La Prise en Charge Éducative des Adolescentes Face à l’Interruption Volontaire de Grossesse : Un Défi pour les Soignants
PLAN DETAILLE
INTRODUCTION
PROBLEMATIQUE
CADRE DE REFERENCE
- Cadre contextuel
- Le rôle de l’infirmière
- Les adolescentes et la grossesse
- Cadre conceptuel
- Définition de l’IVG
- Epidémiologie et causes
- Les méthodes mises en œuvre
- Les complications
- La communication dans la prise en charge éducative
- Relation infirmière, adolescentes
- La notion d’accompagnement
- La non-communication, source de réaction défensive
METHODE DE RECUEIL DE DONNEES
- Lieu de la recherche
- Population étudiée
- Outils de recherche
- Pertinence de la méthode utilisée et difficultés rencontrées
ANALYSE ET INTERPRETATION DES DONNEES
- Analyse des résultats
- L’IVG n’a pas encore sa place dans le système de soin
- L’IVG, une activité médicale fragile
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
INTRODUCTION
En France, la grossesse des adolescents demeure toujours un grand problème d’actualité. Les médias l’affirment et les études que j’ai effectué le démontrent d’ailleurs. C’est dans ce cadre que nous comprenons que les dispositifs concernant la contraception, notamment la loi du 4 juillet 2001 relative à la contraception, à l’interruption volontaire de grossesse et à l’éducation à la sexualité, sont fragiles.
En effet, bien que le taux de grossesse précoce relevé en France, qui est de 4%, est le moins élevé par rapport aux autres pays membres de l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economique), plusieurs grossesses adolescents sont toujours enregistrées, soit 10 000 où 3000 aboutissent à des naissances et 7000 à des interruptions volontaires de grossesse (IVG).
Concernant ce dernier recours, lors de mon stage en gynécologie, dans le cadre de mon mémoire infirmier, c’est justement ce nombre important d’interruption volontaire de grossesse pratiquée par jour qui m’a marqué ; mais aussi le comportement des soignants vis-à-vis de ces patientes. Ainsi, ce qui a le plus marqué ce stage était de constater que plusieurs des patientes avaient recours à l’IVG plus d’une fois. Et cette situation m’a amené à comprendre qu’après la pratique de l’IVG les infirmières ne remplissaient pas leur rôle de conseillers et n’apportaient pas d’aide et de soutien psychologique à ces patientes, sinon la situation ne se répèterait pas autant. Effectivement, un grand problème de communication et de relationnel entre ces patientes et les infirmières s’est installé dû sans doute à la lassitude de ces dernières de voir trop souvent les mêmes patientes revenir pratiquer l’IVG.
Au fur et à mesure de mon stage et de mes prises en charge, je constatais que ce problème de communication persistait et qu’il est très difficile autant pour les patientes que le personnel soignant d’établir une relation. Aucun échange de parole, aucune forme de communication qui soit rassurant pour les patientes n’était possible.
C’est donc dans ce contexte que j’ai concentré le présent travail d’étude étant donné que le rôle propre d’une infirmière se rapporte sur la prescription ou conseil médical mais aussi et surtout sur la mise en œuvre d’une aide et d’un soutien psychologique vis-à-vis des patients.
Ce thème à tout son intérêt dans l’accomplissement de ce mémoire car c’est une expérience professionnelle qui m’a permise de comprendre la réalité et de prendre en charge ce problème.
En tant que stagiaire j’ai pu mettre en application cet important rôle de l’infirmière et a eu ainsi pour mission de prendre en charge certaines patientes. C’est pourquoi le thème de ce travail d’étude est opté vers la prise en charge infirmière, notamment la prise en charge éducative des jeunes mineures qui viennent pratiquer des IVG a répétition.
D’où la question de départ : dans quelles mesures, les IVG à répétitions et le ressenti des soignants influencent t-ils la qualité de prise en charge éducative des patientes mineures ?
Afin de mieux comprendre cette situation, nous allons dans un temps mettre au point le cadre de référence de l’étude pour donner un ensemble de connaissances ou concept relatifs à l’objet de recherche. Après cette partie, nous allons mettre en avant la méthode de recueil de données afin de voir en détail les différents outils et argumentations mis en œuvre. Pour ce faire, j’ai choisi la méthode d’entretien. Cela nous permettra de vérifier les différentes hypothèses que allons avancer. Enfin, après avoir décrit le déroulement de l’enquête, nous allons nous consacrer à l’analyse et à l’interprétation des données pour pouvoir répondre à la problématique et vérifier les hypothèses émises.
PROBLEMATIQUE
En choisissant de traiter le thème de la prise en charge des adolescentes qui procèdent régulièrement à des interruptions volontaires de grossesse, mon travail d’étude avait pour objectif de comprendre pourquoi ces jeunes tombaient régulièrement enceinte et pourquoi le travail de prévention effectué par les infirmières n’aboutissait pas à des résultats probants.
Les articles du code de la santé Public stipule pourtant que : « […] et la participation à des actions de prévention, de dépistage, de formation et d’éducation à la santé […] (Art. R. 4311-1) ; les soins infirmiers préventifs, curatifs ou palliatifs intègrent qualité technique et des relations […] » (Art. R. 4311- 2). Pour ainsi dire que l’infirmière à pour mission de participer à l’éducation des adolescents et d’améliorer leur comportement vis-à-vis de telles responsabilité. Mais au cours de mon stage en gynécologie, en deuxième année, j’ai pu constater que la pratique de l’interruption volontaire de grossesse est très fréquente avec un nombre d’intervention journalier très important. S’ajoute à cela le manque de communication et le comportement des soignants vis-à-vis des patientes.
