L’importance de la communication en réanimation : prise en charge des patients sous sédatifs
Résumé/Abstract 2
Introduction 3
Partie 1 : Situation d’appel 4
- Questionnement 6
- Problématisation 6
Partie 2 : Phase exploratoire 8
2.1. Revue de littérature 8
2.1.1. La communication 8
2.1.2. Les émotions et le soin 10
2.1.3. La sédation et l’environnement en réanimation 11
2.2. Enquête exploratoire 13
2.2.1. Présentation de l’enquête exploratoire 13
2.2.2. Analyse de l’enquête exploratoire 13
2.3. Question de départ 18
Partie 3 : Construction de la problématique 19
3.1. Etude du pôle théorique 19
3.1.1. Cadre de référence 19
3.1.2. Cadre théorique 20
3.2. Question de recherche 21
Conclusion 22
Bibliographie 23
Annexes 25
Résumé
Le sujet se porte sur les services de réanimation et s’intéresse particulièrement à la prise en charge des patients qui sont sous sédatifs. La tendance est de croire que les personnes inconscientes ne communiquent pas. Or, lors de leur prise en charge, le soignant doit les traiter comme tous les autres patients normaux, et par conséquent, doivent établir une communication verbale et non-verbale.
Divers aspects de la communication entre le soignant et le patient en réanimation seront alors développés, de sorte de permettre de comprendre l’importance de la communication dans cette situation particulière. Dans cette démarche, il a également été constaté que les émotions du soignant, si elles ne sont pas contrôlées, peuvent avoir des conséquences sur le patient lors de cette communication.
Abstract
The subject is focused on intensive care units and is particularly interested in the management of patients who are sedated. The tendency is to believe that unconscious people do not communicate. However, during their care, the caregiver must treat them like any other normal patients, and therefore should establish a verbal and non – verbal communication.
Various aspects of the communication between the caregiver and the patient in intensive care will then be developed, in order to allow understanding the importance of communication in this particular situation. In this process, it was also found that the emotions of the caregiver, if not controlled, can have consequences for the patient during this communication.
Introduction
Pour ce travail de fin d’études, je souhaite porter une réflexion sur la communication en réanimation. Il s’agit d’une situation le plus souvent difficile à vivre pour le soignant en raison de l’inexistence de feedback. Cependant, l’interaction soignant-soigné doit toujours exister même si le corps est immobile et même en cas d’absence de réaction de la part du patient.
Alors que la communication se situe à la base de toute relation interpersonnelle, sa mise en œuvre n’est toujours pas évidente. Cependant, une bonne prise en charge exige une bonne communication.
Dans le cadre de ce travail, je présenterai une situation que j’ai vécue en réanimation, lors de la prise en charge d’un patient sédaté. Mon intérêt pour le choix du sujet était surtout basé sur la communication avec un patient inconscient.
Partie 1 : Situation d’appel
Au cours de ma formation, pendant le semestre 4, j’ai effectué mon stage en soins infirmiers dans un service de réanimation. La réanimation est un service très technique où les machines permettent de suppléer un ou plusieurs organes vitaux défaillants ainsi que de participer à la surveillance, aux soins des patients et sont une aide au raisonnement clinique. Néanmoins, l’aspect invasif des technologies employées et la fragilité des patients accueillis requièrent un soignant sensibilisé à l’hygiène avec de bonnes compétences relationnelles envers le patient, ses proches et l’équipe pluridisciplinaire avec laquelle il travaille. Le service comprend onze lits séparés en trois secteurs. Une infirmière travaille sur un secteur en binôme avec une aide-soignante et assume jusqu’à quatre patients, il y a aussi une infirmière transverse à qui sont déléguées certaines tâches et qui peut aider en cas de surcroit d’activités.
Le premier jour de mon stage, je me présente dans le service au personnel soignant et je rencontre mon infirmière référente, d’une trentaine d’années, diplômée depuis six ans et ayant alterné des postes en réanimation et aux urgences. Cette dernière m’invite à m’installer avec elle ainsi qu’en compagnie de l’aide-soignante qui forme son binôme de la journée et du binôme de nuit. L’infirmière de nuit fait ses transmissions. Il y a trois patients sur notre secteur mais un seul qui soit sous sédation. Mr B. 50 ans, accueilli la nuit précédente, vit maritalement et a des antécédents d’alcoolisme et tabagiques. Il est retrouvé en arrêt cardio-respiratoire par sa compagne pendant la nuit. Elle est réveillée par la sensation d’humidité provoquée par les urines de son compagnon. Devant l’état de santé de Mr B., elle prévient le voisin qui réalise un massage cardiaque pendant qu’elle contacte le SAMU. Il est admis dans le service avec un score de Glasgow de 3/15, un no flow inconnu et un low flow de 40 minutes. Il a été nécessaire de lui injecter 5mg d’adrénaline et de réaliser trois chocs électriques externes pour qu’il reprenne une activité cardiaque spontanée. Une coronarographie a révélé que l’artère interventriculaire antérieure était obstruée et elle fut alors dilatée avec un ballonnet. Le bilan sanguin et une oligurie ont révélé une insuffisance rénale. Il est toujours sous catécholamines pour lui maintenir une pression artérielle moyenne prescrite par le médecin. Mr B. est sédaté à l’aide d’hypnotique et d’antalgique. Sa compagne a appelé le service pour prendre des nouvelles mais n’est pas venue lui rendre visite pour le moment. La relève terminée, j’accompagne l’infirmière dans son tour pour prendre un premier contact avec les patients, relever les constantes et la diurèse avant d’assister au staff avec les médecins.
