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AUGMENTER L’ATTRACTIVITÉ DE LA DESTINATION FRANCE AUPRÈS DES TOURISTES CHINOIS

 

 

 

 

 

 

 

 

MEMOIRE

En vue de l’obtention du diplôme

 

 

 

CYCLE MASTER

2013 – 2017

 

AUGMENTER L’ATTRACTIVITÉ DE LA DESTINATION FRANCE AUPRÈS DES TOURISTES CHINOIS

 

MÉMOIRE ACADÉMIQUE

Par :

 

 

JURY :

 

 

 

Juin 2017

Sommaire

 

 

Introduction (1 à 3 pages)

 

Cette étude explore le potentiel de la frange chinoise de la clientèle pour l’industrie touristique de la France, en se basant sur une recherche extensive, mais également sur des entretiens effectués auprès de professionnels du secteur.

Il est à noter que dans cette étude, la Chine est entendue comme la Chine continentale ou Mainland China, excluant Hong-Kong, Macao et Taiwan, mais incluant Hainan.

Les touristes chinois pris en compte dans le cadre de l’étude sont ceux voyageant sur de longues distances, par destination long-courrier, ie les destinations nécessitant plus de six heures de vol.

Enfin, le sujet de cette étude portera sur le point de vue des acteurs privés, et non sur le secteur public. Ainsi, nous analyserons ce qu’il en est actuellement de la situation pour le secteur privé, les opportunités qui se présentent à lui mais aussi les solutions ou directions qu’il pourrait suivre pour attirer davantage cette frange de la clientèle touristique.

Les résultats indiquent que les moyens mis en œuvre à ce jour pour attirer cette clientèle, prometteuse et en plein boom, sont encore largement insuffisants à ce jour. Ils sont insuffisants non pas par manque, mais parce que la démographie de la clientèle touristique chinoise en France a énormément changé. Le cliché des touristes chinois voyageant en groupe pour des visites éclairs est en train de se dissoudre, pour laisser la place à des profils de touristes chinois divers, mais toujours hautement intéressants, à cause du budget que les touristes chinois allouent à leurs voyages à l’étranger.

Ce mémoire débutera par une mise en contexte du sujet, avec un rappel des définitions du tourisme, et une analyse du marché chinois, en particulier dans le contexte du tourisme chinois qui y est en pleine mutation.

Nous verrons par la suite la place de la France dans le tourisme mondial, son histoire, ses atouts mais aussi ses faiblesses. Nous verrons également différents aspects de la relation Chine-France, et en particulier son aspect touristique en France.

Pour finir, nous évaluerons le potentiel de la France en tant que destination touristique pour les chinois, et nous mettrons l’accent sur les points à améliorer afin d’attirer davantage d’individus de cette clientèle touristique.

Etat de l’art (25 pages)

      I.       Mise en contexte : l’explosion du tourisme international chinois

1.      Rappel : définitions du tourisme

a.    Bref historique du secteur

b.    Définitions actuelles du tourisme

c.    Un secteur en transformation constante

2.      Le marché chinois : une économie en plein boom

a. Les caractéristiques de la nouvelle Chine

b. La classe moyenne chinoise : caractéristiques et importance

c. La classe moyenne : tournant décisif pour le futur de la Chine

3.      Le tourisme chinois

a.    L’essor du tourisme en Chine

b.    Le tourisme international

c.    Les chinois à destination de l’Europe

 

   II.       La France, première destination touristique mondiale

1.      Le tourisme en France

a.    Bref historique

b.    Les acteurs clés du secteur

c.    Qui sont les touristes en France ?

2.      Les atouts de la France

a.    Tourisme de nature

b.    Tourisme culturel

c.    Un tourisme particulier et une destination de prestige

3.      Une destination sur le déclin ?

a.    Des touristes non satisfaits

b.    Une concurrence qui s’intensifie

c.    Une culture du tourisme absente

 

III.       Pourquoi la France doit miser sur le tourisme chinois ?

1.      La Chine et la France

a.    Une histoire de longue date

b.    Relations géopolitiques

c.    La passion des chinois pour la France

2.      Le tourisme chinois en France

a.    Les chiffres clés

b.    Le(s) profil(s)-type du touriste chinois

c.    Les pratiques des touristes chinois

3.      Un potentiel pour les années à venir, sous conditions

a.    De bonnes prévisions pour l’avenir du tourisme chinois en France

b.    Si celle-ci parvient à attirer la clientèle

c.    Et à améliorer l’expérience client

 

 

 

 

 

 

 

 

I. Mise en contexte : l’explosion du tourisme international chinois

1. Rappel : définitions du tourisme

a. Bref historique du secteur

 

Bien que le voyage ait été une activité pratiquée par les Hommes depuis la nuit des

temps, on peut dire que le tourisme moderne, tel que nous le connaissons aujourd’hui, n’a réellement vu le jour que vers la fin du 19ème siècle[1].

 

L’humanité s’est effectivement sédentarisée depuis des siècles, mais elle a continué à se déplacer, pour trouver de la nourriture, pour échapper aux dangers ou encore pour établir des liens commerciaux.

 

L’établissement de villes le long des fleuves a contribué au développement des transports sur l’eau. Durant l’époque antique, les Grecs acceptaient les devises étrangères, ce qui a facilité le passage d’étrangers dans leur territoire, et leur langue s’étant largement répandue dans la Méditerranée, les mouvements de personnes et de marchandises dans la zone en ont été d’autant plus facilités.

Les Romains, quant à eux disposaient non seulement de systèmes de routes, de transports et de communications développés, mais aussi d’une classe moyenne grecque qui avait le temps et l’argent nécessaires pour entreprendre des voyages.

Les voyages du temps des grands explorateurs ne peuvent être considérés comme touristiques car ils s’inscrivent dans une politique expansionniste et impérialiste, mais une activité qui ressemblait à une forme particulière du tourisme y a néanmoins vu le jour par la suite.

 

Au XVIIIème siècle, l’ancêtre des voyages tels qu’on les connaît a fait son apparition, à travers la mise en place d’un tour des villes les plus importantes d’Europe pour les futurs « grands » d’Angleterre, et à ce moment-là, l’Italie était la capitale intellectuelle de l’Europe, marquant les débuts des voyages internationaux organisés.

Cette activité est réservée à l’élite aristocratique, et la très connue Promenade des Anglais tire d’ailleurs son nom de ce phénomène car sa visite s’inscrit dans le programme du “Grand Tour”. C’est un véritable voyage initiatique, d’une durée d’un an, qui faisait traverser l’Europe à de jeunes aristocrates anglais. Hormis le côté récréatif du tourisme qu’on lui connaît aujourd’hui, ce Grand Tour permettra à ces jeunes aristocrates de rencontrer les personnes influentes d’Europe et de faire du lobbying auprès d’eux.

 

 

L’histoire du tourisme moderne commence en Angleterre, avec le fameux Thomas Cook[2]. Né en 1805 à Melbourne, en Angleterre, il grandit et travaille dans une époque où la majorité de la force de travail subit un rythme effréné et ne connait pas, ou peu, la notion de repos prolongé.

Tout au long de sa vie, et de par les nombreuses professions qu’il a été amené à exercer, Thomas Cook a observé ses contemporains, et a fini par condamner leur consommation d’alcool, qu’il jugeait excessive et surtout néfaste à leur propre développement. Ce n’est que naturellement qu’il a adopté les valeurs de la prohibition.

Et c’est dans la prolongation de cette prohibition que Cook fait ses débuts en tant qu’organisateur de voyages: en facilitant le déplacement, la restauration et l’amusement de personnes souhaitant se rendre à une réunion pour la promotion de ses valeurs. Il organise son premier voyage “à but lucratif” en 1845, vers l’Ecosse, et graduellement ses services prennent de l’ampleur: il organise le trajet et l’hébergement de plus de 150 000 personnes, en prévision de la tenue de l’Exposition Universelle organisée par le Prince Albert Thomas, pendant 6 mois.

Petit à petit, Cook élargit son domaine d’action, et sa capacité à organiser des voyages aussi complexes pour l’époque font sa renommée tant chez la royauté qu’à l’Armée, en passant par d’autres personnalités remarquables. Bientôt, ses services s’étendent dans toute l’Europe mais aussi vers l’Amérique du Nord, et il organise le premier tour du monde peu après.

Cook n’a pas été le premier à avoir l’idée d’organiser des voyages, mais ce qui a fait son succès est qu’il a organisé le tourisme de manière systématique, mais surtout qu’il a donné l’opportunité aux strates les plus modestes de la société de voyager. Il invente les coupons d’hôtels en 1868 et le chèque voyage en 1874. Au XXème siècle, Thomas Cook & Son est le leader mondial du tourisme, et il représente l’ancêtre des agences de voyages et des tour-opérateurs et a créé le prototype du produit touristique commercialisable.

 

Il est à noter qu’avant les actions de Cook, un évènement ayant également contribué au développement du tourisme moderne est la publication des guides de voyage Baedeker. Ce sont tout d’abord des traductions en allemand des guides anglais Murray, portant sur des voyages sur le Rhin. Forts de leur succès, viennent par la suite des éditions sur les États-Unis et sur les pays d’Europe, plus tard disponibles en français et en anglais. L’authenticité de leurs informations et leurs mise-à-jour régulières leur vaudra alors une renommée internationale. Ils seront d’ailleurs utilisés par les armées de l’air allemande et britannique durant la Seconde Guerre Mondiale.

 

C’est également grâce aux initiatives de Cook que le paysage touristique a commencé à se développer, tout d’abord en Angleterre, où sont apparues les stations balnéaires, thermales et de montagne vers les années 1850. Ce phénomène s’étend en France, sur le littoral, et le tourisme de montagne se développe par la suite, surtout grâce aux sociétés privées ayant pour volonté de valoriser leurs régions.

 

 

En Angleterre, la révolution industrielle coïncide avec la naissance du tourisme moderne, et se fait en même temps qu’une modification des mœurs populaires.

La première ligne ferroviaire régulière voit le jour en 1830, grâce à l’ingénieur Georges Stephenson, et elle relie Liverpool à Manchester. Cette ligne permet non seulement le transport de charbon, mais également de personnes. C’est le point de départ du développement des grandes lignes ferroviaires du monde et du tourisme moderne.

 

 

Ainsi, le tourisme passe d’une activité aristocratique, bourgeoise et élitiste à une activité de masse et populaire. C’est pour cette raison que, jusqu’à la fin du XIXème siècle, le tourisme est considéré comme une activité superficielle, vulgaire et potentiellement dangereuse dans les écrits. Ce n’est qu’au XXème siècle, avec les développements phénoménaux que le monde a connu globalement, que le potentiel du tourisme en tant que véritable industrie a été reconnu, et qu’il a commencé à faire l’objet de recherches et d’études approfondies.

De nos jours, le tourisme a subi de nouvelles mutations, et de nos jours, son évolution la plus remarquable va de pair avec le développement numérique et technologique contemporain.

 

b. Définitions actuelles du tourisme

 

Le tourisme est généralement perçu comme l’action de voyager dans un lieu autre que celui de résidence. II est également défini comme opération et l’organisation commerciale de vacances et de visites dans des lieux d’intérêt.

Néanmoins, tout voyage ne signifie pas nécessairement tourisme.

 

Il est défini par l’Organisation Mondiale du Tourisme des Nations Unies[3] comme suit “un phénomène social, culturel et économique qui implique le déplacement de personnes vers des pays ou des endroits situés en dehors de leur environnement habituel à des fins personnelles ou professionnelles ou pour affaires. Ces personnes sont appelées des visiteurs (et peuvent être des touristes ou des excursionnistes, des résidents ou des non-résidents) et le tourisme se rapporte à leurs activités, qui supposent pour certaines des dépenses touristiques”.

 

Aucun consensus sur la définition de ce phénomène n’a, pour le moment, été atteint, mais la version occidentale la plus répandue s’entend sur celle de Macintosh et Goeldner, et elle définit le tourisme en termes génériques, puis économiques comme suit: (Traduction libre)

 

(1) “La totalité de l’industrie mondiale du voyage, des hôtels, des transports, et de tous les autres composants, dont la promotion, servant les besoin et désirs des voyageurs. Aujourd’hui, le tourisme a gagné davantage de sens et est généralement perçu comme un terme économique se référant à une industrie”.

(2) “Au sein d’une nation (subdivision politique ou zone économique de nations contiguës centrées autour des transports), la somme total des dépenses touristiques à l’intérieur des frontières fait référence au tourisme national ou à l’industrie touristique, et est ainsi classée avec les autres industries nationales.

Plus important encore que la valeur monétaire totale produite par le tourisme est le rôle qu’il joue dans la balance du commerce. Ici, les revenus du tourisme générés par les étrangers représentent réellement une industrie de l’export. Le tourisme est un export “invisible” “.

 

Ainsi, le tourisme peut être défini comme l’ensemble des activités, services et industries entrant dans la production d’une expérience de voyage, et qui inclut le transport, l’hébergement, la restauration et bien d’autres éléments. Il implique un éloignement de l’environnement habituel de l’individu qui se prête au tourisme, que ce soit pour le plaisir, les affaires ou pour tout autre raison.

Industrie dynamique et compétitive, le tourisme nécessite une capacité à s’adapter sans cesse aux besoins, désirs et attentes d’une clientèle toujours plus exigeante. Sa satisfaction, sa sécurité et son plaisir sont les cibles du business de l’industrie.

 

Le tourisme ne peut pas réellement se définir comme la plupart des autres industries (comme l’industrie agroalimentaire ou celle des communications), et en conséquence, il ne peut être mesuré de la même manière. Il est constitué d’une multitude de secteurs fournissant chacun un large panel de produits et de services à de nombreux visiteurs, mais en fournissant également aux résidents locaux.

 

 

c. Un secteur en transformation constante

 

Le tourisme a un impact sur son environnement direct, donc sur l’économie, mais également sur le territoire et sur la population, et sur les touristes eux-mêmes. L’impact très étendu et ramifié du tourisme nécessite ainsi une approche intégrée en ce qui concerne son développement, sa gestion ou son contrôle, dans un contexte en perpétuel évolution.

Comme tout autre secteur de l’économie, le tourisme est en évolution constante, devant s’adapter aux différents paramètres de la société actuelle.

 

Comme vu précédemment, le tourisme moderne est passé d’activité aristocratique et élitiste à une activité populaire et accessible à partir du XXème siècle, et il est, à nouveau, en passe de se transformer avec l’ère technologique que nous sommes actuellement en train de vivre.

 

Concept né en Angleterre[4], le tourisme moderne s’est ensuite graduellement étendu au reste de l’Europe et du monde.

Cette industrie est basée sur des socles variables mais répondant le plus souvent à des besoins de transport, d’hébergement, de restauration et d’activités diverses, et s’est développé en même temps que ces secteurs de produits et de services.

Celui des transports a connu une explosion avec l’avènement du chemin de fer, mais également avec l’invention et la popularisation de l’automobile. C’est d’ailleurs un long voyage entrepris par la femme de Karl Benz en 1886 qui a aidé à développer l’intérêt populaire pour les voyages automobiles, et qui a fait la promotion de cette marque automobile naissante, qui deviendra par la suite Mercedes Benz.

Les années 50 marquent de grands développements dans l’histoire du tourisme moderne : Le lancement de vols commerciaux de Londres vers le Sri Lanka et l’Afrique du Sud se fait en 1952, et c’est également durant cette décennie qu’est créé le Club Méditerranée et de nombreux autres clubs de vacances, ancêtres des « resorts » tout-inclus que nous connaissons aujourd’hui, et dont la vocation est d’offrir différents loisirs et passe-temps aux visiteurs, au sein d’un vaste village de vacances.

Les années 60 sont également considérées comme une période critique dans le développement du tourisme moderne, avec l’apparition de plusieurs nouvelles sociétés de voyage, entrant en compétition pour attirer la clientèle, et avec un mouvement vers un tourisme de masse, par l’introduction de nouvelles destinations et de nouvelles formes de vacances.

 

En France, la démocratisation du tourisme commence au début du siècle, mais il commence à s’inscrire réellement dans la psychè populaire qu’au sortir de la Seconde Guerre Mondiale dans les pays développés, parallèlement à la hausse de la richesse, de la consommation et du pouvoir d’achat de la population.

Mais il faut également mettre en évidence l’incidence de l’institutionnalisation des repos et des congés des travailleurs dans la transformation du tourisme moderne en tourisme de masse. 1936 est une année charnière dans le développement du tourisme car elle marque l’institutionnalisation des congés-payés, et 1957 marque l’année de la loi instituant le congé éducation. C’est ainsi que le rapport au temps pour soi marque un tournant.

Cette période est caractérisée par un tourisme de masse qui débute, et par une uniformité, tant au niveau de l’offre que de la demande. La mer et ses alentours sont mis en avant, le tourisme devient alors synonyme de soleil, de plage et de dépaysement.

Durant la période qui suit, l’information et sa circulation sont transformés et améliorés, résultant en une inversion de la balance, et c’est dorénavant la qualité qui prime sur la quantité, en terme de recherche de produits et de services touristiques. Avec l’apparition des vacances et des séjours courts, le tourisme de proximité se développe, en même temps que le tourisme culturel et de business.

 

De nos jours, l’industrie du tourisme a de nouveau dû s’adapter à la société en constante évolution: il y a eu un changement dans la mentalité de la population, l’individualité y a pris une place considérable, et les médias, systèmes d’informations et de communication ont atteint un niveau inégalé. Les bourgeonnements d’un tourisme aristocratique ont fait place à un tourisme de masse et d’escapade, pour ne pas dire d’échappatoire. Les consommateurs de tourisme vivant en temps normal dans une société démesurément urbanisée, le recours au voyage est vu comme salvateur. Effectivement, le consommateur a lui aussi bien évolué, il est plus précis dans ce qu’il recherche, toujours plus exigeant, en termes de qualité, mais surtout de sécurité – avec l’augmentation des attaques et du terrorisme de nos jours – et du respect de l’environnement.

 

 

Le tourisme est devenu une activité économique et une industrie à part entière, et avec la mondialisation, l’ouverture des frontières et l’accès de plus en plus facilité au tourisme international, le tourisme a connu une croissance exponentielle depuis quelques dizaines d’années.

On remarque non seulement un accroissement du volume des voyages, mais aussi une augmentation du poids du tourisme dans l’économie de la plupart des pays, et également un changement de mentalité global de la population vis-à-vis de ce phénomène qui était bien moins assimilé il y a quelques années à peine. Ce n’est plus la société civile seule qui s’est rendu compte des bénéfices énormes que ce secteur peut engendrer, mais les autorités également.

Ce n’est que récemment que les états des différents pays ont reconnu l’impact positif que le tourisme pouvait avoir pour l’économie et pour le développement d’un pays, et c’est encore plus récemment qu’ils ont décidé de se pencher sur le sujet afin de le rendre plus sûr, plus lucratif et surtout qu’il puisse s’inscrire dans le temps et profiter aux états-hôtes autrement qu’en termes économiques.

