SEVRAGE TABAGIQUE ET PREVENTION DU CANCER
MEMOIRE PRESENTE EN VUE DE L’OBTENTION DU DIPLOME DE
SEVRAGE TABAGIQUE
ET
PREVENTION DU CANCER
Présenté par :
Introduction
Les chiffres et enquêtes diverses montrent que le tabac est la cause, à lui seul, de plus de 60 000 décès par an, plus de la moitié étant imputables aux cancers. A cet effet, le tabac serait incontestablement une des premières causes de la mortalité dans plusieurs pays du monde.
Trois principaux facteurs déterminent les types de cancer que risquent les fumeurs : la consommation moyenne quotidienne de tabac, la durée du tabagisme et l’âge de début du tabagisme.
Le risque le plus fréquent étant le cancer des poumons, à l’instar des autres types de cancer liés à la consommation constante de tabac, tels que le cancer de l’œsophage, le cancer du foie, …
Les effets négatifs du tabac ont été démontrés depuis longtemps, et les fumeurs en sont conscients. Seulement, ils sont emprisonnés par la dépendance, du fait de la nicotine, substance créant la dépendance pharmacologique dans la consommation du tabac.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) offre une approche pragmatique de cette dépendance par « un état psychique et parfois physique, résultant de l’interaction entre un organisme vivant et une substance étrangère, état caractérisé par des réponses comportementales avec toujours une compulsion à prendre la substance de façon continue ou périodique, de façon à ressentir ses effets psychiques et parfois éviter l’inconfort de son absence. La tolérance, c’est-à-dire la nécessité d’augmenter progressivement les doses, peut ou non être présente. »[1].
Le sevrage tabagique est proposé par ce mémoire comme solution propice à cette consommation de tabac. Le sevrage étant défini comme étant : « un ensemble de technique permettant de se débarrasser de la dépendance pharmacologique (la dépendance à la nicotine), la dépendance psychique (le besoin d’allumer une cigarette) et la dépendance comportementale (le geste d’allumer la cigarette). »[2]
Les facteurs de réussite du sevrage tabagique sont la motivation du patient, la compétence du médecin, l’approche psycho comportemental du patient, le suivi dans la durée, et les traitements médicamenteux.
Mais parmi ces facteurs, force est de préciser que l’infirmier joue un rôle important dans la réussite d’un sevrage tabagique.
En effet, le nouveau référentiel de compétence de la profession infirmière intégré dans le Code de la Santé Publique depuis la réforme du 31 juillet 2009 met en évidence la complexité du rôle infirmier et la diversité de ses actions dans de multiples domaines d’intervention.
Selon ce référentiel, un infirmier représente « toute personne qui donne habituellement des soins infirmiers sur prescription ou conseil médical, ou en application du rôle propre qui lui est dévolu ». C’est aussi un professionnel de santé qui « participe à différentes actions, notamment en matière de prévention, éducation de la santé et de formation ou d’encadrement».
C’est justement dans le cadre de ces fonctions que l’infirmier peut exercer, via ses attributions, un acte d’accompagnement contribuant à la réussite d’un acte de sevrage tabagique. Aussi, la problématique qu’il convient de soulever dans le cadre de cette étude est la suivante : « En quoi un accompagnement infirmer adapté est-il est un élément des conditions de réussite de la mise en œuvre d’un sevrage tabagique dans le cadre de la prévention du cancer ? »
Afin de donner réponse à cette question problématique, le mémoire sera axé vers deux points principaux :
-La première partie procèdera à une étude théorique des concepts clés de l’étude : le tabac et le cancer.
-La deuxième partie entreprendra une démarche pragmatique. Une démarche empirique sera engagée via la réalisation d’un entretien semi-directif pour prendre connaissance des modalités de sevrage tabagique et de sa mise en œuvre. Les difficultés de réalisation du sevrage tabagique seront alors soulevées, et des pistes pour un sevrage tabagique réussi seront proposées, dont notamment l’accompagnement infirmier.
Sommaire
I- Etudes théoriques et conceptuelles : le tabac, le cancer. 9
A- Le tabac et ses spécificités : fondements de sa toxicité avérée. 9
1 – Le tabac : une mine de toxicité avérée. 9
a – Dans ses constituants physiques. 9
2 – Divers types de tabagisme. 11
B – Le tabac : élément déclencheur des cas cancéreux. 12
1 – Le cancer : effet à long terme du tabagisme. 12
a- Les divers types de cancers liés au tabagisme. 13
b- Les cas de cancers les plus notoirement imputables au tabac. 14
c- Les cas de cancers localisés moins connus dus à la consommation de tabac. 16
2 – Les liens chimiques entre cancers et tabac. 17
3 – Les éléments aggravant les risques de cancers liés au tabac. 17
a- La consommation moyenne quotidienne de tabac. 18
c- L’âge de début du tabagisme. 18
4 – Perspectives des incidences du tabac sur les cas cancéreux à l’horizon 2025. 18
C – Le sevrage tabagique : méthode de lutte contre le cancer. 19
1 – Généralités sur le sevrage tabagique. 19
b- Modalités de sevrage tabagique. 20
2 – Sevrage tabagique et effets escomptés sur la consommation de tabac. 20
II – Partie empirique : étude pragmatique de la mise en œuvre effective du sevrage tabagique. 23
A – Méthode d’analyse pragmatique : l’entretien semi-directif. 23
a- Prise de connaissance des modalités de sevrage tabagique. 23
2 – Populations interviewées. 23
a- Personnels médicaux et paramédicaux. 23
b- Personnes physiques fumeurs/anciens fumeurs. 23
3 – Présentation du Guide d’entretien. 24
B – Les résultats de la méthode empirique. 24
1 – Le sevrage tabagique : une participation efficace à l’amoindrissement des risques de cancer. 24
a- Efficacité liée à la mise en œuvre de traitements médicaux. 25
ü Les substituts de la nicotine. 25
ü Le bupropion et la varénicline. 25
b- Efficacité liée au déploiement d’aides non conventionnelles. 26
ü Gadgets et moyens palliatifs. 26
ü Déploiement de méthodes thérapeutiques et homéopathiques. 28
2 – Les difficultés de la mise en œuvre effective du sevrage tabagique. 29
a- Absence de volonté et de conviction personnelle. 29
b- Manque d’accompagnement adéquat 29
c- Les caractéristiques de la dépendance du tabac et le rôle de la nicotine dans cette dépendance 30
a- La prise en charge technique dispensée par l’infirmier. 30
b- La prise en charge relationnelle dispensée par l’infirmier. 31
Conclusion et perspectives. 33
Références bibliographiques. 34
I- Etudes théoriques et conceptuelles : le tabac, le cancer
A- Le tabac et ses spécificités : fondements de sa toxicité avérée
1 – Le tabac : une mine de toxicité avérée
Historiquement, la cigarette était uniquement constituée de papier et de tabac, mais divers éléments ont été rajoutés au fil des années. Ce qui fait que, actuellement, la cigarette contient plus de 4 000 substances.
