Rôles des aides-soignants face aux risques suicidaires de la personne âgée en EHPAD
Université de Caen
Institut d’Administration des Entreprises
IUP Management du Social et de la Santé
MASTER 2 : Management et Qualité Des Soins en Gérontologie
Rôles des aides-soignants
face aux risques suicidaires
de la personne âgée en EHPAD
Directrice de mémoire : Ségolène PAYAN
Béatrice LEMOINE Année 2013/2014
SOMMAIRE
CHAPITRE I : Approche théorique. 8
1.1. Définition et objectifs de l’EHPAD : 8
1.2. Caractéristiques propres aux EHPAD : 12
1.3. L’organisation des EPHAD : 13
1.4. Les différents acteurs présents en EHPAD : 14
2.1. Les conditions de travail de l’aide-soignant : 19
2.2. Les missions et les attributions vis-à-vis des personnes âgées : 20
3.1. L’autonomie et la dépendance : 22
3.2. La maltraitance et/ou la bientraitance : 23
3.3. Le déroulement de la fin de vie : 25
4.1. Le contexte du risque suicidaire : 26
4.2. Les représentations soignantes de la vieillesse et de la mort : 37
4.3. Les stratégies de protection des aides-soignants : 40
5.1. Les chiffres du suicide des personnes âgées: 43
5.2. Typologie des personnes accueillies en EHPAD : 46
CHAPITRE II : De la problématique à l’hypothèse. 51
CHAPITRE III : Présentation et analyse des résultats. 56
1.1. L’objectif de l’étude : 57
1.2. Le terrain d’enquête : 57
1.3. La méthode exploratoire : 58
2.1. Le profil des aides-soignants : 62
2.2. Les points forts et les points faibles du métier : 63
3.1. Les outils de repérage et d’évaluation des risques suicidaires à utiliser: 86
3.2. Le comportement à adopter : 88
Annexe I : La grille AGGIR.. 102
Annexe III : Guide d’entretien adressé au psychologue. 105
Annexe IV : Guide d’entretien adressé au cadre de santé. 107
Annexe V : L’évaluation de la dépression chez la personne âgée en EHPAD.. 109
Annexe VI : La grille d’évaluation RUD.. 110
INTRODUCTION
L’Observatoire National de fin de vie (ONTM) a annoncé en 2013, dans son rapport qui s’intitule « mourir dans les établissements d’hébergement des personnes âgées dépendantes », que près de 100 000 individus meurent chaque année dans les EHPAD[1], particulièrement méconnus du grand public[2]. Ces 100 000 individus représentent en fait plus d’un français sur dix. Une manière de dire que l’EHPAD, en tant qu’établissement spécialisé pour les personnes âgées, s’avère être le plus privilégié pour passer la fin de la vie quand l’état de dépendance rend le maintien à domicile impossible. Selon le site Ephadeo, « un EHPAD ou une maison de retraite est avant tout un lieu de vie pour les résidents où ils doivent continuer à s’épanouir »[3]. Ce genre d’établissement est en fait généralement médicalisé et compte le plus grand nombre de résidents parmi les établissements d’accueil pour les personnes âgées. Mais il faut également noter que le décès qui fait suite à un suicide, constitue, avec l’apparition du cancer et des maladies cardio-vasculaires, un des premiers facteurs de décès du sujet âgé[4], notamment en raison de l’isolement, de la dépression ou alors de la démission.
Toujours est-il que le mal-être des personnes augmente en intensité au fur et à mesure que l’âge augmente. Pourtant, dans la société, la souffrance des personnes âgées est lésée par rapport à celle des adolescents en particulier et des jeunes en général[5]. Et le comble des faits présents caractérisant notre société est que 75% des sujets âgés ayant commis un acte de suicide ont toutefois consulté leur médecin quelques mois avant leur mort. En ce sens, nous pouvons affirmer que le suicide des personnes âgées est relativement méconnu et s’avère être un phénomène moins mobilisant à l’égard de la société, de telle sorte que nous venons à penser que le suicide des sujets âgés est souvent qualifié de « légitime », de « rationnel ». Il est perçu comme un choix « sensé » : celui d’avancer un peu l’heure de sa mort.
Mais quand un fait de suicide survient dans un établissement, que les professionnels sont surpris, certaines questions doivent être posées: Pourquoi le suicide est-il méconnu dans les EHPAD ? Les personnes âgées vivant en EHPAD seraient-elles à ce point isolées, que cela entraînerait chez elle un sentiment de souffrance profond ? Cet acte serait-il commis à cause du manque de liens de proximité entre les soignants et ces personnes âgées ? Existe-il un déficit de prise en charge ?
Tel est l’intérêt de notre sujet qui concerne l’« importance du rôle des aides-soignants dans le repérage du risque suicidaire des personnes âgées en EHPAD ». En effet, les aides-soignants sont des professionnels qui accompagnent les personnes dans la réalisation des activités de la vie quotidienne, en collaborant aux soins préventifs et curatifs, ainsi qu’à la qualité du séjour, à l’entretien des locaux, à la gestion des approvisionnements, sans oublier de participer à l’organisation interne de l’établissement[6]. Le risque suicidaire, par contre, le risque suicidaire provient de l’interaction de facteurs biologiques, psychologiques, culturels, sociaux, et familiaux[7] entraînant un processus connu en tant que crise suicidaire et se manifestant sous le signe de la dépression et de l’isolement. En ce qui concerne les personnes âgées, la définition la plus souvent retenue se base sur le critère d’âge de 65 ans et plus, d’autant plus qu’il s’agit de la borne d’âge la plus fréquemment utilisée dans la littérature médicale pour définir l’appartenance d’une personne au groupe des personnes dites « âgées »[8]. Mais nous pouvons également parler de personnes du troisième ou du quatrième âge désignant aussi bien les personnes âgées de 60 ans que les personnes de 80-90 ans et où à travers ces catégorisations ; la société tend à projeter toutes les connotations négatives apparentées au vieillissement telles que l’inactivité ou encore la sénilité[9]. Nous nous intéresserons plus particulièrement aux personnes âgées dépendantes, c’est-à-dire devant être accompagnées régulièrement en raison de leur état de santé, aussi bien physique que mental au sein d’une institution.
Par ailleurs, dans la pratique professionnelle, en tant que cadre paramédical en psychiatrie, une situation a particulièrement interpelée. Une collaboration (famille, EHPAD, psychiatrie) s’était mise en place autour de la prise charge d’un homme de 85 ans qui présentait des troubles du comportement liés à une dépression grave, sachant que ce dernier ne pouvait pas recevoir un traitement approprié en raison de son état somatique. Le fait est que cet homme s’est éteint quatre semaines après son intégration en EHPAD alors que son entrée avait été préparée depuis deux ans déjà. Ainsi, cela nous amène à nous demander s’il s’agissait d’un suicide masqué, d’autant plus que le personnel de l’EHPAD avait oublié de signaler son décès aux infirmières référentes de psychiatrie qui l’accompagnaient depuis le début de son parcours en tant que personne dépendante.
Cet oubli, qui peut paraitre anodin, nous questionne. En effet, en EHPAD, y a-t-il un garant soignant désigné pour accompagner le résident ? Celui-ci ferait-il l’interface avec ses partenaires extérieurs ? Comment les conduites suicidaires chez la personne âgée en institution sont-elles repérées et par qui ? Quels sont les catégories de personnel en première ligne ? Peut-on identifier un processus de traitement de l’information ou un dispositif adéquat ? Toutes ces questions se résument à une problématique principale qui est la suivante : Les aides-soignants ont-ils mesuré l’importance de leur rôle dans la gestion du risque suicidaire des personnes âgées en EHPAD ?
La réponse à cette problématique est loin d’être évidente mais avant d’en donner d’amples explications, il apparaît tout aussi logique qu’opportun de mentionner la méthodologie utilisée pour notre analyse. En effet, il y a eu lieu de procéder à des analyses documentaires, ainsi que des enquêtes exploratoires basées sur des entretiens semi-directifs avec des professionnels d’un EHPAD en particulier.
Afin d’évaluer la pertinence de mon sujet de recherche et ses possibilités d’orientation, j’ai procédé à un entretien préalable le 11/10/2013 avec un cadre supérieur dans un EHPAD de 120 lits. En l’interrogeant sur le rôle de l’équipe soignante dans la prévention du suicide des personnes âgées en EHPAD, ce dernier a affirmé qu’il y avait une négation du syndrome dépressif chez les soignants et un déni des résidents de la symptomatologie dépressive. Ainsi, ce sont des deuils qui n’ont pas été évalués ou qui ont été occultés. J’ai pu noter qu’à aucun moment de notre échange, elle n’a prononcé le mot suicide. De cet entretien découle donc l’objectif de notre étude, qui consiste à aborder le suicide et les conduites suicidaires chez la personne âgée en institution, de façon à fournir des pistes de réflexion pour améliorer la pratique chez les aides-soignantes.
En supposant que les aides-soignants des EHPAD prennent conscience de leur rôle dans la gestion des risques suicidaires des personnes âgées, cette méthodologie a permis de mettre en exergue une vision harmonieuse du sujet, de manière à subdiviser cet ouvrage en trois chapitre bien distincts.
Dans un premier chapitre, il convient d’énoncer les approches théoriques et conceptuelles, de façon à mettre en relief le rôle des aides-soignants dans les EHPAD, ainsi que les tenants et les aboutissants du risque suicidaire des personnes âgées dans ces établissements dans une approche à la fois quantitatif et qualitative.
Dans un second chapitre, il serait judicieux de développer la problématique de notre étude, et de poser des hypothèses appropriées qui seront confirmées ou infirmées à l’aide des études empiriques qui s’ensuivent.
Dans un troisième et dernier chapitre, il s’agit de présenter et d’analyser les résultats des analyses afin de poser des perspectives d’optimisation du repérage des risques suicidaires des personnes âgées en EHPAD par les aides-soignants.
CHAPITRE I : Approche théorique
Il est indéniable qu’une approche théorique de l’étude soit utile pour comprendre le contexte général du sujet, ainsi que les concepts clefs qui régissent notre étude. Pour ce faire, il convient d’aborder respectivement les sections suivantes :
- Dans une première section, il y a lieu de faire une présentation détaillée de l’EHPAD pour en connaître les intérêts, les objectifs et le fonctionnement.
- Dans une seconde section, il convient d’énoncer le rôle des aides-soignants dans l’accompagnement des personnes âgées en EHPAD.
- Dans une troisième section, il s’agit de mettre en relief les conditions de vie des personnes âgées dans ces établissements, et ce d’une façon objective.
- Dans une quatrième section, il serait judicieux d’évoquer le comportement et les attitudes des aides-soignants face aux risques suicidaires des personnes âgées.
- Dans une cinquième et dernière section, il s’avèrerait opportun de mettre en relief les chiffres clefs sur le suicide en EHPAD.
1. Présentation de l’EHPAD :
Cette présentation théorique des lieux consiste à mettre en relief l’organisation et le fonctionnement de l’EHPAD. Ainsi, après avoir défini ce genre d’établissement et énoncé ses projets et objectifs, il s’agira d’expliciter les caractéristiques de cette maison de retraite, ainsi que l’organisation, sans oublier de mettre en évidence les acteurs principaux qui y sont présents.
1.1. Définition et objectifs de l’EHPAD :
Connu également en tant que maison de retraite médicalisée, un EHPAD ou Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes sert effectivement à héberger les personnes âgées et à les accompagner tout au long de leur séjour, dans leur quotidien. A ce propos, plusieurs lois se sont succédées pour définir les missions des EHPAD dans leur globalité. La première circulaire ayant régi l’accompagnement de fin de vie, a été établie en 1986 et stipule que « Lorsque des personnes sont parvenues au terme de leur existence, elles reçoivent des soins d’accompagnement qui répondent à leurs besoins spécifiques. Elles sont accompagnées si elles le souhaitent par leurs proches et les personnes de leur choix et naturellement par le personnel»[10]. Aujourd’hui, cette circulaire est actualisée par la loi du 22 avril 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie qui prévoit qu’en plus de pouvoir recevoir des soins d’accompagnement quotidiens, le sujet âgé peut, non seulement désigner une personne en qui il a confiance pour décider à sa place dans la mesure où il serait admis en soins palliatifs ou non apte à décider, mais encore, il peut prendre des mesures anticipées en ce qui concerne son état de santé.
Toujours est-il que les EHPAD varient en fonction de leur statut, de leur capacité d’hébergement et également de leur mode de fonctionnement. En effet, un EHPAD peut être public, privé ou encore à caractère associatif. Il peut aussi concerner une spécialité en particulier telle que le font les Centres d’Activités Naturelles Tirées d’Occupation Utiles, qui s’avèrent être des petites unités de vie rassemblant des individus ayant de graves pathologies psychologiques, notamment la maladie d’Alzheimer[11]. Toutefois, ce type d’établissement est encore très rare en France. Dans tous les cas, la mission reste la même : assister le sujet âgé dans son quotidien et stimuler sa dépendance.
Les EHPAD sont des établissements qui font partie d’un ensemble de possibilité d’hébergement qui s’offrent aux personnes âgées selon la réponse appropriées à leurs besoins, notamment les foyers-logements, les unités de soins de longue durée et les maisons de retraite[12] :
- Les foyers logements sont des groupes de logements autonomes qui constituent une solution intermédiaire entre la vie à domicile et en foyer. En effet, ces types de logement sont choisis par les personnes en bon état de santé mais qui ne désirent plus rester seules à leur domicile. Elles intègrent donc un lieu d’hébergement collectif avec des services effectivement communs.
- Les Unités de soins de longue durée ou USLD sont des établissements qui servent à accueillir les sujets âgés en situation de grande dépendance et de fragilité, nécessitant une surveillance régulière et continue. Il s’agit donc d’organismes médicalisés.
- Les maisons de retraite non médicalisées ou EHPAD qui regroupent des personnes dépendantes ayant plus de 60 ans, de façon à leur offrir en parallèle des services divers tels que la restauration ou encore la blanchisserie.
Il faut noter que la mise en vigueur de la réforme de la tarification[13] sur le niveau de dépendance de l’établissement d’hébergement des personnes âgées en 2001, a fait que tous les établissements qui accueillent des personnes dépendantes aussi bien sur le plan physique que mental et dont les cas nécessitent des accompagnements quotidiens et une surveillance médicale deviennent progressivement des EHPAD. Ainsi, leurs droits et obligations découlent d’une convention tripartite signée avec le Conseil Général et l’Agence Régionale de Santé, et qui se conforme au Code de l’Action Sociale et des Familles.
Par rapport à cette mission, les objectifs qui sont assignés aux EHPAD leur permettent de mettre en œuvre des projets qui comprennent deux volets[14] : le projet de soin et le projet de vie. Ces projets permettent de répondre aux besoins d’accompagnement des personnes âgées, et ce dans le respect de la dignité, de la justice et des libertés individuelles.
- Le projet de soin sert à garantir une prise en charge individualisée et de qualité de chaque résident, aussi bien au niveau des soins médicaux et infirmiers que sur le plan de la rééducation, de façon à organiser et à coordonner les actions entre les différents acteurs qui forment l’équipe soignante. Par exemple, ce projet inclut les prises en charges spécifiques des personnes désorientées par des équipes soignantes présentes 24h/24.
- Le projet de vie consiste à placer le résident au centre des préoccupations de l’établissement, d’autant plus qu’il s’agit de son nouveau foyer dans lequel il doit pouvoir jouir de ses droits, tels que le droit au respect de l’intimité ou encore le droit à l’expression. Ainsi, le projet de vie vise à définir les moyens à mettre en œuvre en termes d’accueil et d’accompagnement du sujet âgé dans sa vie quotidienne. Ce projet de vie comprend par exemple le projet d’animation qui contribue au maintien de la vie sociale et culturelle du résident, ou encore l’entretien du linge personnel.
Globalement, les objectifs de l’EHPAD consistent en la préservation et en l’amélioration de la qualité de vie[15] des personnes résidentes, de façon à leur permettre de s’habituer à un environnement collectif qui leur permettra de construire, de nouer de nouvelles relations et de se construire de nouveaux repères. Cette volonté d’amélioration s’effectue en fait à l’aide d’indicateurs de qualité et des processus d’évaluations qui permettront à la fois de maîtriser les risques.
Ces personnes âgées vulnérables pourront donc bénéficier d’un accompagnement individualisé qui puisse favoriser leur autonomie et leur bien-être physique et psychologique. Cependant, force est de constater que ces éléments peuvent être influencés par le contexte environnemental et la santé des sujets.
Ainsi, il s’agit justement pour les EHPAD de relever le défi pour permettre aux résidents de bénéficier des meilleures conditions d’existence possibles. Tel est l’intérêt de la loi °2002-2 du 2 janvier 2002 réformant l’action sociale et médico-sociale, notamment au niveau de l’amélioration continue de la qualité des services offerts aux résidents. En effet, cette loi est mise en œuvre à travers sept outils[16] dont le projet d’établissement.
Ces objectifs sont-ils dus à la caractérisation de l’EHPAD même.Afin de donner une première réponse à cette question, il convient d’aborder dans le paragraphe qui suit, les caractéristiques propres aux EHPAD.
1.2. Caractéristiques propres aux EHPAD :
Afin de renforcer nos analyses théoriques, il s’agit de donner un aperçu des caractéristiques propres aux EHPAD. Ces caractéristiques sont évoquées comme suit :
- Collectivité des lieux, des situations et des compétences :
- Risque de perte de l’identité du fait de la priorisation des intérêts collectifs dans un lieu de vie plus ou moins choisi par le résident[17].
- Cohabitation du médical et du social, du collectif et de l’individuel, de la vie et de la mort.
- Restriction des libertés des résidents :
- Soumission à la vie chronométrée de l’établissement qui privilégie l’efficacité au détriment du plaisir des résidents, en plus de leur perte d’autonomie et de leur dépendance.
- Raréfaction du choix des résidents du fait de la soumission aux règles de vie de l’établissement[18] et du détachement aux tâches de la vie quotidienne.
- Déresponsabilisation des résidents et perte de l’estime de soi[19].
- Prédominance féminine :
- Majorité féminine au niveau de l’effectif des résidents en EPHAD[20].
- Majorité féminine au niveau de l’équipe soignante du fait de la féminisation du métier d’aide-soignant et d’infirmier.
- Surnombre de l’équipe soignante :
- Prégnance du modèle hospitalier du fait de la présence important de médecins et de professionnels paramédicaux dans les établissements[21].
Force est de constater que de nombreux auteurs ont mis en avant des éléments caractéristiques de l’EHPAD qui ne sont pas forcément positifs. Cela peut expliquer le fait que des réformes ont été continuellement mis en place dans l’organisation et le fonctionnement de ces EHPAD.
Ainsi, qu’en est-il de la structure et de l’organisation de ces types d’établissement ?
1.3. L’organisation des EPHAD[22] :
Dans un EHPAD, l’organisation comme le cadre de travail dépend de deux critères bien distincts :
D’une manière générale les professionnels exerçant en EHPAD travaillent de jour comme de nuit, d’autant plus que la majorité des établissements ne disposent pas de personnels de nuit mais plutôt d’aides-soignants. Pour les établissements qui en ont les moyens par contre, l’organisation de la journée s’assimile à celle de l’hôpital, qui détient une équipe du matin et une équipe d’après-midi, sans oublier la surveillance de nuit.
En ce qui concerne le volume horaire de travail, il en fait variable :
- certains disposent d’un horaire relativement fixe ;
- d’autres alternent entre le matin et l’après-midi ;
- le reste travaille sur des horaires discontinus.
Connaissant l’organisation générale d’un EHPAD, qu’en est-il de la hiérarchie et des liens entre les différents acteurs, ainsi que de leur typologie ? Tel est l’intérêt du paragraphe suivant.
1.4.Les différents acteurs présents en EHPAD :
Les acteurs qu’il convient de mentionner dans notre étude concernent aussi bien les acteurs en amont qu’en aval. Ainsi, il s’agit d’expliciter :
- D’une part, les différents professionnels qui exercent leur activité en EHPAD.
- D’autre part, les bénéficiaires des prestations ou des services offerts par ces EHPAD, c’est à dire les sujets âgés.
1.4.1.Les professionnels :
Il faut noter que les professionnels présents en EHPAD sont diversifiés du fait que les activités de l’établissement revêtent un caractère aussi bien social que médical. Cette caractéristique se reconnaît à travers les projets d’établissement. Ainsi, pour aboutir à une meilleure compréhension de la structuration de l’EHPAD, il serait judicieux de mettre en lumière la hiérarchie entre les professionnels qui y sont présents. Le schéma suivant présente l’organigramme type d’un EHPAD, suivant les professions principales :
Schéma 1 : Organigramme type de l’EHPAD
Source : http://www.lesmaisonsderetraite.fr/emplois/les-metiers-en-maison-de-retraite.htm
- La filière administrative : elle regroupe les différents services administratifs tels que les ressources humaines, la logistique, ou encore la finance et la comptabilité.
- Les professions médicales englobent les métiers de médecin gériatre et de médecin coordonnateur.
- Les professions paramédicales regroupent encore deux types de professions :
- Les professions de soin qui comprennent les professions d’infirmiers, d’aides-soignants et d’assistants de soins en Gérontologie (ASG).
- Les professions de rééducation telles que les métiers de diététiciens ou de psychomotriciens.
- Les professions du secteur social et médico-social concernent les métiers d’animateurs, d’assistants de service social, d’auxiliaire de vie, d’aides médico-psychologiques (AMP) et de psychologues.
Chacun des métiers contribue en effet à la mission d’accompagnement des personnes âgées en EHPAD. D’ailleurs la bonne marche d’un projet découle de la synergie et de la coopération de ces différentes professionnels qui possèdent chacun leur spécialité et leurs qualités. Par exemple, les aides-soignants ont une capacité de communication plus adaptée envers les personnes âgées d’autant plus que ceux-ci sont plus proches et plus présents au cours de l’accompagnement. Le cadre de santé par contre, est plus approprié en tant que médiateur et gestionnaire de conflits entre les soignants et le résident ou les familles. Il est aussi le garant de la qualité de soins apportée aux résidents. De plus, il doit s’assurer que les professionnels ont les moyens à disposition pour mener atteindre cet objectif.
Mais à quelles catégories de personnes âgées les professionnels de l’EHPAD ont-ils affaire ? Qui en sont les bénéficiaires des soins et des services ?
1.4.2.Les résidents :
Il serait utile de mentionner que l’entrée en EHPAD est réservée aux seules personnes âgées de 60 et plus et qui sont en perte d’autonomie[25], c’est-à-dire ne pouvant plus effectuer seules les divers tâches de la vie quotidienne en raison de troubles psychologiques ou de fragilités physiques, qui entraînent à leur tour de multiples pathologies. Par ailleurs, les résidents des EHPAD sont de catégories socioprofessionnelles et d’origines très diverses[26]. En effet, avant les années 70, les maisons de retraites hébergeaient principalement les populations vulnérables ou défavorisées. Toutefois, l’accroissement de l’espérance de vie, les progrès de la médecine, ainsi que les changements de mentalités constatés au niveau de la société ont engendré plus de mixité sociale dans les EHPAD. Désormais, le point commun des sujets accueillis dans de tel établissement est plus en lien avec leur état de dépendance quelle qu’en soit l’origine.
Mais, cette intégration dans une structure spécialisée ne résulte pas toujours d’un choix volontaire ni d’une décision préparée. En effet, le plus souvent, ces sujets âgés n’ont pas vraiment eu le choix, d’autant plus que leur rôle au sein de la famille s’est peu à peu modifié.