 

Le tourisme tel qu’on le connaît est passé d’une activité inexistante, à élitiste, puis populaire – voire même vulgaire – jusqu’à être perçue comme une activité génératrice de revenus non-négligeables, et ce, en l’espace de quelques centaines d’années. Il est donc compréhensible que le secteur relativement jeune du tourisme soit encore sujet à de nombreux ajustements internes, et relatifs à l’environnement dans lequel il évolue.

Ainsi, la majorité des pays qui, il y a une dizaine d’années de cela, n’étaient pas encore consommateurs de tourisme s’y sont peu à peu ouverts, autant en tant que pays hôte que pays de départ de touristes, résultant en un accroissement de consommateurs, et donc de demandes, d’attentes et d’aspirations touristiques.

 

Il est aussi à noter que comme toute industrie de services, le tourisme est actuellement en train de passer par une segmentation accrue, et de développer des activités de plus en plus spécialisées. Par exemple, l’économie collaborative a elle-aussi eu un impact sur le tourisme et a généré une nouvelle forme de tourisme, qui se veut plus en phase avec les attentes de ceux qui la défendent, avec l’apparition par exemple d’offres chez l’habitant; ou encore de tourisme responsable et écoresponsable, en réponse aux conséquences écologiques d’un tourisme auparavant négligent de l’environnement.

Les préoccupations écologiques ont fait changer la nature du tourisme dans le monde. Un plus grand intérêt pour le respect et la préservation de la nature a eu une incidence majeure sur les économies et les industries du monde, et le secteur du tourisme n’a pas été épargné. C’est un des secteurs les plus gourmands en termes énergétiques, car il implique des déplacements plus ou moins éloignés, et donc plus ou moins consommateurs de carburants, et donc davantage générateurs de gaz à effets nocifs. Mais étant donné l’absence d’alternatives pour le moment, les touristes les plus sensibles à la cause pallient à leur contribution à la pollution mondiale en optant pour des activités et des formes d’hébergement davantage respectueuses de l’environnement.

 

 

De nos jours, l’évolution touristique majeure est due au développement de l’Internet et à l’accès de plus en plus facilité à la diffusion, à la recherche et à l’accès à l’information. Les potentiels consommateurs de produits et services touristiques ont ainsi accès à bien plus d’informations en préparation de leur voyage, mais aussi à davantage d’offres, ce qui engendre une plus grande concurrence entre les différents professionnels du secteur. Et cette concurrence n’est plus limitée à un pays, mais elle est devenu et devient encore de plus en plus internationale.

 

2. Le marché chinois : Une économie en plein boom

a. Les caractéristiques de la nouvelle Chine

 

La Chine est en train de vivre une complète restructuration, autant économique que sociale, car les relaxations par lesquelles elle est passée on induit en elle de profonds changements[5].

Elle s’est construit une machine industrielle qui va se renforcer avec le temps, car elle doit être en mesure de répondre à la demande grandissante de sa population en termes de produits élaborés sur place, mais également pour pouvoir supporter la demande en produits importés.

Le cas de figure précédent, où l’économie chinoise se basait énormément sur sa main d’œuvre peu couteuse dans leurs usines, de par leur gestion souvent prise en charge par des étrangers, on remarque actuellement un recours de plus en plus fréquent à l’automatisation des procédures et à l’utilisation de machines autant que possible, ce qui par la suite va bouleverser les schémas de l’emploi en Chine.

Cette force de travail – vieillissante, à noter – aura besoin de nouveaux débouchés, de manière à pouvoir évoluer en fonction de leur niveau de compétences.

Le niveau de l’éducation en Chine est également en plein essor, et des débouchés adéquats doivent être présents pour les nouveaux diplômés. Bon nombre de jeunes diplômés ont déjà du mal à trouver des positions qui soient en adéquation avec leur niveau d’études. La Chine doit, et est en train de consolider une base industrielle assez solide pour employer tous ces nouveaux diplômés, et leur fournir des possibilités d’évolution au fur et à mesure qu’ils maîtrisent leurs métiers. Il y aura effectivement un besoin de fournir des opportunités pour les ingénieurs, les scientifiques les comptables, etc.

La Chine est en train d’envoyer de plus en plus de ses élèves les plus brillants à l’étranger pour leurs études supérieures. L’anticipation est dans le retour de ses étudiants de top niveau en Chine afin qu’ils rejoignent les structures « élites » de Chine, autant en terme de business (corporate) que dans les institutions financières. La Chine a besoin de préparer le retour de cette génération.

 

La classe moyenne est en pleine création et expansion en Chine, ce qui implique des salaires qui doivent continuer à monter pour supporter leur niveau de vie  Pour que les salaires puissent continuer à monter et pour que l’exportation suive la même tendance, la valeur des produits doit également être sur la hausse.

Non seulement la classe moyenne est un phénomène récent en Chine, mais en plus, ses habitudes de consommation et son mode de vie sont radicalement différents de celui de la génération qui l’ont précédée.

Les grèves récentes contre des sociétés japonaises pour des salaires plus élevés sont expliquées par la nécessité d’accorder un plus grand pouvoir d’achat aux foyers chinois. Il est  donc nécessaire pour la Chine de rester compétitive en termes de rapport qualité-prix dans un environnement globalisé.

 

La génération de moins de 35 ans et vivant en milieu urbain est de plus en plus accoutumée à un style de vie et à des produits luxueux, ainsi qu’aux marques étrangères, et elle constitue la nouvelle génération de la classe moyenne chinoise. Le résultat est que la Chine a besoin d’améliorer la qualité des produits pour pouvoir supporter cette demande et de pouvoir être compétitive face aux produits des marchés étrangers.

Bon nombre d’entrepreneurs et de responsables de haut niveau de grandes sociétés chinoises s’enrichissent de plus en plus, et la réussite d’un grand nombre de sociétés encourage d’autant plus la création de nouvelles structures.

Les sociétés ayant Internet comme point de focale se trouvent dans une zone de croissance explosive, et une des raisons le permettant est le peu d’obstacles dans ce domaine, où des concepts créatifs et novateurs peuvent rapidement être intégrés dans le système. Du moment où cette nouvelle génération de jeunes gens ambitieux parvient elle aussi à s’enrichir, le souci du fossé entre les salaires pourra alors être remédié.

En réponse à cette augmentation des salaires, la tendance à se tourner vers l’automatisation et la robotisation d’un maximum de procédures se fait de plus en plus fréquente, mais elle engendre aussi un déplacement des unités de production vers des régions internes – où la main d’œuvre est moins coûteuse. Cela va bien entendu impliquer des changements dans la qualification et la formation des employés, mais va aussi engendrer une réduction dans le nombre de positions dans les postes d’entrée (sans qualification ni/ou expérience) dans de nombreuses industries.

 

La perspective chinoise se traduit ainsi par des changements dans les habitudes de consommation mais également dans les pratiques de production. En conséquence, la prochaine étape de la croissance industrielle chinoise implique une amélioration de la valeur marchande de produits chinois.

Une tendance-clé est que ces sociétés effectuent non seulement toute la partie design mais aussi l’élaboration et la manufacture de leurs produits, destinés au marché tant local, national qu’international, maîtrisant ainsi toutes les chaines, de l’idée et de la création, à la production et distribution. Cette tendance représente une menace pour bon nombre d’autres sociétés – et de pays – dans le monde et contribuera à une mise à niveau mondiale des niveaux de design, de qualité et de production dans le monde.

Cela va permettre à la Chine de développer son côté créatif et innovant, et participera à la prochaine phase de croissance de la base industrielle chinoise.

 

La Chine d’il y a quelques siècles de cela a su se montrer créative et innovante, on lui doit par exemple la poudre à canon. Mais son souci majeur a toujours été son introversion et sa fermeture au monde extérieur. La nouvelle Chine, par contre, est différente, et la prochaine étape dans sa croissance va se manifester avec un accent porté davantage sur l’exportation, et à plus de tentatives pour restaurer la balance du commerce.

Pour rester compétitifs face à la Chine, les industries des autres pays doivent accélérer le développement technologique de leurs activités et consolider leurs bases industrielles.

Une autre solution pour ces sociétés étrangères serait de s’allier avec des industries chinoises dans la construction de multinationales. A ce jour, bon nombre de multinationales dans le domaine de l’automobile ont rencontré le succès, même si entreprendre cette étape est souvent associé à de nombreux risques et de nombreux accords de partenariat.

La nouvelle Chine va mettre l’accent sur le marché chinois, le gouvernement étant là pour assurer qu’une large part du marché revienne à l’économie nationale – tant que les produits et services du pays soient compétitifs internationalement – les marchés locaux étant primordiaux, ils doivent être exploités et être utilisés comme leviers.

La Chine comprend la nécessité et les avantages de faire en sorte qu’elle garde le contrôle sur les marchés locaux, et elle fait en sorte que les sociétés nationales aient la priorité sur les consommateurs. Ainsi, les entreprises étrangères ont la priorité la plus faible sur le marché chinois.

Mais avec la capacité à être compétitif sur le marché chinois, grâce à des produits innovants mais également abordables, il y a aussi une capacité à l’être sur les marchés internationaux.

La Chine va continuer à être une source de main d’œuvre peu onéreuse car elle a une force de production considérable, incluant de nombreuses jeunes femmes à la recherche de travail.

Mais ce pays cherche à remplacer son image d’un pays aux heures de travail facturées le moins cher au monde à un pays aux usines et aux chaînes logistiques ultra performantes.

Elle est également en train de mettre l’accent sur un approvisionnement local, et ce à tous les niveaux des stades de production, ou du moins autant que possible. La mainmise sur ces étapes pourra faire en sorte que la Chine préserve cette base de production qui fait sa force première[6].

 

b. La classe moyenne chinoise : caractéristiques et importance

 

La croissance incroyable de la classe moyenne chinoise émergente a apporté son lot de bouleversements économiques et sociaux.

De 2000 à 2012, le pourcentage de foyers appartenant à la classe moyenne est passé de 4 à 68 %. Cette classe moyenne est largement concentrée dans les villes, et en 2015, la population urbaine chinoise était de 730 millions. il est prévu que la classe moyenne atteigne les 550 millions en Chine, et que l’ensemble de ses revenus continue à croître. Cela est dû à une augmentation des postes à haut revenus, dans les domaines du high-tech et des services de l’industrie, et qui résultera en un changement radical dans les habitudes de consommation de l’ensemble de la Chine.

Selon une étude menée par l’institut McKinsey & Company[7], d’ici 2022, 76% de la population urbaine chinoise appartiendra à la classe moyenne. La classe moyenne chinoise est définie comme celle jouissant de revenus allant de 9000 à 34 000 $ US par an. Comparativement, seuls 4% de la population urbaine chinoise appartenait à la classe moyenne en 2000.

 

Il est à noter que cette augmentation du pouvoir d’achat et de la consommation est également accélérée par le fait que les foyers chinois sont très peu endetté – le crédit n’étant pas inscrit dans la culture – contrairement à bon nombre de pays en développement.

En plus de revenus importants et d’une quasi absence de dettes, la nouvelle génération chinoise est également marquée par un côté davantage porté sur la consommation que ses prédécesseurs, en partie expliqué par le fait qu’elle a accès à bien plus de biens et service de consommation que es générations précédentes. Leur taux de consommation croît de près de 14% par an, et c’est deux fois plus que la génération qui l’a précédé.

D’ici 2020, on estime que cette jeune génération contribuera à plus de moitié de la consommation totale de la Chine. Des recherches, toujours menées par McKinsey & Company[8], ont montré que la classe moyenne haute est pressentie comme principal moteur de consommation de la prochaine décennie.

L’évolution de la classe moyenne chinoise signifie que des acheteurs plus sophistiqués et saisonniers – capables et prêts à payer une somme non-négligeable pour de la qualité, pour des produits discrétionnaires et non plus pour les besoins de tous les jours – vont devenir la force dominante. Ainsi, la magnitude de la classe moyenne est en train de transformer le pays tout entier.

En terme de pourcentage, l’institut McKinsey & Company estime que si 54% de la population urbaine appartenait à la classe moyenne de masse (revenus annuels entre 9000 et 16000$ par an), d’ici 2022, 54% de la population urbaine fera partie de la classe moyenne haute (revenus annuels entre 16000 et 34000$ par an), contre 22% dans la classe moyenne de masse.

 

La classe moyenne de masse a tendance à voyager à l’intérieur du pays, et occasionnellement dans les pays proches. Elle préfère dédier ses revenus à des investissements sur le moyen et long terme, comme dans une voiture ou dans l’immobilier, afin de pérenniser son patrimoine, voire même le faire fructifier.

C’est la classe moyenne haute qui peut se permettre de voyager hors de son pays et sur de longues distances. Avide de découvrir le monde qui l’entoure, c’est une génération dont les parents ont eu à se priver toute leur vie et qui met l’accent sur les économies et obsédée par la chèreté de la vie. Contrairement à la génération de leurs parents, celle-ci aime dépenser et profiter de la vie, sans pour autant dilapider toutes ses économies. C’est la génération libérée, qui sait se contrôler, au vu de l’expérience de ses parents, mais qui a décidé de se prendre en main et de faire ce que bon lui semble, tant qu’elle n’empiète, ou pas trop, sur la liberté des autres.

 

Le comportement de cette classe moyenne haute offre quelques clés pour expliquer le futur de la Chine. Cette portion de la société est susceptible de consommer des biens et services à haute valeur ajoutée, dont les produits de haute technologie, des loisirs (incluant les voyages à l’étranger), etc. En parallèle aux classes les plus privilégiées, cette classe moyenne haute va avoir tendance à booster l’industrie des produits de consommation de luxe.

 

f. La classe moyenne : tournant décisif pour le futur de la Chine

 

La nouvelle génération chinoise, comme vu précédemment[9], est pressentie comme catalyseur de changement dans les habitudes de consommation, mais aussi dans la perspective générale de la vie. Elle est plus confiante, plus indépendante et déterminée à montrer cette indépendance à travers leur façon de consommer, tandis que leurs prédécesseurs étaient davantage concernés par la construction de la sécurité économique du pays. Le fait qu’elle soit le fruit de la politique de l’enfant unique de ses parents peut aussi expliquer cette détermination et cette indépendance.

Cette génération est aussi la plus occidentalisée, et elle a tendance à considérer des produits et services onéreux comme de meilleure qualité que ceux qui seraient moins chers, à tester de nouvelles choses et à franchir les limites de ce qu’elle ne connaît pas.

Forte de cette influence qu’elle exerce auprès de son environnement direct, cette portion de la population est en train de changer radicalement la mentalité de ce pays, passant d’une consommation plutôt unifiée à une consommation délibérément sélective.

Mais cette génération, bien que résolument novatrice, a gardé de ces prédécesseurs une tendance à l’économie, une détermination à travailler dur, une aversion pour les dettes et elle définit le succès en termes d’argent, de pouvoir et de statut social, bien que ces valeurs ne soient plus reflétés comme précédemment dans leur comportement de consommation.

 

La croissance soutenue de cette nouvelle classe moyenne va présenter de plus en plus d’opportunités pour les marchés nationaux et internationaux. Mais les stratégies employées dans le passé doivent être ajustée car le comportement de consommation de cette nouvelle génération n’est plus le même que celui de ses prédécesseurs.

A l’intérieur de cette classe moyenne, les individus aux revenus modérés sont typiquement des consommateurs du secteur automobile, de produits de marque et de propriétés immobilières. Ceux aux revenus plus élevés, quant à eux, peuvent consommer des services financiers, des voyages à l’étranger et des biens et services de la plus haute qualité. Un exemple tangible de cette nouvelle balance est une augmentation dans le tourisme vers l’étranger et un accroissement de la consommation à l’étranger.

De plus, on remarque également un changement dans la composition de la classe moyenne : la classe moyenne haute, en minorité il y a moins d’une dizaine d’années, dépasse maintenant largement la classe moyenne basse et de masse. Cette classe moyenne haute, qui n’a pas encore cessé de croître, représente la nouvelle Chine, et va définir les caractéristiques d’une Chine nouvelle.

 

 

3. Le tourisme Chinois

       a. L’essor du tourisme en Chine

 

 

Le tourisme est une industrie relativement récente en Chine, car cette activité a longtemps été jugée comme une perte de temps et d’argent, comme une activité potentiellement dangereuse et pratiquée par les bourgeois, sous couvert de tactiques géopolitiques.

C’est depuis la fin des années 70, partie d’un plus large « miracle économique », que l’industrie des loisirs, du voyage et du tourisme – autant intérieur que vers l’extérieur – a été acceptée par la population chinoise, avec un plus grand enthousiasme que le gouvernement chinois n’aurait sû prédire ou même souhaiter.

La Chine représente le plus grand poids démographique, et il n’est donc pas étonnant que, quand ils décident de voyager, ils constituent une majeure partie des voyageurs dans le monde. Ils contribuent à cette accroissement constant du nombre de touristes, et cela, qu’il s’agisse de voyages internationaux, ou nationaux.

 

 

Grâce à l’amélioration des conditions de vie et du pouvoir d’achat des Chinois, mais aussi l’appréciation de leur monnaie, le nombre de touristes chinois, non seulement à domicile, mais également à l’étranger, a augmenté de manière significative. Les touristes chinois à l’étranger sont en général motivés par la découverte des parties du monde qu’ils ne connaissent pas, mais sont aussi intéressés par ce qu’ils ressentent comme de l’exotisme. Cela génère, en retour, un marché colossal pour les potentiels pays hôtes[10].

La classe moyenne basse et modérée préfère un tourisme domestique ou international de proximité, tandis que la classe moyenne haute est celle qui apprécie les voyages les plus éloignées géographiquement de chez eux.

Parmi leurs destinations favorites, on retrouve la Corée du Sud, le Japon, la Thaïlande, mais aussi la France, l’Italie, la Suisse, l’Allemagne, les Etats-Unis, Singapour et les Maldives.

 

Ainsi, la Chine des générations précédentes, dont la classe moyenne était à prédominance basse et qui était soumise à des restrictions sur les déplacements a connu un tourisme interne, avec des déplacements de citoyens chinois dans les régions du pays. La génération actuelle est celle qui a connu la relaxation de ces restrictions sur les déplacements, et ses revenus sont comparativement plus élevés que ceux de ses prédécesseurs. Mais surtout, sa classe moyenne est composée à plus de moitié de foyers de la classe moyenne supérieure

 

Ce qui a permis le formidable essor du tourisme en Chine c’est la création, l’accroissement et l’enrichissement rapide de la classe moyenne chinoise. En effet, c’est de cette classe moyenne qu’est issue la quasi-totalité des touristes chinois.

Le boom de cette classe moyenne s’effectue non seulement en termes d’effectif, mais aussi de revenus et de mode de vie. Si cette classe moyenne était constituée à plus de moitié il y a dix ans d’une classe moyenne de base, aux revenus un peu plus haut que la moyenne inférieure, de nos jours, la classe moyenne haute constitue la moitié de la classe moyenne chinoise.

Bien que c’est l’ensemble de cette classe moyenne qui ait accès aux voyages, c’est la classe moyenne haute qui voyage à l’international, et elle est assez fortunée pour que ses touristes fassent partie des plus riches à l’étranger.

