Analyse des Impacts du Gisement Pétrolier de Doba au Tchad
~ INTRODUCTION ~
La République du Tchad est un pays d’Afrique centrale qui n’a pas d’accès à la mer. Il est limité situé au nord par la Libye, à l’ouest par le Niger et le Nigeria, au sud par le Cameroun et la République centrafricaine et à l’est par le Soudan. Sa capitale est N’Djamena. Le pays est devenu indépendant le 11 Août 1960 et avait eu comme premier chef d’État François TOMBALBAYE. Jusqu’à aujourd’hui, on observe qu’il conserve néanmoins une relation privilégiée avec la France, son ancien colonisateur qui y est depuis lors intervenu militairement à plusieurs reprises pendant des guerres civiles. Officiellement, la constitution de la république déclare que le pays suit le régime démocratique et parlementaire mais dans la pratique, on y observe quelque fois l’application d’un régime autoritaire. Le président de la république tchadienne est actuellement Monsieur Idriss DEBY.
Le Tchad constitue un point de passage entre l’Afrique du Nord et l’Afrique noire. Il a une superficie de 1. 284. 000 km², ce qui le place au cinquième rang des pays les plus vastes d’Afrique. Du nord au sud, on peut diviser le pays en trois grands ensemble géographique notamment une région désertique, un espace semi-aride et une savane soudanaise. Le lac Tchad est le principal plan d’eau du pays qui lui a affecté son nom. Le point culminant du pays est l’Emi Koussi qui se trouve dans le massif du Tibesti.
Tchad est un pays faiblement peuplé car vu sa superficie, il n’a qu’à peu près 11 millions d’habitants[1]. La croissance annuelle moyenne de sa population est de 400.000 personnes. Le pays connaît pourtant d’importants contrastes liés aux types de climats de chaque région. Le tiers nord du pays est occupé par le Sahara, il ne contient presque pas de population. Plus au sud, on retrouve le Sahel où les précipitations sont abondantes (entre 300 et 600 mm). La capitale du pays (le Ndjamena) et le lac Tchad se trouve dans le Sud de cette zone. Plus au sud encore, il y a une zone de savane où il y a de très fortes précipitations qui peuvent dépasser 900 mm et c’est surtout dans le sud-ouest que les densités sont les plus élevées. Le Nord et le Centre représentent les deux-tiers de la superficie du pays mais ils abritent seulement environ 30 % de la population totale. Ces régions du nord et du sud sont peuplées de populations négro-africaines et sahariennes disparates, mais qui sont toutes musulmanes, appartenant aux groupes linguistiques sahariens, soudanais oriental et central. Par ailleurs, les Arabes qui représentent environ 14,5% de la population Tchadienne (de souche, métissés et négro-africains arabisés), musulmans, occupent trois grandes zones de peuplement : au nord-ouest, au centre et au sud-ouest. D’autre part, les 8,5 % des Tchadiens sont des Hadjaraïs (nom de désignation ethnique) qui peuplent le centre et le centre-ouest du pays ; ces derniers utilisent les groupes linguistiques afro-asiatique, tchadique, nilo-saharien, bongo baguirmi, sara baguirmi, baguirmi, soudanais oriental et central et ils sont majoritairement musulmans. Néanmoins, il existe une minorité de chrétiens voire des animistes dans cette partie du territoire. Enfin, le Sud-ouest du pays est occupé par des chrétiens qui sont des populations négro-africaines appartenant aux groupes linguistiques tchadien et soudanais central[2].
La république Tchadienne a un taux de croissance démographique de 2,069 %, avec un taux de natalité de 40,86 pour mille et un taux de mortalité de 16,09 pour mille. La population Tchadienne est jeune car 46,7 % de la population ont moins de quinze ans, 50,4 % est entre quinze et soixante-quatre ans, et 2,9 % seulement ont plus de soixante-cinq ans[3]. A cause de ces contrastes, Tchad doit chercher à rassembler au mieux le dividende démographique pour pouvoir atteindre l’objectif de ces pouvoirs publics qui consiste à faire du pays un pays émergent aux alentours de l’année 2025.
Les trois-quarts de la population tchadienne vivent à la campagne et depuis son indépendance, le Tchad recèle le plus important potentiel agricole de la sous-région sahélienne. Le coton est sa première culture d’exportation qui représente le quart des recettes du pays avec 140.000 tonnes produites en 2000[4]. La filière concerne près d’un million de population active. Le Tchad produit également des céréales (sorgho, mil, riz, maïs), de l’arachide, de la canne à sucre, du tabac et des tubercules. Le pays est par ailleurs second exportateur mondial de gomme arabique, après le Soudan, avec une part de marché de 29% dans le monde. En la matière, la gomme arabique Tchadienne est essentiellement utilisé dans une large gamme de produits industriels, pharmaceutiques et alimentaires ; la France en est le principal importateur. Cependant, les aléas climatiques et las variations de la demande internationale compromettent gravement l’avenir de l’agriculture Tchadienne. La population Tchadienne pratique également l’élevage. On y observe un cheptel (bovin, ovin, caprin) de plus de 12 millions de têtes, ce qui place son élevage au second rang de ses recettes d’exportation. L’élevage occupe près de 40% de la population[5].
Aussi, le sous-sol tchadien contient de nombreuses ressources (uranium, tungstène, étain, fer, or, …). Cependant, seule l’exploitation du pétrole est actuellement mise en place. Ce secteur du pétrole occupe 10% de la population active et contribue pour 16% au Produit National Brut du pays. En 2003, le pays commençait à devenir un pays producteur et exportateur de pétrole. La mise en exploitation des gisements pétroliers du pays était, à ce moment, financée et très encadrée par la Banque mondiale. La lutte contre la pauvreté et le développement durable du pays sont les deux objectifs fixés par le pays et la banque mondiales dans la mise en œuvre de cette exploitation. Pour atteindre ces objectifs, le Tchad et les deux plus grands pourvoyeurs d’aide au développement dans le monde (Banque mondiale et Union européenne) et les compagnies pétrolières ont édicté des règles strictes d’utilisation des revenus pétroliers. La Banque mondiale et l’Union européenne, principales cautions financières des investissements à l’exploitation du pétrole découvert, ont été désignées pour encadrer la mise en œuvre et le respect de ces règles tandis que la société civile tchadienne avait un droit de contrôle sur l’usage des revenus pétroliers. Ainsi, en échange du prêt, l’État tchadien touche des redevances et des dividendes, soient des recettes de 2 milliards de dollars par an sur 25 ans. En contrepartie, le Tchad s’est engagé auprès de la Banque mondiale et de l’Union Européenne à dépenser 80 % des redevances et 85 % des dividendes à la lutte contre la pauvreté. À la suite du non respect de son engagement par le gouvernement Tchadien, un différend entre la Banque et ce dernier est survenu. Quelques temps après, un nouveau protocole d’accord a été signé (en juin 2006) entre les parties. Cet accord engage le gouvernement Tchadien à consacrer 70 % de son budget total aux programmes prioritaires de réduction de la pauvreté[6].
Depuis 2003, plusieurs gisements pétroliers se sont développés dans le pays. Parmi eux, il y a le gisement pétrolier de Doba mise en place par un accord de 1996 avec différentes sociétés étrangères. Cet accord prévoyait l’exploitation du champ de Doba dans le sud du pays (avec un potentiel de production évalué à environ 250.000 barils/jour), conjointement à la construction d’un oléoduc de 1070 km (dont 880 km au Cameroun) pour l’acheminement du pétrole vers le port de Kribi. La réalisation des chantiers de Doba donnait aux populations locales des emplois passagères et /ou long termes significatifs. Effectivement, l’exploitation commerciale des gisements pétroliers de Doba, dans le sud du pays à partir des années 2000 avait et a toujours un impact profond sur la vie économique, sociale et politique tchadienne. Les gisements sont exploités par un consortium associant Exxon Mobil, Chevron, et Petronas. En 2008, le Tchad a produit 156 000 barils/jours de pétrole, sur une réserve estimée primitivement à 1,5 milliard de barils. Au premier semestre de 2009, 21,1 millions de barils ont été extraits[7].
Le présent document s’intéressera plus particulièrement à cette exploitation du gisement pétrolier à Doba dont nous venons d’introduire. Tout au long de cette étude, notre objectif sera d’analyser les impacts positifs et négatifs de la mise en place du gisement pétrolier de Doba. Pour réussir cette analyse, le meilleur moyen est de se demander : est-ce que le gisement pétrolier à Doba a-t-il permis le développement de la région ? Ainsi, le présent document aura pour objet de mettre en évidence les points saillants qui mériteront d’être évoqués sur les gisements pétroliers Tchadien et principalement sur celui exploité à Doba. A cet effet, trois grandes parties vont se succéder :
La première partie rendra compte de la filière pétrole au Tchad. La présentation des potentialités et des obstacles présents dans cette filière s’avère d’abord nécessaire avant d’exposer les principaux gisements pétroliers du pays. Ensuite, notre attention sera attirée sur l’évolution du gisement de pétrole au Tchad.
Une deuxième partie sera par la suite consacrée à la mise en exergue du gisement pétrolier de Doba. Cette partie passera en revue la présentation de la ville de Doba avant d’évoquer l’historique de ce gisement de pétrole dans cette ville.
Enfin, une troisième et dernière partie sera réservée à l’analyse des impacts du gisement pétrolier à Doba. Dans cette dernière partie sera développée les impacts sociaux, les impacts économiques ainsi que les autres impacts de ce gisement pétrolier de Doba.
PREMIERE PARTIE :
LA FILIERE PETROLE AU TCHAD
Dans de nombreux pays, le rôle du pétrole suscite des débats très controversés. Il y a ce qui pense que c’est un moteur de changements économiques, sociaux et géopolitiques et il y a les opposants à cette doctrine. On entend par « Pétrole » une ressource limitée, qui ne se renouvelle qu’à une échelle de temps géologique : il est le produit de la décomposition de matière organique qui s’est accumulée puis transformée sous de fortes pressions sur des périodes s’étalant sur plusieurs millions d’années[8]. Généralement, depuis quelques années, on a pu observer une relation négative entre l’exploitation, le développement socio-économique et la gouvernance d’un pays. Cette négativité se traduit par un enrichissement sans cause des dirigeants alliés aux compagnies pétrolières et des parties prenantes à l’exploitation du produit. Des problèmes économiques associés à des confrontations politiques sont souvent induits par l’exploitation pétrolière car l’amélioration du budget de l’Etat crée toujours une entité riche mais fragile à cause des inégalités socio-économiques persistants et des appétits financiers croissants du gouvernement concerné. La Norvège a été le premier pays du monde a avoir pu réunir à la fois les différents enjeux de l’exploitation de l’or noir (le pétrole) et la bonne gouvernance du pays. La Norvège est alors devenue une référence et sa gouvernance pétrolière a été prise en modèle à suivre pour tous les pays exportateurs de pétrole. Comme tous les autres pays exportateurs de pétrole, les acteurs de l’exploitation du pétrole tchadien ont tenté de s’inspirer de ce modèle dans leurs pays. Cependant, les trois sous-parties qui vont s’enchaîner mettront de l’accent sur les potentialités et les obstacles liés à la filière pétrolière au Tchad avant de présenter les principaux gisements pétroliers du pays et enfin, la dernière sous-partie parlera de l’évolution de ce gisement de pétrole Tchadien.
I°] LES POTENTIALITES ET LES OBSTACLES DE LA FILIERE PETROLIERE AU TCHAD
L’objectif attendu de l’exploitation pétrolière consiste à développer les politiques et les actions susceptibles de maximiser l’impact de la croissance de l’économie sur la réduction de la pauvreté. Toutefois, comme toutes choses, l’exploitation a généré aussi bien des alternatives que des soucis dans chaque domaine de la vie de la république Tchadienne.
- Les alternatives ouvertes au pays
En acceptant de faire entrer dans son pays les exploitants des gisements pétroliers, le gouvernement Tchadien a pris un grand risque vu son ouverture pour des sociétés et entreprises étrangères mais il n’avait pas à regretter ce risque car beaucoup de chance lui sont ouvert suite à ce projet.
- Ouverture au monde extérieur
Depuis l’introduction de l’exploitation du pétrole au Tchad, plusieurs pays développés et aussi des investisseurs étrangers se sont intéressés au pays. On conçoit cette situation comme une chance pour les Tchadiens de pouvoir s’ouvrir au monde. Il y aura des possibilités pour eux de conclure des affaires de tous les niveaux et dans tous les domaines avec ces nouvelles personnes qu’ils vont découvrir petit à petit avec le lancement et au cours même du projet. En d’autres termes, il y a une grande possibilité pour la république Tchad de faire encore plus de découverte sur les richesses cachées de son pays afin de pouvoir les exploiter.
La possibilité est très grande puisqu’un Tchadien, sans les investisseurs et leurs financements, n’aura pas les moyens d’exploiter seul une ressource minière qu’il a découvert. Mais aidés par les financements étrangers et les consortiums, il pourra trouver des solutions pour vendre ce qu’il a trouvé et pour agrandir son marché.
De plus, le gouvernement Tchadien, depuis le lancement du projet d’exploitation des gisements pétroliers du Tchad, a pu facilement trouver des financements pour pouvoir travailler dans le but d’atteindre son objectif : « faire du Tchad un pays émergent aux alentours de 2025 »[9]. Même la banque mondiale a fait plus confiance au Tchad en voyant sa richesse en pétrole.
- Remboursement des dettes
Le lancement du projet d’exploitation de la filière pétrole a apporté une grande évolution pour l’économie du Tchad. En effet, depuis ce projet, le pays a vu son Produit Intérieur Brut s’élever de plus en plus à chaque année qui passe. Avant, l’économie Tchadienne était basée sur l’agriculture et l’élevage. L’exportation des produits de l’agriculture et de l’élevage avait constitué en grande partie les revenus propres du pays. Mais peu de temps avant le lancement du projet de pétrole, l’agriculture Tchadienne s’est démesurément dégradée en raison des aléas climatiques et de l’augmentation en nombre des pays qui exporte les mêmes produits qu’eux ainsi que de son incapacité à satisfaire les demandes internationales par rapport aux normes du marché. De ce fait, les revenus espérés par le gouvernement se trouvait diminuer. Ainsi, une forte inflation a frappé le pays aux alentours des années 2000.
En d’autres mots, concevoir et réaliser les projets de gisements pétroliers étaient vraiment une bénédiction de Dieu pour le gouvernement Tchadien qui s’était trouvé à lors dans de graves situations économiques et de pauvretés flagrantes. A l’époque, c’est-à-dire aux environ de l’année 2000, Tchad se comptait déjà parmi les pays les plus pauvres et très endettés de l’Afrique. Mais la chance lui a souri et il a pu largement augmenter son revenu d’exportation grâce à l’exportation de pétrole. En l’occurrence, entre 2004 et 2008, le Tchad, à cause de l’augmentation des prix du pétrole, obtient des revenus supérieurs à ceux prévus. Ce qui lui permit en 2008 de rembourser la dette à la Banque Mondiale[10].
- Renouvellement des infrastructures sociales de bases
En plus, les revenus pétroliers ont permis au gouvernement Tchadien de moderniser quelques infrastructures sociales de base comme son armée qui n’était plus en état à cause de sa participation fréquente aux guerres, d’obtenir un meilleur réseau routier et de construire de nombreux bâtiments publics utiles et prioritaires. Si le gouvernement a pu prendre en charge ces grands travaux, c’est qu’il a nettement amélioré le budget de l’Etat. La raison est que des bonus étaient versés au Tchad lors de la reconstitution des consortiums pétroliers chargés d’exploiter les gisements pétroliers Tchadiens. Le président tchadien Idriss Deby a lui-même informé les membres de son gouvernement du paiement de ce bonus par les consortiums lors d’un conseil des ministres. Ces fonds seront gérés « de façon transparente et conformément à la loi sur la gestion des ressources pétrolières », a-t-il promis. Ils seront utilisés pour des projets dans les secteurs jugés prioritaires comme l’agriculture, la santé, l’éducation et les infrastructures, ainsi que pour des projets émanant de certains ministères clés dont la Justice, la Communication, et la Défense.
A premier abord, on pourra constater que le gouvernement Tchadien a beaucoup trop de priorités. Mais les revenus issus des exportations des industries primaires, secondaires et tertiaires n’ont plus pu couvrir toutes ces nécessités, il fallait qu’il compte sur les revenus provenant de l’exploitation des gisements pétroliers pour permettre son développement. En bref, les infrastructures de bases et les secteurs prioritaires de la république Tchad ont pu être renouvelées grâce au pétrole et à son exportation massive.