En effet, voulant comprendre ce paradoxe, j’ai effectué quelques recherches dans les dossiers du service et a pu remarquer que régulièrement des jeunes femmes mineures étaient déjà à leur deuxième, voir même parfois, leur troisièmes interruption volontaire de grossesse. Mais encore, pour démontrer que l’IVG se pratiquait régulièrement et bien souvent avec les mêmes personnes, les dossiers ont attesté que par rapport à cet important nombre, des patientes se trouvaient à quatre dans une chambre installées sur des fauteuils alors que celles-ci étaient prévues pour accueillir deux patientes. Et quand bien même des chambres étaient libres, les infirmières du service expliquaient qu’elles étaient réservées à d’autres patientes entrante l’après midi et que le motif de leur hospitalisation était plus sérieux que celui d’une patiente venant pour une interruption de grossesse.
Comme ma mission, en tant que stagiaire, au sein du service était de prendre en charge certaines patientes, il est à préciser qu’à leur arrivée, tout un protocole était préétabli pour la mise en place du traitement : préparation pour le bloc (quand il s’agissait de la méthode chirurgicale), prise de constantes, surveillance des douleurs, des saignements et de la vérification de l’expulsion de l’embryon pour les IVG médicamenteuses. Et en attendant l’intervention, il m’est parfois arrivé d’entendre des patientes rire dans leur chambre, comme si cela était banal.
Pour mieux comprendre tout cela et suite à ces entretiens informels, j’ai interrogé le personnel. En recoupant les réponses de tout le personnel interrogé, je me suis aperçue qu’il y avait un réel problème de communication et de relationnel entre ces patientes et les infirmières. En effet, les infirmières laissent paraître de la lassitude quant à la fréquence de l’interruption volontaire de grossesse de certaines patientes. Quelques unes affirment même qu’il était inadmissible de voir des situations pareilles malgré les moyens de contraception possible. Pour ces infirmières, ce n’est plus qu’une question de routine et qu’il n’y avait rien de plus à faire que de répondre à la demande. De plus, elles affirment que de nos jours l’IVG était utilisé comme un moyen de contraception.
Au cours de ces entretiens, j’ai pu également remarquer que les infirmières ne communiquaient pas, voir même évitait tout contact avec leurs patientes. Et ayant travaillée avec plusieurs équipes différentes, je me suis aperçu que les comportements des soignants étaient similaires d’une équipe à l’autre. Une des infirmières m’a même confié que pour elle, il était difficile de travailler dans ce service, qu’elle avait fait une demande de changement de poste car elle ne supportait pas toutes ces IVG alors qu’elle était en désir de grossesse depuis plusieurs années. C’est pour cette raison qu’elle voulait éviter de s’occuper de ces patientes, préférant se tourner vers la prise en charge d’autres pathologies.
S’agissant de patientes mineures, la question qui m’a effleuré l’esprit était pourquoi les infirmières scolaires ne se mettraient pas en relation avec celles des hôpitaux pour réaliser une meilleure prévention au niveau de la sexualité dans les collèges et lycée. L’adolescente étant dans une période fragile, la communication dans le cadre familiale n’est pas toujours évidente. Les jeunes adolescentes sont souvent livrées à elles-mêmes, sans moyens d’exprimer leurs désirs. Selon la loi, (Décret n° 2002-799 du 3 mai 2002 relatif à la prise en charge anonyme et gratuite des interruptions volontaires de grossesse pratiquées sur des mineures) une jeune mineure peut avoir recours a un avortement sans que les parents ni la famille en soit informé.
Par ailleurs, le fait d’avoir prise en charge une patiente de 17 ans qui venait pour la quatrième fois m’a réellement surprise. Cette patiente m’a confié qu’elle retombait régulièrement enceinte et qu’elle craignait ne plus pouvoir avoir d’enfant. Elle disait se poser des questions après chaque intervention comme quoi, elle était sûre de ne plus avoir la chance de tomber enceinte, et que c’est principalement pour cette raison qu’elle ne se protégeait plus afin de savoir s’il y avait toujours possibilité de grossesse. La patiente m’a également confié que suite à ces IVG, elle a quand même consulté un gynécologue qui lui donnait des instructions et lui prescrivait des pilules mais que par contre, elle n’a jamais eu l’occasion de s’entretenir avec une infirmière pour en parler.
Suite à cette expérience, j’ai procédé à quelques enquêtes auprès d’un centre d’IVG où j’ai pu constater que leur prise en charge était très différente du service où j’ai effectué mon stage. En effet, les infirmières procédaient à un entretien avant et après une IVG et que l’éducation était prise en compte. Les informations que j’ai recueillies m’ont permises de constater que seul 7% du taux d’avortement représentait des avortements de mineures.
Compte tenu de toutes ces données, j’ai pris conscience de la complexité de la mission de l’infirmière et de l’importance d’un soutien psychologique aux adolescentes qui subissent une IVG.
C’est qui m’a, d’ailleurs, conduit à poser les questions suivantes :
Cette explication m’a amené à déduire, pourquoi une patiente entrant pour une interruption volontaire de grossesse n’a pas le même droit au confort qu’une autre? Le rire des patientes n’exprime-t-il pas autre chose que la joie ? Cette attitude est-elle une protection sur un point de vue psychologique pour les patientes? Pourquoi la communication est-elle difficile ? En tant qu’infirmière, n’y a-t-il pas un rôle éducatif à effectuer ? Quels pourrai être les moyens mis en place dans ces services afin d’éviter la lassitude des soignants vis-à-vis de ce type de situation? Existe t-il un soutien psychologique pour les infirmières? Le fait que les parents ne soient pas intégrés à la prise en charge lors de l’interruption de grossesse n’influe-t-il pas sur l’éducation des jeunes ? Bien que ce chiffre ne soit pas très élevé, 7% pour une mineure qui a déjà eu recours à une IVG ne peut-il pas augmenter la fréquence de ces actes par la suite ?
Et toutes ces questions m’ont permises de définir ma question de recherche qui est : « comment améliorer la qualité de la prise en charge éducative des patientes mineure par rapport au reflet de l’IVG et le ressenti des soignants ? ».
