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ACCÈS AUX SOINS ET DURABILITÉ DANS LA PRISE EN CHARGE INFIRMIÈRE DES POPULATIONS MARGINALES

Table des matières

INTRODUCTION.. 2

SITUATION D’APPEL. 4

QUESTION DE DEPART. 4

HYPOTHESE DE RECHERCHE. 4

CADRE CONCEPTUEL. 4

  1. L’infirmière. 4

1.1. Définition de l’infirmière. 4

1.2. Le rôle propre et le rôle prescrit de l’infirmière. 5

1.3. Cadre législatif sur la profession infirmière. 7

  1. La population marginale. 9

2.1. Définition de la population marginale. 9

2.2. Les caractéristiques de la population marginale. 9

  1. Les soins infirmiers. 10

3.1. Définition des soins infirmiers. 10

3.2. Le care et le cure. 10

CADRE OPERATOIRE. 12

  1. Choix de la méthode. 12
  2. Choix de la population. 12
  3. Objectif de l’entretien. 13
  4. Analyse des entretiens. 13

4-1- Le parcours et les expériences professionnelles. 13

4-2- La population prise en charge. 13

4-3- La confiance. 14

4-4- La relation soignant-soigné. 15

4-5- L’accompagnement durable. 15

CONCLUSION.. 17

BIBLIOGRAPHIE. 18

ANNEXES : Grille d’entretien. 19

 

 

 

ACCÈS AUX SOINS ET DURABILITÉ DANS LA PRISE EN CHARGE INFIRMIÈRE DES POPULATIONS MARGINALES

 

INTRODUCTION

Dans le cadre de la finalisation de la formation infirmière, il est demandé aux étudiants de réaliser un travail écrit. Ce travail conduit l’étudiant à faire un travail de recherche sur un thème bien défini et à entreprendre une réflexion structurée. Le mien concerne l’accès aux soins et la durabilité dans la prise en charge infirmière des populations marginales. Cela est sujet à discussion, notamment compte tenu des caractéristiques de la population à prendre en charge. L’adhérence aux soins de ces patients peut relever de nombreuses difficultés car à premier abord, ces patients ont tendance à refuser les soins qui leur sont proposés. En effet, ils appréhendent souvent l’approche des soignants et sont réticents. Les infirmières font face à des difficultés pour entrer en relation avec eux. Le choix de ce sujet est motivé par l’expérience professionnelle que j’ai acquise lors de ma formation pratique. En effet, au cours de mes stages, j’ai eu l’occasion de passer un séjour de cinq semaines dans un FAM.

 

D’après moi, ce travail n’est pas le couronnement de ma formation, mais un pas pour franchir une nouvelle porte : celle de mon entrée à ma vie professionnelle.

Etudiants et professionnels de santé ont tous vécu au cours de leurs expériences des situations qui les ont marquées et lesquelles ont générer des échanges, des interrogations et des remises en question.

 

Le thème que j’ai choisi de présenter dans ce travail, et qui fait l’objet de ma recherche, est une des celles qui m’a le plus touché, compte tenu de sa particularité. Pour certains comme pour d’autres, il peut s’agir de faits anodins, mais à mon point de vue, il est un sujet qui mérite une réflexion approfondie. Cette question a été à l’origine d’un questionnement de ma pratique, notamment en termes de qualités relationnelles.

 

Dans ce travail, j’essaierai de répondre à la question : Dans le secteur social, en quoi la présence infirmière en structures d’accueil permet-elle un accès durable aux soins des populations marginales ?

 

J’exposerai en première partie le cadre conceptuel à travers lequel plusieurs notions seront explorées : l’infirmière, la population marginale, le care et le cure. Après cette partie, je présenterai les résultats de questionnaires que j’ai menés auprès de professionnels sur terrain. Une analyse à partir d’une grille d’entretien sera également effectuée.

 

 

 

SITUATION D’APPEL

Lors d’un stage en 1ère année, j’ai passé 5 semaines dans un FAM (Foyer d’Accueil Médicalisé) qui est une structure d’accueil ouverte accueillant toutes sortes de populations mais principalement des populations en situation marginales, précaires, en rupture de lien social.