- Amélioration de son potentiel économique
Le Tchad recèle actuellement un important potentiel économique, notamment grâce aux ressources pétrolières mises actuellement en valeur par les consortiums d’exploitations. L’exploitation du pétrole de Doba permettrait, par exemple, de générer des revenus pétroliers de 2 milliards de dollars par an pour le Tchad, selon la Banque Mondiale[11]. Par prévision, la communauté internationale accordera prochainement au Tchad le quatrième rang de producteur de pétrole en Afrique Subsaharienne. Il faut remarquer qu’avant l’ère du pétrole, le Tchad est classé au 167 ème rang mondial sur l’échelle de développement humain[12], la possibilité d’accéder à un développement durable au cours des deux prochaines décennies. Mais le gouvernement Tchad aidé par les établissements de financement pourront surmonter leurs difficultés économiques par l’exportation du pétrole. En effet, les revenus issus de cette exploitation suffisent largement pour amorcer le développement du pays et amélioré sa situation au niveau mondial. Etant donné la situation dans laquelle il se trouvait aux alentours des années 2000 (parmi les pays les plus pauvres et les plus endettés d’Afrique), le gouvernement Tchadien avait enfin la possibilité de sortir de l’enfer où il vivait avec sa population.
- Réduction de la pauvreté
La Banque Mondiale, l’Union Européenne et le gouvernement Tchadien prétendaient faire du projet d’exploitation pétrolière ouvert dans le pays du Tchad un modèle où les ressources naturelles aideraient à éradiquer la pauvreté et profiteraient à la population locale. Ainsi, des possibilités de réduction du taux de chômage s’ouvre au pays par l’existence d’un cabinet d’expertise mandaté par les consortiums qui prévoit la création de deux à trois mille emplois et un volume total de salaires de 16 millions de dollars[13]. Si cette promesse faite par les entités responsables et les entreprises exploitant les gisements pétroliers se réalisent vraiment, le taux de chômage au Tchad se trouverait réduit à 50% ou même plus. Mais actuellement, de la théorie à la pratique subsiste continuellement un écart et des difficultés et la population se doute de devenir victime de déception massive.
Les tenants de la doctrine de l’importance de l’exploitation du pétrole croyaient aux promesses du gouvernement, de la compagnie d’exploitation, de la Banque Mondiale et de l’Union Européenne, qui affirmaient que le pétrole mettrait fin à la pauvreté du pays. Mais certains membres de la société civile, opposants de la doctrine, tenant le rôle de contrôleur de l’utilisation des revenus issus du pétrole[14], comme l’accord pétrolière de départ a prévu, demandent au régime d’employer davantage les revenus pétroliers pour l’amélioration des conditions de vie de la population un peu plus de manière directe mais non pas indirectement par la modernisation de l’armée, par la construction de bâtiments publics, par la modernisation du ministère de la justice. Par cette demande, la société civile demande au gouvernement d’intervenir dans la vie sociale quotidienne des Tchadiens surtout de la région du pétrole : dans l’abaissement du prix des produits de première nécessités et des produits pharmaceutiques par exemple.
- Indépendance dans l’approvisionnement d’hydrocarbures
Depuis son indépendance et jusqu’en 2003, le Tchad dépendait totalement du Cameroun et de Nigeria en matière d’hydrocarbures et d’énergies. Mais depuis cette année, il a été libéré puisqu’il a trouvé en lui-même cette ressource très intéressante et très utile qui est le pétrole. Il est vrai qu’il n’est pas indépendant dans l’exploitation des gisements pétroliers car le pays dépend encore des investisseurs étrangers mais quand même, il a fait un grand pas en avant en pouvant satisfaire lui-même ses besoins en hydrocarbures.
De plus, depuis 2008, le Tchad a pu se libérer totalement de ses dettes envers la Banque Mondiale par les revenus issus de l’exploitation du pétrole. Ainsi, il a pu, depuis ce temps, devenir, pour une partie, indépendant dans l’exploitation de son gisement.
- Découvertes de nouvelles ressources sous-terrains et miniers.
Un autre avantage est que lors des forages effectués pour la recherche de pétrole, des couches de charbon et de lignite d’âge probablement crétacé ont été recoupés dans les bassins du lac Tchad et de Doba. Même si le potentiel de ces découvertes n’a jamais été examiné et pris aux sérieux par les tenants du pouvoir Tchadien, ces indices prouveraient certainement la richesse sous-terraines du Tchad. En d’autres termes, pendant l’étude faite par les entreprises étrangères et les consortiums dans le cadre de l’étude des gisements pétroliers, ces derniers ont pu détectés l’existence des richesses sous-terraines tels que du charbon sous certaines conditions dans certaines régions du Tchad. Cette situation ouvre une grande opportunité pour le pays dans la mesure où ils occasionneront des surplus de revenus augmentant ainsi la puissance économique, politique et technique du pays.
- Les inconvénients
En opposition à ces plusieurs avantages, le lancement des projets d’exploitations des gisements de pétrole au Tchad avait aussi occasionnés quelques soucis pour le gouvernement Tchadien et surtout pour sa population.
- Existence des opposants au projet
Bien avant le lancement des projets d’exploitation pétrolière du Tchad, une enquête faite par « Transparency International » a classé le Tchad parmi les cinq pays les plus corrompus de la planète terre. Les opposants aux projets, pendant la phase de lancement, justifiaient leurs abstinences à contrer et arrêter les projets d’exploitation par ce médiocre classement. Ils prévoyaient que la population ne bénéficierait surement pas des redevances du pétrole mais en subirait les retombées négatives car seules les dirigeants et les entreprises d’exploitation auront à gagner. Pendant les phases d’exploitation, ils détectaient effectivement que les revenus pétroliers ne sont pas utiliser correctement par le gouvernement Tchadien qui emploient ces bénéfices dans des secteurs indirectement profitable pour la population. Pour être un peu plus clair, ils dénonçaient l’utilisation des revenus pour la construction de divers bâtiments publics ou l’amélioration des équipements dans la main de l’armée alors que la population des régions d’exploitation vit toujours dans le seuil de la pauvreté et ne voient pas des baisses sur l’inflation qu’elle a subie depuis quelques années. Ainsi, ces derniers demandaient au régime d’employer davantage la manne pétrolière pour l’amélioration des conditions de vie de la population.
Le pays a commencé à percevoir des revenus issus du pétrole en 2004. Mais on observe gravement un manque de transparence de la part de l’administration et du Consortium d’exploitation ; ce qui rend difficile la connaissance des montants perçus par le gouvernement pour la population locale et les organismes internes de suivis et de contrôle. Le manque d’expériences de la part du gouvernement Tchadien en matière de maîtrise des coûts opérationnels du projet et du contrôle de la quantité exportée, réduit considérablement la part de revenus du Tchad qui ne reçoit que 28,69% des bénéfices pendant que le consortium d’exploitation en reçoit 71,31%[15].
Aussi, une enquête de la Banque Mondiale de 2005 révéla que l’argent reçu par le gouvernement Tchadien avait été gaspillé de façon abusive par les responsables. La banque a pu déceler, à l’occasion, la persistance de la corruption au sein du gouvernement Tchadien car le gaspillage de l’argent se manifestait par l’utilisation matériel de mauvaise qualité et à bon prix pour soutirer quelques bénéfices propres, le gonflement des prix dans l’élaboration des projets nécessaire à l’amélioration des infrastructures sociales, le non équipement des écoles et des hôpitaux construits par l’insuffisance de financement suite à l’existence des détournements de fonds.
Toutes ces raisons poussent la majorité de la population Tchadienne a adhéré au point de vue des opposants du projet. Ils optent pour ce point de vue en ne voyant aucune intérêt ni même aucune amélioration dans leurs vies quotidiennes. Actuellement, les opposants sont entrain de concocter des associations de lutte contre l’enrichissement sans cause des dirigeants du pays et des consortiums liés à l’exportation du pétrole et la masse populaire (surtout dans les régions touchées par les gisements) sont favorable à ces mouvements.
- Persistance de la pauvreté
De 2004 à 2011, le budget de l’Etat Tchadien s’est nettement amélioré en passant de moins de 300 milliards de francs CFA en 2004 à plus de 1572,482 milliards de francs CFA en 2011[16]. Mais comme on l’a déjà vu ci-dessus, les conséquences de cette nette amélioration n’ont pas d’impacts sur la vie sociale et directe de la population : les conditions de vie des 11 millions de Tchadiens ne se sont pas améliorés, les services publics ne se sont pas vraiment réformés, et la population des régions touchées par l’exploitation n’ont pas vu leurs vies rénovés. Apparemment, les promesses faites par les compagnies pétrolières et par le gouvernement Tchadien n’ont pas été tenues et la Banque Mondiale a quitté le pays en 2008.
Le projet pétrole Tchad qui avait éveillé tant d’espoirs dans l’esprit de la population dans l’optique d’un développement durable du pays est devenu, après huit longues années d’exploitation, un cauchemar qui a transformé le paradis rêvé en enfer pour la majorité des Tchadiens. Le fait est que l’exploitation du pétrole a détruit le système de production paysanne. L’occasion a eu l’effet de priver les agriculteurs de leurs terres ; de polluer les eaux, les sols et l’air c’est-à-dire l’environnement de la population riveraine de l’exploitation ; de diviser la population et de semer le désespoir surtout chez les jeunes. Seul une visite de la région peut permettre d’appréhender l’impact de l’exploitation du pétrole sur le terrain. Pour les agents pastoraux visités et interrogés, la réalité s’avérait bien pire que celle qu’ils avaient imaginée au début du projet.
La performance économique de l’Etat du Tchad suit une amélioration à moyen terme en notant un redressement cohérent du budget de l’Etat et une reprise des aides internationales. Il faut noter que les aides internationales représentent 12% du Produit Intérieur Brut du pays[17]. Mais cette performance n’a pas encore réussi à faire reculer la pauvreté de manière significative. Certes, les projets pétroliers ont pu occasionner quelques surplus d’activités notamment dans le secteur du bâtiment mais cette redynamisation a aussi entraîné une inflation notable dans les régions concernées par l’exploitation pétrolière.
Après 8 ans d’exploitation, les résultats dépassent les pires prévisions. La pauvreté s’est aggravée dans le pays Tchad, particulièrement dans les zones pétrolières. En 2011, le Tchad était classé le 7ème pays le plus pauvre du monde[18]. Le bassin pétrolier de Doba qui est une région particulièrement peuplée d’agriculteur, est une zone très peuplée avec 38% de la population Tchadienne et très productive. En 2011, elle est devenue la troisième région la plus pauvre du Tchad malgré les milliers de barils de pétrole y exportés chaque jour. Dans cette zone, 64,7% de la population vit dans la pauvreté avec un revenu moyen de 396 F CFA par jour[19]. A première vue, Les paysans du bassin de Doba sont apparemment les plus grands perdants du projet pétrole.
Le consortium d’exploitation et les compagnies pétrolières s’abritent derrière l’existence d’un accord de confidentialité dans le contrat d’exploitation pour favoriser un système de corruption professionnelle avec les tenants du pouvoir Tchadiens. Ce qui empêche un vrai contrôle des bénéfices du pétrole par les organismes de contrôle interne mis en place. Pourtant, en 2010, le Tchad a ratifié et a signé sa candidature au sein l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE), une initiative internationale. Mais en présence de cet écart indéniable entre son engagement et la réalité dans le pays, il n’a pas encore présenté son rapport jusqu’à présent.
- Impuissance des organes de suivis et de contrôles
Dans la conclusion du contrat d’exploitation des gisements pétroliers de Doba, la Banque mondiale a exigé que le contrat se conclue suivant le principe de la transparence de la gestion des revenus pétroliers. Ce principe impliquait l’adoption d’un Collège de contrôle et de surveillance des ressources pétrolières (CCSRP) qui doit obligatoirement donner son accord pour les prévisions (présentées par le gouvernement) de dépenses à engager avec la rente pétrolière. Le CCSRP a été conçu comme un organisme indépendant tchadien composé des représentants de l’Etat, de la société civile et des corps intermédiaires. Avant d’autoriser les dépenses, le CCSRP devait vérifier que les demandes de fonds déposés par le gouvernement étaient strictement conformes aux objectifs aux secteurs prioritaires pour l’atteinte de ces objectifs. Ce collège était composé d’un magistrat membre de la Cour suprême, d’un député, d’un sénateur, du directeur du trésor national, du directeur national de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC) et de quatre représentants de la société civile. Ces membres sont nommés pour un mandat de trois ans renouvelable une fois, ils sont choisis par leurs pairs, à l’exception du représentant du trésor national et du directeur national de la BEAC qui sont désignés par un décret du président de la République.
En 2007, le gouvernement Tchadien a demandé le remaniement des membres du CCSRP en invoquant la rotation réglementaire en son sein du CCSRP. Avec le départ du représentant de l’Union des syndicats du Tchad (UST) et des deux représentants de la société civile, tous les deux remplacés par des pairs plus conciliants, des modifications ont pu été apportées par décret au fonctionnement du CCSRP. Initialement, le gouvernement tchadien disposait de quinze jours pour examiner les rapports du CCSRP avant leur publication. La modification accordait un allongement de ce délai à une durée de trente jours sans explication officielle. L’avantage de cette modification donnait ainsi tout le temps nécessaire au gouvernement de modifier les réalités et de rendre des rapports truqués n’éveillant aucuns suspects et surtout conformes à ses intérêts. De ca fait, ces changements initiés par le gouvernement dans la composition et dans le fonctionnement du CCSRP ont neutralisé tout contrôle interne et fait des rapports et recommandations du CCSRP un exercice de pure formalité.
Le collège de contrôle et de surveillance des ressources pétrolières s’est trouvé ainsi très affaibli et avait tourné au ralenti grâce aux membres corrompus qui s’allient au gouvernement et aux consortiums dans le détournement des fonds relevant de l’exploitation du pétrole. Le collège n’est plus indépendant et son avis n’est plus souvent respecté.
- Des problèmes de déductions fiscales
Cependant, les nombreuses déductions fiscales prévues aux termes des contrats d’exploitations des gisements pétroliers (contrats conclus avec les consortiums étrangers d’exploitation) se traduiront par une absence des recettes fiscales déduites du pétrole et de son exploitation pour le Tchad au titre de l’impôt sur les bénéfices entre les années 2004 et 2014. Ces dix années de production sans recettes fiscales toucheront les bénéfices acquis par 632 millions de barils, soit 71% de la production totale prévue[20]. Autrement dit, Le « project Appraisal », un document sur lequel le conseil d’administration du CCSRP devait fonder sa décision, estimait qu’une valeur estimée à 10,2 milliards de dollars issus de la production de pétrole sera totalement exemptée fiscalement, selon une hypothèse moyenne. Ainsi, l’impôt sur les bénéfices commencera à entrer dans les caisses de la république du Tchad à partir de l’année 2014. Cette situation serait sans doute très désastreuse pour le coté fiscale du pays puisqu’en 2014, il ne faut pas oublier que seulement 29% de la production totale prévue sera restée pour être exploitée.
Si l’on s’en tient à l’objectif affiché par le gouvernement tchadien d’utiliser les revenus pétroliers pour éradiquer la pauvreté dans ce pays en situation d’extrême pauvreté, le projet d’exploitation de l’or noir c’est-à-dire du pétrole était fort intéressant et a presque fait l’unanimité de la population. Mais concernant l’utilisation effective des ressources des projets, cette opinion générale s’est échangé contre une méfiance des risques élevés de détournement de la recette pétrolière comme l’a décrit la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), dans cet Etat épinglé par « Transparency International » comme l’un des premiers pays en matière de corruption dans les années 1998 et 1999.
- Les fuites d’hydrocarbures
Difficiles à détecter, coûteuses à réparer et désastreuses pour l’environnement, les fuites d’hydrocarbures représentent un vrai casse-tête pour l’industrie pétrolière. Des solutions ont été déjà proposées par des chercheurs pour y remédier. Le système de solution s’est inspiré de la façon dont le sang coagule en cas de coupure. Mais cette méthode n’est pas encore totalement parfaite. Mis au point par des ingénieurs écossais, il repose sur l’utilisation de plaquettes artificielles, petites particules malléables d’élastomère dont la taille peut varier de 0,8 mm à celle d’une balle de tennis, selon l’importance de la fuite à boucher. Introduites dans l’oléoduc, elles seront portées par le flot de pétrole jusqu’à la fuite où, sous l’effet de la pression, elles se colleraient contre la paroi et finiraient par clore le point de rupture. La réparation s’effectuera ainsi sans intervention humaine. L’avantage et la réalisation est redoutable vu que les nouveaux oléoducs sont souvent construits dans des zones de plus en plus difficiles d’accès. Dans l’optique de cette solution, avant même de les boucher, les plaquettes, qui sont marquées aux isotopes radioactifs, permettent également de localiser d’éventuelles fuites. Le système a été utilisé avec succès en Grande-Bretagne, en Norvège et en Azerbaïdjan.
Comme on l’a dit ci-dessus, cette méthode n’est pas encore prête à utilisation. En plus, elle écarte toute intervention humaine dans sa réalisation. Ainsi, elle occasionnera toujours quelques mauvaises surprises pour les humains et ses concepteurs car nul ne peut intervenir pour les mettre en place si jamais il y aura des problèmes en cours de route quand la petite balle n’arrivera pas à la place voulue. Ainsi, la fuite dans les oléoducs est un grand problème, plus grand qu’on ne le pense, puisqu’il s’agit d’un problème à la fois social, environnemental, financier, économique,…Ce cas de figure de fuites du pétrole dans les oléoducs d’exploitation pétrolière du Tchad dans l’immédiat mais il constitue cependant une menace grave sur la tête des tous les exploitants pétroliers tels que les consortiums d’exploitation des gisements pétroliers du Tchad.
