de forme : ressources, énergie, mouvement, responsabilité, avancement, etc. la motivation est un moteur qui fait bouger les éléments. De bonnes conditions de travail peuvent développer la compétence collective et améliorer la prise en charge des résidants des EHPAD.
Troisièmement, le cadre de santé peut éliminer le stress des équipes en les soutenant. Les membres du personnel des EHPAD qui sont sujets au stress ont besoin d’une oreille attentive qui les écoute, ils ont besoin d’êtres proches du cadre de santé. Pour ce faire, le cadre de santé peut, par exemple, partager le quotidien des soignants. Organiser des groupes de parole où chacun puisse s’exprimer librement, résoudre le dilemme qui est d’être un bon professionnel ou de rester soi-même, rempli de tout ce qu’on ressent.
Quatrièmement, organiser des séances de formations : en interne ou en externe. Les formations en externe permettent aux bénéficiaires de développer leurs compétences mais surtout, elles leur permettent de se confronter avec les professionnels d’autres services, ce qui les conduit à relativiser les difficultés qu’ils rencontrent au sein de son travail et ainsi de se sentir moins isolé. Quant aux formations en interne, il s’agit de celles qui se tiennent au sein même de l’EHPAD : les soignants, par exemple, peuvent échanger avec les médecins ou les gens de laboratoire concernant des questions qui les intriguent.
Cinquièmement, le cadre de santé doit permettre une mobilité au personnel, mobilité au sein même de l’EHPAD : mouvoir d’un service à un autre. Cela lui permettra de découvrir de nouveaux horizons. Certes, la mobilité du personnel pourrait ne pas être possible dans certains EHPAD compte tenu de leurs revenus limités. Dans ce cas, d’autres options s’ouvrent au cadre de santé : permettre plus d’autonomie au personnel, ce qui comprend une baisse de leur surveillance, un système de roulement (système de rotation déjà vu précédemment) ou même la responsabilisation des agents.
Sixièmement, lors de l’accueil des nouveaux agents. Cette étape est particulièrement importante car il faut reconnaître qu’il y a un certain écart entre le métier que ces nouveaux agents ont idéalisé et la réalité de ce métier, ils risquent même d’en être déçus. Dans ces situations, il est primordial que le cadre de santé exerce une fonction de tuteur envers ces nouveaux agents, faire le point avec eux. Les nouveaux agents doivent prendre connaissance des enjeux du service, du projet de soins, etc. afin de mieux cerner les problématiques de prise en charge des patients.
Enfin, septièmement, le cadre de santé a un rôle d’alerte. En effet, il doit évidemment protéger le patient d’abord et le soignant ensuite. Si malgré tous les moyens déjà employés l’épuisement professionnel se manifeste, le cadre de santé doit réagir rapidement : faire appel à un psychologue du travail ou à la médecine du travail qui prendra toute mesure utile.
Véronique Rolando-Eugio a également indiqué que l’institution joue aussi un rôle important dans la lutte contre l’épuisement professionnel du salarié de l’EHPAD. D’une part, pour le respect du droit à la protection légale du travailleur et d’autre part, pour que l’institution prenne position par rapport aux problèmes de souffrance au travail :
- Information : informer au sujet de la souffrance au travail par l’organisation de réunions ou de colloques. Cela pour dédramatiser et libérer la parole. Brochures avec coordonnées des spécialistes concernés.
- Service de santé au travail au sein de l’EHPAD : L’organisation de la prise en charge rapide des agents en difficulté peut être un des objectifs prioritaires du service de la médecine du travail qui pourra être partie prenante dans l’information des agents sur ce sujet. Les conseils de prise en charge du burnout pourront se faire à ce niveau en proposant une aide extérieure à l’établissement en parallèle à un arrêt de travail souvent incontournable.
- Espace de réflexion éthique : Conformément aux recommandations de la certification V 2010, un espace de réflexion éthique pourra être créé afin de permettre un lieu de rencontre entre les professionnels sur de sujets nécessitant une réflexion du plus grand
- Groupes de parole : Les groupes de parole ou supervision tels qu’ils existent dans les services de psychiatrie pourraient être organisés dans d’autres établissements. Une enquête auprès des services permettrait de définir les besoins dans ce sens.
