Analyse des questions sociales et de l’intervention professionnelle en travail social
Écrit intermédiaire n°1 du Mémoire de pratique professionnelle
DOMAINE DE COMPÉTENCES N°2
« Analyse des questions sociales et de l’intervention professionnelle en
travail social »
Epreuve de Certification en vue de l’obtention du Diplôme
d’Etat d’Assistant de Service Social
Session juin 2023
Sommaire :
Introduction
Exposé des choix méthodologiques
Chapitre 1.- Les devoirs et les obligations institutionnels face au problème de harcèlement scolaire
- Les situations de harcèlement et son évolution au sein des écoles
- Les rôles de l’éducation nationale
- Les rôles et missions de l’assistant(e) de service social
Chapitre 2.- Le harcèlement scolaire et les personnes impliquées
- Notion
- Définitions
- Différentes formes de harcèlement scolaire
- Les personnes impliquées
- Le harceleur
- Le harcelé
- Le public concerné
- Les conséquences du harcèlement scolaire
Chapitre 3.- Place de l’assistante de service social face au phénomène de harcèlement
A.Les fonctions et missions de l’assistant de service social en milieu scolaire
1.Les partenaires de travail
2.Les actions dans le domaine de harcèlement
B.Les actions mises en place pour le lutte contre le harcèlement scolaire
1.Le programme “pHARe”
2.La méthode “PIKAS et Piquet”
3.Campagne de sensibilisation de lutte contre le harcèlement 2022-2023
4.Ambassadeurs collégiens et numéros à appeler dans le cas de harcèlement
Introduction
Le harcèlement scolaire est un phénomène auquel je suis sensibilisée depuis plusieurs années. Cet intérêt est lié, d’une part à mon parcours personnel au cours duquel j’ai le souvenir d’avoir eu des informations sur ce sujet par le personnel enseignant durant ma scolarité. De plus, j’ai été marquée ces dernières années par l’actualité qui se rattache à ce phénomène au sein des différents établissements scolaires. C’est d’abord ces prémices qui m’ont permis de m’ouvrir à ce sujet, renforcé par la rencontre d’une situation survenue lors de mon stage de 2ème année dont la tenue relevait d’un cas de harcèlement scolaire. En effet, cette situation concernait un jeune garçon scolarisé en classe de CE1, victime de harcèlement de la part de ses camarades de classe. Je l’ai rencontré dans le cadre d’une évaluation en protection de l’enfance suite à une Information Préoccupante (IP) réalisée par l’école dont l’origine relevait de carences éducatives et d’une situation d’absentéisme. Lors du premier rendez-vous, le jeune garçon traduisait avec ses mots d’enfants des moqueries principalement d’ordre physique de la part de ses camarades : « Ils me disent que je suis une fille » ; « Ils me traitent de P.D » ; « Un jour, à la piscine, ils ont baissé ma culotte pour voir si j’étais une fille ou un garçon » ; « Ils ne veulent pas que je joue avec eux »… . Suite à ces agissements, la mère a décidé de scolariser son fils dans une autre école où ces mêmes faits se sont reproduis. Or, Madame espérait grandement que le harcèlement ne se reproduise plus. Malheureusement, après quelques mois dans la nouvelle école, elle m’a informé que le harcèlement a recommencé de plus belle. C’est la récurrence de ces faits qui me fait me poser la question concernant les éléments de compréhension du harcèlement subi par un enfant de la part de ses pairs. Je me suis demandé quelles étaient les causes provoquant ces comportements entre enfants. À cette fin, j’ai contacté le directeur de l’école en question et il m’a informé que le jeune était très turbulent et avait tendance à provoquer et taper ses camardes. Ce sont ces raisons, selon lui, qui ne donnait pas envie aux autres élèves de l’integrer et de jouer avec lui. De plus, la mère de ce jeune garçon avait tendance à adopter une posture provocatrice envers les autres mères de l’école mais également à l’encontre des professeurs.
Au regard de cette situation, je me suis posé un certain nombre de questions à savoir :
« Pourquoi et comment un enfant se fait-il harcelé ? », « Quelles sont les raisons identifiables susceptibles de conduire au harcèlement ? », « En quoi peut-on parler de victimes et d’auteur ? ».
Ces questions m’ont amené à me renseigner sur ce que pouvait signifier et recouvrir la notion de harcèlement scolaire. Au fil de mes recherches, j’ai découvert que le harcèlement scolaire ou les violences en milieu scolaire interviennent sous différentes formes.
Tout d’abord, par définition, le harcèlement signifie une « Action de harceler, soumettre à des attaques incessantes, tourmenter avec obstination, soumettre à des critiques, des moqueries répétées »[1]. Le ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse définit le harcèlement comme « une violence répétée qui peut être verbale, physique ou psychologique »[2]. Par ailleurs, la violence est définie par L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) comme « L’usage délibéré ou la menace d’usage délibéré de la force physique ou de la puissance contre soi-même, contre une autre personne ou contre un groupe ou une communauté qui entraîne ou risque fort d’entraîner un traumatisme, un décès, un dommage moral, un mauvais développement ou une carence »[3].
Le ministère de l’Éducation Nationale soulève ainsi trois caractéristiques du harcèlement scolaire, il y a la violence, la répétitivité et l’isolement de la victime[4]. Dans les pays anglo-saxons, le harcèlement scolaire signifie « school-bullying ». Ce mot est apparu pour la première fois dans la littérature britannique au milieu du XIXe siècle. C’est à un chercheur scandinave, le professeur Dan Olweus[5], que l’on doit d’avoir mis en évidence ce phénomène particulier de violence entre élèves[6]. Dan Olweus définit la situation du school-bullying: « Un élève est victime de violence (a student is being bullied) lorsqu’il est exposé de manière répétée et à long terme à des actions négatives de la part d’un ou de plusieurs élèves »[7]. Partant de ces définitions, nous pouvons comprendre que la première caractéristique du harcèlement scolaire est la répétitivité de la violence, ce qui implique une situation subie en permanence pour la victime.
Par ailleurs, au cours de ces dernières années, le phénomène de harcèlement scolaire a pris une place importante au sein de la société, à tel point qu’une journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire en France a été mise en place chaque année depuis 2015, le premier jeudi du mois de novembre qui suit les vacances scolaires de la Toussaint. Cette journée a pour but de sensibiliser la communauté éducative aux phénomènes de harcèlement dans le milieu scolaire. Ainsi, « C’est l’occasion de rappeler combien la prévention et la lutte contre le harcèlement sont fondamentales pour permettre aux élèves d’avoir une scolarité épanouie dans le cadre de la priorité donnée au bien être »[8]. Par la sensibilisation des professionnels militants sur le phénomène de harcèlement scolaire, cette journée nationale est une occasion pour réitérer le droit au bien-être de chaque élève pendant sa scolarité. Diverses manifestations sont faites au sein de chaque école pendant cette journée : atelier, jeux de rôles, conférences, expositions… etc. Tous ceux-ci dans le but de faire comprendre aux élèves que le phénomène de harcèlement scolaire est un délit punissable et qu’il faut signaler au responsable si on est témoin ou victime ou autres … de ce phénomène.
