Évolution et Diversification des Fonds d’Investissement : Des Origines aux Fonds Islamiques
Partie 1. Etude théorique
Introduction
La société actuelle est témoin d’une importante émergence des fonds d’investissements qui peuvent se présenter sous différents aspects : hedge funds, private equity, fonds des pensions, etc. Autrement dit, le système financier se caractérise aujourd’hui par la forte présence de fonds d’investissement, de prêts qui proposent des capitaux aux différentes[1]. Bien que ces institutions connaissent un essor considérable de nos jours, il a été constaté qu’ils sont nés dès 1774 avec l’avènement des fonds communs de placement, qui a conduit à la libéralisation de l’investissement. Le premier fonds d’investissement à capital fixe a vu le jour par le marchand néerlandais Ketwich Adriaan Van. Mais les fonds d’investissements se sont enracinés de prime abord en Angleterre avant de gagner la France, puis les Etats-Unis dans les années 1890.
Le premier fonds communs de placement moderne est né aux Etats-Unis en 1924. Il s’agit du Massachussetts Investors Trust, le fonds de placement à capital variable qui permettait à l’époque de faire des rachats d’actions par la société d’investissement. Ce n’est qu’en 1951 que le fonds d’investissement est venu au Canada[2], tandis que leur propagation dans les autres continents restait modeste.
A l’heure actuelle, les fonds d’investissements sont omniprésents. Avec la colonisation de nouveaux Etats par les fonds d’investissement, une diversification de ces derniers est également observée. Il existe des fonds d’investissements qui sont récents. Parmi eux, il existe les fonds d’investissements islamiques. Bien que récents, ces fonds d’investissement connaissent déjà un succès considérable dans le monde et plus particulièrement, après la crise financière globale de 2007 – 2008. A la fin de l’année 2010, la finance islamique ne représentait que 1% seulement des actifs financiers mondiaux. Mais aujourd’hui, elle est devenue une branche très dynamique du système financier mondial, avec un taux de croissance annuel moyen supérieur à 20% au cours de ces dix dernières années[3].
Cette partie théorique comporte deux sous-parties bien distinctes dont la première est consacrée à la présentation et à la caractérisation des différents produits islamiques et la deuxième partie est destinée à la présentation des différentes démarches permettant de sélectionner les produits islamiques. La première sous-partie est consacrée à la présentation et à la caractérisation des fonds d’investissement et plus particulièrement, des fonds d’investissements islamiques.
Dans la partie consacrée à la présentation des différents processus de sélection des produits islamiques, nous allons exposer les démarches de screening à savoir le screening éthique, financier, etc. permettant d’apprécier la potentialité d’un investisseur. Nous allons aussi présenter les instances de contrôle qui se chargent de ce screening. Dans la dernière partie de cette deuxième sous-partie, nous allons faire une analyse comparative des fonds d’investissements islamiques et des fonds d’investissements conventionnels.
- Les différents produits islamiques
- Définition des fonds d’investissement
Les fonds d’investissement désignent la mise en communs de biens dans le but d’établir un patrimoine. Ils se spécialisent particulièrement par le fait qu’ils ne constituent pas une personnalité juridique. Par conséquent, ils ne peuvent être gérés, administrés et représentés que par une société anonyme, appelée Société de Gestion de Fonds d’investissement. Les fonds d’investissements se caractérisent par une grande rentabilité et une plus grande liquidité. Ils se singularisent entre autre par leur sécurité qu’ils représentent et leur fiscalité qui est plus favorable[4]. Les fonds d’investissements peuvent en effet être liés à des contrats d’assurance – vie, ce qui permet aux bénéficiaires de ne pas subir la taxation au titre des revenus professionnels[5]. Les fonds d’investissement peuvent aussi être définis comme étant « une institution qui émet et vend des parts de son capital dans le public et qui utilise les fonds ainsi récoltés afin d’acheter une sélection, on parle aussi de portefeuille, de titres comme des actions ou des obligations »[6].
Ils ont trouvé leur naissance avec l’engouement des entreprises actuelles pour la création de valeur. Les fonds d’investissement permettent d’augmenter la valeur patrimoniale de l’entreprise en mettant en place des stratégies à court terme, mais qui produisent des profits maximum pendant une durée relativement courte. Ils impliquent que les capitaux investis dans un projet apportent une bonne rentabilité et puissent être en mesure d’optimiser le résultat net par action. Le développement des fonds d’investissement semble entre autre, être corrélé avec la carence des marchés boursiers, ce qui a des retombées inéluctables sur les entreprises[7].
Les fonds d’investissements reposent sur le retour sur investissement. Leur naissance a provoqué la redéfinition de la gouvernance d’entreprise ainsi que du management responsable mais aussi fructueux, parce qu’il permet d’obtenir des résultats. Les fonds d’investissement remettent en question le rôle de l’actionnaire. Ce dernier en effet, supporte les différents risques liés à l’investissement et touche des rendements associés à la détention de titres composant le portefeuille du fonds d’investissement. Ainsi, cet acteur tire profit de l’augmentation du portefeuille[8].
Il existe quatre types de fonds d’investissements :
- Le capital risque, particulièrement investi dans les secteurs technologiques et dans les nouvelles entreprises. Dans ce cadre, les fonds propres sont apportés dans le but de financer le développement des produits. Le capital risque nécessite une relation solide entre l’entrepreneur et l’investisseur, régie par un pacte d’actionnaires.
- Capital développement, est un investissement minoritaire effectué dans les entreprises mûres, et qui concerne de ce fait, les secteurs plus traditionnels. Dans ce cas de figure, les capitaux sont apportés pour financer la croissance. La relation entre l’entrepreneur et l’investisseur ressemble dans ce cas à celle du capital-risque.
- Capital transmission, consiste en un investissement permettant de faire une transition entre bases actionnariales. Dans ce cas, tout ou partie des actions d’une entreprise est rachetée.
- Capital retournement, type de fonds d’investissements plus rare sur le marché financier. Il concerne des emprunts modestes pour les entreprises en difficulté. Dans ce cas de figure, le financement fait par le fonds d’investissements permet de mettre en œuvre un plan de redressement de l’entreprise[9].
Mais le fonds d’investissement islamique présente des spécificités par rapport aux autres types de fonds d’investissement. En effet, ce terme est utilisé pour désigner « un groupe d’intérêt commun où des investisseurs réunissent leur surplus d’argent dans le but de l’investir et d’en tirer un profit halal strictement conforme aux préceptes de la Législation Islamique »[10].
Les fonds d’investissement islamiques se particularisent par leur importance dans le système financier mondial. En effet, 3 000 milliards de dollars sur les 4 000 milliards de fonds souverains sont générés par les Etats islamiques. La finance islamique et plus particulièrement, le système bancaire islamique est devenu un acteur incontournable pour la finance à présent.
Les banques islamiques ont commencé à se développer principalement en Angleterre avant de gagner les autres pays européens. Ils ont pour première vocation l’investissement mais ils tendent également à faire une banque de dépôt[11]. Au début, elles se focalisaient principalement sur le domaine immobilier avant d’élargir progressivement leur champ d’action. Les fonds en actions des fonds islamiques augmentent à un rythme annuel de 25%[12].
Les fonds islamiques proposent deux grandes catégories de produits d’investissement. Il s’agit notamment du portefeuille de titres conformes à la Charia et le financement d’un projet. Avec le premier produit, les titres peuvent découler d’un benchmark islamique. La banque se conforme à la sharia board. Mais il est également possible que le portefeuille provienne de la banque elle-même. Ainsi, la sharia board de la banque va s’assurer que les titres sont conformes à la Charia. L’analyse devrait cependant être faite avant de se lancer dans cette démarche, il s’agit de faire une analyse interne par le département de gestionnaires d’actifs bancaires. La banque peut entre autre faire une analyse externe par un comité de gestionnaires d’actifs indépendant. Dans le cas d’un financement d’un projet, la sharia board va se charger de l’examen interne de la conformité du projet aux principes de la charia[13].
- Les caractéristiques des fonds islamiques
Les fonds d’investissement islamiques se caractérisent par leur objectif qui est d’investir et de générer des profits à partir d’investissements, en fonction des préceptes du Coran. Par conséquent, les souscripteurs à un fonds d’investissement islamique ne subissent pas un revenu fixe sur la base des valeurs faciales comme dans le cas des obligations ordinaires. Les fonds d’investissement islamique ne permettent pas de donner un garanti concernant l’investissement principal, ou un taux de profit. Le retour sur les investissements sera donc relié au profit et aux pertes générées par le fonds. Les pertes sont donc partagées entre les investisseurs et les établissements financiers, sauf si les difficultés proviennent des manques d’attention de la part des gestionnaires. Dans ce cas en effet, les pertes sont uniquement assurées par les gestionnaires. La soumission de la finance islamique aux préceptes du Coran a pour conséquence, que les fonds collectés ne peuvent aucunement être investis dans des activités illicites, qui sont en contradiction avec les principes islamiques.
Les fonds islamiques peuvent également se faire par action, dans le cas des montants versés dans les parts d’entreprises cotées en bourse. L’attribution de tels fonds doit aussi respecter certaines conditions qui tiennent compte des principes islamiques. Ainsi, l’activité principale de l’entreprise devrait respecter les principes de la Charia. Par conséquent, les entreprises qui proposent des services fondés sur la génération d’intérêt tels que les compagnies d’assurance, les fabricants ou les distributeurs d’alcools, ne peuvent pas retirer des fonds auprès des banques islamiques.
L’intérêt en effet, est considéré comme étant une rémunération du temps qui ne pourra pas être obtenu par des échanges. Il ne constitue pas non plus une action juste parce qu’il correspond à une rémunération garantie du prêteur alors que c’est l’emprunteur qui assume tous les risques relatifs à son investissement. Il constitue entre autre une rémunération contractuelle qui est fixée à l’avance. Enfin, il est source de développement des inégalités au niveau de la société[14].
Dans cette optique, la finance islamique a dû créer des produits financiers et des contrats commerciaux qui sont distincts de la finance traditionnelle. Elle se rapproche alors d’une finance socialement responsable qui découle des considérations religieuses, ce qui implique une lutte contre les activités qui sont nuisibles pour l’homme et la société. Il faut noter cependant, qu’il existe encore des distinctions entre la finance islamique et la finance socialement responsable. La finance islamique ne considère par en effet, l’environnement, les questions sociales et la notion de bonne gouvernance. Dans cette optique, elle se soucie peu de la durabilité de l’entreprise, mais surtout de sa conformité aux Lois musulmanes[15].
Dans certains cas, les entreprises font une activité halal c’est-à-dire non contradictoire avec les lois islamiques et pourtant, les fonds liquides versés sont déposés sur un compte rémunéré par l’intérêt, le sujet qui a retiré des fonds va devoir exprimer publiquement son désaccord avec ce genre de transaction, plus particulièrement, pendant l’assemblée générale de l’entreprise.
Puisque les activités des établissements financiers islamiques ne devraient pas être en contradiction avec les différents principes de l’Islam et plus particulièrement, en ce qui concerne les activités génératrices d’intérêts, les profits provenant de ces activités doivent être déduit du dividende perçu et utilisé pour des œuvres sociales. Enfin, les actions provenant de ces fonds d’investissement islamique ne peuvent être négociés à moins que l’entreprise ne détienne des actifs non liquides[16].