- Formation initiale : afin d’éviter de trop grands écarts entre les représentations idéalisées du métier de soignant et la confrontation avec la réalité, l’enseignement en formation initiale devrait permettre à l’étudiant d’être en prise directe avec ce qui va l’attendre à l’entrée dans la vie active. Le cadre formateur ainsi que le cadre de service contribuent à cette prise de conscience. La formation initiale doit permettre à l’étudiant de réfléchir à son engagement et aux moyens qu’il se donne pour le gérer. L’exploitation des découvertes faites en stage devraient être faites systématiquement, il s’agit du suivi pédagogique prévu dans le programme des Instituts en Soins Infirmiers.
De simples gestes peuvent aussi contribuer à la suppression de l’épuisement professionnel. Par exemple, quelques minutes de sieste, écouter de la musique douce, faire des exercices de relaxation dans son bureau ou en plein air, etc.
Nous pouvons également faire appel à la démarche heuristique dont une formation y est consacrée pour les intervenants en EHPAD[16]. Un des ouvrages du Collectif heuristique.net[17] contient de nombreuses considérations et des citations que nous allons également énumérer. Selon ce document, la démarche heuristique résulte du déploiement de certaines de nos ressources qui sont les suivantes:
- Lâcher-prise : la démarche heuristique nous invite à reconsidérer ce qui nous leste, qui est souvent valorisé dans une société comme la notre et réhabiliter ce dont on veut se débarrasser. Par exemple :
- Les certitudes : Ces dernières nous enferment et nous empêchent d’avoir accès au « probable », source de nouvelles possibilités : « Un système complexe ne se laisse jamais appréhender totalement. On peut en avoir une perception globale, on peut le nommer et le qualifier, mais on n’arrivera jamais à comprendre son organisation dans tous ses détails, à prévoir toutes ses réactions et ses comportements… » commente Dominique Génelot.
Les partisans de cette démarche considèrent le doute, l’aléa, l’instabilité, l’ambiguïté, l’imprévisibilité comme des ressources.
- L’ordre, tout de suite : vouloir instaurer un ordre trop rapidement nous enferme dans une architecture de l’information stéréotypée, conventionnelle et limitante dans laquelle de nouveaux liens sont difficiles à réaliser. Pratiquer un brouillard d’idées dans un premier temps permet une production plus importante et plus diversifiée et l’émergence de nouvelles catégories grâce à de nouveaux liens. « Car deux dangers ne cessent de menacer le monde, l’ordre et le désordre » dixit Paul Valery.
Ils considèrent également que l’imprécision, le flou, la divergence, le paradoxe comme des ressources.
- La réussite immédiate : la pression à laquelle nous nous soumettons lorsque nous souhaitons obtenir des résultats rapides nous empêche d’être créatif et observateur d’opportunités nouvelles. « Après tout, l’essentiel n’est-il pas de prendre le temps de voir, de contempler, d’aimer ? De libérer son regard des contraintes auxquelles soumettent les trajets » dit Christine Cayol.
Autres considérations : le temps biologique de l’imprégnation et de la maturation comme une ressource.
- Le souci de perfection : exiger la perfection retarde voire annihile complètement l’action. Accepter l’imperfection c’est faire de nos échecs des occasions d’apprendre. Procéder suivant le principe de l’essai, erreur, réflexion, réajustement, essai … c’est faire de l’erreur un élément de connaissance.
Rabindranath Tagore : « Si vous fermez la porte à toutes les erreurs, la vérité restera dehors ».
Autres considérations : l’erreur et l’expérience de l’échec comme des ressources.
- La peur de ne pas avoir assez d’idées : nous possédons toujours plus d’idées que nous ne le pensons. Par contre une trop grande tension peut en rendre l’accès difficile. Créer de l’espace pour qu’elles puissent se manifester est le seul moyen d’en disposer.
Une pensée de Guy Finley pour lâcher prise : « De même que l’on peut voir plus loin par une journée ensoleillée, une compréhension nouvelle s’épanouit dans un esprit silencieux ».
Autres considérations : le vide, le silence et un état de disponibilité comme des ressources
- Changer notre regard : c’est changer notre façon de penser, car ce n’est pas l’œil qui voit, c’est le cerveau. Se déplacer pour changer de point de vue nous permet d’augmenter notre champ de vision. Opérer une défocalisation permanente entre le macro et le micro, la vision globale et le détail permet de voir loin et de se maintenir dans l’action au quotidien. Prendre en compte le point de vue de l’autre et l’apposer au notre, c’est élargir notre conscience.