C’est la première fois que je suis face à ce genre de soins, lorsque l’infirmière entre dans la chambre de Mr B. qui est un patient sous sédation, elle le salue de la même manière qu’une personne consciente en lui lançant « Bonjour, Mr B. Je suis l’infirmière qui va s’occuper de vous pour la journée…». Bien que celui-ci ne réponde pas, l’infirmière se présente à lui. Je l’imite en me présentant. Elle se rapproche et contourne le lit pour ouvrir les stores, faire pénétrer la lumière du jour dans le box et en profite pour faire un commentaire sur la météo. Tout en notant ses constantes, après avoir allumé le scope, elle lui explique ce qu’elle est en train de faire, sans pour autant lui donner les valeurs. Elle continue à parler malgré le silence du patient. Elle le stimule, en l’appelant par son nom, observe ses pupilles, aucune réaction ni expression. L’infirmière me cite l’échelle comportementale de douleur (BPS) utilisé en réanimation, permettant une évaluation de la douleur chez un patient incapable de communiquer et une autre échelle, le RASS, qui reflète plutôt la sédation et l’agitation. Elle m’explique les principaux items et me demande de les observer. Elle vérifie et réajuste les alarmes en m’expliquant la procédure. Juste avant de partir, je l’aide à le réinstaller dans son lit, et elle lui précise que nous repasserons plus tard pour le voir. Ce fut pour moi la première fois que je vis un patient sous sédation. Après le staff médical, avant de commencer nos soins, l’infirmière prend un moment pour réaliser la traçabilité des soins et les surveillances effectuées plus tôt dans la matinée. C’est devant l’ordinateur en discutant des items que nous établissons les évaluations de la douleur et de sédation par les échelles citées précédemment. L’infirmière me justifie aussi selon elle les raisons de l’importance de la communication avec les personnes sédatées. Cela permet de créer un lien avec les familles en leur expliquant qu’elles doivent communiquer avec leurs proches et que l’on ne sait pas ce que les personnes entendent ou ressentent pendant leur sédation. Pour nous, en tant que soignant, les perceptions des patients peuvent nous être inconnues, car ils peuvent ne rien renvoyer de perceptible, mais il est important de considérer les personnes sédatés comme conscientes, de leur montrer du respect, d’éviter de les faire souffrir physiquement ou psychologiquement. Tout au long du stage, j’ai pu observer que l’ensemble des soignants communiquaient avec les patients malgré leur état de sédation.
1.1 Questionnement
J’ai été interpellé par le fait que l’infirmière entretienne une communication verbale et non-verbale avec un patient qui ne peut rien exprimer. Intéressé par sa capacité à communiquer avec une personne en apparence absente, je me suis posé diverses questions :
- La communication
Est-ce une situation de communication ? La communication est-elle nécessaire pour prendre soin d’une personne sédatée ? Quel est l’intérêt pour le soignant indépendamment de son expérience de communiquer avec un patient sédaté ? Comment améliorer la qualité de la communication avec un patient sédaté ? Quelle place pour la communication dans un lieu hyper technique ? Qu’est-ce que le patient renvoie et que perçoit-il de son environnement ?
- Les émotions et les soins
Comment surviennent les émotions chez un soignant lors de la rencontre avec un patient ? Quelles sont les émotions ressenties par les soignants ? Quelles conséquences peuvent avoir les émotions d’un soignant lors d’une situation de soins ?
- La sédation et l’environnement en réanimation
Quel impact la sédation et l’environnement technique peuvent avoir sur la famille ? Quelle est la place de la famille dans le processus de réveil ? Comment accompagner la famille ? Quelles sont les représentations de la famille sur la sédation ? Quelles sont les représentations de la personne sédatée ?
1.2 Problématisation
Durant mes stages, j’ai régulièrement été confronté à des situations qui ont parfois fait émerger un questionnement éthique de ma part ou de la part du personnel soignant. Il s’agissait souvent de situations complexes dans lesquelles le soignant avait du mal à concilier ce qu’il a appris lors de sa formation théorique et ce qui se présente en pratique. Dans le cas de la prise en charge de ce patient sédaté, ce n’était pas le cas. L’infirmière continuait à communiquer avec le patient inconscient malgré l’absence de feedback. Alors que la communication est a priori destinée à être appliquée entre deux ou plusieurs interlocuteurs conscients et prêts à faire un échange entre eux, le cas était différent pour ce patient sédaté en réanimation.
Après réflexion sur ma situation, je me suis interrogé sur les émotions que j’ai ressenties et qui ont pu avoir des conséquences sur mon comportement. Le stress induit par ma méconnaissance du milieu hospitalier, car c’était mon premier jour de stage dans une structure hospitalière de surcroît en réanimation. Nos comportements sont influencés par nos émotions. Il me semble donc important pour devenir soignant, que mes émotions n’interfèrent pas dans la prise en charge d’un patient, tout comme dans la mise en pratique de mes connaissances théoriques.
Mon questionnement m’a amené à réfléchir sur l’environnement technique de la réanimation et les représentations autour de la sédation. Cependant, j’avais orienté initialement cette partie de mon introspection autour de la famille. Je préfère cibler mon travail sur un aspect soignant, je pense que cela m’aidera dans ma professionnalisation. De plus, la famille est absente de ma situation, il m’aurait été plus complexe de faire le lien avec mon travail.
De là a émergé mon questionnement. Cela m’a amené à formuler une question de départ.
En quoi les émotions des soignants peuvent-elles influencer la communication en réanimation dans le cas où le patient est sédaté ?
En tant que futur soignant, je sais que je serai confronté à ce questionnement, et ces recherches me permettront de mener une réflexion sur la nécessité de ce questionnement éthique au cœur de la relation soignant/soigné.
Partie 2 : Phase exploratoire
2.1 Revue de littérature
Suite à l’élaboration de ma question de départ et afin de mener à bien mon mémoire de fin d’études, je me suis tout d’abord intéressé aux champs disciplinaires dispensés lors de la formation d’infirmier sur lesquels je vais pouvoir identifier les différents thèmes concernant mon travail de recherche ainsi qu’aux diverses unités d’enseignement qui y sont rattachées. J’enrichirai ma recherche sur ces unités d’enseignement par des articles, lectures, et études.