Cette expérience en stage m’a permis de me rendre compte des difficultés pour le personnel médical et paramédical (et donc en premier lieu pour les infirmiers) d’assurer une bonne prise en charge face à ces populations et de permettre de pérenniser les prises en charge dans le cadre de structures ouvertes, ou les patients vont en viennent et ou l’observance des traitements, des conduites à tenir n’est pas optimale.

 

QUESTION DE DEPART

Dans le secteur social, en quoi la présence infirmière en structures d’accueil permet-elle un accès durable aux soins des populations marginales ?

 

HYPOTHESE DE RECHERCHE

La qualité du premier contact est primordiale, elle permet d’établir un lien de confiance avec les personnes marginales et d’assurer une pérennité des soins.

CADRE CONCEPTUEL

1. L’infirmière

1.1. Définition de l’infirmière

Le terme « soignant » fait référence à de nombreux professionnels de santé, c’est-à-dire l’infirmière, l’aide-soignante, le médecin, la sage-femme, le kinésithérapeute, le personnel externe etc. Ces acteurs sont tous soignants, c’est-à-dire qu’ils prennent soin des patients. Tenir le rôle de soignant, c’est avant tout être professionnel. Cela signifie la nécessité d’avoir des connaissances, des facultés, selon sa personnalité ou en fonction de son vécu. Il s’agit donc principalement de disposer de capacités relationnelles dans le but d’entrer en contact avec la personne malade. Par ailleurs, « être soignant, c’est « être là pour soi et pour l’autre[1] » et assurer une prise en charge du patient de manière à se mettre à la place du soigné. Etre soignant, c’est également faire face à la souffrance psychique et physique du patient ainsi qu’à son environnement. Tenir le rôle de soignant, c’est alors avant tout entrer en relation avec le soigné.

 

 

 

1.2. Le rôle propre et le rôle prescrit de l’infirmière

L’Organisation Mondiale de la Santé définit la mission des infirmiers telle que « dans la société, elle consiste à aider les individus, les familles et les groupes à déterminer et réaliser leur plein potentiel physique, mentale et social et à y parvenir dans le contexte de l’environnement dans lequel ils vivent et travaillent, tout cela en respectant un code de déontologie très strict »[2].

 

Dans le cadre de ses missions propres, il convient de distinguer trois notions importantes :

  • Poser un diagnostic infirmier

Le diagnostic infirmier est l’énoncé d’un jugement clinique relatif aux réactions aux processus de vie d’un patient (ou d’une collectivité) et aux problèmes de santé potentiels et présents. Le diagnostic infirmier s’intéresse au patient, principalement à son comportement vis-à-vis des symptômes de la maladie. Il a lieu dès le début de la prise en charge du patient et met en évidence les besoins de celui-ci.

 

  • Avoir l’initiative des soins qui relèvent de son rôle propre

Une fois avoir évalué les besoins du patient, l’infirmier doit prendre les dispositions correspondantes qui s’imposent. Le cas échéant, et s’il résulte un dommage pour le patient, il voit sa responsabilité engagée. De ce fait, la prévention et les soins des escarres relèvent du rôle propre infirmier.

 

  • Gérer les soins et le dossier de soins infirmiers

D’après le Journal de médecine légale, le dossier de soins infirmiers est « un document unique et individualisé regroupant l’ensemble des informations concernant la personne soignée. Il prend en compte l’aspect préventif, curatif, éducatif et relationnel du soin »[3]. L’infirmier doit réaliser le dossier de soins du patient : « Il est chargé de la conception, de l’utilisation et de la gestion du dossier de soins infirmiers »[4]. Ainsi, après chaque intervention, l’infirmier note, date et appose sa signature en ce qui concerne les résultats des soins infirmiers donnés à la personne soignée.

 

Outre ces classifications, il me parait important de parler de manière précise des soins techniques et des soins relationnels car ces derniers se trouvent au cœur de la profession infirmière.