De plus, en octobre de la même année, une plate-forme téléphonique, le « 3020 », a été mis en place, afin de permettre aux victimes, aux témoins ou aux agresseurs d’être écoutés par un adulte professionnel.
Par ailleurs, le harcèlement scolaire « n’a rien à voir avec le milieu social ou culturel »[9]. Les risques du harcèlement scolaire sont plus grands entre huit et seize ans. J’ai fait le choix de concentrer mes recherches sur la population des adolescents âgés de 11 à 15 ans scolarisés au collège de la 6ème à la 3ème. Sur cette catégorie de population, les chiffres à ce sujet sont assez alarmants. Ainsi, une enquête réalisé par la Direction de l’Évaluation, de la Prospective et de la Performance (DEPP), montre que 7% des collégiens subissent du harcèlement scolaire sévère, soit 233 000 sur 3 332 000 élèves. À cela s’ajoute le harcèlement dit modéré, qui concerne 10% des collégiens, soit 332 000 élèves. Ces chiffres interpellent d’autant plus, quand on sait que l’adolescence est une période fragile pour le jeune. De plus, le harcèlement scolaire prend différentes formes comme la violence physique ou morale, même sans utilisation d’une force physique, ça reste du harcèlement si les conditions citées ci-dessus sont remplies. Mais aussi, il existe une autre forme de harcèlement scolaire qui est le cyber-harcèlement. En général et dans la vie quotidienne, le harcèlement est un phénomène détestable et présent dans tous les domaines. En ce qui concerne le harcèlement scolaire, il peut être prolongé en dehors de l’école par le biais de cyber-harcèlement qui ne concerne seulement les élèves de l’école en cause mais aussi le public. Le cyber-harcèlement est défini comme un harcèlement faite par le biais de tout plateforme numérique comme les réseaux sociaux, téléphone, …etc. Ainsi, ce phénomène ne reste pas seulement entre le harcelé et le harceleur dans l’enceinte de l’école mais le public pourrait être touché à cause de la publication par ce plateforme numérique.
Compte tenu du public que j’ai ciblé, il est nécessaire de définir au préalable ce qu’est l’adolescence pour en comprendre les conséquences sur les jeunes. D’où, l’adolescence est une période de la vie entre l’enfance et l’âge adulte, pendant laquelle se produit la puberté et se forme la pensée abstraite[10]. Autrement dit l’adolescence est une période décisive pour l’adolescent et l’institution qui l’accueille. Le collège c’est la sortie du monde de l’enfance et le passage à l’adolescence. Le collégien est en voie d’autonomie, d’ajustement dans son rapport aux autres (le regard des pairs est essentiel), ne plus s’identifier à ses parents, il cherche sa propre identité.
Cependant, les chiffres sont moins importants concernant les écoles du premier degré, c’est-à-dire de la maternelle à la primaire mais également au niveau du lycée. En primaire, une enquête de l’UNICEF et de l’Observatoire Internationale de la violence ont révélé que 5% des enfants étaient victimes de harcèlement en milieu scolaire. Au lycée une autre enquête, réalisée par la délégation ministérielle de la lutte contre les violences en milieu scolaire démontre que 3,4% des lycéens sont victimes de harcèlement.
Afin de mieux comprendre ce phénomène, à savoir comment accompagner les victimes et les auteurs de harcèlement scolaire ainsi que leur famille, j’ai fait le choix d’orienter mon stage de 3ème année de formation au sein d’un service social scolaire. Depuis le début de ce stage, j’ai fait face à diverses situations de violences entre élèves, que ce soit dans la cour de récréation, à la cantine, à l’entrée ou à la sortie de l’école. J’ai eu ainsi l’occasion d’observer le positionnement professionnel de l’assistant social scolaire face aux élèves victimes ou harceleurs.
Ces recherches m’amènent alors à me poser de nouvelles questions : « Comment réagissent les professionnels de l’éducation face à ce phénomène ? », « Quelles actions ont été mises en place pour essayer de l’enrayer? », « Quelle est la place de l’assistante sociale dans le cadre du harcèlement scolaire ? », « Comment les enfants harcelés et harceleurs sont-ils pris en charge ? », « Comment les parents de ces enfants se positionnent-ils ? »
L’ensemble de ces éléments m’amène à formuler la question de départ suivante:
« Comment l’accompagnement social s’inscrit-il dans la lutte contre le harcèlement scolaire au collège en prenant en compte à la fois la personne harcelée et de manière concomitante la personne dite « harceleur »? »
La première partie de l’étude est consacrée sur l’évolution du phénomène de harcèlement scolaire ainsi que les devoirs et obligations institutionnels face à la situation du harcèlement scolaire. Ensuite, l’analyse sur le harcèlement scolaire et les acteurs impliquées sera abordée en deuxième partie. Et enfin, les fonctions et missions de l’assistant en service social face à ce problème, ainsi que la mise en place des actions pour lutter contre le harcèlement scolaire.
Exposé des choix méthodologiques
« Comment l’accompagnement social s’inscrit-il dans la lutte contre le harcèlement scolaire au collège en prenant en compte à la fois la personne harcelée et de manière concomitante la personne dite « harceleur »? »
L’étude et l’analyse du phénomène de harcèlement scolaire nous à demandé de diriger notre travail vers des recherches théoriques à partir de documents et d’ouvrages sélectionnés de manière précise concernant le harcèlement scolaire subit par les enfants et adolescents pendant leurs vie à l’école mais également en dehors de l’école. Concernant la partie pratique, notre travail s’est dirigé vers des insertions sur le terrain afin d’appréhender de manière plus concrètes les situations susceptibles d’émerger au sein des écoles.
