« LE CROWDFUNDING : UNE NOUVELLE ALTERNATIVE FINANCIERE. »
« LE CROWDFUNDING : UNE NOUVELLE ALTERNATIVE FINANCIERE. »
SOMMAIRE
2.1 Les systèmes de financement. 3
2.1.1 Les sources de financement. 3
2.1.1.1 Définitions des différents concepts. 6
2.1.1.2 Les sources de financement dites conventionnelles. 8
2.1.1.3 Le crowdfunding comme source alternative de financement. 14
2.1.2 Les conditions d’octroi d’emprunt bancaire. 15
2.2 Le crowdfunding comme système de financement. 16
2.2.1 Typologie du financement participatif. 18
2.2.2 Evolution du crowdfunding en chiffres. 19
2.2.3 Les perspectives d’évolution du crowdfunding. 20
3.1 Cadrage méthodologique. 22
3.1.1.1 Présentation de la problématique. 22
3.1.1.2 Présentation des hypothèses. 23
3.2 Présentation de la méthodologie adoptée. 24
3.2.1.1 Choix de l’échantillon. 24
3.2.1.2 Choix de la méthode de collecte. 25
3.3 Phase de collecte des données. 26
3.4 Phase de traitement des données. 27
3.4.1 Compilation des données. 27
3.4.2 Traitements des données. 27
3.5 Phase d’analyse des données. 45
3.5.1 Catégorie 1 : les entrepreneurs ayant notamment eu recours au crowdfunding. 45
3.6 Synthèse de l’approche méthodologique. 50
4 Interprétation des résultats. 52
4.1 Les résultats issus du point de vue des donateurs. 52
4.2 Les résultats issus du point de vue des bénéficiaires. 52
5 Discussions et recommandations. 54
5.1 Discussions sur la méthodologie. 54
5.2 Discussions sur les hypothèses. 55
5.3 Discussions sur les résultats. 56
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Présentation des entreprises de la première catégorie. 27
Tableau 2 : Présentation des interviewés de la première catégorie. 28
Tableau 3 : Le concept de « crowdfunding » pour les interviewés. 29
Tableau 4 : Le crowdfunding dans le financement de l’entreprise. 30
Tableau 5 : synthèse des retours d’expérience des entrepreneurs interviewés. 32
Tableau 6 : Les perspectives du crowdfunding pour notre population de la première catégorie. 36
Tableau 7 : Présentation des entreprises de la deuxième catégorie. 38
Tableau 8 : Présentation des interviewés dans la deuxième catégorie. 38
Tableau 10 : Présentation de l’entreprise de la troisième catégorie. 41
Tableau 11 : Le concept de crowdfunding pour nos répondants de la troisième catégorie. 42
LISTE DES FIGURES
Figure 1 : Défaillances d’entreprises durant la période 1990-2016 (Source : INSEE, 2016). 9
1 Introduction
L’avènement d’internet a suscité beaucoup de changements dans la relation qu’ont entre eux les divers acteurs économiques.
En effet, avec l’évolution des technologies de l’information et de la communication (TIC), de plus en plus performantes et innovantes, de nouvelles modes de consommation, de nouveaux segments économiques se mettent en place petit à petit, et gagnent du terrain sur le paysage économique. Le web constitue un environnement propice à l’éclosion de moyens et de facteurs nouveaux dans le paysage entrepreneurial.
De plus, l’essor du concept de partage et de mise en commun des informations, des ressources, des capacités, et des facteurs de production, à travers les réseaux sociaux, les plateformes de co-working, sont autant d’exemple sur les mutations qui sont en train de s’effectuer dans le mode de vie actuel.
Dans un contexte de crises bancaires à répétition, et sur un fond de récession économique, la situation du financement d’entreprises est un champ d’implication qui suscite beaucoup de méfiance de la part des investisseurs (banques, fonds privés, business angels, etc.).
Pourtant, les aspirations entrepreneuriales de tout un chacun veulent atteindre l’objectif tant attendu de la réussite, tant à l’aboutissement du projet en lui-même qu’à la contribution à l’environnement économique et la satisfaction personnelle. La question de la recherche d’un moyen de financement pour subvenir aux besoins de la mise en œuvre effective du projet se pose alors.
Depuis une décennie, l’apparition du crowdfunding comme alternative financière dans la levée des fonds nécessaires à la conduite d’un projet jouit d’un accroissement qualifié de formidable. En effet, suite au recul des modes de financement classiques, notamment ceux bancaires, les porteurs de projets entrepreneuriaux doivent chercher d’autres sources de financement afin de concrétiser leurs projet et ainsi fonder leur entreprise.
Nous nous sommes alors posé la problématique suivante pour apporter une contribution à l’étude de ce phénomène assez récent, mais qui a déjà une part prépondérante dans le monde du financement des entreprises : Quels sont les avantages du crowdfunding comme source de financement alternatif pour les nouvelles entreprises ?
Afin de répondre à cette question, un plan global en 3 étapes a été adopté.
En premier lieu, une partie traitant de l’état des connaissances sur le sujet va être abordée. Cette première partie se déclinera en trois points essentiels, à savoir : une revue du contexte économique actuel pour jeter les fondements et le contexte qui prévaut au niveau de la situation économique mondiale ; la sous-partie suivante traitera des systèmes de financement qui entrent en jeu dans le domaine de la création d’entreprise pour avoir un aperçu des mécanismes qui donnent naissance et régissent le financement des projets entrepreneuriaux ; une troisième sous–partie va traiter d’un état des lieux concernant le crowdfunding comme source de financement.
En second lieu, une partie concernant l’étude empirique sera abordée. Cette partie concernera le cadrage méthodologique de la phase d’immersion terrain, en vue d’apporter les points de vue des acteurs sur la problématique de l’étude précédemment définie. S’ensuivront la description des phases de collecte, de traitement, puis d’analyse des données obtenues sur le terrain.
En troisième lieu, une partie consacrée à l’interprétation des résultats obtenus fera état des comparaisons qui peuvent s’effectuer entre les résultats obtenus sur le terrain, et l’état des connaissances actuelles sur le sujet.
Avant de conclure sur les points saillants et les idées essentielles découlant du travail de recherche effectué, une partie concernant les discussions et recommandations inhérentes à la mise en œuvre de la recherche sera traitée.
2 Revue de la littérature
2.1 Les systèmes de financement
2.1.1 Les sources de financement
Le financement des entreprises, notamment pour les PME et les micro-entreprises peut s’effectuer suivant deux grands axes : le financement par capitaux propres et le financement externe (Riga, 2014).
Dans le cas du financement par capitaux propres, l’entreprise puise l’argent du financement dans ses propres bénéfices, issues des réserves et fruits d’un fonds de roulement positif. Ces fonds propres serviront à financer la croissance de l’entreprise, en plus de ses activités courantes. Il apparaît donc que c’est le type de financement qui serait le plus avantageux afin que l’entreprise puisse garder son indépendance financière vis-à-vis de ses investisseurs.
Quand les limites du financement par capitaux propres sont atteintes, les PME, afin de soutenir leur croissance, font appel à un second type de financement : le financement externe. C’est le type de financement qui est utilisé par les PME en phase de forte croissance, mais également par les start-up (Harvie et al., 2013 in Riga, 2014).
Pour le financement externe, il existe plusieurs sources qui sont accessibles aux PME et aux start-up. Pour les PME ayant leur siège dans l’Union Européenne, voici l’importance de chacune des sources de financement externe[1] :
- Financement bancaire : 73%
- Financement à travers des sociétés de leasing et de location (24%)
- Institutions publiques de soutien à l’investissement (11%)
- Investisseurs privés (business angels) (7%)
- Sociétés de financement privées (non bancaires) (4%)
- Sociétés de capital-risque (2%)
Ainsi, on voit bien le rôle essentiel que joue le financement bancaire dans le cadre du financement externe des entreprises. En effet, les banques commerciales sont indispensables aux entreprises afin d’assurer leur croissance et leur développement.
Cependant, depuis le contexte des dernières crises financières, l’accès à ce type de financement externe au niveau des entreprises a été singulièrement conditionné au niveau des établissements bancaires. Les arguments des banques pour refuser un crédit bancaire sont multiples.
Les raisons les plus souvent citées sont[2]:
- En premier lieu, une complication et une limitation des conditions d’octroi de crédit au niveau des établissements bancaires à la suite des différents accords dits de Bâle.
- En second lieu, les entreprises ressentent de plus en plus de difficultés à trouver des apports de fonds propres, ce qui rend difficile leur possibilité à se voir accorder des financements au niveau des établissements bancaires.
- En troisième lieu, la capacité des PME (Petites et Moyennes Entreprises ainsi que celle des micro-entreprises à rembourser leurs dettes et à respecter leurs échéances est plus précaire au vu de la situation financière du crédit qui leur sont accordé pour leur développement économique, ce qui constitue un cycle dans la vie économique de ces entités.
- Enfin, une manque de sûreté.
Afin de développer la situation contraignante des conditions d’octroi de crédit au niveau des établissements bancaires, il faut comprendre la mise en place des accords de Bâle, dont l’instauration s’est échelonnée dans le temps.
- Accord de Bâle I
L’accord de Bâle I a été ratifié en 1988 durant la première réunion, qui s’est tenu à Bâle, des gouverneurs des Banques Centrales des principaux pays de l’OCDE.
L’objectif était alors de s’accorder sur la mise en place d’un niveau minimum de fonds propres pour les établissements bancaires par rapport aux encours de crédits accordés. Cette initiative s’est conclue par l’apparition du ratio de Cooke[3]. Ce ratio exprimait que le rapport entre les fonds propres et la totalité des crédits accordés ne pouvait pas être inférieur à 8%.
- Accord de Bâle II
Quatorze ans après, en 2004, les Accords de Bâle II ont été adoptées, avec un objectif, remplacer les normes mises en place durant les accords de Bâle I, en adjoignant la création d’un ratio de risque de crédit comme nouvelle variable dans l’équation, appelé ratio de McDonough[4].
C’est à cette époque qu’on a commencé à intégrer le principe de la notation, mieux connu sous la désignation anglaise « rating » ou « scoring ». « Une notation est une évaluation de la solvabilité d’un créancier spécifique, c’est-à-dire, de la probabilité de voir l’emprunteur rembourser le crédit contracté ». (Commission Européenne 2007, in Riga, 2014).
Le principal impact découlant des accords de Bâle II était la mise en place par les banques de l’attribution d’une certaine notation aux demandeurs de crédit, principalement les entreprises. De plus, l’instauration de la notation a également entraîné une certaine différenciation entre les conditions d’octroi offertes par les banques aux entreprises. Tout dépend des critères de sélection utilisés par les banques (Khajakian, 2012 in Riga, 2014).
Dans une règle générale, les PME présentent plus de danger que les grandes entreprises au niveau de leur financement, car elles sont plus dépendantes des conjonctures économiques et présentent un taux de survie inférieur à celui de leurs congénères. Un risque additionnel se traduisant par un rating moins favorable et des modalités d’octroi de crédits plus sévères.
- La réforme de Bâle III
Suite à la crise économique et financière de 2008-2009, le 16 décembre 2010, la réforme de Bâle III a été publiée. Cet accord n’est pas encore mis en œuvre, mais contient des propositions ayant pour but de renforcer le système financier en mettant en place de nouvelles modalités de régulations bancaires. L’accord se base sur principe selon lequel la sévérité de la crise est en grande partie une conséquence de la croissance excessive des bilans et hors bilans bancaires par rapport aux fonds propres. C’est ainsi que les accords de Bâle, bien qu’ils soient nécessaires suite aux abus qu’il y a eu avant la crise financière, vont jouer en défaveur des PME et plus encore des micro-entreprises.
Ainsi, selon Laveren et Lernoux, en 2012 : « Le resserrement des conditions d’accès au crédit est de nature à entraver le développement des entreprises à moyen et long terme, au détriment du développement de l’économie ». Cette situation est essentiellement vérifiée dans le cas des micro entreprises qui sont fortement dépendantes du crédit bancaire dans leur financement. Ainsi, les banques devraient prendre cela en considération et mettre en place des initiatives pour la promotion de l’octroi de crédit aux micro-entreprises, avec éventuellement le soutien des pouvoirs publics.
2.1.1.1 Définitions des différents concepts
Banque :
Cette entité peut être définie comme un établissement de crédit pouvant effectuer toutes opérations de banque : recevoir des dépôts, accorder des crédits à tout type de clientèle et pour toute durée, mettre en place et gérer des moyens de paiement[5].
Les banques peuvent ainsi être soit des sociétés anonymes ou SA avec une ouverture du capital à tous types d’investisseur, soit des banques mutualistes et coopératives dans lesquels les sociétaires ont la à la fois la qualité de clients et de détenteurs de parts de capital dans l’entreprise.