Que le tabac soit brûlé ou non brûlé, il contient toujours des substances toxiques :
-Le tabac « non brûlé » est essentiellement composé de plus de 2.500 composés chimiques, dont des pesticides et de plusieurs additifs au cours de la transformation du tabac ;
-La fumée de cigarette, contient plus de 5.300 produits chimiques, grand nombre d’entre eux sont classifiées comme cancérigènes par le Comité International de Recherche sur le Cancer.
a – Dans ses constituants physiques
Les principaux constituants physiques du tabac, dans notre étude représentée par la cigarette, sont représentés dans le schéma suivant[3] :
De l’acétone qui est un dissolvant ; de l’acide cyanhydrique historiquement utilisé dans les chambres à gaz ; du monoxyde de carbone semblable à celui dégagé par les véhicules, du ddt qui est un insecticide tout comme la nicotine ; de l’arsenic, un poison très puissant, autant de substances contenues dans le tabac qui confirment son haut niveau de toxicité.
b – Dans la fumée dégagée
Le tabac est toxique, non seulement dans ses composants, mais également par la fumée qu’il dégage. En effet, la fumée d’une cigarette dégage plus de 4.000 composants tous toxiques, comme le montre le schéma suivant :
Parmi ces substances dégagées dans la fumée, on peut retrouver :
-Des particules, tels que les goudrons, la nicotine, le phénol, …
-Du gaz, comme le monoxyde de carbone, le benzène, …
2 – Divers types de tabagisme
Le tabac, du fait de ses composants toxiques, n’est pas un produit comme les autres. Sa consommation peut être à la source du décès de son consommateur. 30% de la population adulte de par le monde est consommateur de tabac, cette consommation peut se présenter sous deux formes : la consommation active et celle passive.
a-Tabagisme actif
Le tabagisme actif est le fait de consommer du tabac d’une manière volontaire. Le tabagisme actif est à l’origine de plusieurs maladies, car tous les organes sont touchés. Quelle que soit la maladie qui atteint le fumeur, malheureusement, elle est toujours grave, longue et douloureuse. On peut citer :
-le cancer : première cause de la mortalité en France, et la première cause du cancer étant le tabac.
-Les maladies respiratoires : les maladies broncho-pneumopathies chroniques obstructives (BPCO) tels que : bronchite chronique, emphysème, débouchant, à terme, sur l’insuffisance respiratoire chronique, etc.…
-Les maladies cardiovasculaires précoces : les enquêtes montrent que 80 % des victimes d’infarctus du myocarde avant 45 ans sont des fumeurs
b- Tabagisme passif
Le tabagisme passif est le fait d’inhaler, d’une manière involontaire, la fumée que dégage le tabac des fumeurs actifs. La fumée dégagée par les fumeurs provoquerait la mort de plus de 3.000 personnes par an en France.
Les conséquences du tabagisme, même passif, peuvent être désastreuses, pour les adultes et les enfants qui en sont victimes :
-Le décès,
-Faible poids à la naissance et mort subite,
-Infections respiratoires, …
Des exemples parmi tant d’autres conséquences aussi désastreuses les unes autant que les autres.
B – Le tabac : élément déclencheur des cas cancéreux
La persistance d’un tabagisme sera à l’origine de plusieurs complications qui sont essentiellement de 3 ordres : les cancers, les maladies respiratoires et les pathologies cardiovasculaires.
Mais dans la majorité des cas, les cas de cancers sont ceux les plus relevés parmi les conséquences de la consommation de tabac. La consommation de tabac est à l’origine d’environ 37.00 nouveaux cas par an en France[4].
1 – Le cancer : effet à long terme du tabagisme
Les études montrent que près de 90% des cancers du poumon sont liés au tabagisme actif, seulement 5 à 10% est dû au tabagisme passif. On évoque souvent le cancer bronchopulmonaire, mais force est de constater que ce n’est pas le seul cancer dû à la consommation de tabac.
a- Les divers types de cancers liés au tabagisme
Le tabac est responsable de 33 % des décès par cancers chez l’homme et de 10 % chez la femme, de 81 % des décès par cancers des poumons, soit 28.700 décès en 2010, tous sexes confondus[5].