La classe moyenne basse et modérée préfère les voyages domestiques ou internationaux mais sur de courtes distances, dans les pays avoisinants la Chine[11].

 

b. Le tourisme international

 

 

Malgré le malaise économique que le monde vit depuis une dizaine d’années, le tourisme anticipe une croissance constant, bien que modérée, mais le contraste actuel vient de la nouvelle importance des économies dites “tigres”, dont la Chine fait partie, avec l’Inde, le Brésil et l’Indonésie. Ces pays ont atteint un poids considérable dans la balance économique mondiale, et le tourisme qui était précédemment caractérisé par une clientèle venant des pays développés, voit maintenant la présence grandissante d’une clientèle provenant de pays moins développés. Et de par sa puissance démographique, la clientèle touristique chinoise voyageant à l’étranger n’en est que plus conséquente.

Les touristes chinois jouent à présent un rôle moteur dans l’industrie touristique mondiale, car ils représentent une large partie de la clientèle mondiale, mais aussi parce que c’est une frange de la clientèle touristique la plus riche.

C’est tout naturellement qu’elle attire l’attention des professionnels du tourisme à travers le monde.

 

Le tourisme chinois vers l’extérieur est l’un des plus conséquents dans le monde. Il fait 1,2 fois la taille de celui des Etats-Unis, et 3,5 fois celle du Japon.

En observant son rapide développement, l’Organisation Mondiale du Tourisme des Nations Unies[12] a estimé le nombre de voyageurs chinois à l’international à 100 millions d’ici 2020.

Cette augmentation profite non seulement aux pays avoisinants la Chine, mais aussi à des destinations plus éloignées géographiquement, dont l’Europe et plus spécifiquement la France. Le marché du tourisme chinois dans le monde est estimé à 292 milliards de dollars[13] (275 milliards d’euros).

 

 

On distingue deux grands groupes de touristes chinois à l’étranger, eux-mêmes divisés en sous-groupes. Le premier groupe voyage à l’étranger pour les affaires, et le deuxième voyage pour le plaisir, ou pour le loisir.

Les personnes voyageant à l’étranger pour les affaires sont souvent mandatées par leur société ou par le gouvernement. Les procédures d’obtention de visa sont prises en charge par leur structure, en coordination avec les ambassades ou consulats du pays hôte. Le but de ces voyages est d’établir des relations d’affaires, d’obtenir une meilleure compréhension du climat des affaires d’autres pays, et de conclure de nouveaux partenariats.

Ce groupe de voyageurs est particulièrement apprécié des agences de voyage car ils leur permettent les plus grands bénéfices. Ce groupe constituait la majorité des voyageurs à l’étranger dans les années 90, mais depuis l’ouverture de la Chine au reste du monde, ce n’est plus le même cas de figure : de nos jours, 70 à 80% des voyages sont fait pour des raisons autres que pour les affaires.

Avant principal groupe de touristes chinois, il est aujourd’hui supplanté par le deuxième grand groupe, celui du tourisme individuel et d’agrément.

 

Ce groupe de voyageur est tout récent en Chine, et son but principal est le plaisir ou le loisir. Les individus appartenant à ce groupe voyagent pour des raisons personnelles, pour voir d’autres pays et pour avoir une meilleure compréhension des cultures étrangères. La plupart de ces voyageurs proviennent des parties les plus développées de Chine, et une grande majorité est jeune. Dans la plupart des cas, ce groupe se repose également sur les services d’agences de voyage pour organiser leur séjour, et leurs critères dans le choix d’une agence de voyage portent sur les prix pratiqués et la réputation de l’agence. De plus en plus habituée à faire des comparaisons, la classe moyenne aura toutefois de la difficulté à faire confiance à une agence de voyage dont les prix soient trop peu élevés.

Le touriste chinois préférant voyager seul a souvent des revenus élevés, un grand pouvoir d’achat et a entre 20 et 35 ans. En général, ces voyageurs apprécient la liberté, sont bien éduqués, parlent un tant soit peu anglais et ont davantage d’expérience dans le tourisme que la plupart de ces concitoyens. Ils voyagent seuls, en famille ou entre amis, mais toujours en groupe restreint. Ainsi, ils sont familiers avec le système du voyage, comme par exemple les formalités à l’aéroport – dont les douanes. La génération instruite de la classe moyenne chinoise constitue le groupe majeur de consommateurs de produits et services touristiques.

Il existe aussi un groupe de touristes particuliers, celui des étudiants dans un système d’échange. Ces individus voyagent le plus souvent durant leur cycle universitaire de Licence, pour une à plusieurs années, ou pour l’entièreté de leur Maîtrise. Leurs principales motivations sont d’approfondir leur compétences dans une langue étrangère – le plus souvent l’anglais – et d’acquérir une expérience solide de la vie dans un pays autre que le leur.

 

Toutefois, il est à noter que c’est surtout la classe moyenne haute chinoise qui voyage à l’étranger sur de longues distances, la classe moyenne modérée préférant les voyages dans les pays avoisinants leur pays, ce qui montre que le niveau de revenu a une incidence directe sur la destination préférée par tel ou tel touriste en provenance de Chine.

 

Ces dernières années, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la France et l’Italie sont les quatre marchés européens dans le top 10 des destinations touristiques préférées dans le monde[14]. Chacune de ces destinations a vu accroitre le nombre de touristes étrangers l’ayant visitée.

 

c. Les chinois à destination de l’Europe

 

Depuis quelques années, une tendance s’est fait remarquer dans e tourisme en Europe : un voyageur en Europe sur 10 provient de la Chine[15]. Comme vu précédemment, l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Italie et la France sont dans le top 10 des destinations favorites dans le monde.  La France, cinquième plus grand marché touristique, a affiché un chiffre record de 41 milliards de dollars en 2016.

Ainsi, quand questionnés sur leur destination de prédilection si le financement n’était pas un problème, la majorité des réponses concernait l’Europe, et en particulier la France, l’Italie et la Grèce, à cause de leurs paysages, de leurs cultures et de leurs histoires.

Il est important de noter que grâce à l’accord de Schengen, les touristes chinois (et autres) n’ont dorénavant besoin que d’un visa pour pouvoir voyager dans la plupart des pays d’Europe. En ce qui concerne le Royaume-Uni, et autres pays hors de cet espace, les formalités et procédures d’obtention de visa ont été accélérées et facilitées afin de rendre les visites et les déplacements de ces visiteurs plus aisés.

 

L’Europe, les Amériques et l’Océanie ont une part bien moindre dans le marché du voyage chinois, en comparaison avec les pays d’Asie, et c’est le plus souvent à cause de coûts élevés. Toutefois, les agences de voyage proposent maintenant une plus large gamme, avec plusieurs destinations pour un même package, et pour une durée minimum de 8 jours. En 2006, les voyageurs chinois en Europe se dirigeaient principalement vers des pays de l’Ouest (34%), ensuite vers les pays d’Europe centrale (30%) et enfin vers le sud (21%), mais depuis l’adhésion des pays de l’Est à l’espace Schengen, le nombre de visiteurs chinois en Europe a augmenté.

La destination favorite pour les voyages d’affaires chinois est l’Allemagne, tandis que pour un tourisme de plaisance, les plus prisées en Europe sont l’Italie, la Suisse et la France. Les générations les plus jeunes – quant à elles – ont une préférence marquée pour le Royaume-Uni et la France, en partie pour tout ce qui est textile et habits, les parfums et autres éléments « fashion ».

 

Il est à noter que de nombreuses destinations européennes ont souffert des attaques et des menaces terroristes et des vagues d’immigration de réfugiés vers la seconde partie de l’année 2016. Ces évènements ont refroidi les ardeurs de bon nombre de touristes chinois, qui se sont abstenus de visiter des pays tels que l’Espagne, l’Italie, la Grèce et la France, par peur pour leur propre sécurité.

 

Un tiers des chinois n’en est pas à sa première visite de ses destinations européennes, en particulier en France, et près de la moitié ont une intention de retour d’ici un an ou deux ans après.

 

II. La France, première destination touristique mondiale

 

1. Le tourisme en France

 

       a. Bref historique

 

Le tourisme naît en Europe au XVIIIème siècle.

Ces débuts en France sont, comme en Angleterre, très aristocratiques, et le tourisme est considéré comme un produit et un service de luxe, qui met en avant la beauté de la nature et l’Art. Les moyens en place pour la livraison de ces services sont rares, et ceux qui voyagent jusqu’au début du XXème siècle ne regardent pas à la dépense.

Le mouvement des Lumières, au XVIIIème siècle, contribue à un changement de mentalité vis-à-vis de la Nature. Elle que l’on trouvait effrayante et repoussante devient source de beauté et de bien-être. Les mers et les littoraux ne sont plus les seuls lieux d’intérêt, on apprécie ainsi les montagnes, et les lieux reculés qui auparavant intéressaient peu les gens. C’est ainsi que le tourisme de montagne apparaît à Chamonix vers la fin du siècle.

On remarque aussi l’apparition d’un tourisme climatique, vers des destinations où par exemple l’hiver est plus clément que sur le lieu d’habitation, et qui vient compléter la pratique des anciennes cures thermales déjà existantes.

En 1860, le Duc de Morny fonde la station balnéaire de Deauville, et en 1864 la ville construite autour prend forme. C’est le début du tourisme estival en France, facilité par la mise en place d’une station ferroviaire desservant la ville, et qui attirera tout d’abord une clientèle issue de la noblesse et autres figures célèbres.

 

Si le tourisme qui existait précédemment était caractérisé par un certain élitisme, le nouveau tourisme était davantage démocratique.

Mais cette révolution du tourisme est également étroitement liée à la révolution industrielle, qui a commencé en Angleterre et qui s’est étendu à la France peu après, et qui a réussi à le rendre si populaire, au grand dam des élites qui s’en réservaient le privilège jusqu’à lors.

Le premier syndicat d’initiative français apparaît en 1889, et le concept se diffuse rapidement dans le reste de la France. Ce guide deviendra par la suite le Guide Rouge, avec l’apparition de « L’Étoile de la bonne table » en 1926. Viennent par la suite les guides jaunes et verts qui complètent la collection des guides Michelin.

Le premier Guide Michelin apparait en 1900 et fait la liste des établissements hôteliers et autres adresses utiles à l’intention des automobilistes.

Le premier Office de Tourisme, quant à lui, est créé en 1905 à Isère, est reconnu d’utilité publique en 1921 et consacrés par la loi du 10 Juillet 1964.

C’est le début de la découverte du tourisme par la population en France.

Son prédécesseur direct est le « Comité des Promenades », à Gérardmer dans les Vosges. Il a été créé suite à la venue régulière de voyageurs dans la région au cœur de la nature et jalonnée de lacs. Cela y a engendré la construction de nombreux hôtels et centres de loisirs, d’où la création de ce premier établissement en 1875. Ce comité avait pour but d’organiser le séjour de manière systématique, mais aussi d’attirer davantage de visiteurs dans cette région.  C’est à partir de ce moment que l’État français commence à se rendre compte de l’intérêt de développer le tourisme, tout d’abord durant la période entre deux guerres, avec la création du Crédit hôtelier, le début de la réglementation des professions du tourisme et la création des congés-payés.

En terme de transports, le premier vol commercial international voit le jour en 1919, reliant Paris à Londres, et la première autoroute d’Europe est, quant à elle, inaugurée en 1924, reliant Varèe à Milan, en Italie. Ce concept d’autoroutes sera repris par Hitler, qui chargera son gouvernement d’aménager un système d’autoroutes en Allemagne en 1945.

Les  premiers grands plans d’aménagement au profit de certains territoires ne viendra que plus tardivement, vers la moitié du XXème siècle. L’après-guerre voit l’apparition du tourisme de masse, pour tous, et non plus réservée à une élite bourgeoise et aristocratique, avec l’apogée de la révolution des transports.

 

A partir de 1950, la phase de consommation touristique commence. Le tourisme unifié laisse la place à un tourisme diversifié, les consommateurs prennent le temps de choisir leur destination selon leurs envies.

 

L’apparition de l’Internet vers la fin de siècle modifie les comportements des consommateurs qui parviennent désormais à comparer les offres d’une manière inégalée. L’information circule librement et est à la portée de tous, rendant la consommation touristique toujours plus personnalisable. On commence alors à parler d’e-tourisme, et qui est illustrée par des sites de voyages tels qu’Expédia ou Kayak.

De nos jours, le passage par une agence de voyage ou un tour-opérateur se fait de moins en moins, du moins pour les voyageurs se décidant à partir seuls ou en groupe restreint.

L’accès facile et illimité à l’information a forcé les opérateurs et les lignes aériennes à se faire une rude concurrence, ce qui a résulté dans une baisse des coûts, non seulement en ce qui concerne les transports, mais aussi dans l’hébergement et les autres branches liées à l’industrie touristique. Le souci actuel n’est plus comment pousser les gens à voyager, car l’intention est déjà là. La question que se posent alors les professionnels du tourisme est davantage comment attirer le client pour qu’il consomme chez moi ?

De nos jours, le secteur du tourisme est l’un des secteurs les plus importants du commerce extérieur, car il permet, entre autres, au rééquilibrage de la balance des échanges extérieurs, en effet la différence entre les dépenses des touristes étrangers en France et des touristes français à l’étranger est en faveur de l’hexagone.

Elle reste la destination favorite des touristes étrangers, mais elle n’atteint pas les recettes d’autres pays tels que l’Espagne, la Chine ou les États-Unis. L’industrie touristique en France emploie près de 1.27 millions de travailleurs au 31 Décembre 2015. C’est dans la restauration traditionnelle (270 000 salariés), la restauration rapide (187 000 salariés), l’hôtellerie (172 000 salariés) et dans les services récréatifs (56 000 salariés) que l’on retrouve le plus de salariés impactés directement par le secteur touristique[16].

Cependant, les attaques terroristes de Paris, Nice et Bruxelles ont secoué les touristes, et le décret d’état d’urgence a bel et bien fini de les effrayer.

 

Ces dernières années, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la France et l’Italie sont les quatre marchés européens dans le top 10 des destinations touristiques préférées dans le monde. Chacune de ces destinations a vu accroitre le nombre de touristes étrangers l’ayant visitée.

La France, cinquième marché mondial, a reporté une hausse de 7% dans ses dépenses touristiques en 2016, atteignant 41 milliards de dollars US, et a comptabilisé plus de 82 millions de visite de touristes étrangers[17].

 

 

b. Les astuces-clés du secteur

 

En 2015, le total des sommes dépensées par les touristes étrangers en France avoisinait les 41,4 milliards d’euros, le poste touristique présentait un solde positif, ce qui reste le cas aujourd’hui, et il représentait au moins 7,3% du PIB[18]. On compte en moyenne 106 millions de touristes chaque année en France (2015), et le budget moyen par jour et par touriste est de 126€. Les régions les plus visitées sont l’Ile-de-France, la région Nord et Centre, par contre, les régions où la part du tourisme dans le PIB est la plus importante sont essentiellement dans le Sud-sud-Est (Corse inclue).

Presque la moitié du tourisme en France se fait en milieu urbain, et en deuxième position viennent les régions en littoral, suivis par l’espace rural et enfin la région montagneuse.

 

Etonnamment, les villes françaises sont de puissants aimants à touristes, pour ne citer que Paris – ville de l’Amour par excellence – ou Rouen – la ville aux milles clochers. Ces villes fascinent de par leur architecture et leur plan d’urbanisme, mais leur système de transport fascine également.

L’attrait que les touristes ont pour les villes françaises tient du fait qu’un charme certain s’en dégage, auxquels nous sommes probablement insensibles car nous y vivons depuis toujours, mais qui fascine les touristes.

De plus, les villes françaises sont souvent chargées d’histoire et de monuments qui rappellent sûrement aux étrangers des cours leur ayant été donnés durant leur vie scolaire et universitaire.

En France, ce sont les secteurs de la restauration et des transports, suivi par l’hébergement qui dégagent la plus grande part de valeur ajoutée en termes de tourisme[19].

Ce n’est pas étonnant, étant donné que la France est vue de l’étranger comme une destination d’hospitalité mais surtout de gastronomie. Et cette gastronomie n’est pas confinée à une seule région, d’où la part importante des transports. C’est principalement en Ile-de-France et dans le Sud-Est que se situent les plus grandes concentrations de professionnels et sociétés touristiques.

 

L’hébergement est, lui aussi, décliné, les hôtels sont toujours présents mais sont venus ‘y suppléer des résidences de tourisme, le camping, des villages de vacances et maison familiales, des auberges de jeunesse, des logements meublés classés de tourisme et également des chambres d’hôtes. Le paysage de l’hébergement touristique en France a ainsi bien évolué et s’est adapté aux touristes et à leurs nouvelles exigences et attentes.

Bien que la France ait une réputation plutôt négative quant à son traitement des touristes, on remarque en réalité une réelle volonté de la part de professionnels de répondre aux attentes de cette clientèle éphémère.

 

 

c. Qui sont les touristes en France

 

Les européens sont ceux qui constituent la plus grande majorité des touristes venant en France (72%), suivis par les Américains (Nord, Sud et centrale – 13%), puis l’Asie et l’Océanie (13%) et enfin l’Afrique (2%).

Les nationalités les plus représentées de touristes internationaux en France sont les Britanniques, les Belges, les Allemands et les Italiens.

Les Britanniques aiment découvrir les ambiances locales mais aussi découvrir la gastronomie française. Ils sont particulièrement sensibles à l’accueil qui leur est réservé, qu’ils apprécient aimable et avenant. Leur portefeuille de dépense est de 145€ par jour, et ils ne dépensent en moyenne que 14€ en shopping par jour.

Les Belges connaissent en général déjà un tant soit peu la France, étant voisins proches. Ils idéalisent moins la France que d’autres touristes étrangers, et sont à la recherche d’ambiances locales authentiques. D’une grande politesse, ils en attendent de même de leurs hôtes. Le plus souvent véhiculés et attachent donc énormément d’importance à leur indépendance.

Les Allemands sont autonomes et précis. La plupart n’en sont pas à leur première visite de la France. « Ils apprécient l’efficacité du personnel et la précision des réponses qui leur sont apportées. » Ils sont également sensibles au confort et à la propreté.

Les Italiens voyagent surtout en couple ou seuls, et ils restent environ 4,6 nuits en France (surtout à Paris). Ils dépensent en moyenne 135€ par jour et par personne et investissent 57€ par jour pour leur hébergement. Ils sont caractérisés par leur impatience et attendent de leurs hôtes qu’ils parlent italien. C’est une part de la clientèle touristique qui apprécie particulièrement les parcs d’attraction mais qui fait moins d’emplettes que les autres touristes[20].

 

 

Ainsi, les Européens sont les plus nombreux à venir visiter la France, chose expliquée d’une part par l’attrait constant de la France, mais aussi par les modalités de circulation de flux humains facilités pour les ressortissants des pays membres.