Les banques peuvent d’autre part réaliser des opérations dites « connexes à leur activité » comme la souscription, l’achat, la gestion, la garde et la vente de valeurs mobilières et de produits financiers, les opérations de change, les opérations sur or, métaux précieux et pièces, le placement, des prestation de conseil et d’assistance en matière de gestion de patrimoine, les services de paiement, l’émission et la gestion de monnaie électronique… selon les agréments dont elles disposent dans le cadre de leurs activités de commerce et de service.
Banque de financement, d’investissement et de marché :
Ce type d’établissement bancaire est un établissement de crédit qui accompagne la clientèle des grandes entreprises, institutionnels et états dans leurs opérations financières souvent complexes en France et à l’international[6].
Ce type d’entreprise offre notamment les services suivantes : investissement, gestion d’actifs au niveau mondial, une gamme étendue de services de marché, comprenant des activités de change, et de services d’ingénierie financière.
Crédit :
C’est une opération qui consiste pour un établissement de crédit à mettre des fonds à la disposition d’un de ses clients tel le crédit par décaissement ou, à s’engager à payer en cas de défaillance de celui-ci dans le cas du crédit par signature[7].
Etablissement de crédit :
C’est une personne morale qui effectue à titre de profession habituelle des opérations de banque (au sens de l’article L. 311-1 du Code Monétaire et Financier) ; ces établissements peuvent effectuer certaines opérations connexes à leur activité (au sens de l’article L. 311-2 du Code Monétaire et Financier). Il peut exister différentes formes pour les établissements de Crédit : banque, banque mutualiste ou coopérative, caisse de crédit municipal ou établissement de crédit spécialisé[8].
Entreprise :
On peut la définir comme étant une unité économique qui produit des biens et des services en vue de les vendre afin de couvrir ses charges et de dégager éventuellement un profit[9].
Crowdfunding :
Plusieurs définitions du crowdfunding peuvent être données. La suivante sera retenue pour cette étude : le crowdfunding est un mode de financement qui consiste « à mobiliser un nombre important de particuliers investissant de petites sommes d’argent, pour financer différents types de projets»[10].
Le crowdfunding rejoint ordinairement le concept plus global de « crowdsourcing » dans lequel consiste à solliciter le grand public en vue de générer des idées et trouver de nouvelles solutions de façon à « développer des activités corporate ».
L’objectif du crowdfunding est de réunir des fonds dans une perspective de création de valeur ». Ce type de financement recouvre plusieurs champs dont la donation pure, la participation en contrepartie d’un cadeau, la participation en contrepartie d’une somme d’argent à titre d’investissement.
2.1.1.2 Les sources de financement dites conventionnelles
La banque n’a pas le monopole du financement au niveau des entreprises[11]. En effet, avec les conjonctures économiques défavorables, la pression fiscale et la concurrence internationale, les entrepreneurs français traversent des périodes difficiles et la défaillance d’entreprises a atteint des niveaux record au cours des dernières années[12] (cf. Fig. 1).
Aussi, les gérants et les responsables financiers doivent de plus en plus faire appel à des techniques de financement de plus en plus diversifiées pour faire tourner leur entreprise : le paiement des salaires, le règlement des contributions sociales, le paiement des fournisseurs, ainsi que les engagements envers les clients.
Si d’un autre côté, les banques veulent mieux maitriser les risques qu’elles encourent, de l’autre côté, les entreprises doivent compter davantage sur elles-mêmes et ainsi affiner leurs stratégies de gestion de la trésorerie (cash management).
Dans la pratique, les flux de trésorerie d’une entreprise se répartissent en 3 grandes masses, qu’il convient de maîtriser pour maintenir une bonne qualité de paiement.
Figure 1 : Défaillances d’entreprises durant la période 1990-2016 (Source : INSEE, 2016)
Les flux rythment la vie de l’entreprise et impactent la trésorerie. On peut citer :
- Les flux d’exploitation
- Les flux d’investissement
- Les flux de financement
Le déficit ou l’excédent d’un de ces types de flux peut être compensé par un autre. Le pilotage de l’ensemble fait partie des attributs du crédit manager, et il a à sa disposition de nombreux leviers pour y parvenir.
Le manager peut mettre à contribution deux sortes de financements en vue de trouver des possibilités de financement de l’entreprise : le financement bas de bilan pour les stratégies de financement à court terme et, le financement haut de bilan, pour les actions à moyen et plus long terme.
Le financement bas de bilan est usité pour diminuer le besoin en fonds de roulement (BFR) de l’entreprise. Le besoin en fonds de roulement représente le décalage dans le temps entre les encaissements et les décaissements. Les encaissements se rapportent aux stocks non vendu et délai de paiement accordé aux clients. Les décaissements, quant à eux, se rapportent aux paiements des fournisseurs. C’est la différence entre ces deux postes qui creuse la trésorerie. Les principaux types de financement sur lesquels le manager peut effectuer des actions concernent :
- l’assurance-crédit,
- l’affacturage,
- le crédit-stock,
- les options,
- la gestion du délai de paiement,
- l’affacturage inversé,
- le cautionnement,
- l’utilisation des dispositifs fiscaux (CICE, CIR, CII, CIA)[13],
- le découvert bancaire ou la facilité de caisse
- l’escompte commercial
- la cession de créance Dailly
Le financement haut de bilan est bien plus connu que le financement bas de bilan. Il permet à l’entreprise de se financer sur un plan à moyen et long terme. En effet, la structure financière de l’entreprise peut se déséquilibrer à cause des pertes ou des investissements imprudents.
Les principaux types de financement haut de bilan sont :
- L’emprunt bancaire
- Le prêt d’honneur
- Le capital risque
- Le compte courant d’associé
- L’introduction en bourse (de l’anglais IPO : Initial Public Offering)
- Le financement obligataire (de l’anglais IBO : Inital Bond Offering)
- Le placement privé
- Le financement participatif
- Love money
- Les dons et subventions
2.1.1.2.1 Financement par capitaux propres
- Prêt d’honneur
Afin de soutenir la création d’entreprise, des financements sous forme d’aides sont disponibles pour les entrepreneurs. Ces aides peuvent s’inscrire en quasi-fonds propres du bilan. Le prêt d’honneur est un prêt personnel à taux zéro, permettant à l’entrepreneur d’accéder plus facilement aux prêts bancaires. Les prêts d’honneur sont parmi les dispositifs les plus populaires pour financer des projets de création ou de reprise d’entreprise.
Des organismes, comme le réseau entreprendre, initiatives France peuvent accompagner les créateurs d’entreprises sur des montants pouvant aller jusqu’à quelques dizaines de milliers d’euros à titre de prêt d’honneur, des ressources importantes pour des entrepreneurs qui souhaitent débuter une activité et rassurer les investisseurs.
- Compte courant d’associé
Quand les fonds propres de l’entreprise sont faibles, les entrepreneurs ou les gérants qui ont des liquidités peuvent eux-mêmes leur prêter de l’argent. Cette démarche s’inscrit dans le cadre du compte courant d’associé, et permet également au gérant de rassurer les investisseurs quant à son engagement financier au niveau du financement en capital de son entreprise. Généralement, les comptes courant d’associé sont bloqués pour une durée d’un an, mais il est également possible que le blocage des engagements se fasse sur plusieurs années. Ainsi, certaines entreprises conviennent de la mise en place de comptes courants bloqués à titre d’épargne salariale afin de récompenser les salariés et, de ce fait, conserver des ressources stables dans l’entreprise pour une durée de 5 ans.
- Les dons et subventions
Ce sont des formes de financement qui intéressent plus particulièrement les associations. Cette forme de financement a l’avantage de permettre au donateur la réduction d’impôt à hauteur de 66% du financement. Par contre, il n’y a pas de réduction d’impôts dans le cadre du financement de jeunes entreprises issu de la donation ou des subventions. Cette pratique a été grandement simplifiée à travers la mise en place d’outils tels que Paypal, ou d’autres types de plateformes organisées.
A travers le regroupement de trois grandes entités, à savoir, Oséo, la CDC (Caisse des Dépôts des Consignations) et le FSI (Fonds Stratégique d’Investissement), la Banque Publique d’Investissement (BPI) est un acteur incontournable du financement des entreprises en France. La BPI offre ses services au niveau de la création d’entreprise, l’innovation et la croissance à travers des investissements s’inscrivant dans le financement en fonds propres ou quasi-fonds propres.
Le dispositif ACCRE est un prêt pour aider les chômeurs qui entrent dans le processus de création ou de reprise d’entreprise. Ce dispositif permet au chômeur de conserver ses allocations chômage durant la procédure de création d’une société. En outre, pour ses cotisations sociales le chômeur créateur d’entreprise est éligible à une exonération de taxes.
En plus de ce dispositif, le créateur d’entreprise peut obtenir un financement d’honneur à taux zéro avec le prêt Nacre. Il peut également profiter de l’aide à la reprise ou à la création d’entreprise (ARCE) avec laquelle il peut accéder à une aide lui permettant d’obtenir une somme pouvant aller jusqu’à 50 % des allocations chômage restant dues.
Certaines collectivités, telles les mairies, les Chambres de Commerce et d’Industrie… peuvent également mettre en place des dispositifs permettant aux entrepreneurs créateurs ou repreneurs d’entreprise de bénéficier d’une somme d’argent non-remboursable de la part de l’Etat. Ces subventions sont accordées aux intéressés selon qu’ils satisfont aux critères d’attribution mises en place au niveau de ces collectivités (installation dans la région, participation à un concours, constitution d’un dossier de candidature, …) et leur octroi s’effectue selon un plan de financement approuvé par les deux parties en accord.
- Love money
Afin de financer leur projet de création d’entreprise, de nombreux entrepreneurs font appel à leurs amis, leur famille ou leurs proches pour constituer le capital nécessaire au lancement de leur projet de création. Cependant, cette démarche nécessite que l’entrepreneur soit force de conviction car les personnes sollicitées pour appréhender le fait d’aller investir dans un projet personnel et devenir actionnaire de l’entreprise. Les réductions fiscales (impôt sur la fortune et sur le revenu) auxquelles les personnes qui investissent dans une société non-cotée en bourse peuvent bénéficier peuvent, dans ce cas être, source de motivation.
2.1.1.2.2 Financement par fonds d’investissement
Dans le financement par fonds d’investissement, on peut distinguer : le financement bancaire, le placement privé, le capital risque/business angels et l’introduction en bourse.
- Le financement bancaire.
Dans le cadre des mécanismes de financement dits classiques, l’emprunt bancaire est la principale source de financement des entreprises L’emprunt bancaire effectué par les entreprises, consiste à commanditer les fonds nécessaires pour concrétiser leur projet auprès d’une institution bancaire. Les conditions d’accès de fonds bancaires sont assez strictes. En effet, avant d’accorder des crédits aux entreprises, la banque exige d’abord des dossiers et garanties afin de s’assurer du remboursement du fond accordé.
Une notation est définie au préalable par les institutions bancaires, indiquant le montant pouvant être accordé (selon le dossier du demandeur, le taux d’intérêt ainsi que le délai de remboursement.
- Le Placement privé
Le placement privé quant à lui est une forme d’investissement s’effectuant auprès d’investisseurs dédiés. Par rapport à l’emprunt bancaire, les principaux avantages dans les placements sont que les investisseurs peuvent choisir ses bénéficiaires : un secteur d’activité spécifique, une délimitation géographique spécifique, …
- Le capital risque/business angels
Le capital risque ou « private equity » est le moyen de financement direct en capital. Ainsi, les investisseurs interfèrent directement avec les entreprises en apportant le fond nécessaire. Par conséquent, ils ont également leur part dans les prises de décisions stratégiques de l’entreprise en question.
Le terme « business angels » est associé aux personnes physiques qui investissent dans le lancement d’un nouveau projet. Alors que le capital risque peut intervenir à différents moment de la vie de l’entreprise : amorçage, développement, transmission, retournement…
Les formes les plus courantes sont :
- le « Venture Capital », dans la création de sociétés innovantes
- les LBO, « Leveraged Buy-Out » : acquisition d’une part majoritaire d’une entreprise existante
- Introduction en bourse
L’introduction en bourse est le moyen de financement utilisé pour obtenir des investisseurs privés : des petits porteurs. Son plus grand avantage est le développement de la notoriété de la société en question.
2.1.1.3 Le crowdfunding comme source alternative de financement
Le financement participatif ou « crowdfunding » est un mode de financement par la foule, se passant ordinairement en ligne. Généralement destiné aux entrepreneurs et aux start-up, le financement peut prendre la forme d’un don, d’un prêt ou d’une participation au capital.