Ces différentes acceptions tendent à démontrer que l’argent ne devrait être considéré qu’en tant qu’outil. La finance islamique se distingue de la finance conventionnelle par l’unicité de sa considération de l’argent. L’Economie islamique considère l’argent comme étant une unité de mesure ou unité de compte permettant d’exprimer, de comparer la valeur ou le prix des biens et des services qui sont proposés par une entreprise, un commerçant. Elle reconnaît aussi que la monnaie joue un rôle dans l’échange de marchandise dans la mesure où elle permet d’éviter le problème de troc. Cependant, l’Economie Islamique ne reconnaît pas l’argent comme un bien à part entière. Par conséquent, elle ne peut pas être conservée sous la forme d’in pouvoir d’achat. Cette acception va en effet, selon la pensée islamique, induire le détenteur de l’argent à conserver l’argent sous prétexte que ce dernier ne possède pas une utilité intrinsèque.
La finance islamique est considérée entre autre comme étant une alternative au système financier occidental qui aurait causé la crise financière de 2007. Elle se fonde en effet sur les instruments participatifs tels que la mudharaba, commandite pratiqué par le Prophète et le mucharaka qui renvoie à l’association entre les différents acteurs. Ces deux notions encouragent en effet, le partage de profits et de pertes. Il a été observé que les banques européennes avaient pris trop de risques dans leurs activités, mais l’excès dans la prise de risque a conduit à leurs pertes.
Dans cette optique, les fonds islamiques semblent encore être les plus rassurants puisqu’ils se basent sur le principe d’éviter les dérives et les déboires de la finance traditionnelle. Les fonds islamiques sont désormais considérés comme étant un des plus rentables et des plus compétitifs[17]. La Charia permet la prise de risque, mais n’accepte pas pour autant, les incertitudes dans le cadre d’un contrat. Dans cette optique, les fonds d’investissement islamique ne permettent pas une quelconque forme de spéculation. Ils ne permettent de créer de la valeur réelle qu’en se basant sur des actifs tangibles[18]. La finance islamique se caractérise entre autre par sa focalisation sur la purification de revenus. Ceci implique une consécration d’une partie des bénéfices issus des différents investissements dans des œuvres de bienfaisance[19].
La finance islamique est considérée comme étant une finance « éthique », qui prend en considération à la fois la modernité imposé par les évolutions au niveau du secteur financier et au niveau de l’économie mondial, et la tradition héritée des ancêtres ainsi que la religion qui conditionne l’esprit dans lequel, les offres et les services sont rendus aux différents acteurs. Ce retour vers la tradition et la religion et la moralisation des secteurs d’activité qui touchent de près l’argent, fait la particularité des fonds d’investissements islamiques. C’est une finance qui est pratiquement récente et répond au besoin d’assouplir les chocs des civilisations, et pour prévenir en même temps, les risques qui pourraient être liés à la mondialisation des échanges. Cette démarche est particulièrement établie dans le cadre de la mise à côté d’importants fonds souverains. Elle vise à satisfaire en même temps, les besoins de financement des pays qui sont déjà développés tels que les Etats-Unis, la France et l’Angleterre[20]. Dans son acception de finance éthique, les fonds d’investissements islamiques permettent de responsabiliser la gestion de la richesse et la purification de l’argent. Elle permet de ce fait de réorganiser les flux de capitaux à l’échelle mondiale[21].
- Comment se fait la sélection des produits islamiques ?
- Les processus de screening
Avant d’accorder un prêt à des investisseurs, les établissements financiers sont amenés à regarder le profil de ces derniers pour ne sélectionner que le bon emprunteur, sous peine de devoir en supporter les risques. C’est dans ce contexte que s’inscrit le screening qui consiste à sélectionner et à vérifier la qualité de l’emprunteur[22]. Ceci consiste en une analyse de la situation financière et juridique des entreprises qui veulent se ressourcer auprès de l’établissement financier[23].
Les banques islamiques tentent de responsabiliser l’investissement et les différentes activités qui sont liées à l’argent. Ceci nous renvoie au processus de filtrage des secteurs d’activités, de produits ou de services, et implique le screening positif ou screening d’exclusion. Dans cette optique, les investissements ne sont pas accordés pour certains secteurs d’activités. Les secteurs fréquemment exclus sont les entreprises d’armement, l’énergie nucléaire, le tabac, l’alcool, etc. L’exclusion pourrait être globale ou partielle, et ne toucher qu’une zone géographique bien déterminée.
Le screening peut aussi être positif ou screening d’inclusion. Dans ce cas, l’investissement est encouragé pour les entreprises travaillant dans une activité. Dans ce genre de screening, les entreprises qui contribuent significativement au développement durable sont favorisées. Ceci pourrait impliquer une approche communautaire, qui se base sur des investissements communautaires ou des investissements de partage solidaire. Dans cette démarche, différentes formes de produits financiers visent à attribuer du capital en prêtant à des entreprises locales ou à des particuliers. Comme son nom l’indique, ces investissements sont destinés à favoriser le développement communautaire et de soutenir les groupes défavorisés ou à faible revenus. Quelquefois, ils servent aussi à développer l’économie locale ou sociale[24].
Le screening peut consister en un filtrage sectoriel consistant à filtrer les actions des différents investisseurs en fonction de leurs secteurs d’activité. Comme nous l’avons dit précédemment, les activités illicites sont formellement interdites dans le cadre d’un screening. Or, le problème qui se pose dans le cadre d’un filtrage sectoriel consiste plus particulièrement à l’identification des sources de revenus des sociétés.
Il est évident qu’il existe des investisseurs qui n’hésitent pas de se couvrir sous des activités parfaitement licites alors qu’en fin de compte, le cœur de leurs activités est illicite. D’autre part, il est nécessaire d’identifier les activités des sociétés dans lesquelles elles participent. Le contexte actuel contraint les entreprises à faire des élargissements d’activités ou d’externaliser leurs activités pour rester compétitives sur le marché. Dans cette démarche, elles pourraient solliciter des services secondaires qui ne sont pas forcément licites par rapport aux lois de la Charia. Par conséquent, il y aurait des entreprises qui sont intégralement engagées dans des activités licites, d’autres qui sont totalement engagées dans des activités illicites et celles dont l’activité principale est licite mais qui détient en même temps une faible partie d’activités illicite.
Dans ce dernier cas, l’accord entre la banque et son client ne pourrait se faire à moins de se conformer à certaines conditions comme le reversement à des œuvres de charité, une part des bénéfices qui découlent des activités illicites. Il pourrait également être exigé de l’investissement que la partie illicite de l’activité n’excède pas 33% du résultat global.
Le screening pourrait également se faire par le filtre financier. Dans ce cas, le Sharia board considère les placements à revenus fixes qui découlent de la part de bénéfice d’une société. Ces placements ne devraient pas dépasser les 5%. Ceci implique que les jurisconsultes ont fixé un seuil de tolérance permettant à l’investisseur d’avoir une autre chance.
Le filtre financier se réfère également au pourcentage de dette de l’entreprise. Les fonds islamiques sont particulièrement sensibles à l’importance de la dette aux fonds propres ainsi qu’à l’ensemble de ses actifs. Au même titre que les dettes de l’entreprise, les banques se focalisent aussi sur le niveau de liquidité des actifs de la société. Une entreprise qui possède une quantité élevée d’actifs liquides donc quasi-monnaie, et qui demande des fonds implique l’achat d’argent. Or, l’argent ne peut pas être échangé qu’en fonction de sa valeur nominale sans un surplus.
Enfin, le filtre financier tient compte aussi du pourcentage d’actifs générateurs d’intérêts. Les revenus du riba devraient être limités au bénéfice. Mais les taux devraient toujours être faibles. Les engagements dans ce cas, devraient être strictement inférieurs à 30% de la capitalisation boursière.
Mais en tant que finance qui se soucie de l’éthique, la finance islamique a également pensé à un filtre éthique qui va permettre de déterminer si un investisseur est acceptable ou non. Dans ce cas, les fonds islamiques se réfèrent à la politique de ressources humaines, le respect des droits humains, de l’environnement et de la responsabilité sociétale de l’entreprise. Mais ce filtre est le plus difficile à déterminer et à utiliser[25].
- Les instances de contrôle
La finance islamique est fortement influencée par les jurisconsultes musulmans. Ainsi, les différents acteurs financiers doivent s’assurer de la concordance des démarches financières réalisées avec les principes de la Charia. C’est ainsi que les jurisconsultes musulmans se fient au Conseil de la Charia ou Sharia board qui a pour rôle de suivre la conformité des produits et des méthodes avec la Loi Islamique[26].
Le Sharia board est composé de théologiens ayant reçu une formation en économie ou en finance. Ils sont spécifiques à une banque ce qui les permet de suivre la conformité des actions bancaires avec la Charia[27]. Cependant, elle assiste également les banques dans le processus de développement de leurs contrats et au niveau de la mise en place de nouvelles techniques financières. La sharia board donne son opinion concernant la loi qui devrait être considérée dans le cadre du management bancaire ou la direction de celle-ci. La sharia board met en place des régulations internes qui décrivent les méthodologies légales à suivre dans le processus d’attribution de produits financiers[28].
Par conséquent, la certification d’un produit financier islamique est analysée par plusieurs questions qui permettent de discerner si les conditions de transactions respectent bien la Charia. La sélection des produits islamiques renvoie entre autre à l’analyse du meilleur investissement pour le client, ainsi que l’implication du banquier dans la transaction proprement dite. La Sharia board ne se charge pas uniquement du screening des actions et des produits, mais également de surveiller leur conformité aux stratégies et gestion adoptée par les établissements financiers islamiques[29].
Le Sharia Board a pour rôle de faire un « filtrage islamique », en faisant passer le futur investissement entre un filtre extra financier et un filtre financier, pour s’assurer du respect des principes de la finance islamique. Les filtres permettent de connaître si l’entreprise procède dans son activité principale, ou à travers ses activités secondaires, des activités contradictoires aux principes musulmans, tels que l’alcool, les armes et les munitions, l’industrie porcine, les services financiers et bancaires non islamiques, le tabac, les loisirs et plus particulièrement, les jeux de hasard, l’érotisme, la pornographie, le cinéma, etc., l’hôtellerie et l’aviation qui servent de l’alcool à leurs clients.
Si nous prenons l’exemple d’un screening extra financier, la sharia bord pourrait opter pour un screening à l’aide de filtre financier, qui se focalise particulièrement sur la structure du capital de l’entreprise. L’instance de contrôle se base alors sur deux ratios qui ne peuvent dépasser un seuil bien déterminé par les jurisconsultes musulmans. Ce seuil est compris en général entre 33% et 49%. Les ratios utilisés sont le ratio de la dette sur la capitalisation boursière et le ratio de liquidité et titres porteurs d’intérêts à la disposition de l’entreprise sur la capitalisation boursière.
L’étude de ces deux ratios permet de connaître l’importance des dettes qui sont des « riba ». De tels ratios permettent entre autre de savoir la liquidité de la banque. Les titres ne devraient pas en effet avoir un sous-jacent quasi monétaire sous peine de soulever les soupçons dans la finance islamique.
