La panacée de l’addiction : Exploration de l’entretien motivationnel pour renforcer l’estime de soi
Table of Contents
- INTRODUCTION.. 4
- CADRE THEORIQUE.. 6
- ADDICTION.. 6
- ESTIME DE SOI. 7
- Le soi, l’estime de soi et l’évolution de son développement. 8
- Construction de l’estime de soi 10
- Dimensions et développement de l’estime de soi 12
- ADDICTION ET TROUBLES DU SOI. 14
- LE SENTIMENT D’EFFICACITE PERSONNELLE.. 20
- ENTRETIEN MOTIVATIONNEL.. 21
III. PROBLEMATIQUE, OBJECTIFS ET HYPOTHESES. 22
- PROBLEMATIQUE.. 22
- OBJECTIF DE LA RECHERCHE.. 25
- HYPOTHESES. 25
- METHODOLOGIE.. 26
- LIEU D’INVESTIGATION.. 26
- DEROULEMENT DU PROTOCOLE DE RECHERCHE.. 26
- PRESENTATION DU PROJET ET CONDITIONS DE REALISATION.. 26
- PARTICIPANTS.. 28
- PRESENTATION DU MATERIEL UTILISE.. 28
- METHODE D’ANALYSE DES RESULTATS. 33
- Analyse quantitative. 33
- Analyse qualitative. 33
- RESULTATS ET DISCUSSION.. 35
- RESULTATS. 35
- Estime de soi avant et après l’EM… 35
- Sentiment d’efficacité personnelle avant et après EM… 38
- Tableau de comparaison des moyennes entre t1 et t2. 40
- DISCUSSION.. 41
- CONCLUSION.. 47
RESUME
L’addiction à une substance ou à un comportement est intimement liée à des problèmes psychologiques, des douleurs émotionnelles profondes complémentairement à une faible estime de soi, un sentiment d’efficacité personnelle relativement faible ainsi qu’à une sensation de mal-être.
L’entretien motivationnel est un outil pour aborder un changement de comportement et se fonde sur la résolution de l’ambivalence du patient à travers une méthode de communication et d’accompagnement comme outils dans le but de trouver la motivation d’amorcer une démarche de soins, il semblerait indiqué dans le traitement de l’addiction.
En outre, l’entretien motivationnel tient compte des six stades du processus de changement qui n’est pas linéaire par l’évaluation et la réévaluation régulière à travers un entretien individuel pour pouvoir adapter l’intervention thérapeutique au fur et à mesure de l’évolution du patient.
De plus, l’entretien motivationnel dans le but d’augmenter la motivation intrinsèque du patient vers le changement prend en compte les étapes de construction du sentiment d’efficacité personnelle étant donné le style relationnel et l’état d’esprit qui est adopté.
D’ailleurs, les résultats obtenus montrent que l’entretien motivationnel contribue à l’amélioration du sentiment d’efficacité personnelle du sujet et à l’amélioration de l’estime de soi et la réhabilitation de l’image de soi. De surcroît, les résultats des entretiens semi-directifs montrent une évolution globale des thématiques présentes vers une valence positive après l’entretien motivationnel.
Ainsi il apparaît que l’entretien motivationnel promeut le renforcement du sentiment d’efficacité personnelle et au développement d’une bonne estime de soi face à l’addiction du patient.
Mots-clefs : addiction, estime de soi, efficacité personnelle, entretien motivationnelle, changement
I. INTRODUCTION
« Ce résultat négatif était perdu dans l’immensité des effets positifs qui s’étaient réalisés devant moi, dans l’abîme de volupté divine qui s’était soudain révélé. C’était bien une panacée, un pharmakon népanthès (remède qui efface toute trace de souci) pour toutes les souffrances humaines; c’était le secret du bonheur, et ce secret, sur lequel les philosophes ont discuté pendant tant de siècles, se dévoilait tout à coup. Désormais le bonheur s’achèterait pour un penny; on le transporterait dans une poche de son habit; des extases portatives pourraient être enfermées dans une bouteille d’une pinte et la paix de l’esprit s’expédierait par la diligence »[1]. L’addiction peut s’expliquer par diverses raisons, dont une peine d’amour qui perdure, une faible estime de soi, un sentiment de mal-être, la perte d’une personne chère ou d’un emploi… tous les raisons sont bien que différentes d’ordre psychologique, des douleurs émotives qui sont ancrées profondément.
Afin d’y remédier et parvenir au changement, il importe alors de guérir les maux de l’esprit, du cœur, du corps à la source même.
Comme l’entretien motivationnel semble se fonder à la résolution de l’ambivalence du patient à travers une méthode de communication et d’accompagnement comme outils dans le but de trouver la motivation d’amorcer une démarche de soins, il semblerait indiqué dans le traitement de l’addiction. De plus, il semblerait que l’efficacité du comportement reliée à celle de l’efficacité personnelle serait prédictive du comportement
Dans quelle mesure l’entretien motivationnel peut-il donc promouvoir au renforcement du sentiment d’efficacité personnelle et au développement d’une bonne estime de soi ?
Dans une première partie, la précision du cadre théorique de ce travail formé par les concepts associés au changement face à l’addiction et les troubles de soi ainsi que la notion d’entretien motivationnel sera réalisée.
La formulation du cadre problématique sera effectuée dans une seconde partie.
La méthodologie renferment le protocole de recherche forme la troisième partie avant la présentation des résultats.
L’analyse des éléments de réponses obtenus a ainsi permis d’élaborer la discussion avant de conclure ce travail.
II. CADRE THEORIQUE
A. ADDICTION
La naissance du terme « addiction » remonte à l’histoire du droit romain. En effet, utilisé dans le domaine juridique, le terme « addiction » concordait alors à un verdict du juge qui octroyait « au plaignant le droit de disposer à son profit de la personne même d’un débiteur défaillant » (Reynaud, 2006) face au constat du sujet qui n’était plus en plein possession de ses capacités à assurer ses responsabilités face à autrui.
Actuellement, le terme « addiction » désigne un processus qui implique un comportement adopté pour soulager un mal-être, comportement qui devient incontrôlable et qui perdure malgré les conséquences néfastes engendrées.
Par rapport au concept de toxicomanie qui se rapporte à un comportement relatif à la consommation de substances psychotropes pouvant générer un état de dépendance (alcool, drogue, tabac…) le terme « addiction » semble plus approprié. En effet, divers comportements peuvent présenter des similitudes communes aux toxicomanies sans qu’il y ait consommation de substance nocive pour la santé comme les addictions comportementales, addictions sans drogue comme l’addiction au travail, au jeu, au sexe, aux achats compulsifs, la boulimie/l’anorexie (Valleur et al., 2002).
Le terme « addiction » est alors utilisé pour la désigner un grand nombre de comportements, qui varie d’une forte habitude à une intense compulsion. En d’autres termes, tout comportement incluant un investissement compulsif, excessif et nocif.
Fréquemment, il existe une confusion certaine entre dépendance et addiction.
La dépendance résulte d’un mécanisme qui engendre, subséquemment à une consommation régulière de substance psychotrope, un état de déséquilibre affectant le fonctionnement neurobiologique de l’individu. Déséquilibre qui sera à l’origine d’un malaise tant au niveau physique que psychique et qui va pousser l’individu à consommer encore plus, non plus afin d’éprouver les sensations de plaisir procurées par la substance psychotrope, mais surtout afin de lutter, afin de contrer les sensations désagréables qui résultent par l’arrêt de consommation de la dite substance.
A contrario, l’addiction n’atteint qu’une faible portion des consommateurs dits chroniques de psychotropes. D’ailleurs, l’addiction se manifeste par un besoin incoercible, incontrôlable de consommer la substance quels que soient les effets négatifs que cela puissent engendrer tant sur la santé que sur la vie sociale de l’individu.
L’addiction ne touche, contrairement à la dépendance, qu’une fraction des consommateurs chronique de substances psychotropes. Elle se caractérise par un besoin irrépressible de consommer la substance en dépit des conséquences négatives sur la santé mais aussi la vie sociale de l’individu.
Récemment, les neurosciences ont mis en exergue le lien existant entre l’addiction en tant que pathologie, et l’initiation de processus d’apprentissage pathologique. De ce fait, l’addiction semble être à l’origine de glissement de comportements, bien qu’il y ait contrôle conscient des décisions, vers l’automatisme et d’un comportement compulsif.