On peut relever plusieurs types de cancers liés au tabagisme, à titre illustratif, on peut citer : les cancers de la bouche, des lèvres, de la gorge, du larynx, du pancréas, du sein, du col de l’utérus, de l’estomac, du foie, du rein, de la vessie, ainsi que les leucémies, autant de types de cancers déclenchés principalement par la consommation chronique de tabac, et qui sont illustrés par le schéma suivant :
En 1995, 56.600 hommes et 3.100 femmes ont été victimes de décès liés au cancer attribuables au tabac, les cas de cancer les plus notoirement imputables au tabac sont explicités schématiquement comme suit :
b- Les cas de cancers les plus notoirement imputables au tabac
-Le cancer de la bouche
Le cancer de la bouche est un cas de cancer qui atteint de plus en plus grand nombre de fumeurs. C’est un type de cancer qui atteint plus les fumeurs que les non fumeurs, vu que le risque est de 5 à 10 fois plus élevé chez les fumeurs que chez les non fumeurs. Le risque augmente également avec le nombre de cigarettes fumées par jour. La majorité des produits chimiques contenus dans la fumée du tabac sont des produits accélérateurs de l’apparition du cancer.
Le cancer de la bouche se manifeste essentiellement par une croissance incontrôlée de cellules anormales dans la cavité buccale, notamment au niveau de la langue, de la lèvre inférieure ou des gencives, et qui conduit à une tumeur.
Les statistiques montrent que 37 % des personnes chez qui un cancer de la bouche est diagnostiqué mourront au cours des cinq années suivant le diagnostic. En 2007, 1108 personnes sont décédées des suites d’un cancer de la bouche au Canada[6]. Les résultats d’une recherche montrent qu’en 2002, près de la moitié des décès associés au cancer de la bouche étaient attribuables au tabagisme.
Aussi, tous les fumeurs sont exposés au risque du cancer de la bouche, et seul, l’arrêt du tabac fait rapidement diminuer ce risque élevé.
-Le cancer de la voie respiratoire : cancer des poumons et cancer bronchique
–Le cancer bronchique
Les poumons ainsi que les bronches sont les organes les plus affectés par la consommation de tabac, et le cancer de la voie respiratoire est un cas de cancer fréquent, comme le démontre le schéma suivant[7].
En effet, le cancer est le produit de l’irritation par le tabac de la muqueuse bronchique, notamment les cellules ciliées par le tabac. Ces cellules ne seront plus alors en mesure de remplir leurs fonctions essentielles d’épuration par l’escalator muco-ciliaire, et risquent de disparaitre progressivement. Compte tenu de ces altérations des muqueuses, le fumeur peut alors être atteint de bronchite chronique, et c’est de cette façon que le tabac agit sur la voie respiratoire.
Le cancer pulmonaire
Comme les fumeurs de nos jours sont composés à la fois d’hommes et de femmes, le cancer des poumons n’est plus alors l’apanage des hommes uniquement. Sa fréquence a augmenté de 20 % en cinq ans.
En effet, les poumons ont pour mission de fournir de l’oxygène à tous les organes humains et d’expulser les déchets gazeux. Le cancer des poumons épargnera l’organe de ces fonctions essentielles des poumons, un cancer qui est d’autant plus fréquent chez les fumeurs, et le type de cancer le plus meurtrier parmi tous les types de cancers existants.
Si le cancer des voies respiratoires et celui de la bouche sont les types de cancer les plus connus chez les fumeurs, force est de reconnaitre que la consommation régulière, et sur une période assez longue, de tabac expose également à d’autres types de cancer moins connus.
c- Les cas de cancers localisés moins connus dus à la consommation de tabac
Il convient de préciser que la présence régulière dans le sang des substances toxiques inhalées au cours de la consommation de tabac entraine naturellement une fragilisation de la totalité des organes qui composent le corps humains. A long terme, et avec la diminution constante de l’immunité chez le fumeur, ces organes peuvent alors être sujets à des maladies de cancer. Ces organes fragilisés sont notamment :
-Les os : on peut alors citer l’ostéoporose précoce. Cette maladie se manifeste essentiellement par une fragilisation des os et les complications sont encore plus graves avec l’âge de la personne qui en est atteinte.
-Le pancréas : le cancer du pancréas est certes rare mais existe bel et bien, et est d’autant plus fréquent chez les fumeurs que chez les non fumeurs.
-La glande thyroïde est aussi un organe qui peut être fragilisé du fait de la consommation d’alcool
-Les organes sexuels : avec la consommation du tabac, les hommes risquent d’être confrontés à des troubles d’érection, et les femmes à des problèmes de lubrification.
-Le foie
2 – Les liens chimiques entre cancers et tabac
Il existe certainement des liens entre les cancers et le tabac. Le Code Européen contre le cancer le confirme : « Ne fumez pas. Si vous fumez, arrêtez le plus vite possible et ne fumez pas en présence des autres. Si vous ne fumez pas, ne vous laissez pas tenter par le tabac. » (Article 1 du Code Européen contre le cancer).
De telles mesures ont été prises car les scientifiques ont déjà pu démontrer des liens chimiques certains entre cancers et tabac. En effet, ce lien chimique s’explique par le fait que le tabac ainsi que la fumée dégagée comporte des substances chimiques associées au cancer. Les substances suivantes peuvent être évoquées[8] :
3 – Les éléments aggravant les risques de cancers liés au tabac
Comme démontré ci-haut, le tabac peut être à la source de l’apparition de plusieurs types de cancer. Mais les facteurs suivants peuvent être relevés et qualifiés comme des facteurs d’aggravation de l’apparition des cas de cancer :
a- La consommation moyenne quotidienne de tabac : certes, il n’y pas de mode consommation de tabac qui ne soit pas nocif à l’organisme humain, mais le risque de cancer est d’autant plus élevé lorsque le tabac consommé est élevé. Par exemple, le risque est doublement élevé chez une personne qui fume 10 cigarettes par jour par rapport à une autre personne qui n’en fume que 5 par jour.
b- la durée du tabagisme : la durée du tabagisme influe également sur les risques d’apparition du cancer, d’où l’encouragement des consommateurs de tabac à arrêter dès qu’ils sont conscients des effets négatifs.
c- L’âge de début du tabagisme : plus un individu commence à consommer du tabac à un âge plus jeune, plus la durée du tabagisme va augmenter. D’où la raison des diverses sensibilisations à l’endroit des jeunes quant aux effets nocifs du tabagisme sur l’état de santé en général.