La nationalité hors Europe la plus affluente en France est américaine. Cette frange de la clientèle touristique a le contact facile et apprécie les séjours haut-de-gamme. Ultra-connectés et avides de nouvelles technologies, ils se reposent beaucoup sur les nouvelles technologies de l’information pour se repérer et pour s’orienter durant leur séjour.

On remarque de plus en plus d’arrivées de touristes du continent asiatique, en particulier en provenance d’Inde ou de Chine, conséquence, en partie des formalités de visa rendues plus souples, avec la politique du « visa en 48h », de la simplification des procédures pour certains ressortissants, du wi-fi gratuit dans les aéroports parisiens ou encore l’ouverture prolongée de certaines zones commerçantes le soir et le dimanche.

 

Les villes préférées des étrangers sont Paris, Nice, Marseille et Cannes.

 

 

 

2. LES ATOUTS DE LA FRANCE

a. Tourisme de nature

La France possède une large diversité de paysages, des littoraux aux montagnes en passant par de grandes vallées et lacs. Le tourisme en France a d’ailleurs débuté en tant que tourisme climatique, mais également d’excursion, grâce à la diversité de ces paysages.

Un quart du territoire est recouvert de forêts, et cet aspect du territoire attire de plus en plus d’excursionnistes, qui représentent une grande partie de la clientèle touristique française. Les Alpes et le Mont-Blanc sont aussi des aimants à touristes, mais c’est également le cas des stations hivernales de ski, où le nombre de visiteurs étrangers est en évolution constante.

De plus, elle dispose de 29 000km de voies ferrées, en faisant le second plus grand réseau ferroviaire d’Europe (après l’Allemagne) et neuvième dans le monde, ce qui permet aux touristes un confort de voyage à travers non-négligeable à travers tout l’hexagone.

Mais la France dispose également de 3805 km de littoral, avec des textures différentes, ce qui attire de nombreux amoureux de la mer, qu’elle soit calme ou agitée.

 

Mais n’oublions pas que la France ne se limite pas à l’hexagone. Les destinations françaises en Outre-mer sont également très prisées : elles sont parfois qualifiées de véritables petits paradis sur terre. On y trouve autant de plage au sable fin, de mer turquoise mais aussi de volcans et de forêts tropicales luxuriantes, et de nombreux circuits d’excursion y sont proposés. La Guadeloupe, la Martinique mais aussi la Polynésie Française, la Nouvelle-Calédonie et bien d’autres, sont autant de destinations qui font envie à des millions de touristes tous les ans.

 

 

 

b. Tourisme culturel : Berceau de la gastronomie et culture française

Paris, capitale de la France, est un pôle d’attraction mondiale. Ville personnifiant la beauté, le romantisme, et la mode, elle attire chaque année des millions de touristes venant des quatre coins du monde. Avec ces monuments prestigieux, comme la Tour Eiffel, le musée du Louvre et le Château de Versailles, mais aussi de par ces nombreux parcs d’attractions, dont le Parc Disneyland Paris, mondialement connu, elle permet un afflux constant de visiteurs sur le territoire français, et Paris compte beaucoup dans le choix de la France comme destination pour les premières visites.

Chaque année, des évènements comme la fête de la musique (21 Juin), la fête de la Montagne (24-25 Juin) ou le Tour de France attirent des millions de visiteurs locaux, européens et internationaux.

Le patrimoine culturel français est un des plus riches qui existe, et il est en constante évolution. De plus, la France est le berceau de la gastronomie, un concept qui fait rêver en dehors de la France, et c’est ainsi que depuis plusieurs années, un tourisme gastronomique a commencé à se développer.

La gastronomie française a d’ailleurs été inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO[21] quand elle a été ajoutée à la liste intangible du patrimoine culturel de l’humanité en 2010. Des experts ont décrit l’importance de la gastronomie française comme « une pratique sociale coutumière destinée à célébrer les moments les plus importants de la vie des individus et des groupes, tels que naissances, mariages, anniversaires, succès et retrouvailles. Il s’agit d’un repas festif dont les convives pratiquent, pour cette occasion, l’art du « bien manger » et du « bien boire ». Le repas gastronomique met l’accent sur le fait d’être bien ensemble, le plaisir du goût, l’harmonie entre l’être humain et les productions de la nature. »

Le vin français constitue aussi un formidable aimant à touristes en France. La culture du vin, il y a peu naissante dans le reste du monde, commence à s’inscrire dans les mentalités d’autres pays, comme aux États-Unis, mais également dans les pays d’Asie. Ainsi, on remarque un attrait de plus en plus prononcées pour ces parties de la France qui sont perçues comme les incontournables mondiaux de la culture du vin, d’où la notoriété grandissante de la ville de Bordeaux.

 

d.    France : tourisme particulier et destination de prestige

 

La France est consciente de la position prédominante qu’elle occupe mondialement : « Le tourisme est un trésor national. Il représente plus de 7% de notre produit intérieur brut, deux millions d’emplois non-délocalisables, et rapporte chaque année des dizaines de milliards d’euros à notre solde commercial, constituant ainsi un secteur stratégique pour notre économie. Le tourisme est également un vecteur décisif d’influence et de rayonnement pour la France dans le monde. »[22]

 

De par sa position géographique, la France est aussi génératrice de tourisme de transit : une bonne partie des touristes arrivant en France sont uniquement de passage pour se rendre vers d’autres destinations, comme l’Espagne, l’Italie ou plus loin encore. Passer par Paris ou la France permet à ces touristes transitaires de joindre l’utile à l’agréable.

On remarque également en France un tourisme saisonnier particulier, comme celui d’évènements ultra-médiatisés comme le Festival de Cannes ou Fashion Week, et des destinations touristiques huppées comme Saint-Tropez ou Nice.

 

Mais il est également important de noter que l’attrait de la France à l’international est aussi dû au fait que la destination France est une destination de prestige. Pour de nombreux étrangers, et aussi grâce à l’image véhiculée par les médias mais aussi l’imaginaire de la télévision et les clichés, la France est catégorisée comme une destination de luxe, surtout de l’autre côté de l’Atlantique. La stratégie du luxe sur lesquelles les grandes maisons françaises se sont positionnées permet d’attirer de nombreux touristes des quatre coins du monde, et dans de nombreux cas, ces touristes (principalement asiatiques) auront économisé de nombreuses années afin de venir visiter la France, mais surtout afin de pouvoir se payer quelques articles griffés.

On remarque également une volonté nationale de pérenniser ce prestige de la France comme destination touristique mais aussi comme lieu de production haut-de-gamme, en la mettant comme synonyme de qualité et d’excellence.

 

 

 

3. UNE DESTINATION SUR LE DÉCLIN

       a. Des touristes non-satisfaits

 

La France est malheureusement reconnue pour son accueil des touristes pas toujours très chaleureux et sa maîtrise des langues internationales assez hasardeuse.

La première raison du mécontentement des touristes étrangers en France reste la qualité de l’accueil qui leur est réservée. En effet, ils pointent du doigt les horaires, la ponctualité, la politesse, le manque d’affabilité, d’amabilité et le manque de pratique de la langue anglaise comme principaux facteurs de mécontentement.

Alors qu’elle se voit de plus en plus visitée, l’accueil que la France réserve à ses visiteurs reste son plus grand point faible.

La criminalité, bien que plus faible qu’aux États-Unis, est très médiatisée en France. Les vols à la sauvette et les pickpockets font des ravages.

On assiste à une perte progressive de la compétitivité et de l’attractivité de la destination France à cause du terrorisme, du mauvais accueil, de la faiblesse et du vieillissement de certaines infrastructures, de l’insécurité naissante, de la pénurie du personnel.

Il faut être vigilant quant à ce mécontentement de la clientèle étrangère car elle partagera sa frustration, et les moyens de diffusion sont nombreux et redoutablement efficaces. En effet, si une expérience heureuse sera partagée dans 25% des cas, une mauvaise expérience le sera dans 65% des cas.

Ainsi, même si ce ne sont pas tous les visiteurs en France qui n’ont pas été satisfaits de leur séjour en France, c’est la minorité qui aura passé un mauvais séjour qui en parlera le plus, minant les professionnels du tourisme français et leur moral.

Une organisation doit donc être mise en place (même au niveau privé) pour collecter les éléments ayant perturbé le séjour de nos touristes étrangers, pour les analyser et pour laisser libre cours à l’imagination et à l’innovation française pour pallier à ces problèmes.

En effet, un problème reste un problème, mais une fois adressé, la solution n’est plus très loin.

 

       b. Une concurrence qui s’intensifie

 

« L’enquête annuelle « EVE » sur le tourisme international en France, du 8 avril 2016, confirme que la France demeure, en 2015, la première destination touristique mondiale. »

De 2015 à 2016, la France est passée de la septième position à la deuxième dans un classement du World Economic Forum, concernant la compétitivité dans le secteur du Tourisme.

Les pays les plus performants sont ceux qui sont les mieux préparés à saisir les opportunités des dernières tendances.

Des pays comme le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Espagne, le Macau et même la Chine sont de rudes concurrents pour le tourisme français. En termes de recettes touristiques, la France n’est que 3ème dans le classement mondial, alors que les États-Unis, par exemple, effectuent un chiffre égal à deux fois et demi le nôtre[23].

L’évolution des comportements touristiques se fait aussi rapidement que la concurrence se fait active. Quand un touriste vient visiter le France, il ne le fait pas uniquement pour admirer la beauté des paysages et de la culture. Il ne faut pas oublier qu’il compare également son expérience en France avec celle qu’il a vécu dans un autre pays par exemple.

La France se démarque aussi négativement par rapport à sa présence sur le net. Ce n’est que très récemment qu’elle a accepté l’importance de la présence d’une version anglaise de ses sites pour une meilleure attraction de visiteurs, autant virtuels que physiques, est la commercialisation de biens et services touristiques internationaux reste le domaine d’excellence de l’Allemagne et de la Grande-Bretagne. Ces deux pays se sont attelés sur la vague de l’Internet bien avant les autres, ce qui explique leur maîtrise de l’outil.

De nos jours, plus de 60% des réservations aériennes et presque 40% des réservations hôtelières se dont sur le net, au travers de plateformes de commercialisation touristique internationale.

Pourtant, l’intégration de ces outils à travers la collaboration de ces start-ups du nets avec des groupes de l’économie jugés plus traditionnels ont donné des résultats extraordinaires de succès dans d’autres pays. Bien que la France puisse rencontrer des difficultés à se positionner sur le segment aérien ou hôtelier, le marché des activités touristiques mondial est encore en demande d’outils connectés tels que ceux créés pour l’hébergement (type AirBnB), segment où la France pourrait idéalement se placer.

Bientôt la dématérialisation et l’usage des mobiles se voudra monnaie courante, et l’accès a des plateformes spécialisées pourra rendre la préparation de vacances encore plus aisée.

 

       c. Une culture du tourisme absente

 

On remarque parfois en France une certaine animosité envers les touristes. Est-ce parce qu’ils affluent en masse à certaines périodes de l’année pendant que les français qui n’ont pas pu partir en vacances sont obligés de travailler ?

Est-ce l’idée de savoir que certains lieux publics où nous avons nos habitudes vont être bondés ?

Quelle que soit la réponse, le tourisme en France reçoit des avis partagés.

Ceux qui réalisent l’impact qu’il a sur l’ensemble de la France n’y voient pas d’inconvénients majeurs. Mais la partie de la population qui ne se rend pas compte du poids du tourisme dans le PIB français a tendance à ne pas apprécier ces vagues successives d’envahisseurs temporaires venus des quatre coins du globe.

En effet, la culture du tourisme est quasi absente dans la mentalité française.

 

Et cela s’est traduit par une baisse dans les investissements, par des formations professionnelles parfois inadaptées au métier de l’hospitalité, et tout ça parce que d’une manière générale, la France et les français ont tendance à sous-estimer l’importance économique du tourisme à l’intérieur de son territoire.

Bien que la France soit la première destination mondiale, son accueil est connu pour être l’un des moins accueillants. Il n’y simplement pas de place logique dans la psyche française pour le tourisme, et il n’y en aura pas de légitime tant que la population et les acteurs économiques ne réaliseront le potentiel et la manne providentielle que constitue le tourisme en France.

 

 

III. Pourquoi la France doit miser sur le tourisme chinois ?

 

1. LA CHINE ET LA FRANCE

       a. Une histoire de longue date

 

 

 

Bien qu’elles aient eu un passé précédemment, la Chine et la France ont officialisé leurs relations diplomatiques en 1954, et dans le contexte du début de la Guerre Froide, la France a été le premier des grands pays occidentaux à reconnaître la Chine populaire, ce qui a eu un effet rapide sur la communauté internationale[24].

En effet, par ce geste, la relation Chine-France a permis de briser la politique de confinement et d’isolation adoptée par les États-Unis contre la Chine depuis la fin de la Seconde Guerre

Mondiale. Ce geste diplomatique initié par la France a eu un effet domino dans la communauté internationale : de nombreux alliés des États-Unis ont suivi l’exemple de la France et se sont opposés au traitement hostile des États-Unis vis-à-vis de la Chine. En Janvier 1964, le Premier Ministre Canadien Pearson s’est déplacé jusqu’à Washington, suggérant au Président américain Johnson d’adopter une perspective plus réaliste en acceptant l’adhésion de la Chine au concert des Nations Unies, sous le prétexte de son acceptation par la France. Peu après, le Japon a annoncé l’ouverture prochaine d’un bureau permanent pour le commerce à Beijing.

La révolte de trois de ces plus puissants alliés à forcé les États-Unis à réfléchir sur le nouveau comportement à adopter vis-à-vis de la Chine, et le nouveau Président élu, Nixon, à répéter l’importance du rôle que la France a joué dans le changement de politique américaine par rapport à la Chine.

 

 

La relation Chine-France a depuis ce moment-là établit de nouveaux records : par exemple en 1973, Air France a inauguré sa première ligne Beijing-Paris, devenant ainsi la première compagnie européenne à desservir la Chine, et en 1975, la France a été le premier pays du bloc occidental à accueillir la visite d’un leader chinois – le Vice-Président Deng Xiaoping.

En 1978, les deux nations ont signé le premier agrément inter-gouvernemental entre un pays du bloc occidental et la Chine, et portant sur la coopération dans les domaines de la science et de la technologie.  Quelques années après, les deux pays signent un accord de coopération dans l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire, la France étant déjà en train d’asseoir sa position de leader dans le domaine du nucléaire. Cet accord est le tout premier dans le cadre du nucléaire pour la Chine.

 

Tout au long de ces années, les deux nations étant toutes deux passé par des hauts et des bas, elles ont décidé de former un partenariat global, dans le cadre de la déclaration conjointe du 16 mai 1997, qui a été par la suite élevée au rang de « partenariat stratégique global » en 2004.

En 2002, la Chine ouvre son tout premier Centre Culturel Chinois en Europe, et dans le monde occidental, dans nulle autre ville que Paris, et à partir de 2003 à 2005, les deux pays décident de tenir régulièrement des Années Culturelles.

En 2004 la Chine et la France signe un accord de coopération de police – le tout premier de ce genre signé entre la France et un pays hors de la zone de l’Union Européenne –  et en 2005 un accord de coopération et d’assistance légal et judiciaire – encore une fois premier accord de ce genre entre la Chine et un pays de l’Union Européenne.

Airbus ouvre sa première ligne d’assemblement final à Tianjin en 2008, et des sociétés œuvrant dans le nucléaire en France et en Chine travaillent de concert à l’ouverture d’un centre nucléaire au Royaume-Uni.

Et pour la première fois, la Chine a déployé des forces de sécurité au Mali pour participer à une opération de maintien de la paix, entamant ainsi la toute première coopération Chine-France dans un pays tiers.

La relation sino-française est caractérisée sur le fait qu’elle soit davantage basée sur leur coopération stratégique plutôt que sur des aspects économiques et commerciaux, ou sur des échanges culturels. Le poids de cette alliance s’est surtout fait sentir dans les domaines politique et stratégique depuis la signature de leur partenariat global en 1997.

Il est intéressant de noter que bien que le classement commercial sino-français ait régressé, leur coopération politique et stratégique a atteint un niveau inégalé, indiquant que les intérêts stratégiques que ces deux pays ont en commun dépassent largement les préoccupations économiques.

La signature de ce partenariat global a également joué un rôle positif dans le renforcement de leurs relations bilatérales.

 

Bien qu’éloignées l’une de l’autre, tant géographiquement qu’en termes de systèmes sociopolitiques, humanistes ou de valeurs, la Chine et la France partagent de nombreuses similarités. Toutes deux ont de longues et fascinantes histoires et cultures, un passé glorieux mais elles partagent également une vision grandiose du futur.

Politiquement, ces deux nations s’entendent sur leur volonté de perpétuer leur indépendance, tout en continuant de jouir de leur statut de grande puissance mondiale, et en appelant à une multipolarité et au respect de la diversité dans le monde.

Ces raisons ont fait que la Chine et à la France ont un respect mutuel l’une pour l’autre, ce qui a enrichi les bases de leurs relation non seulement politiques, économiques, culturelles mais aussi non-gouvernementales.

 

 

 

b. Relations géopolitiques

 

Bien que la France et la Chine aient mis un point d’honneur à respecter leur partenariat global,  deux évènements majeurs auraient pu ternir leurs relations : le premier étant l’Incident de Tiananmen en 1989, où le gouvernement socialiste français a dû procéder à une diplomatie éthique, et a fait pression sur la Chine sur des problèmes ayant trait aux droits de l’Homme, mais aussi au sujet du Tibet et de la vente d’armes à Taïwan. En Juin 1994, les deux pays ont signé un agrément selon lequel la France se résolvait à ne plus vendre d’armes à Taïwan.

En 1995, le Président français Chirac annonçait qu’il espérait que la France et la Chine puissent continuer à dialoguer sur la base d’un terrain d’entente, en mettant de côté leurs différences, en se respectant mutuellement tout en reconnaissant la valeur l’une de l’autre. Il a souligné le fait que les deux pays devaient poursuivre leur coopération et travailler ensemble maintenant plus que jamais.

Les deux gouvernements ont décidé de faire outre leurs différences et divergences dans leurs idéologies (droits de l’homme, système sociaux, etc.) et dans leurs intérêts économiques sur le court terme, et ce afin de construire un partenariat exhaustif.

Le deuxième évènement a pris place en 2008, quand le Président français Nicolas Sarkozy a rencontré le Dalaï Lama en Pologne quelques mois après avoir assisté à la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques à Beijing, touchant ainsi la corde sensible de la Chine, le Tibet. Les deux pays ont alors émis un communiqué de presse en 2009, où la France réitérait son engagement envers la politique d’une Chine unifiée, et son refus de supporter toute forme d’indépendance tibétaine, ce qui a résulté en une amélioration nette de la relation entre la Chine et la France depuis. C’est ainsi que lors de la visite du Président chinois Hu Jintao en 2010, les deux parties ont décidé de donner une nouvelle accélération à leur relation et de former un nouveau partenariat, toujours sur la base de la confiance mutuelle et de bénéfices réciproques. Les deux parties se consultent donc régulièrement, pour échanger leurs points de vue sur des problèmes internationaux les concernant mutuellement, améliorant leur confiance mutuelle et amoindrissant les suspicions, les risques de mauvais jugements, tout en faisant la promotion du concept de coordination stratégique.