Ainsi, l’addiction ne résulte forcément pas de la consommation de substances mais peut également survenir pour des comportements comme le jeu, l’alimentation, l’internet (réseau social…)
Il existe ainsi des consommateurs qui peuvent être dépendants mais non addicts ainsi que des personnes qui sont addicts à des comportements tout en étant non-dépendantes à une substance. Cela bien que chaque famille de substance dite addictive ait ses mécanismes d’action pharmacologique propres.
Il est à noter néanmoins que les substances addictives agissent toutes en entraînant une augmentation de la dopamine qui va alors être libérée au niveau du système de récompense (Lüscher et Ungless, 2006).
B. ESTIME DE SOI
L’estime de soi peut être définie comme étant « un trait de personnalité qui concerne la valeur qu’un individu attribue à sa propre personne ». Elle permet à l’individu de mesurer s’il est capable, valable et important. Or, cette perception ne peut être séparée de la satisfaction des besoins psychologiques primaires de l’individu ainsi que de ses dispositions sociales qui font qu’il soit considéré comme étant efficace et acceptable socialement. Dans toutes ces définitions, l’estime de soi implique une évaluation du Soi sur une dimension positive et négative (Roques, 1995). Elle est la résultante d’une autoévaluation constante de l’individu. L’homme en effet, peut changer ses opinions concernant son comportement, ses aptitudes, son apparence et ses valeurs (Hellriegel et Slocum, 2006).
Les études ont montré que l’estime de soi peut être appréhendée sur plusieurs niveaux. Dans ce cadre, l’estime de soi peut être évaluée sur la dimension positive ou négative, chronique ou critique, ou sur la dimension de base ou fonctionnement. L’estime de soi de base se réfère aux premières expériences de la vie de l’individu, tandis que l’estime de soi fonctionnelle apparaît après une expérience de l’individu suite à ses différents contacts avec autrui. Dans ce cadre, l’estime de soi fonctionnelle peut changer en fonction de la situation et du contexte et peut de ce fait, l’emporter sur l’estime de soi de base (Roques, 1995).
1. Le soi, l’estime de soi et l’évolution de son développement
Divers facteurs relevant de l’environnement familial, professionnel, scolaire ainsi que de facteurs intrinsèques à chacun contribuent au bien être psychologique, social et physique de chaque individu.
Effectivement, ces facteurs représentent le soi d’un individu qui se définit comme la totalité des traits, croyances, attitudes et compétences de l’individu. Le Soi est ainsi une construction psychique et symbolique qui est fonction d’autrui et de soi-même.
De plus, Martinot (2005) d’affirmer que l’élaboration, la construction du soi est influencée par[2] :
- La culture, l’appartenance, les jugements ainsi que les comparaisons au niveau de la société
- L’introspection ainsi que la perception de soi en termes de comportements et une certaine mémoire autobiographique relatant les principaux évènements principaux vécus personnellement par l’individu
Quotidiennement, le soi intervient dans :
- L’entretien des relations avec les autres à travers la socialisation qui encouragera par la suite la capacité d’adaptation aux changements[3]
- Le choix de l’individu selon ce qu’il pense devoir être : le soi de devoir, ce qu’il souhaite vouloir être : le soi idéal et ce qu’il ne souhaite pas être ni devenir : le soi craint comme l’affirme Higgins (1987) dans sa théorie des tensions identitaires[4].
- La gestion d’informations le concernant par le biais de la fonction d’autorégulation.
Il existe ainsi trois composantes du soi[5] :
- Composante comportementale : porte sur l’autoprésentation, c’est-à-dire de l’image que l’on reflète à autrui.
- Composante cognitive : traduit le concept de soi et renferme toutes les croyances et appréciations que l’individu se fait et porte sur lui.
- Composante affective : représenté par l’estime de soi, en tant que dimension principale de la personnalité, qui influence l’équilibre psychologique complémentairement au sentiment de stabilité, de sécurité.
2. Construction de l’estime de soi
L’estime de soi fait partie intégrante de la personnalité. D’ailleurs, Christophe André et François Lelord rapportent les dires d’un adolescent en les qualifiant de la meilleure définition de l’estime de soi qu’ils aient pu trouver : « L’estime de soi ? Eh bien, c’est comment on se voit, et si ce qu’on voit on l’aime ou pas »[6].
Il s’avère que ce reflet de soi, ce regard que l’on a de soi même est essentiel voire même vital étant donné que s’il est positif, il sera à l’origine des diverses actions effectuées face aux difficultés de la vie qui ont porté leurs fruits. Au contraire, si l’on a une image négative de soi, les obstacles de la vie apparaîtront difficiles à surmonter voire presque insurmontables à franchir.
L’estime de soi n’est donc pas un concept figé qui s’acquiert en une seule fois. Elle nécessite un certain entretien le long de la vie afin de la maintenir toujours positive compte tenu de son évolution selon les expériences de la vie.
Ainsi, trois composantes, qui interagissent entre elles de façon continuelle, forment l’estime de soi, à savoir : « l’amour de soi (se respecter quoi qu’il advienne, écouter ses besoins et ses aspirations) facilite incontestablement une vision positive de soi (croire en ses capacités, se projeter dans l’avenir) qui, à son tour, influence favorablement la confiance en soi (agir sans crainte excessive de l’échec et du jugement d’autrui) »[7].
Les principales sources de l’estime de soi d’un enfant sont représentées par ses parents, ses enseignants, ses camarades de classe et d’une manière générale son école ainsi que ses amis proches.
Il est à noter que plus l’individu est en bas âge, jeune, plus sa confiance en lui est étroitement liée au regard et du jugement des autres. Ce qui conforte le fait que le regard que porte les parents et enseignants à leurs enfants, élèves sont de principaux facteurs de fondement de l’estime de soi.
D’ailleurs, on se souvient facilement d’un regard encourageant, d’une parole motivante très positive contrairement à une remarque désobligeante ou encore un regard plein de mépris.
L’opinion des amis s’avère également être un facteur de taille dans la construction de l’estime de soi. En effet, en grandissant, l’enfant s’évaluera et donnera plus d’importance à l’avis de ses pairs avant de se forger et d’acquérir sa « confiance en lui » afin de s’affirmer.
3. Dimensions et développement de l’estime de soi
D’après James , la définition de l’estime de soi repose sur le lien, le rapport qui s’établit entre les objectifs et les succès obtenus. Par conséquent, une haute estime de soi est corrélée à l’atteinte d’un but fixé alors qu’une baisse de l’estime de soi serait due à la non réalisation de l’objectif fixé. L’estime de soi s’apparente ainsi à la construction intra-personnelle.
D’ailleurs, la théorie de contrôle de l’autorégulation conforte la nécessité de déployer des efforts supplémentaires en cas d’échec par rapport à un objectif fixé .
Cooley introduit la notion de « l’affectif » dans le concept de l’estime de soi étant donné que le sentiment de valeur de la personne impacte fortement sur ses interactions sociales. Autrement dit, son sentiment de valeur est jaugé par son influence sociale, par l’affect éprouvé en société, notamment en termes d’avis, d’opinions et surtout des regards des autres… encore connu sous le terme « effet du miroir social » .
De plus, Rosenberg (1979) illustre l’estime de soi comme : « la valeur que les individus s’accordent, s’ils s’aiment ou ne s’aiment pas, s’approuvent ou se désapprouvent » [8].
Le processus de construction de l’estime de soi suit un mouvement à la fois continu et dynamique. De surcroît, la comparaison que l’individu se fait par rapport aux autres à travers le processus d’identification, lui permet de recueillir des informations qu’il va d’abord intérioriser avant de les approprier et les utiliser[9].
De ce fait, une évaluation cognitive se basant sur la réflexion personnelle fait partie intégrante de l’estime de soi. Réflexion relatant l’individu vis-à-vis de ses savoir-faire propres ainsi que ses particularités. Par ailleurs, selon Taylor et Brown, les piliers de la construction de l’estime de soi sont le bien-être moral et physique ainsi que les réflexions personnelles [10] [11] étant donné que l’estime de soi est le reflet de la perception que se fait l’individu de lui-même au fil du temps.
L’estime de soi est multidimensionnelle et comporte, selon le Self Perception Profile for Children, échelle de mesure de l’estime de soi s’adressant à des enfants (Harter, 1982), six dimensions[12] :
- les capacités sociales
- les capacités physiques
- l’apparence physique
- la conduite
- la valeur de soi (la satisfaction de soi et de sa vie)
- les capacités scolaires.