Toujours est-il que cette perte d’autonomie entraîne progressivement une situation de dépendance vis-à-vis du monde extérieur. Cette dépendance fait que les sujets âgés aient besoin de recourir à une tierce personne pour effectuer les gestes quotidiens. Ainsi, en 1997[27], les pouvoirs politiques dans le cadre de la mise en place de la Prestation Spécifique Dépendance, remplacée en 2001 par l’Aide Personnalisé d’Autonomie[28], ont mis en œuvre la grille d’évaluation AGGIR afin de déterminer le degré de dépendance d’une personne âgée et de définir ainsi ses besoins[29].Cette grille est également utilisée en EHPAD pour calculer les tarifs, ainsi que le degré de dépendance lui-même. Pour être plus précis, cette grille est composée de six groupes Iso-Ressource (GIR) dont le stade augmente au fur et à mesure que la personne âgée est de moins en moins dépendante (Cf. Annexe I). Autrement dit, le GIR 1 représente un fort degré de dépendance.
Ces groupes sont constitués de dix variables discriminantes dont :
- la cohérence du comportement,
- l’orientation dans le temps et l’espace,
- la toilette (se laver seul),
- l’habillage
- l’alimentation,
- l’hygiène des mécanismes d’élimination,
- les déplacements et transferts de position (se lever, se coucher, s’asseoir),
- l’utilisation des moyens de communication.
En outre, il existe également des variables illustratives qui servent à renseigner le corps médical sur l’état de santé du sujet. Ainsi, nous pouvons noter :
- la capacité de gestion des affaires ;
- la préparation des repas ;
- le ménage ;
- l’utilisation des moyens de transport ;
- les courses ;
- le suivi des traitements médicaux ;
- les hobbies.
Ainsi, ces variables sont notées de A à C par les résidents selon les critères suivants :
- A : actes accomplis seul totalement et correctement
- B : actes accomplis partiellement
- C : actes non réalisables.
Pour résumer, les conditions d’entrée en EHPAD, hormis les dossiers à fournir, impliquent l’âge, ainsi que le degré de dépendance du sujet âgé. Mais, il existe également un détail important à retenir : le soutien de la famille y est pour quelque chose d’autant plus que le résident ne devrait pas se sentir isolé après son intégration. Là encore, il s’agit d’un défi que l’EHPAD pour aider la personne âgée à bien vieillir.
C’est de cette manière que s’effectue l’intégration du sujet âgé en EHPAD. Mais avant de mettre en avant ses conditions de vie, il serait opportun d’évoquer le rôle crucial que jouent les aides-soignants dans l’accompagnement des résidents en EHPAD.
2. Le rôle des aides-soignants dans l’accompagnement des personnes âgées en EHPAD :
S’il existe des professionnels qui connaissent mieux la vie quotidienne, les sentiments, ainsi que les désirs des résidents en EHPAD, ce sont bien les aides-soignants. Mais dans quelles conditions de travail ces derniers se trouvent-ils ? Et quelles sont leurs attributions dans l’accompagnement des personnes âgées ?
2.1. Les conditions de travail de l’aide-soignant :
Il faut admettre que le métier d’aide-soignant n’est pas un métier à la portée de tous : des ambiances de travail pénibles, des contraintes physiques énormes, une capacité d’initiative peur présente. Bref, le métier d’aide-soignant est loin d’être un métier envié. Toutefois, bien des personnes l’exercent avec tout leur courage et avec passion. Les aides-soignants de l’EHPAD sont tous les jours en contact avec des personnes fragiles et dépendantes aussi bien sur le plan physique que mental. Ainsi, ils se sentent utiles et riches en rapports humains mais il faut un certain dévouement pour pouvoir pratiquer ces métiers. De ce fait, qu’en est-il réellement de conditions de travail en EHPAD ?
- Le manque de matériels et d’infrastructures[30]:
En plus de la pénurie de personnel à laquelle les EHPAD sont confrontés, ils doivent également faire face à un manque de manque de matériels et d’infrastructures. Ainsi, les conditions de travail ne permettent pas aux aides-soignants comme à l’ensemble du personnel d’ailleurs, d’accueillir et de prendre en charge de manière pleinement satisfaisante les personnes âgées. En conséquence de nombreuses familles et résidents se plaignent de la qualité des soins et des traitements qui leur sont administrés[31].
- L’épuisement professionnel et le burn-out[32]:
Le métier d’aide-soignant est lié à une charge de travail plutôt élevée et même très élevée. Ceci s’explique par le fait ces aides-soignants, qui sont en nombre très limités par rapport au nombre de résidents des EHPAD, doivent apporter chaque jour des soins et des accompagnements quotidiens, comme par exemple les soins d’hygiène ou encore l’aide à l’alimentation, et ce, dans un temps très limité. L’effet pervers qui s’ensuit est que cela procure un sentiment de travail à la chaîne qui provoquerait non seulement le stress mais encore le burn out[33] et le turn over. Autrement dit, le métier d’aide-soignant conduit le plus souvent à l’épuisement professionnel aussi bien sur plan physique que mental. En effet, il arrive que les aides-soignants se voient effectuer des positions pénibles, comme le dos courbé ou en torsion lors des toilettes et aux moments de change des résidents, sans oublier qu’à tout cela s’ajoute les déplacements fréquents et les gestes répétitifs liés aux contraintes d’organisation et d’espace propres aux EHPAD. A ces contraintes physiques s’ajoutent les dépressions psychologiques et l’usure mentale causée par la démotivation, le manque de reconnaissance des résidents, les agressions verbales, et surtout la relation subie avec la mort.
Il est à remarquer que les conditions de travail des aides-soignants sont plutôt pénibles en EHPAD. Ainsi, il n’est pas étonnant qu’il y existe une pénurie de personnel. Mais quelles sont les missions et les attributions des aides-soignants dans ces conditions particulières ?
2.2.Les missions et les attributions vis-à-vis des personnes âgées :
Les aides-soignants travaillent sous la responsabilité des infirmiers. En fait, ils effectuent des actes délégués par l’infirmière en matière de soins et pour toutes les fonctions d’entretiens et de continuité dans la vie de tous les jours[34] :
- D’une part, les aides-soignants se mettent au service des résidents, les aident et les accompagnent dans la vie quotidienne, en raison notamment de la dépendance et du manque d’autonomie des sujets âgés. Ainsi, les soins qu’ils procurent aux personnes âgées visent à assurer leur bien-être et leur confort aussi bien physique que moral, et ce dans le respect de l’intimité et de l’hygiène.
- D’autre part, les aides-soignants ont pour rôle de vérifier les paramètres vitaux des résidents,(fréquence cardiaque et respiratoire, la température ou encore la courbe de poids). En ce qui concerne la prise des médicaments et les soins médicaux toutefois, la plupart des EHPAD laisse cette responsabilité aux médecins et aux infirmiers.
En effet, il s’agit d’un travail en équipe qui consiste globalement à mener à bien les tâches suivantes :
- Dispensation des soins d’hygiène et de confort, dont la toilette et l’habillage.
- Aide dans la prise et la distribution des repas, et ce dans le respect du régime alimentaire du sujet concerné.
- Entretien de l’environnement et de l’espace personnel des résidents, tel que le dressage du couvert, le rangement de la chambre ou le renouvellement de la literie.
- Aide à la stimulation des différentes fonctions de l’organisme des personnes âgées afin de leur permettre de garder une certaine autonomie, notamment au cours des déplacements.
- Collaboration avec les médecins dans le suivi des soins et l’évaluation de l’autonomie par la réalisation de rapports écrits.
- Collaborations dans la procuration de soins préventifs et curatifs tels que la prévention des risques d’escarres ou les changements de pansements.
- Information et soutien psychologique du sujet et de son entourage.
Ces quelques lignes ont permis d’affirmer que les aides-soignants contribuent à la prise en charge globale des patients ou des résidents, de telle sorte qu’il puisse en découler des relations de proximité entre le soignant et le soigné, ce qui peut rendre le métier difficile lors de la mort d’un résident. Mais avant de mettre en relief les attitudes et les comportements des aides-soignants face à la mort des sujets âgés, il convient de révéler les conditions de vie de ces derniers en EHPAD.
3. Les conditions de vie des personnes âgées en EHPAD :
Etant donné la pénurie de personnel et donc le manque de soins, les conditions de travail des aides soignants risquent d’avoir un fort impact sur les conditions de vie des personnes âgées en EHPAD. Pour en déduire l’ampleur de cet impact, il convient d’aborder respectivement les points suivants :
- L’autonomie et la dépendance
- La maltraitance et/ou la bientraitance
- Le déroulement de la fin de vie
3.1.L’autonomie et la dépendance :
Durant le séjour d’une personne âgée en EHPAD, il existe deux notions qui ont trop souvent tendance à être confondues: la notion d’autonomie et la notion de dépendance[35].
- D’une part, la dépendance reflète l’impossibilité totale ou partielle du sujet âgé d’effectuer seul les tâches de la vie quotidienne.
- D’autre part, l’autonomie désigne la capacité d’une personne à se gouverner, à agir de son propre chef, à décider et à juger des actes qui les entourent.
En ce qui concerne l’autonomie, elle n’est pas toujours respecté par les familles ni les professionnels qui travaillent en EHPAD. Par exemple, il arrive que les proches ou la famille prennent des décisions à la place du sujet âgé, ou que celui-ci, en raison de sa forte dépendance, sera contraint de se résigner face au mode de vie que l’établissement lui fournit. Autrement dit, il ne pourrait choisir le mode de vie qui lui corresponde en toute liberté. Il est en est de même pour les projets de vie.
Quant à la notion de dépendance, elle implique une condition de vie qui est marquée par la fragilité et la vulnérabilité. La première correspond à une réduction des réserves fonctionnelles[36], qu’elles soient immunitaires ou musculaires et qui empêche de faire face aux agressions de la vie pour s’adapter aux situations et aux différents événements de la vie quotidienne. Les personnes fragiles sont donc en équilibre médico-social plutôt précaire[37]et peuvent être menacées par des événements stressants, des pathologies et d’autres facteurs psychologiques et sociaux qui doivent retenir toute l’attention des professionnels, étant donné que ces facteurs peuvent aboutir à des risques de suicide, risques qui seront étudiés dans les paragraphes qui suivront. La seconde notion correspond en fait à un état de faiblesse vu de l’extérieur et qui caractérise sa capacité à mobiliser les ressources individuelles et relationnelles[38].
Connaissant l’état général des personnes âgées résidant en EHPAD, qu’en est-il des traitements et des modes d’accueil qui en découlent ?
3.2. La maltraitance et/ou la bientraitance[39] :
Au cours de sa carrière professionnelle, l’aide-soignant doit adapter en permanence ses tâches, de façon à ce que le résident soit dans la bientraitance. Il doit donc s’interroger si les actes qu’il réalise sont assimilés à de la maltraitance ou à de la bientraitance. En effet, la bientraitance est favorisé par la qualité-même de l’aide-soignant, à travers ses connaissances, son savoir-être, son savoir-faire qui se reflètent à travers on humanisme, son sens de l’écoute et sa posture professionnelle. Tous ces critères contribuent en fait à l’instauration d’un climat de confiance entre le résident et l’aide-soignant.
Ainsi, il s’agit donc d’éviter toute forme de maltraitance à l’égard des personnes âgées. Pour être plus précis, le tableau suivant met en lumière les différentes formes de maltraitance qui pourraient être infligées aux sujets âgées résidant en EHPAD, qu’elles soient d’ordre institutionnel ou d’ordre individuel :
Tableau 1 : Les différentes formes de maltraitance en EHPAD
Les différentes formes de maltraitance | Le point de vue individuel | Le point de vue institutionnel |
Les maltraitances financières | – Vol
– Extorsion d’argent – Acceptation de pourboire |
– Détournement de fonds
– Privation de ressources – Procurations abusives |
Les maltraitances psychologiques | – Chantage
– Menaces verbales – Humiliation – Infantilisation – Construction de surnoms inadaptés |
|
Les maltraitances physiques | – Contention
– Infliction de souffrances physiques pour accélérer le rythme de travail |
– Interdiction à l’accès aux soins de qualité |
Les maltraitances médicales | – Privation ou excès de soins et de médicaments | |
Les maltraitances civiques | – Action de retirer au sujet âgé son pouvoir décisionnel
– Demande abusive de tutelle ou de curatelle |
– Action de retirer au sujet âgé son rôle social
– Restriction ou interdiction de visite |
Les négligences | – Absence d’aide dans les gestes quotidiens
– Non-respect de l’espace personnel du résident
|
– Mauvais hygiène
– Mauvaise organisation – Pénurie de personnel – Inadaptation de l’architecture – Enfermement permanent et isolement |
Source : MAROYERA., Bientraitance et maltraitance en EHPAD, juin 2013, 37 pages.
Force est de constater qu’en plus de leur situation de dépendance, les résidents des EHPAD peuvent être confrontées à des conditions de vie délicates, notamment dans la mesure où ces derniers subissent des formes de maltraitances infligées soit par le personnel, l’entourage soit par les établissements eux-mêmes. Par rapport à ces conditions de vie, comment se déroule la fin de vie des résidents ?
3.3. Le déroulement de la fin de vie[40] :
En dépit de l’état de précarité et de faiblesse auquel les sujets âgés doivent faire face, certains vivent parfois des situations de crise et de détresse psychologique dans les dernières étapes de leurvie. Des situations qu’il faudrait prendre en considération, d’autant plus qu’elles sont génératrices de souffrances et de déstabilisation.
En effet, les principales sources de crise auxquels les résidents sont confrontés sont les suivants :
- Les successions de deuils : de toute évidence, il s’agit des personnes qui arrivent dans la dernière étape de leur vie. La perte du conjoint est un moment particulièrement bouleversant pour la plupart des sujets âgés.
- Le cumul des pertes affectives, sociales, matérielles et géographiques : Le résident se voit être obligé de quitter son foyer, son environnement familier pour vivre dans une communauté où ne vivent que des retraités, d’où une fragilisation des liens sociaux.
- L’apparition des maladies : il s’agit ici bien entendu des maladies liées à la vieillesse causant des troubles sensoriels, cognitifs, et comportementaux. L’effet pervers qui s’ensuit est que ces troubles vont à leur tour détériorer les relations sociales et le sens de la communication de ces personnes, de façon à conduire à l’isolement social et au questionnement existentiel.
- L’approche de la mort : elle est souvent source de questionnement sur soi et sur son parcours existentiel, et même de questionnement de nature spirituelle. En effet, cette souffrance intérieure, aussi abstrait soit-il, peut sembler la plus douloureuse pour ces personnes âgées.
Lorsque ces situations de crise arrivent à un point où la personne âgée n’est plus en mesure de les affronter, cette dernière a tendance à vouloir en finir plus tôt avec la vie pour éviter de vivre et de revivre ces moments de souffrance et d’isolement social. En conséquence, elle peut faire des tentatives de suicide. Malheureusement, dans la plupart des cas chez le sujet âgé, les tentatives de suicide sont réussies. Pourquoi en est-il ainsi ? Et quelles sont les attitudes des aides-soignants face au risque suicidaire des personnes âgées en EHPAD ?
4. Les aides-soignants face au risque suicidaire des personnes âgées en EHPAD :
Le suicide constitue sans doute la phase la plus épouvantable d’une existence humaine et dans bien des cas, il demeure un mystère. Le phénomène suicidaire entraîne en fait des séquelles qui restent gravées dans la mémoire des familles comme des professionnels de soins. Mais avant de décrire les attitudes et les comportements des aides-soignants face au risque suicidaire des personnes âgées en EHPAD, il serait opportun d’énoncer quelques éléments de connaissance sur la notion de suicide. Ainsi, il conviendrait d’harmoniser notre argumentation de la manière suivante. Tout d’abord, il s’agit de mettre en avant le contexte suicidaire. Après cela, nous enchaîneront avec les représentations soignantes de la vieillesse et de la mort pour déterminer leurs stratégies de protection face à la représentation de la fin de vie. Enfin, nous terminerons avec l’énonciation des dispositifs actuels de prévention et de gestion des risques suicidaires en EPHAD.
4.1. Le contexte du risque suicidaire :
Pour connaître dans son intégralité le contexte spécifique de notre étude, il s’avère nécessaire de mettre en exergue le contexte du risque suicidaire. Pour ce faire, nous allons aborder respectivement :
- Les définitions et l’étymologie du concept de « suicide » ;
- Les étapes du suicide ;
- Les facteurs de risque suicidaire ;
- Les manifestations et les symptômes de la crise suicidaire.
4.1.1. Origine et définitions du concept :
Dans cette partie, il convient effectivement de déterminer l’étymologie du mot « suicide » d’une part et les tentatives de définitions de l’autre.
4.1.1.1. Origine du concept :
Le mot « suicide»[41] vient du mot latin « suicidium » qui se décompose de la manière suivante :
- Le pronom latin « sui » veut dire « soi-même ».
- La racine « cid, caederé » signifie « frapper ou tuer ».
En effet, c’est Desfontaine, prêtre du XVIII ièmesiècle qui en a fait le premier usage, sachant qu’avant cela, seuls les mots « homicide de soi-même » et « mort volontaire » étaient utilisés jusque-là pour désigner la notion de suicide[42]. Puis, en 1762, ce terme fût reconnu par l’Académie Française et est employé jusqu’à aujourd’hui pour définir l’acte d’une personne qui se donne la mort elle-même.
Il s’agit donc d’un acte volontaire afin de mettre fin à sa propre vie et est souvent commis par motif de désespoir. Il est à souligner que le verbe se suicider, avec l’emploi du pronom réfléchi ne fait que renforcer l’idée de se suicider soi-même.
4.1.1.2. Définition du concept :
Dans les dictionnaires usuels[43], se suicider, « c’est se tuer ». Il n’y a pas de référence à l’intentionnalité. Par ailleurs, différents ouvrages ont été consultésen ce qui a trait à la notion de geste suicidaire selon que l’approche soit sociologique, philosophique, médicale ou même du point de vie neuroscientifique. Mais aucune définition ne semble satisfaisante. En effet, ces tentatives de définitions peuvent être reformulées de la manière suivante[44] :
- Selon le sociologue Emile Durkheim (1858-1917), le terme « suicide »[45] désigne toute situation de mort engendrée de façon directe ou indirecte par un acte positif ou négatif accompli par soi-même, sachant que la victime qui est à la fois coupable était en parfaite connaissance de cause au moment de l’acte. Autrement dit, la personne savait que ce résultat allait arriver.
- Selon l’écrivain Albert Camus, le suicide découle d’une remise en question fondamentale sur le sens de la vie[46]. En effet, selon lui, la majorité des hommes pensent que vivre consiste à effectuer les gestes que l’habitude dicte. Ainsi, mourir par sa propre volonté relève de la reconnaissance du caractère dérisoire et insensé de cette habitude qui conduit à l’idée qu’il n’existe pas de raison profonde de vivre, d’autant plus que vivre correspond à une agitation quotidienne et une souffrance inutile.
- Selon la conception médicale et neuroscientifique, le suicide ne relève pas d’un comportement rationnel mais plutôt d’un comportement pathologique[47]. Ainsi, la « crise suicidaire » se retrouve chez des personnes atteintes de troubles mentaux, qui même s’ils n’ont pas été détectés, se confirment par des autopsies psychologiques et l’analyse des notes et des écrits laissés par certains sujets. Ces troubles mentaux entraînent à leur égard, des douleurs psychiques souvent intenses et intolérables qui causent le suicide. En ce qui concerne les suicides dits « philosophiques », ces derniers représentent la rationalisation d’un processus pathologique sous-jacent. Toutefois, il s’agit de cas très rares et donc exceptionnels.
Une autre définition orientée sur le degré d’intentionnalité du sujet élaborée par Beck, nous parait intéressante à énoncer. En fait, il la décompose sous quatre angles que Jérémie VANDEVOORDEtraduit ainsi[48] :
- Le suicide est une mort causée par soi-même avec n’importe quelle intention de mourir à l’origine du comportement.
- La tentative de suicide est un comportement non fatal, autoinfligé, potentiellement préjudiciable avec intention de mourir, sous tendu par n’importe quelle intention de mourir.
- L’acte suicidaire regroupe à la fois se suicide et la tentative de suicide. L’expression est utilisée quand une personne essaie de se suicider ou se suicide avec n’importe quelle intention de mourir.
- Les idées suicidaires se traduisent par de pensées, images, croyances, voix rapportées par un sujet et concernant la fin de vie.
En effet, en ce qui concerne les sujets âgés, les ratios idées de suicide/tentative de suicide et tentative/décès sont très faibles. Ceci implique que si une personne âgée accède aux idéations suicidaires, le risque de décès est élevé[49].
Ainsi, par rapport à ces définitions de Jérémie VANDEVOORDE, nous pouvons classer les différents de sujets selon leur degré d’intentionnalité[50] : lorsque le sujet s’est suicidé, il est appelé « suicidé » ; tandis que lorsque le sujet a fait une tentative de suicide, il est qualifié de « suicidant ». Enfin, lorsque l’individu a des intentions ou des idées de suicide, il est appelé « suicidaire ».
Dans ce contexte, la prévention des suicides et des tentatives de suicide fait partie des premiers objectifs des Etablissements de Santé, afin d’éviter les récidives. Toutefois, en ce qui concerne les EHPAD, il s’agit surtout d’un sujet tabou[51] et les signes avant-coureurs ne sont pas toujours manifestes. A propos, les tenants et les aboutissants seront détaillés dans les parties qui suivront.
Après avoir mis en avant les origines et les différentes définitions du suicide, il s’avère logique d’enchaîner avec les différentes phases qui puissent constituer le processus suicidaire.
4.1.2. Les différentes étapes du suicide :
Il faut savoir que le suicide est un processus qui ne se résume à l’acte mortel[52]. Comme il a été énoncé précédemment, le processus suicidaire inclut les idéations suicidaires, les intentions suicidaires, les comportements suicidaires, ainsi que les tentatives de suicide.
Par ailleurs, il est difficile de connaître les véritables frontières des différentes étapes du processus suicidaire, sachant qu’il existe un cheminement propre à chaque individu. Autrement dit, le processus suicidaire ne peut être vraiment standardisé. Toutefois, afin de mieux comprendre ce cheminement, nous allons prendre en considération les observations de Lafleur et Seguin en 2008.
Selon leurs observations en 2008, la période de crise suicidaire s’établie avec quatre modalités importantes.Les mécanismes d’adaptation dont dispose la personne n’arrivent plus à faire face à la douleur psychique. Les évènements qui jusqu’alors étaient surmontés ne le sont plus. Une période de désorganisation et d’inconfort envahit le sujet. Enfin, il y a rupture entre « les attachements de bases (image de soi, famille, culture, religion, croyance). »[53]
Toutes les personnes « en crise suicidaire»[54] ne passe pas forcément à l’acte, ce dernier n’intervient que si le processus n’a pas eu un point d’arrêt à un momentou à un autre. Entre toutes les étapes que nous allons exposer, une personne tierse peut intervenir auprès de la personne et tenter ainside stopper le processus.
Plusieurs études[55] ont démontré le processus de la crise suicidaire :
Schéma 2 : Le processus suicidaire
Source : http://cps-le-faubourg.org/wp-content/uploads/Les-phases-du-processus-suicidaire.pdf
La dernière étape est quelquefois associée à un sentiment de plénitude. L’entourage a l’impression que la personne va mieux alors qu’il n’en est rien mais prendre la décision l’a soulagé.
Toujours est-il que toutes ces études sont à prendre avec du recul, d’autant plus que tous les suicidants ne passent pas forcément par la crise suicidaire.
Avant de mettre en évidence les facteurs et les manifestations de la crise suicidaire, il convient de décrire dans le schéma suivant la progression de l’état de crise chez le sujet âgé.