 

A présent, la coopération Chine – France a évolué de manière rapide dans les domaines du commerce, de l‘éducation, de la culture, de la technologie, de la jeunesse et également dans celui des affaires judiciaires[25].

 

Mais aujourd’hui, la balance de pouvoir entre la Chine et la France a changé. La montée en puissance de la Chine pourrait entrer en confrontation avec les intérêts stratégiques de la France et des autres puissances traditionnelles.

Les valeurs que la Chine et la France ont en commun restent les mêmes, bien que leur relation soit à un tournant décisif. D’un côté, afin de poursuivre ces intérêts politiques et économiques, la France a de plus en plus besoin de la Chine, mais d’un autre côté, le concept de la menace chinoise qui existait en France continue de s’intensifier. La France reste réservée vis-à-vis de la Chine, et n’hésite pas à la critiquer sur des sujets tels que sa présence en Afrique, son développement économique, sa politique commerciale et celle qu’elle exerce vis-à-vis du Moyen Orient. La politique protectionniste française a achevé de ternir les relations entre les deux nations.

Au fur et à mesure que la demande de restriction et de régulation de la Chine se fait sentir en France, sa politique par rapport à la Chine perd de sa stabilité et de sa structure.

Et pourtant, ce qui cimentait leur relation – la stratégie du consensus et de la poursuite commune- n’a pas changé, et les attentes des deux pays en matière d’entraide mutuelle et de demande réciproque ne cessent de grandir. La Chine étant en pleine reformation, son intérêt est de forger et de maintenir de bonnes relations extérieures, afin de pouvoir se développer dans un environnement propice à sa bonne évolution. La France – quant à elle – voit l’émergence de nouvelles forces comme présage de changements significatifs dans la structure géopolitique et géoéconomique du monde. Ainsi, elle maintient sa politique originelle avec la Chine, et s’appuie sur leur relation stratégique et leur coopération mutuelle.

L’arrivée du socialisme en France a davantage renforcé les relations sino-françaises, et la venue du Président français Hollande en France était vivement anticipée par les deux parties, et a apporté plus de fruits que ce qui avait été anticipé. En effet, les grandes lignes de leur collaboration nouvellement évoluée ont été définies : les deux nations ont à nouveau souligné l’importance de leur partenariat stratégique, mais elles ont également commencé à discuter d’un nouveau type de partenariat économique et commercial, leur complémentarité dans de nombreux secteurs ayant déjà été prouvé à de nombreuses reprises.

La France a par exemple une expertise remarquable dans les domaines de la sécurité alimentaire, de la santé, de la protection de l’environnement, de la construction urbaine et dans le développement responsable, et ce sont des domaines où la demande chinoise se fait ressentir. La Chine, quant à elle, a une large réserve de change et investit activement à l’étranger, poussant également la stratégie du « Go Global » auprès des sociétés chinoises. Cela répond aux demandes de la France et d’autres pays européens touchés par la crise de la dette, et à la recherche d’investissements étrangers et de création d’emplois.

Par la suite, les deux ont signé plus d’une dizaine d’accords pour encourager la coopération dans les domaines du développement durable en milieu urbain, de l’innovation technologique, de la protection de l’environnement, des échanges culturels, de l’énergie nucléaire, du tourisme, de l’agroalimentaire, et de l’énergie, principalement. Tous deux ont accepté de mettre en place le nécessaire afin d’avoir un dialogue de haut niveau en ce qui concerne les affaires économiques, fiscales et financières, mais aussi afin d’approfondir leur coopération dans la construction ferroviaire, l’agriculture moderne, l’économie d’énergie, les nouvelles énergies, les soins médicaux et l’économie digitale.

Et les deux parties ont confirmé leur volonté de prolonger davantage leur coopération dans les domaines de la culture, de l’éducation, des soins médicaux et du tourisme.

 

 

c. La passion des Chinois pour la France

 

Pour les Chinois, la France est une mosaïque de clichés symbolisés par Chanel, Louis Vuitton et la gastronomie et l’industrie viticole.

Les relations bilatérales des deux pays ne sont pas la première préoccupation de la population chinoise dans son appréciation de la France. Ils considèrent davantage les français et leur façon, voire même leur art, de vivre comme l’apogée de l’hédonisme et de tout ce qu’il y a de fin dans le monde.

Pour eux, la France est synonyme de littérature, de romantisme, parfois de chauvinisme mais aussi d’hospitalité, de gastronomie et de joie de vivre.

Plus que ça, dans une Chine en plein boom, les produits français sont devenus symbole de statut par excellence. Le chinois ayant une image de leur pays comme source de main d’œuvre et de production de masse à qualité aléatoire, sa vision de la France est celle d’un pays de prestige à l’expertise pointue, somme toute, le contraire de son pays. Et c’est ainsi que les chinois ont une nette préférence pour toute marque française, ou bien même à connotation française.

Cette haute perception de la qualité française s’étend également à la gastronomie française et à ses vins.

En un sens, on pourrait dire que les rôles se sont inversés : pendant la période faste de la France du XIXème siècle, la Chine était perçue comme un monde de loisirs, d’arts, d’authenticité et de sagesse que la France avait perdu dans sa course vers la modernité. Et de nos jours, c’est la France qui représente cette image cristallisée de ce que la Chine aurait pu devenir si elle ne s’était pas sacrifiée pour sa propre croissance : qualité, continuité et rigueur, mais surtout savoir-vivre.

C’est pour cela que de plus en plus de chinois visitent la France de nos jours. De nombreux couples fortunés font le déplacement en groupe jusqu’à Tours pour se marier sur les rives de la Loire. Ils ont cette image d’une France romantique, vivant dans le passé, mais surtout une idée d’un mode de vie à la française. Cette cristallisation, véhiculée par les médias, a tendance à faire oublier que tout comme en Chine, la population française travaille, paye ses impôts et prend les transports. L’image ultra-romancée que les chinois ont de la France ont tendance à les décevoir quand ils viennent fouler le sol français, et ils semblent alors souffrir du syndrome de Paris.

Comme pour la plupart de touristes en partance pour Paris, c’est la plus belle ville du monde, et la France est un pays riche, non seulement en termes économiques mais aussi culturellement, et elle est chargée d’une histoire grandiose.

 

2. LE TOURISME CHINOIS EN FRANCE

       a. Les chiffres-clés

 

Dans le passé, la population chinoise ne pouvait pas voyager, de par un manque de moyen, une régulation domestique sévère et des restrictions des pays étrangers. Mais ces barrières ont changé, et on remarque que les chinois sont de plus en plus friands de voyages.

Il est tout de même important de noter que la France, contrairement à d’autres pays d’Europe, a déjà fait des efforts pour attirer et encourager la visite de touristes chinois sur son territoire.

Les chinois qui travaillent n’ont en général que deux créneaux dans l’année pour prendre des vacances : au moment du nouvel an chinois (vers le mois de février) et aux alentours de la fête de la lune en octobre. C’est durant ces deux périodes que les touristes chinois affluent en masse vers des destinations aux quatre coins du monde.

Selon une estimation[26], 1,8 millions de touristes chinois ont visité la France en 2016, sur un total de 135 millions de visiteurs.

60% de la clientèle touristique chinoise en France est jeune (moins de 35 ans), et ses habitudes de consommation et de voyage, mais aussi de recherche d’expériences, sont radicalement différentes de celles des générations précédentes.

La plupart des touristes chinois en visite en France pour la première fois viennent encore en groupe de 15 à 25 personnes – organisés par des agences de voyages chinoises dans la plupart des cas – et leur visite en Europe comprend plusieurs pays, au minimum 3.

Comme ce sont des touristes qui n’ont généralement que peu de temps devant eux, ils ont tendance à ne pas s’attarder très longuement sur des aspects de la culture et du pays qui requièrent du temps.

Toutefois, on remarque de plus en plus le développement d’une clientèle plus individuelle et qui ne voyage pas en groupe, ou alors en groupe restreint, et la génération des millenials (20-35 ans) chinois, quand elle est touriste, est hyper-connectée, plutôt indépendante et davantage à la recherche d’expériences authentiques que les générations de touristes voyageant en groupe.

Ces millenials, cette nouvelle génération est en passe de supplanter le premier groupe de voyageurs en groupe, et son effectif ne va cesser d’augmenter dans les années à venir.

 

En général, la France est la dernière étape du parcours des touristes chinois, car c’est la destination où ils souhaitent effectuer leur shopping.

 

       b. Le(s) profil(s) – type du touriste chinois

 

Le touriste chinois vient le plus souvent des villes principales de chine, comme Pékin, Canton ou Shanghaï. Leur moyenne d’âge et de 32 ans, et on peut distinguer deux grands groupes :

Le premier groupe est représenté par la génération d’avant 1980, une génération plutôt marquée par la privation, et le deuxième groupe est la génération d’après 1980, qui est issu d’une période plus stable et plus prospère.

La génération pré-1980 est plus proche de la tradition, elle ne parle pas anglais la plupart du temps, et est caractérisée par son humilité et parfois par son effacement. Ce premier groupe représente 32% de la clientèle touristique chinoise.

La génération post-1980 est davantage individualiste et consumériste, aime le luxe, l’ostentation,  se mettre en valeur et se dépasser. Ce groupe, qui forme la majorité des touristes chinois à l’étranger, est souvent en issue de la classe moyenne haute chinoise, et elle représente la génération qui voyage le plus.

 

Même si les chinois sont très portés sur la famille, il est rare qu’un couple voyage avec leur enfant, la génération jeune préférant davantage voyager entre amis (dans 46% des cas), en couple et, récemment, seule.

 

Généralement, le touriste chinois qui vient en France fait partie de la classe moyenne haute citadine, de type col blanc. Voyager en France coûte en moyenne entre 5300 à 8300€, et la somme moyenne dépensée par jour par ces touristes, rien qu’en shopping, est de 1000€ : ils consomment surtout des vêtements, des accessoires de mode, des bijoux, des parfums, du vin et des souvenirs.

 

Feu le cliché du chinois qui voyage en groupe pour voir le maximum de choses en un minimum de temps tout en ramenant les souvenirs les plus chers. Il est maintenant en train de développer de plus en plus de goût pour la culture de leur pays de destination, et maintenant une plus grande partie de leur budget de vacances est alloué à la réelle découverte du pays et de la culture plutôt qu’au shopping. Le chinois est un touriste connecté, il n’éteint jamais son téléphone, et est donc exigeant en termes de connexion internet.

Bien que le touriste chinois ne représente que 13% du marché du tourisme mondial, c’est une cible convoitée car son panier moyen est de 3500 euros quand il vient en France. Le tourisme est un concept nouveau pour les chinois, vieux à peine d’une quinzaine d’années, né de l’assouplissement de la législation sur les déplacements. C’est donc un marché plein d’avenir.

 

Les voyages à l’étranger deviennent de plus en plus populaires en Chine[27], et les touristes chinois ont dorénavant tendance à investir davantage dans la qualité de leur expérience touristique que dans l’achat de produits touristiques. En parallèle à cette nouvelle tendance, les femmes touristes chinoises sont de plus en plus nombreuses et représentent une part très importante des touristes chinois à l’étranger.

On distingue également plusieurs types de touristes en provenance de Chine. Ceux que l’on connait déjà sont ceux qui voyagent en groupe, et qui ont tendance à rester soudés, et à difficilement se mélanger à la culture qu’ils visitent. Ces individus sont typiquement dans une approche contemplative et ont été caractérisés par leurs incessantes prises de photos.

De plus en plus apparaissent de nouveaux profils de touristes chinois.

Les touristes voyageant en groupe composent la majeure partie de la clientèle touristique chinoise à ce jour, en représentant presque 70%. Ces touristes décident de voyager en groupe pour plusieurs raisons.

Tout d’abord se pose la barrière du langage : le plus souvent, ces touristes ne parlent aucune langue internationale, d’où la nécessité d’engager un guide. Il est d’ailleurs intéressant de noter qu’en Europe, ces guides sont souvent des étudiants chinois travaillant à mi-temps. De plus, l’obtention d’un via est difficile, et passer par une agence est une solution, seulement ces agences ont tendance à organiser ces voyages en groupe. Les chinois sont aussi appréhensifs à l’idée de partir seuls à l’aventure, comme ils n’ont réellement commencé à voyager que dans la dernière décennie, le concept du voyage est nouveau pour eux. C’est ainsi qu’ils préfèrent passer par des agences pour s’occuper de toutes les formalités de leur voyage, quitte à ce qu’il se fasse en groupe.

Ce touristes ne voient pas d’inconvénient à voyager en groupe, après tout, étant issus d’une société communiste, la notion de communauté, et donc de groupe, est bien assimilée dans la mentalité chinoise. De plus, voyager en groupe s’avère bien moins onéreux que les voyages individuels ou en groupe restreint, et dans une société aussi sensible à la tarification, cet élément est un élément-clé dans préparation d’un voyage.

 

En 2015, alors que 46% du nombre total de touristes chinois voyageaient pour les affaires, 31% pour le plaisir, une partie, plus singulière, comprend les touristes chinois seniors et cette dernière catégorie est particulière sous plusieurs points car ce sont les enfants de cette génération qui financent les voyages des seniors. En effet, la société chinoise veut que les enfants prennent soin et supportent financièrement leurs parents, et ce pendant le plus longtemps. La Chine a la plus nombreuse population senior du monde, avec plus de 200 millions d’individus de plus de 60 ans.

Et une large partie de la classe moyenne sont prêts à dépenser de larges sommes pour leurs parents. Le fait de faire voyager ses parents à l’étranger est considéré comme un geste de loyauté, de respect et d’affection. Mais cette niche de voyageurs est plus sensible au prix qu’à la qualité. Elle est une clientèle importante car elle a le temps, l’argent et l’envie de voyager. Les agences de voyage cherchent à attirer cette clientèle chinoise senior car ils peuvent voyager durant la saison basse, ceux qui permet à ces agences de remplir leurs réservations durant cette période moins faste.

C’est une clientèle appréciée car elle revient là où elle a été bien accueillie, et elle a tendance à recommander les endroits qui lui ont été favorables à ses amis et connaissances. Leur fournir un bon service, parer à leurs attentes et besoins, mais aussi leur apporter une attention spéciale peut se révéler porteur de fruits pour les professionnels du secteur.

 

Depuis les réformes économiques et les bouleversements sociaux vécus par la Chine, de plus en plus de ses citoyens voyagent et consomment des produits à travers le monde.

Ce marché émergent est une opportunité pour les professionnels du tourisme, d’où la nécessité de comprendre leurs besoins et attentes spécifiques.

On peut généralement diviser les chinois entre ceux du Nord et ceux du Sud. Le Sud disposant d’une base économique plus solide, et de plus d’agences touristiques, dispose de davantage d’individus susceptibles de voyager à l’étranger. Il est tout de même intéressant de noter que bien que les touristes chinois du nord soient moins nombreux, ils dépensent davantage que ceux du Sud.

 

Les chinois ayant été, dans le passé, soumis à des régulations strictes concernant leurs déplacements, ils sont maintenant à la recherche d’expériences leur permettant de se dépasser mais aussi pour s’affirmer en tant qu’individus. Les individus les plus fortunés préfèrent passer par des professionnels du voyage, pour qu’ils leur préparent un voyage ultra-personnalisé, mais également en dehors des périodes d’affluence. Ces touristes ne regardent absolument pas à la dépense et n’hésitent pas à choisir les formules les plus chères, tant que l’expérience finale leur est agréable.

 

Il est difficile d’évaluer les raisons motivant les voyageurs chinois à partir à l’étranger, surtout avec la hausse de leur pouvoir d’achat et la baisse des coûts des voyages, mais on peut estimer que la clientèle touristique susceptible d’entreprendre des voyages à l’étranger pour le plaisir ont des revenus dépassant 15000$ par an[28].

 

 

Le touriste chinois est très porté sur le shopping et les emplettes. D’un naturel très attaché à son entourage et à sa famille, il a pour habitude de ramener de nombreux souvenirs à distribuer à son retour, et dépense en moyenne 1000$ US sur le marché étranger pour son shopping.

 

Mais le développement de cette classe moyenne a aussi laissé apparaitre une classe moyenne médiane[29], qui attend beaucoup plus que de la simple consommation lorsqu’elle est touriste à l’étranger. Ces touristes chinois ont un budget souvent moins importants, et bien qu’ils soient portés sur le shopping un minimum, ils se déclinent sous forme de parents prudents, de baroudeurs, d’excursionnistes. Les chinois à destination de l’étranger ne sont plus confinés à ceux qu’on voit à Paris ou à Cannes, beaucoup se déplacent et le fait qu’ils soient familiers avec l’anglais rend leurs déplacements hors des sentiers battus beaucoup plus aisés.

 

 

c. Les pratiques des touristes chinois

 

Les touristes chinois sont une frange particulière de la clientèle touristique. Ils se démarquent non seulement par leur portefeuilles particulièrement garnis, mais aussi par leurs habitudes et par leurs critères de choix en ce qui concerne les destinations, les circuits, mais aussi l’hébergement et les activités, produits et services qu’ils vont consommer.

 

Une des destinations phares de ces touristes chinois en France est bien entendu Paris. C’est leur choix favori non seulement à cause de ses monuments et de son bouillonnement, mais aussi pour son héritage culturel –  qui transpire même à travers les pavés de ses routes et la pierre de son architecture – mais aussi pour ce je-ne-sais-quoi de très spécial qu’aucun n’est encore arrivé à définir.

 

La classe moyenne haute[30] – qui constitue la majorité des touristes chinois en France – est également passionnée de vins, et en particulier du bordeaux, et donc de la ville du même nom. C’est ainsi qu’ils affluent en masse dans la ville qu’ils considèrent comme la capitale du vin dans le monde. Bien que leurs connaissances œnologiques soient très souvent limitées, cette clientèle particulière ne voit aucun inconvénient à débourser des sommes folles dans ce qu’ils considèrent comme le pinacle du raffinement mondial mis en bouteille.

 

Les top 3 des activités préférées de cette frange de la clientèle touristiques sont la visite de monuments ou de musées, la découverte des villes ou la promenade et le shopping. Ils sont friands de gastronomie et auront tendance à aller à la recherche de lieux connus et recommandés. Ils apprécient l’alcool et le vin, et ils considèrent le shopping comme un incontournable d’un séjour en France.

Ils aiment l’aspect culturel de leur visite et aussi se promener à pied.

Ce sont des touristes ultra-connectés, qui se renseignent énormément sur Internet avant de préparer leurs voyages et qui partagent leur voyage au fur et à mesure sur les réseaux sociaux. Ces recommandations ont un fort impact pour la clientèle touristique chinoise qui s’y réfère, mais la Chine n’a pas les mêmes réseaux sociaux que le reste du monde.

Ils attendent une information en temps réel et souhaitent faire le plus de choses possibles sur le net (pré-réservations, etc.).