4 – Perspectives des incidences du tabac sur les cas cancéreux à l’horizon 2025
Les prévisions montrent que les décès annuels liés au tabac augmenteront de 4,2 millions en 2000 à 10 millions dans le monde entre 2025 et 2030[9]. Le schéma suivant montre que le nombre de cas de cancer ainsi que le taux de mortalité lié au tabagisme connaitront une hausse considérable dans les années à venir :
Causes de décès par cancer de 1990 à 2020.
D’après Murray CJL, Lopez AD. The global burden of disease (1996).
Les chiffres montrent également que la proportion des femmes dans la population de fumeurs ne cesse d’augmenter. En effet, on estime que la mortalité féminine liée au tabagisme sera multipliée par dix d’ici 2030 si rien ne change[10]. On prévoit alors que le nombre de fumeuses grimpera jusqu’à 20 % d’ici 2025, portant leur nombre de 187 millions à 532 millions[11].
Aussi, cette hausse perpétuelle des consommateurs de tabac, compte tenu des effets néfastes du tabac sur la santé, conduisent vers la réflexion sur la nécessité de renforcement des méthodes de lutte contre le cancer lié au tabac. Le sevrage tabagique s’inscrit au premier rang de ces luttes.
C – Le sevrage tabagique : méthode de lutte contre le cancer
Le Professeur Lagrue, père de la tabacologie française, dans le cadre de la lutte contre le cancer lié au tabac, a tenu les propos suivants :
− « il n’est jamais trop tard pour arrêter de fumer,
− l’arrêt du tabac n’est pas un long fleuve tranquille,
− Ce n’est pas un sprint mais une course de fond,
− En matière de drogue, il n’y a pas d’échec, il n’y a que des succès différés. »
Il fait partie de ceux qui ont préconisé le sevrage tabagique. Aussi, il est important de soulever dans cette partie les généralités sur le sevrage tabagique, ainsi que ses effets sur la consommation de tabac.
1 – Généralités sur le sevrage tabagique
a-Définition
La période de sevrage peut être considérée comme une période pendant laquelle une personne victime d’accoutumance à une substance va stopper la prise de cette substance, et présentera alors naturellement un manque. A cet effet, le sevrage tabagique serait alors le fait « d’arrêter de consommer des produits contenant du tabac afin de se défaire de sa dépendance, grâce à des substituts nicotiniques, comme des patchs ou des gommes à mâcher. »[12]
b- Modalités de sevrage tabagique
Le sevrage tabagique s’opérera principalement par le remplacement de la nicotine (substance créant la dépendance dans la consommation du tabac) par d’autres substances appelées « substituts nicotiniques ».
La consommation de substituts nicotiniques permettra alors :
– de compenser l’absence de nicotine dans l’organisme
– de tolérer ou d’éviter les signes liés au sevrage tabagique.
Ce sera le médecin en charge de l’accompagnement du patient fumeur qui déterminera le taux et la substance nicotinique qui convient d’être pris par le patient. Mais ce taux diminuera d’une manière progressive pour faire en sorte que la dépendance soit aussi progressivement abandonnée.
Les substances nicotiniques généralement utilisés dans le cadre du sevrage tabagique sont les diverses :
- Les patchs
- Les gommes à mâcher
- Les comprimés (sublinguaux ou à sucer)
- Les timbres
2 – Sevrage tabagique et effets escomptés sur la consommation de tabac
Le sevrage tabagique a pour principal objectif d’éradiquer la dépendance d’un individu à la consommation de tabac, et cela via la substitution de la nicotine à d’autres substances. Au cours de la réalisation du sevrage, des signes traduisant le manque de nicotine peuvent apparaitre chez l’individu subissant le sevrage, la durée et la persistance de ces signes varient selon le niveau de tolérance de l’individu au manque de nicotine.
Mais avant même de procéder à un sevrage tabagique, il est important de mesurer le « niveau de dépendance » chez l’individu. Ceci car, c’est justement en fonction du niveau de dépendance que s’orientera le choix des modalités de sevrage tabagique chez l’individu.
Le tableau de questionnaires suivant est utilisé par les professionnels pour procéder à telle évaluation de la dépendance vis-à-vis de la nicotine. Il convient toutefois de préciser qu’il existe diverses méthodes d’évaluation de la dépendance à la consommation de tabac, et ceci puisque la dépendance en elle-même est une notion qui varie fortement d’une société à l’autre et au cours du temps dans une même société.
Les réactions face au sevrage tabagique peuvent être diverses selon les individus, et leurs intensités peuvent également varier d’une personne à une autre, mais généralement, lors de la procédure de sevrage tabagique, les symptômes suivants peuvent être relevés chez l’individu[13] :
Ces symptômes sont recherchés par les professionnels lors de la procédure de sevrage, car ils servent de preuve à l’abandon de la dépendance. Ils font donc partie des effets recherchés par le sevrage tabagique, sachant que le but ultime est la disparition totale de la dépendance à la nicotine.
II – Partie empirique : étude pragmatique de la mise en œuvre effective du sevrage tabagique
En plus des données théoriques, une approche pragmatique a été réalisée en vue de prendre connaissance des réalités sur le sevrage tabagique.