En outre, les dimensions constitutives de l’estime de soi varient selon l’âge, le développement cognitif ainsi que la conscience qu’un individu se fait de lui-même et par voie de conséquences ses attitudes et comportements. Effectivement, la construction de l’estime de soi est continuelle et progressive en débutant dès la naissance où la dimension affective de l’estime de soi est instaurée.
En effet, la théorie de l’attachement de Bowlby[13] affirme l’impact qu’ont les premières interactions, relations du nourrisson avec sa mère sur son développement. De plus, Goumaz [14] conforte l’amour inconditionnel comme une des bases de l’estime de soi. D’où l’influence non négligeable et significative de l’environnement familial, et socio-affectif sur la valeur d’un individu et subséquemment sur le développement de ses compétences sociales et relationnelles[15].
L’estime de soi étant présente dès l’enfance, ce sont ses dimensions qui fluctuent au cours du temps[16].
C. ADDICTION ET TROUBLES DU SOI
La source de l’addiction est psychologique de prime abord puisque les raisons s’y afférant sont de nature psychologique. En effet, pour ce qui est de la consommation d’alcool, de médicaments ou encore de drogues, le comportement qui amène à cette consommation résulte majoritairement d’une fuite de la réalité, donc psychologique.
La dépendance, l’addiction d’une personne aux substances peut s’expliquer par diverses raisons, notamment une faible estime de soi, la perte d’un être cher ou encore d’un emploi, une peine d’amour, un mal être … des raisons qui relèvent quasiment de l’ordre psychologique.
Bien qu’une personne puisse consommer des substances pour s’affirmer lors de l’adolescence ou pour imiter certaines personnes, l’addiction à celle-ci est clairement corrélée à la présence de profondes douleurs, de blessures émotionnelles qu’il faille guérir pour pouvoir aider la personne à se défaire de cette addiction.
De plus, l’histoire personnelle de la personne semble être un facteur déterminant dans la conduite vers une addiction : « Nous pouvons dire avec netteté qu’il y a des évènements spécifiques dans l’enfance du toxicomane »[17].
D’une manière générale, les facteurs familiaux et par voie de conséquences sociaux, tiennent comptent d’un certain nombre d’éléments comme :
– le concept de dissociation : la notion de dissociation, référence internationale, dans la prise en charge du psycho traumatisme rejoint également la théorie de Ferenczi dans son concept de fragmentation dans le traumatisme[18] : « L’effet immédiat d’un traumatisme dont on ne peut venir à bout aussitôt est la fragmentation. Question : cette fragmentation est-elle seulement la conséquence mécanique du choc ? Ou est-elle déjà aussi, en tant que telle, une forme de la défense, c’est-a` -dire de l’adaptation ?»[19].
D’ailleurs, en clinique du traumatisme, Ferenczi parle de mécanismes d’« autoclivage narcissique » qui s’assimilerait à une expérience de mort imminente. Effectivement, la « sortie hors du corps »[20], qui est décrite telle une « curieuse réaction de dépersonnalisation » devant un danger mortel[21], reste un phénomène intriguant qui est intimement lié au paranormal qui figure parmi les expressions dissociatives connues.
Toutefois, des recherches en neurosciences ont apportés des précisions quant à la présence de principes neurologiques qui sont traduits par des illusions[22] ou encore des conflits sensoriels entre la vision et la perception[23] dans cette notion de « sortie du corps ».
– la théorie systémique familiale : cette théorie est issue de la « Théorie Générale des Systèmes » qui a été référencée par le biologiste L. Bertalanffy en 1968et qui se fonde sur le concept de système qui forme « un complexe d’éléments en interaction » (V. Bertalanffy, p. 37, 1973) pouvant être fermé ou ouvert[24].
Atteignant les domaines sociaux ainsi que la Psychologie, la « Théorie Générale des Systèmes » contribue également à une révolution paradigmatique qui affirme que les perturbations mentales, les dysfonctions ou encore les maladies seraient subséquentes à des interactions dysfonctionnelles qui sont vécues dans le cadre familial. Ce qui amène à la «Théorie de la Thérapie Familiale ».
D’après la Thérapie Familiale, l’homme ne se définit pas comme un être isolé mais plutôt comme « un membre des groupes sociaux, qui agit et réagit » (S. Minuchin, 1979, p. 18)[25]. De ce fait, l’individu interagit avec le contexte en l’influençant et en y étant influencé.
L’individu fait donc partie d’un système social
Au sein de la famille, l’individu fait parti d’un système social auquel il doit s’adapter, et ses actions sont régies par les caractéristiques du système, ce qui signifie que les changements au sein de la structure familiale suscitent des changements sur le plan comportemental et sur le processus psychique de ses éléments.
La famille est donc perçue comme un système, un tout, une globalité qui ne peut être comprise que selon une perspective holistique (A. Relvas, 2002)[26].
Chaque famille se caractérise par l’unicité et la complexité qui traduit la singularité de la famille au sein de relations et d’émotions assez complexes (J. Gameiro, 1992[27]).
– la théorie de l’apprentissage social : trouve son origine au Béhaviorisme et se base sur le principe admettant que la répétition d’un comportement est intrinsèque à ses conséquences, toutefois elles corrompent et innovent étant donné la non observation directe de certains processus cognitifs : les pensées, les croyances ou encore les expectatives, qui impactent sur le comportement humain.
Afin d’éclaircir les comportements humains, A. Bandura fut le pionnier de cette théorie par combinaison des principes comportementaux et cognitifs.
Une expérience a été en réalisée par A. Bandura au cours de laquelle, trois groupes d’enfants dont l’âge varie entre 3ans et 6 ans ont été soumis à l’observation de deux modèles adultes : un homme et une femme[28].
- un groupe expérimental a observé des modèles agressifs qui criaient et donnaient des coups (pied et poing) à Bobo, une poupée gonflable.
- un deuxième groupe expérimental a observé des modèles adultes non-agressifs et inhibés.
- un groupe de contrôle n’a observé aucun modèle.
Les résultats de l’expérience ont montrés que les enfants reproduisaient ce qu’ils voyaient, en d’autres termes le groupe expérimental ayant pour modèle des adultes agressifs ont reproduit une quantité d’agressivité analogue (A. Bandura, 1961) [29].
- Bandura à alors supposer que certains comportements sont fonction et se basent sur l’apprentissage vicariant, en d’autres termes qui est issu de l’observation de comportement de modèles. Cet apprentissage passant par quatre étapes, à savoir : l’attention, la rétention, la production et la motivation.
De ce fait, A. Bandura a préconisé une théorie générale de l’Apprentissage Social encore appelée apprentissage par l’observation ou apprentissage vicariant qui affirme qu’un comportement peut s’acquérir sans qu’il y ait eut réalisation préalable et sans soutien. D’ailleurs, le comportement humain, toujours selon A. Bandura, se baserait sur le principe du déterminisme réciproque, qui signifie acquisition d’apprentissages et interaction de principes : comportements, contexte et cognitions.
– le traumatisme : selon Ferenczi, le traumatisme serait induit et provoqué par une rupture, un arrêt d’activités psychiques conjointement à l’installation d’un état de type passif tel une soumission qui est dépourvu de résistance, comme si paralysé, anesthésié, déconnecté de la réalité … entraînant subséquemment un arrêt de la perception et de la pensée.
D’ailleurs, Ferenczi affirme que le traumatisme est : « un choc inattendu non préparé et écrasant, agit pour ainsi dire comme un anesthésique » (Ferenczi, 2006)[30].
Le traumatisme provoque ainsi le retrait du sujet par rapport à lui-même à travers une, des effractions de la psyché qui se traduit par une séparation, un clivage de la totalité de la personne en une partie douloureuse, endolorie qui s’avère brutalement destructrice et une autre partie aussi flegmatique qu’omnisciente.
Ferenczi expose d’ailleurs des situations de clivages, de ruptures en cascade qui vont induire une dislocation de la vie psychique, un éparpillement de la personnalité qui peut aboutir à l’éradication du psychisme de la personne. Effectivement, le morcellement, les fragmentations subséquentes au traumatisme dépossède la personnalité, l’âme … un corps sans âme qui ne ressent rien, ne perçoit rien …
– traumatisme et vécu dans l’enfance : les termes « carence de l’objet primaire » et de « non-réponses » sont également utilisés par Ferenczi dans Confusion des langues entre adultes et enfants (1933) pour décrire les blessures non cicatrisées lors de l’enfance, blessures qui paralysent et inhibent la réflexion, la capacité de penser du sujet.