Ils prennent volontiers le taxi, qu’ils considèrent comme pratique et accueillants. A l’hôtel, ils portent attention au wi-fi gratuit, à la sécurité et à la proximité d’une zone commerciale ou marchande.

C’est une clientèle haut-de-gamme, exigeante et qui a les moyens.

Selon Atout France, « les quatre thématiques traditionnelles plébiscitées par les Chinois pour un voyage en France sont le romantisme, le shopping, le patrimoine et l’art de vivre. Le tourisme de nature, le tourisme familial, les croisières maritimes et fluviales ou les autotours rencontrent aujourd’hui un succès croissant. »

 

 

3. UN POTENTIEL POUR LES ANNÉES À VENIR, SOUS CONDITIONS

 

a. De bonnes prévisions pour l’avenir du tourisme chinois en France

 

Visiter la France est considérée par la clientèle chinoise comme un incontournable du voyage international – tout comme visiter la Grande Muraille est incontournable lors d’une visite en Chine – et c’est d’ailleurs la destination qui fait le plus rêver les chinois.

Ainsi, quand questionnés sur leur destination de prédilection, si le financement n’était pas un problème, la majorité des réponses concernait l’Europe, et en particulier la France, l’Italie et la Grèce, à cause de leurs paysages, de leurs cultures et de leurs histoires.

 

Depuis les réformes et l’ouverture de l’économie Chinoise, de plus en plus de Chinois voyagent à l’étranger pour visiter, voyager et consommer des produits de par le monde. Au début de l’année 2015, plus de 100 millions de touristes Chinois ont fait le choix de voyager à l’étranger.

Et cet effectif représente une véritable opportunité pour les industries du tourisme du reste du monde.

 

Cependant, s’adapter à de nouveaux marchés peut s’avérer déroutant pour bon nombre de professionnels du tourisme. En effet, les touristes chinois ont des besoins et des habitudes de voyage spécifiques, et ces éléments doivent être étudiés, assimilés et les moyens nécessaires doivent être mis en œuvre pour pouvoir y répondre. De plus, les habitudes de cette frange particulière de la clientèle touristique mondiale est en train d’évoluer en même temps que la mentalité de la classe moyenne supérieure chinoise, qui en constitue la quasi-totalité.

 

 

De plus, une augmentation des revenus, des vols long-courriers moins onéreux et une plus grande souplesse dans les formalités pour les visas ont transformé l’idée de voyager en France d’une commodité de luxe à une expérience de consommation abordable pour les chinois. En effet, plus d’un quart des touristes chinois – ayant déjà voyagé à l’étranger – ont également déjà visité l’hexagone. Et les touristes chinois dépensent, en moyenne, davantage en France que dans n’importe quelle autre destination touristique, même le shopping mis à part.

 

Les touristes chinois à destination de la France ont des parcours différents sur place. Ils ne se contentent plus des grands repères et de découvrir la gastronomie, mais ils veulent également réellement découvrir la culture du pays.

 

       b. Si celle-ci parvient à attirer la clientèle

 

En général, le principal facteur empêchant les chinois de voyager à l’international est un manque de temps. La préoccupation suivante est le coût des packages internationaux, souvent perçus comme trop onéreux pour être attractifs, et elle et couplée avec la difficulté et la complexité des procédures d’obtention de documents de voyages, tels que les visas.

 

Promouvoir la destination France par exemple lors de la Fashion Week ou Festival de Cannes

Arriver à anticiper l’évolution rapide et parfois imprévisible des modes de consommation touristiques

Tirer profit de l’importance croissante des services et du marketing en ligne via l’Internet mobile

 

Selon une étude menée en 2012, seuls 40% des touristes chinois étaient satisfaits de leur séjour en France.

Se mettre à la place des Chinois dans la préparation de leur voyage. En effet, ils n’ont accès ni à Google, ni à Facebook et encore moins à Twitter. Ce qui fait que les résultats qu’ils obtiennent lors de leurs recherches sur Internet ne concernent que les sites ayant été indexés par leurs moteurs de recherche  – tel que Baidu, l’équivalent de Google en Chine – ou le contenu mis en ligne sur leurs plateformes – comme Weibo, le Twitter chinois.

Ainsi, ne pas être trouvable sur l’Internet chinois pénalise grandement les industries du tourisme en France. Un effort doit être fait pour apparaître parmi les résultats de recherche en Chine, et ce afin de garantir la visibilité des sites français locaux – traduits en mandarin, bien évidemment – et une exposition maximale.

 

Arriver à percer dans le marché touristique chinois va nécessiter de travailler en concert avec des professionnels du tourisme chinois, que ce soient les tour-opérateurs ou les agences de voyages, mais aussi avec les médias et les plateformes de communication locales chinoises.

En effet, les chinois n’ont pas accès aux plateformes de communication qui nous sont familières, telles que Facebook ou Twitter, et ils n’ont également pas accès aux moteurs de recherche comme Google, que nous prenons pourtant pour acquis.

 

Ainsi, un véritable effort culturel devra être fait, pour réellement se mettre à la place du potentiel touriste chinois en France, passer par les circuits qui leurs sont habituels permettra aux professionnels du tourisme français d’aiguiller leurs stratégies commerciale et marketing pour pouvoir atteindre cette frange particulière de la clientèle touristique.

 

       c. Et à améliorer l’expérience client

 

 

La principale préoccupation de la clientèle touristique reste le confort de son expérience, et ce, dès son arrivée sur le territoire. Ainsi, travailler sur la qualité d’accueil de cette frange de la clientèle touristique est primordial dans l’amélioration de l’expérience client. Cela peut se matérialiser par le développement de traduction des signalétiques en mandarin, par exemple, car selon la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris, « maitrisant mal l’anglais, les Chinois se heurtent à des difficultés linguistiques importantes. »

Pour la rassurer lors de son séjour, une plus grande surveillance et une meilleure lutte contre la petite criminalité pourrait l’impacter positivement. Mais étant donné que seuls les pouvoirs publics ont la magnitude suffisante pour mener une action contre la criminalité, une plus grande information sur ces sujets devrait être diffusée, et ces touristes particulièrement vulnérables devraient faire l’objet d’une campagne d’information constante.

Ces touristes sont également avides de connaître différents régions, cultures et activités en France, ainsi, mettre en avant des destinations moins connues que Paris, comme les littoraux, les zones de montagne, de randonnée et de ski pourrait s’avérer bénéfique pour le secteur touristique français.

 

Mais le plus important pour ces touristes chinois, qui a jusqu’à maintenant été négligé, serait de se mettre à leur place en tant que consommateurs chinois à l’étranger. Cela implique par exemple le développement de solutions en adéquation avec leurs systèmes en Chine. Par exemple, le système d’Alipay a été adopté au duty-free de l’aéroport Charles de Gaule et dans les magasins Printemps de Paris, et le système Apple Pay a été mis en place chez le Bon Marché et aux Galeries Lafayette.

Il faut « penser comme les chinois » : se rappeler qu’ils aiment garder leurs traditions et s’attendent au même service que celui qu’ils ont à la maison, penser à mettre à leur disposition ces moyens de communication et de paiement avec lesquels ils sont familiers, comme la carte bancaire et le paiement mobile via Alipay ou WeChat pay – afin qu’ils n’aient pas à se déplacer avec des devises, à s’adapter à leur style de commercialisation (les stratégies marketing chinoises sont davantage portées sur les images et les couleurs, les émoticônes, etc.), sachant qu’ils ont une manière différente de transmettre et d’assimiler l’information et le contenu.

Étant donné que bon nombre de sites que nous prenons souvent pour acquis sont interdits en Chine (Google, Facebook, Twitter, etc.), il faudrait également que les sites ciblant les touristes chinois puissent être indexés sur les moteurs de recherche chinois, le principal étant Baidu. Ce moteur de recherche fonctionne différemment de ce que nous connaissons, mais l’indexation d’un site est facilité avec un contenu disponible en chinois, un design responsive : différent pour tablette, mobile et ordinateur, car étant ultra-connectés, ils consultent énormément Internet, mais également  un contenu original et percutant faisant utilisation de mots-clés et avec des images et des vidéos de bonne qualité. Les touristes chinois ont également tendance à passer par la plateforme Wechat pour préparer leurs voyages. Se familiariser avec, et l’utiliser pour les attirer est indispensable pour tout professionnel du tourisme.

Les chinois se reposent également beaucoup sur les avis et conseils de leur entourage, mais également d’autres voyageurs avant de se décider à mettre leur départ en place. Ils font des recherches extensives pour préparer leur départ et vont chercher des informations sur Baidu (Google chinois) et Weibo (Twitter chinois). Ainsi, inciter les touristes chinois à laisser leurs avis – sur leurs plateformes habituelles et sur celles que nous connaissons – pourrait persuader d’autres futurs visiteurs à passer par ces établissements.

 

N’oublions pas également qu’étant ultra-connectés, ils sont particulièrement sensibles à la présence d’une connection en Wi-fi, surtout dans les établissements où ils séjournent. La plupart fuiront ceux qui n’en disposent pas, et il est également intéressant de noter qu’ils ont une préférence pour les établissements conjuguant hôtel et salle de restaurant, et sont comblés lorsque leur lier d’hébergement se trouve non loin d’une zone commerçante.

 

 

Problématique et hypothèses de recherche (1 page)

Comment les entreprises du tourisme et de l’hôtellerie française s’adaptent-elles à la demande des touristes chinois ?

L’adaptation des entreprises du tourisme et de l’hôtellerie française à la demande des touristes chinois.

 

Méthodologie (6 pages)

      I.       Le choix des personnes interviewées

Afin de répondre à notre problématique, les personnes interviewées sont des professionnels de l’hébergement hôtelier, une spécialiste de la relation Chine-France et un professionnel du tourisme. Ils sont considérés comme interlocuteurs de prédilection car l’interlocuteur n°1, étant chef de réception, connaît les habitudes des clients, l’interlocutrice n°2 analyse les tendances de la clientèle du même établissement, l’interlocutrice n°3 est vice-présidente de l’association France-Chine et connait donc parfaitement les caractéristiques et les différentes dynamiques relatives aux touristes chinois en France. L’interlocuteur n°3, quant à lui, étant un professionnel du tourisme et nous permettra de réaliser ce qui se fait actuellement vis-à-vis de cette clientèle chinoise en France

 

1) Aimable HABIN, 31 ans, Chef de réception à l’hôtel AC by Marriott Paris Porte Maillot depuis 2014

Professionnel du tourisme

2) Laurène GUY, 25 ans, Sales Assistant à l’hôtel AC by Marriott Paris Porte Maillot depuis 2014

Professionnel du tourisme

3) Evelyne Ollivier-Lorphelin, 63 ans, vice-présidente de l’association France-Chine internationale

Professionnel de la relation France-Chine

4) Nicolas Leal, 41 ans, fondateur de Private Loire

Professionnel du tourisme

 

   II.       Le déroulement des entretiens

 

Les thèmes abordés lors de ces entretiens suivent le plan suivant :

 

  1. Pouvoirs publics

Êtes-vous sensibilisé par les pouvoirs publics (mairies, conseil général…) à l’importance que peut représenter l’accueil des touristes chinois ?

  1. Sur le territoire :
    1. Avez-vous remarqué une augmentation du nombre de touristes en provenance de Chine dans votre ville / région ?
    2. Quelle image ces touristes ont-ils de votre destination ?
    3. (Quels sont les points forts de votre destination ?)
  2. A l’échelle de la structure :
    1. Quelle est la cible principale de votre établissement ?
  3. Les touristes chinois :
  • Qu’est-ce qui vous vient à l’esprit lorsque l’on parle des touristes chinois ?
  • Accueillez-vous au sein de votre structure des touristes chinois ?
  • Constatez-vous une demande différente de ces touristes ?
  • Constatez-vous un comportement différent de ces touristes ?
  • Engagez-vous des actions spécifiques pour attirer cette clientèle potentielle ?
  • (Si oui, lesquelles ? Êtes-vous en contact avec des acteurs chinois du secteur ?)
  • Voyez-vous un intérêt à attirer ces touristes ?
  • Savez-vous que les chinois représentent le premier marché émetteur mondial ?
  • Quels sont, selon vous, les freins majeurs à leur venue chez vous ?
  • En quelle(s) langue(s) est traduit votre site internet ?

 

 

Les résultats (5 pages)

      I.       Analyse des résultats et réponse aux hypothèses (préconisations) (15 pages)

 

  1. Pouvoirs publics
    1. Êtes-vous sensibilisé par les pouvoirs publics (mairies, conseil général…) à l’importance que peut représenter l’accueil des touristes chinois ?

Pour la personne au plus près de la clientèle, à la réception d’un hôtel, des contacts sporadiques de l’Office de Tourisme sont établis, mais l’établissement reste en général indépendant, et sa clientèle est davantage orientée business. Toutefois cet organisme propose des guides en plusieurs langues et une sensibilisation autour de certains types de clientèle.

Au niveau du service commercial, l’impact des pouvoir publics sur la question ne se fait quasiment pas sentir, il n’y a pas de recommandations émises par un quelconque organisme les ayant atteint à ce jour.

La troisième interlocutrice considère que le Conseil Régional n’a pas mis ses priorités autour de la Chine. Il y a en général un manque de réactivité de la part des pouvoirs publics.

Le dernier interlocuteur n’a pas d’avis sur la question.

 

  1. Sur le territoire :
    1. Avez-vous remarqué une augmentation du nombre de touristes en provenance de Chine dans votre ville / région ?

Dans les milieux urbains, les interlocuteurs ont en général remarqué une augmentation du nombre de touristes en provenance de Chine. La France reste une destination favorite de la frange de la clientèle touristique, mais elle reste encore confinée à certaines villes et régions de la France.

  1. Quelle image ces touristes ont-ils de votre destination ?

De manière générale, en milieu urbain les touristes chinois sont souvent familiers avec l’aspect commercial de la France, mais ils sont également friands de culture et de tradition.

Ils ne connaissent pas beaucoup de destinations en France mais une partie de ces touristes chinois apprécie partir à l’aventure et découvrir de nouveaux endroits.

(Quels sont les points forts de votre destination ?)

Les interlocuteurs basés en milieu urbain mettent en avant la présence de commerces et de repères.

Les deux derniers interlocuteurs, mettant en avant des régions moins connue estiment que la beauté de ces régions mériteraient d’être davantage connue des touristes chinois, de par leur beauté, de leur authenticité et de leur patrimoine culturel.

  1. A l’échelle de la structure :
    1. Quelle est la cible principale de votre établissement ?

Les établissements hôteliers de moyenne à haute gamme sont principalement intéressés par les touristes chinois voyageant pour les affaires et ceux qui ont des revenus importants, principalement. La vice-présidente de l’association France-Chine souhaiterait que des solutions différentes soient proposées aux différentes typologies de touristes chinois.

  1. Les touristes chinois :
  • Qu’est-ce qui vous vient à l’esprit lorsque l’on parle des touristes chinois ?

En ville les touristes chinois sont sensibles à l’emplacement de l’établissement, de sa proximité aux transports et aux commerces, au prix de l’hébergement, ils ne parlent pas souvent anglais, et ils apprécient la présence d’un chinois comme eux dans le personnel de l’établissement où ils résident.

Il y en a des très fortunés, mais aussi des touristes ayant de petits budgets. Et leurs motivations pour voyager en France sont également différentes. Certains vont voyager pour le prestige de la destination, et d’autres vont réellement sortir des sentiers battus et apprécier de découvrir la culture locale.

  • Accueillez-vous au sein de votre structure des touristes chinois ?

Le plus souvent, les établissements hôteliers ne travaillent pas directement avec la clientèle chinoise, le référent du marché Chinois, Guanwei, est souvent le référent qui leur ramène des clients chinois.

Dans des régions moins connues de ces touristes, les chinois arrivent souvent en groupe pour les vacances et ce, une à deux fois par an, à moins que des circuits spécifiques ne soient organisés.

 

  • Constatez-vous une demande différente de ces touristes ?

Il y a plusieurs types de touristes, allant du plus fortuné au jeune touriste qui va à la recherche du festival et de la fête. Les clients au budget le plus faible apprécient les chambres twin et triples pour faire des économies.

La clientèle d’un certain âge a tendance à voyager en groupe pour les vacances.

 

  • Constatez-vous un comportement différent de ces touristes ?

C’est une clientèle qui voyage massivement via des agences de tourisme ou par un tour-opérateur. La majorité de ces touristes ne connait que l’axe Paris-Nice. Jusqu’à maintenant, ils ne sont connus que pour un tourisme de rapidité et de photo, qui ne souhaite pas entrer en profondeur dans des thèmes du pays, comme l’histoire ou l’architecture. Alors que des études ont montré que la typologie des touristes chinois a changé en l’espace de quelques années.

 

  • Engagez-vous des actions spécifiques pour attirer cette clientèle potentielle ?

Quand les personnes interrogées, provenant d’un milieu urbain répondent, ils mettent en avant des programmes élaborés pour tenter d’attirer cette clientèle atypique. En effet, en villes, ce sont des touristes fortunés et à la recherche d’expériences de consommation.

La mise en place de ce genre de programmes permet d’attirer directement les clients, sans qu’ils ne passent par une agence de voyages ou un tour-opérateur. Par exemple, le programme Li Yu a été mis en place: entre autres avec la boutique « Grab&Go » avec la mise à disposition de produits asiatiques, la mise en avant du welcome kit en chambre – avec infos wifi, chaussons, bouteille d’eau et la carte en chinois – et bouilloire en chambre pour leurs nouilles. Initiative du groupe Marriott, ce programme a été étudié spécifiquement pour le marché asiatique.

Des initiatives sont mises en place par exemple à travers des campagnes de diplomatie, de soft-power afin de faire connaître telle ou telle région. Les gens qui y viennent sont souvent des entrepreneurs et des gens des affaires.

D’autres professionnels du tourisme français n’engagent aucunes actions spécifiques pour attirer cette clientèle car les touristes chinois ne correspondent pas aux styles de voyages qu’ils organisent.

 

 

 

 

  • (Si oui, lesquelles ? Êtes-vous en contact avec des acteurs chinois du secteur ?)

Plusieurs grands établissements hôteliers – surtout les groupes – ont un référent pour les marchés asiatiques, qui sont eux-même chinois.

Certains passent également par des tours-opérateurs, qui fonctionnent via un système d’allottements avec les hôtels, ce qui fait qu’au final un client ne paye pas une nuitée mais un package avec tout son voyage, Ainsi le groupe Marriott travaille avec le référent du marché Guanwei et se repose sur lui pour lui ramener des clients.

 

  • Voyez-vous un intérêt à attirer ces touristes ?

L’industrie hôtelière est consciente que c’est un marché en plein développement car bien que ce soit une clientèle qui n’arrive que peu de fois dans l’année, elle arrive en grande quantité et elle a largement les moyens de voyager. Et souvent, lors d’évènements tels que la Fashion Week, la clientèle touristique chinoise est composée de gens des affaires ou des personnes de la mode. C’est un marché qui va énormément attirer, vu le développement important que la Chine est en train de vivre, et il va continuer à augmenter.