A – Méthode d’analyse pragmatique : l’entretien semi-directif
1 – Buts de l’entretien
Dans le cadre de la réalisation de la démarche empirique, le choix s’est porté vers l’entretien semi-directif qui vise à poser des questions préalablement préparées à des personnes ayant des critères présélectionnés. Il a pour intérêt principal d’avoir toutes les réponses relatives au sevrage tabagique afin d’en faire ressortir les modalités de sevrage ainsi que la démarche de mise en œuvre effective du sevrage tabagique.
Aussi, le but de l’entretien semi-directif est double :
a- Prise de connaissance des modalités de sevrage tabagique : il est important de prendre connaissance des principes et des modalités de sevrage, du point de vue des professionnels et des principaux concernés ;
b- Constats sur la mise en œuvre effective de la méthode de sevrage tabagique : avantages, difficultés et préconisations : la réalisation sur terrain d’un sevrage tabagique peut être différente des prévisions purement théoriques, aussi, il est nécessaire de relever les avantages réellement perçus, les difficultés réellement rencontrées, à des professionnels et des personnes qui ont réellement vécu l’expérience. Ceci car, ce sont les mieux placés pour formuler des recommandations sur le sevrage tabagique.
2 – Populations interviewées
Deux populations ont été interviewées dans la réalisation de l’entretien semi-directif :
a- Personnels médicaux et paramédicaux : qui sont les initiateurs du sevrage tabagique, et donc les principaux responsables de l’accompagnement et de la prise en charge des patients dans la démarche de sevrage.
b- Personnes physiques fumeurs/anciens fumeurs : c’est-à-dire ceux qui sont en cours de sevrage, et ceux qui ont déjà réussi une démarche de sevrage tabagique.
3 – Présentation du Guide d’entretien
Les questions à échanger vont être préalablement établies suivant des objectifs y afférents. Il convient également de préciser que le Guide d’entretien sera le même pour les deux populations interviewées, et cela afin que les divergences d’opinions soient facilement perceptibles.
QUESTIONS POSEES | OBJECTIFS CORRESPONDANTS |
A votre connaissance, en quoi le sevrage tabagique est-il une méthode efficace de lutte contre la consommation du tabac et contre le cancer ? |
-Faire ressortir les modalités de sevrage tabagique -Faire ressortir les intérêts liés à l’engagement dans une démarche tabagique |
Quelles sont les difficultés généralement rencontrées (ou que vous avez personnellement rencontré) au cours d’une démarche de sevrage tabagique ?
|
-Prendre connaissance des difficultés qui puissent bloquer la réussite d’une démarche de sevrage tabagique, tant du niveau des fumeurs que du niveau des professionnels accompagnateurs. |
Quelles seront vos préconisations pour un sevrage tabagique réussi ?
|
Conditions requises pour atteindre les avantages du sevrage tabagique |
Quel est l’élément indispensable/incontournable pour un sevrage réussi ?
|
Savoir, parmi les conditions de réussite citées, celle qui est indispensable, c’est-à-dire la condition sans laquelle le sevrage sera voué à l’échec. |
B – Les résultats de la méthode empirique
La réalisation de la méthode empirique a permis de relever que :
-Le sevrage tabagique est incontestablement une méthode efficace de réduction des facteurs de dépendance à la consommation de tabac, et corolairement de l’apparition des risques de cancer ;
-La méthode de sevrage tabagique n’est pas une méthode facile, et cela pour plusieurs raisons ;
-Les dispositifs règlementaires, ainsi que l’accompagnement infirmier sont des conditions nécessaires pour un sevrage tabagique réussi.
1 – Le sevrage tabagique : une participation efficace à l’amoindrissement des risques de cancer
Le sevrage tabagique est une méthode efficace d’amoindrissement des risques de cancer du fait des traitements médicamenteux et des aides non conventionnelles dispensées aux consommateurs de tabac.
a- Efficacité liée à la mise en œuvre de traitements médicaux
ü Les substituts de la nicotine
A l’heure actuelle, on peut constater que les substituts de la nicotine se présentent sous des formes très variées. En effet, c’est la nicotine qui favorise et cultive la dépendance à la consommation de tabac chez un individu, les rôles des substituts de la nicotine, comme leur nom l’indique, sont donc de minimiser les impacts négatifs (Irritabilité, anxiété, nervosité, insomnies, difficultés de concentration, …) de la non consommation de tabac chez un individu, pendant le traitement de sevrage tabagique.
Les professionnels affirment que la consommation de substituts nicotiniques multiplie par deux les chances de succès d’un sevrage tabagique. Conscient de cette place importante que tiennent les substituts nicotiniques dans la réussite du sevrage tabagique, à partir du 1er février 2007, l’Assurance maladie a décidé de prendre en charge le premier mois de traitement par substituts nicotiniques.
Concrètement, ces substituts nicotiniques se présentent sous diverses formes : patchs, timbres, gommes, pastilles, comprimés…Il appartiendra au professionnel de déterminer la forme qui convient le plus à chaque individu, selon ses spécificités, tels que le mode de vie, la façon de fumer, …
ü Le bupropion et la varénicline
-la varénicline
La varénicline a été prescrit depuis février 2007, c’est en effet un médicament qui est jugé efficace par de nombreux professionnels et ne délivre pas de nicotine dans l’organisme. Il est souvent utilisé dans le cadre de sevrage tabagique de fumeurs où le niveau de dépendance est très élevé.
Concrètement, ce médicament agit directement sur le cerveau du fumeur et intervient alors au niveau des récepteurs de la nicotine, en les bloquant. Suite à ce traitement, le consommateur de tabac ne ressentira plus le même plaisir en le consommant, ce qui diminuera d’autant plus la dépendance et la situation de manque.