Schéma 3 : La progression de l’état de crise
Source : TERRA JL, Prévention du suicide en EHPAD, octobre 2012, 62 pages.
En effet, les personnes qui passent à l’acte sont celles qui ne voient pas d’issue possible à leur mal être, celles qui n’ont pas trouvé de solution, d’aide pour apaiser leur souffrance, leur douleur.
Force est de constater que le phénomène suicidaire est un processus complexe non standardisé. Sa prévention nécessite donc la plus grande attention des professionnels en établissements. Pour ce faire, il convient d’expliquer les différents facteurs de risque suicidaire chez les sujets âgés en EHPAD.
4.1.3. Les facteurs de risques [56] :
Les risques de suicide varient en fonction de l’âge, de la catégorie d’individus, ainsi que des critères environnementaux et sociaux qui caractérisent ces individus. Mais pour notre part, il s’agit de mettre en exergue les facteurs de risques qui incombent aux personnes âgées résidant en EHPAD. Ainsi, ces facteurs de risques sont catégorisés de la manière suivante[57], en s’inspirant de la typologie des risques établis par Michel Debout[58] :
- Les facteurs de risques physiques et psychopathologiques (affects anxieux ou dépressifs) :
- Les facteurs de risque primaires :
- Existence d’un trouble psychiatrique dont le taux de prévalence tend à augmenter avec l’âge[59], dont la dépression (60 à 90% des cas) qui engendre la tristesse ou encore l’ennui ; l’alcoolisme (entre 5% et 45% des cas) ; les troubles psychotiques (entre 5% et 15% des cas) ; la consommation de substances psycho-actives (moins fréquents que chez les jeunes suicidés) ; la psychose et l’anxiété entraînant des troubles cognitifs ; les troubles de la mémoire liés à la maladie d’Alzheimer.
- L’apparition des troubles de la personnalité liés aux sentiments de désespoir, de solitude et d’anxiété provoquant une impulsivité ou une irritabilité.
- Les facteurs de risque secondaires : la maltraitance institutionnelle et individuelle à l’égard des sujets âgés ; l’annonce ou la rechute d’une maladie grave ; la perte d’une autonomie brutale ; la récidive des tentatives de suicide ; les mauvaises conditions physiques entraînant de graves douleurs physiques ; le syndrome de glissement se manifestant à travers le manque de refus de s’alimenter, de s’hydrater, de se faire soigner, et entrainant parfois le résident vers la mort ; l’identité-même du sujet du fait de son âge, de son sexe et de sa catégorie-socioprofessionnelle[60].
- Les facteurs de risques familiaux (ruptures), qui sont des facteurs de risques secondaires : les antécédents familiaux de suicide ; le décès des proches[61], en particulier le veuvage ou la perte d’un enfant ; les problèmes familiaux tels que le divorce ou la séparation et les dates anniversaires.
- Les facteurs de risques sociaux et environnementaux (isolement social et relationnel), qui constituent également des facteurs de risque secondaires : le changement radical de l’environnement, entraînant la perte de statut social, la perte de contacts et de relations professionnels, et la diminution des ressources financières ; l’existence d’un climat social latent qui conduit à des discriminations à l’égard du sujet âgé ; l’isolement social ou affectif ; le sentiment d’inutilité vis-à-vis des rôles sociaux ainsi que l’adaptation aux règles de vie de l’institution.
En général, le passage à l’acte suicidaire découle d’un large éventail de facteurs de risques. Toutefois, chez la personne âgée, un évènement perturbateur tel que la mort du conjoint ou la solitude peut suffire à engendrer un état de souffrance insupportable et par conséquent un risque de suicide[62]. Ceci pour dire que ces derniers ne présentent pas toujours de pathologie ni d’idées suicidaires spécifiques, ce qui rend le diagnostic difficile sur le plan préventif.
En outre, toujours est-il que la psychopathologie des sujets âgés constitue un des plus grands facteurs de risques de suicide en EHPAD, notamment lorsque celle-ci entraîne une dépression grave. Viennent ensuite les situations d’isolement, les situations de rupture, la mauvaise condition physique et la précarité financière. Ainsi, les idéations suicidaires comme les suicides aboutis chez les sujet âges proviennent principalement des troubles psychiatriques.
Connaissant désormais les facteurs de risque de suicide chez le sujet âgé, comment se manifeste-il en EHPAD ? Quels en sont les signes avant-coureurs ?
4.1.4. Les manifestations de la crise suicidaire :
Les manifestations de la crise suicidaire chez le sujet âgé ne sont pas toujours évidentes. Mais d’en donner des explications concrètes, il serait judicieux de mettre en exergue les signes avant-coureurs des risques suicidaires :
4.1.4.1. Les signes avant-coureurs :
Les signes de risque suicidaire ne sont pas toujours faciles à discerner, mais les professionnels, notamment les aides-soignants ne doivent négliger aucun détail de chacun des éléments suivants[63] :
- le désintéressement ou désinvestissement plus ou moins généralisé ;
- l’absence de projet et la centralisation des pensées et des réflexions sur la mort ;
- l’évocation ou la discussion d’un certain départ ou de la volonté de rejoindre des êtres défunts ;
- la perte de poids ;
- les dons d’objets à valeur affective et sentimentale pour la personne suicidaire ;
- le rangement des affaires personnelles ;
- l’établissement de dispositions testamentaires ;
- la prise de contacts pour remercier ou dire au revoir ;
- un apaisement soudain sans raison logique qui peut être provoquée par la décision de passer à l’acte et par la perspective de mettre ainsi un terme à ses souffrances.
Tels sont les symptômes alertant les possibilités de risques suicidaires. Mais qu’en est-il alors des manifestations proprement dites ?
4.1.4.2. Les manifestations:
Certains sujets âgés procèdent à la pendaison ou à la défenestration pour mettre fin à leur vie. D’autres préfèrent déguiser leur mort par la prise de médicaments[64]. Mais dans la plupart des cas, la manifestation de la crise de suicide est rarement impulsive et les sujets âgés ne montrent pas toujours des signes de détresse.
En effet, la crise suicidaire des personnes âgées se manifeste souvent sous le signe de[65] :
- la discrétion, de telle sorte qu’elle soit masquée par des plaintes somatiques qui prennent le devant de la scène et empêchent d’explorer d’autres sources de mal-être. Et parfois même, il n’existe aucune verbalisation des intentions suicidaires, si bien que les sujets concernés soient submergés par les émotions, dont les manifestations entraînent un épuisement des ressources cognitives[66].
- la douceur en raison de la peur d’être jugées, de gêner et surtout d’avoir recours à une hospitalisation forcée qui risque de les faire perdre le peu de contrôle qu’elles détiennent sur leur vie.
En conséquence, son repérage peut s’avérer des plus difficiles. La preuve est que près de la moitié des personnes âgées suicidées avaient déjà eu recours à leurs médecins respectifs au cours de la semaine précédant le suicide[67], notamment pour des symptômes relatifs aux troubles de l’humeur.
Le défi des professionnels, y compris des aides-soignants consiste alors à repérer le plus vite possible ces risques, sachant que plus la date est proche, plus le risque est important, surtout lorsque les moyens prévus par le sujet pour se suicider sont à sa portée. Mais face à ce phénomène suicidaire qui n’est pas toujours supporté mentalement, quelles sont les représentations soignantes de la vieillesse et de la mort ?
4.2. Les représentations soignantes de la vieillesse et de la mort :
Il est unanimement reconnu que seule l’image que l’aide-soignant se fait de la vieillesse et de la mort peut l’amener à intervenir de façon positive dans l’accompagnement de la fin de vie du sujet âgé. Ainsi, nous pouvons opposer deux représentations[68]chez les soignants de la vieillesse et de la mort, d’autant plus qu’il s’agit d’une représentation plutôt subjective:
4.2.1. La représentation positive[69] :
La conception positive de la vieillesse repose sur le fait que cette dernière n’est point une maladie mais plutôt une étape de la vie qui est l’aboutissement d’un processus de croissance et de maturation. Le fait de traverser de nombreuses étapes de la vie permet donc au sujet âgé d’être riche en expériences et adopter un rôle qui correspond à sa situation. Ces expériences, ajoutées aux rêves et aux souvenirs, deviennent par la suite des sources et de compréhension et d’enrichissement. Ainsi, la vieillesse est représentée d’une façon qui se caractérise par une période d’accomplissement d’unicité et de sérénité pour la personne âgée.
Toutefois, il existe des causes internes et externes, liées à l’environnement et au contexte socio-environnemental qui peuvent altérer l’intégrité physique du sujet et le fragiliser. Ainsi, il devient un être dépendant et peu autonome, qui espère tout de son entourage.
Pour renforcer cette argumentation, nous rejoignons de Lauzon et Adam (1997)[70]qui affirme que : «La personne âgée est un être humain qui est parvenu à une étape avancée de s vie, laquelle se caractérise par l’altération de certaines structures et fonctions de son organisme. Le vieillissement physique n’est qu’un aspect, certes le plus observable, parmi d’autres de l’évolution de cet être complexe. L’avancement en âge est souvent décrit comme un déclin. Pourtant, malgré les apparences, il peut être un processus d’épanouissement où s’affirme et se consolide l’être social, psychique, spirituel, politique, intellectuel, religieux, sentimental et philosophique qu’est la personne âgée.»
Il s’agit en fait d’une représentation idéale de la vieillesse qui n’est pas partagée par la majorité des aides-soignants. Dans la plupart des cas, le soignant face à une personne âgée souffrante et dépendante, s’imprègnent d’une représentation de la vieillesse qui est écrasée par les aspects lesplus lourds de la situation. La personne âgée devient alors une menace ou plutôt un fardeau à supporter. Mais que recouvre cette représentation négative de la vieillesse et de la personne âgée ?
4.2.2. La représentation négative[71] :
La vieillesse peut également représenter le déclin en raison de l’affaiblissement du corps et de l’esprit. Cette image de la vieillesse est souvent associée au temps de la mort, et cette justement cette représentation de la mort en EHPAD qu’il convient d’étudier présentement. Ce caractère inéluctable de la mort au grand âge est vu en EHPAD de la manière suivante :
- Les successions de deuils au niveau psychique et physique entraînent le sujet âgé à une confrontation à la solitude et à la fin de vie, qui est d’ailleurs dans l’ordre des choses de la vie. Dans le même temps, un processus de détachement et de désinvestissement qui contribue à l’acceptation de la mort aussi bien pour les soignants que pour le sujet âgé s’engage.
- L’intégration en EHPAD équivaut déjà pour certains à une mort sociale d’autant plus que les sujets âgés à la retraite sont déjà détachés de leurs rôles sociaux. Ainsi, le rôle du soignant dans l’accompagnement du sujet âgé consiste à l’aider justement à trouver un sens à la vie et à la fin de vie. L’aide-soignant se trouve donc face à un dilemme entre l’estimation de l’intérêt de la vie et ses attributions professionnelles qui lui permettent d’administrer des soins palliatifs[72]. En effet, la mission d’accompagnement de fin de vie, lorsqu’elle est attribuée à un professionnel de soins, a tendance à se transformer en soins palliatifs sans qu’il y ait pour autant une quelconque D’ailleurs, la loi du 9 juin 1999 stipule que: « L’accompagnement de fin de vie inclut les soins palliatifs ».
- La fin de vie en EHPAD est plutôt une évidence, d’autant plus que la durée moyenne de séjour est de deux ans. Ainsi, 80%[73] des résidents meurent en établissements. Ceci implique que l’entrée en EHPAD est perçue comme étant le début de la fin de vie, et donc la proximité avec la mort. Dans cette optique, il s’agit pour les soignants d’accompagner le sujet âgé dans son rite de passage vers la mort.
Il est à remarquer que pour mener à bien des missions reliées à la fin de vie, les professionnels concernés doivent acquérir des savoirs philosophiques sur la mort et sur le sens de la vie. Cela constitue également une manière de changer l’image dévalorisante que les soignants ont de la vieillesse. Mais toujours est-il que les aides-soignants sont également des humains qui peuvent ressentir des émotions face à la mort et aux problèmes de la vieillesse. Quelles sont alors les stratégies de protection des aides-soignants fac à cela ?
4.3. Les stratégies de protection des aides-soignants [74] :
Dans l’exercice de leur métier, les aides-soignants adoptent des stratégies de protection qui leur permettent d’affronter les difficultés de la profession. En effet, afin de gérer leurs émotions face à la mort et aux problèmes liés à la vieillesse des résidents, ces derniers mettent en place des mécanismes de défense[75], que nous allons énumérer comme suit[76] :
- Le mensonge : il consiste par exemple à dissimuler le véritable type de maladie ou son origine, afin d’apaiser la conscience du sujet âgé. Mais le sujet devra découvrir tôt ou tard la vérité et à ce moment-là, le choc serait plus grand, de façon à rompre toute relation de confiance entre le soignant et le soigné.
- La banalisation : il s’agit du cas où le soignant prend en charge la maladie avant le malade, de manière à se focaliser sur un point concret de la maladie ou du malaise et de prendre de la distance vis-à-vis de la personne âgée.
- L’esquive : elle sert à éluder l’angoisse du sujet en frôlant le véritable sujet de conversation sans pour autant recourir à des mensonges. C’est également le cas lorsque l’accompagnement concerne les propres parents du soignant.
- La fausse réassurance : elle consiste à donner au patient un faux espoir sur son état de santé en optimisant ses résultats ou à cacher aux familles les raisons du décès du sujet.
- La rationalisation : il s’agit de fournir au sujet toutes les informations qui le concernent mais dans un jargon médical, de telle sorte qu’il ne puisse comprendre l’intégralité de la situation.
- L’évitement : il concerne ici toutes les attitudes du soignant qui consistent à fuir toute dimension relationnelle avec le sujet, que ce soit au niveau du regard, de la conversation, des soins ou de la distribution des médicaments.
- La dérision : il s’agit d’une autre forme de banalisation qui découle de la lassitude vis-à-vis des soins et de l’accompagnement, de manière à négliger les souffrances, les peines et l’hygiène de la personne concernée. C’est le cas lorsque le soignant se sent épuisé dans les relations thérapeutiques et éprouve de grandes résistances à l’égard de l’isolement, de la dépression et de la dépendance du sujet.
- L’identification projective : elle consiste à manifester une prise en charge globale du sujet, jusqu’à se substituer à lui et à lui prêter ses émotions et ses sentiments, et ce en raison de l’angoisse de la mort.
Mais ce qui nous intéresse le plus dans notre étude concerne en fait tout mensonge qui puisse servir à dénier la dépression ou le risque suicidaire du sujet âgé[77]. Devant l’angoisse et l’impuissance à remédier à la dépression de la personne âgée, ou à ses troubles psychologiques comme affectifs, les soignants émettent très souvent des faux diagnostics, comme celui de la maladie d’Alzheimer. Ainsi, cela leur servira de couverture dans le cas où le sujet manifesterait des intentions suicidaires ou un syndrome de glissement, de façon à :
- éviter toute intention de poursuites par les familles ;
- éviter toute difficulté avec les assurances ;
- protéger ces familles du choc d’une telle annonce et des sentiments de culpabilité ;
- se protéger de l’institution qui risquerait de jeter la responsabilité du suicide sur le soignant ;
A l’issue de ces recherches, nous pouvons conclure que les soignants, tout comme les résidents traversent également les étapes du deuil, mais leur apparition varie effectivement en fonction de la personnalité du soignant. Autrement dit, chacun a sa propre manière d’affronter la violence et les traumatismes de la réalité en EHPAD. Justement, en parlant de réalités en EHPAD, quels sont les chiffres clefs qui méritent d’être retenus ?
5. Les chiffres clefs sur le suicide en EHPAD :
L’avancé en âge ne protège pas du suicide. Au-delà de 65 ans, le taux de suicide augmente pour atteindre son paroxysme. Les tentatives de suicides ne sont pas comptabilisées car pour certaines ne sont pas repérées. Cependant, il est mis en exergue le déterminisme avec lequel le sujet âgé va se donner la mort, et pour cause, pour les hommes de plus de 65 ans, une tentative sur deux abouti à un suicide abouti. Mais quel est alors le contexte est le contexte sociodémographique du suicide en institution, notamment en EHPAD ? Afin de pouvoir répondre à cette question, il convient d’aborder respectivement :
- Les chiffres du suicide des personnes âgées en France ;
- La typologie des personnes accueillies en EHPAD.
5.1. Les chiffres du suicide des personnes âgées:
Dans ce premier paragraphe, il s’agit de mettre en évidence les chiffres clefs sur le suicide des personnes âgées en France. Ainsi, il convient d’abord de présenter le taux de mortalité par suicide, des différents modes opératoires, ainsi que les lieux de décès par suicide.
5.1.1. Le taux de mortalité par suicide :
Le taux de mortalité par suicide peut être présenté suivant deux caractéristiques clefs, dont le genre et l’âge[78] :
- Le taux de décès par suicide est de 50, 7% pour les hommes et de 12, 7% pour les femmes.
- Le taux de mortalité par suicide est de 22% pour les personnes âgées de 55 à 64 ans, de 29 ,4 % pour les sujets âgés de 75 à 84 ans et de 39,5% pour ceux dont l’âge est compris entre 85 et 94 ans.
En effet, toutes ces données ont été puisées des études menées par l’INSERM et le CépiDC en 2010.
Nous pouvons constater que les hommes ont tendance à plus se suicider que les femmes et que les intentions de suicide ont tendance à augmenter avec l’âge chez les personnes âgées. En effet, il faut savoir que le taux de suicide chez les hommes entre 55 et 75 ans est triplé par à rapport à ceux des femmes. Pour les hommes qui approchent la quatre-vingtaine, ce taux est encore mutiltiplié par 5. Toujours est-il quele suicide de cette tranche d’âge devrait être considéré comme étant un problème de santé d’ordre public, d’autant plus que nous assistons en France à un accroissement du vieillissement démographique.
Connaissant le taux de mortalité par suicide, qu’en est-il du mode opératoire de ces personnes âgées ?
5.1.2. Le mode opératoire :
Tout comme les populations plus jeunes, les personnes âgées procèdent de manière différente pour mettre fin à leur vie. Ces différents procédés sont illustrés de la manière suivante, par ordre décroissant de survenue[79] :
Tableau 2 : Le mode opératoire du suicide des personnes âgées
Classe d’âge | Hommes | Femmes | Moyenne générale | ||||
65 à 84 ans | 85 ans et plus | Moyenne (en %) | 65 à 84 ans | 85 ans et plus | Moyenne (en %) | ||
Pendaison | 48,8 | 46,1 | 47,5 | 32,5 | 37,7 | 35,1 | 41,275 |
Arme à feu | 29,3 | 25,2 | 27,3 | 1,7 | 0,7 | 1,2 | 14,225 |
Intoxication | 4,9 | 7,0 | 6,0 | 24,2 | 17,9 | 21,1 | 13,5 |
Saut dans le vide | 5,0 | 8,0 | 6,5 | 10,8 | 18,5 | 14,7 | 10,575 |
Noyade | 5,0 | 5,5 | 5,3 | 17,3 | 13,2 | 15,3 | 10,25 |
Moyen non précisé | 4,8 | 5,7 | 5,3 | 8,6 | 6,0 | 7,3 | 6,275 |
Objet tranchant | 0,8 | 1,3 | 1,1 | 1,9 | 2,0 | 2,0 | 1,5 |
Autre moyen | 0,3 | 0,6 | 0,5 | 0,9 | 2,6 | 1,8 | 1,1 |
Collision | 0,6 | 0,2 | 0,4 | 1,7 | 0,7 | 1,2 | 0,8 |
Immolation | 0,4 | 0,4 | 0,4 | 0,3 | 0,7 | 0,5 | 0,45 |
Total | 100 | 100 | 100 | 100 |
Source : Inserm-Cépidc 2010
Force est de constater que la pendaison reste le mode opératoire principal de suicide en France avec une moyenne de survenue de 41, 28%. Viennent ensuite l’usage des armes à feu et l’intoxication alimentaire. Toutefois en EHPAD, comme l’environnement est plus ou moins sécurisé, la première option est la plus susceptible d’avoir lieu.
Tels sont les modes opératoires utilisés par les personnes âgées lors de suicides. Mais ces suicides ont-ils le plus souvent lieu au domicile ou en institution ?
5.1.3. Le lieu de suicide :
Les recherches[80] menées par le Centre d’épidémiologie sur les causes médicales décès laissent penser que les lieux de décès causés par le suicide des personnes âgées comportent également des spécificités qu’il convient de connaître. En effet, 68% des suicides se passent au domicile privé du sujet âgé.
Tableau 3 : Lieux de décès des personnes âgées de 75 ans et plus (1990-2010)
Source : CépiDC 2012, exploitation ONFV 2013
Nous pouvons remarquer qu’il existe une diminution du nombre de suicide en maison de retraite en 2010. Ces chiffres qui ne semblent pas refléter la réalité des faits sachant qu’en établissement, les décès par suicide sont restés tabous. Ce qui fait que les cas ne sont pas toujours identifiés comme tels. Comme il a été énoncé dans les facteurs de protection des aides-soignants face au suicide des sujets âgés, ce type de décès peut conduire à des procédures médico-légales lourdes et des poursuites judiciaires. En fait, d’après les données fournies par l’INSERM et l’INSEE au fil du temps[81], il a été constaté que les femmes avaient plus de risques de faire des tentatives de suicides en EHPAD, notamment celles plus jeunes, c’est-à-dire entre 65 ans et 74 ans.
Ainsi, il ne serait pas convenable de négliger les taux de suicide en EHPAD. Mais quels types de personnes âgées résident en EHPAD ? Ont-ils majoritairement des idées suicidaires ?
5.2. Typologie des personnes accueillies en EHPAD :
Ce paragraphe vise effectivement à révéler les chiffres clefs sur les idées suicidaires en EHPAD. Mais avant cela, il convient de dresser le profil des personnes admises en EHPAD.
5.2.1. Le profil des résidents :
Il est vrai que de nos jours, les résidents des EHPAD sont très diversifiés, étant donné l’évolution-même de la société. Mais pour notre part, il s’agit de mettre en exergue les tendances qui se jouent sur la typologie des personnes accueillies. Ainsi, le tableau suivant met en lumière le profil en question[82] :
Tableau 4 : le profil type des résidents en EHPAD
Caractéristiques | Tendance | Observations |
Age moyen d’entrée en EHPAD | 83 ans et 5 mois | 52% de la population est âgée de plus de 85 ans. |
Age moyen de décès en EHPAD | 86 ans | |
Genre | Femme | 75 % des résidents sont des femmes. |
Durée moyenne de séjour | 2 ans et 4 mois | EHPAD public : 2 ans et 6 mois.
EHPAD privé lucratif : 2 ans et 8 mois EHPAD privé non lucratif : 1 an et 8 mois |
Niveau de dépendance | GIR 1 à 4 | 85% des résidents étaient dépendants fin 2007. |
Catégorie socioprofessionnelle[83] | Population ouvrière | Risque plus élevé d’être placés en institution pour les populations défavorisées[84]. |
Potentiel relationnel[85] | 4,2 personnes | Potentiel plus élevé à domicile qu’en institution. |
Motif d’entrée | Trouble de la cohérence | |
Motif de sortie | Décès en institution |
Source : Enquête DRESS, 2007.
L’âge d’entrée moyen est de 83 ans et 5 mois pour les 2 sexes confondus, 81 ans et 1 mois pour les hommes contre 84 ans et 6 mois pour les femmes. A propos, les troubles de la cohérence semblent être le motif d’entrée en institution avant 75 ans. En 2007, en EHPAD, un quart des résidents étaient sous mesure de protection judiciaire.