Le financement participatif est un dispositif de financement de projets culturels ou entrepreneuriaux. Il permet la collecte de sommes, parfois très petites, provenant d’un très grand nombre de personnes. Afin de rassembler le maximum d’investisseurs il faut présenter son projet sur une plateforme spécialisée et en faire la promotion, notamment sur les réseaux sociaux.
La compréhension des modes de financement des petites et moyennes entreprises (PME) et encore plus celui des microentreprises est crucial pour comprendre l’avènement du crowdfunding, car ce sont ces types d’entreprises qui sont principalement intéressés par ce type de financement.
Aujourd’hui les grandes entreprises ne semblent pas encore concernées par le crowdfunding. (PME Finance, 2014). Cela s’explique par le fait que les montants récoltés sont généralement trop faibles pour attirer l’attention des grandes entreprises sur ce type de financement ».
Cette démarche propose des méthodes et des outils de transaction financière basés sur une absence d’intermédiation avec les acteurs traditionnels de la finance comme les banques. Il s’agit de donner à chaque membre de la communauté la possibilité d’investir une certaine somme d’argent qui, cumulée à celle des autres membres, permettant ainsi le financement d’un projet.
Comparé au système bancaire classique, la philosophie du financement participatif n’est pas seulement de tirer un profit de son investissement mais d’aider ainsi que de soutenir un entrepreneur à concrétiser son projet.
2.1.2 Les conditions d’octroi d’emprunt bancaire
Actuellement, 93,2 % des nouvelles entreprises en France sont de très petites structures TPE[14]. Ces TPE représentent les 98,9 % des créations d’entreprises en 2006.
Mais malgré cette statistique, le constat actuel est que « la proportion de prêts accordés aux petites et moyennes entreprises a baissé ».
L’octroi de financement d’entreprise par une institution bancaire passe par les différentes étapes présentées dans la figure ci-après.
Figure 2 : Synthèse de l’envie de financer (de la part des institutions bancaires) selon Stéphane Foliard (2008)
2.2 Le crowdfunding comme système de financement
Le « crowdfunding » comme source alternative aux emprunts bancaires pour le financement de la création d’entreprise a pris une importance de plus en plus accrue au cours des dernières années. La recrudescence et l’amplification de ce phénomène est imputable aux conditions restrictives de l’octroi de prêt, que les entrepreneurs rencontrent au niveau des établissements bancaires. Ils sont dès lors obligés de se tourner vers d’autres types de sources de financement alternatifs pour pouvoir se procurer les fonds qui leur sont nécessaires pour leur projet.
Dès lors, avec les difficultés auxquelles les entreprises ont à faire face afin de trouver des sources de financements auprès de banques ou d’autres fonds d’investissements (Berger & Udell, 1995, Cassar, 2004, Cosh et al., 2009, in Belleflamme, 2012), de plus en plus d’entrepreneurs font appel aux réseaux sociaux, spécialement sur internet, afin d’apporter les associer à leur idée et ainsi contribuer au financement de leurs projets entrepreneuriaux, d’où l’appellation « financement participatif » (pour traduire de l’anglais « crowdfunding », pour « crowd » signifiant peuple ou foule, et « funding » pour traduire l’expression levée de fonds).
Ainsi, le concept de « crowdfunding » suit une logique assez différente de celle qui est généralement utilisée dans les systèmes de financements dits traditionnels.
En effet, dans les démarches de financement traditionnels, l’entrepreneur doit avoir en toute ou partie des fonds et faire son maximum afin de convaincre les investisseurs potentiels à s’associer à son idée afin pourvoir à la levée des fonds nécessaires à la mise création de l’entreprise. Généralement, cette levée de fonds est effectuée au travers d’un nombre restreint d’investisseurs, mais chaque investisseur prend sur lui d’investir des sommes assez conséquentes dans l’optique de financement de l’entité.
Dans le financement faisant appel au « crowdfunding », l’entrepreneur devra également se charger de convaincre les investisseurs potentiels. A cet effet, ce seront les membres de ses propres réseaux sociaux (Linkedin, Twitter, Facebook, etc.) ou les membres de réseaux affiliés à des plateformes de crowdfunding (Kickstarter, RocketHub, etc…) qui vont être amenés à prendre part à la levée des fonds.
Habituellement, ce seront des petites sommes qui vont être les objets de la collecte via le « crowdfunding » et, en fonction de l’importance numérique de la communauté et de l’appréciation générale par cette même communauté du projet présenté, ses membres investiront dans l’entreprise et/ou dans le concept en question. Contrairement aux voies de financement traditionnelles, lors du « crowdfunding », tout se fait sur internet (Kirby & Warner, 2014).
Il apparaît que, outre l’intérêt financier suscité par le projet en lui-même, l’intérêt que portent les divers acteurs dans le cadre du « crowdfunding » est double : d’une part, au niveau des porteurs de projets, il s’agit de voir un feed-back de la part des membres de la communauté en ligne sur la force de l’idée et sa perception au niveau de le communauté ; d’autre part, au niveau des investisseurs, c’est de faire partie d’une communauté qui partage les mêmes valeurs et aspirations.
2.2.1 Typologie du financement participatif
D’après les processus mis en cause, il existe cinq grands modèles de financement participatif, à savoir : la donation, la prévente, la coproduction, le prêt et la prise de participation
- Dans le don ou la donation, le financier offre sans contrepartie. C’est un modèle fréquent dans les associations caritatives, son but est de sensibiliser et d’éduquer la population dans un concept de solidarité sur une cause bien déterminée (dans la lutte contre la faim par exemple).
- La prévente quant à elle, consiste à collecter des fonds pour un projet. Dans la majorité des cas recensés, il peut s’agir d’un projet culturel. Dans ce système, le bénéficiaire s’engage à restituer ses débiteurs proportionnellement à leurs apports initiaux. Toutefois, cette contrepartie peut se présenter sous de multiples formes : mention dans un générique, un badge, une photo dédicacée… Le terme de « prévente » définit véritablement le genre d’échange entre les deux parties : bénéficiaire et financeurs (qui pourront être considérés comme des clients).
Ce système convient également à la start-up, en phase de lancement de son produit.
Dans ce type de financement, les sommes demandées peuvent varier de quelques centaines à quelques millions d’euros.[15]
Enfin, comme la campagne passe obligatoirement sur une plateforme, qui devrait assurer la visibilité du projet, une commission comprise entre 3 à 5% est accordée à ses organisateurs, une fois le projet totalement financé.
- La coproduction est une forme de soutien aux entrepreneurs, plus présent dans le milieu artistique. Dans ce contexte, les internautes participent au financement du projet et peuvent bénéficier plus tard une contrepartie financière ou CF.
L’exemple typique est le modèle d’une plateforme de coproduction artistique MyMajorCompany. Pour cette plateforme, le calcul du CF s’effectue selon les formules suivantes :
- jusqu’à récupération de la contribution :
CF=Montant de la participation×100% des recettes nettes SPCF
- et après récupération de la contribution :
CF=Montant de la participation×50% des recettes nettes SPCF
- Le prêt(ou crowdlending ou encore peer-to-peer lending).
Le prêt sur plateforme suit le même principe que le prêt direct, entre une entreprise et la banque par exemple, sauf que les deux parties sont mises en relation par le biais de la plateforme. Le contrat s’effectue entre des particuliers et le taux d’intérêt est fixé par l’ensemble des prêteurs.
La commission du site est fixée à 1% environ.
En France, ce type de plateforme est réservé aux établissements bancaires.
- La prise de participation(ou le financement participatif en capital)
Comme son nom l’indique, ce type de financement permet aux emprunteurs de porter directement une part dans le capital de l’entreprise. Pour ce type d’investissement, un montant minimum est fixé ; et l’investisseur peut par la suite percevoir des dividendes et parts lors de la cession des titres de l’entreprise.
Ce type de plateforme fait actuellement partie des plateformes les plus courantes en France comme dans d’autres pays.
2.2.2 Evolution du crowdfunding en chiffres
Même si cette idée n’est pas neuve, l’avènement d’internet et des médiaux sociaux, en l’occurrence le web 2.0, a fortifié et a donné une ampleur internationale au phénomène du crowdfunding.
Selon une étude menée par CrowdSourcing.org, les résultats montrent qu’il existait, en avril 2012, plus de 450 plateformes de financement participatif (estimation à 536 en décembre 2012) pour 2,7 milliards de dollars investis (plus de 5 milliards en 2013). Ce serait plus d’un million de campagnes qui auraient ainsi été financées l’année dernière de part le monde, dont 654 000 en Europe, principal marché pour le crowdfunding, spécialement au Royaume Uni.
Selon les statistiques, les montants levés en crowdfunding doublent chaque année. Ainsi, au 1er semestre 2015, ce sont 133,2 millions d’euros qui ont été collectés sur les plateformes françaises[16] alors que 66,4 millions d’euros avaient été collectés sur la même période en 2014.
Dans le classement mondial, la France se trouve être le quatrième pays de plateformes offrant des services de financement participatif avec 28 plateformes en 2012[17], tandis que les Etats Unis comptent 191 plateformes de crowdfunding.
2.2.3 Les perspectives d’évolution du crowdfunding
La grande ampleur qu’a le crowdfunding actuellement est expliqué d’une part, par les difficultés d’octroi de crédit au moyen du financement classique (les institutions bancaires), et d’autre part, par le développement des réseaux sociaux.
Ces fondements ne sont pas sans conséquence dans le contexte entrepreneurial. En effet, beaucoup de projets qui normalement ne doivent pas être concrétisés, faute de crédibilité, peuvent actuellement être réalisé par le biais d’une forme de financement alternative. Et malheureusement, ces derniers ne franchissent même pas le cap du retour d’investissement, que les professionnels appelle : « vallée de la mort ». Cette période symptomatique des jeunes entreprises est caractérisée éventuellement par une dépense excédentaire initiale en termes de recherche et développement, recherche marketing, ressources humaines ou encore pour dans l’identification des stratégies appropriées à l’entreprise par rapport aux éventuels chiffres d’affaires. En d’autres termes, l’indicateur de réussite de nouvelles entreprises sont actuellement de plus en plus en baisse.
Eventuellement, « Le ratio entre le nombre de financements d’amorçage de projets et le nombre de transactions en stage précoce est passé de 1,9 pour 1 à 3,3 pour 1 ».
- En conséquence, le crowdfunding ne doit pas uniquement servir en tant que financement ; il doit également permettre un test produit afin de mesurer sa crédibilité.
Au niveau de la réglementation, le système de crowdfunding en France, ne dispose pas encore son propre cadre juridique. En effet, chaque plateforme définit ses propres règles de fonctionnement, une marginalisation qui ne prône pas nécessairement en faveur des nouveaux entrepreneurs. Selon la typologie du financement participatif, les plateformes adaptent notamment les engagements contractuels qui leur correspondent.
FinPart a publié, en 2012 que « les règles de collecte et de conservation d’argent auprès des particuliers sont disproportionnées par rapport au faible montant unitaire collecté par épargnant ».en effet, les petits comme les gros investisseurs sont considérés notamment au même titre, de sorte que le financement participatif est considéré comme risqué.
2.3 Conclusion partielle
L’essor de l’internet et l’évolution du monde entrepreneurial actuel, ont éventuellement contribué au développement des moyens de financement participatif novateurs dans la création d’entreprises. En effet, afin d’octroyer les fonds nécessaires pour la mise en œuvre de leur projet, les entrepreneurs peuvent notamment faire appel à des investisseurs sur les plateformes en ligne.
Les types de financement peuvent être multiples allant d’une simple donation à différentes formes de prêts, avec les différentes formes d’intérêt et de contreparties convenues initialement entre les deux parties (financeurs et béneficiaire).
Ainsi, Le crowdfunding est sollicité à cause de sa souplesse par rapport à l’emprunt bancaire. En effet, il suffit à l’entrepreneur de présenter son projet à une plateforme qui se chargera de la publication et de la sensibilisation des éventuels investisseurs pouvant être intéressés par le projet.
3 Etude empirique
3.1 Cadrage méthodologique
Le crowdfunding est un sujet qui a pris de plus en plus d’ampleur au cours de ces années. De nombreux auteurs ont traité de la thématique du crowdfunding en tant que type de financement alternatif aux sources de financement traditionnelles (ou classiques).
Néanmoins, dans le cadre de cette étude, nous souhaitons apporter les points de vue des acteurs qui entrent en jeu dans le processus du crowdfunding, au niveau du cadre du financement d’entreprise dans le contexte du tissu entrepreneurial français. Cette démarche exploratoire vise donc à nous distinguer des autres études déjà effectuées dans le cadre de cette thématique qu’est le crowdfunding, en traitant de la réalité qui existe au niveau des entreprises françaises.