Afin de mieux comprendre le contexte général dans lequel ce phénomène ce situe, j’ai sélectionné quelques ouvrages. Dans un premier temps, j’ai découvert le témoignage d’une mère de famille dont sa fille a mis fin à ses jours à la suite du harcèlement scolaire : Marion, 13 ans pour toujours. Ainsi, ce phénomène nous fait comprendre que l’impact du harcèlement scolaire dans la vie d’un enfant pourrait être la mort. Dans un deuxième temps, j’ai lu également l’ouvrage de Muriel Zürcher « Des bleus au cartable »[11] qui raconte de ce même sujet mais en expliquant les situations du harcèlement scolaire entre pairs au passage de la rentrée scolaire en 6ème de Ralph et le phénomène de groupe. De plus, j’ai lu le témoignage de Jonathan Destin « Condamné à me tuer »[12]. Ce témoignage a été très intéressant car Jonathan Destin n’a pas uniquement prit son point de vue mais aussi celui de ses proches. Cet ouvrage ne raconte pas seulement les problèmes de harcèlement scolaire subis par Jonathan, mais aussi et surtout nous conduit à l’objectif de notre étude qui est la mise en place de la prévention et la lutte contre ce phénomène. L’auteur a commencé l’histoire par un dédicace[13] adressé à ses proches et surtout « A tous les élèves harcelés à l’école, pour qu’ils osent parler et dénoncer leurs agresseurs ». L’ouvrage « Souffrances et violences à l’adolescence – Qu’en penser ? Que faire ? »[14] écrit ensemble par les auteurs : Patrick Baudry, Catherine Blaya, Marie Choquet, Éric Debarbieux, Xavier Pommereau et de Françoise Dolto, m’a permis de comprendre la période de l’adolescence et les chamboulements que subit un adolescent au cour de sa vie face au harcèlement scolaire.
En ce qui concerne la méthodologie de recherche sur la partie pratique du travail, des possibilités d’investigation pourraient être faites auprès des écoles afin de mieux comprendre et mieux observer les cas de harcèlement scolaire. Ces investigations seraient possibles à partir des enquêtes, entretiens, interview ou avec des questionnaires dirigées ou libres. L’objectif c’est de pouvoir entendre l’avis des acteurs directs, responsable des cas de harcèlement scolaire au niveau de chaque école. De plus, la descente sur terrain nous permet de voir, d’observer pour trouver de solutions efficaces sur la prévention et la lutte contre le harcèlement scolaire.
Ainsi, pour mes choix d’investigations sur le terrain : j’ai mené des entretiens auprès de deux assistants sociaux et de deux CPE de collège afin d’échanger avec eux et de connaitre leur point de vue sur le sujet. Avant de contacter les personnes, j’ai préparé une grille d’entretien[15] avec des questions semi – directives pour m’aider à obtenir des éléments de réponses sur le sujet du harcèlement scolaire. J’ai enregistré les entretiens sur mon téléphone portable avec l’accord des personnes interrogées en leur assurant que notre échange resterait confidentiel et serait effacé à l’issue de mon travail.
Ces entretiens m’ont permis de recueillir un certain nombre d’informations me permettant d’avancer sur la compréhension du phénomène de harcèlement scolaire. De ce fait, j’ai été étonnée de découvrir que chaque professionnel avait une position plus ou moins différente selon leur profession ou leur lieu d’exercice. Les résultats obtenus à l’issue des entretiens nous permettent à analyser et à étudier les questions du départ citées au préalable dans la partie introduction. Nous pourrons déduire ainsi que l’objectif de l’étude est la mise en place de manière efficace et efficiente des stratégies afin de réduire voire supprimé les cas de harcèlement scolaire.
Pour analyser l’ensemble des informations recueillies, j’ai utilisé plusieurs outils comme la lecture des entretiens menés et la collecte d’informations sur le sujet. Cela m’a permis d’apporter un éclairage sur le sujet mais aussi m’a aidé à faire émerger des questionnements pour aboutir à la réalisation de mon mémoire. Par ailleurs, la réalisation du mémoire est surtout le point de départ afin d’entrer en action comme des militants à la recherche et à la mise en place de bonne manière de lutte contre le harcèlement scolaire.
En ce qui concerne mon terrain d’intervention, j’ai choisi d’étudier la population des élèves du collège. Ce choix s’est porté sur eux car bien que le harcèlement scolaire commence à la fin de l’école primaire (CM1 et CM2), c’est à l’arrivée en classe de 6ème que ceci peut s’intensifier. Ainsi, près de 10%[16] des collégiens sont victimes de harcèlement scolaires. En revanche une fois entrée au lycée le pourcentage d’élèves victimes de harcèlement scolaire diminue.
Ainsi sont nos choix méthodologiques sur ce travail, le développement ci-dessous nous conduira sur l’analyse et l’étude du contexte de harcèlement scolaire en partie théorique dans un premier et deuxième chapitre. En troisième chapitre, nous aborderons dans la partie empirique, le déroulement des actions d’entretien et de questionnaires afin d’aboutir à l’objectif concret de l’étude.
Chapitre I – Les devoirs et les obligations institutionnels face au problème de harcèlement scolaire
Le présent chapitre se divise en trois parties. L’évolution du phénomène de harcèlement scolaire notamment sur le domaine social, historique et législatif (A) est abordée en premier lieu. Ensuite, les institutions concernées dans le phénomène de harcèlement scolaire sont le ministère de l’éducation nationale (B), les écoles y compris les personnels formés pour être responsables du problème. Nous verrons ensuite, la situation de harcèlement au sein des écoles les rôles et missions de l’assistance en service social.
- Les situations de harcèlement et son évolution au sein des écoles
Le phénomène de harcèlement scolaire n’arrête pas de s’évoluer dont les chiffres sont présentés dans la partie situation de harcèlement ci-dessous, malgré le renforcement de la sensibilisation des professionnels sur la lutte contre ce phénomène qui s’avère dangereux pour la vie d’un élève pendant l’école et même en dehors de l’école. Le cauchemar de cette situation engendre la victime et même pour sa famille aussi. Pire encore, la situation s’est aggravée à cause de l’évolution des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC), on l’a qualifié de « Cyber-harcèlement ». Le cyber-harcèlement ne reste plus simplement au sein de l’école entre d’un côté le harceleur et ses camarades, et de l’autre côté le harcelé, mais se prolonge en dehors de l’école par des publications sur les différents réseaux sociaux, par appel téléphonique ou autres moyens de communication numérique. Ainsi, le prolongement de ce phénomène à l’égard du public aggrave la situation vis-à-vis de tous et surtout pour la victime et sa famille, selon le cas. C’est ainsi que l’Etat prend comme obligation fondamentale par le biais du ministère de l’éducation de le renforcement de la lutte contre le phénomène de harcèlement scolaire suivant les cadres juridiques qui seront présentés ci-dessous.
Dans la présente étude, on a choisi de se concentrer un peu plus sur les élèves du collège dont le chiffre est de plus en plus haut par rapport aux autres car c’est pendant le collège que les élèves se trouve d’un côté le début de l’adolescence qui parfois difficile pour les enfants de vivre, et de l’autre côté plus ou moins responsable de leurs actes.