Notre formation fut guidée par un recueil des principaux textes relatifs à la formation préparant au diplôme d’État et à l’exercice de la profession d’infirmier. Je me suis appuyé tout d’abord sur le champ disciplinaire « Sciences Humaines Sociales et Droit », ensuite le champ « Sciences biologiques et médicales » et enfin le champ « Sciences et Techniques Infirmières Fondements et Méthodes ».
2.1.1 La communication
Pour construire la première étape de ma phase exploratoire de recherche, j’aborderai la discipline de la communication, qui, en terme étymologique est « la relation sociale entre les hommes », ce qui a permis à l’être humain de faire un échange avec ses semblables. Ce domaine est reconnu comme ayant une place importante dans les soins, permettant ainsi l’observation avant la maîtrise rationnelle du patient.
Lebel P. dans Communication professionnelle de l’infirmière décrit les voies de la communication. Il explique que « la communication est établie obligatoirement par l’un des cinq sens »[1]. En analysant avec du recul ma situation, l’infirmière a débuté sa relation avec Mr B. en lui parlant pour se présenter et en écoutant sa respiration. Elle est aussi entrée en contact avec lui, tout en l’observant afin de surveiller son état neurologique, évaluer sa douleur ou l’absence de signe d’infection. Le flair de l’infirmière certainement éveillé ne fut pas sollicité par Mr B. On constate bien que dans ma situation, l’infirmière a mobilisé quatre de ses sens pour communiquer avec Mr B.
Il y a eu d’une part la communication verbale utilisée exclusivement par l’infirmière, c’est le langage parlé tout au long de sa relation avec Mr B. Pour renforcer sa communication verbale, l’infirmière a utilisé les éléments du paralangage car « la même phrase peut avoir une signification différente selon la façon dont elle est prononcée ».[2] De manière plus particulière, ces derniers sont : l’intonation, l’accentuation et le ton qui laisse transparaitre une émotion, le timbre qui nous permet de nous distinguer des autres personnes et peut permettre à Mr B. de nous identifier, comme la prononciation et l’accent.
Cependant, la majeure partie de la communication entre les deux protagonistes de ma situation a été un « langage non verbal composé des éléments suivants : L’expression faciale, le contact physique, la posture, les gestes ainsi que les odeurs… »[3].
Dans Communication soignant-soigné, repères et pratiques, de A. Bioy, F. Bourgeois, et I. Nègre., les auteurs confirment ce que m’avait dit l’infirmière « on connaît peu de choses du vécu du patient »[4]. Il est donc important pour l’infirmière d’employer et d’être à l’écoute de la communication non verbale avec Mr B. car, « la réanimation est un lieu de haute technicité où le soignant pourrait tendre à s’occuper davantage d’un corps que d’une personne »[5].
Brisseau E. et Neida B. mettent en avant à l’intérieur de leur article l’importance de la communication en équipe, avec le patient et sa famille. L’article illustre aussi l’importance de la communication dans la gestion des émotions et la qualité des soins.
2.1.2 Les émotions et le soin
Dans la deuxième partie, j’orienterai mes recherches vers le domaine de l’éthique dont le concept semble apparaître au XXème siècle dans le cadre de la médecine expérimentale, et plus particulièrement vers le questionnement éthique suscité lors de soins sous contraintes en réanimation. Les émotions et les soins seront abordés dans cette seconde partie.
Le dictionnaire « Larousse » donne pour définition à l’éthique : « Ensemble des principes moraux qui sont à la base de la conduite de quelqu’un »[6]. Dans la pratique professionnelle infirmière, il existe deux thématiques de risques majeurs entrainant une réflexion éthique : la mort et l’abus de pouvoir. En corrélation avec ma situation, j’orienterai ma réflexion sur la contention en réanimation. La contention est définie par la Société Française de Gériatrie et Gérontologie comme : « tous les moyens mis en œuvre pour limiter les capacités de mobilisation de tout ou une partie du corps ou pour limiter la libre circulation des personnes dans un but sécuritaire pour une personne ayant un comportement jugé dangereux ou mal adapté »[7]. Cette dernière décrit les divers types de contention, en service de réanimation, ce sont les contentions chimiques « par prescription de psychotropes et de curares»[8]. Et les contentions physiques : posturale « qui participe au maintien d’une attitude corrigée dans le cadre d’un traitement rééducatif» [9]; ou passive qui «se caractérise par l’utilisation de tous moyens, méthodes, matériels ou vêtements qui empêchent ou limitent les capacités de mobilisation volontaire de tout ou partie du corps dans le seul but d’obtenir la sécurité pour une personne qui présente un comportement estimé dangereux ou mal adapté»[10] qui sont utilisées. Nous pouvons nous interroger sur les émotions que ressentent les soignants face à cette situation.
Selon D. Anzieu, R. Doron et F. Parot, « l’émotion est un état particulier survenant dans des conditions indéfinies (une situation dite émotionnelle) accompagné d’une expérience subjective et de manifestations somatiques et viscérales »[11].
En lien avec ma situation, S. Rusinek développe à l’intérieur de son livre, Les émotions (du normal au pathologique), le fait qu’il existe des émotions « primaires » telles que la joie, la tristesse, la colère ou la peur, et des émotions. Ces dernières se différenciant d’émotions plus complexes appelées « mixtes ». Dans cet ouvrage, l’auteur nous décrit aussi comment les émotions peuvent naitre, ainsi que les rapports qui existent entre émotions et comportements. «L’idée dualiste de l’émotion repose sur deux notions essentielles, logiques et quasi indissociables : l’activation physiologique et l’évaluation cognitive»[12]. L’auteur aborde aussi l’intérêt de ressentir ses émotions, ainsi que les variables qui permettent de les contrôler. Cet ouvrage me permettra de mieux percevoir et appréhender le ressenti émotionnel des soignants en situation de soin.