On pourra déceler la gravité de cette fuite, par exemple, dans l’explosion de deux oléoducs et l’incendie qui s’en est suivi, dans le port de Dalian le 17 juillet 2010, qui a causé plusieurs morts et un très grand désastre écologique, avec l’écoulement de 11 000 barils de pétrole, souillant entre 50 et 430 km2 de côte[21].
- Les contraintes économiques
Comme on a vu ci-dessus, des fortes contraintes pèsent encore sur le développement de l’économie du Tchad encore dominée par le secteur primaire, en raison de la faiblesse des infrastructures agricoles, de l’absence d’un tissu industriel, de la place prépondérante du secteur informel, d’un système financier encore embryonnaire suite à l’exploitation pétrolière, l’insuffisance en ressources humaines qualifiés et l’incapacité de gestion du pays par le gouvernement. En plus, la mobilisation des ressources financières exigées pour la réalisation de ce projet aura des effets sur la possibilité de subsistance des comptes publics du pays.
Mais la production de pétrole et sa consommation ont fortement augmenté au cours de la décennie passée. De 1997 à 2007, la consommation mondiale annuelle de pétrole a augmenté de 12 %, passant de 3480 à 3906 millions de tonnes (soit de 72,2 à 81,5 millions de barils par jour). En 2008, Le prix du pétrole a reçu une augmentation remarquable, interrompue par la crise économique, ce qui a contribué à un revirement d’une fraction significative des spécialistes du secteur pétrolier. Aussi, les demandes du marché international n’arrêtent pas d’augmenter et les acteurs de l’exploitation pétrolière ne pourront participer à cette course pour la satisfaction de la demande sur le marché internationale que s’ils mobilisent plus de ressources financières issues de leurs budgets Etatiques. Pour le cas du Tchad, ce sera un grand revirement pour son compte public.
- L’échec de la collaboration avec la banque mondiale
La cause de l’échec de cette collaboration modèle était proprement politique. Félicités par les nombreuses officielles et Chefs d’Etats venus assistés à la cérémonie d’inauguration du projet d’exploitation du gisement pétrolier de Doba à Komé, la Banque Mondiale, l’union Européenne, le consortium exploitant et le gouvernement tchadien n’a pas su détecter les menaces pesant sur eux face au démarrage et pendant toute l’exploitation. Suite au revirement unilatéral d’un des « partenaires » qui est le gouvernement Tchadien, toute la communauté internationale était dépassée et n’a pas su arrêtée la décision de ces derniers qui était juste pressée d’utiliser les revenus acquis à l’occasion de l’exploitation sans se sourciller du meilleur moyen de les dépenser. A vrai dire, le gouvernement Tchadien voulait utiliser ces revenus à sa guise et voulait expulser les organismes internes et externes de contrôle.
Etant un expert en matière de financement, la banque mondiale aurait dû hésiter avant de faire confiance à un Etat encore fragile, politiquement divisé, défié militairement et fortement endetté. La Banque mondiale et l’Union européenne ont gravement sous-évalué le risque politique lié à cet investissement pétrolier. Elles ont simultanément négligé la possibilité de reconfiguration d’intérêts du côté du gouvernement tchadien, et surestimé les engagements de bonne gouvernance du côté des compagnies pétrolières. Ces dernières ont finalement été les maillons faibles du consortium, le risque de ne pas obtenir de nouvelles concessions et la menace de leur substitution par les compétiteurs chinois leur a suffit à prendre le parti du Tchad contre les institutions internationales dans la question de la commercialisation du brut.
Plus globalement, la Banque mondiale et l’Union européenne ont été incapables de lire à la fois le contexte régional et le contexte international : elles n’ont pas su anticiper ni les nouvelles marges de manœuvres du gouvernement tchadien impatient de devenir un pays émergent ni la course aux hydrocarbures que se livrent les grandes puissances. Ces deux menaces mises en avant par Idriss Deby lui ont suffi pour obtenir une attitude conciliante des pays occidentaux, c’est-à-dire des décideurs de la Banque mondiale et de l’Union européenne, qui n’ont pas hésité à sacrifier le principe de bonne gouvernance au maintien des équilibres géopolitiques régionaux et au contrôle des matières premières. Ce n’était plus au nom de la lutte contre le communisme que la démocratie et la bonne gouvernance étaient sacrifiées mais au nom du « containment » de l’Islamisme et du contrôle des matières premières. Cette nouvelle version d’une ancienne politique fait, cependant, toujours les mêmes victimes: les populations qui restent condamnées à la pauvreté durable tout en espérant un développement durable par les améliorations économiques et financières.
II°] PRESENTATION DES PRINCIPAUX GISEMENTS PETROLIERS TCHADIENS.
Les pays Africains s’investissent de plus en plus dans le secteur minier et /ou pétrolier pour accroître leurs exportations, pour faire face à la crise de la dette et au recul des activités agricoles et manufacturières. Parmi ces pays s’inscrit la république Tchad qui rencontre sérieusement des difficultés économiques et financières suite à la dégradation de ses activités dominantes telles que l’agriculture et l’élevage. Principalement, le Tchad choisissait de s’investir dans le secteur du pétrole ; le pays a commencé à exploiter ses gisements pétroliers en 2003.Deux principaux gisements pétroliers y sont à noter : le gisement de Bongor et le gisement de Doba.
1°) Le gisement de BONGOR
Avant de parler du gisement pétrolier proprement dit, faisons un petit aperçu de la ville de Bongor.
→ La ville de Bongor
Il s’agit de la neuvième ville du Tchad par le nombre d’habitants. En 1993, elle comptait environ 20. 357 habitants au recensement[22]. La ville est construite au bord du fleuve Logone, ce qui lui donne quelques avantages par rapport aux autres villes. Elle est le chef-lieu de la région du Mayo-Kebbi – Est et elle appartient au département du Mayo-Boneye.
Sa position géographique qui lui situe à égale distance de Ndjamena et de Moundou sur l’axe routier bitumé donne un avantage économique indiscutable à la ville de Bongor car toute marchandise qui va du sud vers le nord et vice-versa y passe ; ce qui fait aussi de cette ville un carrefour stratégique en matière commerciale. L’autre avantage de Bongor est d’être situé juste en face de la ville camerounaise de Yagoua.
En matière d’agriculture, la région de Bongor produit un riz d’excellente qualité grâce à sa coopération avec la Chine. Elle produit aussi du Sorgho rouge d’une variété très consommée dans la région. En plus, elle produit quelques quantités de taro (tubercule produit dans la vallée du Logone), de maïs, d’arachides, de fruits et de légumes (tomates, aubergines, piments, gombo, citrons, mangues, goyaves).
La zone de Bongor est aussi une zone d’élevage par excellence. La population locale constituée de Massa et de Peulh ont toujours été des éleveurs de bœufs, de moutons, de chèvres et de volailles. Pour tout voyageur qui passe par Bongor, une escale est obligatoire voire même indispensable afin de pouvoir déguster le poulet de Bongor. La ville de Bongor est électrifiée, et a un réseau de téléphonie fixe et de cellulaire fiable. Le climat y est agréable. Elle a une population très accueillante en matière de tourisme. Ainsi, les fins de semaine, Bongor est le lieu favori des jeunes et surtout des Ndjaménois.
La ville de Bongor entretient un commerce très actif avec le Cameroun, le Nigeria et le reste du Tchad. Concernant l’industrie, elle possède plusieurs moulins et usines de décorticage du riz. Enfin, Bongor abrite plusieurs établissements scolaires primaires, secondaires et professionnels et depuis 2003, un établissement d’enseignement supérieur s’y était installé.
→ Le gisement pétrolier de Bongor.
En mai 2009, le Ministre du Pétrole de Tchad a annoncé la découverte du brut léger, 47° API, similaire au brut de Sédigui dans le bassin de Bongor, par la société chinoise CNPCI. En effet, cette société, dès sa première année au Tchad en qualité d’Opérateur, suite au départ de la firme canadienne ENCANA en janvier 2007, a foré huit (8) puits d’exploration et d’évaluation dans le bassin de Bongor dont sept se sont révélés positifs[23].
Pour rappel, le bassin de Bongor, avant cette découverte, a déjà fait l’objet d’un permis de recherches détenu par un consortium pétrolier. Ce permis a été rendu par le consortium à l’Etat en 1999 dans le cadre de ses obligations contractuelles. Au cours de la même année, un permis de recherche couvrant ce même bassin a été octroyé à un autre consortium dirigé successivement par CLIVEDEN et ENCANA. Les explorateurs pétroliers successifs ayant eu l’occasion d’étudier le système pétrolier du bassin de Bongor, ont, pendant une longue période, considéré que ce bassin est moins prometteur. Mais la découverte par le CNPCI du brut léger dans ce bassin, lors du test de production, prouve à suffisance que ce bassin en particulier et tous les bassins tchadiens en général sont sous-explorés et regorgent des potentialités non encore découvertes.
Mais quelques années plus tard, le gouvernement tchadien avait suspendu toutes les activités de la CNPCI pour « violation flagrantes des normes environnementales » dans ses forages d’exploration de brut de pétrole. Le gouvernement a indiqué que « toute reprise des activités de la CNPCI est conditionnée par la construction d’une station de traitement des boues de forage, la réalisation de puits poubelle afin de réinjecter les boues traitées dans les réservoirs et l’installation d’un incinérateur de déchets »[24], selon un communiqué. En plus, le ministère du Pétrole demande le départ immédiat du directeur général de la CNPCI et de son adjoint ». Selon la source officielle du pays, la compagnie s’est engagé à coopérer et a promis de se prêter à exécuter toutes les demandes du Tchad et s’engageait également à respecter les lois du Tchad pour une meilleure coopération entre les deux parties ».
Il est à signaler qu’une partie de la production de pétrole du bassin de Bongor va alimenter la raffinerie de Ndjamena dans l’optique de couvrir la demande nationale en produits pétroliers et partant ainsi assurer son indépendance énergétique.
2°) Le gisement de DOBA
Selon le plan que nous avons adopté, nous devons ici se retrouver devant la présentation de la ville de Doba mais cette présentation sera exposée plus tard dans la deuxième partie. Ainsi, procédons tout de suite à la présentation de son gisement pétrolier.
On parle ici d’un des plus gros gisements pétroliers d’Afrique. D’après le rapport d’information publié en 2003 par la commission des affaires étrangères du parlement français : « l’exploitation globale des réserves prouvées de Doba s’étalerait sur une période de 20 à 25 ans avec, dès six mois après l’exploitation, une production annuelle maximale d’environ 11 à 12 millions de tonnes de pétrole, soit 225 barils par jour équivalent à 36 000 m3 de pétrole. Cette exploitation octroierait au Tchad la place du quatrième pays producteur et exportateur de pétrole en Afrique subsaharienne, après le Nigeria (94mt/an), l’Angola (31mt/an) et le Gabon (18mt/an)[25].
En l’espèce, le contrat conclu entre le gouvernement tchadien et le consortium de compagnies pétrolières sous l’égide de la Banque mondiale prévoit, dans le détail, une royaltie (= redevance du à la république Tchad en contrepartie de l’exploitation de ses puits de pétrole) de 12,5% sur une valeur de la production exportée et une taxe variable sur les bénéfices du Consortium (de 40% à 65% des bénéfices nets imposables selon la situation)[26].
Pour rappel, la production de pétrole dans le bassin de Doba a commencé en 2003. Le pétrole est transporté du bassin de Doba au port de Kibri en Cameroun pour atteindre l’océan Atlantique par un oléoduc de 1.070 km ; les 205 km de cet oléoduc traverseront les régions Tchadiennes et le reste seront enterrés dans le territoire Camerounais). Ce projet devrait générer, sur une durée de trente ans, des recettes de huit virgule cinq milliards de dollar à la république Tchad. Ces revenus devaient lui permettre de promouvoir le développement au sein de sa communauté à la fois sur le plan social et sur le plan économique.
Pour la réalisation de ce projet, la Banque mondiale a joué un rôle de parrain en faveur de la république Tchad dans la mesure où elle a accordé des prêts à l’Etat et l’a aidé à gérer le projet, à protéger ses intérêts et également à atténuer les risques politiques de cet investissement.
Cependant, il ne faut pas non plus oublier que l’oléoduc construit pour le projet d’exploitation du gisement pétrolier de Doba devient la première infrastructure assurant en quelque sorte le désenclavement direct du Tchad. En d’autres mots, ce tube de 76 centimètres, allongé sur près de 1 100 kilomètres, constituera une nouvelle ouverture du Tchad à la république camerounaise et à l’océan Atlantique.
III°] EVOLUTION DU GISEMENT DE PETROLE AU TCHAD.
1°) Bref rappel historique de l’exploration pétrolière au Tchad
Au Tchad, les recherches et les explorations pétrolières ont commencé aux environs des années 50. Les premiers travaux de recherche pétrolière étaient menés par le Bureau de Recherche Pétrolière (BRP) Tchadien. En 1962, un Permis de Recherche a été octroyé aux Sociétés Saphyr Petroleum et Petropar dans le bassin des Erdis situé à l’extrême nord du Tchad par le gouvernement. La compagnie américaine CONOCO a obtenu en 1969 un permis de recherche couvrant les bassins du Lac Tchad, du Salamat, de Doséo, de Doba et de Bongor. Suite à des difficultés d’ordre techniques et financières, CONOCO avait cédé plus tard son permis à un Consortium, dont ESSO est l’opérateur. En 1976, il y a eu la découverte du champ de Sédigui et le projet de construction d’un pipeline d’environ 340 kilomètres jusqu’à Ndjamena pour l’approvisionnement d’une mini-raffinerie. En 1989, un permis de Recherche a été octroyé, dans le bassin de Largeau, à un Consortium composé des sociétés SUN OIL et HUNT INTERNATIONAL PETROLEUM CO., (HIPCO). Un autre permis de Recherche a été accordé, en 1999, à un Consortium composé des sociétés TRINITY, ORIENTAL et CARLTON dans les bassins de Bongor, Doba et SALAMAT. Actuellement, ce Permis a été cédé à la société chinoise China National Petroleum Company International Chad (CNPCI). En 2006, un Permis de Recherche a été accordé à la société OPIC Africa dans les bassins de Doséo et du Lac Tchad.
2°) Les revenus pétroliers de la république de Tchad
Le consortium Esso Exploration and Production Chad Inc. qui exploite actuellement les champs de Komé, Miandoum, Bolobo, Moundouli, Maikeri, Nya et Timbré, tous situés dans le bassin de Doba, produit de 100.000 à 105 000 barils/jour d’hydrocarbures pour l’exportation. La totalité de la production du pétrole brut de ces champs est expédié vers les marchés internationaux via un pipeline de 1070 Km qui aboutit au Cameroun.
La CNPC International (CNPCI) est active sur les champs de Rônier et de Mimosa dans le bassin de Bongor, et fournit 14 000 à 15 000 barils/jour à la Société de la raffinerie de Ndjamena (SRN). Les hydrocarbures extraits de ces deux champs sont destinés à la consommation locale. Elle atteindra les 200 000 barils/jour à l’horizon 2014. En effet, la CNPCI envisage la mise en production de deux nouveaux sites d’ici à la fin de l’année 2013, et les sociétés PetroChad (Mangara) et United Hydrocarbon International Corporation comptent faire de même[27].
Depuis juillet 2012, c’est la Société des hydrocarbures du Tchad (SHT) qui est chargée de la commercialisation de la part de l’or noir ou du pétrole appartenant à l’Etat. Auparavant, il avait été donné mandat à un consortium dont étaient membres les sociétés Esso, Petronas et Chevron, de le commercialiser et de verser à l’Etat la redevance sur la production. Ces revenus représentent environ 75% des recettes du budget général de l’Etat. Depuis le début de l’entrée en production, les revenus pétroliers tirés des activités de tous les consortiums exploitant sur la république tchadienne ont généré environ 10 milliards de dollars pour celle-ci. Selon les prévisions du ministère des Finances et du budget, la moyenne de ces revenus, sur la période situé entre 2012 et 2015, représentera 9,8% du Produit Intérieur Brut du pays.
Ces ressources pétrolières devraient être gérées avec la plus grande transparence conformément à la Loi 002/PR/2006, laquelle fixe les modalités de gestion des revenus pétroliers du Tchad. Un organe indépendant, le Collège de contrôle et de surveillance des ressources pétrolières (CCRSP), que nous avons déjà détaillé ci-dessus a été créé à cet effet c’es à dire dans l’optique de contrôler la conformité de la gestion des ressources pétrolières à la loi légalement adopté. La loi prévoit de consacrer 65% des redevances et 70% des dividendes aux dépenses relatives aux secteurs prioritaires et 30% des redevances et 30% des dividendes pour couvrir les dépenses de fonctionnement et d’investissement de l’Etat. Les 5% des redevances restants sont destinés aux collectivités de la région productrice.