Dans cette optique, le Sharia board procède à une analyse de la structure du capital de l’entreprise en se référant à deux ratios qui sont le ratio de la dette concernant la capitalisation boursière, et le ratio de liquidité et titres porteurs d’intérêts à la disposition de l’entreprise par le biais de sa capitalisation boursière. Ces deux ratios permettent de connaître l’endettement de l’entreprise, et sa liquidité[30].
- Fonds islamiques, fonds conventionnels : Quelles différences ?
Les banques islamiques et les banques conventionnelles construisent toutes deux leurs réserves sur les mêmes conditions. Mais il a été stipulé que les banques islamiques devaient construire des réserves spécifiques en fonction de leurs activités d’investissement dans la mesure où elles s’exposent à des risques qui ne sont pas assumés par les banques conventionnelles.
Les fonds islamiques ainsi que les fonds conventionnels ont pour rôle de sauvegarder les fonds de leurs clients, l’intermédiation financière entre le client et les acteurs qui ont besoin des fonds. Les deux types de fonds reçoivent des fonds du public qui se présentent sous forme de dépôts. Mais les deux types de fonds n’accordent pas le même contrat et n’ont pas la même utilisation.
Les banques islamiques reçoivent principalement des dépôts qui sont corrélés directement à leurs transactions telles que le remboursement, l’apport personnel, etc. Les dépôts effectués auprès des fonds d’investissements islamiques se rapprochent plus particulièrement des dépôts à vues qui sont effectuées par les banques conventionnelles. Les dépôts sont principalement, des comptes courants payables à vue qui peuvent être utilisés dans le cas d’un débit par virement ou par chèque bancaire. Une fois ce stade atteint, les banques islamiques assument tous les risques relatifs au fonds déposés, mais elles ne donnent aucun revenu tels que l’intérêt ou le bénéfice peu importe le solde du compte. Les frais de fonctionnement sont assumés par les déposants, afin de couvrir les coûts de l’administration.
Les fonds islamiques et conventionnels proposent tous deux des comptes épargne à leurs clients. Mais dans ce cas, un carnet d’épargne est livré par l’établissement bancaire islamique tandis que le chéquier est proposé par la banque conventionnelle. Les deux institutions financières peuvent proposer des produits ayant un caractère spécifique tels que l’épargne, le logement, l’épargne équipement, etc.
Les banques islamiques se ressourcent principalement à partir de dépôts pour faire des investissements. Mais contrairement à des fonds d’investissements conventionnels, les fonds islamiques ne permettent pas de garantir la valeur nominale ou le taux de rendement. Ainsi, les actionnaires sont considérés comme étant des actionnaires de l’entreprise, ce qui fait qu’ils jouissent des profits générés par la banque tout en endossant les pertes qui y sont relatives. A cet effet, le déposant et le dépositaire font un contrat se rapportant aux modalités de répartition des profits et des pertes. Le ratio de partage est défini avant la transaction même et ne peut aucunement être modifié tout au long du contrat, sauf en cas de consentement mutuel.
Dans le cas d’un fonds d’investissement conventionnel, les dépôts sont issus de plusieurs bailleurs, sur la base de contrats de prêts. Dans ce type de contrat, le déposant prêteur bénéficie d’un droit à la restitution complète du montant reçu par la banque. Mais le même scénario n’est pas observé au niveau des banques islamiques. Les déposants-prêteurs ne bénéficient pas de ce droit de restitution. Ainsi, les versements réalisés sur les comptes d’investissement ne constituent pas des dépôts. Les versements ne peuvent pas non plus être assimilés à des placements des sociétés de placement de capitaux qui attribuent des titres impliquant un droit sur les biens procurés par les dépôts. Les fonds d’investissement islamique ne permettent pas de fournir ces droits de participation.
Les fonds islamiques se singularisent entre autre par la zäkat, service spécifique consistant à un calcul, prélèvement et gestion de l’aumône légale islamique dit zakät par la banque. Mais ce service est attribué au client. Les fonds ainsi obtenus sont dépensés en se basant sur le principe de la šarï‘a[31].
La différence entre les banques islamiques et les banques conventionnelles se trouve au niveau de l’intermédiation financière. En effet, la banque islamique se charge de créer des richesses et distribue les profits issus de ces richesses. Les banques islamiques se chargent entre autre de rémunérer les dépôts et du partage des dividendes. Les différences entre les fonds islamiques et les fonds conventionnels ne sont pas très notables à première vue, mais il a été constaté que les fonds islamiques sont plus actifs. Leur dynamisme se révèle entre autre par les opérations d’investissements productifs.
Les banques conventionnelles présentent deux comportements qui sont la gestion des ressources et emploi. Les banques islamiques ne sont pas structurées comme tel. Les banques conventionnelles jouent un rôle passif dans leur démarche d’intermédiation entre les demandeurs et les prêteurs de crédits. Elles ne mettent pas en place non plus des filtres permettant de cloisonner les déposants et les utilisateurs de fonds. Or, la banque islamique est complètement impliquée dans tous les projets. Ainsi, elle constitue un intermédiaire entre les déposants et les investisseurs, mais elle est aussi partie prenante dans les opérations d’investissement, partage de bénéfices et de pertes, et partage de risques avec les clients.
Mais à la différence des banques conventionnelles, les banques islamiques ne mettent pas une garantie à la disposition des clients qui font leur dépôt. Or, ceci constitue un inconvénient notable dans la mesure où les déposants occidentaux exigent la rémunération de leurs dépôts à terme et non pas à vue, tout en demandant un paiement d’intérêts fixes et une garantie de leur dépôt. Le système financier islamique ne permet pas de garantir ces dépôts et ne permet pas non plus les retraits quand les sommes déposées sont investies. Elles tentent tout simplement de compenser l’absence de garantie par des études plus approfondies des projets[32].
Les Lois Islamiques se trouvent au cœur même des différences entre les fonds islamiques et les fonds conventionnels. En effet, le fonds islamique permet de rechercher des profits et se soucie en même temps du respect des principes éthiques et moraux. Dans cette optique, c’est un fonds favorable au développement de l’économie productive et tient compte de l’intérêt général ainsi que du bien commun au-delà de l’intérêt individuel. Les fonds islamiques mettent en avant la dimension spirituelle et morale au-delà des besoins matériels[33].
Les différences entre les banques islamiques et les banques traditionnelles sont résumées sur le tableau 1.
Tableau 1 : Analyse comparative des banques islamiques et des banques traditionnelles d’après Cherif (2008)[34]
Produits financiers | Banques islamiques | Banques traditionnelles |
Comptes courants | – Divergence d’avis concernant l’importance des dépôts (importante ou non) pour ressourcer les banques
– Ne génère aucun intérêt mais gratuité de certains services tels que les chèques, les transferts de fonds, etc. – Emprunt pour l’acquisition d’un bien passe directement par le vendeur. La banque se rémunère par la marge sur la vente de bien – Prêt pour une urgence, passage de la banque par un compte spécial sans retirer de l’intérêt |
– Dépôt est une ressource importante pour la banque
– Génère de l’intérêt mais la plupart des services sont payants – L’octroi de prêt passe par un transfert sur le compte du client et rémunération par un intérêt |
Compte d’investissement ou profit sharing investment account (PSIA) | – L’argent du déposant est géré par la banque contre des frais de gestion appelé Mudarib
– Le dépôt sert à la création de plusieurs fonds d’investissements auquel le dépositaire n’a aucun droit de regard et de gestion, mais il peut allouer ses fonds avec un compte restreint – Le capital et le taux de rendement ne sont pas garantis – Application des normes de Bâle II à certaines banques islamiques, mais il existe une différence de pondération des risques concernant le calcul des fonds propres réglementaires des comptes PSIA. – Durée de dépôt : entre 1 mois et 5 ans. Au cas où le détenteur de compte se retire avant la fin de l’échéance, il partage les pertes et non pas les profits générés par le fonds |
– Inexistence d’équivalent aux comptes PSIA
– Capital garanti : la banque rembourse une partie du capital de tous ses déposants |
Compte d’épargne | – Le client partage les pertes et les profits | – Les montants déposés peuvent être retirés à tout moment
– Les dépôts génèrent un taux d’intérêt fixe et connu d’avance |
Relation client – banquier | – Le client est partenaire donc il partage les risques et constitue un partenaire dans le cadre d’un prêt non rémunéré | – Relation de créanciers/débiteurs |
Rôle et opérations des banques | – Intermédiaire commercial : l’ensemble des transactions financières sous-tend un actif tangible et lie acheteur et vendeur | – Intermédiaire financier : Elle collecte des fonds et les utilise dans des opérations de prêts |
Banque centrale islamique ou prêteur de dernier recours (pdr) et marché interbancaire | – Nécessité de mettre en place banques centrales islamiques pour être complet. Ces banques centrales pourraient utiliser les instruments du taux de réserve, la persuasion morale et les techniques d’Open Market
– Le rôle de prêteur de dernier recours attribué aux banques centrales est difficilement applicable dans un contexte islamique, toujours pour des questions de rémunération illicite de l’argent prêté. – Inexistence de marché interbancaire islamique. En cas d’excédent de liquidité à court terme, les banques islamiques ne peuvent ni recevoir ni payer d’intérêts. Pour l’instant, il n’existe que peu d’instruments monétaires liquides islamiques. |
– Les banques centrales ont plusieurs fonctions : émission de billets, régulation du marché monétaire, banques des banques.
– Le marché interbancaire permet aux banques de placer ou de refinancer respectivement leurs excédents ou leurs déficits de liquidités. |
Conclusion
Les fonds d’investissements constituent sans aucun doute, les principaux recours des particuliers et aussi des entreprises actuellement. Ceci provient du fait de nombreux avantages qui peuvent être tirés à partir de tels fonds à savoir, la création de valeurs, la rentabilité, la liquidité sans oublier les avantages fiscaux qui y sont liés.
Dans cette première partie de notre étude, nous avons tenté de définir et de caractériser les fonds islamiques. Nous en avons conclu qu’il s’agit d’un groupe d’intérêt commun collectant des surplus d’argent qui seront investis pour tirer des profits halal, c’est-à-dire, conformes aux Lois Islamique.
Cette définition permet de caractériser la finance islamique comme étant une finance où la religion tient un rôle primordial. La finance islamique se dote de principes éthiques, religieux, traditionnels pour moraliser les différentes activités qui touchent de près l’argent. La considération des Lois Islamiques contraint les entreprises investisseuses à observer certaines règles notamment, la licéité de leurs activités. Au cas où l’entreprise a une activité principale qui est légale vis-à-vis de la Sharia, mais qu’elle détient en même temps des activités illégales, elle va devoir verser une partie des bénéfices qui sont générées par les activités illicites à des œuvres de bienfaisance.
