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Le rôle du capital social en termes de confiance, de normes et de réseaux dans l’octroi de crédit aux PME

Université Mohamed Premier

Faculté des Sciences Juridiques, Economique et Sociales

Oujda

 

Unité de Formation et de Recherches en Monnaie et Finance

 

Le rôle du capital social

en termes de confiance, de normes et de réseaux dans l’octroi de crédit aux PME

(Cas des banques marocaines et locales)

 

 

 

 

 

 

THESE

 

 

Pour l’obtention du titre de

DOCTEUR EN ES-SCIENCES ECONOMIQUES

(Arrêté 2.96.793 du 19 février 1997)

 

Présentée et soutenue publiquement par

Youssef BOULAHBACH

JURY

Directeur de thèse       :           Monsieur Yahya YAHYAOUI

Professeur de l’Enseignement Supérieur à la F.S.J.E.S d’Oujda

 

Rapporteurs                :           Monsieur  Mohammed CHIGUEUR

Professeur de l’Enseignement Supérieur à la F.S.J.E.S d’Oujda et

directeur adjoint de l’Ecole Nationale de Commerce et de Gestion d’Oujda

                                                   Monsieur EL Habri EL MAJDOUBI

Professeur de l’Enseignement Supérieur à la F.S.J.E.S d’Oujda

 

Suffragants                 :            Monsieur  Abderrahman EL ARABI

Professeur Habilité à diriger les recherches à  l’Ecole Nationale

de Commerce et de Gestion d’Oujda

                                                   Monsieur  Taoufik YAHYAOUI

Professeur Habilité à diriger les recherches à  la F.S.J.E.S de Rabat.

 

Dédicace

 

A ma mère

A mes frères et sœurs

A l’âme de mon père et mon frère Amr

 

Remerciements

 

Je tiens à rendre un hommage sincère à toutes les personnes qui ont contribué, de près ou de loin, au  bon déroulement de ce travail de thèse. Sans leur aide, cette recherche n’aurait probablement pas pu aboutir….

 

Je suis très reconnaissant envers mon directeur de thèse, Monsieur Yahya YAHYAOUI,           Professeur de l’Enseignement Supérieur à la F.S.J.E.S d’Oujda,  chez qui j’ai trouvé l’appui et les directives nécessaires à l’élaboration de ce travail. Je le remercie pour ses encouragements et les longues discussions très ouvertes qui m’ont permis de voir claire le chemin afin d’aboutir à l’achèvement de ce travail de thèse.

 

Je remercie également les membres du jury, qui ont bien voulu évaluer mon modeste travail de recherche  Monsieur  Mohammed CHIGUEUR, Professeur de l’Enseignement Supérieur à la F.S.J.E.S d’Oujda    et directeur adjoint de l’Ecole Nationale de Commerce et de Gestion d’Oujda en sa qualité de rapporteur et Monsieur EL Habri EL MAJDOUBI,           Professeur de l’Enseignement Supérieur à la F.S.J.E.S d’Oujda également mon rapporteur

 

 

Mes remerciements s’adressent également à Monsieur  Abderrahman EL ARABI Professeur Habilité à diriger les recherches à  l’Ecole Nationale  de Commerce et de Gestion d’Oujda et Monsieur  Taoufik YAHYAOUI Professeur Habilité à diriger les recherches à  la F.S.J.E.S de Rabat  qui ont bien voulu être les suffragants du jury.

 

Ces remerciements vont aussi aux personnels Faculté des Sciences Juridiques, Economique et Sociales Oujda et à mes amis qui m’ont aidé à finir ce travail de recherche.

 

Finalement, je ne saurais ici oublier l’inestimable soutien de ma famille, à qui je dois bien plus que de simples remerciements.

 

Résumé

 

Le marché de crédit est caractérisé par le paiement qui ne sa fait pas simultanément à l’échange, mais de manière différée, à travers la promesse de remboursement. L’incertitude y occupe une place importante et joue un rôle prépondérant.

 

Pour cette raison, la décision d’octroi de crédit   par une banque correspond à une prise de risque. Au fait, à l’origine de la relation d’échange, il y a une asymétrie d’information entre l’emprunteur et le banquier (au sens de Jensen et Meckling, 1979). Le prêteur ne dispose que d’une information à la fois imparfaite et incomplète de l’emprunteur.

 

Pour réduire cette incertitude, les banques ont défini des méthodes instrumentales d’évaluation qui doivent permettre d’appréhender le risque à partir d’éléments objectifs S’appuyant essentiellement sur des éléments économico financiers, ces éléments objectifs ont montré leurs limites, au regard de nombreux scandales que le monde financier a connu au cours de ces dernières années. A cet effet, les informations financières et économiques communiquées par l’emprunteur ne reflètent pas, dans la plupart des cas, la réalité. Cet état des choses ne se justifie pas exclusivement par la volonté de l’emprunteur à masquer la qualité de ses projets. Une entreprise ne dispose quelques fois que d’une information imparfaite sur ses propres perspectives de revenu. Quelle que soit la volonté de communiquer, l’emprunteur est dans l’impossibilité de construire une représentation du futur qui doit permettre à lui-même et a fortiori à la banque d’évaluer la rentabilité prévisionnelle de son projet.

 

Cette situation conduit les banques à s’intéresser aux éléments subjectifs. Cette prise en  compte des éléments subjectifs peut sans doute expliquer que dans ces circonstances environnementales identiques, quelques fois dans le même secteur d’activité, que certaines entreprises bénéficient de la confiance de la banque et obtiennent régulièrement des crédits, alors que d’autres peinent à en avoir. Par ailleurs, pour une même entreprise, la banque lui fait confiance  pour certains crédits et ne lui pas pour d’autres.

 

ABSTRACT

 

The market of credit is characterized by the payment which is not done simultaneously with the exchange, but in a differed way, through the promise of refunding. Uncertainty plays a very important part there. For this reason the decision of granting of credit by a bank corresponds to a taking risk. Indeed, at the origin of the relation of exchange, there is an asymmetry of information between the borrower and the banker (within the meaning of jensen and meckling, 1979). The lender has only one at the same time incomplete and imperfect information of the borrower.     To reduce this uncertainty, the banks defined instrumental methods of evaluation making it possible to apprehend the risk starting from objective elements, those being pressed primarily on financial elements économico, showed their limits, taking into consideration scandal many that the financial world knew during these last years. Indeed, financial and economic information communicated by the borrower always does not reflect reality. This state of the things is not justified exclusively by the will of the borrower to mask the quality of its projects. A company lays out sometime of imperfect information on its own prospects for income. Whatever its will to communicate, the borrower has no possibility to build a representation of the future which allows itself and a fortiori at the bank to evaluate the estimated profitability of its project.  This state of affair led the banks to be interested in the subjective elements. This taking into account of the subjective elements can undoubtedly explain why in identical environmental circumstances, sometime in the same branch of industry that certain companies profit from the confidence of the banks, by obtaining appropriations regularly, whereas others pain to have some. In addition, that for the same company, the bank trusts him for certain appropriations but not for others.

 

Table des matières

Dédicace ……………………………………………………………………………

 

Remerciements …………………………………………………………………..

 

Résumé ………………………………………………………………………………

 

ABSTRACT ……………………………………………………………………………

 

Introduction générale ………………………………………………………………

Intérêts et motivations de la recherche ……….……………………………………

Organisation de la thèse et contribution ……………………………………………

Méthodologie :. ………………………………………………………………………

 

Première Partie : Les fondements théoriques  de la relation Banque/Entreprise ………………………………………………………………

 

Introduction de la première partie ………………………………………………………

 

Chapitre 1 : L’incertitude concept controversé ………………………………………

 

Introduction ……………………………………………………………………………..

 

Section 1 : La controverse chez les économistes-philosophes …………………………..…

 

1.L’incertitude, de la probabilité objective à la probabilité subjective dans le modèle structurel de Knight …………………………………………………………………

 

a) La différenciation Risque/Incertitude  ……………………………………

b) La réduction de l’incertitude chez Knigh …………………………………

 

2.L’incertitude fondée sur les comportements (Keynes) ……………………………..

a) Enrichissement du concept du traité de la probabilité à la théorie générale

b) Divergence avec Knight et Robinson ………………………………………

 

3.  L’incertitude chez Hayek …………………………………………………………..

 

4.Le comportement des acteurs face au risque ……………………………………….

 

Section 2 : Ce que pensent les héritiers  ………………………………………………

1.Les autrichiens ………………………………………………………………………..

2.Les postkeynésiens …………………………………………………………………….

3.L’incertitude chez les néoclassiques ………………………………………………….

 

Conclusion ………………………………………………………………………………

 

Chapitre 2  :  Le désordre dû à l’insuffisance informationnelle ……………………….

 

Introduction ………………………………………………………………………….…

 

Section 1 : Les problèmes d’agence  ……………………………………………………

 

1.Stigler et les coûts de transaction …………………………………………………..

2Akerlof et l’asymétrie informationnelle sur la qualité ……………………………..

3Arrow et l’aléa moral …………………………………………………………………

 

Section 2 : Le rétablissement de l’ordre , du signal à l’incomplétude des contrats ……

 

1.La qualité du signal …………………………………………………………………..

2.Le recours aux contrats pour mieux contrôler le comportement des emprunteurs..

a) La théorie des contrats ……………………………………………………..

b) L’incomplétude des contrats ……………………………………………….

3.De l’incomplétude à l’incitation …………………………………………………….

a) La théorie des garanties ……………………………………………………

b) La théorie des incitations …………………………………………………..

 

Conclusion ………………………………………………………………………………

 

Chapitre 3 : Le rationnement des crédits aux PME ……………………………………

 

Introduction ……………………………………………………………………………..

 

Section 1. Le fondement théorique du rationnement du crédit …………………………

 

1Les asymétries de l’information ………………………………………………………

2.Les différentes formes d’asymétrie informationnelle ……………………………….

3La relation du crédit …………………………………………………………………..

 

Section 2 : Les fondements empiriques du rationnement du crédit ………………………..

 

1.Les études empiriques sur le rationnement du crédit ………………………………

2.Les mesures du rationnement de crédit ……………………………………………..

 

Conclusion Chapitre 3 …….……………………………………………………………

 

Conclusion de la première partie ……………………………………………………….

 

 

DEUXIEME Partie : La pratique de l’octroi du crédit aux PME  marocaines, de la transaction à l’encastrement  social ……

 

Introduction de la deuxième partie ……………………………………………………

 

Chapitre 4 : La relation bancaire de l’approche transactionnelle à l’approche relationnelle ………………………………………………………

 

Introduction …………………………………………………………………………….

 

Section 1 : La relation banque-entreprisede l’approche transactionnelle à l’approche relationnelle ………………………………………………………………

 

1 La banque à l’acte et la banque à l’engagement ………………………………………

2 Le comportement des banques,  entre rationalité et passion …………………………

 

Section 2 : La sociologie économique et l’encastrement social dans l’octroi de crédit….

 

1 La théorie de la confiance ……………………………………………………………

A. Origine de la confiance ……………………………………………………..

A.1. Sources directes ………………………………………………………..

A.2. Sources indirectes  …………………………………………………….

B. Rôle de la confiance …………………………………………………………

2. La théorie de l’encastrement social.  ……………………………………………….

 

Conclusion Chapitre 4 ………………………………………………………………….

Chapitre 5. Les réalités chez les banques et les PME marocaines en termes de capital social et d’octroi de crédit  ………………………………………………….

 

Introduction  …………………………………………………………………………….

 

Section 1. Les appréciations des PME marocaines  à travers des enquêtes …………..

 

Section 2. Les appréciations des agences bancaires marocaines ………………………

 

Conclusion Chapitre 5.. ………………………………………………………………..

 

Conclusion deuxième partie ……………………………………………………………

 

Conclusion générale ……………………………………………………………………

 

ANNEXE ……………………………………………………………………………….

 

Bibliographie ……………………………………………………………………………

 

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Introduction générale

 

Bon nombre de recherches ont montré la répercussion des émotions sur la prise de décision individuelle ou collective (Petit, 2009). Les émotions étaleraient la manifestation de comportements pro sociaux profitables pour la collectivité (Elster, 2006). Des questions relatives aux émotions occupent une place importante en science économique pour savoir comment l’induction ou la manipulation stratégique d’émotions négatives (mécontentement, angoisse, chagrin, etc.) ou d’émotions positives (reconnaissance, estime, sympathie, etc.) peuvent-elles encourager les individus à opter des comportements pro sociaux[1] lors des mécanismes de coopération, de négociation ou d’investissement? Quels résultats produisent les changements de comportements entraînés par ces émotions sur le bien-être collectif? En cas de choix en environnement risqué ou douteux ou en cas d’interaction avec personnes qui disposent d’une information différente, quelle est la part de responsabilité des émotions?

 

 

La prédiction d’émotions de regret et de contrariété, si l’on n’atteint pas les buts visés, peut autant éluder les investissements, mais éventuellement peut avoir l’influence à stimuler (pour réduire les risques d’échec). Des émotions positives ou négatives peuvent donc agir sur les choix d’investissement ou d’effort, ainsi que la réaction à des contrats stimulants proposés en cas d’asymétrie d’information. Les émotions n’agissent en effet qu’à peu de travaux théoriques, même si une littérature (Benhabib and Bisin, 2005, Fudenberg and Levine, 2006) développe des modélisations duales du cerveau.

 

 

Cette thèse met en opposition  dans sa revue de littérature deux courants de pensée en matière de décision : les économistes et les sociologues :

 

–  Le premier courant adepte de la rationalité des acteurs et de la symétrie de l’information (l’information hard est  publique et gratuite). Ce courant détermine la nature de la relation banque-entreprise, une relation  de court terme fondée sur la maximisation des gains mutuels et l’opportunisme des acteurs. Le comportement bancaire est cadré par le contrat de crédit, et la relation est purement transactionnelle (théorie des contrats).

 

– Le deuxième courant s’inscrit dans une relation de long terme, l’information hard demeure insuffisante quant à la prise de risque dans un univers incertain. La relation contractuelle est  limitée dans la mesure où il est impossible de prévoir tous les cas de nature dans un acte (incomplétude des contrats), et l’asymétrie de l’information  s’impose autant au recours aux contrats incitatifs (théorie des incitations), aux garanties et convenants (éléments exogènes). La relation bancaire est fondée sur le relationnel et prend des dimensions interpersonnelles : théorie de l’encastrement social en terme de confiance et parole de l’acteur.

Intérêts et motivations de la recherche

 

L’objet de cette thématique est de montrer s’il existe une corrélation  entre la confiance et l’octroi de crédits aux entreprises (PME) et le sens de cette corrélation (positive, négative ou nulle).

 

 

Il nous est important de démontrer par la suite que l’asymétrie de l’information est un problème courant lors des financements externe quelle que soit la taille de l’emprunteur. Faut-il démontrer que les plus grandes entreprises sont mieux armées pour maîtriser le problème informationnel  par le biais d’une sûreté  et que les PME,  parfois sous-capitalisées, ne disposent pas de garanties susceptibles de satisfaire le banquier, alors que le crédit bancaire constitue la source primordiale de financement externe.

 

 

Théoriquement, l’asymétrie  d’information est singulièrement identifiable si la PME est une entreprise familiale où le risque de confrontation du crédit personnel et du crédit professionnel est imminent, tel cas où il est difficile pour le banquier  d’estimer la capacité de remboursement. Les recherches ont intérêt à clarifier les relations banque/PME et en sortir une certaine conclusion.

 

 

Sachant par ailleurs que d’autre problème découle des coûts fixes de transaction au niveau de la banque, entre autres la collecte d’information, l’évaluation du projet et le suivi du prêt, et ce problème affecte aussi bien la fourniture de micro-prêts où les coûts fixes peuvent être perçus très élevés par les PME ou peuvent être perçus non transparentes et que par conséquent il s’agit de démontrer que ces PME fournissent de l’information financière probablement insuffisante à la banque.

 

 

Enfin, les institutions financières ont tendance à attribuer un risque plus haut aux PME compte tenu de leur précarité face aux mouvements du marché.  L’une des motivations de notre recherche est de proposer une solution optimale  pour faciliter le financement des PME marocaines dont la solution est basée sur le mode de fourniture d’information, de garanties et éventuellement la diminution des coûts de production de prêts.

 

 

L’on est conscient que la procédure pour l’obtention du prêt bancaire est complexe pour les PME, pourtant le prêt bancaire demeure leur principale source de financement externe. Les jeunes entreprises ayant une potentielle de développement rapide doivent-elles soulever le défi de décrochage  d’un apport de fonds propres sachant qu’il leur serait difficile de supporter les remboursements périodiques de prêts bancaires lorsqu’elles sont en phase de démarrage ou en phase de croissance. La recherche d’investisseur qui accepterait d’apporter des fonds propres pourrait être la meilleure solution mais il s’agit d’échanger au préalable d’informations pertinentes quant au plan d’évolution de l’entreprise.

 

 

La motivation de la présente recherche est de pouvoir réduire l’asymétrie de l’information entre la PME et les institutions financières, ou du moins partager le risque engendré par cette asymétrie. Pour ce faire, les mesures préconisées sont :

 

  • L’amélioration du dialogue entre la banque et la PME sinon organiser le dialogue sur la base d’un code de bonne conduite pour renforcer leur entendement mutuel ;

 

  • L’amplification de services d’information à l’endroit des clients des sociétés de crédit et sur le crédit lui-même ;

 

  • La consolidation des sociétés de garantie en promouvant des projets d’appui technique ;

 

  • Le rehaussement du maximum d’un micro-prêt dans le but de permettre matériellement la banque à suivre le déploiement des PME clients.

 

 

Et afin de réaliser ces mesures, il s’agit d’observer les différentes théories économiques. Mais tout d’abord, nous allons réitérer la  situation qui prévaut et  annonçons par la suite l’organisation de la présente thèse.

Organisation de la thèse et contribution

En rappelant que le prêt bancaire représente l’essentielle source externe pour les PME et que l’allocation d’une sûreté suffisante est une difficulté majeure, la société de garantie, qu’elle soit étatique ou mutuelle, devra  jouer un rôle important de facilitateur d’accès au crédit,  particulièrement  pour de longues maturités.

 

 

Des pays tels que l’Egypte, Israël, la Jordanie, le Liban, la Tunisie et le Maroc [2] ont mis en place  d’instruments de garantie publics souvent en liaison avec leur secteur bancaire où les sociétés de garantie, dans la plupart des cas étatiques, se déploient dans le paysage financier. Par moment, ces sociétés remplissent leur fonction sous forme de programmes de garantie dotés par le budget de l’Etat mais dont la mise en œuvre a été confiée à une société privée résultant d’un appel d’offres.

 

 

La pratique vécue au sein de l’Union européenne, particulièrement en ce qui concerne le  partenariat public-privé ou en ce qui concerne des structures mutuelles conçues à l’initiative des PME elles-mêmes, présente des atouts pour accélérer le processus d’actualisation des systèmes de garanties dans la région ANMO[3].

 

 

Mais dans la pratique actuelle,  l’obtention de financement est singulièrement difficile pour les PME qui ne sont pas en possession de sûreté suffisante et qui ne disposent pas de référence établie, ni d’expérience suffisante de crédit. Ainsi,  une PME nouvellement créée ayant besoin de financement externe met la banque confrontée à une asymétrie de l’information. A propos  de sa capacité réelle à honorer les contrats d’emprunt, le responsable de la PME maintient évidemment plus d’informations sur sa propre affaire que son banquier. En outre,  du point de vue  de l’extérieur, le « reporting » de la PME ne représente pas systématiquement de  fiabilité, ni crédibilité, ce qui entérine  de plus en plus l’asymétrie de l’information. Par voie de conséquence, nombreux sont les projets d’investissement viables rejetés  par la banque ou ne décrochent pas de crédit à un coût raisonnable.

 

A cet effet, cette thèse se propose de mettre en exergue les problématiques et s’organise pour évaluer les processus d’octroi de crédit à l’endroit des PME.

 

 Nous posons comme problématique : « Comment maîtriser les paramètres déterminants de l’octroi de crédit bancaires en faveur des PME ».

 

Les sous-problématiques qui découlent de cette principale problématique désignent les déterminants objectifs et les déterminants subjectifs. Nous allons les résumer comme suit :

 

Les déterminants visibles (objectifs) :

  • Quel est le rôle de la nature de l’information dans la prise de décision ?

 

  • Pourquoi l’information hard (Publique, bilans et autres) est insuffisante pour déterminer la position du banquier ? et par conséquent on fait recours à l’information soft !

 

  • Comment l’horizon ou le temps et l’incertitude influencent la prise de décision ?

 

  • Comment l’organisation, les acteurs et le pouvoir dont ils jouissent conditionnent la prise de décision ?

 

  • Quel est le rôle de la réglementation (interne et externe) dans la prise de décision ?

 

  • Le rôle des contrats et garanties dans l’octroi de crédits

 

Les déterminants invisibles (subjectifs) :

  • Relation interpersonnelle chargé d’affaires/entrepreneur ?

 

  • Rôle des réseaux dans la prise de décision

 

  • Corrélation entre confiance et la parole du chargé d’affaire ou décideur (acteur) : – Fondements et justification de cette relation ?

 

  • Biais de cette relation : excès de confiance ?

 

Dans le cadre de cette thèse, et par rapport à ces déterminants, nous posons les hypothèses suivantes :  

Hypothèse 1 : Les risques encourus par la banque dans ses activités d’octroi de crédit sont  préservés efficacement tant que  les méthodes d’évaluation des risques  qui s’avèrent  insuffisantes sont améliorées et que les dispositifs institutionnels censés prévenir les risques de défaillance des emprunteurs sont développés.

Hypothèse 2 : L’incertitude inhérente à l’évaluation des risques et les limites des méthodes instrumentales et des dispositifs institutionnels sont levées du fait que la banque met en œuvre une évaluation sociale des risques  correspondant  à l’acquisition d’informations dans le cadre de relations informelles fondées sur la confiance et la PME dispose de garanties à présenter auprès de la banque et cette garantie peut provenir de l’entreprise elle-même, d’organismes de garantie, ou du chef d’entreprise ou des trois.

Hypothèse 3 : La banque et la PME avancent comme justification une relation de confiance qui suppose une certaine forme de solidarité dans leur relation d’échange. La relation de confiance est établie afin de collecter  des informations qui doivent  permettre d’améliorer les décisions.

Hypothèse 4 : La banque est consciente  des limites des méthodes instrumentales d’évaluation des risques et de l’efficience d’une évaluation sociale. Ceci étant, elle modifie ses pratiques de gestion de l’emploi et leur organisation du travail dans le but de réunir du capital social et d’intégrer des réseaux sociaux.

Hypothèse 5 : Les agents de crédits, les conseillers bancaires accumulent du capital social en dépassant des relations strictement professionnelles avec les emprunteurs : d’un pour prouver de l’efficacité dans leur fonction, et de deux pour  développer des relations amicales et informelles avec leurs clients et les autres acteurs économiques.

Hypothèse 6 : la qualité du capital social de l’évaluateur  influence la qualité de l’évaluation sociale des risques et la réduction de l’asymétrie d’information, et son intégration dans les réseaux sociaux sous-tend les activités économiques qu’il évalue.

Méthodologie :

 

 

Notre recherche vise à tester plusieurs d’autres hypothèses inhérentes aux différentes sous-problématiques supra. En effet, la littérature consacrée à la théorie des organisations est riche en travaux de recherches qui ont tenté d’analyser, voire de modéliser, la prise de décision dans les entreprises.

 

 

La méthodologie que nous avons choisi d’adopter comprend la revue de littérature dans la première partie où l’on insiste sur la théorie économique de l’information, ainsi que les problèmes d’agences et de la théorie des incitations. Le risque et l’incertitude chez différents courants de pensée sont  notamment discutée où l’on a choisi de parler de Knight, de Keynes, de Hayek aussi bien que les héritiers des pensées Autrichiennes, postkeynésiennes et Evolutionnistes. Il ne s’agit pas non seulement de comparer les pensées mais d’approfondir leurs apports pour discerner les désordres dus à l’insuffisance informationnelle jusqu’à discuter le rationnement des crédits aux PME.

 

 

Toujours dans cette partie théorique  et de revue de littérature, nous allons étaler la théorie des contrats et des incitations où l’on parle particulièrement des conflits d’intérêts, de l’incomplétude d’information, les théories de garanties. Et dans le chapitre subséquent de cette même partie, il est important de débattre la relation banque/entreprise où l’on examine la transaction et l’encastrement social qui le point focal de notre recherche. L’approche transactionnelle et l’approche relationnelle sont deux items qui méritent d’être approfondis car ayant des rapports  conséquents sur la mise à disposition de financement des PME.

 

 

La sociologie économique et la théorie de l’encastrement social présentent une grande conclusion de la partie théorique de cette thèse. L’on va parler notamment de la théorie de confiance et bien entendu de la théorie de l’encastrement social avant de nous pencher plus particulièrement aux cas qui  se passent au Maroc.

 

 

Dans la deuxième partie de cette thèse, la pratique d’octroi de crédits aux petites et moyennes entreprises et industries est évaluée, étudié et discutée sur la base des enquêtes menées auprès des professionnels  des banques marocaines au niveau national et local, et aussi sur la base des témoignages des entreprises qui constituent les principaux clients de ces banques.

 

 

A travers ces interviews et contacts, l’on va découvrir le rôle de l’information et le comportement des banques par rapport à ces informations. Nous allons travailler sur des hypothèses et sur des variables qui doivent nous renseigner sur les problèmes de l’Agence sur le plan pratique. Dans la même occasion, nous allons découvrir  les hypothèses et les variables sur le rationnement des crédits aux PME.

 

 

Evidemment, notre recherche insiste sur la construction de la confiance et de la prise de décision optimale de crédit et faire en sorte que le rôle l’encastrement social soit explicité en vue de la maximisation de l’octroi de crédit et que les hypothèses posées au début de la recherche soient vérifiées.

 

 

Pratiquement, on a administré des questionnaires, plus ou moins semi-directifs, mais d’abord on les a distribués  au préalable et les interviews s’ensuivent. En effet, on a conçu :

 

– un type de questionnaire pour les entreprises pour creuser le rôle de l’information et l’accès aux crédits, à savoir les  conditions, les garanties; le rôle du réseau et confiance, etc.

 

– un autre type pour les banquiers pour savoir plus sur l’exigence informationnelle, l’exigence en documents et l’exigence de garanties versus la sélection adverse et le rationnement, le rôle de la confiance, etc.

 

– un fichier central pour déterminer les cas qui méritent pas le crédit sur le plan information objective mais bénéficient des crédits eu égard la relation de confiance et l’encastrement social.

 

 

Les exemplaires de ces questionnaires  sont mis en annexe de ce document. Mais concernant le choix et le nombre des échantillons, on a pratiqué le tirage aléatoire à partir de la liste des PME et du répertoire des banques  marocaines. Pour la représentativité, on n’a pas posé beaucoup trop de souci et on a choisi environ 1% du nombre total des banques et 0,5% de celui des PME.

 

 

Le nombre total des PME marocaines est de 48.721, d’où le nombre total de l’échantillon arrêté à 250 entreprises qui répondent aux critères suivants : une entreprise est classée PME si  l’effectif permanent ne dépasse pas 200 personnes,  et au cours des deux derniers exercices, l’entreprise réalise soit un chiffre d’affaires annuel hors taxes n’excédant pas 75 MDh, soit un total de bilan annuel n’excédant pas 50 MDh.  En ce qui concerne  les banques prises comme échantillon : le nombre total d’agences est de 5.121 sous l’égide de neuf (09) banques majeures et on a aussi inventorié d’autres banques comme les banques d’investissement (composées de 6 groupes différents), les banques mineures (composées de 03 groupes différents), l’opérateur postal (avec ses 1 726 agences dans tout le pays) et l’hôtel de monnaie (Dar Assikah), et on a choisi au pifomètre 150 agences pour les interviews.

 

Quantitativement, les échantillons ne sont pas représentatives, mais il s’agit d’analyser les comportements et l’on a cherché  à savoir  les pratiques des banquiers vis-à-vis des PME, donc les données qualitatives recueillies sont extrapolables pour mener les analyses et vérifier les hypothèses. Nous avons mis en annexe les tableaux donnant la répartition des PME marocaines en fonction des résultats financiers et en selon les branches d’activités.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Première Partie

Les fondements théoriques  de la relation Banque/Entreprise

 

 

 

Introduction de la première partie

 

Tel qu’il a été annoncé dans la partie introductive, cette partie théorique oppose dans sa revue de littérature deux courants de pensée en matière de décision : Les économistes et les sociologues.

 

–  Le premier courant adepte de la rationalité des acteurs et de l’asymétrie de l’information (information hard, publique et gratuite). Ce courant détermine la nature de la relation banque-entreprise, une relation  à court terme fondée sur la maximisation des gains mutuels et l’opportunisme des acteurs. Le comportement bancaire est cadré par le contrat de crédit, et la relation est purement transactionnelle (théorie des contrats).

 

– Le deuxième courant, s’inscrit dans une relation à long terme, l’information hard demeure insuffisante quant à la prise de risque dans un univers incertain. La relation contractuelle est  limitée dans la mesure où il est impossible de prévoir tous les cas de nature dans un acte (incomplétude des contrats) et l’asymétrie de l’information, s’impose ainsi le recours aux contrats incitatifs (théorie des incitations), aux garanties et convenants (éléments exogènes). La relation bancaire est fondée sur le relationnel et prend des dimensions interpersonnelles : théorie de l’encastrement social en terme de confiance et parole de l’acteur.

 

« A cause de l’asymétrie d’information sur la compétence d’un expert, des coûts supplémentaires sont causés par le manque de confiance associé aux expertises. Ce qui souligne les problèmes dus à une action opportuniste anticipée, appelée le risque moral. »

« Les vendeurs connaissent habituellement davantage la qualité d’un produit que les acheteurs, ce qui peut être facteur d’effets importants sur les transactions. »  G. AKERLOF

 

 

 

 

Chapitre 1

L’incertitude : concept controversé

 

 

Introduction

 

 

L’information parfaite et/ou sans coût, constitue l’hypothèse de base du modèle de l’équilibre général de Walras, dans la mesure où elle est accessible à égalité par tous les  agents et gratuitement. Ces agents connaissent précisément leurs besoins, ressources et possibilités (en ignorant ceux des autres agents), l’allocation des ressources se réalise parfaitement grâce au système des prix (qui comporte toute l’information nécessaire).

 

 

Afin d’aborder l’économie de l’information, il est important de revenir sur la notion d’information parfaite. Hayek est le premier qui a utilisé la connaissance dans la société. Il s’est intéressé au caractère imparfait des connaissances humaines et le corolaire de créer un processus qui permet à la connaissance d’être accessible et partagée en continuité. Tandis qu’Akerlof, dans son article de 1970, a initié  une refonte de la microéconomie traditionnelle : Il a introduit l’asymétrie de l’information comme base des comportements stratégiques des agents dans un contexte d’incertitude.  Telle incertitude rend les prix incertains et conditionne l’établissement de l’équilibre à l’existence de marchés contingents.

 

 

C’est ainsi qu’en situation d’asymétrie informationnelle, l’équilibre général n’est pas un Optimum au sens de Pareto. Les  agents ne disposent pas d’une information symétrique (la PME-PMI sait ce que vaut son projet,  et pas le banquier),  et donc trois problèmes d’agence se posent : la sélection adverse,  l’aléa moral, et le rationnement du crédit.

 

 

C’est la forme courante de l’inefficience du marché, dans la mesure où des entreprises proposant des projets d’investissements rentables se voient refuser leurs crédits même en acceptant un taux d’intérêt élevé. La restriction de l’accès au crédit auprès de la banque se trouve renforcée dans un contexte de crise généralisée au niveau mondial.

 

Dans ce chapitre nous rappelons la revue de littérature économique des notions de risque et d’incertitude dans les courants de pensée que nous avons choisi pour élaborer nos hypothèses et tester nos variables.

 

Section 1 : La controverse chez les économistes-philosophes

 

 

L’économie de l’information[4] est un vaste domaine de la science économique, qui comprend entre autre l’économie bancaire. Elle étudie les problèmes d’information qui peuvent être classés en deux types : La confusion incertitude-risque, et les problèmes d’agence (l’asymétrie). L’analyse de l’incertitude dans la théorie économique aussi bien chez Knight, Keynes, Hayek et Hicks que dans le modèle des marchés contingents d’Arrow-Debreu et la critique de Radner nous permettra de bien cadrer les problèmes d’agence.

 

 

A titre de rappel, ce sont les mathématiciens qui ont initié  la formalisation de la notion de risque au travers du calcul probabiliste appliqué aux jeux de hasard au cours  du XVIIème siècle. Le concept d’espérance mathématique calculée sur une variable aléatoire a évoqué l’apparition de la mesure du sort. Alors, une variable aléatoire indique un événement futur qui se réalisera probable et non de  façon certaine. Cependant, il est intéressant de communiquer qu’on peut affecter des probabilités de réalisation des événements, Sous certaines conditions, chaque résultat définissant un état de nature. La notion d’espérance mathématique est parachevée au début du 18ème siècle par la loi des grands nombres de Bernoulli[5]. Selon lui, la moyenne qui provient d’un nombre infini de répétitions d’un tirage aléatoire (moyenne asymptotique) converge vers l’espérance mathématique calculée a priori.

 

La convergence des calculs a priori et a posteriori de l’espérance mathématique[6] donne la possibilité d’appliquer le calcul de probabilités dans des travaux expérimentaux, dont le domaine de l’assurance qui, par nature, en profite particulièrement. Au préalable, les assurances maritimes calculent les primes d’assurance et fixent le juste prix du risque, sur la base du résultat  de la probabilité du naufrage par la valeur du sinistre. Les mathématiques actuarielles ont été déployées à partir de la notion plus compliquée d’assurance-vie  (estimation de rentes selon des tables de mortalités).

 

 

 

La révision de la loi des grands nombres à la fin du 18ème siècle a remis en cause la prise en compte comme mesure appropriée du risque l’espérance mathématique du sinistre, et l’assureur en était avisé. En effet, pour manager la probabilité rapprochée des événements  alarmants et la ruine des compagnies d’assurance, des indices de dispersion sont conçus pour considérer les fluctuations temporaires des aléas. Par conséquent, un « chargement » est majoré aux primes pour rassurer les remboursements et pour supporter en partie les budgets de fonctionnement de la compagnie (Condorcet, 1784). La théorie du risque a enrichi les calculs correspondants à la sécurité financière et aux normes prudentielles appliquées à l’activité assurantielle[7] sur la base de l’approximation des sommes de variables aléatoires déployée par Laplace en 1781.

 

 

 

Ce n’est qu’à partir du 20ème siècle que la notion de risque dans l’économie politique a été  étudiée en profondeur. Smith a traité des risques climatiques entravant le travail du maçon, et de même à la même période, Ricardo a décrit le fait pour un salarié de lâcher une partie de son gain en contrepartie d’un emploi moins risqué, les deux cas similaires à  des probabilités de succès d’un investissement, le concept de risque n’a joué qu’un rôle marginal dans leurs analyses en cette fin du 18ème siècle. Le degré de précision de l’apparition du risque dans la théorie économique est relatif à la figure de l’entrepreneur lui-même gestionnaire du risque ou chargé de la coordination des services productifs selon les auteurs (Cantillon, Turgot, Say). En supprimant le couplage de l’aptitude d’entreprendre et le vertu du capital, les auteurs américains particularisent l’entrepreneur du capitaliste qui, lui, supporte le « risque des affaires » (Clark, 1892).

 

 

Le risque est mesurable, l’incertitude c’est l’aléatoire. Si on est amené à faire  des choix qui comportent des risques ou incertitudes, généralement on escompte en récompense une prime de risque. C’est Knight (1921) qui a posé les jalons de l’analyse économique du risque et de l’incertitude. Il explique que le risque est probabilisable alors que l’incertitude ne l’est pas. En effet, il s’agit de risque lorsqu’il est possible de mesurer objectivement la probabilité qu’un évènement survienne, alors qu’il s’agit d’incertitude lorsque l’on peut seulement évaluer subjectivement sa survenue éventuelle.

 

Les comportements humains entrent souvent dans cette catégorie. En effet, la répugnance exagérée au risque et à l’incertitude conduit à des réticences  envers la nouveauté, ou conduit à rechercher de fausses certitudes (croyances, illusions…). Il reste donc un exercice pénible afin de définir, ou tenter de définir de façon générale les concepts de risque et de l’incertitude.  En général, les deux concepts sont confondus et ils recouvrent tous les deux la possibilité d’événements qui transformeront de façon préjudiciable une situation. Le couple risque-incertitude n’est qu’une des faces de l’ensemble des possibilités, qui comprend les retombées favorables, ce qui nous amène à conclure l’existence d’une nuance cruciale entre ces deux types d’aléas : Mesurables, dans le cas du risque et Non mesurables, dans le cas de l’incertitude.

 

 

Pour prendre des décisions, il convient d’être conscient des risques et incertitudes que comportent les actions/inactions décidées et de juger si les profits escomptés les justifient. Toutefois,  le risque est plus ou moins objectivement connu n’est pas le seul facteur de la prise de décision. Il est donc lié à la survenance d’un événement que l’on ne peut prévoir et  qui a des conséquences importantes, d’où la nécessité de dissocier son caractère aléatoire et imprévisible (origine du risque) de  son enjeu (conséquence) final. Dans, les paragraphes subséquents,  nous examinons chacune des deux notions ainsi que le comportement des acteurs face à ces deux aléas.

 

 

Dans ces paragraphes, on expose la notion de l’incertitude  informationnelle traitée par F. Knight et par J.M.Keynes. En 1921, Knight publie un ouvrage qui s’intitule  Risk, Uncertainty and Profit  où il  définit la notion de l’incertitude  par rapport au terme « risque ». Dans la même année, Keynes développe une théorie de l’action des agents   dans l’incertitude dans son Ouvrage « A Treatise on Probability » et en 1936 il illustre  la  « Théorie générale » qui   présente l’incertitude informationnelle dans la théorie économique.

 

 

Ce n’est qu’en 1921 que les notions de risque et d’incertitude se sont éclairci et différencie où Knight et Keynes émettent en même temps, sans avoir eu au préalable un consensus, des doutes par rapport à la possibilité d’un calcul  qui doit permettre de guider l’action des individus en cas d’incertitude. De ce fait, l’action en économie ne serait pas la simple recette d’une décision basée sur le calcul, les agents n’étant pas cultivés en la matière. Nous nous intéressons essentiellement à l’incertitude informationnelle illustrée par Frank Knight (1885-1972), John Maynard Keynes (1983-1946), Hayek  et Hicks.

 

 

 

1.    L’incertitude, de la probabilité objective à la probabilité subjective dans le modèle structurel de Knight

 

 

 

Knight, dans Risk, Uncertainty and Profit (1921), démontre la séparation entre le concept de risque lié à un aléa probabilisable et celui de l’incertitude qui se rapporte à des situations échappant au risque calculable par leur caractère aléatoire ou non probabilisable.

 

a)      La differentiation Risque/Incertitude :

 

Pour commencer, Knight dirige un modèle structurel assorti de différents paramètres, et il en associe une distribution de probabilités. En effet, Knight réserve les caractéristiques de risque aux situations où le partage du résultat est connu au sein un ensemble de cas. Ces situations risquées doivent permettre d’estimer deux types de probabilités (Knight, 1921). D’abord, ce sera possible de lier aux événements une distribution de « probabilités logiques » à travers une théorie (probabilité mathématique qui compare le nombre de cas favorables par rapport au nombre de cas total comme dans un jeu de loterie ou de dés) ; ou bien on entame une observation de données expérimentales qui doivent permettre de sortir des « probabilités statistiques » fondées sur des fréquences observées. Aussi, ces observations expérimentales peuvent être obtenues, comme dans la méthode « case based theory » (Gilboa et Schmeidler, 1995) qui se fonde sur l’analogie aux choix antérieurs.

 

 

Toutefois, si cette répartition de probabilités dites « objectives » n’est pas disponible, cette modélisation n’est plus utilisable. On adopte la situation d’incertitude à la place de la situation de risque où la constitution des probabilités d’occurrence est irréalisable en raison du caractère unique et spécifique de l’événement, non réductible à un groupe de cas similaires.

 

 

L’anticipation d’une situation incertaine se base d’une part sur la notion d’estimation ou d’un jugement personnel par rapport à une pratique acquise ou à une intuition, d’autre part sur l’évaluation de la conformité du jugement mis à exécution (intensité de confiance de l’intéressé dans son estimation, que Hacking en 1975 a nommé probabilité épistémique).

 

 

La différenciation entre risque et incertitude qui a été initiée par Knight par une interrogation qui concerne les fondements du profit. Il se base sur le principe que le profit   d’une firme dont l’origine est la compétence prévisionnelle de l’entrepreneur, ne peut être estimé avant l’opération d’évaluation et il n’est pas faisable de l’incorporer dans le prix des biens et services (Moureau et Rivaud-Danset, 2004). L’opérateur économique se trouve devant une double incertitude[8] : incertitude relative  au processus de production et à la productivité des ouvriers et incertitude relative aux choix des consommateurs  et à l’évolution de la demande[9].

 

La notion d’incertitude a été  toujours déterminée relativement au terme « risque ». Malgré les définitions qui diffèrent ces deux concepts, ils sont généralement utilisés dans la littérature comme deux notions dépendantes l’une de l’autre et produisant le même sens.

 

 

Il est connu du public que  c’est Frank Knight (1885-1972) qui est le premier auteur qui a fait la distinction entre le risque et l’incertitude dans  son ouvrage intitulé « Risk, Uncertainty and Profit » où il étale que les savoirs du public sont limités  pour comprendre à l’avance les chances d’apparition de différents évènements. En effet, on est dans l’incertitude quand la détermination de la probabilité d’un évènement n’est plus possible. Selon Knight, l’incertitude est classée radicale dans le cas où l’établissement de la liste des événements possibles liés à un aléa est impossible.

 

 

L’incertitude se rapporte ainsi à l’ignorance des évènements futurs et que le risque est la conséquence directe de cette ignorance qui s’exprime par les suites méconnues d’une prise des décisions dans un environnement marqué par l’incertitude.  Sur le plan organisationnel, l’incertitude est définie comme une conscience d’un manque d’information qui se traduit par une méconnaissance des évènements futurs économiques, financiers, stratégiques et comptables au sein d’une organisation. L’incertitude représente  la caractéristique essentielle de situations où l’individu voit les conséquences des décisions qu’il prend dépendre de facteurs exogènes dont les états ne peuvent être prédits avec certitude. On se trouve donc en situation de risque lorsque l’incertitude peut être quantifiée.

 

 

Knight (1921) se focalise sur le rôle de l’entrepreneur pour distinguer entre l’incertitude et le risque. En effet, le calcul du risque des décisions de financement est l’apanage des banquiers et non celui de l’entrepreneur qui s’intéresse essentiellement à  la  rentabilité du projet entrepris. Knight insiste sur la distinction entre la forte imprévisibilité (incertitude) de l’avantage de l’entrepreneur  et la  rétribution des banquiers en tant que preneurs du risque.

 

En outre, Knight a éprouvé de l’intérêt sur la notion de probabilité avancée par Jérôme Cardan (1563)[10] pour argumenter  la différence entre risque et incertitude. Il relate trois types de probabilités dont deux sont « objectives » qui dépendent d’une série des valeurs réelles et une « subjective » découlant des croyances des individus pour distinguer entre ces deux concepts : risque et incertitude (Knight 1921) :

 

 

  • La probabilité à priori : qui est en relation avec le concept mathématique d’événement aléatoires se répétant avec la même probabilité et d’une manière indépendante. Elle se base sur des principes généraux pour calculer la probabilité d’occurrence d’événement supposée classifiée  d’une manière homogène.  A titre d’exemple : le lancement de dés où la probabilité de l’occurrence d’un chiffre est d’un sixième, d’ailleurs c’est le plus courant.

 

  • La probabilité statistique : elle est basée sur une observation empirique et ne dépend pas d’une loi générale. Les réponses statistiques ne sont pas systématiquement  précises. En effet, il est difficile de déployer le risque statistique sur une personne calculé à partir d’un groupe. L’hypothèse d’homogénéité n’est pas valable dans ce cas.

 

L’estimation : qui n’est pas similaire aux deux types de probabilités précédentes sachant qu’elle n’a pas de base valide pour le classement des événements et de leurs probabilités d’occurrence. L’estimation requiert un jugement et non un traitement mathématique scientifique.

 

Les deux premières probabilités indiquent le risque  alors que la dernière explique la situation d’incertitude. Le risque avec les  probabilités  a priori et statistiques peut être aligné   à la probabilité objective tandis  que l’incertitude est dans la plupart des cas assimilée à la probabilité subjective.

 

Comme la distribution des résultats d’un échantillon donné peut être définie soit par le calcul à priori ou par les analyses statistiques, et ce d’une manière parfaite, la situation est dite  risquée. Malgré cela, la situation d’incertitude entraîne des informations  imparfaites ou improbables découlant usuellement de l’impossibilité de la constitution de l’échantillon et de l’unicité de la situation considérée. Knight affirme « En incertitude, on ne connaît finalement les estimations que par leur résultat et de ce fait, on ne peut ni les comparer, ni les classifier. Les entrepreneurs eux-mêmes ignorent d’ailleurs comment ils y parviennent ».

 

A cet effet, ce qui différencie l’incertitude du risque est que pour le risque (probabilités à priori et statistiques) la probabilité de l’occurrence d’un événement est connue par le calcul a priori ou statistique, alors que pour le cas d’incertitude il est impossible de généraliser les résultats constatés sur un groupe d’événements parce que la situation traitée est unique. Le risque implique une probabilité de réalisation d’un évènement alors que l’incertitude représente une estimation de la probabilité basée sur les jugements  et les croyances des individus, en d’autres termes, ce sont les opinions et non les connaissances scientifiques qui guident les comportements des individus. Alors, le risque et l’incertitude sont  compris par Knight comme deux notions  qui se complètent et non pas mutuellement exclusifs.

 

En finance, le risque du marché est exprimé par les variations anticipées des cours alors que celles imprévisibles évoquent le niveau d’incertitude. Le risque est habituellement approximé par l’instabilité des rendements. Pour les analyses du passée ou du présent, on instaure la volatilité historique alors que l’analyse des fluctuations des prévisions futures indique la volatilité anticipée. A cause de l’incertitude, les opérateurs économiques préfèrent leurs titres en se basant sur leurs anticipations individuelles de la tendance du marché et de l’analyse de l’état actuel du marché financier.

 

Les menaces diffèrent selon le degré d’incertitude et la nature des pertes. L’on peut affirmer que le risque a deux particularités: une quantitative et une qualitative. Autant les résultats des événements futurs sont imprévisibles et difficiles à contrôler,  autant le degré du risque est sérieux. La nature du risque concerne les caractéristiques des phénomènes futurs que le décideur craint : leur horizon temporel, les victimes potentielles, l’importance des bénéfices et des pertes potentiels. Etant donné les limites des capacités cognitives du décideur, celui-ci ne pourra le plus souvent pas appréhender objectivement cette notion de risque.

 

 

L’aspect subjectif du risque nous amène à faire figurer la notion de perception du risque. Au fait, la perception du risque est une symbolisation du degré et de la nature du risque pris en compte  par l’individu.

 

 

L’étendue du degré de risque perçu peut être discernée au travers de l’estimation du décideur du degré de risque inhérent aux différentes alternatives possibles dans une situation donnée.

 

La nature du risque perçu peut être observée à travers les critères d’analyse du risque utilisés par l’individu. Ainsi, le comportement risqué ne peut pas être évalué de manière absolue, mais seulement de manière relative en fonction de la perception du risque.

 

 

La perception du risque est subordonné à la fois de la disposition au risque de l’individu et des spécificités de la situation décisionnelle, sachant par ailleurs que ces spécificités vont contribuer à attirer l’attention de l’individu sur certaines dimensions plutôt que d’autres du risque. Une forte culture de prise de risque incite l’individu à sous-estimer le risque et à décider rapidement contrairement à une culture avec une orientation modérée pour le risque. Cette culture est de nature à favoriser des comportements plus prudents. Dans tel contexte, les techniques de recherches adoptées  au sein d’une société  peuvent exercer une influence sur la perception du risque de l’individu en exaltant l’attention du décideur sur certains critères, et ce à travers la modélisation de la gestion des situations risquées ou le filtrage de l’information.

 

 

De plus, la culture nationale est en mesure d’exercer une influence sur la propension au risque d’un agent économique (Williams et Narendran 1999)[11]. Les attitudes et les valeurs individuelles sont influencées partiellement par celles réparties au sein de la société culturelle du décideur (Hofstede, 1991)[12]. L’action de valoriser le comportement risqué par une communauté donnée équivaut à inciter l’acceptation de risques (Baird et Thomas, 1985)[13]. Également, la culture nationale est-elle capable d’exercer une influence sur la perception du risque d’une manière directe ou indirecte à travers la propension au risque du décideur. Les tendances à éviter le risque poussent à des modèles de comportement définis par des faibles propensions au risque. De ce point de vue, un agent économique avec une faible propension au risque va surestimer les probabilités et le niveau des pertes potentielles associés à la prise de risque (Sitkin et Weingart, 1995).

 

 

Sachant que le concept du risque ne concerne que les dangers futurs, un danger réalisé n’est plus considéré comme risqué dans la mesure où le décideur n’a plus d’emprise sur celui-ci. Les risques pris en considération sont exclusivement ceux sur lesquels le décideur peut dominer en considérant ses anticipations.

 

b)      La réduction de l’incertitude chez Knight

 

 

Knight a démontré deux types de considérations pour diminuer l’incertitude. Au fait, il présume que le contrôle et la diminution de l’incertitude se réalisent tout d’abord en contrôlant la taille de l’échantillon sachant par ailleurs que plus la taille de l’échantillon est grande, plus la possibilité de regroupement des cas est importante et plus le nombre de cas isolés sera limité. Le deuxième facteur de diminution  d’incertitude, bien qu’en réalité il  soit incontrôlable, est la dissemblance des comportements de l’homme face à l’incertitude. En effet, chaque agent économique a sa propre capacité d’élaboration des jugements corrects sur l’évolution future des événements et aussi sa propre espérance en ses convictions et jugements. En conséquence, le comportement des individus face à l’incertitude n’est pas unique : il existe ceux qui connaissent avec certitude les résultats de leurs décisions en raison de leurs propres expériences et confiance et ceux qui sont énergiquement sous l’influence et l’attraction de l’incertitude.

