COMMENT RÉDUIRE LA CONSOMMATION DU PARC RÉSIDENTIEL BELGE. CONSTRUCTION DE SCENARIOS À L’ATTEINTE DES OBJECTIFS 2020 ET 050 EN MATIÈRE DE RÉDUCTION DES GES
COMMENT RÉDUIRE LA CONSOMMATION DU PARC RÉSIDENTIEL BELGE. CONSTRUCTION DE SCENARIOS À L’ATTEINTE DES OBJECTIFS 2020 ET 2050 EN MATIÈRE DE RÉDUCTION DES GES
Sommaire
PARTIE I : LE SECTEUR RESIDENTIEL ET L’ENERGIE.. 5
Chapitre 1 : Objectif de l’union européenne et de la Belgique. 5
1.1 Cadre européen sur l’efficacité énergétique. 5
1.2 Les objectifs de la Belgique. 7
1.3 Les objectifs pour le secteur résidentiel en particulier. 9
Chapitre 2 : Le secteur résidentiel belge, production, historique et état 10
2.1 Bref Historique de la production résidentielle belge. 10
2.2 La consommation et les émissions associées. 14
2.3 Différents facteurs expliquant un stock énergivore. 19
Chapitre 3 : Les freins aux investissements en efficience énergétique. 25
3.1 Introductions et définitions. 25
Chapitre 4 : Diminuer la consommation à travers le renouvellement du parc. 30
5.1. La « rajeunification » du parc. 30
5.2. La rénovation, le modèle de référence actuel 30
4.2.1. Les bâtiments à cibler pour les rénovations. 31
5.3. La démolition/reconstruction, une solution pour le rajeunissement du parc belge. 33
PARTIE III : MODELISATION DU PARC ET DES OBJECTIFS DE CONSOMMATION.. 35
Chapitre 5 : Méthodologie et présentation des résultats. 35
5.2. Scénario 1 : Aucune action. 46
5.3. Scénario 2 : la réhabilitation du stock par la rénovation. 47
5.4. Scénario 3 ; la réhabilitation du stock par la démolition. 51
5.5. Discussions et réflexion sur l’optimum entre rénovation et démolition. 54
Introduction
La demande énergétique ne cesse de croitre. Produire plus nécessite davantage d’énergie. Mais ce n’est pas seulement le secteur industriel qui connait la croissance en matière de consommation d’énergie. Les ménages sont également enclins à cet accroissement. Pourtant, l’Union européenne s’est fixée comme objectif la réduction de façon sensible des émissions de gaz à effets de serre. Ce résultat ne peut pourtant être atteint qu’à travers l’adoption d’une politique drastique d’économie d’énergie, surtout concernant le secteur résidentiel. La consommation d’énergie du secteur résidentiel est estimée en effet à 40% de la consommation totale.
Un taux aussi élevé s’explique par le vieillissement et la vétusté des infrastructures résidentielles, des bâtiments qui ont été construits avant 1980 et qui présentent de nombreuses lacunes en terme d’isolation. Une grande part de l’énergie est ainsi perdue à cause de ces infrastructures dépassées. Les rénovations peuvent être la solution pour optimiser la consommation d’énergie des ménages. La demande d’énergie dépend non seulement de l’efficacité énergétique mais aussi de l’intensité de l’utilisation des équipements (Hausman, 1979).
La demande énergétique ne peut être diminuée. La croissance du nombre de population ne peut avoir pour conséquence que l’accroissement de cette demande. Le changement climatique actuel a également son impact sur la consommation d’énergie. Mais bien que la demande soit à la hausse, il existe de nombreux moyens technico-économiques afin de rentabiliser la consommation d’énergie (Levine et al., 2007).
Les auteurs (Jaffe et Stavins, 1994a ; Boulanger, 2007) évoquent la notion de « paradoxe énergétique »[1] selon laquelle il existe des moyens technologiques qui permettent de réduire la consommation énergétique en investissant dans des infrastructures adéquates et peu coûteuses mais qui ne sont pas privilégiés. Le manque d’information est à l’origine de ce paradoxe. Les professionnels du bâtiment n’ont pas les connaissances suffisantes sur les équipements qui permettent l’économie d’énergie. Il en est de même des consommateurs qui sont mal informés sur les systèmes permettant une économie d’énergie.
L’Union européenne s’est dotée d’un système de labellisation qui permet de réduire les asymétries de l’information avec la directive 92/75/EC. La directive a établi un schéma de labellisation des logements en fonction de leur consommation d’énergie théorique. Les consommations sont réparties en étiquette : la lettre A indique les logements les moins gourmands et une consommation en énergie inférieure à 50 kWh/ m2/an tandis que la lettre G désigne les logements les plus énergivores qui consomment plus de 450 kWh/m2/an.
L’objectif étant de réduire la consommation d’énergie dans le secteur résidentiel, le système de labellisation permet d’établir le constat des logements qui nécessitent des travaux afin de rentabiliser la consommation d’énergie. Pour cela, outre la rénovation pour les résidences dont la consommation pourra être ramenée à un taux acceptable, la démolition/reconstruction serait la solution pour celles dont la consommation est trop élevée pour pouvoir être ramenée à un taux raisonnable.
Dans ce travail, nous relaterons dans une première partie le secteur résidentiel et l’énergie afin de dresser l’état des lieux des résidences actuelles pour pouvoir émettre des théories sur les solutions envisageable pour la réduction de la consommation d’énergie.
PARTIE I : LE SECTEUR RESIDENTIEL ET L’ENERGIE
Nous exposerons dans cette partie l’état des lieux du secteur résidentiel belge afin de déterminer la consommation actuelle des bâtiments en termes d’énergie. Cet état des lieux permettra de tirer les théories sur les investissements nécessaires afin de réaliser les objectifs d’économie d’énergie. Mais avant de traiter de ces sujets, revenons d’abord sur l’objectif de l’Europe en général et de la Belgique en particulier en termes de consommation d’énergie.
Chapitre 1 : Objectif de l’union européenne et de la Belgique
Au cœur des grandes fonctions sociétales que sont l’habitat, la mobilité, les transports, le système énergétique actuellement dominant semble avoir atteint ses limites. Non seulement il se heurte à la pression croissante de la demande et à la raréfaction des ressources fossiles[2], mais il se trouve également confronté à des contraintes environnementales fortes requérant une réduction des émissions des gaz à effet de serre[3].
Une transition vers un système énergétique durable à faible intensité en carbone est inéluctable. Elle traduit le passage d’une société fondée sur la consommation abondante d’énergies fossiles à une société sans carbone, plus sobre, dont le système énergétique serait, en partie, basé sur des énergies renouvelables (Verbong, Loorbach, 2012) et mobilise des innovations tant au niveau des modes de production d’énergie à partir de ressources renouvelables (énergies éoliennes, solaires, thermiques…), du développement de l’efficacité énergétique, ainsi que sur l’évolution des modes de consommation.
Outre une politique qui milite contre l’émission de carbone, l’Europe, et par tant la Belgique, effectuent également de vastes campagnes de sensibilisation pour une consommation d’énergie responsable, c’est-à-dire militer contre le gaspillage, notamment en ce qui concerne les résidences privées.
L’Europe s’est fixé comme objectif la limitation à 2°C de réchauffement lors de la conférence de Cancun en 2010. Pour ce faire, l’UE a opté pour un changement de système énergétique, passant de l’énergie fossile qui ne tardera pas à s’épuiser à l’énergie renouvelable. Les investissements technologiques s’orientent aujourd’hui vers l’énergie éolienne, solaire afin de permettre une transition écologique.
La commission européenne a présenté en 2014 ses objectifs pour l’horizon 2030. Les propositions pour cet horizon sont une réduction de 40% des émissions de gaz à effet de serre par rapport au niveau d’émissions de 1990 ainsi que l’atteinte d’un minimum de 27% d’énergie renouvelable dans la part de la demande finale brute de l’Union européenne.
- Coordination de la politique énergétique en Europe dans les années 1960
C’est en 1953 que s’esquisse une politique économique au niveau européen et notamment sur les questions énergétique avec la CECA[4]. C’est dans cette perspective qu’a été décidé la mise en place d’un « comité mixte compose de représentants des gouvernements et de la Haute Autorité et présidé par le Directeur de la division de 1’economie de la Haute Autorité. La mission du Comité s’articule autour de 1’ étude « d’une méthode permanents d’examen et de coopération » pour tout ce qui peut être considéré comme interdépendance entre les secteurs charbonniers et le reste de l’économie. La transition consistait à cette époque à la substitution du pétrole à la place du charbon qui était en raréfaction.
Le comité a d’ailleurs publié une « Etude sur la structure et les tendances de l’économie énergétique dans les pays de la communauté »[5]. Un protocole sur les moyens d 1’ « assurer une politique coordonnée dans le domaine de 1’6nergie est intervenu entre le Conseil des Ministres et la Haute Autorité lors de la 45ème session du Conseil le 8 octobre 1957[6]. Le 22 avril 1959, la Haute Autorité et le Comite mixte publient le « Premier Rapport sur une politique coordonnée dans le domaine de l’énergie[7].
Néanmoins, ces différentes mesures adoptées par la CECA n’ont eu de réelles répercussions sur la politique énergétique des Etats membres, et notamment de la Belgique. En effet, on ne pouvait encore parler de décisions communautaires. Chaque pays gardait leur indépendance dans le choix de la politique énergétique. On ne peut parler que de tentatives de coordination des politiques énergétiques.
- Politiques européennes actuelles et innovation dans le système énergétique
Dans la lignée des Innovation Studies, la transition vers un système énergétique durable peut être décrite comme un processus complexe essentiellement porté par la création et la diffusion de technologies nouvelles. Plusieurs cadres d’analyse peuvent être mobilisés pour analyser de tels processus qui puisent des racines communes dans la théorie évolutionniste de l’innovation (Markard, Truffer, 2008).
Afin d’analyser les mécanismes à l’œuvre au niveau de la politique européenne de l’énergie au cours de la dernière décennie, Il faut adopter une approche en termes de Systèmes Technologiques d’Innovation en considérant leur dimension structurelle et fonctionnelle (Bergek et al., 2008b ; Hekkert et al., 2007, 2011). En bref, la politique énergétique européenne se concentre sur les « Smart grids » qui vise à gérer de façon optimale la consommation et la production électrique, à améliorer l’efficacité énergétique et intégrer des sources d’énergies renouvelables dans les réseaux existants (Battaglini et al., 2009).