Ainsi, les EHPAD ont donc à faire face à l’accueil d’une population de plus en plus dépendante. Ce taux s’avère être plutôt élevé avec un pourcentage de 85% de résidents en 2007. Toujours est-il que la majorité des résidents sont des femmes. Cette forte proportion résulte en fait de leur prédominance dans la tranche d’âge la plus âgée. Pour être plus précis, le quart des femmes résidentes ont près de 80 ans tandis que plus de 27% du genre masculin ont moins de 75 ans[86].
En outre, les personnes résidant en EHPAD ont un potentiel relationnel moins élevés que celles restant à leur domicile, sachant que les résidents en institution sont deux sur cinq à ne pas avoir de famille proche ni de contact régulier avec celle-ci[87]. C’est ce qui peut expliquer également le fait que les populations vulnérables sont plus susceptibles d’avoir à intégrer un EHPAD, elles-mêmes représentées par la catégorie ouvrière.
Par ailleurs, un tiers des personnes entrées en institution en 2007 sont sorties dans les deux ans en moyenne suivant leur intégration. Pour 74 % d’entre elles, la cause a été la survenue d’un décès. En effet, l’âge moyen de la survenu du décès est de 86 ans. Ainsi, nous pouvons supposer que des moyens sont alloués à l’accompagnement de fin de vie.
Tel est le profil type d’un résident en EHPAD. Ce profil favorise-t-il les risques de suicide ? Possible. La précarité comme la solitude en sont des facteurs de risque. Et qu’en est-il de la dépression ? Que pouvons-nous relater sur les idées suicidaires en EHPAD ?
5.2.2. Les idées suicidaires en EHPAD[88]:
Au cours d’une enquête réalisée sur les pathologies des personnes âgées en institutions, les médecins interviewés ont affirmé que 5% des résidents avaient des pensées suicidaires, dont moins de 2 % sont passés à l’acte ou ont fait des tentatives. En effet, 75% des sujets ayant manifesté des intentions suicidaires sont considérées comme dépressives. La majorité de ces personnes suicidaires a déclaré avoir eu des douleurs[89].
Graphique 1 : Pathologies des personnes âgées suivant leur degré de dépendance
Toujours est-il que chez les résidents peu ou moyennement dépendants, les pathologies qui arrivent les plus fréquemment sont l’hypertension artérielle, l’insuffisance cardiaque et bien entendu les états dépressifs. Bref, des maladies qui peuvent être associées à la vieillesse, sans pour autant les négliger d’autant plus que la dépression est un des plus grands facteurs de risque de suicide.
Ainsi, toutes ces études nous ont permis de connaître les tenants et les aboutissants du risque suicidaire en EHPAD, qui nous permettront d’élaborer des hypothèses de recherches. Mais avant cela, il serait utile de faire un récapitulatif de notre premier chapitre.
Ce premier chapitre permet dans son ensemble le contexte social, démographique, et pourquoi pas philosophique du travail de recherche. De par cette approche théorique, force est de constater que l’EHPAD est un établissement à part entière qui serait susceptible d’influencer la fin des vies des personnes âgées, par la qualité des soins et de l’accompagnement dont elles bénéficient.
Le rôle de l’aide-soignant est donc primordial pour relever le défi, sachant que ces derniers doivent donner beaucoup de leur temps et de leur énergie pour assurer la prise en charge quotidienne des sujets âgés dont l’état de santé est caractérisé par la fragilité, la dépendance, la vulnérabilité et le manque d’autonomie.
Mais ces missions doivent bien entendu s’exercer dans la légitimité et dans la bientraitance afin de garantir aux résidents de bonnes conditions de vie, bien que les conditions de travail de ces aides soignants ne soient pas prêtes de s’améliorer en raison du déficit de personnel en maison de retraite. En effet, la maltraitance comme les mauvaises conditions de vie peuvent engendrer des risques suicidaires à l’endroit de ces personnes âgées qui n’ont plus grand chose à quoi s’accrocher.
Comme le vieillissement de la population se fait ressentir et que les résidents intègrent souvent un EHPAD contre leur propre volonté, il serait logique de penser que le risque suicidaire est également éminent en institution. En fait, ce risque s’accroît également avec l’âge et les femmes semblent être les plus exposées lorsqu’il s’agit de la vie en maison de retraite en particulier, avec un âge compris entre 65 et 75 ans. Une situation qui parait paradoxale avec les données exposant les taux de suicide des personnes âgées en général, qui placent l’homme au premier plan pour ce qui ont traits aux actes suicidaires.
CHAPITRE II : De la problématique à l’hypothèse
Afin de pouvoir orienter notre analyse empirique, il convient de formuler des hypothèses qui puissent être confirmées à l’aboutissement de notre travail. Pour ce faire, il s’agit d’abord d’expliquer et de développer notre problématique, en mettant en exergue le thème et l’objectif de la recherche, un constat des faits marquants, ainsi que les apports de la recherche empirique. Ainsi, afin d’énoncer de manière ordonnée et concise notre questionnement et les hypothèses qui s’ensuivent, il convient d’aborder d’une part le développement de la problématique et d’autre part la formulation des hypothèses de recherche.
1. Le développement de la problématique :
Le thème de la recherche se base sur la situation des personnes âgées, et tout particulièrement en EHPAD, sachant que ce type d’établissement regroupe la majorité des personnes âgées placées en institution. Ainsi, il y eu l’opportunité d’être confrontée au quotidien des personnels soignants.
En effet, le travail de recherche empirique a consisté en l’étude sur terrain d’un EPHAD faisant partie d’un pôle gériatrique dont la capacité est de 98 lits et qui dispose d’un personnel pluridisciplinaire dont un médecin libéral, un cadre de santé paramédical, un psychologue, une infirmière, une psychologue, des aides-soignantes, des agents de service hospitalier, et une animatrice.
Devant la problématique de la dépression du sujet âgé, des risques suicidaires et ses imprévisibilités constatés en établissement, des études méritent d’être menées pour y trouver des solutions. En fait, d’après le cadre de santé, les personnes résidant dans son établissement sont généralement dépressives, dénutris, et souffrent de solitude du fait d’une entrée qui se fait non seulement de plus en plus, suite à une hospitalisation dans un contexte d’urgence. Elle affirme également qu’il est régulier que des résidents expriment leur souhait de ne plus vivre. Toutefois, ajoute-t-elle, ces mêmes personnes s’intéressent, participent et mangent bien. Bref aucun signe du syndrome de glissement. Et parfois même, certains se laissent mourir en étant passifs au vu de leurs états de santés, de telle sorte que les soignants finissent par être dépourvus de moyens.
C’est justement cette situation qui a ébranlé notre conscience : des crises suicidaires difficilement détectables, la passivité et l’indifférence des personnes âgées, les mauvaises conditions de vie des sujets, le mal-être des personnes qui sont censées finir leur vie d’une meilleure manière et des professionnels qui se sentent désemparés face à ce phénomène.
Après avoir effectué des recherches documentaires, nous avons décidé de nous focaliser sur le rôle des aides-soignants en EHPAD face à ce phénomène suicidaire auquel nous n’y attendons pas toujours. Un rôle assez vaste, très responsabilisant, livré à des conditions de travail difficiles, mais un rôle qui privilégie le relationnel et la volonté d’accompagnement dans les soins et dans les tâches de la vie quotidienne. L’aide-soignant peut donc apporter beaucoup dans la manière d’être du résident, d’autant plus qu’entre eux peuvent s’instaurer rapidement des relations de confiance mutuelle. En conséquence, plusieurs questionnements nous ont permis de nous orienter dans mes travaux de recherche :
- Au regard de l’accroissement de la dépendance des personnes âgées et des risques suicidaires de ces dernières, comment mettre en exergue le rôle et les compétences des aides-soignants en EHPAD ? Les aides-soignants jouent un rôle majeur dans la prise en charge la dépendance des personnes âgées, notamment dans les tâches de la vie quotidienne en passant par l’hygiène et l’alimentation.
- Comment les aides-soignants doivent-ils procéder face à la fin de vie des personnes âgées pour que ces dernières la vivent pleinement ? Les soignants ont la plupart du temps, une mauvaise représentativité de la mort et de la vieillesse, ce qui peut nuire à la qualité des soins, et donc engendrer de la maltraitance.
- Quels sont les impacts du suicide et les effets du risque suicidaire sur les aides-soignants ? Comment les gèrent-ils ? Il arrive également que les soignants traversent des étapes de deuils et ont parfois du mal mettre de côté leurs émotions. Reste à savoir si les stratégies de protection qu’ils mettent en place permettent de renforcer leur compétence ou tendent plutôt à les nier.
- Face à l’imprévisibilité de la mort, comment vivre dans de bonnes conditions ? Autrement dit, les aides-soignants peuvent-ils prévenir efficacement les risques de suicide ? La prévention des risques de suicide relève de la responsabilité collective de l’équipe soignante et non seulement des médecins et des psychologues.
Ces diverses interrogations ont bien entendu un point commun : celle du repérage des risques suicidaires par les aides-soignants. Ainsi, la problématique qui se pose est la suivante : les aides-soignants ont-ils mesuré l’importance de leur rôle dans la gestion du risque suicidaire des personnes âgées en EHPAD ? Cette problématique revient en fait à se demander si des tentatives de suicides et des suicides des personnes âgées pourraient être évités grâce aux repérages des signes pré curseurs effectués par les aides-soignants.
Cette interrogation principale permettra alors d’émettre des hypothèses de départ qui seront vérifiées tout au long de notre analyse. Ces hypothèses seront évoquées dans le paragraphe qui suit.
2. Formulation des hypothèses de recherche :
Comme nous avons pu le constater tout au long de nos recherches théoriques, le suicide et les conduites suicidaires des personnes âgées restent un sujet délicat. Les tentatives d’explication ne permettent pas de détecter de façon formelle ces phénomènes.
Afin de mener à bien nos analyses pratiques, nous pouvons donc supposer la pleine contribution des aides-soignants dans le repérage des risques suicidaires, de par leur sens de l’écoute et la formation suffisante que la plupart d’entre eux reçu, notamment au vu de l’application des lois concernant l’accès aux soins palliatifs (1999), les droits des malades (2002) et à la fin de vie (2005), établies pour :
- favoriser la volonté de l’usager et respecter sa liberté individuelle.
- assurer son bien-être, de façon à leur aider dans leur dépendance physique et psychique.
Ces lois, en fait, sous-tendent des bouleversements sociétaux. Mais comme tout processus de changement cela va prendre du temps et nécessiter auprès des professionnels de santé et notamment les aides-soignants, un accompagnement de tous les instants de la part de l’encadrement. En effet à notre sens, il est important de réapprendre à écouter avec ses 5 sens la personne accueillie en EHPAD.
Les hypothèses avancées vont alors tenter de mettre en exergue les éléments contribuant au repérage du risque suicidaire des personnes âgées dépendantes vivant en EHPAD, du point de vue des aides-soignantes. En effet, un soignant qui élabore, qui réussit à mettre de la distance et qui ne se sent pas seul face à la souffrance de la personne âgée permet peut être à cette dernière de se sentir moins mal.
- Hypothèse 1 :
Les aides-soignants sont compétents et impliqués dans la gestion et la prévention des risques suicidaires des personnes âgées, du fait de leur sens de l’observation et de leur écoute.
- Les aides-soignants ont reçu un minimum de formation sur la dépression et le risque suicidaire des personnes âgées en EHPAD.
- La perception positive par les aides-soignants de leur travail contribue à améliorer le repérage du risque suicidaire chez le résident.
- L’implication des aides-soignants dès l’arrivée du résident et dans l’élaboration du projet de vie permet de favoriser l’établissement d’une relation de confiance entre un soignant et un résident et donc de détecter les signes avant coureurs des risques suicidaires.
- Hypothèse 2 :
Les aides-soignants sont à même de participer à un processus de régulation entre la prévention du risque suicidaire et les stratégies de protection mises en place.
- Ils sont capables d’assumer leurs responsabilités face aux tentatives de suicide.
- Lors de l’accompagnement d’un résident, les aides-soignantes mettent à distance leurs émotions.
Telles sont donc les hypothèses de départ qui découlent de notre problématique. Ainsi, avant d’entamer nos analyses empiriques, il serait judicieux de faire une synthèse du chapitre.
D’un côté, ce chapitre permet effectivement de passer de la problématique à l’hypothèse. En effet, les constatations sur terrain en ce qui concerne la situation des personnes âgées en EHPAD, ainsi que les différentes revues de littérature sur le rôle des aides-soignants ont permis de se demander si les aides-soignants ont mesuré l’importance de leur rôle dans la gestion du risque suicidaire des personnes âgées en EHPAD.
De l’autre, il y a eu lieu de formuler des hypothèses de recherche qui puissent servir de fil conducteur à notre analyse empirique, d’autant plus qu’il s’agira de les confirmer ou de les infirmer. Il faut noter que ces hypothèses concernent la compétence et l’implication des aides-soignants dans le repérage des risques suicidaires en EHPAD, ainsi que leur capacité à gérer leurs émotions, de manière à concilier stratégie de protections et prévention des risques suicidaires.
CHAPITRE III : Présentation et analyse des résultats
Ce dernier chapitre constitue la partie la plus important de notre étude, d’autant plus que cette dernière nous permettrait de confronter la réalité à la pratique et pouvoir ainsi répondre à notre imminente problématique. Par ailleurs, les études et analyses pratiques, à travers l’observation du constat de terrain, serviraient à mettre en avant des solutions à l’optimisation du repérage des risques suicidaires par l’aide-soignant. Il s’agit donc de présenter ce chapitre de la manière suivante :
- Dans un premier temps, il conviendrait d’énoncer la méthodologie appliquée dans les analyses empiriques.
- Dans un second temps, il y aurait lieu d’expliciter les études et analyses en question.
- Dans un troisième temps, nous serions amenés à mettre en lumière des perspectives d’optimisation du repérage des risques suicidaires des personnes âgées en EPHAD par les aides-soignants.
1. Choix de la méthodologie :
Afin de mieux cerner la démarche et les outils utilisés dans nos analyses, il s’avèrerait nécessaire de préciser la méthodologie appliquée. Ainsi, nous allons aborder respectivement l’objectif de l’étude, le choix du terrain d’étude, la méthode exploratoire, le choix de l’échantillon, ainsi que le choix des questionnaires.
1.1. L’objectif de l’étude :
L’objectif de cette étude consiste à s’entretenir avec des professionnels d’un EHPAD, afin d’obtenir des informations sur les points suivants :
- La conception du rôle d’aide-soignant par les aides-soignants eux-mêmes dans l’exercice de leur fonction.
- Le rôle que les autres professionnels pensent assigner aux aides-soignants et la synergie qui devrait s’ensuivre.
- Les obstacles que les aides-soignants ont rencontrés dans leur mission d’accompagnement.
- Les compétences et les expériences des aides-soignants face au risque suicidaire des personnes du point de vue de l’ensemble de l’équipe.
Connaissant l’objectif de l’étude, qu’en est-il du choix du terrain d’enquête ?
1.2. Le terrain d’enquête :
Notre terrain de recherche concerne en fait un EHPAD qui a répondu favorablement à notre demande de terrain d’études, et où résident 98 personnes âgées ayant des niveaux de dépendances variées. Toujours est-il qu’il s’agit d’une population plutôt féminine et âgée, sachant que les personnes de plus de 75 ans représentent 86% de la population résidente, et que nous comptons seulement 11 hommes parmi elles. Par ailleurs, 26 résidents sont atteints de la maladie l’Alzheimer ou troubles apparentés, dont 11 bénéficient d’un traitement neuroleptique. Nous pouvons aussi remarquer la plupart d’entre eux n’ont plus de familles proches et manifestent souvent un état dépressif et une situation de mal être. Tel est l’intérêt de notre étude.
En ce qui concerne les professionnels qui exercent leur profession auprès de cette population spécifique, il s’agit d’une équipe pluridisciplinaire qui se compose de la manière suivante, en équivalent temps-plein :
Tableau 5 : Composition de l’équipe pluridisciplinaire
Fonction | Nombre d’ETP |
Médecin (libéral) | 0,6 |
Cadre de santé paramédical | 1 |
Psychologue | 0,4 |
Infirmière | 4 |
Aides-soignantes | 15,5 |
Agent de Service hospitalier | 11,8 |
Animatrice | 0,5 |
Source : Adaptation personnelle
L’équipe est décrite par le cadre comme évoluant dans un climat de confiance où chacun a la possibilité de s’exprimer notamment au moment des transmissions. Outre cela, nous avons été également informés de la fréquence des accidents de travail en lien avec des troubles musculo-squelettiques qui touchent surtout le dos et les épaules des agents. Un aperçu des véritables conditions de vie en EHPAD, qui ne fait que confirmer les argumentations de l’approche théorique.
Après avoir énoncé le choix du terrain d’enquête, il serait logique de mettre en évidence la méthode exploratoire utilisée.
1.3. La méthode exploratoire :
Notre méthodologie a consisté en des entretiens semi-directifs auprès de dix professionnels de l’EHPAD en question, dont quatre aides-soignants, trois agents de service hospitalier, un cadre de santé, un psychologue et un infirmier. Il s’agit donc de privilégier les moments d’échange, et ce dans le respect de l’anonymat de chacun des professionnels, qui ont été choisis selon la méthode du quota, tel que l’âge ou alors la formation suivie. Par ailleurs, le bureau mis à disposition pour mener les entretiens a été choisi de façon à pouvoir instaurer un climat de confiance avec l’interlocuteur. Ceci dit qu’il a fallu adapter les horaires d’entretiens avec l’emploi du temps des personnes interviewées :
Tableau 6 : Planning des interviews
Date | Heure | Fonction |
Mardi 10 juin | 15 H | ASH |
16 H | AS | |
Mercredi 11 juin | 15 H | ASH |
16 H | AS | |
Jeudi 12 juin | 14 H 30 | AS |
15 H 30 | AS | |
Vendredi 13 juin | 14 H | ASH |
15 H | Psychologue | |
16 H | Infirmière | |
Lundi 19 juin | 11 H | Cadre paramédical |
Source : Adaptation personnelle
En effet, le choix de l’échantillon en question est motivé par les raisons suivantes :
- Le rôle des aides-soignants constitue le champ d’application même de notre étude.
- Les agents de services hospitaliers, qui sont censés assurer l’entretien des locaux et la logistique des repas, effectuent quasiment les mêmes tâches que les aides-soignants.
- Les infirmiers sont ceux qui attribuent les responsabilités aux aides-soignants.
- Le cadre de santé est garant de la qualité des soins fournis et de la mise en place d’une organisation de travail adéquate.
- Le psychologue, outre son rôle de soutien aux résidents, contribue également à la régulation de l’équipe, de façon à lui fournir des explications et des recommandations quant aux comportements des sujets âgés.
En ce qui concerne les guides d’entretiens utilisés pour mener les entretiens auprès des professionnels interviewés, ils sont de trois types, dont :
- Le type 1 pour les aides-soignants, les agents de service hospitaliers et les infirmiers ( Annexe II).
- Le type 2 le psychologue de l’établissement ( Annexe III).
- Le type 3 pour le cadre de santé ( Annexe IV).
Ces questionnaires peuvent être classés en fonction de la thématique concernée, de la façon suivante :
Tableau 7 : Les thèmes de questionnaires
Questionnaire de type 1 | Questionnaire de type 2 | Questionnaire de type 3 | |
Titre 1 | Informations personnelles | Informations personnelles | Informations personnelles |
Titre 2 | Motivations et considération du métier | Missions et attributions | Motivations et considération du métier |
Titre 3 | Contribution au projet d’établissement | Considération du métier d’aide-soignant | Compétences et attributions des aides-soignants |
Titre 4 | Gestion de la problématique du suicide | Opinion sur le déroulement du projet d’établissement | Considération du métier d’aide-soignant |
Titre 5 | Gestion de la problématique du suicide par les aides-soignants. | Situation des résidents par rapport aux risques suicidaires | |
Titre 6 | Gestion de la problématique du suicide par les aides-soignants. |
Source : Adaptation personnelle
Il est important également de préciser que les questionnaires comportent des questions de relance, afin de pouvoir reformuler certaines réponses ou encore de pouvoir revenir sur une thématique. Par exemple, c’est le cas pour la question ouverte de fin d’entretien « souhaitez vous ajouter un commentaire ». De plus l’enquêteur s’est attaché au cours de ces entretiens à rebondir le moment opportun durant les entretiens afin que ceux-ci soient plus considérés comme un échange.
Force est de constater que le choix de la méthodologie est fonction du contexte dans lequel nous abordons le terrain d’enquête. Encore faut-il que ce choix soit en adéquation avec les objectifs de recherche. Ayant connaissance de la méthodologie utilisée, comment pourrions-nous alors aborder les études et analyses ?
2. Etudes et analyses :
Nous soulignons que les analyses qui concernent le cadre de notre étude correspondent à des analyses quantitatives qui seront traitées en fonction de contenu des propos des personnes interviewées. En effet, pour faciliter ces analyses, il convient de mettre au point une méthode comparative qui consiste justement à comparer les réponses des intervenants, afin de connaître :
- Le profil des aides-soignants exerçant dans l’EHPAD en question.
- Les points forts et les points faibles du métier par rapport aux compétences et aux conditions de travail.
Toutes ces informations permettraient de mettre en relief les forces et les faiblesses des aides-soignants par rapport à l’exigence du métier et aux opinions des autres interlocuteurs.
2.1. Le profil des aides-soignants :
Les entretiens menés auprès de différents professionnels ont permis de mettre en avant le profil des aides-soignants qui s’illustre dans le tableau suivant :
Tableau 8 : Profil des aides soignants
Profil | Tendances |
Genre | Féminin |
Age moyen | 49 |
Expériences professionnelles | Non reliées au métier |
Obtention de diplômes | – Sans diplômes: 1/7
– Diplôme d’aide-soignant: 4/7 – DEUG: 2/7 – Autre: 2/7 |
Ancienneté moyenne | 5 |
Source : Adaptation personnelle
Nous pouvons constater que sixpersonnes sur septparmi les aides-soignants et agents de services hospitalier sont des femmes, ce qui constitue à peu près 85% de l’échantillon. Il métier d’aide-soignant est donc un métier plutôt féminisé.
Par ailleurs, ces aides-soignants sembleraient être dans la fleur de l’âge. Ainsi, nous pourrions admettre que la plupart d’entre eux ont déjà acquis de nombreuses expériences professionnelles. Oui mais certes, pas dans le domaine de la gérontologie et l’accompagnement des personnes âgées, sauf peut-être pour l’un d’eux qui avait passé près d’un an en SSIAD. La plupart ont été amenés à travailler en EHPAD suite à un reclassement professionnel qu’il soit volontaire ou pas.
En ce qui concerne les bagages personnels, c’est-à-dire en matière de formations, il faut dire le métier d’aide-soignant ne requiert pas forcément l’obtention de diplômes d’aides soignant, même si 4/7 ont décroché le diplôme adéquat au vu de nos résultats. Les ASH, occupe un poste, si nous pouvons nous exprimer ainsi de faisant fonction d’aides-soignants.
Il est également à remarquer que les aides-soignants, dans cette étude, s’installent assez durablement dans le métier, de telle sorte que nous puissions penser que ce genre de métier est motivant dans son ensemble. Ou que le recrutement en EHPAD se fait obligatoirement sur un contrat de longue durée.
Ainsi, afin d’apporter des compléments d’informations sur les conditions de travail des aides-soignants, ainsi que sur la considération du métier d’aide-soignant, il convient de d’analyser les avantages et les inconvénients du métier.