C’est dire donc que la cause du traumatisme n’est pas extérieure mais plutôt intérieure et serait la résultante d’une « absence de réponse de l’objet face à une situation de détresse » qui est perçue comme un « viol de la pensée ».
D’ailleurs, «Le vécu affectif analytique représente en soi pour le patient une sorte de « prise de conscience » et s’accompagne d’une certaine protection contre une rechute dans le refoulement… Cette sécurité est substantiellement augmentée par le rattachement à un vécu antérieur » (Lettre Ferenczi à Freud du 14 Février 1924 n° 947)[31]. C’est dire la présence d’un refoulement subit dans le passé qui se traduit par un traumatisme lors de répétition de ce refoulement.
Selon Ferenczi donc, l’origine du traumatisme est externe et peut être soit un accident, une agression, un bouleversement qui va entraîner un dysfonctionnement, une désorganisation de l’appareil psychique du sujet qui l’immerge dans un chaos psychique conjointement à une dévastation de toutes ses enveloppes psychiques le rendant vulnérable car atteignant le plus profond de lui-même, notamment lors d’épisodes traumatiques à répétition.
Effectivement, la présence de carences affectives ou encore d’expériences traumatiques vécus durant l’enfance induisent une défaillance narcissique qui se manifeste par :
– une dévalorisation de l’image de soi
– un manque de confiance en soi
D’ailleurs, C. OLIVENSTEIN dénomme cet état comme étant le stade du miroir brisé en rajoutant que « Pour le futur toxicomane, il va se passer plus ou moins quelque chose d’intermédiaire entre un stade du miroir réussi et un stade du miroir impossible… »[32]. Incontestablement, « Le produit, le rôle du produit est de se placer là en lieu et place de la brisure et de l’annuler à ce moment précis. Lorsque la drogue se trouve sur le chemin de cet enfant devenu adolescent, un choc éprouvé se produit, choc au moins aussi fort que le choc de la brisure, choc associé de la reconstitution de l’unité dans le plaisir ou plus exactement de l’annulation de la brisure… Le toxicomane sera né »[33].
Ainsi, la conduite addictive résulterait d’une immaturité socio-affective qui va engendre un sentiment de non-valeur personnelle outre l’incapacité à se construire une identité psychosociale et un sentiment de non- reconnaissance.
Le comportement addictif forme ainsi une sorte d’épargne psychique qui permettrait au sujet de survivre, de supporter des conflits intra-psychiques. En effet, la consommation de substance psychoactive déforme et altère la perception de la réalité, ce qui amène le consommateur à se déconnecter celle-ci, à oublier les problèmes relatives à cette réalité.
Une fois les effets estompés, le sujet se retrouve confronté à cette douloureuse réalité qui sera le point de départ d’une nouvelle recherche d’état léthargique, d’oubli…
La souffrance psychologique qui est la start-up à l’addiction doit ainsi être régler, solutionner pour que l’addiction soit complètement enrayée. De ce fait, à part la cure physique, il est essentiel de procéder à un traitement psychologique, une thérapie en profondeur, afin de diminuer et d’apaiser le mal être du sujet « addict » afin qu’il soit capable de faire face à ses problèmes sans recourir à un comportement addictif.
D. LE SENTIMENT D’EFFICACITE PERSONNELLE
Encore dénommé « auto-efficacité » (« self-efficacy ») [34], le concept de sentiment d’efficacité personnelle qui a été introduit par Albert Bandure se définit comme étant les appréciations d’une personne par rapport à sa capacité de réalisation, d’apprentissage d’une tâche et/ou d’un défi ou encore d’un changement et d’en sortir vainqueur. Autrement dit, l’auto-efficacité peut s’extrapoler à la motivation d’une personne par rapport à sa persévérance et son investissement par rapport à un objectif, un but à atteindre ainsi que les réactions émotionnelles éprouvées face à des obstacles, des problèmes.
La théorie du sentiment d’efficacité personnelle s’applique ainsi dans divers domaines qui sont pointés par l’appréciation partagée des hommes sur la capacité à « provoquer des changements » à partir d’une « action collective »[35].
Le test de l’Échelle du sentiment d’efficacité personnelle permet de mesure la confiance en soi, notamment les appréciations d’une personne par rapport à ses capacités à pouvoir atteindre ses objectifs et par voie de conséquences à ses aptitudes à gérer les situations pouvant se présenter.
Bien que les appréciations, croyances en ses propres capacités se doivent d’être distinguer des capacités réelles, elles peuvent déterminer l’importance de l’action et de la motivation. Ainsi, plus le sentiment d’efficacité personnelle d’une personne est élevée, plus elle est prédisposée à fixer la barre plus haute, à investir et à persévérer pour atteindre ses objectifs malgré les problèmes/obstacles pouvant survenir ainsi qu’à se remettre face aux échecs.
Ainsi, un sentiment d’efficacité personnelle élevé correspond à une meilleure estime de soi et subséquemment plus d’optimisme et une vie sociale plus épanouie. A contrario, le sentiment d’inefficacité personnelle constitue un élément majeur de la dépression.
E. ENTRETIEN MOTIVATIONNEL
L’entretien motivationnel comme son nom l’indique est un outil d’accompagnement de patients pour aborder un changement de comportement qui impacte sur la santé : tabagisme, alcoolisme…
L’entretien motivationnel se fonde sur l’hypothèse selon laquelle la majorité des patients qui sont en consultation ne sont forcément prêts pour le changement. En outre, chez une même personne, il a été établi que les facteurs de risque sont fréquemment multiples, rendant difficile la focalisation des efforts sur un facteur particulier[36].
L’entretien motivationnel accompagne ainsi les patients chroniques pour[37] [38]:
« • soutenir un désir de changement ;
- comprendre et gérer les processus de changement, l’ambivalence (indécisions qui accompagnent les doutes sur le caractère souhaitable ou faisable d’un changement), la résistance ;
- reconnaître, susciter, soutenir les désirs de changement ;
- augmenter la motivation au changement ;
- augmenter ses capacités d’écoute active, d’empathie.
- Influencer favorablement le résultat de conseils ou de prescriptions ».
L’entretien motivationnel arbore une attitude empathique et une écoute active tout en tenant compte des perceptions du patient par rapport au risque. Ceci afin que l’atmosphère soit à la fois détendue et positive.
III. PROBLEMATIQUE, OBJECTIFS ET HYPOTHESES
A. PROBLEMATIQUE
La littérature montre qu’une personne souffrant d’addiction a pour la plupart du temps un déficit de l’estime de soi. Il est rare que les maladies de la dépendance ou de la codépendance ne s’accompagnent pas de ce déficit qui est toujours important au moment ou le déni cède la place à la prise de conscience du trouble additif. Par ailleurs, une estime de soi basse représente un facteur de risque de rechute non négligeable, elle diminue avec l’échec, la critique, le rejet, l’exclusion sociale, voire l’indifférence.
L’estime de soi que nous nous portons et celui que nous lisons à notre sujet dans le regard des autres, surtout dans les yeux des personnes qui nous sont chères est une source puissante de bonheur et d’énergie. Elle est indéniable que si nous nous sentons valables, nous nous croyons capables.
Les usagers de drogues soulignent la difficulté à sortir de l’identité de toxicomane renvoyée par leur environnement (professionnels, entourage, groupe de pairs), sur le principe de « qui a bu boira ». « Même quand t’es plus toxicomane, tu restes un ex-toxicomane ». Même lorsque la personne « a changé », elle continue d’être perçue de la même manière par les autres, on la soupçonne d’avoir « replongé » ou de risquer de « replonger », on ne lui « fait pas confiance, » on se méfie d’elle.
Dans les conduites addictives, il y a une dégradation physique très importante liée à la consommation de substances : dents noires, traits tirés, amaigrissement, nombreuses maladies somatiques graves (sida, hépatite…) et une négligence de l’apparence personnelle. La perception du toxicomane est celle d’un être aliéné, irresponsable, manipulateur, dépendant, il est identifié comme un vecteur de danger, comme la cause d’un « fléau social ».
