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Exemple d’ébauche de la partie théorique d’un mémoire de DSCG

Selon PwC, l’intelligence artificielle génèrera, dans moins de dix ans, dans le milieu mondial des affaires, près de 15,7 billions de dollars. Cet élan économique sera notamment le résultat d’une révolution technologique qui s’opère depuis plusieurs décennies et qui touche actuellement presque tous les secteurs d’activités, et particulièrement les entreprises et organisations, dans lesquelles les activités dépendent de la vitesse de la circulation des données et la production peut être décuplée par l’amplification des capacités humaines grâce à des machines.

En 2022, l’indice mondial d’adoption de l’IA d’IBM a affiché un taux d’adoption des technologies issues de l’IA et de la robotique de 35%, soit une croissance de 4% par rapport à l’année précédente. Au niveau des entreprises, une étude de New Vantage a révélé qu’en 2023, presque 90% des entreprises investissent continuellement dans les IA pour améliorer leurs prestations et sécuriser leurs prises de décision à travers la gestion et l’analyse des données. Par ailleurs, ses statistiques sont confirmées par une étude de McKinsey selon laquelle le nombre moyen de solutions issues de l’IA utilisées par les entreprises a doublé depuis 2018.

Depuis plus de trente ans, l’IA et le Machine Learning sont également au service des métiers de la finance. Avec l’automatisation du traitement des factures, d’un côté, les entreprises ont pu bénéficier d’avantages comptables considérables tels que la réduction de coûts, et la fluidification et la sécurisation des processus de gestion et de comptabilité. D’un autre côté, la robotisation et l’IA ont simplifié le travail des comptables tout en lui octroyant plus de fiabilité. En effet, selon un rapport de PwC, l’IA peut contribuer à une amélioration de la productivité des employés de plus de 40% sur le lieu de travail. De plus, selon PwC, presque 89% des dirigeants d’entreprises considère l’IA comme une technologie courante au sein de leur organisation.

Cependant, les technologies intelligentes, bien que perçues comme des solutions innovantes et efficaces dans divers domaines, détiennent quelques réserves quant à leur adoption effective au niveau des organisations de travail. A cet effet, plus de 7% des entreprises hésitent à recourir aux solutions robotiques et issues de l’IA, tout en s’intéressant tout de même aux avantages potentiels de ces technologies pour leurs offres de service et leur croissance, selon PwC.

Confrontés à l’évolution technologique au niveau des entreprises, les acteurs du secteur de la finance se retrouvent mitigés entre la crainte liée à la sécurité de l’emploi face aux solutions apportées par l’intelligence artificielle, et la nécessité de s’y adapter pour satisfaire les besoins de la clientèle. En effet, l’intelligence artificielle et la robotisation, selon leur usage, peuvent être perçus soit comme un remplacement, soit comme un soutien aux salariés. De fait, selon une étude de Forrester, d’ici 2025, presque 7% des emplois pourraient être remplacés par l’IA.

Ainsi, les préoccupations actuelles face à la propagation de l’IA et ses dérivés au niveau des divers secteurs d’activité et professions conduit au traitement de la problématique suivante : comment l’intelligence artificielle et la robotisation peuvent-elles révolutionner les cabinets comptables, en abordant les défis et en optimisant les bénéfices pour ses parties prenantes ? Une problématique qui amène à la présentation du thème faisant l’objet de ce mémoire : « Modernisation des cabinets comptables grâce à la robotisation et à l’intelligence artificielle ».

Le but de cette étude est d’évaluer l’intégration de la robotisation et de l’intelligence artificielle dans les cabinets comptables et d’examiner les avantages et les défis associés à cette innovation. L’objectif de recherches est de fournir des recommandations pour une transition réussie vers un cabinet comptable modernisé et d’analyser les perspectives d’évolution de la profession, à travers des investigations qualitatives et quantitatives ainsi que des observations participantes sur des cas concrets de cabinets comptables ayant intégré ces technologies.

Afin de structurer convenablement ce travail, le plan de ce mémoire se divise en trois grandes parties : dans un premier temps, une revue de la littérature qui présentera le contexte et les fondamentaux des métiers de la comptabilité et de l’intelligence artificielle ainsi que les impacts possibles de leur association. Ensuite, dans un second temps, les hypothèses de recherches ainsi que la méthodologie adoptée seront développées. Enfin, en troisième temps, les résultats de recherches seront présentés afin de procéder à une discussion sur le décalage entre les théories mobilisées et la réalité pour pouvoir proposer des recommandations sur l’adoption de l’intelligence artificielle et de la robotisation au niveau des métiers des professionnels du chiffre.