- Les écoles
Le collège, lieu où nous avons choisi de concentrer notre étude, est un établissement scolaire où les élèves sortant de l’école primaire se retrouvent. Le collège comporte quatre années, la 6ème, la 5ème, la 4ème et la 3ème constituant les cycles 3 et 4. La 6ème constitue la dernière année du cycle 3. Cette classe permet de « s’adapter à l’organisation et au cadre de la vie du collège ». La 5ème, la 4ème et la 3ème constitue les trois années du cycle 4. L’objectif de ces classes est de « développer des compétences dans les différentes disciplines et dans les parcours transversaux ». Cette étape dans la scolarité est obligatoire. Les collèges mettent en place un projet d’établissement qui leur permet de prendre des initiatives. Ce projet d’établissement porte sur l’organisation de l’établissement en classe, l’emploi des dotations en heures d’enseignement, l’organisation du temps scolaire, les activités et enseignements facultatifs… Le projet d’établissement est élaboré en commun par les différents partenaires et adopté par le conseil d’administration.
En ce qui concerne les personnes travaillant dans l’établissement, le collège est constitué de différents professionnels. Il y a le chef d’établissement, qui dirige l’établissement, veille au bon déroulement des enseignements, de l’orientation et préside le conseil d’administration. Il est à la fois exécutif de l’établissement et représentant de l’État. Selon la taille du collège un principal adjoint peut aussi être présent au sein des établissent. L’adjoint gestionnaire assiste le chef d’établissement pour tout ce qui relève de la gestion administrative, matérielle et financière. Il peut aussi être l’agent comptable de l’établissement.
Bien évidement on y trouve les enseignants. Ils sont spécialistes d’une discipline particulière et assurent l’enseignement de leur discipline aux élèves du collège. Les conseillers principaux d’éducation (CPE) sont responsables de l’organisation de l’éducation et de la vie scolaire des élèves.
Les assistants d’éducation plus connu sous le nom de surveillant assistent l’équipe éducative dans l’encadrement et la surveillance des élèves.
- Situation de harcèlement
Suivant les définitions qu’on a vu dans l’introduction, le harcèlement scolaire est caractérisé par des violences faites de manière répétitive qui sont parfois peu visibles au yeux des adultes à cause de son lieu de déroulement un peu spécifique comme dans la cour à 32,7%, la sortie du collège à 16,2%, les salles de classes à 13,7% et les couloirs à 11,7% (J-P. BELLON et B. GARDETTE, 2010, p.49) . Les auteurs ne passent pas à l’acte devant les enseignants ou les équipes éducatives responsables, plutôt ils se cachent pour le faire.
Le problème dans la situation de harcèlement scolaire c’est que la victime a des difficultés à raconter ce qu’elle subit en ne sachant pas à l’avance la possibilité de gravité de la situation ultérieure. Elle est aussi effrayée par la réaction de l’agresseur, « Surtout ne pas en parler ! Telle semble être la consigne que s’appliquent les victimes de harcèlement et qu’elles respectent de manière absolue. L’une des premières motivations de ce silence est la crainte de la réaction de l’agresseur » (J-P. BELLON et B. GARDETTE, 2010, p.49). La personne harcelé ne souhaite pas toujours en parler à ses parents par peur de la réaction inadapté de ses derniers. « D’autre, au contraire, risqueraient d’être excessifs dans leur réaction : l’enfant n’a pas du tout envi que son père ou sa mère entre en conflit avec l’enseigne ou avec l’école. Ça lui fait peur parce qu’il est amené à retourner à l’école et ses parents n’y seront pas. Il sera tout seul. » ; « Autre cas de figure : des parents trop faibles — des parents trop âgés par exemple — ou décalés dans la perception des choses (…) Là encore l’enfant ne va pas solliciter ses parents parce qu’il sait qu’ils n’auront pas la bonne réponse, qu’ils ne comprendront pas. » (H. MOLIÈRE, 2013, p.164) Du coté des équipes éducatives ou des adultes y compris les parents, le retard de signalement aux autorités compétents pourrait être dû à la qualification de la situation, le doute de connaitre qu’il s’agit de harcèlement scolaire ou non. Il est possible qu’un signalement soit renvoyé à d’autre traitement parce qu’il ne s’agit pas de harcèlement scolaire mais d’autre violence de ce genre. Nous étudierons dans la partie empirique les mesures à prendre quand on rencontre ce problème de qualification.
La situation de harcèlement dans les écoles est prévue par le « Protocole de traitement des situations de harcèlement dans les écoles »[17]. Ce protocole type vise à aider les directions d’écoles et les équipes éducatives en matière de harcèlement scolaire. Ce protocole décrit les étapes du traitement des situations et indique les chemins à suivre en cas de rencontre de ce problème. Ce qui nous intéresse dans ce protocole, c’est que nous allons voir les situations exactes de harcèlement scolaire.
En ce qui concerne les responsabilités du traitement, ce protocole prévoit que « Dans tous les cas, les directions d’école sont informées et les responsables du traitement des situations de harcèlement. Il est souhaitable qu’elles en informent également l’IEN de leur circonscription, pour un éventuel traitement en binôme de la situation et pour avis… »[18]. Suivant ce même protocole, les modalités de traitement qui doivent être respectés par chaque établissement scolaire sont en premier lieu la révélation des faits, par laquelle, l’élève harcelé se confie à un autre élève ou un adulte, à un membre de l’équipe éducative ou à ses parents. En second lieu, l’accueil des protagonistes en recueillant la parole afin de comprendre et agir. Cette méthode est la même pour tous qu’il soit victime, témoin, ou parents. Elle consiste à écouter et informer afin de mieux comprendre et prendre des mesures de protection.
- Les rôles de l’éducation nationale
Étant donné que le ministère de l’éducation nationale appartient au pouvoir exécutif de l’Etat, le phénomène de lutte contre le harcèlement au niveau des écoles rentre ainsi dans les devoirs et obligations de l’Etat.
Par conséquent, en ce qui concerne le harcèlement scolaire, la mission de l’éducation nationale est la prévention et la lutte contre le harcèlement scolaire dans les écoles et les établissements du second degré[19].
Les cadres légaux et réglementaires concernant le harcèlement scolaire en vigueur sont cités ci-dessous :
- La loi n° 2013-595 du 8 juillet 2013 d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République
Cette loi prévoit dans son rapport annexé que la lutte contre toutes les formes de harcèlement constitue une mission nécessaire et primordiale de chaque établissement d’enseignement scolaire. De ce fait, la prévention et la lutte contre le harcèlement est ainsi un devoir qui s’impose à tous les membres de la communauté éducative.