 

  • Les soins techniques

Les soins techniques infirmiers sont classés en trois catégories :

– les soins infirmiers préventifs : ce sont les soins qui sont donnés dans le but de prévenir les maladies, les accidents et les handicaps ainsi qu’à les combattre pour réduire les incidences

– les soins infirmiers curatifs : ce sont les soins relatifs aux interventions dont le but est de lutter contre la maladie, les origines et les conséquences

– les soins infirmiers palliatifs : ce sont les interventions qui favorisent le soulagement de la douleur et le confort de la personne soignée

 

En plus des soins purement techniques, les infirmiers doivent aussi réaliser des soins relationnels lesquels se situent à la base même de la réussite des soins techniques.

 

  • Les soins relationnels

D’abord, le terme « soin relationnel » n’existe pas dans le décret portant sur l’exercice de la profession infirmière. Cependant, la dimension relationnelle est mise en évidence au travers de cinq actes dont un correspondant à la prescription médicale et quatre au rôle propre infirmier.

– « L’entretien d’accueil privilégiant l’écoute de la personne avec orientation si nécessaire »[5] : une technique et un objectif correspondent à l’acte ;

– « aide et soutien psychologique »[6] : il s’agit de la définition du soin relationnel d’après le Dictionnaire des soins infirmiers ;

– « l’entretien d’accueil du patient et de son entourage »[7] : cet acte porte sur la santé mentale, mais il n’y a pas de spécificité ;

– « activités à visée sociothérapeutique individuelle ou de groupe »[8] ;

– « l’entretien individuel et utilisation au sein d’une équipe pluridisciplinaire de technique de médiation à visée thérapeutique ou psychothérapeutique » : cet acte porte sur la prescription médicale et fait correspondre les soins relationnels à des techniques et à des objectifs.

 

Nous pouvons donc constater que le soin relationnel est mentionné comme étant une notion généraliste dans le cadre du rôle propre infirmier. Cependant, il est spécifique quand il concerne la prescription médicale. Ce concept est absent des textes officiels mais il est présent dans les pratiques et est désigné sous les termes de relation d’aide thérapeutique ou de relation d’aide : des termes empruntés au courant humaniste de Rogers.[9]

 

1.3. Cadre législatif sur la profession infirmière

L’exercice infirmier est régi par les textes législatifs suivants :

– Loi 78165 du 31 mai 1978 définissant la profession infirmière

– Loi 80257 du 12 juillet 1978 apportant certaines modifications sur certaines dispositions du code de la santé publique

– Décret 81539 du 11 mai 1981 portant sur la fonction infirmière

– Décret 84689 du 17 juillet 1984 concernant les actes professionnels et l’exercice de la profession infirmière

– Décret 89758 du 18 octobre 1989 modifiant le décret 84689

– Décret 93211 du 16 février 1993 relatifs aux actes professionnels

– Circulaire DGS/PS 97412 du 30 mai 1997 concernant l’application du décret 93345.

L’infirmière doit exercer sa profession en respectant la vie et la personne humaine. Elle doit en particulier respecter l’intimité et la dignité du patient et de sa famille. Par ailleurs, elle doit accomplir uniquement les actes professionnels qui relèvent de sa compétence, d’après le Code de la Santé Publique et le décret pris en application des articles L.372, L.473 et L.761.

Dans l’exercice de sa profession, l’infirmière doit respecter le secret professionnel lequel couvre, en plus de ce qui lui a été confié, tout ce qu’il a entendu, vu, compris ou constaté. Si besoin est, elle a l’obligation d’instruire ses collaborateurs des obligations qui leur reviennent en matière de secret professionnel et doit veiller à ce que ses collaborateurs s’y conforment. De plus, sur le lieu de son exercice, l’infirmière doit veiller à assurer autant que possible la confidentialité des soins donnés.