La dimension éthique, responsable et religieuse de la finance islamique remet en question le rôle et la place même de l’argent. Dans cette acception, l’argent n’est plus qu’un simple outil et ne constitue pas de ce fait, un bien dans son intégralité. Ainsi, elle se caractérise par le fait qu’elle ne génère pas et ne reçoit pas non plus d’intérêt dans ces activités financières. C’est une finance qui ne base son évaluation qu’à partir d’actifs tangibles afin que les emprunteurs ne courent pas de risques de surendettement. La finance islamique ne permet pas la prise excessive de risques. Ils se distinguent donc des autres fonds d’investissement par le fait qu’ils ne génèrent pas d’intérêt mais donne des services gratuits, alors que les banques traditionnelles en produisent pour le client mais en échange, leurs services sont payants.
C’est ainsi que les différents fonds islamiques sont amenés à faire des filtrages ou des screenings afin de contrôler si un fonds pourrait être accordé à un investisseur en fonction de son activité, de sa solvabilité, etc. Les conditions d’acquisition de capitaux dans le cadre d’un investissement dans les fonds islamiques, tient compte de plusieurs critères qui peuvent changer en fonction du fonds considéré. La sharia bord constitue la principale instance de contrôle, qui se charge de vérifier la conformité des investisseurs à la sharia.
Partie 2. Etude empirique
Introduction
Dans cette partie empirique, nous allons présenter les différentes démarches méthodologiques que nous avons effectuées pour atteindre notre objectif. La partie empirique constitue une démarche pour vérifier si les dires théoriques sont bien confirmés par les données pratiques. Mais le choix de telle ou telle méthode devrait toujours se faire en fonction des objectifs de l’étude. Il convient de ce fait, de rappeler ici les différents objectifs que nous nous sommes initialement fixés.
Le premier objectif de notre étude est de connaître si les fonds islamiques présentent toujours une bonne rentabilité par rapport aux fonds conventionnels. Le deuxième objectif de notre étude est de vérifier si les fonds islamiques ne sont pas exposés à des risques éventuels après la crise financière globale qui a frappé l’Europe en 2007. L’objectif principal de notre travail est de savoir si les fonds islamiques surperforment les fonds conventionnels.
Nous avons choisi d’opter pour une démarche quantitative pour arriver à nos fins. Pour ce faire, nous avons choisi le concept de rentabilité, de volatilité et de risque pour évaluer la performance des fonds islamiques et des fonds conventionnels. Nous avons collectés différentes informations auprès de diverses sources, qui donnent des renseignements concernant la rentabilité des fonds d’investissements islamiques et des fonds conventionnels, à partir de 2007, l’année où la crise a éclaté.
Nous avons choisi comme outil trois ratios permettant de mesurer la performance de l’institution financière. Il s’agit notamment du ratio Sharpe, du ratio de Jensen et du ratio de Treynor. Les données fournies par les deux types de fonds d’investissement ont été collectées puis comparées.
- Méthodologie
- Calcul de la rentabilité, notion de volatilité et de risque
Dans le but de connaître les différentes potentialités et les risques auxquels sont exposées les banques islamiques, nous sommes amenés à faire une analyse comparative des données retirées auprès des banques islamiques et des banques conventionnelles. Pour ce faire, nous allons nous focaliser sur la rentabilité, la volatilité et les risques des deux types de banques.
- Rentabilité bancaire
La rentabilité constitue un point important pour connaître les potentialités d’une banque. Il a été constaté en effet, que ces établissements se soucient de savoir si les activités qu’elles proposent sont rentables ou non[35]. Les échecs des banques ont été produits par la faible considération de leur rentabilité. C’est la raison pour laquelle, les économistes se sont particulièrement intéressés à cette notion. La rentabilité correspond à la capacité des banques à créer de la richesse. Cette aptitude confère à l’établissement bancaire un développement et une pérennisation de ses activités. En d’autres termes, la rentabilité est à la base de la survie de l’entreprise[36].
La rentabilité bancaire est influencée par des facteurs managériaux, macroéconomiques et macro-financiers. Parmi le déterminant managérial, nous pouvons citer le portefeuille de crédits diversifié. Les banques doivent générer des profits afin d’assurer leur survie. Mais ceci ne peut être possible à moins qu’elle ne dispose d’outils de pilotage permettant d’obtenir des résultats à partir des décisions qui sont prises par les dirigeants.
Le pilotage dépend principalement des documents comptables à la disposition des dirigeants. L’analyse de ces données permet de fixer les objectifs à atteindre par la banque. Mais dans toutes les démarches qu’elles entreprennent, ces dernières doivent veiller à ce qu’elles détiennent toujours des réserves c’est-à-dire, des liquides qui permettent de rembourser leurs déposants au cas où il y aurait des mouvements de retraits de dépôts.
Les banques devraient entre autre fixer les fonds propres qu’elle devrait détenir et obtenir afin qu’il y ait une adéquation du capital. Et enfin, elles doivent éviter de prendre des risques trop importants, en acquérant des actifs avec un taux de défaut réduit, et en disposant de différents actifs (portefeuilles)[37]. La rentabilité bancaire ne peut être obtenue de ce fait, que par le biais d’une maîtrise des risques de leurs activités, qu’elles vont devoir assumer.
La rentabilité bancaire est obtenue par la différence entre les recettes ou produits, et les dépenses ou charges. La rentabilité bancaire peut être reflétée à travers des indicateurs tels que le résultat net. Mais dans cette démarche, il est nécessaire de regrouper les différentes activités en catégories homogènes afin de savoir les facteurs de rentabilité des établissements de crédit. Cette démarche permet en effet de déceler les différents éléments qui ont contribué aux résultats finaux de l’entreprise.
Il existe entre autre, un produit net bancaire ou PNB. Le produit net bancaire permet de synthétiser la diversité des fonctions bancaires et d’identifier en même temps, la marge brute générée par les établissements de crédits sur l’ensemble des activités bancaires[38].
- Notion de volatilité et risque
La volatilité est une notion importante pour la banque dans la mesure où elle permet de connaître les risques qu’elle encourt. D’après le lexique financier, la volatilité correspond à la « fréquence et ampleur de la variation du cours des actifs financiers (devises, métaux précieux, valeurs mobilières), ainsi que des taux d’intérêt et des options ». Cette notion donne donc des indications en ce qui concerne le niveau d’investissement d’une entreprise donnée. Elle est également exploitée dans le cadre d’une valorisation des produits dérivés. La volatilité permet de saisir en même temps l’écart de prix avec la moyenne. Ainsi, une volatilité élevée prouve une chute des prix et/ou une hausse au cours de la période[39].
La volatilité permet ainsi de mesurer l’importance des variations au cours d’un actif financier. Quand la volatilité d’un actif financier est élevée, alors l’espérance de gain pour un investisseur est importante au même titre que le risque de perte[40]. La volatilité permet entre autre d’évaluer l’importance des fluctuations de valeur d’un actif ainsi que de son risque. Son calcul repose sur l’écart type des rentabilités de l’actif[41]. En d’autres termes, la volatilité permet de faire une meilleure gestion des risques. Sa mesure s’avère donc être importante pour les dirigeants d’entreprise et les investisseurs.
La volatilité est un indice permettant d’évaluer l’instabilité des prix du marché. Son évaluation peut se baser sur l’analyse des évolutions des prix passés, on parle alors de volatilité historique ; ou par le biais de la projection ou anticipation du marché à l’instabilité future des prix, dans ce cas, il s’agit d’une volatilité implicite[42]. La volatilité pourrait entre autre être évaluée sur la base d’une mesure de l’écart type du taux de retour. L’écart-type désigne lui-même la volatilité qui est appliquée au taux de rendement annuel de l’investissement pour évaluer la volatilité de l’investissement risque[43].
Le risque est dépendant de la volatilité. En effet, la mesure du risque qui est également un élément clé pour la banque ne peut se faire à moins de considérer la volatilité des actions. Il est indispensable plus particulièrement de mesurer l’amplitude des variations. La volatilité est obtenue à partir de l’écart type des rendements constatés. Ce sont en effet les écarts types qui permettent de connaître les fluctuations d’une valeur[44]. Le risque du marché permet de connaître le niveau d’incertitude. Il est évalué en fonction des fluctuations estimées des cours des actifs. Mais dans la plupart des cas, la volatilité des rendements est un des éléments clés qui permettent de connaître le risque[45].
Mais elle n’est pas uniquement mesurée sur la base des écarts-types. Les recherches menées concernant la mesure de la volatilité de valeur a conduit à l’identification de certains indicateurs tels que le canal de Donchian, qui met en évidence la valeur la plus haute et celle la plus basse du prix pendant une période bien déterminée. C’est un indicateur qui permet de connaître les breakouts et les breakdown’s sur la période étudiée. Le canal de Donchian permet de mesurer la volatilité sans pour autant courir le risque de faire des erreurs dans le sens des mouvements de prix[46].
La volatilité et le risque vont de pair. Il est évident que les différents investissements ne sont pas dépourvus de risque. Ainsi, ce dernier constitue un point important à appréhender dans le cadre d’un investissement. Il devient de ce fait nécessaire d’évaluer les différentes pertes éventuelles qui sont encourues par l’investisseur. Les risques d’investissement sont nombreux. Il existe :
- Le risque de marché qui correspond au risque de diminution de l’actif et de son augmentation au-delà de son prix d’achat
- Le risque de change représenté par le risque de dépréciation de l’actif acheté dans une devise étrangère à cause de la baisse de taux de conversion de cette devise
- Le risque de taux correspondant au risque de diminution de l’obligation suite à la baisse des taux d’intérêts
- Le risque d’inflation c’est-à-dire, le risque de dégradation du rendement réel de l’actif à cause d’une remontée du taux d’inflation
- Le risque de crédit qui correspond au risque de défaut de créance de la part de l’émetteur public ou privé. Dans certains cas, ces derniers ne sont pas aptes à payer les coupons ou à rembourser le capital de leurs dettes.
- Le risque de contrepartie d’une opération de gré à gré, ce qui empêche le succès de l’opération
- Le risque de dépôt c’est-à-dire, le risque que le dépositaire de fonds ne soit défaillant
- Le risque pays lié à l’environnement juridique et fiscal de l’évolution d’un pays et risque de dégradation du rendement des actifs de ce pays.
- Le risque de liquidité, qui correspond au risque de ne pas pouvoir céder de l’actif dans les délais impartis
- Le risque opérationnel et le risque de fraude qui est un risque d’erreur technologique ou humaine. Il peut s’agir dans certains cas d’un risque de détournement qui conduit à la diminution de la valeur du portefeuille d’actifs ou qui impacte sur la réputation de l’investisseur[47].
- Outils sélectionnés
- Ratio Sharpe
Le ratio Sharpe permet de calculer le risque pour un portefeuille diversifié. La valeur de ce ratio diffère en fonction des portefeuilles examinés. Plus il est élevé, plus le fonds est performant. Ce ratio permet entre autre de faire une analyse comparative entre la performance d’un fonds et d’un indice de référence représentant le marché, ce qui permet de déterminer celui qui est surperformé ou battu, et ceux qui sont sous-performés ou battre[48].
Le ratio Sharpe permet de connaître la relation entre le risque et le rendement. Dans cette optique, les rendements supérieurs ou inférieurs aux taux de placement sans risque sont considérés, au même titre que la production de rendement par rapport à ce taux. Il s’agit du ratio du rendement relatif avec sa déviation standard[49].