– Le bupropion
C’est un médicament conseillé par les professionnels pour les fumeurs en grande situation de dépendance (fumant 10 à 15 cigarettes par jour), et qui sont déjà motivés par l’arrêt du tabac. Il est recommandé de débuter le traitement avant l’arrêt effectif du tabac et de décider d’une date précise d arrêt au cours des deux premières semaines de traitement
Le bupropion agit directement sur les récepteurs à la dopamine en supprimant les symptômes du manque après 7 à 15 jours de prise. C’est donc un médicament classé parmi les antidépresseurs. La durée du traitement est généralement de 8 semaines.
Hormis ces traitements médicamenteux conventionnels, l’efficacité du sevrage tabagique réside également au niveau des aides non conventionnelles déployés par les professionnels.
b- Efficacité liée au déploiement d’aides non conventionnelles
ü Gadgets et moyens palliatifs
§ -Cigarettes sans tabac, cigarettes électroniques
Les cigarettes électroniques sont en effet un aérosol de vapeur d’eau, conçu sous la même forme qu’une cigarette, et composées de substances qui doivent permettre à son utilisateur de ressentir les mêmes sensations en fumant les cigarettes traditionnelles. La vapeur dégagée par inhalation ne risque aucune pollution. C’est donc un appui souvent utilisé par les professionnels dans la réalisation d’un sevrage tabagique.
Schématiquement, la cigarette électronique se présente comme suit, telle une cigarette traditionnelle[14] :
Généralement, la composition d’une cigarette électronique est la suivante :
– Mélange de plantes à fumer : noisetier, menthe poivrée, papaye, eucalyptus : 95,5% ;
– Papier à cigarette : 4,5% ;
– Tabac : 0 mg ;
– Nicotine : 0 mg ;
– Goudrons : 3,6 mg
§ -Boîtiers programmables
Le boitier programmable est un petit boitier de la taille d’un boitier de cigarettes, cela fonctionne de la manière suivante : il suffit d’y mettre le nombre de cigarettes qu’on désire fumer en une journée, et programmer l’ouverture de la boite selon ses besoins.
Ce type de boitier se présente alors comme une sorte de filet de sécurité dans le cadre de la limitation du nombre ou de volume de tabac consommé quotidiennement, sachant que la limitation est le début de toute éradication de la dépendance.
ü Déploiement de méthodes thérapeutiques et homéopathiques
Pour assurer la réussite du sevrage, les professionnels ont également recours à diverses méthodes thérapeutiques :
§ Acupuncture
Selon une étude publiée par le Docteur Jean Vibes dans son ouvrage L’Acupuncture (éditions Privat) 63% des patients traités arrêtent de fumer après la première séance, auxquels il faut ajouter 34 % ayant réduit à 86 % leur consommation tabagique[15]. C’est ainsi une aide efficace dans la procédure de sevrage tabagique, car agit sur les facteurs psychiques et physiques du sevrage, sachant que le facteur psychologique est un facteur qui ne peut être maitrisé que par le patient lui-même.
§ Homéopathie
L’homéopathie est également un partenaire efficace du sevrage tabagique. Les grands remèdes les plus recommandés par l’homéopathe sont les suivants :
> Nux Vomica 5CH : aide dans l’élimination des toxines accumulés par le corps humain pendant le sevrage tabagique
> Argentum nitricum 9CH : aide le patient à regagner son autonomie à l’issue d’un sevrage tabagique
> Caladium 5CH : apporte des soulagements aux troubles divers ressentis par le patient lors du sevrage tabagique, pendant le processus de perte de la dépendance
> Lobelia inflata 5CH : il instaure le dégoût dans la consommation de tabac
> Gelsenium 9CH : agit sur l’humeur et l’aide à se stabiliser.
§ Hypnothérapie
L’hypnose est utilisée comme appui stratégique au sevrage tabagique car les fumeurs, ainsi que les professionnels ont compris que la volonté à elle seule ne suffira pas à éradiquer la dépendance à la nicotine. C’est une technique de mobilisation des potentialités psychophysiologiques du patient, pour que, à l’issue de l’arrêt définitif de la consommation de tabac, le patient :
-se sente plus calme, et gère plus les troubles de l’humeur,
-garde un poids sensiblement égal à celui qu’il avait pendant la consommation de tabac,
-Se sente mieux, à l’aise, tant physiquement que mentalement. »
L’arrêt du tabac par hypnose suppose le déploiement de 5 procédures :
> « Suggérer directement au fumeur un changement : le patient n’est plus dans son labyrinthe.
> Modifier la perception du comportement de dépendance.
> Utiliser l’hypnose pour visualiser l’avenir sans tabac.
> Utiliser l’hypnose en technique aversive : tabac = nausée.
> Autohypnose pour autonomiser le patient dans sa démarche. »[16]
§ Auriculothérapie
L’auriculothérapie est une méthode non conventionnelle de sevrage tabagique, également appelée « acupuncture auriculaire ». Pour ce faire, il s’agit de déployer des méthodes partiellement naturelles et en partie scientifiques.
Concrètement, plusieurs méthodes peuvent être appliquées pour réaliser la thérapie par auriculothérapie :
-poser des aiguilles d’acupuncture au niveau des parties externes de l’oreille, plus précisément en piquant le pavillon par des aiguilles stérilisées ; ou
-Utiliser un rayon laser anti tabac dans le but de stimuler certaines terminaisons nerveuses responsables de la libération d’endorphines et donc, de l’addiction à la nicotine.