3°) Ouverture de la Société de raffinage de Ndjamena (SRN) en 2011
Cette raffinerie de dernière génération dispose d’une capacité de 20 000 barils/jour. Il est important pour la région dans la mesure où elle permet de diversifier les sources d’approvisionnement en hydrocarbures et de ne plus dépendre exclusivement des pays voisins, en particulier du Cameroun et du Nigeria. L’infrastructure de la société, qui a été construite en partenariat avec la République populaire de Chine, via la société Chinoise CNPCI, produit du gasoil, de l’essence, du jet, du pétrole lampant, du gaz butane, du fuel lourd et du polypropylène. Depuis son ouverture, le marché national des hydrocarbures est assuré et régulièrement alimenté par cette société. Mais la société permet aussi au gouvernement Tchadien de conclure des accords d’alimentation en hydrocarbures avec les pays voisins puisqu’une partie de la production de la société de raffinerie sera exportée. Cette partie dépendra des besoins des pays cocontractants.
Pour rappel, le secteur de l’électricité du Tchad battait de l’aile depuis plusieurs années avec des conséquences sociales et économiques que tous les Tchadiens ont connues. Toutefois, les défis présents et à venir dans le domaine énergétique du pays sont encore énormes. L’ambition du gouvernement est de mettre à la disposition des populations des villes et des campagnes une électricité suffisante, de qualité et à moindre coût. Pour atteindre cet objectif, le Tchad devrait passer par reconstruire tout son réseau électrique, ce qu’il est en capacité de réaliser eu égard à ses moyens financiers et à sa société de raffinerie de Ndjamena. De ce fait, cet objectif devenait possible. Par ailleurs, le tarif de l’électricité produite par les centrales thermiques fonctionnant au gasoil vient de connaître une baisse de 20%, dont le coût d’exploitation demeure élevé, à cause l’ouverture de cette raffinerie.
En bref, La Société de Raffinage de Ndjamena est mise en place grâce à la collaboration entre l’Etat Tchadien qui y détient 40% des parts et de la société chinoise CNPCI qui y détient 60%. Elle a été conçue pour une capacité de départ de 20 000 barils par jour mais qui peut être augmentée à jusqu’à 50 000 barils par jour selon les prévisions des initiateurs du projet. En plus de la production de ses différents produits d’hydrocarbures, la SRN produira 40 MW d’électricité dont 20 MW pour ses propres besoins et 20 MW restitués à la Société Nationale d’Electricité (SNE). La SRN est alimentée par le pétrole brut en provenance du bassin de Bongor opéré par la CNPCI.
4°) Situation actuelle de l’exploration et production du pétrole au Tchad
Le Consortium composé des sociétés ESSO (opérateur détenant 40% des parts), PETRONAS (opérateur détenant 35% des parts) et CHEVRON (opérateur détenant 25% des parts) a débuté la production dans le bassin de Doba en 2003. La totalité de la production du pétrole brut est destiné à être expédié vers les marchés internationaux à travers un oléoduc reliant le Tchad au Cameroun d’une longueur de 1070 Km.
Le Consortium composé de la CNPCI (opérateur possédant 90% des investissements) et de l’Etat Tchadien (couvrant 10% des investissements) a découvert des gisements exploitables dans le bassin de Bongor, notamment dans les champs de Rônier et Mimosa qui sont en production.
Le Consortium composé de la société OPIC Africa (opérateur participant à 70% dans l’investissement) et de l’Etat de Tchad (participant à 30%aux investissements) a fait une découverte d’un gisement pétrolier aux puits de Benoy-1. Les études techniques sont en cours afin d’arrêter le programme des travaux pour les mois à venir. Plusieurs sociétés pétrolières ont signé des Contrats de Partage de Production avec l’Etat.
5°) Préventions mises en œuvres par le gouvernement
En termes d’investissements, il est important de noter les efforts réalisés par les autorités. Il y a dix ans, la production électrique dans le pays du Tchad tournait à peine autour de 20 MW, alors qu’aujourd’hui, elle équivaut à 60 MW, auxquels s’ajoutent 20 MW provenant de la centrale adossée à la raffinerie de Ndjamena qui est destinée à alimenter les réseaux de la Société nationale d’électricité. Le gouvernement a par ailleurs lancé le projet de construction, à la périphérie de Ndjamena, d’une centrale photovoltaïque de 100 MW et d’une centrale à gaz de 100 MW provenant du champ pétrolier de Sédigui. Pour transporter cette énergie jusqu’à la capitale, une ligne haute tension de 60 kV est en construction, ainsi qu’une boucle de 90 kV[28]. Des travaux de réhabilitation et d’extension des réseaux électriques de la capitale sont en cours d’exécution. Ils sont financés par la Banque islamique de développement.
En surplus, la promotion des énergies renouvelables est devenue un axe prioritaire de la politique du gouvernement Tchadien. La réalisation des projets contribuera, selon sa prévision, à la lutte contre la pauvreté des zones rurales et urbaines de l’ensemble du pays et surtout des zones pétrolières. Le gouvernement s’est affecté d’une vision stratégique dans ce domaine en organisant le Forum international sur les énergies renouvelables. Ce forum a permis au Tchad d’échanger des connaissances et des expériences avec d’autres pays et surtout avec des entreprises plus avancés en matière d’éolien, de solaire et/ou de biomasse. Suite à ce forum, le ministère de l’Energie et du pétrole Tchadien s’est déjà engagé dans le processus de création d’une Agence de développement des énergies renouvelables qui sera chargée de la mise en œuvre de la politique gouvernementale en la matière. Son objectif est de bâtir un programme ambitieux et cohérent dont la concrétisation est attendue.
Dorénavant, selon les études faites, presque le tiers de la superficie du Tchad possèdes des ressources sous-terraines intéressantes qui, dans leur majorité, n’ont jamais été explorés. Les occasions sont par conséquent énormes et les recherches pétrolières en cours ou en perspectives pourront nous donner une idée plus précise sur les ressources existantes.
DEUXIEME PARTIE :
LE GISEMENT DE
DOBA
Actuellement, Doba est la capitale pétrolière du Tchad. Au moment de l’ouverture officielle des travaux de gisement, les invités, ont à tour de rôle félicités le gouvernement Tchadien et ses partenaires techniques et financiers de la réussite des installations et du bon démarrage des affaires en matière de l’exploitation du pétrole. Ils ont tous apprécié le lancement du premier tanker chargé de 950 000 barils de pétrole tchadien, le 3 octobre 2003 en direction du marché international[29]. Pour pouvoir mieux parler de ce gisement tant espéré par les Tchadiens, il faut d’abord passer par la présentation de la ville de Doba.
I°] Présentation de la ville de Doba.
De prime abord, avant de situer la ville de DOBA. Il est important de présenter de façon succincte la géographie du Tchad.
1°) Brève présentation de la géographie du Tchad
Le Tchad se trouve au cœur de l’Afrique et il n’a pas alors accès à la mer. Il occupe une superficie de 1 284 000 km² au centre de ce continent. Du nord au sud, on observe la succession de trois zones géographiques fortement contrastées. Dans le premier temps, il y a la zone saharienne, vaste désert sablonneux couvrant environ 600 000 km², soit près de la moitié de la superficie du pays. Par conséquent, la végétation y passe de la savane à la steppe. Puis, on retrouve la zone sahélienne qui reçoit plus de pluies dans les parties sud et qui sont couvertes de forêts essentiellement épineuses à base d’acacia. Marquée par une saison sèche plus longue (octobre à mai) que la saison des pluies, la végétation y est faite de savane boisée et herbacée. Un peu plus au nord, on a un paysage formé de dunes de sable, de palmiers, d’oueds et d’oasis. Ces deux premières zones connaissent des périodes sèches assez difficiles qui obligent les éleveurs à aller chercher le pâturage vers le sud c’est à dire dans la zone soudanienne. Finalement, la zone soudanienne du sud jouit d’un climat tropical mais elle ne couvre que 1/9 du territoire tchadien. Cette partie est la plus peuplée du pays. La saison des pluies y est importante et dure de mai à octobre. Sa végétation s’étale de la savane arbustive à la forêt claire. Cette situation lui permet de disposer des ressources qui sont indispensables aux troupeaux venant des zones saharienne et sahélienne pendant l’hivernage.
Dans cette même veine, il faut noter que la région du Logone Oriental où est incluse Doba est divisée en 6 départements. Le Logone, à partir de Pandazangué et la Pendé à partir de Gorée jusqu’à leur confluent à Bara, présentent de nouvelles formes d’écoulement à travers les sédiments qui recouvrent le pédiment cristallin au Nord-est d’une ligne : Gorée, Bédane, Pandazangué. De ce fait, leurs pentes longitudinales respectives y sont à peu près de : 0,35 et 0,25 pour 1000[30].
Toutefois, c’est à partir de Béti, à une quinzaine de kilomètres en amont de Doba que la Pendé adopte le tracé Sud et Sud-est, Nord et Nord-ouest par lequel elle traverse la zone de la cuvette de Doba.
2°) La ville de Doba proprement dite
La présentation de la ville comprendra : sa description physique, sa carte géographique, les principales activités de sa population et les problèmes actuels de la ville.
→ La description physique de la ville de Doba
Doba est le chef-lieu de la région du Logone Oriental et du département de la Pendé. Elle est la onzième ville du Tchad par le nombre d’habitants. Par un recensement de 1993, on y a compté 18.052 habitants[31]. En 2009, elle comptait 796 453 habitants[32]. En matière d’éducation, la ville de Doba compte plusieurs écoles primaires et secondaires et un Lycée public.
Le territoire de la commune de Doba est divisé en quatre arrondissements. Son premier arrondissement compte cinq quartiers : le quartier de Doba Ndoh, le quartier de Doba Mbaye, le quartier de Doba Ya, le quartier de la Mission Catholique, le quartier de Gaki. Le deuxième arrondissement de la ville contient aussi cinq quartiers : le quartier d’Haoussa, le quartier de Bornou, le quartier des Arabes, le quartier de Baguirmi, le quartier divers. Son troisième arrondissement possède lui aussi cinq quartiers : le quartier de Timbi, le quartier de Takasna, le quartier de Forgeron, le quartier de Bédogo et le quartier de Bédokassa. Enfin, son quatrième arrondissement englobe cinq arrondissements : le quartier de ContonTchad, le quartier de Béraga, le quartier de Maïhongo, le quartier de Yeuldanoum et le quartier de Ndoubeu Aéroport.
En fait, Doba est située dans l’extrême sud du Tchad. C’est un espace convoité qui subit une forte pression due à l’arrivée et à l’installation définitive des éleveurs nomades venus du nord qui fuient les aléas climatiques de cette partie et qui se livrent à l’agriculture, à l’élevage et quelques fois à la pêche. Cependant, depuis 2003, l’économie de cette ville est devenue basée essentiellement sur le domaine du pétrole d’où la venue et la présence de nombreux immigrants venant des autres pays voisins. Ces derniers sont venus parce qu’ils sont attirés par le projet pétrolier, car c’est dans ce département que se trouve le champ pétrolier.
La population locale de la zone du projet est caractérisée par sa forte ruralité (plus de 75% d’entre eux vivent à la campagne), sa très grande jeunesse (49 % de la population a moins de 14 ans), son faible taux de scolarisation des filles (avec 63% de taux de fréquentation scolaire contre 93% pour les garçons), et son taux de croissance rapide et important de la population. Les villes et les villages de cette zone de Doba sont marqués par un isolement relatif du fait de l’état des routes et de l’anémie de l’économie rurale qui vit par le mécanisme de l’auto subsistance. Les deux villes extrémités de la route (Doba et Sarh) concentrent les échanges sur eux, sans qu’il n’y ait un échelon intermédiaire qui vienne alimenter une relation avec les zones urbaines.
→ Carte de Doba (Région du Logone Oriental, Tchad[33]
→ Les difficultés quotidiennes de la population de Doba
Avant le lancement du projet d’exploitation du gisement pétrolier de Doba, la ville était surpeuplée par des éleveurs nomades venus du Nord du Tchad qui venait s’y installer pour devenir des agriculteurs et / ou des éleveurs professionnels et même quelques fois, ils devenaient des pêcheurs. La région Sahélienne recèle le plus important potentiel agricole en plus d’un cheptel (bovin, ovin, caprin) de plus de 12 millions de têtes qui place l’élevage au second rang des recettes d’exportation de la région (le Nigeria étant le principal destinataire de bétail sur pied). L’élevage occupe près de 40% de la population[34]. La pêche en eau fluviale et dans le lac Tchad y permet aussi la commercialisation régionale de poisson séché ou fumé. Il faut remarquer que ces éleveurs nomades fuyaient du Nord et s’installaient au Sud à cause des aléas climatiques défavorables à leurs activités.
Mais depuis 2003, Doba est devenue la capitale pétrolière du Tchad. Le sentiment principal qui a animé la décision du gouvernement Tchadien à se lancer dans ces vastes exploitations pétrolières était de sortir la région en particulier et le Tchad en général de la situation de pauvreté désastreuse dans laquelle il se trouvait aux alentours des années 2000. Mais, actuellement, la région de Doba reste l’une des régions les plus pauvres du Pays ; il est classé au troisième rang des régions les plus pauvres du Tchad. La situation de pauvreté vécue par les habitants de la ville de Doba se manifeste par un faible niveau de revenu ; une pauvreté et une fragilité des systèmes de santé, d’éducation et d’approvisionnement en eau potable ; et une manque de capacité d’autopromotion régionale, de bonne gouvernance démocratique, de démocratie réelle. Dès lors, les décideurs régionaux ont conclus que libérer la région de Doba de la pauvreté suppose une voie longue et complexe ; la région doit pouvoir compter non uniquement sur des ressources du pétrole mais aussi sur les autres ressources possédées par la région.
De ce fait, une initiative régionale a permis la création d’un projet humanitaire d’un centre de formation en informatique afin d’aider et de soutenir les populations locales. La raison est la prise de conscience des responsables locales que la lutte contre la pauvreté passe par la valorisation des ressources humaines de telle manière que l’axe du projet doit être centré sur l’éducation notamment sur la formation des jeunes et de la population active. Dans cette direction, les responsables de la région ont pensé que le pouvoir d’accès aux systèmes éducatifs est dès lors un facteur déterminant du développement humain dont le résultat est attendu à long terme[35].
En fait, un dicton populaire disait que : « le tas de briques ne constitue pas une maison ». En effet, le moment de passage de l’acquisition des ressources pétrolières au développement durable du pays concerné n’est pas automatique ; il requiert une bonne capacité de gestion des ressources et une solide expérience. Ainsi, le défi majeur du gouvernement Tchadien serait de savoir comment opérer ce passage. En effet, il faut noter que l’essai de passage du Tchad de la pauvreté extrême au stade du développement durable a connu quelques échecs. Parmi les raisons de ces échecs s’inscrivent la carence de l’entrepreneuriat local, la mauvaise gestion des emplois et de l’environnement ; la montée embarrassante de l’inflation parallèlement au lancement des projets pétroliers; l’impréparation du gouvernement aux chocs politiques et sociales éventuellement nés de l’exploitation, la dégradation de la vie sociale et des infrastructures.
Mais les problèmes de la population de la ville de Doba vont au-delà de ces énonciations. Dans leurs villes, l’eau potable et les centres de santé modernes manquent. Un grand espoir est mis par ces populations dans la capacité des mécanismes du marché international du pétrole à contribuer à la croissance économique et au développement. Le secteur privé ou les entreprises en général, favorablement développés à l’époque, devront jouer un rôle déterminant dans la promotion du développement socio-économique durable de la région et du pays. Toutefois, cela suppose le non intervention de l’Etat dans les affaires des privés. Ce non intervention se marquera par la liberté de commerce et d’échanges et la transparence dans la gestion des marchés (publics et privés) et des affaires économiques.
Des efforts sont aussi requis de la part du gouvernement Tchadien dans divers domaines de la vie économique de la région et du pays tels que le renforcement des capacités de la population active, la réduction des coûts et des risques liés aux investissements, par exemple. En effet, ces efforts seront sans doute des remèdes aux faiblesses du marché local qui résident dans le fait que la plupart des acteurs locaux choisissent des stratégies à court terme dans le but de minimiser les risques en tenant compte de leurs positions stratégiques.
→ Les problèmes actuels de la ville du fait de l’exploitation pétrolière
En la matière, un habitant de la région qui regrette l’ancien Doba d’avant le gisement de pétrole raconte : « Il y a 8 ans, la ville de Doba brillait. Le nombre de personnes qui vivaient dans cette zone était énorme et l’on parlait même d’un surpeuplement. Certes, pendant la phase de lancement du projet, les infrastructures se sont multipliées grâce à l’exploitation du pétrole et Doba symbolisait effectivement la ville productrice du pétrole avec les activités qui s’y déroulaient. Les bars dancing, les alimentations, les cabarets avaient été créés ici et là. Ces lieux de distractions étaient toujours pleins à craquer, car la vie était au top 24 h/24. Je me souviens que pendant cette période, nous ne dormions pas. Nous avions l’argent et nous n’avions jamais cru que nous allions perdre un jour nos emplois. Aujourd’hui, c’est la désolation et la division dans toutes les familles »[36]. En un autre poursuit : « les femmes ont abandonné leur foyer parce que les maris ne travaillent plus, les enfants sont devenus des bandits et refusent d’aller à l’école. Certains parents n’arrivent pas à inscrire leurs enfants à l’école faute de ressources financières. Nous vivons vraiment le calvaire »[37].