Ce qui implique l’hypothèse suivante : « Avec les moyens de contraception actuelle, plus un effort d’implication des infirmières quant à leur comportement par rapport aux patientes, la recrudescence de l’IVG pourra être contrôlée ».
CADRE DE REFERENCE
- Cadre contextuel
Dans les années 60, les femmes ressentent le besoin d’avoir des droits et se sont battues pour les acquérir. C’est ce qui a, d’ailleurs, bouleversé la France à cette époque car les femmes ont pu s’émanciper sexuellement. Dans leur bataille, elles ont obtenu la légalisation de la pilule et le droit à l’avortement. Respectivement, ces lois sont la Loi du 28 décembre 1967 « Loi Neuwirth » qui autorise l’utilisation de la pilule contraceptive et « Loi Veil », n° 75-17 du 17 janvier 1975 relative à l’interruption volontaire de grossesse.
Dans les années 80, les pratiques sexuelles se sont vues modifiées avec l’apparition du SIDA. Les préventions, notamment à l’endroit des jeunes adolescents, lycéens, se voient renforcer ; d’où les différentes campagnes de prévention, la vulgarisation des préservatifs dans les lycées.
Mais malgré toutes ces actions de prévention, les grossesses adolescentes sont toujours très importantes en France, soit un pourcentage de 4‰ chez des jeunes femmes de 10 à 18 ans.
Cette situation à conduit l’Etat à mettre en place des actions préventives dans les collèges et lycées afin d’éduquer les jeunes sur les moyens de conception possibles et sur la vie sexuelle proprement dite. Et le 27 mars 2001, le décret n°2001-258 se référant à la Loi 2000-1209 du 13 décembre 2000 relative à la contraception d’urgence, stipule que les adolescentes sont autorisées à se procurer du NORLEVO ® et peuvent ainsi se présenter à l’infirmerie ce, sans prescription médicale.
Avec toute cette évolution, nous comprenons que la mission de l’infirmière n’est pas facile car non seulement elle a pour rôle de prodiguer des soins mais aussi de mettre en œuvre une aide et un soutien psychologique vis-à-vis des patients.
- Le rôle de l’infirmière
Selon le cadre législatif qui régit le travail d’infirmier, ces professionnels de la santé ont des rôles relatifs à l’IVG et aux actes professionnels ainsi qu’à l’exercice de leur profession d’infirmier :
- Loi relative à l’IVG (Loi du 31 décembre 1979) :
Article 2 : « la formation initiale et la formation permanente des médecins, des sages femmes, ainsi que des infirmiers et infirmières comprennent un enseignement sur la contraception ».
- Décrets relatifs aux actes professionnels et à l’exercice de la profession d’infirmier
- Décret du 11 février 2002 :
Article 1er : « l’exercice de la profession d’infirmier comporte l’analyse, l’organisation, la réalisation de soins infirmiers et leur évaluation, la contribution au recueil de données cliniques et épidémiologiques et la participation à des actions de prévention, de dépistage, de formation et d’éducation à la santé »
Article 2 : « les soins infirmiers, préventifs, curatifs ou palliatifs, intègrent qualité technique et qualité des relations avec le malade…Ils ont pour objet,…, de protéger, maintenir, restaurer et promouvoir la santé physique et mentale des personnes ou l’autonomie de leurs fonctions vitales physiques et psychiques en vue de favoriser leur maintien, leur insertion ou leur réinsertion dans leur cadre de vie familial ou social…»
Article 4 : « lorsque les actes accomplis et les soins dispensés relevant du rôle propre sont dispensés dans un établissement ou un service à caractère sanitaire, social ou médico-social, l’infirmier peut, sous sa responsabilité, les assurer avec la collaboration d’aides-soignantes (…) qu’il encadre et dans les limites de la qualification reconnue à ces derniers du fait de leur formation »
- Décret du 16 février 1993 :
Article 2 : « L’infirmier ou l’infirmière exerce sa profession dans le respect de la vie et de la personne humaine. Il respecte la dignité et l’intimité du patient et de la famille »
Article 25 : « l’infirmier ou l’infirmière doit dispenser ses soins à toute personne avec la même conscience quels que soient les sentiments qu’il peut éprouver à son égard et quels que soient l’origine de cette personne, son sexe, son âge, son appartenance à une ethnie, à une nation ou à une religion déterminée, ses mœurs, sa situation de famille, sa maladie ou son handicap et sa réputation »
Article 26 : « L’infirmier agit en toute circonstance dans l’intérêt du patient »
- Les adolescentes et la grossesse
Par définition, l’adolescence se situe entre la période de la puberté et de l’âge adulte, soit entre 10 et 18 ans. Pour l’adolescente, c’est une période fragile et sensible car c’est précisément à cet âge qu’elle commence à sentir des changements physiques et psychiques. Au cours de son adolescence, la jeune fille cherche toujours à s’épanouir et de sortir de la période d’enfance pour devenir adulte.
C’est aussi à cette période que l’on constate le plus de risque de grossesses précoces, de problèmes d’incompréhension qui conduit aux tentatives de suicide ou à l’addiction. Les adolescents qui présentent ses signes sont des adolescents à risque où les principales caractéristiques de reconnaissance sont entre autres : l’absentéisme, les retards répétés, le fléchissement scolaire, comportements sexuels dangereux, les addictions,…
Mais il faut, cependant, comprendre que dans la plupart des cas, ces comportements et signes sont dus à des troubles sociales telles le chômage des parents, les difficultés conjugales, l’abandon, la violence, le deuil, la richesse ou la pauvreté.
Toutes ces conditions sont des facteurs très favorisants et qui jouent un rôle crucial dans l’apparition des signes d’un adolescent à risque.
N’étant pas bien prise en charge, l’adolescente se sent alors négligé ; pour ainsi dire que la grossesse précoce n’est pas seulement due à une imprudence ou à une ignorance des contraceptifs mais aussi et surtout à ces problèmes sociaux cités ci-dessus.