Les SG sont considérés par la Commission européenne (COM/2011/202 final) comme un élément déterminant d’un futur réseau électrique à faible intensité en carbone. En effet, les technologies SG permettent d’adresser deux fonctions sociétales principales : premièrement une consommation d’énergie propre avec la connexion, sur le réseau central de distribution d’électricité, des sites de production décentralisés mobilisant des énergies renouvelables ; deuxièmement une efficience énergétique prenant appui sur une consommation raisonnée et mieux maîtrisée grâce à la mise en place d’un système d’information interactif, que symbolisent les compteurs intelligents.
Cet ensemble de solutions technologiques contribue à la stratégie de l’Union européenne en faveur d’une croissance intelligente, durable et intégratrice, y compris en intégrant la réalisation des objectifs proposés au titre de l’initiative phare Une Europe efficace dans l’utilisation des ressources (COM/2011/0571 final) et des objectifs de l’Europe en matière d’énergie et de climat.
- Objectif au niveau fédéral
La Belgique fixe l’objectif de 13% d’énergie renouvelable dans sa consommation, une volonté qui se traduit par la Directive « PEB »[8] et l’objectif à court terme est d’évoluer vers des « bâtiments presque zéro énergie »[9]. Le gouvernement fédéral veut enclencher sa transition vers de nouveaux modes de production et de consommation.
Au niveau européen, des mesures garantissent la diversification des sources d’énergie, entre énergie fossile et énergie renouvelable, et la diversification des pays fournisseurs et des routes d’approvisionnement, tenant compte de l’état des réserves des sources d’énergie fossiles et de la situation géopolitique internationale. (SPF Economie 2013). La Belgique s’aligne aux objectifs de l’Europe pour l’horizon 2050 qui est l’adoption de « stratégies de développement bas carbone »[10] afin de réduire l’émission de gaz à effet de serre d’au moins 80 à 95% pour 2050 par rapport à 1990.
- Objectif au niveau régional
Un plan d’action national est en cours d’élaboration pour définir la répartition entre Régions. C’est l’Accord d’Ostende de 2004 qui répartit l’objectif entre Régions. Bruxelles s’est engagé à limiter l’augmentation des émissions à + 3,475% par référence à la période 1990 ou 1995. Elle entend également une réduction de 30% des émissions pour 2025. La région Bruxelles capitale a adopté le Code bruxellois Air-Climat-Energie[11] qui intègre toutes les politiques de la région quant à l’atteinte des objectifs fixés.
La région Wallonne quant à elle a adopté la « Déclaration de politique régionale wallonne 2009-2014 » pour l’adoption d’une stratégie de réduction des émissions de 30% pour 2020 et de 80 à 95% pour 2050. Les études « Plan Air-Climat » wallon et le « Plan pour la maitrise durable de l’énergie » évaluent la faisabilité des objectifs avec divers scénarios sur le long terme.
Dans la région de Bruxelles-Capitale, il n’y a pas d’exigence obligatoire pour la rénovation des bâtiments. Néanmoins, la région a établi des exigences différentes concernant la performance énergétique des bâtiments en cours de rénovation majeure. Pour les bâtiments publics, la Région de Bruxelles-Capitale estime qu’à partir de 2010, tous les grands travaux de rénovation entrepris par les autorités publiques doivent atteindre les normes de basse énergie et que les nouveaux bâtiments publics doivent être passifs[12]. A compter de 2015, tous les bâtiments qui subissent des rénovations majeures doivent être conformes à une norme énergétique très basse[13].
La Région de Bruxelles-Capitale à partir de 2015 introduira un seuil minimum de performance pour les maisons louées portant modification du Code bruxellois du logement. Cette mesure vise à réduire la consommation d’énergie des logements tout en protégeant les personnes à faible revenu du coût élevé de la location.
L’Institut « Bruxelles Environnement »[14] est chargé de gérer les différents projets liés à l’énergie et aux bâtiments. En matière de rénovation des bâtiments, l’institut fournit des informations et une assistance pour toutes les aides financières disponibles pour les citoyens vivant à Bruxelles qui souhaitent rénover leurs habitations[15]. Il existe des primes pour les études et les audits énergétiques, des constructions passives ou rénovations basse consommation, ainsi que l’isolation et l’amélioration de la ventilation.
La Région de Bruxelles-Capitale a également mis en place différents programmes d’actions et de soutien. C’est le cas du Programme d’Action Locale pour la Gestion de l’Energie[16] pour la réduction de l’énergie sur les bâtiments publics les plus énergivores. Un programme « Bâtiments exemplaires » a été lancé depuis 2007. Il s’agit d’un concours dont le but est de construire ou de rénover les bâtiments qui sont à la pointe en ce qui concerne la performance énergétique et environnementale.
Sont concernés par l’objectif de consommation bas carbone le secteur des transports et le secteur des bâtiments. Le secteur résidentiel dispose de fortes potentialités dans la lutte contre l’émission de gaz à effet de serre. Pour ce faire, le secteur résidentiel est incité, outre à adopter une consommation d’énergie renouvelable, mais également à baisser de façon sensible la consommation en optant pour les technologies adéquates.
Pour atteindre les objectifs du secteur les standards doivent être appliqués aux nouvelles constructions. Cependant, se concentrer uniquement sur les nouvelles constructions pourrait ne pas s’avérer suffisant pour atteindre les objectifs 2050. Il est nécessaire de combiner les efforts appliqué sur les nouvelles constructions à une attention particulière au renouvellement du parc immobilier existant.
L’objectif est une réduction des émissions de gaz à effet de serre des bâtiments de 87 à 100 % en 2050, par rapport à 1990. Pour atteindre cet objectif, des travaux doivent être envisagés ; l’amélioration de l’isolation pour un chauffage optimal et moins gourmand, l’option pour une technologie écologique, notamment des pompes à chaleur, option pour un réseau électrique « smart grids », etc. Le changement de mode de consommation est aussi essentiel que l’innovation technologique.
Chapitre 2 : Le secteur résidentiel belge, production, historique et état
- L’implication de l’Etat dans les grandes ruptures du secteur
L’urbanisation a joué un rôle très important dans la mutation de la géographie des espaces résidentiels en Belgique. C’est dans les années 1970 que l’Etat belge a encouragé la décentralisation urbaine qui s’est accompagnée de la mobilité des travailleurs afin de réaliser une expansion de l’économie dans toutes les régions du pays.
Dans cette expansion, l’Etat a financer les travaux de construction d’habitats à travers divers aides, primes, garanties et aides fiscales de la part de l’Etat, subventions érigée par la loi dite de Taeye en 1948[17] et qui a pour objectif de relancer l’industrie de la construction en encourageant l’initiative privée à la construction de maisons neuves ainsi qu’à la possession de petites propriétés terriennes. Ces aides massives ont en outre permis le développement de nouvelles filières de production, particulièrement la promotion immobilière privée et surtout la construction individuelle par autopromotion qui constitue une caractéristique spécifique de la Belgique (Halleux et al. 2002). La maison individuelle représente aujourd’hui 75% du parc résidentiel belge et répond au mieux aux critères des aides de l’Etat aux financements des logements et à la demande de la classe moyenne et aisée.
Les habitations anciennes restent fort présentent dans les quartiers centraux, les quartiers ouvriers et les agglomérations industrielles. Ces habitations sont majoritairement constituées de bien privé mis en location. Cette partie du parc immobilier se détériore rapidement au fur et à mesure que les classes moyennes et aisées quittent le centre urbain pour les maisons individuelles de la périphérie et que les projets spéculatifs se multiplient comme c’est notamment le cas de Bruxelles. Toute une partie des logements se retrouvent donc sous la définition du logement résiduel dit social. Ce sont surtout les populations défavorisées n’ayant pas assez de moyens pour construire ainsi que les étrangers, arrivés dès les années 1950 qui y ont élu domicile.
La crise de 1970 a eu pour conséquence la diminution des investissements immobiliers. C’est une nouvelle rupture qui voit le jour dans le secteur de la production résidentielle. Les acteurs publics et privés sont beaucoup moins enclins à l’investissement. Des facteurs d’ordre démographique vont aussi modifier la demande de logement. Celle-ci qui va s’accroitre pour les habitations de ville.
Dans les années 1990, l’Etat s’est tourné vers l’amélioration de l’état du parc existant et ce, au détriment de la production de nouvelles résidences. A cette époque ont été recensées près de 50 000 nouvelles constructions par an, chiffre qui va décroitre jusque dans les années 2000 pour ensuite remonter plus faiblement.
Le secteur s’est progressivement retiré de la construction. En 1972, la part de logements produits pas l’acteur public était de 20%, de 24% en 1981 pour tomber à 1,5% en 2006. A l’inverse, les entreprises privées prennent une place importante le marché de la construction. Elles représentaient environs 25% des constructions dans les années 1970 pour atteindre 46% en 2006. A l’heure actuelle, le marché du logement est dominé par les promoteurs immobiliers.
- Etat actuel du logement en Belgique
La quantité de projets immobiliers est bien plus conséquente dans les zones centrales et périphériques des grandes villes comme Bruxelles, Namur, Anvers ou Liège ainsi que dans la région Flamande. Néanmoins, la production de nouveaux logements n’est pas suffisante face l’évolution démographique toujours plus soutenue dans les régions belges (Gouv. Wallon 1999). A titre d’exemple, la ville de Bruxelles a enregistré en 1996 et 2008 quelques 3200 nouveaux logements alors que le nombre de ménages augmente de 4000 unités par ans. Cela induit à la conclusion que la population accède davantage à la propriété d’anciens bâtiments rénovés que par de nouvelles constructions.
- Années de construction
Nombre de bâtiments érigés | 2014 | % |
Avant 1900 (plus de 114 ans) | 715.648 | 16,06 |
De 1900 à 1918 (114-96 ans) | 348.127 | 7,81 |
De 1919 à 1945 (95-69 ans) | 626.577 | 14,06 |
De 1946 à 1961 (68-55 ans) | 619.997 | 13,92 |
De 1962 à 1970 (67-44 ans) | 454.716 | 10,21 |
De 1971 à 1981 (43-33 ans) | 602.961 | 13,53 |
Après 1981 (moins de 33 ans) | 1.087.131 | 24,40 |
Suivant les constats précédents, la Belgique dispose de plus de résidences anciennes que de nouvelles constructions. A titre indicatif, 15% du parc immobilier belge datent d’avant 1919 ; 17% entre 1919 et 1945 contre une moyenne de 11% et de 12% respectivement pour le reste de l’Europe. 1/3 du parc résidentiel belge date d’avant 1945 et les 2/3 d’avant 1970. Le parc belge est relativement vieux comme le tableau ci-après nous le démontre (Tableau 1).