2.2. Les points forts et les points faibles du métier :
Dans cette partie, il s’agit en fait de répondre à la problématique en explorant les hypothèses. Ainsi, nous allons vérifier les deux hypothèses qui ont été énoncées dans le second chapitre de notre étude.
2.2.1. Vérification de l’hypothèse 1 :
Dans un premier temps, il s’agit de vérifier si la plupart des aides soignants sont impliqués dans la gestion et la prévention des risques suicidaires des personnes âgées. Pour ce faire, nous allons respectivement explorer les pistes suivantes :
- La plupart des aides-soignants ont reçu un minimum de formation sur la dépression et le risque suicidaire des personnes âgées en EHPAD.
- La perception positive par les aides-soignants de leur travail contribue à améliorer le repérage du risque suicidaire chez le résident.
- L’implication des aides-soignants dès l’arrivée du résident et dans l’élaboration du projet de vie permet de favoriser l’établissement d’une relation de confiance entre un soignant et un résident et donc de détecter les signes avant coureurs des risques suicidaires.
2.2.1.1. La plupart des aides soignants ont reçu un minimum de formations sur la dépression et le risque suicidaire des personnes âgées :
- Les points forts :
Il faut noter que ce ne sont pas tous les aides soignants qui pourraient avoir l’opportunité d’accéder à des formations qui correspondent à leur domaine de compétence. En ce sens, le partage des expériences, même sur le plan théorique pourrait constituer un avantage pour ces derniers. En guise d’illustration, l’entretien n°1 avec un agent de service hospitalier nous a permis de relever l’extrait suivant : « Oui, oui, un fois que la formation est finie les filles font un petit compte rendu et tout le monde, on en discute. C’est ça qu’est bien aussi ». C’est d’ailleurs la conception-même de l’esprit d’équipe, qui joue un rôle considérable dans l’accompagnement des personnes âgées, surtout que le nombre de personnel est très limité en EHPAD. Cette pénurie de personnel a fait été démontrée dans notre partie théorique, en ce qui concerne les conditions de travail des aides soignants en EHPAD.
Par ailleurs, selon le cadre de santé, certains soignants ont reçu une formation venant du Comité de lutte contre la Douleur (CLUD), qui se charge d’améliorer la prise en charge et le traitement de la douleur chez le résident, sachant que la douleur est synonyme de souffrance et est donc source de mal être chez le sujet âgé. A propos, notre théorie a justement révélé que les mauvaises conditions physiques entraînant de graves douleurs physiques étaient des facteurs de risque suicidaires secondaires. Mais bien entendu, les facteurs de risque peuvent être multiples et la prise en charge de la douleur ne peut pas améliorer à elle-seule la situation des personnes âgées, notamment celles qui sont dépressives. En effet, le cadre affirmé que : « Ce n’est pas parce qu’il y a un CLUD que tout va bien, c’est plus voilà la formation de base des aides-soignantes. Mais on en revient encore au maillon essentiel, si les aides-soignantes sont bien conscientes de comment évaluer la douleur et bien transmettre aussi, parce qu’il ne s’agit pas de dire de l’autre bout du couloir : tu sais elle a encore mal et puis voilà ».
En outre, il existe quand même une aide soignante interviewée (entretien n°5) qui s’est vue obtenir une formation de 04 jours sur la maladie d’Alzheimer et les maladies apparentées, sachant la maladie d’Alzheimer est un facteur de risque psychopathologique de 1er degré qui puisse amener au suicide des personnes âgées. Mais le plus important est qu’à travers cette formation, elle avait eu l’occasion de connaître la réalité sur le suicide des personnes âgées, ainsi que les facteurs qui seraient susceptible d’y contribuer. En voici un extrait de ses propos : « Il y en a beaucoup plus que les jeunes et moi, j’ai été étonnée des chiffres. Quand j’ai vu les chiffres à la formation, j’ai dit c’est incroyable mais non. Nous, on a pas connu de suicide particulier ici ». Ainsi, cela pourrait lui amener à réfléchir sur le nombre de personnes dépressives qui existe dans l’EHPAD.
- Les points faibles:
La formation sur la prise en charge des résidents atteints de la maladie d’Alzheimer et des autres troubles du comportement devrait être reçu par l’intégralité des soignants et notamment des aides soignants, d’autant plus que ces derniers éprouvent beaucoup de mal à communiquer et à comprendre les personnes non aptes psychologiquement. Les aides soignants recommandent en fait une unité spécifique d’Alzheimer et des personnes qualifiées pour s’en occuper. D’ailleurs, la formation sur l’Alzheimer fait l’unanimité auprès des personnes interviewées. Par exemple, l’aide soignante interviewée à l’entretien n°1 a affirmé que : « On ne sait pas quoi leur dire, quoi leur faire euh soupir, on est en manqué de moyen. » Par contre au cours de l’entretien n°3, nous avons eu l’explication suivante : « En fait, nous on fait au mieux en fonction de leur pathologie mais comme là, il y a une dame qui a Alzheimer et tous les jours elle veut partir, souvent après le repas. C’est quand est ce que je m’en vais, pourquoi je suis là. A un moment donné, on a plus de réponse à lui donner. Des fois, on est souvent là, à dire qu’est-ce qu’on fait parce que là, on n’a pas de réponse. Là, notre service n’est pas adapté à des personnes qui souffrent de la maladie d’Alzheimer. » Tout ceci pour dire que face à la dépression des personnes atteints de troubles, la tâche est d’autant plus difficile, de telle sorte que les aides soignants soient impuissants et désemparés.
Pour la prise en charge des personnes déprimées tout court, cela n’est pas facile non plus. En fait, il n’y avait que la psychologue qui connaissait les outils de repérage de la dépression, telle que la mallette Mobiqual. Elle prétend également que les aides soignants ne savent pas faire la différence entre la dépression, la tristesse et l’apathie des personnes âgées. Et puis, cela est bien loin d’être évident. En effet, elle a avancé que : « « Là on va pourvoir discuter des propos que j’ai reçu, soit les gens les personnes âgée sont déprimés ou alors ils ne sont pas du tout déprimé, donc c’est compliqué. » Elle a également ajouté que : « Effectivement, on minimise un peu les choses ou là aussi elle est en dépression, ce n’est pas possible, elle est en dépression alors qu’effectivement, on rencontre une personne qui est apathique, triste voilà ». Au cours de l’entretien n°4, une aide soignante a également marqué l’intérêt de la formation en déduisant que : « …il faut que les gens soient formés pour être dans une unité Alzheimer et tout le monde ne peut pas être dans une unité Alzheimer ».
En ce qui concerne la formation sur le repérage des risques suicidaires par contre, les soignants n’en ont pas effectué non plus. En tout cas aucun des interviewés. Certains accusent une difficulté d’accès, tandis que d’autre ne sont que sur le point d’en mesurer l’utilité. Ainsi, le cadre de santé a affirmé que : « C’est peut-être ce qui nous manque des outils pour bien évaluer, d’ailleurs c’est la même chose pour la douleur. Ça c’est pas mal c’est des choses qui nous enrichissent. C’est pareil, il faut que ce soit des outils simples, simples ». A l’aide-soignant de l’entretien n°1 d’ajouter que « Il y a eu pas mal de formations mais vu qu’il y a plein de filles qui s’inscrivent, il n’y a pas de place pour tout le monde, donc des fois, ils vont en prendre une dans ce service-là, deux, trois dans chaque service. Et donc nous on peut pas passer, ou il faudrait les redemander ». La psychologue elle-même a révélé qu’il n’était point chose facile de distinguer les genres de suicides actifs et ceux passifs. En effet, elle a affirmé que : « Alors c’est vrai que parfois on n’est pas dans du suicide actif, volonté de passer à l’acte. Par rapport au syndrome de glissement par exemple, je ne sais pas si vous en faites référence. C’est vrai qu’à un moment donné on peut se poser la question aussi si ce n’est pas justement du suicide passif ».
Quoiqu’il en soit, tous les interviewés étaient d’accord pour participer à une formation sur le repérage de la dépression et des risques suicidaires en EHPAD. Mais pour l’instant, force est de constater que les aides soignants n’ont pas reçu de formation sur la dépression et le risque suicidaire des personnes âgées en EHPAD.
Connaissant l’infirmation de l’hypothèse sur l’acquisition de formations par les aides soignants, qu’en est-il de l’influence de la perception positive du métier sur le repérage des risques suicidaires ?
2.2.1.2. La perception positive par les aides-soignants de leur travail contribue à améliorer le repérage du risque suicidaire chez le résident :
- Les points forts:
- Choix de carrière :
La profession d’aide-soignant résulte en fait d’un choix de carrière qui découle d’un projet professionnel. Toujours est-il que toutes les personnes qui ont été interviewées manifestent toutes de la motivation, même si le choix de carrière a été pour certain conditionnel et non absolu. Par exemple, l’entretien n°1 a permis de mettre en avant l’extrait suivant : « Oui, je voulais et puis je voulais, ce que je regrette maintenant, c’est de ne pas être venue plus tôt dans ce milieu-là parce que c’est quand même auprès de la personne et puis il faut aimer les gens ». Lors de l’entretien n°3, l’agent de service hospitalier, quant à elle que : « pour moi c’était un choix et qui me convient complètement ». Au cours de l’entretien n°4 par contre, l’aide soignante stipule que : « Et après, ça a été une décision que, j’ai prise, je suis célibataire, sans enfants je me dis, moi qu’est ce qui me retient. Et puis c’est vrai, j’ai toujours eu dans l’idée après de continuer et je m’étais toujours dis, je préfère être aide-soignante et évoluer aide-soignante vers infirmière ».
Mais ce choix de carrière peut également découler d’une reconversion professionnelle, qui a été à l’origine d’un nouveau regard sur le métier. Ainsi, au cours de l’entretien n°6, l’aide soignante a affirmé que : «« Je faisais le ménage uniquement dans les couloirs dans un EHPAD…Et c’est comme ça que j’ai découvert le métier parce qu’en fait moi avant, les vieux, c’était nul, moche, il n’y avait rien d’intéressant. Et puis au fil du temps, c’est vrai qu’y avait des gens, des gens qui sont, de mon entourage, des personnes âgées qui sont venus finir leur vie là bas….Et c’est comme ça que je me suis, que j’ai découvert le métier et que ça m’a intéressé et ça m’a plu».
En gros, ce choix de carrière peut provenir d’un dévouement, d’une volonté de contact avec la personne âgée, ainsi que de la situation familiale. Et tous ceux-là sont sources de motivations.
- Philosophie de soins et considération pour la personne âgée :
La philosophie de soins, ainsi que la considération pour la personne âgée sont des atouts importants dans l’exercice du métier, d’autant plus que cette dernière pourra se sentir respectée et valorisée. D’ailleurs la philosophie de soins et un des critères de compétences pour le recrutement d’un aide soignant. Le cadre de santé a justement énoncé que : « moi je mets beaucoup l’accent sur une philosophie de soins, dans quel esprit, comment on travaille en EHPAD ». L’exigence d’une philosophie de soins en EHPAD consiste surtout à prendre en compte la dépendance de la personne âgée. Dans notre théorie sur les conditions de vie des personnes âgées en EHPAD, la dépendance résulte de la perte d’autonomie, de la fragilité, de la vulnérabilité et de la perte d’autonomie. Bref, un état de précarité aussi bien physique que mental. Dans cette optique, la philosophie de soins permettrait de reconsidérer la personne âgée, de façon à lui éprouver de la compassion et montrer à son égard du respect. Par exemple, l’entretien n°7 a permis d’extraire la citation suivante : « C’est des personnes qui ont besoin de nous aussi, c’est quelque chose que j’aime bien. Et puis, je le fait avec beaucoup d’amour ».
Cette considération pour la personne âgée permet en fait de considérer également l’EHPAD comme un lieu de vie et non comme un lieu de fin de vie. A propos, le cadre de santé nous confirme que : « on n’a pas de soucis avec la famille, ils comprennent vers où on va, ils sont étonnés que l’on puisse encore faire tant de choses et s’occuper aussi bien de leurs proches. Et le résident aussi est content, voilà qu’on s’intéresse à lui ». Par ailleurs, la personne peut également y évoluer et y vivre une vieillesse plutôt épanouie, de façon à éviter toute idéation suicidaire. Nous pouvons illustrer ce cas via la citation de l’entretien n°4 suivante : « Moi, j’ai vu des dames qui arrivaient, qu’étaient en fauteuil roulant, qui ne marchaient plus et euh, en fin de compte au bout de 2, 3 mois, petit à petit, elle pouvait se déplacer avec un déambulateur ». Il se pourrait également que ces personnes âgées aient encore quelque chose à apporter ou à offrir tels que des conseils ou des expériences de vie. Ainsi, la philosophie de soins comme la considération de la personne âgée permettrait de réduire dans leur ensemble les états dépressifs et les risques suicidaires des personnes âgées.
- Intention de durabilité dans la profession :
Un des points forts du métier d’aide-soignant, du moins par rapport aux entretiens, réside dans l’intention de rester durablement dans la profession. Et cette décision fait presque l’unanimité au sein des interviewés. En effet, lors du 1er entretien, une aide-soignante a formulé que : « ma carrière, je vais la finir là ». En analysant la situation, il se pourrait que ce soit en raison de l’âge, d’autant plus que d’après le profil type des aides soignants établi précédemment, l’âge moyen est de 49 ans. Cette intention de durabilité peut être refléter une bonne conception de l’aide soignant de son métier. Et cela permettra en conséquence d’apporter des soins de qualité, qui se répercuteront inévitablement sur les résidents.
- Absence de chômage :
Si nous pourrions tirer avantage de la pénurie de personnel en EHPAD, il s’agirait bien de l’absence de chômage. Le cadre de santé lui-même a stipulé que : « la demande de l’établissement est supérieur à l’offre avec un public essentiellement féminin ». En effet, cette absence de chômage pourrait aller de pair avec l’intention de rester durablement dans le métier puisque les aides soignants de courts séjours ou d’urgence ne postulent pas pour les EHPAD.
- Esprit de famille et esprit d’équipe :
En ce qui concerne l’esprit de famille, il s’agirait d’un sentiment qui se construirait à longueur de temps en EHPAD. Si les soignants y font de longues années de carrières et que les résidents y sont censés passer le reste de leur vie, il existe forcément des liens qui se créent, d’où l’esprit de famille. Et d’ailleurs pour certains des résidents qui n’ont plus de familles ni de proches sur qui compter, les soignants leur apportent sûrement beaucoup. Comme la solitude et l’isolement font parties des facteurs de risques suicidaires des personnes âgées, cet esprit de famille pourrait permettre de faire en sorte de combler les manques. Sur ce point en fait, nous pourrions par exemple voir cela dans la manière dont les soignants appellent les résidents. Ainsi, l’infirmière a émis les propos suivants : « On dit résident ou on dit nos gens. Oui on dit souvent ça, nos gens. Parce que eux aussi nous intègre un peu comme des membres de leur famille et c’est vraiment, y vraiment un échange ». Une aide-soignante, lors de l’entretien n°4 a quant à elle, affirmé que : « En usine, c’est un ordre sec, bon vous faites ça, point qu’avec l’infirmière, c’est en équipe, c’est familial ». D’autres par contre, préféreraient être un peu plus neutres dans leurs expressions, de manière à utiliser des mots comme « les gens » ou « les personnes. Ces choix résultent souvent des relations entretenues avec les sujets âgés, que ce soit en termes de qualités ou de durée. Et bien entendu, ceux qui préfèrent vouvoyer voudraient mettre une barrière afin de faire preuve de professionnalisme et se protéger contre les émotions qui peuvent surgir lors des décès par exemple. En confrontant cela avec notre théorie, nous pourrions conclure qu’il pourrait s’agir de stratégies de protection employées par les aides soignants, plus précisément l’évitement.
En ce qui concerne l’esprit d’équipe par contre, cela ne pourrait que renforcer l’image positive que les aides soignants auraient de leur métier, sachant que le métier d’aide-soignant n’est point des plus faciles ni des plus motivants. Mais en tout cas, l’union fait la force. En guise d’illustration, nous pourrions citer un extrait de l’entretien avec l’infirmière qui a stipulé que : « En même temps on a quand même beaucoup par exemple encore une fois, le psychiatre qui vient régulièrement, la psychologue qui est très présente, le docteur aussi même si parfois il n’est pas en phase avec certaine chose, il est quand même très proche des gens, il est très humain, donc c’est. On est quand même une bonne équipe ». Elle a ajouté également que : « En général, par exemple pour les toilettes, on va faire les personnes un peu plus compliquée et dans le relationnel parce que les filles, pareil, elles ont beaucoup de personnes donc les cris, les insultes, cela leur fait du bien aussi de voir que l’on donne un peu de notre temps ». Il s’agit alors là d’une source de motivation pour les soignants et de soulagement pour les résidents.
- Valorisation et reconnaissance interne :
Lorsque les aides soignants se sentent valorisés et reconnus dans leur métier, ses performances et ses compétences seront d’autant plus accrues, de manière à pouvoir mieux gérer la dépression et les risques suicidaires des personnes âgées. En tout cas, pour l’instant, il s’agit d’une valorisation interne, c’est-à-dire auprès des résidents, des autres soignants et de la hiérarchie. Par exemple, en ce qui concerne les résidents, l’aide soignante lors de l’entretien n°1 a affirmé que : « « j’ai de la reconnaissance et dernièrement, il y a une dame qui m’a dit c’est quoi votre prénom ? Comment s’écrit votre prénom donc j’ai été étonnée, je lui montre, elle me dit, ah oui d’accord, elle avait fait taper par un ami surement un poème qu’elle m’a donné en mettant un petit mot en bas du poème ». Pareillement, l’entretien n°7 a permis d’extraire la citation suivante : « Moi je suis intervenu une fois dans le cadre d’une dame qui a avalé une langue, une langue de bœuf et qui avalait de travers et on a failli la perdre quoi. J’ai utilisé la méthode heimlich…Pendant un an et demi, quand elle me voit, elle m’dit c’est lui qui m’a sauvé ». Par ailleurs, lorsque les soignants ne font pas la différence entre les aides soignants et les agents de service hospitaliers, les agents de service hospitaliers pourraient se sentir valorisés. C’est également le cas lorsque ces derniers peuvent participer aux réunions et aux transmissions.
- Diversité des tâches :
Conformément aux entretiens effectués, nous pourrions remarquer que la diversité des tâches figure parmi les éléments qui puissent motiver les aides soignants de l’EHPAD, relativement aux maisons de santé. L’agent de service hospitalier par exemple pourrait se voir valoriser d’autant plus qu’il effectue les mêmes tâches que les aides soignants. Ainsi, au cours de l’entretien n°1, un agent de service hospitalier a formulé que : « Si je vais dans un autre service, je vais faire que du ménage ou du portage repas. Alors que là on a soin des gens, on fait l’animation, on fait tout. Moi j’apprécie, c’est les gestes c’est la vie de tous les jours ». Par ailleurs, l’aide soignant peut également y trouver son compte et c’est ce qui a été démontré au cours de l’entretien n°4 : « c’est pour ça que je dis que le métier d’aide-soignante, ce n’est pas que faire des toilettes, on fait des toilettes, on détecte s’il y a des lésions, s’il y a quelque chose, une grosseur. Après il y a l’humain, on accompagne l’humain sur les gestes de la vie pour un repas, il y a des fêtes, il y a des animations, c’est un accompagnement, c’est riche et varié ». En raison de l’assistance permanente, cette tâche d’accompagnement pour l’aide soignant comme pour l’agent de service hospitalier implique effectivement une relation avec la personne et avec la famille, d’où un sens de l’écoute qui favoriserait la verbalisation des souffrances et des maux par les résidents, d’où le repérage des risques suicidaires, d’autant plus que la plupart a eu un passé assez difficile.
- Les points faibles:
- Discrimination :
Si les soignants essaient de se valoriser entre eux en raison notamment de la pénurie de personnel en EHPAD, les résidents pourraient quand bien même manifester des avis discriminants à l’égard des différents corps de métiers. Une raison de dire que les compétences y sont également pour quelque chose. Par exemple, l’agent de service hospitalier pourrait se voir lésés par rapport aux aides soignants dans les tâches qui leur sont dévouées. A propos, nous pourrions puiser la citation suivante qui découle de l’entretien n°3 : « Par contre, il y a des résidents qui veulent pas être soignés par des agents. Il y a certains résidents qui refuse, qui font bien la différence…En équipe, on a échangé là-dessus parce que c’est vrai que c’est important. Après nous on est bon à vider l’eau des fleurs et c’est un peu ça quoi. Parce qu’il y a une collègue justement elle, elle voulait que se soit l’agent qui vide ses fleurs fanées. Elle dit ce n’est pas le travail de l’aide-soignante ». Par ailleurs, il arrive également que les aides soignants soient défavorisés par rapport aux infirmiers. Nous pourrions par exemple noter la citation suivante de l’infirmière : « Il y a des personnes qui ont des troubles et qui savent très bien qui est l’infirmière et qui est l’aide-soignante, qui ne veulent s’adresser qu’à l’infirmière ». Cette discrimination constitue en fait un frein au travail d’équipe et au repérage des risques suicidaires, d’autant plus que ce travail concerne normalement tous les acteurs de l’EHPAD sans distinction.
- Lourdeur des tâches :
L’usage d’efforts physiques intenses pourrait signifier à l’endroit des aides soignants une lourdeur des tâches qui n’est pas prête d’améliorer les conditions de travail. Les troubles musculo-squelettiques (TMS) d’origine professionnelle constituent un réel problème auquel le personnel soignant est confronté. Les propos formulés par l’agent de service hospitalier au cours de l’entretien n°3 illustre bien cette situation en EHPAD : « Combien d’aide soignantes se font opérer des épaules ? Moi personnellement, j’ai quarante ans, je n’ai pas envie à soixante ans de me faire opérer de épaules ». En voilà une perception négative du métier qui pourrait expliquer la pénurie de personnel en EHPAD, ainsi que le turn over qui a lieu tout au long de l’année. Justement à propos du turn over, au cours de l’entretien n°4, une aide soignante a affirmé que : « Il y a eu beaucoup de changement d’équipe ; puis bon au mois de novembre décembre, il y a eu le personnel qui a fait des choix après pour leur carrière et puis, dès qu’on a vu la cadre de santé partir du jour au lendemain, on a pas été prévenu donc là on a dit qu’il faut mieux voir si nous on peut évoluer et on a été 7 à partir, les soignants y en avait seize ».
Heureusement, la plupart des aides soignants ont eu recours à la formation manutention, qui a consisté en l’apprentissage de méthodes plus appropriées pour le levage et le repositionnement des résidents, de manière à permettre de réduire les lésions d’origine professionnelle, le taux d’absentéisme tout en augmentant la productivité des aides soignants. En effet, bon nombre d’entre eux ont appris à utiliser des outils spécifiques tels que le lève malade ou le verticalisateur.