2.1.3 La sédation et l’environnement en réanimation
En troisième partie j’aborderai le champ « réanimation et environnement de sédation », et je m’appuierai sur l’unité d’enseignement 3.2 « Projet de Soins Infirmiers » car elle me permettra de faire un lien entre les deux champs précédemment étudiés. J’explorerai cette notion paradoxale qui peut naître dans la prise en charge d’un patient en réanimation. Mes recherches porteront sur la façon dont les soignants perçoivent la contrainte en réanimation.
La réanimation est définie par le Code de la santé publique à l’article R. 6123-33 : « les soins de réanimation sont destinés à des patients qui présentent ou sont susceptibles de présenter plusieurs défaillances viscérales aiguës mettant directement en jeu le pronostic vital et impliquant le recours à des méthodes de suppléance »[13]. Pour atteindre cet objectif, la majorité des personnes hospitalisées en réanimation que j’ai pu voir au cours de mon stage furent sédatées sur une durée variable. Le dictionnaire Larousse définit la sédation comme l’« utilisation de moyens en majorité médicamenteux permettant de calmer le malade en vue d’assurer son confort physique et psychique tout en facilitant les soins »[14].
« Le projet de soins est un plan d’action élaboré par une équipe pluridisciplinaire, avec la collaboration du patient et / ou de sa famille »[15]. L’objectif du projet de soins de Mr B. est donc de dispenser des soins techniques et relationnels selon les protocoles et procédures de l’établissement. Il a pour but de résoudre les problèmes de santé qui est défini par l’OMS comme « un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas en une absence de maladie ou d’infirmité ». Les 14 besoins de V. Henderson étudiés au cours de notre formation sont à l’origine de nos diagnostics et donc de nos actions. Toutefois, l’absence de communication verbale n’est-elle pas source de contrainte au même titre que la contention physique ? Car, « Les soignants souffrent souvent de devoir imposer la contention à leur patients […] Elle augmente l’agressivité des trois acteurs concernés : le patient, son entourage et les soignants. »[16]
- Bellon décrit son expérience de la sédation et du réveil lors de son séjour en service de réanimation. Je peux faire un rapprochement avec ma situation. Son témoignage nous explique les actions mises en place dans son projet de soins par l’équipe soignante et l’importance de la communication pour apporter du « réconfort »[17].
- Gautier expose à l’intérieur de son article les pratiques soignantes aux niveaux techniques et relationnelles avec un patient comateux.
2.2 Enquête exploratoire
2.2.1 Présentation de l’enquête exploratoire
Dans cette partie, je vais présenter l’enquête exploratoire qui est en lien avec ma situation et ma question de départ. J’ai tout d’abord réalisé un guide d’entretien (Annexe 1) pour me permettre de structurer mon questionnaire qui sera sous la forme d’un entretien semi-directif. Les entretiens semi-directifs sont une démarche qualitative car ils permettent de recueillir des éléments supplémentaires que les simples réponses aux questions posées. Ces entretiens ont pour principe de questionner les soignants de sorte d’obtenir de leur part le maximum d’information sur un sujet donné. Pour notre cas, l’entretien fera l’objet de dix questions. Les premières questions sont d’ordre général et permettent de situer la population interrogée. Les questions suivantes consultent les soignants sur les émotions ainsi que la communication en réanimation dans le cas où le patient est sédaté.
Afin de pouvoir réaliser mon travail d’analyse et en lien avec ma situation, j’ai choisi d’interroger 3 infirmières travaillant en service de réanimation de la région PACA. Je me suis orienté vers un même service de soins afin de recueillir, sur la base de questions identiques, des réponses pouvant varier selon l’expérience et la subjectivité. Les entretiens ont été réalisés en dehors des horaires de travail, après la relève. À l’aide de l’introduction de mes entretiens, je commençais par me présenter, puis présenter l’objet de l’entretien. Je précisais le nombre de questions ainsi que la durée estimée, l’anonymat et l’accord pour pouvoir enregistrer. J’ai retranscrit l’entretien de l’infirmière (C) en annexe (Annexe 2).
2.2.2 Analyse de l’enquête exploratoire
Les trois thèmes abordés lors des entretiens semi-directifs avec les trois infirmières sont :
- La prise de connaissance des soignants en matière de tranche d’âge et d’expériences ;
- La communication en réanimation pour mieux comprendre la place de la communication et ses aspects lors de la prise en charge d’un patient sédaté ; et
- Les autres éléments que les personnes interviewées souhaitaient ajouter.
- Prise de connaissance des soignants
Les trois soignants qui représentent mon échantillon sont toutes des femmes. Par conséquent, aucun point de vue masculin n’est disponible dans le cadre de cette étude. En ce qui concerne leur âge, deux des soignants ont moins de 25 ans, il s’agit de l’infirmière (A) et de l’infirmière (B). Quant à l’infirmière (C), elle a entre 26 et 35 ans.
En matière d’expérience en tant que soignant, pour la première infirmière (A), la réanimation est son premier poste depuis 6 mois et elle y avait déjà fait un stage pendant ses études. Pour la seconde (B), la réanimation est son second service depuis deux ans après avoir été en service de pneumologie où certains lits étaient dédiés à des prises en charge en soins palliatifs. La troisième infirmière (C) a travaillé dans trois services différents environ 5 années à chaque fois. Elle a commencé par un service de cardiologie, puis pneumologie et enfin de réanimation. Nous pouvons donc noter que l’échantillon possède une infirmière (A) qui débute dans la profession et le service. Une autre (B) qui possède un peu plus d’expérience et qui a connu un autre service. Quant à la troisième (C), c’est celle qui a le plus d’expérience en nombre de services et en matière de réanimation.
Le tableau ci-dessous synthétise les résultats de la prise de connaissance des soignants lors des entretiens semi-directifs.