(Tableau 1)
Le tableau ci-dessus démontre que seuls 24% des immeubles ont été construits depuis les années 1980. Le reste des bâtiments belges ont entre 40 et plus de 100ans. La Belgique préfère garder les vieux bâtiments plutôt que d’en construire de nouveaux.
La Wallonie quant à elle compte, par rapport à 1991, toujours une proportion plus élevée de logements anciens : plus d’un quart (1/4) de tous les logements wallons actuels ont été construits avant 1919. La proportion la plus importante de nouvelles constructions se situe en Flandre. Cette constatation issue de l’histoire régionale, met en avant un certain potentiel de rénovation en Belgique. La Wallonie a davantage l’habitude de rénover aussi bien au cours de la période 1981-1990 que 1991-2000 et la proportion de travaux de rénovation y est toujours la plus élevée (Tableau 2).
(Tableau 2)
La tendance est restée constante depuis les années 1900. Le nombre de nouveaux bâtiments n’a pas évolué et est resté quasiment constant. La raison en est l’accroissement de l’achat de logements existants au détriment de la construction de nouveaux logements, avec l’augmentation des prix et enfin avec l’intérêt pour l’investissement immobilier (Tableau 3).
Tableau 3 : Etat des logements actuel
- La structure des logements
La structure type des résidences en Belgique reste le type unifamilial (Tableau 1), avec jardin. L’exception reste Bruxelles qui dispose de parcs collectifs avec ou sans jardins. Entre 1991 et 2001, cette tendance s’est encore accrue. La Flandre et la Wallonie diffèrent relativement peu sur ce point. Par contre, Bruxelles présente une structure urbaine plus marquée et enregistre donc une part importante de logements collectifs avec ou surtout sans jardin.
Tableau 4 : Structure des résidences par région
(Figure 1)
La section précédente nous a exposé l’état du parc résidentiel actuel en Belgique. Nous en tirons une conclusion de la vieillesse des bâtiments. Il reste désormais à quantifier la consommation d’énergie du parc immobilier et de l’émission qui en découle.
- La consommation d’énergie en Belgique
L’énergie primaire est la première forme d’énergie directement disponible dans la nature et est constitué des bois, charbon, gaz naturel, pétrole, vent, rayonnement solaire, énergie hydraulique, géothermique, etc. Afin de quantifier l’énergie primaire, nous opterons pour les conversions classiques suivantes, conformément à la réglementation PEB ; Ainsi :
- 1 kWh de gaz naturel équivaut à 1 kWh d’énergie primaire
- 1 kWh d’électricité équivaut à 2.5 kWh d’énergie primaire
La consommation en énergie primaire est ainsi définie par :
Ep = fp . Qfinal
avec Qfinal= consommation finale en énergie[18].
L’utilisation d’1 kWh d’électricité nécessite en réalité beaucoup plus d’énergie que l’utilisation d’1 kWh de gaz naturel. En effet, la production d’électricité entraine des pertes lors de la transformation.
L’électricité a donc un facteur particulièrement élevé (2,5). Ce facteur traduit le fait qu’1 kWh électrique utilisé ait nécessité 2,5 kWh de combustible pour sa transformation. Autrement dit, le rendement de production de l’énergie électrique en centrale est de l’ordre de 40 %. Il s’avère donc inutile d’utiliser l’électricité pour produire de la chaleur puisqu’une chaudière qui fonctionne au mazout ou au gaz possède un rendement minimum de l’ordre de 90 %. Le graphique suivant démontre l’évolution de l’utilisation des sources d’énergie depuis une dizaine d’années en Belgique (Figure 2).
Figure 2 : Intensité énergétique primaire entre 1990 et 2010
Source : SPF Economie
Les besoins nets évaluent la quantité d’énergie que devront fournir les différents systèmes de chauffage et de refroidissement afin de garantir le confort thermique de l’ambiance. La consommation finale d’énergie englobe en plus les pertes liées au fonctionnement de ces différentes installations (rendement des installations). Elle, représente donc la consommation énergétique globale pour le chauffage et le refroidissement qui sera facturée à l’utilisateur.
- La consommation par secteur
Les bilans énergétiques belges sont publiés annuellement par le Service Public Fédéral Economie donnant une vue synthétique des consommations énergétiques des différents secteurs : industrie, tertiaire, transport, et domestique (Figure 3). Ces bilans sont établis en fonction des différentes sources d’énergie. Après une diminution dans les années 1980, la consommation globale d’énergie résidentielle par les ménages belges a connu une hausse de + 21% d’augmentation entre 1990 et 2003. Les chiffres de consommation par ménage confirment cette hausse (+17% sur cette même période).
Figure 3 : Consommation d’énergie finale par secteur, sans et avec les usages non énergétiques (2010)
Source : SPF Economie
Tableau 2 : Consommation d’énergie finale par secteur (PCI) (2010)
Source SPF Economie
- La consommation du secteur résidentiel
La consommation énergétique résidentielle en Belgique diffère selon les régions. La consommation est ainsi moindre à Bruxelles. Ceci s’explique par la typologie des résidences avec des maisons à deux façades plus petites avec une bonne isolation grâce aux bâtiments voisins. Les résidences bruxelloises sont donc moins énergivores.
La figure suivante nous montre la répartition de la consommation d’énergie d’un ménage, une consommation répartie entre chauffage, eau chaude, électricité mais également la consommation liée à la mobilité.
Figure 4 : Répartition de la consommation globale d’énergie d’un ménage pour wallon
Source : DGTRE – DGRNE 2001, (calculs ICEDD)
Les bilans énergétiques démontrent l’importance du chauffage dans la consommation du ménage. En effet, le chauffage constitue 79% de l’énergie résidentielle en combinant l’eau chaude et le chauffage de la maison. Le mazout et le gaz sont les principales sources utilisées pour le chauffage ménager (Figure 5).
Figure 5 : Utilisation des différentes sources d’énergie en Belgique en 2001 pour le chauffage
Source : INS
Le secteur résidentiel belge n’utilise le chauffage électrique que pour 3%. Néanmoins, pour les appartements ne disposant pas de chauffage central, le chauffage électrique et très utilisé, soit environ 7% des logements en Belgique, un pourcentage qui tend à la hausse depuis 1981. En dehors de l’eau chaude, la consommation d’électricité se répartie entre les appareils ménagers. Consomment le plus d’électricité les petits appareils électriques qui engrangent jusqu’à 25% de la consommation d’électricité. La buanderie vient par la suite avec une consommation de 20%. Il en est autant pour le froid, congélateur et réfrigérateur, un peu moins pour l’éclairage avec 16% de la consommation électrique totale (Figure 6).
Figure 6 : Répartition de la consommation d’électricité par un ménage wallon moyen hors chauffage, eau chaude sanitaire et cuisson
Source : DGTRE – DGRNE 2001 – calculs ICEDD
- L’émission de GES du secteur résidentiel
Afin d’évaluer l’émission de GES, nous nous réfèrerons au calcul de la consommation apparente de chaque combustible utilisé dans le pays au niveau de l’offre d’énergie. Aux termes de cette méthode :
Conso apparente = production + importations – exportations – soutes internationales –variations de stocks |
Cette méthode de référence établit le calcul des émissions en 6 étapes successives
- D’abord l’estimation de la consommation apparente de combustibles exprimée en unités d’origine ;
- Ensuite la conversion en une unité énergétique commune ;
- La multiplication par les facteurs d’émission pour calculer la teneur en carbone ;
- Le calcul du carbone stocké ;
- La correction pour tenir compte de la combustion incomplète ;
- Et enfin la conversion du carbone oxydé en émission de CO2.
En 2010, La SPF Economie a fait état d’émissions de CO2 de 111 millions de tonnes. Les émissions sont en augmentation de 7% par rapport à 2009 ainsi que de 2,3% par rapport au niveau atteint en 1990. Cette augmentation s’explique par la hausse généralisée de la consommation de l’ensemble des combustibles fossiles.
Pour les combustibles fossiles, les émissions de CO2 sont proportionnelles à la consommation d’énergie primaire. Elles dépendent du type de combustible :
- Gaz naturel : 0.198 kg CO2/kWh
- Mazout : 0.264 kg CO2/kWh
- Électricité : 0.29 kg CO2/kWh.
Pour être précis, le CO2 produit par une centrale électrique dépend du type de centrale, de la saison et de l’heure de la journée. En moyenne, pour le parc de production belge, on a en moyenne autour de 0.29 kg de CO2/kWh.
Ces taux d’émissions de CO2 ont déterminé au niveau des centrales électriques du parc belge (selon le programme PROMIX) dans le cadre du Projet Connaissance des émissions de CO2 – Electrabel- SPE. Ces taux doivent être multipliés par le facteur 1,109 pour les clients basse-tension, pour tenir compte des pertes en ligne et en transformation.
Pour le calcul des émissions de CO2 du chauffage par pompes à chaleur, une valeur moyenne de 0,347 kg CO2/kWh élec produit peut être considérée, valeur pondérée selon le nombre d’heures normales, le nombre d’heures creuses, le nombre de jours d’hiver et de mi saison compris dans la saison de chauffe.
La consommation élevée d’énergie dépend de l’état du bâtiment. Un immeuble plus vieux demandera davantage d’énergie pour le chauffage qu’un immeuble neuf. La typologie des résidences et leur situation doivent également être prises en compte dans la consommation nécessaire. Enfin, il y a le facteur humain, lié notamment à l’évolution démographique.
- L’ancienneté du stock
Le type, la taille, le confort, l’équipement, mais également l’ancienneté sont des facteurs à prendre en compte pour établir la consommation énergétique du secteur résidentiel. Un immeuble plus ancien dont l’isolation présentera des brèches nécessitera davantage d’énergie pour le chauffage.
Le toit qui peut faire entrer de l’air peut faire perdre de l’isolation. Il en est de même des mûrs décapés, voir troués à quelques surfaces, des fenêtres qui se ferment mal. La vieillesse du matériel peut être source de perte de rendement énergétique.
- La typologie des différents bâtiments
Pour la région Wallonie en particulier, la BNB[19] a fait état de construction de 297 480 logements entre 1980 et 2009. Depuis 1990, la « superficie moyenne habitable » des nouveaux logements a eu tendance à baisser et dans les années 2000, la baisse est moins prononcée, la surface habitable atteindra une moyenne de 104 m² en 2009
Ces constructions récentes ont le mérite de préserver la chaleur à l’intérieur des bâtiments, d’abord parce que les parois, les mûrs ainsi que les matériaux utilisés sont récents, mais également parce que la surface est plus petite et permet de contenir la chaleur, ne nécessitant pas davantage d’énergie.