 

 

Partant de ces deux considérations, Knight envisage cinq (05) méthodes de gestion d’incertitude  dont  « le contrôle futur », « la capacité de prédiction », « la contingence »,  « l’assurance » et  « la spécialisation ». L’assurance et la spécialisation sont les deux principales méthodes. Au fait, l’assurance fait savoir expressément que les individus ont la possibilité de réduire l’incertitude, de transformer cette incertitude en un risque, et pour ce faire ils peuvent imputer ce risque  à un tiers de par « un contrat d’assurance ». L’importance de cette méthode a engendré le développement de tout un secteur d’assurance et des entreprises spécialisées dans ces genres d’opérations.

 

 

La méthode de spécialisation conditionne la  maîtrise de l’information et implique la transformation du risque à un spéculateur professionnel qui dispose des compétences similaires à celles d’un assureur. La spécialisation implique la séparation des activités incertaines en des activités et secteurs stables et prévisibles et donc nécessite une bonne gestion et management spécifique au sein  de l’entreprise. Finalement, l’ouvrage de Knight a formulé pour la première fois une séparation entre  l’incertitude et le risque basée sur la notion de probabilité.

 

 

Knight a fait adopter une forme indivisible de l’incertitude qui peut être comparée aux notions d’incertitude globale et d’imprévisibilité.  L’étude montre aussi  une diversité entre les individus en termes d’aversion au risque et d’incertitude, de leurs effets sur les décisions futures à entreprendre  et enfin une pluralité pour gérer et contrôler l’incertitude. Selon Knight, l’incertitude est le facteur fondamental ou le catalyseur de l’économie de marché parce qu’elle agit sur les  jugements et les croyances des individus concernant les décisions d’investissements et par conséquent le profit qui peut être généré de toute opération économique.

 

2.      L’incertitude fondée sur les comportements (Keynes)

 

L’incertitude détient une importante influence sur la structuration de la relation de crédit. Si elle prend la forme de relations à long terme, c’est surtout afin d’essayer de neutraliser les complications présentées par les différentes formes d’incertitude aux  prêteurs et les emprunteurs doivent faire face. L’analyse des modèles de l’économie bancaire et des études de sociologie économique dédiés au crédit a démontré que malgré des analyses poussées, les auteurs soulignent l’opacité du produit comme une racine primordiale d’incertitude accentuée par Karpik (1989). L’objectif de cette étude consiste à remettre en question la convention de recherche de l’économie bancaire nommant la banque comme un intermédiaire financier, l’objectif est d’octroyer du crédit. A cet effet, il faut commencer par l’analyse de l’importance les éléments de compréhension de l’activité bancaire employés par l’économie bancaire.

 

a)      Enrichissement du concept du traité de la probabilité à la théorie générale

 

 

En 1921, Keynes dans son ouvrage « A treatise on probabilit » invoque alors deux notions. Néanmoins, il conclut que l’incertitude résulte de la complication de la situation présente non pas de l’imprévision du futur. Effectivement, l’incapacité à hiérarchiser les choix et les jugements de valeur provoque une invalidité de la mesure de l’incertitude. Keynes admet la complication d’articuler des prévisions futures en 1936 dans la « Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie » et dans son œuvre « La théorie générale de l’emploi » en 1937 à cause d’une connaissance limitée. Le théoricien résume en quelques mots que « Nous ne savons pas tout simplement. » (Keynes 1937). Il aperçoit ainsi l’incertitude comme matérialisation de l’ignorance du futur. Keynes en dégage tout de même la dépendance de l’action humaine sur le risque dans une approche d’action en incertitude.

 

 

Malgré l’insuffisance d’information de certains cas, la prévision sera élaborée avec l’appui d’une grande observation de régularités pouvant donner des idées de  calcul probabiliste. Keynes précise en 1936 que « les décisions humaines engageant l’avenir sur le plan personnel, politique ou économique ne peuvent être inspirées par une stricte prévision mathématique, puisque la base d’une telle prévision n’existe pas ; c’est que notre besoin inné d’activité constitue le véritable moteur des affaires, notre intelligence choisissant de son mieux entre les solutions possibles, calculant chaque fois qu’elle le peut, mais se trouvant souvent désarmée devant le caprice, le sentiment ou la chance. »

 

 

Le théoricien instaure ainsi une liaison rationnelle entre un assemblage de principes assurés et les déductions logiques qui en ressortent. Cette liaison existe cependant mais elle est imparfaite. Afin de mesurer le niveau d’incertitude de cette relation de probabilité, il faut tenir compte de toutes les relations logiques mais surtout être capable de maitriser les éléments manquants en vu de compléter l’ensemble des prémisses. La taille relative de l’ensemble des prémisses connues connu aussi comme le poids de la probabilité ou de l’argument par contre peut être approfondi. Keynes met alors en relation le concept de la monnaie, qui constitue la ressource des individus pour faire face à des événements à risque, avec celui de l’incertitude.

 

b)      Divergence avec Knight et Robinson

 

 

L’approche de Keynes renvoie alors l’analyse vers deux modèles de Knight à propos de la formulation de l’estimation dite anticipation et de la mesure de la validité du jugement estimé.

 

 

Les acteurs potentiels du système se positionnent ainsi dans une approche objective du risque. C’est par rapport à l’approche subjective que divergent les positions des deux théoriciens. Une approche qui désigne la rationalité comme genèse de la décision et l’incertitude comme un savoir probabiliste que le marché détient des informations fiables ou non.

 

  • Keynes trouve alors la rationalité individuelle restreinte. La réflexion sur l’incertitude joue un rôle très important dans l’analyse de Keynes. « A Treatise on Probability » est un ouvrage qui traite fondamentalement la corrélation entre le comportement logique des agents et l’incertitude.

 

  • Tandis que Robinson (1972) affirme que l’incertitude est l’essence même de la crise économique chez Keynes, Shackle (1984) considère en revanche que l’incertitude constitue le nerf central de l’approche de Keynes sur l’emploi et le revenu. Au cours de l’année 1921, Keynes avance une théorie de l’action en incertitude précisant spécifiquement un réel fondement de la relation de probabilité qui est toutefois incertaine. En effet, cette théorie se base sur le principe de la relation de probabilité. Cette dernière est produite de façon rationnelle par l’enchainement d’un ensemble de prémisse et des conséquences qui en ressortent. Cette relation de probabilité crédible reste tout de même non exclusive du fait que l’ensemble de ces prémisses se voit incomplet et les autres relations logiques demeurent encore inconnaissables. Il subsiste encore beaucoup d’enchaînements logiques.

 

 

C’est seulement en détenant toute l’intégralité des  prémisses que la mesure de cette probabilité peut se faire. A cet effet, il est quasiment impossible de connaitre  toutes les prémisses d’action des individus à cause de la limite du potentiel créatif des agents et de l’ambigüité des motivations des actions. L’ouvrage de Keynes crée alors une approche de la relation logique de probabilité dissocié avec celle du calcul de probabilité.

 

 

Pour Keynes, chaque information contient deux éléments fondamentaux qui sont l’élément probabilisable, ou degré de circonstance, et le poids connu surtout comme étant l’élément non probabilisable. A cet effet, le comportement des agents sont influencés par la perception des informations par les individus. Les réactions des individus par rapport à celles des autres se qualifient de tributaires et compliqués à intégrer dans un raisonnement calculatoire. Les individus tiennent alors à minimiser l’incertitude en évaluant, en classifiant et en façonnant les informations en leur possession.

 

 

Selon Keynes (1921), la prise en compte de la probabilité des différentes anticipations et du poids doit être considérée avant toute initiative de prise de décision. A cet effet, l’approche de Knight sur la notion de la probabilité subjective devient insensée tandis que la prise rationnelle de décision en cas d’incertitude se transforme en un jugement objectif fondé sur la raison. Dans un cas opposé à Knight, Keynes ne considère aucune notion de la subjectivité dans sa théorie d’incertitude. Il déclare même que le fait d’être dépendant d’une institution ne doit pas inciter à conclure surtout de façon subjective. Face à ces divergentes idées, Postel (1999) indique alors trois types d’incertitude keynésienne à savoir l’incertitude créée par le manque et la qualité des informations, la dépréciation de l’information par le temps qui produit le deuxième type d’incertitude. Le dernier type de Postel s’articule sur l’incertitude engendrée par la capacité cognitive des individus à envisager les événements à venir, une raison qui affecte la prise de décision.

 

La théorie de l’incertitude keynésienne de 1921 met l’accent principalement sur le comportement des individus et sur leur façon de percevoir les informations en ayant négligé la partie économique du sujet. Dans son ouvrage « A  Treatise on Probability », la pensée de Keynes se focalise sur la notion de probabilité et le poids de l’information sans avoir effleuré le sujet concernant le rôle de l’incertitude dans le fonctionnement de l’économie. En 1936, le théoricien se rectifie et présente une approche générale rajoutant l’analyse de l’incertitude dans le contexte économique dans son concept de 1921. Cette théorie met en valeur  la distinction entre les prévisions à court et à long terme de la notion de l’incertitude informationnelle.

 

 

Keynes perfectionne la théorie générale en 1937 et considère l’incertitude comme un élément clef de l’économie de marché. Les décisions importantes comme l’initiative d’investir se basent sur un calcul rationnel avec des anticipations établies d’une façon psychologique et incohérente.  Dés lors, la publication d’information relative à l’augmentation du taux du chômage ou du taux de l’impôt risquent d’influencer les entreprises de grandes incertitudes à envisager une récession de la demande et une diminution de la production. Lavoie (1985) tire de cette théorie générale que l’incertitude évoquée tient à la fois le rôle de  facteur stabilisateur et stimulateur des fluctuations. L’incertitude produite par le trou d’information accroît la forte fluctuation dite aussi variabilité des anticipations des individus. C’est surtout au moment des conflits d’opinions que l’incertitude exécute son rôle de stabilisateur en évitant de fortes fluctuations. La théorie générale se concentre sur le principe de la prévisibilité en matière d’incertitude. Keynes  (1937) tient alors l’idée que l’incertitude émane de l’interférence imprévisible des autres « agents »[14] que de l’indétermination du futur. Il discerne ainsi les prévisions à court et à long terme.

 

La spécificité de chacune prévision dépend de la nature des agents intéressés et à la façon dont elles sont exposées. Les entrepreneurs accommodent peu à peu les prévisions à court terme, en plus elles sont plus correctes. Elles illustrent l’aboutissement de la continuité du passé dans l’avenir qui se réalise d’une manière progressive et ininterrompue, selon Keynes (1936, p.71), de sorte que les résultats ne pèsent pas dans leur action. A l’inverse des prévisions à court terme, les prévisions à long terme se reposent d’un coté à la confiance qui produit ces prévisions et de l’autre coté la probabilité de la prévision. Les individus avancent des prévisions avec une probabilité de réalisation étant infléchi par un degré de confiance personnelle qui change avec l’aversion au risque des individus. Keynes propose le terme des « conventions » qui dirigent les actions des agents en situation d’incertitude.

Devant un avenir incertain, les entrepreneurs préparent des prévisions sans garanties de réalisation. Face à cette incertitude, les individus ressentent un besoin de règles et de normes dites « conventions » qui constituent tout simplement le résultat de l’intervention d’un tiers en cette circonstance. Gobillard (2004) propose une définition de la convention comme étant un ordre collectif s’incorporant dans une interaction entre le groupe et l’individu où l’initiation à la vie sociale tient un rôle primordial. D’après Keynes, la convention garantit la continuité démesurée des affaires entre les individus sauf si des changements sont réalisés. Elle arrive à équilibrer les relations des affaires en cas d’incertitude et ainsi de programmer l’économie.

 

Ces deux paragraphes ont rappelé le concept de l’incertitude chez Knight (1921) et Keynes (1921,1936 et 1937) qui diffèrent approximativement. Knight donne une définition de l’incertitude par rapport à la notion de risque. Le concept de la probabilité semble fondamental pour ce théoricien dans le contexte que l’incertitude inclut la probabilité subjective tandis que le risque est la probabilité objective. Keynes conçoit l’incertitude comme variable avec le système économique et toutes autres valeurs de l’individu.

 

 

« A Treatise on Probabililty » démontre l’incertitude en comparaison à des concepts mathématiques ou la probabilité. L’incertitude se voit comme une perception contrôlable par l’action rationnelle des individus. De son coté, Keynes (1936) analyse le positionnement de l’incertitude informationnelle dans le contexte économique de la théorie générale. A cet effet, les actes des individus sont dirigés par les impulsions non par les probabilités.

 

 

Admettre la ligne de partage entre risque et incertitude implique qu’il convient de se désister à la rationalité instrumentale de l’agent économique face aux cas d’incertitude radicale. Nonobstant, le théoricien révèle que plus l’individu connaisse des informations exactes, plus les conventions se forment dans le but d’atténuer les anticipations, le taux d’individu avec incertitude dans la prise de décision sera réduite. De même pour Knight, les probabilités logiques présument alors qu’il existe une possibilité de pouvoir évaluer la marge d’erreur. Dans le cas où il existe une information imparfaite, cette évaluation octroie à l’analyste une possibilité de minimiser les futurs risques et à tenir un rôle décisif dans la décision économique.

De cette façon, une partie de l’analyse économique tient à évaluer la nature de l’incertitude ainsi qu’à analyser les dispositifs institutionnels pouvant la diminuer. Ces méthodes se définissent comme l’élaboration d’un modèle structurel suivant quelques paramètres auxquels se joint une distribution de probabilités. Si le cas d’indisponibilité de cette distribution de probabilités dites objectives existe alors cette modélisation n’est plus applicable. La situation de risque bascule vers une situation d’incertitude. Cette théorie se différencie des principes de l’analyse néoclassique fondée sur l’approche du choix rationnel. Les auteurs néoclassiques dans leur modèle subjectif ne distinguent pas les concepts d’incertitude et de risque. Les analyses quantitatives effectuées par ces théoriciens reconduisent l’incertitude au statut d’entité calculable. Ces modèles constituent encore des outils de référence incontournable à la prise de décision dans le monde de l’économie actuel.

 

3.  L’incertitude chez Hayek

 

La vision de Hayek de découle pas d’une génération inconsciente, pas plus que celle des célèbres penseurs de l’ère actuelle. Pour mieux saisir le sens et la portée, une mise en contexte historique est nécessaire. Né le 8 mai 1899 à Vienne, Hayek a peu œuvré dans sa ville natale. Toutefois, les domaines intellectuel, politique, scientifique et artistique étaient en pleine effervescence dans cette ville. Son œuvre si ample et si vaste est d’une part expliqué par le fait qu’il a vécu pendant longtemps. En effet, c’est le 23 mars 1992 que Hayek a quitté le monde des vivants à l’âge de quatre-vingt-douze ans.

 

La pensée économique, appelée « L’Ecole Autrichienne » par les historiens, est la formation que Hayek a suivie. C’est avec l’un des trois grands théoriciens auteurs de la révolte dite « marginaliste », Carl Menger (1840-1921), que cette évolution a débuté. Un doctorat en droit ainsi qu’un doctorat en science politique, de l’Université de Vienne, ont été obtenus par Hayek au début des années vingt.

 

Hayek devient le responsable numéro un de l’Institut Autrichien de Recherche sur la Conjoncture Économique en 1927. Ensuite, il devient rapidement un des principaux protagonistes dans les rangs de la prestigieuse London School of Economics au début des années trente, après l’invitation de Lionel Robbins à y rejoindre. Il est important de noter qu’avec Friedrich August von Hayek, cette tradition de recherche à l’École Autrichienne a atteint son apogée.

 

Alors, qu’en est-il de l’incertitude de l’information selon Hayek ?

 

Selon lui, des problèmes au niveau de la société peuvent être résolus à partir de l’utilisation de l’information. En effet, la difficulté qui est présentée est purement rationnelle lorsqu’on dispose de tous les renseignements utiles, d’une connaissance exhaustive des outils disponibles, et en partant d’une méthode de préférences donnée. Il est possible de présenter de la meilleure façon possible mathématiquement et de retirer totalement les conditions qui doivent être prises en compte par la solution de ce problème d’optimalisation.

 

Malheureusement, il ne s’agit pas véritablement du problème économique qu’une société doit se confronter. Pour solutionner ce problème logique, même s’il est une phase primordiale vers la résolution du problème économique d’une société, le calcul économique élaboré ne donne aucune réponse à ce dernier. Les données à partir desquelles se base le calcul économique ne sont pas et ne peuvent pas être, lorsqu’elles touchent la totalité de la société, « données » pour un individu.

 

Il y a une situation que la connaissance du milieu qui pourrait être indispensable n’existe jamais sous un aspect concentrée ou agrégée, mais uniquement sous forme d’éléments éparpillés d’une information imparfaite et souvent contradictoire. Le fait que le problème de l’ordre économique rationnel a un lien précis avec cette situation, est un caractère particulier de celui-ci. Le problème d’obtention de la meilleure utilisation possible de ressources connues par n’importe lequel des membres de la société, s’ajoute aux problèmes d’allocation de ressources données. Ainsi, le problème économique est davantage accentué.  Pour détailler le réseau d’exécution que requiert l’allocation des ressources disponibles, le mot planification est employé dans le langage courant.

 

Dans cette idée, une planification définit toute activité économique. Cette planification doit être basée sur une connaissance solide dans n’importe quelle société où il existe une large collaboration de plusieurs individus. Le problème relatif aux divers canaux qu’use l’information sur laquelle les individus élaborent leurs programmes, est crucial pour toute théorie visant à éclaircir la démarche économique. Un des problèmes majeur de la politique économique ou de la mise en place d’un système économique efficient, concerne également le meilleur usage possible de l’information, laquelle se trouve tout d’abord éparpillée entre tous les acteurs.

 

Dans ce contexte, une autre question à laquelle il faut apporter des éléments de réponse, va se poser : Qui doit effectuer la planification ?

 

En fait, toutes les discussions sur la planification économique tournent autour de cette question. L’important est de savoir si la planification doit être focalisée par une autorité pour tout le mécanisme économique, ou doit être distribuée entre de nombreux agents, mais non pas de savoir si la planification est indispensable.

 

Dans les débats modernes, l’emploi du terme renvoie nécessairement à la planification centralisée, c’est-à-dire à la direction entière du système économique selon un plan assemblé. A l’inverse, une planification décentralisée entre de nombreux agents séparés, est renvoyée en cas de concurrence. Connaître principalement quel système fait appelle à un effectif maximal d’information existante, permet de définir lequel de ces systèmes est probablement le plus efficace. Ceci permettrait ensuite de remettre entre les mains d’une seule autorité centrale toute l’information qui devrait être utilisée ou en apportant l’information supplémentaire qui permettrait aux individus de comparer leurs projets avec ceux des autres.

 

Selon Hayek, la nature des différents types d’information déterminent les réponses à ces multiples questionnements. Ainsi, il met en évidence la valeur relative aux différents types d’informations, qu’il s’agisse d’informations à la disposition des individus eux-mêmes ou celles en la possession d’une autorité constituée de spécialistes convenablement sélectionnés. Actuellement, un type de connaissance particulier, qui est la connaissance scientifique prend une grande place, ce qui donne l’avantage aux experts d’acquérir une meilleure position face aux individus. En effet, il est certain de dire que les experts occupent la place la plus favorable pour disposer des connaissances les plus avancées lorsqu’il s’agit de connaissances scientifiques. Or, cette situation fait apparaître un nouveau problème qui est celui de la difficulté à sélectionner les dits experts. En fait, lorsqu’un problème est supposé être résolu, il est probable qu’il ne s’agisse  seulement que de la partie émergée du problème.

 

Il faut toutefois aussi rappeler qu’il n’y a pas que la connaissance scientifique parmi toutes les connaissances. Mais d’autres connaissances n’ayant pas trait à la connaissance de règles générales et à la connaissance de circonstances particulières de temps et de lieu, ne peuvent être qualifiées de scientifique. Cependant, peu d’étude traite sur ces réflexions alors que sans doute, un ensemble très important de ces types de connaissance existe.

 

En ce qui concerne les agents, celui qui dispose d’une information unique devance les autres agents car il a un avantage certain. Cette affirmation s’avère être exacte à condition bien sûr que l’agent sache user efficacement l’information.

 

A part la connaissance des méthodes adoptées les plus performantes, il est socialement indispensable également de savoir et utiliser une machine en partie inemployée, ou savoir comment tirer avantage du talent d’un travailleur, avoir les informations sur un stock qui pourrait ravitailler lors d’une interruption d’approvisionnement.

 

Faire appel à une certaine forme de décentralisation est également utile pour résoudre des problèmes. Cependant, seule une partie du problème sera solutionnée par cette méthode. En effet, pour garantir que la connaissance spécifique du temps et du lieu sera rapidement utilisée, la décentralisation est indispensable. Toutefois, sur la base de sa connaissance limitée ou d’information incertaine, l’homme de terrain ne peut prendre une décision partiellement. Lui transmettre toute l’information complémentaire dont il nécessite afin que ses décisions s’affichent dans le cadre du système économique, demeure être un autre problème.

 

Dans cette mesure, Hayek pose également une autre question qui s’avère être cruciale : De quelles informations a-t-il besoin pour ce faire ?

 

Principalement, un système d’information permet à un individu de coordonner les diverses facettes de son projet. Cette coordination influencera à son tour le système économique et les ressources disponibles car les nouvelles demandes, les ressources et le déséquilibre existant sont connus. Une information communiquée à tout individu  joue ainsi un rôle dans cet ensemble comme un seul marché. En fait, chaque membre ou agent étudie son propre milieu, et grâce à l’information communiquée, les champs de vision individuels limités de chacun sont recouverts suffisamment. D’un point de vue intellectuel, la solution est ainsi déterminée par l’agent lui-même lorsqu’il détient toute l’information complète nécessaire pour ce faire.

 

Parmi les mécanismes de la communication de l’information, le système des prix peut être considéré afin d’appréhender sa fonction réelle. Au fur et à mesure que les prix deviennent de plus en plus rigides, l’assurance de cette fonction devient évidemment de moins en moins parfaite. Le peu de connaissance dont les associés ont besoin afin de prendre les décisions adéquates, traduit la forme la plus caractéristique de ce système qui est l’économie de connaissance. Ainsi, seule l’information la plus utile est diffusée, et uniquement aux agents impliqués, pour raisonner par logique.

 

 

  1. A. Hayek emploi le plus fréquemment le mot anglais « Knowledge » comme l’équivalent d’« information», même si au sens strict, ce mot anglais signifie littéralement «connaissance».[15] L’information au sens de la théorie économique et notamment du rôle du système des prix comme véhicule de l’information, font l’objet d’un article de Hayek. Il met également en évidence, dans ce même article, les conditions de la concurrence pure et parfaite.[16] En conséquent, l’utilisation du mot « information » devient courante par rapport à celui de « connaissance » en général.

 

 

Le problème d’utilisation de la connaissance, laquelle n’est jamais donnée à personne dans sa totalité, devient le problème économique majeur d’une société en s’ajoutant au problème d’allocation de ressources « données ».  « C’est parce que l’information n’est pas donnée à un seul esprit qu’il faut résoudre ce problème de la fragmentation de l’information avant de s’attacher au problème de la répartition » note Hayek. C’est donc à la source des néo-classiques orthodoxes que se place cet avis de Hayek.

 

Cette prise de conscience est l’origine sa conception originale du marché. C’est en fonction de l’idée d’information que l’économie doit être définie mais plus en fonction du concept de rareté, affirme Hayek dans un article, dès 1937. Le marché est un instrument de création, de mobilisation et de transmission d’informations et de connaissances, à part son rôle courant d’allocation des ressources sociales. Par le biais du système des prix, il s’agit également d’une une « procédure de découverte ». Par rapport à la notion néo-classique d’équilibre, Hayek se devance à partir de cette conception. A partir des mécanismes d’apprentissage qui amènent les agents à réexaminer leurs projets et à les rendre de plus en plus associables entre eux, les plans de consommation et de production se positionne droitement. La tendance à l’équilibre est la plus importante.

 

Pour rectifier ce défaut, l’interrogation sur le mécanisme d’organisation sociale le plus efficient se pose à cause de la dispersion de l’information. « Les questions en rapport avec cette segmentation de l’information dans la société doivent être impliquées dans la grande discussion sur la structuration économique de la société, correspondant à la confrontation des avantages du système de marché ou du système de planification centralisée. »

 

 

Par conséquent I.M. îûrzner écrit que la considération du mécanisme de détermination des prix par le marché dont il ne trouvait aucunement l’égal dans l’économie socialisée, résulte la conception hayekienne du rôle stabilisant d’un marché transmettant effectivement l’information utile. En effet, Hayek considère que lorsque la quantité des informations indispensables à la l’organisation d’une multitude de projets particuliers dépasse tout ce qu’un cerveau individuel dans une société peut contenir, le marché se présente être au dessus de tout autre forme d’organisation sociale. Pour garantir la mobilisation la plus idéale de l’ensemble des connaissances disséminées dans le corps social, la liberté laissée à chacun d’employer les informations disponibles sur son milieu pour rechercher sa propre finalité, constitue le seul système approprié. L’imperfection de l’information est alors la raison d’être de l’économie de marché et ce dernier est également lié à l’idée de liberté.

 

C’est à cause d’un genre «d’optimum relatif de reconnaissance»[17] que Hayek choisit pour le marché. En effet, selon lui, « essentiellement, les prix jouent un rôle pour structurer les activités séparées des individus, de la même façon que les valeurs subjectives soutiennent un individu à organiser les étapes de son projet, dans un système où l’information correspondante aux faits utiles est partagée entre plusieurs personnes »[18]. Enfin, c’est en terme de liberté que le marché est supérieur mais pas en termes d’efficacité. En effet, les mots-clés de l’article de 1945 sont : Marché et liberté. En définitive, une vision instrumentale de l’idée de liberté est celle adoptée par Hayek.[19]

 

« La fonction de la « division de l’information » dans la société économique fait partie des idées les plus innovantes et les plus remarquables qu’avance Hayek »[20] évoque F. Machlup en ce sens. La « perspicacité hayekienne »[21] en ce qui concerne la connaissance est également énoncée par l’école néo-autrichienne. Le rôle du marché chez Hayek « comme une démarche de recherche rassemblant et analysant les champs disponibles mais disséminées de l’information dans la société »[22] est également souligné.

 

 

La conception de l’entrepreneur est reformée par les visions hayekiennes dans le domaine de marché et de rôle de l’information. En conséquent, l’entrepreneur est désormais défini comme une personne qui contribue à diminuer l’ignorance des autres sur les possibilités que leur offre le marché, par son initiative et ses actions. Il contribue également à mieux atteindre leurs objectifs vis-à-vis de leur capacité personnelle d’information et d’initiative »[23]. Dans ce contexte, il est alors nécessaire de replacer les propos de Loasby et Garrison qui évoque que la communication de l’information n’est pas indispensable.

 

 

Bref, la conception hayekienne du marché est une conception contemporaine qui n’attribue au marché que sa valeur de promoteur de message et de liberté. Or, la base pour la coordination du marché est la transmission de l’information à tous et l’utilisation de cette dernière efficacement. Par conséquent, l’incertitude de l’information selon Hayek conduit donc à une mauvaise organisation et coordination de tous les projets individuels que collectifs. Cette idée est davantage soutenue par Hayek à travers des textes plus récents à l’exemple des textes écrits dans la Constitution de la liberté en 1960.

 

4.        Le comportement des acteurs face au risque

 

Même dans l’évidence que le degré de risque assumé se repose suffisamment sur le caractère de risque perçu, le comportement face au risque est loin de refléter de façon ordonné la perception du risque. Bettman (1973) reconnait alors que ces deux types sont joints inséparablement. Néanmoins, le décideur reste dans l’impossibilité de déterminer  le risque objectif spécifiant l’alternative étudiée. Le risque perçu par l’individu peut donc dissimuler le risque d’une alternative. La nature du risque peut être alors être spécifié l’une par rapport à l’autre. Evidemment, dés le risque perçu, le décideur est en mesure de réaliser diverses stratégies dans le but de le conduire voir même de le contrôler, propos tenu par MacCrimmon et Wehrung, 1986 ; repris par Mitchell et McGoldrick en 1996.

 

 

D’après March et Shapira, 1987 ; Mitchell, 1995 Chiles et McMackin, 1996, il est aussi tout à fait probable que le décideur cherche à enfler ses intérêts, à minimiser ses pertes dans l’incertitude de gagner des bénéfices. Un comportement risqué se caractérise surtout par la mise en place d’un programme d’amélioration des bénéfices tandis que le comportement conservateur se distingue par la quête d’allégement des pertes. Le comportement risqué se définit ainsi comme l’agrément de risque suivant l’importance du degré et du bénéfice potentiel. Le degré de risque assumé reste toujours discutable tant que l’individu tient à entreprendre des actions ayant des conséquences indéterminées. La nature de ce type de risque se présente alors comme une appréhension par les critères de prise de risque recourus considérablement par le décideur.

 

Comme l’indiquent Douglas[24] et Wildavski (1982), les critères d’appréciation des risques représentent donc la disposition des relations sociales rattachée au profil du décideur  et qui se subsiste dans un environnement social particulier. Cet environnement socioculturel tient alors un rôle potentiel dans la promotion des formes sociales sur laquelle dépend l’appréciation des risques.

 

Les théoriciens Douglas 1985 et Wildavsky 1982 accentuent l’analyse culturelle du risque en rapportant que de nombreuses valeurs ressortent de chaque institution à savoir des codes et des usages. Ces valeurs conçoivent différents styles cognitifs engendrant des capacités de se projeter dans les futurs cas à venir ou encore percevoir le temps. Thompson et al. (1990) fondent leur analyse sur l’approche culturelle du risque dernièrement ré invoqués par  Zwick et Renn (2002). En effet, tous désignent différentes sortes d’institutions qui travaillent des modèles de perceptions et des façons d’agir face au risque. Dans cette étude, Dake (1992) met en relief trois grands modèles culturels déteignant sur les modes de perception des risques. Si l’expertise avec un part de conformisme social se fait valoriser par l’idéologie hiérarchique, l’idéologie individualiste de son côté prône le mesure individualiste tout en adhérant au profit des performances individuelle.

 

 

Enfin, l’idéologie égalitaire qui se repose sur la fraternité et l’équité. Elle se distingue des autres idéologies par rapport au regard méfiant qu’elle éprouve pour les experts et les institutions. En effet, l’idéologie égalitaire diffuse des modes de perception élevés du risque. Contrairement aux deux autres types n’hésitent à prendre des risques plus élevées, cette idéologie pousse à avoir des comportements d’aversion au risque. Dans la circonstance où  les pressions sociales se font peu à peu assimiler, le décideur doit alors apprendre à faire face aux risques, sans être en mesure de les connaitre, en se basant juste aux règles sociales. Dans cette optique, les institutions sont vues comme étant des heuristiques réparties au prés de la communauté.

 

 

La culture d’une collectivité déterminée instaure un aperçu cognitif qui offre la possibilité d’interpréter son environnement avec comme support des systèmes de stockage et de traitement de l’information performants. Bontempo et al. (1997) fait remarqué de façon empirique que les modes cognitifs d’analyse du risque varient d’un pays à l’autre, une conclusion qu’il a tiré après observation des chinois, des américains, des taïwanais et enfin les hollandais. Pour Douglas (op.cit.), les conclusions déduites sur les approches culturelles du risque sont justifiées par Rohrmann et Chen (1999) suite à une étude  les perceptions du risque des chinois et des australiens. Lane et Quack (1999), de leur coté, démontrent que la gestion  surtout la perception du risque attachée au financement des PME divergent considérablement d’une nation à une autre. Notant que cette conclusion ressort d’une étude de comparaison  sur le financement bancaire des PME en Allemagne et en Grande Bretagne. Si les banquiers britanniques limitent l’octroi de crédits avec une rentabilité assurée tout en ayant une perception élevée du risque, les allemands par contre attribuent abondamment de crédits à long terme se référant juste à la base d’informations qualitatives.

 

 

A cet effet, ils ne redoutent pas le partage du risque de crédit auprès de leur client. Ces distinctions résultent  principalement d’une forte interactivité entre les acteurs du système bancaires et financiers et les acteurs ayant des contextes socioculturels ancrés. Le théoricien expose alors deux modèles de probabilité afin de spécifier entre l’incertitude et le risque d’un coté la subjectivité et de l’autre coté l’objectivité.

 

Section 2 : Ce que pensent les héritiers ?

 

  1. Ce que pensent les héritiers autrichiens de l’incertitude de l’information

 

En ce qui concerne la notion d’information, l’école autrichienne est fréquemment qualifiée comme organisée. En fait,  l’école autrichienne est sectionnée en deux disciplines distinctes : une science économique de la communication, basée sur les systèmes de diffusion de l’information ; une économique de l’ignorance, se reposant sur la gestion de l’incertitude sur le futur.

 

Selon les héritiers autrichiens, l’état d’ignorance peut se définir par le fait d’être privé d’information, qu’il découle de dispositions volontaires, de dysfonctionnement dans la démarche des marchés ou de toute autre cause. Autrement dit, par théorie, le résultat de l’existence de déséquilibre dans le champ de l’acquisition des connaissances, ni à un déséquilibre dans les aptitudes des personnes à élaborer des dispositifs cognitifs, n’est pas approprié à l’ignorance. L’ignorance est l’état de celui qui ne peut savoir parce que les institutions sociales existantes le lui interdisent.

 

Un état psychologique déterminant l’adoption d’une attitude, qui cherche à prévoir les caractéristiques d’une situation à venir, peut ici traduire l’incertitude selon toujours ces héritiers autrichiens ou encore néo-autrichiens. En fait, définir l’incertitude comme un trait d’un état du monde n’est pas ici envisageable.[25]

 

Toujours dans cet ordre d’idée, il  est également approprié de définir l’incertitude comme une décision de gestion de l’agent économique face à une situation d’ignorance mais pas comme un hasard non probabilisable. Par ailleurs, un monde où les informations sont déséquilibrées et imparfaites ne définit pas non plus l’incertitude. Les conditions dans lesquelles agit l’individu appartenant à une organisation soumise à des mesures qui structurent un accès inégalitaire et hiérarchisé à l’information, sont spécifiées par l’incertitude. Dans cette situation, vis-à-vis des préoccupations pouvant empêcher l’exécution d’une action efficace, la situation d’ignorance n’est pas ici nécessairement sentie comme une gêne mais comme une libération. N’étant pas une disposition obligatoirement négative, l’opportunisme peut être qualifié comme le fruit familier de la démarche de gestion de l’incertain d’un agent qui prévoit une situation à venir.

 

La définition de l’information comme étant l’annonce de la venue d’un état singulier du monde, met l’accent sur le phénomène de communication c’est-à-dire « l’annonce ». Une structure de pouvoir ainsi que l’activité de traitement de l’information de celui qui la reçoit, structurent ce phénomène.

 

Une intelligence distincte de l’action communautaire et des bases, de la nature et des compétences des institutions, sont les fondements des thèses néo-autrichiennes.

Combler une vision du monde qui conteste toute réalité à l’action collective, en faisant de l’institution un résultat fortuit n’est pas possible. Il en est de même pour une conception du monde qui produit des démarches volontaires que l’on modélise arbitrairement sous l’aspect de processus auto-organisateurs.

 

Une propriété de l’institution en elle-même n’est pas traduite par les oppositions courantes entre établissements procédurales et établissements organiques ou  entre établissements programmées et spontanées. Ces oppositions traduisent plutôt un besoin théorique qui se manifeste dans un contexte analytique où une difficulté spécifique est résolue par le biais de cette combinaison.

 

Cette idée n’est pas la même dans les théories institutionnalistes. En effet, au point de départ de l’étude, l’outil théorique d’un double arbitrage, entre l’action individuelle et l’action collective d’une part, et entre raisonnements économiques et raisonnements  sociaux, d’autre part, est constitué par l’institution. Dans le premier cas, l’institution, diminue en même temps l’incertitude et homogénéise les anticipations à partir de la mise en œuvre légale d’une autorité. Comme l’affirmait très justement Commons (1935), l’institution coordonne des volontés en acte avec le pouvoir de contrôle, au sein d’un projet et à partir de la mobilisation des ressources, dans le second cas. Ainsi, le droit, l’économie et l’éthique sont coordonnés.

 

Cette coordination est indispensable car à condition de se référer aux valeurs communes qui consolident le projet collectif, les actions tant individuelles que collectives ne sont qualifiées de justes ou d’injustes.  Il s’agit là de l’attribution de l’éthique. Quant à la sphère juridique, c’est au niveau d’une organisation et dans ses rapports avec d’autres que s’exerce le pouvoir de mobilisation des ressources. Cet exercice de pouvoir énonce l’étape « d’incorporation de l’institution ».  Enfin, la sphère économique concerne l’action de l’organisation qui est soumise par l’action de l’organisation.

 

L’étude des rôles et fonctions de l’information a été traitée par de nombreuses thèses institutionnalistes néo-autrichiens.  Selon les néo-autrichiens, la notion d’économie  institutionnaliste est présente et des lignes de fracture séparent celle-ci du modèle néoclassique.[26]

 

Tout d’abord, l’existence de biens appropriables est supposée par l’idée de l’économie comme science des richesses. La notion d’une discipline du bien-être individuel et collectif qui inclut des dispositifs non-appropriables comme la connaissance industrielle, s’oppose à la pensée institutionnaliste.

 

Par théorie, la forme la plus efficace d’organisation de l’activité serait donc l’entreprise privée.  Aussi, un principe de relativité basé sur la différenciation entre analyse et calcul économique est contesté par la pensée institutionnaliste. Les conditions dans lesquelles tout genre de calcul économique est en même temps exigé et exécutable, doivent être considérées par l’analyse économique. L’optimisation du fonctionnement d’une organisation enveloppée dans un réseau de transactions marchandes reflète donc l’efficience de la forme. Ensuite, l’élaboration du concept même de capital d’arrangements institutionnels est rejetée par la pensée institutionnaliste. Dans cette idée, l’information est qualifiée d’outils de production indispensable à la production de biens.

 

Enfin, l’idée institutionnaliste conteste également la conception du temps, étant relatif à un flux. La théorie considérée ici est que les individus sont capables de prévisions rationnelles, c’est-à-dire de prévoir à l’avenir des formations des expériences antérieures.

 

Un autre statut est attribué à l’information à partir de ces thèses de l’économie institutionnaliste.  Par conséquent, ces théories traduisent et mettent en évidence le rôle primordial de l’idée d’information dans les diverses notions correspondant à l’apparition des institutions chez les économistes institutionnalistes.

 

Faisant partie de ces économistes institutionnalistes, J. Dewey estime que « l’interaction situationnelle n’implique pas un sujet en soi percevant une situation en soi extérieure à lui-même ». En d’autres termes, il veut expliciter que l’expérience a des caractéristiques propres et autonomes car il s’agit de l’expérience ou encore la situation d’un être quelconque. Ainsi, pour lui, l’utilisation du terme « interaction » est plus appropriée à celui de « transaction ». Il considère de même que seule la démarche progressive de l’expérience est réelle et que le sujet et l’objet sont des idéalisations. L’hypothèse de  J. Dewey conteste ainsi celle des hayekiennes qui considère qu’une capacité de connaissance est discernable et instantanée.[27]

 

Commons considère la transaction comme l’élément fondamental de l’étude de la science économique, pour mieux ponctuer le lien avec le pragmatisme. Selon lui, la transaction est d’abord une démarche concrète et non une idéalisation, qui admis la résolution des conflits d’intérêts, à partir de négociations. La théorie économique courante, « basée sur les relations de l’homme avec la nature, et qui n’avait pas de conflits d’intérêts dans ses unités d’investigation » est critiquée par Commons. Pour ce dernier, en même temps comme sujet et méthode de sélection, l’unité d’investigation peut se définir comme « l’unité d’activité finale (…) qui doit contenir en elle les trois principes du conflit, de la dépendance et de la régularité. ». Des avantages réciproques dépendants, pouvant entrer en conflit et visant à une diminuer des aléas capables d’empêcher leurs anticipations, sont rassemblés dans cette unité. Pour Commons, il s’agit de la « transaction ».

 

Toujours selon Commons, une démarche de production de connaissances et d’informations rattachées à l’apprentissage de la négociation et à sa pratique, est initié par toute transaction. Ainsi, une base cognitive est attribuée à toute institution sociale qui équilibre un accord. Par ailleurs, la transaction n’est en aucune manière une convention accomplie à un moment déterminé.[28]

 

La simplification de l’information permet de mener à bien un projet collectif, une organisation sociale. Ainsi, comme l’information détermine ici la réussite du projet et la continuité de l’organisation, elle est donc ici qualifiée comme un actif collectif dont la conduite demande une gérance attentive.

 

D’autre part, les processus de changement en plus des tendances à l’ajustement sont étudiés par l’école autrichienne. Celle-ci considère les états d’« équilibre » comme des bâties imaginaires indispensables au raisonnement, surtout pour retirer les effets de l’incertitude. Les champs où elle se dissocie de l’économie néoclassique sont surtout les principaux champs où se trouvent ses contributions distinctes. Ces champs sont marqués par le rôle primordial qu’occupent le passage du temps, l’incertitude, les limitations essentielles de l’esprit humain et son libre arbitre.

 

Tous les projets dont la productivité prévisionnelle est au dessus du taux d’intérêt du marché, vont être lancés par les entrepreneurs. Ces derniers vont également faire appel notamment aux investissements indispensables, améliorant ainsi l’organisation du capital par l’obtention de matériels de production plus ou moins spécifiques.

 

Cependant, ni l’attitude à venir des consommateurs, ni celui des autres producteurs ne peuvent être envisagés par l’entrepreneur. Ainsi, une incertitude radicale non probabilisable est toujours présente. Les résultats attendus peuvent donc ne pas correspondre aux résultats réels, et le bénéfice envisagé peut ne pas se concrétiser.  Cela signifie que les produits consommés par cette production sont favorisés aux biens qui en résultent, dans un marché libre. Pour d’autres usages dans la mesure du possible, il est alors indispensable de dénouer la combinaison spécifique des outils de production qui constitue l’entreprise et rendre possible les moyens, en particulier le personnel.

 

Dans la logique, l’entreprise en général, directement à son milieu et le débouché des biens impliqués sont freinés par les effets de cet échec. Des faux calculs de tous les entrepreneurs, pouvant découler de mauvaises manipulations de la monnaie ou des taux d’intérêt qui servent de référence aux calculs de tous, peuvent être à l’origine d’une crise généralisée. Bref, pour les héritiers autrichiens, l’information est un instrument indispensable pour les institutions, les entreprises afin de s’accroître, mais également un outil de coordination. Ainsi, l’incertitude de l’information conduit certainement vers un échec.

2.        Ce que pensent les héritiers postkeynésiens

 

C’était dans les années 1930 que s’est développé en Angleterre et aux Etats-Unis le courant de pensée économique postkeynésien. Le post-keynésianisme est un courant de pensée économique. De nos jours, c’est aux États-Unis qu’il est le plus présent. C’est le courant qui est considéré comme étant se rapprochant le plus de la pensée de Keynes.

 

Les postkeynésiens sont à différencier des néo-keynésiens. Les premiers adoptent de façon la plus radicale  la vision de Keynes notamment sur l’ l’incertitude radicale, l’analyse circuitiste, l’endogénéité de la monnaie, Keynes qui a pris une distance du courant des néoclassiques de par son existence. Les seconds leur sont distingués par le fait qu’ils sont plus proches du keynésianisme de la synthèse. Dans cette idée, on peut citer que plusieurs écoles appelées postkeynésiennes existent.

 

Dans l’ensemble des courants hétérodoxes contemporaines sur la monnaie, l’étude postkeynésienne suggère diverses réflexions fort analysées en relation avec la monnaie et cause beaucoup discussion au sein même des partisans. Il existe de nombreux concepts fondateurs.  Plusieurs concepts fondateurs gèrent la liaison entre auteurs postkeynésiens et les éléments d’une démarche commune. Ce sont ces concepts qui marquent l’authenticité de cette école. Ils se catégorisent en trois principales visions qui sont : l’opposition aux monétaristes ; l’héritage de Keynes ; l’appréhension du « monde réel » à travers  une méthode spécifique qui  s’appuie sur l’intégration du temps historique, de l’incertitude et des institutions dans la recherche pour de dégager une théorie de « critical realism ».

 

Différents domaines sont explorés par la théorie postkeynésienne et surtout en ce qui concerne les conditions d’une croissance à longue durée.[29] Voici donc la problématique qui se pose : si le plein-emploi est connu actuellement, pour le faire durer longtemps, quelles exigences faut-il rassembler ? Harrod et Domar figurent parmi les deux principaux chercheurs postkeynésiens qui tentent d’apporter des éléments de réponse à la question sur les conditions d’une croissance à long terme. Un modèle économique keynésien dynamique est présenté, et un programme d’étude économique leur est initié dans les années 50.

 

De façon naturelle, l’incertitude keynésienne existe, freinant la maximalisation dans sa signification courante. La place de l’incertitude admise comme existant à une situation donnée a été précisé par Elba Brown dans sa  présentation du noyau du programme de recherche postkeynésien.

 

Les néo-ricardiens ont présenté une crainte selon quoi l’incertitude et les anticipations soient considérées comme des imperfections. C’est une raison pour laquelle ils éprouvent un dédain clair vis-à-vis des keynésiens fondamentalistes[30] qui s’oppose à la théorie néoclassique en s’appuyant sur ces concepts.

 

En revanche, peu de temps après l’admission de la nécessité d’une théorie correcte à long terme, et après le constat de l’inadéquation de la théorie néoclassique, les néo-ricardiens insistent sur le grand rôle de l’incertitude. L’incertitude, avec les conventions, se fond dans l’environnement où les forces permanentes de la production et de l’accumulation s’exercent  (Eatwell 1983:127)

 

La logique économique n’a pas d’importance, lorsqu’il y a incertitudes. L’approche néoclassique est exclusivement présumée être le raisonnement économique auquel Luxas s’est référé.

 

Le dernier élément, une situation de risque probabilisable peut fondamentalement découler de toute situation d’incertitude. Cette approche offre l’avantage aux économistes néoclassiques de qualifier l’information comme si elle était complète.

 

C’est dans les années soixante-dix avec Kaldor (1970), que s’effectue le positionnement théorique des postkeynésiens concernant le sujet d’après Rochon (2007).  Le taux d’intérêt constituait la variable de contrôle et seulement un infime contrôle sur l’offre de monnaie n’est détenu par la banque centrale, déclare Kaldor.

 

Dans un second volet, il y a  une considération des interrelations entre quantités et prix. Un grand problème pour des néo-ricardiens, relatif à la théorie de l’accumulation apparaît ainsi. En effet, les néo-ricardiens la considèrent comme un problème important car celle-ci remet en cause la ramification entre prix et quantités. La pertinence de cette ramification sera par la suite. Il faut noter que des plus fondamentalistes des postkeynésiens, la théorie de l’accumulation est toute aussi douteuse, car elle incite à reconsidérer les notions de temps historique, d’incertitude, etc.

 

Ainsi, négliger des dispositions les plus extrêmes si l’on garde encore quelque volonté de théorisation, à l’exemple du phénomène de la croissance, est donc préférable. Dans le contexte d’un raisonnement postkeynésien, même indéniablement ils sont souvent suggestifs, la dichotomisation présentée par certains néo-ricardiens, ne pourrait donc être gardée.

 

Un rôle particulier attribué aux banques commerciales car celles-ci conçoivent la monnaie en accordant des crédits aux entreprises, est supposé par l’endogénéité de la monnaie.[31] Aussi, l’analyse du mécanisme bancaire structuré, plus particulièrement l’attitude des banques commerciales, détermine la définition  de la monnaie.

 

A cet effet, de multiples études cherchant à décrire et à  appréhender le mécanisme bancaire, ont été réalisés par les postkeynésiens. En analysant la discussion qui met en évidence deux idées postkeynésiennes opposées, celui des horizontalistes et celui des structuralistes, il est certain d’en tirer profit du contexte. Les rôles spécifiques de la Banque Centrale et des banques commerciales en matière de création et de l’offre de monnaie, font l’objet des débats.[32] La synthèse des divers raisonnements proposés par les postkeynésiens anglo-saxons en ce qui concerne les fondements de la monnaie, pourra résulter de leur étude.

 

Par ailleurs, pour les postkeynésiens le moyen d’expliciter les  attitudes des agents par rapport à la monnaie et d’expliquer l’existence de cette dernière, est fourni par le concept d’incertitude.

 

L’effet de l’incertitude de l’information sur la possession de monnaie

 

L’approche comportementaliste s’élargit aussi à l’analyse de la réaction de tous les agents économiques vis-à-vis de la  monnaie. En fait, elle ne s’applique plus seulement à l’analyse du mécanisme bancaire hiérarchisé.

 

L’utilisation de la monnaie a comme source l’existence de l’incertitude, selon certains postkeynésiens. L’insertion du temps historique, du développement constant des variables économiques, est à la base de l’introduction de ce concept.

 

En effet, l’irrévocabilité des actes économiques (ou  humains) est comprise dans cette dimension temporelle ; ce qui transforme les comportements des agents. L’apparition d’un deuxième concept essentiel résulte de l’intégration du  temps. Il s’agit de l’incertitude. Par définition, les déséquilibres d’information sont créés par le temps : le passé est facilement analysable si le futur quant à lui, est incertain et amène la majorité des agents à faire des anticipations économiques. Le fait que les acteurs économiques entreprennent des calculs pour diminuer cette situation d’incertitude est exhorté logiquement par le risque d’erreur sur l’établissement d’une production, d’un investissement financier.

 

Trois états où naissent les décisions sont remarqués par Paul Davidson. En premier lieu, basées sur l’idée que le passé est probablement lié au futur et sur des « anticipations rationnelles », il y a le milieu des probabilités objectives.

 

En second lieu, basées sur des certitudes, il y a le milieu de probabilités subjectives ou personnelles.

 

Enfin, la situation, dans laquelle l’agent pense qu’il n’existe aucune information concernant le futur  s’agit de l’environnement des incertitudes.  Dans ce dernier état, effectuer des calculs et prévoir les changements à venir sont impossibles.

 

C’est aux évènements ergodiques que relèvent le premier et le second état. Ce n’est pas aux anticipations rationnelles que se basent les postkeynésiens mais plutôt à l’incertitude fondamentale. La capacité humaine de manipuler un certain nombre d’informations et de possibilités extrêmement compliquées, est la limite de l’aptitude d’anticipation des agents. L’utilisation d’une analyse probabiliste,  ergodique  qui supposerait l’éradication du risque et de l’incertain est l’argument utilisé par les postkeynésiens pour se défendre. Ils préfèrent plutôt mettre en évidence la faillibilité humaine. Par contre, l’utilisation de la monnaie sera justifiée par cet état.