L’infirmière doit respecter le droit du patient sur le fait de s’adresser au professionnel de santé de son choix. Par ailleurs, elle ne peut aliéner son indépendance professionnelle, quelle qu’en soit la forme. Elle ne doit, en aucun cas, accepter une rétribution basée sur des obligations de rendement laquelle aurait pour conséquence un abandon ou une restriction de cette indépendance.

L’infirmière doit donner ses soins à tout patient avec la même conscience indépendamment des sentiments qu’elle peut éprouver à son égard et sans aucune discrimination d’âge, de sexe, d’appartenance ou de non-appartenance à une ethnie, à une religion et sans tenir compte ni de sa situation de famille, ni de ses mœurs, ni de sa maladie. Par ailleurs, l’infirmière se doit d’appliquer et de respecter la prescription médicale datée, écrite et signée par le médecin prescripteur, de même que les protocoles thérapeutiques et de soins d’urgence. Chaque fois qu’elle le juge utile, l’infirmière doit demander au médecin prescripteur un complément d’information, principalement s’il estime être insuffisamment éclairé. Dès lors qu’elle a accepté de donner des soins, l’infirmière est tenue d’en assurer la continuité. Dans le cas où elle se retrouve dans l’obligation de les interrompre, elle doit expliquer les raisons au patient concerné, et à la demande de ce dernier, lui donner la liste départementale des infirmiers.

 

2. La population marginale

2.1. Définition de la population marginale

La population marginale est une population qui a connu plusieurs qualificatifs selon les époques, du Moyen-Age à ce jour, pour être appelée « sans domicile fixe », et plus récemment encore « sans résidence stable »[10]. Très souvent, ce type de population souffre d’exclusion sociale, définie comme la perte des droits sociaux fondamentaux : pas de relations considérées comme normales, sans logement fixe, accès difficile à la santé et à l’éducation.

 

2.2. Les caractéristiques de la population marginale

Comme je l’ai présenté, la population marginale est caractérisée par une désocialisation qui comprend quatre étapes selon Alexandre Vexliard[11] :

une phase agressive : elle s’ensuit à un deuil. Lors de cette phase, la personne espère encore avoir une vie normale

une phase régressive ou de repli : les échanges sociaux sont rompus

une phase de rupture : les addictions à l’alcool et à la drogue débutent généralement lors de cette phase

une phase d’harmonisation : il s’agit de la fin du parcours de désocialisation.

 

3. Les soins infirmiers

3.1. Définition des soins infirmiers

Le soin est un acte consistant à « mettre en œuvre des gestes thérapeutiques ou administrer des traitements dans le but de guérir ou soulager une maladie ou de restaurer des fonctions vitales ou relationnelles altérées »[12].

 

Les soins infirmiers correspondent à une démarche de raisonnement avec une bonne compréhension des informations observées par le soignant ou données par le patient, puis une prise de décision d’action. Avant de commencer tout soin, il est nécessaire d’expliquer au patient son déroulement : un acte préalable au soin afin de permettre au patient de se préparer psychologiquement. Il s’agit d’un moment important qui fait partie intégrante du soin.

 

3.2. Le care et le cure

D’après Janet Finch et Dulcie Groves, le care est : « une combinaison  de  sentiments,  d’affections  et  de  responsabilités,  accompagnés  d’actions  qui subviennent aux besoins ou au bien être d’un individu dans une interaction en face à face »[13].

Le care, plus connu sous le nom de « soin technique ». Selon le dictionnaire des soins infirmiers, le care désigne les « actes de soins infirmiers effectués selon des procédures spécifiques et impliquant l’usage de produits et/ou de matériels appropriés »[14]. Les actes qui relèvent de la profession infirmière sont précisés par le décret n°2002-194 du 11 février 2002. Pour pouvoir exercer le care, l’infirmière doit faire preuve de dextérité, d’habileté et doit avoir une base de connaissances. D’après cette définition, nous pouvons constater que le soin infirmier requiert à la fois un savoir et un savoir-faire.