- Dévalorisation et manque de reconnaissance externe :
Le monde extérieur a encore une vision assez négative des EHPAD, et ce se répercute effectivement sur le métier d’aide-soignant, sachant que ce dernier se situe en première ligne pour recevoir les critiques des familles, en termes de qualités de soins et d’accompagnement. En fait, cette dernière pense la plupart du temps que les résidents sont laissés à longueur de journée dans les fauteuils et ne bénéficient d’aucune occupation. Bien que les aides soignants constituent les maillons essentiels de l’équipe soignante, et ce notamment en raison de leur contact permanent avec les résidents, leur travail n’est pas pour autant assez reconnu vis-à-vis du monde extérieur. Le cadre de santé, pour sa part, a expliqué cela de la manière suivante : « Nous on est au top alors qu’en EHPAD, c’est différent, l’objectif ce n’est pas de guérir, c’est de les accompagner le mieux possible et je pense que voilà dans la représentation de monsieur tout le monde, on est encore là-dessus ». Par ailleurs, l’extrait suivant, qui découle de l’entretien n°4 illustrerait parfaitement ce manque de reconnaissance envers le métier : « J’avais toujours voulu, moi d’avoir le métier d’aide soignante, avec la santé. Mais quand je disais ça au professeur, on me disait faites autre chose, vous avez les capacités faites autre chose. Ils me regardaient, vous êtes bonne en maths, faites autre chose…On m’influence pour aller en hémodialyse en disant tu sais, tu auras plus de techniques ; tu sais, on a l’impression que c’est plus valorisant d’être dans le milieu hospitalier qu’en EHPAD ». Pour tout dire, l’effet pervers qui s’ensuivrait est que ce manque de reconnaissance du monde extérieur pourrait influer sur la perception que l’aide soignant se fait de son propre métier.
Ainsi, les points forts de la perception du métier permettent d’affirmer que la perception positive du métier par l’aide soignant contribue au repérage des risques suicidaires en EHPAD du fait de la motivation et de la solidarité entre les soignants. Par contre, la perception négative du métier ne permettrait pas de booster les compétences des aides soignants ni d’améliorer la qualité des soins.
Force est de constater que la seconde sous-hypothèse 1 pourrait donc être confirmée. Il s’agit maintenant d’étudier la troisième et dernière sous-hypothèse.
2.2.1.3. L’implication des aides-soignants dès l’arrivée du résident et dans l’élaboration du projet de vie permet de favoriser l’établissement d’une relation de confiance entre un soignant et un résident et donc de détecter les signes avant coureurs des risques suicidaires :
Il faut d’abord rappeler que le projet de vie fait partie du projet d’établissement de l’EHPAD. En effet, il définit les objectifs de prise en charge du sujet âgé, ainsi que les services et les prestations qui lui sont délivrés. Pour ce faire, il y a lieu de connaître les besoins et les aspirations des résidents par le recueil de sa vie passée, de son bilan médical ou alors de sa capacité d’adaptation. Toujours est-il que ce projet vise à offrir au résident un accompagnement personnalisé qui correspondrait à ses attentes, tout en restaurant les liens sociaux et en optimisant les processus de soins. Et chaque professionnel y trouve son rôle, y compris l’aide-soignant. Ainsi, il s’agit de mettre en exergue les points forts et les points faibles de l’implication des aides soignants dans l’élaboration du projet de vie, afin d’en déduire la capacité à détecter les signes et risques suicidaires :
- Points forts:
- Connaissance des aides soignants de leur rôle dans la mise en place du projet de vie :
La plupart des aides soignants interviewées sont conscients de leur rôle dans l’élaboration et la mise en place du projet de vie des résidents. En effet, seul 1 aide soignant sur les 7 ne participe pas au projet de vie de résident, et il s’agit en fait d’un remplaçant qui s’est installé depuis près de 15 jours. Sinon, la plupart connaissent les tâches qui leur incombent, notamment de recueils de données afin de connaitre les besoins, les habitudes et les comportements du sujet âgé, depuis l’intégration en EHPAD. Ce recueil se fait en fait dans le mois qui suit l’entrée du résident et les données sont ensuite enregistrées dans le logiciel OSIRIS qui sert à la compilation et au suivi lors des transmissions par les aides soignants. En guise d’illustration, l’extrait de l’entretien n°5 suivant met en relief le rôle des aides soignants dans le projet de vie : « Et bien le projet de vie pour l’instant c’est vraiment la chose qui est au cœur parce que là, ils sont en train de faire tous les projets de vie. Donc nous on connait…on est référent de certains patients, euh résidents, on ne dit pas des patients, on dit des résidents…L’objectif, c’est quand même de connaître bien les personnes pour les soigner bien sûr…Mais c’est vrai qu’en mettant un projet de vie en place sur les personnes, les nouvelles personnes qu’arrivent, n’importe qui peut prendre les soins derrière nous, tout sera bien défini. Ce sera beaucoup mieux pour l’équipe ». Ici donc nous pouvons apercevoir que les aides soignants sont déjà motivés dans l’élaboration des projets de vie et s’y connaissent. En ce qui concerne les habitudes de vie par exemple, une aide soignante, lors de l’entretien n°6 a émis les propos suivants : « On a une dame qui dort le matelas perpendiculaire….elle ne veut pas qu’on baisse son lit parce qu’elle a une BPCO très avancée. Donc elle veut dormir assise. Quand on fait le lit, il ne faut pas l’allonger, il faut attacher le drap derrière pour que le drap soit bien tendu et le lit reste comme cela. Mais ça a demandé des mois, tous les jours j’entendais crier la dame, ah, mais ne touchez pas à mon lit ». En effet, les aides soignants étant référents de 3 résidents à la fois, ils se doivent d’observer et de discerner les habitudes, les besoins et les désirs des résidents. Sinon en ce qui concerne le recueil de l’histoire de vie, cette tâche revient plutôt à la psychologue, d’autant plus qu’il faudrait faire preuve de tacts pour ne pas mettre le résident mal à l’aise et lui donner l’impression d’assister à un interrogatoire.
Tout ceci pour dire que la connaissance des rôles et des attributions des aides soignants constitue un début vers l’établissement d’une relation de confiance entre les soignants et les résidents. Il est évident que pour aborder la personne et lui mettre à l’aise, il faudrait avant tout lui connaître. Et cet apprentissage de la personne se fait via le recueil des données lors de l’élaboration du projet de vie.
- Etablissement de relation de confiance entre le soignant et le résident :
Au fur et à mesure de l’accompagnement de la personne âgée, il peut en découler une relation de confiance entre le soignant et le résident. Après les analyses des entretiens réalisés par les aides soignants, nous avons pu constater que Cette relation de confiance s’est puisée à travers deux éléments clefs : l’existence de moments privilégiés au cours desquelles le résident pourrait se dévoiler à l’aide soignant, ainsi que la formation humanitude consistant à considérer la personne âgée comme un être à part entière, à qui nous devons le regard, la parole, le geste tendre :
En ce qui concerne les discussions lors de moments privilégiés, il s’agit de moments où le résident pourrait se confier à l’aide soignant dans l’intimité. La plupart du temps, ce sont dans ces moments que le sujet âgé confie ses peines et ses problèmes, de quoi pouvoir détecter les risques de dépression et de suicide. Mais cela dépend en fait de la personnalité de l’aide soignant. Il y a ceux qui n’aiment pas trop les relations et d’autres qui ont leur propre conception de moments privilégiés. Par exemple, l’agent de service hospitalier de l’entretien n°1 préfère les randonnées et les temps libres en tant que moment privilégié : « Vous voyiez, un après midi, je vais bien m’installer pour discuter avec quelqu’un ». L’agent de service hospitalier de l’entretien n°3, par contre, considère les temps de toilette comme des moments privilégiés : « c’est important, la personne, elle le ressent, une bonne prise en soin dès le matin, c’est hyper important pour des personnes fragilisées, qui n’ont pas forcément le moral, qui sont ici pas toujours par choix, ils nous racontent leur petit tracas et tout ». Il existe bien une autre qui privilégie le moment du coucher (entretien n°7) : « C’est avant de dormir, le matin au réveil aussi. Ils en parlent. C’est là, on sent la personne si elle a bien dormi ou pas, elle a mal ou pas, c’est là elle s’exprime si elle est malade ou dit, j’en peux plus, surtout le soir ».
Ainsi, force est de constater que la prise en charge peut être différente selon les individus. En tout cas, ces moments privilégiés permettraient de mieux connaître la personne, de telle sorte que les aides soignants puissent créer des liens d’affinités avec la personne et instaurer en conséquence des relations de confiance. Mais la difficulté réside dans le fait que justement certaines personnes ne parlent pas beaucoup oui même pas. De plus, il faudrait faire comprendre à la personne âgée dans quel esprit on veut recueillir ces informations.
En ce qui concerne la formation humanitude, elle contribue effectivement à l’amélioration des soins de l’accompagnement des personnes âgées, en les réhabilitant dans ce qu’elles possèdent de typiquement humain. Ces personnes ont droit à des échanges de regards, aux explications dans les gestes effectués, aux touchers tendres, ainsi qu’à la verticalité, exceptées pour les personnes grabataires. Ainsi, ces différents préceptes vont de paire avec le sens de l’écoute et l’individualisation des soins. Par exemple, lors de l’entretien n°3, un agent de service hospitalier a affirmé que : « On doit faire en sorte de s’adapter individuellement à chaque personne en fonction de ce qu’elle souhaite, ne serait-ce que pour le petit déjeuner…Nous, l’important ici c’est les personnes, nous on s’adapte à eux, on doit faire en sorte qu’ils soient le mieux possible ». Cette individualisation permet en fait d’être plus à l’écoute des désirs et des besoins de la personne, et donc de détecter tout signe dépressif qui découle d’un changement de comportement. Mais la pénurie de personnel fait que les projets ne pourraient pas tous être individualisés. A propos, le cadre de santé a affirmé que : « on a une animatrice pour 200 résidents autant dire, pour les deux EHPAD ». Par ailleurs, il faut également noter que la formation humanitude a fait ses preuves au cours de ces dernières années, et les témoignages des aides soignants en sont la preuve. En prenant par exemple un extrait de l’entretien n°4, nous avons pu recueillir les propos suivants : « Puis vous savez un jour une dame m’a dit, eh vous savez, je me maquillais dans le temps. On regarde quand même et non, on n’a pas vu de maquillage là. Donc, on a demandé à la famille ben écoutez excusez-moi un petit rouge à lèvre…Bon ben c’était mamie, ça faisait un peu clown mais ce n’était pas grave, elle se sentait belle. Et ça c’est l’humanitude et en fin de compte on gagne la mobilité, la mobilité est améliorée, et puis ben les gens participent…Je regarde quand il y a l’humanitude je suis presque sur et certaine qu’on a une heure ». Lors de l’entretien n°7, nous avons également pu recueillir la citation suivante : « L’humanitude ça m’a changé, j’attends que la personne, elle me dit oui. Pour faire donner à manger à quelqu’un aussi, par oral, on le dit voilà je vais vous donner à manger ; ça, avant, je ne le faisais pas ». Les résidents comme les aides soignants, y voient donc des avantages qui permettraient d’améliorer leurs relations.
- Points faibles:
- Difficultés de recueil de la fin de vie à l’entrée en EHPAD :
L’élaboration du projet de vie de la personne âgée consiste également à recueillir les données sur les dernières volontés des individus. Mais cela n’est point chose facile et encore moins à l’entrée en EHPAD. En général, les aides soignants comme les résidents n’ont pas envie d’aborder le sujet. Les propos de la psychologue confirment cette argumentation : « La question c’est peut être au niveau des équipes parfois, c’est à quel moment on évoque cette problématique là, car quand on arrive vraiment à la tout de fin de vie, c’est un peu compliqué d’arriver là avec toutes ces questions ». Lors de l’entretien n° 3 également, nous avons eu à peu près les mêmes remarques : « Donc là on commence à recueillir depuis un bon mois et demi, on connait déjà pas mal de chose sur eux mais il y a des choses qui sont pas facilement abordable à l’entrée…la mort par exemple, ce n’est pas des choses qu’on aborde forcément dès qu’ils entrent parce qu’ils ne viennent pas ici pour mourir ». Justement pour aborder ce genre de conversation, il conviendrait de connaître les personnes pour anticiper la manière dont ces dernières pourraient réagir. Toujours est-il que la meilleure manière d’aborder le sujet serait d’instaurer une relation de confiance.
- Difficultés dans la désignation des référents :
S’il existe une chose qui nuirait à l’établissement d’une relation de confiance à la détection des signes avant coureurs de dépression et de risques suicidaires, il s’agirait également du problème de désignation des référents, non seulement en raison du manque de personnel, mais également en raison du changement d’équipe, de l’arrivée de nouveaux résidents. Ainsi, la psychologue, sur ce fait, a formulé que : « les équipes tournent, eh ben voilà des référents qui partent, des résidents qui partent et qui décèdent également ». En conséquence, il serait difficile d’établir une continuité dans le projet de vie d’un résident. Heureusement, il existe encore des aides soignants qui désireraient rester durablement dans le métier et accompagner les résidents pour leur fin de vie.
Toutes ces argumentations ont permis d’affirmer que l’implication des aides-soignants dès l’arrivée du résident et dans l’élaboration du projet de vie permet de favoriser l’établissement d’une relation de confiance entre un soignant et un résident et donc de détecter les signes avant coureurs des risques suicidaires, mais seulement dans la mesure où l’aide soignant assure la continuité du projet et que les informations soient demandées au bon moment et au bon endroit. La dernière sous-hypothèse peut donc être confirmée.
Avec deux sous-hypothèses confirmées, nous pourrions donc admettre que les aides soignants sont impliqués dans la gestion et la prévention des risques suicidaires des personnes âgées, et un peu moins compétents. Mais qu’en est-il de la seconde hypothèse ?
2.2.2. Vérification de l’hypothèse 2 : Les aides soignants sont à même d’adopter un processus de régulation entre la prévention du risque suicidaire et les stratégies de protection mises en place.
La seconde hypothèse consistera en fait à vérifier les points suivants :
- Ils sont capables d’assumer leurs responsabilités face aux tentatives de suicide.
- Lors de l’accompagnement d’un résident, les aides-soignantes mettent à distance leurs émotions.
2.2.2.1. Ils sont capables d’assumer leurs responsabilités face aux tentatives de suicide :
- Les points forts :
- Détection des signes avant coureurs :
Les analyses exploratoires ont montré que les aides soignants étaient à même de détecter les signaux d’alerte en ce qui concerne la dépression et le risque suicidaire. Il existe les cris, les pleurs, la perte de poids comme il a été énoncé dans la partie théorique. En effet, au cours de l’entretien n°3, un agent de service hospitalier, en parlant d’une résidente en particulier, a révélé que : « C’est des alertes, elle crie comme ça mais non je ne pense pas qu’elle soit… elle dit qu’elle veut mourir mais elle est trop, trop proche de sa fille pour pouvoir le faire ». Ici donc, la difficulté ne réside pas dans la détection des signes mais plutôt dans la capacité à détecter si la personne ira à ses fins. En tout cas, qu’elle entame son acte suicidaire ou pas, il conviendrait toujours d’y remédier. En fait, il a été également énoncé dans notre approche théorique que les personnes âgées réussissaient leur suicide. Au cours de l’entretien n°4, il y a eu une conviction plus profonde quant à la détection des signes de dépression : « Ce n’est pas anodin quand des fois les gens ils nous posent une question, il faut toujours mettre pourquoi, il nous pose cette question-là. Qui s’occupera de ma femme si je pars ? Des choses comme ça. Mes enfants, ma fille elle est dans une autre région, elle ne pourra pas venir voir ma femme. Mais on disait, monsieur, vous êtes présent vous, il n’y a pas de problèmes. Tiens, je vais manger une pêche, c’est peut être la dernière fois. Il y a toujours un moment donné un signal d’alarme. C’est rare qu’il n’y ait pas de signes ». Il faut aussi remarquer que dans certains cas, les signes de dépression comme les syndromes de glissement ne datent pas de l’entrée en institution mais résultent plutôt de situations antérieures.
- Sens de l’écoute :
Lorsque les résidents verbalisent leur détresse et leur dépression, les aides soignants sont à même de prendre le temps de les comprendre et de les écouter. Ils comprennent que les personnes âgées ont le sentiment de ne plus être utiles en raison de leur dépendance. Et la plupart du temps, leur famille ne vient plus les voir. Tous ces facteurs combinés provoqueraient un sentiment de solitude et de mal être, et par conséquent la dépression. A cet effet, certains se mettent en retrait et se remettent en question. Par exemple, lors de l’entretien n° 3, un agent de service hospitalier a affirmé que : « Moi je poserai toujours la question, mais pourquoi vous me dites ça ». Cette remise en question permettrait effectivement de détecter les sources du problème pour pouvoir en parler lors des transmissions régulières des équipes. Les propos formulées lors de l’entretien n°4 a également permis d’extraire la citation suivante : « Moi, j’ai dit tout de suite, moi la première chose, faut qu’elle verbalise tout de suite. Il faut qu’elle explique pourquoi son geste, donc on est restée comme quand y a un problème ». Par rapport à cela, il s’agit de rassurer la personne dépressive ou suicidaire, et de lui occuper les idées, tel est le rôle des aides soignants. Après, la prescription de traitements revient aux médecins et aux psychologues. Toujours selon l’interview n°4, les citations suivantes pourraient servir d’exemple en termes d’occupation : « Vous êtes peut-être en chaise roulante, vous avez des bras, une langue, vous pouvez toujours faire quelque chose. Donc on avait mis une table adaptée. C’était dans le projet de vie en fin de compte, il avait une table et il pouvait faire des jardinières…Il pouvait jardiner et tout était adapté à sa hauteur, donc on trouvait des solutions pour que les gens soient toujours occupés ».
- Rôle de transmissions lors de changements de comportements :
Il est en fait automatique pour les aides soignants de faire des transmissions aux membres de l’équipe, notamment lorsque ces derniers observent des changements de comportements soudains ou évolutifs chez les résidents. D’ailleurs, l’infirmière a elle-même signalé que : « On est vraiment à l’affut dès qu’une personne ne va pas bien à. Et c’est pour ça qu’on est intransigeant, qu’on enquiquine les filles avec leurs transmissions, transmissions écrites ». En effet, les aides soignants travaillent sous la responsabilité des aides soignantes, mais en raison du manque de personnel dans l’établissement, il arrive que ces derniers cumulent les tâches, mais rarement pour la distribution des médicaments des patients dépressifs. La prévention de l’infirmière est en fait systématique. Mais lorsque l’acte est répété, l’intervention de la psychologue, qui travaille à la fois au service des soignants et des résidents, a lieu. Après son diagnostic, si cette dernière constate une démence avérée, il s’agit de faire une transmission aux médecins psychiatres, qui prescrivent par la suite des traitements. Par exemple, lors de l’entretien n°7, l’agent de service hospitalier a affirmé que : « Moi si je peux rapporter ou faire quelque chose, je le ferai sinon, je dis toujours à ma hiérarchie, l’infirmière, soit, je ne prends pas les décisions tout seul, quoi ». Lors de l’entretien n°1 par contre, nous avons eu l’occasion de voir de plus près la considération que les aides soignants avaient pour la psychologue : « C’est vrai, il y a la psychologue des fois, elle nous guide quand même, ou elle va voir déjà la personne et après, elle nous donne son compte rendu, de ce qu’on peut faire. Parce que ce n’est pas facile, même pour nous ». En ce qui concerne le médecin, ce dernier se fait plutôt rare s’il s’agit de s’entretenir avec les aides soignants. D’ailleurs, tous les aides soignants interviewés s’en plaignent. Mais en tout cas, les aides soignants font bien leur rôle de transmission, ce qui permet d’agir rapidement en équipe quant à la prévention des risques suicidaires.
- Surveillance de l’environnement :
La surveillance de l’environnement concerne par exemple la prise de médicaments. Les personnes âgées sous traitement, qu’elles aient des troubles comportementaux ou pas, ne prennent pas toujours correctement leurs médicaments. A propos, lors de l’entretien n° 3, un agent de service hospitalier a stipulé que : « On les donne parce qu’on sait d’emblée qu’elles ne vont pas les prendre ou qu’elles vont les recracher ». Les aides soignants retrouvent souvent des pilules sous le matelas. Par ailleurs, la surveillance de l’environnement sert à détecter également les comportements suicidaires chez les résidents. En guise d’illustration, nous allons évoquer un extrait de l’entretien n°4 : « Je reparlerai de Mme J. Quand elle prenait un bain et quand on faisait le shampoing. Moi je ne mettais jamais le tuyau jusqu’à elle quand je rinçais, j’enlevais le tuyau à l’opposé pour qu’il n’y ait pas de risques. Parce qu’un jour elle avait pris le tuyau et elle regardait comme si c’était bien solide ».
- Les points faibles :
- Sentiment d’impuissance vis-à-vis des risques suicidaires et de la dépression :
Même si les aides soignants arrivent à détecter les comportements suicidaires et les signes avant coureurs, ce n’est pas pour autant que ces derniers contrôlent la situation. Au contraire, sur le moment, ils sont impuissants vis-à-vis des personnes âgées qui menacent verbalement de se suicider. Autrement dit, ils se sentent dépourvus de tout moyen pour calmer le résident en question, lorsque la dépression est répétitive. Les propos avancés lors de l’entretien n°1 mettent bien en exergue la situation, lorsque l’agent de service hospitalier a énoncé la réplique suivante : « Là, on a une dame, elle veut mourir mais on sait pas quoi dire en face. Elle m’a dit je veux mourir, je veux m’en aller. Mais quoi répondre, on ne sait pas. Enfin ça se travaille aussi. Là on en a une qu’est pas bien; et touts les jours, elle dit qu’elle veut mourir mais quoi faire? ». De même, l’aide soignante interviewée lors de l’entretien n°5 a affirmé que : « C’est d’un compliqué car nous l’équipe, on ne sait même pas quoi faire. On ne sait plus quoi faire. Autant infirmier, qu’aide-soignant, qu’agent, on est très démuni par rapport à ça ». Il est vrai que la situation est d’autant plus difficile lorsque les résidents présentent des troubles psychologiques ou ne verbalisent pas leurs souffrances. Les troubles de comportement sont loin d’être faciles à prendre en charge dans une structure où il existe en une diversité de résidents. En effet, il s’agit le plus souvent de la maladie d’Alzheimer et des maladies apparentées. Par exemple, dans l’extrait suivant, la psychologue met en relief le type de situation qui existe souvent en EHPAD : « Encore tout à l’heure, là, une soignante est venue, elle dit mais elle est odieuse. Mais je dis non elle n’est pas odieuse, elle a des troubles du comportement ». D’ailleurs, comprendre ces personnes n’est pas évident et encore moins lorsque les aides soignants n’ont pas été formés à cela. Reste encore à savoir si ces personnes qui pensent se suicider envisagent simplement de stopper la souffrance ou elles veulent réellement en finir avec la vie.
A longueur de temps, les aides soignants, puisqu’ils sont en pertes de moyen, pourraient finir par se lasser et ne plus y prêter attention. C’est bien cela le risque du métier. Paer exemple, le cadre de santé a révélé que: « la personne que j’évoquai qui dit régulièrement je veux mourir, euh, elle exprime clairement un état qui va mal et puis elle a été suivi, elle voit l’infirmière de psy. Elle voit le psychiatre, fin elle a un traitement. On a voilà beaucoup de difficulté pour équilibrer un petit peu son humeur et parce qu’elle peut aussi être dans l’agressivité fin euh. Et donc effectivement, on y prête plus attention ».
Cela est encore pire lorsque les résidents manifestent un syndrome de glissement, qui est une situation dans laquelle la personne se laisse mourir en décidant par exemple de ne plus manger. Les aides soignants ne peuvent pas non forcer cette personne à se nourrir. A propos, lors de l’entretien n°4, nous avons eu l’opportunité d’entendre l’argumentation suivante : « on n’est plus à l’époque des seringues, ce n’est pas un canard, c’est un être humain. Elle a le droit de refuser. Là c’est la position que je, de l’équipe quand tout le monde a pris ». Ainsi, il existe des cas où l’équipe soignante n’a d’autres choix que de laisser le résident mourir.