Il faut également offrir des offres adaptées à ces typologies de nouveaux touristes.

 

  • Savez-vous que les chinois représentent le premier marché émetteur mondial ?

Les professionnels semblent en avoir une vague idée, sans pour autant se rendre compte de ce que cela veut dire ou plutôt sans savoir si ça pourrait les concerner. Ils savent que c’est un segment qui est de plus en plus riche et qu’il faudrait continuer à essayer d’attirer.

 

  • Quels sont, selon vous, les freins majeurs à leur venue chez vous ?

Les établissements hôteliers disent que ce qui freine la venue des touristes chinois chez eux dépend beaucoup de ce qu’ils recherchent en venant en France. S’ils sont là pour faire du shopping, ou pour découvrir le pays, ou pour voir l’authenticité d’un endroit.

Pour une partie de la clientèle touristique chinoise, les prix pratiqués peuvent aussi freiner leur venue dans certains établissements considérés comme trop chers pour leur budget.

Les touristes chinois font souvent face à un barrage linguistique car beaucoup d’entre eux ne parlent pas anglais, et encore moins français.

D’autres professionnels du tourisme estiment que c’est le style de prestations offertes qui n’attire pas la clientèle chinoise.

  • En quelle(s) langue(s) est traduit votre site internet ?

Certains professionnels du tourisme font l’effort de traduire leurs sites dans plusieurs langues : en anglais, en espagnol, en russe et parfois en chinois.

 

 

En analysant les réponses des interlocuteurs choisis, on remarque deux tendances : les personnes interrogées qui travaillent dans un endroit où la clientèle chinoise est une clientèle touristique habituelle se rendent compte de l’évolution touristique chinoise. Ils ont vu cette clientèle se diversifier et parce qu’ils les côtoient, ils savent que leurs besoins ne sont pas tous les mêmes et qu’ils évoluent également.

Ces professionnels du tourisme comprennent les enjeux que pose cette clientèle chinoise, et de nombreuses initiatives – bien que tâtonnantes – commencent à se mettre en place afin d’attirer cette clientèle. Ils se rendent en effet compte du fossé culturel qui se trouve entre elle et l’industrie touristique française. La barrière linguistique est le premier obstacle auquel ces touristes ont à faire face en arrivant sur le sol français, et bien que les pouvoirs publics aient commencé de premières manœuvres pour diriger ces flux humains à travers les espaces publics, il s’agit à présent de convaincre les opérateurs privés de s’adapter un tant soit peu à cette démographie particulière. Sachant qu’elle ne parle souvent pas la langue, et que les coûts de traduction sont peu élevés, la traduction de certaines informations relatives à l’établissement et aux prestations pourrait être offerte, tout comme la traduction de leurs sites web. D’ailleurs, cette barrière de la langue a fait que beaucoup de chinois se sont pris en aain et se sont efforcés d’apprendre l’anglais par exemple.

Dans les régions les moins exposées à un tourisme chinois massif, l’idée que les gens se font du touriste chinois est encore l’ancienne image du touriste pressé et voyageant en groupe, pour lequel la culture réelle du pays n’a pas réellement d’importance.

Et pourtant, la typologie du touriste chinois a bien changé, on assiste à l’apparition de plusieurs types de touristes chinois. Du plus fortuné se permettant de ne pas regarder à la dépense du début à la fin de son séjour, aux touristes au petit budget et pour lesquels la consommation n’est pas un but en soi.

Il faut reconnaître que le nouvelle classe moyenne chinoise – celle qui voyage à l’étranger – et elle-même composée de différentes strates, tant au niveau des revenus que du mode de vie. Ainsi, on voit apparaître des touristes chinois plutôt baroudeurs et portés sur les excursions, mais aussi des touristes de plaisance venus passer du bon temps en famille ou avec des amis, et puis il y a les gens des affaires, qui sont davantage portés sur les aspects économiques que culturels.

D’aucuns pensent que d’autres pays européens sont plus proactifs face à cette démographie touristique que la France, comme l’Espagne ou l’Italie.

Plutôt que de vouloir travailler seule sur place, l’industrie touristique française devrait travailler de concert avec des entités chinoises afin d’attirer davantage de clientèle provenant de Chine. Mais il ne suffira alors pas seulement de les attirer, un effort des deux côtés devrait être fait pour comprendre les cultures respectives des deux pays, afin d’essayer de rendre ce fossé culturel moins important. Cela devrait s’inscrire dans une stratégie pour le développement économique de l’industrie touristique pour l’ensemble du territoire.

 

 

 

 

 

   II.       Limites de l’analyse (1 page)

L’analyse menée est limitée par certains points.

Le premier tient dans le peu d’informations pour le moment disponibles sur le sujet. Comme le phénomène du tourisme chinois à l’étranger est récent, les analyses et recherches menées à ce jour tendent à être rendues obsolètes en l‘espace de l’espace de quelques saisons touristiques.

Bien qu’il soit possible de suivre l’évolution du tourisme chinois à l’étranger, il reste difficile de prédire le comportement de cette démographie sur le long terme.

La deuxième limitation dans l’analyse tient dans le peu de personnes compétentes à interviewer. Nous avons pu remarquer que les professionnels du tourisme ayant fréquenté cette clientèle particulière est souvent celle qui est la plus à même de répondre aux questions de la problématique. Mais ces personnes ne constituent pas la majorité de l’appareil touristique français. Le reste de cet ensemble reste persuadé que cette clientèle préfère se confiner à l’axe Paris-Nice et qu’elle évite de s’éloigner des sentiers battus. Or, nous avons vu que de plus en plus de touristes chinois décident de partir à la découverte de destinations encore peu connues pour eux en France. Le fait que les professionnels du tourisme de ces régions ne les perçoivent pas comme une clientèle potentielle, et qu’ils ne soient donc pas trouvables par les potentiels touristes chinois finit de boucler la boucle. Comme aucune stratégie n’est adoptée vis-à-vis de cette clientèle, rien n’est mis en place pour qu’elle sache que ces professionnels existent, du coup elle ne se déplace pas, et cette majorité de professionnels du tourisme garde en tête cette image du touriste chinois qui ne voyage qu’en groupe, pour de très courtes durées et qui passe son temps à prendre des photos.

Une des difficultés liée à l’analyse des résultats, en dehors de l’inadéquation des pressentis de certains professionnels du tourisme par rapport à la réalité touristique chinoise est l’absence ou la rareté des données sur le sujet, ainsi que la perpétuation d’un stéréotype particulier du touriste chinois.

 

 

 

 

 

 

Conclusions (1 page)

En ce qui concerne le tourisme chinois en France, c’est un segment qui est en changement perpétuel, et son évolution suit de près l’évolution de la classe moyenne chinoise, celle qui a les moyens de voyager internationalement.

En France, cette portion de la clientèle touristique n’est pas encore satisfaite de son expérience car trop peu de choses ont pour le moment été mises en place pour leur permettre un séjour réellement agréable et à la hauteur des expériences qu’ils ont vécu dans d’autres pays.

Mais cela n’est pas uniquement dû à des expériences négatives qu’ils auraient pu avoir sur place. Cela peut être également dû à l’absence d’informations, d’activités ou de possibilités, à cause de l’absence de traductions chinoises. Une certaine partie de cette clientèle touristique ne maitrise pas l’anglais et encore moins le français. La majorité des sites touristiques français a fait l’effort de se faire traduire en plusieurs langues internationales, mais le chinois reste encore peu rencontré.

Les touristes chinois sont pour autant une démographie touristique particulièrement intéressante. En effet, le tourisme est un phénomène récent, pour ne pas dire naissant, et dans la conjoncture dans laquelle il est apparu, il est encore en pleine mutation. Avec l’enrichissement de la population chinoise, de plus en plus de touristes chinois font leur apparition aux quatre coins du globe.

La « révolution touristique » que les pays développés ont connue il y a quelques centaines d’années n’est réellement vécue par la Chine que maintenant. Ainsi, il est normal que les habitudes de consommation et de voyages ne soient pas fixées, car non seulement elles évoluent avec le temps, mais aussi avec les mentalités.

 

A ce jour, l’importance de la clientèle touristique n’est pas encore totalement assimilée en France. Les professionnels du tourisme qui ont été amené à fréquenter cette clientèle sont parmi les seuls à se rendre compte de l’évolution et de l’importance de cette démographie particulière.

Des efforts ont été déployés par les pouvoirs publics pour introduire son importance, mais le taux de pénétration des informations diffusées par le public dans ce domaine reste encore très faible.

La solution n’est bien évidemment pas de se reposer sur le secteur public pour deviser de solutions pour pallier à ce manque d’efficacité face à la clientèle chinoise.

Cette problématique demande plutôt le travail de concert des deux secteurs privés et publics afin de mettre en commun leurs informations et leurs compétences, afin de mettre en œuvre des actions visant à augmenter l’attractivité de la destination France auprès des touristes chinois.

Et le problème n’est pas tant de rendre la destination France davantage attractive pour cette clientèle, il est plutôt de faire en sorte que cette clientèle particulière ait accès à davantage d’informations et d’offres sur cette destination France afin de pouvoir arrêter son choix. La France est déjà la destination de prédilection des touristes chinois. La seule chose nécessaire pour qu’ils verrouillent leur choix de destination sur l’hexagone est qu’ils disposent de davantage d’informations, de choix et de contenu sur la France comme destination touristique, et de préférence disponible dans leur langue.

 

Afin de pouvoir atteindre cette frange démographique de la clientèle touristique, un véritable effort devra être fourni pour amoindrir le fossé culturel séparant la Chine et la France. Quand d’autres destinations touristiques concurrentes ont déjà été proactives dans l’anticipation des besoins de ces touristes chinois, la France commence à peine à mettre en place des actions afin de répondre aux attentes et aux désirs de cette clientèle.

La France en tant que destination touristique est déjà la destination de prédilection des touristes chinois, ainsi il ne reste plus qu’à mettre en place un système afin de l‘attirer, mais surtout de lui proposer – dans sa langue – la multitude de possibilités que la France a à leur offrir en terme d’expériences touristiques.

Ainsi, le problème n’est-il pas réellement dans le fond, dans le cas du tourisme chinois en France, mais plutôt dans la forme, et c’est l’élément le plus aisé à remédier.

Bibliographie

Ouvrages

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Articles

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http://www.entreprises.gouv.fr/files/files/directions_services/tourisme/acteurs/cnt/poids-economique-social-du-tourisme.pdf

 

Vidéos

Emission « Dessous des Cartes : les nouvelles frontières du tourisme », présenté sur Arte par Jean-Christophe Victor, le 29 août 2016

 

Sites internet

D’un luxe de riche à un loisir de masse (introduction du dossier) – 01/07/2008

https://www.alternatives-economiques.fr/dun-luxe-de-riches-a-un-loisir-de-masse-introduction-dossier/00037266

 

China’s Economic outlook

http://www.focus-economics.com/countries/china

 

Les relations franco-chinoises de 1964 à nos jours

http://www.sciencespo.fr/bibliotheque/en/rechercher/dossiers-documentaires/relations-franco-chinoises/sites

 

Communiqué de presse – UNWTO

http://media.unwto.org/press-release/2017-04-12/chinese-tourists-spent-12-more-travelling-abroad-2016

Chinese Tourists look for new destinations in 2016

https://www.forbes.com/sites/profdrwolfganggarlt/2017/02/07/chinese-tourists-look-for-new-destinations-in-2016past-the-mainland-in-2016/#65e3edeb5b3a

 

Tourisme: Les 10 chiffres-clés du secteur

https://www.economie.gouv.fr/entreprises/tourisme-10-chiffres-cles-secteur

 

The Travel & Tourism Competitiveness Report 2017

https://www.weforum.org/reports/the-travel-tourism-competitiveness-report-2017

 

Les chiffres-clés du tourisme 2016

http://www.entreprises.gouv.fr/etudes-et-statistiques/chiffres-cles-tourisme

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Annexes

Annexe 1 : Guide d’entretien

 

  1. S’informer sur les attentes de cette clientèle, et sensibiliser le personnel
  2. Améliorer et adapter l’accueil
  3. Faire connaître la destination
  4. Mettre en place une stratégie marketing proactive (et e-marketing) / campagnes médias (campagnes de promotion et d’acquisition de nouveaux visiteurs sur les supports consultés par les touristes sur tout le parcours du voyageur)
  5. Être davantage présent sur le web chinois / applications mobiles / réseaux sociaux /
  6. Mettre en place des partenariats avec des acteurs du tourisme chinois

 

 

 

 

  1. Pouvoirs publics
    1. Êtes-vous sensibilisé par les pouvoirs publics (mairies, conseil général…) à l’importance que peut représenter l’accueil des touristes chinois ?
  2. Sur le territoire :
    1. Avez-vous remarqué une augmentation du nombre de touristes en provenance de Chine dans votre ville / région ?
    2. Quelle image ces touristes ont-ils de votre destination ?
    3. (Quels sont les points forts de votre destination ?)
  3. A l’échelle de la structure :
    1. Quelle est la cible principale de votre établissement ?
  4. Les touristes chinois :
  • Qu’est-ce qui vous vient à l’esprit lorsque l’on parle des touristes chinois ?
  • Accueillez-vous au sein de votre structure des touristes chinois ?
  • Constatez-vous une demande différente de ces touristes ?
  • Constatez-vous un comportement différent de ces touristes ?
  • Engagez-vous des actions spécifiques pour attirer cette clientèle potentielle ?
  • (Si oui, lesquelles ? Êtes-vous en contact avec des acteurs chinois du secteur ?)
  • Voyez-vous un intérêt à attirer ces touristes ?
  • Savez-vous que les chinois représentent le premier marché émetteur mondial ?
  • Quels sont, selon vous, les freins majeurs à leur venue chez vous ?
  • En quelle(s) langue(s) est traduit votre site internet ?

 

 

Annexe 2 : Les entretiens

Entretien n° 1 : Aimable HABIN, 31 ans, Chef de réception à l’hôtel AC by Marriott Paris Porte Maillot, depuis 2014.

 

Accueillez-vous à l’hôtel des touristes chinois ?

Ce n’est pas aussi significatif que dans d’autres établissements dans lesquels j’ai travaillé, mais effectivement au AC Porte Maillot on en accueille également.

Généralement, les touristes voyagent via des agences. Par exemple chez Marriott, on a une personne dédiée aux marchés asiatiques, qui est lui-même chinois, c’est la personne référence chez Marriott et il a plusieurs contacts en Chine avec des agences, qui dirigent les clients vers tel ou tel selon la demande, la localisation et le prix. Il y a également ceux qui passent par des tours-opérateurs, donc pour les hôtels ce sont ceux qu’on appelle des wholesellers, donc ce sont des agences qui demandent un allotement à un hôtel, et un certain nombre de chambres est mis à disposition par jour, puis soit c’est disponible soit c’est pas disponible, l’hôtel gère de cette manière là, soit ils ouvrent l’accès pour aujourd’hui soit ils le ferment, avec des tarifs qui sont donnés, donc ce sont des tarifs de groupe. Donc finalement le client n’achète pas la chambre mais achète un package avec tout son voyage.

Une des dernières choses qui a été mise en place chez Marriott c’est un programme qui s’appelle Li Yu, et en gros tous les hôtels Marriott à Paris, ce qu’il vont faire c’est qu’ils vont mettre dans le « Grab & Go » donc dans la petite boutique de l’hôtel des produits asiatiques, par exemple on a de la bière asiatique, on a de la nouille instantanées, des chips aux crevettes.

C’est un marché qu’on est en train de développer car ils font parti des personnes qui ont les moyens de voyager. Tout au long de l’année on ne les voit pas forcément, mais pendant les périodes de fashion week ou d’autres événements on a une grosse clientèle asiatique. Sur les fashion weeks c’est plutôt une clientèle business, des grands hommes d’affaires et des personnes qui travaillent dans la mode.

 

Ce qui est mis en place au sein de votre hôtel c’est l’initiative du directeur ou du groupe Marriott ?

C’est principalement Marriott. Uendes forces chez Marriott c’est d’avoir un cluster et d’avoir un management à l’échelle nationale. Par exemple le Grab&Co c’est programme étudié spécifiquement pour le marché asiatique. Et ce genre de choses, lorsqu’elles sont mises en place, permettent de faire venir davantage de clients en direct, et éviter l’intermédiation des tours-opérateurs. De la publicité est faite sur le site de Marriott, pour cibler les chinois qui réserveraient en direct.

 

Avez-vous remarqué une augmentation des touristes chinois ces dernières années ?

Oui tout à fait, il y a une augmentation des touristes, depuis l’année dernière il y a une augmentation de la clientèle chinoise en région parisienne. On voit de moins en moins de clients américains et du Moyen-Orient, et de plus en plus de touristes chinois.

 

Êtes-vous sensibilisés par les pouvoirs publics sur le thème de cette clientèle ?

On est peu en contact avec l’Office de Tourisme, car du fait de faire partie du groupe Marriott on est plus indépendant et moins dépendant de l’Office de Tourisme pour remplir l’hôtel. Mais dans certains hôtels l’Office de Tourisme propose des choses comme des guides en plusieurs langues et une sensibilisation autour de certains types de clientèle. Le fait de faire parie d’un groupe fait qu’on est moins amenés à travailler avec eux en direct. La différence aussi c’est que nous sommes un hôtels plus orienté business.

 

A l’avenir, pensez-vous que cette clientèle va encore se développer ?

Au vu de la tendance qu’il y a, c’est un marché qui va attirer énormément, d’autant plus que ca fait partie des pays qui sont en train de se développer. Et malheureusement, le fait d’avoir Donald Trump au pouvoir là maintenant fait que des changements auront lieu, il y a également le Brexit qui fait qu’il y aura moins de clientèle du Royaume-Uni. Donc on est plus sur une tendance à être coincé chez soi, alors que les chinois veulent maintenant sortir, donc en effet c’est un marché qui va être en essor sur les années à venir.

 

Est-ce que vous savez ce qui influence la décision de cette clientèle ?

Je pense que autant pour le AC Porte Maillot ce qui va leur plaire c’est d’être proche de Paris et des transports, le prix va être important pour eux, et l’objet de leur voyage : est-ce que c’est pour la visite, est-ce que c’est pour le shopping, ou pour un congrès, c’est ça qui va déterminer l’emplacement qu’ils vont choisir. Si je suis intéressée par la mode je choisirai notre secteur, parce qu’il y a les Champs-Elysées pas très loin, il y a aussi des boutiques de mode. Après il y a ceux qui vont vouloir découvrir le Paris authentique donc qui vont être plus du côté de Bastille etc. Et le prix va aussi jouer beaucoup

 

 

Entretien n° 2 : Laurène GUY, 25 ans, Sales Assistant à l’hôtel AC by Marriott Paris Porte Maillot, depuis 2014

 

Recevez-vous de la clientèle chinoise au sein de votre établissement ?