- La localisation
La localisation de l’immeuble joue également un rôle important dans la consommation énergétique. Un immeuble isolé sera plus exposé au vent et au froid. Un immeuble à 4 façades sera plus difficile à chauffer qu’une maison à deux façades. Les maisons en zone rurale seront plus gourmande que les immeubles en ville qui sont mitoyens et à 2 façades. Une maison isolée aura plus de besoins énergétiques que les appartements en ville.
- L’évolution démographique
C’est la DGSIE qui, depuis 1988, publie le chiffre officiel de la population (population résidente de droit). Le calcul est fait sur la base des données du Registre national des personnes physiques. Au 1er janvier 2009, la DGSIE a fait état d’un taux de croissance de 0,8% par rapport à l’année précédente, un taux de 1,9% pour Bruxelles. La Wallonie comptait 3 475 671 habitants avec une hausse de 0,5 %.
Tableau 3 : Population par région
Source DGSIE Statistiques démographiques
- Les degrés-jours ou la température environnante
Les conditions climatiques sont l’un des facteurs déterminants de la consommation énergétique. Cela s’avère d’autant plus qu’une grande part de l’énergie dans le secteur résidentiel est consacrée au chauffage et à l’eau chaude.
Les degrés-jours annuels de chauffe sont un reflet des conditions de température d’une année et donc des besoins de chauffage: plus les températures extérieures sont basses, plus le nombre de degrés-jours sera élevé et les besoins de chauffage importants. La valeur de référence établie est de 2088degrés-jours[20]. En dessous de cette valeur, l’année sera plus froide ; en dessous elle sera plus chaude. Donc on peut estimer qu’en fonction de la variation des degrés-jours varieront également les besoins en chauffage des résidences, par tant la consommation énergétique et les émissions de CO2.
Tableau 4 : Données climatiques
Source IRM Station d’Uccle
- Consommation totale
Le tableau 5 ci-dessous nous montre la répartition de la consommation par source énergétique en 2001. Nous retiendrons qu’en 2001, l’énergie fossile a encore été beaucoup utilisée pour chauffer les résidences. Mais comme nous démontre le tableau 6, le gasoil a été moins utilisé depuis 2009 et est progressivement remplacé par le gaz naturel, le bois et l’électricité. L’intérêt d’une telle diminution est la réduction des émissions de CO2.
Tableau 5 : Répartition du parc de logements occupés en Wallonie en 2001 par type de logement, de chauffage et de vecteur énergétique de chauffage
Source DGSIE (ESE 2001)
Tableau 6 : Répartition du parc de logements occupés en Wallonie en 2009 par type de logement, de chauffage et de vecteur énergétique de chauffage principal
Source estimation ICEDD
PARTIE 2 : CADRE THEORIQUE : LES INVESTISSEMENTS EN EFFICENCE ENERGETIQUE ET LEURS FREINS, QUELLES PISTES POUR AMELIORER L’EFFICIENCE ENERGETIQUE DU STOCK ?
Le secteur résidentiel constitue 40% de la consommation énergétique totale belge. Une très grande part de cette consommation du secteur résidentiel est attribuée au chauffage de la maison, chauffage proprement dit et eau chaude nécessaire pour le confort. Mais bien que cette consommation soit nécessaire, elle n’est pas toujours légitime. En effet, elle peut être réduite en optant investissant dans des équipements peu gourmands mais surtout moins polluant.
Chapitre 3 : Les freins aux investissements en efficience énergétique
L’efficience énergétique ou l’efficacité énergétique peut être définie de façon générale comme le rapport entre la performance et l’énergie dissipée pour un service. Le défi est d’améliorer le service rendu avec une consommation énergétique constante, voire diminuée. Les investissements en efficience énergétique tourne autour de cinq leviers : mesurer les consommations, afficher les consommations, réguler et gérer les consommations, opter pour des produits et matériels performants, et enfin intégrer les énergies renouvelables.
Figure 7
Plusieurs solutions peuvent être optées pour améliorer l’efficience énergétique. La première des solutions est évidemment l’utilisation consciencieuse de l’énergie, sans gaspillage et de façon intelligente. L’utilisation de matériaux technologiques d’étanchéité permettra par exemple d’effectuer une économie d’énergie. Une Réduction de plus de 90% des fuites d’air permettra jusqu’à 15 kWh/m²/an d’économie.
Les analyses ont permis d’identifier un potentiel théorique d’économie d’énergie de 105 millions de Bep [21]en 2030, ou 29 pour cent de la consommation totale attendue.
Figure 8 :Consommation d’énergie primaire, en millions de bep
Source: NTUA (prévisions PRIMES 2007); Analyse McKinsey
- Le Paradoxe énergétique
Alors que nous avons besoin aujourd’hui, plus que jamais, de rendre attractifs et de développer les investissements en efficacité énergétique, nous nous rendons compte que les ménages ne sont guère friands de certains investissements économiseurs d’énergie malgré des caractéristique favorables à ceux-ci tel que des taux de rendement très attractifs (Jaffe & Stavins, 1994, DeCanio 1998, Webber 1997) ou encore la satisfaction de contribuer à un futur sain pour notre planète.
Avec toutes les nouvelles technologies disponibles en matière d’économie d’énergie, il est nécessaire de comprendre ce qui différencie ces investissements spéciaux des autres types d’investissements.
Pour tenter d’apporter une explication à ces faits, la théorie établit la distinction entre d’une part, les barrières de marché que l’on segmente en deux catégories a. Les défaillances de marché et b. Les barrières économiques. Il semblerait donc que les ménages, les entreprises et les investisseurs ne soient pas attirés par ces investissements alors même que leur rendement est supérieur aux autres types d’investissements. Cela s’explique par une attente de rentabilité supérieure de la part des investisseurs.
Ils attendent donc un taux d’actualisation supérieur à la moyenne des investissements ordinaires. Les raisons sont certaines caractéristique du marché des services énergétiques tel que ; – le mauvais placement des incitants, – des dimensions financières, – le pouvoir du marché, par exemple la mauvaise règles concernant la concurrence (panneau solaire et cout de la main d’œuvre en chine)
- Typologie des différents freins
- Les barrières de marché
- Les défaillances de marché
- Les problèmes d’asymétrie de l’information
Dans cette situation problématique, les différentes parties ne possèdent pas toutes les informations concernant les couts de l’utilisation de l’énergie d’un bien. L’exemple type est un bien immobilier, un acheteur et un promoteur immobilier. Ainsi, la question est de savoir comment introduire avec certitude dans la valorisation d’un bien, des caractéristiques liées à ses dépenses énergétique. Dans le cadre de cet exemple, les certifications PEB et autres labels viennent parfaire l’information entre les différentes parties. Il est opportun de s’intéresser au valorisation de ces labels dans le cadre d’un bien immobilier.
- Les problèmes liés à l’imperfection de l’information relative aux gains à l’adoption d’équipements économiseurs d’énergie
Les informations concernant les avantages et les différentes caractéristiques liées aux avancées technologiques en matière d’économie d’énergie sont difficile à trouver (Stand et Howarth 1994). Sans circulation des informations relatives aux nouvelles technologies dans le domaine, les changements dans les habitudes des consommateurs sont lent (Golove et Eto, 1996). Le problème vient du fait que certaines informations ont toutes les caractéristiques d’un bien public. C’est à dire la non exclusivité et la non rivalité dans la consommation. Cette seconde caractéristique évoque le fait que la consommation par un agent n’a pas d’effets sur la quantité disponible pour les autres. En tant qu’information sur un bien public ces deux caractéristiques expliques le fait qu’il n y a pas d’incitation à partager l’information détenue.
- Le problème des incitations divergentes
C’est donc en tant que défaillance de marché que le problème des incitations divergentes se pose. L’exemple type d’incitation divergente. Quand un propriétaire occupe le bien qu’il possède, celui-ci peut justifier des investissements économiseurs d’énergies. Cependant, ce n’est pas toujours le cas lorsque le bâtiment est mis en location.
On identifie le problème du « plit-incentive » lorsque la partie responsable du payement des factures énergétiques est différentes de la partie qui s’occupe des décisions de capital/d’investissement sur le bien. Autrement dit, un agent n’a aucun intérêt à passer l’investissement tandis que l’autre en reçoit tous les bénéfices sans en avoir payé les couts.
- Les barrières économiques
- Les coûts cachés
Il y a des couts cachés à passer un investissement économiseur d’énergie. Ceux-ci sont directement liés au degré de nouveauté de la technologie adoptée. Ainsi ces cout caché peuvent par exemple se refléter dans ; – la recherche d’information sur la technologie, – la perte de confort durant la durée des travaux, – la fiabilité incertaine..
- L’hétérogénéité des agents
Il y a dans la décision d’un investissement économiseur d’énergie certaine composante liée aux valeurs personnelles de l’acteur. Ainsi, chacun n’est pas conscientisé au même degré quant à la question de la transition énergétique dans le secteur résidentiel. D’autres caractéristiques sont liées aux critères même d’habitation par le ménage.
- L’accès au capital
Les IEE sont caractérisé comme étant de petite taille et dispersé dans le temps. Il est donc difficile d’en quantifier le bénéfice et les organisations financières et sont donc moins enclines à accorder des prêt ou alors, avec des taux d’intérêt assez élevés.
- Les risques associés au IEE
- Le taux d’actualisation
Selon plusieurs études, les taux d’actualisation sont supérieurs pour les investissements économiseur d’énergie. Les ménages exigent donc une valeur de retour sur leur investissement supérieur que pour des investissements d’autres types.
- L’irréversibilité sous incertitude
Les investissements en technologie efficiente sont très irréversibles. Cela est du principalement à leur cout et au cout qu’il faudrait ajouter pour revenir à l’ancienne installation. De plus, il y a plusieurs formes d’incertitudes qui accompagnent généralement ces investissements.
– incertitude sur les gains énergétiques ; les méthodes sont difficiles et il y a toujours une incertitude quant aux différents gains ou pertes éventuelles. Liaison avec l’effet rebond.
– Incertitude sur les prix de l’énergie ; facteur très important pour la décision d’un investissement. En effet, les ménages pourraient reporter le moment de passer un investissement rentable en cause d’une baisse des prix de l’énergie. Egalement, un investissement peut être rentable aujourd’hui et ne plus le devenir dans le futur suite à une augmentation des couts de l’énergie.
– Incertitude sur les politiques publiques ; Si les subventions et les crédits d’impôts ont tendance à augmenter dans le temps, cela peut conduire les ménages à repousser l’investissement jusqu’à profiter de ces avantages.
– Incertitude sur les prix futurs des équipements et sur les couts de leur installation. Cela peut avoir une conséquence sur le moment de l’investissement également. Par exemple, le marché de panneau solaire qui a rapidement été repris par la chine à des couts très bas.