Le cure, plus connu sous le nom de « soin relationnel », est défini comme étant des « interventions verbales et/ou non verbales visant à établir une communication en vue d’apporter aide et soutien psychologiques à une personne ou à un groupe »[15]. Pour qu’il puisse se réaliser, le soin relationnel exige une bonne communication, ce mot étant issu du latin communicare qui veut dire entrer en relation, partager et s’associer. On peut utiliser la communication verbale ou la communication non verbale dans le cadre du soin.

Quand on parle de care, on fait plutôt référence aux soins habituels et coutumiers tandis que quand on parle de cure, il s’agit des soins de réparation.

 

D’après l’OMS, la qualité des soins est définie comme « la capacité de garantir à chaque patient l’assortiment d’actes thérapeutiques (…) lui assurant le meilleur résultat en termes de santé, conformément à l’état actuel de la science, au meilleur coût pour le même résultat, au moindre risque iatrogénique, pour sa plus grande satisfaction en termes de procédures, résultats, contacts humain (…) »[16]. Ainsi, la qualité des soins considère l’accessibilité à des soins en adéquation avec les connaissances et progrès scientifiques du moment. De plus, « pour garantir la qualité des soins qu’il dispense et la sécurité du patient, l’infirmier a le devoir d’actualiser et de perfectionner ses connaissances professionnelles »[17].

 

La qualité des soins prend en compte aussi bien le côté technique que le côté relationnel, comme le stipule l’article R4312-2 du CSP « les soins infirmiers, préventifs, curatifs ou palliatifs intègrent qualité technique et qualité des relations avec le malade »[18].

 

Pour affirmer qu’un soin est de qualité, il est nécessaire qu’il soit perçu de qualité par le patient et par le soignant.

Selon Marie-Agnès Morel, « la qualité perçue par le patient se base sur son ressenti. Elle est fonction de sa propre histoire et de celle de sa maladie, de ses représentations, de sa culture. Au-delà de la qualité de la prestation, elle tient également compte de la qualité des relations avec le soignant ou l’équipe »[19]. Ainsi, c’est le patient qui est le seul acteur capable de l’évaluer, compte tenu du caractère subjectif de la qualité du soin.

Par ailleurs, la qualité de soin perçue par le soignant est aussi fonction de son ressenti. Il s’agit également d’une notion subjective dont l’évaluation se fait en considérant ses valeurs personnelles et professionnelles, sa culture, sa propre histoire ainsi que ses représentations. La qualité des soins dépend aussi de la formation reçue par le soignant et de ses expériences professionnelles antérieures.

 

Ainsi, un soin est de qualité s’il est perçu comme tel à la fois par le patient et par le soignant.

 

 

CADRE OPERATOIRE

1. Choix de la méthode

J’ai opté pour un entretien semi-directif. De cette façon, j’ai pu un plus grand nombre de professionnels. De plus, les personnes interrogées ont eu suffisamment de temps pour répondre et n’ont pas risqué de sortir du sujet. Cette méthode sera moins contraignante que de devoir prendre des rendez-vous. Cette formule est donc simple, légère et préserve l’anonymat des personnes interrogées. Par ailleurs, j’ai bien veillé à choisir les questions de façon à avoir des réponses les plus précis possibles.

 

2. Choix de la population

J’ai interrogé quater infirmières afin d’avoir des réponses diversifiées et de vérifier s’il y a convergence ou divergence entre les opinions.

 

3. Objectif de l’entretien

L’objectif de l’entretien est de vérifier si les réponses données par les personnes interrogées sont convergentes ou au contraire divergentes, pour une même question  selon la thématique traitée.

 

4. Analyse des entretiens

4-1- Le parcours et les expériences professionnelles

  Obtention du diplôme Parcours professionnel
Infirmière 1 2009 – Maison de retraite, SSR, puis long séjour

– Cabinet d’ophtalmologie

– ARS Pierre Vivier

Infirmière 2 2002 Premier poste en CDI
Infirmière 3 2010 Premier poste
Infirmière 4 (non mentionné) – Une année en service somatique

– Cinq années en service médico-social

 

D’après ce tableau, nous pouvons constater que les infirmières interrogées sont diplômées depuis au moins 5 ans. Les parcours professionnels sont très variables. Mais on constate que la durée d’exercice en service médico-social est assez longue. Cela signifie que les infirmières ont déjà vu plusieurs cas et sont en mesure de donner des réponses qui reflètent au mieux la réalité sur terrain. Cela laisse penser que les réponses recueillies sont donc pertinentes.