« Le paradoxe n’est pas fait pour être résolu mais pour faire changer notre regard » : Luc de Brabandère.
« On dit que les hanches d’une femme ont la forme d’un vase. Ce n’est plus poétique ; c’est devenu un lieu commun. Moi je prends un vase et j’en fais une femme. J’utilise la vieille métaphore, je la retourne et je lui rends vie. » : Pablo Picasso.
Nous considérons la différence des points de vue, le paradoxe et l’étonnement comme des ressources
- Appréhender les situations avec le maximum de nos sens : la perception que nous avons du monde est en partie construite à partir de nos sens. Plus nous utiliserons nos sens, plus nous disposerons d’éléments pour nous le représenter et le mémoriser. La conception ainsi réalisée par notre cerveau tient compte également de ce que nous connaissons déjà et de ce que nous nous attendons à trouver, car nous fondons notre perception sur ce qui est le plus probable.
« Les hommes sont des animaux visuels, et au moins 60% de notre cortex cérébral est impliqué à un niveau ou un autre dans le traitement de l’information visuelle » M.Deric Bownds. [La biologie de l’esprit. DUNOD]
Considérations : nos cinq sens et nos émotions comme des ressources
- Se mettre en état de questionnement : la question est le sésame du savoir. S’interroger sur ce que l’on sait, ne sait pas et ce que l’on aimerait savoir nous prépare à capter des nouvelles connaissances. Pratiquer le questionnement, c’est se mettre en appétit de savoir.
« Donnez-nous notre faim quotidienne » : Gaston Bachelard.
Nous considérons notre « conscience de ne pas savoir » et notre goût de la découverte comme des ressources
- Utiliser une forme d’intelligence particulière : La mètis
Connue des Grecs, la Mètis fût la première épouse de Zeus. Elle combine l’intelligence, la ruse, la tactique et l’esprit de finesse. Elle ne fait pas référence à l’abstraction mais a l’esprit pratique et aux débrouillardises en tout genre, en d’autre terme, au système D. Elle économise l’effort et évite la brutalité. Elle travaille à coup d’analogie et de rapprochement. Elle produit à chaque fois du nouveau, recombinant les éléments entre eux sans modifier la nature de ces éléments. Cela parce qu’elle travaille sur des signes et non sur des concepts. « En ce qui concerne la mètis, la justesse du coup d’œil est aussi importante que l’agilité de l’esprit. « Prendre pour cible » et « conjecturer » se rejoignent en grec sur l’idée du navigateur en mer ou celle du parcours dans le désert, là où les chemins ne sont plus tracés et où il faut sans cesse deviner la route et viser un point à l’horizon lointain » Georges Vignaux [Les jeux de ruses, Seuil, 2001].
Considérations : l’intuition, l’imagination, l’inspiration et « le coup d’œil » sont des ressources.
Nous mettrons notre expérience au service de l’évolution et non de la répétition
- Prendre conscience de nos schémas de pensée et de nos préférences comportementales : toutes les démarches sont uniques, car elles sont mises en œuvre par des individus tout aussi uniques. Mieux se connaître permet de mieux comprendre nos façons d’opérer une observation ou une action. Se « regarder en train de penser ou de faire » donne des renseignements très utiles sur les résultats qui seront obtenus. Toute observation nous renseigne sur l’objet (la chose observée) et le sujet (l’observateur). La démarche heuristique réclame cet aspect réfléchissant de sa pratique tout en étant impliqué.
« Deviens celui qui observe et agit. Tiens-toi en même temps dans le fleuve et sur la berge » : Dugpa Rimpoché [Préceptes de vie. Presse du Châtelet].
Considérations : la connaissance de nous même et la prise de recul sont des ressources
- Oser le risque : par essence une démarche de découverte contient la notion du changement et donc du risque. La démarche heuristique nous propose d’inventer des réponses originales et inédites en nous invitant à remplacer le « pourquoi ? » par le « pourquoi pas ? » sans toutefois écarter l’idée de redécouvrir des solutions simples et connues. C’est une volonté de se libérer de modèles devenus obsolètes pour en créer quelquefois de plus efficients (mais non moins temporels), quelquefois contre l’avis général.