Afin de traiter de cette question, cette deuxième partie traitera de l’étude empirique, principalement la méthodologie que nous avons adoptée au cours de cette recherche afin de mener cette étude.
3.1.1.1 Présentation de la problématique
Suite aux différentes restrictions de l’accès aux financements que les entreprises subissent au niveau des établissements bancaires, ils sont à la recherche de nouveaux modes de financement qui leur seront accessibles. A l’exemple du crowdfunding, les modes de financement faisant appel à la participation et à la collaboration de plusieurs acteurs, en particulier des communautés en ligne, ont de plus en plus d’adeptes au niveau de la levée de fonds pour le financement de projets entrepreneuriaux.
La question des impacts de la mise en place et de l’utilisation du crowdfunding par les entrepreneurs en tant que source de financement des projets entrepreneuriaux est donc une orientation qui mérite d’être considérée selon les résultats des études bibliographiques que nous avons effectuées précédemment.
Ainsi, nous nous sommes posés la question problématique suivante afin d’orienter notre approche dans le cadre de cette étude, à savoir : Quels sont les avantages du crowdfunding comme source de financement alternatif pour les nouvelles entreprises?
3.1.1.2 Présentation des hypothèses
Afin de répondre à la question problématique précédemment énoncée, trois hypothèses ont été émises. En effet, il nous a paru essentiel de débattre des avantages du crowdfunding comme source de financement alternatif pour les nouvelles entreprises, en travaillant sur trois aspects fondamentaux.
En premier lieu, sachant que le crowdfunding est une opération qui associe les communautés en ligne pour financer des projets de création d’entreprise, nous avons cherché à savoir si ce sont uniquement les entreprises ou projets « innovants » qui peuvent percer et acquérir une adhésion de la part de ces communautés en ligne. Ainsi, nous avons émis la première hypothèse selon laquelle :
Hypothèse 1 : Le crowdfunding est une source de financement communautaire qui permet aux innovateurs de se démarquer.
Sachant que le crowdfunding est une source de financement utilisé pour financer la création d’entreprise, nous avons voulu vérifier auprès des personnes ressources si les entrepreneurs qui ont fait appel à ce type de financement sont des entrepreneurs qui n’ont pas eu de fonds de départ. Aussi, nous avons émis la seconde hypothèse selon laquelle :
Hypothèse 2 : Le crowdfunding est un moyen de financement pour les entrepreneurs qui n’ont pas de fonds de départ.
En tant que source de financement à disposition des porteurs de projet pour la création de leurs entreprises, ces entrepreneurs peuvent être soumis à plusieurs choix concernant le type d’entreprise à mettre en place. Cependant, au vu de l’étude de la littérature sur cette question, nous avons voulu vérifier si dans le cas des expériences d’entreprises françaises, faire appel au crowdfunding pour financer est sous la contrainte d’une taille restreinte de la structure à mettre en place. Ainsi, la dernière hypothèse suivante a été émise pour vérifier l’état de la situation :
Hypothèse 3 : Le crowdfunding est un moyen de financement limité aux petites structures entrepreneuriales.
3.2 Présentation de la méthodologie adoptée
Dans la méthodologie d’enquête, nous avons choisi de procéder par un entretien semi directif, qui nous permettrait de vérifier les hypothèses prédéfinies pour cette étude. L’exploitation des données collectées s’effectuera par la suite par une méthode qualitative, un procédé qui primera l’étude du fond et de la nature des éléments, aux proportions de réponses (par opposition à une méthode quantitative).
En effet, la méthode qualitative, comme son nom l’indique, vise la qualité ; elle consiste donc en une analyse qui tend à découvrir pourquoi une chose est telle qu’elle est, ou tout simplement pour la connaître et en apprendre davantage sur elle.[18]
Ainsi, la méthode qualitative par entretien semi-directif individuel, utilisée dans la présente étude, ne cherche pas à généraliser les faits, mais se penche plutôt sur la compréhension et la perception des interviewés sur ces derniers.
3.2.1.1 Choix de l’échantillon
Etant donné que notre sujet porte particulièrement sur le crowdfunding comme une source de financement alternatif pour les nouvelles entreprises ; le choix des interrogés s’est donc porté sur des représentants d’entreprises de différentes catégories suivantes.
- Catégorie 1 :
Dans cette première catégorie, seront classés les entrepreneurs qui ont créé leur entreprise au cours des 5 dernières années, en faisant appel au crowdfunding comme source de financement.
Cette première catégorie constituera la majorité de notre échantillon (la moitié environ), car les témoignages et échanges auprès de cette catégorie d’entrepreneurs nous indiqueront véritablement les faits vécus actuellement par les acteurs les plus concernés dans le secteur.
- Catégorie 2:
La deuxième catégorie sera composée des entrepreneurs qui ont créé leur entreprise au cours des 5 dernières années, en faisant appel à une source de financement autre que le crowdfunding.
Cette deuxième catégorie nous sera utile et sera exploité en tant que population témoin afin de comparer les deux types de financement usités par les entrepreneurs. Cette tranche sera composée du quart de l’échantillon.
- Catégorie 3 :
Tandis que la dernière catégorie comportera les responsables travaillant dans le domaine du financement de la création d’entreprise (banque, fond d’investissement, plate-forme de crowdfunding, …) pour avoir leur opinion vis-à-vis du système.
On ambitionnera également d’interviewer un quart de notre population d’étude appartenant à cette troisième catégorie.
Cette répartition des enquêtés permettrait de montrer concrètement la différence entre le recours au crowdfunding aux autres alternatives de financement.
3.2.1.2 Choix de la méthode de collecte
Afin de statuer sur les hypothèses émises dans le cadre de cette étude, nous avons choisi de construire un guide d’entretien qui va explorer différents thèmes se rapportant aux axes exploratoires définis au niveau des hypothèses.
Ainsi, le guide d’entretien élaboré se déclinait autour de quatre (4) axes principaux :
- Le contexte général du « crowdfunding » en tant que source de financement
- Le(s) rôle(s), et la place du « crowdfunding » dans le financement d’entreprise
- Retour d’expérience :
- pour les entrepreneurs qui ont déjà fait appel au « crowdfunding » comme source de financement. (catégorie 1)
- pour les entrepreneurs qui ont fait appel à d’autres sources de financement que le « crowdfunding ». (catégorie 2)
- pour les responsables d’entité de financement de la création d’entreprise (catégorie 3)
- Perspectives du crowdfunding
Chaque thème exploré a ensuite été décortiqué en questions ouvertes en vue d’obtenir des réponses de la part de la personne interviewée concernant les points de vue qu’elle par rapport à son expérience du crowdfunding.
Concrètement, le guide d’entretien a été reparti en deux parties :
- la première partie consiste à présenter l’entreprise et la personne interviewée.
- la seconde partie quant à elle est destinée à l’enquête proprement dit, composée de 9 questions. Les questions ont été les mêmes concernant le contexte général du crowdfunding, la place du crowdfunding dans le financement de l’entreprise et concernant les perspectives du crowdfunding. Par contre, les questions sur les retours d’expérience ont été différenciées selon la catégorie de l’entreprise.
Le guide d’entretien utilisé, est présenté en annexe de ce document.
3.3 Phase de collecte des données
Cette étape de collecte de données s’est effectuée au moyen des entretiens directs pour la plupart. Néanmoins, certains répondants ont également collaboré en ligne.
Finalement, on a pu questionner 12 entreprises, avec 16 personnes enquêtées :
- 8 entreprises appartiennent à la première catégorie,
- 3 entreprises appartiennent à la seconde catégorie
- Et 1 entreprise dans la troisième catégorie, avec 5 répondants dans cette même entité.
3.4 Phase de traitement des données
3.4.1 Compilation des données
Lors de cette étape de regroupement, les données collectées sont tout d’abord triées selon la catégorisation décrite ci-dessus : en catégorie 1, catégorie 2, catégorie 3.
Ensuite, les informations regroupées seront présentées dans un tableau de dépouillement pour faciliter la comparaison des réponses obtenues.
Pour chaque catégorie donc, la présentation des données pourra contenir jusqu’à 6 tableaux de dépouillement :
- Présentation des entreprises
- Présentation des interviewés
- Représentation du concept de crowdfunding pour les interviewés
- Le crowdfunding dans le financement de l’entreprise
- Le retour d’expérience
- Et les perspectives du crowdfunding pour nos répondants
3.4.2 Traitements des données
- CATEGORIE 1
Tableau 1 : Présentation des entreprises de la première catégorie
Entreprises | Statut juridique | Taille salariale | Secteur d’activité | Capital€ | CA annuel
€ |
Date de création |
AB REPRO | SARL | 2 | Imprimerie/Reprographie
Fourniture et impression sur textile Objets promotionnels et cadeaux d’Affaires |
83.000 | 430.000 | |
Avn | SAS | 3 | Commerce/Vente
|
1000 | 58000 | 2014 |
Be scool | micro entreprise | 1
|
Commerce/Vente
|
5 000 | 23000 | 2015 |
Breize etika | SARL | 2 | Impression déco | 5000 | ||
G finances | SARL | 20-99
|
Service aux entreprises
|
500 000 | 4378800 | 2010 |
Ruby combi | SARL | 1-9
|
Service aux particuliers
|
22000 | 2016 | |
Le saumon de Piriac | SARL | 4 | Agroalimentaire | 10000 | 600000 | 1986 |
Editions Voy’el | SARL | 1 gérante, 10 bénévoles | éditions, publication de livres | 5900 | 13000 | 2009 |
Tableau 2 : Présentation des interviewés de la première catégorie
Entreprises | Homme/ femme | âge | fonction |
AB REPRO | H | 52 | GERANT |
Avn | H | 24 | GERANT |
Be scool | H | 23 | DIRECTEUR |
Breize etika | F | 28 | GERANT |
G finances | H | 35-49 | DIRECTEUR |
Ruby combi | F | 35-49 | PROPRIETAIRE |
Le saumon de Piriac | H | 55 | GERANT |
Editions Voy’el | F | 40 | GERANTE |
Tableau 3 : Le concept de « crowdfunding » pour les interviewés
CATEGORIE 1 | Si on vous dit « crowdfunding », à quoi pensez-vous ?
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– Financement participatif
– Un moyen innovant et nouveau de financement. Permet de se lancer sans forcément avoir de rapport avec une banque. – A la communauté, à la collaboration, à un nouveau modèle économique, cela renvoie à des valeurs avec une nouvelle économie. – Prêt participatif entre privée, pas d’institution professionnelle. – Financement participatif – Financement participatif privé – Soutien des particuliers envers les entreprises
|
Dans quel cadre avez-vous été informé de cette notion pour la première fois ?
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– Au cours d’une réunion de chefs d’Entreprises durant laquelle une société de crowdfunding est intervenue pour nous présenter son activité
– Dans l’une des 1ères campagnes de crowdfunding, qui on était faite il y a 5 ans, lors d’une campagne à succès qui avait fait un peu de bruit. – Il y a 4 à 5 ans quand un major company, a permis à une chanteuse de sortir son 1er album grâce à une plateforme de crowdfunding. – Un ami avait déjà réalisé une collecte, et m’a donc conseillé d’essayer – Dans un cadre professionnel dans le domaine de la finance en 2010 grâce à Monsieur F., PDG de la société générale, lorsqu’il en faisait la promotion par rapport aux contraintes que BALE 2 et 3 allaient avoir sur les banques. – J’ai été informé la première fois par le biais de l’expérience d’une amie qui avait tenté l’aventure. – Complément financement hors système bancaire classique – J’ai été moi-même sollicitée pour un crowdfunding
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Tableau 4 : Le crowdfunding dans le financement de l’entreprise
CATEGORIE 1 | L’utilisation des sources alternatives pour le financement de la création d’entreprise prend de l’ampleur, qu’en pensez-vous ?
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– Ce mode de financement fraîchement arrivé d’Angleterre n’est pas tout à fait identique dans son fonctionnement. En effet, lorsque vous souhaitez acquérir un bien ou autre, qu’il soit professionnel ou particulier, en Angleterre, vous commencez par déposer votre dossier en banque et c’est à ce moment, que pour diverses raisons qui font que la banque ne vous financera pas qu’elle vous communique des organismes de crowdfunding…ce n’est pas le cas en France
– C’est une très bonne chose, je pense que cette nouvelle façon de trouver des fonds pousse à la création d’entreprise. Cela est donc une très bonne chose. – C’est une chose normale, c’est en adéquation avec la conjoncture actuelle, car la difficulté première pour une start up est de trouver des fonds, et le crowdfunding permet en cela d’en trouver rapidement. La génération Y va permettre je pense de prendre de l’ampleur au crowdfunding car 90% d’une campagne se passe sur internet de nos jours. – Cela est tout à fait normal, car les banques deviennent de plus en plus frileuses. Il y a malheureusement aujourd’hui plus le choix, si l’on on n’a pas un apport assez conséquent les banques refusent tout prêt. – Cela prend beaucoup d’ampleur, car les banques voient leurs contraintes augmenter dû à bale 2 et 3, et ont beaucoup de difficultés à accorder des prêts. De ce fait les entrepreneurs sont obligés d’aller chercher les fonds ailleurs – Que c’est une bonne chose mais que c’est extrêmement difficile à mettre en place – Très bonne initiative au regard des accords et décisions bancaires trop rigide, problème d’encadrement, des risques – Cela s’explique par le manque de soutien de la part des banques. Autre avantage : l’argent récolté n’est pas à rembourser (avec taux d’intérêt, en se demandant si on arrivera à rembourser le prêt), mais se fait en échange de contreparties. Cela permet aussi de savoir si un produit va marcher.