- Circulaire n° 2013-100 du 13 août 2013 relative à la prévention et à la lutte contre le harcèlement à l’école
Cette circulaire met en exergue l’élargissement de possibilités de sanctions pour l’auteur du harcèlement scolaire intitulé « Les possibilités de recours par les signalements d’élèves victimes seront élargies »[20]. Un numéro vert « Stop harcèlement » d’écoute, d’information et d’orientation dédié[21].
- Circulaire n° 2013 – 187 du 26 novembre 2013 relative à la prévention et au traitement de la cyberviolence entre élèves
Cette circulaire prévoit sur la lutte contre le harcèlement scolaire via l’utilisation inapproprié des réseaux internet ou autres visant à l’utilisation des technologies pour harceler quelqu’un. L’agissement contre la cyberviolence convient, dans chaque établissement, d’entreprendre les démarches de prévention, d’accompagner les élèves victimes de tels agissements, d’engager les procédures disciplinaires et d’informer sur les démarches judiciaires[22].
- Code pénal[23]
Le code pénal dispose les peines encourues pour auteurs de harcèlement scolaire. Les mineurs de plus de 13 ans encourent des peines de prison de six à dix-huit mois d’emprisonnement et des amendes pouvant atteindre 7 500 euros.
Après avoir étudié les missions de l’éducation nationale face au harcèlement scolaire, nous allons voir les situations de harcèlement au sein des écoles.
- Les rôles et missions de l’assistance de service social
Les assistant(e)s de service social aident les élèves et les familles à faire face aux problèmes qu’ils rencontrent dans leur vie quotidienne, que le problème soit scolaire ou non. « Ils jouent un rôle essentiel auprès des élèves fragilisés par des difficultés personnelles, scolaires, familiales ou sociales susceptible de compromettre leur scolarité ou leur bien-être »[24]. Ils ont pour missions d’analyser la situation scolaire et familiale des élèves en difficulté, de les informer sur leurs droits, de les accompagner et de jouer un rôle de médiation.
Ils conseillent les établissements pour les questions d’ordre social et participent aux actions collectives de prévention. Les assistants de service sociaux sont soumis au secret professionnel.
Dans le cadre du harcèlement scolaire, les assistants de service social assure un rôle de prévention et d’accompagnement. « Alors moi je travaille beaucoup avec mon binôme infirmière, on va écouter, discuter avec l’élève concerné, faire en sorte de signaler à la vie scolaire même si l’élève ne le veut pas, et prévenir les parents »[25].
De plus, l’assistant de service social pourrait, selon le cas et le besoin, mettre en place un accompagnement social individualisé. Il assure une présence dans l’établissement scolaire. Il a un rôle essentiel notamment auprès des élèves en difficultés dans sa scolarité, sa famille qui peut mettre à mal leur bien-être. Il peut jouer un rôle de médiateur et des fonctions de régulation sociale. Il va mettre en œuvre sa capacité d’écoute et d’analyse pour mobiliser les élèves et leurs parents à la résolution des difficultés. Ayant obligation au secret professionnel, cela permet aux élèves et aux familles de se confier plus facilement.
Il apporte, après formation, son expertise au chef d’établissement et dans différentes instances, aussi bien pour traiter des situations individuelles des collégiens en danger, déscolarisés ou devant être orienté vers un enseignement adapté que pour les problématiques et les projets collectifs.
Il intervient également dans la conduite de projets d’actions collectives de préventions définies dans le cadre d’un projet d’établissement pour aider à résoudre des problématiques identiques pour plusieurs élèves. Les actions peuvent prendre la forme d’actions de sensibilisation, de prévention et d’éducation. Il peut solliciter des partenaires surtout avec sa bonne connaissance du territoire. Il sait s’inscrire dans une dynamique de partenariat et de travail en réseau. Par ce biais, il est un des interlocuteurs avec les services sociaux extérieurs. Il peut apporter sa contribution dans le cadre de la mise en œuvre « des projets éducatifs de territoires à partir du diagnostic social des besoins et des ressources »[26].
Ainsi, dans cette première partie, nous avons étudié de manière détaillée le contexte de harcèlement scolaire dans son ensemble. En étant un phénomène trouvé surtout dans le milieu de l’établissement scolaire en général[27], l’Etat et le gouvernement, par le biais de l’éducation nationale a mis en place les stratégies de prévention et de lutte contre ce phénomène en adoptant en premier lieu les lois et règlements concernant le harcèlement scolaire. Nous avons également étudié les situations de harcèlement scolaire au niveau des écoles en mettant l’accent sur les responsabilités et les missions des assistants sociaux au niveau de chaque établissement scolaire.
Nous étudierons par la suite, le harcèlement scolaire et les personnes impliquées dans ce phénomène.
Chapitre II – Le harcèlement scolaire et les personnes impliquées
Nous allons étudier, dans le présent chapitre, en premier temps la notion de harcèlement scolaire, en deuxième temps les personnes impliquées et pour terminer en troisième temps les conséquences du harcèlement scolaire.
- Notion
Avant d’analyser toute forme de harcèlement scolaire, il est nécessaire de définir d’abord que signifie harcèlement scolaire.
- Définitions
Dans la définition courante[28], le harcèlement est qualifié comme des agissements malveillants et répétés à l’égard d’autrui, susceptibles notamment d’altérer sa santé physique ou mentale, de porter atteinte à ses droits ou à son avenir professionnel.
Le harcèlement scolaire[29], quant à lui, peut être défini comme une violence répétée qui peut être verbale, physique ou psychologique.
Par ailleurs, le concept de « School-bullying », forgé au début des années 70 par Dan Olweus, psychologue, suivant des études réalisées dans des établissements scolaires scandinaves. A l’issue de ces études, le School-bullying peut être qualifié par les trois caractéristiques suivant[30] :
- L’agissement de l’agresseur est dans une volonté délibérée de nuire ;
- L’agression est répétée et durable ;
- La relation asymétrique entre l’agresseur et la victime.
Cette pratique s’accompagne par la mise en place d’une situation de domination.
Le harcèlement scolaire est ainsi caractérisé par la violence, la répétitivité et l’isolement de la victime.
Concernant les acteurs impliqués, on trouve une relation à trois dans le harcèlement scolaire. Il y a le harceleur, la harcelé et les spectateurs qui trouvent ça drôle ou qui n’osent pas en parler. Dans certain cas, les victimes de harcèlement ne sont pas plus en sécurité chez eux car le harcèlement peut continuer sur les réseaux sociaux, c’est le cas qualifié de « cyber harcèlement ».