« Le mot « risque » est souvent utilisé en substitution du mot « peur» car plus politiquement correct. La prochaine fois que vous utiliserez le mot « risque » remplacez le par le mot « peur » et vous comprendrez » : dixit Andreu Solé lors d’un séminaire en entreprise. Auteur de « Créateur de mondes ». Edition du Rocher.
Considérations : l’audace et l’autonomie de penser sont des ressources
Voici les personnes à qui est destinée la démarche heuristique :
- Les personnes qui pensent que l’humain à pour vocation la découverte, et qu’il est naturellement équipé pour cela
- Celles qui souhaitent résoudre des problèmes et apprendre avec plaisir
- Celles qui préfèrent que les outils soient à leur service plutôt que le contraire
- Celles qui renoncent et se délestent de l’inutile au profit de l’aisance due à la légèreté
- Celles qui considèrent l’élégance d’un cheminement comme aussi important que le résultat. L’élégance étant ici le produit d’un rapport optimal entre énergie dépensée, respect de l’environnement et des ses valeurs, et les résultats attendus et obtenus.
« Lorsqu’un épuisement professionnel est diagnostiqué, la première consigne est d’arrêter de travailler. Le patient est mis en repos de maladie pendant une période allant de 6 semaines à plusieurs mois. Souvent, même au bord du précipice, le patient refuse d’interrompre son activité professionnelle. Il se sent coupable et redoute les éventuelles remarques désobligeantes de la part de ses collègues et de son employeur. Or, il est absolument indispensable qu’un travailleur en burnout coupe tout contact avec son environnement professionnel. Tout comme un malade est interdit de sortie, le travailleur ne sera plus autorisé à utiliser son ordinateur ni son téléphone portable pour le travail. Répondre à un coup de fil de la part d’un collègue qui veut prendre des nouvelles n’est donc pas autorisé non plus. Pendant ce repos de maladie, un suivi psychiatrique et psychologique est mis en place. »[18]
Le rôle du psychiatre est de prescrire le repos et les médicaments nécessaires à la santé mentale du patient. Il prescrira des anxiolytiques en cas de stress, angoisses et anxiété non gérables, des somnifères en cas de problèmes de sommeil, des antidépresseurs en cas de dépression. Donc, son rôle est aussi de détecter des complications au burnout comme une dépression, et de prescrire des examens complémentaires si des symptômes comme la fatigue se prolongent.
Le rôle du psychologue est d’aider le patient à se sortir des schémas cognitifs qui l’ont plongé dans le burnout. Pour cela, diverses méthodes sont utilisées comme la Programmation Neuro Linguistique (PNL), l’analyse transactionnelle, la thérapie comportementale et cognitive voire la psychanalyse. A travers tous ces outils, le psychologue aide alors son patient à comprendre ce qui lui arrive, à accepter son état, à gérer sa culpabilité, son stress, à se reconnecter avec ses valeurs, à prendre soin de son bien-être, à envisager la reprise du travail en lui apprenant à dire non, à fixer ses limites et à les respecter, etc. Il n’est pas rare non plus qu’un changement de travail soit initié, voire une reconversion professionnelle grâce à un coaching professionnel.
A côté de cela, c’est toute une hygiène de vie et un fonctionnement de vie qu’il faut revoir. Se remettre à faire du sport, manger sainement, bien dormir, faire des siestes, apprendre à ne rien faire, à profiter du moment présent, vivre simplement, être dans l’être et non le faire. Toutes ces petites choses doivent être réapprises et réintégrées dans la vie de la personne en burnout. La sophrologie, la relaxation, la méditation, la pleine conscience, le yoga sont des outils précieux qui peuvent beaucoup aider à gérer son stress et être à l’écoute de soi.
Peu avant la reprise du travail, il est important de discuter avec l’employeur des modalités pratiques de la reprise, horaires et aménagements divers, et de redéfinir au besoin la fonction. La reprise du travail à temps partiel est une bonne solution car elle permet au travailleur de se replonger dans le monde du travail de manière progressive et avec moins de responsabilités. Après la reprise du travail, le patient continue son suivi psychiatrique et psychologique afin de s’assurer de sa bonne guérison et éviter une rechute.