Nous on travaille pas énormément avec la clientèle chinoise, c’est quand même un segment qui est assez spécifique, on travaille au niveau du commercial, tu sais à Puteaux il y a Guanwei qui est là. Il est référent du marché chinois, donc c’est lui qui la plupart du temps nous ramène des clients. A l’EBC il faut aussi savoir qu’il y a quelqu’un qui parle mandarin, donc pour eux c’est vraiment très important d’avoir quelqu’un qui parle leur langue. On a eu nous aussi à l’hôte un réceptionniste qui parlait mandarin, qui était en stage et qui maintenant est parti, mais on constate que c’est quand même souvent des personnes qui ne parlent pas bien l’anglais, voir pas du tout, donc c’est vraiment important d’avoir quelqu’un qui puisse communiquer avec eux, et d’avoir connaissance des coutumes et de la façon de faire du business avec eux. Après au niveau de l’hôtel ce que eux ont vraiment besoin c’est des chambres twin, généralement, donc nous on en  a 34 à l’hôtel et c’est vraiment quelque chose que l’ont peut mettre en avant quand eux viennent, on a aussi des chambres triples, c’est vraiment un segment qui n’a pas énormément de budget donc ils font des économies de cout sur ça.

Après nous on a mis en place depuis cet été un programme assez spécifique, qui s’appelle Li Yu, et donc là on propose plusieurs choses pour justement essayer d’attirer la clientèle chinoise. Donc on a une offre qui met en avant le fait qu’on ait des cartes en chinois, qu’on ai mis en place au mini-market une offre de noodles, de bières asiatiques, des produits style cacahuètes au wasabi, chips aux crevettes etc. Après on met en chambre un welcome kit, donc là c’est normalement une information avec le wifi, donc généralement ils le donnent à la réception, parce que les chinois c’est vraiment la première chose qu’ils demandent en arrivant, limite avant de dire bonjour ils vont nous demander si on a le wifi à l’hôtel, et si on peut leur donner le code. Donc dans le welcome kit on met l’information avec le wifi et le mot de passe, on met des chaussons, ils sont très chaussons, et une bouteille d’eau, et surtout la carte en chinois. Donc nous on a un partenariat avec Galeries Lafayette, ils nous donnent des cartes en chinois qu’on met à leur disposition. Et après on met en avant le fait qu’on a une bouilloire en chambre, donc s’ils veulent se faire leurs noodles en chambre, c’est possible. Les éléments principaux c’est vraiment le fait de mettre à leur disposition des produits chinois, ce welcome kit avec des informations qui leur sont nécessaire, et les chaussons.

Ce programme a été mis en place cet été, d’autres hôtels Marriott l’ont également mis en place, je pense que c’est l’EBC qui m’a mis en place, pour attirer la clientèle chinoise dans les hôtels Marriott.

 

Êtes vous- sensibilisés par les pouvoirs publics ?

Nous spécifiquement non, pas du tout. On n’est pas du tout en contact avec eux. L’OTCT on est surtout en contact avec eux pour tout ce qui concerne les congrès, mais de là à nous donner des recommandations par rapport aux nationalités qu’on a, pas du tout.

 

Augmentation du nombre de touristes chinois ?

L’hôtel est assez récent donc on n’a pas trop d’informations au niveau de l’ancienneté. On essaye d’attirer de plus en plus cette nationalité. Parce qu’on est un hôtel très corporate, et on a besoin de business sur les week-end, et pour ça il faut qu’on fasse appel au marché loisir. Donc le marché chinois c’est quand même une bonne opportunité de remplir l’hôtel à des moments où on en a besoin. Après en termes de tarifs on n’est pas prêts à descendre très bas comme un Courtyard par exemple, eux ils font vraiment des tarifs très compétitifs, mais on cherche à creuser ces segments parce qu’on sait que c’est un très gros potentiel sur Paris, et que ça peut nous apporter du business sur le week-end.

Alors là par exemple, entre 2014 et 2015, c’était en baisse, et entre 2015 et 2016, honnêtement on est assez stables.

Je pense que c’était important qu’on mette toutes ces choses en place pour vraiment les attirer, et ensuite les chinois il y a vraiment la catégorie de ceux qui n’ont pas de budget, donc ca va être des tarifs très bas, je sais que sur du Courtyard tu peux descendre jusqu’à 50€ par nuit, alors que nous on a une politique où même si n se dit on peut descendre un peu nos tarifs pour accueillir la clientèle chinoise, on va essayer de ne pas descendre en dessous des100€. Et Après tu as les chinois qui ont plus de budget, et qui ont tendance à aller vers des établissements cinq étoiles, types Renaissance. Nous on est un peu entre les deux, c’est-à-dire qu’on est pas aussi peu cher qu’un Courtyard, mais pas aussi haut de gamme qu’un Renaissance.

 

Votre site internet est-il traduit en chinois ?

Le site internet n’est pas encore traduit en chinois. Chez Marriott quasiment tous les sites doivent être au moins en anglais, en français, en espagnol, et là ils travaillent sur le russe et sur la version chinoise, donc je crois que c’est en cours mais pas encore fait. Le site internet est propre à chaque hôtel, donc quand tu es un hôtel tu peux choisir d’adhérer à plusieurs services, donc nous on choisit le service digital qui est basé à Londres, et donc c’est eux qui s’occupent de ton site internet. Après tu choisis d’investir dans plus ou moins de choses, mais ça c’est propre à chaque hôtel.

 

Êtes-vous présent sur des réseaux sociaux chinois ?

Non

 

Entretien n° 3 : Evelyne Ollivier-Lorphelin, 63 ans, vice-présidente de l’association France-Chine Internationale

 

Les structures privées peuvent-elles, à leur échelle, mettre en avant leur offre touristique ?

C’est très complexe parce qu’en fait. On a une institution qui s’appelle le Conseil Régional qui n’a pas mis ses priorités autour de la Chine, alors que ça représente effectivement un marché énorme, surtout par rapport aux touristes individuels maintenant, parce qu’ils sont complètement en train de changer, ils deviennent plus occidentaux, le tourisme de masse a tendance à disparaître, et on voit aussi s’organiser aussi diverses formes de tourisme, entre les parents prudents, les jeunes baroudeurs etc., donc ce qu’on voit souvent, c’est le côté luxe, shopping etc., qu’on a effectivement en région parisienne et sur Nice, mais il u a toute une potentialité avec toutes une population émergente qui attend beaucoup plus que simplement de la consommation. Donc c’est là qu’on a un rôle à jouer nous au niveau des régions, et particulièrement en Bretagne, sauf qu’aujourd’hui nos institutions ne font rien par rapport à ça. C’est un manque de stratégie et un manque de vision. Les représentants de la région Bretagne n’y connaissent rien de la Chine, et aujourd’hui toute la relation se fait par notre association essentiellement ou par des liens privés. Il y a bien une représentante sur la région du Shandong qui est jumelée avec la région Bretagne, mais bon il ne se passe rien, donc il y a aussi un manque de réactivité, mais c’est d’abord un manque de vision stratégique par rapport à ça. Et il y a un problème qui est que l’institution essaye d’avoir un quasi-monopole par rapport aux actions, alors qu’ils ne font rien. On a toutes les idées, on y va et on ne fait pas attention à ce qui se passe au niveau institutionnel. Le jour où ils seront prêts, ils viendront. Par contre là on est sur un projet qui est assez intéressant. C’est un projet de diplomatie, de soft-power tout simplement. Notre objectif c’est de faire connaître la Bretagne. Comme je vous le disais tout à l’heure, les chinois connaissent l’axe Paris-Nice et en dehors de ça ils ne connaissent pas. Et lorsque vous parlez de la Bretagne en Chine c’est la grande inconnue. Donc il faut leur faire connaître la mer, la pureté du ciel. Lorsque nous accueillons des délégations chinoises de très haut niveau, ils sont subjugués par la beauté de paysages, par la qualité de l’air. Et la mer, lis adorent. En Bretagne on a quand même 2700km de côte, et on ne le valorise par auprès des chinois. De toute façon la Bretagne n’est pas valorisée auprès de la Chine. A telle enseigne que là, aujourd’hui on va à Shanghai, mais il n’y a aucun budget de la région Bretagne pour valoriser la Bretagne à Shanghai.

Les gens qui vont dans ces banquets, ce sont des entrepreneurs, c’est des gens qui parfois sont des milliardaires par exemple pour venir sur la vente aux enchères il y a un américano-chinois de Hong-Kong qui va se déplacer spécialement pour la vente aux enchères sur les vins qui sont aussi des connaisseurs si vous voulez donc c’est pas par hasard qu’on a travaillé quand même autour des vins et là même si on est en Bretagne et même si on travaille au niveau de l’association sur le Grand Ouest on s’est ouvert aussi aux régions voisines Pays de Loire, Normandie, notamment la plus proche Normandie, on a créé une alliance aussi avec un grand producteur de vin de la région Rhône-Alpes qui est la Maison Jaboulet donc on voit bien qu’on est plutôt dans une démarche collaborative une économie collaborative je dirais aujourd’hui pour faire avancer le choses et il faut savoir que des bretons il y en a partout dans le monde et même en France donc on trouve toujours un breton qui a envi de valoriser la Bretagne mais c’est toujours une initiative privée. Donc voilà mais surtout aussi on va avoir une conférence de presse on a invité 54 journalistes bon comme d’habitude on sait bien qu’on aura pas les 54 journalistes il y a toujours un ratio mais ça va être suffisant pour faire passer nos messages par rapport à la géographie, par rapport au tourisme, par rapport à la culture, par rapport au sport parce qu’on est en train également de développer beaucoup de choses dont je vous  parlerai tout à l’heure et par rapport à l’économie donc on aura plusieurs films, plusieurs power point de présentation et à l’issue de cette conférence de presse il y aura un tirage au sort qui permettra à 3 journalistes de venir en Bretagne.

C’est un mouvement qui est en train de prendre de l’ampleur. Sachant aussi que les chinois nous observent et on a déjà de très grandes chaînes hôtelières à capitaux chinois mais très connues de façon internationale qui nous sollicitent pour répéter ce qu’on est en train de faire à Shanghai dans plusieurs grandes ville de Chine.

A l’issue de cette opération, il y aura ce qu’on appelle un retour sur images avec une réunion qui se tiendra on l’espère avec la municipalité de Saint-Malo l’office de tourisme bien sûr qui se sont montrés intéressés mais la municipalité de Saint-Malo n’a pas pu nous financer parce qu’on est arrivé en fin d’année et je pense qu’on est aussi en observation mais qui nous aidera effectivement pour avoir des salles pour faire des expos enfin etc. et ce retour sur image l’idée c’est de réunir les grands acteurs ceux qui auront praticité ceux qui pourraient participer aussi et de réfléchir ensemble sur comment on fait comment on structure tout ça comment on y va vous voyez rien qu’avec une toute petite opération comme ça on a permis d’exporter des produits frais bretons en Chine.

Qui sont exactement les touristes chinois en France ?

Il y a à peu près 5 formes de touristes chinois, donc ça va du très très riche qui va prendre l’avion aller sur les plus beaux terrains de golf enfin etc. qui va aller dans les hôtels côté palaces côté luxe on a aussi une typologie de gens un petit peu matures qui ont envie d’être beaucoup plus tranquilles de profiter des paysages enfin etc. on a des gens qui sont plus avec la famille et qui voudront assurer plutôt la sécurité mais pas en étant forcément dans le luxe et puis on a les jeunes générations qui se décomposent en plusieurs typologies du baroudeur qui va faire du Airbnb et qui n’est plus dans le luxe et qui va vouloir voir un  maximum de choses et avec des jeunes qui vont être plus à la recherche du festival, de la fête. Et aujourd’hui l’idée ça va être de construire des offres par rapport à ces typologies de nouveaux touristes.

Il y a donc une transition du tourisme de groupe au tourisme individuel ?

Exactement et c’est là où on veut changer les choses, il y a une vraie stratégie dans notre démarche, aujourd’hui les tours opérateurs chinois ils sont en liaison avec des agences chinoises parisiennes et c’est ce que je vous disais ils font le Mont St-Michel et St-Malo, et Cancale ça n’existe pas, aller voir les huitres ça n’existe pas, St-Briac et tout ça ça n’existe pas, donc et le tourisme de masse comme ça n’intéresse pas ce qu’on veut c’est capter le tourisme individuel et de lui faire découvrir effectivement pourquoi pas comme on le fait souvent avec nos délégations on va manger un plateau de fruits de mer sur le petit port de Cancale il y a des fois on se dit mais quand est-ce qu’on va commencer à manger ils sont pendant 20 mn en train d’envoyer des WeChat à toute la Chine entière leur disant t’as vu le plateau de fruits de mer mais ça les tours opérateurs ça ne les intéresse pas du tout et on voit que les chinois sont très très curieux de ça donc ce que je vous disais il y a une clientèle de luxe mais pas que et il y a aussi une clientèle beaucoup plus à la recherche du bien vivre, du bien être de découvrir de l’architecture enfin etc donc c’est aussi s’adapter à tout ça et construire tout ça.

Aujourd’hui il y a beaucoup de chinois qui ont envie de venir par leurs propres moyens aussi. Les chinois peuvent faire une demande de visa ils ne sont pas obligés de passer par une agence chinoise. Aujourd’hui les chinois ils sont 130 millions à partir à l’international, c’est peut-être aussi à nous de nous organiser mais pourquoi laisser le marché uniquement aux agences chinoises. Dans aussi la réflexion qu’il va falloir qu’on conduise dans ce retour sur images du projet, parce qu’aujourd’hui le bénéfice il va où ? Il va au niveau des agences chinoises, et pas au niveau de la région. Aujourd’hui nous ne sommes pas assez organisés.

D’autres pays le sont, mieux que la France ?

Ça je peux pas vous dire, l’Espagne bouge beaucoup est très en pointe, l’Italie aussi. non je pense que c’est la barrière de la langue qui a fait que ce sont les chinois que se sont pris en charge et qui sont venus ici et qui ont crée mais à notre sens ça nous empêche pas de travailler avec une agence de tourisme chinoise sur des opérations en fait ils font appel à nous pour organiser, par exemple je ne sais pas si vous avez vu sur notre site internet on a fait venir des jeunes footballeurs chinois etc nous avons tout organisé ici en région pour eux, ils ne savent pas faire. Eux éventuellement ils peuvent recruter en Chine mais c’est à nous aussi de créer les structures ici pour répondre aussi à certains besoins de certaines agences il y a un monde de création de structures françaises par rapport à l’accueil de la population chinoise. Je dirais aujourd’hui les jeunes qui ont appris le chinois à l’école heu heu… on voit en même temps que le gouvernement français n’encourage pas l’apprentissage de la langue chinoise puisque ils ont supprimé la deuxième langue et le chinois en fait les frais avec toutes les réformes scolaires dernièrement ça n’a pas arrangé les choses. Donc voilà il y a aussi une vraie politique à avoir ici chez nous en France nous on tombe pas dans le biais je fais de la politique ce n’est pas notre soucis c’est de réfléchchir d’une façon stratégique au développement économique de notre région en fait. Et là, très clairement, il faudra biensûr travailler avec les chinois mais c’est de réfléchir ensemble pour être forts et créer les bonnes structures qui vont bien, alors c’est pas gagné, c’est un pari.

Il y a dont un travail de pro-activité important à mettre en place ?

Exactement, exactement, mais c’est ça aussi qui est intéressant et c’est ça aussi… vous voyez là on va travailler avec les Etonnants Voyageurs ou le Festival de la Gacilly c’est ça aussi qui intéresse ces gens là, c’est à la fois l’approche systémique qu’on peut avoir c’est à dire qu’on a pas mis en silo l’économie, la culture etc mais les uns interagissent avec les autres et font que les choses se passent soit dans le tourisme, soit dans la culture, soit dans le business etc et on voit qu’il y a des acteurs qui réfléchissent comme nous et qui ont envi d’avancer comme nous. En fait, la société civile est plus en avance en Bretagne que nos institutions

 

Entretien n°4 : Nicolas Leal, 41 ans, fondateur de Private Loire

Vous pouvez-vous me décrire votre activité ?

Private Loire est une agence réceptive basée en Pays de la Loire, qui organise des séjours sur mesure en formule tout-inclus, pour des individus privés et pour des entreprises.

Avez-vous des clients chinois

Nous n’accueillons que très peu de touristes chinois, environ un ou deux groupes par an. C’est une clientèle individuelle principalement, ils ont une cinquantaine d’année et ils viennent pour les vacances.

 

Mettez-vous en places des actions spécifiques pour attirer cette clientèle ?

Non, vraiment pas. Il faut savoir que c’est principalement un tourisme de rapidité et de photo. Ils ne souhaitent pas aborder en profondeur des thèmes comme l’Histoire, l’architecture. C’est notamment pour ça que nous ne mettons pas en place d’actions spécifiques, car ils ne correspondent pas aux styles de voyage que nous organisons. Nous avons du personnel sachant parler mandarin, mais si votre personnel n’est pas chinois 100% ça ne marchera pas, ils préfèrent toujours « un des leurs », même si j’étais 100% bilingue mandarin. Notre site internet est malgré tout traduit en chinois, car j’ai eu l’opportunité de le faire traduire à moindre cout. Un conseil que je pourrais donner à un professionnel du secteur touristique serait d’avoir un chinois pure souche au sein de l’équipe.

 

Êtes-vous sensibilisés par les pouvoirs publics au sujet de cette clientèle ?

Non

 

Comment voyez-vous le futur du tourisme international chinois en France ?

Les attentats en France ont fait très peur aux touristes chinois et à leurs Tours Operateurs….

 

[1] Eric Zuelow 2015

[2] Charles R. Goeldner, J. R. Brent Ritchie 2002

[3] UNWTO depuis le site officiel

[4] Eric Zuelow 2015

[5] Cheng Li (2010)

[6] Cheng Li (2010)

[7] Données dans « Mapping China’s Middle class » de Mc Kinsey & Company 2013

[8] Données dans « Mapping China’s Middle class » de Mc Kinsey & Company 2013

[9] Cheng Li (2010)

[10] Wolfgang Arlt (2006)

[11] Dans le rapport de l’UNWTO “The Chinese Outbound Travel Market, with special insights into the image of Europe as a destination” 2008

[12] Données de l’UNWTO

[13] Étude menée par Alliance 46,2

[14] Forbes 2016

[15] Données de l’Institut de Recherche du Tourisme Chinois

[16] Données du portail de l’Économie, de l’Action et des Comptes publics 2017

[17] Idem

[18] Données de la Direction Générale des Entreprises 2016

[19] Données du portail de l’Économie, de l’Action et des Comptes publics 2017

[20] Données du guide Do you speak touriste ? CCI Paris IDF 2013

[21] Site officiel de l’UNESCO

[22] Conseil National du Tourisme 2010

[23] Données World Economic Forum 2013

[24] Données SciencesPo dans « Les relations franco-chinoises de 1964 à nos jours »

[25] Ministère des Affaires Étrangères 2014

[26] Atout France

[27] Wolfgang Arlt (2006)

[28] Données Atout France

[29] Wolfgang Arlt (2006)

[30] idem

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