Ratio Sharpe = rendement réalisé / écart-type du rendement
Il permet entre autre de contrôler la volatilité du portefeuille pour lisser les risques permettant de gagner sur la durée. C’est le reflet de la rentabilité du portefeuille actions en fonction du risque pris. Le ratio Sharpe va donc permettre de connaître le surplus de rendement en fonction du risque prix sur le marché.
Un ratio compris entre 0 et1 suggère un mauvais résultat puisque le rendement est obtenu uniquement par une prise de risque excessive. Un ratio supérieur à 1 démontre un bon résultat. La surperformance du portefeuille est obtenue sans pour autant demander une prise de risque excessive. Ceci démontre donc que la hausse du rendement est beaucoup plus élevée par rapport à la hausse du risque associé pour obtenir les résultats[50].
Le ratio peut également être obtenu par la formule suivante :
Ratio Sharpe = (rentabilité d’un fonds – taux de rendement sans risque) / écart – type des rendements
Le ratio Sharpe permet d’anticiper la rentabilité à partir de la volatilité des classes d’actifs. Il est facile à mettre en place et ne nécessite pas de prévisions macroéconomiques. C’est un outil utilisé dans le but de construire des portefeuilles équilibrés en risque. Il est donc adapté aux allocations d’actifs de portefeuilles diversifiés.
Mais le ratio Sharpe connaît aussi des limites. En effet, son calcul nécessite l’utilisation d’un taux sans risque, et plus généralement, le rendement des emprunts d’Etat. Or, les titres souverains ne constituent pas des actifs sans risques après la crise qui frappe l’Europe. En outre, ce ratio montre une instabilité à long terme. Il peut varier sur une période de 10 ans. D’autre part, le ratio Sharpe ne donne que des approximations concernant les profils de performance les plus asymétriques. Ainsi, il est plus adapté pour un indicateur de volatilité à la baisse[51].
Il a été constaté entre autre, que la validité de cette mesure ne se base que sur le bien-fondé de l’espérance variance. Dans ce cas, il ne permet pas de déceler la performance du fonds au cas où il y aurait une asymétrie au niveau de la rentabilité du fonds, et au cas où les investisseurs sont sensibles. Le ratio Sharpe n’est pas valable non plus dans le cas d’une prime de risque négative[52]. Le ratio Sharpe ne permet pas une évaluation correcte des rendements et des risques de l’investissement au cas où la distribution sous-jacente n’est pas gaussienne. Mais il permet quand même de mesurer les impacts de l’anormalité des rendements[53].
- Ratio de Treynor
Le ratio de Treynor est un autre indicateur de l’adéquation de la performance au risque qui a été pris pour les investissements et les stratégies d’investissement traditionnel. Ce ratio utilise la beta comme mesure de risque en tant que dénominateur et non pas la déviation standard. Le ratio de Treynor dépend de l’unité de temps utilisé pour avoir des retours[54].
Un ratio de Treynor élevé montre un meilleure couple rentabilité / risque. En effet, une rentabilité élevée suppose un risque élevé aussi. Il est donc indispensable pour l’investisseur de diminuer les risques liés à l’investissement sans pour autant altérer la rentabilité[55].
Le ratio de Treynor est obtenu par la formule suivante :
- Rp : rentabilité du portefeuille
- Rf : taux sans risque
- βp : beta du portefeuille
Il mesure l’excès de rendement du portefeuille par rapport à un investissement sans risque, par unité de risque de marché. Un ratio de Treynor élevé suppose que le portefeuille optimise le rapport entre le rendement et le risque[56].
Le ratio de Treynor est une mesure marginale du risque, qui est fréquemment utilisée puisque la gestion de l’entreprise fait appel à plusieurs gestionnaires, ce qui implique que la mesure de la rentabilité des fonds nécessite la connaissance de la contribution de chaque gestionnaire au risque total du fonds. Ce risque est dit marginal[57].
- Ratio de Jensen
L’alpha de Jensen est un outil qui permet de mesurer la performance d’un fond ou d’un portefeuille d’actifs financiers. Il repose sur le CAPM ou MEDAF. Il consiste à faire une étude comparative de l’actif sans risque et du portefeuille du marché. Par conséquent, cet indicateur est particulièrement utilisé dans le cadre d’une mesure de la surperformance d’un portefeuille par rapports à sa performance théorique[58].
L’alpha de Jensen est une mesure de la performance ajustée au risque utilisé par les managers de portefeuilles dans le but de déterminer les retours générés par leurs portefeuilles sur le marché. Un alpha positif permet d’indiquer que le portefeuille a surperformé le marché et vice versa. Cet indicateur est obtenu par la formule suivante
Dans lequel,
- Rp correspond au retour sur le portefeuille,
- Rf : Risk free rate,
- β, le Stock de beta
- Rm, retour sur le marché[59].
Le ratio de Jensen permet de connaître le retour donné par une portion de portefeuille en fonction des risques que l’investisseur a pris et de montrer par la même occasion, sa sensibilité aux risques du marché. Les personnes qui utilisent le ratio de Jensen au même titre que le ratio de Treynor doivent impérativement maîtriser l’exclusion des risques idiosyncratiques et les limitations des effets de beta qui impactent sur les mesures[60].
L’alpha de Jensen permet entre autre de mesurer la capacité du gérant du fonds à choisir les titres qui sont anormalement élevés en fonction de leur bêta. Ce ratio permet entre autre de connaître les différents titres qui ne doivent pas être sélectionnés par rapport à d’autres. Cette capacité provient particulièrement de la security picking. L’alpha de Jensen permet donc, d’évaluer l’écart entre l’espérance de rentabilité du portefeuille et son espérance de rentabilité théorique[61].
- Base de données utilisée
Nous commençons notre analyse à partir de 2007 – 2008, année où la crise financière globale commençait à frapper le monde européen et dont les répercussions se sont fait sentir dans d’autres pays non européens. Nous avons voulu comparer les différentes évolutions des indices des banques islamiques par rapport aux banques conventionnelles. Dans cette optique, nous avons représenté sur la figure 1, le portefeuille d’indices islamiques et conventionnels, fourni par El Khamlichi (2012)[62].
Figure 1 : Comparaison du portefeuille d’indices islamiques et conventionnels (d’après El Khamlichi, 2012)
Sur cette figure, nous observons l’évolution du portefeuille de six principaux indices boursiers islamiques pour les fonds islamiques et les fonds conventionnels à partir de l’année 1998 jusqu’en 2010. Nous pouvons constater que les portefeuilles d’indices boursiers des fonds d’investissement islamique ont toujours devancé celui des fonds d’investissement conventionnels. Mais l’allure de la courbe et donc la tendance d’évolution des deux fonds d’investissement en ce qui concerne leur portefeuille d’indice boursier est comparable pendant les années considérées. Ainsi, ce graphique démontre que les indices boursiers islamiques sont plus rentables par rapport aux indices boursiers des fonds conventionnels.
Cette figure peut également nous montrer deux périodes distinctes. La première période va de 1998 jusqu’en 2002. La progression n’est pas importante mais après, elle a augmenté de manière exponentielle jusqu’en 2007, où elle connaît une régression. Les impacts de la crise financière globale touche aussi les deux indices boursiers. La chute est particulièrement notable en 2008. Ce n’est qu’à partir de 2009 seulement, que les fonds islamiques et les fonds conventionnels commencent à connaître un essor. L’allure de la courbe montre que la crise a diminué les indices boursiers des fonds d’investissements islamiques ainsi que ceux des fonds d’investissement conventionnel.
Nous allons ensuite nous baser sur l’évolution des fonds islamiques en fonction de leur répartition géographique et en fonction de la période considérée, allant de 2007 à 2011. Les résultats sont représentés sur le tableau 2. Pour obtenir les données représentées sur ce tableau, nous nous sommes basés sur l’étude réalisée par El Khamlichi (2012), en ne retenant que les indicateurs suivant : la rentabilité, l’alpha de Jensen, le ratio de Treynor et le ratio Sharpe.
Tableau 2 : Pourcentage des fonds islamiques qui surperforment par mesure utilisée (données collectées sur la période de 2005 à 2011)
Malaisie | Arabie Saoudite | Europe | Moyen-Orient | Koweït | USA | Autres*** | ||
Nombre de fonds | 41 | 19 | 3 | 8 | 5 | 3 | 10 | |
P1 : avr 2005 – mar 2007 | Rentabilité | 100% | 52,63% | 100% | 37,5% | 80% | 100% | 80% |
Alpha de Jensen | 7,31% | 100% | 0% | 87,5% | 20% | 33,33% | 40% | |
Treynor | 85,36% | 36,84% | 33,33% | 62,5% | 60% | 100% | 80% | |
Sharpe | 85,36% | 52,63% | 33,33% | 37,5% | 60% | 100% | 80% | |
P2 : avr 2007 – mars 2009 | Rentabilité | 0% | 13,63% | 0% | 12,5% | 0% | 0% | 0% |
Alpha | 63,41% | 90,90% | 33,33% | 50% | 60% | 33,33% | 60% | |
Treynor | 100% | 90,90% | 66,66% | 62,5% | 60% | 100% | 90% | |
Sharpe | 97,56% | 95,45% | 33,33% | 62,5% | 60% | 100% | 90% | |
P3 : avr 2009 – mar 2011 | Rentabilité | 100% | 5,26% | 100% | 37,5% | 40% | 100% | 90% |
Alpha | 9,75% | 73,68% | 0% | 12,5% | 0% | 33,33% | 30% | |
Treynor | 68,29% | 84,21% | 100% | 25% | 40% | 100% | 70% | |
Sharpe | 68,29% | 68, 42% | 100% | 25% | 40% | 100% | 70% |
*** Les autres pays dans lesquels sont implantés les banques islamiques sont le Pakistan, le Japon, l’Afrique du Sud et l’Asie Pacifique.
L’étude a été conduite sur six ans, de 2005 à 2011. Cette longue période d’étude a été tranchée en trois périodes :
- P1 : correspond à la période précédant la crise globale, allant d’avril 2005 à mars 2007
- P2 : période correspondant à la crise allant d’avril 2007 à 2009
- P3 : période pendant laquelle, les différents acteurs financiers tentent de rétablir la stabilité au niveau financier mondial
Les données représentées sur ce tableau sont celles de 10 pays.
Analyse de l’évolution de la rentabilité des fonds d’investissement dans les différents pays étudiés
Le tableau 2 nous montre qu’avant la crise, la rentabilité maximale a été enregistrée en Malaisie, Europe et les USA. La rentabilité pendant la première période était toutes intéressantes dans les pays étudiées. La plus faible rentabilité a été enregistrée au Moyen-Orient.
Pendant la deuxième période, c’est-à-dire, pendant la période de crise même, tous les fonds implantés dans les différents pays étudiés ont montré une diminution notable de leur rentabilité. Ainsi, cette rentabilité était nulle en Malaisie, Europe qui était fortement touchée par la crise financière globale, le Koweït, les USA et les autres pays.
Ensuite, pendant la troisième période d’étude, la rentabilité des fonds islamiques a de nouveau repris. La récupération est maximale en Malaisie, Europe et USA. La plus faible reprise de la rentabilité est enregistrée (5,26%) en Arabie Saoudite.