- Déficit du processus médical global :
Il faut noter que les douleurs provoquées par les mauvaises conditions physiques peuvent également être sources de suicide et de dépression selon notre théorie. En fait, l’évaluation de la douleur n’est pas bien faite par les aides soignants et les médecins qui s’en occupent ne sont pas très présents et ne sont pas tous formés en soins palliatifs non plus. En effet, il s’agit de prendre en considération la citation suivante du cadre de santé : « Je pense qu’il y a beaucoup de ça, c’est une question d’évaluation, de transmissions et de prises en charge médicale qui n’est pas assez présente, c’est au cas par cas. C’est un peu du saupoudrage ». Et puis du coup, il y a la frustration des aides soignants qui se jettent sur les infirmiers et les psychologues. Ils leur reprochent l’indifférence envers la douleur des résidents.
De l’autre côté, les résidents sont également très demandeurs de médicaments, et notamment d’antidépresseurs, en EHPAD. Le cadre de santé a en fait signalé qu’il y avait un tiers de résidents qui prenaient des antidépresseurs. Toujours est-il que la prise de médicaments trop fréquente ne viendrait qu’accentuer les problèmes de santé de résidents. L’infirmière a elle-même affirmé que : « Moi je pense que c’est plus une spécificité de la France. On consomme beaucoup trop de médicaments et parfois on n’écoute pas assez ». De plus, ces antidépresseurs ne paraissent pas toujours efficaces, étant donné qu’il existe des résidents dont l’étant ne s’améliore pas après la prise de médicaments. Pour confirmer cela, il y aurait lieu de mettre en avant un extrait de l’entretien n°3 : « elle a un traitement pour mais malgré tout elle continue, mais les collègues pensent qu’elle fait du cinéma… c’est son ressenti, elle dit ça comme ça ». Sinon il existe également des fois où les infirmières se battent pour avoir les traitements provenant des médecins. Et tout cela ne permettrait pas de prévenir ni de traiter correctement la dépression et risquerait même d’aboutir à des récidives.
Tous ces propos permettent de constater que les aides soignants assument partiellement leurs responsabilités dans la gestion de la dépression et des risques suicidaires, sachant que de toute façon, ils n’ont pas encore obtenu la formation nécessaire. Par ailleurs, comment pourrait-on explorer la seconde sous-hypothèse ?
2.2.2.2. Lors de l’accompagnement d’un résident, les aides-soignants mettent à distance leurs émotions.
Ici, il faut avant tout signaler que ce n’est pas parce que les aides soignants ont des émotions que cela constitue un point faible. Inversement à cela, ce n’est pas parce que les aides soignants ont des émotions que cela constitue forcément un point fort. En fait, l’idéal serait la conciliation entre la profession d’aide-soignant et la nature humaine du point de vue sentimental et émotionnel. Comme le dit le cadre de santé : « on s’attache au personne, il faut le dire. Il ne faut pas dire ben voilà faut de la distance oui de la distance faut pas non plus être complètement déstabilisé lors d’un décès parce qu’on a des décès…». Cette gestion est quand même importante d’autant plus qu’elle permette d’optimiser l’accompagnement d’un résident. En effet, dans nos analyses exploratoires, nous avons eu affaire à 02 cas de figures : d’une part ceux qui ont des affinités avec les résidents et d’autre part ceux qui ne veulent pas en avoir :
En ce qui concerne ceux qui ont eu des affinités avec des résidents, ils ne sont pas du tout blâmer parce que de toute façon, il y a automatiquement un attachement sur le long terme. Par exemple, lors de l’entretien n°1, un agent de service hospitalier a évoqué que : « Il y a des gens à qui on s’attache ; on ne devrait pas mais on est obligé. Quand on a 20 ans là, on est obligé de s’attacher. Des fois ça fait mal ». Quant à l’aide soignant de l’entretien n° 7, l’attachement peut se révéler plutôt intense : « ça fait mal au cœur car c’est une personne, qui m’aimait bien mais, à chaque fois, mon petit bisou le matin et tout ça, ça fait mal au cœur ». Dans ces circonstances, il n’est pas vraiment facile de s’en remettre, surtout lorsqu’il s’agit d’annoncer la mort à la famille. La psychologue, de son côté, a également raconté le cas d’une aide soignante qui a mal vécu le décès d’un résident : « Et là, effectivement, pas bien du tout au moment du décès d’une dame et finalement en discutant un peu avec elle, c’était pas le décès de cette dame qu’elle n’avait pas bien vécu mais c’était le décès d’une dame qui s’était passée quelque mois auparavant et du coup, ce second décès faisait reviviscence de ce qui en fait s’était passé au premier décès et le transfert qu’elle avait fait à ce moment-là ».
Pour le cas des aides soignants qui n’ont pas eu d’affinités avec les résidents, le détachement est effectivement plus facile. Pour illustrer cela, nous pourrions prendre un extrait de l’entretien n°3 : « c’est vrai qu’on n’a pas forcément un attachement avec les personnes. Il y en a une qui décède, quelqu’un d’autre prend sa place…on n’a pas le même attachement que les familles, je veux dire, on a un certain attachement mais aussi on a un détachement, qu’il faut avoir aussi ici ». Pour ces aides soignants, il s’agit d’une fin moins grave et inévitable d’autant plus que les résidents étaient des personnes âgées qui se préparaient justement pour affronter la fin de vie.
Sinon, nous avons également eu l’occasion d’avoir affaire à un cas extrême, selon lequel le suicide était même considéré comme étant une solution à l’égard du soignant. En effet, il s’agit de l’entretien n°6 : « …Elle avait plus de 90 ans, je me demande si ce n’était pas 99 et elle a dit au médecin, ce n’est pas la peine de me remettre des médicaments, je ne les pendrai plus. J’ai décidé que c’était comme ça. Eh ben elle est décédée 8 jours après hein… Impeccable, ça c’est génial ». L’utilisation du terme « génial » fait justement référence à l’admiration. Nous pourrions donc penser que pour certains aides soignants, il était mieux de mourir que de souffrir plus longtemps. Et nous pourrions douter que ce genre de personnes fasse en sorte de prévenir efficacement les risques de dépression et de suicide des personnes âgées.
Ainsi, avoir des émotions n’est pas signe de faiblesse. Au contraire, cela permettrait dans son ensemble de prévenir les risques suicidaires. Sinon pour confirmer notre hypothèse, la mise à distance est conditionnée par les liens d’affinités qui existent entre le résident et l’aide soignant.
En résumé, les aides soignants sont à même d’adopter un processus de régulation entre la prévention du risque suicidaire et les stratégies de protection mises en place, mais ce de manière partielle et conditionnelle, étant donné le manque de formation et la présence systématique d’affinités dans le cas de longues carrières.
Ayant connaissance des points forts et des points faibles de la perception, du rôle et des compétences des aides soignants en EHPAD, quelles solutions mériteraient d’être retenues sur le long terme et sur le plan interne, notamment par les aides-soignants ?
3. Les perspectives d’optimisation du repérage des risques suicidaires des personnes âgées en EPHAD par les aides-soignants :
Il s’agit ici d’apporter des recommandations et des solutions à l’amélioration de la gestion des risques suicidaires par les aides-soignants, sachant que ces derniers jouent un grand rôle dans l’accompagnement des personnes âgées en EHPAD. En effet, étant donné les multitudes de faiblesses qui ont été énoncées, notamment en matière de dévalorisation et de mauvaises conditions de travail, les solutions et les recommandations devraient être nombreuses. Mais les solutions qui nous intéresseront concernent les mesures qui permettront directement d’améliorer la capacité des aides-soignants à gérer efficacement et sans encombre les risques suicidaires et de dépression en EHPAD, et ce, tant sur le plan matériel que relationnel.
Ainsi, il s’agit d’aborder respectivement les solutions de la manière suivante :
- Dans un premier temps, il conviendrait de leur faire connaître les outils de repérage et d’évaluation des risques suicidaire par le biais des formations.
- Dans un second temps, il y a lieu de mettre l’accent sur la capacité d’écoute des aides-soignants, notamment lors des moments privilégiés.
3.1. Les outils de repérage et d’évaluation des risques suicidaires à utiliser:
Sachant que pour certaines personnes âgées, il existe peu d’opportunités de détection des signes suicidaire et que le passage à l’acte a lieu très peu de temps après la survenue du facteur déclencheur, il est d’une importance primordiale que les aides-soignants élargissent leur champ de compétences quant au repérage du risque suicidaire.Tel est l’intérêt de l’évaluation des risques suicidaires[90] :
- D’une part, il existe la « mallette dépression », qui consiste justement à traiter la dépression chez les sujets âgés ( Annexe V). En fait, il s’avère important de prendre en considération cet outil, sachant que la dépression constitue un des plus gros pourvoyeurs de risque suicidaire chez les sujets âgés, avec 60 à 70%[91] des symptômes dépressifs. Ainsi, par le biais de cet outil, la dépression se mesure à l’aide de l’échelle de dépression gériatrique (GDS) ou encore la Mini-GDS qui semble être l’échelle d’auto-évaluation de référence. Toujours est-il qu’il s’agit d’un outil le plus souvent utilisé en absence d’un syndrome démentiel diagnostiqué. Par contre, en présence d’une démence sévère ou modéré, l’outil le mieux adapté est l’échelle de CORNELL. Ces outils sont employés lors de changements de comportements ou de l’humeur lors des trois premiers mois qui suivent l’intégration en EHPAD.
Après confirmation du diagnostic par le médecin traitant, ce dernier peut prescrire un traitement médicamenteux pour traiter la dépression avérée. Par ailleurs, l’équipe soignante, en collaboration avec le psychologue, peut décider d’entamer une prise en charge spécialisée non médicamenteuse, et ce dans le cadre d’un projet personnalisé.
D’autre part, il existe également le dépistage, l’évaluation et la prise en charge du risque suicidaire en EHPAD, dont l’outil d’évaluation est appelé le RUD[92]. En effet, après la détection des facteurs précipitant et des signes d’alerte par l’ensemble du personnel, les professionnels procèdent à l’évaluation du risque suicidaire. A propos, cette évaluation est appréciée à trois niveaux, selon que le risque soit faible, moyen ou fort, tout en tenant compte effectivement :
- Des facteurs de risques et des facteurs protecteurs.
- De l’urgence du risque, qui témoigne de l’imminence de la situation
- Da la dangerosité du risque caractérisée par l’accessibilité et la létalité des moyens utilisés.
Ces trois dimensions de l’évaluation du risque suicidaire sont en fait inscrites dans la grille d’évaluation RUD (Cf. Annexe VI).
Il en découle que les moyens de prévention varient en fonction de l’ampleur du risque suicidaire chez le sujet âgé :
- Lorsque le risque est faible, une simple surveillance de la part des soignants, ainsi qu’en entretien de soutien à la personne suicidaire suffisent pour remédier aux intentions suicidaires et aux signes de dépression.
- Lorsque le risque est moyen, aux prises en charge précédentes s’ajoutent un traitement psychotrope plus efficace, une surveillance renforcée et une sécurisation de l’environnement du patient.
- En ce qui concerne les risques élevés, il est évident qu’une hospitalisation s’impose. Et même dans ce cas, la surveillance est accrue et un protocole de sécurisation de l’environnement est mis en place.
Toujours est-il que la surveillance, ainsi que la sécurisation de l’environnement fait également partie des rôles de l’aide-soignant. En tout cas, quel que soit le degré de risque, la prévention en EHPAD inclut la collaboration des médecins personnels comme coordonateurs, ainsi qu’une réévaluation du risque suicidaire, excepté dans le cas d’une urgence.
Outre l’évaluation des risques suicidaires, un renforcement du sens de l’écoute s’impose afin d’en optimiser le repérage. Tel est l’intérêt du paragraphe suivant.
3.2. Le comportement à adopter :
Face aux intentions suicidaires des personnes âgées et aux sentiments de mal-être que certains expriment, il convient de mettre en avant, des techniques d’écoute et de communication, qui consisteraient à mettre la personne âgée en confiance, celle-ci ayant besoin d’exprimer ses peines et ses angoisses, et d’être considérée comme un individu à part entière. Ainsi, dans un objectif de restauration de l’estime de soi et de préservation du lien social, les aides-soignants devraient :
- Repérer les gestes et la verbalisation explicite des idées suicidaires. Lorsque les allusions sont implicites, il ne faudrait pas hésiter à reformuler les intentions suicidaires et faire préciser le type de scénario que le sujet pourrait envisager.
- Etre ouverts à toute conversation concernant la mort et l’envie de mourir. En effet, il faut aussi savoir que si les confidences du sujet âgé restent isolées, ils ne traduisent pas forcément une volonté réelle d’en finir avec la vie mais plutôt une préoccupation sur la fin de leur vie.
- Conseiller les personnes âgées d’en parler à des professionnels, notamment le psychologue, le psychiatre et le médecin. Les ressources internes comme externes devraient être mobilisées pour évaluer la situation ou prendre le relais de la gestion de la crise suicidaire.
- Faire preuve d’esprit d’équipe dans ces cas à risque. Autrement dit, ce ne serait pas l’idéal de porter seul l’accompagnement.
- Tenir compte des protocoles d’urgence dans la mesure où il y aurait urgence suicidaire. Dans ce cas en fait, il existe bien des gestes et des paroles privilégiés qui permettraient de rassurer et de raisonner le suicidant, telles que l’évocation de l’entourage de la personne âgée, notamment ceux qui semblent proches comme les petits enfants ou les enfants.
- Soutenir moralement le sujet qui aurait tenté de se suicider afin d’éviter d’éventuelles récidives. Ceci n’est pas seulement le travail du psychologue.
Parallèlement à cela, il s’agirait de ne surtout pas de banaliser ni dramatiser, ni juger les propos du sujet âgé. En effet, les aides-soignants devraient adopter un comportement plutôt neutre et donner des conseils réalistes et professionnels, qui en même temps, ne tendent pas à les infantiliser. Par exemple, certains aides-soignants pensent qu’ils ne pourraient plus rien faire à une personne âgée qui désire se suicider. Mais bien au contraire, la reconnaissance de la souffrance psychique du suicidaire en question pourrait lui permettre d’envisager autrement son avenir.
Toutes ces mesures devraient être entreprises dans le respect et l’empathie envers la personne âgée. Et c’est ainsi que s’achève notre étude. Avant d’aborder la conclusion de notre recherche, il conviendrait de faire un résumé de ce chapitre.
Les différentes enquêtes qui se sont basées sur des méthodes exploratoires et des guides d’entretiens ont permis de mettre en avant le profil des aides-soignants, ainsi que le rôle et les compétences des aides-soignants face à la gestion des risques suicidaires, sans oublier les enjeux du métier qu’il faudrait maitriser.
En effet, il a été constaté que le métier d’aide-soignant était un métier plutôt féminisé et peu valorisé par l’extérieur, notamment les familles des victimes. Toutefois, les aides-soignants peuvent s’y inscrire sur une longue durée et profiter des avantages relationnels qui peuvent s’offrir dans le cadre du projet de vie des personnes âgées, de façon à assurer leurs soins et leur accompagnement au quotidien. Toutefois, cela ne parait pas toujours évident lorsqu’il s’agit des personnes atteintes de troubles psychologiques ou psychiques. Au contraire, la tâche s’avère être d’autant plus dure, qu’il arrive même que ces personnes adoptent des comportements et des attitudes suicidaires. A propos, certains signaux d’alerte ne sont pas très difficiles à détecter mais en raison de l’impuissance des aides-soignants face à la situation, ces derniers ne peuvent que chercher à renforcer leur compétence.
Ainsi, il conviendrait qu’ils participent à des formations qui leur permettraient de connaître les outils nécessaires au repérage des risques suicidaires et d’adopter des comportements professionnels, qui privilégieraient le sens de l’écoute et renforce celui de l’observation.
CONCLUSION
Le premier chapitre a permis de mettre en évidence le contexte général du sujet qu’est le risque suicidaire des personnes âgées ; son champ d’application qui concerne l’environnement de l’EHPAD, ses résidents et son personnel ; les concepts psychologiques et sociologiques clefs ; les chiffres clefs qui ne font que tirer la sonnette d’alarme quant au taux de suicide des personnes âgées, y compris en établissements ; ainsi que la réponse de la littérature quant au comportement et les attitudes des aides-soignants face au risque suicidaire des personnes âgées. En effet, étant donné les conditions de travail parfois difficile dans lesquelles évoluent les aides soignant, c’est-à-dire face à la pénurie de personnel et le manque d’infrastructures adaptées, il n’est pas vraiment étonnant que certains sujets âgés, en plus de leur perte d’autonomie et de leur dépendance, souffrent de maltraitances sous toutes ses formes. Toutefois, ces maltraitances peuvent conduire à la réalisation d’actes suicidaires et en conséquence à la prolifération des risques suicidaires, le sujet étant plus considéré comme un objet et non une personne. Et quand le taux de suicide des personnes âgées à partir de 65 ans devient plus important que celui des jeunes adolescents en pleine crise, cela ne devrait pas laisser les EHPAD indifférents, notamment dans la détection des signaux d’alerte et des facteurs de risque, dont les importants sont les signes de dépressions. Mais toujours est-il que la crise suicidaire des personnes âgées n’est pas toujours très manifeste et les aides-soignants ont plutôt une image négative de la vieillesse, de telle sorte que certains finissent par croire qu’il s’agit d’un acte légitime. Par contre, il arrive également que les soignants, tout, comme les résidents traversent des étapes de deuils. Ainsi, les soignants ont mis en place des mécanismes de défense pour gérer leurs émotions.
Par rapport à cela, notre second chapitre, en fonction des revues de littérature, et de l’aperçu de la situation constaté sur terrain, a mis en évidence notre problématique principale qui consiste justement à savoir si les aides-soignants ont mesuré l’importance de leur rôle dans la gestion des risques suicidaires en EHPAD. Cette problématique, qui découle des questionnements sur les compétences des aides-soignants et les impacts des risques suicidaires, tendent à expliciter deux hypothèses principales qui supposent d’une part la compétence et l’implication des aides-soignants dans le repérage des risques suicidaires des personnes âgées de par leur formation et leur motivation, et d’autre part la capacité des aides-soignants à participer un processus de régulation entre la prévention du risque suicidaire et les stratégies de protection mises en place, de manière à assumer pleinement leurs responsabilités.
Afin de pouvoir apporter des éléments de réponse à la problématique, toute en confrontant la théorie à la pratique, le dernier chapitre a consisté en une enquête exploratoire visant à collecter et à analyser les avis des différents professionnels quant aux rôles joués par les aides-soignants, ainsi que leur compétence en matière de gestion de risques suicidaires. Il s’ensuit que la motivation est présente et que les rôles des aides-soignants sont d’une importance primordiale en EHPAD, non seulement parce qu’ils constituent la base du travail, mais encore parce qu’ils peuvent passer des moments privilégiés avec les résidents, dans le cadre de la réalisation de leur projet de vie. Toutefois, les enquêtes ont confirmé le fait qu’il n’est pas toujours facile d’accompagner des résidents atteints de troubles. En ce qui concerne la gestion des risques suicidaires, leur champ de compétence réside surtout dans la capacité à transmettre les signaux d’alerte aux professionnels compétents dans le traitement des états dépressifs et la distinction des différentes pathologies. Par contre, les aides-soignants sont en perte de moyens face à certains de ces résidents qui désirent continuellement se suicider. Autrement dit, ces derniers ne savent quel comportement adopter à leur égard ni quoi dire pour leur conforter. Ainsi, cet justement dans cette optique que devrait s’orienter la recherche de solutions. Pour être plus précis, il conviendrait d’une part de former les aides-soignants au repérage des risques suicidaires et des états dépressifs, et ce par le biais d’outils adéquats qui permettraient de prévenir et d’évaluer les risques suicidaires, tant au niveau de la dangerosité que du degré d’urgence ; et d’autre part de leur inculquer les comportements à adopter en fonction de chaque situation, en privilégiant l’écoute active, le respect, l’empathie, et le professionnalisme.
En réponse à la problématique, il conviendrait donc de dire que les aides-soignants sont plus que conscients de leurs rôles dans la gestion des risques suicidaires. Toutefois, la question ne se trouve pas là. Il s’agit surtout de leur donner les moyens pour qu’ils puissent optimiser leur contribution dans la gestion des risques suicidaires en EHPAD, sachant qu’ils soient déjà à même de gérer leurs émotions face aux différentes situations qui peuvent se présenter. Ainsi, nous pouvons confirmer l’hypothèse que d’une part, les aides-soignants sont moins compétents et plus impliqués dans la gestion et la prévention des risques suicidaires des personnes âgées, du fait de leur sens de l’observation et de leur écoute ; et que d’autre part, les aides-soignants sont partiellement et conditionnellement à même d’adopter un processus de régulation entre la prévention du risque suicidaire et les stratégies de protection mises en place au sein de l’équipe pluridisciplinaire.
Force est de constater que cette étude a été très enrichissante dans la théorie comme dans la pratique, d’autant plus qu’elle a permis de donner une toute autre vision de l’EHPAD et du métier d’aide-soignant. En effet, l’EHPAD peut être perçu comme étant un lieu pour bien vieillir et être accompagné constamment dans les dernières années de la vie. Ce qui permettrait de donner toute sa considération au métier d’aide-soignant. Toutefois, les limites de notre étude réside dans le fait qu’elle n’ait pas permis d’en savoir plus sur les aides-soignants qui ont des formations antérieures en matière de risque suicidaire. Autrement dit, nous n’avons pas pu choisir les aides-soignants en fonction de leur compétence en matière de repérage des risques suicidaires, mais surtout en fonction de leurs disponibilités, de leurs désirs de participer à l’étude. De plus, les avis sont très biaisés dès lors que le sujet du suicide soit une discussion plutôt taboue en institutions. Les limites de l’étude consistent aussi dans le fait que l’enquête se soit déroulée dans un seul EHPAD.
En outre, nous pouvons constater qu’aujourd’hui, les conditions et les motifs d’entrée en EHPAD sont plutôt particulières, sachant que les personnes âgées désirent rester chez elles le plus longtemps possible, et que l’espérance de vie sans dépendance tend à augmenter en raison de l’amélioration de l’état global de leur état de santé, sans oublier le fait qu’il existe de plus en plus de services à domicile en faveur des personnes âgées. Ainsi, le recours aux maisons de retraite se fait de manière plus tardive, à tel point que certains y recourent pour des raisons d’urgence. Mais toujours est-il que quel que soit le motif d’entrée en EHPAD, cela reste toujours un choc pour les personnes qui le subissent, car la plupart du temps, l’entrée ne résulte pas d’un choix volontaire. Et pour tout dire, cela ne fait qu’augmenter le risque suicidaire des personnes âgées. La difficulté de la situation est que les personnes âgées ne manifestent pas toujours leurs souffrances, et qu’en plus, le processus suicidaire varie en fonction de la personnalité de chaque individu. Autrement dit, la crise suicidaire, n’est pas standardisée.
En définitive, si l’entrée en EHPAD été mal préparé par les soignants ou la famille, il peut engendrer un acte suicidaire ou provoquer un symptôme de glissement. Ce qui revient à dire que le placement en maison de retraite préserve l’âgé du suicide dans la mesure où les soins sont adaptés et l’environnement surveillé. D’ailleurs, le fait de vieillir est une dernière occasion de mesurer combien la vie est intéressante et précieuse. Ainsi, la personne âgée qui sache relever le défi est capable de faire face à tous les moments de la vie.
Sinon, en qui ce concerne les services à domicile pour personnes âgées, est-il possible d’élargir le repérage des risques suicidaires à domicile ?