- Défaillance des marchés et politiques publiques
Pour pouvoir contrôler les externalités engendrées par les défaillances de marché, la théorie économique suggère que l’action des pouvoirs publiques pourraient améliorer l’efficacité économique.
Trois formes de régulations sont envisageable ;
– Une régulation juridique, par le biais de lois donc.
– Une régulation informationnelle par la mise en place de normes techniques, de labels afin de garantir une certaine qualité ou encore de partager certaines informations inhérente au bien.
– Une régulation financière qui se définit par des aides pour promouvoir les externalités positives ou encore des taxes pour réduire les externalités négatives. (Principe du pollueur payeur)
– Les accords volontaires et les partenariats
Chapitre 4 : Diminuer la consommation à travers le renouvellement du parc
Dans cette quête de la diminution de la consommation du secteur résidentiel, deux scénarios peuvent être envisagés. D’une part, la rénovation peut être une solution. Il s’agira avant tout de remédier aux problèmes d’isolation du parc résidentiel avec des travaux ciblés, notamment sur la toiture, le vitrage, et les matériels de chauffage.
D’autre part, une solution plus radicale consistera à démolir afin de pouvoir reconstruire un nouveau parc qui répondra aux normes d’isolation et avec des matériels neufs qui impacteront sur la consommation du nouveau stock. Ce sont ces deux scénarios que nous exposerons ici.
Comme nous l’avons exposé précédemment, le secteur résidentiel belge est vieux. Le taux de nouvelle construction est très bas depuis ces cinquante dernières années, la population optant pour les vieux immeubles à rénover.
En effet, les statistiques montrent que la Belgique dispose du parc résidentiel le plus vieux d’Europe. 80% des bâtiments ont plus de 20ans. Le problème est que les vieux immeubles sont mal isolés depuis leur construction mais également à cause de l’ancienneté de l’immeuble. Pour les immeubles construits avant 1945, l’isolation est inexistante. Les murs qui s’amenuisent, le toit qui vieillit, nécessitent des réparations ou des rénovations.
Avant d’envisager la démolition, la rénovation est la première solution. En effet, il n’est pas facile d’imaginer démolir 80% des immeubles actuels en Belgique. D’ailleurs, ces immeubles ont pu déjà faire l’objet de réparation au fil des années, l’état du parc s’est amélioré au fil de ces renouvellements bien que cela ne soit suffisant. La rénovation reste la première solution à envisager.
Les bâtiments à rénover sont principalement les vieux bâtis qui ne sont pas encore dans un état de délabrement. A priori ce sont les immeubles qui ont été construits il y a plus de vingt ans, ceux qui ont été construits avec des matériaux de l’époque et qui nécessitent un réajustement sur le plan de l’isolation. Il s’agit de la toiture, des vitrages et des mûrs dont la rénovation permettrait de contenir la chaleur et baisser significativement la consommation pour le chauffage. La figure suivante nous montre l’état de l’isolation selon l’ancienneté des bâtis.
Figure 9 : % logements ayant des murs isolés en fonction de leur époque de construction
Source Enquête-qualité 2007 – DGATLP, MRW
Ce sont ensuite les immeubles qui se trouvent en situation urbaine et occupés. En effet, il est difficile de reloger les occupants en cas de démolition d’un immeuble, surtout quand celui-ci loge plusieurs familles. Ce sont donc des immeubles à caractère social comme les habitations à loyers modérés qui accueillent plusieurs familles.
Doivent également être rénovés les bâtiments qui ont un potentiel de gain énergétique. Il y a un potentiel énorme de gains énergétiques sur les plus anciens bâtiments qui sont extrêmement mal isolé. C’est à partir des crises énergétiques des années 70 que l’isolation des murs commence lentement à se généraliser. Mais si l’isolation des toitures et le remplacement des fenêtres ont été des pratiques courantes, ils restent encore insuffisants et peuvent être améliorés davantage.
- Avantages de la rénovation
Il est difficile d’évaluer les bénéfices procurés par les investissements en efficacité énergétique (Jakob, 2006 ; Carlsmith et alii 1990). La rénovation aura un impact direct sur le confort, mais surtout sur la consommation de chauffage du secteur résidentiel. En effet, l’amélioration de l’isolation de l’immeuble permettra de contenir la chaleur dans le bâti et nécessitera peu d’apport de chauffage. Outre la consommation de chauffage, la rénovation aura également un impact sur la consommation d’eau chaude et sur la consommation d’électricité ou de gaz. En définitive, la rénovation permettra l’amélioration du confort et l’amélioration de la gestion de la consommation de l’immeuble et diminuer les GES. Le tableau ci-après nous démontre les gains pour une rénovation de l’isolation par l’amélioration du coefficient global d’isolation thermique.
Tableau 7 : Exemple d’avantage pour la rénovation d’une maison de 250m2
- Les coûts à prendre en compte
La rénovation a son coût, elle s’accompagne de l’achat de nouveaux matériaux et de matériels afin d’améliorer l’efficience énergétique de l’immeuble. Entrent dans les frais l’achat d’une partie du toit afin d’utiliser un matériel plus performant, le revêtement interne, l’installation de nouveau vitrage répondant aux normes d’isolation, l’installation de nouveaux matériels de chauffage si cela s’avère nécessaire. C’est pour cela que les barrières commerciales peuvent constituer des freins à la rénovation énergétique.
Il faut ajouter à ces frais d’achat les frais de la main d’œuvre. Les coûts de la rénovation peuvent être réduits en faisant un maximum soi-même et en employant des éléments préfabriqués.
- Les incitants
Il existe une panoplie d’aides financières afin d’inciter la rénovation énergétique. La prime pour un bâtiment basse énergie à Bruxelles est de 200 000 € par demandeur, par chantier ou par site au maximum. L’isolation d’une maison de 250 m² coutera plus ou moins le double du prix obtenu grâce à la prime. Depuis le début de l’année 2009, l’isolation est complètement « remboursée » à partir de 13 ans. En tenant compte de l’évolution du prix du carburant avec un taux d’augmentation de 4,3% par an, l’isolation est complètement « remboursée » à partir de 11 ans. Ces calculs de rentabilité ne tiennent pas compte du rabattement fiscal de 40%, plafonnée à 3250 €[22].
La seconde solution plus radicale est la démolition des vieux bâtiments pour la construction de nouveaux immeubles répondant aux normes d’économie d’énergie actuelle pour atteindre les objectifs 2050.
- Les bâtiments concernés
La méthode consiste tout simplement à ériger des bâtiments avec des matériaux actualisés, une architecture qui permettra un gain énergétique par des moyens d’isolation efficace et des matériels actuels qui ne nécessitent pas une grande consommation d’énergie et avec une émission de gaz amoindrie.
En effet, les gains d’énergie qu’apportent les rénovations ne sont pas toujours satisfaisants (Weiss et al. 2012, Argus 2012. D’ailleurs, seul 1,5% du parc résidentiel fait l’objet de rénovation chaque année (Eichhammer et al. 2009, BPIE 2011). La moitié de ces rénovations seulement induisent un véritable gain énergétique, et ce à hauteur de 15% (BPIE 2011, Eurostat 2013). La meilleure solution pour une réelle économie d’énergie reste la démolition/reconstruction (Boardman et al. 2005, Argus 2014).
Les bâtiments les plus concernés qui nécessitent la démolition/rénovation sont sans nul doute les plus vieux. Ce sont principalement les immeubles centenaires qui ont été construits au début du siècle dernier et dont la rénovation nécessiterait plus de moyens financiers qu’une nouvelle construction. Les bâtiments plus récents peuvent également être démolis et rénovés, néanmoins, les déchets de la démolition risquent de porter davantage l’environnement.
Ce sont ensuite les habitations unifamiliales dont la démolition n’emporterait pas le relogement de plus de familles. En effet, une démolition implique nécessairement le relogement qui n’est pas toujours facile à réaliser, surtout lorsqu’il s’agit d’immeubles sociaux avec plusieurs familles.
- Les avantages d’une démolition/reconstruction
Le premier avantage de la démolition/reconstruction est le rajeunissement du parc résidentiel. Une nouvelle construction impliquera l’utilisation de technologies actuelles et offrira une plus grande adaptabilité des futures nouvelles technologies. Le bâtiment reconstruit gagnera en cycle de vie et permettra une actualisation du parc résidentiel belge (Jansen et al. 2010).
- Les limites à la démolition/reconstruction
Hormis les immeubles les plus vieux, la démolition nécessite davantage de moyen qu’une rénovation, surtout lorsque la démolition est suivie d’une reconstruction. La démolition/reconstruction engage deux processus : la démolition qui risque d’affecter l’environnement, et ensuite la reconstruction qui engagera une finance considérable puisqu’il s’agira de rebâtir l’immeuble avec de nouveaux matériaux et matériels sans récupération ou peu de récupération.
Les incitations des pouvoirs publics s’orientent davantage vers la rénovation. Contrairement à la rénovation, les gouvernements, fédéral ou régional, ne proposent pas de primes pour la démolition/reconstruction.
Trois méthodes peuvent être envisagées pour rajeunir le parc résidentiel belge. La première est la construction de nouveaux immeubles sur une espace vierge. Cette méthode a le mérite de bâtir un parc résidentiel actuel, respectant les normes de consommation énergétique et en termes d’émission de GES. En effet, les matériaux et matériels utilisés pour une nouvelle construction seront à la pointe de la technologie. D’ailleurs, la règlementation des nouvelles constructions font entrer dans l’équation l’aspect énergétique des bâtiments.
La deuxième solution proche de la première est la démolition/reconstruction qui permettra de construire de nouveaux bâtiments à la place des anciens. Cette méthode, bien que permettant le rajeunissement du parc résidentiel, est coûteux et peu prisée. Elle engagera d’énormes sommes d’argent.
La dernière méthode est la rénovation des bâtiments par des travaux qui amélioreront la consommation énergétique et l’émission de GES. Cette dernière méthode semble la plus choisie actuellement. En effet, l méthode a la faveur des pouvoirs publics qui proposent des primes pour la rénovation. A l’horizon 2020, il est clair que le parc résidentiel belge sera constitué en majeure partie d’immeubles rénovés avec une diminution sensible de la consommation énergétique et d’émission de GES. Les statistiques démontrent que la Belgique préfère la rénovation à la nouvelle construction ou à la démolition.
PARTIE III : MODELISATION DU PARC ET DES OBJECTIFS DE CONSOMMATION
L’ancienneté du stock actuel s’est avéré être un problème important et récurent aux trois régions Belges. En outre, cette question semblait être d’actualité avec toutes les modifications que connais actuellement le système de subventions quant à la rénovation en Belgique. Davantage, ce questionnement nous intéresse quant à savoir comment allier mes aspirations personnelles d’investissements aux besoins de la société pour les années à venir.