Tranche d’âge | Infirmière (A) | Infirmière (B) | Infirmière (C) |
Moins de 25 ans | Moins de 25 ans | Entre 26 et 35 ans | |
Expérience en tant que soignant | 6 mois en réanimation | 1 an en pneumologie
2 ans en réanimation |
5 ans en cardiologie
5 ans en pneumologie 5 ans en réanimation |
- Communication en réanimation
Le premier sujet abordé concernant la communication en réanimation était la manière dont les soignants concevaient la communication avec les patients sédatés. Les trois infirmières ont exprimé le fait qu’elle utilisait principalement la communication verbale. Pour l’infirmière (B), la communication est primordiale mais difficile. Elle exprime aussi le fait qu’elle ait commencé à connaitre les patients sédatés en soins palliatifs. Les deux autres infirmières (A) et (C) ont qualifié la communication d’importante lors de situations de soins. L’infirmière (A) précise que la communication verbale lui sert à informer le patient de l’ensemble des soins qu’elle lui prodigue. L’infirmière (C) est convaincue que le patient entend, il parait donc normal qu’elle engage la conversation avec ce dernier même s’il ne répond pas.
Le second sujet se portait sur les particularités de la communication en réanimation qu’elles avaient pu identifier. Les infirmières (A) et (C) ont déclaré que le patient sédaté ne communique pas de façon verbale, ce mode de communication est réservé aux soignants. Les soignants doivent observer les manifestations cliniques, les postures des patients. L’infirmière (B) m’a raconté ses débuts avec des patients sédatés. Elle se concentrait sur les soins techniques au détriment des soins relationnels. Elle ne communiquait pas suffisamment avec les patients ce qui lui a été reproché par les autres professionnels de santé. Elle a effectué un travail dessus en prenant l’habitude d’expliquer ce qu’elle faisait. Car, l’absence de communication comme elle l’explique peut être considérée comme de la maltraitance.
En ce qui concerne les techniques de communication que chacune utilisait pour communiquer avec un patient sédaté, toutes m’ont répondu la parole principalement. Puis encore une fois, toutes m’ont parlé du toucher qui accompagne fréquemment la parole, ainsi que de l’observation clinique du patient et de son environnement technique. Nous pouvons observer que toutes les infirmières interrogées communiquent avec le patient malgré la sédation et qu’elles utilisent différents moyens pour y parvenir.
Par la suite, j’ai cherché à me renseigner sur les émotions. Tout d’abord sur l’influence que les émotions peuvent avoir sur la communication en réanimation. Pour les trois infirmières interrogées, ce sont les émotions que le soignant ressent qui vont influencer leur manière de communiquer avec le patient. Par exemple l’infirmière (A) m’a cité l’intonation lors d’une communication verbale et la délicatesse ou rapidité pendant une communication effectuée par le toucher. Pour l’infirmière (C), les émotions exprimées par le soignant peuvent influencer le retour d’information renvoyé par le patient. L’infirmière (B) ajoute que pour elle, il est plus difficile de dissimuler les émotions exprimées par un langage non-verbal.
Consécutivement, j’ai consulté les infirmières sur la nature des émotions qu’elles avaient pu ressentir pendant l’exercice de leur profession. L’infirmière (C) a partagé son stress résultant de son manque d’expérience dans le service et de dextérité au début de son affectation. Les infirmières (A) et (B) ont énuméré des émotions telles que l’empathie, ou la compassion devant des situations difficiles (décès, décision de limitations ou arrêt des traitements) et pour l’infirmière (A) c’est parce ce que nous travaillons avec des personnes que des émotions émergent.
Puis, j’ai demandé aux infirmières si la complexité de la communication en réanimation n’était pas source de difficultés pour la prise en charge des patients. Pour l’infirmière (C), la réponse fut catégorique. C’est la survie du patient qui passe au premier plan malgré l’absence de réponse. Pour l’infirmière (B), cette complexité dans la communication et son manque d’expérience au début de son poste dans ce service ont pu être une explication à ses difficultés relationnelles avec les patients. L’infirmière (A) acquiesça à ma question et me cita divers moyens pour éviter cela comme les échelles d’évaluation de la douleur ou l’observation des constantes qui sont influencées par l’environnement du patient.
Par la suite, je me suis renseigné sur les compétences professionnelles nécessaires à la prise en charge d’un patient sédaté. Savoir (sédation et ses effets), savoir-faire (communication) et savoir être (observation, comportement, prendre soin) sont énoncés par l’infirmière (A). L’observation est aussi nommée par l’infirmière (C). Cette dernière ajoute aussi le dynamisme et la rigueur. Empathie, communication, et remise en question sont les termes cités par l’infirmière (B).
Le tableau suivant récapitule les résultats des entretiens auprès des trois infirmières en matière de communication en réanimation.