Comment s’en prémunir ? Il ne faut évidemment pas attendre d’être au bout du rouleau pour prendre soin de soi. C’est tous les jours qu’il faut prendre soin de soi ! Apprendre à se connaître pour ne pas dépasser ses limites, oser dire non sont autant des conseils de prévention que des conseils de bon sens. J’admets que c’est plus facile à dire qu’à faire. Dans la société actuelle, tout le monde court dans tous les sens et rare sont ceux qui prenne le temps de lever un peu le pied pour s’écouter et reprendre leur souffle. Pourtant il suffit de bien peu de choses parfois. Voici quelques conseils pour gérer le stress et préserver l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée.
- Pratiquer la relaxation ou plus simplement apprendre à se relaxer, à respirer profondément
- Dire stop au tabac, à l’alcool, au café et excitants (coca, boissons énergisantes…)
- Faire du sport régulièrement, l’idéal étant 3 fois par semaine
- S’organiser, se fixer des objectifs
- Apprendre à dire non, à déléguer
- Prendre du recul par rapport aux contrariétés sur lesquelles nous n’avons pas de prise
- Prendre de vrais temps de pause, cinq à dix minutes toutes les heures et une heure pour la pause déjeuner
- Pratiquer la pensée positive
- Rechercher du soutien, partager ses sentiments pour dédramatiser et prendre du recul
- Savoir fixer ses limites pour les autres mais aussi pour soi-même
- Accepter de ne pas être parfait, la perfection n’existe pas et si elle existe elle est toute relative
- Soigner son sommeil et son alimentation
- Adapter son environnement de travail en le personnalisant et en le rendant agréable
- Se faire plaisir avec un bon film, un resto avec un ami, un peu de shopping…
- Se réserver du temps pour soi, sa famille, ses amis
- Changer ses habitudes pour devenir zen et organisé
- Prendre des vacances
Prévenir l’épuisement professionnel relève aussi de la responsabilité de l’établissement. De ce fait, il sera donc intéressant pour une entreprise de mettre en place des séminaires de gestion du stress ou des cellules de parole pour permettre réflexion et prévention autour du burnout, permettre aux employés et aux cadres de bénéficier de massages, massages assis, massages crâniens, ou de participer à des séances de yoga et de relaxation sur le temps de midi par exemple.
CONCLUSION
Pour conclure, les Etablissements Hébergeant des Personnes Agées Dépendantes (EHPAD) sont des institutions qui méritent d’être organisées comme il se doit. Les problèmes qui y existent sont importants et méritent d’être solutionnés sérieusement. Les diverses méthodes, textes législatifs et démarches adoptés et mis en application semblent être appropriés et mener tant bien que mal vers une bonne gestion de ces établissements. Quoiqu’il en soit, la tâche est loin d’être facile. Le personnel se fatigue à cause de tout ce dont ils ont à faire, l’épuisement professionnel se fait fortement ressentir. Ce problème est d’ailleurs le principal à remédier car même un EHPAD muni des matériels nécessaires et adéquats ne peut faire face à un personnel à bout de nerfs. Nous avons abordé dans ce mémoire les principaux problèmes et les solutions y afférentes mais cela ne règlera pas forcément tous ces problèmes. C’est la raison pour laquelle les efforts ne doivent pas être ménagés, tant au niveau de l’établissement qu’au niveau étatique. En effet, les maladies se diversifient, les personnes âgées sont de plus en plus nombreuses et la profession d’aide-soignant de plus en plus difficile. Nous avions tenté ici de rassembler toutes les solutions que nous avons estimées efficaces pour régler les problèmes en EHPAD compte tenu de l’importance attachée à la résolution de ces problèmes. Les personnes âgées sont des êtres humains qui méritent d’être traitées comme tels. Ainsi, il ne faut pas les traiter comme des enfants, même si par moment, ils sont difficiles et capricieux.
Si l’accompagnement personnalisé des résidants est un critère de qualité essentiel pour l’EHPAD, elle peut être, dans les faits, difficile à mettre en œuvre dans un lieu de vie collectif. Malgré tout, de plus en plus d’établissements trouvent les moyens de s’organiser pour respecter les rythmes de vie individuels et permettre à leurs résidants de mener la vie qu’ils souhaitent. « Il ne faut plus voir les maisons de retraite comme des structures fermées, insiste le docteur Stephan Meyer, médecin coordonateur en EHPAD. Au-delà du travail mené pour prendre en charge les résidants de façon plus spécifique, de plus en plus d’EHPAD deviennent des relais gériatriques de terrain. Grâce à la télémédecine, par exemple, ils permettront à tout un bassin de vie de bénéficier de bonnes pratiques gériatriques.