La grossesse chez les adolescentes n’est donc pas toujours un heureux événement car dans son livre « Les grossesses à l’adolescence, normes sociales, réalités vécues », Charlotte LE VAN estime que, « cet état de la femme enceinte qui dure neuf mois, de la conception à l’accouchement » (définition littérale dans le dictionnaire Hachette encyclopédique, Edition 2002) est lié à des conditions sociales difficiles :
- « la grossesse rite d’initiation » : grossesse désirée et non désir d’enfant. C’est un moyen pour un couple de surpasser un problème, donc un moyen de communication
- « la grossesse S.O.S » : est définie comme étant un comportement à risque permettant à l’adolescente de protester ou d’exprimer son mal-être, son mal de vivre
- « la grossesse insertion » : grossesse programmée, une excuse pour l’adolescente d’être accepté socialement
- « la grossesse identité » : grossesse qui permet à l’adolescente de lui « donner une raison de vivre et de justifier sa propre naissance ».
- « la grossesse accidentelle » : grossesse non désirée qui reflète l’immaturité des jeunes filles à s’engager dans les pratiques sexuelles
Ainsi, vue sous cet angle, les grossesses précoces peuvent être qualifiées de grossesses à risques car l’âge de la mère est un facteur qui favorise les complications, surtout sur le plan émotionnel où le « couplage adolescence/grossesse accentue cet état de grande fragilité et de chamboulement émotionnel ».
En guise de remarque, il nous semble également important de noter que désormais, en France, le droit civil concernant les mineures émancipées s’est résolu à l’âge de 15 ans pour les filles et 18 ans pour les garçons. En effet, Une mineure est non émancipée quand elle n’a pas encore atteint l’âge de la majorité légale qui est de 18 ans. Le code civil art 371-2 « prévoit qu’un(e) mineur(e) ne peut exercer elle-même les droits qu’elle a sur son corps en raison de son incapacité juridique ».
Mais une fois la puberté finie, la mineure devient alors nubile et est en âge de se marier. Donc à partir de l’âge de 15 ans, si la jeune fille se marie, elle est considérée comme étant émancipé.
- Cadre conceptuel
- Définition de l’IVG
Par définition, l’IVG est « un avortement provoqué au tout début de la grossesse pour des raisons non exclusivement médicales » (Larousse médical, 1995).
C’est, de ce fait, « une pratique médicale ou chirurgicale permettant à la femme qui en fait la demande d’interrompre une grossesse non souhaitée ».
Les lois qui régissent l’IVG sont entre autres :
- Loi Veil du 17 Janvier 1975: première loi qui autorise l’interruption volontaire de grossesse.
Cette loi stipule, cependant que :
- « L’IVG est pratiquée à la demande d’une femme enceinte que son état place dans une situation de détresse » (art. L162-1)
- « avant la fin de la dixième semaine de grossesse »
- « par un médecin »
- « dans un établissement d’hospitalisation public ou un établissement d’hospitalisation privé satisfaisant aux dispositions de l’article L 176 du code de la santé publique »
- Loi Pelletier du 31 décembre 1975: extension de la loi Veil
- 1989 : la pilule abortive (RU 486) est autorisée dans les hôpitaux pour provoquer une interruption volontaire de la grossesse
- Loi du 4 juillet 2001 : « l’IVG peut être pratiquée avant la fin de la douzième semaine de grossesse, soit 14 semaines d’aménorrhée » (art 1 et 2 du 4 juillet 2001)
- Décret n° 2002-799 du 3 mai 2002: « prise en charge anonyme et gratuite des interruptions volontaires de grossesse pratiquées sur des mineures sans consentement parental ».
- Epidémiologie et causes
L’article 4 de la loi de 1975, relative à l’IVG stipule que : « Tout avortement provoqué doit être déclaré ». C’est ainsi le Drass Service Statistique Régionale a pu établir une statique démontrant que depuis l’application de cette loi, la France a comptabilisé environ 210.000 IVG jusqu’en 2002.
Les raisons qui poussent les adolescents à pratiquer l’avortement sont, par ailleurs, nombreuses. Et malgré les efforts d’information et de communication réalisés telles le texte relatif au code de l’éducation section 9, chapitre II, titre 1er : « Une formation et une éducation à la sexualité sont dispensées dans les écoles, les collèges et les lycées à raison d’au moins trois séances annuelles et par groupes d’âge homogène.
Ces séances pourront associer les personnels contribuant à la mission de santé scolaire et [d’autres personnels dont le texte précise la liste] », il est toujours difficile de définir les causes de l’IVG.
Néanmoins, voici raisons qui pousseraient les adolescents à pratiquer l’IVG :
- confusion entre le désir de grossesse et le désir d’enfant
- défit de prouver sa féminité
- envie d’exister
- désir d’avoir des enfants
- défit pour prouver et démontrer son indépendance
- besoin de lancer un cri d’alarme, un signal de détresse
- défit lancer à sa mère et besoin de réassurance
- manque d’éducation sexuelle (responsabilité des parents)
- Les méthodes mises en œuvre
Pour la mise en œuvre d’une IVG, l’adolescente mineure doit suivre une certaine démarche : la première consultation médicale, la consultation-entretien préalable à l’I.V.G. et la deuxième consultation médicale.
Après ces démarches, l’intervention peut avoir lieu. Les médecins habilités à la pratique de l’IVG peuvent opter pour deux méthodes :
- L’IVG médicamenteuse: faisable jusqu’à la fin de la 5ème semaine de grossesse. Les médicaments utilisés par les médecins sont la mifépristone, les prostaglandines et les antalgiques.
- L’IVG instrumentale: pratiquée jusqu’à la fin de la 12ème semaine de grossesse. Le principe de cette technique consiste en l’aspiration du contenu de l’utérus au moyen d’une canule, précédée d’une dilatation du col de l’utérus. Pour ce faire, la patiente doit subir soit une anesthésie générale, soit une anesthésie locale.