- Différentes formes de harcèlement scolaire
Il existe différentes forme de harcèlement scolaire. Il y a le harcèlement moral, physique, psychologique.
Dan Olweus[31] indique que le « School-bullying » ne se limite pas seulement sur des agressions physiques, les moqueries, l’ostracisation[32], ou la propagation de fausse rumeur à l’encontre de la victime.
Par ailleurs, il existe un cas de harcèlement scolaire défini de « Cyberviolence ». Ce dernier se passe sur les réseaux sociaux sous la forme de mail ou par SMS ou toute autre forme de communication. La plupart du temps, ces différentes formes de harcèlement se complètent, à la seule exception du cyber harcèlement qui pourrait être aussi accompagné du harcèlement moral, physique et/ou psychologique au sein de l’établissement scolaire ; comme il peut se faire seul sans que l’établissement ne puisse avoir un regard direct sur la situation. Contrairement à la violence ordinaire, face à l’écran, les victimes sont très souvent seules et ne peuvent pas être aidées par leurs camarades.
- Les personnes impliquées
Les personnes impliquées directement dans le harcèlement scolaire sont le harceleur et le harcelé.
- Le harceleur
La conduite du harceleur est dictée par la peur de la différence, de la singularité et de domination. On harcèle celui qui nous pose question, qui vient réveiller une souffrance qu’on croyait enfouie, voire inexistante, et que le sujet harcelé fait ressurgir.
Le harcèlement traduit la haine personnelle que l’on retranscrit sur l’autre, c’est le fait de ne pas réussir à être comme l’autre qui fait qu’on ne supporte pas l’autre.
On transforme les qualités de la victime en défauts, lui attribuant un comportement trop différent de soit ou du reste du groupe d’élèves. Par exemple, la bonne élève devient prétentieuse, fayote,… Pour les harceleurs, se remettre en question peut être source d’angoisse pour eux : qu’est-ce qui est enviable ou méprisable chez l’autre pour que je m’acharne sur lui ? Pourquoi la présence de l’autre me fait souffrir ? Quelle relation ou épisode douloureux réveillent-ils ?
Les harceleurs ont un compte à régler, une blessure personnelle à panser. Ils ont une question non posée qui ne trouve pas de réponse.
En quelque sorte, le harceleur a besoin de discréditer leur victime pour se réparer de manière narcissique.
- Le harcelé
En général, la personne victime de harcèlement scolaire est ciblée parce qu’elle parait différente, elle est moquée pour son physique, ses résultats scolaires, ses origines…
En raison d’un fort sentiment d’insécurité, « les boucs émissaires » expriment souvent leurs émotions par des attitudes défensives telles que les pleurs, la plainte ou l’évitement. Ce comportement infantile dérange et suscite le rejet du groupe, notamment à l’adolescence période durant laquelle les jeunes essayent en l’occurrence de sortir de l’enfance. De plus, les élèves harcelés n’osent pas se confier à des personnes de confiance sur la situation. Ils ont honte ou ont peur des représailles, de passer pour une « balance ». Alors que le meilleur moyen d’enrayer ce phénomène serait dans un premier temps d’en parler.
Après avoir analysé les causes du harcèlement scolaire en mettant en exergue les acteurs directs de ce phénomène, nous allons par la suite étudier quelles sont les conséquences du harcèlement scolaires ?
- Le public concerné
Le public est concerné au moment où le harcèlement ne reste plus seulement au sein de l’école dont le responsable est dans ce cas le directeur ainsi que toutes ses équipes au sein de l’école. Par conséquent, les harceleurs continuent leur actes en agressant la victime même en dehors de l’école comme dans la rue vers la maison … ainsi, dans le cas où l’agression est témoignée par une ou plusieurs personnes tierce(s), ce(s) témoin(s) est dans ce cas impliqué dans la situation. Il doit signaler les autorités compétentes afin de pouvoir sanctionner l’auteur de l’acte. De plus, le public est concerné dans le cas de Cyber-harcèlement du fait que les réseaux sociaux sont, en général, à l’accès de tous. Le harcèlement, ainsi, sont connu à l’égard du public. C’est pour cela que le signalement aux autorités compétentes est aussi la responsabilité de tous en cas de rencontre de cette situation pour éviter les conséquences qui pourraient être très grave.
- Les conséquences du harcèlement scolaire
Chez un jeune, le harcèlement entraine une grande souffrance. L’enfant ou l’adolescent, des troubles somatiques tels que les maux de ventre, maux de tête à répétition, les troubles du sommeil, l’agressivité envers les proches, un refus de se rendre au collège… Il n’a aussi plus d’amis, ses notes chutent brutalement, il peut développer des troubles alimentaires…
« L’anxiété est la première conséquence que produit sur l’enfant le harcèlement dont il est victime. C’est elle qui est, comme on l’a vu, à l’origine de contre-performances scolaires ou encore de troubles de sommeil, car elle entame la concentration et accentue les difficultés d’apprentissage »[33].
En général, les conséquences du harcèlement scolaire sont dans le domaine de la scolarité, de santé mentale et de la sécurité publique[34].
Selon ce même auteur, « l’incompréhension de la situation est à l’origine de la répétition, elle-même responsable de la gravité des conséquences psychologiques. Alors qu’il faudrait immédiatement répondre à l’agression de manière adaptée, l’enfant ou l’adolescent semble déstabilisé, ce qui encourage son ou ses harceleurs… »[35]
L’exclusion de la victime en tant qu’être humain par une personne ou un groupe d’élèves met à mal sa construction identitaire, entrainant une perte de confiance ainsi qu’un grade vulnérabilité. Tous ces facteurs entraînent des conséquences graves sur la santé de la victime pouvant parfois, du pire des cas, mener au suicide.
A titre d’actualité, suivant nouvelle publiée par Le Monde, « Après le suicide du jeune Lucas, quatre mineurs jugés pour harcèlement scolaire ayant entrainé le suicide »[36] ; « Quatre enfant de 13 ans vont être jugés pour harcèlement scolaire ayant entrainé le suicide. Début janvier, Lucas, un garçon de leur collège, a mis fin à ses jours après avoir été victime de moqueries et d’insultes »[37]. Un autre cas, le 25 Décembre 2022, Ambre, 11 ans, a mis fin à ses jours en sautant du quatrième étage de son domicile. Dans une lettre d’adieu, elle a dénoncé le harcèlement scolaire qu’elle a subi dans son collège … »[38]. Il existe plusieurs cas de suicide pour cause de harcèlement scolaire dans le monde. Ces exemples, pour montrer que la conséquence grave de ce phénomène est le suicide de l’enfant ou l’adolescent.