Cette identité stigmatisée de l’usager de drogues lui est donnée de l’extérieur par le regard que les autres peuvent porter sur lui mais elle est également intériorisée. Tout ceci contribue à l’enfermer dans un statut de toxicomane, à multiplier les incompréhensions, le ressentiment et la violence à l’égard des institutions sociales, à s’auto-dévaloriser (par assimilation en soi de la stigmatisation), à accentuer le manque de confiance en soi, à devoir dénier une partie de soi (son histoire, son identité). La manière dont la personne est traitée par les autres affecte son image d’elle-même et la manière dont elle réagira.
Les anciens usagers sont toujours tenus de « faire la preuve… », « Montrer que… », Se « justifier » et répondre à de fortes exigences de la part du corps social, ce que peu d’entre nous accepteraient probablement de subir. La conséquence majeure d’un tel étiquetage est la difficulté pour l’individu de poursuivre des activités licites lorsqu’il choisira d’inaugurer une nouvelle trajectoire. L’effet de miroir du corps social sur ces personnes, et L’intériorisation de cette image négative renvoyée par le corps social rend difficile l’accès à une autre image que celle de « toxicomane ou « ex-toxicomane ».
L’estime de soi est la base sur laquelle on construit une image de soi. On peut la comparer aux fondations d’une maison. On aura beau peindre les murs, décorer les pièces, changer la fenestration, refaire la toiture, si les fondations ne sont pas assez solides, la maison risque à tout moment de s’effondrer ». L’estime de soi étant l’une des nourritures de l’action, le sujet trouvera ainsi plus facilement les moyens pour arriver à changer. Et si nous voulons que ce changement soit vraiment durable nous devons l’amener à se convaincre qu’il peut devenir le capitaine de sa barque en renforçant le sentiment de l’efficacité personnelle. De façon opérationnelle.
L’image de soi c’est le portrait qu’un individu donne quand on lui demande de se décrire. Pour l’évaluer, nous nous baserons sur l’estime de soi. L’estime de soi, n’est pas donnée ou acquise une fois pour toute. C’est une faculté animée et évolutive de notre personnalité, qui demande à être régulièrement alimentée. Deux terreaux nourriciers alimentent l’estime de soi : la reconnaissance sociale et le sentiment d’efficacité personnelle. Elle doit donc faire l’objet d’une attention particulière dans la prise en charge des troubles additifs dans le but de la reconstruire ou de la renforcer.
Un travail sur les schémas cognitifs et sur les émotions s’effectue en thérapie individuelle, tandis que sont proposés des groupes psychothérapeutiques d’affirmation de soi, d’orientation cognitive. Dans une approche fondée sur la recherche, les auteurs William Miller et Stephan Rollnick proposèrent une démarche différente de préparation du patient au changement : l’entretien motivationnel, ils le décrivent comme une « méthode de communication directive centrée sur le client, utilisée pour augmenter la motivation intrinsèque au changement, par l’exploration et la résolution de l’ambivalence »(Miller et Rollnik ,1991).
C’est donc dire que l’EM se penche sur le doute présent dans l’esprit de la personne qui désire changer ses habitudes de vie et recherche la façon de vaincre l’incertitude en trouvant des éléments de motivation qui lui sont propres et forts.
La prise en charge en EM pourrait permettre au patient en cure de sevrage et en période de post-sevrage de lui donner l’estime de soi que le comportement « d’addiction » et les problèmes qui lui sont inhérents lui ont fait perdre. Ce sujet vit non seulement l’humiliation de ses multiples tentatives d’arrêt avortées mais il subit en outre la pression de son entourage et la culpabilité qui s’en dégage. C’est pourquoi dans cette approche motivationnelle, il est si important de renforcer l’image de soi des personnes que l’on veut amener à agir pour changer afin d’en arriver à leur donner la maitrise de soi et de les remettre en contrôle de leur vie. . Notre problématique se pose donc ainsi : dans quelle mesure l’entretien motivationnel peut-il donc promouvoir au renforcement du sentiment d’efficacité personnelle et au développement d’une bonne estime de soi, donc d’une image de soi positive chez les personnes sous traitement de substitution aux opiacés?
B. OBJECTIF DE LA RECHERCHE
Cette présente recherche vise à évaluer l’efficacité de l’entretien motivationnel comme style d’intervention pour renforcer le sentiment d’efficacité personnelle et réhabiliter l’image de soi des personnes en cure de sevrage. Mais aussi évaluer l’évolution des scores de l’estime de soi après plusieurs entretiens (sur 3 mois) et repérer les effets bénéfiques perçus par les participants sur le plan psychologique, social et cognitif.
C. HYPOTHESES
Les hypothèses ont émergé suite aux différentes lectures auxquelles j’ai procédé pour aborder et construire mon thème de recherche.
Nous proposons donc l’hypothèse suivante : l’utilisation de l’entretien motivationnel lors de plusieurs sessions chez les personnes sous traitement de substitution aux opiacés améliorerait leur sentiment d’efficacité personnelle et leur image de soi.
Hypothèses opérationnelles :
- H1- L’EM peut aider le sujet à découvrir ses forces et à mettre en place des stratégies à mobiliser ses ressources internes et externes, faisant ainsi appel à des capacités cognitives et métacognitives.. Nous supposons que l’EM contribue à l’amélioration du sentiment d’efficacité personnelle du sujet.
- H2- L’EM peut aider le sujet à modifier ses croyances négatives quant à sa capacité à réaliser des performances particulières ce qui favorise l’amélioration de la motivation intrinsèque et le sentiment de compétences. Nous supposons que l’EM contribue à l’amélioration de l’estime de soi et la réhabilitation de l’image de soi.
IV. METHODOLOGIE
A. LIEU D’INVESTIGATION
Réalisée sur une période de deux mois (02), l’étude a été effectuée au sein du centre d’addictologie dans le pôle d’accompagnement social et de réduction de risque.
Le centre d’addictologie qui accueille des personnes dépendantes aux substances psychoactives conformément aux les critères diagnostiques du DSM V offre une pléiade d’intervention en groupe ou individuelle afin de cibler les personnes les plus vulnérables et d’ajuster la thérapie en fonction de leurs besoins et de leurs problématiques.
B. DEROULEMENT DU PROTOCOLE DE RECHERCHE
1. PRESENTATION DU PROJET ET CONDITIONS DE REALISATION
Une présentation du projet de recherche auprès du psychologue clinicien tuteur de mon stage a abouti à un accord préalable à la poursuite de ce projet qui a ensuite été soumis à toute l’équipe.
Les intervenants ayant pris connaissance du projet et des méthodes d’investigations prévues, ont accepté de participer à sa mise en place.
Avec les intervenants référents et le psychologue, nous nous sommes concertés sur la manière d’adresser la proposition de participation aux personnes concernées, puis un premier rendez-vous fixé avec ces derniers fut consacré à l’explication du projet de recherche et de conditions de rencontres : l’anonymat, la confidentialité( c’est pour cela que leurs noms et prénoms ainsi que les autres données qui auraient pu conduire à leur identification ont été modifiés), le droit d’accepter, de refuser ou d’interrompre le protocole en cours, l’invitation à échanger si des questions émergeaient pendant la période du déroulement du protocole.
Pour les patients intéressés, deux rendez-vous ont été organisés :
– un pour compléter un questionnaire sur le sentiment de l’efficacité personnelle
– un pour remplir le questionnaire de l’estime de soi.
Une salle était laissée à disposition pour les rencontres qui se déroulaient pendant les heures d’ouverture du centre.
Les sujets qui auront participé à l’ensemble des séances de l’EM rempliront les deux tests sus cités une deuxième fois, et ils répondront également à un entretien semi-dirigé sur les effets thérapeutiques de l’EM.
2. PARTICIPANTS
La sélection de l’échantillon a été faite à partir d’une population de sujets dépendants aux substances psychoactives, selon les critères diagnostiques du DSM V.
L’échantillon est composé de six hommes et quatre femmes, âgés entre 24 et 50 ans, suivis en ambulatoire au centre d’addictologie pour une cure de sevrage à la méthadone et qui ont commencé la thérapie pendant mon stage.
C’est à partir d’une concertation avec l’équipe que nous avons établi la liste des patients
a) Les critères d’inclusion :
– Personnes dépendantes aux substances psychoactives qui bénéficient de soins et d’accompagnement social en centre d’addictologie.