2 – Les difficultés de la mise en œuvre effective du sevrage tabagique
Les personnes interviewées ont également relevé trois principales difficultés dans le cadre de la mise en œuvre effective du sevrage tabagique.
a- Absence de volonté et de conviction personnelle : il a été relevé que plusieurs personnes ayant subi une méthode de sevrage tabagique ne l’ont pas achevé par manque de volonté et de conviction personnelle. Alors que ces deux éléments sont indispensables et indissociables aux facteurs physiques et psychiques de l’arrêt de la dépendance au tabac.
b- Manque d’accompagnement adéquat : il a été aussi soulevé par les interviewés que la réussite d’un sevrage tabagique dépend en grande partie de la faculté du professionnel à accompagner convenablement le patient. Si cet accompagnement est défaillant, ou n’est pas adapté aux conditions spécifiques du patient, le sevrage tabagique ne saurait être réussi.
c- Les caractéristiques de la dépendance du tabac et le rôle de la nicotine dans cette dépendance : la nicotine est l’élément composant la cigarette qui entretient la dépendance chez le patient, l’arrêt de sa consommation peut entrainer plusieurs effets « indésirables » (et variables selon les spécificités de l’individu) : vomissements, prise de poids, …Ces effets sont souvent des motivations à l’arrêt du sevrage tabagique chez certains patients.
Quelles seront alors les préconisations à émettre pour un sevrage tabagique réussi ?
3 – Préconisations pour un sevrage tabagique réussi : Mise en place d’un accompagnement/prise en charge adapté : Rôles de l’infirmier dans la réussite du sevrage tabagique
De la bonne prise en charge des patients dépendra l’efficacité réelle du traitement, ladite prise en charge a le pouvoir de faciliter ou de compliquer la relation entre le patient et le professionnel en charge du sevrage tabagique.
Les missions de l’infirmier, pour que le sevrage soit réussi, sont diverses, aussi bien techniques que relationnelles.
a- La prise en charge technique dispensée par l’infirmier
-Education du patient aux situations pendant et post sevrage
Conformément au décret infirmier du 29 Juillet 2004[17]. Elle peut être définie comme « l’action de développer les facultés morales, physiques et intellectuelles d’un être humain[18] ».
Le Professeur Deccache de 1989 a avancé une définition plus précise de l’éducation dans le domaine de la santé, en précisant que: « L’éducation du patient est un processus par étapes, intégré dans la démarche de soins, comprenant un ensemble d’activités organisées de sensibilisation, d’information, d’apprentissage et d’aide psychologique et sociale, concernant la maladie, les traitements, les soins, l’organisation et procédures hospitalières, les comportements de santé et ceux liés à la maladie et destinées à aider le patient (et sa famille) à comprendre la maladie et les traitements, collaborer aux soins, prendre en charge son état de santé et favoriser un retour aux activités normales »[19]. A cet effet, l’éducation dans le cadre du sevrage consiste à déployer tous les moyens pour que le patient puisse connaitre les effets négatifs de la consommation du tabac (pour qu’il puisse être psychologiquement motivé à effectuer, et à achever le sevrage), les effets qui se produiront à la suite de la consommation de substituts nicotiniques visant à réduire la dépendance (prise de poids, …).
-Accompagnement et soutien tout au long et à l’issue du sevrage
La décision de procéder à un sevrage tabagique apporte de profonds et sérieux bouleversements aux habitudes de vie du patient.
C’est à cause de ces bouleversements que l’aspect psychologique de l’éducation dispensé par l’infirmier trouve toute son importance. Pour cela, il doit faire preuve d’écoute, d’empathie et entretenir un dialogue permanent avec le patient, afin de recueillir son état d’âme, et de l’éduquer psychologiquement à l’acceptation de ses nouvelles conditions de vie. En effet, le patient peut avoir diverses réactions, mais ce sont autant de réactions normales suite à l’abandon de la dépendance, tout le personnel de soins, et en particulier l’infirmier, doit aider le patient à retrouver son équilibre de vie, grâce à une relation d’aide, d’accompagnement.
Pour cela, il ne doit pas y avoir de type d’accompagnement standard. Chaque patient est unique, et présente des spécificités, des difficultés, des soucis qui lui sont propres. L’infirmier doit s’adapter à ces spécificités et prévoir une « prise en charge adaptée ».
Dans ce cadre, l’infirmier est tenu aussi bien à une prise en charge technique et relationnelle. En effet, la prise en charge est principalement technique, dans le cas où elle vise l’aboutissement du processus de soins, mais force est de constater que la prise en charge n’est pas que technique, elle est surtout relationnelle. Une prise en charge technique et éducative ne saura avoir ses pleins effets que par une considération relationnelle entre le patient et l’infirmier.
b- La prise en charge relationnelle dispensée par l’infirmier
Les acquis professionnels ne sont pas suffisants pour développer une éducation psychologique réellement adaptée aux besoins des patients en cours de réalisation d’un sevrage tabagique. Du fait que c’est une étape particulièrement difficile aussi bien physiquement que psychologiquement, car a des effets psychologiques non négligeables, l’infirmier doit développer ses compétences personnelles dans la cadre de la prise en charge, dont notamment :
-La capacité d’écoute
La capacité d’écoute est la faculté pour un infirmier d’être attentif aux attentes, aux sentiments particuliers de son patient.
-L’empathie
L’empathie n’est autre que ce partage d’émotions et pensées avec autrui, d’être capable, au-delà même de la compréhension, de faire la distinction entre notre propre situation et celle d’un patient par exemple. C’est en essayant de se mettre à la place du patient, d’essayer de comprendre ses maux ainsi que ses attentes, que l’infirmier peut aussi comprendre les ressentiments du patient, et ce qu’il pourra faire pour qu’il parvienne à abandonner totalement la dépendance à la consommation de tabac.
-La disponibilité
La disponibilité est la possibilité pour un infirmier d’être présent quand il le faut.