A titre comparatif, en Suisse, le chiffre suivant campagne 2022[39] démontre que trois enfants par classe sont exposés au harcèlement dans le milieu scolaire. Suivant les statistiques, le phénomène semble s’augmenter dans ces dernières années. Le harcèlement scolaire impacte la santé mentale et physique pour une courte ou aussi une longue durée. Il pourrait entrainer la dépression, les troubles anxieux et le suicide.
En France, le chiffre montre 5,6% [40]d’élèves, au collège sont victimes de harcèlement scolaire.
Ainsi, le phénomène de harcèlement scolaire rend la vie vulnérable pour un enfant ou adolescent jusqu’à son dernier souffle. C’est pour cela que le Gouvernement, par le biais de l’éducation nationale, met en place tous les acteurs et moyens de prévention et lutte contre ce problème sérieux.
L’objectif de cette étude est de mettre à la connaissance de tous l’existence du phénomène de harcèlement scolaire, sa gravité et les conséquences qui pourraient être survenues en cas de négligence. Cependant, si tout le monde prend en charge ses responsabilités face à cette situation, ce phénomène pourrait être réduit dans les années à venir. C’est ainsi que le désir d’être parmi les professionnels militant contre ce phénomène nous permet de proposer en mettant la précision dans la partie ci-après sur les différentes stratégies de la lutte contre le harcèlement scolaire.
Chapitre 3.- La place de l’assistant de service social face au phénomène de harcèlement
L’assistant de service social tient une place importante dans la mission de prévention et de lutte contre le harcèlement scolaire. C’est ainsi que l’Etat s’efforce d’augmenter un peu plus le nombre des professionnels en la matière. Allons étudier dans ce cas les fonctions et missions de l’assistant de service social en milieu scolaire ainsi que les actions mises en place pour la lutte contre le phénomène de harcèlement scolaire en mettant en relief différentes méthodes de prévention et de lutte.
- Les fonctions et missions de l’assistant de service social en milieu scolaire
L’assistant de service sociale peut mettre en place un accompagnement social individualisé. Il assure une présence dans l’établissement scolaire. Il à un rôle essentiel notamment auprès des élèves en difficultés aussi bien dans sa scolarité, sa famille qi peuvent mettre à mal leurs bien être. Il peut jouer un rôle de médiateur et des fonctions de régulation sociale. Il va mettre en œuvre sa capacité d’écoute et d’analyse pour mobiliser les élèves et leurs parents à la résolution des difficultés. Etant tenu au secret professionnelle cela permet au élèves et aux familles de se confier plus facilement.
Il apporte son expertise au chef d’établissement et dans différentes instances, aussi bien pour traiter des situations individuelles des collégiens : en danger, déscolarisés ou devant être orientés vers un enseignement adapté que pour les problématiques et les projets collectifs.
Il intervient également dans la conduite de projets d’actions collectives de préventions définies dans le cadre d’un projet d’établissement pour aider à résoudre des problématiques identiques pour plusieurs élèves. Les actions peuvent prendre la forme d’actions de sensibilisation, de prévention et d’éducation. Il peut solliciter des partenaires surtout avec sa bonne connaissance du territoire. Il sait s’inscrire dans une dynamique de partenariat et de travail en réseau. Par ce biais, il est un des interlocuteurs avec les services sociaux extérieurs. Il peut apporter sa contribution dans le cadre de la mise en œuvre « des projets éducatifs de territoires à partir du diagnostic social des besoins et des ressources »[41]
Les assistant(e)s de service social aident les élèves et les familles à faire face aux problèmes qu’ils rencontrent dans leur vie quotidienne, que le problème soit scolaire ou non. « Ils jouent un rôle essentiel auprès des élèves fragilisés par des difficultés personnelles, scolaires, familiales ou sociales susceptible de compromettre leur scolarité ou leur bien être »[42]. Ils ont aussi les missions d’analyser la situation scolaire et familiale des élèves en difficulté, de les informer sur leur droits, de les accompagner et de jouer un rôle de médiation.
Du côté de l’école, ils conseillent les établissements pour les questions d’ordre social et participent aux actions collectives de prévention. Les assistants de service sociaux sont ainsi soumis aux obligations du secret professionnel.
Dans le cadre du harcèlement scolaire, les assistante de service social assure un rôle de prévention et d’accompagnement. « Alors moi je travaille beaucoup avec mon binôme infirmière, on va écouter, discuter avec l’élève concerné, faire en sorte de signaler à la vie scolaire même si l’élève ne le veut pas, et prévenir les parents ». Mme D, assistante de service sociale en faveur des élèves (cf : Entretien n°2 – l. 308 à 310).
1.Les partenaires de travail
L’assistante de service social (ASS) en faveur de élèves travaille en commun avec plusieurs partenaires. Au sein de l’établissement, elle travail avec les infirmier(e)s de l’Éducation nationale « Alors moi je travaille beaucoup avec mon binôme infirmière » Mme D Assistante de service social en faveur des élèves (cf : l. 308 à 309). Ces infirmière ont pour mission, de promouvoir et de mettre en œuvre la politique de santé en faveur de tous les élèves scolarisés, ils sont aussi une oreille attentive pour les élèves. L’ASS travail aussi avec les CPE et les directeurs, les professeurs… En dehors de l’établissement scolaire les assistants de service social peuvent être amenés à travailler avec des assistants de service social de polyvalence de secteur, des éducateurs spécialisés…
- Les actions dans le domaine du harcèlement
Plusieurs actions ont été mis en place dans différents collèges avec l’aide des assistant de service social. « On a donc commencé à ouvrir une cellule de préoccupation partagée. {…} Alors déjà il va y avoir les CPE dedans, l’assistante sociale, donc moi, l’infirmière scolaire, le chef d’établissement bien sûr et puis des professeurs volontaires. » (cf : Entretien n°2 – l. 206 à 209), « C’est un programme qu’on va devoir développer dans tous les établissements scolaires, de la maternelle au lycée compris. C’est un programme qui regroupe les méthodes Pikas et Piquet (MPP) » (cf : Entretien n°2 – l. 195 à 198) Mme D Assistante de service sociale (ASS) en faveur des élèves.
- Les actions mises en place pour la lutte contre le harcèlement scolaire
Afin de la prévention et la lutte contre le phénomène de harcèlement scolaire, on a mis en place des stratégies et moyens efficaces qui pourraient être opérationnels au niveau de chaque établissement. Parmi ces stratégies, il y a le programme « pHARe », la méthode « PIKAS et Piquet », l’objet de la campagne de sensibilisation de lutte contre le harcèlement 2022-2023 ainsi que la mise en place de l’ambassadeur collégien et la disponibilité du numéro à appeler en cas de rencontre d’une situation de harcèlement.