- Les complications
Les complications d’une IVG, bien que rares sont-elles dans les pays développés, peuvent survenir à tout moment et ce, quelle que soit la méthode utilisée. Des complications physiques peuvent en effet avoir lieu tels les hémorragies, les lésions cervicales, les perforations, le malaise vagal, l’Incompatibilité Rhésus et les Infections post-IVG et prévention.
Outres ces complications, la patiente peut aussi avoir des troubles psychologiques étant donné que le fait d’avorter n’est pas toujours une chose facile. C’est une décision pesante qui laisse des cicatrices et c’est justement pour cette raison que le rôle de soutien de l’infirmière est très important.
- La communication dans la prise en charge éducative
- Relation infirmière, adolescentes
L’infirmière occupe un rôle très important dans les interventions de grossesse car elles ne sont uniquement pas là pour les soins physiques mais aussi pour accompagner les adolescentes mineures psychologiquement. En effet, les infirmières sont en relation directe et permanente avec les patientes, donc il est facile pour elles d’établir un contact. D’autant plus que la relation est la principale mission des soins infirmiers.
La base de cette relation infirmière-adolescente n’est autre que la communication où l’infirmière se doit d’apporter toute son entière compréhension et écoute afin de lui offrir une relation chaleureuse, d’aide qui libèrera les inquiétudes et les tensions.
Cela signifie que l’infirmière doit réellement s’investir au quotidien afin de créer cette relation d’aide dont les principaux objectifs sont les suivants :
- assister la patiente dans les épreuves qui l’attendent
- résoudre une situation problématique que ce soit une situation actuelle ou potentielle (comme éviter une autre grossesse non désirée, éviter que l’adolescente subisse régulièrement une IVG)
- trouver une manière de faire comprendre aux adolescentes le sens de la vie
Ces objectifs ne seront atteints que si l’infirmière possède les qualités relationnelles suivantes : l’écoute, l’empathie, la congruence, l’acceptation de soi, le non jugement, l’acceptation de l’autre, être disponible et la Croyance en l’autre.
- La notion d’accompagnement
Selon la définition du Dictionnaire Larousse, accompagner signifie littéralement « être présent auprès de quelqu’un ».
Et selon le Dictionnaire médical Masson, l’accompagnement est donc « la prise en charge globale des besoins physiques, psychologiques, spirituels et sociaux d’une personne ».
La notion d’accompagnement tient ainsi d’une prise en charge psychologique de la patiente ; autrement dit, tenir compte de ses problèmes individuels sociaux et spirituels.
Comme la communication fait référence à « un jeu de miroir entre deux individus », accompagner quelqu’un dans ses besoins physiques, psychologiques, spirituels et sociaux implique une prise en compte de l’autre tout en acceptant ses différences et reconnaître ses qualités.
Dans le Circulaire ministérielle du 26 août 1986, il est dit que : « Les soins d’accompagnement comprennent un ensemble de techniques de prévention et de lutte contre la douleur, de prise en charge psychologique du malade et de sa famille, de prise en considération de leurs problèmes individuels sociaux et spirituels. »
- La non-communication, source de réaction défensive
Bien que l’infirmière doit rechercher cette relation soignant-soigné, établir une communication n’est pas toujours chose facile car certaines obstacles empêchent cette relation d’aide. En effet, bien souvent s’installent le manque de sensibilité et le manque de connaissance sur la patiente, ce qui provoque chez les infirmières des mécanismes de défense.
Ce comportement est surtout dû aux préjugés des infirmières vis-à-vis de l’IVG où une non-communication est très présente car elles sont réticentes quant à l’idée de communiquer avec les patientes. Cette non-communication se manifeste également par un comportement froid se manifestant par des fuites du regard ou une approche limitée.
Toutes ces attitudes fragilisent obligatoirement les patientes, qui sont d’autant plus mineures, et les incitent à se défendre. S’installe alors un mécanisme de défense, qui selon Freud, est utilisé par « le moi ».
Mais ce mécanisme est présent tant pour la patiente que pour l’infirmière car cette dernière doit « accepter elle-même l’IVG » bien que cela lui fait mal psychologiquement. Ces mécanismes lui permettent alors de ne pas être affecté, de ne pas souffrir tout en espérant que c’est un cas comme un autre et que tout se passera très bien.
METHODE DE RECUEIL DE DONNEES
- Lieu de la recherche
Afin d’apporter des réponses concrètes à ma problématique et de confirmer ou rejeter mon hypothèse, j’ai décidé d’effectuer des entretiens dans le service de gynécologie où j’ai fait mon stage mais aussi dans un centre d’IVG pour comparer les deux méthodes de prise en charge respectives.
- Population étudiée
- des infirmières du service de gynécologie car le présent sujet d’étude traite le comportement des soignants mais aussi des patientes par rapport aux interruptions volontaires de grossesse
- une patiente de 17 ans pour savoir leurs soucis, si elles sont bien encadrées et conseillers par le personnel soignant,…
- des infirmières du centre d’IVG afin de comparer leur méthode de prise en charge par rapport à celle du service de gynécologie
- Outils de recherche
En ce qui la méthodologie de recherche, j’ai décidé d’opter pour les entretiens semi-directifs afin de laisser aux interviewés la possibilité de répondre librement. Cette méthode m’a aussi permise de diriger l’entretien suivant les objectifs que je me suis posés.
Pour le cas des infirmières, les questions que j’ai posées portaient sur la relation d’aide, la qualité de leur relation avec les adolescentes, la demande d’aide, l’importance de la communication, leur sentiment par rapport à ces IVG répétées. Pour les adolescentes, les questions portaient la qualité de relation qu’elles avaient avec les infirmières, leurs peurs et inquiétudes, leur connaissance des différentes méthodes de contraception.