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Tableau 5 : synthèse des retours d’expérience des entrepreneurs interviewés.
CATEGORIE 1 | Vous avez fait appel au « crowdfunding » pour financer la création de votre entreprise, qu’est-ce qui vous a conduit à faire ce choix ?
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– J’ai fait appel à ce type d’organisme afin d’aller plus vite dans l’obtention de nos fonds
– Ne pas prendre de risque financier, donc ne pas faire de prêt à la banque. – Simplement le manque de temps pour monter un dossier parfait pour une banque, manque de crédibilité pour aller voir un business angel, donc l’une des dernières solutions qui me restait était le crowdfunding. – Il me manquait 9000 euros. J’ai essayé de me rapprocher des banques, mais elles n’y ont pas cru. Nous nous sommes donc retournés vers le financement participatif. – La nécessité. – Ce qui ma conduit à faire ce choix, quand j’ai voulu monter mon entreprise vintage ouest, les banques n’ont pas voulu me suivre car elle ne savait pas ou ça allait les mener. Passer par un système bancaire dit habituel était donc impossible. Ce qui m’a alors poussé à quitter le système bancaire, c’est le fait qu’il n’y est pas de stress du remboursement. Et il faut l’avouer, les dons avec contrepartie sont plus plaisants tant pour moi que pour les donateurs qui se sentent actifs à la création de mon activité. – Non pas pour le financement, pour des actions ponctuelles, le financement de stock et les petits investissements – C’est plutôt pour lancer soit l’impression d’art books, soit d’une collection de livres de coloriage. La raison pour laquelle nous avons fait ce choix, c’est que cela permet d’avoir l’argent pour le projet avant de devoir le lancer, ce qui aide forcément au niveau trésorerie
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Selon vous, quels sont les avantages du « crowdfunding » comme source de financement alternatif ?
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– La rapidité d’exécution est le paramètre majeur
– Le risque 0 (pas d’hypothèque …) La communication, qui permet de mettre un projet en avant, et donc de réaliser une étude marché en temps réel. – L’avantage premier pour une personne qui lance un produit, c’est que le crowdfunding permet d’avoir des betas testeurs. Ce qui est plus énorme. – L’avantage : les sous on les a en 15 jours a 3 semaines, on n’a pas de prêt, on ne doit rien à personne mis à part quelques petite contribution, chaque participant se sent investi dans la création de l’entreprise (en moyenne 95% des gens qui ont fait, achète le produit). – Dans 1er point la facilité d’obtention, bien moins compliqué qu’une banque. Dans un second point cela permet de diversifié les ressources, c’est à dire de ne pas être mono ressources. Puis dans un 3eme point, le niveau garanti faible comparé au secteur bancaire (les banques demandent une hypothèque …) – Moins de stress, car on n’a pas à faire à une institution bancaire. – le gain de temps – Comme je le disais, le fait qu’il ne s’agit pas d’un prêt à rembourser chaque mois.
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Et ses inconvénients ?
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– Le montant des intérêts et le délai court de remboursement
– Les inconvénients sont liés au succès de la campagne malheureusement et donc de ce fait nous ne recevrons pas les fonds. – Cela représente énormément de travail en amont, car la campagne doit être la plus attirante, la plus explicite, toujours créer du contenu, la plus attrayante… Après cela on doit tenter de relancer différents cercles pour trouver des fonds. – On est jamais sûr que ça aboutisse, on vibre jusqu’à la dernière minute. Si cela n’aboutit pas, tous les dons sont perdus. Une amie a eu un bug sur l’une des plateformes et n’a pu atteindre son objectif fixé, à cause de cela, elle a donc dû relancer une campagne pour espérer ouvrir sa société. – Les couts beaucoup plus élevés (des taux souvent à 8%), et la multiplicité des créanciers. – Le plus gros inconvénient est de passer par des plateformes car ce n’est pas encore protégé. Cela peut paraître très simple mais en réalité mais ça ne l’est pas en réalité, mener une campagne de crowdfunding est quelques chose de très éprouvant et de compliqué. Pour que les donateurs passent à la donation n’a pas été une chose aisé, les gens sont dans le partage mais vu la conjoncture actuelle faire un don n’est toujours pas facile. Je n’ai pas dormi durant 60 jours pour réussir à trouver des donateurs, j’ai passé 24h à rabâcher tout mon réseau afin de trouver des dons. Et justement pour que ça marche il faut un avoir un très bon réseau. – les taux d’emprunts, sont par contre très intéressants sur un court amortissement – Cela ne marche pas toujours, on ne réussit pas à chaque fois à réunir l’argent nécessaire. Du coup, il faut bien calculer la somme que l’on souhaite récolter, y compris en envisageant un plafond plus bas que nécessaire.
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Si vous deviez apporter une ou des améliorations au système actuel de financement de la création d’entreprises, qu’est-ce que cela pourrait être ?
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– Il est difficile d’appréhender la lecture d’un bilan et les critères de sélection d’un organisme bancaire. Nous restons « à la merci » de la décision. Plus de clarté et de transparence me semblent être quelques idées à développer.
– Faciliter les options de financement par rapport à la rigidité actuelle des banques à accorder un prêt. – Plus de rapprochement entre les PME et le gouvernement, car il y a un fossé entre les aides que proposent le gouvernement et celles que proposent les nouvelles entreprises. Les deux ne concordent pas forcément car ils n’appartiennent peut être pas à la même génération. – Une possibilité de déposer les dons sans forcément passer par la plateforme, en espèce ou sur un compte … car à partir d’une certaine tranche d’âge l’utilisation d’une plateforme n’est pas la plus simple. Car les personnes âgées sont surement les plus grands donateurs. – La problématique est double. Dans un 1er cas souvent les jeunes chefs d’entreprise du fait de leur jeune âge ils sont inexpérimentés, ils ont une vision idéalisé du patronat, souvent mal conseillés ou mal accompagnés, ça se prépare une création entreprise. Et quand on est mal préparé, la suite peu faire mal. Du côté du crowdfunding c’est plutôt bien foutue, mais l’ampleur des capitaux qui peuvent être mis à disposition est malheureusement très faible par rapport à ceux du secteur bancaire. – Moins de lourdeurs administratives/ Moins de frais. / Législation trop rigide et trop complexe. – Je n’ai pas d’expérience dans ce domaine – Les possibilités de paiement : par chèque ou par paypal qui ne sont pas pris en compte.
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Tableau 6 : Les perspectives du crowdfunding pour notre population de la première catégorie
CATEGORIE 1 | Pensez-vous que les sources de financement alternatives comme le « crowdfunding » ont de l’avenir en tant que source de financement ?
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– Oui il y a un avenir dans ce genre de financement, d’autant plus que certaines entreprises opèrent déjà des regroupements.
– Oui cela va avoir un gros impact car c’est en pleine croissance. C’est aujourd’hui une source de financement plus accessible et plus simple à mettre en place. C’est donc pourquoi nous nous rapprocherons plus de ce nouveau système de financement. – Oui, car il y a énormément de formes de crowdfunding qui permettent de s’adapter à tous les projets. Dons, dons avec contreparties, prêts … – Oui totalement, de plus en plus de personne vont se tourner vers ce genre de financement, et l’on peut voir que ça réussit, les gens sont de plus en plus tournés vers cette forme de solidarité. (On revient aux valeurs de solidarité et de proximité). – oui car la nature a horreur du vide. C’est à dire s’il n’y a plus de banque qui prête il faut bien que quelqu’un le fasse. – La société actuelle fait que l’on rentre dans individualisme qui fait que le crowdfunding n’est pas au gout du jour. Mais vu les difficultés à trouver un prêt auprès des banques, le crowdfunding a tout de même une chance d’avoir de l’avenir. – oui, Le système bancaire est trop rigide – Oui, je le pense, surtout auprès des petites structures. Cela permet aussi de fidéliser les clients, de promouvoir un projet, de consolider la trésorerie. Et puis le lien est direct. Les clients ont quelque chose de concret quand ils versent une somme, ils peuvent le faire selon leurs moyens et ont tout de même une contrepartie en échange.
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Plus précisément, dans quelle mesure ces alternatives de financement pourraient-elles concurrencer les sources de financement « classiques » ?
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– Un délai plus rapide reste le critère majeur.
– Ils sont déjà concurrents, cette source de financement prendra de plus en plus en plus d’importance au fil des années. – C’est plus une complémentarité, car pour moi c’est simplement pour financer le lancement, alors que pour une entreprise qui chercherait une levée de fonds ce serait plus difficile de trouver des fonds à l’aide du crowdfunding. – Elles vont surement réussir un jour à dépasser les banques pour les prêts personnels. Car de nos jours la plupart des gens n’ont pas le choix que de prendre la direction du crowdfunding pour les dons. – on est encore sur un marché en devenir car il n’y a d’équivalence entre la demande et l’offre. Et tant qu’il n’y aura d’équilibre il continuera à se développer, le seul frein au crowdfunding est la gestion des risques (du fait qu’il y a peu de protection pour les investisseurs). – Il n’y a pas de concurrence entre les 2 systèmes, simplement que les gens qui se voient refuser un prêt passeront par le crowdfunding. – La rapidité et facilité de mise en œuvre – Elles sont plus faciles à mettre en place, elles s’appuient sur le réseau de relations dont dispose l’entreprise, elles s’appuient sur une certaine proximité et elles offrent en échange quelque chose de concret.
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- CATEGORIE 2
Tableau 7 : Présentation des entreprises de la deuxième catégorie
Entreprises | Raison sociale | Statut juridique | Taille salariale | Secteur d’activité | Capital€ | CA annuel
€ |
Date de création |
La Note Parisienne
|
La Note Parisienne
|
SAS | 0
|
Commerce/Vente
|
5100 | 100 000 | 2013 |
G 20 | G 20 | SAS | 10-19
|
Commerce/Vente
|
50000 | 3,5 millions | 2016 |
Tableau 8 : Présentation des interviewés dans la deuxième catégorie
Entreprises | Homme/ femme | Age | fonction |
La Note Parisienne
|
H | 25-34 | Président
|
G 20 | H | 25-34 | GERANT |
Tableau 9 : Tableau synthétisant le concept de crowdfunding pour les entrepreneurs de la deuxième catégorie.
La Note Parisienne
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G20
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Si on vous dit « crowdfunding », à quoi pensez-vous ?
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Moyen de se financer à court terme et sur de petits et moyens montants de manière informelle (web). L’investissement 2.0.
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Si on me dit crowdfunding, je pense au financement participatif
/ A un financement pour des entreprises innovantes.
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Dans quel cadre avez-vous été informé de cette notion pour la première fois ?
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En école de commerce.
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La première fois que j’en ai entendu parler c’était lors d’un meeting.
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L’utilisation des sources alternatives pour le financement de la création d’entreprise prend de l’ampleur, qu’en pensez-vous ?
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« Plus souple qu’un prêt bancaire, et moins de démarche que le cursus de levée de fonds classique, donc beaucoup plus accessible.
C’est une bonne chose car de nombreuses entreprises ont de plus en plus besoin de soutiens financiers dans une société où on cherche de nouveaux entrepreneurs. La trésorerie et les moyens financiers de développement sont donc essentiels pour survivre et évoluer sainement ».
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Je pense que le crowdfunding n’a pas sa place dans la création d’entreprise. C’est un type de financement qui fonctionne mieux avec les entreprises dites « atypiques/innovantes ».
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Pour la création de votre entreprise, à quel mode/type de financement avez-vous eu recours ?
Qu’est-ce qui vous a conduit à faire ce choix ?
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« Prêt bancaire.
La solution surement la plus rapide me permettant de débloquer une petite somme de 20.000€. A l’époque, je ne souhaitais pas céder de parts ».
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« Pour la création de mon entreprise nous avons eu recours à un prêt bancaire standard.
Nous avons décidé de faire ce choix car c’était le plus simple et selon nous, le mieux ».