Pour réduire la consommation du stock de bâtiment, nous avons donc choisis d’explorer la voie de son renouvellement. Nous avons donc retenu deux méthodes de renouvellement (rajeunissement) du parc, la rénovation et la démolition/reconstruction. Ces actions impactent positivement la demande énergétique du parc en lui inférant des qualités structurelles (efficience de l’isolation) et opérationnelles (efficience de la consommation) de qualité.
En se basant sur une modélisation de la consommation des logements Wallons en fonction de leur année de construction, nous avons pu pré visionner/prédire/évaluer l’évolution quantitative du stock Wallon par la rénovation et la démolition.
Les résultats obtenus nous permettrons de mettre en lumière les principaux avantages des deux méthodes pour le stock actuel et l’atteinte des objectifs. L’idée est de comparer les deux méthodes. Au final, on voit qu’il faut soutenir la rénovation, et que malgré des efforts appuyés, il faudra recourir à la démolition/reconstruction afin d’arriver à une diminution de 89% des émissions de GES en 2050 par rapport à 1990.
Chapitre 5 : Méthodologie et présentation des résultats
Afin de modéliser la consommation du parc de bâtiment Wallon et d’estimer/évaluer ses émissions de GES. Cela nous servira afin de pouvoir évaluer les résultats de différents scénarios liés à l’inertie du stock entre rénovation et démolition/reconstruction afin de réhabiliter.
Nous nous basons à ses fins sur une typologie/modélisation (Tableau 8) des consommations énergétiques des bâtiments résidentiels couverts par le P.I.C.C. (Projet Informatique de Cartographie Continue)[23], réalisée par le CPDT (Conférence Permanente du Développement Territorial), Université de Liège, étude dirigée par le professeur TELLER Jacques.
Méthode utilisée par la CPDT pour modéliser la consommation en fonction du type et de l’année de construction.
Cette modélisation comprend 1 300 000 bâtiments recensés en 2009. Pour chaque bâtiments, la base de donnée reprend sa localisation, sa date de construction, son emprise au sol, son taux de mitoyenneté. Attention, seul 85% du parc Wallon est couvert par le programme PICC, cet échantillon nous suffira afin d’évaluer la réhabilitation du stock de bâtiments.
Les caractères techniques de l’enveloppe, celles liées à l’isolation son inférées sur l’âge des bâtiments sur base de deux sources. L’enquête socio-économique (1 300 000 logements) (ESE, Vanneste et al., 2001) sur les logements, et sur l’enquête qualitative du logement réalisé par la Région Wallonne en 2006 (6000 logements) (MRW 2007).
L’estimation des besoins de chauffages est basée sur la méthode BE500 (Uttenbroek etCarpentier1984)[24]. Cette méthode permet de prendre en compte, les données climatiques liées aux degrés jours, les apports internes et solaires (surface, compositions du ménages, autres sources d’énergies, etc.), l’inertie des bâtiments.
Pour les besoins énergétiques, les auteurs se sont basés sur des données de l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maitrise de l’Energie) 2007. Ils se basent également sur le même modèle pour estimer les émissions de GES des différents vecteurs de chauffage.
Tableau 8 : Typologies des consommations énergétiques des bâtiments résidentiels Wallons couvert par le PICC selon l’ancienneté et le type pour 2009 (Base des prévisions)
Source ; CPDT subvention 2010-2011
La date de construction étant l’axe sur lequel nous avons choisi d’évaluer l’atteinte des objectifs, nous avons estimé que se baser sur cette modélisation était opportuniste. Celle-ci nous permet de nous concentrer sur la modélisation de l’évolution du parc entre, laisser aller, rénovation et démolition.
Pour évaluer dans un premier temps la consommation et ensuite les émissions de GES, le stock est donc segmenté par classe d’âge. La segmentation opérée à été faite d’une part sur l’évolution des traditions constructives des murs (voir partie 1, l’histoire de l’isolation des murs) d’autre part et sur les réglementations thermiques Wallonnes d’autre part.
Techniquement, celle-ci à été réalisé à l’aide d’archétypes définit par 4 éléments structurels ; Les murs extérieurs, le vitrage, la toiture et le plancher. Deux autres éléments sont ajoutés, le taux de vitrage et le taux de renouvellement de l’air (VOIR ANNEXE). Ainsi, les trois premières catégories sont basées sur l’évolution constructive du mur (mur creux 1ere génération, mur creux deuxième génération..), les deux dernières sur base de l’évolution des réglementations thermiques Wallonne. Pour la dernière catégorie, l’hypothèse est ici de garder l’échantillon jusqu’en 2019.
Enfin, nous rajoutons une dernière classe d’âge afin de provisionner l’évolution du stock. C’est la segmentation 2020-2050 dont la consommation est basée e sur la réglementation Nzeb. Les bâtiments de cette classe enregistrerons donc une consommation de 15 KWh.
C’est donc quinze types de bâtiments qui ont été segmentés sur le croisement de 2 variables ;
- Le taux de mitoyenneté[25].
- L’âge du bâti comme précité ci-dessus.
- Modéliser l’évolution du nombre de bâtiments
Sur base du modèle présenté ci-dessus, nous voulons estimer les perspectives d’évolution du stock de bâtiments. Pour cela, nous avons besoins premièrement d’un taux de croissance pour le stock actuel de logement. Celui-ci pourrait s’obtenir en se basant sur le taux de croissance de la population. Cependant, la relation entre ces deux facteurs n’est pas linéaire comme nous l’avons vue dans la première partie.
Figure 10 : Taux d’accroissement annuel du parc depuis 1945
Source ; Cadmap 2009, SPF économie, DGSIE
En effet, les ménages évoluent plus vite que la population. D’autre part, une observation historique de l’évolution du stock serait une analyse plus fine. Sur cette base, la subvention de la CPDT émet trois hypothèses de croissance du stock sur base, d’une part des données de l’IWEPS 2010 et d’autre part sur les données statistiques du SPF économie DGSIE 2009 sur base cadastrale. Les trois taux proposés sont 0,5% ; 0,75% et 1%. 1% étant le taux le plus haut observé en Wallonie.
Pour notre prévision, nous décidons qu’une moyenne de ces 3 taux sera appliquée.
- Taux de croissance annuel du parc pour la période 2010-2050 : 0,75%
Evolution du stock de bâtiment sur base d’un taux de croissance de 0,75% annuel
Tableau 9 : Modélisation de l’évolution du nombre de logement Wallon
Basé sur la modélisation de la consommation des logements Wallons sur base de l’âge et du type par la CPDT
Chaque année, les entités constituant la croissance du parc sont additionnée égalitairement entre les trois types d’habitations et inférée aux groupe d’ancienneté adéquat[26]. Ainsi, jusqu’en 2020, ce sont les types 1997-2020 qui voient leur nombre augmenter. Après, 2020, toutes les nouvelles entités sont enregistrées dans la classe 2020-2050, caractérisé par la réglementation Nzeb.
Nous enregistrons pour la période 2010-2050 une croissance des logements de 35%. Ce taux correspond à 346000 logements construits sur la période. Les projections réalisées par le Bureau Fédéral du Plan sont une augmentation des habitations de +44%.
- Modéliser la consommation annuelle du parc de logement
La consommation annuelle est calculée en suivant la formule suivante ;
Soit, 361232012,6 KWh/m2.an (0,361 TWh/m2) pour l’année modélisée en 2009. Cette valeur est estimée en KWh/m2.an, afin de pouvoir convertir cette estimation en émissions de GES, nous avons besoin de convertir cette valeur en KWh / an. Pour ce faire, nous multiplions le résultat par la surface moyenne des logements belge. Soit 109m2 selon l’Institut National de Statistique. Rappelons que cette hypothèse est assez réductrice, surtout qu’elle reste constante dans nos prévisions. Cela nous donne une consommation de 39,37428 TWH pour 2009. Cette même année, la consommation du secteur calculée par la Région était de 32,02TWh.
Tableau 10 : Modélisation de la consommation
Tableau 11 : Evolution de la consommation modélisée
Cette évolution est très réductrice, en effet nous considérons une moyenne surfacique pour l’ensemble des bâtiments, peu importe leur type et leur ancienneté. De plus, nous ne considérons pas ici, le renouvellement annuel du parc actuel. Tout ceci pour dire que c’est très réducteur, encore une fois, le but n’est pas d’estimer parfaitement la consommation. Ici, nous devons juste mettre en avant l’évolution de la consommation du parc ainsi que ses émissions vis à vis de son renouvellement à travers la rénovation ou la démolition.
La consommation augmente, c’est ce qui s’observe et ce qui paraît le plus logique. En effet, on l’a dit, la population croit, les ménages diminuent, les habitations augmentent. La consommation augmente également. Bien que certains facteurs affectent positivement la consommation, ils ne font pas l’objet de l’étude menée ici.
- Modéliser les émissions de GES
Afin de pouvoir estimer les émissions de GES du stock. Le produit des parts estimées en énergie primaire de chaque combustible par le facteur d’émission moyen correspondant permet d’estimer les émissions de CO2 équivalent kg ou tonne de chaque entité.
Ainsi nous définissons sur base des prévisions énergétiques du Bureau Fédéral du Plan[27] pour la Belgique, une hypothèse de l’évolution du mix énergétique utilisé par le stock de bâtiment Wallon. En 2001, le mix énergétique utilisé par les logements Wallons pour se chauffer est 55% de Mazout, 31% de gaz naturel, 8% d’électricité[28].
Ce qui ressort globalement des prévisions faites est un système ou gaz naturel et électricité de source d’énergie renouvelable domine en 2050. En effet, dans ce scénario, 44% de la production d’électricité proviendraient de sources renouvelables en 2050. L’hypothèse que nous ferons à la suite de ces constats, est un mix énergétique en 2050 composés à 55% de gaz naturel, soit presque le double de sa part en 2001, 36,2% en électricité, dont la totalité serait d’origine renouvelable et 10 % de mazout. Nous considérons qu’à partir de 2030, l’électricité issue des centrales n’est plus utilisée au profit de l’augmentation de celle originaire des SER. Les taux d’évolutions seront linéaires dans notre prévision.
Tableau 12 : Hypothèse d’évolution du mix énergétique utilisé par les logements Wallon pour le chauffage
Ainsi, l’hypothèse faite comprend une réduction annuelle de l’utilisation du mazout à hauteur de -0,33% jusque 2015. A partir, de 2015, sont taux est abattu à -1,14% annuel pour atteindre 10 % dans la part du mix énergétique de chauffage.