Ce point de vue est actuellement largement partagé par les nombreuses personnes à Doba. Effectivement, les paysans ont abandonné l’agriculture et l’élevage au moment de la phase de lancement du projet pour aller travailler dans les chantiers ouverts pour la mise en place des infrastructures de l’exploitation ; certains habitants aux alentours de Doba ont trouvé l’emploi et ont quitté leur village pour s’installer en ville. Au début, ils ont pu voir quelques améliorations dans leurs vies quotidiennes puisque les entreprises payaient très bien. Mais par manque d’expérience, les quelques millions reçus ont été très vite dépensés en grande partie par gaspillage alors que les emplois n’existaient qu’à court terme dans la fabrication de l’oléoduc, fabrication des logements pour les exploitants. Au moment de travailler, personne n’avait pris conscience que l’emploi était passagère et prendra fin très vite. A la fin du travail, prise au dépourvu, le désordre s’est installé partout dans les familles. La prostitution a fait son chemin au quotidien des jeunes filles en présence des investisseurs et des nombreux immigrants venus pour le projet. Les élèves ont abandonné leurs études pour soit chercher du travail en ville ou encore faire des affaires avec les investisseurs.
En plus, même si la ville de Doba est le principal producteur et exportateur de pétrole du pays Tchad, la population regrette encore dix ans plus tard l’absence d’électricité vingt-quatre heures sur vingt-quatre heures dans les régions rurales de la zone.
II°] Historique du gisement de pétrole à Doba.
Le Tchad est un pays pauvre et enclavé de l’Afrique centrale qui porte l’héritage d’une longue guerre civile. La découverte de la possibilité d’une exploitation de pétrole ont soulevé à la fois enthousiasme et inquiétude pour l’ensemble de la population Tchadienne et de son gouvernement. Cette découverte apportera-t-il la paix et le développement durable au pays ou sera-t-il une source de tension et de sous-développement ?
1°) Histoire de la découverte du bassin de Doba
Les premières recherches pétrolières en Afrique remontent au début des années 1930, se focalisant sur les gisements littoraux. Dans le courant des années 1950, les recherches s’étendent dans la république du Tchad[38]. Les premières recherches faites n’ont pas encore eu comme résultats des découvertes extraordinaires. Mais ces premières recherches ont cependant incité les chercheurs à rechercher davantage et les conclusions des premières recherchent encourageaient les seconds chercheurs et ainsi de suite. Ce sont surtout les français qui ont procédé aux premières recherches de gisement pétrolier dans le Tchad en s’inscrivant comme son pays colonisateur qui reste aussi son partenaire militaire durant les guerres civiles. Mais les Français ont pris du retard à prendre des décisions concernant l’exploitation des ressources pétrolières du Tchad qui était pris dans un cycle de pauvreté interminable. Devant cette insouciance de la France, le pouvoir tchadien se tourne vers la compagnie américaine CONOCO, qui obtient un permis de prospection, et entreprend, à partir de 1969, une vaste campagne de recherches au-dessus du lac Tchad, puis de Doba au Salamat, en passant par Sarh. Un premier puits est creusé à Doba en septembre 1973.
Depuis, de nombreux gisements pétroliers dont la réserve est estimée à 900 millions de barils ont été découverts au Sud du Tchad dans la zone de Doba mais la guerre civile qui a éclaté en 1979, le manque de ressources financières et le manque d’expertise nécessaire dans l’industrie pétrolière ont poussé la compagnie Américaine à renoncer à cette idée d’exploitation.
Après le retrait de CONOCO, en décembre 1982, un consortium qui se constitue avec Shell, Chevron, Exxon s’était intéressé de nouveau à l’étude de la possibilité et de la rentabilité de cette exploitation. Mais le consortium s’est vite dispersé à cause des instabilités politiques et militaires au sein du gouvernement Tchad et ne s’est plus reconstruit qu’après cinq ans. Après tout ce temps, le consortium changeait à nouveau de composition. Le retrait de Chevron était compensé par la participation d’Elf, Shell et Exxon.
En 1988, le Tchad a signé une convention accordant le droit d’exploration de cette zone à ce dernier consortium. Suite aux évolutions technologiques, une nouvelle convention a été signé quelques temps après par les deux parties : le gouvernement Tchadien et le consortium. Dans cette nouvelle convention, les parties ont déterminé les relations entre le consortium et la république Tchad en ce qui concerne l’exploitation du gisement pétrolier, la protection de l’environnement, l’indemnisation des populations concernées par l’exploitation et le paiement des redevances et des impôts liés à l’exportation du pétrole.
Le projet d’exploitation du pétrole du bassin de Doba supposait au départ un investissement total de l’ordre de 3,7 milliards de dollars, dont 1 milliard et demi sera utilisé pour le développement des champs pétroliers au Tchad et 2,2 milliards sera alloué à la construction d’un oléoduc de 1 070 kilomètres, qui doit exporter la production pétrolière Tchadienne vers le littoral camerounais et, de là, vers les marchés mondiaux et internationaux. Ceci dit, bien que le projet concernait l’exploitation du pétrole Tchadien, sa réussite dépendait énormément du Cameroun du fait que le Tchad est un pays enclavé c’est-à-dire qu’il ne dispose d’aucunes côtes ni de cours d’eau de grande importance navigable. Obligatoirement, pour la réussite de son projet, le Tchad a signé un accord bilatéral avec le Cameroun. Cette convention a été signée en 1996 et elle prévoyait la construction d’un Oléoduc partant des champs pétroliers de Doba et traversant le Cameroun pour se terminer au Kribi (toujours en Cameroun) où aura eu lieu le chargement des tankers.
Au cours de cette même année, la Banque Mondiale a donné son accord pour le soutien du projet d’exploitation du gisement pétrolier dans le bassin de Doba. Le contrat de ce financement incluait à la fois les membres du consortium, les deux États (Tchad et Cameroun) et la Banque mondiale[39]. L’accord était favorable à l’atteinte du montant nécessaire pour l’investissement et prévoyaient que les membres du consortium assureraient l’essentiel de l’investissement. L’engagement du gouvernement Tchadien dans le contrat consiste à garantir le bon usage des ressources pétrolières, et ainsi à agir sur le terrain dévolu à cet effet : la lutte contre la pauvreté. Du point de vue des pétroliers, la participation de la Banque mondiale revêt une importance financièrement symbolique et essentielle. Elle garantit la caution indispensable pour la réalisation d’un investissement à haut risque comme celle de l’exploitation et de l’exportation du pétrole.
Entre 1997 et 1999, des débats violents sont nés entre le gouvernement Tchadien et la société civile Tchadienne[40]. Ces dernières contestent la manière du gouvernement de gérer les revenus de l’exploitation. De ce fait, la Banque mondiale, soucieuse de la naissance d’une importante guerre civile liée à ce désaccord, exigeait davantage des garanties de la part du gouvernement tchadien et du consortium en matière de respect des droits de l’homme et de l’environnement. En 1999, les discordes semblaient s’apaiser entre les deux parties en matière de l’exploitation du pétrole et le sud du Tchad a retrouvé la paix. Ce climat d’apaisement est acquis par des efforts réalisés par le consortium. Mais un autre problème survient en ce qui concerne l’exploitation : c’est le retrait d’Elf et de Shell du consortium en novembre 1999, qui paraît compromettre encore une fois la réalisation du projet.
En 2000, le marché pétrolier se trouve marqué par une hausse du prix du pétrole sur les marchés mondiaux. Cette situation profite au Tchad qui vient, dans la même année, de voir une reconstitution rapide du consortium. En effet, dans les premiers mois de l’an 2000, après quelques hésitations, le nouveau consortium d’exploitation du gisement pétrolier de Doba est constitué autour de la société américaine Exxon et Chevron ainsi que du groupe malaisien Petronas. Le 6 juin 2000, la Banque mondiale approuvait enfin le projet, dont le financement serait assuré à 59,2 % par le consortium, à 12,9 % par le groupe de la Banque mondiale, le reste provenant des banques privées et du marché des capitaux.
Au cours de cette même année 2000, le Tchad, devenu le cœur du pays pétrolier trouve son intérêt économique tourné autour de la base de Komé, à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de Doba. Avant, cette base était desservie par une piste d’aviation et par une route en latérite qui devenait une route bien entretenue par le consortium à son entrée en scène. À partir de cette route venaient se greffer de nombreuses pistes secondaires, qui conduisaient tantôt à des puits, tantôt à des culs-de-sac exploratoires de pétrole. Les puits apparaissent singulièrement discrets, à l’époque comme de simples robinets fermés non encore reliés entre eux.
2°) Le système d’exportation du pétrole de Doba
Les champs d’exploitation du bassin de Doba réunissaient à peu près un milliard de barils de réserves prouvées. En se basant sur les études menées à cet effet, l’ensemble de ces champs d’exploitations devraient produire environ 240 000 barils de pétrole par jour. Ce résultat permettrait au Tchad d’exporter entre 12 et 15 millions de tonnes de pétroles par an[41]. Comme l’a prévu le contrat signé entre la république Tchad et la république Camerounaise, l’exportation du brut de Doba sera assurée par un oléoduc de 1 070 kilomètres, dont 170 kilomètres se creusait sur le territoire tchadien et 880 kilomètres dans le territoire Camerounais. Par ailleurs, la prévision initiale pour l’oléoduc parlait d’un diamètre de 24 pouces mais on a finalement décidé en 1996 d’adopter un diamètre de 30 pouces ou de 76 centimètres, pouvant permettre d’évacuer une production supérieure aux 225 000 barils quotidiens envisagés pour les seuls gisements de Doba. L’importance de l’investissement consenti par les groupes pétroliers laisse en effet de nombreux observateurs envisager la probabilité.
Ainsi, cet oléoduc constituerait sans doute la première infrastructure assurant en quelque sorte le désenclavement direct du Tchad. Ce désenclavement sera assuré par ce tube de 76 centimètres allongé sur près de 1.070 kilomètres, des savanes méridionales du Tchad cotonnier à la grande forêt qui borde l’océan au Cameroun.
3°) L’oléoduc Tchad – Cameroun
Un oléoduc est une canalisation destinée au transport du pétrole. Le mot vient de l’assemblage de deux mots latin : le mot « oleum »qui signifie « huile » et le mot « ducere » qui veut dire « conduire ». Un oléoduc est aussi ou même souvent désigné par le mot anglais « pipeline ». Mais Pipeline englobe aussi bien les oléoducs que tous les autres tubes de transports de liquides comme les aqueducs pour l’eau ou les gazoducs pour le gaz naturel.
L’oléoduc est actuellement considéré comme une matière première fondamentale pour les économies des nombreux pays producteurs et exportateurs de pétrole. Ils sont d’une importance primordiale dans la géopolitique du pétrole. Leur surveillance est assurée par les armées des pays producteurs, des pays qu’ils traversent et les pays importateurs de pétrole pour les régions difficiles, sinon c’est le propriétaire ou l’exploitant (les entreprises pétrolières en général) qui est chargé de cette opération (surveillance aérienne et terrestre).
La construction d’oléoduc est indispensable dans la mesure où elle permettrait des trajets plus courts et donc des frais de construction et des systèmes de péage moins importants pour l’exportation du pétrole. A ce moment, l’exportateur pourra vendre le pétrole à un bon prix par rapport aux autres exportateurs. En d’autres mots, l’oléoduc permettrait à l’exportateur de pétrole de faire face activement aux concurrences du marché pétrolier. Le grand problème dans l’utilisation des oléoducs est celui de l’éventuelle fuite dans les parties étroites du canal.
En juin 2001, la Banque mondiale avait donné son feu vert pour le financement partiel de la construction du projet d’oléoduc Tchad-Cameroun qui doit permettre la mise en valeur du gisement pétrolier de Doba dont les réserves sont estimées à environ 900 millions de barils. Dans son parcours en Cameroun, l’oléoduc Tchad- Cameroun toucherait cinq provinces, douze départements et deux cent quarante et deux villages. Dans la convention conclue entre les deux pays : le Tchad et le Cameroun, l’oléoduc sera enterré à une profondeur moyenne d’un mètre[42]. Deux sociétés ont été créées pour la mise en place et la gestion dudit oléoduc: le Tchad Oïl Transportation Company pour le Tchad et la Cameroun Oïl Transportation Company pour le Cameroun. Au Tchad, mais surtout au Cameroun, le tracé a été choisi de manière à éviter les espaces les plus peuplés ou ceux présentant une fragilité écologique particulière. Aussi, le contrat assurait qu’une fois la construction de l’oléoduc terminée, les terrains seront rendus à leur propriété antérieure et servira à leur utilisation antérieure, à quelques conditions près. Les initiateurs du projet ont promis qu’il sera possible d’y pratiquer l’agriculture et l’élevage, mais la construction de bâtiments ou la plantation d’arbres y seront interdites, afin de permettre les opérations d’entretien et de réparation.
4°) Le projet d’exploitation du bassin de Doba
En parlant de la cérémonie d’inauguration du projet, c’est à Komé qu’il s’est tenu. Cinq chefs d’Etat sur huit ont répondu à l’invitation du président Idriss Déby. Il s’agit des présidents Denis Sassou Nguesso du Congo, Omar el-Béchir du Soudan, Mamadou Tandja du Niger et François Bozizé de Centrafrique. Les présidents du Gabon, du Guinée équatoriale et du Nigéria se sont fait représenter par une délégation de « haut niveau », tout comme le président Paul Biya du Cameroun dont le pays accueille l’essentiel de l’oléoduc, 900 km sur 1070 km, qui achemine le brut Tchadien jusqu’au port de Kribi. Pendant la cérémonie, les officiels se sont félicités, à tour de rôle, de la réussite des installations et du bon démarrage des affaires. Ils ont apprécié le lancement du premier tanker chargé de 950.000 barils de pétrole Tchadien en direction du marché international.
CONOCO, une société Américaine, était le premier consortium qui a osé faire de l’exploration au Tchad, pays reconnu entre temps comme ayant un sous-sol pauvre, sans aucune ressource naturelle extractible. Mais ce risque a produit actuellement ces fruits, ce qui a remplacé CONOCO a découvert que le territoire de la République du Tchad renferme un important potentiel pétrolier contenu dans environ une dizaine de bassins sédimentaires. Par souci d’optimisation, le Ministère de l’Énergie et du Pétrole Tchad a fait procéder au découpage en blocs de ces bassins. Ce découpage a produit quarante-cinq (45) blocs, dont moins d’un tiers sont mis en exploitation. Parmi ces bassins exploités, il y a le bassin de Doba :
Le consortium constitué par Esso, Shell et Elf qui avait prévu de lancer le projet d’exploitation du gisement pétrolier de Doba s’est éclaté en novembre 1999. Le consortium a pu être reconstitué en 2000 avec l’entrée des firmes pétrolières Petronas et Chevron aux côtés d’Esso. Ainsi, le projet d’exploitation du gisement du bassin de Doba a pu finalement être lancé en mois de Mai 2003. La production était estimée à 100 000 barils de brut par jour au début de l’exploitation et devrait atteindre un régime maximum de 225 000 barils par jour au début de l’année 2004. Les chercheurs ont estimé que le bassin pétrolifère contient à peu près une réserve de 900 millions de barils pour une exploitation sur 25 ans. Il devrait rapporter plus de 2 milliards de dollars US au Tchad et 500 millions de dollars US au Cameroun[43].
Le Cameroun entre et gagne dans ce projet par sa coopération sous-régionale avec le Tchad au sein de la zone Cemac consistant à la mise en place du pipeline (oléoduc ou canalisation) de transport Tchad-Cameroun. Rappelons que cet accord de coopération sous-régionale a été signé en 1996 par les deux gouvernements de ces deux pays. Sur 1 070 kilomètres, la coopération assurait le transfert des hydrocarbures destinés aux marchés internationaux. Sur le plan énergétique, le Tchad a aussi signé des projets d’interconnexion électriques avec le Cameroun, ainsi que l’électrification transfrontalière des villes et villages des alentours.
5°) L’environnement du projet
Le projet s’inscrit sur le tronçon routier Koumra – Sarh de 110 km de long en traversant les régions du Mandoul et du Moyen-Chari. La route est portée par 4 départements, six cantons et trente trois (33) localités dont la population est évaluée en 2008 à 201 720 habitants[44]. Au-delà de ces localités riveraines à la route, la zone d’influence directe du projet compte une population d’environ un millions d’habitants. Les impacts économiques du projet toucheront de manière directe toute la zone soudanienne du pays qui couvre une superficie globale de 130 000 km2 pour une population estimée à 3,5 millions d’habitants. Cette zone est toute entièrement concernée et le projet a un rôle stratégique de désenclavement de cette partie sud du pays vis-à-vis de l’intérieur et des Républiques Centre Africaine et du Cameroun.
En matière de population de la zone du projet, ils sont essentiellement des gens ruraux avec une jeunesse remarquable. Dans cette zone, on observe surtout une faible fréquentation des écoles par les filles. Mais le taux de croissance de la population y est fortement et spécialement élevé par rapport aux autres régions de la ville.