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Selon vous, quels sont les avantages de ce type de financement par rapport aux types de financement dits alternatifs comme le « crowdfunding » par exemple ?
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« Le seul avantage est que l’on reste propriétaire de l’ensemble des parts sociales de la société.
Pas de dilution d’action et donc la main mise sur toutes les grandes décisions ».
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« Un taux bien plus faible si on compare par rapport aux prêts sur Unilend, plus simple car aucune campagne à réaliser. Et une fois que le crédit nous a été accordé nous sommes sur d’avoir le prêt ».
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Et ses inconvénients ?
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« Mise en danger (risque) à hauteur des apports et parfois à titre personnel, avec un remboursement des mensualités, donc une baisse de trésorerie potentielle chaque mois. Un vrai risque. »
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« Les inconvénients : il faut avoir un très bon dossier et un excellent apport ».
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Si vous deviez apporter des améliorations au système actuel de financement de la création d’entreprise, lesquelles seraient-ce ?
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« Une meilleure mise en avant du système de levée de fonds, et un meilleur accès aux potentiels investisseurs ».
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Moins de rigidité de la part des banques.
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Pensez-vous que les sources de financement alternatives comme le « crowdfunding » ont de l’avenir en tant que source de financement ?
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« Oui car c’est un moyen plus souple et facile à l’accès au financement ».
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« NON, Selon moi le crowdfunding n’a pas de réel avenir car les gens font de moins en moins confiance et on tendance à devenir de plus en plus individualiste ».
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Plus précisément, dans quelle mesure ces alternatives de financement pourraient-elles concurrencer les sources de financement « classiques » ?
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« Il faudrait néanmoins communiquer davantage dessus. L’aspect –rencontre- manque néanmoins sur la plupart des sites en question (possibilité de piquer le projet). Néanmoins, il y a une belle évolution du procédé, comparé à il y a encore 5 ans.
De plus en plus car à mon sens, c’est un moyen d’accès rapide. Les versions 2.0 sont l’avenir et le CF en fait parti.
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Concurrence pour le micro crédit uniquement.
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- CATEGORIE 3
Tableau 10 : Présentation de l’entreprise de la troisième catégorie
Entreprise | Statut juridique | Taille salariale | Secteur d’activité | Capital€ |
BNP PARIBAS | SA | 100 et + | Commerce- Vente | 2,4 milliards |
Concernant les personnes interviewées dans cette entreprise de financement, on a pu intervenir auprès des 5 personnes responsables suivantes :
- Directrice d’agence
- Conseiller clientèle patrimoniale
- Alternant agence
- Conseillère clientèle
- Banque
Tableau 11 : Le concept de crowdfunding pour nos répondants de la troisième catégorie.
Si on vous dit « crowdfunding », à quoi pensez-vous ?
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I1 : financement participatif / innovation
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I2 : participation financier pour lancement d’entreprise
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I3 : financement participative concurrent aux banques
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I4 : financement participatif
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I5 : NRP
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Dans quel cadre avez-vous été informé de cette notion pour la première fois ?
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I1 : culture bancaire
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I2 : internet
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I3 : mes études
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I4 : à la banque
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I5 : internet
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L’utilisation des sources alternatives pour le financement de la création d’entreprise prend de l’ampleur, qu’en pensez-vous ?
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I1 : c’est une manière de lancer son projet d’entreprise lorsque les banques refusent de le faire
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I2 : pour se lancer : une grande ampleur au vue du digital et des réseaux sociaux | I3 : les banques demandent trop de garanties, favorisent l’entrepreneuriat
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I4 : pour pouvoir créer sa société
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I5 : bonne alternative face à la rigidité des établissements financiers
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D’après votre expérience terrain, quelles sont les principales difficultés que les porteurs de projets/créateurs d’entreprise rencontrent dans leur démarche pour financer la création de leur entreprise ?
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I1 : trop administratif, trop de garanties
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I2 : croire au projet sur du long terme
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I3 : trouver des investisseurs potentiels
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I4 : trop de papiers/ pas d’aide
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I5 : question de la faisabilité de certains projets
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Selon vous quelles sont les limites de l’utilisation des sources de financement dites alternatives par rapport aux sources de financement « classiques » ?
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I1 : les montants alloués
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I2 : NRP
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I3 : origine des fonds
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I4 : NRP
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I5 : risques et conformité des financements
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Et leurs points forts ?
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I1 : la prise de risque
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I2 : NRP
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I3 : ouvert a tous les projets
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I4 : NRP
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I5 : accessibilité des projets dits fragiles
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Pensez-vous que les sources de financement alternatives comme le « crowdfunding » ont de l’avenir en tant que source de financement ?
– Si oui pourquoi ? – Si non, pourquoi ?
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I1 : oui, innovation/ origine de fonds de conformité
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I2 : oui, l’avenir des réseaux sociaux
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I3 : oui, utiles pour les gens ne souhaitant pas se financer avec les banques
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I4 : oui
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I5 : NRP
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Plus précisément, dans quelle mesure ces alternatives de financement pourraient-elles concurrencer les sources de financement « classiques » ?
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I1 : NRP
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I2 : bel avenir prometteur
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I3 : NRP
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I4 : NRP
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I5 : NRP
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*NRP : ne répond pas.
3.5 Phase d’analyse des données
3.5.1 Catégorie 1 : les entrepreneurs ayant notamment eu recours au crowdfunding
Les 8 entreprises enquêtées (appartenant à ce premier classement) œuvrent dans différents secteurs d’activités et sont en majorité dans le secteur tertiaire (des activités de vente et de services).
La taille salariale varie de 1 à 99 employés, tandis que le capital spécule entre 1000 et 500000 euros. Ces différentes caractéristiques nous indiquent qu’ils s’agissent tous des PME, voire des micro-entreprises pour les uns (cas de Be scool).
- Pour notre étude de cas donc, la troisième hypothèse, annonçant que le crowdfunding est un moyen de financement limité aux petites structures, a été approuvée.
Ces entreprises ont été crées entre 1986 et 2016 et ont fait appel au crowdfunding comme source de financement. On peut dire que l’entreprise créée en 1986 est « hors classe », vis-à-vis de notre catégorisation, quoiqu’elle a notamment recourt au crowdfunding pour financer son entreprise. En effet, 2 types de financement ont pu être distingués : le financement dans la création de l’entreprise proprement dite, et le financement des actions ponctuelles et petits investissements, comme dans le financement des stocks par exemple (cas de la société Saumon Piriac, créée en 1986).
Concernant le choix des personnes interviewées, on a cherché à enquêter directement auprès du premier responsable de l’entreprise pour avoir des données plus pertinentes et fiables par rapport à notre sujet d’étude. Ainsi, nos 8 répondants ont tous été soit le gérant, soit le directeur de l’entreprise enquêtée.
Le concept de crowdfunding pour les interviewés :
Selon notre population d’étude (catégorie 1), le « crowdfunding est un nouveau modèle économique entre les institutions privées ». Il s’agit d’un moyen de financement plus innovant, sans relation directe avec les banques.
Ainsi, ces entrepreneurs ont été informés de ce nouveau système d’une part par le biais des récentes formations professionnelles, et d’autre part grâce à des partages et échanges d’expérience avec des amis ou autres témoins.
La place du crowdfunding dans le financement de l’entreprise
Pour ces entrepreneurs de notre première catégorie donc, le crowdfunding se trouve être très pertinent dans le contexte actuel où les démarches et procédures bancaires dans l’acquisition de fonds sont de plus en plus complexe, avec un taux d’intérêt élevé. En effet, les accords de Bâle 1 et 2 ont statué sur les conditions fondamentaux dans l’accord de prêt bancaire aux entrepreneurs ; des modalités qui sont encore très difficiles à effectuer pour les nouveaux entrepreneurs.
Ainsi, le crowdfunding est l’opportunité de financement innovante, se présentant pour ces nouveaux entrepreneurs comme source de financement alternative, malgré les contraintes bancaires.
Toutefois, les entrepreneurs ont reconnu que sa mise en place est encore hasardeuse. Un de nos répondants a signalé que le système français est encore très différent des procédures de crowdfunding mises en place dans les autres pays comme en Angleterre. En effet, dans ces pays, ce sont les banques, suite au refus des dossiers de l’entrepreneur, qui orientent ce dernier au recours au crowdfunding. En d’autres termes, dans d’autres pays, les entrepreneurs sont plus soutenus et guidés dans leur quête de financement.
- En bref, ces différents témoignages de la part de nos interlocuteurs confirment effectivement la deuxième hypothèse posée dans la présente étude annonçant que : « Le crowdfunding est un moyen de financement pour les entrepreneurs qui n’ont pas de fonds de départ».
Retour d’expérience
Trois principales raisons ont été reconnues par les entrepreneurs de la première catégorie, comme étant les sources de leur recours au crowdfunding :
- Premièrement, l’utilisation de ce système de financement procure un gain en termes de rapidité de traitement par rapport à ce qui se fait au niveau des transactions dans le système bancaire. En effet, en comparant le système de crowdfunding à la banque, les avantages tangibles se remarquent principalement au niveau du montage et de la constitution des dossiers. Les banques ont besoin de preuves et d’assurance avant tout accord de prêt, alors que les partenaires et sponsors en crowdfunding répondent instantanément à cette demande de fonds de la part des entrepreneurs, dès qu’ils sont convaincus de la crédibilité du projet présenté.
- Deuxièmement, le recours au crowdfunding se trouve être la dernière solution quand les banques et institutions financières refusent l’accord de prêt. Dans ce cas, les entrepreneurs n’ont plus le choix pour accomplir son projet, que l’appel au crowdfunding.
- Troisièmement, il peut simplement s’agir d’un choix authentique de la part de l’entrepreneur : le crowdfunding pourrait être le moyen de financement le plus approprié pour son projet (comme dans le cas de Editions Voy’el, une entité qui fonctionne principalement par des bénévolats, donc leur véritable objectif n’est pas à but lucratif)
Les avantages du crowdfunding sont donc :
- la facilité d’obtention des fonds,
- la faible demande de garantie par rapport au système bancaire,
- la diversification des ressources pour l’entreprise (qui collabore indéniablement à la réduction des risques entrepreneuriales)
- et plus particulièrement « les betas testeurs ». Ce dernier critère a été spécialement mentionné par l’entrepreneur de Be scool comme étant l’avantage « le plus intéressant, du moment où l’entreprise œuvre dans le lancement et la création d’un produit novateur ».
Tandis que les inconvénients recensés se trouvent majoritairement dans les difficultés de procédures et de mise en œuvre de la campagne de lancement. En effet, cette dernière doit être la plus attrayante et la plus convaincante possible pour attirer les créanciers. De même, le fait de devoir passer par des plateformes n’est pas également très apprécié par certains entrepreneurs qui veulent garder leur projet plus discret.
Les incommodités concernant le taux d’intérêt ont été également mentionnées par nos interlocuteurs comme étant des inconvénients du crowdfunding.
Enfin, selon le dernier inconvénient évoqué par nos interlocuteurs, les entrepreneurs ne sont jamais assurés que la démarche mise en œuvre permette véritablement d’arriver aux objectifs financiers espérés pour la collecte.
Ainsi, pour améliorer le système de financement actuel, les entrepreneurs souhaitent :
- plus de clarté et de transparence au niveau des institutions bancaires,
- une facilitation du système de financement bancaire en se rapprochant et/ou en considérant particulièrement les PME
- une facilitation du paiement à travers la mise en place de possibilités via Paypal.
- En somme, ces affirmations ont également confirmé, une fois de plus, notre seconde hypothèse de recherche stipulant que : « Le crowdfunding est un moyen de financement pour les entrepreneurs qui n’ont pas de fonds de départ».
3.5.2 Catégorie 2 : les entrepreneurs qui ont fait appel à une source de financement autre que le crowdfunding
Dans cette seconde catégorie, on a pu enquêter auprès de 2 entreprises de petite taille : des start-up travaillant dans le domaine du commerce et de la vente. Il s’agit tous deux de récentes organisations datant de 2013 et de 2016, n’ayant pas eu recours au crowdfunding comme source de financement lors de la création de l’entreprise.
Les personnes interviewées ont été également les principaux responsables de chaque entité, des personnes qui sont les mieux placées pour nous éclairer sur leur choix dans l’option de financement de leur entreprise.
Ainsi, lors de la création de ces entreprises, les fondateurs ont recouru au « prêt bancaire », une option qui selon eux, semble être la mieux adaptée, dans le cadre d’une création d’entreprise.
En effet, pour le premier intervenant (représentant de « la Note Parisienne »), qui n’avait besoin que de « petite somme », le prêt bancaire se trouvait être le moyen le plus rapide pour obtenir cet écart.