– Personnes qui ne présentent aucun trouble psychotique (schizophrénie…)
– Personnes qui expriment le souhait de s’engager dans cette recherche et qui donnent leur consentement éclairé par écrit pour participer à ce protocole.
b) Les critères d’exclusion :
– Absence de consentement
– Personnes souffrant d’une psychose ou autre(le diagnostic des comorbidités psychiatriques a été effectué par l’équipe médicale).
– Capacité de lecture inférieure au niveau de 6e année du primaire
– Personnes qui pour des raisons diverses, n’étaient pas présentes au centre pendant la période de recherche ou absentes.
3. PRESENTATION DU MATERIEL UTILISE
Les outils utilisés sont :
– l’échelle d’estime de soi de Rosenberg
– l’échelle de Schwarzer du sentiment de l’efficacité personnelle
– un guide d’entretien semi-directif
Les scores d’estime de soi et du sentiment d’efficacité personnelle ont été calculés avant et après l’entretien motivationnel.
Après l’entretien motivationnel, l’entretien semi-directif a été effectué individuellement.
Dans les deux approches, l’équilibre est maintenu entre l’empathie et l’orientation vers un objectif.
L’esprit est centré sur le partenariat, le non jugement, l’empathie et l’évocation.
Pour l’intervention, le programme comprenait 12 séance de 45 minutes (aucune pause), réparties sur deux mois à raison de deux séances par semaine le premier mois, puis une séance par semaine le deuxième mois.
Notre recherche respecte les principales étapes de l’EM qui est conçu en quatre phases :
- Phase 1 : L’engagement dans la relation (l’établissement d’une fondée sur la confiance mutuelle et sur une aide respectueuse»1
- Phase 2 : La focalisation (le choix des thèmes qui seront abordés par le patient).
- Phase 3 : L’évocation (il s’agit de susciter le discours-changement et amener la personne à verbaliser ses propres arguments et motivation à changer).
- Phase 4 : La planification (formuler un plan d’action).
a) MESURE DE L’ESTIME DE SOI : ECHELLE DE ROSENBERG
Rosenberg […] voit l’estime de soi comme un indicateur d’acceptation, de tolérance et de satisfaction personnelle à l’égard de soi, en excluant des sentiments de supériorité et de perfection. L’échelle de Rosenberg a suscité l’intérêt de nombreux chercheurs et a fait l’objet d’une validation française, conçue en 1965 par Morris Rosenberg demeure le test le plus utilisé dans la recherche en psychologie pour mesurer le niveau global d’estime de soi. Elle est constituée de 10 items dont 5 évaluent l’estime de soi positive et 5 l’estime de soi négative.
La réponse varie selon une échelle de type Likert en quatre points allant de fortement en accord(1) à fortement en désaccord(4).
Trois catégories de résultats :
- Les personnes qui se sous estiment
- Les personnes qui se sur estiment
- Les personnes dans la moyenne
Pour obtenir le score d’un sujet, on ajoute les notes données par le sujet aux items d’estime de soi forte.
En ce qui concerne les items d’estime de soi faible, il est nécessaire d’inverser l’échelle.
La moyenne est de 30.22 avec une déviance standard de 3.96.
b) MESURE DU SENTIMENT DE L’EFFICACITE PERSONNELLE : ECHELLE DE SCHWARZER.
L’échelle de mesure du sentiments de l’efficacité personnelle (SEP) développée par Schwarzer et collaborateurs[…] à l’université de Berlin, mesure les croyances en ses capacités d’atteindre des buts et de faire face aux diverses situations qui peuvent survenir.
Cet instrument en 10 items offre des qualités psychométriques satisfaisantes. La réponse varie selon une échelle de type Likert en quatre points allant de « pas du tout vrai » à « totalement vrai ».
c) ENTRETIEN SEMI-DIRECTIF
L’entretien semi-directif est une technique qualitative de recueil d’informations. Elle permet de centrer le discours des personnes autour de thèmes définis préalablement dans un guide d’entretien, permettant de garder une ligne conductrice.
Ce guide constitue un bon outil d’enquête, car en plus des questions principales, nous avons pu quelque fois nous aider de questions de relances précisant certaines idées évoquées.
Nous nous sommes servi de ces questions dans un ordre aléatoire selon le fil de la conversation qui s’est établie avec la personne interviewée, évitant ainsi le risque du hors sujet.
Le guide d’entretien détaillé en annexe a été construit sur la base de ma problématique de recherche et de mes observations du terrain et se décompose en quatre parties (l’EM, l’estime de soi, le sentiment d’efficacité personnelle et les apports et bénéfices perçus de l’EM).
Cette chronologie permet d’appréhender la trajectoire des sujets avant d’intégrer le dispositif, puis d’évoquer les EM dans leur globalité, et enfin de questionner plus précisément le sujet sur ce que l’EM lui apporte en termes de qualité de vie, sur son sentiment d’efficacité personnelle et son estime de soi.
Seule la prise de note constitue la retranscription de l’intégralité des entretiens semi-directifs pour ne pas « briser » la spontanéité de l’entretien.
Cette méthode permet de rendre compte de la complexité du réel, là, où bien souvent l’enquête quantitative en dresse un portrait simplifie.
C. METHODE D’ANALYSE DES RESULTATS
1. Analyse quantitative
L’analyse des données issues des tests de l’estime de soi et du sentiment de l’efficacité personnelle a été réalisée et les résultats sont présentés dans un tableau récapitulatif comprenant les moyennes des scores obtenus aux échelles d’évaluation du sentiment de l’efficacité personnelle et de l’estime de soi sur deux périodes temporelles distinctes (temps1 et temps2).
La moyenne des scores avec les écarts-types obtenus avant et après l’entretien motivationnel pour les différentes mesures (estime de soi, efficacité personnelle) ont été calculées sur excel puis comparées avec le test de Student afin de montrer ou non la présence de différence significative entre les deux périodes temporelles.
Le test de Student est un test paramétrique qui repose sur des comparaisons de moyennes. En effet, il est utilisé pour comparer deux échantillons indépendants et/ou appariés outre le fait qu’il concerne des données quantitatives, mesurées sur une échelle d’intervalle ou de rapport.
2. Analyse qualitative
Une analyse thématique des contenus des transcriptions des entretiens semi-directifs a été réalisée. Il s’agit d’un processus itératif, progressif, au cours duquel des thèmes décrivant au mieux les propos des interviewés sont choisis.
Les entretiens semi-directifs ont été traités par l’analyse thématique manuelle.
Les retranscriptions des différentes étapes de l’analyse thématique seront présentées en annexe.
L’analyse thématique permet de déterminer les thèmes développés dans le discours. Le but de cette analyse est de repérer les unités sémantiques qui constituent l’univers du discours. Ce travail a nécessité plusieurs et relectures. Pour réaliser cette tâche, on procède en trois étapes:
– Dans une première étape, la détermination des unités significatives qui ont été répertoriées dans un tableau. Les discours hors contexte et hors sujets ne sont pas retranscrits (Andreani, Conchon ,2005).
– La deuxième étape consiste à mener une première analyse au niveau individuel en se référant aux thèmes pertinents ayant fait l’objet de notre recherche et catégories sous tendus.
– Elaboration d’une synthèse thématique reprenant les thèmes du guide ainsi que les autres dimensions abordées spontanément par les sujets et, qui s’avèrent être pertinentes au regard de la problématique de recherche. Cette dernière étape d’analyse du matériel discursif figure dans la partie « résultats ».
V. RESULTATS ET DISCUSSION
A. RESULTATS
1. Estime de soi avant et après l’EM
Patients | Temps 1 | Temps 2 | Différence |
1 | 30 | 30 | 0 |
2 | 22 | 27 | 5 |
3 | 17 | 22 | 5 |
4 | 28 | 32 | 4 |
5 | 20 | 22 | 2 |
6 | 27 | 26 | -1 |
7 | 25 | 29 | 4 |
8 | 26 | 26 | 0 |
9 | 23 | 23 | 0 |
10 | 27 | 34 | 7 |
Moyenne | 24.5 | 27.1 | 2.6 |
Ecart-type | 3,9791 | 4,1486 | 1,695 |
Groupe | Taille | Moyenne | Ecart-type |
Groupe 1 | 10 | 24.5 | 3.9791 |
Groupe 2 | 10 | 27.1 | 4.1486 |
t | df | p-value | Intervalle de confiance, 95% |
-2.9824 | 9 | 0.01539 | [-4.5721, -0.6279] |
Les résultats avant l’entretien motivationnel montrent que près de la moitié des patients ont une très faible estime de soi, et le reste des patients ont une faible estime de soi :
– 60% faible estime de soi
– 40% très faible estime de soi.