Le système de santé dans la zone du projet, comme partout ailleurs dans la république Tchadienne, est fragile même si elle est l’une des plus nanties en infrastructures. On y note trois hôpitaux régionaux de référence (Doba, Koumra et Sarh), et une vingtaine de centres de santé.
5°) Les redevances du projet
Le pays a commencé à percevoir des revenus du pétrole en 2004. Cependant, l’administration c’est-à-dire le gouvernement du Tchad conspire avec le consortium d’exploitation pour entretenir un réseau de corruption dans le but de détourner une partie des revenus pétroliers en leurs faveurs. Ni la population locale, ni les organismes internes de contrôle des revenus pétroliers ne peuvent connaître avec transparence et exactitude les montants perçus par le gouvernement en la matière. Seuls les responsables du gouvernement Tchadien et le consortium seront en mesure de donner en détail les résultats de cette exploitation mais depuis le jour de la première exploitation jusqu’à nos jours, ils n’ont présentés aucun rapport à ce propos. Tous ce que la population et l’organisme de contrôle sait est que la production moyenne estimée est de 120.000 barils par jour.
Cependant, une source officielle a déclaré que le manque d’expérience dans la maîtrise des coûts opérationnels du projet faisait du tort au gouvernement Tchadien qui ne bénéficie que de 28,69% des bénéfices acquises aux marchés internationaux de pétrole. Entretemps, le consortium Esso et compagnie profite de 71,31% des bénéfices en escroquant le gouvernement du Tchad par des manœuvres frauduleuses[45].
Entre 2004 et 2008, le Tchad, à cause de l’augmentation des prix du pétrole, obtint des revenus supérieurs à ceux prévus. Cela lui permit en 2008 de rembourser la dette à la Banque Mondiale, poussant ainsi la Banque Mondiale à se retirer étant donné le désaccord qu’elle éprouve à l’encontre de ce gouvernement qui n’a pas respecté ces engagements inclus dans le contrat d’exploitation initiale du gisement pétrolier de Doba. Avant cette décision de retrait, la Banque Mondiale a fait faire une enquête sur l’utilisation pratique et effective des revenus issus du pétrole. Datant de 2005, cette enquête révéla que l’argent reçu avait été gaspillé de façon abusive par le gouvernement Tchadien. Il l’a utilisé en achetant du matériel de mauvaise qualité, en gonflant le prix des projets de construction des infrastructures de bases comme les écoles et les hôpitaux, ces derniers, même étant construits sont mal finis et surtout non équipés.
6°) La catégorie de pétrole issue du bassin de Doba
Chaque gisement donne un pétrole dont la composition est différente. Les deux critères principaux qui déterminent la valeur économique du pétrole sont la proportion de carbone et la teneur en soufre. Les pétroles les plus estimés sont les pétroles légers. La qualification est acquise par la preuve de sa faible proportion en carbone, sa faible teneur en soufre car ils peuvent être transformés à faible coût en produits de carburants de bonne qualité, de haute valeur et vendu à très bon prix.
Le condensat est un pétrole particulièrement léger, à l’état de gaz dans son gisement, et qui se condense à l’état liquide une fois porté à la pression ambiante. De par sa nature, il est constitué de composants mieux valorisés, souvent utilisés en pétrochimie. Quand il est en faibles quantités, on se contente de l’utiliser pour diluer des pétroles plus lourds.
À l’autre bout de l’échelle, le pétrole lourd est difficile à extraire et à transporter à cause de sa faible fluidité et sa trop faible proportion en hydrogène. Cette composition requiert des traitements coûteux et des installations industrielles adaptées pour qu’il soit utilisable en tant qu’hydrocarbures.
Ces dernières années, la proportion des pétroles les plus recherchés est en diminution par rapport aux pétroles atypiques lourds, extra-lourds et aux condensats. La mise sur le marché de ces pétroles est liée au déclin des ressources en pétrole de qualité.
Le pétrole de Doba recèle une huile lourde, dense, visqueuse, qui nécessite un raffinage approfondi avant utilisation, mais qui se prête à l’exportation, vue l’importance des réserves concernées[46]. Pour les intervenants les plus optimistes, qui s’appuient sur une approche essentiellement économique, l’augmentation du prix du pétrole va permettre progressivement au gouvernement Tchadien de tirer des profits de la part des réserves de pétrole de Doba, jusque là un peu coûteux à produire. Une estimation mondiale estimait ainsi en 2005 que près de 3 000 milliards de barils de pétrole lourd rejoindraient les réserves mondiaux dans les décennies à venir.
6°) Le cycle de vie de l’exploitation du gisement pétrolier de Doba
L’extraction d’un gisement se produit en plusieurs phases. Le cycle de vie d’un gisement de pétrole donné est très variable. Dans tous les cas, un gisement de pétrole vit toujours plusieurs décennies à partir de l’année de sa première découverte. Un nouveau gisement pétrolier ne peut être mis en exploitation qu’après un intervalle de temps compris entre quelques années et quelques décennies après sa découverte. Aujourd’hui, la construction des nouvelles infrastructures nécessaires à l’exploitation viennent s’ajouter à ce délai. Ces constructions prennent parfois beaucoup de temps en plus de la cherté de son coût car les gisements découverts récemment sont souvent situés dans des zones de plus en plus difficiles d’accès, ils nécessitent alors d’énormes installations pour l’extraire et pour le rendre commercialisable (raffineries spécialisées pour les pétroles lourds, installations de transformation pour les sables bitumineux…)[47].
C’est le cas du pétrole de Doba qui se situe dans la catégorie de « pétrole lourd » nécessitant l’installation d’énormes installations pour l’extraire et pour le rendre commercialisable. Il s’agit de l’obligation de le faire raffiné profondément avant de pouvoir l’exporter. La production de pétrole d’un gisement, elle-même s’étale généralement sur plusieurs décennies. Le volume de pétrole produit au cours de ces plusieurs décennies peut être représenté par une courbe en forme de cloche. Entre le début et l’arrêt de la production, la production passe par un maximum appelé « pic pétrolier » qui correspond à peu près au moment où la moitié du pétrole a été extrait.
Au début de la production, l’exploitation du pétrole bondit spontanément du puits jusqu’à atteindre les 40% de la production. Dans une deuxième phase, il faut forcer le pétrole à sortir en introduisant de l’eau ou du gaz ; cette technique est utilisée pour les prochaines 20% de la réserve totale de la production et elle nécessite une dépense en énergie supplémentaire et croissante. En dernier ressort, des techniques encore plus coûteuses comme l’injection de vapeur chaude sont requises pour augmenter la fluidité du pétrole des prochaines 5% de pétrole restant dans les réserves. L’exploitation doit être arrêtée lorsque l’énergie nécessaire utilisée pour extraire un litre de pétrole dépassait celle contenue dans ce même litre en tenant compte des autres coûts d’exploitation (maintenance, coûts humains, transport).
Durant la phase terminale de l’exploitation d’un gisement pétrolier, la production décroît à un rythme qui dépend de la géologie du gisement et des méthodes d’extraction utilisées.
TROISIEME PARTIE :
ANALYSE DES IMPACTS DU GISEMENT PETROLIER A DOBA
I°] LES IMPACTS SOCIAUX.
Le projet de gisement pétrolier au Tchad avait éveillé tant d’espoirs pour le développement durable du pays tant pour sa population que pour ses dirigeants. Mais après quelques années d’exploitation, pour la population locale, l’ensemble de leurs vies sociales quotidiennes ont été chamboulées par le projet. En matière sociale, on peut citer quelques apports positifs du projet pour la population mais les impacts sont surtout négatifs.
1°) Les apports sociaux positifs du projet
Depuis le lancement du projet, trois conséquences positives ont pu être décelées en matière sociale à son travers : une amélioration des infrastructures de bases, un afflux de la main d’œuvre et une amélioration du taux de fréquentation scolaire.
→ L’amélioration des infrastructures sociales
Le projet de gisement pétrolier de Doba a bénéficié d’un soutien financier important ainsi que d’une assistance technique de la part de la Banque Mondiale au moment de son lancement. En 2007, la Banque Mondiale déclare que l’accord qu’il a conclu avec le gouvernement Tchadien consiste à ce que la population de la zone du projet bénéficierait de 5% des revenus apporté par le pétrole au pays. Ainsi, elle pourra commencer à tirer profit du projet grâce à cette politique. De ce fait, la banque mondiale a déclaré que ces revenus doivent être utilisés pour la construction de bâtiments et d’équipements scolaires, des châteaux d’eau potable et des marchés modernes utiles et même indispensable pour la population locales afin qu’elle puisse avancer dans la vie.
→ L’afflux de la main d’œuvre
Le projet prévoyait une durée de trois années et demie pour la construction de l’oléoduc. La construction envisageait d’employer près de 4 000 personnes, dont 60 % au Tchad soit environ 2 400 de Tchadiens. Mais il s’agit d’emplois à court terme. Puis, au cours des vingt-cinq à trente années d’exploitation prévus par le projet, les besoins en main-d’œuvre au Tchad sont estimés à 550 employés à long terme au maximum. Il s’agit, pour ces derniers des emplois de longue durée profitable pour le développement durable de la vie quotidienne des bénéficiaires. Mais le consortium a souhaité que le gouvernement tchadien empêche le déplacement des populations vers le site pour éviter la création spontanée de villages autour de la zone d’exploitation. Pour la mise en place des infrastructures nécessaires pour l’exploitation du pétrole, le projet nécessitait entre 3000 et 3700 personnes, dont un quart d’expatriés[48].
→Amélioration du taux de fréquentation scolaire
Dans l’année scolaire 2007-2008, au niveau de l’enseignement primaire, le taux de fréquentation scolaire dans la ville de Doba était estimé à près de 66,5% du nombre total des enfants scolarisables âgés de 6 à 11 ans. Ce niveau de scolarisation des enfants était de 50,30% en 1993. Comparant la situation de 1993 à 2007-2008, les taux des enfants scolarisés dans la région touchée par le projet se sont sensiblement améliorés. En 2007, on constate que les filles sont scolarisées à plus de 42,40% contre 39,0% en 1993[49].
Le nombre d’établissements scolaires dans les régions traversées par le projet s’établit, pour l’année scolaire 2008/2009, comme suit : dans le Mandoul, on a 779 écoles primaires, 86 CEG, 27 lycées et 1 Centre d’enseignement professionnel technique. Dans la région du Moyen Chari, on note 519 écoles primaires, 41 CEG et 19 lycées. On remarque cependant le long de l’axe profitant du projet des écoles primaires en paille, par manque de ressources pour les construire en matériaux définitif ; les habitants attendent alors du gouvernement qu’il affectera une partie des revenus du pétrole pour améliorer ces infrastructures scolaires.
2°) Les impacts négatifs du projet
A coté de ces résultats positifs acquis par la population locale, beaucoup d’impacts négatifs sont à noter :
→ La persistance de la pauvreté de la population locale
Pour obtenir de la Banque Mondiale le financement du projet, le gouvernement s’était engagé à affecter 70% des revenus pétroliers à la réduction de la pauvreté du Tchad en général et 5% de ces mêmes revenus au développement de la région pétrolière du sud. La Banque Mondiale avait pour objectif de faire du projet pétrole Tchadien un modèle où les ressources naturelles comme le pétrole aideraient à éradiquer la pauvreté et profiteraient à la population.
Malheureusement, après 8 ans d’exploitation, la Banque Mondiale ainsi que l’ensemble de la population Tchadienne et celle de la région pétrolière en particulier nagent en pleine déception en ce qui concerne le développement durable tant espérés. La pauvreté s’est éparpillée dans le pays, particulièrement dans la zone pétrolière. En 2011, le Tchad était classé en 7ème position dans le rang des pays les plus pauvres du monde. Pour la zone de Doba, elle est caractérisée par sa forte productivité et sa forte concentration dans les milieux ruraux. Cependant, elle est classée en troisième position la plus pauvre de toutes les régions du Tchad. 64,7% de sa population vit dans la pauvreté avec un faible revenu moyen de 0,56 euro par personne et par jour. Les paysans du bassin de Doba sont apparemment les grands perdants du projet pétrole car ces chiffres traduisent une situation économique bien difficile pour les populations du sud du pays[50].
Les 5% des revenus directs pétroliers de l’Etat étaient destinés à réduire les effets négatifs du projet sur les populations affectées dans la région concernée. Mais la population ne conçoit pas encore les bénéfices directs de cette affectation. Sur les 1027 villages que compte la région de Doba, à peine 3% ont bénéficié des investissements issus des 5% des revenus pétroliers et ceux de façon trop indirects à leurs goûts. On observe aussi une certaine discrimination car certains villages affectés par le projet n’ont bénéficié d’aucune réalisation d’infrastructures de bases alors que d’autres villages non affectés par le projet ont reçu des réalisations démesurées, qui serviraient, à ce qu’il paraît de vitrines pour les visiteurs.
A cause de l’existence des 5% de revenus affectés à la région du sud de Tchad, l’Etat concentre ses investissements dans d’autres régions sans grande planification et parfois avec des problèmes de fonctionnement. La mauvaise gouvernance a engendré un gaspillage des fonds disponibles. Les infrastructures réalisées ne répondent pas aux besoins des populations pauvres et elles sont en plus de mauvaise qualité. L’engagement d’affecter 70% des revenus pétroliers à la réduction de la pauvreté est resté une fausse promesse.
En fait, dans la généralité au sein du pays du Tchad, les deux-tiers des 11,5 millions d’habitants vivent en-dessous du seuil de la pauvreté[51].
→ L’Exode rural
Face à la déception occasionnée par le projet, un exode rural des jeunes gens et des jeunes filles est observé vers la ville à partir de la zone de Doba qui est la zone du projet. Ils partent à la recherche de meilleures conditions de vie en voyant les développements au sein des familles urbaines. En ville, 2,3% des ménages tchadiens possèdent l’électricité dans leur logement et 65 % de la population possèdent de biens de consommations « modernes » de type radio, télévision et motocyclette…[52]
Les tâches des femmes des villages de Doba se sont fortement compliquées par cet exode rural. En fait, les jeunes actifs de la ville sont partis en ville pour y chercher du travail à long terme et y rester. Et les enfants de bas âge ainsi que les personnes âgées sont les seuls qui restent et qui deviennent des fardeaux pour les femmes qui restent aux foyers.
→La fragilité du système de santé
La partie Sud de la république Tchadienne est la zone la plus riche en ce qui concerne les infrastructures sanitaires. On y note trois hôpitaux régionaux de référence. Mais depuis le lancement du projet pétrolier, le système de santé s’y trouve de plus en plus fragile. Cette fragilité est la conséquence immédiate de nombreux problèmes comme : insuffisance des ressources humaines qualifiées en matière de médecine humaine ; insuffisance d’organisation et de planification régionale en la matière ; vétusté des moyens logistiques et des matériels biomédicaux ; destruction de l’environnement ; éloignement des centres de santé par rapport aux villages ruraux.
Les importantes maladies qui se répètent dans la région sont surtout le paludisme, les infections des voies respiratoires, la diarrhée, la dysenterie, la toux, la grippe… Une enquête démographique faite dans les régions Tchadiennes en 2004 a déclaré qu’on note un taux de mortalité infantile de 97 pour 1000 et un taux de mortalité juvénile de 204 pour 1000 dans la région de Doba[53].
Aussi, on remarque que depuis le lancement du projet, beaucoup de visiteurs et de chauffeurs circulent tout au long de la route reliant les deux bouts de la zone pétrolière de Doba. En plus, pour chercher des meilleures conditions de vies, les hommes devront quitter leurs domiciles conjugaux pour des délais plus ou moins prolongés. Par toute cette situation, une partie de la population féminine semble avoir créé des liens avec les chauffeurs routiers en attendant le retour de leurs conjoints. Ainsi, en matière de MST/SIDA, le taux de séroprévalence dans la zone est actuellement de 3,6%[54].
→ Le travail des enfants
Dans toute la république Tchadienne, c’est dans la zone de Doba qu’on retrouve le maximum de taux en matière de travail des enfants. En 2004, 90% des enfants âgés entre 5 et 17 ans travaillent pour aider leurs parents à subvenir aux besoins de la famille[55]. Entre autres, on peut relever comme principaux causes sociales de ce phénomène : la persistance de la pauvreté ; l’existence des gens qui préfèrent utiliser des enfants comme domestiques parce qu’ils sont moins chers à payer ; l’affaiblissement des structures familiales traditionnelles qui n’assurent plus leur fonction d’éducateurs de leurs enfants à tous les niveaux et dans toutes les domaines ; l’aggravation de la situation des personnes de troisième âge isolées ; l’abandon des handicapés et des enfants à cause de la pauvreté ; la délinquance juvénile ; le développement de l’incivisme des citoyens ; l’alcoolisme ; la manque ou l’insuffisance de sensibilisation venant des organismes de lutte contre le travail des enfants.