En général, mes questions avaient pour but de savoir si les infirmières avaient les connaissances nécessaires sur la relation d’aide car plus haut, j’ai déjà évoqué l’importance de cette relation. Elle n’a lieu qui si l’infirmière connaisse les principes de la relation d’aide. Par ailleurs, les questions portaient aussi sur la demande d’aide. Cette question avait pour but d’évaluer la capacité des infirmières à détecter une demande d’aide. Les questions sur les inquiétudes, la qualité de relation,… avaient pour but de comprendre la base et les raisons de ces interruptions de grossesse à répétition.
- Pertinence de la méthode utilisée et difficultés rencontrées
Afin de mener à bien et rendre pertinent mon enquête, l’outil de recherche que j’ai utilisé était donc l’entretien. Dans le cadre d’une analyse mélioratif et faisant référence à la problématique qui est de type « comment », il me semble donc approprier de choisir cet outil car il répond sa méthodologie répond parfaitement à mon cadre de recherche.
En effet, l’entretien semi-directif m’a permise d’avoir des réponses auxquelles un autre outil de recherche tel le questionnaire n’aurait pas pu donner. Ces réponses sont d’autant plus exhaustives que claires bien qu’il était assez difficile d’obtenir un entretien avec les infirmières étant donné leurs horaires chargés. Mais le plus difficile était d’établir des questions pertinentes afin de comprendre le problème et répondre par la suite à l’hypothèse avancée plus haut.
ANALYSE ET INTERPRETATION DES DONNEES
- Analyse des résultats
Après les entretiens effectués auprès de la population cible, les données obtenues permettent de dire que les infirmières interviewées connaissent toutes l’importance de la relation soignant-soigné ainsi que la nécessité d’une relation d’aide.
Cependant, bien qu’elles connaissent ces étapes, les enquêtes ont démontré que c’était réellement la mise en œuvre de la relation d’aide auprès des jeunes adolescentes qui pose problème. Les infirmières ne parviennent pas à échanger des mots qui soient rassurant pour la patiente ; mais encore elles estiment que l’IVG n’est pas un motif d’hospitalisation sérieux. Ce qui fait qu’une adolescente qui vient pour une interruption volontaire de la grossesse ne mérite pas les mêmes traitements qu’un tout autre patient.
Cet état d’esprit se confirme quand j’ai remarqué que les patientes se trouvaient à quatre dans une chambre. Elles étaient installées sur des fauteuils alors que les chambres étaient prévues pour en accueillir que deux. A ce propos, les infirmières du service m’expliquaient que les chambres libres étaient réservés pour d’autres patientes qui vont entrer l’après midi et que le motif de leur hospitalisation était plus sérieux que celui d’une patiente venant pour une interruption de grossesse.
Pour ces infirmières, elles n’ont pas de temps à consacrer à ces malades car leur temps est précieux, elles ne peuvent pas prendre une chaise et discuter avec les adolescentes même si elles le souhaitaient car elles doivent aussi s’occuper d’autres patients.
La relation soignant-soigné est donc très compliquée, d’autant plus que la question d’IVG est encore un fait tabou pour la majorité des religions en France. Mais il est pourtant important de comprendre que malgré le respect de ces valeurs morales et religieuses, le métier d’infirmier exige soutien et aide psychologique.
Dans le cas présent pourtant, je constate une lassitude des infirmières vis-à-vis des patientes, notamment celles qui reviennent trop souvent pour les mêmes raisons. Afin d’éviter tout contact avec ces patientes, les infirmières adoptent la plupart du temps un mécanisme de défense qui les projette inconsciemment dans le rejet de communiquer.
En effet, les infirmières n’ont pas la force et le courage de communiquer avec ces adolescentes car elles ne savent plus comment les aborder. Elles préfèrent se réfugier dans ce mécanisme de défense et penser que ce genre de situation est inadmissible vu les moyens de contraception possibles. Et pour ne pas avoir à échanger des mots avec les patientes, elles estiment que c’est désormais une question de routine et qu’il n’y avait rien à faire de plus que de répondre à la demande, que de nos jours l’IVG était utilisé comme un moyen de contraception.
C’est un raisonnement assez choquant mais qui se rapport à un processus de justification qui leur permet de n’établir aucune relation d’aide ou d’écoute
Pour certaines, cette situation leur est insupportable. Ne pas avoir le courage de communiquer, ne pas avoir la force de travailler dans ces conditions conduisent aux infirmières de changer de service. C’est aussi une sorte de défense qui justifierait leurs actes, une raison de plus de ne pas approcher les adolescentes.
Dans ce sens, nous comprenons alors que les infirmières ont aussi besoin d’un soutien psychologique car la situation les dépasse, les menant à ne plus faire aucun effort de rapprochement. Quelque part, elles refusent d’admettre un sentiment de culpabilité, ce qui explique leur prise de distance et où elles trouveront toujours une bonne excuse pour éviter toute relation.
Quant aux adolescentes, elles ont le sentiment d’être mise à l’écart. Pourtant à cet âge, elles ont besoin du maximum d’aide possible car elles vivent une période difficile où la communication dans le cadre familial est souvent tendue. D’ailleurs, les infirmières ont souvent du mal à gérer ces caractères. Ce qui m’a conduit à poser la question : pourquoi les infirmières scolaires ne se mettraient pas en relation avec celles des hôpitaux pour réaliser une meilleure prévention au niveau de la sexualité dans les collèges et lycées ?
En effet, si ces infirmières connaissaient davantage le comportement, le sentiment, les problèmes des adolescentes, elles n’adopteraient peut-être plus ces mécanismes de défense. Mais la réalité est que ces jeunes filles sont souvent livrées à elles-mêmes, sans moyens d’exprimer leurs désirs ; surtout si celle-ci a décidé de ne pas informer ses parents ou les autres membres de sa famille. Elle est donc seule, sans soutien face à l’intervention qui l’attend.