 

4-2- La population prise en charge

Selon les infirmières interrogées, les profils des personnes admises dans leur service sont très variés : âge, type de pathologie. Cependant, il reste un point commun pour la prise en charge des patients : une addiction élevée à l’alcool et à la drogue, aux jeux lucratifs, problèmes d’anorexie. Par ailleurs, il y a aussi les personnes en rupture d’hébergement et qui ont besoin d’accompagnement dans les démarches sociales, les personnes ayant un passé lourd, c’est-à-dire ayant vécu dans les rues ou ayant eu un passé de vies précaires, les patients sans hébergement.

Dans les structures d’accueil de population marginale, la présence infirmière est très importante car ce type de population est très peu souciant de sa santé. Nombreux sont ceux qui appréhendent le contact avec le personnel soignant, voire les soins très simples. Comme ces patients ont une perte d’autonomie par rapport à leur pathologie, le rôle des infirmières pour leur prise en charge est primordial, notamment pour les sensibiliser. Cela contribue à les rendre plus autonomes.

Le premier contact avec le patient joue un rôle important car de ce contact va dépendre en grande partie le bon déroulement des soins, à noter que la population marginale refuse très souvent les soins et que les soignants sont obligés de respecter son choix. Les infirmières interrogées ont mentionné qu’elles vivent au quotidien avec les patients. Elles font donc face aux difficultés quotidiennes de ces patients et constatent que cette catégorie de patients est très peu soucieuse de sa santé, compte tenu des conditions précaires dans lesquelles elle vit. La santé est donc considéré comme secondaire pour eux. Cela amène à un diagnostic et permet d’avoir un soutien pour les éducateurs en poste. Grâce à la présence infirmière, l’infirmière peut faire un point sur la santé du patient, avant d’aller voir un médecin. D’une manière générale, les patients ont déjà, pour la plupart, fréquenté de nombreuses structures sociales et ont déjà beaucoup parlé de leur vie et de leur parcours. Il est donc important pour les soignants de garder une certaine distance mais en même temps faire preuve d’une bonne disponibilité. Par le premier contact, les infirmières essaient de rationaliser les patients de manière formelle et mettent tout en œuvre pour garder une neutralité bienveillante lors de l’accueil. Un affect positif lors du premier entretien est essentiel pour permettre aux patients de bien réagir. Il est donc important de mettre les patients à l’aise et de s’intéresser à lui. Les infirmières tentent aussi de rappeler leur fonction d’infirmier.

 

4-3- La confiance

L’instauration de la confiance peut avoir lieu suite au premier contact avec le patient. Cependant, il n’existe pas de formule toute faite à adopter mais il est important que le soignant sache s’adapter au cas de chaque patient. La difficulté réside souvent dans les limites à mettre en place : respect et règles de collectivité. Il faut pour cela réagir en considérant le comportement de chaque patient. Mais il faut noter qu’une relation de confiance est toujours bénéfique et permet d’arriver à beaucoup de choses.

Pour établir une relation de confiance, les infirmières restent strictes tout en étant dans l’écoute active des patients. Un recadrage a toujours lieu quand cela est nécessaire. Par ailleurs, elles reformulent les consignes quand cela s’avère utile. L’instauration d’une relation de confiance n’est pas évident pour les soignants car les patients sont souvent réticents et se trouvent dans l’ignorance de leur problème de santé. Plusieurs ne viennent pas forcément aux rendez-vous médicaux et préfèrent ne pas savoir plutôt que passer des examens.