 

Se pencher davantage sur lien entre le présent et le futur d’après le principe keynésien de la monnaie est nécessaire. Les prises de décisions concernant la production sont affectées par la monnaie car elle forme un instrument adapté pour lutter contre l’incertitude. C’est la remarque effectuée par ces  auteurs. En amont des calculs de l’entrepreneur, la monnaie occupe déjà une place importante ; l’énonciation des probabilités sur le taux d’intérêt et les dépenses et le besoin d’anticiper la production dans l’économie monétaire, sont ainsi possibles. En même temps, l’incertitude affecte également les décisions des banques. En conséquent, ces dernières vont changer les modalités de l’octroi de crédit selon leurs anticipations.

 

Etant un outil adapté pour lutter contre l’incertitude et qui permet aux agents d’effectuer leurs anticipations, la monnaie est belle et bien présente. Les comportements et les réactions des agents traduisent cette présence de la monnaie.

 

La conception postkeynésienne des rôles de la monnaie est influencée par la dimension de l’incertitude.  Il implique donc de reconsidérer l’utilisation des agents  de la monnaie.

 

En réalité, une détermination des fonctions de la monnaie en fonction de la théorie de la  préférence pour la liquidité, est reconsidérée. Comment l’incertitude témoigne la raison de détention de monnaie pour précaution, est expliqué par la fonction de réserve de valeur de la monnaie.

 

L’interrogation sur les comportements des postkeynésiens est parfaitement représenté par l’exemple de l’étude de l’incertitude. De même, plutôt qu’à l’étude de la monnaie, elle offre l’avantage d’évaluer l’importance donnée à l’analyse de la liquidité. Pour clarifier la raison de la spéculation, certains auteurs postkeynésiens élargissent leur hypothèse sur la monnaie de crédit. Davidson quant à lui analyse essentiellement le motif de précaution.

 

Néanmoins, la monnaie représente une variable d’arbitrage favorisant les agents à se préserver d’une incertitude fondamentale par le biais de sa fonction de réserve de valeur. Il s’agit là de la théorie des autres auteurs proches de celle de Davidson. Ainsi, grâce à la monnaie, l’entrepreneur diminue son incertitude en confrontant le futur et le présent et à partir des dettes qu’il a acquises. L’incertitude elle-même et la réduction de l’incertitude déterminent la détention de monnaie. Le fait que les besoins de monnaie sont créés par l’incertitude et que la détention de monnaie permet de se préserver de l’incertitude, expliquent cette situation.

 

Les motivations qui conduisent les agents à utiliser la monnaie ne sont pas trop considérées par les  « circuitistes ». Le caractère de la monnaie et la démarche du système bancaire ne peuvent être expliqués par l’incertitude même s’il est certain que cette dernière existe réellement. Cependant, la détermination d’une variable dans des conditions non-ergodiques est reconnue par les  circuitistes. Cette idée reprend celle du principe de Keynes[33]. C’est avant la production et la formation des revenus qu’intervient l’incertitude car le niveau de la demande effective, de la production et de l’emploi est déterminé par l’état des anticipations des entrepreneurs.

3.        L’incertitude chez les néoclassiques

 

 

Les choix et les décisions des individus constituent la base de l’étude néoclassique. Chaque individu connaît précisément ses besoins et les données dont  il possède, y compris les prix et son revenu. A partir de ces deux indications, il trie de façon à trouver le plus favorable répondant à ses besoins. En effet, l’intégralité des choix des individus faisant partie  d’une collectivité s’effectue sur le marché où apparaissent les prix.

 

 

Les agents économiques, qui priorisent leurs intérêts personnels, sont incités à avoir un comportement rationnel. Les choix de ces agents sont présumés rationnels alors qu’un choix rationnel se définit comme le résultat d’un raisonnement logique entre les fins. Autrement dit, les agents économiques exposent la rationalité de la maximisation des intérêts personnels.

 

 

L’agent économique présente la typologie d’un homo economicus du fait qu’il ne pense qu’à son gain personnel tout en faisant preuve d’égoïsme. Alors même qu’il ressent de l’exécration pour le travail productif, il reste toujours à la quête d’un plus grand bénéfice. Le concept selon le modèle classique adhère dans le choix rationnel affirmant ainsi l’inexistence de l’irrationnel. L’homo éconimucus ne prend pas en compte le risque. L’agent économique adopte la combinaison optimale face à des raisons financières avec des modalités et des variables économiques de marché afin de répondre à ses besoins qu’importe son rôle : consommateur ou producteur.

 

Avec l’arrivée de l’utilitarisme, la pensée holistique de la société, qui prime l’intérêt général à l’intérêt personnel, se fait peu à peu rayer par la conception hédoniste estimant l’individu comme la valeur absolue de toute organisation sociétale. Beaucoup de théoriciens comme Popper démontrent la fausseté du principe de la rationalité en affirmant que le postulat de rationalité peut être erroné. La psychologie expérimentale affirme que le comportement individuel profane méthodiquement la rationalité. Cette pensée constitue l’origine de l’introduction des mathématiques à l’économie politique.

 

Dans l’entreprise « néo-classique » qui forme la base des approches de la stabilité économique globale, l’objectif de l’entrepreneur consiste à  l’amélioration du profit en disposant au mieux les ressources du capital et du travail. L’entreprise procède dans un milieu de concurrence irréprochable avec comme hypothèses  la perfection  et la gratuité de l’information.  Il en résulte que le marché impose le prix. L’entrepreneur opère avec une  rationalité complète  dans un environnement déterminé.

 

L’activité de l’entrepreneur consiste donc à calculer l’amélioration des niveaux  de production et de ressources. Comme l’entrepreneur tient la fonction d’un price taker, son activité   s’oriente vers la partie interne de son entreprise en se concentrant surtout au discernement et à la gestion des couts.  Il doit ainsi être en connaissance de la flexibilité de la demande de produits sans avoir la possibilité de la modifier. Afin de quitter l’hypothèse de certitude et de perfection de l’information, il est primordial d’incorporer le calcul des probabilités lié au degré de goût du risque de l’entrepreneur.

 

L’hypothèse concernant les probabilités va être observée. Elle considère ainsi les probabilités comme mesurables avec aucune fausseté, cela signifie que l’incertitude ne constitue pas un réel sujet à débattre. Le cas semble être le même avec l’introduction du temps qui constitue juste une conséquence de maximisation de variables sur des périodes déterminées. La théorie de l’entreprise néoclassique se répertorie à cet effet dans la sphère de la certitude et de la rationalité. La pensée walrasienne telle que la pensée autrichienne élargit encore la valeur de l’hypothèse de rationalité à travers la conception théorique déterminante. Ces théories représentent l’individualisme plus que la théorie classique.

L’origine de l’étude est cependant un individu indépendant, détenant des informations complètes, qui arrange toutes les occasions qui s’offrent à lui à commencer par un calcul de coût par rapport à un avantage. Dans le domaine économique, le fondement de rationalité, indique que les individus opèrent en se servant de la manière favorable des ressources en sa portée sans oublier les contraintes qu’ils subissent. L’homo oeconomicus perçut comme l’individu rationnel fait preuve d’égoïsme du fait qu’il considère exclusivement ses bénéfices. Il forme d’ailleurs une unité de décision indépendante. En plus, les  habitudes sociales ne spécifient pas son comportement.

 

La définition de la rationalité est désormais connue. En fin de compte, l’individu rationnel doit être maximisateur en faisant des choix qui priorisent sa satisfaction. La rationalité individuelle devrait être combinée à la rationalité du système. D’un point de vue néo-classique, l’optimum de Pareto ou le choix d’un critère normatif se rattache à cette rationalité. Une fois que ce critère cohérent avec l’approche individualiste est maîtrisé, il est facile de démontrer que toute stabilité de concurrence constitue un optimum de Pareto.

 

Les fonctionnements du marché de la concurrence orientent vers une bonne utilisation des ressources. La prétendue rationalité des agents instaure un modèle durement organisé, qui met en relief la dépendance des décisions économiques, qui détient la capacité de traiter la mathématique et autorise aussi utilisation des procédures d’optimisation suivant certaines modalités. Homo oeconomicus résulte de l’ensemble des événements de la vie en société, citons entre autre les influences, les reproductions ainsi que les déterminations sociales qui s’intitulent aussi l’autonomie. Il se prononce de manière rationnelle disposant de rares méthodes de manière à maximiser ses fins.

 

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Conclusion Chapitre 1

 

Pour conclure, il s’agit de rappeler qu’il paraît préférable a priori de renoncer à la rationalité instrumentale vis-à-vis de l’incertitude radicale pour  adopter le partage entre risque et incertitude.  Néanmoins, il a été dit qu’autant l’individu ait l’expérience des informations exactes, plus les compromis se présentent  ayant pour but d’atténuer les prénotions, l’effectif  d’individus avec incertitude prenant une de décision sera limitée.

 

Bien que dans l’évidence, l’intensité de risque assumé est basée plutôt  sur le caractère de risque perçu, l’attitude face au risque ne reflète pas systématiquement la perception du risque. Ces deux types de comportements sont joints inséparablement (Bettman ,1973). Pourtant, nous avons signalé supra que l’agent économique qui doit prendre une décision demeure   dans l’incapacité de fixer d’une manière précise le risque objectif spécifiant l’alternative étudiée. Le risque d’une alternative est possiblement  caché par le risque discerné par l’individu. A cet effet, la nature du risque peut être spécifiée l’une par rapport à l’autre.

 

Les critères d’évaluation des risques évoquent la disposition des relations sociales rapportée au profil du responsable qui doit prendre la décision  et qui  résiste dans un environnement social particulier. Cette  ambiance socioculturelle occupe manifestement un rôle dans la promotion des formes sociales sur laquelle dépend l’appréciation des risques.

 

Les agents économiques, qui mettent en priorité leurs intérêts personnels, sont exhortés à avoir un comportement rationnel. Les choix de ces agents sont présumés rationnels alors qu’un choix rationnel se définit comme le résultat d’un raisonnement logique entre les fins, c’est-à-dire que les agents économiques expriment la rationalité de la maximisation des intérêts personnels.

 

Quoi qu’il en soit, toute réflexion tourne autour de la disponibilité ou non de l’information, autour de complétude ou de l’insuffisance de l’information. Il a été constaté que le désordre peut survenir à défaut d’information autant qualitativement que quantitativement. Nous allons entamer l’analyse du désordre dû à l’insuffisance informationnelle dans le chapitre suivant.

 

Chapitre 2

Le désordre dû à l’insuffisance informationnelle

 

Introduction

 

 

La relation entre la banque et l’entreprise se base le plus fréquemment sur une relation compliquée[34]. On est parfois confronté à des informations imparfaites et/ou incomplètes. Toutes les informations sur les activités que les entreprises se proposent de réaliser ne sont pas disponibles chez les banques. Egalement, les entreprises ne maîtrisent pas les stratégies adoptées par les banques quant aux décisions d’accord des crédits, et les styles d’appréciation du risque. Cette manifestation nommée « asymétrie d’information » concerne l’objet de recherches de nombreux  auteurs sur les théories qui doivent permettre d’appréhender le comportement des institutions financières dans le processus de financement. Dans la relation banque/PME, l’asymétrie d’information est reconnue de manière à ce que les emprunteurs  possèdent  plus d’informations que les institutions financières sur leur propre entreprise[35]. Evidemment, les initiateurs des PME connaissent mieux leur situation financière et les circonstances d’affaires qui s’adressent à eux par rapport à la banque.

 

 

 

Calomiris et Hubbard[36] raisonnent que les PME détiennent une information sur le degré de risque de leurs projets. De plus, elles sont les seules à connaitre l’usage qu’elles font des sommes empruntées. Cette disposition relative à l’information augmente le risque moral et le risque d’anti-sélection pour les organismes de financement. Cette imperfection de l’information sur le marché du crédit engendre des phénomènes de sélection adverse, et d’aléa moral.

 

 

Selon H.Varian (1998) la sélection adverse est générée du fait qu’une autre vision du marché n’est pas capable d’observer la qualité du résultat que l’autre partie est en train de lui proposer. Sur le marché du crédit, il est logique que les emprunteurs veuillent toujours fournir une image positive de leurs projets aux prêteurs afin de décrocher le crédit. Cette habilité des emprunteurs amène les banques à accepter le financement des projets risqués en lieu et place des projets à faibles niveaux de risque.

 

Mais pour ce qui concerne l’aléa moral, c’est un phénomène où un coté du marché se trouve dans l’impossibilité d’observer le comportement de l’autre, c’est ce qu’on appelle comportement caché. Nous allons observer en détail ce phénomène dans un paragraphe subséquent relatif aux différentes formes d’asymétrie informationnelle.  L’emprunteur qui détourne parfois l’objet du crédit alloué à d’autres destinations évoque les problèmes d’agence.

 

Section 1 : Les problèmes d’agence

 

 

Bardhan et Udry (1999), quant à eux considèrent qu’il est inconcevable de négocier indépendamment les cas de sélection adverse et d’aléa moral sachant que nombreux environnements économiques sont déterminés par un assortiment des deux problèmes.

 

 

Pour Akerlof(1970), Diamand et Dybvig(1975), l’événement d’asymétrie d’information amène  à des comportements malins de l’emprunteur. Dans une telle circonstance, Jaffée et Russel(1976) séparent dans leurs présentations  les débiteurs honnêtes et les débiteurs malhonnêtes. Ils incorporent les débiteurs honnêtes aux entreprises qui, prévoyant  les coûts d’une défaillance possible de leurs projets élevés, décident de rembourser. Quant aux débiteurs malhonnêtes, ils choisissent la déconfiture en présentant des taux d’intérêts plus élevés.

 

 

Le problème d’asymétrie d’information où la banque est obligée d’affronter est donc à l’origine de la difficulté de différencier les bons et les mauvais clients qui viennent emprunter de l’argent. Pour s’échapper d’une telle circonstance difficile à prévoir, Stieglitz et Weiss(1978) conseillent les banques de « rationner » le crédit, c’est-à-dire limiter l’offre destinée aux entreprises. A partir de tel stratégie, si les promoteurs d’entreprises optent des comportements opportunistes pour décrocher un crédit, la banque peut soutenir la limite de l’offre de crédit aux emprunteurs.

 

Ce paradigme de rationnement de crédit se rapproche de l’idée de Hodgman(1980) qui, à la lumière de la logique Keynésienne (l’offre faisant la demande), raisonne qu’il faut ajuster par la quantité (volume) du crédit et non par le coût comme le préconise Swazi(1978). Dans ces modalités, la demande supérieure à la quantité offerte sur le marché du crédit provoquera une demande excédentaire provenant des entreprises, et cette demande excédentaire ne sera pas satisfaite.

 

 

 

Il est beaucoup plus question d’ajustement par les taux d’intérêt pour faire face a la sélection adverse et d’exigence de garantie pour éviter l’aléa moral. C’est pourquoi la théorie dite de « l’agence » basée essentiellement sur ces principes sera étudiée plus loin dans cet écrit permettant ainsi d’expliquer le comportement des banques dans le financement des PME. Mais à part son caractère douteux, il faut reconnaitre que toute information est insatisfaisante du fait qu’elle inclut une disjonction avec le monde et se dévoile dans un monde plein de complexe déroutant et variable tel que la météo. Grâce à de nouvelles évaluations, il est possible de corriger les lancements d’idée.

 

 

L’information n’est pas seulement imparfaite, la capacité d’analyser de l’individu possède aussi des limites, l’émotion ou autre sentiment ressenti par l’individu peut alors modifier son jugement. Herbert Simon lui donne le nom de rationalité limitée qui constitue une particularité fondamentale du monde de l’information. La défectuosité de l’information et de la connaissance devrait amener l’individu  à la mesure de précautions comme la confrontation des données ainsi que élargir des savoirs.

 

 

 

 

1.                  Stigler et les coûts de transaction

 

 

George Joseph Stigler est économiste de nationalité américaine. Il est né en 1911 à Seattle et décède en  1991.En 1982, George Joseph Stigler a reçu le prix Nobel d’économie. Le fameux spécialiste de l’histoire des statistiques Stephen Stigler n’est autre que son fils[37]. Le renommé de Stigler concerne la théorie économique. En effet, une théorie économique de la réglementation, dite économie positive de la réglementation ou encore théorie de la capture  a été traitée par ce théoricien. Cette théorie expose l’application des moyens de réglementation et du pouvoir oppressif des États par des groupes d’intérêts et des politiciens afin de manipuler les lois et les règles pour leur fin personnelle. Le problème qui subsiste concerne alors l’autorité réglementaire qui n’arrive plus à garantir l’intérêt général étant dominé par des groupes de pression.

 

 

Pour ce théoricien, la réglementation doit être étudiée tel que la production d’un service de redistribution politique qui est sollicitée par les associations d’entreprises et les entrepreneurs, et offerte par les décideurs politiques et les fonctionnaires. Les acteurs demeurent très rationnels, les offreurs optimisent ainsi leur possibilité de réélection ou cherchent à acquérir des postes dans les établissements sous leur aille. En ce qui concerne les demandeurs de service, ils tiennent à monopoliser un secteur déterminé, surtout par rapport à leur rival de l’étranger, que la réglementation occasionne certainement. Toutefois, le réglementateur se conforme aux intérêts des producteurs constitués. Afin de modérer l’action des groupes de pression, les adhérents de l’économie positive de la réglementation suggèrent d’enlever à l’État ses volontés à réglementer les affaires productives.

 

 

Cette théorie de la réglementation se trouve maintenant dans la théorie des choix publics.  Dans le but de faire une transaction du marché, il est primordial de connaitre certaines modalités à commencer par la pratique des négociations apportant à une affaire, passer à l’élaboration du contrat et toutes autres démarches requises. Il semble de même nécessaire de rappeler brièvement les couts de transaction. Il existe sur le marché trois types de couts à savoir les montants de recherche et d’information, les coûts de négociation et de décision, les prix de maintien de l’ordre et d’application.          Coase[38] déclare que sans la prise en compte des coûts de transaction, comprendre le fonctionnement du système économique et  surtout détenir un fondement solide pour la constitution de la politique économique[39] seraient alors impossibles.

 

L’analyse de Coase appartient au théorème économique émis pour la première fois par George Stigler (1966) à l’égard de « The Problem of Social Cost» (1960), un article de Ronald Coase. Ce dernier contredit et agrée par la suite la paternité de ce théorème qui se peut se résumer en quelques mots. Il s’ensuivra une allocation efficace s’il y a zéro coût de transaction et une meilleur définition des droits de propriété. Dans son fameux article The Nature of the firm (1937), Coase tient à répondre à la question : Pour quelle raison existe-t-il des entreprises ?

 

 

D’après Coase, il y a un coût pour l’utilisation du système néoclassique des prix. Ce coût décrit la préparation de structures collectives telles que les administrations et les entreprises qui participent à l’allégement de ces coûts de transaction. Coase a souligné les différentes difficultés dans la manipulation parfaite du système des prix.

 

 

La filiation de l’analyse concernant les coûts de transaction figure a l’arrivée du concept néo-institutionnaliste en économie représentée par Steven Cheung ou Oliver Williamson, « prix Nobel » en 2009. La notion de coût de transaction tient encore une place importante dans le monde de l’économie d’aujourd’hui surtout dans le domaine de l’économie de l’entreprise. Cependant, il émane à l’origine de l’économie publique et des analyses de Ronald Coase. Il peut se définir comme l’ensemble des coûts produits par l’organisation entre les agents. Il y a par exemple des coûts relatifs à l’incertitude nécessitant que l’agent se renseigne avant d’entamer une opération économique. Il existe aussi des coûts se rapportant à l’entretien et à la composition d’un contrat. Il peut être aussi question de l’externalité produite par une transaction économique. Ce sont les conséquences positives ou négatives, c’est-à-dire  fruit de l’activité d’un agent économique sur celle des autres sans une convention bipartite.

 

 

Le modèle économique de Coase concernant le coût de transaction reprend surface avec la révolution technologique comme l’internet ainsi que les différents systèmes de communication par réseau. Une révolution qui diminue considérablement les coûts de transaction. Dans leur ouvrage Wikinomics portfolio 2006, Don Tapscott et Anthony Williams dédient une section entière concernant ce sujet. Tandis que dans le temps de Ronald H. Coase, les coûts de transactions déterminaient la création d’entreprises administrant l’intégralité de la viabilité du produit. Leur importante diminution par l’Internet oriente les deux théoriciens à suggérer une reformulation de la loi de Coase.

 

 

Un échange économique, plus particulièrement une transaction sur le marché, influence le coût de transaction. Dans le milieu de la concurrence pure et parfaire, ce coût de transaction est inexistant. Cependant, lorsque ce coût existe, il est possible qu’il soit être direct c’est-à-dire sous l’aspect de commission de Bourse, ou indirect comme le coût de prospection, temps et effort passés à la discussion et à la vérification de la transaction, etc.

 

Historiquement, le terme « cout de transaction » a été créé par Ronald Coase[40]. Son article qui s’intitule « The Nature of the Firm » (1937) a fait apparaître la première fois le terme. Le questionnement sur toutes les transactions n’étant pas des transactions de marché est éclairci par le concept. En effet, en imposant la coopération entre employés, ces coûts peuvent être  limités efficacement avec l’apparition d’entreprises ou firmes.

 

La naissance d’une branche chevauchant les domaines de l’économie et du droit : la Théorie des Coûts de Transaction (TCT), a résulté de l’introduction de cette analyse. Ronald Coase, Oliver Williamson, Harold Demsetz ou Yoram Barzel, figurent parmi les auteurs de cette TCT.

 

En effet, la théorie des coûts de transaction motive clairement la perspective de l’opportunisme selon Williamson (1975). Certes, une représentation extrême du comportement humain motivé par la recherche d’avantages personnels, se forme à partir de cette théorie.  Une tendance à tricher et à transgresser les règles éthiques caractériserait ce comportement mis en place.

 

Une modélisation parcimonieuse peut apparaître en faisant appel à l’opportunisme. Ainsi, ce dernier présente un certain intérêt d’un point de vue  méthodologique. De ce fait, l’établissement de mécanismes de gouvernance, gênant l’attitude du dirigeant potentiellement opportuniste, peut être expliqué par la recherche de l’efficience. Cependant, chez Williamson, l’opportunisme est surtout constaté plus clairement avec la théorie positive de l’agence qui se limite simplement à solliciter un conflit d’intérêts entre différents types d’acteurs. Par conséquent, l’assimilation précipitée de l’ensemble de l’approche est exagérée. D’autre part, l’acceptation de l’opportunisme et des théories contractuelles est affectée par leur confusion, surtout pour deux motifs. Tout d’abord, l’opportunisme a une signification négative dans un cadre normatif. Ce qui conduit à une hésitation de certains chercheurs par rapport à un domaine théorique où ils sont en connaissance du pouvoir explicatif. Ensuite, d’une manière plus considérable encore, une acceptabilité de l’hypothèse opportuniste paraît proportionnellement limitée du point de vue méthodologique.

 

Les seules prédictions qui tendent au même résultat avec les faits réels ne sont pas suffisantes pour qu’une théorie puisse être approuvée d’acceptable scientifiquement selon Raymond Boudon (1999). Au-delà, même si elles ne sont pas observables, il paraît important que les hypothèses fondamentales soient plausibles, c’est-à-dire donnent la possibilité d’expliquer plusieurs phénomènes. Dans ce contexte, afin d’élargir le domaine d’application de certains éléments fondateurs de l’approche contractualise et pour augmenter ainsi leur plausibilité, introduire explicitement un argument cognitif semble être particulièrement bien adaptée. S’inscrivant dans un effort global, cette démarche vise à jeter des ponts entre les théories contractuelles de la firme, initialement axées autour des questions d’incitation et de répartition de valeur. Quant aux théories stratégiques, celles-ci sont  plutôt axées davantage vers l’appréhension de la démarche de création de valeur. Cette dernière est elle-même centrée sur l’obtention et le traitement de connaissances et de compétences (Conner et Prahalad, 1996 ; Demsetz, 1988 ; Hodgson, 1998 ; Langlois et Foss, 1999 ; Williamson, 1999). La fonction de quelques systèmes de gouvernance, sans mettre en cause les postulats fondamentaux de la théorie positive de l’agence, est ainsi réinterprétée.

 

L’existence d’un conflit d’intérêts dissimulé entre les divers acteurs de la firme est supposée par les théories contractuelles des organisations. Il faut reconnaître que ces dernières se sont initialement inspirées de la recherche d’une meilleure compréhension de la gouvernance. Potentiellement, il existe une multitude de nature de ce conflit d’intérêts. Tout d’abord, celui- peut être réel, c’est-à-dire que l’opportunisme de certains acteurs est son origine, selon la théorie des coûts de transaction de Williamson. D’autre part, il peut tout simplement résulter de la divergence des fonctions d’utilité selon la théorie de l’agence.

 

Dans les travaux d’Alchian (1950), l’un des fondateurs des théories contractuelles des organisations, on remarque déjà implicitement certaines informations sur l’importance de l’argument cognitif. En effet, les décideurs sont incapables de prévoir toutes les contingences futures car ils sont supposés agir dans un univers indéterminé. Par conséquent, un certain nombre de décisions et d’idées subjectives doivent être à la base des actions des acteurs. Les termes suivants ont été utilisés par Alchian (1950, p. 216) pour l’exprimer: « Where there is uncertainty, people’s judgements and opinions, even when based on the best available evidence, will differ […] ». Ce commentaire souligne l’importance des représentations personnelles et subjectives des décideurs pour baser leurs choix, même si ce point ne soit pas analysé davantage dans l’article en question.

 

La question suivante a été posée par Ronald Coase dans son célèbre article qui s’intitule « The nature of the firm » (1937) : Pourquoi des îlots de pouvoir conscient émergent dans l’océan de la coopération inconsciente ? En même temps, il pose aussi la question qui suit : « Pourquoi toutes les transactions nécessitent l’existence d’organisations comme l’entreprise mais ne passent pas par le marché ? ». D’après  Ronald Coase, faire appel au marché a un coût et les entreprises sont présentes pour diminuer ces coûts. Cette analyse a été révolutionnaire car considérée comme un parfait modèle de l’épistémologie réaliste de Ronald Coase. Il existe trois grandes catégories de coût dans le recours du mécanisme des prix :

 

  • N’étant pas totalement éliminés par les intermédiaires, la première catégorie de coût regroupe les coûts de découvertes des prix adéquats. En effet, lorsqu’il est question de coûts, il faut également tenir compte des coûts de transaction mais pas seulement des coûts de vente.
  • Séparé pour chaque échange, il y a les coûts de négocier et de conclure un contrat. Par exemple, l’entreprise dispose d’employés sous contrat qui doivent obéir aux ordres qui leur sont donnés au lieu de discuter quotidiennement de recrutement de main d’œuvre.
  • Enfin, lorsque les tâches sont incertaines, il y a les coûts de coordination.

 

Il faut savoir qu’en échangeant l’ordre hiérarchique à la loi de l’offre et de la demande, les entreprises diminuent les coûts de transaction. De même, la structure formelle et informelle de l’organisation est également expliquée par l’analyse de Ronald Coase. En effet, il existe bien évidemment des propres défauts à l’organisation hiérarchique. Par conséquent, la firme fait souvent appel à des démarches opposées de désintégration afin d’arriver à la compétitivité par le biais de l’aiguillon de la concurrence.

 

L’importance de l’information est par ailleurs mise en évidence par Coase. En fait, l’information se paie et accapare des ressources. Il arrive même des moments où les profits sont inférieurs au coût de la quête d’information. Dans ce genre de cas, renoncer serait le mieux. Cependant, il ne s’agit pas d’un comportement irrationnel, c’est même le contraire. Il est certain que l’information serait disponible partout et toute incertitude aurait disparu si elle était gratuite. C’est pourquoi le coût de l’information correspond à une donnée fondamentale. Dans le cas d’information gratuite, la planification centralisée aurait pu s’effectuer et les entreprises n’auraient plus eu lieu d’être. Par conséquent, il n’est pas possible pour l’entreprise de s’accroître de manière illimitée. Ceci est également expliqué par le fait qu’il existe des limites entre elle-même et le marché. Jusqu’au point où les coûts d’organiser une transaction additionnelle au sein de l’entreprise deviennent équivalents aux coûts de réaliser la même transaction par le biais de l’échange sur le marché ou par les coûts d’organisation dans une autre entreprise, cela signifie qu’une entreprise tend à s’accroître.

 

Bref, les institutions sont produites par l’économie ou répondent à des nécessités économiques mais n’y arrivent pas toutes seules. Certes, outres les coûts de transaction du marché (confiance en la robe d’un avocat, négociation et application des contrats), il y a également les coûts de transaction managériaux et les coûts de transaction politique. Les coûts de transaction managériaux concernent l’établissement, le maintien ou le changement de l’organisation de l’entreprise, fonctionnement, etc. Les coûts de transaction politique sont plutôt en rapport avec la conservation ou à la modification de l’entité politique,  au mécanisme de celle-ci également, autrement dit aux dépenses régulières des fonctions régaliennes de l’Etat.

 

2.        Akerlof et l’asymétrie informationnelle sur la qualité

 

Après avoir relatée sur l’approche Keynésienne, George Akerlof a emprunté une certaine partie du modèle néoclassique de concurrence authentique et impeccable en vue d’en prouver les limites. Il met surtout l’accent sur les asymétries d’information d’interactivité entre demandeurs et offreurs tout en tirant leurs conséquences.

 

Il fonde alors son analyse sur l’illustration concernant le marché des voitures d’occasion plus précisément les voitures de qualités inférieures dites « lemons ». Comment expliquer que le prix d’une voiture qui a déjà roulé même de 100 kilomètres seulement, qui perd plus de 19% de sa valeur, n’égaliserait jamais avec une voiture sortant de l’usine.

 

Le concept est très facile : les acheteurs ne sont pas au courant de la qualité des voitures. Comme ils n’ont aucune garantie sur leur état du produit et qu’ils ne savent pas différencier les lemons des autres, ils demandent alors une évaluation avant de les acheter. Dans cette situation, il y a baisse du prix du marché. Bons propriétaires de bonnes voitures se dispensent de la vente, causant un phénomène de sélection adverse. Les mauvaises qualités perdurent sur le marché tandis que les bons s’écartent. N’ayant pas d’information technique sur le produit, les acheteurs conçoivent ainsi le prix comme information fiable. Si le vendeur baisse, l’acheteur conclue que la voiture est de mauvaise qualité.

 

Afin de restreindre cette situation, Akerlof rappelle la fonction des institutions économiques telles que l’Etat, qui fixe les règlements et imposer des contrôles sur les voitures comme pour le contrôle technique. Dans le but de diminuer l’asymétrie informationnelle, il faut alors tenir la qualité comme garantie de vente et ainsi garder les prix. Au début des années 80, George Akerlof constitue la source d’importante souscription de nouveaux keynésiens. Il a réalisé une approche originale du salaire d’efficience cherchant à intégrer l’idée de don et le fonctionnement de la sélection adverse ou anti sélection. Pour le théoricien, face aux avantages qui apparaissent comme un don venant de l’employeur, le salarié se voue encore à son travail et passe des remerciements comme un contre-don.  Le salaire qui augmente  va inciter à travailler encore plus, l’employeur est une source involontaire de chômage en minimisant le nombre d’emploi.  La théorie de concurrence pure et parfaite fait référence à une information inattaquable pour ainsi dire une information ouverte dans l’immédiat  sur la globalité du marché. Il est stipulé de façon claire et précise que l’information offre au moins un cout de bénéfice. Elle requière en effet une dépense de temps qui pourrait servir à d’autres choses.  L’asymétrie de l’information indique la situation où les agents du marché ne détiennent pas la majorité de l’information. Pour ces économistes, la qualité ne constitue pas une variable pouvant être utilisée par les agents économiques, elle est présentée et inscrite dans les biens.

 

 

L’acheteur et le vendeur sont sensés partager le savoir sur les propriétés des produits. L’hypothèse d’asymétrie informationnelle se penchant sur la qualité est négligé à l’opposé de l’étude de St Thomas d’Aquin qui annonce que chaque acheteur devrait avoir une certaine connaissance encyclopédique des produits (Marx, 1985, p. 365). Le marché se doit d’extérioriser de manière parfaite la valeur des biens à l’exception des effets néfastes de court terme. Smith et Ricardo conservent la conclusion de Benetti et Cartelier.

 

Ces derniers ont relaté en 1980[41] que les biens sont déterminés avant toute suggestion concernant la société. Par ailleurs, les formes sociales distinctives se construisent sur un fond neutre.  L’approche sur la concurrence monopolistique de Chamberlin (1933[42], 1953 a, 1953 b) accorde une décontraction de l’hypothèse d’homogénéité des produits témoignant une initiative décisive dans l’étude de la qualité telle qu’une variable économique. La base de la concurrence monopolistique est la différenciation du produit. En effet, il existe désormais sur le marché une concurrence entre les marchandises. Il y a deux types de différentiation du produit. Tout d’abord, il se peut qu’elle soit basée sur certaines particularités du produit lui-même comme les particularités certifiées par des attestations exclusives, les marques ainsi qu’à l’originalité de la qualité, de la couleur (Chamberlin, 1933)  d’où émanent les principes de vente du produit[43].

 

A cet effet, les vendeurs dévoilent leur identité puisque les acheteurs y attribuent beaucoup d’importance. La qualité constitue alors un point stratégique pour les agents économiques. Pour Chamberlin, les produits constituent les éléments qui se volatilisent le plus rapidement du système économique, encore plus que le prix (Chamberlin, 1953b, p. 8). Au moment même où la qualité est considérée comme variable, il y a alors apparition du problème de l’information sur cette variation. Il est en effet simple pour l’acheteur de savoir le prix du produit mais c’est plus complexe en matière de qualité. L’ignorance absolue constitue une hypothèse fondée par rapport à celle se rapportant sur la connaissance parfaite (Chamberlin, 1953b).

 

Pour l’acheteur, ce manque d’information peut être un risque si le vendeur est en quête de maximisation. Dans le contexte où le vendeur adopte ce comportement, il y aura alors une baisse de la qualité de produit et surtout de la diminution de la qualité de vente. Si ce sont tous les vendeurs qui considéreraient cette stratégie alors la loi de Gresham touchera à sa fin : les produits défectueux éradiqueront les bons produits du marché[44]. Lorsque la variable économique étudie la qualité, l’interrogation de l’incertitude relative à ce sujet peut s’éveiller. L’incertitude en question est discernée dans le contexte de l’asymétrie d’informationnelle. Les acheteurs ne connaissent pas exactement les caractéristiques des produits. Il serait tout de même bénéfique d’analyser selon les travaux d’Arrow (1963)  la désorganisation du marché avec comme point essentiel l’aléa moral et la sélection adverse venant de cette asymétrie informationnelle.

 

3.      Arrow et l’aléa moral

 

Il semble primordial de démontrer l’ampleur de l’asymétrie informationnelle dans le monde du travail. Une situation qui cause la méconnaissance des caractères personnels des postulants. Les firmes se reposent sur des signaux tels que le diplôme pour retenir le candidat à forte potentialité. Il se présume alors que les individus qui détiennent de fortes capacités et qui constituent d’élément productif, acquièrent des diplômes de la manière la plus simple c’est-à-dire sans dépenser beaucoup.  Les individus vertueux décident de réserver un investissement considérable exclusif à l’éducation qui leur donne par la suite da possibilité de signaler leur aptitude aux employeurs. L’éducation ne limite pas son objectif dans le développement de la  productivité individuelle par le perfectionnement du capital humain mais elle cherche aussi à apporter un signal concernant la qualité de l’individu qui se présente comme postulant pour un poste. Toutefois, ce signal détient comme effet la suppression des individus sans diplômes ou possèdent des diplômes sans agrément qu’importent leur prétention salariale. Une situation qui engendre la hausse du taux de chômage.

 

La théorie des signaux d’Arrow (1973) et Spence (1974)

 

Selon Spence, il est tout à fait possible d’étendre le raisonnement vers d’autres idées. Pour le cas des concessionnaires automobiles par exemple, ils ont la possibilité de  présenter une garantie perçue comme un signal de qualité. Dans tous les contextes, la théorie de signaux joue un rôle influent dans le choix assurant une productivité supérieure ou une entière satisfaction qui a toujours été compliqué causé par l’asymétrie d’information. Pour le cas de l’anti sélection, la problématique concerne surtout l’asymétrie informationnelle  qui survient préalablement pendant la conclusion du contrat. Elle touche surtout  l’essence et le caractéristique, plus précisément la qualité, des produits introduits sur le marché. Or, il reste encore compliqué de percevoir le comportement de l’acheteur après l’achat ou ex-post. Le sujet d’aléa moral dite aussi hasard moral sera très analysé. Cette méconnaissance du comportement de l’individu après achat du produit mène à une circonstance de l’impossibilité à étudier le marché de façon globale. Chaque situation tend à se changer en un cas particulier.

 

Comme illustration, l’assurance contre l’incendie et le vol semble être un exemple idéal. Dans le monde de l’économie de l’assurance,  l’aléa moral se questionne alors concernant l’assuré.

 

Ce dernier prendra t-il des précautions suite à la souscrire d’une assurance ? Se protéger ne constitue plus une priorité un fois que l’individu s’est assuré. Il est en effet évident sur le marché que la majorité des assureurs influencent les individus à négliger les précautions. La nature de l’équilibre est à cet effet bouleversée par l’existence d’un comportement caché. Le risque moral surgit dans le contexte où quelques comportements de l’agent, qui ont un effet sur le risque de dommage, en peuvent être observés par les assureurs. Cependant,  l’évolution de l’économie de l’information a permis de définir vaguement du risque moral. Il existe deux types de cas :

 

  • Dans la première situation, le principal ou l’individu ne possède aucune information limitant ainsi la possibilité de percevoir l’action de l’agent qui est son partenaire. Ce dernier doit alors avoir un comportement convoitant ses propres bénéfices tout en informant le principal que les répercussions néfastes sont le phénomène libre de sa décision. Dans la deuxième situation, le principal non informé a la possibilité d’examiner l’action de l’agent malgré cela, il n’est pas en mesure d’analyser l’appropriation.  Il n’est pas en mesure d’évaluer les conditions dans lesquelles il est obligatoire de déterminer le diagnostic et prendre la décision d’agir. Cette circonstance apparait pour tous les services d’experts. Les experts détiennent des informations confidentielles du moment qu’ils sont seuls savoir comment effectuer un diagnostic. Il se peut qu’ils annoncent des diagnostics invalides bien qu’ils optent par la suite à une action tout à fait normale ;

 

  • Le problème diffère donc de celui concernant l’anti sélection où l’individu sans information doit se joindre avec un bon partenaire ou trouver un bon produit. La seule manière de résoudre le problème du risque moral consiste donc à découvrir une procédure incitative alors que la méthode de résolution du problème de l’anti sélection consiste à repérer une formalité particulière. Comme il a été conseillé récemment, les difficultés liées à l’aléa moral se considèrent en général dans le contexte de l’interactivité « principal-agent ». Dans cette catégorie de modèle, le principal représente l’individu qui mandate, en échange à une somme d’argent, le mandaté connu aussi comme l’agent réalise une tâche spécifié dans un contrat. Le principal est alors face à un problème avec un préjudice moral au moment où il considère anormale l’action ouvrée par l’agent. Son problème est alors de distinguer un règlement qui indique que l’agent doit agir en fonction de son intérêt. Le principal détient la possibilité de présenter un contrat indiquant un paiement par rapport à un résultat voir même à une information diffusée par l’agent. Le principal dispose d’un large choix. Il peut par exemple opter pour l’investissement de la méthode de suivi direct du comportement des agents. Il est aussi en mesure de fixer des contrats qui établissent une certaine concurrence sur les résultats ou encore de suggérer aux agents une collaboration à long terme. La conclusion générale de l’économie de l’information est la vulnérabilité du marché quand les coûts d’acquisition de l’information se manifestent. Les agents qui bénéficient d’un profit informationnel disposent souvent d’un avantage dont ils vont utiliser de manière abusive  pour son profit.

 

 

Section 2 : Le rétablissement de l’ordre, du signal à l’incomplétude des contrats

 

 

Depuis le début des années 1980, les analyses de l’économie bancaire cherchent à  comprendre de quelle manière le marché du crédit arrive à se régulariser en situation d’asymétrie d’information.  Dans le cas où le prix ne suffit pas, des dispositifs sont à considérer afin d’atténuer ces défaillances.   C’est autour de ce modèle analytique introduit par Stiglitz et Weiss (1981) que la réflexion s’est appuyé, continuant jusqu’à ce jour à susciter des différends théoriques ainsi que différentes formes de pratiques par les acteurs.

 

 

Les fondements théoriques de la  firme (Théories des contrats, des coûts de transactions entre autres), qui conçoivent l’entreprise  comme étant le lieu de cohabitation de parties distinctes ayant des profits divergents, mettent en exergue deux principales fonctions dans l’entreprise: en premier lieu la gestion managériale et la seconde fonction qu’est le contrôle dévolu aux propriétaires ou aux associés. Pour les micros entreprises surtout pour les PME, l’éventuelle séparation de la fonction de gestion et celle de contrôle n’existe que très rarement, du fait que dans la majorité des cas, les propriétaires du capital actif  sont aussi responsables de l’unité de production. La théorie des contrats ou « agence » se confirme davantage dans les relations entre la banque et l’entreprise. La valeur estimée de l’entreprise sera juste effleurée du fait que sa capacité d’endettement sera surtout jugée en faveur du niveau de l’asymétrie d’information entre les parties prenantes.

 

  1. Jensen et W. Meckling (1985) considère la relation d’agence comme étant un contrat dans lequel une personne physique ou moral fait appel aux prestations d’une autre personne afin d’effectuer en son nom une quelconque mission, ce qui indique une certaine délégation de nature décisionnelle. Le principal ou la banque est en mesure de freiner les répercussions des conflits d’intérêts avec l’agent représentant l’entreprise par des systèmes de contrôle.

 

Conséquemment, la théorie de l’agence indique alors que le banquier se trouve face à deux types d’incertitudes en matière de crédit. «L’aléa moral » résulte d’une supposition que l’emprunteur peut être susceptible de changer de comportement dés le prêt en sa possession. La « sélection adverse », rattachée à la fonction par le créancier se distingue avec la modalité de crédits plus couteux à savoir le taux d’intérêt et la garantie, amenant les débiteurs à risque moins élevé à se passer du crédit, du fait que les intérêts qu’ils prévoient sont très faibles.

 

 

Avec ce procédé, la banque met en œuvre des conditions de prêts afin de « contre carrer » l’agissement prévoyant des entreprises en rapport à toute chose impérieuse pour leurs demandes de financement. Les Petites et Moyennes Entreprises présentent alors différentes formes en fonction de leurs degré d’investissement, du chiffre d’affaires concret et de l’effectif des salariés. Cette catégorie de société perçoit toujours des besoins faisant l’objet de demandes de financement. C’est surtout le comportement rationnel des entreprises qui détermine parfois le choix de ces structures qui doivent tout de même satisfaire certains règlements afin d’acquérir un financement.

 

 

L’étude théorique a donné la possibilité d’étudier les différentes représentations, à travers des conceptions approfondies par quelques auteurs par rapport à la relation banque/ entreprise. Une relation qui se repose surtout sur le respect des modalités omis par l’établissement de financement  vis-à-vis des entreprises. Néanmoins, l’analyse approfondie des dossiers se trouve être une étape primordiale pour le financement des PME, que ce soit un crédit d’investissement, de fonctionnement ou d’un engagement par signature. Une procédure préétablie doit être alors suivie à cet effet.

 

 

Une démarche économique sur une théorie de l’agence ou référence principal-agent est la base des contrats. Un contrat peut se définir comme une entente proposée par un agent appelé « le principal » à une autre partie s’engageant dans cette entente appelée « l’agent ». Cette entente s’effectue dans un contexte d’information déséquilibré et dans un univers risqué. Les actions à effectuer par les cocontractants durant une certaine période temporelle, en fonction de signaux vérifiables par une tierce partie définies par le contrat. Aussi, cette démarche est présente dans de nombreux secteurs économiques à l’exemple des contrats d’assurance, contrats de travail, contrats d’endettement, etc. Ainsi, il y a quatre fonctions principales d’un contrat :

  • divulgation de l’information
  • soutien à l’effort
  • partage des risques
  • transfert du comportement des tiers dans une vision de relations stratégiques.

 

1.                  La qualité du signal

 

En théorie économique, un signal équivaut à une information[45] fournie par un émetteur qui influe le récepteur dans ses prises de décision[46]. En effet, le signal est indispensable dans des jeux de principal agent[47] afin que l’agent émette du signal et que le principal ait la capacité d’interpréter ce signal. La fiabilité ou la crédibilité du signal est très importante sachant par ailleurs qu’un signal non crédible fournit néanmoins plus d’information qu’une absence de signal.

 

En ce qui concerne la transparence de l’information : l’information irréprochable transmise par les agents concernés à propos des autres agents et surtout sur le bien échangé présume une information gratuite et immédiate ; la théorie montre que le modèle de détermination des prix  équivaut à l’intervention d’un « commissaire-priseur » centralisant et soupesant  les offres et les demandes  afin d’estimer le prix d’équilibre, et aboutissant à la production et la consommation tout agent économique. L’échange de gré à gré est présumé absent.

 

La microéconomie standard est basée sur les hypothèses de la concurrence pure et parfaite. Ces hypothèses formulent particulièrement que l’information sur le marché doit être transparente, autrement dite gratuite, vraie, et disponible dans l’immédiat. Malgré cela, les développements microéconomiques éprouvent de surpasser ce cadre, et en particulier les hypothèses fortes de la Théorie de l’Équilibre général de Léon Walras[48] dont la version la plus aboutie est présentée dans les travaux de Kenneth Arrow et Gérard Debreu.

 

En effet, il ne faut pas minimiser que dans la réalité l’information parfaite pour tous les agents devient de plus en plus l’exception que la règle : le plus souvent les agents doivent affronter des situations où l’information est asymétrique. Il est courant de constater qu’un groupe d’acteurs économiques possède un ensemble d’information qu’un  autre groupe ne connaît pas.

 

 

L’obligation de signaux est donc essentielle pour la bonne marche des transactions économiques. A titre d’illustration, dans le cas da la spéculation des voitures d’occasion, les opérateurs de bonne qualité tentent de signaler le bon état de leurs voitures, et ce, afin de les vendre à leurs justes valeurs. Quant aux acheteurs, ils veulent faire le tri parmi les qualités disponibles, et veulent avoir l’impression de voir des produits différenciés et non homogènes. La préoccupation dans une telle disposition fait en sorte que les vendeurs de voitures de mauvaise qualité ne pourront plus vendre aucune de ces voitures, sinon les vendre à bas prix par rapport à la situation postérieure. Pourtant, ils peuvent aussi avoir tendance à falsifier et induire en erreur les acheteurs. Tel comportement incite à penser que les signaux ne sont pas une fin en soi, et que la crédibilité des signaux est tout aussi importante que la présence de signaux en soi.

 

 

Quand deux caractéristiques d’information  sont communiquées par un agent à un principal, un seul signal s’avère insuffisant. Les modèles à plusieurs signaux procurent un cadre d’analyse essentiellement approprié en économie financière; l’on peut illustrer ceci par une situation d’introduction en bourse[49], tel qu’il a été éclairci par Mark Grinblatt[50] et Chuan Yang Hwang[51] (1988).

 

Il a été remarqué que les entreprises qui préfèrent une introduction en bourse pour lever des capitaux aperçoivent le prix de leurs actions s’accroître vite dans les premiers jours de cotation, signifiant ainsi qu’elles ont été vendues à un prix trop bas, on dirait même que les actions ont été bradées. À titre d’exemple, lors de l’introduction en bourse de Visa sur le New York Stock Exchange en mars 2008,  l’action  déposée à 44 dollars, s’est grimpée à 65 dollars (+47,73 %) le jour même de l’introduction. Cet événement qui semble démentir le modèle des marchés influents, s’est doté de plusieurs explications, mais on peut aussi donner une explication plus pertinente à travers la théorie des jeux dans le cas où l’on se trouve en situation d’information asymétrique.

 

Pour répondre à la question relative au marché des voitures d’occasion, selon l’idée Akerlof  (évoquée ci-dessus), il suffit de signaler la qualité des automobiles en octroyant une garantie, c’est-à-dire que le vendeur doit offrir une compensation si jamais la voiture est de mauvaise qualité  matérialisée par des pannes fréquentes entre autres. L’idée d’une garantie peut être déployée à tous les marchés des biens et services, et peut être utilisée par la plupart des entreprises lors de transactions.

 

Sans même l’intervention du raisonnement, l’on peut ainsi reconnaître qu’un vendeur qui offre une garantie ne va pas mettre sur le marché un produit possiblement défectueux et symétriquement un vendeur qui reconnaît que son produit de basse qualité n’est pas tenté d’engager une garantie sachant au préalable que son espérance de profit peut éventuellement se détériorer. il s’agit de faire un bon dosage, en effet on peut démontrer que si le mauvais état d’une voiture augmente la probabilité qu’elle tombe en panne croît. Ainsi, le vendeur qui offre une garantie contre ces pannes diminue malgré une fourchette disponible pour offrir une garantie. Toutefois, les vendeurs de voitures de bonne qualité ont la possibilité d’offrir des garanties plus forte,  ce qui permettra de lever l’incertitude quant à la qualité des voitures.

 

Basée sur l’asymétrie d’information,  la théorie du signal propose aux dirigeants maîtrisant la qualité de leur entreprise  de communiquer ces informations aux actionnaires et aux créanciers, par le biais de signaux. Ce comportement améliore les relations entre les dirigeants et les partenaires externes à l’entreprise.

 

 

Toutefois, les problèmes d’imitation entravent souvent l’émission d’un bon signal. En effet, les dirigeants d’une entreprise de mauvaise qualité tentent parfois de diffuser les informations similaires à celles émises par les dirigeants d’une entreprise de bonne qualité, dans le but de se faire reconnaitre  performante malgré les caractéristiques qui laissent à désirer. Pour lutter contre ce phénomène d’imitation, les responsables des entreprises performantes doivent émettre des signaux porteurs de conséquences néfastes pour les imitateurs. A titre d’illustration, nous pouvons citer l’émission de titres à caractéristiques optionnelles qui signalent aux organismes de financement un gage incitant les dirigeants de l’entreprise à agir dans leur propre intérêt.

 

Plus récemment, deux autres théories relatives à la structure de financement font apparition successivement pour discerner les caractéristiques d’une structure financière. La première théorie  considère qu’il n’existe pas de structure financière parfaite mais une structure de financement qui résulte de prédilections agencées de financement, et ce notamment sous l’effet des asymétries d’information.  La deuxième théorie garantit que la structure du capital est la résultante des décisions financières antérieures qui dépendent du climat boursier du moment.