C’est dans ces cas que les adolescentes ont sérieusement besoin d’aide car même si elles ne le demandent pas directement, l’infirmière doit savoir détecter une patiente en détresse. Les parents étant absents, cette demande peut se manifester sous forme d’agressivité, de rejet de coopérer (en allant fumer ou boire). Parfois même, les patientes le manifeste en adoptant le silence total. Toutes ces attitudes et réactions doivent alerter les infirmières car ce ne sont pas des comportements propres à l’adolescente, mais plutôt un appel au secours qui traduit une grande souffrance.
Tel est le cas d’une adolescente de 17 ans qui vient régulièrement se faire avorter. Cette patiente retombait régulièrement enceinte et me confia qu’elle craignait ne plus pouvoir avoir d’enfant et se posait des questions après chaque intervention. Si les infirmières auraient adopté une attitude différente et essayaient de communiquer ne serait-ce qu’une fois avec cette patiente, elles sauraient que c’est la peur de plus avoir d’enfant qui pousse cette adolescente à ne plus se protéger car elle veut savoir s’il y avait toujours possibilité de grossesse. Dans ce cas, il est bien évident que cette patiente n’a connu aucun suivi psychologique, aucun encadrement qui lui aurait rassuré et promulguer les conseils et aides qu’elle attend.
Après ces entretiens réalisés au sein du service de gynécologie, l’autre enquête que j’ai effectué auprès d’un autre centre d’IVG m’a permis de constater que la prise en charge des infirmières de ce centre était tout à fait différente de celle où j’ai fait mon stage.
En effet, les infirmières procédaient à des entretiens avant et après chaque intervention et que l’éducation était prise en compte. Dans ce centre, le taux d’avortement n’est pas aussi élevé que dans le service de gynécologie et les avortements à répétition sont très rares.
Tout ceci pour dire que la prise en charge éducative et psychologique des patientes dépend d’un service à un autre, d’un centre à un autre. Dans ces entretiens, je cherchais à savoir si toutes les infirmières rencontraient ces mêmes difficultés de communication. Mais il est évident de dire que là où il y a communication, les risques de rechute sont minimes et là où il y a absence de communication, les IVG à répétition sont importants. La communication, la relation d’aide et la demande d’aide sont donc à la base de toute relation soignant-soigné.
- L’IVG n’a pas encore sa place dans le système de soin
Il faut noter qu’il existe de nos jours, des progrès indéniables dans l’accès et surtout la prise en charge de l’IVG. Le pouvoir public s’est beaucoup mobilisé et a établi des objectifs qui visent à réduire les grossesses non désirées, notamment chez les adolescentes où la loi du 9 août 2004 relative à la santé publique stipule que :
- il est de rigueur « d’assurer l’accès à une contraception adaptée, à la contraception d’urgence, et à l’IVG dans de bonnes conditions pour toutes les femmes qui décident d’y avoir recours »
- il faut « améliorer les connaissances relatives à l’accès à une contraception adaptée, à la contraception d’urgence et à l’IVG ».
Néanmoins, l’IVG n’a pas encore sa place dans le système de soin car tel nous l’avons vu plus haut, les infirmières estiment que l’IVG n’est pas un motif d’hospitalisation sérieux, donc c’est une intervention prise à la légère par le personnel soignant. S’ajoute à cela la conception de la société qui fait de l’IVG un sujet « sensible » ; qui fait objet de blâme légal, social, moral et religieux. La personne qui subit cette intervention le vit donc difficilement car « le sujet n’a pas le statut d’une question de santé publique comme les autres ».
Comme la législation n’a pas encore normalisé l’IVG, les statiques prouvent que la sous-déclaration des IVG est de ce fait, très importante. Cette sous-déclaration est de mise et arrange les femmes car dans la plupart des cas, elles souhaitent oublier cet événement et éviter ainsi les jugements de la société.
Mais il faut également noter que si IVG a lieu, il existe toujours une grande part élevée d’échecs de contraception. En effet, à défaut de contraception, l’efficacité et l’impact des politiques de prévention contre les grossesses non désirées ne sont pas toujours bien établis bien que ces mesures ont pour objectifs de favoriser l’accès à la contraception, à la contraception d’urgence, les actions d’information et de communication et le développement de l’éducation à la sexualité.
Par ailleurs, si l’IVG n’a pas encore sa place dans le système de soin c’est parce que les femmes doivent aussi se contenter de la méthode choisie par les centres d’IVG. Hors la loi stipule que : « Dans tous les cas où cela est possible, les femmes doivent pouvoir choisir la technique, médicale ou chirurgicale, ainsi que le mode d’anesthésie, locale ou générale ».
Outre ce fait, le système de soin de l’IVG ne prend pas réellement en compte la douleur et le vécu des femmes.
Hors les recommandations de la HAS concernant la prise en charge soulignent que « l’interruption volontaire de grossesse médicamenteuse est responsable de douleurs, modérées à sévères pour plus de 50% des femmes, liées principalement à l’utilisation des prostaglandines » et que « lors des avortements par aspiration, pour environ le tiers des patientes, la technique d’anesthésie locale par bloc Paracervical ne prévient pas la survenue de douleurs considérées comme sévères ».
Bien que cette recommandation soit de mise et que la douleur soit prise en compte soit présente, elle demeure toujours insuffisante.
La patiente n’est donc pas à l’abri d’une douleur intense ; et supporter seule cette douleur pour l’adolescente mineure est encore plus difficile. Vivre une IVG est trop souvent mal connu et négligé par les infirmières qui pourtant, se doivent d’accompagner physiologiquement et psychologiquement ses patientes. Le personnel soignant ne s’intéresse pas au vécu de la patiente, sans doute une réaction liée au manque d’estime du sujet et des difficultés spécifiques de son approche.
- L’IVG, une activité médicale fragile
Cette activité est encore très fragile car elle dépend de la capacité du personnel à respecter les patientes et à ne pas les culpabiliser pour leur choix.