Pour le gaz naturel, son augmentation dans la part est linéaire et de +0,58% annuellement pour atteindre 60% en 2050. En effet, cette source n’a pas une forte teneur en carbone. Cela fait d’elle une source relativement propre.
Un nouveau vecteur apparaît dans le mix, c’est la part de l’électricité issue des énergies renouvelable. A partir de 2020, celui-ci s’intensifie fortement de façon à atteindre 36% du mix en 2050. Pour cela, il faudrait voir le développement massif de nouvelles technologies efficientes entre 2020 et 2050. Avec les nouvelles technologies visant à stocker l’énergie comme la batterie résidentielle Tesla, un nouveau système énergétique va se construire, grâce notamment à la possibilité de pouvoir stocker de l’électricité produite par des sources renouvelable comme des panneaux photovoltaïques. Cela sera bénéfique à la fois pour le résidentiel et pour les transports.
Afin d’évaluer les émissions associées à la consommation annuelle du stock, nous dégagerons donc les parts de celle-ci par vecteur énergétique. D’abord, nous convertirons la consommation finale en énergie primaire afin de pouvoir multiplier chaque consommation par vecteur énergétique par son facteur d’émissions (tell présenté dans la partie 1) de façon à dégager des kg équivalent CO2 ou Tonne équivalent CO2.
Pour Rappel, pour le fossile facteur de 1, pour l’électricité, facteur de 2,5[29]. Pour ce qui est de l’électricité issue des SER (Source d’Energie renouvelable), celle-ci n’émettent pas de GES par leur utilisation. Cependant, leur fabrication a mené à des émissions à travers le secteur de l’industrie etc. L’ADEME (Agence pour le Développement…)(ADEME, bilan Carbonne) définit un facteur de 55[30] gr équivalent CO2 par KWh sur base d’une analyse du cycle de vie pour l’énergie solaire (la principale pour le résidentiel).
Tableau 13 : Part de la consommation du ménage par les différents vecteurs (pour le chauffage uniquement
Ainsi, nous arrivons à modéliser l’évolution des émissions de GES du stock de bâtiments Wallons. Nous pouvons observer les émissions des différents vecteurs énergétiques.
Tableau 14 : Modélisation des émissions de CO2 du stock de bâtiment Wallon
Nous remarquons grâce à la transition de l’énergie fossile à l’énergie électrique de source renouvelable, bien que la consommation finale augmente dans les logements, les émissions, elles sont en baisse de -28,25 % entre 2010 et 2050. Cette baisse est uniquement attribuable aux passages d’une énergie fortement émettrice à une énergie verte. Notons, la disparition des centrales produisant de l’énergie sur base de ressources fossile (Centrale).
- Calibrage du modèle sur les objectifs et méthodologie (CLIMACT)
L’hypothèse est faite ici, que les émissions sont imputables de manière équitable aux différents secteurs. Ainsi, De notre consommation modélisée pour l’année 2010, nous estimons également les émissions associées. Jusque 2010, nous appliquons un taux de réduction de 0,4% par an, 8% de réduction sur 20 ans (1990-2010). Nous nous basons pour cela du plan d’action Climact[31].
Figure 11 : Objectif de réduction des émissions belge
Source ; Climact
Pour la suite, à l’horizon 2010-2050, nous évaluerons d’une part l’évolution de la consommation sur base unique des objectifs. (-5,1% par an). Cela nous permettra de mettre en évidence les efforts à réaliser afin de respecter les engagements. Cela représentera le chemin à suivre afin de respecter les engagements. Cela permettra également de pouvoir quantifier les réductions nécessaires et donc évaluer dans quelle mesure la rénovation et la démolition pourront y remédier.
De ce premier scénario, nous évaluerons dans quelle mesure il est possible de rattraper la trajectoire à travers la rénovation uniquement (scénario 2). Nous évaluerons également dans quelle mesure la démolition/ reconstruction (Scénario 3). Ce « calibrage » servira en fait à comparer l’évolution des émissions modélisée par nos soins et celle nécessaire pour atteindre les objectifs de long terme (2050).
Il faut noter que l’évolution du mix énergétique utilisé dans les logements restera constante. La seule variable que nous aurons sera la consommation annuelle du stock qui est, elle, dépendante des dynamiques entre rénovation et démolition (qui seront définies plus loin) du stock.
Dans la mesure où la trajectoire prise depuis 1990 jusqu’à aujourd’hui n’est pas en adéquation avec les objectifs, nous partirons de l’année 2010. Nous évaluerons donc dans un premier temps, la différence entre la consommation modélisée en 2010 et celle ou nous devrions nous retrouver aujourd’hui afin d’atteindre la réduction prévue en 2050.
De ce point, nous pourrons évaluer dans quelle mesure il sera possible de rattraper la trajectoire à travers la rénovation et la démolition du stock.
Pour ce qui est des émissions, a été enregistrée une augmentation de 18% entre 1990 et 2010. Ensuite, grâce aux tendances liées au mix énergétique utilisé par le ménage, les émissions se réduisent sans action physique sur le stock de logement.
Tableau 15 : Evolution des émissions de GES du logement Wallon en Tonnes équivalent CO2
La figure ci-dessus correspond à l’évolution des émissions de GES modélisée par nos soins. La prochaine étape consiste à prévoir les émissions de GES dans le cas du respect des objectifs 2050. Nous partons donc du résultat obtenu en 1990 (résultat issu de notre modélisation, ensuite des calculs effectués dans le cadre du plan Climact qui enregistre une hausse de +18% des émissions entre 1990 et 2010).
Figure 12 : Evolution des émissions GES par secteur 1990-2010
Source : Climact ; Building secteur GHG emission
Le plan Climact prévoyait une réduction de -0,4% annuel jusqu’en 2010, ensuite -5,1% doivent être réduit annuellement de façon à atteindre les objectifs de +-80% d’émissions évitées.
Tableau 16 : Evolution des émissions modélisée et des objectifs – performance à atteindre
Soit un objectif de réduction de 88,6% de réduction des émissions à l’horizon 2050 en réduisant annuellement de 0,4% les émissions jusqu’en 2010 et ensuite de 5,1% jusqu’en 2050.
Ainsi, nous arriverons à estimer la quantité de GES à éviter grâce d’une part à la rénovation et d’autre part la démolition/reconstruction. Nous évaluerons aux travers des deux scénarios suivant, dans quelle mesure, ces deux méthodes de réhabilitation du stock peuvent aider à atteindre les objectifs.
Nous évaluerons cela à partir de l’année 2010. Celle-ci correspond à un pic d’émission dans notre modèle. Cela est dû aux hypothèses faites concernant les vecteurs énergétique et leur l’évolution de leur utilisation dans le logement Wallon jusqu’en 2050. C’est aussi lié au fait que nous estimons de manière plus grossière l’évolution entre les objectifs fixés en 1990 et 2010 que pour la période 2010 – 2050.
Nous évaluons dans ce scénario, le niveau d’émission et de consommation si aucune action n’est menée quant à la réhabilitation du stock de bâtiment présent et à venir.
Nous calibrons les résultats sur les objectifs de réductions travaillées par le plan Climact. Ainsi, nous évaluerons les chemins restant afin de les atteindre.
Afin de déterminer l’écart entre la modélisation et les objectifs en consommation, nous faisons le chemin inverse. C’est à dire que nous partons des émissions. Nous décortiquons les émissions par part de vecteur énergétique. Nous les divisons par leur facteur d’émission, ensuite nous la convertissons en énergie finale. (Juste pour les objectifs, pas nécessaire de l’expliquer ici)
Tableau 17 : Différence entre évolution des émissions en cas de respect des objectifs et en cas de laisser aller(aucune action)
Figure 13
Bleu : émissions modélisation aucune action/Rouge : Objectifs
Grâce à cela, nous pouvons, nous pouvons maintenant évaluer/discuter les résultats des deux méthodes sur les réductions de GES. Dans les sections suivantes, nous expliquerons comment seront modélisées la rénovation et la démolition/reconstruction du stock.
Comment atteindre ces objectifs en rénovant le stock de bâtiments existant jusque 2050, sur quel type de bâtiments cibler les projets ? Afin de pouvoir modéliser la rénovation du stock, nous auront besoin ; D’un taux de renouvellement du stock pour les catégories d’âge ciblées que nous estimerons sur base des classe d’âge prioritaire quant à la rénovation. D’une hypothèse sur plusieurs type de rénovations à efficience différente.
1% du parc européen est rénové chaque année, BPIE assume que la principale cause de l’ancienneté du parc de bâtiments belge est le taux de démolition trop bas. Nous définirons le taux de rénovation en fonction des objectifs en termes de bâtiments à cibler. Ainsi, si nous décidons qu’au terme de 2050, les 3 premières classes d’âge doivent être rénovée, le taux de rénovation sera définit ainsi. Ainsi, on rajeunit le parc.
Le taux de rénovation est calculé afin de réduire la taille des groupes 1 (>45), 2 (45-70) et 3 (70-85) de chaque types, et ainsi, diminuer leur consommation. Ainsi, si nous voulons réduire à 0 le nombre de bâtiment datant d’avant 1945 pour 2050, il faudra appliquer un taux de rénovation pour cette classe de 12,4 % annuel du groupe même.
Pour la classe 45-70, il faudra renouveler annuellement à hauteur de 5,7% pour arriver à 0 en 2050. Pour la classe 70-85, il faudra 6,9% de rénovations chaque année.
Tableau 18
L’hypothèse est faite ici que étant donné que les bâtiments sont relativement vieux en Belgique, nous voulons que en 2050, il ne reste plus de bâtiment des 3 classes d’âge les plus ancienne. C’est cette hypothèse qui nous permet de définir le taux de rénovation.
Nous aurons également besoin de faire une hypothèse sur différents types de rénovation et leur efficience (Partie 2).
Tableau 19
Source BPIE 2010
Nous définirons 3 types de rénovation désignée pour les 3 classes d’âge différents ciblées;
Tableau 20
Voilà à quoi nous arrivons, nous voyons que le nombre de bâtiments total ne change pas. En effet, le parc croit toujours de 7,5% par an. Nous voyant que chaque années, des entités des 3 premières classes d’âge des 3 types sont rénovées. Leur consommation est estimée sur base de l’hypothèse d’efficience des rénovations issues de BPIE 2011. Ainsi, au terme, en 2050, Il ne reste plus de bâtiments anciens. Le stock a donc été renouvelé en partie en ciblant les plus anciennes habitations.