 

Méthodologiquement, il paraît que la variable qualité de l’information financière se mesure possiblement soit par le niveau de divulgation (Botason1997), soit par le niveau de gestion du résultat. Certes, que ces mesures permettent d’évaluer la qualité de l’information divulguée, cependant, nous pouvons améliorer la mesure de la variable qualité de l’information financière à travers l’utilisation de la mesure adoptée par (Asbaugh et al ,2004).

 

 

La qualité de l’information financière figure parmi les sujets les plus argumentés dans les ouvrages comptables et financiers. Bons nombres de théorie de l’entreprise déclarent que les coûts d’agence et les coûts financiers peuvent être réduits par  la qualité de l’information financière. Le modèle de l’agence estime la qualité de l’information financière répandue comme méthode infaillible pour restreindre les coûts de surveillance des dirigeants par les investisseurs et les créanciers. Un concept qui est appuyé par Bozec et Zéghal (2001). Le dirigeant adopte un programme de dévoilement volontaire de certaines informations dans le but de détourner tout différend avec les différents partenaires de l’entreprise et protéger ses bénéfices personnels.

 

 

Par conséquent, la publication d’une information financière de qualité serait un booste pour le dirigeant afin de profiter de la conséquence positive qu’offre cette publication volontaire dans la remise des coûts d’agence  d’après Depoers (2000). Autrement dit, la qualité de cette information répandue donne une possibilité de diminuer les coûts financiers amenés par les transactions de la firme. En vérité, elle permet de minimiser le degré d’asymétrie informationnelle entre les dirigeants et les investisseurs et de proportionner les anticipations de ces derniers. Cependant, le coût du capital se régresse permettant ainsi au titre boursier de prendre de la valeur (Diamond, 1985).

 

Sur le plan expérimental, les résultats des recherches évoquent la subsistance d’une relation négative entre la qualité de l’information financière et le coût du capital. (Botosan ,1997 ;Botosan et Plumlee 2002 ;Bhattacharya, Daouk et Welker 2003 ; Barth et Landsman,2003 ;Francis,Lafond,Olsson et Schiper,2004). Mis à part le modèle de l’agence, le modèle des signaux a aussi pris part à l’analyse de l’importance cette qualité pour les investisseurs. Dans le cadre de l’asymétrie de l’information, les investisseurs externes et les dirigeants, ces derniers doivent se signaler via la qualité de l’information exposée au marché financier. Le but de cette initiative concerne surtout les possibilités de rentabilité de manière à acquérir d’avantageuses conditions de financement et pour amoindrir leur coût de financement. Comme il est évident que les entreprises se rivalisent sur le marché, les dirigeants doivent alors prendre l’initiative de signaler la qualité de leur firme aux investisseurs qui tiennent à étudier effectivement le signal émis. L’information est donc employée afin de limiter l’incertitude relative aux cash-flows de l’entreprise et de rénover les décisions d’investissement. Le marché répond favorablement au point quantitatif et qualitatif des informations diffusées sur le capital incorporel du fait que les investisseurs détiennent des informations concernant les perspectives de rentabilité de l’entreprise. Les ouvrages de Deng, Lev et Narin (1999) ou encore ceux de Lev et Sougiannis (1996) insistent sur l’importance de l’information dans les programmes développement et de recherche.

 

2.                  Le recours aux contrats pour mieux contrôler le comportement des emprunteurs

 

 

Cette appellation est très insidieuse, trompeuse pouvant ramener à l’idée que cette théorie aurait analysé les formalités juridiques dans le contexte des relations économiques. En plus, sa définition est assez complexe. Les ouvrages édités sur cette théorie à partir de la fin de l’année 1969 produisent un ensemble volumineux.  Il est alors impossible de lui attribuer une définition exacte  du fait que beaucoup d’apports pourraient être négligés. Pourtant, il est indéniable que pour un économiste, il lui sauterait aux yeux de  tel ou tel point constitue la théorie des contrats. La théorie des contrats peut de même se définir par rapport à son objectif.

 

La théorie des contrats conçoit les relations d’échange entre des agents économiques en considérant les obligations relatives à l’institution ainsi qu’à l’information qu’ils doivent affronter. Comme cette fonction est très importante, la théorie des contrats n’a pas encore le potentiel nécessaire pour convoiter le même niveau de généralité que la théorie de l’équilibre général. A cet effet, ses approches viennent pour la majorité des approches d’équilibre partiel qui soustrait le marché dans le monde de l’économie. Ils relatent les interactions d’un collectif minoritaire d’agent. Comme il est évident dans sa nomination, les approches de la théorie des contrats  récapitulent les caractéristiques du cadre institutionnel qui se concrétise à travers un contrat. Ce contrat peut être le plus clair possible en se montrant comme un document signé. Un contrat explicite sera préservé par une « tierce partie » comme un tribunal ou un médiateur. Les agents peuvent aussi entreprendre cette initiative dans le but de maintenir leur bonne réputation. Le contrat peut aussi être implicite.

 

Le développement de cette approche a propulsée l’extension de la théorie des contrats. Cette théorie se base sur l’aperçu du fait qu’elle imagine les organisations qui constituent l’ensemble d’une collectivité d’individu, tel que des ensembles de contrat intitulés aussi  « nœuds de contrats » dans la terminologie économique. Il y a un aspect important de ces contrats qui semble encore incomplet.  L’incapacité de désigner totalement les engagements des parties dans toutes situations subsiste toujours. Par rapport à tel cas, la microéconomie néoclassique s’y est inspirée dans le but de concevoir  une théorie du pouvoir.  Cette dernière implique que la détention d’un pouvoir pour l’un des acteurs doit permettre une libre prise de décision dans une situation incomplète du contrat. Ce caractère d’incomplétude donne aussi la possibilité d’incorporer des éléments de rationalité limitée dans le mouvement des organisations se rapportant aux actions indémontrables de l’organisation dans la sphère d’incomplétude du nœud contractuel.

 

L’évolution de cette théorie a provoqué un profond intérêt concernant les théories de la négociation et de la renégociation. Elle vise effectivement à élucider le pourquoi et le comment concernant la formation des contrats entre les agents mais surtout à connaitre les arguments concernant sa remise en cause, éventuellement.  Tous ces modèles font appel à la théorie des jeux pour se réaliser. L’analyse se porte alors depuis  1990 aux nouvelles difficultés qu’inclut la prise en considération de la propriété dynamique de certains contrats. Les analyses concernant la théorie des contrats dynamiques représentent des traites très techniques. Il est tout de même possible d’en tirer les principaux thèmes comme la renégociation, l’engagement surtout l’incomplétude des contrats.

a)    La théorie des contrats

 

« Une ou plusieurs personnes s’obligent, envers une ou plusieurs autres, à donner, à faire ou à ne pas faire quelque chose à partir d’une convention. Cette convention se définit comme étant le contrat [52]». En droit des affaires, les contrats ont pour  principaux rôles de fournir des biens et également des services à partir de contrat de travail ou de contrat d’entreprise. La fourniture des biens s’effectue avec l’affectation de la propriété sous forme de vente ou d’échange,  ou de la jouissance de ces biens par bail ou prêt.

 

Dans un autre cadre à part, la notion de « l’autonomie de la volonté » impose au droit des contrats. « Le droit des contrats retrouve de la force avec le déclin du dirigisme car a été remis en cause par le celui-ci, que ce soit sur le plan de la formation du contrat que de son exécution, et plus spécialement à cause du développement de contrats d’adhésion. »[53]. A partir des années 1960 et 1970, en étudiant surtout la théorie des contrats qui est un outil de coordination des activités des agents, les économistes ont essayé d’apporter des réponses à l’interrogation sur la manière dont les agents économiques doivent coordonner leurs activités.

 

Cependant, en tenant compte de la définition du contrat mentionnée plus haut, les acteurs doivent considérer l’existence d’évènement aléatoire indépendant de leur volonté car la théorie des contrats est une branche de la théorie néoclassique qui traite essentiellement des relations bilatérales entre deux unités de décision.

 

L’évolution de la « théorie des contrats » a résulté de l’élargissement de cette démarche. Cette théorie envisage que les contrats, ou nœuds de contrats dans le langage économique, seront constitués par les organisations, ou les entreprises ou les familles. Par exemple, un nœud comportant de contrats de travail, rattachant l’entreprise à ses employés, de contrats reliant l’entreprise à ses clients et à ses fournisseurs, de contrats d’engagements bancaires et financiers, de contrats règlementaires la reliant à son État ou ville de résidence, peuvent définir l’entreprise. Ces nœuds de contrats deviennent des contrats d’échange dans les marchés.

 

L’incomplétude de ces contrats, c’est-à-dire l’incapacité à spécifier complètement les engagements des parties dans tous les cas possibles, est généralement un de leurs aspects importants. Une théorie du pouvoir, comme droits de décision résiduels, a pu être établie par la microéconomie néoclassique. L’introduction des éléments de rationalité limitée dans l’attitude des organisations, relative aux actions non envisageables ou invérifiables de l’organisation dans le champ d’incomplétude du nœud contractuel, a également pu se faire à partir du caractère incomplet des contrats.

 

Ainsi, un approfondissement des théories de la négociation et de la renégociation a résulté naturellement de l’évolution de cette théorie. Certes, les raisons pour lesquelles les agents remettent, ou pas, en cause les contrats sont également expliquées par cette théorie en plus des raisons de l’existence des contrats entre les agents. Les outils de la théorie des jeux, non coopératifs ou coopératifs, en information incomplète ou imparfaite sont dynamisés largement par toutes ces démarches. Parlons un peu de cette incomplétude de contrats.

 

b)      L’incomplétude des contrats

 

Les travaux de Ronald Coase et d’Oliver Williamson sur les coûts de transaction sont à l’origine de la théorie des contrats incomplets[54]. Une durée longue, voire très longue peut caractériser les contrats. Cependant, il est possible que cette durée soit illimitée d’après les théoriciens des contrats incomplets. En fait, le contrat permet de faire face à l’incertitude du futur en organisant cette relation d’autorité et de subordination[55].

 

 

David Kreps, Sanford Grossman et Oliver Hart sont parmi les auteurs qui ont abordé ce sujet de la théorie des contrats incomplets. Les théoriciens des contrats incomplets persistent sur l’inaptitude des tribunaux à examiner les variables sur lesquelles portent les contrats, contrairement à la théorie des droits de propriété et de la théorie de l’opportunisme d’Oliver Williamson.  Ces auteurs soulignent également que pour comprendre comment les institutions économiques émergent, à l’exemple des entreprises, il est nécessaire de mettre en exergue une certaine notion de changement imprévu, indissociable de la notion d’un contrat incomplet.[56]

 

 

Généralement, les agents économiques sont considérés comme capables de concevoir des contrats qui leur permettent de gérer efficacement les changements imprévus, sans la théorie des contrats incomplets. Par conséquent, il n’est plus nécessaire de faire les révisions ultérieures des contrats. Le livre de David Kreps qui s’intitule « les choix statiques en présence de circonstances imprévues » traite de manière moqueuse cette spécificité.

 

Les théoriciens des contrats incomplets quant à eux pensent qu’il est impossible de s’adapter efficacement à quelque chose qui n’est pas prévu. Ainsi, ils mettent en valeur qu’insinuer que les agents puissent acquérir des résultats rationnels efficaces au changement imprévu à venir est logiquement difficile, voire impossible.

 

Pour proposer une révision radicale de l’analyse des comportements économiques, H. Simon (1955, 1979, 1991) se maintient à la psychologie cognitive et l’analyses des démarches de décision. Par cette étude, le réalisme du modèle néoclassique du choix rationnel qui se base sur un ensemble d’hypothèses fortes, est remis en question[57]. L’impossibilité matérielle de considérer toutes les conditions, déterminant le choix au moment de la prise de décision, limite concrètement la rationalité. Il s’agit donc d’une limite d’ordre cognitif. En effet, prévoir et décrire sans confusion tous les événements pouvant intervenir dans une relation contractuelle, est impossible dans un monde complexe. Par conséquent, l’apparition d’évènements imprévus devient inévitable à cause de la rationalité limitée étant un obstacle à la rédaction de contrats complets.

 

Une prise de décision moins compliquée que l’hypothèse habituelle d’hyper-rationalité est proposée par la rationalité limitée (W.G. Ouchi et O.E. Williamson, 1981)[58]. L’existence d’une rationalité dite procédurale offrant l’avantage aux acteurs de trouver des solutions est soulignée par H. Simon.[59] Le principe est l’adoption d’une raison commune élaborée collectivement et constituant des procédures de calculs, non en faisant appel à leur capacité substantive de raisonner.  Il est évident que l’individu rationalise ses pratiques mais l’individu lui-même n’est pas rationnel. Par conséquent, tout en sachant que les individus ne peuvent couvrir toutes les éventualités, leurs contrats sont rédigés. Des clauses générales afin de minimiser les coûts qu’engendrerait une description détaillée sont rédigées pour mieux les structurer.

 

L’approche est entrain de devenir un nouveau paradigme en économie en ce qui concerne  les termes de contrats incomplets[60].  La théorie des contrats incomplets se retrouve maintenant dans plusieurs domaines : « l’analyse de la structure financière de la firme, économie du travail, économie de la santé, économie internationale, économie politique, économie de la réglementation et même en macroéconomie »[61]. Cette situation est due à l’interrogation  sur la théorie des contrats autour des droits de propriété, de la nature de la  firme et de son organisation interne.

 

Un certain nombre de travaux en économétrie des contrats et en économie expérimentale ont cherché à valider des propositions réfutables qui sont avancées par cette théorie. Que ce soit dans le domaine du droit anglo-saxon ou en droit français, ce concept d’incomplétude des contrats renouvelle la méthode purement juridique du contrat. Cependant, la complexité que rencontre cette théorie dans l’analyse de son objet d’étude : l’incomplétude des contrats, est éclaircie par la récente controverse autour des fondements de la théorie des contrats incomplets (Maskin et Tirole, 1999; Hart et Moore, 1999; Tirole, 1999).

 

D’après Williamson (1985), l’idée que l’incomplétude doit être vue autant comme un choix contractuel efficace, que comme une simple contrainte que subissent les parties lors de la rédaction de leur contrat, est l’idée défendue par cette revue de la littérature. Cette idée est sous-tendue par deux résultats. Premièrement, il n’y a pas forcément une pertinence des deux causes initialement évoquées pour décrire l’incomplétude des contrats, qui sont la contrainte d’indescriptibilité et d’asymétrie d’information entre les parties. Deuxièmement, la théorie des contrats incomplets arrive à déterminer un choix interne d’incomplétude en associant deux hypothèses : celle de l’invérifiabilité et celle de la renégociabilité[62] du contrat original. Cette détermination d’un choix interne se fait en même temps en présentant qu’au lieu de signer un contrat complet, les parties peuvent choisir d’en signer un incomplet.

 

Chercher à expliquer pourquoi les contrats « réels » ne sont pas contingents complets a été l’objet d’étude des premiers travaux sur l’incomplétude, en se démarquant du référent walrasien des contrats anonymes. Pour ce faire, choisir de rendre compte d’une certaine forme d’incomplétude : les contrats contingents incomplets, a été la méthode adoptée par les auteurs de ces travaux (contingently incomplete contracts; Ayres et Gertner, 1989 et 1992). L’une des caractéristiques de ces contrats est qu’ils ne sont pas éventuels à l’ensemble des variables analysables, c’est-à-dire exécutables par un tiers (un juge). Les travaux montrent que deux types de difficultés, qui sont la contrainte d’indescriptibilité et la contrainte d’asymétrie d’information, sont les obstacles à l’incapacité des parties à rendre ces contrats contingents. Au moment où les parties rédigent le contrat, celles-ci doivent supporter les coûts d’écriture ainsi qu’aux limites cognitives (rationalité limitée) renvoyés par la première difficulté. Le problème de révélation d’information auquel les parties font face lorsqu’elles optent pour un contrat contingent, est renvoyé par la seconde difficulté. Cependant, le fait de ne pas pouvoir parvenir à rendre compte d’un choix d’incomplétude qui soit endogène, est une limite majeure qui handicape ces travaux. En effet, c’est l’existence d’un coût d’écriture exogène qui génère en dernière instance le résultat d’incomplétude, que l’on fait appel à la contrainte d’indescriptibilité ou à celle d’asymétrie d’information.

 

Schwartz (1992) présente que la source de l’incomplétude contractuelle est plutôt à trouver dans la contrainte d’invérifiabilité qui accable les acteurs ayant pour fonction de remplir le contrat. Pour arriver à cette conclusion, il a substitué l’idée de contrat « obligationnellement » incomplet (obligationnally incomplete) à celui de contrat contingent incomplet. En effet, certaines dispositions sont difficiles à exécuter car elles sont invérifiables par un tiers. En conséquent, les parties dans le contrat initial ne stipulent pas ces contrats. D’après Hart et Moore (1988), en déterminant l’invérifiabilité comme risque principal permettant de connaître pourquoi les parties optent pour l’incomplétude, la théorie des contrats incomplets prend le même chemin. Cette contrainte d’invérifiabilité n’est pas suffisante pour générer un résultat d’incomplétude, d’après les développements récents en théorie des contrats incomplets. Il y a deux raisons à cette insuffisance de générer un résultat d’incomplétude. Premièrement, la compétence des parties à pouvoir supprimer la contrainte d’invérifiabilité, en faisant appel à un mécanisme de jeu de révélation qui rend l’information détenue vérifiable (Moore, 1992).

 

Toutefois, selon (Hart et Moore, 1999), redonner un sens à la contrainte d’invérifiabilité est possible dans le cas où le contrat initial est encore discutable. En d’autre terme, si l’on associe une contrainte de renégociation à la contrainte d’invérifiabilité, un résultat d’incomplétude peut en découler. La variation de la contrainte d’invérifiabilité constitue la seconde raison. On peut dire que les parties émargent un contrat « vide » (null contract), ou obligationnellement incomplet, dans le cas où cette contrainte d’invérifiabilité est extrême. En effet, dans ce genre de cas, les parties ne peuvent stipuler aucune dimension du contrat. Il est également possible que les parties puissent rédiger un contrat « simple » dans le cas où la contrainte d’invérifiabilité est plus faible. Ce type de contrat rédigé peut être amené à « encadrer la renégociation » (renegotiation design).

 

Un rôle de divulgation de l’information invérifiable et un rôle de partage du surplus de la renégociation de manière à réfuter l’allocation du contrat contingent, peuvent être joués par le jeu de renégociation ainsi encadré. Par contre, les parties peuvent avoir un avantage à opter pour un contrat vide, même si celles-ci ont la possibilité d’émarger un contrat simple. Cela est possible en associant une hypothèse supplémentaire à la double contrainte d’invérifiabilité / renégociabilité. Cette idée a été démontrée par les développements récents de la théorie des contrats incomplets.  Puisque la théorie des contrats incomplets traite de façon régulière son objet d’analyse : les contrats incomplets, elle a donc des fondements solides. Ensuite, en distinguant deux formes de contrats, les contrats simples et les contrats obligationnellement incomplets (vides), et en démontrant que les contrats vides forment une limite des contrats simples, un choix d’incomplétude endogène peut en résulter.

 

Définir la source de l’incomplétude contractuelle, ainsi éclairer en même temps la notion précise de l’incomplétude contractuelle est l’objectif de cette revue de la littérature. Comme cette notion a deux sources possibles, il y a donc deux formes d’incomplétude. La substance de la notion d’incomplétude contractuelle a été vidée en partie. Telle a été la conséquence de la recherche de fondements à la théorie des contrats incomplets. Certes, il n’est pas possible de rendre compte de formes plus subtiles, ou intermédiaires, d’incomplétude seulement à partir de l’opération théorique de réduction de l’incomplétude à la seule classe des contrats vides. Par ailleurs, atténuer cette limite en se basant non plus seulement des formes polaires d’incomplétude, mais également à un continuum ou degré d’incomplétude, fait l’objet d’étude des travaux plus récents. Ainsi, d’après Hart et Moore, (1999) ainsi que Aghion et al. (2002), il existe tout un ensemble de contrats montrant un niveau « moyen » d’incomplétude entre le contrat simple formant un faible degré d’incomplétude et le contrat vide quant à lui présente un degré extrême.

 

3.                  De l’incomplétude à l’incitation

 

L’avancée importante de l’économie pendant plus de trente années a été marquée par le développement de la théorie des incitations. L’économie des contrats englobe les trois grandes approches théoriques dans le champ de l’économie contractuelle : « la théorie des incitations », « la théorie des coûts de transaction » et la « théorie des contrats incomplets » (Brousseau et Glachant, 2000). Initiée par Leonid Hurwicz et développée plus avant par Eric Maskin et Roger Myerson, cette théorie a une fonction centrale dans l’économie et la science politique contemporaine, d’après le communiqué de l’Académie royale des sciences de Suède. La mise en évidence des démarches par lesquelles peuvent être minimisés dans les contrats les désavantages afférents aux deux grandes catégories d’asymétries d’information, fait l’objet premier de cette théorie.

 

a)      La théorie des garanties

 

Boris Starck a été l’inventeur de la théorie de la garantie. Voir le fondement de la responsabilité du point de vue de la victime plutôt qu’à son angle de l’auteur du dommage,  est évoqué par cette théorie. Il est nécessaire de définir quels sont les droits et les intérêts essentiels de la victime qui doivent être impérativement garantis sur le plan juridique, toujours d’après cette théorie[63] . Ici, la garantie de son intégrité corporelle et de l’intégrité de ses biens est surtout l’objectif.  Il convient également de considérer l’importance de l’intérêt lésé, et donc du dommage, pour prouver le montant de la réparation. En effet, la victime prétendra à un montant important en fonction de l’importance du dommage.

 

Pour permettre la réparation, la faute n’est pas une partie indispensable dans ce principe. En fait, l’indemnisation est due à titre de garantie par le seul fait de l’atteinte aux biens ou à l’intégrité physique de la personne. C’est le principe que prône la théorie de la garantie.

 

Le rôle considérable des PME, en même temps dans la croissance, dans l’innovation et la création d’emplois, est davantage appuyé par la réussite économique des pays développés durant le XXème siècle. Que « L’économie des États-Unis paraît largement fondée sur l’entrepreneuriat » a été bien souligné par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE, 1998) dans son analyse (p.213).

 

De plus, l’entrepreneur est un dirigeant économique et que les PME formant des ensembles consistants de l’économie de marché sont réaffirmés par les économies capitalistes Quiles (1997), en étant l’une des bases de la performance du capitalisme Mais dans les pays non capitalistes, la vision n’est pas la même que celle-ci. En effet, il y a eu une interdiction du développement du secteur privé dans les pays socialistes pendant les années 70 et 80. En fait, l’idéologie marxiste qui lutte contre l’économie de marché, domine l’économie socialiste. Dans les pays socialistes comme l’Union soviétique,  les pays d’Europe centrale et orientale, la Chine, le Vietnam et Cuba, ce modèle économique organisé était dominant.

 

La crise économique des pays communistes (socialistes) a fait émerger les inconvénients des entreprises étatiques et de l’économie organisée à la fin des années 70. Par la suite, les pays socialistes étaient dans l’obligation d’entreprendre des réformes suite à l’éclatement de l’Union soviétique et du bloc de l’Europe orientale. Par conséquent, ces pays sont alors entrés dans le système de l’économie de marché.

 

Les pays socialistes ont admis les apports considérables à la croissance de l’économie des éléments économiques privées en général et des PME en particulier, en observant le succès économique des pays capitalistes. Désormais, leur rythme de développement est favorisé et accéléré par ces entreprises qui sont devenues des acteurs essentiels à l’économie. Sur le plan statistique, l’importance progressive des PME s’affirme également. Dans la majorité des pays en transition, elles représentent plus 90% des entreprises (RAM, 2005; OCDE, 2002).  Parmi ces pays, on peut par exemple citer la Chine où elle représente 98,1 %, au Vietnam 96 % et 99,9 % en Hongrie. En même temps, pour créer des emplois et apporter significativement au PIB, ces entreprises constituent un instrument efficace.

 

 

Les PME des pays en transition éprouvent encore des difficultés au niveau de leur croissance et de leur développement en dépit de l’intérêt affiché par les gouvernements. L’insuffisance de capitaux reste problématique dans de nombreux pays, même dans les pays industrialisés, ce qui conduit à des difficultés de financement étant depuis longtemps un enjeu important. Par ailleurs, l’obtention de financement externe pour les PME constitue un problème permanent même si les gouvernements ont mis en place des plans de soutien et qu’ils exercent des pressions sur les institutions financières. Particulièrement dans les pays où le système financier est encore sous-développé, ces problèmes forment un obstacle important à la croissance des PME. Ce constat a été fait par de nombreuses études, comme celle de Beck et Demirguç-Kunt (2006), SQW (2005), RAM (2005) et Bukvic et Barlett (2003). En outre, cette situation est démontrée encore plus clairement par les statistiques de la Banque mondiale. Plus de la moitié de l’actif total des PME analysées dans la majorité des pays en transition, est subventionné par des capitaux particuliers, et le taux de financement de la banque ne constitue qu’un taux moyen de 9,7% affirment Cull et al., (2006).

 

La structure financière des PME peut être expliquée par la théorie de l’ordre hiérarchique d’après plusieurs études (Cassar et Holes, 2003, Korkeamaki et Rutherford, 2005). Cette théorie hiérarchique évoque que les entreprises favoriseraient, d’abord le financement interne au financement externe, puis le financement par dettes à celui par fonds propres, afin de financer leurs marchés (Myers, 1984). Aussi, afin de garder le contrôle de leur entreprise, les dirigeants pourraient adopter une stratégie qui est celle de la structure financière dominée par les dettes. La domination du financement externe par dettes chez les PME est d’ailleurs remarquée. La perte de pouvoir causée par un financement externe par fonds propres touche plus sensiblement ces PME (St-Pierre et Bahri, 2003).

 

Bref, la mission des prêteurs bancaires ne consiste pas à prendre des risques. Ainsi, à condition d’observer une aptitude de remboursement élevée chez les emprunteurs, ils n’octroient des fonds à ceux-ci. En d’autres termes, la préservation du capital ou l’aptitude de remboursement des emprunteurs est la première inquiétude des prêteurs.

 

b)      La théorie des incitations

 

Pour guider les agents dans le sens voulu par le principal, les incitations sont des variables économiques qui sont intégrés dans les contratsCette démarche s’effectue dans le cadre de la théorie de l’agence, dans un domaine économique à risque où les déséquilibres d’information sont un aspect fondamental. L’Académie souligne que ce concept a « largement amélioré notre appréhension des systèmes de répartition optimaux », en considérant des « incitations et de l’information privée des individus ». Pouvoir distinguer les situations dans lesquelles les marchés fonctionnent bien de celles où ce n’est pas le cas » est l’un des avantages des économistes, gouvernements et entreprises qui adoptent cette démarche. Il y a deux hypothèses principales qui caractérisent la théorie des incitations :

 

 

  • Premièrement, dans la théorie des incitations, les agents disposent d’un raisonnement économique semblable à celle de l’ « homo oeconomicus » de la théorie néoclassique (Baudry, 2003). Ainsi, elle est probablement la plus proche, dans ses principes, du type néoclassique, dans l’ensemble des théories contractuelles. En effet, une capacité de calcul illimitée, ainsi qu’une information exhaustive caractérisent ces modèles. Ainsi, la structure des difficultés auxquelles ils font face peut être connue par ces derniers dans tous les cas.

 

Par conséquent, les agents connaissent la structure de tous les difficultés auxquels ils pourraient se confronter même s’ils ne sont capables de prévoir avec certitude un futur qui demeure incertain. C’est ce qui fait l’exhaustivité de  l’information de ces agents. La liste des difficultés qui vont effectivement apparaître et leur enchaînement est l’élément que ces agents ne peuvent pas connaître. En conséquent, les agents réfléchissent à des solutions plus efficaces en rapport avec les différents états possibles de la nature et calculent les espérances des résultats. Comme les agents possèdent de capacités illimitées en la matière, c’est-à-dire qu’ils ne dépensent rien en calculant, de tels calculs sont ainsi faisables.

 

 

  • Deuxièmement, les agents ne partagent pas une information identique sur les variables, à l’inverse de la théorie néoclassique. Ces variables définissent leur choix donc il s’agit de l’hypothèse d’asymétrie d’information. Dans certains cas, il apparaît que les agents exécutant sont plus informés que les « principaux ». Dans ce dernier cas la problématique qui se pose : Quel système de rémunération (un contrat) va être élaboré par le principal (l’employeur) pour inciter son agent (l’employé) à s’exécuter dans son intérêt ? Cette conceptualisation paraît renvoyer directement vers la conception de l’organisation interne de firme soutenue par Alchian et Demsetz [1972] car met clairement en évidence l’importance des incitations entre les agents économiques, Une rémunération dépendante de certains « signaux » dont l’attitude de l’agent, sera la base du schéma d’incitation. Selon toujours les deux auteurs cités plus haut, il y a deux hypothèses importantes à l’’existence d’un tel schéma d’incitation :

 

 

  • En premier lieu, le principal connaît en même temps la loi de probabilité qui touche cette variable et la fonction voulue par l’agent, même s’il est moins informé car il ne dispose pas d’information sur la valeur réelle de la variable cachée. Les actions de l’agent aux différents schémas de rémunérations concevables pourront alors être anticipées par le principal car ce dernier peut se mettre à la place de l’agent pour anticiper ses réactions.

 

  • En deuxième lieu, le respect des engagements pris par le principal peut être garanti par l’existence d’un cadre institutionnel latent, mais efficace et favorable. De ce fait, il y a une crédibilité de toute suggestion émise par le principal pour l’agent. Autrement, une information dite vérifiable, c’est-à-dire identifiable par un tiers est la base du schéma de rémunération proposé.

 

Il faut savoir que les problèmes d’incitations et d’information sont mis en évidence par la micro-économie contemporaine. Toute action d’un agent économique, pouvant être l’État, influençant d’autres agents économiques à choisir tel ou tel type de comportement, peut définir la notion d’ »incitation ».

 

Dans le cas où le principal n’a pas la volonté d’exécuter lui-même la fonction, il n’est pas en droit d’imposer à l’agent de la réaliser coûte que coûte. Pour ce faire, un accord avec l’agent spécifiant, à part la tâche à exécuter, les conditions de rétribution de l’agent, doit être mis en place. L’agent est libre d’accepter ou de refuser cet accord.  L’accord prend la forme d’un contrat entre les deux parties une fois qu’il a été formalisé.

 

 

D’après les prix Nobel d’économie 2007, les développements théoriques de l’économie de l’information se reposent sur la théorie des incitations. Etudier les moyens employés par un agent économique pour inciter des agents qui disposent d’une information privée à la lui révéler, est l’objet spécifique de la théorie moderne des incitations.

 

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Conclusion Chapitre 2

 

 Le problème d’asymétrie d’information  provient dans la plupart des cas de la complexité de distinguer les bons et les mauvais clients qui viennent demander du financement auprès de la banque qui est obligée de s’y affronter. Certains auteurs conseillent les banques de « rationner » le crédit, c’est-à-dire limiter l’offre destinée aux entreprises pour se soustraire à une telle conjoncture difficile à pronostiquer.

 L’on a discuté la préférence d’ajustement par les taux d’intérêt pour affronter la sélection adverse et l’exigence de garantie pour écarter le phénomène d’aléa moral. C’est pourquoi la théorie dite de « l’agence » basée essentiellement sur ces principes est développée supra afin d’expliquer le comportement des banques dans le financement des PME

 

Les nouvelles évaluations ont permis de corriger les lancements d’idée et qui font que l’information n’est pas seulement imparfaite, la capacité d’analyser de l’individu s’avère aussi limitée, l’émotion ressentie par l’individu risquer alors de modifier son point de vue.

Pour bien maîtriser une transaction du marché, il a été discuté ci-dessus qu’il est important  de connaitre certaines modalités dont la pratique des négociations, l’élaboration du contrat et aussi d’autres aspects requis. La connaissance des couts de transaction est plus que nécessaire. L’on peut réitérer l’existence sur le marché des trois types de couts dont les montants de recherche et d’information, les coûts de négociation et de décision, les prix de maintien de l’ordre et d’application. Il est quasi impossible de comprendre le fonctionnement du système économique et  surtout détenir un fondement solide pour la constitution de la politique économique si on ne maîtrise pas ces coûts.

Le désordre provoqué par l’insuffisance informationnelle est matérialisé par la décision de la banque vis-à-vis du crédit à accorder à l’emprunteur qui subit évidemment le manque de financement mais est-il prêt à assumer ce désordre dont le meilleur à supporter est le rationnement.

En effet, sachant que l’asymétrie d’information entraîne inévitablement le rationnement de crédit, il s’agit de voir en détail la théorie du rationnement de crédit aux PME dans le chapitre suivant  où nous allons  discuter encore une fois le fondement théorique et le fondement pratique du rationnement de crédit en démontrant aussi les différentes formes d’asymétrie d’information.

 

Chapitre 3

Le rationnement des crédits aux PME

Introduction

 

 

Théoriquement, le rationnement du crédit c’est l’effet de l’asymétrie d’information sur le marché du crédit. Mais pratiquement, un établissement de crédit doit pouvoir maitriser, du moins être conscient des risques sur chaque prêt qu’il octroie. Cependant, les débiteurs ne connaissent que la possibilité de succès de leur projet.  Dans ce cas, l’existence d’une asymétrie d’information demeure soulevant une anti sélection. Les banques imposent des taux d’intérêt peu avantageux dans le but de temporiser au maximum les «mauvais emprunteurs». Seulement, ce procédé peut faire retentir les « bons emprunteurs » qui cherchent juste des taux d’intérêt moins onéreux. Étant donné que les emprunteurs à risque détiennent déjà une demande de crédit assez inexorable au taux d’intérêt, la banque devra alors trier textuellement les emprunteurs risqués et sera contrainte d’encore augmenter ses taux. Sur le marché actuel, il existe un plafond au-dessus duquel l’augmentation du taux est moins considérable que l’augmentation du risque. Les intermédiaires refusent catégoriquement de dépasser leur taux d’intérêt au delà de ce seuil.

 

 

Il en résulte alors que les emprunteurs très risqués ne disposent pas de financement pour leur projet faute de rationnement de crédit mais surtout les emprunteurs à faible risque n’ont plus aucune possibilité d’acquisition de prêt. Pour le premier cas, la demande s’égalise alors avec l’offre due au fait que la clôture du marché s’est fait sans être soldé. L’anti sélection raisonnée de par l’asymétrie d’information désigne alors les « bons » produits et les « bons » clients comme perdants. Le concept de rationnement se justifie alors comme étant des problèmes d’asymétries d’information entre des créanciers et des débiteurs (Stiglitz Weiss, 1981).  Les banques accordent des crédits rationnés, c’est-à-dire qu’elles limitent la quantité de crédit puisqu’il en résulte que l’augmentation des taux d’intérêt pèserait sur le risque de l’emprunteur. En effet, les emprunteurs plus risqués s’intéressent aux taux d’intérêts élevés produisant automatiquement l’augmentation du risque de leur projet.

 

 

Il en résulte alors que le manque d’information des banques concernant le risque des emprunteurs produit le rationnement. En réalité, c’est l’information qui se trouve être onéreuse à collecter ou tout simplement indisponible. Le rationnement se fait alors exclusivement pour  les emprunteurs les plus risqués, et pour y procéder, les banques tranchent pour un taux d’intérêt modéré.  Sur le marché du crédit bancaire, le dispositif pour ajuster les prix afin d’équilibrer l’offre et la demande semble illusoire.

 

 

Dans le cadre de cette thèse,  l’intérêt se réfère principalement  à la difficulté d’accès au crédit pour les petites et moyennes entreprises. Certes, il est indéniable que les asymétries d’information et les problèmes qu’elles entrainent restent persistants pour le cas des PME. Elles se reposent surtout sur les intermédiaires financiers que sur les entreprises multinationales puisqu’elles ne peuvent ni accéder au marché ni émettre des titres de dettes sauf en étant membre d’un groupe.  Passer à la demande de prêt bancaire constitue l’unique  base de financement externe, en ce temps où la crise économique et financière persiste.  Dans le contexte actuel où la crise financière et économique s’éternise, le rationnement de crédit consoliderait pour les PME. S’interroger sur les impacts de cette crise sur l’accessibilité de prêt pour les PME marocaines semble indispensable.

Section 1. Le fondement théorique du rationnement du crédit

 

Dans les années 60, certains auteurs[64], avaient notamment souligné l’étendue des distorsions entre coûts des différentes sources de financement et ont exposé comment le rationnement du crédit se passait. Mais la littérature économique était alors imposée par le « théorème » de Modigliani-Miller (1958), illustrant la ressemblance des différentes sources de financement pour les entreprises. Alors que depuis les années 70, le progrès de la théorie économique en information incomplète a donné la possibilité de remettre en vigueur l’approche du crédit bancaire. Au milieu des années 1980, on s’est aperçu que le « credit channel »  a préoccupait la plupart d’une abondante littérature, où les auteurs ont constaté l’amoindrissement des relations traditionnelles de la « money view » et ils ont tenté d’illustrer le rôle distinctif du crédit bancaire. Les fondements théoriques du crédit bancaire n’établissent pas nécessairement un recueil théorique effectivement unifié et les interprétations micro-économiques évoquées peuvent être différentes d’un auteur à l’autre. Cependant, pour admettre l’importance du crédit bancaire, l’approche des auteurs est plus moins similaire et partagé. A la même période, une littérature s’est déployé sur le rationnement du crédit bancaire du fait que des pratiques d’encadrement administratif subsistaient encore dans certains pays[65].  Toutefois, cette littérature a rencontré par la suite  une certaine indifférence pour deux raisons : d’une part, parce que ce rationnement du crédit exogène n’a pu trouver de véritable justification économique et, d’autre part, car ces pratiques d’encadrement administratif ont été peu à peu abandonnées dans les grands pays. Cette littérature est attachée à la théorie du déséquilibre.  Dans le cadre de notre revue de littérature, nous allons développer dans cette section l’asymétrie d’information ainsi que  les différentes dormes d’asymétrie d’information  dont l’anti sélection et l’aléa moral ; nous allons aussi parler de la relation de crédit où l’on discute des cas  de donneurs de crédit,  de  l’accès au crédit, de la norme et de la loi,  du crédit par rapport à la confiance,  on discutera également le crédit et dépendance.

 

1.      Les asymétries de l’information

 

D’après Sylvie Cieply et Bernard Parañaque (1997), la relation  « banque / entreprise » constitue une liaison complexe qui se repose la plupart du temps sur une information inexacte. Les banques ne détiennent pas toutes les informations qu’ils doivent connaitre sur les éventuels projets des entreprises. Le cas semblable pour les entreprises qui sont loin d’être au courant des stratégies et les méthodes d’évaluation du risque des banques, utilise afin de les suivre par rapport à l’attribution du crédit. Ce phénomène dénommé asymétrie d’information a suscité l’intérêt de nombreux auteurs à travers des multitudes théories donnant la possibilité de comprendre le comportement des banques par rapport aux demandes de financement. L’asymétrie d’information entre les bailleurs de fonds et les PME se définit comme étant une disproportion d’information entre deux acteurs. En effet, les emprunteurs possèdent une large information sur l’entreprise de financement plus que les bailleurs de fonds eux mêmes (Fraser et al, 2001).

 

 

Calomiris[66] et Hubbard (1990)[67] de leur part  supposent que les entreprises détiennent un minimum d’information concernant le risque de leurs projets. En plus, seuls les emprunteurs sachent sur ce qu’ils veulent en faire du crédit demandé. Pour les banquiers, cette situation informationnelle développe encore plus le risque moral et le risque d’anti-sélection.  Sur le marché du crédit, l’imperfection informationnelle subsiste toujours, une situation qui entraine la sélection adverse, et l’aléa moral. Selon H.Varian (1998), la sélection adverse résulte d’un manque d’observation d’un des acteurs sur la qualité du produit mis sur le marché par l’autre partie. Effectivement, dans le monde du financement, les emprunteurs soignent indéfectiblement l’image de leur projet en vue d’acquérir le crédit. Cette situation incite les banques à subventionner les projets à risque. L’aléa moral, elle, renferme le comportement caché. Plus précisément, l’un des acteurs n’est pas en mesure d’examiner le comportement de l’autre. Les débiteurs détiennent donc la possibilité d’user leur crédit à d’autres fins.

 

 

Bardhan et Udry (1999)[68] perçoivent que l’étude de sélection adverse et d’aléa moral ne peuvent se faire séparément étant donné que les deux problèmes renferment des multitudes d’environnements économiques en commun. Pour le cas de certains auteurs comme Akerlof(1970), Diamand et Dybvig(1975), le contexte d’asymétrie d’information amène les emprunteurs à avoir un comportement opportuniste. C’est à cet effet que Jaffée et Russel(1976) spécifient dans leurs modèles les débiteurs malhonnêtes et vertueux. Ces théoriciens identifient les emprunteurs honnêtes aux entreprises comme étant des personnes qui remboursent leur dû même en connaissance d’une proche faillite de leur projet. En ce qui concerne les emprunteurs déloyaux, ils choisissent d’être dans la faille en essayant d’opter encore plus pour un taux d’intérêts élevés. Le contexte d’asymétrie d’information dont les banques doivent faire face résulte surtout de la difficulté qu’elles ont à différencier les bons et les mauvais emprunteurs. Pour prendre garde à de telle situation, la suggestion de Stieglitz et Weiss(1978) aux banques reste le rationnement de crédit en réduisant l’offre consacré aux entreprises. Cependant, dès que les entreprises se déterminent à avoir des comportements opportunistes pour acquérir un crédit, la banque détient tous les droits pour limiter les offres.

 

Cette suggestion pour le rationnement se rattache au concept de Hodgman(1980), se basant sur une méthode Keynésienne qui part de l’hypothèse que l’offre fait la demande, juge nécessaire d’adapter non par le coût comme l’indique Swazi(1978) mais plutôt par la quantité du crédit. A cet effet, des entreprises feront toujours une demande excédentaire dépassant le seuil de la quantité de prêt offerte sur le marché, des demandes qui ne pourront pas être satisfaites. Afin de se garder de la sélection adverse, il faut surtout ajuster le prêt par rapport aux taux d’intérêt tandis qu’il est question d’exiger de la garantie pour éviter l’aléa moral. C’est pourquoi le fondement théorique dit « l’agence » se repose obligatoirement sur ces principes. Dans le cadre de notre étude, la prise en considération de ces différentes théories expliquent ainsi les logiques comportementales des banques par rapport au financement des PME.

 

2.        Les différentes formes d’asymétrie informationnelle

 

Les approches théoriques de l’information décernent un cadre permettant de mettre les accents sur les facteurs essentiels dans l’acquisition de crédits aux PME-PMI. En général, les asymétries de l’information ainsi que les frais d’agence à acquitter permettent de reconnaitre les différents types de comportement. En général, l’une des deux parties prenantes détient une information fiable. Une avance qui lui est bénéfique dans les conditions de l’échange du fait qu’elles possèdent des informations plus détaillées sur la qualité du produit ou d’autres points fondamentaux par rapport à l’autre partie. Ces propos contestent alors l’hypothèse de transparence de l’information de la théorie standard de concurrence vertueuse et exemplaire. Les emprunteurs optimistes qui ne s’intéressent seulement qu’à la réalisation de leur projet adoptent alors un comportement individualiste, un fait qui peut compromettre le fonctionnement efficace du marché.

 

Deux types d’information asymétrique subsistent sur le marché du crédit. D’un côté l’anti sélection, connu aussi l’intitulé de la sélection adverse, où le marché se trouble dû au fait qu’un des acteurs possède des informations fiables concernant le produit au moment de la signature du contrat. De l’autre côté, l’aléa moral qui s’explique par le fait que l’acteur dit principal n’est pas en mesure de contrôler la pratique ou ne dispose d’aucun moyen pour estimer les avantages de l’agent représentant l’autre partie prenante.

 

  1. L’Anti sélection

 

L’anti sélection figure parmi les deux catégories d’asymétrie d’information qui se fait surtout remarquer au moment de la signature du contrat. Dans cette situation, les acquéreurs inspectent négligemment la qualité des biens qu’ils veulent se payer, les représentants de la société ont tendance à surfaire de la publicité concernant les produits en question dans le seul but de marchander à un prix exhaustif. A cet effet, les acquéreurs se trouvent dans une situation où ils doivent à tout instant remettre en question et cogiter sur les propos des vendeurs tout en tenant à l’esprit qu’un produit de bonne qualité ne doit pas forcement coûter très cher. Dans tel contexte, les vendeurs qui proposent des produits de qualité supérieure seront incapables de les vendre aux prix convenables  parce que les acquéreurs se méfient du niveau de qualité.

 

Sur le marché, le prix ne tient plus le rôle de régulateur du fait qu’il est désormais possible d’acquérir des produits à qualité opposée pour une même somme.  Par conséquent, la concurrence sur le marché semble alors fonctionner de manière inopérante.  L’agent, qui tient le rôle d’acquéreur dans ce genre d’éventualité, est la victime de cette faille informationnelle. Il se trouve alors dans l’obligation d’acquérir un produit  prohibitif ou exige un prix très modeste à tel point que ce sont les bons produits qui se détalent du marché.

 

Dans ses écrits en 1970, Akerlof prend comme cas la vente des automobiles d’occasion. Il argument dans « The market for lemons: Quality uncertainity and the market mechanisms » que le prix et la qualité sont loin d’être synonyme. Il illustre alors son argument en prenant cent voitures d’occasion sur le marché avec la moitié comme produites de qualité et d’autres moitiés comme étant des voitures de mauvaises qualités qu’il intitulera « lemons ». Personne n’est en mesure de connaître la qualité du modèle proposé et surtout moins l’acquéreur. En fait, le propriétaire seul détient les informations exactes sur chaque modèle. L’asymétrie d’information dans cette situation subsiste de façon absolue. La question sur le prix du marché se pose alors à cet effet. Dans la majorité des cas, les acquéreurs de mauvais modèles devront les revendre à un prix plus modéré que celui des propriétaires des véhicules de bonne qualité.

 

Akerlof déduit alors que dans la circonstance où l’acquéreur est dans l’incapacité de connaitre la qualité du modèle, l’asymétrie d’information peut être évitée. Il propose d’imposer un prix unique sur le marché, un prix réduit fixé dans le but de liquider les produits de mauvaises de qualités. Toutefois, les acquéreurs des modèles de bonne qualité devront sortir du marché. Avec l’asymétrie de l’information, les produits défectueux prennent le dessus causant l’exclusion totale des produits de bonnes qualités sur le marché. Cet aperçu illustre alors ce qu’est sélection adverse dite aussi l’anti sélection.

 

Le manque de considération peut donc avoir des effets néfastes au fonctionnement du marché comme la suppression des bons produits ainsi que l’inexistence de la concurrence. Dans ce cadre, l’amélioration du fonctionnement du marché se fera avec la règlementation et la réalisation des procédures efficaces abolissant peu à peu les ventes de produits de mauvaise qualité et exigeant la divulgation de toute ou une partie de l’information.

 

  1. L’aléa moral

Nous réitérons dans ce paragraphe que le risque moral, appelé autrement « aléa de moralité » est la notion, à la suite de l’anti sélection, induite  par une situation d’information asymétrique. L’aspect qui différencie ces deux notions, c’est que l’aléa moral  s’agit d’un risque postérieur à la conclusion du contrat (« ex-post »). L’établissement d’un contrat avec un agent risque d’inciter de sa part un comportement négatif qui pourrait rendre plus pénible a posteriori les conditions de la partie principale qui s’est engagée. Nous réitérons toujours l’exemple fourni en matière d’assurance. Le contrat est généralement hypothétique, c’est-à-dire que l’assureur couvre un risque dont il ne peut qu’estimer la probabilité de survenance. De son côté, l’assuré peut accroître la prise de risque du fait d’être couvert  par l’assureur. A titre illustratif, supposons une compagnie d’assurance qui  établit un contrat d’assurance avec  les automobilistes portant sur les amendes et frais liés aux excès de vitesse, il est envisageable que pour l’assureur de voir ses assurés de conduire encore plus vite, par  conséquent il va  devoir payer plus d’amendes,  en raison même de l’assurance[69].

 

L’on peut donc résumer que l’aléa moral est un effet d’incitation adverse (Agenor (2000, cité par Joumady 2001)). L’aléa moral est signalé comme l’ensemble des  actions des agents économiques qui tentent à maximiser leur avantage au préjudice  de ceux des autres dans les situations où ces agents économiques ne vont pas prendre en charge toutes les conséquences (coûts) de leurs actions à cause de l’incertitude ou de l’incapacité des contrats utilisés à imputer l’ensemble des dommages à l’agent responsable.

 

Dans le processus d’accord de crédit, l’idée de « hasard moral » est conçue de ce que les prêteurs ne peuvent pas contrôler ou peut-être ils contrôlent mal les actions des emprunteurs et par conséquent le remboursement des prêts (LaDue (1990), cité par Sylvie Cieply et Bernard Paranque (1997)). Pour Bardhan et Udry (1999) (cité par Laurence Bloch et Benoît Coeuré (1995)), il est prétexté d’observer en aparté les objets de sélection adverse et d’aléa ou  hasard moral parce que nombre d’environnements économiques sont caractérisés par l’union des deux problèmes. L’entrée en contact avec les emprunteurs à haut risque (sélection adverse) ou défaillants (aléa moral), qui ne sont pas clairement discernables par les prêteurs, entraîne l’augmentation du coût du crédit et somme une externalité négative pour les emprunteurs solvables et une externalité positive pour ceux qui ne sont pas solvables. L’effet négatif du relèvement du taux d’intérêt contractuel lié à la sélection adverse et à l’aléa moral peut dominer son effet positif sur le profit du prêteur.

 

De leur côté, Stiglitz et Weiss (1990) admettent qu’il n’existe pas de problème d’aléa  oral sachant que l’individu remboursera la banque s’il en a la possibilité. En plus,  la sélection adverse n’est pas non plus considérée, sachant que l’action de rembourser ou de ne pas rembourser  ne concerne pas exclusivement  la volonté de l’emprunteur mais également  l’état de la conjoncture qui échappe à son contrôle. A cet effet, sélectionner les demandeurs de crédits et assurer le suivi des  crédits ne s’avèrent plus nécessaires. Néanmoins, la considération des phénomènes de sélection adverse et d’aléa moral doivent permettre de saisir les principes que la banque utilise pour garantir le remboursement de ses crédits.