 

4-4- La relation soignant-soigné

L’établissement d’une relation soignant-soigné est très important. En effet, les infirmières ont une difficulté à faire des soins dans le cas où les patients ne se sentent pas en sécurité ou en confiance. Très souvent, les patients sont craintifs. Ainsi, se sentir en confiance peut permettre aux patients de se sentir bien et de faciliter le déroulement des soins. Quand les soignants connaissent bien les patients, ils savent comment les prendre en charge et comment aborder un sujet. Par exemple, l’humour peut être utilisé par les soignants lors de la prise en charge pour mettre en place une confiance réciproque. En structure d’accueil, les infirmières essaient de redonner aux patients une envie de revivre. Et par conséquent, ils adhèrent mieux aux soins qui leur sont proposés.

La relation soignant-soigné est primordiale car la population marginale est un type de patients qui demande beaucoup mais qui refusent presque systématiquement les soins qu’on leur recommande.

 

4-5- L’accompagnement durable

L’accompagnement durable n’est pas facile à instaurer car les progrès sont parfois minimes comparés aux comportements des patients. Cependant, arriver à recadrer un patient qui était dans le refus catégorique peut être considéré comme une réussite. Mais des stratégies sont mises en place afin de pérenniser les prises en charge. La prise en charge sur le long terme est une des missions des infirmières, de même que les projets individualisés.

Pour une infirmière, un accompagnement est réussi quand une personne retrouve une vie sociale, un hébergement et quand il sait ce qu’il doit faire quand il a un problème de santé. L’accompagnement est aussi réussi quand les patients sont en mesure de donner l’alerte s’ils ne se sentent pas bien et s’ils peuvent gérer seuls leur comportement.

 

 

 

CONCLUSION

Grâce à ce travail de recherche en soins infirmiers, j’ai pu été consciente que la population marginale est un type de population dont la prise en charge n’est pas toujours facile, compte tenu de la précarité de leurs conditions de vie. C’est au cours des recherches documentaires que j’ai menées que j’ai acquis des connaissances sur les soins infirmiers, la relation de confiance, les caractéristiques de la population marginale. La connaissance de ces notions me permettra de mieux comprendre en quoi la prise en charge de ce type de patients relève d’une grande particularité et d’adapter en conséquence les soins.

 

Ce travail de recherche m’a permis de mettre en évidence l’importance de la relation de confiance lors de l’admission de ces patients dans les structures d’accueil spécialisées. J’ai  eu l’occasion d’apprendre des entretiens menés  auprès des professionnels de la santé que la confiance figure à la base de toute relation et d’une bonne prise en charge.

 

A travers ce travail, j’ai pu montrer que le soin relationnel figure au cœur de la profession infirmière. Il est aussi indispensable que le soin technique. Par ailleurs, il est important de considérer le parcours de vie d’un patient marginal afin de l’aider à s’exprimer et d’acquérir une autonomie. L’accompagnement est indispensable pour permettre au patient de savoir l’attitude qu’il doit adopter face à ses problèmes de santé.

 

Grâce à cette recherche, j’ai un désir de m’investir davantage dans la qualité de la prise en charge des patients en soins intensifs.

 

 

BIBLIOGRAPHIE

Christophe ROUAT. Soin : le prendre et le refuser. TFE EPS Barthélémy Durand. 2008-2011

DAMON,J. Qui sont les SDF ? Article n°689 du 4 Décembre 2003

Dictionnaire des soins infirmiers et de la profession infirmière, 3ème édition, AMIEC Recherche, Paris :  MASSON,  2005

 

Haute Autorité de Santé. Guide méthodologique de diffusion publique des indicateurs de qualité des soins. Saint-Denis-La Plaine : Haute Autorité de Santé, 2012

Ministère de la santé et de la protection sociale, Profession infirmier : recueil des principaux textes relatifs à la formation préparant au diplôme d’état et à l’exercice de la profession. [s.l] : Berger –Levrault, 2010

MOLINIER,  Pascale.  LAUGIER,  Sandra.  PAPERMAN,  Patricia.  Qu’est-ce  que  le  Care ?  Souci des  autres, sensibilité, responsabilité. Paris : Petite bibliothèque Payot, 2009. 302 pages

MOREL Marie-Agnès. Qualité des soins. In FORMARIER Monique, JOVIC Ljiljana (Dir).  Les concepts en sciences infirmières. Lyon : Mallet conseil, 2009

ROGERS, Carl. Le développement de la personne. Paris, Éditions Dunod, 1968

SANCHEZ DIAZ Barbara, La relation soignant soigné. 2006

VEXLIARD, A. Le clochard, Desclée de Brouwer, Paris, 1998, 493 pages

 

 

 

ANNEXES : Grille d’entretien

1 – Quel est votre parcours professionnel ?