Tandis que le second intervenant (représentant de G20) a mentionné le fait que le prêt bancaire soit plus simple par rapport aux autres éventuelles options de financement.
Le concept de crowdfunding pour les entrepreneurs de la deuxième catégorie :
Pour les entrepreneurs (n’ayant pas eu recours au crowdfunding comme source de financement), les conceptualisations du crowdfunding diffèrent selon leurs expériences et formation et notamment selon le secteur d’activité.
En effet, pour le premier intervenant (représentant de G20), le système convient le plus à des typologies particulières : « des entreprises innovantes ». Cette conception peut être expliquée d’une part, par le fait que ses connaissances et informations vis-à-vis de ce nouveau système soient encore limité, étant donné qu’il en ait été informé seulement lors d’un meeting. Et d’autre part, l’entrepreneur conçoit que l’environnement professionnel actuel peut être qualifié comme étant « individualiste », c’est-à-dire que l’on ne fait pas facilement confiance à autrui, comme sur des plateformes en ligne, où les contractuels ne se connaissent et ne se rencontrent même pas.
Pour le second intervenant (représentant de la Note Parisienne) par contre, le crowdfunding peut se présenter comme une opportunité pour les nouveaux porteurs de projet. Il s’agit d’un moyen de financement comme un autre, avec ses propres avantages et inconvénients, et qu’il revient aux entrepreneurs de choisir le système le mieux approprié pour leur projet. Comme avantage, il a reconnu que c’est un moyen plus souple par rapport aux banques et un meilleur système où le propriétaire reste véritablement l’unique propriétaire des parts sociales de son entreprise.
- Ainsi, d’après ces différents propos, on peut également valider notre première hypothèse stipulant que le crowdfunding permet aux innovateurs de se démarquer.
3.5.3 Catégorie 3 : les responsables travaillant dans le domaine de financement de la création d’entreprise
Dans ce dernier classement, nous n’avons pu intervenir qu’auprès d’un seul établissement : le groupe BNP PARIBAS; toutefois nous avons cherché à interviewer plusieurs individus pour avoir de différents points de vue. Ces différentes personnes, en occupant des postes distinctes au sein de l’entité, ont toutes les unes que les autres des responsabilités directes dans le domaine du financement comme directeur d’agence ou responsable clientèle.
Le concept de crowdfunding pour la population de la troisième catégorie :
Ainsi, pour nos répondants, le crowdfunding, qui est un type de financement participatif, est un système permettant de financer les nouvelles entreprises en se présentant comme un concurrent direct du système bancaire.
L’abondance du recours en ce nouveau système est notamment expliquée par la rigidité et la complexité des procédures bancaires, que ces acteurs reconnaissent effectivement. Les banques exigent plus de garantis dans la rentabilité du projet par rapport aux plateformes de crowdfunding, des garantis dont les nouveaux entrepreneurs ne possèdent pas encore. En effet, pour obtenir des prêts bancaires, les porteurs de projet doivent convaincre son commanditaire de la faisabilité, de la rentabilité et surtout de la pérennité du projet. Ces trois critères pourront attester au financeur que le fond accordé initialement, puisse être remboursé convenablement.
Aussi, le système de crowdfunding est envisageable pour tous types de projet, mêmes ceux classés comme « fragiles ». Néanmoins, ce type de financement participatif présente encore de multiples limites telles que l’incertitude. A titre d’exemple, les montants alloués ne peuvent être définis à l’avance : si la campagne fructifie, l’entrepreneur pourrait avoir les fonds nécessaires ; mais dans le cas contraire, il faudrait encore chercher d’autres moyens.
- En bref, la population de la troisième catégorie a également confirmé notre deuxième hypothèse annonçant que le crowdfunding est le moyen de financement pour les entrepreneurs n’ayant pas de fonds de départ.
3.6 Synthèse de l’approche méthodologique
4 Interprétation des résultats
4.1 Les résultats issus du point de vue des donateurs
Le crowdfunding est une manière pour les membres des communautés en ligne de soutenir les projets qui se rapprochent de leur préférence ou qui véhiculent une image positive relative à leur perception. En quelque sorte, c’est une manière de s’identifier et de se distinguer en apportant son soutien par rapport aux causes qui préoccupent chaque crowdfunder.
En fonction des types de financement pouvant être mise en œuvre dans le cadre du crowdfunding, les motivations des donateurs peuvent être multiples. Ainsi, certains y voient une manière nouvelle de faire fructifier leurs investissements, en les investissant sur des projets qu’ils jugent novateurs et potentiellement rentables. Dans ce comportement, ce type de donateurs s’apparente aux business angels.
D’autres types de donateurs sont plus motivés par le fait que les porteurs de projet véhiculent une image positive et qu’ils expriment une certaine capacité à mener des changements à travers leurs projets de création. Dans ce second cas de figure, ce n’est pas tellement l’aspect financier de la démarche au niveau de la rentabilité à terme qui est priorisé par le donateur, mais l’assurance que le financement qu’il effectue servira les fins d’un bénéfice social ultérieur.
4.2 Les résultats issus du point de vue des bénéficiaires
Le crowdfunding est une opération de financement qui permet aux créateurs d’entreprises de s’affranchir du contexte prohibitif de financement d’entreprise à travers l’emprunt auprès des établissements bancaires. L’avantage particulier du développement de ce nouveau système est qu’il fait appel à la motivation des communautés en ligne pour financer chaque projet engagé par des porteurs sur les plateformes de crowdfunding.
Avec l’importance que prendra le développement des réseaux sociaux en ligne, en tant que système de financement qui associe la motivation sociale et l’appel à l’acte auprès de communautés sociales en ligne, le crowdfunding va certainement continuer à se développer et à prendre de l’importance en tant que source de financement alternatif auprès des créateurs d’entreprises.
Sur les plateformes d’appel à projet dédiées au crowdfunding, à l’instar des investisseurs potentiels dans le cadre des systèmes de financement classique (banques, business angels, fonds d’investissement …), les investisseurs potentiels dans le cadre du crowdfunding s’établissent comme étant des juges pour trancher sur une éventuelle approbation/acceptation du projet présente sur cette plateforme par les créateurs/porteurs de projet.
Cela nécessite de la part des porteurs de projet, la mise en place d’une stratégie de visibilité auprès des potentiels investisseurs, étant donné que ces derniers se basent sur leur préférence et sur l’attrait que leur confère le projet proposé par chaque entrepreneur.
Au niveau de l’implication du crowdfunding dans le mécanisme de financement des projets de création d’entreprise pour le cas d’entreprises françaises, l’avis des personnes ressources diverge. En effet, il y a deux principaux courants d’idée.
Les avis selon lesquels le crowdfunding permet aux entrepreneurs qui se heurtent aux conditions de prêt relativement prohibitifs au niveau des établissements bancaires concordent. Cependant, au niveau du développement des structures entreprenariales mises en place, certains interlocuteurs soutiennent que le crowdfunding est uniquement un système qui sert à financer le lancement d’une entreprise, et se positionne uniquement en tant que concurrent du microcrédit.
Parallèlement, il y a des cas d’entrepreneurs qui disent vouloir plus se rapprocher de ce type de financement afin de diminuer les contraintes procédurales et administratives rencontrées au niveau du secteur bancaire. En outre, le crowdfunding ne se limite pas, pour ces entrepreneurs à la seule phase de lancement de l’activité entrepreneuriale, et pourrait tout à fait être mis à contribution pour accompagner l’entreprise au cours de toute sa phase de développement.
D’autre part, le crowdfunding est considéré par l’ensemble de toute la population interrogée comme une alternative efficace pour accéder au financement des activités entrepreneuriales dans un contexte difficile où le rapprochement avec des établissements bancaires pour financer ces activités est de plus en plus difficile, surtout quand l’entrepreneur ne dispose pas de garanties ni fonds de départ suffisants.
5 Discussions et recommandations
5.1 Discussions sur la méthodologie
Au niveau de la méthodologie adoptée, quelques limites ont été rencontrées au cours de notre démarche exploratoire. En effet, au départ, le panel d’entreprises que nous avons prévu d’interroger constituait un ensemble de 30 entités. Cependant, la recherche d’entreprises correspondant aux différentes strates constituant notre population d’étude s’est avérée ardue. Au final, nous avons effectivement pu satisfaire aux conditions typologiques préétablies pour la phase exploratoire, mais les conditions de nombre d’entreprises interrogées n’ont pas pu être satisfaites.
Au final, nous avons donc pu réaliser les entretiens suivants :
- Au niveau de la catégorie 1, c’est-à-dire la strate des entrepreneurs qui ont créé leur entreprise au cours des 5 dernières années, en faisant appel au crowdfunding comme source de financement, 8 entretiens réalisés auprès de dirigeants ou de responsables au sein des entreprises approchées. Ces entretiens effectués sont représentatifs de 8 entreprises, constituant ainsi en proportion, la moitié de l’échantillon prévu au départ.
- Au niveau de la 2ème catégorie, regroupant des entrepreneurs qui ont créé leur entreprise au cours des 5 dernières années, en faisant appel à une source de financement autre que le crowdfunding, 3 entretiens ont pu être réalisés auprès de responsables de 3 entreprises différentes. En proportion, cela représente 3 entretiens sur les 16 entretiens que nous avons pu réaliser. En comparaison, nous avons posé au départ l’intention de réaliser au départ ¼ de l’ensemble des entretiens sur cette deuxième catégorie.
- Par rapport à la troisième catégorie, qui rassemble les opinions de responsables travaillant dans le domaine du financement de la création d’entreprise (banque, fond d’investissement, plate-forme de crowdfunding, …) pour avoir leur opinion vis-à-vis du système, nous avons pu réaliser 5 entretien. Par contre, ces derniers ont été réalisés au niveau d’une même structure, eu égard à un manque de temps et pour répondre à des fins de praticité. Aussi, notre choix s’est porté sur la réalisation des entrevues auprès de différents responsables de différents services au sein d’un établissement bancaire de financement.
Malgré le fait que les conditions méthodologiques préétablies pour la phase exploratoire n’aient pas été complètement satisfaits, il n’en reste pas moins que les entretiens réalisés gardent toute leur pertinence aux fins d’interprétation des résultats collectés. Par ailleurs, étant donné que le choix s’est porté sur l’aspect méthodologique à préférer une démarche quantitative plutôt qu’une démarche quantitative, il en ressort que les résultats obtenus présentent les mêmes avantages en termes d’exploitabilité des données car ce sont les propos et les opinions des personnes interviewées qui sont directement mis en exergue.
Somme toute, les limites méthodologiques rencontrées au cours de la démarche exploratoire ont pu être gérées en misant sur le côté pertinent de la mise en œuvre au niveau de la phase de collecte de données, ce qui nous a permis de satisfaire aux conditions de pertinence des données collectées.
5.2 Discussions sur les hypothèses
Afin de répondre à la problématique énoncée pour conduire cette étude, à savoir « Quels sont les avantages du crowdfunding comme source de financement alternatif pour les nouvelles entreprises ? », trois hypothèses ont été émises.
En premier lieu, concernant l’hypothèse selon laquelle « le crowdfunding est une source de financement communautaire qui permet aux innovateurs de se démarquer », les résultats des entretiens effectués permettent de la valider. En effet, la question de l’innovation entrepreneuriale est une thématique reprise par les interlocuteurs pour parler de la relation qu’ils ont avec la démarche de « crowdfunding ». D’ailleurs, ce qui ressort des entretiens réalisés, c’est que les entreprises qui ont fait appel au crowdfunding pour le financement de leurs activités sont celles qui n’ont pas eu de retours positifs auprès des établissements et autres entités de financement classiques, eu égard au type de produit ou service qu’ils veulent mettre en place, et pour lesquels les financeurs classiques sont dubitatifs par rapport à l’aboutissement.
La seconde hypothèse selon laquelle « le crowdfunding est un moyen de financement pour les entrepreneurs qui n’ont pas de fonds de départ » est également validée. Nos interlocuteurs ont été unanimes sur le fait que le « crowdfunding » est une méthode de financement des projets entrepreneuriaux pour les porteurs de projet qui n’ont pas la possibilité de trouver autrement des ressources pour pourvoir à leurs besoins durant la phase de lancement.
La dernière hypothèse émise énonçait que « le crowdfunding est un moyen de financement limité aux petites structures entrepreneuriales ». Les propos recueillis permettent de valider cette troisième hypothèse. En effet, les entreprises qui peuvent se permettre de se faire financer par le biais d’une campagne de crowdfunding sont les entreprises de taille faible, induisant une structure peu complexe (du type start-up). Pour le cas des entreprises de taille plus importante et des grands groupes, le crowdfunding ne se pose pas comme étant une solution de financement pertinente et plausible dans le sens où les possibilités de financement qu’offrent actuellement les campagnes de crowdfunding ne sont pas suffisantes pour permettre à ces types d’entreprise d’y faire appel.