Analyse de la performance d’un fond en fonction du risque pris par l’établissement financier à travers l’alpha de Jensen
Les résultats concernant l’alpha de Jensen dans les différents pays étudiés montrent une convergence en ce qui concerne la valeur des trois ratios étudiés. Alors que le ratio de Treynor et le ratio Sharpe présentent en générale, des valeurs proches, il a été observé que la valeur de l’alpha de Jensen est complètement différente de celle des deux autres ratios.
Pendant la première période d’étude, la performance des fonds était maximale au niveau des fonds islamiques situés en Arabie Saoudite. La plus faible performance est observée en Europe (0%) et en Malaisie (7,31%). La performance enregistrée au Moyen-Orient est aussi intéressant (87,5%).
Pendant la deuxième période de l’étude pourtant, la performance des fonds islamiques dans les différents pays cités a été intéressante. Il n’y avait plus de performance nulle. Cette valeur oscillait entre 33,33% (Europe et USA) à 90,90% (en Arabie Saoudite). Ceci démontre la bonne résistance de la finance islamique à la crise, ce qui leur a valu une bonne performance alors que les fonds d’investissement conventionnels commençaient à s’effondrer.
Mais pendant la troisième période d’étude, nous observons qu’a nouveau, la performance des fonds a fortement chuté pour atteindre dans la plupart des cas, sa valeur initiale. Cette tendance est particulièrement observée en Europe et aux USA. Sinon, la valeur de l’alpha de Jensen tend à diminuer au fur et à mesure pour les autres pays. Ceci laisse supposer que la finance islamique a su se protéger des impacts à court et moyen termes de la crise financière globale, mais elle n’est pas encore dotée de protection permettant de se munir à long terme.
Analyse de l’adéquation entre le rendement et le risque à travers le ratio de Treynor
Pendant la période P1, les fonds islamiques ont enregistré un taux élevé de rentabilité ce qui pourrait aussi traduire un excès au niveau de la prise de risque par les banques à l’échelle mondiale. Ce taux variait entre 33,33% (en Europe) à 100% (USA). Ceci pourrait supposer que les fonds islamiques prennent aussi des risques élevés dans leurs quêtes.
Pendant la période P2, la prise de risque par les banques a encore augmenté, ce qui se reflète à travers l’augmentation du ratio de Treynor. Ceci pourrait se traduire par le fait que les établissements financiers pourraient être amenés à prendre plus de risque pour ne pas sombrer dans les impacts de la crise financière. Elles auraient donc tenté le tout pour le tout, surtout la Malaisie et les USA (100%), suivi par l’Arabie Saoudite (90,90%) et les autres pays (90%). Le niveau de prise de risque des autres pays oscillait aux alentours de 60% (Europe, Moyen-Orient et le Koweït).
Ensuite, la prise de risque a légèrement diminué dans tous les pays étudiés, en ce qui concerne les produits financiers. Leur valeur à cette période, pourtant, reste petite par rapport à celle de la première période. Ceci pourrait s’expliquer par la conscientisation des établissements financiers des mauvais effets d’une prise de risque excessive. Ainsi, les fonds islamiques montraient une bonne performance et une bonne rentabilité mais ils ne les gagnaient que par le biais d’une prise de risque parfois trop élevées.
Le ratio Sharpe dans la plupart des cas, ont une valeur proche de celle du ratio de Treynor. Dans la première et la deuxième période de l’étude, les différences sont particulièrement détectées au Moyen-Orient et en Europe pendant la deuxième partie de l’étude. D’après ces trois constatations, le Moyen Orient et l’Europe ont pris des risques pondérés pour faire face à la situation.
Ces différentes constatations semblent confirmer les résultats d’autres études qui affirment que la crise financière globale a eu des impacts sur les fonds islamiques. Si au début de la crise, les fonds islamiques n’ont pas montré des effets notables, c’est parce qu’ils ne sont pas impliqués dans les produits financiers toxiques[63].
Dans les parties qui vont suivre, nous allons tenter de reprendre les données des fonds conventionnels à partir de la période de crise dans les différents pays.
Figure 2 : Taux d’épargne et d’investissement (1992 – 2009) (Source : IMF WEO, avril 2010)
La figure 2 nous montre l’évolution sur 17 ans du taux d’épargne et du taux d’investissement dans les fonds conventionnels en France, dans le monde et dans les pays avancés. Le taux d’investissement se caractérise aussi par des fluctuations comme celles que nous avons pu observer lors de l’analyse des fluctuations des investissements par les fonds islamiques et par les fonds conventionnels. Nous pouvons remarquer à partir de cette graphique, que les taux d’investissement dans le monde a connu une augmentation notable (23% du PIB) en 2007 juste avant la crise, avant de sombrer dans une chute à partir de 2008, ce qui est compatible avec les effets nocifs de la crise financière globale.
Mesure de la rentabilité du fonds d’investissement conventionnel aux USA
Figure 3 : Evolution du capital accumulé américain de 1980 jusqu’en 2010, en fonction de la valeur ajoutée et de la valeur nette privée (source : http://criseusa.blog.lemonde.fr/2012/03/11/la-rentabilite-du-capital-accumule-aux-usa-et-la-crise/)
Sur cette figure, nous pouvons voir que la rentabilité des capitaux aux Etats-Unis en 2005 était encore élevée. Mais en 2007, leur rentabilité a fortement diminué. Ensuite, nous observons un plateau entre 2007 et 2008, période qui correspond à la crise financière globale. Ce n’est qu’en 2009 seulement, que la rentabilité commence à progresser avant de chuter à nouveau en 2010, ce qui pourrait encore démontrer la vulnérabilité du système financier américain.
La mesure de la rentabilité des fonds d’investissements conventionnels américains a été faite en se basant sur quatre ratios
- Valeur ajoutée brute/ valeur totale des actifs tangibles
- Valeur ajoutée du secteur productif privé/valeur totale des actifs tangibles
- Valeur nette privée (PIB auquel on a déduit l’amortissement)/ valeur totale des actifs tangibles
- Valeur ajoutée du secteur productif privée moins amortissement/ valeur totale des actifs tangibles
Mais peu importe le ratio considéré, l’évolution de la rentabilité des capitaux accumulés est la même partout. Mais le deuxième et le troisième ratio montrent des valeurs très proches de la rentabilité des fonds d’investissements américain.
La chute du taux d’investissement est une résultante des exigences des détenteurs de capitaux qui constituent les propriétaires directs de l’entreprise, des détenteurs d’actions et /ou de placements financiers). Ainsi, les entreprises ont accumulé un capital productif pour créer de la richesse et un capital financier qui sert à amortir la pression des gros patrimoines sur la valeur produite par le secteur productif[64].
Figure 4 : Rentabilité et affectation des bénéfices en Europe, Etats-Unis, Japon et des pays des économies émergentes sur la période allant de 2006 à 2011
Cette figure nous montre l’évolution de la rentabilité des établissements financiers dans le monde juste avant la crise et la situation actuelle. Nous pouvons voir sur cette graphique que ce sont les institutions financières américaines qui présentent toujours la meilleure rentabilité peu importe la période considérée. Mais ce sont elles également qui ont enregistré la dépréciation d’actif la plus notable avec une valeur négative allant jusqu’à – 1,5 en 2009.
Ensuite, les établissements financiers des pays dont l’économie est émergente suivent celle des Etats-Unis, l’Europe et enfin le Japon qui a enregistré un faible rendement par rapport aux deux autres catégories.
La courbe d’évolution des quatre pays est similaire pendant la période allant de 2006 à 2011 : une chute plus ou moins notable pendant la première période de la crise en 2007, sauf pour les pays à économie émergente où la rentabilité a augmentée. Mais c’était en 2008, que la baisse de rentabilité a été la plus forte dans tous les pays étudiés.
Dans tous les cas considérés, les principales composantes du revenu net des établissements financiers sont principalement des produits d’intérêts nets, suivi par les honoraires et les commissions. Les produits de négoces sont les composantes les plus faibles du revenu des fonds d’investissements.
La crise a également conduit les clients à trouver des moyens qu’ils jugent plus prometteurs pour détenir des biens. C’est ainsi que les systèmes bancaires parallèles commencent à gagner le marché comme nous le constatons dans la figure 5.
Figure 5 : Importance des systèmes bancaire parallèles sur la période allant de 2003 à 2010
Ainsi ils occupent jusqu’à 28% des actifs du système financier. Ce sont les intermédiaires financiers autres que les assureurs et les fonds de pensions, qui détiennent la part la plus importante des actifs du système financier. Mais après la crise, leur importance tend à diminuer. Ils sont suivis par les assureurs et les fonds de pensions et enfin les banques.
Pour appréhender la performance des autres fonds d’investissement conventionnel, nous allons nous focaliser sur la capacité des systèmes financiers à absorber les pertes, représentée sur la figure 6.
Figure 6 : Capacité d’absorption des pertes des banques européennes, américaines, japonaises et des banques des pays à économie émergente, en fonction de leur ratio de fonds propres, actions ordinaire et total d’actifs
La figure 6 nous montre que ce sont toujours les Etats-Unis qui détiennent un ratio de fonds propre plus intéressant allant jusqu’à 10, après une forte chute de 7,5 en 2009. Il est suivi par le ratio de fonds propres des pays des économies émergentes dont la valeur du ratio de fonds propres après la crise est évaluée à 7. La capacité d’absorption des pertes est comparable pour le Japon et l’Europe après la crise financière. Les deux pays ont atteint en 2009, un ratio de fonds propres de 5. Mais ces valeurs tendent encore à diminuer légèrement jusqu’en 2011.
Les Etats-Unis sont toujours ceux qui enregistrent les actions ordinaires les plus élevés, suivi de l’Europe, du Japon et des pays émergents. Les actifs sont principalement composés d’autres éléments que les prêts qui ont diminué pendant la crise.
- Mise en œuvre des outils
Les différents ratios servent uniquement à évaluer la rentabilité, la solvabilité, les différents risques qui sont encourus par les différents fonds d’investissement.
- Comparaison des fonds d’investissement avec le ratio Sharpe
Le fonds d’investissement peut être représenté par le portefeuille actif. Dans ce cas, quand ce portefeuille risqué possède un niveau élevé de ratio Sharpe, il est exposé à un plus grand risque. Ainsi, l’évaluation de ce portefeuille devrait se baser sur la considération de la rentabilité et de la performance de l’investisseur dans les périodes qui précèdent la période d’analyse. La performance passée du fonds d’investissement dans les années à venir pourrait de ce fait être plus ou moins similaire à celle qu’elle a déjà affichée auparavant.
Suite à cette première démarche, le manager établit un portefeuille étalon appelé également benchmark, permettant de faire une étude comparative de la performance du fonds d’investissement actif. Le benchmark dans la plupart des cas, est spécifique à une stratégie passive d’investissement et va présenter une évolution d’indice boursier.
Après, le gestionnaire est amené à faire une comparaison entre le ratio Sharpe du fonds d’investissement avec le benchmark réalisé auparavant, afin de déterminer la performance réelle du fonds.