En  résumé,  l’aléa moral est le comportement qui se présente après la signature d’un contrat dans laquelle signature une partie prenante est capable de désavantager l’autre partie en raison de l’asymétrie d’information qui existe entre ces deux parties contractantes. Les éventuelles fraudes à l’assurance peuvent être considérées comme le cas extrême de l’aléa moral, c’est le cas où l’assuré occasionne volontairement le sinistre dans le but de percevoir  l’indemnisation prévue dans le contrat d’assurance.

Dans la zone euro, on redoutait pareillement l’aléa moral, à savoir la banque centrale est  dans l’obligation  d’épauler un État en difficulté, ce qui pourrait entraîner une crise financière dans toute la zone. Pour réduire le risque de l’aléa moral, il  a été de créer, parmi tant d’autres moyens,  le pacte de stabilité[70]. Ces craintes se sont pas tout à fait fondées : dans un premier temps, la Banque centrale européenne a fondé sa crédibilité par un euro fort, puis après, la discipline de marché ne s’est pas ramollie : chaque pays dispose d’un coût d’emprunt spécifique selon son coût d’endettement, l’emprunt extrême de chaque pays est doté une prime de risque.

En 2008, la politique de soutien des banques qui ont subi les effets néfastes de la crise des subprimes par les banques centrales a été examinée logiquement, par certains analystes,   à être source d’excitation de l’aléa moral dans le système financier. Ces expériences nous amènent à discuter par la suite la relation de crédit où l’on va parler des donneurs de crédit, l’accès au crédit, etc.

3.        La relation du crédit

 

Le phénomène de rationnement du crédit est de plus en plus déterminé essentiellement par l’insuffisance de l’information et les attitudes des agents associés à la relation prêteurs et emprunteurs. En d’autre terme, les problèmes de l’agence viennent en grande partie des difficultés rencontrées dans les relations entre les porteurs de fonds et les PME. Selon Petit et Singer (1985), les coûts de financement sont déterminés principalement par les difficultés rencontrées par l’agence et du degré  de déséquilibre d’information. Il faut reconnaître que la rentabilité des capitaux empruntés, leur objectif personnel et leur autonomie de gestion sont les principaux intérêts des entrepreneurs. Par contre, la confiance et le respect des contrats de l’emprunteur sont plutôt les attentes du prêteur. Par conséquent, les bailleurs de fonds sont dans l’obligation de prendre des mesures contre le risque de défaut de l’entreprise tout en tenant compte principalement de l’aptitude de remboursement de l’emprunteur. Cette situation, à son tour, engendre différents coûts d’agence. Dans le cas où ce coût est important, le prêt est rationné par les fournisseurs de fonds. Ainsi, l’existence d’une divergence d’intérêt entre emprunteur et prêteur est donc l’origine du rationnement. De même, d’après Williamson, Stephen D, (1987)[71], les probabilités de risque associées à chaque projet sont connues par la banque, mais certains débiteurs frauduleux arrivent à ne pas rembourser la banque en cachant ses bons résultats acquis à celle-ci. Aussi, le rationnement du crédit peut également avoir lieu lorsque les coûts de surveillance sont excessifs.

 

Le contrat de crédit entre deux partenaires, où le taux d’intérêt influence la nature des clients financés, est la base pour la concrétisation de la relation du crédit. Les entreprises les plus risquées sont celles qui sont attirées par un taux élevé. Accordé à Sylvie Cieply et Bernard Paranque (1997)[72], une information imprécise et insuffisante est, le plus fréquemment, le facteur qui rend complexe la relation du crédit bancaire. En effet, les banques ne disposent pas de toute l’information concernant les projets proposés par les entreprises. Certes, la banque a la possibilité de dégager des informations intéressantes sur un emprunteur potentiel, faisant la demande de crédit,  si ce dernier possède déjà un compte bancaire depuis un bout de temps auprès de cette même banque. De même, si l’emprunteur a déjà effectué une demande de crédit auprès de cette banque, cette dernière pourrait également posséder des renseignements sur l’attitude de l’emprunteur à rembourser.

 

 

En somme, l’indétermination de risques caractérise la relation de crédit. D’autre part, les deux collaborateurs n’ont pas l’information équitablement. Ainsi, afin de réduire le déséquilibre informationnel, la seule voie est d’offrir aux investisseurs et aux prêteurs une information transparente et pertinente. En fait, le partage de l’information est une bonne solution pour rassurer les apporteurs de fonds non informés sur un nouveau client. Certes, « un effet disciplinaire sur les emprunteurs peut être acquis à partir du partage des informations négatives concernant leur comportement de remboursement » d’après Padilla et Pagano (2000). Les déséquilibres d’informations peuvent également être supprimés en partie par le biais d’une bonne et longue relation bancaire, souligne la théorie de l’intermédiation financière. Ainsi, un meilleur accès aux financements[73], en termes de coûts de disponibilité,  peut être acquis par l’entreprise.

 

Si de nombreux travaux ont étudié  la relation marchande, le domaine de la transaction à crédit quant à lui demeure moins exploré. Sa temporalité est l’un des caractères particuliers de cette dernière. Le fondement du crédit ne se contente pas que d’un lien ponctuel et isolé entre deux individus mais surtout d’une collaboration destinée à se poursuivre de manière plus ou moins durable entre ces personnes ou institutions. La confiance, la garantie, voire l’indépendance sont les déterminants de l’existence de la transaction à crédit car celle-ci figure parmi les chaînes relationnelles et des formations sociales complexes. De même, il n’est pas non plus possible qu’elle se construise en dehors des normes sociales et juridiques.

 

Avoir une réflexion sur les formes qu’a pu prendre cette relation spécifique, dans une histoire de longue durée, est donc à effectuer. Donc, axer la réflexion sur la « relation », c’est à dire comprendre autant que possible l’ensemble de la dimension sociale et de la dimension économique des liens qui se forment dans la transaction, se trouve au cœur de cet atelier de travail. Pourtant, son enjeu économique n’est pas la seule limite de la dette engagée par le crédit. Il faut également tenir compte de son contenu qui est souvent représentatif.

 

Afin de désigner au moins à titre temporaire l’objet qui nous intéresse plus particulièrement dans l’histoire du crédit, l’expression « relation de crédit » a été retenue. Les dimensions dynamiques de ces types de réseaux qui se créent autour de cet échange, doivent retenir toute l’attention. Faire une approche du crédit sous l’angle de la transaction est alors souhaité. En effet, deux ensembles d’acteurs, les créanciers et les débiteurs, dont les rôles sont interchangeables, voire de les tenir simultanément, sont étudiés à travers cette angle. Par conséquent, une histoire des sociabilités et des dépendances est accessible en conduisant la réflexion à partir de la relation de crédit. Donc, sans se contenter d’en constater l’existence, il s’agit de ce fait d’un moyen de délimiter des espaces d’interconnaissance pour en parcourir les domaines économiques, sociaux, juridiques et d’en définir les dimensions spatiales. Il est aussi possible que la relation de crédit soit influencée ou gouvernée par la confiance, la dépendance, la domination, la réciprocité, à des niveaux différents.

 

L’objectif du présent travail n’est pas de se contenter de dresser une collection d’études de cas ponctuelles ou encore de brosser une vaste histoire générale de crédit, mais surtout d’approfondir peu à peu l’enjeu problématique et de construire une plate-forme d’interrogations partagées autour de la « relation de crédit ». Au final, l’étude doit favoriser un dialogue entre études de cas, autour d’une problématique, ensuite une bibliographie constituée collectivement.  Pour ce faire, cinq thèmes articulés autour de cette problématique doivent être abordés en premier lieu :

 

 

  • Les donneurs de crédit

 

 

Mieux considérer les acteurs qui font crédit, sans se limiter comme cela a été longtemps le cas, est l’un des objectifs premiers du travail. En effet, le crédit présente de multiples formes, mais ont été peu ou pas abordées dans l’histoire bancaire. Outre les formes multiples du crédit, il existe de même une multiplicité d’acteurs économiques, dont la plupart sont non-répertoriés pour leurs rôles financiers. Ainsi, en considérant particulièrement les créanciers dits « informels » et dans une chronologie large, il faudrait compléter la liste des instances créancières. Aussi, les historiens des diverses époques peuvent aborder un dialogue. Une réflexion sur cette notion d’« informalité », d’un emploi trop généralisant pour ne pas mériter un examen plus poussé, serait ainsi engagée à partir de ce dialogue.

 

 

  • L’accès au crédit

 

 

Eclaircir l’existence ou non de marges de manœuvre et de stratégies des preneurs de crédit face aux instances, parfois compétitives, est ici l’enjeu principal. Des questions sur les mobiles de cette demande seront aussi posées. Les différents moments de recours au crédit, les types de biens concernés et les différents acteurs sollicités, dans le temps et dans l’espace seront ainsi les principaux axes de l’étude.

 

  • Le crédit, la norme et la loi

 

Un ajout important de l’approche économique et sociale de la relation de crédit est présent. Il s’agit du développement des conditions d’encadrement de la relation de crédit, sur laquelle une littérature juridique pléthorique est disponible. Afin de comprendre l’évolution des manières de considérer les différentes formes de crédit, il est ici indispensable d’adopter l’approche de longue durée. Les conditions de sa légalité seront l’objet de la première question.

 

 

D’autres éléments sont également à prendre en compte, il s’agit du comportement des créanciers durant les crises et la manière dont les lois et la jurisprudence les prévoient. Appréhender les effets des normes et des formalités juridiques sur les diverses formes de crédit est ici l’objectif à atteindre plus largement, donc sur les méthodes des créanciers et débiteurs potentiels.

 

  • Crédit et confiance

 

Faire un crédit signifie en d’autres termes, « s’engager dans un transfert sur le long terme ». Il convient d’analyser les moyens établis pour garantir au créditeur une sécurité dans le temps face au débiteur, comme la relation de crédit s’installe dans la durée. Dans cette relation de crédit, « La confiance » est l’un des principes fondamentaux.

 

Les formes matérielles prises par la transaction de crédit, qu’il s’agisse de registres de débiteurs, lettres de relance, reconnaissances écrites ou orales, preuves admises par les tribunaux, etc., doivent ici faire l’objet d’une grande attention.

 

  • Crédit et dépendance

 

Il consiste ici d’étudier les influences de la variable « temps » sur l’opération commerciale. En effet, il est possible que les échanges entre les acteurs et l’accès aux différentes formes de contrôle social soient augmentées par la « durée de la dette ». De même, il est également possible que la relation de crédit devienne l’une des bases d’une stratégie consciente de mise en dépendance. Il se met donc en place un « encastrement » entre sphère privée et sphère économique.

 

Section 2 : Les fondements empiriques du rationnement du crédit

 

Les études sur l’effet de la croissance financière, sur la croissance économique par le canal de la croissance sont abondantes dans le théâtre économique. Par conséquent, Schumpeter [1911,1959] affirme que l’assistance financière était nécessaire à la croissance car elle  favorise la productivité en incitant l’innovation technologique et en désignant les entrepreneurs par sa démarche de sélection des meilleurs projets à financer. Ainsi, il est certainement vu comme l’auteur précurseur. En effet, une analyse fondamentale du rôle du crédit dans la mesure où il y a une liaison entre production et crédit, a déjà été abordée dans ces études. Le crédit est indispensable pour la production, et son accès n’est pas facile notamment dans les pays en voie de développement.

 

 

1.        Les études empiriques sur le rationnement du crédit

 

Il existe multiple définitions différentes de rationnement du crédit. Ainsi, afin de mieux comprendre les idées et les résultats des recherches antérieures dans ce domaine, se baser sur les études empiriques s’avère nécessaire. Définir si un rationnement du crédit en rapport avec la dimension de l’entreprise, du risque ou encore de certains éléments existe, a été la base des différentes études empiriques antérieures. En effet, la dimension de l’entreprise est considéré comme un facteur déterminant à l’accès au crédit bancaire et les modalités de ce dernier selon plusieurs études empiriques. L’existence d’un rapport entre le rationnement du crédit et la taille de l’entreprise est affirmée par Stigliz et Weiss (1981)[74]. Cependant, par rapport aux grandes entreprises, les PME ont plus de difficulté à acquérir des prêts voulus (Orser B, Riding A, Swift C, 1994). De même, les PME sont singulièrement désavantagées dans la course de la demande des prêts bancaires et des conditions de ces prêts, constatent Riding et al (1995). Dans ce même contexte, une déduction de Hillier, Brian et Ibrahimo, M V, (1993) affirme que le rationnement se repose sur des éléments comme la taille de l’entreprise ou le niveau de risque. Par contre, des difficultés rattachées à l’accessibilité de l’information des projets à évaluer, plutôt que directement à leur taille, peuvent être les causes de la contrainte de l’accès aux crédits bancaires des PME d’après Binks M.R (1992)[75].

 

Des modalités de crédit bancaire subies par les entreprises qui renvoient davantage la taille plutôt que le risque représenté, ont été révélées par l’étude d’un échantillon de 97 PME industrielles québécoises de Josée Saint-Pierre (1998). Ce dernier a remarqué la prime de risque demandée par les bailleurs de fonds. Ce risque  est rattaché typiquement à l’aptitude de remboursement et de la taille, ainsi que du nombre de garanties. Cet auteur propose également que les modalités de crédit ne sont pas appropriées à la diversité des PME.

 

Les données d’une enquête auprès d’environ 2000 entreprises canadiennes ont montré qu’il existe indéniablement d’autres facteurs principaux déterminants, autre que la taille, le refus d’un prêt, d’après Riding et al, (1994). Il s’agit surtout du secteur d’activité de l’entreprise, le propriétaire disposant d’un compte personnel à la banque où il présente sa demande de financement, l’existence ou l’absence de difficultés financières dans le passé. D’autre part, le refus de prêt n’est pas déterminé par le sexe du propriétaire.

 

Les PME, surtout dans les pays en développement, présentent davantage un déséquilibre d’information. En effet, dans ces pays, il y a une négligence en ce qui concerne la protection du droit de propriété et l’inexistence de partage de l’information car tous les acteurs ont tendance à maintenir confidentielle leur  information. Les PME ne sont pas motivées à partager l’information pertinente à des tiers dans le cas où elles ont trouvé de bons projets d’investissement, affirment Peterson, R., Shulman, J. (1987), en étudiant la forme de capital de ces PME. Cette situation accentue fortement au déséquilibre informationnel entre les PME et les fournisseurs de fonds.

 

Pour que les PME étendent les moyens disponibles il est constaté généralement que les relations sociales sont primordiales. Selon Cole R, (1998), plutôt que d’accepter de nouveaux crédits aux nouveaux demandeurs, les prêteurs optent pour l’option de prolonger ou d’accepter plus de crédits aux PME ayant des transactions préexistantes. De plus, l’inquiétude des bailleurs de fonds sur la capacité de remboursement, est apaisée par les rapports et expériences antérieurs avec l’entreprise.

 

Le grand rôle joué par les biens fournis en garantie dans l’octroi de crédit est évoqué dans les études d’Udell et al, (1991). En effet, les grandes entreprises ont plus de garanties à offrir par rapport aux PME. Ainsi, en demandant un même montant de prêt, et en considérant le faible taux de survie de l’entreprise, les PME nécessiteraient plus de garanties que les plus grandes[76]. En fait, selon Bernard Belletante, Nadine Levratto, et Barnard Paranque (2001), la taille et le taux de croissance d’une entreprise déterminent la probabilité de survie de celle-ci.

 

Ainsi, les entreprises ayant la garantie pour combler l’incertitude des imperfections de marché de prêt sont davantage sollicitées par les prêteurs. En d’autres termes, ces derniers octroient plus facilement les prêts aux entreprises ayant la capacité de fournir des biens en garantie et ayant une bonne et longue relation avec eux. Comme l’affirme  H. Bester (1985), les difficultés de sélection adverse et de hasard moral peuvent être résolues par une solution classique qui est celle du recours aux garanties.

 

Toujours dans cet ordre d’idée, les entreprises sont dans l’obligation de faire le maximum  pour le remboursement de prêt reçu à cause des biens en garantie. Le rationnement des entreprises en France, employant le système de déséquilibre, a été source de questionnement chez Bernard Panranque et Sylvie Cieply, (1998). L’hypothèse d’un rationnement supérieur du crédit pour les PMI est appuyée par les reculs de deux vecteurs de demande et de l’offre.  D’après Bernard Paranque (1998), les petites entreprises nécessitent des besoins en fonds de roulement élevés ; ces besoins sont souvent les difficultés que rencontrent ces petites entreprises. En fait, dans le cas où l’entreprise n’est pas en possession du montant pour faire se confronter aux aléas conjoncturels, celle-ci subit davantage le rationnement de capital ; en même temps, celui-ci s’accroit aussi davantage en fonction du financement de l’entreprise. D’après certaines études, le progrès et le jeune âge d’une PME ont un lien avantageux avec son rationnement du crédit de PME. En effet, le ratio semble non convenable quand plus l’entreprise est jeune et a une  forte croissance. En outre, Kaplan et Zingales (1997,2000) constatent que les contraintes financières ne peuvent être la cause de la fragilité de l’investissement au flux de trésorerie. Il est surtout question de contrainte financière lorsque l’entreprise n’est plus en mesure de résister aux taux d’intérêt démesurés.

 

La contribution de la demande rationnée dans la demande intégrale d’une économie a été mesurée par Jaffee et Modigliani (1969). A partir de leur étude, ils ont classé les demandeurs de crédit en deux catégories : sans risque et risqué. Il n’y a pas de rationalisation et l’emprunt se fait au taux de base bancaire pour la première catégorie, c’est-à-dire pour les emprunteurs non risqués. Quant aux clients risqués, des crédits avec les taux majorés d’une prime de risque leur sont octroyés. Enfin, pour évaluer le rationnement de crédit, ce deuxième groupe utilise aussi la proportion de crédits octroyés aux clients sans risque. En fait, la probabilité que les clients risqués obtiennent de crédit diminue en fonction de l’augmentation du rationnement et de l’importance des crédits donnés aux clients non risqués.

 

D’après leur étude sur le rationnement des PME américaines, Alec et Krinsten (1999) évaluent qu’il y a un refus courant aux entreprises qui veulent effectuer leur financement par emprunt. Le concept de la durée a également été abordé dans leur étude. Celle-ci  évoque que la durée est une question cruciale : en principe, il est possible de dire que l’entreprise est rationnée lorsque elle ne peut pas acquérir le crédit au temps t. Par contre, l’entreprise n’est plus rationnée si elle obtient le crédit après avoir attendu une période de longueur L. Dans ce cas, l’entreprise n’est plus rationnée à partir de t + L.  Toutefois, l’entreprise n’est rationnée que pendant un temps assez court et les véritables impacts du rationnement de crédit sont éventuellement minimes, si la période de longueur L est très petite. A l’inverse, il peut y avoir un retard dans l’obtention de crédit, ce qui peut défavoriser la capacité de l’entreprise de s’accroître ou même survivre si L est importante. De plus, la demande de crédit peut être décourageante pour les entreprises qui envisagent un grand L. Ces dernières affirment que les PME s’appliquent moins pour un prêt quand plus les possibilités de refus  ne sont considérables.

 

La somme des PME dont les demandes de crédit étaient refusées, plus des PME découragées n’effectuant plus une demande de crédit, constitue le nombre des entreprises rationnées de crédit. Une PME découragée peut se définir comme une PME qui n’envisage  aucune probabilité de l’admission de son dossier. Une PME ayant pleine de chance d’acquérir de crédit mais ne pas déposer sa demande se situe au même titre que les entreprises rationnées. Aux Etats-Unis, le taux des PME rationnées constitue, d’après les résultats, un chiffre très insignifiant de 6,36% en 1987/1988. La liquidité de marché financier américain pourrait être expliquée en partie par l’accès aisé au crédit de ces PME.

 

2.        Les mesures du rationnement de crédit

 

Pour évaluer l’intensité de la contrainte financière d’une firme, la littérature économique fait souvent appel à la sensibilité de l’investissement à l’autofinancement. Fazzari et al (1988) propose qu’une dépendance élevée de l’entreprise aux flux internes, à cause d’un coût démesuré des financements externes, correspondrait à un faible taux de distribution des dividendes. En d’autre terme, dans le contexte informationnel asymétrique, les flux de liquidité de l’entreprise sont les indications du paiement de dividendes ; il est probable que les contraintes financières affectent davantage les entreprises à faible politique de distribution. Ceci laisse entendre que la qualité de l’entreprise peut être déterminée par le ratio dividendes/capitaux propres de celle-ci. Le cash-flow n’informe pas suffisamment sur les problèmes de financement particuliers d’un projet d’investissement même s’il a déjà été utilisé depuis un certain temps comme indicateur de l’existence de contraintes financières. De plus, dans le domaine de la recherche des entreprises de grande taille, des entreprises coté en bourse, il s’avère être un indicateur efficace. En ce qui concerne les PME en particulier et les entreprises familiales dans notre recherche, ce ratio ne semble pas être adapté. En outre, Kaplan et Zingales (1997,2000)[77] affirment que l’existence de contraintes financières ne pouvait provoquer la fragilité de placement au cash-flow.

 

« En termes d’évolution de la production ou de l’investissement et en termes de créations ou de destructions d’emploi, on voit nettement la différence entre les petites et moyennes entreprises/industries (PME/PMI) des grandes entreprises industrielles (GEI). Si pour les GEI un certain déséquilibre est perçu aux différentes étapes d’activité, celles des PMI semblent être cycliques et proche de celui des SQS. »[78].

 

 

Cette sensibilité propre des PMI au cycle conjoncturel peut être éclaircie par deux séries d’explications. La première explication se base sur les déterminants d’ordre réel. La modeste inertie de leur structure productive, et donc une plus grande flexibilité, expliquerait la sensibilité des PMI à l’évolution de la conjoncture et la seconde explication regroupe des éléments principaux d’ordre financier. Deux types d’études peuvent être signalés dans ce contexte :

 

La position particulière des PME est soulignée  par les travaux touchant l’existence d’un canal de crédit (Gertler, Gilchrist, 1993, 1994 ; Hubbard, 1995). Un choc réel ou monétaire, touchant l’économie à cause des lacunes qui déterminent le fonctionnement des marchés du financement, serait alors un fardeau supporté prioritairement  par les PME. L’émergence d’un phénomène de « flight to quality » qui correspond à la diminution du volume de crédits au passif des PME, est ainsi mise en évidence par ces travaux (Oliner, Rudebusch, 1995)[79]. Par contre, connaître si cet effet résulte de la modification du comportement des prêteurs ou des emprunteurs n’a pas été défini dans ces travaux.

 

L’existence d’un « écart permanent dans les conditions d’accès au financement de ces entreprises » (« small business capital gap ») est soutenue par les travaux qui traitent particulièrement la population PME. Selon Garvin (1971), en général, deux caractéristiques définissent les conditions d’accès au financement. En premier lieu, il y a le coût d’accès au financement qui est plus élevé pour les petites entreprises. Bardos (1991) a mis en évidence cette particularité sur le cas français et en ce qui concerne le marché du crédit.

 

En deuxième lieu, un déficit chronique de financement de longue période, que ce soit par émission d’actions ou par emprunts bancaires feraient également souffrir les PME. Un endettement à court terme considérable, pouvant expliciter la plus forte sensibilité de ces entreprises aux chocs conjoncturels, est le résultat de cette caractéristique. La fixité de cette constatation sur l’ensemble des pays industrialisés est soulignée par Tamari (1980). L’importance de l’endettement à court terme pour les petites entreprises est mise en avant par les analyses de la Banque de France (Beau, 1991 ; Boissonade, Tournier, 1996). De 1990 à 1993, l’existence d’écarts importants  de comportements financiers, entre autres au seuil des 2.000 salariés, a pu être constatée à partir de l’étude des organisations financières des entreprises en fonction de leur taille (Cieply, Paranque, 1996). En effet, il y a un plus grand endettement pour les entreprises de moins de 2 000 salariés. Aussi, pour ces entreprises étant très sensibles au coût de l’endettement, la capacité bénéficiaire dans l’acquisition d’un crédit est particulièrement cruciale. L’augmentation des besoins en fonds de roulement ou la chute de la valeur réalisée ne peuvent pas être compensée, du fait que l’endettement étant la source de financement principale. Cette situation se présente surtout chez les grandes entreprises, qui font appel à un financement externe accru.

 

En outre, par rapport aux grandes entreprises, les efforts d’accumulation des PME sont plus appuyés, ce qui conduit à des nécessités de financement plus importantes (Paranque, 1994, 1996). Par conséquent, certains économistes ou décideurs politiques sont amenés à supporter l’hypothèse de l’existence d’un système financier discriminatoire à l’égard des petites entreprises et à confirmer l’existence d’établissements financiers spécialisées dans le financement de ce type d’entreprises.  Cependant, l’emprise de l’offre sur la demande n’a pas été reconnue dans la formation des spécificités financières des entreprises en général et des PME en particulier.

 

Ainsi, on retient un indicateur des modalités de refinancement des acteurs prêteurs. Il consiste à appréhender les contraintes financières endurées par les prêteurs. Le taux au jour le jour (Tjj), qui forme le prix régulier des moyens financiers d’un établissement financier, a été retenu comme indicateur pour l’offre de crédit total. Le rapport entre le Tjj et la proposition de financement présente un signe négatif. Certes, plus la sélection des projets est importante et moins l’offre de crédit est abondante, donc plus le coût du refinancement est plus élevé.

 

 

 

 

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Conclusion du Chapitre 3

Dans ce chapitre nous avons présenté des alternatives au rationnement pour résoudre le problème de la prise de risque excessif non rémunéré par les taux d’intérêt. Nous avons présenté l’identification des clients par les contrats incitatifs comme première solution. Ces contrats donnent aux banques la possibilité de juger le risque des clients à travers leurs choix.

Relativement  aux choix des clients par rapport à la valeur de garantie dont ils disposent et par rapport au taux d’intérêt qu’ils acceptent de payer, les banques peuvent différencier entre les clients risqués et les clients non risqués. Cette solution a été remise en cause étant donné qu’elle n’est pas toujours efficace. L’offre des services a été présentée comme deuxième solution. Cette offre de services est caractérisée par l’apparition des nouvelles formes non similaires à celles qui existaient avant les mutations réglementaires, les mutations technologiques et le changement environnemental. Le rendement de ces services est parfois instable et ne réduit  pas le risque global de la banque. L’efficience  en matière de réduction de risque est liée au service adopté.  Une autre solution a été proposée pour les banques qui peuvent intégrer le rendement des services dans le calcul des scores des emprunteurs et de cette façon, il est possible de lier le risque du crédit à toutes les formes des revenus qui dépendent de lui directement ou indirectement.

Dans le cadre d’analyse des fondements empiriques du rationnement de crédit, l’on a mentionné que ceci est indispensable pour la production, et son accès n’est pas facile notamment dans les pays en voie de développement.   La relation  « banque / entreprise » forme  une liaison complexe qui se base  couramment sur une information inexacte. Les banques ne détiennent pas toutes les informations qu’ils doivent connaitre sur les éventuels projets des entreprises.

 

Le phénomène dénommé asymétrie d’information a éveillé l’intérêt de nombreux auteurs à travers plusieurs  théories qui font comprendre le comportement des banques par rapport aux demandes de financement. Dans le monde du financement, les emprunteurs soignent interminablement l’image de leur projet en vue d’acquérir le crédit. Cette situation entraîne les banques à subventionner les projets à risque.

 

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Conclusion de la première partie

 Et si nous résumons les fondements théoriques de la relation banque/entreprise, nous avons intérêt à rappeler la notion d’incertitude  qui est disputée  chez les économistes, les philosophes et par d’autres disciplines comme la sociologie. L’économie de l’information est un vaste domaine de la science économique, l’économie bancaire est concernée indiscutablement. L’économie d’information  étudie les problèmes d’information qui peuvent être classés en deux types : La confusion incertitude-risque et les problèmes d’agence.

 

Certains économistes et d’autres auteurs comme Knight tente de réduire l’incertitude qui est réalisable en contrôlant la taille de l’échantillon où il confirme que plus la taille de l’échantillon est grande, plus la possibilité de regroupement des cas est importante et plus le nombre de cas isolés sera limité. Un autre facteur de réduction  d’incertitude est la dissimilitude des attitudes de l’homme vis-à-vis de l’incertitude, alors qu’effectivement ce facteur est incontrôlable.

Et Keynes avance la pensée que l’incertitude est parfois basée sur les comportements. Il confirme que l’incertitude découle de la complication de la situation présente non pas de l’imprévision du futur. Incontestablement, l’incapacité à hiérarchiser les choix et les jugements de valeur provoque une invalidité de la mesure de l’incertitude.

Ce que nous pouvons conclure à partir de la revue de littérature véhiculée dans cette partie théorique, outre les contestations par rapport aux différents concepts de l’incertitude, l’on peut annoncer la différentiation entre le risque et l’incertitude et l’on peut également noter le comportement des acteurs face au risque. Et ces acteurs, on signale spécifiquement la banque et l’entreprise qui demande du financement auprès de la banque. On a remarqué les  différences d’intérêt des deux parties, mais on a conclut que la banque et l’entreprise sont indissociables lorsqu’on parle de prêt.

Dans la deuxième partie de ce document,  nous allons discuter en profondeur  la pratique de l’octroi du crédit aux PME Marocaines. Nous allons observer les caractéristiques de cet octroi à partir de la transaction jusqu’à l’encastrement  social. Et nous allons particulièrement discuter  de qu’apporte l’encastrement social en terme de pratique de crédit qui se passe entre les banques marocaines et les petites et moyennes entreprises du royaume.

 

 

 

 

 

 

 

Deuxième Partie

La pratique de l’octroi du crédit aux PME

Marocaines, de la transaction à l’encastrement  social

 

Introduction de la deuxième partie

 

 

Face aux contextes de mondialisation permanemment agités, l’installation de façon croissante des relations durables prend une place importante (Dwyer et al. 1987 ; Morgan et Hunt, 1994). Cependant, aussi avantageux soit son rôle de l’établissement des relations stables comme atout majeur des entreprises au devant des concurrences, ces relations d’échange sont vouées à une fin après un laps de temps. Durant la période de vie d’une relation, la naissance et le déclin de celle-ci marquent ses phases critiques (Gammoudi, 2006).  Dwyer et al. (1987) semblent de même avis en appuyant que la relation a un caractère inné qui tend à se dégrader. Devant cette évidence et qui s’installe entre les entreprises, une option est de gérer de façon relationnelle les rapports qui existent entre les entreprises pour s’assurer d’une relation stable et durable.

 

 

Le rôle de la banque est le plus souvent mis en exergue dans la littérature sur les rapports entre banque et entreprise dans le maintien d’une bonne relation. Or, une meilleure réussite d’un service n’est observée qu’à partir de la contribution de tous les participants dans la relation, et cela de par sa nature. Les relations qui lient un agent de la banque et un client doivent être de qualité pour s’assurer également d’une bonne qualité de la prestation de service. Actuellement, on considère dans ce contexte comme un atout compétitif pour les entreprises, l’aptitude à établir, à conserver et à conduire des rapports privilégiés avec les banques.

 

L’économie du Maroc est qualifié d’être une économie très intermédiaire et dont le rôle des banques est très important dans le financement des entreprises. Dans ce sens, et indépendamment de leur taille,             aucune entreprise ne peut se passer d’une collaboration avec les banques. L’intégration du Maroc dans la zone du libre-échange après signature d’un accord avec l’Union Européenne en 2010 n’a fait que renforcer ce rôle principal de la banque. Devant cette situation d’ouverture internationale, l’ampleur de la compétition sur les entreprises devient plus périlleuse. Un plan de mise à niveau des sociétés est mis en place par l’Etat. Les banques sont à la tête du financement des entreprises et les accompagnent dans leurs taches d’analyse et de conception des stratégies de mise à niveau. A ce titre, leur association est d’autant deux fois plus prononcée, les banques qui sont à la fois des collaborateurs financiers faisant bénéficier l’entreprise de ses privilèges et aussi des meilleurs conseillers. La solidité d’un rapport des entreprises avec une banque est jugée comme étant un atout qui peut leur permettre de se distinguer et de se démarquer dans la compétition qui existe.

 

Cette thèse a pour but  de mettre en évidence les déterminants de la conduite du rapport entre la société et de la banque avec qui elle collabore principalement. D’une autre manière, pourquoi l’entreprise veut continuer la relation avec sa banque de façon pérenne après que ce lien s’est installé.  Deux grands types d’approches : l’approche transactionnelle et l’approche relationnelle de l’échange, ont pu être distingués par le biais d’une large revue de la documentation sur les échanges. Dans cette étude, il est supposé que ces approches ont plus de complémentarité que d’antagonisme et il parait idéal de les associer pour mieux savoir les attitudes des entreprises pour maintenir et perdurer sa relation bancaire.

 

 

Les nouvelles théories de l’entreprise sont « la théorie des coûts de transaction », et « la théorie de la dépendance des ressources », et éventuellement « la théorie de l’intermédiation financière ».  Elles forment l’approche transactionnelle.

 

Dans le concept théorique des coûts de transaction, les rapports d’échange sont supposés s’étaler dans le temps se traduisant par une suite de transaction selon qu’ils rapportent une marge utilitaire pour  les parties d’échanges (Damperat, 2005). Selon toujours cette théorie des coûts de transaction, la relation est une représentation intermédiaire entre le marché et la hiérarchie. Elle admet une plus grande incitation que la hiérarchie et admet également une grande souplesse que le marché. La gestion des réactions entre les entreprises dans des circonstances incertaines s’accommode le plus à cette théorie selon Williamson (1985).

 

Face à une situation incertaine et dépendante, la théorie de la dépendance à l’égard des ressources définit l’évolution relationnelle d’être le système présentant le meilleur résultat (Pfeffer et Salancik, 1978). En effet, l’instabilité de l’environnement pousse les sociétés à maintenir des relations stables avec leurs collaborateurs. Dans ce contexte, la dépendance est d’autant plus entretenue par la coordination que par l’antagonisme. Selon la vision transactionnelle, on aborde les relations dans leur réitération sans tenir compte de la continuité ni des caractères socio-relationnels. On n’appréhende pas les relations dans leur ensemble, et la confiance n’y trouve pas son concept (Ring et Van de Ven, 1994). Trois déterminants sont mis en phase dans cette approche comme fortifiant les relations d’échange : la dépendance, les coûts de transfert et l’incertitude.

 

L’approche relationnelle est une nouvelle approche née du marketing relationnel. Elle se base surtout sur l’établissement de la fonction du vendeur et du client. Dorénavant, la relation et sa gestion apparait comme un système à double sens dans lequel s’opère de façon continue des adaptations et des ajustements. Par ailleurs, la dimension sociale a pris de l’importance. D’après Granovetter (1992), des rapports sociaux encastrent des relations économiques. Cette optique a été énormément reprise par les experts en marketing. Les experts sont d’accord sur la difficulté de la gestion des relations durables et complexes. Des relations qui perdurent longtemps peuvent être expliquées par l’intégration sociale de liens affectifs, de confiances et de satisfaction.

 

Pour pouvoir admettre l’existence de caractère additionnel entre les deux concepts, transactionnel et relationnel, des explications tirées des deux modèles seront retenues dans l’élaboration du cadre conceptuel.

 

Par l’intermédiaire de cette large revue de littérature, des élaborations de propositions seront faites dans le but de déterminer la nature des relations existant entre les déterminants et la gestion par l’entreprise de sa relation avec sa banque. Les propositions élaborées feront l’objet de test sur de grandes entreprises échantillonnées au Maroc.

 

 

 

Chapitre 4

La relation bancaire, de l’approche transactionnelle

 à l’approche relationnelle

 

Introduction

 

 

Le but de ce chapitre est de contribuer à la connaissance des facteurs incitant l’entreprise à une gestion de ses liens avec sa banque. Pour établir le cadre conceptuel, il a été nécessaire de faire appel à deux modèles distinctes, mais l’un complémentant l’autre. Il s’agit de l’approche transactionnelle et de l’approche relationnelle.

 

La première approche étant formée par la théorie des coûts de transactions, la théorie de l’intermédiation financière et la théorie de la dépendance des ressources tandis que la seconde dérive du marketing de la relation. Pour élargir la connaissance et improviser sur l’attitude comportementale des entreprises dans le désir de maintenir et de faire durer sa relation bancaire, la combinaison de ces deux approches est fortement sollicitée. Dans ces conditions, des facteurs transactionnels et des facteurs relationnels sont intégrés dans le cadre de la conception de l’étude.  Quelques  grandes sociétés non cotées au Maroc ont fait sujet d’enquête quantitative après l’établissement du modèle théorique et la prise en compte des relations existant entre les facteurs relationnels et transactionnels qui expliquent la gestion des relations[80]. Les résultats prouvent que la gestion de la relation varie significativement et de façon positive par l’action de la dépendance, des coûts de transfert et de la satisfaction. L’incertitude environnementale, quant à elle, s’oppose à l’établissement des relations pérennes. Dans le chapitre suivant, nous allons entrer plus en détail sur l’analyse des réponses obtenues. Les questionnaires sont annexés à la fin de ce document.

 

 

Cohen (1996) a défini le terme gestion comme «un ensemble de pratiques… ». La gestion est considérée par cet auteur comme un ensemble d’opérations, de pratiques, d’interventions qui se passent au sein des entreprises ou des organisations. La mise en évidence du rôle « actif » des acteurs est importante puis qu’il s’agit donc du domaine de « l’agir ».

 

Section 1 : La relation banque-entreprise de l’approche transactionnelle

        à l’approche relationnelle

 

Il peut exister deux manières de présentation de la relation entre les entreprises, contractuelle ou relationnelle. Les relations entre les entreprises sont régies  par un contrat dans une gestion contractuelle de relation. Elle est devenue plus complexe suite à l’implication de la notion de durée de la relation. De ce fait, les limites du contrat comme dispositif de fonctionnement de gestion sont démontrées. Le contrat comme mécanisme de gestion a par conséquent montré ses limites. S’ajoutent alors les mécanismes relationnels pour soutenir et renforcer le fonctionnement des rapports interentreprises.

 

De l’optique du marketing relationnel, la gestion relationnelle met en œuvre plusieurs actions visant à l’acquisition, le maintien et le développement des relations pérennes avec les partenaires. Pour une entreprise, l’objectif est de garder une relation avec un coût le plus bas possible, de l’améliorer et de la faire durer dans le temps.

 

La littérature offre des variantes « manœuvres relationnelles ». Les normes de Macneil (1985) figurent parmi les plus mentionnées. L’auteur émet la proposition d’appliquer les normes relationnelles pour la gestion des relations. D’autres chercheurs ont repris ces normes (Perrien et al. 1993, 1994, 2001 ; Claro et al. 2003). Plusieurs mécanismes de la gestion relationnelle ont été tirés de la littérature à savoir « l’investissement dans la relation, la communication, la souplesse, la gestion harmonieuse des conflits et la fidélité ».

 

Trois éléments déterminant l’incitation d’une entreprise dans le choix de pérenniser sa relation avec sa banque ont été dégagés après une large revue de la littérature sur l’approche transactionnelle. Il s’agit du doute vis-à-vis du milieu, des coûts de transfert et de la dépendance avec sa banque. Nous parlons donc ici de déterminants dits transactionnels du fait de leur appartenance aux principaux champs théoriques du paradigme transactionnel.

 

Le doute, vis-à-vis du milieu, occupe un rôle de pivot dans l’interprétation des relations interentreprises selon la conception de l’approche transactionnelle et de la littérature en management stratégique.

 

Diverses explications présentées dans la littérature émettent diverses dimensions du doute vis-à-vis du milieu. De ce fait, Duncan (1972) et Khnawalla (1972)[81] pensent que le doute vis-à-vis du milieu est le produit de la complexité du milieu. A ce propos, c’est la complexité, le dynamisme et la turbulence du milieu qui est à l’origine du doute. Miller et Friesen (1983)[82], de leur côté, considèrent que, la turbulence, l’hétérogénéité, le dynamisme et le doute vis à vis de l’environnement sont pareils. Ces deux auteurs insistent sur l’instabilité en relation avec l’évolution technologique et l’incapacité de prédire les agissements individuels de chacun dans l’avenir. Ils soulignent également l’importance de la diversité sur ses influences sur les méthodes et les performances des entreprises qui sont dans l’impossibilité d’anticiper les faits à venir. Ce concept rappelle celui de Williamson (1985) qui admet que la raison de l’existence du doute est l’impossibilité pour les acteurs de prévoir tous les états de leur milieu d’activité du fait de ses turbulences.

 

Un auteur, Gueguen (2005) a pris connaissance de la subjectivité de la notion de doute. Un  même niveau de doute n’est pas vu de la même manière pour les différentes entreprises. Selon la définition de Ganesan (1994), l’incertitude est un niveau sur lequel un individu ou une organisation ne peut pas prévenir  à l’avance et  avec exactitude les évènements de son entourage. Deux caractères sont en lien avec l’incertitude du milieu d’après cet auteur : la volatilité et la diversité. Ces caractères influencent énormément le mécanisme de prise de décision. Le changement brusque permanent du marché et de la demande est référé au caractère volatile de l’environnement ou du milieu. Un haut degré de volatilité élevée se traduit par les variations rapides dans la demande et l’incapacité d’anticiper  les évolutions sur le marché dans l’avenir. Dans telle situation, la rédaction des contrats complets devient coûteuse ou voire inconcevable. Les entreprises se doivent de promouvoir des relations pérennes, plus flexibles et plus adaptables aux conditions environnementales pour pallier à l’attentisme de certains comportements opportunistes. Williamson (1991) n’est pas du même avis  et s’attache à l’idée que maintenir de relations de longue durée n’est pas adapté aux circonstances d’incertitude. Effectivement, ces circonstances doivent être ajustées souvent, surtout si les turbulences se succèdent et que l’entourage est très changeant.

 

D’une manière logique, ces entreprises entendent plus d’avantages que de contraintes dans le maintien d’une stabilité relationnelle pérenne, et ce, face à la menace insidieuse de l’existence des investissements spécifiques. Ceci prouve la répercussion néfaste du changement de banque pour l’entreprise. Ce fait se concrétise par leur position de dépendance vis-à-vis de leurs fournisseurs. Porter (1998) avance également une autre vision des coûts de transfert. Il les visualise comme les coûts compris par le changement d’un partenaire opérateur. Mise à part ces montants monétaires évaluables, des effets sur des pertes d’ordre temporel et des pressions d’ordre psychologique s’ajoutent également aux coûts pour affronter le doute par  le renouvellement du prestataire de service. Ces valeurs de transfert  sont le total des impacts au niveau économique, psychologique et matériel d’après Jackson (1985). Les effets psychologiques sont associés à l’état de nouveau client, à l’effort et aux horaires mobilisés dans l’achat de nouveaux produits et services.

 

Le modèle de conception de Morgan et Hunt (1994) incorpore les impacts de transfert. D’après ces auteurs, la prise en conscience du coûteux effet de transfert  lors de la rupture de la relation encourage les sociétés à la diminution de  l’effectif de sources alternatives et à la stabilisation de leurs relations. Fenneteau et Guibert(1997) affirment que ces coûts peuvent être à l’origine de l’inflexibilité relationnelle. Il s’ensuit que les partenaires optent pour le maintien de la relation contre leurs grés, ce qui peut éventuellement dégrader la relation et faire naitre le conflit. En effet, les avantages perçus durant la période de l’installation de la relation seront perdus au moment où celle-ci prend fin. Le changement de partenaire entraine une double perte des deux acteurs, une perte sur l’investissement des relations établies et s’ensuit une perte sur le capital d’information collecté tout au long des années de labeur et d’expérimentation. Pour conclure, la connaissance du client de la valeur des coûts supplémentaires nécessaires pour rompre une relation actuelle avec sa banque et d’en renouveler une autre, renforce le lien du client dans sa relation actuelle.

1.        La banque à l’engagement et la banque à l’acte

 

Pour discuter les relations entre les banques et leurs investisseurs/emprunteurs, deux conventions de financement entraînent deux modes de relation bancaire : la banque à l’engagement et la banque à l’acte. Lorsque la banque entame une relation à l’engagement, le financement est du type relationnel. La banque s’engage donc à suivre son client, même si elle conscient de la probabilité des problèmes. La relation est plutôt du type à moyen et à long terme s’il s’agit d’une banque à l’engagement.

 

 

Cette convention  relationnelle arrange plutôt les entreprises dont les besoins de financement ne peuvent être évalués par la routine. La mise en place d’une « relation de clientèle » est concrétisée  où le prêteur prend à sa charge d’évaluer les demandes de l’emprunteur en portant son jugement sur la qualité de ce dernier. Pour Boot (2000), ce type de financement  relationnel donne l’occasion à la banque qu’il appelle « intermédiaire financier » de collecter des informations caractéristiques, inaccessibles aux autres prêteurs. Selon toujours Boot, la relation entre la banque et l’entreprise, dans un cas de  financement relationnelle s’avère  étendue et durable promettant  une meilleure obtention/livraison d’informations confidentielles. A contrario, dans le cas d’une relation est à l’acte, le financement est du type transactionnel fondé sur une relation plus distanciée ainsi que sur un échange d’information moins intense entre les  deux parties. L’appréciation des informations se montre ainsi  objective, et la connaissance de l’emprunteur serait restreinte à un raisonnement probabiliste. La consolidation est une action qui doit pouvoir réduire l’incertitude. Dans une telle situation,  la relation bancaire est une transaction marchande traditionnelle et les opérations sont rationalisées, les emprunts sont adoptés objectivement, et leurs probabilités de défaut objectivées.

 

Relativement à l’approche transactionnelle, les garanties les plus fréquemment utilisées dans les relations entre le banquier et l’entrepreneur sont les engagements par signature. Le droit bancaire français autorise la banque à délivrer une garantie conditionnelle ou inconditionnelle. Pour cette garantie inconditionnelle, la signature de la banque signifie un engagement irrévocable  et constitue en effet une des meilleures garanties  pour une entreprise.

 

Au fait, un engagement par signature de l’entreprise signifie une autorisation irrévocable de débiter son compte en cas de mise en jeu. Cette autorisation est matérialisée par une lettre d’instruction émanant du dirigeant de l’entreprise.  Quel que soit les engagements des parties prenantes, elles se réfèrent normalement à la RUU ou Règles et Usances Uniformes qui représentent l’ensemble des règles  nécessaires pour l’établissement des lettres de crédit de la chambre de commerce international (CCI). IL est important de rappeler que la RUU[83] est pratiquée par des banques et des entreprises dans plus de 175 pays dans le monde.

 

  1. La banque à l’engagement

 

 La banque à l’engagement  signifie que la banque joue à bon escient ses rôles que l’on peut décrire comme suit, et il est à signaler que ces rôles sont pérennes, justifiés à long terme :

 

Rôle 1. Fournisseurs de services qui concernent les diverses transactions comme la gestion des comptes courants, les encaissements, le paiement internationaux, l’émission de garantie. Et pour assumer conformément ce rôle, la banque se doit d’implanter une infrastructure qui doit permettre tout enregistrement de tout mouvement des comptes, toute conversion de la monnaie fiduciaire en scripturale, les transferts, les extraits  de comptes pour pièces justificatives des opérations. Les transferts électroniques sont courants depuis l’avènement de la technologie numérique.

 

Rôle 2. Conseiller financiers des entreprises, des particuliers et sollicitée comme partenaire à part entière. La banque qui joue à bon escient de rôle est un fournisseur d’informations financière, économique ou commerciale nécessaires aux transactions, et pour ce faire, elle se doit d’avoir une capacité de collecte et d’analyse de données indispensables. Dans ce domaine, son rôle de mettre à disposition de la clientèle une information complète et raisonnable en matière de coût.

 

Rôle 3. La banque est un fournisseur de crédit.   C’est le rôle principal de la banque et c’est observé comme le plus important dans l’environnement économique, néanmoins il fait l’objet d’une série d’ignorance. Ce rôle comporte alors à procurer des crédits aux entreprises. Il reste à relater les crédits indispensables sachant que les critères d’octroi sont remarquablement subjectifs et parfois influencés par des contraintes exogènes comme les réglementations nouvellement acquises.

 

Ces nouvelles réglementations provoquent parfois une certaine incompréhension de la part des entreprises qui ont tendance à les nier. C’est probablement l’effet néfaste de l’insuffisance de la communication de la part de la banque.

 

Rôle 4.  La banque est un fournisseur de produits d’assurance : ceci résulte l’accumulation entre la banque et l’assurance en unité intégrée les amenant à assumer le rôle de conseiller en assure-finance.

 

La liste n’est pas close, Toutefois, les principaux rôles sont énumérés et ceux-ci sont en perpétuelle évolution dans le temps et dans l’espace. Mais toujours dans le cadre de l’observation de la banque à l’acte et de la banque à l’engagement, nous allons profiter de parler un peu du financement bancaire des PME où l’on constate que ce sont les banques commerciales qui en jouent le rôle principal.

 

Etant donné que l’activité économique transférant l’épargne dans le système productif se nomme  l’intermédiation financière et que c’est la banque qui est le principal acteur à ce sujet, elle doit assumer cette mission avec une équilibre quasi-permanente en développant la mission traditionnellement reconnu du public et surmontant les tendances de désintermédiation.  L’une des principales missions de la banque est alors la collecte d’épargne et la transformation de celle-ci en fonds prêtables au service des entreprises qui veulent investir. La banque est en effet l’offreur de services financiers dont les PME puissent en profiter, et la banque devient leur gestionnaire de fonds. Le succès de la banque résulte de sa capacité de satisfaire les besoins des investisseurs qui viennent lui demander des crédits et simultanément sa capacité de considérer les risques y afférents.

 

Il n’est pas ignoré que les PME puisent essentiellement leur financement par emprunt, surtout les prêts à court ou à moyen terme  auprès de la banque. Seulement, la procédure de financement  ralentit à cause de l’asymétrie d’information. Ce n’est que par les relations informelles entretenues par le dirigeant de PME avec son environnement que le système d’information soit accessible. C’est-à-dire que la transmission de l’information est orale, directe et non formalisée. C’est ce qui différencie les PME et les grandes entreprises. Par ailleurs, il est constaté que les PME présentent un profil de croissance irrégulier et une fluctuation de rentabilité plus grande par rapport aux grandes entreprises, un cycle de vie des produits plus court.

 

Du côté de la banque, et du point de vue juridique, elle est définie comme une entreprise ayant pour objet principal d’utiliser, pour son propre compte, en opérations de crédits, les fonds qu’elle collecte. Alors, sur la base de cette définition, une entreprise est considérée comme banque sachant qu’elle collecte du fonds public sous forme de dépôt ou sous d’autre forme d’une part, et sachant qu’elle emploie les fonds pour son propre compte sous forme d’opération financière, d’opération de crédit ou d’escompte.