5.3 Discussions sur les résultats
Les résultats des entretiens menés au cours de cette étude auprès des personnes ressources (entrepreneurs et responsables d’entreprise français) quelques points clés pour la perception du crowdfunding au niveau de ces cibles ressortent.
En premier lieu, l’essor du crowdfunding en tant que mécanisme de financement de projets de création d’entreprise est imputable aux contraintes de financement ressenties par les entrepreneurs en faisant appel aux systèmes de financement classiques. En effet, les entrepreneurs sont « obligés d’aller chercher les fonds ailleurs ». Les entrepreneurs interrogés parlent de la rigidification du cadre des prêts bancaires consécutive aux contraintes subies par ces établissements (les différents accords de Bâle).
Ainsi, dans la perspective que ces contraintes restent en ligne de compte, les types de mécanismes de financement tel le « crowdfunding » sont appelés à devenir incontournables, ne serait-ce qu’au niveau des entreprises de faible taille salariale et des « start-up ». Malgré tout, la limite du « crowdfunding » se trouve au niveau de l’importance des sommes qui peut être collectée durant la campagne menée, ce qui conduit à la réflexion justifiée de l une des personnes interviewée selon laquelle : le « crowdfunding » peut présenter une « concurrence pour le micro crédit uniquement ». Réflexion dont la teneur est sujet à débat au vu de l’ampleur que le « crowdfunding » tend à avoir avec le développement des interactions sociales au sein des communautés du web.
En second lieu, pour les entrepreneurs qui ont fait appel au « crowdfunding » pour le financement de leurs entreprises, la mise en place d’une campagne de financement participatif est une grande source de stress car cette opération nécessite énormément de travail, que ce soit au niveau de la communication, de la création de contenus attirant les investisseurs-consommateurs.
D’autres propos tenus par les personnes interviewées font également état de la complexité de la mise en place d’une campagne de « crowdfunding » : « Cela peut paraître très simple mais en réalité mais ça ne l’est pas en réalité, mener une campagne de « crowdfunding » est quelques chose de très éprouvant et de compliqué ». Aussi, s’engager dans une campagne de « crowdfunding » n’est pas une affaire d’improvisation, et nécessite un effort considérable et des connaissances assez pointues en marketing de la part de tout porteur de projet qui souhaiterait s’investir dans une telle aventure.
En troisième lieu, le « crowdfunding », comme toute démarche faisant appel à la foule ou à la communauté véhicule une image positive de solidarité et de proximité entre les différents acteurs en relation. Par contre, selon les personnes interviewées, le plus gros inconvénient du « crowdfunding » est le manque de protection au niveau des plateformes dédiées à ces opérations. Ainsi, pour les investisseurs, la question de la sécurité des fonds alloués et mis en ligne sur ces plateformes.
6 Conclusion
Les entrepreneurs ne sont pas les seuls à faire appel au crowdfuding dans la démarche de sollicitation des communautés en ligne pour soutenir financièrement des projets. En effet, les champs d’application du crowdfunding sont très diversifiés : allant de la culture (albums d’artiste, montage de spectacles, publications et autres œuvres culturelles …) à la création d’entreprises œuvrant dans des segments particuliers (ressources et énergies renouvelables, agriculture biologique, inventions …).
Ethan Mollick[19], chercheur à la Wharton School of the University Of Pennsylvania, a identifié les facteurs déterminants dans la réussite ou l’échec d’une campagne de crowdfunding sur la plateforme américaine KickStarter. Selon cet auteur, la capacité à mobiliser une communauté via les réseaux sociaux, ce qu’il nomme le capital social, et la bonne préparation sont les deux caractéristiques essentielles au succès d’une campagne d’appel à financement participatif : le premier parce qu’il permet de mobiliser extrêmement rapidement grand nombre de petites ressources et, le second parce qu’une préparation permet au porteur de projet de réduire l’incertitude des investisseurs quant aux issues du projet.
Mollick a ainsi déterminé que seuls 5 % parmi les 471 projets étudiés, financés à l’aide d’une campagne de crowdfunding, ont été défaillants et n’ont pas aboutis. L’étude a d’ailleurs montré que les projets qui n’ont pas abouti étaient des projets sur lesquels les porteurs n’avaient pas anticipé le succès de l’opération qu’ils ont effectué : le montant final obtenu a été de très loin supérieur à celui escompté au départ. En termes de ressources humaines, d’organisation dans l’entreprise ou d’anticipation de production, les porteurs de ces projets ont mal évalué les chances de succès de la démarche et ne s’étaient pas préparés à en assumer les résultats.
Pour les porteurs de projets, il est essentiel de garder à l’esprit ce qu’implique le fait de s’engager dans une démarche de crowdfunding : un stress permanent. Les résultats des entretiens menés au cours de cette étude montrent clairement que mener à bien son projet de financement participatif génère un stress permanent.
Par ailleurs, l’approche utilisée dans le cas d’une recherche de financement auprès des acteurs classiques (banques, business angels, fonds d’investissement …) n’est pas la même que celle à l’attention des communautés en lignes : avec le crowdfunding, les cibles ne sont pas des professionnels de la finance mais bien des consommateurs. Il est ainsi obligatoire, pour tout entrepreneur qui désire se lancer dans cet aventure, de maîtriser les techniques et les rouages du marketing social, et d’avoir une bonne connaissance des comportements de consommation et d’achat de leurs cibles.
Selon Mollick, « … le crowdfunding expose directement les entrepreneurs aux « consommateurs », donc à la critique ». Il entend par là la dualité que met en place l’utilisation des réseaux sociaux : la réussite induite peut se retourner contre le porteur de projet. Ce dernier doit ainsi être en première ligne en communiquant et en animant sa communauté, garder une présence constante sur les réseaux sociaux, les salons, quitte à sacrifier un temps conséquent durant la totalité de la démarche. Cela requiert également d’être constamment à la recherche de nouvelles façons de communiquer, de promouvoir son projet, de faire parler de lui au niveau des communautés.
La généralisation et la vulgarisation du crowdfunding au niveau des cercles d’entrepreneurs répondent à la difficulté que rencontrent les porteurs de projets à trouver à se faire financer leurs intentions entrepreneuriales avec un financement bancaire. En effet, suite à la mise en place des différents accords internationaux sur les conditions d’octroi de crédit par les établissements bancaires, les entrepreneurs sont obligés de se rabattre sur d’autres sources de financement pour pourvoir aux besoins en fonds du projet.
Le crowdfunding a fait son apparition avec le développement récent des réseaux d’interactions sociales sur internet au cours des deux dernières décennies. En tant que système de financement récent, son utilisation est encore sujette à un important processus de recherche et d’amélioration.
Dans tous les cas de figure, la capacité des porteurs de projet à attirer l’attention des investisseurs potentiels et à les faire adhérer à la démarche créatrice est un facteur important de la mobilisation des communautés afin de réussir un tour de force dans le cadre du crowdfunding. Il faut par ailleurs garder à l’esprit que le crowdfunding est un univers mercantile concurrentiel dans lequel les projets présentés sur chacune des plateformes entre en compétition avec les autres projets. Il incombe donc à chaque porteur de projet se démarquer des autres afin d’atteindre ses objectifs.
Néanmoins, bon nombre d’entrepreneurs ont déjà été en contact avec ce type de financement : les avis sont partagés quant à sont efficacité et sa pertinence comme source de financement alternatif aux sources de financement dîtes conventionnelles. Aussi, les axes de développement et d’amélioration du crowdfunding se situent au niveau des modalités légales et des questions pratiques quant à son utilisation.
Partie bibliographique (2 pages)
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GUIDE D ENTRETIEN
Fiche n°: Date de l’entrevue :
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Raison sociale de l’entreprise :
Statut juridique :
Taille salariale : □ 0 □ 1-9 □ 10-19 □ 20-99 □ 100 et +
Secteur d’activité[20] : □ Commerce/Vente □ Service aux entreprises □ Service aux particuliers □ Activités culturelles/artistiques □ Artisanat/Protoindustrie □ Autre à préciser
Capital (€):
Chiffre d’affaire annuel (€):
Année de création de l’entreprise:
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PRESENTATION DE L’INTERVIEWE
Sexe :
Tranche d’âge □ 18-24 ans □ 25-34 □ 35-49 □ 50-64 □ 65+
Fonction(s) dans l’entreprise :
Principales activités dans l’entreprise:
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Eléments / thèmes à explorer | Questions |
Contexte général du « crowdfunding » en tant que source de financement |
Si on vous dit « crowdfunding », à quoi pensez-vous ?
Dans quel cadre avez-vous été informé de cette notion pour la première fois ?
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Le rôle, et la place du « crowdfunding » dans le financement d’entreprise.
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L’utilisation des sources alternatives pour le financement de la création d’entreprise prend de l’ampleur, qu’en pensez-vous ? |
Retour d’expérience pour les entrepreneurs qui ont déjà fait appel au « crowdfunding » comme source de financement. (catégorie 1) | Vous avez fait appel au « crowdfunding » pour financer la création de votre entreprise, qu’est ce qui vous a conduit à faire ce choix ?
Selon vous, quels sont les avantages du « crowdfunding » comme source de financement alternatif ?
Et ses inconvénients ?
Si vous deviez apporter de(s) amélioration(s) au système actuel de financement de la création d’entreprises, qu’est ce que cela pourrait être ?
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Retour d’expérience pour les entrepreneurs qui ont fait appel à d’autres sources de financement que le « crowdfunding ». (catégorie 2) | Pour la création de votre entreprise, à quel mode/type de financement avez-vous eu recours ?
Qu’est ce qui vous a conduit à faire ce choix ?
Selon vous, quels sont les avantages de ce type de financement par rapport aux types de financement dits alternatifs comme le « crowdfunding » par exemple ?
Et ses inconvénients ?
Si vous deviez apporter des améliorations au système actuel de financement de la création d’entreprise, lesquelles seraient-ce ?
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Retour d’expérience pour les responsables d’entité de financement de la création d’entreprise (catégorie 3) | D’après votre expérience terrain, quelles sont les principales difficultés que les porteurs de projets/créateurs d’entreprise rencontrent dans leur démarche pour financer la création de leur entreprise ?
Selon vous quelles sont les limites de l’utilisation des sources de financement dites alternatives par rapport aux sources de financement « classiques » ?
Et leurs points forts ?
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Perspectives du crowdfunding | Pensez-vous que les sources de financement alternatives comme le « crowdfunding » ont de l’avenir en tant que source de financement ?
– Si oui pourquoi ?
– Si non, pourquoi ?
Plus précisément, dans quelle mesure ces alternatives de financement pourraient-elles concurrencer les sources de financement « classiques » ?
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[1] Sondage EOS GALLUP, 2005, in Riga, 2014
[2] CeFiP, 2012 in Riga, 2014
[3] Peter Cooke était le directeur de la Banque d’Angleterre en ce temps et, fut le premier président du Comité de Bâle
[4] William J. McDonough fut président de la Réserve Fédérale de New York entre 1998 et 2003
[5] www.banque-info.com/lexique-bancaire/e/etablissement-de-credit
[6] Id.
[7] www.banque-info.com/lexique-bancaire/e/etablissement-de-credit
[9] Id.
[10] Belleflamme P., Lambdert T. et Schwienbacher A., (2011) “Crowdfunding: Tapping the Right Crowd”. p.9
[11] http://www.culturebanque.com/financement-pour-entreprises
[12] INSEE, 2016. http://www.insee.fr/fr/bases-de-donnees/bsweb/graph.asp?idbank=001656092
[13] Les principaux dispositifs : dispositifs fiscaux mis en place par l’Etat pour favoriser la trésorerie des entreprises, tels que le Crédit d’impôt Compétitivité Empli (CICE), le Crédit d’Impôt Recherche (CIR), le Crédit d’Impôt Innovation (CII), ou le Crédit d’Impôt Apprentissage.
[14] Stéphane Foliard, 2008.
[15] Selon le site KickStarter en 2012
[16] Baromètre réalisé par CompinnoV pour Financement Participatif France, auprès de 51 plateformes françaises de crowdfunding.
[17] Crowdsourcing.org
[18] Dumez, H. (2011). Qu’est-ce que la recherche qualitative ? CNRS / École Polytechnique
, Le Libellio d’ AEGIS, Vol. 7, n° 4, pp. 47-58.
[19] Ethan Mollick, The Dynamics of Crowdfunding: Determinants of Success and Failure, Wharton School of Pennsylvania (juin 2013): http://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=2088298
[20] Important pour la première et la deuxième catégorie d’échantillon
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