Malheureusement, le travail des enfants ne peut qu’avoir des conséquences néfastes telles que : l’abandon scolaire ; la baisse du taux de scolarisation, l’augmentation du nombre de chômeurs et des sans abri qui n’ont pas les compétences et les savoirs nécessaires pour trouver du travail ; la malnutrition ; la fuite massive des jeunes filles vers les villes pour la prostitution.
→ L’insécurité alimentaire
Par le lancement et l’exploitation du pétrole dans la zone de Doba, la population a abandonné leur activité quotidienne pour aller trouver des emplois, suppose-t-elle, plus intéressante en matière de rémunération. Mais souvent, elle fait face à d’énormes déceptions en ne trouvant aucun travail approprié à leurs études. Ainsi, cette déception aura plusieurs conséquences surtout sur la vie quotidienne des familles de ses déçus. En effet, la malnutrition globale règne partout dans la zone par faute de ressources financières suffisantes pour nourrir la famille. En 2005, le taux de malnutrition est de : 31% pour les enfants de moins de 5 ans accusant d’un retard de croissance ; 28% pour les enfants de moins de 5 ans présentant une insuffisance pondérale et de 14% pour les enfants considérés comme trop maigres[56].
II°] LES IMPACTS ECONOMIQUES.
A partir de 2003, moment où a commencé l’exploitation commerciale des gisements pétroliers de la zone de Doba, dans le sud du Tchad, la vie économique, politique et sociale du pays a connu des changements radicaux. Ces changements s’inscrivent tantôt dans un axe positif et tantôt dans un axe négatif. Mais cette sous-partie sera consacrée aux bons et mauvais impacts économiques du gisement pétrolier de Doba.
Pour mémoire, souvenons nous que le Tchad est compté parmi les derniers des pays les plus pauvres et les plus endettés de l’Afrique. Pour la république Tchadienne, L’admission des ressources pétrolières dans son économie au moment où il en avait le plus besoin était un choc à la fois positif et négatif. En effet, avant 2003, l’économie Tchadienne se trouvait en état de pleine trouble compte tenu de la dégradation de son commerce extérieur notamment à cause de la crise de la filière coton ainsi que la dégradation du commerce extérieur de l’élevage. Depuis 2003, le pétrole prolifère des ressources très importantes pour l’économie de ce pays, ce, à travers les revenus et les bénéfices pétrolières. Pour ces raisons, l’économie tchadienne commençait en 2003 à dépendre de la filière pétrole. Cette exploitation s’inscrit parmi les programmes et les politiques gouvernementales tchadiens pour faire face à la lutte contre la pauvreté dans ce pays et pour y instaurer un développement durable.
De toutes les façons, les conséquences du projet d’exploitation du gisement pétrolier de Doba sur le plan économique du pays toucheront certainement de manière directe toute la population de la zone soudanienne du pays. Pour rappel, cette zone est peuplée de 3,5 millions d’habitants sur une surface s’étalant jusqu’à 130.000 km². Tout au long de sa vie d’avant le projet pétrolier, la population de la zone pétrolière de Doba vivait dans une situation de sévère pauvreté et d’enclavement total. Par la construction de l’oléoduc Tchad – Cameroun, nécessaire à l’exploitation, le gisement de pétrole situé à Doba a fait naître à la population locale un espoir de rompre son sort d’enclavement ainsi que de résoudre enfin son cercle vicieux de pauvreté et de sous-développement. En fait, la question pétrolière était un sujet très discuté dans toutes les villes et les villages de la région de Doba. La cause de ces discussions est que le lancement du projet mettait en jeu plusieurs problèmes radicaux de la région dans la mesure où il pourrait tous les résoudre.
D’un autre coté, du début de la période coloniale à l’époque actuelle, une des raisons qui poussaient l’économie Tchadienne dans des tornades de difficultés croissantes est son obligation d’importer des hydrocarbures pour faire tourner leurs entreprises nationales. Durant cette période d’importation, la productivité et la rentabilité de toutes les activités industrielles Tchadiennes c’est-à-dire son secteur primaire et secondaire se trouvait très limitée par l’insuffisance financière du pays pour l’importation d’hydrocarbures.
Effectivement, l’augmentation de la capacité économique du Tchad à partir des ressources pétrolières mises actuellement en valeur par le consortium pétrolier américain est énorme. De 2004 à 2011, le budget de l’Etat Tchad a connu une augmentation remarquable ; il est passé de moins de 300 milliards de francs CFA à plus de 1572,482 milliards de francs CFA[57]. Mais malgré cette hausse presque inattendue du budget de l’Etat grâce aux revenus et aux bénéfices pétroliers, les Tchadiens réclament l’absence de conséquences directes de ces recettes sur leurs vies quotidiennes. Ni leurs conditions de vies ne se sont améliorées, ni les infrastructures de bases nécessaires à leurs subsistances personnelles ne se sont modernisés.
En 2008, suite à ce mécontentement populaire, la Banque Mondiale qui a financé le projet de départ a voulu demandé des explications en exigeant la transparence dans la gestion des recettes acquises du pétrole de la part du gouvernement Tchadien. Cette demande d’explication s’est terminée par une violente dispute entre la Banque Mondiale et l’Etat Tchadien pour deux raisons :
La première est que le gouvernement Tchadien s’est prévalu de sa souveraineté nationale pour empêcher la Banque de s’interférer dans ses affaires Etatiques. De son coté, la Banque a soulevé sa capacité et son pouvoir d’exiger cette transparence de gestion des revenus pétroliers. Elle estime que ce pouvoir lui vient du contrat initial que le gouvernement a conclu avec lui. Il faut se rappeler que dans ce contrat, le gouvernement Tchadien a promis d’affecter 70% des revenus pétroliers à des axes prioritaires de lutte contre la pauvreté et de la rue vers le développement durable du pays. Aussi, une loi qui a été voté au sein de l’Assemblée Nationale du Tchad au moment du lancement du projet a prévu que 5% des ressources du pétrole seraient utilisées pour le développement des régions concernés par le projet. En 2008, la Banque Mondiale s’est aperçu de l’irrespect de ces accords par le gouvernement.
La deuxième raison de ce conflit est que la Banque Mondiale accuse le gouvernement Tchadien et le consortium d’exploitation d’avoir entretenu des relations corrompues en gaspillant les revenus pétroliers, en détournant les recettes pétrolières et en affectant une partie des revenus concernés à des affaires personnelles, source de richesses non justifiées des dirigeants du Tchad et des consortiums d’exploitation. Ce réseau de travail malsain empêche aux responsables de contrôle externe (la Banque Mondiale et l’union européenne) et interne (le Comité de contrôle Tchadien) d’utilisation des revenus pétroliers à agir en leurs qualités de contrôleurs. Le gouvernement Tchadien leur présente, en effet, des rapports faussés et ils ne peuvent rien faire lorsque le consortium fait valoir à leurs encontre l’existence de l’accord de confidentialité inclus dans le contrat d’exploitation initiale. En plus, actuellement, les opposants au projet dénoncent à la Banque Mondiale que le gouvernement est en train de conclure des contrats obscurs avec d’autres compagnies extractives Chinoise et Taïwanaise… dans le but de faire de nouvelles exploitations d’autres minerais comme l’uranium ou l’or par exemple. Il est cependant à remarquer que l’exploitation de l’uranium est encore bien plus dangereuse que celle du pétrole, selon les dire des experts.
En rappel, pour montrer son approbation et pour aider cette république à réaliser son objectif de lutte contre la pauvreté, la Banque Mondiale a décidé de financer partiellement le projet. Au début du projet, elle s’est aussi portée garant de l’investissement intégral du projet pétrole Tchadien qui est de 3,7 milliards de dollars[58]. A l’époque de la cérémonie d’ouverture du lancement du projet, le représentant se satisfaisait du respect du cahier des charges par tous les intervenants au début du projet. Toutefois, le chef de sa délégation n’a pas omis de rappeler au gouvernement Tchadien qu’une obligation pèse sur lui ; cette obligation concerne un usage influent et transparent des premiers revenus pétroliers à sa destination prévue pour que les décideurs internationaux puissent avoir confiance en eux. Malgré quelques critiques émanant des opposants, la Banque mondiale, choisit à cette époque de laisser une chance au gouvernement Tchadien de prouver son honnêteté et sa capacité à gérer ses revenus pétroliers. Le Collège de contrôle et de surveillance des ressources pétrolières (CCSRP) qui est un dispositif national Tchadien adopté pour accompagner la mise en œuvre du projet, et qui est composé de représentants du gouvernement, de députés, de financiers et de personnalités de la société civile Tchadien, est un des procédés qui a convaincu la Banque Mondiale à faire confiance audit gouvernement.
Selon certaines études faites dans le pays, la mise en exploitation du gisement pétrolier de Doba propulserait le Tchad au niveau de production du Congo-Brazzaville et au-dessus de celle du Cameroun. Les recettes de l’État seraient doublées après quelques années d’exploitation. Des experts Africains estiment qu’au bout d’une décennie au plus tard, le Tchad, la Guinée Équatoriale et le Congo formeraient les « trois axes de renforcement » de l’industrie pétrolière en Afrique centrale.
Ces allégations semblent en effet être confirmé car sur le plan financier, grâce à ses revenus pétroliers, le gouvernement Tchadien a choisit depuis 2009 de financer une grande partie de ses projets d’investissement avec ses ressources propres. Les autres parties du financement seront assuré par leurs partenaires traditionnels comme l’Union Européenne et la Banque Africaine pour le Développement ainsi que par des nouveaux partenaires, et en particulier ceux de la Chine.
En bref, malgré l’insatisfaction de la population de la zone pétrolière face aux affectations des revenus pétroliers et du retrait de la Banque Mondiale, la situation économique du Tchad est nettement améliorée par les recettes pétrolières. L’évolution de son économie s’inscrit plutôt dans une voie croissante qui lui permet une assez grande autonomie de financement de ses projets internes de développement.
III°] AUTRES IMPACTS.
Pour éviter les conséquences négatives de l’exploitation pétrolière de tomber dans le pays du Tchad aussi bien dans le moyen que dans le long terme, le gouvernement Tchadien choisit de prendre en compte certains points en particulier comme l’utilisation d’une partie des revenus pour lutter contre la pauvreté de la population locale, la prise des mesures de lutte contre la dégradation de l’environnement, la prise de responsabilité face aux tensions régionales qui pourraient naître de la mise en exploitation.
Mais malgré cette prise de conscience et de responsabilité, de nombreuses Organisations Non Gouvernementales dénonçaient encore plusieurs impacts présents dans les régions concernées par l’exploitation. Ces problèmes concernaient la gestion des déchets toxiques, la pollution des eaux et des sols, l’électricité, l’eau potable courante, la télévision par satellite, le cosmopolitisme, l’urbanisation rapide qui faisait de la population locale des victimes innocents.
Ces différents impacts seront développés dans cette dernière sous-partie.
1°) Les problèmes environnementaux
En 1999, la Mission Parlementaire Française qui a fait des enquêtes dans plusieurs pays producteurs et exportateurs de pétrole a résumé que les recettes pétrolières sont généralement source d’instabilité sociale et de corruption. En plus, l’exploitation du pétrole dans des zones rurales productives sont souvent des causes de destruction du système de production paysanne qui agit en privant les agriculteurs de leurs terres et en polluant les eaux, les sols et l’air. Les tensions sociales divisaient la population et semaient le désespoir surtout chez les jeunes.
Ces affirmations de la mission française ont été prouvées par la vie de la population de la zone de Doba, quelques années après le lancement du projet pétrole. Avec l’accroissement démographique fort croissant dans la région, plusieurs formes de dégradation de l’environnement ont été vite aperçues comme la destruction de certains arbres et les arbres fourragers pour le bétail, les arbustes pour les haies. Ces destructions sont surtout l’œuvre des éleveurs et des immigrants sur l’environnement. Mais à ces dégradations s’ajoutent les agissements des agriculteurs qui prélèvent les arbres de bois de chauffage, qui font les feux de brousse et qui brûlent les résidus des récoltes. En plus de ce qui précède, l’obligation de la prévision d’une augmentation des surfaces cultivables est une conséquence obligatoire de l’accroissement démographique soudainement subi par la région du Sud du Tchad.
Les problèmes environnementaux constituent une autre préoccupation pour la population locale. En effet, l’extension du projet et les populations qu’il draine porte un coup sérieux à l’environnement, compte tenu de la pollution de l’espace par l’accumulation croissante des déchets. Ces pollutions sont quand même reconnues par le projet comme constituant un grand risque sur la qualité de l’environnement de la zone du projet qui n’est pourtant pas connue pour être une zone à risque environnemental, ni par les faits historiques, ni par la structure géologique du sol, ni par la géomorphologie.
Les risques s’entendent alors comme des risques ordinaires attendus pendant la phase de construction et de réhabilitation des champs d’exploitations et de l’oléoduc. Ces risques concernent surtout les déversements accidentels des hydrocarbures, des produits bitumineux, des produits d’explosifs et d’autres substances qui rentrent dans la construction et / ou la réhabilitation des infrastructures d’exploitation.
En fait, le pétrole est un poison qui menace l’environnement naturel de la région et envenime la vie des communautés par ses impacts irrévocables qui toucheront les eaux, les sols, la production, la santé, la faune et la flore c’est-à-dire l’environnement en général de la région[59]. En plus, la construction de l’oléoduc passe à travers champs, tout près des villages et traverse plusieurs rivières qui sont des lieux de pêche, ce qui risque de propager les contaminations locales à une grande partie du pays. Dans cette logique, citons quelques problèmes environnementaux présents dans la région pour justifier l’impact négatif du projet sur cet environnement :
En premier lieu, les carrières ne sont pas fermées par les exploitants après leurs usages. Elles accumulent alors des eaux de pluies qui favorisent les moustiques augmentant ainsi le paludisme constituant un danger de noyade pour les animaux et les personnes. Les plaintes déposées en justice pour dénoncer cette situation sont restées sans suite à cause de la complicité des autorités avec ESSO.
Ensuite, l’air est contaminé par les flambeaux qui brûlent le gaz utilisé pour l’extraction, et les déchets qui occasionnent des maladies. La pollution a plusieurs séquelles sur la santé des populations et des animaux. Ainsi, on a pu relever une augmentation du taux de mortalité infantile, d’avortements spontanés et de maladies bien supérieur en nombre par rapport au passé. Des enfants meurent à cause des anémies rayonnantes. Les courants de haute tension installés pour les besoins de l’exploitation pétrolière causent des problèmes de santé.
Enfin, il faut noter que le plan de gestion des déchets et de référence générale du projet qui a été concocté par les responsables étatiques au début du projet n’est pas encore mis en œuvre après plusieurs années d’exploitation. Les mécanismes de supervision et contrôle des aspects sociaux et environnementaux sont défaillants voire même inexistants dans tous le pays.
2°) L’accroissement de la population et la surcharge de l’espace
Selon les études d’impacts environnementaux faits par les responsables, et justifiés pendant son exécution, le projet a fait naître une vague d’immigration de 5 000 à 16 000 personnes[60].
De ce fait, des nouveaux villages se créent très vite aux alentours de la zone du projet. La situation locale de l’emploi durant l’année 2004 était assez illustrative de l’ampleur de l’immigration provoquée par le projet, en ce qui concerne les populations tchadiennes. Par ailleurs, la mise en place du projet et plus tard l’exploitation du pétrole a attiré beaucoup de personnes en quête d’emploi. Parmi ces immigrants, on compte les populations tchadiennes des autres régions ont quitté leurs campements pour aller se fixer dans la zone du projet. Ces immigrants y continuent leurs activités tels que l’élevage ou l’agriculture s’ils ne sont pas embauchés dans le projet.
La zone du Sud de Tchad, qui a connu un climat aisé et favorable aux activités dominantes du pays, et qui était déjà fortement habitée bien avant le projet a connu encore une forte croissance démographique par la naissance du projet qui accentue alors la forte concentration en matière de population.
En plus, le projet pétrolier de Doba a occasionné une forte réduction de l’espace au profit des exploitants pétroliers et en défaveur des agriculteurs et des éleveurs. En effet, la construction des routes, du pipeline, des forages et des logements pour les travailleurs, ainsi que l’immigration des populations ont largement déformé l’espace qui était déjà disputé par les différents acteurs ruraux (agriculteurs et éleveurs).
Aussi, pour conduire le pétrole jusqu’au port de Kribi au Cameroun sur une distance longue de 1 070 km, l’oléoduc doit traverser 170 km du territoire tchadien. La sécurité du transport exigeait une largeur du canal d’une dimension de 30 mètres. Cette largeur ne devrait comporter ni maison, ni arbre. Au total, 2 124 ha de terrain seront occupés par le projet[61].
Mais à part les immigrants Tchadiens, plusieurs immigrants viennent aussi des autres pays pour s’installer dans la zone du projet. Ainsi, de nouvelles cultures vivrières vont être introduites pour faire face à la nouvelle demande des nouveaux habitants. Le fait est que les aliments de base des Tchadiens sont le sorgho, le riz et le maïs, ce qui n’est pas le cas de tous ceux qui viennent travailler dans le projet d’où l’augmentation des superficies cultivables nécessaire à la vie et à la subsistance, ceci au détriment de l’élevage.