Thèmes | Infirmière (A) | Infirmière (B) | Infirmière (C) |
Conception de la communication avec un patient sédaté
|
Importante lors de situations de soins
Communication verbale : pour informer le patient des soins prodigués
|
Primordiale mais difficile | Importante lors de situations de soins
Communication verbale : entendue par le patient sédaté |
Particularités de la communication en réanimation | Communication verbale : réservée au soignant, pas au patient sédaté
Nécessité d’observation des manifestations cliniques et des postures du patient |
Nécessité de travailler la communication
Absence de communication = maltraitance |
Communication verbale : réservée au soignant, pas au patient sédaté
Nécessité d’observation des manifestations cliniques et des postures du patient |
Techniques de communication utilisées par les soignants | Parole
Toucher Observation clinique du patient et de son environnement technique |
Parole
Toucher Observation clinique du patient et de son environnement technique |
Parole
Toucher Observation clinique du patient et de son environnement technique |
Influence des émotions sur la prise en charge d’un patient sédaté | Influence des émotions ressenties par le soignant sur sa manière de communiquer avec le patient : intonation, délicatesse, rapidité | Influence des émotions ressenties par le soignant sur sa manière de communiquer avec le patient : difficulté à dissimuler les émotions exprimées par un langage non-verbal | Influence des émotions ressenties par le soignant sur sa manière de communiquer avec le patient : retour d’information renvoyé par le patient |
Nature des émotions ressenties lors de la prise en charge d’un patient sédaté | Empathie et compassion face à des situations difficiles | Empathie et compassion face à des situations difficiles | Stress résultant d’un manque d’expérience |
Difficultés de prise en charge face à la complexité de la communication | Oui : usage d’autres moyens comme solution | En fonction de l’expérience du soignant | Non : survie du patient prioritaire |
Compétences nécessaires lors de la prise en charge d’un patient sédaté | Savoir
Savoir-faire Savoir être |
Empathie
Communication Remise en question |
Observation
Dynamisme Rigueur |
- Autres
Finalement, ma dernière question fut de demander si chacune des trois infirmières avait quelque chose à ajouter. Cette question avait pour objectif de voir si le sujet pouvait amener d’autres réflexions. L’infirmière (C) a remarqué que je n’avais pas interrogé le côté du ressenti des patients.
2.3 Question de départ
La revue de littérature nous a permis de cerner de manière théorique les concepts liés à la communication, ainsi qu’aux émotions et au soin. Il a alors été relevé que la communication est obligatoire lors de la prise en charge d’un patient, et ce, quel que soit son état. Quant aux émotions, elles ne peuvent être complètement séparées du comportement d’un soignant lors de la prise en charge d’un patient. Toutefois, il existe des méthodes qui permettent de les contrôler.
L’enquête exploratoire que j’ai menée m’a permis de prendre connaissance de la situation réelle des soignants en réanimation, ainsi que de leurs points de vue en matière de communication avec le patient sédaté.
Ainsi, à partir de ces éléments et constats, je formule la question de départ suivante : « Comment contrôler les émotions pour qu’elles n’influencent pas de manière négative la communication en réanimation ? »
Partie 3 : Construction de la problématique
3.1 Étude du pôle théorique
En partant de ma question de départ, j’ai choisi d’approfondir ma recherche sur des éléments qui permettent d’encadrer mes études. Ainsi, je me suis focalisé sur le sujet auquel je n’ai pas pu aborder dans la phase exploratoire et qui répond à la problématique. Il concerne notamment les méthodes et moyens qui permettent de contrôler les émotions du soignant lors de la prise en charge d’un patient sédaté.
Comme référence, je me suis basé sur des textes règlementaires, ainsi que des concepts et des théories en matière d’émotions, de communication, et de soins.
3.1.1. Cadre de référence
Le cadre de référence permet de situer la place du soignant sur le plan règlementaire lors de l’exercice de sa profession. Le premier texte sur lequel je me suis intéressé est celui de l’article R4311-2 du Code de la santé publique, qui, dans ses premières lignes, stipule que : « Les soins infirmiers, préventifs, curatifs ou palliatifs, intègrent qualité technique et qualité de relations avec le malade (…) ». Par conséquent, il est important pour le soignant de tenir compte de l’aspect relationnel lors de la prise en charge d’un patient, même s’il s’agit d’une personne sédatée.
Ensuite, l’article R4311-5 du Code de la santé publique précise que l’infirmier a également pour rôle de veiller à la sécurité et au confort du patient, ainsi que de son environnement. Au point 41° de cet article est cité l’ « aide et soutien psychologique ». Le patient qui se trouve en réanimation doit alors bénéficier de l’aide et du soutien psychologique du soignant, d’autant plus que nous avons pu constater que le patient sédaté a la possibilité d’entendre. Lors de la communication avec le patient, le soignant doit alors s’assurer que ses émotions n’influencent pas de manière négative sa communication pour éviter que le patient ressent de la souffrance ou de l’inconfort.
3.1.2 Cadre théorique
Dans ce cadre théorique, je me suis intéressé au concept lié aux émotions, ainsi qu’à la manière de la contrôler pour assurer une bonne communication entre le soignant et le patient sédaté. Dans un premier temps, je tente alors d’apporter une définition à l’émotion. Il s’agit d’un « phénomène foncièrement adaptatif qui inclut de manière prototype (a) le décodage de toute situation en terme de sa signification pour l’identité et les buts poursuivis par la personne, (b) l’organisation d’une réponse immédiate en mobilisant toutes les facettes nécessaires de l’individu, et (c) un ensemble de réponses aux niveaux physiologiques, expressifs, comportementaux et cognitifs »[18].
Les émotions de base sont la tristesse, la colère, la joie, et la peur. Cependant, ce ne sont pas toujours ces émotions qui sont ressenties au quotidien. Ce sont souvent des états plus complexes et mixtes qui sont ressentis par les soignants[19].
En ce qui concerne le contrôle des émotions, il est important de noter que la meilleure manière de les contrôler et d’apprendre à les gérer. Toutefois, il convient de préciser qu’il est impossible de ne pas ressentir d’émotions, tout comme il est impossible de ne pas être influencé par les émotions. Il s’agit d’un phénomène qui se déclenche automatiquement. C’est la raison pour laquelle le meilleur moyen de gérer une émotion est de l’identifier pour en sortir : « Développer l’habileté à percevoir l’émotion, à l’intégrer pour faciliter la pensée, à comprendre les émotions et à les maîtriser afin de favoriser l’épanouissement personnel »[20].
Par ailleurs, pour que le soignant soit efficace dans sa communication avec le patient sédaté, la gestion de ses émotions doit s’effectuer non seulement à son niveau en tant qu’individu, mais également au niveau du groupe dans lequel il se trouve (entre soignants) et au niveau de l’organisation (établissement de soins). Au niveau individuel, le soignant doit prendre conscience de l’existence de ses émotions, doit apprendre à les gérer, et doit évoluer au fur et à mesure de l’apprentissage. Pour le groupe, il est important de se soutenir et de se respecter. Enfin, au sein de l’établissement, la valorisation des soignants, ainsi que l’accord de la reconnaissance permet à ces derniers de mieux gérer leurs émotions.