Les résultats après l’entretien motivationnel montrent que la moitié des patients ont une faible estime de soi, une minorité a une estime de soi dans la moyenne et moins de la moitié ont une très faible estime de soi :
– très faible estime de soi : 30%
– faible estime de soi : 50%
– estime de soi dans la moyenne : 20%
2. Sentiment d’efficacité personnelle avant et après EM
Patients | période 1 | période 2 | Différence |
1 | 20 | 23 | 3 |
2 | 25 | 27 | 2 |
3 | 15 | 21 | 6 |
4 | 14 | 20 | 6 |
5 | 25 | 27 | 2 |
6 | 18 | 18 | 0 |
7 | 17 | 25 | 8 |
8 | 28 | 28 | 0 |
9 | 15 | 15 | 0 |
10 | 18 | 25 | 7 |
Moyenne | 19.5 | 22.9 | 3.4 |
Ecart-type | 4.88194 | 4.30633 | -0.575613409 |
Groupe | Taille | Moyenne | Ecart-type |
Groupe 1 | 10 | 19.5 | 4.8819 |
Groupe 2 | 10 | 22.9 | 4.3063 |
t | df | p-value | Intervalle de confiance, 95% |
-3.4701 | 9 | 0.007048 | [-5.6165, -1.1835] |
Avant l’entretien motivationnel, la moyenne des scores des patients est de 19.5, ce qui traduit le fait que les patients sont plutôt en désaccord par rapport à leur sentiment d’efficacité personnelle.
Après l’entretien motivationnel, la moyenne des scores des patients passe de manière significative (p value= 0,007048) à 22.9 qui traduit le fait que les patients sont plutôt en accord avec leur sentiment d’efficacité personnelle.
Une homogénéité de l’échantillon est ici constatée avec les écart-types de 4.30 et 4.88 que ce soit avant ou après l’entretien motivationnel.
3. Tableau de comparaison des moyennes entre t1 et t2
T1 | T2 | Différences |
P value |
||||
ECHELLE | Moyenne | Ecart-type | Moyenne | Ecart-type | Moyenne | Ecart-type | p value |
Echelle de l’efficacité personnelle* | 19.5 | 4.88194 | 22.9 | 4.30633 | 3.4 | -0.575 | 0.007048 |
Echelle de l’estime de soi* | 24.5 | 3,9791 | 27.1 | 4.14863 | 2.6 | 1,695 | 0.01539 |
*p ≤ à 0,05
Les valeurs de p sont toutes p ≤ à 0,05 que ce soit pour l’échelle de sentiment d’efficacité personnelle que pour l’échelle de l’estime de soi. Cela signifie qu’il y a une différence significative entre les scores obtenus avant et après l’EM.
B. DISCUSSION
La résolution d’un problème passe par six (06) phases psychologiques selon J. Prochaska et C-C. DI Clemente avant d’aboutir au changement[39] :
- Le stade de pré-contemplation ou de pré-intention, selon les traductions qui correspond à l’état de déni de la personne. Le problème n’est pas encore identifié ou qu’il n’est pas vraiment considéré comme tel par la personne.
- Le stade de contemplation ou d’intention qui est caractérisée par l’ambivalence. En effet, la personne est plus ou moins consciente de son problème mais ressent de l’hésitation face au changement.
- Le stade de détermination ou de préparation correspond au stade ou la personne veut changer le comportement car elle est pleinement consciente de la nuisibilité de celui-ci pour elle. L’action vers le changement commence véritablement à ce stade bien qu’il y ait un risque de retour au stade de contemplation et possibilité de passer au stade d’action.
- Le stade d’action reflète ici le changement qui devient effectif
- Le stade de maintien d’action de ou consolidation qui correspond à l’installation du changement dans la durée
- Le stade de rechute équivaut à un changement de décision et est souvent subséquente à la présence de l’ambivalence.
Le processus de changement n’est pas linéaire car les étapes ont des durées variables et des cas de retours à des stades antérieurs peuvent arriver.
Compte tenu de ces stades de changement, l’entretien motivationnel va alors proposer des interventions adaptées aux patients par le biais d’un « processus de maturation de la motivation » afin que ces derniers participent activement dans leurs traitements. D’ailleurs, l’objectif de l’entretien motivationnel consiste en la progression du patient à travers les stades de changement jusqu’à ce que ses problèmes soient résolus[40].
Le processus du changement est ardu notamment lorsqu’il est question de changement de comportement dysfonctionnel compte tenu des rechutes et de renouement. Ce qui implique la nécessité de tenir compte de chaque stade de changement qui sera évalué et réévalue de manière régulière à travers un entretien individuel pour pouvoir adapter l’intervention thérapeutique au fur et à mesure de l’évolution du patient.
Bandura affirme que la construction du sentiment d’efficacité personnelle s’effectue à partir de[41] :
– expériences actives de maîtrise
– expériences vicariantes
– persuasion verbale
– états physiologiques et émotionnels.
Comme l’entretien motivationnel est une méthode directive qui est centrée sur le patient dans le but d’augmenter sa motivation intrinsèque vers le changement en l’aidant à explorer et à résoudre son ambivalence. Il prend en compte les étapes de construction du sentiment d’efficacité personnelle étant donné le style relationnel et l’état d’esprit qui est adopté pour aider le patient à envisager, à réaliser, puis à poursuivre le changement dans son comportement vis-à-vis de l’addiction du patient.
D’ailleurs, les résultats obtenus sur le sentiment d’efficacité personnelle confirme l’hypothèse principale de ce travail qui est : « l’utilisation de l’entretien motivationnel lors de plusieurs sessions chez les personnes sous traitement de substitution aux opiacés améliorerait leur sentiment d’efficacité personnelle ».
En effet, avant l’entretien motivationnel, la moyenne des scores des patients est de 19.5, ce qui traduit le fait que les patients sont plutôt en désaccord par rapport à leur sentiment d’efficacité personnelle. Après l’entretien motivationnel, la moyenne des scores des patients passe de manière significative (p= 0,007047539) à 22.9 qui traduit le fait que les patients sont plutôt en accord avec leur sentiment d’efficacité personnelle.
Une homogénéité de l’échantillon est ici constatée avec les écart-types de 4.30 et 4.88 que ce soit avant ou après l’entretien motivationnel.
De ce fait, l’entretien motivationnel contribue à l’amélioration du sentiment d’efficacité personnelle du sujet.
La motivation pour le changement est synonyme de confiance en soi, confiance à l’intérieur de l’individu qui le guide et le pousse à avoir des réactions spécifiques et à agir de manière particulière selon les facteurs en cause.
Le Soi d’un individu le motive ainsi :
-« pour le maintenir, le rehausser, motivation d’estime de soi qui consiste à se considérer de façon favorable et à agir en conséquence »[42]
-« pour le concevoir comme efficace, motivation d’efficacité personnelle, sentiment de compétences (self-efficacy), qui consiste à se percevoir comme l’agent causal de la gestion de soi (agency) »[43]
-« pour se sentir authentique, motivation d’authenticité qui renvoie à l’individu, à la recherche de sens et de consistance, par un comportement en cohérence avec la situation en cause, à d’autres moments dans le temps et dans d’autres circonstances »[44]. « Il y a sentiment d’adéquation entre les ambitions personnelles et les réalisations »[45].
D’après Bob Price (1998), le corps se définit par l’ensemble du corps réel, du corps idéal et de l’apparence qui reflète l’image du corps aux autres.
Le corps réel comme son nom l’indique est le corps comme il est, à l’instant réel, tel qu’il existe, assujetti par l’hérédité et modulé par le temps, le milieu.
L’addiction impacte fondamentalement le corps réel et amène un regard réaliste et une prise de conscience assez dure des limites du corps, perturbant gravement l’image corporelle.
L’image corporelle est selon Paul Schilder (2001), « l’image de notre propre corps que nous formons dans notre esprit, autrement dit, la façon dont notre corps nous apparaît à nous même ».
Comme l’image corporelle est donc la résultante à la fois consciente et inconsciente de l’image projetée vis-à-vis du corps qui englobe toutes les perceptions passées et présentes, la valorisation utilisée dans l’entretien motivationnel est un outil de communication qui permet l’émergence du « discours-changement » et par voie de conséquences l’aboutissement au changement.