3°) Les tensions sociales et l’insécurité
Et plus l’espace diminue, plus les tensions deviennent plus fortes entre agriculteurs et éleveurs d’une part, et entre autochtones et immigrants, d’autre part[62].
Dans les villages ruraux, l’espace tend à se raréfier. La plupart des agriculteurs pensent que l’insuffisance du pâturage est la conséquence de l’implantation des éleveurs. Cette situation oblige certains agriculteurs à importer les produits nécessaires à leurs activités. Les éleveurs sont par exemple obligés d’acheter les tourteaux de la coton Tchad pour nourrir convenablement leurs bêtes pendant la saison sèche.
Par le projet d’exploitation, il est prévu que les champs enlevés à leurs propriétaires pour l’utilisation de l’exploitation seront compensés financièrement par le consortium. Mais la population et les opposants au projet dénoncent le non transparence, l’inadéquation et l’injustice de ces compensations. En effet, le consortium ne compense que les champs cultivés ou en préparation et les récoltes perdues. Les indemnisations ne compensent absolument pas la perte de la terre qui procurait et assure encore un moyen de subsistance à la population locale ; elles permettent aux paysans qui ont perdu leurs terres de vivre tout au plus deux ou trois ans. En plus, les fonds ne sont pas versés directement aux propriétaires des terres mais passent encore par de nombreux intermédiaires qui en profitent pour en détourner une partie. Ces dénonciations provoquent des divisions dans les communautés et surtout entre les populations riveraines, les entreprises et le gouvernement.
De plus, aujourd’hui, des divergences d’opinion sont nées partout dans la région de Doba à cause de la prise de conscience par la plupart de la population que des mesures seront à prendre prochainement pour la préparation de la vie économique future de la région et du pays pour le temps où la production issue du gisement de pétrole sera épuisée. Les opposants les plus pessimistes au projet d’exploitation du pétrole prévoient actuellement qu’il y aura plusieurs graves crises successives lors de l’épuisement du pétrole tchadien. Ces crises toucheront le domaine géologique, économique puis social et feront naître, à leurs tours, une probabilité assez forte de tensions nationaux et de conflits internationaux.
La réduction de l’espace a des conséquences négatives aussi bien sur le milieu naturel que sur les rapports socio-économiques entre les habitants de la région.
4°) Epuisement des réserves pétroliers
Pour connaître la date du pic pétrolier d’un gisement donné, il faut déterminer les réserves de pétrole existant dans le sous-sol de l’exploitation concernée. Selon le géologue D. Lacharrière, la déclaration de l’évolution des réserves faites par les pays producteurs de pétrole sont généralement fausse car le volume des réserves déclaré ne reflète jamais la réalité géologique mais se soucie davantage des considérations financières, réglementaires et politiques.
Les spécialistes internationales en matière de pétrole soutenaient en 2009 que les réserves de pétrole se vident à une vitesse nettement supérieure aux prévisions antérieures. D’après l’Agence Internationale de l’Energie, c’est la première fois qu’une telle étude, large, précise et détaillée, est menée, car les précédents rapports ne se fondaient que sur des hypothèses[63]. Elle reconnaît de ce fait avoir nettement sous-estimé la baisse de production des champs pétrolifères.
Dans sa situation actuelle, les pessimistes du projet d’exploitation pétrolier du Tchad se demandent déjà de la conséquence de l’épuisement de la ressource pétrolière dans le sous-sol de Doba étant donné la dépendance de l’économie du pays à ce secteur. Ce débat est ouvert dans la république Tchad suite à la déclaration de l’Agence Internationale de l’Energie que la demande à l’échelle planétaire en matière de pétrole n’aurait plus que dix ans d’approvisionnement adéquat et suffisant.
5°) Autonomie Tchadienne en matière de gestion pétrolière
L’implication de la banque Mondiale et de l’Union européenne dans le projet pétrolier de la république Tchadienne est qualifiée par le gouvernement de consensus de courte durée qui était vite passée du partenariat à l’ingérence.
Au début, cette implication de la Banque mondiale et de l’Union européenne ont été perçues, non seulement comme une garantie financière, mais comme une caution morale nécessaire à la réalisation du projet. En échange de leurs investissements (notamment pour la construction de l’oléoduc), ces organisations internationales ont exigé du gouvernement de Tchad une gouvernance éclairée de la rente pétrolière. Une loi sur la gouvernance pétrolière inspirée du modèle norvégien a été adoptée dans le pays le 11 janvier 1999. Cette loi instaure le principe d’une affectation équitable et transparente des revenus pétroliers : une partie devait être prioritairement consacrée aux dépenses de développement indispensables et prioritaires du pays comme la santé publique, les infrastructures sociales, l’enseignement, l’agriculture, l’élevage, etc. Aussi, la loi prévoyait une affectation de 5% de ce revenu aux dépenses de fonctionnement et de souveraineté de l’Etat. Un accord financier entre la Banque mondiale et le gouvernement tchadien prévoyait de plus le passage des revenus par un compte d’une banque internationale pour s’assurer de l’effectivité de l’affectation de ces bénéfices à l’amélioration des conditions de vies des populations les plus démunies et des générations futures.
De son côté, l’Union européenne qui, à travers la Banque européenne d’investissement, avait financé environ 150 millions d’euros pour la construction de l’oléoduc avait imposé au gouvernement Tchadien d’inclure dans le contrat de financement des clauses interdisant à l’Etat tchadien de vendre directement son pétrole sur le marché international. Cette clause a été introduite pour permettre à l’Union Européenne d’avoir une marge de contrôle de la rente pétrolière et de son utilisation en Tchad. L’Union européenne conditionnait son engagement à la promesse du gouvernement Tchadien d’utiliser les bénéfices de la vente de son pétrole à la lutte contre la pauvreté.
Après quelques années d’exploitation, le gouvernement tchadien a brutalement soulevé le principe de souveraineté nationale pour débouter le système de gestion convenu dans les contrats initiaux. Prise à contre-pied, la Banque mondiale a, dans un premier temps, gelé tous les programmes d’aide au Tchad et bloqué le compte de garantie à Londres en guise de punition pour le gouvernement Tchadien. Loin de regretter sa décision, les autorités tchadiennes ont ordonné aux compagnies pétrolières de lui verser directement les revenus pétroliers en leur faisant chanter. Le chantage consistait à menacer le consortium de la suspension de leurs activités en contrepartie de leur désobéissance. Le gouvernement Tchadien a également donné un ultimatum à la Banque mondiale, lui imposant de lever les sanctions sous peine de fermer purement et simplement les digues du pétrole de Doba. Au même moment (2006), le Tchad passait des contrats avec des entreprises Chinoises, établissant ainsi une concurrence dans le jeu pétrolier.
En janvier 2007, le retrait du consortium ENCANA a permis le rachat de ces actions par un consortium Chinois. Par la même occasion, le gouvernement Tchadien a confié à une entreprise chinoise la construction du deuxième oléoduc prévu pour relier le site pétrolier de Mougo à la société de raffinerie Tchadienne de Ndjamena[64].
Après avoir repris le contrôle des flux financiers pétroliers suite à ces nombreux évènements, les autorités tchadiennes ont mis un point final à leur partenariat avec les institutions internationales en proposant de rembourser intégralement, avant échéance, les prêts contractés avec la Banque Mondiale et l’Union Européenne pour la construction de l’oléoduc. Désirant se retirer du pays suite à cette longue guerre incertainement terminable, la Banque mondiale a accepté ce remboursement dès 2008.
De même, après l’utilisation de divers moyens des pressions politiques et économiques infructueuses, l’Union européenne a aussi renoncé en 2010 à l’interminable dispute avec l’Etat tchadien au sujet de la commercialisation du pétrole. A l’instar de la Banque mondiale, cette dernière a donc accepté le remboursement de l’intégralité de ses prêts et a ainsi mis un terme à cette querelle. Désormais, le gouvernement tchadien a interdit en mars 2010, la tenue à Doba d’un atelier de réflexion en matière d’industrie pétrolière organisé par la Banque Mondiale. Les autorités tchadiennes ont justifié leur refus pour cet atelier par le fait que la Banque mondiale n’est plus leur partenaire pétrolier.
6°) Impact sur la production agricole
Avant le lancement du projet d’exploitation du gisement pétrolier de Doba, le Tchad avait le plus important potentiel agricole de la sous-région sahélienne et la plupart des villages de la région de Doba avaient une bonne production agricole. Aujourd’hui, la mise en exploitation du gisement de Doba avait nettement diminué l’espace cultivable et la productivité de la région. Les plus de 4.000 familles d’agriculteurs et d’éleveurs affectées par le projet vivent actuellement en pleine déception.
Le consortium d’exploitation a exproprié plus de 60% des espaces cultivables de la zone pour l’installation de ces diverses infrastructures qui ont dépassé de beaucoup les prévisions[65]. En effet, les infrastructures pétrolières réduisaient considérablement l’espace cultivable, vital pour la survie de la population locale. Les champs de cultures et les infrastructures pétrolières s’entremêlent. Des populations ont été déplacées pour le besoin de l’exploitation ; des villages sont devenus enclavés au milieu des installations pétrolières.
Le système de production traditionnel de la population locale a été détruit alors qu’aucun accompagnement n’a été mis en place pour aider la population qui ne peut plus vivre des produits de leurs terres à trouver d’autres ressources financières.
Les paysans ne peuvent plus pratiquer librement la jachère par souci de mettre en danger les infrastructures pétrolières, donc les terres agricoles s’épuisent et la production diminue de manière flagrante. De plus, leurs mouvements dans leur propre territoire se trouvent restreints (défense de sortir la nuit) à cause de la surveillance des installations pétrolières.
La première constatation démontre que les populations des localités directement affectées se trouvent exclues des accroissements économiques et sociaux de l’exploitation du pétrole. Elles sont passées de la pauvreté sans pétrole, à la misère avec le pétrole. D’où la règne du désespoir, de l’indignation et du mécontentement populaire surtout chez les jeunes qui ne voient pas d’issue pour leur avenir.
L’exploitation du pétrole de Doba, inaugurée le 10 octobre 2003, a été longtemps différée par les incarnations de plusieurs guerres civiles dans la république Tchadienne. Mais dans son lancement, elle a bénéficié d’un contexte triplement favorable, caractérisé par le rétablissement de la paix au sud du Tchad, la grande motivation des investisseurs internationaux comme les consortiums d’exploitation attirées par des prix suffisamment prometteurs de l’or noir ou du pétrole, et l’intérêt de la Banque mondiale de financer le projet qui doit servir ses objectifs stratégiques de développement durable et de réduction de la pauvreté au sein de ce pays longtemps considéré comme un pays pauvre et très endettés. Après quelques années d’exploitation, les espoirs des 11 millions de Tchadiens focalisés dans l’industrie pétrolière tombaient à l’eau et devenaient un cauchemar[66].
~ CONCLUSION. ~
Le Tchad est une République indépendante depuis 1960, démocratique et laïque. Le pays pauvre et enclavé au centre de l’Afrique centrale. Il porte le poids d’une longue guerre civile depuis plusieurs années. Devant l’adoption du projet d’exploitation du gisement de pétrole de Doba, des conflits se sont développés entre les antagonistes du projet qui sont l’autorité Tchadienne et les défenseurs des droits de l’homme. Devant ce débat, la population des régions concernées par l’exploitation du gisement pétrolier de Doba se trouve devant un grand embarras : l’or noir sera-t-il l’occasion de sortir de l’isolement et du sous-développement ou sera-t-il un outil de développement des tensions sociales?
D’un coté, après quelques années d’exploitation du pétrole, le Programme des Nations Unies pour le développement classe toujours le Tchad comme le quatrième pays le moins développé au monde dans son rapport annuel de 2012, lui attribuant un indice de développement humain de seulement 0,340.
D’un autre coté, de la présente étude et analyse des impacts de ce projet de gisement pétrolier de Doba, il ressort que sa mise en œuvre comporte certes des impacts négatifs sur le milieu naturel, le milieu biophysique et le milieu humain, et presque dans tous les autres domaines. Toutefois, ces impacts négatifs potentiels n’ont pas un caractère irréversible, tant dans la zone du projet que ses environs. En effet, ces impacts négatifs pourront être remédiable techniquement et financièrement ou du moins être compensés par des mesures correctives adéquates. A cela, s’ajoutent les impacts positifs du projet tant pour la région en termes globaux d’impulsion du développement économique et social que pour les citoyens de la zone et les usagers de la voie.
Egalement, devant la situation peu lumineuse pour la population de la zone pétrolière, plusieurs réseaux ont vu le jour et ont activement plaidé pour l’amélioration des conditions de vie de ces populations. L’Eglise est actuellement en train de prendre conscience du problème et est décidée à prendre des mesures d’accompagnement des populations concernées. Les évêques de la région pétrolière se sont alors engagés dans des actions de plaidoirie auprès du gouvernement, des consortiums et des Institutions internationales. En plus, une initiative régionale a permis la création d’un Cadre de Concertation et de Dialogue du Logone (CCDL) qui vient renforcer l’initiative des réseaux existants, et a pour but de débuter un dialogue franc entre les entités responsables de l’exploitation et les sociétés civiles autour des problèmes généraux nés du projet comme les pertes des terres, la restauration des sols, les compensations, les libertés fondamentales et la sécurité, la dégradation de l’environnement, … qui affectent les populations de la zone pétrolière.Développements récents et perspectivesTableau 2 : PIB par secteur (en pourcentage du PIB)
En somme, aussi bien des impacts négatifs que des conséquences positives ont vu le jour après le lancement et durant l’exploitation du gisement pétrolier de Doba, et on peut constater que les bilans négatifs sont plutôt lourds par rapport aux bilans positifs. Mais de toute façon, on ne peut pas nier que l’arrivée du pétrole dans l’économie Tchad est certainement bénéfique pour la République Tchadienne. Enfin, on peut dire que si toutes les responsables respectent leurs parts de responsabilités, des espoirs sont encore permis pour le développement durable de la région de Doba et de la république tchadienne en général.
~ BIBLIOGRAPHIE ~
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[17] www. journaldutchad.com
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[23] Communiqué du ministère du pétrole Tchadien
[24] Communiqué du ministère du pétrole Tchadien
[25] Guy Dabi, « Tchad : Pétrole et Finances Publiques »
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[27] http://relufa.org/library/ei/
[28] Rapport de l’International Crisis Group du 23 Mars 2010
[29] Idris Deby pendant la cérémonie officielle de lancement du projet d’exploitation pétrolière de Doba
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[31] http://www.afrique-planete.com/tchad/carte_tchad.htm
[32] http://www.afrique-planete.com/tchad/carte_tchad.htm
[33] www.journaldutchad.com
[34] GIC, Rapport de mission au Tchad, décembre 2003.
[35] Mouvement pour la démocratie et la justice au Tchad.
[36] Témoignage d’Edouard Takadji – 07/01/2011
[37] Témoignage de Djim, ex-employé à Esso
[39]. Guy Dabi, « Tchad : Pétrole et Finances Publiques »
[40] Guy Dabi, « Tchad : Pétrole et Finances Publiques »
[41] Siniki, « L’impact macroéconomique d’un consortium d’exploitation pétrolière : le cas de l’unité de production de Doba au Tchad »
[42] Article 30b de la convention conclue entre le Tchad et le Cameroun.
[43] Ndomtara, « Impact du pétrole sur le Tchad après sept ans d’exploitation ».
[44] INSED, 2008
[45] GIC, Rapport de mission au Tchad, décembre 2003
[46] S. Smith, « Misérable et désertique, le Tchad entre dans le rêve pétrolier »
[47] www.journalduTchad.com
[48] Guy Dabi, « Tchad : Pétrole et Finances Publiques »
[49] Indice 2010 de Développement Humain des Nations Unies.
[50] Indice 2010 de Développement Humain des Nations Unies.
[51] Indice 2010 de Développement Humain des Nations Unies.
[52] Siniki, « L’impact macroéconomique d’un consortium d’exploitation pétrolière : le cas de l’unité de production de Doba au Tchad »
[53] Indice 2010 de Développement Humain des Nations Unies
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[55] Indice 2004 de Développement Humain des Nations Unies
[56] www.journaldutchad.com
[57] Guy Dabi, « Tchad : Pétrole et Finances Publiques »
[58] Guy Dabi, « Tchad : Pétrole et Finances Publiques »
[59] Plan de gestion de l’environnement, p. 50.
[60] Siniki, « L’impact macroéconomique d’un consortium d’exploitation pétrolière : le cas de l’unité de production de Doba au Tchad »
[61] Moute dé-Madji, 2002
[62] Fonds Africain de Développement : 1998
[63] Département de l’Infrastructure Tchadienne, « Résumé de l’étude de l’impact Environnemental et Social du Tronçon routier Doba- Sarh ». Décembre 2008.
[64] Guy Dabi, « Tchad : Pétrole et Finances Publiques ».
[65] Siniki, « L’impact macroéconomique d’un consortium d’exploitation pétrolière : le cas de l’unité de production de Doba au Tchad »
[66] Siniki, « L’impact macroéconomique d’un consortium d’exploitation pétrolière : le cas de l’unité de production de Doba au Tchad »
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