3.2 Question de recherche
Après avoir suivi les différentes étapes dans le cadre de mes recherches, j’ai pu relever que les émotions jouent un rôle important dans la communication avec le patient sédaté, compte tenu du fait qu’elle peut influencer cette communication de manière positive ou négative, et par conséquent, peut avoir des impacts sur le ressenti du patient.
C’est alors que je formule la question de recherche suivante : « Lors de la communication avec un patient sédaté, quelle est la démarche à suivre par l’organisation et les soignants pour accompagner les soignants dans la gestion de leurs émotions, et pour que celles-ci n’influent pas sur le ressenti du patient ? »
Conclusion
Pour conclure, je me suis basé sur une situation que j’ai rencontrée lors de mon stage, où le patient était sous sédatif, alors que l’infirmière l’a tout de même pris en charge tel un patient normal et conscient. Je me suis alors intéressé à la manière dont il fallait prendre en charge un patient sédaté. À travers la phase exploratoire, nous avons pu découvrir que le patient, même étant en réanimation, dispose des mêmes droits que tous les autres patients, et sont bien en mesure de recevoir les informations envoyées par le soignant. La seule différence entre les patients normaux et les patients sédatés repose sur le fait que les derniers ne renvoient pas de feedback verbal.
Nous avons également pu remarquer que la manière pour le soignant de communiquer avec le patient a des impacts sur ce que ce dernier ressent. Une communication agréable pourrait améliorer son confort et sa sécurité, tandis qu’une communication moins chaleureuse provoquerait le contraire.
Or, il a été relevé que les soignants peuvent également ressentir certaines émotions lors de la prise en charge d’un patient sédaté, et en fonction de leur expérience, ces émotions peuvent influencer de manière négative leur communication avec les patients sédatés. D’où la nécessité de prioriser la gestion des émotions lors d’une communication en réanimation. C’est dans cette optique que je me pose la question suivante : « Quel est le profil du soignant idéal en matière de maîtrise de ses émotions face à un patient sédaté ? ».
Bibliographie
Ouvrages :
ANZIEU D, DORON R et PAROT F, Dictionnaire de psychologie. Paris : PUF, 2000
BIOY A, BOURGEOIS F, NEGRE I, Communication soignant-soigné, repères et pratiques. Saint Germain du Puy : I.F.C. 143p
LANDOLO C, le guide pratique de la communication avec le patient. Issy les Moulineaux : Elsevier Masson, 2010. 192p
LEBEL P, Communication professionnelle de l’infirmière. Paris : Editions hospitalières, 1995. 88p.
MAYER J.D. et SALOVEY P., Emotional Development and Emotional Intelligence: Educational Implications, Basic Books, 1997, 3-31
- PHILIPPOT, Émotion et psychothérapie, Wavre : Mardaga, 2007, p. 11-64
RUSINEK S, Les émotions .Du normal au pathologique. Paris : Dunod, 2004. 126p
Articles de revues :
BELLON R, « Le jour où je me suis réveillée en réanimation… », La revue de l’infirmière, n°142, Elsevier, Juillet-Août 2008, p 28
BERNARD MF, BOULE F, Exercice professionnel. Contention et non contention, mesurer les risques potentiels (1/3). Soins, N°656, Elsevier, juin 2001, p 18
BERNARD MF, BOULE F, Contention et non contention, mesurer les risques potentiels (2/3). Soins, N° 657, Elsevier, juillet/aout 2001. P23
BRISSEAU E, NEIDA B, « L’infirmière au centre du dispositif de soins ». La revue de l’infirmière, n°142, Elsevier, Juillet-Août 2008, p 19-20
GAUTIER D, « Pratiques soignantes technico-relationnelles en service de soins intensifs ? » Les Cahiers du réseau, Psychologie et réanimation n°19, REIRPR, p 37-43
RECHERCHE A, Dictionnaire des soins infirmiers et de la profession infirmière. Paris : 3ème édition Masson, 2005. 368P
SCHEPERS Noël, « La gestion des émotions des soignants », CHU Charleroi, 15 mars 2013
Sites internet :
Annexe 1 : Guide d’entretien semi-directif
Thèmes | Questions |
I/ Prise de connaissance des soignants | 1/ À quelle tranche d’âge appartenez-vous ?
Moins de 25 ans ? Entre 26 et 35 ans ? Entre 36 et 45 ans ? Plus de 45 ans ? |
2/ Votre expérience en tant que soignant ? Nombre d’années ? Services dans lesquels vous avez déjà travaillé ? | |
II/ Communication en réanimation | 3/ Comment concevez-vous la communication avec les patients sédatés ? |
4/ Quelles sont les particularités de la communication en réanimation ? | |
5/ Quelles techniques utilisez-vous pour communiquer avec un patient sédaté ?
La parole ? Le toucher ? Autres ? |
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6/ Selon vous, les émotions des soignants influencent-elles la communication en réanimation ? Si oui, comment ? | |
7/ Avez-vous déjà ressenti des émotions en prenant en charge un patient sédaté ? Si oui, lesquelles ? | |
8/ La complexité de la communication en réanimation est-elle un frein pour la prise en charge ? | |
9/ Selon vous, pour prendre en charge un patient sédaté, quelles compétences professionnelles infirmières faut-il déployer? | |
III/ Autres | 10/ Avez-vous autre chose à ajouter ? |
Annexe 2 : Retranscription de l’entretien de l’infirmière (C)
Bonjour,
Je suis étudiant en soins infirmiers dans un institut de formation, en préparation de mon diplôme de fin d’études. Pour l’élaboration de mon TFE, j’ai choisi de travailler sur l’influence des émotions sur la communication en réanimation dans le cas où le patient est sédaté. Je souhaiterais avoir vos avis sur ces quelques questions afin de vérifier mon hypothèse de travail. Ainsi, je vous invite à consacrer un peu de votre temps pour répondre à quelques questions.