2 – Dans votre structure, quel est le type de populations pris en charge ?

3 – Qu’apporte la présence infirmière dans ces structures ?

4 – Quel est, pour vous, la place du premier contact sur la suite de la prise en charge ?

Question de relance : comment faites-vous pour faire « bonne impression »?

5 – Qu’est-ce qui fait que c’est ce premier contact qui débouche sur une relation de confiance ?

6 – Se peut-il qu’une relation de confiance permette une bonne prise en charge ?

7 – Comment établissez-vous une relation de confiance en structures d’accueil ?

8 – A quoi correspond selon vous un accompagnement réussi ?

9 – Mettez-vous en place des stratégies particulières pour pérenniser vos prises en charge ?

Thème Questions
Parcours et expériences professionnelles Année d’obtention DE, expériences, parcours professionnels ?
Population prise en charge Type de populations prises en charge ?

Définition marginalité ?

Confiance Comment établir une relation de confiance ?

Impact de cette relation sur la prise en charge ?

Relation soignant/soigné Qu’est-ce que pour vous en structures d’accueil ?
Accompagnement durable A quoi correspond un accompagnement réussi ?

Moyens d’action pour pérenniser les prises en charge ?

 

[1] SANCHEZ DIAZ Barbara, La relation soignant soigné. 2006

[2] Organisation Mondiale de la Santé, cite sur http://fr.wikipedia.org/wiki/Infirmier. Consulté le 31 janvier 2014

[3] Journal de médecine légale. Cité sur http://www.infirmiers.com/profession-infirmiere/competences-infirmiere/definition-du-role-propre-infirmier.html. Consulté le 31 janvier 2014

[4] Article R 4311-3 CSP

[5] Article R4311-5-40°

[6] Article R4311-5-41°

[7] Article R4311-6-1°

[8] Article R4311-6-2°

[9] ROGERS, Carl. Le développement de la personne. Paris, Éditions Dunod, 1968

[10] DAMON,J. Qui sont les SDF ? Article n°689 du 4 Décembre 2003 publié sur le site lien-social.com

[11] VEXLIARD, A. Le clochard, Desclée de Brouwer, Paris, 1998, 493 pages, page 241-245

[12] Christophe ROUAT. « Soin : le prendre et le refuser ». TFE EPS Barthélémy Durand. 2008-2011

[13]  MOLINIER,  Pascale.  LAUGIER,  Sandra.  PAPERMAN,  Patricia.  Qu’est-ce  que  le  Care ?  Souci  des  autres, sensibilité, responsabilité. Paris : Petite bibliothèque Payot, 2009. 302 pages. p. 36.

[14] Dictionnaire des soins infirmiers et de la profession infirmière, 3ème édition, AMIEC Recherche, Paris :

MASSON,  2005

[15] Ibid

[16] Haute Autorité de Santé. Guide méthodologique de diffusion publique des indicateurs de qualité des soins [en ligne – PDF]. Saint-Denis-La Plaine : Haute Autorité de Santé, 2012

[17] Article R4312-10 du CSP

[18] Ministère de la santé et de la protection sociale, Profession infirmier : recueil des principaux textes relatifs à la formation préparant au diplôme d’état et à l’exercice de la profession. [s.l] : Berger – Levrault, 2010 p.161

[19] MOREL Marie-Agnès. Qualité des soins. In FORMARIER Monique, JOVIC Ljiljana (Dir).  Les concepts en sciences infirmières. Lyon : Mallet conseil, 2009

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