Au cas où le portefeuille représenterait le fonds total d’investissement de l’investisseur, le portefeuille étalon devient un indice boursier ou un portefeuille spécifique. Dans ce cas, le ratio Sharpe permet une évaluation pertinente de la performance du fonds d’investissement[65]. Le ratio Sharpe permet de faire un choix entre différentes actions en fonction de leur rendement ajusté au risque[66].
- Comparaison ratio de Treynor et fonds d’investissement
Le ratio de Treynor permet de connaître le retour généré pour un risque renfermé par le fonds. Il est principalement utilisé dans le cadre d’un fonds de placement ou de Sicav. Le ratio augmente proportionnellement en fonction du retour pondéré[67].
Le ratio de Treynor fait partie des outils de sélectivité qui permet d’évaluer l’habileté du gérant d’entreprise à choisir les titres qui vont composer son portefeuille afin de battre le portefeuille du marché. Ce ratio permet de mesurer isolément la sélectivité et le market timing de la gestion d’un fonds d’investissements. Le ratio de Treynor a été conçu en supposant que le gérant va augmenter le risque de son portefeuille s’il arrive à anticiper que la rentabilité du marché est supérieure à celle du taux sans risque[68].
- Comparaison fonds d’investissement et ratio de Jensen
Le ratio de Jensen permet de mesurer la performance d’un fonds ou d’un portefeuille d’actifs financiers en évaluant la combinaison de l’actif sans risque et du portefeuille de marché. C’est donc le ratio le plus approprié pour mesurer la surperformance d’un portefeuille par rapport à sa performance théorique[69]. Il permet donc de mettre en évidence le surplus de la performance du fonds par rapport à la performance du benchmark[70].
- Commentaire générale
La rentabilité durable est au cœur même des préoccupations des différentes banques dans le monde. Mais cette rentabilité durable ne peut être considérée isolément de la croissance de leurs bilans ainsi que de leur capacité à se protéger des évolutions externes défavorables. En 2008, les banques ont tenté de renforcer leurs bénéfices d’exploitation. Mais le système financier mondial ne semble pas encore être rétabli de la crise financière qui l’a secoué de 2007 à 2008. En effet, pendant le premier trimestre de l’année 2012, les institutions financières ont encore enregistré un bas niveau du produit bancaire, ce qui ne permet pas de faire une progression dans le bénéfice obtenu.
La faible progression obtenue jusque là était particulièrement causée par le négoce. Mais les produits d’intérêts nets ayant résisté à la crise n’ont pas augmenté en fonction du total de l’actif. C’est la raison pour laquelle, les investisseurs tendent plus à se focaliser sur les systèmes bancaires parallèles, et les formules d’épargne attrayantes hors du secteur bancaire, susceptibles d’être plus intéressants pour les clients par rapport aux produits que les banques les proposent.
L’accord de Bâle a conduit au renforcement des fonds propres par les banques afin qu’elles puissent se prémunir des dangers auxquels, elles pourraient être exposées. Mais la dynamique de cette amélioration est fonction du fonds propres[71].
En général, après la crise, la situation dans le monde en ce qui concerne le domaine financier tend à se stabiliser. En effet, en 2008, les grandes banques européennes et américaines ont enregistré une rentabilité négative qui est allée jusqu’a – 3,9%. Mais dès 2009, cette valeur est passée à 7,7%. Certes, la rentabilité des banques a augmenté mais son niveau n’est pas suffisant par rapport à la rentabilité à moyenne terme, qui devrait être de l’ordre de 13,6%.
Les performances des différents fonds sont également très hétérogènes. En effet, certains d’entre elles sont encore négatifs alors que la plupart d’entre elles ont déjà obtenu une valeur positive. Certains enregistrent une rentabilité nulle en 2009 et d’autres en affichent 10%. La diminution de la performance atteint plus particulièrement les banques d’investissements tandis que les banques universelles ont pu surmonter les impacts négatifs de la crise financière globale[72].
Les différentes constatations issues de l’analyse comparative que nous avons menée apportent des explications concernant l’évolution de la rentabilité des fonds islamiques et des fonds conventionnels dans différents pays du monde. La tendance des différents fonds sont les mêmes à la seule différence que les banques islamiques sont plus rentables par rapport aux banques traditionnelles. Ceci pourrait résulter du fait que la finance islamique se base sur certains principes religieux et traditionnels qui interdisent la prise de risque excessive dans le cadre de l’investissement, ce qui n’a pas été observé dans les autres pays où les fonds d’investissement conventionnels sont encore particulièrement dominants.
Les fonds d’investissements dans le monde ont connu une chute considérable pendant la période de crise avant de se remettre petit à petit, les années qui suivent. Mais les banques islamiques sont celles qui arrivent plus à surmonter ces crises. La marginalisation des fonds d’investissements conventionnels pourrait se refléter à travers la focalisation des entreprises dans les systèmes bancaires parallèles. Et ceci va encore renforcer la pertinence de choisir les fonds d’investissement islamiques dans le cadre d’un investissement.
Mais les fonds islamiques ne sont pas pour autant dépourvus de risques. En effet, les fonds d’investissement islamiques n’étaient pas en mesure de construire des instruments islamiques pour les opérations monétaires, ce qui rend difficile la gestion monétaire. D’autre part, les banques islamiques proposent surtout du liquide. Pour ce faire, ils ont mis en œuvre un système de réserves excédentaires. Mais ceci restreint l’intermédiation financière. Les normes qui régissent les différents fonds islamiques ne sont pas immuables. Ceci est renforcé par le fait que les données concernant la performance de la finance islamique est particulièrement variable d’un pays à un autre, ce qui ne permet pas de faire une gestion aisée des données comptables[73].
D’autre part, les fonds d’investissements islamiques ont une notoriété grandissante dans le monde actuel. Mais cette montée en puissance pourrait aussi s’accompagner de certaines modifications qui pourraient porter atteinte à leur authenticité. Le nouveau modèle d’investissement proposé par les finances islamiques ne sont ni juridiques ni standardisés, si bien qu’ils courent le risque de bloquer les investissements, qui, pourtant, pourraient encore être intéressants[74].
Etant une finance récente, elle ne présente pas une maîtrise parfaite des opérations de finance traditionnelle. Certes, elles présentent une bonne rentabilité par rapport à la finance conventionnelle, mais elle ne possède pas son poids. Pour illustrer ce fait, nous pouvons parler du non maîtrise des risques d’inflation par les fonds d’investissements islamiques. Leur développement reste aussi modeste par rapport à celui des fonds d’investissement conventionnels. La restriction au niveau du développement des fonds d’investissements islamiques est particulièrement liée aux différentes restrictions concernant les leviers de refinancement[75].
Conclusion générale
Cette analyse a mis l’accent sur la caractérisation des fonds d’investissements islamiques et plus particulièrement, sur leur performance et leur rentabilité après la crise. Dans notre réflexion, nous avons pu montrer que la finance islamique est encore très jeune mais a su gagner une place importante dans le système financier mondial à cause de sa structure même.
Les fonds d’investissements islamiques se caractérisent en effet, par ses principes qui reposent principalement sur la Sharia et les Lois Islamiques. Ces différents principes constituent son unicité, car elle peut être considérée comme étant une finance éthique et socialement responsable, qui tient compte des principes religieux. La moralisation des activités qui touchent de près l’argent constitue de ce fait, une des identités des fonds islamiques. Mais ces différents principes conditionnent aussi l’octroi de capitaux par les fonds d’investissements islamiques.
Il est interdit en effet, par les fonds d’investissements islamiques, d’investir dans des activités illicites, interdites par les Lois Islamiques. Les activités bancaires de la finance islamique ne devraient pas non plus cibler l’intérêt. Les fonds islamiques ne peuvent ni générer ni attribuer de l’intérêt à qui que ce soit. L’argent ne peut être considéré que par sa valeur nominale. L’argent constitue un outil et non pas un bien ou une fin en soi. Or, ceci pourrait bloquer les différents investisseurs.
La sélection des activités licites et illicites s’avèrent difficile dans le cadre des fonds islamiques. Les entreprises peuvent se trouver interdites de faire des investissements auprès des fonds islamiques, dans un contexte de globalisation, de délocalisation et d’externalisation des activités de différentes entreprises et de différents secteurs.
Les fonds d’investissements islamiques sont plus performants par rapport aux fonds d’investissements conventionnels. Cependant, ils ne sont pas dépourvus de risques. Les résultats et la performance d’un système financier ne pourrait pas en effet, être évaluée sur quelques années seulement. Or, les fonds d’investissements islamiques ont particulièrement émergés après la crise pour pallier aux difficultés causées par les fonds d’investissement conventionnels.
Cette finance encore jeune, ne peut en aucun cas se vanter d’avoir la notoriété et l’expérience de la finance conventionnelle. Cette dernière en effet est déjà passée par plusieurs et différentes crises d’amplitude plus ou moins importante. Elle a déjà mis en place des mesures de précautions permettant d’anticiper les risques qui pourraient survenir notamment par le Comité de Bâle qui a fixé des ratios de liquidité, de solvabilité, etc. aux établissements financiers, afin de ne pas courir de risques démesurées. La structure a été fortement réfléchie et pourtant, cela n’a pas permis d’arrêter la crise financière globale de 2007.
Notre étude empirique a montré entre autre, que la tendance d’évolution de la rentabilité des fonds d’investissements conventionnels et celle des fonds d’investissements islamiques est la même. Ceci pourrait suggérer qu’ils courent les mêmes risques mais à quelques différences près surtout au niveau de la prise de décision trop risquée. Le gouffre au niveau de la ressource des fonds d’investissement islamique et l’inexistence de banque centrale pourraient en effet, conduire à des résultats inéluctables après quelques années à moins que des solutions ne soient prises.
[1] Ces fonds d’investissement qui veulent croquer les entreprises, http://www.journaldunet.com/economie/les-dix/plus-gros-fonds-d-investissement/
[2] L’histoire des fonds d’investissement, https://www.ific.ca/Content/Content.aspx?id=4580&LangType=1036
[3] Finance islamique, http://www.mfw4a.org/fr/finance-islamique/finance-islamique.html
[4] Suárez, M. 2002. Rez, M. 2002. Système financier espagnol 1986 – 2001 : de l’émergence à la maturité. L’Harmattan, pp. 205 – 206.
[5] Coppens, P. 2010. La fiscalité mobilière en questions : A jour au 1er janvier 2010. Larcier, p. 46.
[6] Mankiw, G. et Taylor, M. 2010. Principes de l’économie. De Boeck, p. 680.
[7] Autissier, D., Bensebaa, F., Boudier, F. 2007. L’atlas du management : Les meilleures pratiques et tendances pour actualiser vos compétences. Eyrolles, pp. 156 – 158.
[8] Mankiw, G. et Taylor, M. 2010. Principes de l’économie. De Boeck, p. 680.
[9] Autissier, D., Bensebaa, F., Boudier, F. 2007. L’atlas du management : Les meilleures pratiques et tendances pour actualiser vos compétences. Eyrolles, pp. 156 – 158.