À noter que votre identité demeurera anonyme, je vous sollicite à y répondre avec le plus de sincérité. Les réponses ne seront en aucun cas utilisées pour émettre un jugement de valeur.
I. Prise de connaissance des soignants
1. À quelle tranche d’âge appartenez-vous ? Moins de 25 ans ? Entre 26 et 35 ans ? Entre 36 et 45 ans ? Plus de 45 ans ? J’ai entre 26 et 35 ans.
2. Votre expérience en tant que soignant ? Nombre d’années ? Services dans lesquels vous avez déjà travaillé ? Alors, j’ai travaillé dans trois services différents : cardiologie, pneumologie et réanimation, depuis 2011. J’ai commencé par la cardiologie en 2002, j’y suis restée environ 5 ans. Ensuite, 5 années aussi en pneumologie.
II. Communication en réanimation
3. Comment concevez-vous la communication avec les patients sédatés ? Je reste persuadée que le patient sédaté entend, donc la communication avec un patient sédaté en apparence absente est importante lors des soins.
4. Quelles sont les particularités de la communication en réanimation ? Ahah… Je n’ai pas révisé… Pour moi, un patient sédaté est plongé dans le coma artificiel, il ne faut pas attendre de réponse verbale de sa part, on sera plutôt en monologue.
5. Quelles techniques utilisez-vous pour communiquer avec un patient sédaté ? La parole ? Le toucher ? Autres ? Avant tout, la parole. Elle me sert à expliquer les faits et gestes lors de mes soins, et c’est important. Le toucher, je l’utilise plus pour faire un massage ou changer la position d’un patient.
6. Selon vous, les émotions des soignants influencent-elles la communication en réanimation ? Si oui, comment ? Un soignant tendu, stressé fait ressentir cette émotion au patient lors d’un soin, ce qui fait qu’il peut perturber éventuellement sa tension artérielle ou son rythme cardiaque.
7. Avez-vous déjà ressenti des émotions en prenant en charge un patient sédaté ? Si oui, lesquelles ? Oui. Au début de mon affectation, un stress lié à l’inconnu des machines (respi, dialyse, scope permanent), un manque de dextérité des gestes lors des soins, et même lors de la prise en charge d’une réanimation d’urgence.
8. La complexité de la communication en réanimation est-elle un frein pour la prise en charge Non. Car même sans réponse de la part du patient, la réanimation reste un service d’urgence et que la vie du patient en dépend.
9. Selon vous, pour prendre en charge un patient sédaté, quelles compétences professionnelles infirmières faut-il déployer? Il faut être patiente et en même temps dynamique, rigoureuse, être à l’écoute, observatrice du moindre changement d’état physique et psychologique du patient.
III. Autres
10. Avez-vous autre chose à ajouter ? J’ai expérimenté la réanimation de jour comme de nuit, il est prodigué des toilettes complètes la nuit et des soins de confort le jour sur des patients sédatés, car à ce stade ils n’ont pas la connaissance du rythme jour/nuit. Peut-être tu aurais dû te demander quel était le ressenti des patients, comment ils avaient vécu leur séjour en réanimation.
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[1] LEBEL P, Communication professionnelle de l’infirmière. Paris : Editions hospitalières, 1995. P.23
[2] LANDOLO C, le guide pratique de la communication avec le patient. Issy les Moulineaux : Elsevier Masson, 2010. P30
[3] LEBEL P. Op.cit. P45
[4] BIOY A, BOURGEOIS F, NEGRE I, Communication soignant-soigné, repères et pratiques. Saint Germain du Puy : I.F.C P123
[5] Ibid. P122
[6] Dictionnaire de français Larousse [en ligne] Editions Larousse [consulté le 30/03/2016]. Disponible sur Internet : <http://www.larousse.fr>
[7] La contention et la liberté d’aller et venir. [En ligne]. SFGG [Consulté le 30/03/2016]. Disponible sur Internet : <http://www.mobiqual.org>
[8] BERNARD MF, BOULE F. Exercice professionnel. Contention et non contention, mesurer les risques potentiels (1/3). Soins, Elsevier, juin 2001, n°656, P.18
[9] Ibid. P.18
[10] Ibid. P18
[11] ANZIEU D, DORON R et PAROT F, Dictionnaire de psychologie. Paris : PUF, 2000
[12] RUSINEK S, Les émotions (du normal au pathologique), Paris : Dunod, 2004. P.60
[13] Code la santé publique. Légifrance [en ligne] DILA [consulté le 04/04/2016]. Disponible sur Internet : < www.legifrance.gouv.fr>
[14] Dictionnaire de français Larousse [en ligne] Editions Larousse [consulté le 30/03/2016]. Disponible sur Internet : <http://www.larousse.fr>
[15] RECHERCHE A, Dictionnaire des soins infirmiers et de la profession infirmière. Paris : 3ème édition Masson, 2005. 368P
[16] BERNARD MF, BOULE F, Contention et non contention, mesurer les risques potentiels (2/3). Soins, N° 657. juillet/aout 2001. P23
[17] BELLON R, « Le jour où je me suis réveillée en réanimation… », La revue de l’infirmière, n°142, Elsevier, Juillet-Août 2008, p 28
[18] P. Philippot, Émotion et psychothérapie, Wavre : Mardaga, 2007, p. 11-64
[19] SCHEPERS Noël, « La gestion des émotions des soignants », CHU Charleroi, 15 mars 2013
[20] MAYER J.D. et SALOVEY P., Emotional Development and Emotional Intelligence: Educational Implications, Basic Books, 1997, 3-31
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