Cependant, plusieurs centres d’IVG ont réalisés un grand pas en accueillant ces femmes et en organisant cette activité. Ces établissements tels nous avons vu dans la partie recueil de données ont pris conscience de son importance aux yeux des femmes et ont consacré toute une organisation telle : un secrétariat dédié, la présence dans la mesure du possible d’un centre de planification familiale et d’une salle d’attente préservée des regards.
Mais cette prise en compte n’est de mise pour tous les établissements car la pratique de l’IVG demeure toujours un problème. Dans notre cas, les infirmières marginalisent les patientes qui souhaitent se faire avorter et les placent à un niveau assez bas de priorité. Une réalité qui se manifeste par les conditions de traitement des patientes et les relations soignant-soigné.
La pratique de l’IVG est aussi une clause de conscience de taille pour les soignants où la loi Veil précise que tous les médecins ne sont pas habilités à pratiquer une IVG car « un médecin n’est jamais tenu de pratiquer une interruption volontaire de grossesse mais il doit informer, sans délai, l’intéressée de son refus et lui communiquer immédiatement le nom de praticiens susceptibles de réaliser cette intervention selon les modalités prévues à l’art. L. 2212-2 » (Art. L. 2212-8 du code de la santé publique). Mais encore que « aucune sage-femme, aucun infirmier ou infirmière, aucun auxiliaire médical, quel qu’il soit, n’est tenu de concourir à une interruption de grossesse ».
Certes, si l’on revient à notre hypothèse de départ et que l’on tient compte de toutes ces analyses et interprétations des données, je peux donc dire que mon est confirmée.
En guise de petit rappel cette hypothèse n’était autre que :
« Avec les moyens de contraception actuelle, plus un effort d’implication des infirmières quant à leur comportement par rapport aux patientes, la recrudescence de l’IVG pourra être contrôlée ».
En effet, malgré des différents moyens de contraception mise en œuvre, le taux d’échec des contraceptions est toujours très élevé. Cet échec est donc un facteur qui conduit les jeunes adolescentes à pratiquer l’IVG.
Par ailleurs, les comportements des infirmières qui adoptent inconsciemment des mécanismes de défense n’arrangent en rien la qualité relationnelle entre patiente et infirmière. Au contraire, ce mécanisme empêche à cette dernière de mettre en avant la relation d’aide et de reconnaître une demande d’aide de la part de la patiente.
Ainsi en ralliant moyens de contraception et une meilleure prise en charge, la recrudescence de l’IVG pourra être contrôlée.
CONCLUSION
Le nombre des grossesses précoces est aujourd’hui encore très important en France malgré les méthodes contraceptives mises en œuvre. Au cours de mon stage au sein du service de gynécologie, j’en ai vu la preuve. Ce qui m’a le plus marqué était de voir ces jeunes filles revenir plus d’une fois subir une interruption volontaire de la grossesse. Cette situation m’a amené à poser quelques questions et m’a ensuite conduit à traiter ce sujet.
Tout au long de mes recherches et méthodes exploratoires, il en est ressorti que le grand problème des grossesses précoces est dû à un manque de connaissance des techniques contraceptives mais aussi à un manque de soutien et d’aide de la part des parents et des infirmières.
C’est ainsi que ma question de recherche a pu être établie : « comment améliorer la qualité de la prise en charge éducative des patientes mineure par rapport au reflet de l’IVG et le ressenti des soignants ? »
Les recherches et entretiens ont montré que la survenue régulière de ces grossesses précoces est en général due à des problèmes familiaux, sociaux ou psychologiques. Tous ces problèmes sont facteurs qui favorisent les grossesses et qui poussent les adolescentes à vouloir avorter. Cependant, on ne peut pas nier que l’adolescence est une période compliquée pour les adolescentes car elles voient leur corps changer, leur état d’esprit troublé. Toutes ces modifications les rendent extrêmement fragiles et encore plus sensibles par rapport aux relations familiales. C’est comme cela que les conduites à risque prennent toute son ampleur.
Ces réactions sont toutefois des appels au secours, des signes de demande d’aide lancer à l’entourage ; mais quand ce dernier n’est pas en mesure de détecter ces signes, les adolescentes se sentent obliger de se tourner vers des conduites à risque telles les fugues, les tentatives de suicide, les conduites addictives, les grossesses précoces,…
Comme je l’ai évoqué plus haut, ces grossesses précoces peuvent être éviter, surtout ces pratiques régulières de l’IVG. En effet, pour résoudre ces problèmes, les infirmières des centres et les infirmières scolaires sont les plus aptes à aider ces jeunes filles grâce à un soutien psychologique et éducatif.
La mise en œuvre de cette solution dépend, cependant, d’une entière collaboration des deux parties, infirmière et adolescente, car pour ce faire, l’infirmière doit établir une relation d’aide qui se base sur la communication. Cette relation soignant-soigné est la solution à la problématique. Les entretiens effectués ont, d’ailleurs, démontré que le soutien dont les patientes ont besoin c’est la compréhension et l’aide des infirmières car la plupart d’elles ne savent plus où se tourner.
Ainsi, grâce à ce travail de recherche, j’ai pu améliorer ma réflexion professionnelle sur ce sujet assez délicat et en même temps améliorer mes capacités d’analyse. En faisant ce stage, je me suis aperçue de la difficulté des prises en charge, notamment celle des adolescentes qui pratiquent l’IVG.
Mon souhait c’est de pouvoir offrir à ces jeunes filles, une meilleure prise en charge une fois entrée dans le monde professionnel car cette expérience m’a fait comprendre les difficultés qu’elles traversent tout au long de leur adolescence.
Suite à ces entretiens et analyses, j’ai donc pu confirmer mon hypothèse bien que les réponses que j’ai obtenu ne m’ont pas permise de la confirmer entièrement.
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– www.legifrance.gouv.fr « textes législatifs IVG et décrets relatifs à l’exercice de la profession d’infirmier ».
– Page Web : mémoire sur la relation d’aide.
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