 

PARTIE 1 : REVUE DE LA LITTERATURE

Le milieu comptable, intimement lié au monde des affaires et des entreprises, ne peut rester immuable face aux nouvelles technologies qui gagnent progressivement presque tous les secteurs d’activités. En effet, la digitalisation s’est également déployées au niveau des métiers du chiffre, si bien que les opérations comptables sont passées du papier et des grands livres aux formats numériques avec l’usage des ordinateurs et des logiciels et outils numériques plus performants. De nombreuses tâches autrefois confiées à des professionnels, telles que les enregistrements comptables, les inventaires ou les audits sont désormais effectuées par des robots intelligents, et les études estiment que près de 40% du travail considéré comme courant et répétitif des comptables ont été éliminés par l’IA. Ainsi, au niveau des cabinets comptables, des changements doivent être opérées pour permettre une implémentation efficace de l’IA dans l’organisation afin d’offrir une valeur ajoutée aux prestations de services proposées aux parties prenantes.

Cette première partie, dédiée à la revue de la littérature, sera divisées en trois chapitres : dans le premier, le contexte et les fondements de l’étude seront mis en exergue. Puis, l’application et l’impact de l’IA sur les cabinets comptables seront expliqués dans le second chapitre. Et enfin, dans le troisième chapitre, la gestion du changement ainsi que les perspectives d’avenir seront exposées en détail.

 

  1. Contexte et fondements

Depuis plusieurs années, des études ont révélé que les comptables avaient tendance à développer un profil professionnel mixte face à l’interaction des aptitudes et compétences financières, technologiques et informationnelles1. En effet, la propagation des outils et solutions professionnels issus de l’IA ont peu à peu modifier les compétences et savoir-faire clés pour la profession comptable, faisant ainsi évoluer leur rôle au sein des organisations. Afin de comprendre ce contexte particulier et les fondements des changements dans ce milieu, ce premier chapitre mettra en lumière le contexte et les fondements de la modernisation des cabinets comptables, en présentant l’évolution de la comptabilité et l’impact des technologies numériques ainsi que les principes de l’IA et de la robotisation.

  1. Évolution de la comptabilité et impact des technologies numériques

Cette première section sera divisée en deux parties : la première relatera l’historique de la comptabilité et ses principales évolutions, tandis que la deuxième présentera la transformation numérique et son impact sur la profession comptable.

  1. Historique de la comptabilité et principales évolutions

La comptabilité fait partie des plus vieux métiers du monde. En effet, quatre millénaire avant notre ère, les prémisses de la comptabilité avaient déjà existé dans l’ancienne Egypte, sous forme de suivi des entrées et des sorties par des scribes, sur de vieux papyrus2, et bien avant l’invention des nombres et de l’écriture3. Ensuite, un peu partout dans le monde, des pratiques rudimentaires similaires ont été observées au niveau de diverses civilisations : en Mésopotamie, des enregistrements comptables sous formes de boules d’argile creuses ; à Babylone, des stèles comportant des colonnes et des lignes d’enregistrement ; dans les anciennes Turquie et Syrie, des tablettes d’argile renfermant les comptes des différentes transactions commerciales et bancaires4 ; durant l’empire romain, des enregistrements de compte sur des tablettes de cire auraient été, selon certains archéologues, à l’origine de la comptabilité à parties doubles et du principe comptable fondamental de la continuité de méthode5.

C’est ensuite à la fin du Moyen-Age, au XVème siècle, que la comptabilité se généralise, avec l’invention de l’imprimerie et l’utilisation du papier. En effet, en 1494, un moine italien franciscain, Luca Pacioli, publie le premier manuel comptable, en y expliquant les méthodes comptables pratiquées par les marchands vénitiens, qui s’articulent autour de trois livres de comptes :

  • Le Journal, pour les enregistrements chronologiques ;

  • Le Grand Livre, pour les enregistrements analytiques :

  • Et la Balance, qui sert de vérification.

A partir de cette époque, Luca Pacioli est considéré comme le fondateur de la comptabilité, et popularise le principe de la partie double, selon laquelle une écriture comptable doit se voir dans 2 comptes comptables, l’un au crédit et l’autre au débit. Par la suite, les autres documents comptables tels que le Compte de résultats, ainsi que les autres principes comptables apparaîtront progressivement jusqu’à ce que des normes soient établies.