1.Le programme « pHARe »
Le programme pHARe est un programme de lutte contre le harcèlement scolaire à l’école. Il est étendu à toutes les écoles élémentaires et tous les collèges à la rentrée scolaire 2022. Les établissent scolaire souhaitant participer à ce programme s’engagent pour 2 ans. Ce programme à pour objectif d’éduquer pour prévenir les phénomènes de harcèlement, de former une équipe de professionnels, d’intervenir efficacement sur les situations de harcèlement en associant les parents et les élèves. Il est important de suivre l’impact de ces actions sur le long terme. Le ministre de l’éducation Nationale P. Ndiaye souhaite le généraliser dans tous les établissements scolaires. Il a été observé que le harcèlement recul dans ceux ou ce programme a été mis en place.
2.La méthode « PIKAS et Piquet »
La méthode PIKAS a été proposé dans différent collège elle consiste à rencontrer, une fois ou plusieurs fois, individuellement, le ou les harceleur(s) et d’associer le harceleur au règlement du problème dont il est à l’origine. Mme D ASS en faveur des élèves « C’est un programme qui regroupe les méthodes Pikas et Piquet (MPP). Ce sont des méthodes qui ont dû être inventé il y a très longtemps dans des pays scandinaves, on va dire ça comme ça, ce n’est pas français en tout cas. Ces méthodes ont très bien fonctionné là-bas. » (cf : Entretien n°2 – l. 196 à 199)
3.Campagne de sensibilisation de lutte contre le harcèlement 2022 – 2023
Récemment une campagne de sensibilisation a été mise en place, « Et si l’autre c’était toi? ». Cette campagne à pour objectif d’insister sur l’importante d’agir collectivement pour lutter contre le harcèlement scolaire. C’est pourquoi, la journée du jeudi 10-11 de cette année lui a été réservée. Il est toujours important de continuer à agir. En effet, « Un élève sur 10 sera à l’échelle de sa scolarité victimes sous des formes et à des degrés divers »[43].
« Et si l’autre c’était toi ? » C’est ainsi que nous interpellent les collégiens lauréats du Prix Non au harcèlement, invitant les harceleurs mais aussi les témoins à se mettre à la place de la victime pour ne plus laisser libre cours à ces comportements inacceptables et destructeurs ».
4.Ambassadeurs collégiens et numéros à appeler pour la prévention
Au sein d’établissements scolaires on peut trouver également pour lutter contre le harcèlement, des ambassadeurs collégiens volontaires, de différents niveaux pour créer une dynamique de groupe. A ce jour, on trouve plus de 22 900 ambassadeur collégiens contre 10 000 en 2020. Ils sont formés au repérage des situations de harcèlement, capables d’agir en lanceur d’alerte et éviter ainsi de laisser les élèves victimes isolés. Ces ambassadeurs ont aussi un rôle de prévention et de sensibilisation auprès de leurs camarades. Ils peuvent mettre en place des projets avec l’accord du chef d’établissement. Ils peuvent bénéficier de l’aide et être soutenu par le Conseil de la vie collégienne (CVC) qui est « une instance citoyenne qui favorise l’implication des élèves dans la vie de leur collège » service-public.fr ou le comité d’éducation à la santé, à la citoyenneté et à l’environnement (CESCE) est une instance de réflexion qui évalue et met en place des actions : « instance particulièrement adaptée pour définir et conduire toutes les actions d’éducation et de prévention confiées à l’établissement scolaire »[44].
Par ailleurs, le Gouvernement a souhaité compléter les dispositifs mentionnés en amont et mis en place dans les établissements scolaire par des numéros d’appels gratuits pour aider les élèves et leurs famille. On trouve le numéro vert « Non au harcèlement » : 3020 ouvert du lundi au samedi suivant des horaires bien précis.
On trouve également le numéro vert « Cyberviolences » : au 3018 et le lancement de l’application 3018 disponible sur des plates-formes iOS et Google Play, permettant de faire un signalement d’une situation de harcèlement. L’élève ou la famille peut y trouver, Tchat, questionnaire, fiches pratiques et la possibilité de stoker des preuves.
[2] https://www.education.gouv.fr, publié sur le site le 16 novembre 2021.
[3] Rapport mondial sur la violence et la santé – Synthèse, Organisation mondiale de la Santé Genève, P.3
[4] https://www.education.gouv.fr, publié sur le site le 16 novembre 2021.
[5] 18/04/1931 – 20/09/2020
[6] J-P BELLON et B. GARDETTE, 2010, p.19
[7] Op.cit. P.21
[9] Hélène MOLIÈRE, HARCELE-HARCELEUR – Une histoire de souffrance et de silence, éd. Jean-Claude Lattès, 2015, p.9
[10] Larousse.
[11] Muriel Zürcher, Des Bleus au cartable, 2020, éd. Didier jeunesse.
[12] Jonathan Destin, Condamné à me tuer, 2013, éd. Xo Document.
[13] Op. Cit. p.3
[14] Patrick Baudry, Catherine Blaya, Marie Choquet, Éric Debarbieux, Xavier Pommereau et Françoise Dolto, Souffrances et violences à l’adolescence – Qu’en penser ? Que faire ?, 2000, éd. ESF éditeur.
[15] Trouvée en annexe
[16] Chiffre obtenu selon l’observatoire de la santé.
[17] Non au harcèlement-éducation.gouv.fr
[18] Protocole de traitement des situations de harcèlement dans les écoles.
[19] éducation.gouv.fr
[20] Paragraphe 3 – point 2.
[21] Ibid. 5e ligne.
[22] https://www.education.gouv.fr
[23] Article 222 – 33 – 2 – 2.
[24] Ibid.
[25] Mme D., assistante de service sociale en faveur des élèves suivant entretien n°2 – l. 308 à 310.
[27] Parfois, le harcèlement se prolonge en dehors de l’école.
[28] Larousse.
[29] Selon le ministère de l’éducation nationale, Ibid.
[30] https://www.techno-science.net
[31] Ibid.
[32] C’est la conséquence d’un bannissement d’un groupe. https://www.linternaute.fr
[33] Nicole Catheline, Le harcèlement scolaire, 2018, Chap. IV Les conséquences, P. 81
[34] Ibid.
[35] Op.cit. P.82
[36] https://www.lemonde.fr, publié le 27 Janvier 2023.
[38] https://www.tf1info.fr, publié le 14 janvier 2023.
[40] Enquête Depp 2017, https://www.education.gouv
[41] https://www.educatiin.gouv.fr
[42] Ibid.
[43] Ibid.
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