Conclusion et perspectives
L’arrêt de la consommation de tabac, et l’abandon de la dépendance sont des étapes particulièrement difficiles.
Le sevrage tabagique se présente alors comme un processus technique qui a pour objectif d’éduquer, puis d’éradiquer cette dépendance à la consommation de tabac, qui est à la source de plusieurs maladies liées au cancer.
Dans le cadre de cette prévention du cancer, force est de reconnaitre que l’infirmier tient une place primordiale, ceci car, il ne suffit pas se contenter d’administrer au patient des soins techniques, mais le développement d’une relation d’aide psychologique revêt aussi toute son importance, et conditionne même la réussite d’un processus de sevrage tabagique.
L’exercice de ses compétences professionnelles, ralliées à ces connaissances personnelles en termes de capacité d’écoute, d’empathie et de disponibilité est au centre des principes à appliquer pour que le patient parvienne à l’abandon de la dépendance, le point de départ de la réussite du sevrage tabagique.
Mais dans le cadre de l’exercice de cette éducation psychologique, l’infirmier peut être confronté à des difficultés particulières, dont notamment l’âge, les conditions de vie générales, l’humeur de son patient. Autant de difficultés qu’il doit arriver à surmonter en tant qu’infirmier, mais qu’il n’arrivera toutefois pas à affronter sans un effort de la part du patient lui-même.
Aussi, afin de susciter cet effort du patient, l’infirmier libéral peut engager avec lui une alliance thérapeutique, un procédé actuellement très usité pour développer la relation de communication et la relation d’aide entre l’infirmier et son patient. La mise en place de cette relation harmonieuse par l’alliance thérapeutique n’est toutefois pas possible sans une communication efficace entre le patient et le thérapeute. A première vue, communiquer pourra sembler facile du fait que l’être humain a appris à parler depuis son enfance, et donc ne nécessite pas le déploiement d’efforts extraordinaires. Pourtant, dans la relation professionnelle ou médicale dans notre cas, communiquer n’est pas facile car le climat et l’harmonie des relations ne sont pas toujours favorables, comme on le désire, même si tout un chacun est conscient de l’importance de cette communication dans l’alliance thérapeutique.
Aussi, peu importe la difficulté et la complexité de l’alliance thérapeutique, les diverses études menées par des professionnels ont démontré qu’elle est indispensable du fait qu’elle exerce une influence nettement positive sur la motivation du patient à contribuer favorablement et avec efficacité à atteindre les objectifs recherchés par le sevrage tabagique.
Telle est la perspective à développer pour la réussite de la mise en œuvre des missions de l’infirmier dans la procédure de sevrage tabagique.
Références bibliographiques
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Prévention du cancer bronchique Sevrage tabagique, Dr Francis RAPHAEL
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Catherine Hill, « Conséquences du tabagisme sur la santé », in Le tabagisme, Yves Martinet, A. Bohadana et alii, Masson, 2004, p 62.
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REHM, J., D. BALIUNAS, S. BROCHU, B. FISHCHER, W. GNAM, J. PATRA et autres. Les coûts de l’abus de substances au Canada 2002, Centre canadien de lutte contre l’alcoolisme et les toxicomanies, Ottawa, 2006
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Afssaps – Les stratégies médicamenteuses et non médicamenteuses de l’aide à l’arrêt du tabac, recommandations de bonne pratique – mai 2003
[1] Source de la définition : http://www.who.int/substance_abuse/terminology/definition1/en/
[2] Source de la définition : http://www.docteurclic.com/dictionnaire-medical/sevrage-tabagique.aspx
[3] Source : http://www.la-cigarette.com/composition.html
[4] Source : http://sante.lefigaro.fr/mieux-etre/tabac-alcool-drogues/tabac-effets-cancer/quels-sont-principaux-cancers-lies-tabac
[5] http://sante.lefigaro.fr/mieux-etre/tabac-alcool-drogues/tabac-effets-cancer/quels-sont-principaux-cancers-lies-tabac
[6] Source : STATISTIQUE CANADA. Tableau 102-0522 – Décès et taux de mortalité, selon certains groupes de causes et le sexe, Canada, provinces et territoires, annuel, 2007, CANSIM (base de données), 2011, mis à jour le 15 novembre 2010, cité le 15 mars 2011
[7] Source du schéma : http://www.futura-sciences.com/magazines/sante/infos/dossiers/d/medecine-touche-pas-tabac-398/page/4/
[8] Source du schéma et exposé des résultats de l’expérimentation : Le Tabac ou la Santé, Europe sans Tabac. Accessible via le lien suivant : http://whqlibdoc.who.int/euro/sfe/SFE_4_fre.pdf (Disponible, consulté le 27 septembre 2014)
[9] Source des affirmations : DGS/GTNDO «Broncho Pneumopathie Chronique obstructive» http://www.sante.gouv.fr/htm/dossiers/losp/50bpco.pdf
[10] Source : http://www.jeanmann.com/mag/source/481/tabac_en_france
[11] Source : http://www.exposeottawa.com/publications-sexistes.html
[12] http://www.linternaute.com/dictionnaire/fr/definition/sevrage-tabagique/
[13] Source : http://revue.medhyg.ch/article.php3?sid=31479
[14] Source du schéma : http://www.cigarelec.com/composition-de-la-cigarette-electronique-cigarelec.html
[15] Source : http://www.acupuncture-energetique.com/acupuncture_et_sevrage_tabagique-page-5.html
[16] Source : http://www.hypnose-medicale.com/hypnose-arret-tabac/
[17] Annexe 3, p 29.
[18] FOUQUET E., NEEFS H.Dictionnaire Encyclopédique, Paris : Hachette, 1997, p601.
[19] 6 DURAND-GASSELIN, Qu’est-ce que l’éducation pour la santé du patient ?
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