[10] Principes des fonds d’investissement islamiques dirigés par la Chari’a, http://www.aslim-taslam.net/article.php3?id_article=728
[11] Védie, H. 2010. « Le religieux et la finance », in : Machelon, J. et Saint-Prot, C. (Eds.) L’enjeu du dialogue des civilisations, Actes du forum franco-saoudien pour le dialogue des civilisations, Riyad, du 6 au 10 mars 2009. pp. 125 – 132.
[12] Brack, E. 2012. Systèmes bancaires et financiers des pays arabes : Vers un modèle commun ? L’Harmattan, p.79.
[13] La finance islamique : vous avez dit investissement halal ? http://www.ecosocdoc.be/static/module/bibliographyDocument/document/003/2208.pdf
[14] Naït –Daoud, A. 2008. Finance islamique et fonds « sharia compliant ». Master 2 Gestion des risques et des actifs. Université d’Evry, Val d’Esconne, 121p.
[15] La finance islamique : vous avez dit investissement halal ? http://www.ecosocdoc.be/static/module/bibliographyDocument/document/003/2208.pdf
[16] Védie, H. 2010. « Le religieux et la finance », in : Machelon, J. et Saint-Prot, C. (Eds.) L’enjeu du dialogue des civilisations, Actes du forum franco-saoudien pour le dialogue des civilisations, Riyad, du 6 au 10 mars 2009. pp. 125 – 132.
[17] De Courcelles, D. 2008. Globale diversité : Pour une approche multiculturelle du management. Ecole Polytechnique, p. 91.
[18] Gecheva, K. et Pastré, O. 2008. « La finance islamique à la croisée des chemins », Revue d’économie financière, 92 (92) : 197 – 213.
[19] La finance islamique : vous avez dit investissement halal ? http://www.ecosocdoc.be/static/module/bibliographyDocument/document/003/2208.pdf
[20] Védie, H. 2010. « Le religieux et la finance », in : Machelon, J. et Saint-Prot, C. (Eds.) L’enjeu du dialogue des civilisations, Actes du forum franco-saoudien pour le dialogue des civilisations, Riyad, du 6 au 10 mars 2009. pp. 125 – 132.
[21] De Courcelles, D. 2008. Globale diversité : Pour une approche multiculturelle du management. Ecole Polytechnique, p. 92.
[22] Capelle – Blancard, G. Le système bancaire et financier. Conférences au Collège de Bruges, http://ces.univ-paris1.fr/membre/capelle/Cours/Ecofi/S3_fichiers/Le%20systeme%20bancaire%20et%20financier.pdf
[23] Screening – Importation et exportation de listes d’entreprises, http://fr.credit-consult.be/produits/screening-importation-et-exportation-de-listes-d-entreprises
[24] L’investissement socialement responsable –document de base, http://www.financite.be/s-informer/bibliotheque/l-investissement-socialement-responsable-document-de-base,fr,11,3,2,1,515.html
[25] Naït –Daoud, A. 2008. Finance islamique et fonds « sharia compliant ». Master 2 Gestion des risques et des actifs. Université d’Evry, Val d’Esconne, 121p.
[26] Souleymani, R. 2010. La finance islamique : évolution et perspectives. Licence fondamentale en Science Economique et Gestion, université Hassan II, Casablanca, Maroc, http://www.memoireonline.com/11/12/6460/La-finance-islamique-evolution-et-perspectives.html
[27] La finance islamique : vous avez dit investissement halal ? http://www.ecosocdoc.be/static/module/bibliographyDocument/document/003/2208.pdf
[28] Kastfelt, N. 2003. Scriptural politics : The bible and the Koran as political models in the Middle East and Africa. C. Hurst &Co. Publishers, p. 92.
[29] Souleymani, R. 2010. La finance islamique : évolution et perspectives. Licence fondamentale en Science Economique et Gestion, université Hassan II, Casablanca, Maroc, http://www.memoireonline.com/11/12/6460/La-finance-islamique-evolution-et-perspectives.html
[30] La finance islamique : vous avez dit investissement halal ? http://www.ecosocdoc.be/static/module/bibliographyDocument/document/003/2208.pdf
[31] Ould-Bah, M. 2011. Les systèmes financiers islamiques : Approche anthropologique et historique. Karthala, pp. 121 – 124.
[32] Toussi, A. 2010. La banque dans un système financier islamique. L’Harmattan, pp. 86 – 87.
[33] Delacour, C. 2009. Les fonds souverains : Ces nouveaux acteurs de l’économie mondiale. Eyrolles, p. 68.
[34] Cherif, K. 2008. La finance islamique : Analyse des produits financiers islamiques. Bachelor HES, http://ribh.files.wordpress.com/2007/08/analyse-des-produits-financiers-islamiques-cherif-karim.pdf
[35] Théoret, R. 1999. Traité de gestion bancaire. Presses Universitaires de Québec, p. 3.
[36] La rentabilité des banques, http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/la-rentabilite-des-banques-114132
[37] Kadandji, A. 2008. Diversification du portefeuille de crédits et rentabilité bancaire. DEA, Université Douala, http://www.memoireonline.com/01/12/5071/m_Diversification-du-portefeuille-de-credits-et-rentabilite-bancaire6.html
[38] Rentabilité et risques bancaires, http://librairie.immateriel.fr/fr/read_book/9782912647849/e9782912647849_c06
[39] Bi Tra, D. 2011. Banque, finance et bourse. Lexique des termes usuels. L’harmattan, p. 363, col1.
[40] Volatilité, http://www.banque-info.com/lexique-bancaire/v/volatilite
[41] Volatilité, https://www.credit-cooperatif.coop/particuliers/lexique-de-l-inventaire-bancaire/volatilite
[42] Première séquence : Panorama des risques du monde financier, http://www.cairn.info/l-univers-des-risques-en-finance–9782724610222-p-75.htm
[43] Rendement de l’investissement risk & return – décider quelles sont les meilleurs investissements, http://www.dormirenfrance.fr/investissement-investissements-s202535.htm
[44] Le risque, http://www.bnains.org/risque/risque.htm
[45] Grouard, M, Lévy S, Lubochinsky C. La volatilité boursière: des constats empiriques aux difficultés d’interprétation, http://www.banque-france.fr/fileadmin/user_upload/banque_de_france/archipel/publications/bdf_rsf/etudes_bdf_rsf/bdf_rsf_02_etu_1.pdf
[46] HL Spread : Mesurer la volatilité autrement, http://traders-solutions.com/v2/index.php/chroniques/15-trading-strategie/5-hl-spread-mesurer-la-volatilite-autrement
[47] Risques d’investissement, http://www.centre-francais-fondations.org/ressources-pratiques/gerer-ou-faire-vivre-un-fonds-ou-une-fondation/gestion-patrimoniale/gestion-des-risques/risques-dinvestissement
[48] Longin, F. 2012. Gestion de patrimoine : clés et outils. ESSEC Publishing, 474p.
[49] Swensen, D. 2009. Gestion de portefeuilles institutionnels. Maxima, p. 404.
[50] Lebrun, M. 2012. Comment le ratio Sharpe peut améliorer votre trading, http://la-chronique-agora.com/comment-ratio-de-Sharpe-peut-ameliorer-votre-trading/
[51] Mortel N. 2013. Une approche sans modèle : les avantages et les limites du ratio Sharpe, http://www.news-banques.com/artdossiers/une-approche-sans-modele-les-avantages-et-les-limites-du-ratio-de-Sharpe/
[52] Longin, F. 2012. Gestion de patrimoine : clés et outils. ESSEC Publishing, 474p.
[53] Kharoubi –Rakotomalala, C. 2008. Les fonctions copules en finance. Publications de la Sorbonne, p. 94.
[54] Anson, M., Chambers, D., Black, K. et Kazemi, H. 2012. CAIA Level I: An introduction to core topics in alternative investments. John Wiley & Sons, p. 142.
[55] Ratio de Treynor, http://www.edubourse.com/lexique/ratio-de-treynor.php
[56] Performance : le ratio de Treynor, http://www.gespriv.com/le-ratio-de-treynor.html
[57] Gestion de portefeuille et mesure de performance, http://www.lesechos.fr/formations/finance/articles/article_7_3.htm
[58] L’alpha de Jensen, http://www.abcbourse.com/apprendre/19_alpha_de_jensen.html
[59] Jensen’s alpha calculator in Excel, http://financetrain.com/jensens-alpha-calculator-in-excel/
[60] CFA Institute. 2011. Measures of risk-adjusted return : Let’s not forget Treynor and Jensen, n°1, http://www.cfainstitute.org/learning/products/publications/ipmn/Pages/ipmn.v2011.n1.12.aspx
[61] Longin, F. 2012. Gestion de patrimoine : clés et outils. ESSEC Publishing, 474p.
[62] Khamlichi, A. 2012. Ethique et performance, le cas des indices boursiers et des fonds d’investissement en finance islamique. Thèse Doctorat en Sciences de Gestion, université d’Auvergne, 342p., http://tel.archives-ouvertes.fr/docs/00/77/31/71/PDF/These_A.Elkhamlichi_VF.pdf
[63] Naït –Daoud, A. 2008. Finance islamique et fonds « sharia compliant ». Master 2 Gestion des risques et des actifs. Université d’Evry, Val d’Esconne, 121p.
[64] La rentabilité du capital accumulé aux USA et la crise, 2012, http://criseusa.blog.lemonde.fr/2012/03/11/la-rentabilite-du-capital-accumule-aux-usa-et-la-crise/
[65] Tudor,C. 2012. Gestion de portefeuille et modélisation des séries temporelles. Publibook, pp.104 – 105.
[66] Les ratios de performances comme outil de sélection d’actions dans un modèle rotatif, http://www.myeasytrading.com/2012/05/les-ratios-de-performances-comme-outil-de-selection-dactions-dans-un-modele-rotatif/
[67] Ratio de Treynor, http://www.test-achats.be/invest/ratio-de-treynor-s291160.htm
[68] Laaradh, K. 2005. Performance des investisseurs institutionnels britanniques : fonds de pension vs Unit trusts. Document de recherche n°28, Laboratoire d’Economie d’Orléans, http://www.univ-orleans.fr/leo/liensdr/dr200528.pdf
[69] L’alpha de Jensen, http://www.abcbourse.com/apprendre/19_alpha_de_jensen.html
[70] Les ratios, http://engine.wikidot.com/ratios
[71] Evolution du secteur bancaire après la crise, http://www.bis.org/publ/arpdf/ar2012_6_fr.pdf
[72] Le secteur financier fragilisé revoir ses modèles économiques, http://www.banque-france.fr/fileadmin/user_upload/banque_de_france/publications/Documents_Economiques/documents-et-debats-numero-3-chapitre-6.pdf
[73] La finance islamique : fondements, principes et limites, http://scpo-actufi.blogspot.com/2007/03/la-finance-islamique-fondements.html
[74] Ahmed, A. La finance islamique : un secteur appelé à évoluer, http://www.armee.mr/fr/index.php/component/content/article/16-2012-06-06-23-34-59/765-la-finance-islamique-un-secteur-appele-a-evoluer
[75] Boulabas, I. 2012. La finance islamique est-elle une solution face à la crise ? Master 2 Banque et Assurance, INSEEC, http://www.memoireonline.com/01/13/6715/m_La-finance-islamique-est-elle-une-solution-face–la-crise31.html
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