 

Dans la pratique, la banque est une entreprise de présentation de services divers (Petit-Dutallis, 1981) concernant la monnaie, les actifs financiers, le rassemblement de capitaux. La banque est avant tout un collecteur de fonds et un distributeur de crédits (Bleton ; 1972), tout le reste n’est qu’accessoire. Tous les contrats de crédits ont un trait commun, mais chaque crédit présente un risque particulier donnant les critères d’appréciation et influant les décisions d’engagement de la banque. C’est à cette étape que les entreprises discernent des difficultés où l’on distingue couramment les caractères incomplets de la gamme de produits et des services financiers, les réglementations non accessibles, le cadre juridique défaillant, l’insuffisance d’information hard et soft. La banque écarte les PME qui n’apportent pas suffisamment de garanties, et de même elle écarte les entreprises à taux de rentabilité mais avec un risque de perte élevé également.

 

Mais la banque commerciale  donne plus de chance aux PME en remplaçant le modèle classique d’évaluation des risques par une nouvelle technique qui peut distinguer les PME à haut risque et les PME à faible risque et qui peut détecter celles qui ont la  probabilité de se développer et de survivre. Empiriquement, l’étude de la relation banque/PME  fait connaître notamment la dépendance des PME aux financements bancaires. De cause à effet, les PME représentent une proportion non négligeable de la clientèle de la banque, sachant par ailleurs que l’organisation des PME dépend du contexte particulier qui les caractérise et dépend du rôle central de l’entrepreneur parfois indissociable de l’entreprise qu’est la personne morale.

 

L’évaluation des demandes de crédits se fait sur la base des critères tels que l’actif total pour mesurer la taille, les ratios clés pour calculer le risque financier, pour évaluer la capacité de remboursement Les entreprises en développement  sont pourtant identifiées de par l’instabilité des ratios financiers: (Hutchinson et Ray, 1986). De surcroît, des analyses ont prouvé que ces ratios dépendent d’un faible nombre de clients : (Kalwani et Narayands, 1995).

 

  1. La banque à l’acte

 

Et quand on parle de banque à l’acte, la relation est purement transactionnelle et parfois à court terme. Le crédit alloué est fondé sur des éléments objectifs, c’est-à-dire fondé sur  les informations hard et gratuits telles que le bilan, les divers états financiers. A cet effet, le comportement de la banque reste opportuniste. Tant que la banque soutire de la relation des avantages et que les fondamentaux de la PME sont acceptables et tendent à s’améliorer, tant que la PME se dégrade mais elle envisage la sortie de la relation transactionnelle en vigueur, et elle envisage le désengagement et le remboursement de ses encours, la banque à l’acte demeure ambitieuse de la relation.

 

Pour ce faire, la banque précise dans le document contractuel  tous les détails de la relation contractuelle, à savoir la garantie, le convenant financier, etc.

 

Dans le paragraphe suivant, nous allons étudier plus en profondeur le comportement de la banque où elle doit décider avec sérénité entre la rationalité et la passion, sinon elle va être obligée de jongler pour sortir d’une situation délicate quand elle doit affronter les PME marocaines.

 

2.                  Le comportement des banques,  entre rationalité et passion

 

 

Plusieurs facteurs influencent le choix du type de financement par les banques. Nonobstant, la législation incite les banques dans la passivité. Le plus souvent, le choix de financement dépend des informations analysées et interprétées suivant leurs stratégies. Au fait, la concentration du marché se trouve parmi les déterminants encourageant la banque aux décisions du type de financement. Ceci étant, si le marché est légèrement concentré  en banques, elles exécutent leur choix sans contrainte. A contrario, la concentration du marché excite la concurrence  et amène les banques à établir des relations durables qui leur augmentent également la part de marché tout en considérant les variations de rendements y afférents.

 

L’évaluation d’une demande de crédit est conditionnée par la disponibilité d’information complète, précise et fiable. C’est à ce point que surgissent les désaccords entre la banque et les PME dont les dirigeants cachent une partie importante de l’information.  Cette attitude résulte de la méfiance des entrepreneurs vis-à-vis du système bancaire et des agents de crédits. Mais le mode de gestion des PME influe aussi cette attitude car ce mode  détourne la compréhension   de l’importance stratégique de l’information à fournir à la banque. Au vu de la qualité de l’information, la banque est convaincue que les PME sont les clients les plus risqués.

 

Il est compréhensible l’hésitation des PME à fournir les informations suffisantes car les dirigeants se soucient de la fiscalité, de la concurrence, des coûts engendrés par leur production. Cependant, cette nébulosité entraîne un contexte d’information asymétrique et par conséquent la difficulté de l’accès au crédit.  Le comportement de la banque est suggestionné généralement par trois problèmes, à savoir :

 

  • L’information asymétrique habituellement provoquée par l’écart informationnel entre les internes[84] et les externes, d’où la banque s’appuie sur une information partielle pour établir un contrat de crédit ;
  • La rémunération personnelle du propriétaire qui modifie la modifie en cas d’absence de financement externe. Ceci étant, la liquidité de l’entreprise devient instable eu égard au remboursement des emprunts ;
  • Le transfert de richesse, le transfert de ressources de l’entreprise à d’autres destinations non prévues à l’initial pour s’ajuster au changement de l’environnement, provoquant ainsi l’incertitude de la banque car il y a réduction des disponibles.

 

 

Sur un marché monopolistique d’une banque, elle exécute son choix suivant la qualité des PME (Boot et Thakor). Les prêts relationnels sont accordés aux entreprises ayant une qualité plus ou moins acceptable, permettant à la banque retirer des revenus par rapport aux services produits en renforçant  son bagage informationnel. A contrario, les prêts transactionnels sont attribués aux entreprises de bonne qualité.

 

En général, les banques prospectent un profit sans risque à court terme. Par conséquent, la part de prêt à long terme à l’endroit des entreprises est limitée. Ce comportement de la banque compromise entre la rationalité et la passion doit permettre un contrôle plus fréquent des entreprises contractant les dettes à court terme, doit permettre une révision périodique des conditions d’emprunts réduisant progressivement l’asymétrie informationnelle.

 

Cette stratégie permet à la banque d’accentuer les observations sur les résultats de l’entreprise et de contrôler le risque. L’analyse de la banque est focalisée sur la capacité de remboursement de l’entreprise liée aux résultats financiers. Et cette stratégie départage son comportement aux options rationnelle ou passionnelle. A cet effet, nous sommes contraints à observer la sociologie économique où nous allons développer la théorie de confiance et surtout la théorie de l’encastrement social dans l’octroi de crédit.

 

Section 2 : La sociologie économique et l’encastrement social dans l’octroi de crédit

 

Les recherches de Mark Granovetter vise à démontrer les manques sur la méthode de la théorie économique classique. Effectivement, cette théorie se distingue dans un premier temps par une sous-socialisation dans la description des relations humaines. Granovetter renforce ses raisonnements par les travaux de deux autres grands chercheurs : Thomas Hobbes et Adam Smith. Le premier auteur, dans l’objectif d’aboutir à une organisation sociale et politique efficace, oriente sa recherche dans l’établissement d’un mécanisme qui donne une importance à la confiance et s’oppose aux méfaits. Cet auteur recommande de ce fait l’autocratisme pour s’assurer du bon comportement des hommes en dehors de l’état de nature. Plus l’idée de la liberté progresse, plus les chercheurs se détachent de ce chemin. « Le libéralisme classique et, partant, l’économie classique, proposent une solution radicalement différente. En effet, selon ces théories, il n’est pas nécessaire de recourir à des structures politiques répressives, dans la mesure où les marchés concurrentiels rendent impossibles la force et la fraude »[85].  L’auteur met l’accent sur le fait que, pour les pionniers du libéralisme, l’atomisation sociale est une exigence de la concurrence dans sa forme la plus aboutie. Dans le but de l’obtention des avantages personnels, des relations de confiance s’opèrent de manière naturelle venant des individus et tout en évitant des mauvais actes, leur notoriété pour les futures négociations dépendant des actes accomplis.

 

Les économistes ont pris conscience de la limite de cette théorie qui s’adapte mal à la réalité et ont cherché à réintégrer leur vision de l’économique dans la société. « Dans la description sous-socialisée, l’atomicité provient du fait que les individus poursuivent exclusivement leur intérêt personnel. Dans l’approche sur-socialisée, en revanche (et qui, à l’origine, lui répond), l’atomisation existe parce que les auteurs supposent que les schémas comportementaux ont été intériorisés par les individus et ne sont donc pas affectés par les relations sociales courantes »[86]. Autant les premières et les secondes conceptions sont rejetées par l’auteur. Expliquer l’attitude des opérateurs économiques (surtout sur l’inexistence de fraude ou l’évolution de la confiance) seulement par l’intériorisation de normes, de valeurs ou de coutumes signifie attribuer à tout le monde une tache à la fois fixe et permanente dans la société. Face à de tel procédé, comment s’y prendre pour apporter des explications sur la tendance spontanée des individus à s’adresser à un agent de commerce ou  à un commerçant ou à un fournisseur de service dont ils ont déjà fait connaissance ou dont la renommée ne leur est plus étrangère?  Ces réflexions nous amènent à observer la théorie de la confiance dans la section qui suit.

 

1.                  La théorie de la confiance

 

Il se pourrait que la perte de la confiance générale des organismes soit l’un des impacts les plus globaux de la crise de la finance et de l’économie. La crise économique est aussi la conséquence de la crise économique. « A qui se fier ? », une question qui se fait de plus en plus entendre dont le sujet reste largement à éclaircir.

 

 

La confiance se présente comme une nécessité et devrait s’observer dans bien des domaines pour ne citer qu’au niveau des relations interbancaires, des marchés, des organisations, des particuliers. Le sujet de la confiance a suscité une attention majeure après l’explosion de la crise financière en 2007. Plus précisément, c’est la disparition de la confiance sur le plan économique  qui nous a de nouveau réveiller son rôle social non négligeable. La confiance n’a donc retrouvé son intérêt universel qu’après les problèmes dans le domaine économique qu’elle s’est impliquée.

 

La situation est cependant surprenante. En effet, le champ de couverture de la confiance s’étend à un niveau plus élargi. Dans une première approche, la confiance a pour désir de rendre stable la vie dans sa généralité dans un contexte social où les relations sont incertaines. Comme les théologies qui, depuis la nuit des temps, ont voulu donner aux hommes un moyen de parcourir l’expérience et la collective de finitude, la confiance est également une étape qui vise le même objectif dans le registre profane. La confiance pratique l’ontologie à sa propre façon.

 

Nous avançons dans ces travaux que l’éclatement des problèmes financiers n’est pas seulement le résultat de liberté accordée aux spéculateurs dans leur recherche délibérée de profit et de nous faire face à une nouvelle peur. Malgré le rôle déterminé tenu par beaucoup d’agents de banque aux prétentions démesurées dans l’exécution irresponsable de leur tache, le monde des affaires n’est le seul domaine atteint dans le trouble actuel constaté. L’idée dont il faut se rendre compte ne se limite pas seulement aux fraudes comptables qui au final sont dévoilés. Nous ne trouverons le véritable champ de couverture de la confiance que nous n’acceptons le fait qu’elle touche la globalité de notre existence.

 

Les promesses du néolibéralisme ont été politiquement mises en œuvre à la fin des années 1970 avec les orientations prise par notre monde global. La présomption d’autorité qui devrait être permise aux échanges monétaires s’est démantelée, cela soit par la volonté ou non.

 

 

Nous pensions en effet qu’à la place de la confiance, l’argent pouvait accomplir la tache tacite dite : « l’énigmatique gésine » qui est le chemin conduisant à l’établissement et au maintien des liens sociaux. En effet, la confiance ne s’installe pas dans l’immédiat et son instauration est incontestablement instable. Son établissement et sa pérennité relèvent des actes humains. Mais c’est le ravissement de la force octroyée par la monnaie qui a fait prétendre que ces actes ressemblaient au commerce et que la vie ou la mort dépendait de l’état du marché. La question due à l’action dévastatrice  pendant la crise financière s’est tout de même fait posée l’interrogation : est-il concevable, aussi bien du point de vue technique que du point de vue moral, de se fier au pouvoir démesuré accordé à l’argent ?

 

A cet effet, la monnaie  a, depuis son histoire, démontré la plus ancienne des failles. La « Monnaie Souveraine »[87] qui est devenue  le nouveau « Grand Autre » a réussi une conquête de premier ordre sur le plan mondial. Elle s’est incrustée dans le quotidien en se réduisant à la satisfaction des consommations pour la majorité. Tandis qu’elle a permis aux plus futés d’amasser de plus en plus de fortunes. La crise pourrait toute fois stopper cette routine de vie. Une grande majorité des personnes font l’expérience que l’utilisation de façon excessive de la monnaie dans la vie quotidienne s’oppose à une considérable partie de la dimension communautaire de l’existence. Les riches, dans le contexte social, se considèrent comme étant au dessus de cette société de par leur acquisition excessive de rendement monétaire. Une considération que l’opinion publique s’indigne de leur mépris.

 

Il ne s’agit pas cependant d’avancer qu’elle n’a aucun rôle à prendre dans l’intégration sociale de tous, lorsqu’on parle d’une « mythologie de la monnaie ». Selon J. Birouste[88], s’interroger s’il est une société où l’argent aurait pu ou pourrait ne pas être n’a pas beaucoup de signification. Car elle s’agit d’une fonction devant permettre la circulation aisée des biens, mais n’est pas une chose contingente. En effet, les individus peuvent entrer dans les relations interhumaines, faites d’échanges aussi bien matériels que culturels, grâce à la monnaie mais aussi le langage. Les sociétés humaines existent, comme des communautés de valeurs partageables où la monnaie peut prendre en charge l’une des façons très humaines d’espérer,  en associant ces deux formes de l’échange, appuyées par le lien politique.

 

Une interrogation sur le pouvoir mythologique obtenu par l’argent doit alors se faire sous l’angle où le symbolisme contenu dans l’activité économique y devient un système qui fait que les gens utilisent la consommation de biens matériels pour donner sens à leur vie. Cette interrogation s’effectue non pas parce que le système économique échapperait à la détermination symbolique. Au cours des trente dernières années,  cette structure est devenue le pivot de toutes les ambitions, le trait dominant de la culture[89]. A cet effet, il est certain de dire que celle-ci s’avance vers le carrefour des profits monétaires et des inquiétudes sacrées.

 

Les efforts incitateurs de confiance que furent dans le passé les aspects souverains de l’Etat ou de ce qu’on appelle Dieu, ont été atteints par l’« esprit monétaire ». La liquidité qu’est l’argent aurait donc évidemment dû demeurer infiniment disponible car est considérée comme le modèle d’une telle modernité. Mais les traitements possibles de la monnaie et permis au marché financier de croire en sa capacité à se valoriser lui-même, ont été intensifiés par l’arrivée des circulations électroniques qui suppriment les contraintes de l’espace et du temps. Le droit de chacun à s’identifier à des titres, engendrant cette sorte de nouveau pacte social qu’est « l’individualisme patrimonial »[90], s’est également révélé d’une façon diffuse. Toutefois, la confiance d’une époque a été perdue à cause des hypothèses incertaines de l’économie financière et la violence déstabilisatrice de cette vision du lien social, en plus de la crise.

 

Le fait qu’elle ne suffisait pas et que les relations nouées par l’argent pouvaient se transformer en « valeurs toxiques » a été démontré par l’expérience de la confiance économique. Dès lors, la question qui se pose est : en qui et à quoi pourra-t-on se fier si l’esprit monétaire s’est révélé ne pas être à la hauteur de la confiance placée en lui ?

 

Depuis déjà quelques années, les sciences sociales ont déjà effectué de nombreuses études insistant sur le concept de la confiance. Ainsi, les analyses récentes de ces nouveaux ouvrages travaillent surtout dans le contexte de l’économie marchande. A cet effet, s’il existe une confiance réciproque entre les acteurs, les transactions deviennent alors régulières et à chaque fois très concluantes. Il est alors évident que la confiance tient un rôle primordial dans la croissance économique. La question qui intrigue concerne alors la mise en place et l’usage de la confiance. Ces ouvrages, qui relatent sur la confiance, mettent surtout en évidence la remarquable informalité. C’est cette dernière qui permet l’accord de la transaction entre les représentants de la banque et les marchands de marchands de diamants[91]. En étudiant l’ouvrage qui a mis en évidence les particularités de ces acteurs, il en résulte qu’ils détiennent une relation personnelle. Avec des acteurs réduits, le « réseautage » est appuyé. Toutefois, une autre analyse récente vient de contredire ce point de vu en insistant sur le fait que les organisations sociales supposées promouvoir la confiance faisaient aussi preuves de monopole désavantageux (cartel)[92]. Ainsi, certains ouvrages mentionnent d’autres facteurs constituant la confiance telle que l’expérience vécue[93], les influences culturelles[94], la notoriété[95] et les garanties[96]. Des recommandations afin de promouvoir la confiance[97] peuvent être en tiré.

Suite à une étude approfondie du concept de l’économie par les néo-institutionnalistes, Williamson a alors voulu analyser le concept de trust dite confiance. Il essaie donc de relier le concept de cette dernière avec ceux de l’économie traditionnelle. Guinnane persévère sur la même voie. Il démontre dans une analyse récente que le concept de la confiance se désintégrerait en matière d’économie dans le contexte où il subsiste des sujets d’information et de possibilité de sanction[98]. Afin d’approfondir la notion de confiance, il est nécessaire, tel que Coleman le précise, que l’acteur ait une confiance par rapport à un autre acteur (trustor)[99]. Même s’il ne détient qu’une vague information sur ce dernier, il mise de façon rationnelle sur le fait que le bénéfice s’estime plus considérable que la perte. A cet effet, il est tout à fait compréhensible que la conclusion d’une transaction se repose aussi sur l’ampleur et la probabilité du gain ou de la perte. Cette probabilité, en cas de concrétisation, découle  particulièrement des informations qu’il possède. L’information peut provenir de toute une large facteur.

  1. Origines de la confiance

L’origine de la confiance constitue encore une controverse incessante. Toutefois, c’est suite à la connaissance de cette origine qu’il est possible de la stimuler. Bons nombres de théoriciens ont mis un accent sur cette source de la confiance en essayant d’énumérer avec des démarches empiriques les différents types de confiance.

Le tri minutieux des différentes sources proposées dévoile que deux catégories de sources se distinguent et qu’il semble important de les exposer. D’un coté, il existe des sources « directes » de la confiance qui rassemblent les facteurs opérant sans entremise sur le niveau de confiance de l’agent économique envers son interlocuteur. De l’autre coté, la confiance détient aussi des sources « indirectes ». Dans les ouvrages spécifiques, les théoriciens en relatent dés fois comme du deterrence-based truts[100] , du trust as an encapsulated interest[101] ou de credible committments[102]. D’après ces théoriciens, ces termes pourront avoir un sens plus restreint. A cet effet, ce sont les facteurs qui s’appliquent afin de favoriser ou de réfréner le trustee, connu plus clairement comme étant le destinataire de la confiance[103], à respecter sa part du contrat stimulant ainsi indirectement la confiance de l’autre agent.

D’après Williams, ce type d’encouragement semble même essentiel pour instaurer la confiance. Il impose alors que la conception des structures ainsi que des assurances devraient obligatoirement se faire afin de produire la coopération[104]. Cette deuxième source de la confiance est discordante avec les pensées de la confiance formées sur les intentions[105] du fait que pour ces pensées, le fondement de la confiance reste le fait que le destinataire de la confiance considère les avantages de l’autre agent. Cependant, il est nécessaire d’examiner ces deux types de sources de la confiance.

A.1. Sources directes

  • La compétence.

Sako a mis au point une typologie de la confiance qui se base sur le critère de la source de la confiance. Elle spécifie la confiance basée sur la volonté d’un acteur à respecter son engagement de la confiance (intentions trust) par rapport à l’aptitude qu’il a le faire (competence trust)[106]. Cette différenciation constitue un point fondamental dans le contexte où un agent qui cherche vraiment à tenir son engagement n’a pas la compétence pour le réaliser. L’agent ne devrait pas être pris au sérieux[107]. A cet effet, les aptitudes et les accréditations tiendraient une fonction capitale dans la conception de la confiance[108].

  • Les échanges passés ou attendus.

Lynne Zucker, une des sociologues qui s’est penché sur l’étude, repère la confiance fondée sur l’existence d’échange pouvant être passés ou attendus tel que les échanges de présents ou la notoriété[109] (process-based trust). Elle considère aussi la confiance qui se base sur des traits personnels involontaires comme le genre ou encore l’ethnie  (caracteristic-based trust)[110].  Le dernier fondement pour cette sociologue constitue les institutions telles que les associations estudiantines (institution-based trust)[111]. D’après Lynne Zucker, ce sont les trois systèmes qui façonnent la confiance (modes of trust production).

  • Les éléments de validation.

Servet insisterait surtout sur la notion d’éléments constitutifs de la confiance. C’est sa manière à lui de montrer l’origine de la confiance[112]. Entre autre, deux de ces notions sont très intéressantes. En effet, elle  donne l’occasion de vérifier que  la confiance s’établit. Cette première notion démontre l’existence d’éléments de validation construits. Ces éléments peuvent prendre plusieurs formes. Servet indique la mémoire comme sa deuxième notion. Cette mémoire peut être soit collective ou soit individuelle. Ce seront les vécus, les pratiques [113] qui l’instituerait. D’après ce théoricien, la mémoire se manifeste comme « l’élément fondamental puisqu’il condense tous les autres[114]».

  • L’expérience.

Beaucoup de théoriciens persistent pareillement sur la valeur de l’expérience vécue telle qu’une source de la confiance. Elle pourrait être formée de la conscience personnelle de l’acteur qui fait confiance en son négociation ou de la particularité. Pour cette dernière, la confiance pourrait ressortir suite à la reconnaissance des qualités des membres de la collectivité. C’est à cet effet que l’unité collective soit comprise la plus part du temps  dans les ouvrages  tel qu’un  facteur de la confiance[115]. Elle faciliterait l’instauration de la confiance vue qu’il existe des corrélations entre les acteurs. Russell Hardin argumente l’importance de l’expérience lors d’une session ayant la confiance comme thème[116]. Il illustre son discours avec une situation qui se passe au Moyen-Orient. Un touriste tient à acheter un tapis sans avoir pris de l’argent avec lui. Le vendeur de tapis fait confiance au touriste et lui donne la possibilité de prendre un tapis de son choix. Le vendeur demande seulement au touriste d’apporter son argent  plus tard. Hardin justifie ainsi que si le vendeur décide de faire confiance à ce touriste, c’est du fait qu’il est habitué à ce genre de situation. L’expérience a donc permis à ce vendeur d’adopter une attitude basée sur la confiance en évidant toute méfiance envers le touriste.  Son expérience lui a alors été profitable. Servet[117] et Williamson[118] illustrent aussi l’importance de l’expérience avec un exemple ordinaire. Ils prennent le cas d’un chauffeur de taxi qui conduit un client. Cependant, le chauffeur n’est pas en mesure de déterminer si la personne qu’il conduit à les moyens pour payer son course. Servet décrit alors le caractère du chauffeur. Le chauffeur agit en effet avec routine. C’est Nooteboom[119] qui conclut l’exemple du fait pour lui la routine pourrait alors inciter une personne à avoir confiance à une autre.   Au fur et à mesure où deux mesures sont en étroites relations, ils auront de plus en plus d’affinités ainsi la probabilité de coopération serait élevé[120].  Partha Dasgupta le reformule en quelques mots : « For trust to be developped between individuals, there must have been repeated encounters, and they must have some memory of previous encounters[121] ».

  • L’évolution psychologique.

Hardin tient aussi à mettre l’accent sur l’évolution psychologique des individus. D’après lui, cette évolution a une influence majeure sur le comportement de méfiance ou de confiance[122]. Cette situation se reposerait donc sur leur vécu relationnel. Chaque personne cherche surtout à constater l’évolution d’une coopération afin d’accroître leur confiance. Les échanges tiendraient une fonction primordiale dans ce contexte[123].

A.2.  Sources indirectes

Certaines études se reposent sur le fait que la confiance pourrait se baser sur le fait que la personne destinataire de la confiance détient beaucoup de motifs pour opérer dans l’unique intérêt de la personne en confiance. Dans ce contexte, le sujet concernerait surtout les sources « indirectes » de la confiance du fait que les événements animent le destinataire de la confiance. Une personne n’aurait aucune méfiance envers une autre personne si cette dernière se conduit de manière coopératif sans être arriviste.  Nombreux cas de ce genre sont donc dévoilés dans les ouvrages qui étudient sur la confiance. Chacun de ces cas sera relater précédemment.

  • Désir d’établir une relation à long terme.

Dans la condition où chaque entité cherche à nouer une relation à long terme, le trustee se doit donc opter pour une conduite coopérative. Une situation qui inciterait le trustor à avoir confiance. Les acteurs conçoivent alors la confiance comme un bien qui peut se dissoudre  en ayant une attitude opportuniste[124]. Russell Hardin a largement soutenu cette théorie dans ces ouvrages[125]. Il affirme donc : « The trusted party has incentive to be trustworthy, incentive that is grounded in the value of maintaining the relationship into the future. That is, I trust you because your interest encapsulates mine, which is to say that you have an interest in fulfilling my trust. It is this fact that makes my trust more than merely expectations about your behavior[126]».

James Coleman partage l’avis du théoricien en le reproduisant dans un exemple concret.  Un fermier vient d’acquérir une nouvelle ferme. Cependant, l’enrobeuse[127] en sa possession vient tout juste de s’abimer.  Afin de prévenir contre la moisissure de ses foins, le fermier se fait aider par un habitant de la région en vue de rouler son foin. Il a pour seule condition d’acquitter des essences indispensables à l’opération. D’après Coleman, si le fermier a secouru le nouveau fermier, c’est surtout de recevoir le même aide si son enrobeuse lui lâcherait. Le fermier agit donc de manière « altruiste ». Le théoricien passe donc à un « placement de confiance » (placement of trust)[128]. Le fermier fait ainsi un investissement à long terme avec celui qu’il aide. Dans certain ouvrage, cette situation s’intitule le reciprocal altruism[129].

  • Les « otages ».

D’après l’ouvrage qui relate sur la descriptive de la confiance[130], l’acteur A verrait l’acteur B   intervenir en son intérêt. L’acteur B doit donc attribuer un « otage » à l’acteur A.  L’ « otage » peut posséder plusieurs formes.

  • Sauvegarde de la réputation.

D’après Hardin, la réputation pourrait tenir une fonction de même nature. Elle admettrait de « sanctionner » les attitudes opportunistes. Il  éclaircit donc en affirmant que la confiance peut  ressortir de la situation suivante. Un acteur est conscient que l’autre acteur détient des échanges avec certaines personnes qui pourraient se terminer par une cessation de promesse[131]. Dasgupta[132] est de cet avis. Il représente donc la réputation telle qu’un « actif » (asset)[133]. Cette situation se refléterait surtout dans une relation à long terme[134] ou au moment où la collectivité est limitée  voir même dans les puissants réseaux de communication (thick relationship). Dans ces derniers, l’onde de choc déclenchée par une attitude opportuniste persisterait de manière très considérable[135]. Selon les propos de Klein[136], il serait inadapté de prendre individuellement la réputation comme dispositif produisant la coopération.

  • Les intérêts liés.

Buckley évoque un genre d’exigence commune attribué dans le but de déconseiller les attitudes opportunistes, le théoricien l’intitule donc union strategies[137]. Cela implique la liaison de l’intérêt du trustor avec celui du trustee. Le théoricien prend comme illustration les entreprises familiales. Les salariés détiennent des bénéfices directs et sont persuadés à être plus impliqués et dignes de confiance.

  • L’asymétrie de pouvoir.

Farell précise dans l’un de ses écrits le pouvoir comme source de la confiance[138]. Il démontre qu’à un certain moment donné, le pouvoir de l’acteur A influent B. Ce dernier agit donc de manière coopérative. Il gagne alors la confiance (trustworthy) d’A. Farell illustre alors la situation en prenant le cas des sous traitants et des donneurs d’ordre. Quand l’effectif de ces derniers est restreint, ils contractent un pouvoir qui affecte la relation avec les sous-traitants. Il pourrait donc en résulter que les sous-traitants peuvent perdre confiance.  Dans le cas contraire, il serait tout à fait possible que le pouvoir qu’exercent les donneurs d’ordres leur procure de l’assurance. A cet effet, les sous-traitants retiennent l’intérêt des donneurs d’ordres dans leur travail. Dans un contexte où les donneurs d’ordres ont la possibilité de décider, les sous-traitants qui ont des contrats en main ferraient tout ce qui est nécessaire afin de les maintenir.

  • Les engagements.

Il y a deux types d’engagement. Il y a tout d’abord les engagements moraux  et ensuite les engagements contractuels. Ces engagements détiennent la possibilité de produire la confiance en exigeant la coopération de la partie qui semble intéresser par l’opportunisme. D’après Brousseau, les contrats autoriseraient la création d’une condition avantageuse à la confiance. Le théoricien affirme : « […] les contrats sont des supports nécessaires à l’établissement et au maintien de conjectures de confiance lorsqu’elles s’avèrent nécessaires et lorsque d’autres dispositifs institutionnels sont incapables de générer la confiance ou la sécurité »[139]. Il expose ainsi la confiance telle qu’un « produit » du contrat. Les garanties détiendraient une répercussion similaire[140].

Le contrat arrivait à créer la confiance[141] dans la mesure où il crée des garanties admissibles par le système judiciaire, il apporte d’innombrables intérêts entre les parties et annonce officiellement la volonté de coopérer. Il est évident que cela implique la présence d’institutions qui garantissent le respect des droits relatifs aux contrats[142]. En ce qui concerne les engagements moraux, Dasgupta declare: « [i]t is often the case that the mere fact that someone has placed his trust in us makes us feel obligated, and this makes it harder to betray that trust[143]». Ce type d’engagement peut se montrer sous l’aspect d’une promesse. Le trustee serait dans l’obligation de respecter son engagement. La moralité lui encourage donc à honorer sa promesse[144]. A cet effet, attribuer sa confiance à une personne implique l’activation d’une norme de réciprocité plus précisément l’obligation morale qui pénalise tout aspect d’opportunisme[145].

  • Les normes.

Le contexte normatif tient une fonction importante pour établir la confiance. Bons nombres de théoriciens ont revendiqué que des réseaux sociaux limités et performants avaient pour conséquences la production de la confiance[146]. Cependant, Sheilagh Ogilvie[147] a critiqué ce point de vu. Les normes sociales[148] ou légales[149] constitueraient des bases pour la source de la confiance. Pour le cas de Bidault, cette base dans le monde des business asiatique figureraient parmi les normes de comportement spécifiques de la société à savoir la solidarité, le dévouement et l’honneur[150]. Ces normes montreraient aux membres de la société le comportement idéal. Dans le cas où il y aurait un manque d’un droit des contrats, une toute autre théorie vise à ce que les réseaux ethniques soutiennent les échanges en encourageant la confiance[151].

  1. Rôles de la confiance

Dans les ouvrages spécifiques à la confiance, cette dernière est toujours reconduite à son idée générale. La confiance constituerait dans le but d’égaliser les rapports sociaux, de privilégier les relations entre les acteurs économiques[152]. Alain Peyrefitte[153] et Francis Fukuyama[154] représentent même la confiance comme un principe de développement[155] tandis que Niklas Luhmann la conçoit comme un dispositif favorisant la réduction de la difficulté de la vie[156]. Anthony Pagden, lui, tenait à décrire la trouble de la prospérité face à un manque de confiance[157]. Pour les économistes, la confiance est vue comme un lanceur de transactions ainsi qu’un motivant à l’investissement. Cette facette économique[158] des ouvrages sera alors relaté dans les quelques lignes qui suivent. Afin de tirer les rôles de la confiance, il est surtout important dans le monde de l’économie de connaitre ses apports en matière de transaction dans les marchés. La vigilance permet aux acteurs potentiels de la transaction de déterminer les attitudes  arrivistes. Cette détermination incitera ces acteurs à minimiser les couts. La vigilance détient aussi son propre coût mais celle-ci peut être minimisée par la confiance. En effet, cette dernière aurait donc pour rôle de simplifier les transactions.

 

Butter et Mosch reproduit ce cas en mettant en relief trois phases dans une transaction économique, plus exactement dans une transaction commerciale. Ces trois phases sont donc la phase de contact, la phase de contrat et la phase de contrôle. Pour la première phase, les acteurs recueillent surtout les informations fiables concernant leur interlocuteur. Dans la deuxième phase, les deux parties débattent concernant la division des bénéfices. Pour la troisième et dernière phase, les deux parties tiennent à contrôler l’accomplissement de l’entente. Ces démarches incluent un coût inhérent. Ce dernier peut tout à fait être réduit dans le contexte où la confiance, informelle (informal trust)[159] et formelle (formal trust), entre les deux parties augmenterait. Dans la circonstance où la confiance est considérable, les acteurs économiques détiendraient une infime ressource afin de se protéger des comportements arrivistes pendant les phases : contractuelle et précontractuelle.  Dans cette dernière, les deux parties n’auront pas besoin d’allouer une somme pour les litiges. Cette somme serait surtout utilisée afin de mieux exécuter le contrat surtout pour le long terme.  Bons nombres d’auteurs insistent sur le sujet de confiance supplémentaire au contrat. Ils affirment que la confiance consentirait à éviter une certaine dépense de garantie, ce qui minimiserait le cout de la transaction[160]. La confiance tiendrait une fonction essentiellement capitale dans des types de transactions comme les trust-intensive goods[161] ou encore pour les trust-sensitive transactions[162].

 

Une longue liste d’expérience a été effectuée afin de présenter que la confiance remonte l’économie. Ces théoriciens Knack et Keefer justifient cette relation par différents éléments[163]. D’après eux, les sociétés ayant un niveau de confiance élevé sont plus indépendantes des établissements judiciaires concernant la mise à exécution du contrat. Ils affirment aussi que là où le niveau de confiance se trouve à point maximal, la crédibilité et la stabilité se reflètent dans les politiques gouvernementales. A cet effet, les agents économiques ont la possibilité de choisir des comportements optimaux concernant leurs décisions d’investissement. Il serait plus bénéfique pour eux d’opter pour le long terme. En plus, pour ces théoriciens, ces sociétés à niveau de confiance élevé feront bénéfice en investissant dans le capital humain. L’accès au crédit pour les personnes en difficultés est plus simple étant donné que ces sociétés engagent par rapport à la niveau intellectuel non pour des raisons de parentés. Knack et Keefer ont usé des multitudes d’indices afin de mettre en évidence d’un coté la confiance et les «normes de coopération civique[164]»  et de l’autre coté la confiance et la performance économique.

 

Comme ils se basent sur des sondages effectués à l’échelle mondiale de la « confiance généralisée », ils essaient donc de prouver que la confiance et la coopération civique détiennent une corrélation à une très considérable performance économique.  Cependant, Zingales, Sapienza et Guiso préservent le concept que la confiance a une conséquence sur le marché et l’investissement, ils argumentent que cette conséquence de la confiance serait moins importante si l’information concernant le pays du destinataire de la confiance est considérable[165].

 

La confiance renfermerait des sources qui se divisent en deux catégories. D’un coté, il y aurait les sources « directes » de la confiance. Elle regroupe la compétence, les échanges passés ou attendus, les éléments de validation, la mémoire, l’expérience et l’évolution psychologique des individus. De l’autre coté, la confiance a aussi des sources « indirectes ».  Les intérêts liés, les otages, l’asymétrie de pouvoir en font partie. L’étude des rôles de la confiance démontre une fonction primordiale de la confiance : elle permet  de stimuler l’échange et de minimiser les coûts de transaction. Il est probable que la relation entre la confiance et la confiance reste encore assez floue, la confiance arrive encore à y diminuer les coûts de transaction.

 

2.                  La théorie de l’encastrement social.

 

 

Après les travaux de réflexion de Granovetter[166], la notion d’encastrement se distingue comme le noyau dans la nouvelle sociologie économique (Steiner, 2002). En analysant vivement la valeur et la polysémie du concept, il est clair que le fondement de base consiste surtout  à se retourner vers les controverses entre Granovetter et Polanyi. Nous allons évoquer subséquemment des définitions d’un point de vue politique et réticulaire. La spécificité, qui pourrait être aussi l’éventuelle complémentarité prouvée par Granovetter (2000), démontre l’idée que pour  Polanyi, l’étude de l’institution ne se limite pas à l’analyse de la cristallisation de réseaux de relations personnelles. Elle introduit un modèle historique duquel la vertu heuristique a été mise en évidence notamment par Le Goff (1986 : 19-20). La démarche de Polanyi, ramenée à la modernité démocratique, favorise la mise en évidence d’un mouvement tandem distinguant les relations entre économie et société. Au fur et à mesure de l’analyse, la différenciation entre les deux analystes se montre dans un modèle pluriel de l’économie.

 

La controverse Granovetter – Polanyi

 

Afin de se séparer avec une pensée de la décision économique qu’il désigne d’atomisée, Granovetter a repris la pensée d’encastrement[167] de Polanyi (1983). Il déclare alors que l’action économique subsiste étant « encastrée » au milieu de réseaux de relations personnelles. Ce genre d’encastrement réticulaire arrive sur la construction sociale institutionnelle telle que le reproduit la source de l’industrie électrique américaine. Dans le fondement de ce genre d’institution, différents éventuels historiques subsistent et la disposition qu’elle porte découle manifestement de la cristallisation de plusieurs remarquables relations personnelles. Si cette institution se présente de nos jours en situation de stabilité, son histoire révèle qu’elle était en capacité de s’évoluer en prenant en considération les moyens de configurations institutionnelles différentes.

 

 

Ceci dit, l’industrie dans sa situation actuelle n’argumente pas en matière d’efficience. Il existe aussi différents facteurs à considérer entre autres les réseaux de relations personnelles qui précisent laquelle des solutions choisir. L’étude des réseaux peut à cet effet être employée dans le but de discerner les éléments explicatifs de la formation institutionnelle. D’après Granovetter, les institutions peuvent être définies comme étant des « réseaux sociaux figés ». Cette manière de considérer les institutions a été estimée tel qu’une des limites du modèle de Granovetter selon certains représentants d’une autre tradition sociologique.

 

 

Dans le préambule à la traduction de ses ouvrages dans la langue française, le théoricien reconsidère cette affirmation en reconnaissant que la sociologie économique anglophone a la faculté d’avoir une disposition à négliger les vigueurs culturelles et politiques qui outrepassent les réseaux. Il y distingue une éventuelle complémentarité avec une sociologie économique française influée par Polanyi. La distinction de ces deux registres produit une clarification qui soulève des incertitudes rattachées au concept d’encastrement. D’après Polanyi, l’économie enduit la totalité des activités résultant de dépendance de l’homme à la nature.  Ce théoricien indique, par encastrement, l’inscription de l’économie dans des conditions politiques, culturelles et règles qui dirigent certains types de production et de circulation des biens et services. Selon Granovetter, l’encastrement analyse l’intégration des actions économiques dans des réseaux sociaux, qu’il est nécessaire de développer à commencer par relations personnelles et de ses structures. Il consiste à fonder les bases sur des réseaux sociaux qui peuvent entre autre décrire les étapes empruntées par les institutions dans leur évolution. Quelques choix techniques les relancent vers des relations de confiance entre dirigeants de l’institution et experts. Il en résulte alors que ces étapes s’achèvent dans une économie marchande.

 

 

Granovetter suggère ainsi d’éclaircir quelqu’un par rapport à ces parcours d’institutions liées exclusivement à l’économie marchande. Ce point se différencie au concept de Polanyi qui est axé sur l’éclaircissement de la dynamique du marché et l’étude de ses effets sur la démocratie. Il se dégage de cette décomposition de la pensée, concernant l’encastrement, une opportunité d’en rassembler les divers sens pour une sociologie de l’économie contemporaine. Ces sens de l’encastrement peuvent ne pas être contradictoires mais médités en complémentarité. Granovetter recommande alors de réduire les critiques dédiés au Polanyi polémique et d’admettre les apports du  Polanyi « analytique ». Il est possible d’étudier l’économie de marché en incluant les points relationnel et institutionnel sans lesquels son déploiement serait impossible. Les réseaux relationnels sont essentiels à la compréhension de certains marchés tels que le marché du travail ainsi qu’à l’explication de quelques stratégies d’entreprises. Les choix d’investissement sont désormais très expansifs. Il en résulte alors que des décisions institutionnelles réacquièrent l’intervention de réseaux personnels décrivant de façon clair et précis l’option sélectionnée. Le point analytique de Polanyi agrée à l’étayage de relations marchandes sur des réseaux de relations.  Il en est de même pour l’encastrement sur lequel il s’appuie, il fait sortir des limites appliquées à la logique du marché par la communauté des citoyens. Lorsqu’il découvre l’économie telle qu’un processus institutionnalisé, il désigne à quel point l’autonomisation de l’activité économique constitue un projet politique auquel d’autres choix peuvent surgir. Mis à part les ouvrages sur l’encastrement historique, il énonce le concept d’un encastrement politique commentant en partie les types considérés par les activités désignées comme économiques dans une institution. A part ces types d’étayage sur des contacts interpersonnels, une partie considérable du marché est bordé par des sociétés qui mettent en œuvre particulièrement des règles sociales ou environnementales. La liaison étroite entre les marchés et de ces institutions peut être reclassée dans une concentration historique entre régulation et dérégulation. Cette concentration dite surtout tension historique constitue une base de l’économie de marché dans la modernité démocratique.

 

L’encastrement consiste à l’insertion dans le monde de financement des projets de création des PME, un ensemble hétérogène de lois sociales, politiques et culturelles, soutenu par la mise à disposition des fonds par les établissements bancaires pour concrétiser des échanges économiques prometteurs  et pérennes.

 

Plus spécifiquement, l’investigation de Granovetter forme une des branches qui constituent la Nouvelle Sociologie Economique (NES). Pour cela, elle se base sur trois fondements généraux qui, regroupés, lui accordent un caractère théorique unique : « 1- l’action économique est une forme d’action sociale, 2- l’action économique est socialement située ou encastrée, 3- les institutions économiques sont socialement construites, on peut les concevoir comme des ‘’réseaux sociaux figés ‘’[168] ». Selon Granovetter (1974, 1990), c’est l’intégration dans des réseaux de relations entre des individus que naissent et existent toutes les actions économiques. Il use dans sa recherche le concept de réseaux sociaux et établit de l’intégration des actions économiques dans des structures relationnelles (Granovetter, 2000).

La théorie de l’encastrement sera l’outil sur lequel Granovetter traduira l’insertion sociale. En attribuant une importance effective l’idée d’un encastrement social relatif, Nous distinguons que le concept de Granovetter est plus souple, même dans la vie sociale de notre ère, qui baigne le plus à l’ordre marchand à partir d’un environnement singulier. Revoyons brièvement les particularités de l’encastrement cognitif et son étendu vers les relations entre la banque et l’entreprise. D’après Steiner, (2002) « l’encastrement cognitif se réfère à la fois à la psychologie cognitive et à la théorie de la décision ». Il explique que les agissements comportementaux de l’homme, considérés comme conscients et réfléchis, dépendent de la connaissance de la situation vue par chacun, il pense de ce fait qu’il s’agit entre autre d’une question de compréhension et d’interprétation. En admettant que le caractère préférentiel de chaque individu est instable et à la fois intransitif et l’émergence progressive des facteurs de raisonnement dépend d’un contexte spécifique, Caillé (1995) recommande d’orienter l’attention sur les procédés sur les quels les acteurs économiques visualisent le monde, apportent des solutions et réagissent face aux situations. Dans cette vision, le caractère cognitif appuie l’avis de Simon (1978) qui affirme la limite de la rationalité en lui attribuant un aspect subjectif, ce qui pousse à reconsidérer totalement les principes de base de la théorie néo-classique.

Tel que les auteurs de l’Ecole de Carnegie (March, 1991) l’ont fait remarqué, La rationalité des dirigeants, tout aussi bien celle des agents de la banque est, « limitée, subjective, cognitive voire contextuelle ». L’encastrement cognitif correspond donc aux limites examinées du modèle néoclassique de la rationalité omnisciente et remet en doute incontestablement l’idée de considération d’une ‘hyper-rationalité et de transparence des modèles économiques classiques.

La plupart du temps négligés par la théorie économique conventionnelle, la place d’éléments indispensables sont mis en relief ici : le rôle occupé par l’incertitude et sa diminution par les routines de l’organisation, la prépondérante place de la notion d’organiser l’attention des acteurs, le caractère instable des préférences des dirigeants et les processus décisionnels qui relève un aspect confus, souvent considéré comme des acquis inutiles (Cohen, March et Olsen, 1972). Le terme structural nous est utilisé pour décrire l’agencement structurel de la banque et des PME, ceci dans le but d’établir le mode de structuration et de nouement des réseaux relationnels du domaine de financements des entreprises. A ce propos, nos remarques sur le plan théorique et nos analyses sur le plan de  développement des connaissances expérimentales sont intéressées de la méthode par structuration. Effectivement, l’encastrement structural des pratiques de recherche de travail a été mis en valeur par Granovetter (1974) dès le début de ses recherches empiriques qui consolide l’intégration des liens économiques dans des « systèmes durables et concrets de relations sociales », (Swedberg, 1994). Ce qui laisse entendre une insertion dans une relation sociale composé de liens d’amitié et familiaux.

 

A sa manière, Plociniczak (2002) avance, d’après ses observations sur les pratiques des dirigeants d’entreprise de Lens, qu’un caractère innovant du fondement social de la création d’entreprises est fourni par l’encastrement. Dans cette illustration, l’idée d’encastrement est utilisée pour éclaircir comment le comportement du dirigeant est encastré dans un au sein d’un système stable de relations sociales. L’influence exercée par les variétés de relations évoluent dans le temps par la réitération d’échange avec d’autres acteurs caractérise l’encastrement relationnel de l’opérateur économique. L’essence de « contacts dyadiques mutuels, connectés à d’autres » est affectée à l’encastrement de structuration du dirigeant d’entreprise. La contextualisation de l’action économique de l’entrepreneur est ainsi indiquée par « l’encastrement réticulaire » dans la situation d’instauration des entreprises (Steiner, 2002). Cette représentation se fait en fonction d’un modèle continu et complexe de démarche sociale où l’idée de lien social est effective. L’assurance d’une existence durable de l’entreprise, mais également la facilitation et la limitation des actions des entrepreneurs sont générées par les ressources et par la structuration des réseaux où ces entrepreneurs prennent place.  Le fondement de la recherche ne représente plus ainsi l’image d’un entrepreneur à la recherche de son unique profit, mais  se base sur ses interactions avec les acteurs de son réseau de relations.

L’enrichissement de l’analyse de Granovetter est également voulu en développant l’appréhension du concept d’encastrement. Animer une méthode plus ouverte en impliquant dans un cadre d’étude  plus étendu, ce qui nous permette de conjuguer une « multiplicité d’encastrements » qui donnent à voir les réelles pratiques de gestion, peut contribuer à cet enrichissement de l’analyse. La signification culturelle des rapports économiques peut également intéressée la sociologie économique. Dans cette même logique, Granovetter (2000) lui-même a reconnu la nécessaire complémentarité de l’inscription sociale des pratiques de gestion. Par conséquent, cette dernière n’est pas antinomique à la signification culturelle des échanges économiques.

L’encastrement social de la transaction : Justifier l’existence de systèmes informels de circulation de l’information et de régulation sociale est l’une des contributions de la sociologie économique. Des réseaux sociaux favorisant l’accomplissement de transactions dans des situations où le doute ne peut pas être diminué de façon formalisée, sous-tendent cette régulation sociale. Toujours selon Granovetter (1973), les interactions économiques se mélangeant avec des interactions sociales (lien familial, amical, associatif, etc.) et dont, la qualité de ces dernières, influence la transaction économique, peuvent définir l’encastrement social de la transaction. Le lien social forme un système plus efficace pour la coordination économique par rapport au lien contractuel, et vient couvrir les déficits du marché, dans le cas où la situation est incertaine (Granovetter, 1985, 2005).

Les sciences économiques ont inclut petit à petit la fonction des réseaux sociaux dans la coordination économique valorisée par la sociologie vers les années soixante et soixante-dix. « Cette importance informationnelle des réseaux sociaux est maintenant pris en compte par les économistes dans leur démarche de travail »[169]. Plusieurs interrogations sur la dynamique des réseaux sociaux sont encore d’actualité en dépit des nombreuses études dans divers domaines des sciences sociales : « Quelles sont les origines de ces réseaux ? Comment et pourquoi les agents construisent-ils des liens sociaux ? Quelle est la dynamique d’évolution de la structure des réseaux ? En quoi les institutions interviennent-elles dans le processus d’accumulation de capital social par les agents ? »

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Conclusion Chapitre 4

 

Au sein de plusieurs disciplines sociales comme en sociologie, en économie, en théorie des organisations et en théorie des systèmes complexes, la dynamique des réseaux sociaux est apparue comme une problématique fondamentale, à partir du début des années 2000. Pour chaque champ théorique différent, des réponses ont été apportées partiellement. La structure actuelle du réseau repose de sa structure antérieure selon certains sociologues. Par conséquent, les liens qui peuvent être créés par les agents et donc, structure à venir du réseau, sont définis par les opportunités offertes aux agents par le réseau (Madhavan, Koka et Prescott, 1998; Zaheer et Soda, 2009). En fait, c’est un aspect de déterminisme structurel de la dynamique des réseaux sociaux. D’autre part, pour les économistes, la création du lien social résulte de la volonté stratégique de l’agent qui optimise son utilité (Bala et Goyal, 2000). Dans ce cas, d’après Jackson et Roger (2007), « le matérialisme des agents est l’origine qui rend ces réseaux actifs ».  En théorie des organisations avec surtout les études de Powell et al. (2005), des constatations semblables sont évoquées. Ces études affirment que dans le domaine organisationnel, englobant l’industrie des biotechnologies, la création et le dénouement des relations entre les divers types d’organisation (groupes pharmaceutiques, laboratoires de recherche, start-ups biotech, sociétés de capital-risque, etc.) dépendent de l’intérêt économique des agents. Pour sa part, la dynamique de la mise en place des rapports sociaux, comme une démarche indéterminée, a été embarquée dans un premier temps par la théorie des systèmes complexes. Dans ce champ scientifique, une intentionnalité des agents a été introduite par des études plus récentes. En fait, dans le cadre de comportements d’apprentissage par mimétisme (Helbing et al., 2009) et de réaction à des incitations économiques (Schweitzer et al., 2009), ces agents tissent des relations sociales. Donner avec la notion d’« encastrement social », un élément supplémentaire de diminution du risque courant à la transaction dans le cas d’une imperfection de l’information, est un apport essentiel de la sociologie économique (Granovetter, 2005). Il est nécessaire de différencier la « coordination économique purement marchande » de la « coordination économique encastrée ». Une totale désocialisation caractérise la première dans sa forme idéale tandis qu’une socialisation de l’échange économique particularise la deuxième. Ainsi, lorsque l’échange économique peut se réaliser, à partir de l’interconnaissance direct ou indirect des agents appartenant à un réseau social unique, la coordination économique est désignée d’encastrée.