Fort heureusement pour la résolution des problèmes en EHPAD, les avancées technologiques et scientifiques contribuent énormément. Effectivement, ces avancées peuvent grandement aider à combattre les maladies et à fournir un précieux coup de main aux membres du personnel des EHPAD. De plus, les recherches en la matière ne cessent d’être entreprises.
Espérons qu’au fil du temps, les EHPAD pourront devenir réellement des endroits de paix et de sérénité pour les personnes âgées et que le personnel soit en mesure de combattre les aléas du métier et de se rappeler en tout temps l’importance du bien-être des personnes âgées dont ils ont la charge.
BIBLIOGRAPHIE
- Ouvrages
- « Vaincre l’usure professionnelle »
- « Management efficace d’une équipe en EHPAD », collectif Heuristique.net
- « La gestion des risques de maltraitance en établissement », Comité National de Vigilance contre la Maltraitance des Personnes Agées et Adultes Handicapés, Décembre 2008
- « Rapport remis au Médiateur de la République »
- Mémoires
- « Les difficultés des soins palliatifs en EHPAD », Alexandra Dervin, Université Renée Descartes (Paris V) – faculté Cochin-Port Royal
- « Quelle place pour le médecin traitant dans l’EHPAD ? », docteur Jean-Marc Luez : médecin généraliste à Lille, pour l’obtention du diplôme universitaire de médecin coordonateur en EHPAD, 2009-2010
- « L’épuisement professionnel du soignant : comment limiter les dégâts ? », Véronique Rolando-Eugio, pour l’obtention du diplôme de cadre de santé
- Textes législatifs
- Loi du 24 Janvier 1997, complétée par les décrets du 26 Avril 1999
- Le Code de l’Action Sociale et des Familles
- Décret n°89-241 du 18 Avril 1989 modifié par une Circulaire du 24 Septembre 1998
- Décret du 22 Février 2007 relatif à l’intervention des structures d’hospitalisation à domicile dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées
- Code Pénal
- Loi du 02 Janvier 2002 rénovant l’action sociale et médico-sociale : Section 2 : Des droits des usagers du secteur social et médico-social
- Sites Internet
- Service-Public.fr
- Espace-LMNP.com
- Maisons de retraite.fr
- com
- Soignants en EHPAD.fr
- Officiel Prévention.com
- Questions de santé.hautetfort.com
- Collectif heuristique.net
- Le-Manager-Urbain.com
[1] Service-Public.fr
[2] Articles R232-1 à R232-6 du Code de l’action sociale et des familles.
[3] Espace LMNP : le spécialiste de la revente du loueur en meublé
[4] Prévot J., L’offre en établissement d’hébergement pour personnes âgées en 2007, Etudes et résultats, DREES, n° 689, 2009
[5] Maisons de retraite.fr
[6] Stydia.com
[7] Par Alexandra Dervin pour l’obtention du DIU Médecin coordonateur et EHPAD, Université Renée Descartes (Paris V)-faculté Cochin Port-Royal, 2006-2007
[8] Soignants en EHPAD.fr
[9] Rapport remis au Médiateur de la République
[10] R. Floru : docteur en médecine et ancien responsable du laboratoire de psychophysiologie du travail de l’INRS et J.C. Cnockaert : chef du service de physiologie environnementale de l’INRS dans « Les Cahiers de l’Actif » n°264/265, p. 25 à 40
[11] Officiel-Prévention.com
[12] Par le docteur Jean-Marc Luez : médecin généraliste à Lille, pour l’obtention du diplôme universitaire de médecin coordonateur en EHPAD, 2009-2010
[13] Questions de santé.hautetfort.com : panorama de l’actualité et des questions de santé en France et à l’international
[14] Comité National de Vigilance contre la Maltraitance des Personnes Agées et Adultes Handicapés, Décembre 2008
[15] Par Véronique Rolando-Eugio, pour l’obtention du diplôme de cadre de santé, Institut de formation des cadres de santé au Centre psychothérapique de Nancy-Laxou, 2008-2009
[16] Formation dispensée par FLB Consultants
[17] « Management efficace d’une équipe en EHPAD »
[18] Le Manager Urbain.com
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