Il faut se rendre compte que c’est fort théorique. En effet, ces taux de rénovation sont très hauts par rapport aux taux de rénovations observés et pratiqués en Belgique et en Europe.
Tableau 21
Une fois les modalités des rénovations définies et appliquées, nous avons recalculé la consommation du stock. Nous remarquons que celle-ci se réduit considérablement.
Une fois la consommation modélisée, nous avons gardé les mêmes hypothèses de prévisions quant à l’évolution du mix énergétique des logements. Cela nous permet d’évaluer les émissions et de les comparer avec d’une part les objectifs et d’autre part, l’évolution si aucune action n’est entreprise.
Tableau 22
Figure 14 : Estimation sivant les scénarios
Pourquoi en 2010 le modèle avec rénovation dépasse les objectifs pour ensuite revenir plus haut que ces derniers ? La rénovation n’est prise en compte qu’à partir de 2010 à taux très haut
L’évolution du stock de bâtiment et la modélisation de la démolition/reconstruction dans notre modèle.
Tableau 23
Afin de modéliser la démolition, nous avons à nouveau défini un taux de démolition sur les même hypothèses et critères que pour la rénovation. Nous avons donc décidé qu’à terme, en 2050, il n’existerait plus de bâtiments anciens. C’est à dire que les 3 premiers groupes d’ancienneté des 3 types sont ramené à 0 en 2050.
Nous voyons dans le tableau 23 les résultats que nous obtenons lors de cette manipulation. Nous avons définit la consommation des nouvelles constructions à 15KWh. En effet, nous faisons ici l’hypothèse que la réglementation Nzeb fonctionnera, mais plus encore, nous décidons par simplification que toutes démolitions à partir de 2010 devra s’y référer pour la construction.
Nous gardons le taux de croissance du parc constant et comme dans les autres scénarios, c’est à dire 0,75%. A terme, en 2050, c’est 67% du stock de bâtiments qui à été démoli et renouvelé. La moyenne d’âge est de.
De la même manière que nous l’avons estimée dans les autres scénarios, nous évaluons la consommation pour la proposition de la démolition. D’abord les différents parts par vecteur énergétique. Ensuite, conversion en énergie primaire et ensuite multiplication par le facteur d’émission.
Tableau 24
Figure 15
On voit que la démolition est plus efficace afin de diminuer la consommation rapidement. Cependant, nous avons vu qu’en pratique, celle-ci est peu utilisée car elle demande de gros investissements, beaucoup d’incertitudes, et de couts supplémentaires surtout.
La différence importante entre la consommation du scénario « aucune action » en 2010, par rapport aux autres scénarios, est liée au fait que dans notre modélisation, nous avons commencé à évaluer la rénovation et la démolition, c’est à dire que nous avons introduit le taux de rénovation et le taux de démolition que pour les deux dernier scénarios. Dans le scénario aucune action, il n y a pas de prise en compte des dynamique actuelle et passées du stock.
L ‘étape suivante correspond à l’évaluation des émissions de GES. Pour ce faire, nous avons conservé les mêmes hypothèses que pour les deux autres scénarios pour ce qui est des vecteurs énergétiques (combustible liés aux ménages).
Nous avons également convertit les consommations finales, calculées aux niveaux des maisons, en énergie primaire afin de pouvoir évaluer leur émissions de carbones. Nous trouvons donc en tonnes équivalent pétrole ;
Tableau 25
Figure 16 : Evolution des émissions de GES des 3 scénarios
Voilà ce à quoi nous arrivons, la conclusion pourrait être que la rénovation lourde ne permet pas d’atteindre les objectifs. Par contre, la démolition, bien qu’elle soit plus chère et plus difficile à gérer permet de rattraper le coup des années passées pour lesquelles les objectifs n’ont pas étés atteints.
La rénovation et ses incitants tel que connait le système Wallon doivent continuer d’exister, cependant il faudra se pencher sur la démolition des certains biens afin d’atteindre les objectifs sur le long terme.
Conclusion générale
L’Union européenne avait fixé lors de la conférence de Cancun une limitation à 2°C le réchauffement de la planète en 2050. Nombreux sont en effet les dégâts causés par le réchauffement climatique si nous ne parlerons que de la disparition de nombreuses espèces animales et végétales. Le réchauffement aura également un impact certain sur la vie de l’être humain. On estime que si le réchauffement continue, nous assisterons davantage à de nombreuses inondations, des hivers encore plus froids et l’avènement de ce que l’on appellerait des « réfugiés climatiques ».
La première cause du réchauffement planétaire est l’émission de gaz à effet de serre dont notre consommation est à l’origine. Il est alors nécessaire d’optimiser notre consommation énergétique afin de réduire son impact sur le climat planétaire.
Cette étude nous a démontré au fur et à mesure le poids que le secteur résidentiel belge peut avoir dans la consommation énergétique générale. En effet, les habitations belges actuelles dissipent à elles seules un peu moins de la moitié de la consommation nationale[32], combinant l’énergie fossile, l’énergie électrique. Le chauffage de la maison constitue le premier poste responsable d’autant de consommation. Pourquoi le chauffage est-il à la source de cette forte consommation ?
La raison d’une telle consommation est la vieillesse et la vétusté du secteur résidentiel belge. Ce dernier est en effet l’un des plus vieux en Europe. Certains bâtiments sont centenaires et la population opte davantage pour la remise en état des bâtis existants que de nouvelles constructions. La moitié des bâtiments d’habitation en Belgique ont été construits avant 1960, d’au moins 50ans. Un secteur résidentiel aussi âgé et mal isolé nécessite davantage d’énergie en termes de chauffage.
Afin d’atteindre les objectifs fixés par l’Europe, mais également par la Belgique, des travaux doivent être prévus. Si certains bâtiments peuvent être améliorés par la rénovation, les plus vieux nécessitent des mesures plus drastiques. La démolition/reconstruction pourrait être envisagée.
Pourtant, au cours de notre étude, nous avons vu que l’incitation[33] gouvernementale, qu’elle soit fédérale ou cantonale, s’oriente vers la rénovation du secteur résidentiel belge. Une démolition/reconstruction dispose moins l’attention à cause notamment d’un coût très élevé. Néanmoins, nous avons vu que la rénovation, bien qu’elle ait des impacts sur la consommation, reste faible en terme de rendement, moins que pour une démolition/reconstruction. Seule la reconstruction permettra d’atteindre un gain d’énergie capable d’atteindre les objectifs fixés à moyen et long terme[34].
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[1] Hassett et Metcalf (1995, pp202) définissent le paradoxe énergétique comme “the seeming anomaly that-very attractive investment opportunities in energy efficient capital, opportunities with high ex ante rates of return, are routinely passed up by investors. The existence of this ’paradox’ has led some to conclude that consumers are irrational or myopic”
[2] L’agence américaine de l’information sur l’énergie (IEA, 2013) prévoit une augmentation de 56 % de la consommation énergétique dans le monde entre 2010 et 2040.
[3] Selon l’IEA (2013) les émissions de CO2 associées aux activités humaines augmenteraient de 46 % d’ici à 2040 en l’état actuel des politiques et des régulations
[4] Voir notamment la publication : »La politique énergétique européenne. Points de vue de l’industrie pétrolière belge. » (Federation Pétrolière Belge, Avril 1963).
[5] Publiée dans la collection « Etudes et Documents » de la C.E.C.A , référence 1944/2/57/1.
[6] Journal Officiel de la Communauté du 7 décembre 1957
[7] Document n° 3024/59f
[8] Performance Énergétique des Bâtiments
[9] Nearly Zero Energy Building – NZEB
[10] Objectif LCDS pour « Low Carbon Development Stratégies »
[11] COBRACE
[12] NEEAP-BCR, 2011
[13] Sont concernés les bâtiments de plus de 1 000 m² avec un permis d’urbanisme et des travaux couvrant plus de 25 % de la surface perdant de la chaleur ou les bâtiments de plus de 1 000 m² avec un permis d’urbanisme et impliquant des installations techniques avec une alimentation électrique de plus de 500 kW après rénovation ou modification
[14] IBGE
[15] Bruxelles Environnement, 2013B
[16] PLAGE
[17] 29 mais 1948
[18] La consommation finale d’énergie englobe en plus les pertes liées au fonctionnement de ces différentes installations (rendement des installations). Elle, représente donc la consommation énergétique globale pour le chauffage et le refroidissement qui sera facturée à l’utilisateur.
[19] Banque Nationale de Belgique
[20] Cette moyenne a été calculée sur la période 1901-1975 et a depuis été considérée comme la référence
[21] Bep : Baril équivalent pétrole (bep) ; 1 bep = 0,136 tonne de pétrole équivalent (toe) = 6.12 gigajoule (GJ) = 1699,81 kilowatt heure (kWh
[22] Pour plus de renseignements sur les primes : Région de Bruxelles-Capital : http://www.ibgebim.be/
Région flamande : http://www.energiesparen.be/subsidies
Région wallonne : http://energie.wallonie.be/fr/
[23] PICC couvre 85% du stock bâti et il est la seule source d’information permettant d’estimer la hauteur des bâtiments, qui est nécessaire au calcul de la consommation énergétique du bâti.
[24] http://energie.cstc.be/index.cfm?n01=publications&nr1=2874&nr2=6139&nr3=0
[25] 0% pour les 4 façades, entre 0 et 35% pour le semi mitoyen et plus de 35% pour le mitoyen.
[26] Cela est une limite considérable du modèle puisque nous avons vu que la tendance était portée sur les appartements pour les années à venir.
[27] http://www.plan.be/admin/uploaded/201410171039470.CP_perspectives_energie_20141017.pdf
[28] Nous omettrons de reprendre les autres combustible, en effet, nous ne cherchons pas à évaluer l’évolution de la consommation par rapport à l’évolution du mix. Bien que cette tendance doive être prise en compte.
[29] Cf Partie 1
[30] http://www.operationcarbonelycee.org/index.php?rubrique=postes&page=elec-1
[31] Voir http://www.climat.be/files/7713/8253/9274/FR-Final-Post_2012_Horizons_2020_et_2050.pdf ; http://www.wbc2050.be/Docs/120217_-_RW_2050_-_Conf%C3%A9rence_Dessinons_2050_-_Final.pdf ; http://www.wbc2050.be/Docs/AWAC-11-11066-livret_Bas-Carbone-sb-030212-r5__2_.pdf
[32] Le secteur résidentiel belge constitue 40% de la consommation totale d’énergie en Belgique. Ce chiffre est à peu près constant pour les autres pays européens.
[33] Les incitations revêtent plusieurs formes, dont notamment sous forme de primes
[34] Objectifs 2020 et 2050, pour la réduction de 89% des émissions des GES
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