 

En effet, il y a un partage plus important et plus parfait d’information  entre tous les agents. Ces informations obtenues diminuent le doute lorsque les agents économiques   font appel à leurs réseaux sociaux préalablement à l’échange. (Ferrary, 1999; Uzzi, 1999 ; Zaheer et Soda, 2009). La valeur du lien social présent entre les acteurs avant l’échange pour formaliser une opération, est reconnue par le droit des contrats, avec la notion d’Intuitu Personae. Dans une transaction contractuelle, la personne engagée dans le contrat ou ses comportements fondamentaux conditionnent la conclusion et la réalisation du contrat. L’expression «en fonction de la personne» est la véritable traduction de cette locution latine.

 

De même, de nouvelles bases d’argumentation de l’attitude des agents et de nouveaux aspects de régulation, sont introduites par l’encastrement social. La transgression du contrat amène ainsi à s’exposer à un danger de sanction légale dans le cadre d’une coordination essentiellement marchande. En effet, une mauvaise réputation peut arriver jusqu’à une exclusion sociale et peut être les conséquences du non-respect du contrat ou la parole donnée dans un échange économique socialement encastré.

 

Le fonctionnement de coercition sociale est appuyé par le niveau de recouvrement des milieux économiques et sociaux rattaché à la multiplexité de l’encastrement. Ceci est expliqué par le fait qu’une maximisation d’intérêts sociologiques est accompagnée par une maximisation de l’utilité économique. Par contre, le comportement économique des agents économique peut être appréhendé par un mécanisme de coercition extra-économique qui est la menace d’exclusion sociale, analogiquement  l’entreprise en tant qu’agent économique est exclue du domaine de financement bancaire si son comportement est insupportable, au sens économique du terme.

Ainsi, le partage des informations est garanti par le marché et l’échange est fiabilisé par le contrat légal, dans la coordination marchande pure. Par ailleurs, la transmission de l’information est favorisée par le rapport social  et l’échange est fiabilisé par les normes informelles du réseau social, dans la coordination économique.

Cette conclusion nous amène à entamer le chapitre 5 dans lequel seront examinées particulièrement  les réponses des banquiers et des entrepreneurs qui sont touchés par l’encastrement social et qui ont bien voulu répondre aux questions posées par notre soin. L’on va apprécier  les hypothèses de travail ainsi que les conclusions émises par rapport à la confiance et aux réseaux sociaux.

 

 

 

 

 

Chapitre 5

 

Les réalités au niveau  des banques et des PME marocaines

en termes de capital social et d’octroi de crédits

 

Introduction

La prise du risque excessive, adoptée par les institutions financières, menace le système financier marocain et aggrave sa fragilité. Afin de prévoir et de réduire cette menace, liée à la prise de risques injustifiées, et à la lumière du comité de Bâle[170], les institutions financières  marocaines auraient  préconisé l’harmonisation des modèles de mesures, en imposant, aux banques, l’utilisation des scores internes, qui se basent essentiellement sur l’information « hard » et permettent ainsi un meilleur suivi et contrôle de l’octroi des crédits.

 

La mise en place des systèmes de contrôle fiables permettant une standardisation des modalités de contrôle contribue à la stabilité du système bancaire, mais la généralisation de ces systèmes représente une importante contrainte. Les différences entre les systèmes financiers nationaux et la divergence entre les rôles joués par les banques  amplifient les difficultés dans la mise en place d’un système général de contrôle. Revenons un peu sur les caractéristiques des deux types d’information « soft et hard ».

 

L’information « soft » est qualitative, réduite à un texte écrit qui représente les jugements et les opinions de la personne qui l’a collectée. Cette information est collectée et utilisée par une seule personne supposée en relation avec la PME, elle se fait depuis la plus  élémentaire hiérarchie de l’administration de la banque, et ce, tout au long de la période de la relation.

 

L’information « hard » est une donnée quantitative, elle ne présente ni un jugement, ni une opinion, pas plus qu’une interprétation de l’agent qui la collecte. Ce dernier perd tout pouvoir de décision et toute latitude lors de l’utilisation de ce type d’informations : il devient un simple rapporteur (Stein 2002). En effet, cette information impersonnelle s’oppose à l‟information « soft ». L’information « hard » est basée sur des critères relativement objectifs, comme les ratios financiers et les différents indices de rentabilité. Elle doit avoir une interprétation unique par tous les agents de tous les niveaux hiérarchiques de la banque.

 

La différence fondamentale entre ces deux types d’information va générer des différences importantes sur leurs rôles dans le processus de décision de l’octroi et de contrôle des crédits.

Les coûts engendrés par chaque type d’information font partie des principaux enjeux de leur mise en place. Les coûts de l’information peuvent être considérés comme étant les coûts de recherche, les coûts de vérifications et les coûts de contrôle (Godlewski, 2004). Mais on peut supposer que les coûts engendrés par l’information utilisée sont également des coûts liés à sa collecte, son traitement et son stockage.

 

Les agents de crédit, quand  la banque se sert de l’information « hard », pour prendre des décisions de crédit, ne font que rapporter ces informations sans intervention aucune (Stein, 2002). En effet, la collecte et le traitement de l’information « hard » n’exigent pas de compétences importantes, contrairement à l’information « soft » qui exige des agents hautement qualifiés pour son traitement. Les qualifications nécessaires, pour l’analyse de l’information « soft », exigent aux  banques à recruter  des agents plus expérimentés et plus compétents donc à des niveaux de salaires en harmonie avec la tache. En pratiquant l’information « hard », les banques peuvent diminuer les coûts liés aux indemnisations diverses, de plus, la centralisation de la prise de la décision, résultant de l’utilisation de l’information « hard », favorise une concentration des compétences au niveau des centres de décision et une moindre qualification aux plus bas niveaux hiérarchiques. Cette concentration de l’information  exige, par contre, une meilleure transmission de celle-ci.

L’information « hard » est caractérisée par la facilité de sa transmission et de son stockage n’exigeant que des supports informatiques à faible coût. La qualité de ces supports et leur importante durée de vie ont contribué à la prolifération de cette information dans le temps.

 

Par contre l’information « soft » est un jugement personnel et une opinion subjective de la personne qui la collecte et qui la traite. Cet agent de crédit va engendrer des coûts supplémentaires, liés au traitement de l’information, pouvant affecter la rentabilité de cette dernière. Les scores, qui se basent essentiellement sur l’information « hard », permettent la réduction des coûts de contrôle des agents de crédits et d’une façon plus générale les coûts liés à leur gouvernance (Berger, Frame et Miller, 2005 ; Berger et De Young, 2000).

 

En effet cette baisse des coûts, permet aux banques, d’accéder aux crédits marginaux, dont les intérêts générés ne couvrent pas les charges élevées du traitement de l’information « soft ». Ces crédits éliminent l’effet de la distance et les difficultés d’attribution et de contrôle qui lui sont liés (De Young et al, 2008).

 

Les technologies de prêts représentent les systèmes mis en place par les banques pour étudier les demandes des crédits. Les technologies de prêt dépendent de la nature de l’information utilisée (Udell, 2008). Il existe donc deux grandes classes de technologies, selon la nature de l’information utilisée : la relation Banque-PME qui se basent sur l’information « soft » et les technologies fondées sur les négociations et les décisions qui se servent de l’information « hard ». (Stein 2002 ; Cole, Goldberg et White 2004 ; Frame et al 2001 ; Berger et al 2005).

Théoriquement, l’exploitation de la relation établie avec les PME reste la meilleure technologie de prêt. Elle permet de minimiser les conflits d’asymétrie d’information, par contre, elle présente des difficultés majeures pour l’agent de crédit, pour qui il est difficile de retranscrire ses opinions, ses jugements et d’extraire l’information fiable pour la prise de la décision.

            Pour les PME, les banques restent la source de crédits la plus importante (Berger et Udell, 1996). La gestion optimale des demandes de crédits, de ce segment de clientèle, dépend crucialement de l’adaptation de la technologie de prêt aux exigences spécifiques de cette catégorie des firmes. Les PME favorisent la relation durable avec leurs banques respectives afin de rattraper leurs nébulosités informationnelles. La relation Banque-PME demeure liée à une évolution de prise de décision très différente à celle référenciée  sur l’information « hard » (Berger et Udell, 2002).

Nous avons formulé nos hypothèses de recherches et d’observation dans la partie introductive de ce document et nous allons vérifier ces hypothèses à partir des résultats d’interviews menés auprès des responsables et dirigeants des PME marocaines et auprès des conseillers bancaires, des chargés d’affaires bancaires et on a aussi l’occasion de rencontrer des chefs d’agences bancaires. Nous allons observer les réponses obtenues lors des interviews auprès des professionnels de la banque d’une part et des PME d’autre part.

A titre de rappel, on a interviewé 250 PME/48.721 existantes dans tout le Royaume de Maroc, et 150 Agences bancaires/1.726 existantes. Le tirage aléatoire  nous a donné les caractéristiques répondant à nos attentes, c’est-à-dire que sur les  dix neuf    (19) secteurs d’activités (Cf. Annexe 03), elles sont toutes représentées, sans pour autant suivre la structure réelle, et de même pour la représentativité des PME selon le chiffre d’affaire (Annexe03).

Après avoir dépouillé la question 1 et la question 2 donnant les identifications et les caractéristiques de PME, on passe à l’analyse de réponses obtenues de la question 3 relative à la généralité sur le comportement et la capacité de la PME. Il s’agit de connaître les moyens financiers des PME pour monter leur entreprise, dans la question 3.1 comme exemple.

 

 

Section1.  Les appréciations des PME marocaines

 

Le financement du projet ou de la création de la PME

Appui de la Banque 34 13,6%
Crédit bancaire 43 17,2%
Crédit jeune promoteur 0 0
Apport personnel 143 57,2%
Autres (à préciser) 30 12%
Total 250 100%

 

         

Lors de la création, une grande partie  des PME nous ont informés de l’inefficacité des crédits bancaires, ce qui les entraîne à avoir recours  à leurs propres moyens de financement, dont des apports personnels dans la plupart des cas. Les valeurs obtenues (57,2% pour les apports personnels contre 12%, 13,6% et 17,2%  pour les autres moyens), nous montrent formellement  que plus de la moitié des PME se dirigent vers l’autofinancement pour faire satisfaire  leurs besoins de financement lors de la création de l’entreprise.

Nous allons observer les raisons dans les paragraphes subséquents où nous allons vérifier  les théories et les hypothèses posées au début de la recherche. Mais d’abord, on va voir la relation banque/PME  du point de vue des responsables d’entreprises.

Quand on posé la question : que pensez-vous de la banque comme source de financement, on a attendu les qualifications : (i) Efficace ; (ii) Inefficace ; et (iii) Derniers recours. Voici schématiquement les réponses :

 

Répartition des PME selon les réponses données par rapport à la banque comme source de financement des activités :

Juste la moitié et quelques PME en plus qui ont déclaré que le financement de la banque leur est efficace. Aucune n’a pas pourtant osé déclarer inefficace, mais la réponse « derniers recours » signifie  qu’il y a une asymétrie d’information ou des causes quelconques, dans la pratique, qui empêchent les  banques de rendre les meilleurs services et les meilleurs produits à l’endroit des PME.

Mais d’une autre vision de la relation, selon les variables explicatives fournies par les PME, la banque est plutôt un fournisseur/client  au lieu de jouer le rôle de partenaire. Voici la répartition des réponses :

 

 

Cette analyse nous montrer que plus de 85% des PME reconnaissent la relation fournisseur/client caractérisant  leurs affaires avec leurs banques. Le financement bancaire est plutôt efficace et procurent des avantages. Cependant, cette analyse montre un léger changement lorsque qu’on leur demande la satisfaction de la demande de  crédit auprès des banques :

 

 

Les échanges avec quelques dirigeants des PME et/ou  des responsables financiers, on a enregistré une certaine satisfaction des différentes propositions de modes de financement présentés dans les nomenclatures des banques. La liste de  l’offre bancaire est étendue et variée. On reconnaît, pratiquement, les mêmes types de crédits et services, mais ils sont présentés sous différentes formes ou sous différentes appellations.

 

En ce qui concerne le comportement relationnel des PME avec la Banque, il s’agit d’analyser la multibancarité, c’est-à-dire, on a voulu ressortir la fréquence de changement de banque dans le point 4 des questionnaires. Egalement, on veut savoir la fidélité des PME par apport à la banque quelles que soient les conditions. On a essayé de synthétiser les réponses comme suit :

Répartition des réponses obtenues des PME selon la multibancarité ou non

  Nombre  PME Fréquence
OUI 179 71,40%
NON 71 28,60%
Total 250 100%

 

 

D’après  ce schéma, il est constaté que les PME expriment leur préférence manifeste pour la multibancarité. Pratiquement, les PME tendent à renforcer leurs chances d’obtenir un financement bancaire le plus avantageux. Néanmoins, la proportion des entreprises multi- bancarisées reste encore importante (71.4%).

Et lorsqu’on a dépouillé leur explications concernant le processus d’octroi de crédit, certaines le trouve comme un obstacle, et d’autres disent que ce n’est pas le problème.

 

Et toujours dans la rubrique : comportement relationnel, on a voulu savoir  les critères de choix de la banque. On les résultats suivants :

Répartition des PME enquêtés selon les critères de choix de la banque

Taux d’intérêt moins élevé 46,00% 115
Moins de garanties exigées 6,40% 16
Nombre de formule de crédits proposés 10,40% 26
Qualité de service 30,40% 76
Connaissance 6,80% 17
Total 100,00% 250

 

Selon les réponses obtenues à l’issu à l’enquête, les deux critères de choix d’une banque les plus importants sont les taux d’intérêt  de l’ordre de 46% et la qualité des services de l’ordre de 30%. Le nombre de formules proposées par les banques ne pose plus de problème, puisque l’ensemble des banques offre des formules identiques pour le financement à court terme et à moyen terme des besoins de PME.

Le faible pourcentage des PME qui choisissent la banque selon le critère « moins de garanties » de l’ordre de 6,4%  peut signifier que les PME sont prêtes à affronter les exigences de la banque quant aux garanties. Puis, la connaissance d’une personne qui travaille à la banque n’est pas un critère très prisé ou réalisable. Nous allons discuter ceci dans l’analyse des informations « soft » et consorts.

Toutefois,  on a insisté un peu sur l’attitude des PME à propos des garanties. Et la plupart ont répondu que l’exigence de la banque est bien fondée à cause de l’aspect prudentiel des banques. Les réponses obtenues sont réparties comme suit :

 

 

 

Répartition des PME qui justifie ou non l’exigence de garantie par la banque

 

 

Et quand on parle de la perspective des PME par rapport au développement de l’entreprise à soutenir par un financement bancaire, les réponses sont départagées comme suit :

 

D’après ce schéma,  42,46% des PME contre 57,14% sont convaincu que le développement  des activités de l’entreprise dépend du financement bancaire. Ce qui nous amène à identifier les problématiques, c’est le comportement des 57,14% des PME quand elles  se trouvent sur le point d’accroitre ses ressources.

En effet, les résultats de l’enquête  exposent un chiffre non négligeable de PME qui ont tendance à  écarter  l’entrée de capitaux extérieurs, du fait qu’elles perçoivent que le coût  trop élevé comparé à celui d’un emprunt. Les PME pensent, en effet, que l’endettement  coûte moins cher. Cependant, les remboursements se font à taux fixe sur des périodes assez longues et le montant des intérêts constitue une charge déductible.

Lorsqu’on a posé la question aux PME, à propos du rôle de la banque comme étant un conseiller principal, on a obtenu les résultats suivants :

Il est sollicité, selon les PME enquêtées de mettre en place au niveau de la banque un département  spécifique chargé des Affaires de PME, dirigé par des cadres professionnels avec une bonne connaissance des techniques bancaires et de la situation des PME marocaines, pour mieux gérer les relations avec cette catégorie sensible d’entreprises.

 

Les questions subsidiaires pour tester la connaissance et le comportement social des PME sont analysées dans la section suivante. On leur a demandé leur suggestion sur le rationnement de crédit, sur leurs informations « hard », ce qu’elles pensent de l’encastrement social.    Mais, nous allons tout de site entamer les réponses obtenues des agences bancaires marocaines.

Section 2.  Les appréciations  des agences bancaires marocaines

Rappelons que sur 5.120 agences bancaires, on a tiré au hasard 150 agences échantillons. Après les dépouillements, on a vérifié que ces échantillons ont représenté les banques suivantes : BMCI, –   BMCE, – BANQUE POPULAIRE, –  CIH, –  ATTIJARI WAFABANQUE et  CREDIT AGRICOLE. Il a été jugé que ces agences pouvaient représenter qualitativement les neuf (09) banques majeures existantes ainsi que les six (06) autres groupes de banques d’investissement, les groupes de banques mineures et l’opérateur postal.

La première question exploitée étant relative à la relation banque/entreprise, pour savoir que représente la PME pour l’agence bancaire : est-ce un partenaire, un client ou autres représentations. Au fait, on a attendu des réponses multiples, c’est-à-dire que l’agence bancaire interviewée peut cocher en même temps la PME en tant que client, et/ou un partenaire. Voici, les résultats obtenus :

Selon les résultats obtenus des banques, la relation banque-entreprise est toujours qualifiée de Client/Fournisseur, par ailleurs la majorité des entreprises interrogées ne comptent pas à cent pour cent sur les crédits bancaires.

Et les banques s’expriment en matière de critères d’octroi de crédit,  on a pu résumer comme suit :

 

Par rapport aux résultats de l’enquête effectuée auprès des chefs des agences bancaires, on constate que l’octroi de crédit se fonde principalement  sur le critère de garanties vis-à-vis des  PME en appliquant la prudence, mais par rapport aux grandes entreprises, lorsqu’on a posé une question subsidiaire, le critère de confiance s’applique en analysant la réussite de leur projet.

 

Et partant des réponses obtenues, on a insisté sur  les principaux types de crédit demandés par les PME. Selon le graphe suivant, on note que les banques favorisent  l’accord de crédits à moyen terme par rapport aux crédits à court et à long terme, sachant, par expérience que ces derniers sont plus risqués que ceux à moyen terme.

Répartition des agences bancaires selon l’accord de crédit favorisé

A long Terme, à Moyen terme ou à Court terme

Et on a enchaîné sur la flexibilité de la banque par rapport  aux garanties, aux taux bancaires et autres. On obtenu les résultats suivants :

 

 

La flexibilité des garanties et des taux bancaires

 

Et les banques ont insisté sur la constitution d’un nouveau dossier à chaque nouvelle demande ou renouvellement de demande.

 

La moitié des agences enquêtées (50%) exigent la production de nouveau dossier afin de suivre le changement de la PME, le 1/3 a confiance à l’ancienne position de la PME.

Selon les observations des agences bancaires interviewées, les relations Banque-Entreprise détiennent  un rôle très important dans le système productif du Royaume de Maroc. La grande partie des entreprises Marocaines (PME/PMI), selon toujours les agences bancaires, sont considérées comme un agent économique déficitaire, donc elles sont obligées d’avoir recours d’une façon permanente aux crédits bancaires quels que soit leur type pour obturer leurs déficit.

Par conséquent, les banques mettent à leur disposition  diverses formes de crédits dans le but de répondre à leurs besoins qui sont en perpétuel croissance. Au passage, les agences rappellent les nouvelles techniques de financement, entre autre  le capital-risque qui consiste à placer la banque comme un véritable partenaire et non pas comme un simple bailleur de fonds.

Néanmoins, avant d’entamer une quelconque négociation aux PME, les agences cherchent à identifier ces entreprises. Par rapport aux questions qui leur posées, ces agences définissent les PME selon leurs effectifs, leurs chiffres d’affaires, le niveau de garanties, le niveau des encours de crédits. Mais les réponses  ne sont pas très différentes d’une PME à une autre il paraît qu’un langage commun les unit. Voici les résultats des définitions données par les agences bancaires, et ce, par rapport aux questionnaires qui leur ont été adressées :

Répartition des agences bancaire échantillon selon leurs définitions de la PME

Actifs 16,67 25
Effectifs 23,33 35
Chiffre d’affaire 10,00 15
Fonds propres 8,00 12
Encours de crédit 21,33 32
Niveau de garantie 19,33 29
Autres 1,33 2
Total 100,00 150

Et schématiquement, on peut présenter les résultats comme suit:

A priori, les répartitions des réponses n’expliquent pas les hypothèses que nous avons mises au début de la recherche, mais les variables explicatives croisées avec les autres variables vont certainement nous donner des bons résultats.

Pour les montants maximaux  des actifs ou les montants minimaux des garanties, au même titre que la limite des CA ou le montant requis de fonds propre ou d’encours de crédit, les agences ne sont pas très claires et nous avons laissé  ces indicateurs au bon soin des professionnels en comptabilité et finance, sachant par ailleurs que des normes sont déjà mises au point par le Groupement professionnel des Banques de Maroc, sauf exception pour certaines banques.

En ce qui concerne les procédures ou étapes ou hiérarchies pour examiner l’examen de dossier des PME, les informations « hard » sont  systématiquement exigées, malgré le manque de confiance de la banque par rapport à ce type d’information. Mais pour minimiser les risques, les banques font authentifier les documents ou font certifier les copies. Dans la pratique, les agents de crédit prennent contact avec les PME et font les études préliminaires des dossiers pour vérifier la complétude administrative. Puis, une commission de crédit prend en charge l’étude approfondie des éléments fournis dans le dossier. Les agents de crédit sont parfois contraints d’aller faire une petite enquête de moralité et de vérification des déclarations et puis ils font leur rapport. Le chef hiérarchique des agents de crédit revient vers la PME et entame la collecte des informations « soft » s’il juge cette étape indispensable pour prendre la décision d’octroi de crédit. En général, ce sont les procédures à suivre, mais le cheminement change selon la PME ou selon la confiance de la banque. En tout cas, l’étude d’un dossier de PME occasionne  toujours un coût de transaction.

Les objectifs commerciaux de la banque : on a proposé à la banque, dans le questionnaire, quelques perspectives et elle est autorisée à cocher plus d’une réponse. Ces propos consistent en effet à savoir que l’engagement de la banque dans les opérations de crédits avec les PME s’est fait ou se fera dans la perspective de (i) diversification du porte feuille ; (ii) division de risque ; (iii) mobilisation d’épargne ; (iv) donner une meilleure image de l’établissement bancaire ; (v) accroître la rentabilité de la banque ; et (vi) offrir d’autres services.  Afin de mieux apprécier les réponses, on a pris une à une les perspectives, et les réponses s’annonce comme suit :

Diversification de la porte feuille 75,00%
Division de risque 80,00%
Mobilisation d’épargne 85,00%
Image de la banque 73,00%
Accroissement rentabilité 89,00%
Offre de service autre 59,80%

 

Le comportement des agences à propos des objectifs commerciaux

 

Tout de suite, on constate que les choix des agences bancaires par rapport aux objectifs commerciaux sont plus ou moins similaires. Effectivement, la banque essaie de maximiser ses objectifs. L’on peut apprécier aussi ces choix dans le tableau suivant :

Avant d’enchaîner l’exploitation des informations fournies par l’enquête, il s’avère nécessaire de rappeler de temps à autres les présuppositions relatives à l’encastrement social en termes de la confiance et de réseau dans l’octroi de crédit aux PME, par ailleurs nous sommes en train vérifier à partir des réponses obtenues.

Si nous prenons une à une les hypothèses posées en début de la recherche, et si nous les analysons par rapport aux pratiques des acteurs de la relation de crédit, nous allons pouvoir vérifier les présuppositions. Prenons en premier lieu l’application de méthodes d’évaluation des risques : lorsque la banque ne connaît pas suffisamment l’historique de la PME, elle fait systématiquement certifier les dossiers présentés. C’est le début de la relation, dont on ignore pour l’instant la finalité.

 

 

 

 

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Conclusion Chapitre 5

 

Les banques et entreprises constituent deux acteurs fondamentaux dans l’économie d’un pays dans la mesure où toute décision affecte directement la santé de l’économie nationale, il s’avère alors nécessaire une concertation sérieuse entre ces deux acteurs pour le meilleur  fonctionnement de l’activité économique.

Lors de la passation des questionnaires et pendant les diverses interviews sur le terrain, on a enregistré  que c’est la forme de la nature de l’intermédiation bancaire qui s’est évoluée, et c’est la relation banque-entreprise qui change. En effet, les difficultés de financement des PME  ne sont plus la conséquence d’un manque de sources et moyens de financement, mais plutôt celle des choix à effectuer et qui peuvent avoir des résultats néfastes sur la croissance de l’entreprise, voire même sa survie.

De source informée, le problème de financement demeure l’obstacle majeur qui entrave le développement des PME dont plusieurs échouent dans leurs activités et se trouvent devant la nécessité de changer leur exploitation ou de la cesser définitivement.

Les apports  du pouvoir public ont aidé à soutenir l’environnement financier et général des entreprises. Ils ont également  encouragé le renforcement des financements bancaires des PME grâce à la multiplication des produits bancaires, et éventuellement au recours aux aides bilatérales et à la mise en place de fonds de garanties. L’instauration du capital-risque, l’adoption du crédit bail, l’institutionnalisation  du marché boursier et du micro crédit ont pour objectif opérationnel la satisfaction des besoins financiers des PME selon leur niveau de développement.

Il  a été marqué lors des études sur terrain que la relation banque-entreprise se doit une  confiance mutuelle et un effort de trouver  conjointement  la meilleure solution pour garantir la réussite de cette relation. La banque et la PME cherche en aparté le maximum d’avantages personnelles.  Par ailleurs, la PME se doit d’accepter et d’adopter le principe de la franchise et de la transparence en fournissant au banquier toute l’information dont il a besoin. Malgré l’asymétrie d’information, les  entreprises et notamment les PME représentent une part importante de la clientèle des banques. De son côté, la banque a intérêt à s’intéresser davantage aux entreprises  en explorant les meilleures réponses aux besoins et aux attentes des PME.

En outre, l’approfondissement des concepts des acteurs de la relation banque/entreprise dévoile que la relation de confiance est effectivement sous-tendue par la rationalité économique. Par rapport aux résultats de l’enquête effectuée dans le cadre de cette recherche, l’optimisation de décision ne se fait pas dans le cadre d’un échange unique et interindividuel comme le suppose la théorie économique néoclassique. L’agent de crédit ou le  conseiller bancaire réforme dans le sens positif une diversité des échanges dans le cadre d’une relation durable avec l’emprunteur dont la PME dans notre cas. De surcroît, autant le banquier interfère avec un réseau social, ce n’est plus sur la base d’un échange interindividuel que la rentabilité va être calculée mais sur la base d’un échange avec un réseau social.

Les questionnaires ne sont pas suffisamment exploités du fait que certaines questions  n’ont pas été répondues complètement, et l’insuffisance d’information tente à dévier la vérité, d’où la limite des tableaux de résultats. Néanmoins,  l’on a pu imaginer le rôle du capital social dans tout le processus d’octroi de crédit. Et les conclusions ont pu sortir les principales notions dont l’encastrement social, l’asymétrie d’information, l’aléa moral, l’information soft, la liste n’est exhaustive dans cette conclusion du chapitre iv.

 

 

 

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Conclusion Deuxième Partie

 

A supposer qu’il n’existe pas de réseau social  identifiant la PME, et la banque est au début de sa prospective.  Prenons l’Hypothèse 1 : Les risques encourus par la banque dans ses activités d’octroi de crédit sont  préservés efficacement tant que  les méthodes d’évaluation des risques  qui s’avèrent  insuffisantes sont améliorées et que les dispositifs institutionnels censés prévenir les risques de défaillance des emprunteurs sont développés. La frilosité, dite aussi la prudence excessive, du système bancaire a été distinguée par plusieurs  acteurs économiques depuis déjà un certain temps. Cette frilosité concerne surtout l’accompagnement du développement de la PME. En faisant une analyse plus approfondie, il est alors évident que la complexité de la réalité est plus saisissante. Beaucoup de facteurs peuvent être à la base de ces problèmes de financement pour les PME.

 

Il est tout de même primordial de mettre en évidence de l’évolution de la culture managériale dans les banques et les PME. Elle s’est accomplie suivant différentes extensions et mouvements de chaque partie. Le système bancaire a donc décidé d’opter pour une amélioration et une modernisation du fait qu’il a retenu deux faits indiscutables. Sur le marché, les actionnaires espèrent toujours des degrés de rentabilité identiques aux normes internationales et les autorités monétaires tiennent à renforcer de manière légale le marché de la finance marocaine. Ces autorités veulent prendre garde à tout important risque financier. Cette modernisation s’est appliquée dans tous ce qui touche système de management et s’est développement dans le système même de l’organisation à commencer par les procédures s’en allant jusqu’au remplacement des équipes. Le but consiste donc obtenir des bons résultats. Le marché bancaire marocain détient aussi une spécificité. Les banques maroco-marocaines occasionnent sa cohabitation intelligente avec les filiales de banques étrangères. Ces filiales détiennent une certaine influence positive en matière de culture de l’efficacité et de la performance. Ainsi, les banques marocaines perfectionnent l’écoute et le perfectionnement de la qualité de service dédié aux clients.

 

Deuxièmement, il est nécessaire d’analyser quelques angles de la réglementation qui ont eu des conséquences tout à fait contradictoire aux attentes. Pour le cas de la détermination de  conditions, le plafonnement d’emprunts constitue une mesure défaillante. Effectivement, ces conditions de plafonnement appelées aussi condition « plancher » cherchent surtout à contourner les offres à la baisse afin de renforcer la situation financière des banques. Suite à une analyse, elles sont  inefficaces au moment même où les banques ont témoigné leur aptitude à s’occuper de leurs comptes d’exploitation. En ce qui concerne la détermination des taux de plafonnement,  elle conduit une destitution du champ du profit du prêt. Mise à part la situation d’échelonnement des particuliers où elle est irrévocable, cette restriction à l’augmentation des taux d’intérêts renferment des conséquences défavorables.

 

Enfin, il semble évident que ce problème concernant le financement de la PME a été généralement étudié sous un seul aspect tandis qu’elle détient deux angles indépendants qui sont le financement et la garantie. La banque est loin d’être une société d’assurance. Afin d’octroyer un crédit, elle demande des garanties afin de couvrir la perte en cas de non-remboursement.

 

Hypothèse 2 : L’incertitude inhérente à l’évaluation des risques et les limites des méthodes instrumentales et des dispositifs institutionnels sont levées du fait que la banque met en œuvre une évaluation sociale des risques  correspondant  à l’acquisition d’informations dans le cadre de relations informelles fondées sur la confiance et la PME dispose de garanties à présenter auprès de la banque et cette garantie peut provenir de l’entreprise elle-même, d’organismes de garantie, ou du chef d’entreprise ou des trois.


La garantie de l’entreprise.

 

La garantie de l’entreprise peut se faire dans la mesure où elle dispose d’un bien relatif aux montants empruntés, il se peut aussi qu’elle détienne des projets de développement intéressant. Ces projets permettent de réagir face à la globalité des engagements saisis. Le dirigeant de l’entreprise peut aussi accordé de la garantie. Il s’agit d’une garantie impersonnelle. La banque demande surtout une responsabilité rassurante  dans la disposition des fonds propres et empruntés du chef d’entreprise. Cette responsabilité témoigne de la confiance du dirigeant de l’entreprise. Il est clair que plus ce niveau de responsabilité n’est faible, plus la banque ne demande des garanties considérables pour se protéger. Enfin, les établissements spécialisés peuvent donner de la garantie.  Cette dernière forme de garantie est conforme à la complexité de la situation de financement des PME. Elle donne à beaucoup d’entreprises la possibilité d’acquérir des financements dans des conditions convenables.

 

Dans le but de résoudre ces problèmes d’accessibilité aux crédits, les banques veulent demander des garanties excessives. Elles tiennent surtout à pousser au maximum l’effet dissuasion qu’accorde la garantie. A cet effet, il faut retenir que la banque est soumise aux contraintes de performance de même que tous les autres domaines d’activité. Dans le contexte où l’entreprise attribue des garanties importantes, les banques décident d’enlever les liquidités au dirigeant de l’entreprise. En plus, certains aspects troublent encore plus la relation entre les banques et les PME. Il y a tout d’abord l’essence du système de tarification des services bancaires. Ce système renferme des «toxines» qui infectent la gestion de la corrélation et cherche aussi à démontrer que la banque est dédiée aux grandes entreprises. Il y a ensuite le mécanisme de prise de décision qui semble être incompris. De l’autre coté de ces revendications, à commencer par une analyse régulière ainsi qu’une exécution de cette relation, il est tout de même clair que les banques refusent exceptionnellement la demande de crédit des PME qui respectent les conditions minimales. Il en résulte même, depuis ces dernières années, que  toutes les banques se rivalisent pour obtenir ces dossiers.

 

Hypothèse 3  et 4 : La banque et la PME avancent comme justification une relation de confiance qui suppose une certaine forme de solidarité dans leur relation d’échange. La relation de confiance est établie afin de collecter  des informations qui doivent  permettre d’améliorer les décisions.

 

La banque est consciente  des limites des méthodes instrumentales d’évaluation des risques et de l’efficience d’une évaluation sociale. Ceci étant, elle modifie ses pratiques de gestion de l’emploi et leur organisation du travail dans le but de réunir du capital social et d’intégrer des réseaux sociaux

Effectivement, perçu comme partenaire pour d’autres banques et clients pour certaines, les PME sont susceptibles de réclamer aux banques un accompagnement optimal surtout dans le contexte actuel où la majorité des banques marocaines sont en restructuration.  Les banques tiennent à instaurer un système de tarification transparent, un service performant ainsi que la facilité d’accès aux  marchés internationaux. Actuellement, la PME marocaine détient une «autorité monétaire» ainsi qu’une «Bank el Maghrib». Ceci est donc le résultat de l’ouverture de l’accès aux marchés.  Même si cette restructuration s’intensifie, il faut tout de même souhaiter que le facteur temps ne réserve aucun imprévu négatif pour certaines d’entre elles.

 

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CONCLUSION GENERALE

 

Le principal objet de cette thèse est d’étudier les paramètres qui déterminent l’octroi de crédit bancaire aux entreprises, plus implicitement l’on a décortiqué la nature de l’information utilisée dans le processus de prise de décision de crédit, sur la gestion de l’octroi des crédits aux entreprises marocaines dont les PME.

Le premier chapitre assemble une revue de littérature qui, opposant deux courants de pensée en matière de décision : les économistes et les sociologues,  a pour but de replacer les différentes notions au sein du contexte de l’étude et de mettre en perspective des différentes relations qui se sont établies. Il met en avant l’importance de la rationalité des acteurs et de la symétrie de l’information (information hard est  publique et gratuite) mais aussi Le comportement bancaire cadré par le contrat de crédit, et la relation purement transactionnelle (théorie des contrats). Le chapitre inclut également  la théorie de la nature de l’information dans le processus de prise de décision de crédit et étudie la relation contractuelle   limitée sachant qu’il est impossible de prévoir tous les cas de nature dans un acte (incomplétude des contrats) et l’asymétrie de l’information. L’on est astreint à parcourir les écrits des auteurs qui imposent ainsi le recours aux contrats incitatifs (théorie des incitations), aux garanties et convenants (éléments exogènes).

 

Tout au long ce premier chapitre,  nous avons pu distinguer l’information parfaite mais également l’étude de l’asymétrie de l’information comme base des comportements stratégiques des agents dans un contexte d’incertitude a été entamée. Les deux types d’information considérée dans la démarche de la prise de décision de l’octroi d’un crédit bancaire: l’information « hard » et l’information « soft » ont été observés à travers la controverse chez les économistes-philosophes. Il est reconnu que les aspects qui différencient ces deux types d’information ont des impacts sur tout le processus de décision.

 

Le chapitre 1 nous renseigne que le risque est mesurable, l’incertitude c’est l’aléatoire. Si on est amené à faire  des choix qui comportent des risques ou incertitudes, généralement on escompte en récompense une prime de risque. En effet, il s’agit de risque lorsqu’il est possible de mesurer objectivement la probabilité qu’un évènement survienne, alors qu’il s’agit d’incertitude lorsque l’on peut seulement évaluer subjectivement sa survenue éventuelle.

 

Mais on a répertorié Knight qui a démontré deux types de considérations pour diminuer l’incertitude, présumant que le contrôle et la diminution de l’incertitude sont faisables en contrôlant la taille de l’échantillon. Il envisage cinq (05) méthodes de gestion d’incertitude  dont  « le contrôle futur », « la capacité de prédiction », « la contingence »,  « l’assurance » et  « la spécialisation ».

 

Cependant, L’incertitude détient une importante influence sur la structuration de la relation de crédit. Si elle prend la forme de relations à long terme, c’est surtout afin d’essayer de neutraliser les complications présentées par les différentes formes d’incertitude aux  prêteurs et les emprunteurs doivent faire face.

 

Malgré l’insuffisance d’information de certains cas, la prévision sera élaborée avec l’appui d’une grande observation de régularités pouvant donner des idées de  calcul probabiliste. Le théorie instaure ainsi une liaison rationnelle entre un assemblage de principes assurés et les déductions logiques qui en ressortent. Une partie de l’analyse économique tient à évaluer la nature de l’incertitude ainsi qu’à analyser les dispositifs institutionnels pouvant la diminuer. Ces méthodes se définissent comme l’élaboration d’un modèle structurel suivant quelques paramètres auxquels se joint une distribution de probabilités.

 

Dans le chapitre 2,  on discute la relation entre la banque et l’entreprise se basant le plus fréquemment sur une relation compliquée. On est fréquemment  confronté à des informations imparfaites et/ou incomplètes. Toutes les informations sur les activités que les entreprises se proposent de réaliser ne sont pas disponibles chez les banques. La sélection adverse est générée du fait qu’une autre vision du marché n’est pas capable d’observer la qualité du résultat que l’autre partie est en train de lui proposer. Sur le marché du crédit, il est logique que les emprunteurs veuillent toujours fournir une image positive de leurs projets aux prêteurs afin de décrocher le crédit. La chapitre 2 relate aussi l’aléa moral qui est un phénomène où un coté du marché se trouve dans l’impossibilité d’observer le comportement de l’autre, appelé comportement caché. Il a été conclut qu’il était  inconcevable de traiter indépendamment les cas de sélection adverse et d’aléa moral du fait que nombreux environnements économiques sont déterminés par une alliance des deux problèmes

 

En outre, le problème d’asymétrie d’information où la banque est obligée d’affronter est  à l’origine de la difficulté de différencier les bons et les mauvais clients qui viennent emprunter de l’argent. Le rationnement de crédit est l’une des solutions proposées. Rationner le crédit signifie limiter l’offre destinée aux entreprises.

 

Il existe sur le marché trois types de couts de transactions à savoir les montants de recherche et d’information, les coûts de négociation et de décision, les prix de maintien de l’ordre et d’application. La banque est contrainte de débourser pour se rapprocher de la certitude et réduire les risques. Sans la prise en compte des coûts de transaction, il est quasiment impossible de comprendre le fonctionnement du système économique et  surtout de détenir un fondement solide pour la constitution de la politique économique

 

L’objectif est alors  de diminuer la dissemblance fondamentale entre les deux types d’information qui différencie notamment leurs processus de collecte, leur traitement et de leur stockage. L’information « soft » constitue les données qualitatives, collectées par les conseillers bancaires, et instaure un relationnel personnalisé, privilégié avec les entreprises. L’information « soft »ne peut être traitée et analysée que par la personne qui l’a collecté, générant ainsi des coûts supplémentaires. Ici, nous admettons le rôle du capital social en termes de confiance, de normes et de réseaux dans l’octroi de crédit aux PME. Le coût de transaction peut être compensé par une meilleure prise en compte du contexte de la collecte puisqu’elle s’accumule avec la durée grâce à une relation de proximité, permettant ainsi, aux banques, un suivi constant de l’évolution de l’entreprise, de sa gestion des crédits donc l’obtention d’une évaluation crédible du risque encouru avec cet emprunteur. Mais, la théorie des coûts de transaction motive parfois la perspective de l’opportunisme. Possiblement, une représentation extrême du comportement humain motivé par la recherche d’avantages personnels, se forme à partir de la théorie de transactions.  Une tendance à tricher et à transgresser les règles éthiques caractériserait ce comportement mis en place.

 

Dans le même,  on a également exposé une démarche économique sur la  théorie de l’agence incluant deux parties dont le principal et l’agent qui sont  la base des contrats. Au fait, un contrat se définir comme une entente proposée par un agent appelé « le principal » à une autre partie s’engageant dans cette entente appelée « l’agent ».  Il est important de rappeler les quatre fonctions principales d’un contrat dont (i) la divulgation de l’information ; (ii) le soutien à l’effort ; (iii) le partage des risques ; et (iv) le transfert du comportement des tiers dans une vision de relations stratégiques.

 

Malgré ces quatre fonctions du contrat,  la banque est appelée à maîtriser les différences fondamentales entre les deux types d’information sachant par ailleurs qu’ils  influencent vraisemblablement le choix des technologies de prêt utilisées.  En effet, la pratique  de l’information « soft » est appropriée aux banques favorisant  un relationnel fort et de proximité avec leurs clients. L’intensité de cette relation peut être mesurée par sa durée, son étendu, sa longueur ou par le nombre des banques qui exercent avec l’entreprise. Cette technologie de prêt permet une réduction de l’asymétrie d’information puisqu’elle offre un suivi plus proche sur une période plus longue. Par contre,  l’information « hard » est utilisée par les banques cherchant à établir des relations de crédit axées vers les transactions. Les transactions effectuées sont basées particulièrement sur les informations émanant des états financiers, des états de l’actif des entreprises. Ces états financiers reflètent la situation financière et le niveau de risque de la PME. Les scores peuvent être externes, lorsque les banques utilisent ceux des agences de notations spécialisés dans le calcul et la vente de scores, ou internes s’ils sont calculés au sein des banques pour mieux s’adapter à leurs caractéristiques.

 

En théorie économique, un signal équivaut à une information fournie par un émetteur qui influe le récepteur dans ses prises de décision. Le signal est indispensable dans des jeux de principal agent afin que l’agent émette du signal et que le principal ait la capacité d’interpréter ce signal. La fiabilité ou la crédibilité du signal est très importante sachant par ailleurs qu’un signal non crédible fournit néanmoins plus d’information qu’une absence de signal. Les particularités des banques interviennent  dans le choix de l’information utilisée. La durée d’existence  de la banque et sa taille peuvent l’entraîner à adopter l’information « hard » de plus, elle est mieux adaptée aux banques possédant une structure organisationnelle complexe. Le signal est facilement repérable. La politique de gestion de risque, des banques, peut influer sur le choix de type d’information à adopter; les banques acceptant la prise du risque adoptent l’information « hard » car moins coûteuse, alors que les banques qui cherchent  à réduire  les risques, sont obligées de s’investir dans une relation de proximité basée sur un suivi rapproché de leurs clients. Le rôle du réseau social est par ici non négligeable.  Sinon,  l’augmentation de la concurrence, sur le marché des banques privilégiant l’information « hard », engendre un accroissement du risque de prêts à de mauvais emprunteurs et peut provoquer également la perte du contrôle et du suivi de cette clientèle. Face à ce problème de reconnaissance et de différentiation des types d’emprunteurs, les banques ont, de ce fait, opté pour le rationnement du segment de clientèle à risque.

 

Dans la théorie des incitations, les agents disposent d’un raisonnement économique semblable à celle de l’ « homo oeconomicus » de la théorie néoclassique. Les agents connaissent la structure de tous les difficultés auxquels ils pourraient se confronter même s’ils ne sont capables de prévoir avec certitude un futur qui demeure incertain. Les agents réfléchissent à des solutions plus efficaces en rapport avec les différents états possibles de la nature et calculent les espérances des résultats. Mais de temps à autres, les agents ne partagent pas une information identique sur les variables, à l’inverse de la théorie néoclassique. Ces variables définissent leur choix donc il s’agit de l’hypothèse d’asymétrie d’information.

 

A cet effet, l’octroi de crédit se décide éventuellement à deux niveaux : les banques examinent tout d’abord la demande et donnent leur accord au prêt demandé, puis elles décident sur le montant à accorder. Cette évolution  de la décision de crédit nous permet de particulariser deux types de rationnement : le rationnement sur le nombre et le rationnement sur la quantité. Le rationnement est facilement identifiable, au niveau des PME aussi bien qu’au niveau de la  banque, mais difficilement mesurable et il peut être préventif ou contraint. En effet, les banques, n’acceptant pas une prise de risque supérieur aux seuils fixés, adoptent le rationnement préventif, alors que d’autres privilégient profiter de l’augmentation du niveau général du risque sur le marché avec des taux d’intérêt plus élevés. Quoi qu’il en soit, l’asymétrie d’information entraîne inévitablement le rationnement de crédit.

 

Il en résulte que les emprunteurs très risqués ne disposent pas de financement pour leur projet faute de rationnement de crédit mais surtout les emprunteurs à faible risque n’ont plus aucune possibilité d’acquisition de prêt. Le rationnement va susciter plusieurs réactions de la part des différents acteurs du marché de crédit. Les entreprises rationnées vont se tourner vers d’autres sources de financements, en acceptant parfois des taux plus élevés afin d’obtenir ce crédit. Les petites banques continuent à fréquenter  les relations de proximité, dans leur stratégie de prêt, essaient  de regagner la part de marché non reconduite par les grandes banques, et par conséquent, elles se tournent vers les emprunteurs rationnés suite à un défaut d’information. Les conseillers bancaires, considérés comme une entité indépendante de leurs banques, refusent de se limiter à la collecte des données et à leur transmission aux centres de décisions. Avec l’adoption d’information « hard », ces conseillers bancaires, ou agents de crédits pour d’autre appellation,  n’ont plus aucun pouvoir de décision pour ne devenir que de simples rapporteurs. Dans le cadre de cette thèse,  l’intérêt se réfère principalement  à la difficulté d’accès au crédit pour les petites et moyennes entreprises. Certes, il est indéniable que les asymétries d’information et les problèmes qu’elles entrainent restent persistants pour le cas des PME.

 

Dans les chapitres  subséquents, on discute du  rôle de la banque qui est le plus souvent mis en exergue dans la littérature sur les rapports entre banque et entreprise dans le maintien d’une bonne relation. Or, une meilleure réussite d’un service n’est observée qu’à partir de la contribution de tous les participants dans la relation, et cela de par sa nature. L’économie du Maroc est qualifiée d’être une économie intermédiaire où le rôle de la banque est très important dans le financement des entreprises.

 

Cette recherche s’est  fixé  comme but  de mettre en évidence les déterminants de la conduite du rapport entre la société et de la banque avec qui elle collabore principalement. D’une autre manière, pourquoi l’entreprise veut continuer la relation avec sa banque de façon pérenne après que ce lien s’est installé. En outre, il est discuté à travers la partie empirique le rôle du capital social en termes de confiance de normes et de réseaux dans l’octroi de crédit aux PME. L’on a effectivement observé la banque à l’acte et la banque à l’engagement où la banque à l’acte exprime la relation purement transactionnelle et parfois à court terme. Le crédit alloué est fondé sur des éléments objectifs, c’est-à-dire fondé sur  les informations hard et gratuits telles que le bilan, les divers états financiers. Quant à la banque à l’engagement signifie que la banque joue à bon escient ses rôles qui   sont pérennes et  justifiés à long terme.

 

Limites et perspectives de recherche

 

Les résultats de ce travail de recherche dévoilent certaines limites qui amènent à des circonstances d’extension et des perspectives de recherches futures.

Nous avons pu constater le nombre relativement réduit d’observations dans notre échantillon de l’ordre de 0,52%  pour les PME et  de l’ordre de 2% pour les agences bancaires, et ce, du aux difficultés rencontrées lors de l’envoi des questionnaires d’une part et pour le suivi sur terrain d’autre part, malgré le temps imparti. La prise de contact auprès des agents responsables de PME de différentes banques, sur tout le Royaume de Maroc, s’annonçait   très difficile. La confidentialité des informations demandées  a concouru à la réduction du nombre de réponses exploitables. De surcroît, les réponses n’étant pas toutes exploitables, nous n’arrivions pas  à utiliser toutes les informations collectées par le questionnaire, et l’interview directe n’est pas non plus chose facile.

 

Cette étude a été effectuée sur un échantillon couvrant seulement le système bancaire marocain. De l’autre côté  des limites de ce travail, nous suggérons d’élargir cet échantillon, ce serait plus intéressant d’intégrer d’autres pays et d’autres variables contextuelles. L’intégration d’autres pays va nous permettre de faire des études comparatives des différents systèmes bancaires dans le monde, en intégrant d’autres variables macro économiques.

 

Cette thèse de doctorat nous a fourni une perspective de recherche orientée vers les caractéristiques managériales des banques. Sachant que les processus de prise de décision sont différents d’une banque à une autre, nous considérons que la relation entre les différents types des banques et leurs rôles dans la définition de leurs processus de prise de décision, présenterait une nouvelle piste de recherche non explorée. La mission originelle des banques comporte à rassembler des fonds pour octroyer des crédits, bien qu’avec tous les produits offerts actuellement, la relation entre les épargnes  et les crédits évolue. Nous sollicitons   une nouvelle étude pour voir si les activités nouvellement conçues des banques ont influencé l’allocation des dépôts et la gestion bancaire.

Nous espérons que les résultats présentés dans ces études peuvent servir aux praticiens, aux professionnels de la finance ainsi qu’aux dirigeants des PME.

Nous espérons que le contenu de ce document va permettre permet de mettre au clair  les incompréhensions dans la relation banques-PME en leur démontrant  l’importance du  réseau social  et de la considération de l’information « soft » et du rôle du capital social dans le processus de prise de décision de crédit.

Pour conclure, nous osons passer le message que les dirigeants des petites entreprises pensant que l’asymétrie d’information intervient en leur faveur, cachent les vrais problèmes de leurs firmes et par conséquent ils provoquent des doutes autour de leurs projets. Les chefs des Petites et Moyennes Entreprises  peuvent comprendre les changements survenus dans les relations qu’ils établissent avec leurs banquiers et ils doivent réagir en conséquence afin d’augmenter leurs chances d’obtenir des crédits

 

ANNEXE

 

 

 

 

 

 

 

ANNEXE  01

 

 

Bank Al Maghreb

Les organes de contrôle
Ministre de Finance

Commissaires aux comptes

 

Les organes de consultation
C N C E = Conseil national de crédit et de l’épargne.
CEC      = Comité des établissements de crédit.
C D E C = Comité de discipline d’établissement de crédit

 

Les organes de coordination

G P B M = Groupement professionnel des banques du Maroc.
A P S F  = Association professionnel des sociétés de Financement.