A partir du XIXème siècle, la comptabilité connaît une nouvelle évolution suite à la création des sociétés par action. En 1867, il est permis en France de fonder des sociétés anonymes qui séparent l’entreprise de leur gérant. Afin de protéger les actionnaires, employés et créanciers, de nouvelles branches de la comptabilité sont apparues : le contrôle de gestion et la comptabilité analytique.

Compte tenu du Plan Comptable Général de 1982 introduisant la notion de prédiction des évènements, les entreprises ont commencé à vouloir anticiper les évolutions éventuelles de leur marché afin de pouvoir préparer une stratégie d’adaptation, et maîtriser leur performance. Le contrôle de gestion a donc été mis en place dans le but de mesurer en temps réel la performance de l’entreprise pour s’assurer de l’utilisation optimale de ses ressources et de protéger ainsi les parties prenantes contre un éventuel risque de déclin de l’activité en identifiant les axes d’amélioration.

La comptabilité analytique, quant à elle, prend de l’ampleur en France, suite à la crise de 1929 survenue aux Etats-Unis. En effet, suite à cette Grande Dépression, les industries capitalistes devaient trouver le moyen de maintenir leur bénéfice, soit en augmentant leur prix de vente, soit en réduisant leurs coûts. C’est alors que les comptables mettent en place une branche particulière de la comptabilité, chargée de calculer les coûts de revient, les éléments de charges, ainsi que la valeur ponctuelle ou périodique des stocks de l’entreprise afin de pouvoir planifier correctement la production, et ainsi optimiser les ressources.

Actuellement, la comptabilité s’adapte progressivement aux nouvelles technologies de l’information et de la communication en commençant à se digitaliser à travers l’automatisation des écritures, la centralisation de la comptabilité au sein des holdings, ainsi que l’externalisation ou la délocalisation du traitement des factures. Les principaux objectifs de ces réformes faisant appel à l’IA sont principalement, dans une optique de sécurisation de la comptabilité en effectuant moins d’opérations pour pouvoir s’orienter davantage vers le conseil et l’assistance du client.

  1. Transformation numérique et son impact sur la profession comptable

La révolution numérique peut se définir, de manière générale, comme la mutation de la société actuelle sous l’effet des innovations technologiques relatives au digital et au numérique. Dans le cas précis d’un cabinet comptable, la révolution numérique se fait par une transition numérique ou digitale, induisant une réorganisation du métier en lui-même et de la structure de l’entreprise, afin de mieux faire face aux enjeux du numérique et des changements qu’il apporte au niveau des besoins et attentes des clients.

La transformation numérique a bouleversé le monde des individus et des entreprises. En effet, les habitudes de consommation des nouveaux clients de plus en plus exigeants et hyper-connectés ont profondément impacté les modèles économiques des entreprises traditionnelles, obligeant ces dernières à repenser entièrement leur stratégie, leur positionnement, leur offre, leur communication ainsi que la gestion de leurs ressources humaines. La profession comptable a également été impactée par cette nouvelle ère et doit impérativement s’adapter à cette nouvelle catégorie de clientèle dont les activités tournent autour du numérique.

L’un des principaux impacts de la révolution numérique sur la profession comptable est la disparition d’une grande partie des tâches traditionnellement confiée aux professionnels du chiffre, qui seront désormais traitées de manière automatique. Pour les cabinets comptables, cette automatisation entraîne des conséquences considérables notamment par rapport au chiffre d’affaires par client qui va de moins en moins solliciter leurs prestations, et à la baisse significative du niveau d’activité des collaborateurs, qui est estimée à 25 à 40% selon PwC. De plus, selon une étude sur les perspectives de l’emploi menée par l’OCDE en 2019, 14% des emplois risquent d’être automatisés et 32% d’être radicalement transformés par la technologie, et parmi les cinq métiers les plus concernés par ces probabilités figurent la profession comptable.

1 Stancheva-Todorova (2018)

2 Henri-Charles Loffet (1997)

3 D.Schmandt-Besserat (1977), An archaic recording system and the origin of writing in syro-mesopotamian studies, Vol.1 n°2, p.1-32

4 Ilknur Seyhoglu (2008), A review of the units of measurements and their usage in the Hittite textes, laws and records, 12e World Congress of accounting historians – Congress processidings Vol.1 p.83

5 G. Minaud (2005), Essai d’histoire économique sur la pensée comptable commerciale et privée dans le monde antique, Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes, , 384 p.

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