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Annexe I : La grille AGGIR
Cette évaluation sert à positionner la personne âgée dans un Groupe Iso-Ressources (GIR) :
Annexe II : Guide d’entretien adressé aux aides soignants, agents de service hospitalier et infirmiers
- Quelle est : votre âge, diplôme, parcours professionnel, fonction, ancienneté dans la profession, dans le service ?
- Est-ce un souhait de votre part de travailler auprès des personnes âgées en EHPAD ?
- Comment définissez-vous votre travail de professionnel d’EHPAD? Vous sentez vous reconnu ?
- Avez-vous connaissance du projet de vie des résidents dont vous vous occupez? Contribuez-vous à son élaboration ? A quel moment ? Avec qui ?
- Dans votre pratique, comment considérez-vous le moment de la toilette ? (un moment privilégié où la personne âgée va pouvoir se confier)
- Avez-vous déjà rencontré des situations difficiles à gérer ? Lesquelles ? Comment avez-vous fait pour les surmonter ?Quel a été votre ressenti ?
Quels moyens sont à votre disposition pour gérer vos émotions face à la problématique de la fin de vie ?
- Avez-vous vous déjà entendu parler de la problématique du suicide des personnes âgées ? des personnes âgées en EHPAD ? Qu’en pensez-vous ?
- Avez-vous rencontré une situation de suicide en EHPAD ? Vous souvenez vous comment a été gérée la situation ? Quelles difficultés ont été rencontrées à ce moment ?
- Quand avez-vous l’impression d’être face à des idées suicidaires exprimées par les résidents ?
Les résidents vous confient parfois verbalement ou par leur changement de comportement leur lassitude de vivre. Avez-vous le sentiment d’être confronté à des idées suicidaires ? Que faites-vous de ces propos verbaux ou non ?
- Que savez-vous du syndrome de glissement ? des exemples de situation
- Quelles formations avez-vous faites ? Une formation sur la dépression, le risque suicidaire des personnes âgées peuvent elles vous aider dans votre pratique ? Est-ce que cela vous intéresse ? (Mobiqual)
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Annexe III : Guide d’entretien adressé au psychologue
- Quelle est : votre âge, diplôme, parcours professionnel, fonction, ancienneté dans la profession, dans le service ?
- Quel est votre rôle, fonction, place au sein de l’EHPAD
- De quelle manière le travail des soignants est-il valorisé ? Pensez-vous qu’ils se sentent valorisé dans leur travail ?
- Comment se déroule l’élaboration du projet de vie ? implication de l’ensemble de l’équipe ? A quel moment dans la prise en charge ? Le projet de vie inclut il celui de la fin de vie ?
- Pensez-vous que les soignants passent des moments avec les résidents qui puissent permettre une relation privilégié ?
- Quel est votre avis sur les difficultés rencontrées par les soignants dans la prise en charge du résident ? Evoque-t-il facilement avec vous leur ressenti ? A quel moment ?
- Avez-vous vous déjà entendu parler de la problématique du suicide des personnes âgées ? des personnes âgées en EHPAD ? Qu’en pensez-vous ?
- Quelle place avez-vous dans la prise en charge d’un résident qui souffre de dépression ? Pensez-vous que les personnes âgées soient plus dépressives en EHPAD ? Proportion ? Les soignants vous alertent il sur des comportements ou propos suicidaires ? Les résidents parlent ils facilement de leur souffrance psychique ? Exemples
- Avez-vous rencontré une situation de suicide en EHPAD ? Vous souvenez vous comment a été gérée la situation ? Intervention d’une personne extérieure ? Quelles difficultés ont été rencontrées à ce moment ? Comment l’équipe a géré la situation ? et au niveau individuel ?
- Quand avez-vous l’impression que les soignants sont face à des idées ou conduites suicidaires exprimées par les résidents ? Les soignants évoquent ils avec vous des situations où la personne semble entrer dans un syndrome de glissement ? Comment cela est-il géré ?
- Pensez-vous que les soignants ont reçu la formation nécessaire leur permettant de repérer les signes de la dépression ? du risque suicidaire ? (Mobiqual)
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Annexe IV : Guide d’entretien adressé au cadre de santé
- Quel est : votre âge, diplôme, parcours professionnel, fonction, ancienneté dans la profession, dans le service ?
- Est-ce un souhait de votre part d’encadrer une équipe d’EHPAD ?
- Comment sont recrutés les aides-soignants (AS et ASH) en EHPAD ? Compétences particulières ?
- Existe-t-il un turn over important des AS ? Ancienneté moyenne ? Arrêt de travail ?
- A votre avis, les AS se sentent elles valorisées dans leur travail ? De quelle manière ?
- Quel est le rôle de l’AS dans l’élaboration du projet de vie du résident ? Comment cela se passent ils ? Rencontrent-ils des difficultés particulières ?
- Les AS ont-ils l’occasion d’avoir des moments privilégiés avec les résidents, favorisant ainsi leur expression ?
- Les AS rencontrent ils des situations difficiles à gérer (syndrome de glissement)? l’expriment-ils facilement ? Quels moyens sont à leur disposition ? Comment arrivent-ils à gérer leurs émotions ? Existe-t-il un rituel de séparation lors du décès d’un résident ?
- Avez-vous vous déjà entendu parler de la problématique du suicide des personnes âgées ? des personnes âgées en EHPAD ? Qu’en pensez-vous ? Explication ?
- Avez-vous rencontré une situation de suicide en EHPAD ? Vous souvenez vous comment a été gérée la situation ? Quelles difficultés ont été rencontrées à ce moment ?
- De quelle manière, les soignants repèrent ils les signes de la dépression chez le résident ? Quant est ce qu’ils s’alertent et transmettent ? Rencontrent-ils des difficultés ?
- Qui administre les traitements ? Les AS ont-ils connaissance des médicaments ? Quel est le pourcentage de résidents sous ATD ?
- Les aides-soignants sont-ils formés à la problématique dépressive du sujet âgé ? Pourquoi ?
- Avez-vous en votre possession la mallette Mobiqual (INPES) ?
- Souhaitez-vous ajouter un commentaire ?
Annexe V : L’évaluation de la dépression chez la personne âgée en EHPAD
Annexe VI : La grille d’évaluation RUD
ANALYSE DU RISQUE | |||
Les principaux facteurs de risque | Les principaux facteurs protecteurs | ||
– Antécédents connus de tentatives de suicide
– Psychopathologie – Vulnérabilité psychique – Événements de vie – Éléments médicaux – Signes cliniques |
– Un environnement social et familial propice
– Un sentiment de responsabilité vis à vis d’un proche – La crainte de la désapprobation sociale – Une capacité à maintenir des investissements et à conserver la faculté à éprouver du plaisir – La peur de la mort – Des références morales ou religieuses – Une prise en charge thérapeutique adaptée |
||
ANALYSE DE L’URGENCE | |||
Urgence faible | Urgence Moyenne | Urgence Elevée | |
– Absence de scénario précis
– Mise en place de stratégies pour faire face à la crise – Absence de troubles anormaux – Existence d’un lien de confiance avec les soignants – Quête de communication – Recherche des solutions aux problèmes rencontrés |
– Fragilité de l’équilibre émotionnel
– Clarification des intentions suicidaires – Planification de scénarios – Volonté de recours au suicide pour apaiser la souffrance – Expression d’un sentiment de désespoir
|
– Planification de scénarios
– rationalisation de la décision ou manifestation d’une grande agitation – Expression d’un sentiment de désespoir et d’isolement profond – Existence d’un accès direct et immédiat à un moyen de se suicider – Expression d’un sentiment d’obstination face à la recherche de solutions
|
|
ANALYSE DE LA DANGEROSITE | |||
Dangerosité du scénario suicidaire | Dangerosité du lieu de vie | ||
– Evaluation du niveau de souffrance
– Evaluation du degré d’intentionnalité – Détermination de la présence d’éléments d’impulsivité – Détermination de l’existence de facteurs précipitant |
– Examen des modes opératoires possibles
– Observation de la chambre et lieux de vie |
||
[1] EHPAD : Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes.
[2] NAU Jean- Yves, Mourir dans un Ehpad : les ARS à la question, Le Point, presse quotidienne régionale 12 septembre 2013.
[3]http://www.ehpadeo.org/
[4]MORA Peggy, Le risque suicidaire chez le sujet âgé, Paris, 2007. p1. http://www.sos-suicide-phenix.org/media/020pm_lrsclsa_1__051241700_0508_14112010.pdf
[5]Ibid.
[6]http://www.lesmaisonsderetraite.fr/emplois/les-metiers-en-maison-de-retraite.htm
[7] ARAMIS, Service de prévention du suicide, Clermont-Ferrand, novembre 2013. http://aramis.adessadomicile.org/files/2010/07/Programme-formation-pr%C3%A9vention-du-suicide-2013.pdf
[8] Société Française de Gériatrie et Gérontologie, Recommandations de bonnes pratiques professionnelles : Évaluation et prise en charge des personnes âgées faisant des chutes répétées, avril 2009, 76 pages. http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2009-06/chutes_repetees_personnes_agees_-_argumentaire.pdf
[9] DOUMONT D., LIBION Fr., DECCACHE A., Les personnes âgées et leur santé : Besoins, représentations, comportements,… (2ème partie), Faculté de médecine UniversitéCatholique de Louvain-RESO. Juin 1999, (21p). www.uclouvain.be.
[10] Circulaire Laroque, 1986.
[11]MORA Peggy, Le risque suicidaire chez le sujet âgé, 2007. http://www.sos-suicide-phenix.org/media/020pm_lrsclsa_1__051241700_0508_14112010.pdf
[12]VERCHEZER Valérie, Le bénévole d’accompagnement du grand âge en EHPAD : acteur et diffuseur d’une culture du « prendre soin citoyen » jusqu’à la fin de la vie, Mémoire, mai 2011, 91 pages.
[13] Loi n° 75-535 du 30 juin 1975 relatives aux institutions sociales et médico-sociales. http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000699217
[14] BENATTAR Linda, Projet de soins / Projet de vie / Projet d’établissement, DIU Médecin Coordinateur PARIS V, janvier 2007, 09 pages.
[15] Définition de l’OMS de la qualité de vie : « la perception qu’a un individu de sa place dans l’existence, dans le contexte de la culture et du système de valeurs dans lesquelles il vit, en relation avec ses objectifs, ses attentes, ses normes et ses inquiétudes ».
[16] Les sept outils de développement de l’action sociale et médico-sociale sont : la charte des droits et libertés de la personne accueillie, le contrat de séjour, le médiateur, le règlement de fonctionnement, le conseil de vie sociale, le livret d’accueil et le projet d’établissement.
[17] Il n’est pas toujours de la volonté des résidents d’intégrer un EHPAD ou une maison de retraite.
[18]Brigitte BROCCA, La Fondation de France, 1994-2008: une aventure très humaine, Perrin, 2009, p.262.
[19] Nadège PLANSON, La définition normative des résidents en maison de retraite et le travail de leurs personnels, Volume 40, 2000, p. 79.
[20]DREES, PREVOT Julie, Les résidents des établissements d’hébergement pour personnes âgées 2007, Etudes et Résultats, N°699, août 2009
[21]Jérôme PELLISSIER, Yves GINESTE, Humanitude: Comprendre la vieillesse, prendre soin des hommes vieux, Armand Colin, 2007, p. 123.
[22]ARS Rhône-Alpes, Référentiel pour votre pratique : Activités et compétences pour l’accompagnement en gérontologie des professionnels de niveau V, novembre 2013, 36 pages.
[23] Les styles de management sont : le style pyramidal ou monarchique, le management explicatif, le management par principe de délégation, le management participatif et le management adaptatif.
[24] Les maisons de retraite privées, ainsi que les établissements associatifs sont gérées par exemple par des caisses de retraite, des groupes privés spécialisés, ou des fondations, tandis que les maisons de retraite publiques sont gérées par la Commune ou le Département. Ainsi, le tarif est fixé par le Conseil Général de la région en question. Par ailleurs, les résidents vulnérables financièrement peuvent bénéficier d’une aide sociale appropriée.
[25]http://droit-finances.commentcamarche.net/contents/14 60-tarifs-et-admission-en-ehpad-ou-maison-de-retraite
[26] ANESM, Recommandation de bonnes pratiques professionnelles : Qualité de vie en Ehpad (volet 3), 45 pages.
[27]Décret n°97-427 du 28 avril 1997 portant application de certaines dispositions de la loi n° 97-60 du 24 janvier 1997 tendant, dans l’attente du vote de la loi instituant une prestation d’autonomie pour les personnes âgées dépendantes, à mieux répondre aux besoins des personnes âgées par l’institution d’une prestation spécifique dépendance
[28]Décret n° 2001-1085 du 20 novembre 2001 portant application de la loi n° 2001-647 du 20 juillet 2001 relative à la prise en charge de la perte d’autonomie des personnes âgées et à l’allocation personnalisée d’autonomie
[29]http://www.capretraite.fr/la-dependance-en-ehpad-2023-2019-49.html
[30]ARS, Projet Régional de Santé d’Ile-de-France, Synthèse, Paris, 2012, p. 69 http://prs.sante-iledefrance.fr/wp-content/uploads/2012/09/ars-idf-prs-synthese-generale.pdf
[31]http://blog.marketing-seniors.com/2012/02/plaidoyer-pour-les-personnes-ag%C3%A9es-par-alma-adilon-lonardoni.html
[32]http://www.efficience-ergonomie.com/dotclear/index.php?2009/05/27/59-conditions-travail-maisons-retraite
[33]Pierre CANOUÏ, Aline MAURANGES, Anne FLORENTIN, Le syndrome d’épuisement professionnel des soignants, MASSON, 4ème édition, 2008, 256 pages.
[34]http://www.maisons-de-retraite.fr/Ehpad/Les-metiers-du-grand-age/Les-metiers-soignants/Aide-soignant
[35]MORA Peggy, Le risque suicidaire chez le sujet âgé, 2007, p.7.
[36] Conférence, Fragilité et fin de vie, Master Politiques gérontologiques, 6 juin 2011.
[37]LUQUET Valérie, La fragilité : un concept gérontologique ?, Documents CLEIRPPA, Cahier n°39, août 2010.
[38] Hervé MCHEL, Approche internationale des notions de fragilité et de vulnérabilité des personnes âgées, décembre 2011, p .11.
[39]MAROYER. A., Bientraitance et maltraitance en EHPAD, juin 2013, 37 pages.
[40]VERCHEZER Valérie, Le bénévole d’accompagnement du grand âge en EHPAD : acteur et diffuseur d’une culture du « prendre soin citoyen » jusqu’à la fin de la vie, Mémoire, mai 2011, 91 pages.
[41] VAN VYVE M., La notion de suicide, Louvain, Revue Philosophique, 3ème série, Tome 52, N°36, 1954, pp 593-618.
[42] VAN VYVE M., La notion de suicide, Louvain, Revue Philosophique, 3ème série, Tome 52, N°36, 1954, p 593.
[43] Dictionnaire de l’académie Française, le Dictionnaire général de la langue française, le dictionnaire de la bible, le Littré et le Larousse
[44]CNBD (Comité National pour la Bientraitance et les Droits des Personnes Agées et des Personnes Handicapées), « Prévention du suicide chez les personnes âgées », mai 2013, 74 pages.
[45]DURKHEIM E., Le suicide, Paris, Editions Payot et Rivages, 2009 (1ère éd. : Le suicide, Paris, Alcan, 1897).
[46]CAMUS A., Le mythe de Sisyphe, Folio Essais, 2013(1ère éd. : Le mythe de Sisyphe, Paris, Galimard, 1942)
[47]JALENQUES I, GALLARDA T, VAILLE-PERRET E. Suicide chez les sujets âgés, in JP Clement ed, Psychiatrie du sujet âgé, Flammarion 2ème édition, 2009.
[48]VANDEVOORDE J., Psychopathologie du suicide, Paris, Dunod, 2013,p 10.
[49] TERRA JL, Prévention du suicide en EHPAD, octobre 2012, 62 pages. http://www.amc69.fr/PDF/Suicide-EHPAD-ARS-SHU-Diaporama-FORMATION.ppt.pdf
[50] GONZALEZ Nathalie, Prise en en charge des suicidants adultes : le point de vue de l’urgentiste, 2006.
[51]MORA Peggy, Le risque suicidaire chez le sujet âgé ,2007.
[52]CNBD (Comité National pour la Bientraitance et les Droits des Personnes Agées et des Personnes Handicapées), Prévention du suicide chez les personnes âgées, mai 2013, 74 pages.
[53]VANDEVOORDE J., Psychopathologie du suicide, Paris, Dunod, 2013, p 38
[54] La crise suicidaire : Il s’agit d’un processus multifactoriel réversible caractérisé par une souffrance psychique dont le risque majeur est le suicide à plus ou moins 48H. La crise suicidaire désigne alors la période où ou le suicide devient une solution alternative ou radicale pour mettre fin a sa souffrance actuelle. Selon l’ouvrage de VAN HEERINGEN, C., MARUSIC, A., “Understanding the suicidalbrain, the British Journal of Psychiatry”, 2003, la crise suicidaire est définie comme étant : « une crise psychique déclenchée par un facteur précipitant et marquée par des idées suicidaires de plus en plus envahissantes face à un sentiment d’impasse ».
[55]VANDEVOORDE J., Psychopathologie du suicide, Paris, Dunod, 2013, p 40
[56] CNBD (Comité National pour la Bientraitance et les Droits des Personnes Agées et des Personnes Handicapées), Prévention du suicide chez les personnes âgées, mai 2013, 74 pages.
[57]BATT A., CAMPEON A., LEGUAY D., LECORPS P.,Épidémiologie du phénomène suicidaire: complexité, pluralité des approches et prévention, 2007, 24 pages.
[58]DEBOUT M.,Le suicide, Paris: Ellipses; 1996.
[59] Près de 90 % des suicidés âgés souffraient d’une maladie psychiatrique.
[60] Nous verrons les détails dans la partie « les chiffres clefs sur le suicide en EHPAD ».
[61] Ce facteur va amener le sujet vers une étape de deuil qui se manifeste le plus souvent par la colère, le déni, la révolte, le marchandage, la tristesse, la résignation ou l’acceptation (Kübler-Ross, 1969).
[62]ARS, Focus sur la prévention sur la prévention des conduites suicidaires de la personne âgée, Rhône Alpes, février 2013, p.3 http://www.acjb.org/files/downloads/Focus_P.A_A4.pdf
[63]http://www.maisons-de-retraite.fr/Ehpad/La-sante-des-seniors/Depression/Suicide-ou-risque-de-suicide-chez-les-seniors
[64]MORA Peggy, Le risque suicidaire chez le sujet âgé, 2007.
[65]CNBD (Comité National pour la Bientraitance et les Droits des Personnes Agées et des Personnes Handicapées), Prévention du suicide chez les personnes âgées, mai 2013, 74 pages.
[66] TERRA: JL, Prévention du suicide en EHPAD, octobre 2012, 62 pages.
[67] Preville, M., et al., Physical health and mental disorder in elderly suicide: a case-control study, Aging Ment Health, 2005, p. 576-84.
[68] On définit le terme de «représentation» comme étant un concept fourni à la conscience pour se construire une image, une idée, et ce par les sens, la mémoire, l’imagination, la réflexion et le souvenir. Il s’agit donc d’un état de conscience qui s’est construit par la croyance, par les valeurs, par les impressions et par les expériences affectives.
[69] BALAHOCZKY Mireille, Images du grand âge : impact des représentations sociales sur les soins et l’accompagnement, pp.13-17.
[70] Source : Même source.
[71]CROYERE Nicole, Les savoirs d’expérience des aides-soignantes dans l’accompagnement de fin de vie en établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, Thèse, septembre 2013, p. 43.
[72]SEBAG LANOE Renée,Vivre, vieillir et le dire. Des hommes et des femmes âgés parlent, Editions Desclée de Brouwer, 2001, 329 pages.
[73] Société Française d’Accompagnement et de Soins Palliatifs (SFAP), Société française de Gériatrie et Gérontologie (SFGG), Les soins palliatifs en EHPAD promotion de l’amélioration de la qualité des soins palliatifs et de l’accompagnement de fin de vie, CNDR Soin-Palliatif, Paris, 2006.
[74] GRILLON Isabelle, Fin de vie d’un patient, émotions de soignants : Jusqu’à la mort, accompagnons la vie, Mémoire, juillet 2012, 47 pages.
[75] Les mécanismes de défense servent à dominer les émotions pour ne pas inquiéter le malade et surtout pour se maîtriser soi-même. En effet, à travers l’approche globale de la souffrance citée par Cécily SAUNDERS en 1967, les mécanismes de défense peuvent s’expliquer de la façon suivante : « Toute situation d’angoisse, d’impuissance, de malaise, d’incapacité à répondre à ses propres espérances ou à l’attente d’autrui, engendre en chacun de nous des mécanismes psychiques qui s’instaurant à notre insu, nous préservent d’une réalité vécue comme intolérable parce que trop douloureuse. Ces mécanismes de défense, fréquents, automatique et inconscients, ont pour but de réduire les tensions et l’angoisse dans les situations de crise et d’appréhension extrême. »
[76]COMEAU Aurélie, La souffrance totale des personnes en fin de vie, pp 4-5, http://www.uclouvain.be/cps/ucl/doc/ebim/documents/LA_SOUFFRANCE_TOTALE_DES_PERSONNES_EN_FIN_DE_VIE_Aurelie_Comeau..pdf
[77]GRINER-ABRAHAM Véronique, BOUCHE Christophe, Suicide de la personne âgée : impact sur la famille et les soignants, p. 4-5, http://www.forumsantebrest.net/IMG/pdf/SUICIDE_EN_INSTITUTION_IMPACT_ENTOURAGE.pdf
[78] ANESM, Revue de littératures relative à la qualité de vie en EHPAD, février 2010, p.5.
[79]CNBD (Comité National pour la Bientraitance et les Droits des Personnes Agées et des Personnes Handicapées), Prévention du suicide chez les personnes âgées, mai 2013, p.10.
[80]Observatoire National de la Fin de Vie (ONFV), La société face au vieillissement : Le risque d’un « naufrage social », février 2014, p. 24.
[81] Evolution des décès par suicide entre 1973 et 1997.
[82] DREES, PREVOT Julie, Les résidents des établissements d’hébergement pour personnes âgées 2007, Etudes et Résultats, N°699, août 2009.
[83] ANESM, Revue de littérature relative à la qualité de vie en EHPAD, février 2010, p.9.
[84]DÉSESQUELLES, A., BROUARD, N., Le réseau familial des personnes âgées de 60 ans ou plus vivant à domicile ou en institution, Population, volume 58, 2003, pp.201-28.
[85] ANESM, Revue de littérature relative à la qualité de vie en EHPAD », février 2010, p.10.
[86]PRÉVOT, J. Les résidents des établissements d’hébergement pour personnes âgées en 2007. Études et Résultats, août 2009, n°699, 8 p.
[87] http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/irsoc022.pdf
[88] ANESM, Revue de littérature relative à la qualité de vie en EHPAD, février 2010, p.13.
[89]DUTHEIL, N., SCHEIDEGGER, S. Pathologies et perte d’autonomie des résidants en établissement d’hébergement pour personnes âgées, Études et Résultats, n°515, août 2006 , 8p.
[90] KLAPOUSZCZAK Adrian, ABADIE Robert, Procédure de dépistage, d’évaluation et de prise en charge de la dépression et du risque suicidaire en EHPAD, p.4-6.
[91] Société Française de Gériatrie et de Gérontologie, Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie, Dépressions et symptômes dépressifs chez le sujet âgé. (Projection).
[92] Il s’agit de la grille d’évaluation des facteurs de risque suicidaire, connu sous le nom de Risque-Urgence-Dangerosité.
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