 

Les établissements du crédit
Banques

Société de financement

 

 

ANNEXE 02

 

Le microcrédit au Maroc, une bonne pratique

 

Le Maroc a mis en place un cadre légal incitatif ad hoc, adopté en 1999 qui réglemente un nouveau type d’association consacrée à l’octroi de microcrédits dont le montant est plafonné à l’équivalent de 5 000 EUR, avec un taux d’intérêt maximal. Les Associations de microcrédit

(A.M.C.), qui doivent être agréées préalablement par le Ministère des Finances, sont tenues, notamment, de préparer un plan de développement faisant ressortir leur viabilité à un horizon de cinq ans, d’adhérer à la Fédération Nationale des associations de microcrédit et de réaliser des audits annuels. En contrepartie des incitations fiscales consenties aux A.M.C. durant leurs cinq premières années de fonctionnement, des normes de bonne gestion, de gouvernance et de transparence leur sont exigées. En plus du cadre légal, la mobilisation de ressources financières pour le secteur lui a conféré un rôle stratégique en tant qu’instrument privilégié de développement de l’économie sociale. Ces mesures ont permis au Maroc de devenir le leader régional en matière de microcrédit, avec plus de la moitié des micro-prêts distribués dans la région ANMO.

 

En 2004, FEMIP a fourni un appui additionnel de 10 million € au secteur du microcrédit du Maroc. Ayant connu une croissance remarquable, le secteur de microcrédit au Maroc entend relever de nouveaux défis. Après des études de faisabilité concluantes, le champ d’application de la loi relative au microcrédit a été étendu au financement du logement social, ainsi qu’à l’électrification et à l’approvisionnement en eau potable des ménages démunis.

 

Par ailleurs, certaines associations de microcrédit témoignent d’une forte demande potentielle pour des prêts individuels avec des montants plus importants que le plafond légal actuel.

 

Source :  www. ec.europa.eu/enterprise/policies/…/sme_access_to_finance_fr.pdf

 

 

 

ANNEXE 03

REPARTITION DES PME MAROCAINES

 

  1. Répartition des entreprises par secteur et par nombre d’employés
SECTEUR D’ACTIVITES Nombre d’employés
0-5 6-200 >200 Total
Affaires immobilières 946 308 8 1.262
Autres services (y compris jeunesse et sports) 14.239 1.853 37 16.129
Commerce 21.354 7.185 144 28.683
Hôtellerie et restauration 3.181 1.698 58 4.937
Hygiène 1.785 324 36 2.145
Intermédiaires et auxiliaires du commerce et de l’industrei 3.328 1.377 25 4.730
Matériaux de construction et travaux publics 8.501 4.859 213 13.573
Services domestiques 22 11 1 34
Transports et communications 4.463 1.578 68 6.109
Sous total 1 57.819 19.193 590 7.769
Bois et ameublements divers 442 267 11 720
Cuir et chaussures 236 292 18 546
Extraction et préparation de minéraux et minerais divers 235 282 7 524
Industrie alimentaire. boissons .tabacs 2.105 1.573 82 3.760
Industrie chimique. parachimique et pharmaceutique 400 516 30 946
Papier et carton. imprimerie. presse et édition 897 536 14 1.447
Pêche 37 97 17 151
Pétrole et carburant.combustibles minéraux solides 20 28 2 50
Textiles et confections 1.361 1.528 299 3.188
Transformation de métaux 3.685 1.438 63 5.186
Sous total 2 9.418 6.557 543 16.518
         
TOTAL    67.237 25.750 1.133 94.120

Source : Inforisk/OMPIC

 

  1. Répartition des PME Marocaines en fonction des résultats financiers
Segment  CA en Million de DHs Nombre d’entreprises Moyenne CA Moyenne Capitaux Propres Moyenne actif immobilisé Moyenne résultat net
0 < CA < 1 24854 3,24 8,82 4,65 -0,26
1 < CA < 3 9 184 18,05 17,70 10,67 0,31
3 < CA < 5 3 623 38,81 29,78 16,24 1,19
5 < CA < 10 4025 71,00 43,56 27,49 0,65
10 < CA < 50 5299 219,60 110,61 85,31 7,40
50 < CA <75 495 615,75 235,59 246,59 28,43
75 < CA < 100 301 864,88 315,27 495,84 88,33
100 < CA < 150 308 1210,03 438,79 684,33 61,37
150 < CA < 200 171 1736,14 450,08 770,20 60,50
200 < CA < 250 94 2250,00      
250 < CA 367 10438,93 1412,68 3248,41 909,59

Source : Inforisk/OMPIC

Le Groupement Professionnel des Banques du Maroc (GPBM) est l’association des banques. Les établissements de crédit agréés en tant que banque font obligatoirement partie du GPBM et ont seuls la qualité de membres, actuellement au nombre 16.

Le GPBM a pour principales missions:

  • Missions de veille: le GPBM veille à l’application par ses membres, des textes légaux et réglementaires régissant la profession bancaire, en particulier des arrêtés et décisions du Ministre des Finances et des directives de Bank Al Maghrib;
  • Missions de représentativité exclusive : le GPBM sert d’intermédiaire exclusif entre les membres, d’une part, et les pouvoirs publics ou tout autre organisme national ou étranger pour les questions intéressant la profession, d’autre part. Il peut représenter l’un de ses membres auprès de la Commission de Discipline des établissements de crédit, il est habilité à ester en justice dans toute instance où il estime que les intérêts généraux de la profession sont en jeu;
  • Missions d’études, de réflexion, de consultation, de propositions, de création et de gestion de services interbancaires ainsi que d’encouragement de l’investissement;
  • Missions de responsabilité sociale :outre leur rôle dans le financement de l’économie et l’accompagnement de l’investisseur, les banques marocaines individuellement ou au niveau du GPBM, développent plusieurs actions d’ordre social concernant notamment la solidarité pour la lutte contre la pauvreté, la protection de l’enfance, la protection de l’environnement, l’aide aux associations caritatives diverses (Association Marocaine des Handicapés, Bonnes œuvres du cœur….)ainsi que le soutien au peuple palestinien.

Source : http://www.tam-gtz.ma/partenaires/60-groupementprofessionelledesbanquesdumaroc.html

 

ANNEXE  04

GUIDE D’ENTRETIEN AUPRES PROFESSIONNELS DE LA BANQUE

  1. Définition, procédures, objectifs,

 

  1. a) Les PME-PMI sont-elles spécifiquement visées par votre institution? Oui /___/  Non  /___/

 

  1. b) Avez-vous fixé pour l’avenir des objectifs quantitatifs quant

au volume des crédits à octroyer aux PME?                                   Oui /___/   Non  /___/

 

  1. Définitions

 

Dans votre établissement, les PME sont définies par :

 

  • leurs actifs?      Si OUI   la Valeur maximale …………….  Unité monétaire

 

—  leurs effectifs?  Si OUI,  Le nombre minimum d’Employés /____/ ET le nombre maximum  /____/

 

— leur chiffre d’affaires?  Si OUI, la limite …………………………… Unité monétaire

 

— le niveau de leurs fonds propres? Si OUI,   le  Montant  requis  ………………… Unité monétaire

 

— Le niveau des encours de crédits? Si OUI, le Montant  requis …………………….Unité monétaire

 

— Le niveau des garanties? Si OUI,  Précisez  ……………………

 

— Le critère d’admission au TEP définit par les autorités de le GPBM)?

(TPE = Taux d’Escompte Préférentiel)

(GPBM = Groupement Professionnel des Banques du Maroc)

 

— Existe-t-il d’autres critères de définition des PME ? Si oui, lesquels?

 

 

  1. Quelles sont les procédures ou étapes ou hiérarchies et quelle méthode pour l’examen de dossier des PME ?

 

 

  1. Objectifs commerciaux

 

L’engagement de votre établissement dans les opérations de crédits avec les PME s’est fait ou peut-être

se fera dans la perspective :

 

— d’une diversification du portefeuille?                               … ….

 

— d’une division de risques?                                                ……..

 

— d’une mobilisation de l’épargne?                                      ……..

 

— de donner une meilleure image de votre établissement? ……….

 

— d’accroître votre rentabilité?                                            ……..

— d’offrir d’autres services?                                                .…….

 

  1. Suivi, contrôle et recouvrement,
  • Comment organisez-vous la communication, le traitement des informations et les mesures prises ?

 

  1. Relation Banque/Entreprise
    1. Quelle est la relation que vous entretenez avec les entreprises ?
      1. Partenaire
      2. Client
      3. Autres Si autres veuillez préciser :
    2. Assurez-vous des services de conseils pour vos entreprises clients ?
      1. Oui
      2. Non

 

  1. Quel est le pourcentage occupé par les PME dans la totalité des crédits accordés par votre banque ?
  2. Quelles sont vos prévisions sur la qualité et le nombre de crédit destinées au financement des PME en l’an 2010?
  3. Que proposez-vous à cette catégorie d’entreprises afin de l’aider à se développer ?
  4. En termes de risques à courir et de rentabilité, quel est le plus avantageux pour vous ? (Expliquez vote réponse)
    1. Crédit à court terme
    2. Crédit à moyen  terme
    3. Crédit à long terme.

ANNEXE 05

QUESTIONNAIRES   PME/PMI

  1. Identification :
  • Dénomination
  • Forme juridique
  • Adresse :
  • Téléphone :
  • Date de création
  • Nombre d’année d’expérience avec la banque :
  • Branche d’activités :
  • Activités principales :
  • Activités secondaires :

 

 

  1. Caractéristiques :

 

  • Effectif employés  Dont permanents : Masculin /____/  Féminin  /____/

Dont  temporaire ou occasionnel :  Masculin /____/   Féminin /____/

  • Chiffre d’affaires des trois dernières années  (en MDh):
    • Année n-3
    • Année n- 2
    • Année n-1

 

  1. Généralités sur le comportement et la capacité de la PME

 

  • Par quels moyens avez vous monté votre projet ?
    • Appuis financiers de la Banque.
    • Crédit bancaire
    • Crédit jeune promoteur
    • Apport personnel
    • Autres (à préciser SVP)

 

  • Quels sont les besoins de financement prioritairement ressentis ?

 

  • Quels sont les apports des PME pour le développement économique et social du Royaume de Maroc ?
  • Quels sont les critères du choix de votre banque ?

 

  • Taux d’intérêt moins élevé
  • Moins de garanties exigées
  • Nombre de formules de crédit proposés
  • Qualité des services

 

  1. Comportement relationnel avec la Banque:

 

  • Fréquence de changement de banque depuis la création :
  • Est-ce la présente banque est-elle votre banque depuis la création de votre PME:
  • Les visions de la banque par rapport à vous en tant que PME demandeur de crédit ?
  • Comment se passe l’accessibilité au financement ?
  • Quels sont les produits disponibles et mis à disposition de votre PME
  • Que pensez-vous de la relation actuelle banque/PME

 

 

  1. Que pensez-vous de la banque comme source de financement ? Expliquez votre réponse

-Efficace
-Inefficace
-Derniers recours

  1. D’après vous quels sont les facteurs qui limitent la possibilité de contracter un emprunt bancaire ?
  2. Que pensez-vous du terme encastrement social ?
  3. Avez-vous des suggestions sur le rationnement de crédit ?
  4. Quelle qualification donneriez-vous  à vos informations « hard » ?
  5. Comment trouvez-vous cette interview ? instructive ? perte de temps ? exploitable ?
  6. Quels sont vos remarques et vos messages à l’endroit des décideurs auprès des institutions marocaines de financement des PME ?

MERCI

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[1] Le comportement pro social humain désigne les comportements d’aide dirigés vers autrui dans le but de lui apporter un avantage1 voire un bien-être physique ou psychologique. C’est un comportement volontaire dans l’intention de rendre service, d’aider. Il s’agit par exemple de répondre de manière positive à la souffrance émotionnelle d’autrui, de se soucier, de réconforter, de soutenir autrui, de partager et faire un don, puis de coopérer. De nombreux facteurs sont en cause : des facteurs contextuels, individuels, culturels, cognitifs, biologiques ou motivationnels. Les chercheurs ont souvent tenté de déterminer si un comportement d’aide vise un objectif altruiste ou égoïste.

[2] L’Union européenne a mis en place un Programme d’appui aux Institutions de Garantie marocaines (PAIGAM) dans le cadre MEDA pour renforcer leurs capacités d’intervention en matière d’octroi de garantie de prêts bancaires.

[3] Région ANMO = Région Afrique du Nord et du Moyen Orient, y compris le Maroc.

[4] Elle a vu jour avec les articles originaux d’Ozga (1960) et de Stigler (1961)

[5] Daniel Bernoulli (Groningue 8 février 1700Bâle 17 mars 1782) est un médecin, physicien et mathématicien suisse. C’est le fils de Jean Bernoulli et le neveu de Jacques Bernoulli.

[6] Les calculs à partir de fréquences observées sont cependant soumis à une double approximation, d’une part du fait de considérer les fréquences empiriques comme des probabilités et d’autre part du fait de supposer que les probabilités calculées s’appliqueront dans la réalité.

[7] Pour plus de précisions sur l’intégration de la notion de risque dans la pensée économique, voir l’ouvrage de PRADIER de 2006, « La notion de risque en économie », collection repère Economie, édition La Découverte.

[8] En dehors du progrès technique. Selon Knight, l’entrepreneur n’assume pas le risque lié à l’innovation. Ce sont les banques qui assurent le rôle d’évaluation du risque. Il convient de distinguer la rémunération du banquier comme preneur de risque et le profit de l’entrepreneur soumis à une imprévisibilité plus grande (incertitude).

[9] « Le profit a pour origine l’imprévisibilité inhérente, absolue des choses, le fait brut et abrupt que les conséquences de l’activité humaine ne peuvent pas être anticipées, dans la mesure où même un calcul de probabilité les concernant est impossible et n’a pas de sens » (Knight, 1921, p.311).

[10] La notion de la probabilité est définie par Jérôme Cardan dans son ouvrage « Liber de ludo alea » (livre sur les jeux de chance) par le rapport du nombre des évènements favorables sur le nombre des évènements possibles.

[11] Source : Why managers and companies take risks, (2006) Ed. Physica Verlag, p.351

[12] Geert Hofstede,Gerard Hendrik Hofstede (2 Octobre 1928 à Haarlem , Pays-Bas ) est un chercheur néerlandais influente dans le domaine des études organisationnelles et plus concrètement la culture organisationnelle

[13] Source : Prise de risques, Baird & Thomas (1985); Brockhaus, 1980; Venkatraman, 1989 (Traduit de l’anglais : Risk taking Baird & Thomas (1985); Brockhaus, 1980; Venkatraman, 1989

 

[14] Cité par Orléan (2002)

[15] F.A. Hayek, The us of knowledge in society, pp. 77 – 78

[16] F.A. Hayek, Droit, législation et liberté, Paris : Presses universitaires de France (PUF), 1983, t. 3, p. 81

[17] H. Lepage, Demain le libéralisme, Paris, Le livre de poche, 1980

[18] F.A. Hayek, art. cité, p.220

[19] A. Caille, art. cité, p. 71, 1984

[20] F. Machlup, Essays on Hayek, F. Machulp éd., New York University Press, 1976, p. 36

[21] I.M. Kizner, Perception, opportunity and profit : studies in the theory of entrepreneur, University of Chicago Press, 1979, p.14

[22] Idem p.150

[23] I.M. Kirzner, Competition and Entrepreneurship, University of Chicago Press, 1973

[24] Mary Douglas, née Tew (1921-2007)  http://lhomme.revues.org/index14072.html

 

[25]Thierry Aimar, « l’actualité théorique de la pensée économique autrichienne », Sociétal, 3e trimestre 2006, p. 25-30.

[26] Renaud Fillieule, L’école autrichienne d’économie : une autre hétérodoxie, Presses Universitaires du Septentrion, 2010, 240 p.

[27] Les économistes autrichiens 1870–1940, l’Harmattan, collectif.

[28] F. Perroux (1941, p. 261)

[29] J. Goldstein, 1985, Pricing, accumulation and crisis in Post-Keynesian theory. Journal of Post Keynesian Economics, 8: 121-134

 

[30] On distingue parfois les fondamentalistes, les sraffiens et les kaleckiens

[31] S. Rousseau, 1985, A markup theory of bank loan rates, Journal of Post Keynesian Economics, 8: 135-144

[32] Macroéconomie approfondie – Equilibre, déséquilibre, circuit., Paris, Cujas, 1982.

 

[33] Marc Lavoie, L’économie Postkeynésienne, Paris, La Découverte, 2004

[34]  Sylvie Cieply et Bernard Parañaque, 1997 : La contrainte de financement des entreprises industrielles françaises depuis 1985:une approche en terme de régime de crédit

[35] Fraser et al, 2001,

[36] Charles W. Calomiris & R. Glenn Hubbard, 1995. « Internal Finance and Investment: Evidence from the Undistributed Profits Tax of 1936-1937, »

[37] Source : fr.wikipedia.org/wiki/George_Stigler

[38] Ronald Coase est un économiste britannique né le 29 décembre 1910 à Willesden, dans la banlieue de Londres. Considéré comme le père fondateur de la Théorie des coûts de transaction (sous-branche de la nouvelle économie institutionnelle) et lauréat du « prix Nobel » d’économie en 1991, il fait partie des économistes qui ont fait naître l’économie des institutions et les théoriciens de l’analyse économique du droit se référent souvent à ses écrits sur la création de ce courant.

[39] La nature de Firm (1937) est un article influent par Ronald Coase . Il a offert une explication économique de la raison pour laquelle les individus choisissent de former des partenariats, des entreprises et autres entités commerciales plutôt que la négociation bilatérale par le biais de contrats sur un marché.

[40] Ronald Coase (né le 29 décembre 1910) est un économiste britannique, considéré comme le père fondateur de la théorie des « coûts de transaction » (sous-branche de la nouvelle économie institutionnelle) et lauréat du Prix Nobel en 1991. Il fait partie des économistes qui ont fait naître « l’analyse économique des institution »,  « l’analyse économique du droit » et le courant « néo-institutionnelle ».

[41] Le précurseur de cette critique de l’aspect « donné » de la marchandise est Malthus qui fait la remarque suivante: « Say, Mill et Ricardo ont considéré la marchandise comme si elle était un caractère algébrique, et non pas un bien de consommation qui doit nécessairement faire référence au nombre de consommateurs et la nature de leurs besoins » (Malthus, 1820, p. 354). Notons cependant que Say s’oppose à cette critique dans une lettre à Malthus. Il exprime dans la lettre I qu’il a considéré que la valeur des choses (la seule qualité qui fait d’elle une richesse) est fondée sur leur utilité, sur leur aptitude à satisfaire les besoins. (Say, 1821).

[42] La même année, Joan Robinson publie aussi un livre sur le même thème : l’Economie de la concurrence imparfaite (1933). Mais celle-ci ne développe pas dans son analyse la différenciation des produits comme l’a fait

Chamberlin, mais concentre son attention sur la création d’une théorie générale du monopole. Elle a supposé que les consommateurs peuvent avoir des préférences différentes selon la firme qui produit le bien, sans approfondir la concurrence entre des biens différenciés de part leurs caractéristiques

[43] La littérature distingue actuellement deux types de différenciation : la différenciation verticale et horizontale.

La différenciation horizontale porte sur une distinction des produits en fonction des goûts des consommateurs et non des caractéristiques propres au produit (localisation, couleur). Il n’y a pas d’unanimité des consommateurs quant au produit préféré quand ceux-ci sont vendus au même prix. Par contre, la différenciation verticale porte sur une distinction des produits en fonction des critères propres au produit. Elle sous entend que tous les consommateurs s’accordent sur un ordre de classement de produits proposés. Dans ce cas, au même prix, tous les consommateurs préféreront acheter un produit plutôt qu’un autre.

[44] Il est intéressant de noter que cette loi date du 16ième siècle du nom de l’expert financier anglais Sir Thomas Gresham qui expliqua le mécanisme de cette loi à la reine Elizabeth : si des pièces contenant un métal de valeur inégale sont jugées identiques (donnant le même pouvoir d’achat), les pièces moins chères (contenant un métal de moins bonne qualité) seront utilisées en paiement, et les meilleures pièces tendront ainsi à disparaître de la circulation.

[45] L’information est un concept ayant plusieurs sens. Il est étroitement lié aux notions de contrainte, communication, contrôle, donnée, formulaire, instruction, connaissance, signification, perception et représentation. L’information désigne à la fois le message à communiquer et les symboles utilisés pour l’écrire ; elle utilise un code de signes porteurs de sens tels qu’un alphabet de lettres, une base de chiffres1, des idéogrammes ou pictogrammes. Au sens étymologique, l’information est ce qui donne une forme à l’esprit2. Elle vient du verbe Latin informare, qui signifie « donner forme à » ou « se former une idée de ». Hors contexte, elle représente le véhicule des données comme dans la théorie de l’information et, hors support, elle représente un facteur d’organisation. On touche là à un sens fondamental, où l’information est liée à un projet. Il peut être construit, comme un programme, ou auto-construit, comme la matière.

 

[46] La décision est le fait d’un acteur (ou d’un ensemble plus ou moins cohérent d’acteurs) qui effectue un choix entre plusieurs solutions susceptibles de résoudre le problème ou la situation auxquels il est confronté. Il existe plusieurs approches du concept de la décision. L’une des premières théorisations est celle d’Aristote dans l’Éthique à Nicomaque, qui fait de la décision l’aboutissement de la délibération. Au XXe siècle, elle a fait l’objet de l’attention, notamment, de la sociologie des organisations, dès les années 1940-50, avec les travaux d’Herbert Simon introduisant le modèle de la rationalité limitée

 

[47] Le principe du principal agent est le cœur de la théorie de l’agence, une des théories de l’économie industrielle. Il désigne un ensemble de problèmes rencontrés lorsque l’action d’un acteur économique, désigné comme étant le « principal », dépend de l’action ou de la nature d’un autre acteur, « l’agent », sur lequel le principal est imparfaitement informé. Il s’agit donc d’étudier les conséquences d’une asymétrie d’information.

[48] Léon Walras, né à Évreux le 16 décembre 1834 et mort à Clarens le 5 janvier 1910, est un économiste français. Il a été considéré par Joseph Schumpeter comme « le plus grand de tous les économistes ». Léon Walras a décrit l’équilibre général de concurrence parfaite et cherché à montrer que cet équilibre est optimal. Il veut dire par là que l’équilibre de concurrence parfaite permettrait le plein emploi de tous les facteurs de production : toute la population active serait occupée et tous les capitaux seraient utilisés

 

[49] Une introduction en bourse (en anglais initial public offering, IPO) est une opération financière conduite par une société de bourse et par divers conseils (banquier d’affaires, commissaires aux comptes, avocat d’affaires, etc.) qui permet la cotation d’une entreprise sur un marché boursier.

 

[50] Mark Grinblatt est le président des anciens étudiants à l’UCLA School of Management Anderson au Japon, où il a été membre du corps professoral depuis 1981. Actuellement, il est également directeur d’UCLA Anderson Programme. Il a décroché son diplôme de doctorat à l’Université de Yale.

 

[51] Chuan Yang Hwang est actuellement professeur de finance et directeur du programme de doctorat à Nanyang Business School, Université technologique de Nanyang

[52] Source : Article 1101 du Code civil (sur Legifrance)

[53] Source : Article 1101 du Code civil (sur Legifrance)

 

[54] M’Hand Farès et Stéphane Saussier (2002), Coûts de transaction et contrats incomplets, Revue française d’économie, Vol 16, n°3, pp193-230

[55] Oliver Hart (2003), Incomplete Contracts and Public Ownership: Remarks, and an Application to Public-Private Partnerships, Economic Journal, 113, March, pp69-76

[56] David Kreps, 1992, Static Choice in the Presence of Unforeseen Contingencies, In: P. Dasgupta et al., dir., Economic Analysis of Markets and Games : Essays in Honor of Frank Hahn, Cambridge : Cambridge University Press

[57] H. SIMON « A behavioral model of rational choice » Quaterly Journal of Economics, 1955, n°69 pp. 99-118

[58] W.G. OUCHI ET O.E. WILLIAMSON « The markets and hierarchies and visible hand perspectives » pp. 347-369 in A.Van de Ven et W.F. Joyce « Perspectives on organisation design and behaviour » New York, John Wiley and sens, 1981.

[59] H. SIMON « Rational decision making in business organisations » Ameriran Economic Review, 1979, vol. 69, n°4, pp. 493-513.

[60] AGHION, P. et P. BOLTON (1992), « An Incomplete Contracts Approach to Financial Contracting », Review of Economic Studies, 59 : 473-494.

 

[61]AGHION, P. et P. BOLTON (1992), « An Incomplete Contracts Approach to Financial Contracting », Review of Economic Studies, 59 : 473-494.

 

[62] LÜLFESSMAN, C. (2001), « Incomplete Contracts, Non-Verifiable Quality, and Renegotiation », Contributions to Theoretical Economics, 1 : article 2.

 

[63] Boris Starck  est ingénieur, pionnier de la télégraphie et de la téléphonie (1910-1974), il est également professeur de droit, créateur de la théorie de la garantie.

[64] Tobin et Brainard (1963) ou Modigliani (1963)

[65]  Jaffee-Modigliani 1969, Sealey 1979.

[66] Charles W. Calomiris est exerce la fonction de professeur Chez Henry Kaufman qu’est une institution financière à la Columbia Business School, il est également professeur à l’Ecole Britannique d’affaires publiques et internationales, et aussi associé de recherche au National Bureau of Economic Research.

[67] Charles W. Calomiris & R. Glenn Hubbard, 1998. « International Adjustment Under the Classical Gold Standard: Evidence for the U.S. and Britain, 1879-1914, » NBER Working Papers 2206, National Bureau of Economic Research, Inc.

[68] Pranab Bardhan est actuellement professeur d’économie à l’Université de Californie à Berkeley. Auparavant, il a été professeur d’économie à la Delhi School of Economics et à l’Indian Statistical Institute à New Delhi. Christopher Udry est professeur d’économie au Centre de la croissance économique dans l’Université de Yale.

[69] Source : www.économie-finance.com

 

[70] Le Pacte de stabilité et de croissance, ou PSC, désigne un ensemble de critères que les États de la zone euro se sont engagés à respecter vis-à-vis de leurs partenaires. C’est l’instrument dont les pays de la zone euro se sont dotés afin de coordonner leurs politiques budgétaires nationales et d’éviter l’apparition de déficits publics excessifs. Il impose aux États de la zone euro d’avoir à terme des budgets proches de l’équilibre ou excédentaires.

[71] Williamson S.D. (1986) : « Costly monitoring, financial intermediation and equilibrium credit rationing », Journal of Monetary Economics, vol. XVIII, 158-179 ;

 

[72] Cieply S., Paranque B. (1996) : « Comportement d’endettement des entreprises industrielles sur la période 1990-1993 »,  Banque de France, Observatoire des entreprises, D 96/01 ;

 

[73] Voir Ydriss Ziane (2003) ‘Nombre de banques et relations de crédit, une approche empirique’

[74] Stiglitz J.E., Weiss A. (1981) : « Credit rationing in markets with imperfect information », The American Economic Review, n° 71, 3, pp. 349-410 ;

 

[75] Binks, M.R., C.T. Ennew et G.V. Reed, « Information Asymmetries and the Provision of Finance to Small Firms », International Small Business Journal, 1992, vol. 11, no 1, p. 35.

 

[76] Berger, A. et G. Udell. ‘Some Evidence on the Empirical Significance of Credit Rationing’, Journal of

Political Economy, 1992, vol. 100, p. 1047-1077

 

[77] Un récent article publié dans le Journal par Kaplan et Zingales réétudie un sous-ensemble d’entreprises examinées  par  Fazzari, Hubbard et Petersen et critique de l’utilité de sensibilité des flux de trésorerie d’investissement pour détecter les contraintes de financement. L’article  montre que le modèle théorique de Kaplan et Zingales   ne parvient pas à capter l’approche utilisée dans la littérature et ne fournit donc une critique efficace.

 

[78] Augory, Avouyi-Dovi, Busque et Quéron, 1996, p. 33

[79] Oliner S.D., Rudebusch G.D. (1995) :  « Is there a Bank Lending Channel for Monetary Policy ? »,  Economic Review, Federal Reserve Bank of San Francisco, n° 2, pp. 3-20 ;

 

[80] Le logiciel AMOS  a été l’outil de traitement des données dans des modèles d’équations structurelles pour la réalisation d’une analyse explicative. AMOS (Abréviation de Analysis of MOment Structures) est un logiciel de statistiques produit par SPSS inc.. Son interface graphique rend possible la comparaison de structure de modèle rapide et intuitive par déplacements d’éléments à la souris.

[81] Cité dans Gueguen, 2005, « Pragmatisme méthodologique et analyse de l’environnement en stratégie », 14ème  conférence de l’AIMS, Angers.

[82] Cité par Gueguen, 2005

[83] La brochure RUU 600 en langue française est disponible depuis 2007, au même titre que les « Pratiques Bancaires Internationales Standard (PBIS)» (Brochure CCI n° 681 F) ou que le « Commentaire » élaboré par les rédacteurs de ces règles (Brochure CCI n° 680) qui permettent de faciliter le travail des praticiens.

 

[84] Les internes sont propriétaires- dirigeants et employés et les externes sont les créanciers et investisseurs

[85] Note de Granovetter (p.79)

[86] Note de Granovetter (p.206)

[87] Michel Aglietta et André Orléan, La Monnaie souveraine, Odile Jacob, 1998.

[88] Jacques Birouste, « Confiance et monnaie. Psychologie des liens réparateur, protecteur et intégrateur » dans M. Aglietta et A. Orléan, op.cit.

[89] Marshall Sahlins, Au cœur des sociétés. Raison utilitaire et raison culturelle, Gallimard, 1980.

[90] Source : A. Orléan Notion d’« individualisme patrimonial » in Le pouvoir de la finance, op. cit.

[91] Ces exemples classiques sont tirés de Coleman, James S., Foundations of Social Theory, Cambridge, Harvard University Press, 1990, p. 92 et Williamson, Oliver E., « Calculativeness, Trust and Economic Organization

», (1993) Journal of Law and Economics 453, p. 464. Ils s’inspirent de Wechsberg, Joseph, The Merchant Bankers, Toronto, Little, Brown and Company, 1966.

[92] Sheilagh Ogilvie passe en revue la littérature portant sur le rôle des guildes dans la genèse de la confiance dans Ogilvie, Sheilagh, The Use and Abuse of Trust: Social Capital and its Deployment by Early Modern Guilds CESifo (Center for Economic Studies and Ifo Institute for Economic Research), CESifo Working Paper Series No. 1302, 2004, http://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=614822 , p. 7.

[93] Voir par exemple Hardin, Russell, Conceptions and Explanations of Trust, dans: Trust in Society, Karen S. Cook (dir.), New York, Russell Sage Foundation, 2001, pp. 3-39, p. 19 et suiv.

[94] Voir par exemple Guiso, Luigi, Paola Sapienza et Luigi Zingales, Cultural Biases in Economic Exchange, Centre for Economic Policy Research, Financial Economics and International Trade No. 4837, 1999, <http://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=634210> et Jarvenpaa, Sirkka L., Noam Tractingsky et al., « Consumer Trust in an Internet Store : A Cross-Cultural Validation », (1999) 5 Journal of Computer-Mediated Communication, http://www.ascusc.org/jcmc/vol5/issue2/jarvenpaa.html .

[95]  Voir par exemple Dasgupta, Partha, Trust as a Commodity, dans: Trust: Making and Breaking Cooperative Relationships, Diego Gambetta (dir.), New York, Blackwell, 1988, pp. 49-72.

[96] Voir par exemple Brousseau, Éric, Confiance ou contrat, Confiance et contrat, INRA Edition, 2001, http://www.brousseau.info/pdf/EBConfINRA.pdf , p. 9 et Williams, Bernard, Formal Structures and Social Reality, dans: Trust : Making and Breaking Cooperative Relations, Diego Gambetta (dir.), New York, Blackwell, 1988, pp. 3 à 13, p. 8 et 9.

[97] Voir par exemple Butter, Frank A.G. Den et Robert H.J. Mosch, Trade, Trust and Transaction Costs, Tinbergen I n s t i t u t e Discussion P a p e r , Department o f Economics, 2003, http://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=459501 , p. 6 à 8. Ces auteurs distinguent deux types de mécanismes propres à stimuler la confiance, soit les mécanismes formels ou légaux d’une part, et les mécanismes informels d’autre part.

[98]  Guinnane, Timothy W., Trust, a Concept Too Many, Economic Growth Center, Yale University Center discussion paper no 907, 2005, http://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=680744 .

 

[99] Coleman, James S., Foundations of Social Theory, Cambridge, Harvard University Press, 1990, p. 99.

[100] L’expression est de Shapiro, Debra L., Blair H. Sheppard et Lisa Cheraskin, « Business on a Handshake », (1992) 8 Negociation Journal 365-377, pp. 366 à 369.

[101]  Russell Hardin utilise cette expression pour montrer que la confiance peut naître du fait que le destinataire de la confiance a personnellement intérêt à honorer la confiance qui est placée en lui. Voir Hardin, Russell, Conceptions and Explanations of Trust, dans: Trust in Society, Karen S. Cook (dir.), New York, Russell Sage Foundation, 2001, pp. 3-39.

[102] Voir par exemple Williamson, Oliver E., « Credible Commitments: Using Hostages to Support Exchange »,(1983) 73 American Economic Review 519-540.

[103] L’expression est de Baumann, Eveline et François Leimdorfer, La confiance? Parlons-en!, dans: La construction sociale de la confiance, Philippe Bernoux et Jean-Michel Servet (dir.), Paris, Montchrestien, 1997, pp. 359-379.

[104] Williams, Bernard, Formal Structures and Social Reality, dans: Trust : Making and Breaking Cooperative Relations, Diego Gambetta (dir.), New York, Blackwell, 1988, pp. 3 à 13, pp. 8 et 9.

[105] Voir Ullmann-Margalit, Edna, Trust, Distrust and In Between, dans: Distrust, Russell Hardin (dir.), New York, Russell Sage Foundation, 2004, pp. 59-82, p.63, qui conteste l’idée que la confiance puisse être fondée sur l’intérêt du destinataire de la confiance. Selon elle, la confiance implique que le destinataire de la confiance souhaite véritablement défendre les intérêts de la personne qui lui fait confiance.

 

[106] Sako, Mari, Prices, Quality and Trust: Inter-firm Relations in Britain and Japan, Cambridge, Cambridge University Press, 1992, pp. 37-38. L’auteure parle également d’un troisième type de confiance, la contractual trust. Il est fait mention de la confiance fondée sur les contrats ci-dessous.

[107] Hardin est d’avis qu’il s’agit d’un élément de la confiance presque unanimement admis dans la littérature. Voir Hardin, Russell, Trust and Trustworthiness, New York, Russell Sage Foundation, 2002, p. 8.

[108] Selon Bidault, la qualification, accréditée par le système social, « est déterminante ». Voir Bidault, Francis, « Comprendre la confiance: La nécéssité d’une nouvelle problématique », (1998) 32 Économies et Sociétés 33-46, p.38.

[109] La process-based trust rejoint certaines données expérimentales fondées sur les jeux d’investissement confirmant l’importance des signaux de collaboration et de la réciprocité dans l’établissement de la relation de confiance. Voir Bacharach, Michael, Guerardo Guerra et Daniel Zizzo, Is Trust Self-Fulfilling? An Experimental Study, Oxford Department of Economics, Economics Discussion Paper No. 7 6, 2001, http://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=333481 .

[110] Nous reviendrons sur cette source de la confiance lorsque nous traiterons de l’expérience.

[111] Zucker, Lynne, « Production of Trust: Institutionnal Sources of Economic Structure », (1986) 8 Research in Organizational Behavior 53-111, p. 60. Nous reviendrons sur ces source de la confiance lorsque nous traiterons des normes dans la division I.A.1.b).

[112] Servet, Jean-Michel, « Paroles données: le lien de confiance », (1994) 4 Revue du M.A.U.S.S. 37-56; pp. 42 et suiv..

[113]  Sur les habitudes, voir en particulier Misztal, Barbarara A., Trust in Modern Societies, Cambridge, Polity Press, 1996, pp. 102 à 120.

[114] Servet, Jean-Michel, « Paroles données: le lien de confiance », (1994) 4 Revue du M.A.U.S.S. 37-56, p. 46.

[115]  À ce sujet, voir par exemple Nee, Victor et Jimy Sanders, Trust in Ethnic Ties: Social Capital and Immigrants, dans: Trust in Society, Karen S. Cook (dir.), New York, Russell Sage Foundation, 2001, pp. 374-392 et Zucker, Lynne, « Production of Trust: Institutionnal Sources of Economic Structure », (1986) 8 Research in Organizational Behavior 53-111, pp. 70 à 78. Voir aussi Hill, Claire Ariane et Christopher King, « How do German Contracts do as much with Fewer Words? », (2004) 79 Chicago-Kent Law Review 889-926, qui explique que les conventions implicites qui existent dans des milieux relativement homogènes, complétés par des règles de procédure, la bonne foi et les usages, permettent de limiter les coûts d’autoprotection. C’est ce qui expliquerait selon ces auteurs que les Allemands font en général des contrats simples, et que les contrats internationaux prévoient plus d’éventualités.

[116]  Hardin, Russell, Conceptions and Explanations of Trust, dans: Trust in Society, Karen S. Cook (dir.), New York, Russell Sage Foundation, 2001, pp. 3-39, p. 19 et 20.

[117] Servet, Jean-Michel, « Paroles données: le lien de confiance », (1994) 4 Revue du M.A.U.S.S. 37-56, p. 469.

[118] Williamson, Oliver E., « Calculativeness, Trust and Economic Organization », (1993) Journal of Law and Economics 453, p. 465.

[119] Nooteboom, Bart, Learning to trust, Symposium « La structure cognitive de la confiance », 2003, <http://greywww.kub.nl:2080/greyfiles/center/2005/doc/47.pdf >, p. 3.

[120] Good, David, Individuals, Interpersonal Relations and Trust, dans: Trust: Making and Breaking Cooperative Relationships, Diego Gambetta (dir.), New York, Blackwell, 1988, pp. 44-45.

[121] Dasgupta, Partha, Trust as a Commodity, dans: Trust: Making and Breaking Cooperative Relationships, Diego Gambetta (dir.), New York, Blackwell, 1988, pp. 49-72, p. 59.

[122] Hardin, Russell, Conceptions and Explanations of Trust, dans: Trust in Society, Karen S. Cook (dir.), New York, Russell Sage Foundation, 2001, pp. 3-39, pp. 24 à 26. Voir aussi Blair, Margaret M. et Lynn A. Stout, « Trust, Trustworthiness, and the Behavioral Foundations of Corporate Law », (2001) 149 University of Pennsylvania Law Review 1735-1819, pp. 1766 à 1768. Hardin, Russell, Conceptions and Explanations of Trust, dans: Trust in Society, Karen S. Cook (dir.), New York, Russell Sage Foundation, 2001, pp. 3-39, p. 26 à 28.

[123] Zucker, Lynne, « Production of Trust: Institutionnal Sources of Economic Structure », (1986) 8 Research in Organizational Behavior 53-111, p. 61.

[124] Milgrom, Paul R., Douglass C. North et Barry R. Weingast, The Role of Institutions in the Revival of Trade: Law Merchant, Private Judges, and the Champagne Fairs, dans: Reputation: Studies in the Voluntary Elicitation of Good Conduct, Daniel B. Klein (dir.), Ann Arbor, The University of Michigan Press, 1997, pp. 243-266, p. 243.

[125] Hardin, Russell, Conceptions and Explanations of Trust, dans: Trust in Society, Karen S. Cook (dir.), New York, Russell Sage Foundation, 2001, pp. 3-39.

[126] Hardin, Russell, Trust and Trustworthiness, New York, Russell Sage Foundation, 2002, p. 3.

[127] Une machine servant à enrouler le foin

[128] Coleman, James S., Relations of Trust, dans: Foundations of Social Theory, James S. Coleman (dir.), Cambridge, Harvard University Press, 1990, pp. 91 à 116, p. 93 et suiv..

[129] Voir par exemple Buckley, Frank H., Just Exchange – A Theory of Contract, London, Routledge, 2005, p. 44.

[130] Sur le rôle des otages dans les transactions, voir Buckley, Frank H., Just Exchange – A Theory of Contract, London, Routledge, 2005, p. 48 et Williamson, Oliver E., « Credible Commitments: Using Hostages to Support Exchange », (1983) 73 American Economic Review 519-540.

 

[131] Hardin, Russell, Conceptions and Explanations of Trust, dans: Trust in Society, Karen S. Cook (dir.), New York, Russell Sage Foundation, 2001, pp. 3-39, p. 4.

[132] Dasgupta, Partha, Trust as a Commodity, dans: Trust: Making and Breaking Cooperative Relationships, Diego Gambetta (dir.), New York, Blackwell, 1988, pp. 49-72, p. 53.

[133] Dasgupta, Partha, Trust as a Commodity, dans: Trust: Making and Breaking Cooperative Relationships, Diego Gambetta (dir.), New York, Blackwell, 1988, pp. 49-72, p. 62.

[134] Butter, Frank A.G. Den et Robert H.J. Mosch, Trade, Trust and Transaction Costs, Tinbergen Institute Discussion Paper, Department of Economics, 2003, http://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=459501 , p.6.

[135] Coleman, James S., Relations of Trust, dans: Foundations of Social Theory, James S. Coleman (dir.), Cambridge, Harvard University Press, 1990, pp. 91 à 116, p. 109.

[136] Klein, Benjamin et Keith B. Leffler, The Role of Market Forces in Assuring Contractual Performance, dans: Reputation: Studies in the Voluntary Elicitation of Good Conduct, Daniel B. Klein (dir.), Ann Arbor, The University of Michigan Press, 1997, pp. 289-313.

[137] Buckley, Frank H., Just Exchange – A Theory of Contract, London, Routledge, 2005, p. 48.

[138] Voir Farell, Henry, Trust, Distrust and Power, dans: Distrust, Russell Hardin (dir.), New York, Russell Sage Foundation, 2004, pp. 85 à 105.

[139] Brousseau, Éric, Confiance ou contrat, Confiance et contrat, INRA Edition, 2001, http://www.brousseau.info/pdf/EBConfINRA.pdf , p. 4.

[140] Zucker, Lynne, « Production of Trust: Institutionnal Sources of Economic Structure », (1986) 8 Research in Organizational Behavior 53-111, p. 62.

[141] Brousseau, Éric, Confiance ou contrat, Confiance et contrat, INRA Edition, 2001, http://www.brousseau.info/pdf/EBConfINRA.pdf , pp. 10 et 11.

[142]  À ce sujet, voir Knack, Stephen et Philip Keefer, « Does social Capital Have an Economic Payoff? A Cross- Country Investigation », (1997) 112 Quarterly Journal of Economics 1251-1288, qui en font une composante (component) de nature à stimuler la confiance.

[143] Dasgupta, Partha, Trust as a Commodity, dans: Trust: Making and Breaking Cooperative Relationships, Diego Gambetta (dir.), New York, Blackwell, 1988, pp. 49-72, p. 53.

[144] Voir Orléan, André, « Sur le rôle respectif de la confiance et de l’intérêt dans la constitution de l’ordre marchand », (1994) Revue du M.A.U.S.S. 17-36, p. 26. Voir aussi Buckley, Frank H., Just Exchange – A Theory of Contract, London, Routledge, 2005, pp. 46 à 48.

[145] Trompette, Pascale, De la prudence… à la confiance, dans: Des mondes de confiance. Un concept à l’épreuve de la réalité sociale, Vincent Mangematin et Christian Thuderoz (dir.), Paris, CNRS éditions, 2003, pp. 99- 107, p. 104.

[146] Voir par exemple Allouche, José et Bruno Amann, « La confiance: une explication des performances des entreprises familiales », (1998) 32 Économies et sociétés 129-154, Putnam, Robert D., Making Democracy Work: Civic Traditions in Modern Italy, Princeton, Princeton University Press, 1993, pp. 152 et suiv..

[147] Ogilvie, Sheilagh, The Use and Abuse of Trust: Social Capital and its Deployment by Early Modern Guilds, CESifo (Center for Economic Studies and Ifo Institute for Economic Research), CESifo Working Paper Series No. 1302, 2004, <http://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=614822>.

[148] Bart Nooteboom l’évoque dans Nooteboom, Bart, Learning to trust, Symposium « La structure cognitive de la confiance », 2003, http://greywww.kub.nl:2080/greyfiles/center/2005/doc/47.pdf , p. 3.

[149] Zucker, Lynne, « Production of Trust: Institutionnal Sources of Economic Structure », (1986) 8 Research in Organizational Behavior 53-111, pp. 98 à 100.

[150] Bidault, Francis, « Comprendre la confiance: La nécéssité d’une nouvelle problématique », (1998) 32 Économies et Sociétés 33-46, p. 40.

[151] Voir Landa, Janet Tai, Trust, Ethnicity and Identity, Ann Arbor, The University of Michigan Press, 1994.

[152] Voir par exemple Dasgupta, Partha, Trust as a Commodity, dans: Trust: Making and Breaking Cooperative Relationships, Diego Gambetta (dir.), New York, Blackwell, 1988, pp. 49-72, p. 49; Good, David, Individuals, Interpersonal Relations and Trust, dans: Trust: Making and Breaking Cooperative Relationships, Diego Gambetta (dir.), New York, Blackwell, 1988, p. 32; Thuderoz, Christian, Introduction au propos: la confiance en questions, dans: Des mondes de confiance. Un concept à l’épreuve de la réalité sociale., Vincent Mangematin et Christian Thuderoz (dir.), Paris, CNRS Éditions, 2003, pp. 19-30, p. 19.

[153] Peyrefitte, Alain, La société de confiance. Essai sur les origines et la nature du développement, Paris, Éditions Odile Jacob, 1995.

[154] Fukuyama, Francis, Trust. The Social Virtues and the Creation of Prosperity, New York, Free Press Paperbacks, 1996.

[155] Pour une revue partielle de la littérature sur les rôles de la confiance, voir Zucker, Lynne, « Production of Trust: Institutionnal Sources of Economic Structure », (1986) 8 Research in Organizational Behavior 53-111, p. 56.

[156] Luhmann, Niklas, Trust and Power, Toronto, John Wiley and Sons, 1979, pp. 1 à 95.

[157] Voir Pagden, Anthony, The Destruction of Trust and its Economic Consequences in the Case of Eightenth- Century Naples, dans: Trust. Making and Breaking Cooperative Relations, Diego Gambetta (dir.), New York, Basil Blackwell Ltd., 1988, pp. 127-141.

[158] Voir par exemple Barber, Bernard, The Logic and Limits of Trust, New Brunswick, Rutgers University Press, 1983, pp. 19 et suiv., qui insiste sur le rôle important de la confiance dans l’exercice du pouvoir. Selon Baron, Jonathan, Trust : Beliefs and Morality, dans: Economics, Values and Organization, Avner Ben-Ner et Louis Putterman (dir.), Cambridge, Cambridge University Press, 1998, pp. 408-418. Selon ce professeur de psychologie, la confiance aurait un rôle à jouer pour permettre les changements de gouvernement.

[159] Butter, Frank A.G. Den et Robert H.J. Mosch, Trade, Trust and Transaction Costs, Tinbergen Institute Discussion Paper, Department of Economics, 2003, http://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=459501 , pp. 6 et 7 font cette distinction entre la confiance fondée sur des accords légaux (formal trust) et la confiance fondée sur des motivations intrinsèques (informal trust).

 

[160] Cela est contesté par Brousseau, qui estime que la confiance est plutôt un produit du contrat. Voir Brousseau, Éric, Confiance ou contrat, Confiance et contrat, INRA Edition, http://www.brousseau.info/pdf/EBConfINRA.pdf , 2001, p. 4.

[161] Guiso, Luigi, Paola Sapienza et Luigi Zingales, Cultural Biases in Economic Exchange, Centre for Economic Policy Research, Financial Economics and International Trade No. 4837, 1999, http://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=634210 , p. 4.

[162] Voir Knack, Stephen et Philip Keefer, « Does social Capital Have an Economic Payoff? A Cross-Country Investigation », (1997) 112 Quarterly Journal of Economics 1251-1288, p. 1252.

[163] Voir Knack, Stephen et Philip Keefer, « Does social Capital Have an Economic Payoff? A Cross-Country Investigation », (1997) 112 Quarterly Journal of Economics 1251-1288; p. 1253.

[164] Ces normes sont celles qui agissent « as constraints on narrow self-interest, leading individuals to contribute to the provision of public goods of various kinds. Internal (e.g. guilds) and external (e.g. shame and ostracism) sanctions associated with norms alter the costs and benefits of cooperating and defecting in prisoner’s dilemma ». Knack, Stephen et Philip Keefer, « Does social Capital Have an Economic Payoff? A Cross-Country Investigation »,(1997) 112 Quarterly Journal of Economics 1251-1288, p. 1254.

[165] Guiso, Luigi, Paola Sapienza et Luigi Zingales, Cultural Biases in Economic Exchange, Centre for Economic Policy Research, Financial Economics and International Trade No. 4837, 1999, http://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=634210 .

 

[166] Mark Granovetter est un sociologue américain de l’Université de Stanford1, considéré comme l’un des principaux représentants de la sociologie des réseaux sociaux.

[167] Granovetter, Marc. Le marché autrement. Les réseaux dans l’économie. Préface de Jean-Louis Laville, Benoît Levesque et Isabelle This-Saint-Jean ; introduction de l’auteur. Paris, Desclée de Brouwer (Sociologie économique), 2000, 239 p. ISBN : 978-222004779

[168] Granovetter, 1992, 1994 ; Swedberg et Granovetter, 2001

[169] Montgomery, (1991 ; Simon et Warner, (1992) ; Calvo-Armengol, (2004) ; Calvo-Armengol et Jackson, (2004) ; Fontaine (2006) ; Ioannides et Datcher Loury, (2004)

[170] Le Comité de Bâle ou Comité de Bâle sur le contrôle bancaire (en anglais Basel Committee on Banking Supervision, BCBS) est un forum où sont traités de manière régulière (quatre fois par an) les sujets relatifs à la supervision bancaire. Il est hébergé par la Banque des règlements internationaux à Bâle.

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