Pour l’image de soi des patients, les résultats confirment également l’hypothèse principale qui est « l’utilisation de l’entretien motivationnel lors de plusieurs sessions chez les personnes sous traitement de substitution aux opiacés améliorerait leur image de soi ».
Incontestablement, l’estime de soi de la majorité (40%) des patients était très faible avant l’entretien motivationnel, alors que certains patients ont obtenu une estime de soi dans la moyenne (20%), faible estime de soi (50%) et très faible estime de soi (30%) après l’entretien motivationnel.
Ainsi, l’entretien motivationnel contribue à l’amélioration de l’estime de soi et la réhabilitation de l’image de soi.
De plus, diverses études ont mis en évidence l’efficacité de l’entretien motivationnel depuis la parution de son manuel de référence réalisé par Miller et Rollnick en 1991[46]. Ces études qui se sont basées sur des adaptations de l’entretien motivationnel par usage du « style motivationnel » ont surtout portées sur la prise en charge de problèmes alcooliques et de toxicomanie. Les résultats ont montré que les effets positifs étaient maintenus dans le temps. En outre, des interventions de style motivationnel, même sur une courte durée, engendraient des effets semblables à des interventions qui s’étalent plus sur le temps[47].
Les résultats des entretiens semi-directifs montrent une évolution globale des thématiques présentes dans les entretiens avant et après l’entretien motivationnel.
Les entretiens avant l’entretien motivationnel sont marqués par des valences négatives des thématiques relatives à l’image de soi (croyances négatives quant à sa capacité à réaliser des performances particulières, manque de motivation intrinsèque, faible sentiment de compétence) et au sentiment de l’efficacité personnelle (la méconnaissance de ses forces, absence de stratégies à mobiliser ses ressources internes et externes).
Les thématiques abordées après l’entretien motivationnel sont majoritairement de valence positive. Cela s’observe au niveau des propos de patients:
– Les propos des patients sur l’apport de l’EM: Les commentaires de huit sujets sur dix (8/10) ont été positifs sur les bienfaits de l’EM. « J’ai le sentiment d’être prêt à tout faire ». » J’ai pu mener un combat pour changer mes habitudes ». « J’ai pris conscience de mon potentiel caché, comment ai-je pu passer à coté du meilleur de moi toutes ces années? ».
– l’image de soi: 6/10 ont considéré que l’EM a contribué à l’amélioration de leur estime de soi, il les a aidés à avoir une image de soi positive. « J’ai pris conscience qu’un autre regard sur soi-même est possible ». « Je ne me considère plus un bon à rien, je me vois à présent capable de parvenir à réaliser mes objectifs. »
–Les croyances négatives: 5/10 ont pu surmonter l’obstacle de croyances négatives qui contribuait au manque de confiance en leur capacité de réussir. Et ils ont déclaré qu’ils se sont améliorés et qu’ils ont poussé plus loin leurs performances. « j’ai pu me débarrasser des croyances qui me limitent, on en prenant conscience » quelle croyance m’empêche de faire cela? le faire me rendrait-il heureux allez je tente ma chance. OK la croyance était erronée, en voici une nouvelle qui me correspond mieux ». » La discipline ou je réalise les meilleures performances est réellement le football ». » Je me sens confiant quant à ma capacité à réussir dans mon nouveau travail ».
– La motivation intrinsèque: 5/10 des patients déclarent pouvoir affronter les obstacles, avec la conviction qu’ils sont tout à fait capables de les vaincre. « Je veux reprendre mes études pour acquérir de nouvelles compétences et apprendre de nouvelles choses ». « Je suis plus créatif dans mon travail car je le trouve intéressant et stimulant ».
– Sentiment de compétence: 6/10 déclarent qu’ils ont développé de nouvelles compétences.
– Découvrir ses forces: 4/10 déclarent qu’ils ont eu une prise de conscience au regard de leurs forces et de leurs faiblesses. « J’ai pris conscience de mes défauts et mes faiblesses .Je suis fier de ce que je suis en totalité. De plus si je cache mes faiblesses, je ne pourrai jamais les travailler pour en faire des forces.
– Mobilisation des ressources internes et externes: 5/10 déclarent avoir pris conscience de leurs ressources et de leurs capacités à les utiliser. « Malgré les difficultés que je rencontre pour le moment, je ne baisse pas les bras ». »
– Le sentiment d’efficacité personnelle:5/10 déclarent avoir développé un bon sentiment d’efficacité personnelle. » J’ai confiance en ma capacité à pouvoir faire face aux difficultés ». » Je me sens confiant quant à ma capacité de pouvoir faire ce que je veux vraiment et gagner ma vie ».- Enfin, seuls deux patients ont eu une position plus ou moins neutre vis-à-vis de l’atelier de l’EM.
Ainsi, il apparaît que l’EM :
- peut aider le sujet à découvrir ses forces et à mettre en place des stratégies à mobiliser ses ressources internes et externes, faisant ainsi appel à des capacités cognitives et métacognitives.
- peut aider le sujet à modifier ses croyances négatives quant à sa capacité à réaliser des performances particulières ce qui favorise l’amélioration de la motivation intrinsèque et le sentiment de compétences.
L’entretien motivationnel offre des perspectives d’application pour faire face aux addictions, aux dépendances qui peuvent être liées à la consommation de produits ou encore reliées à des comportements comme les troubles des conduites alimentaires, l’addiction aux jeux…
L’entretien motivationnel est ainsi un modèle qui peut s’appliquer à de nombreuses problématiques, rendant ainsi son champ d’intervention plus étendu du moment où le changement de comportement est mis en cause.
VI. CONCLUSION
A la fin de ce travail, il apparaît que l’entretien motivationnel promeut le renforcement du sentiment d’efficacité personnelle et au développement d’une bonne estime de soi. Effectivement, les résultats obtenus mettent en évidence l’amélioration du sentiment d’efficacité personnelle du sujet ainsi qu’à l’amélioration de l’estime de soi et la réhabilitation de l’image de soi.
De plus, une évolution globale des thématiques présentes dans les entretiens avant et après l’entretien motivationnel a été constatée, notamment une valence positive des thématiques abordées après l’entretien motivationnel.
Incontestablement, l’entretien motivationnel, à travers sa manière d’être, permet la stimulation du processus de prise de décision avant le changement du comportement. En d’autres termes, il permet de faire prendre conscience au patient de la réalité du problème afin que celui-ci entreprenne le processus de changement pour y remédier.
Il s’avère ainsi que l’entretien motivationnel offre des perspectives d’application pour faire face aux addictions en aidant le sujet à mobiliser ses forces et ressources externes et internes à travers la sensibilisation des capacités cognitives et métacognitives. De surcroît, l’amélioration de la motivation intrinsèque et du sentiment de compétences sont également constatés à travers la modification des croyances négatives par rapport à sa capacité en la réalisation de performances.
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VIII. ANNEXES
Annexe I : Ecosystème de la conduite addictive ou le modèle bio-psycho-social selon Claude Olievenstein.
Annexe II : Stades du changement : modèle de Prochaska et DiClemente
[1] DE QUINCEY T., « Confessions d’un mangeur d’opium anglais ». Paris : Gallimard
- 1990. 398 pages, (L’imaginaire).
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[5] Jendoubi, V. Op.Cit
[6] André C. et Lelord F., « L’estime de soi – S’aimer pour mieux vivre avec les autres », Odile Jacob
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[7] André C. et Lelord F., « L’estime de soi – S’aimer pour mieux vivre avec les autres », Odile Jacob
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[8] Rosenberg, M. (1979). Conceiving the self. NY: Basic Books.
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[19] S. Ferenczi, Traumatisme et aspiration à la guérison (1930) (O.C, p. 279).
[20] Il y a toujours une unité qui implique continuellement le corps
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[29] BANDURA, A., ROSS, D. & ROSS, S., 1961, “Transmission of aggression through imitation of aggressive models”, Journal of Abnormal and Social Psychology, nº 63, p. 575-582.
[30]Sandor Ferenczi. Le Traumatisme, Petit bibliothèque Payot, 2006, Paris- p. 40
[31] Lettre Ferenczi à Freud du 14 février 1924 n° 947
[32] OLIEVENSTEIN. C, La vie du toxicomane, p.29.
[33] OLIEVENSTEIN. C, La vie du toxicomane, p. 121.
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