L’importance de la sécurité affective pour l’autonomie de l’enfant en Halte-garderie : Analyse et accompagnement par l’EJE
SOMMAIRE
Partie I- DESCRIPTION DU LIEU DE STAGE ET DE SON ENVIRONNEMENT.. 4
A-…………………………………………………… Présentation du contexte de lieu de stage et son entourage. 4
B-……………………. Le projet pédagogique et l’aménagement de l’espace réfléchi, vers un objectif. 12
Partie II- ASSURER LA SECURITE AFFECTIVE DE L’ENFANT : LES CONCEPTS CLES. 14
A-………………………………………………………………………………. Qu’est-ce que la sécurité affective ?. 16
B-…………………………………………………………. L’attachement : fondement de la sécurité affective. 19
C-……………………………………………………………….. Le développement affectif et social de l’enfant. 26
-…………………………………………………………………………………………………………………. Observation. 26
D-………………………………………………………………. L’enfant insécurisé peut-il devenir autonome ?. 29
A-…………………………………………………………………………………………… Définitions de l’autonomie. 34
B-………………………………………………………………… L’apprentissage de l’autonomie chez l’enfant. 34
C-………………………………………………………………………………….. Mon rôle en tant que future EJE.. 40
INTRODUCTION
Avec l’évolution de la société, de plus en plus de parents sont amenés à confier leurs enfants à des institutions où des éducateurs de jeunes enfants les accueillent. Les relations entre l’éducateur et l’enfant ; l’observation de chaque interaction entre eux ainsi que les ressentis des enfants sont alors des facteurs-clés d’une bonne prise en charge des jeunes enfants.
Au cours de mon stage long au sein d’une Halte-garderie, j’ai pu observer des situations qui m’ont motivé à me questionner sur l’accueil et l’accompagnement du jeune enfant au sein d’une structure d’accueil de petite enfance. La deuxième semaine au sein de ce lieu de stage, j’étais surprise de voir un enfant manifester son refus face à mon attitude. En effet, un matin, Sophia (20 mois) s’est dirigé vers moi et m’a dit : « mouchoir », je lui ai répondu « tu veux un mouchoir ? », elle a secoué la tête du haut vers le bas (ce qui veut dire oui). Sans réfléchir, j’ai eu le réflexe de prendre un mouchoir d’une boite qui n’était pas loin et je voulais lui moucher le nez. Elle m’a dit : « non c’est moi ». Ensuite, elle a pris un mouchoir d’une boite qui était à sa proximité, s’est mouchée seule, puis, elle a mis le mouchoir utilisé dans l’endroit dédié à cela.
Cette situation d’observation m’a fait réfléchir sur le choix du sujet de mémoire. Au cours de mon expérience passé, j’ai pu voir que pour certains actes de la vie quotidienne, les adultes avaient tendance à faire les choses à la place de l’enfant. Ainsi, certains enfants agissent comme ils ne peuvent pas faire certaines choses par eux-mêmes, pourtant ils en sont capables.
Cela a été le point de départ de notre questionnement. Qu’est ce qui a fait, dans cette situation, que l’enfant insiste qu’elle fasse l’acte par elle -même et refuse l’aide de l’adulte ? Qu’est-ce-qui l’a rendu possible ? Je fais l’hypothèse que l’environnement était sécurisant, que l’attitude des professionnels le permettait, que l’enfant a repéré certaines règles de la structure et qu’elle était en sécurité affective.
Ma problématique est alors la suivante :
En quoi, en garantissant la sécurité affective de l’enfant de 1 à 4 ans, l’EJE facilite-t-il l’autonomie de l’enfant en Halte-garderie ?
L’hypothèse que nous avançons est que l’enfant est sécurisé affectivement.
Tout ce qui est mis en place que ce soit projet pédagogique, aménagement de l’espace, attitudes des professionnels dans leur pratiques auprès du jeune enfant étaient réfléchis pour favoriser le devenir autonome de l’enfant.
Vu le nombre d’adultes qui n’arrivent pas à décider pour des choses qui les concernent à cause de leur dépendance et soumission aux décisions d’autrui, allant jusqu’à risquer de perdre leur identité. Il est donc indispensable de préparer l’enfant dès son plus jeune âge à affirmer son autonomie. L’autonomie va permettre à l’enfant d’avoir le sentiment de pouvoir sur sa vie. Notre objectif est d’accompagner et de préparer les enfants à être libres et responsables.
Nous pouvons établir l’hypothèse selon laquelle les carences affectives peuvent avoir une influence sur le développement de l’enfant qui risque alors de présenter des comportements inadaptés en collectivité.
Dans le cadre de ce mémoire, nous allons essayer d’apporter un éclaircissement ainsi qu’une réponse à la problématique relative à l’accueil et l’accompagnement du jeune enfant et de sa famille au sein d’un établissement d’accueil de petite enfance. Pour ce faire, nous allons analyser le sujet en alliant analyses théorique et pratique dans les trois grandes parties de notre développement.
Dans la première partie, nous allons nous focaliser sur la présentation du contexte de stage et son entourage, son environnement, le cadre législatif qui le régit, son organisation, et son fonctionnement. Par ailleurs, nous allons évoquer le projet pédagogique de cette structure et l’aménagement de l’espace qui sera mis en valeur, car il me parait nécessaire de le mettre en avant dans l’apprentissage.
Dans la deuxième partie, nous allons voir l’importance d’assurer la sécurité affective de l’enfant dans ces établissements, d’abord en partant d’une observation suivie d’une analyse qui sera soutenue par différentes définitions selon certains spécialistes. Ensuite, nous allons montrer les concepts-clés de la sécurité affective tout en partant toujours des observations.
Et enfin, dans la troisième partie, vers l’autonomie, nous allons partir d’une observation de pour définir après analyse ce que signifie l’autonomie, selon le dictionnaire pratique du travail social, avant de voir ma définition d’EJE. J’aborde l’apprentissage de l’autonomie chez l’enfant, ensuite j’affiche le rôle des parents, ainsi des professionnels en crèche. En effet je mets la lumière sur quel accompagnement l’EJE peut proposer pour faciliter l’autonomie de l’enfant, comme je pointe le rôle de l’EJE pour soutenir la parentalité dans ce processus, et enfin par rapport à l’équipe et pour finir une conclusion pour affirmer ou confirmer mes hypothèses.
Partie I- DESCRIPTION DU LIEU DE STAGE ET DE SON ENVIRONNEMENT
A- Présentation du contexte de lieu de stage et son entourage
J’ai effectué mon stage long DC1 au sein d’une Halte – Garderie privée. La structure est implantée dans une ville de la région nord d’Ile de France, à 14 Km de Paris. L’habitat pavillonnaire est prédominant dans cette ville, occupant 49,8% de la surface communale. Le centre-ville constitue un habitat collectif de petite ou moyenne dimension (immeuble de quatre à cinq étages le plus souvent).
Vue sa petite dimension, la ville ne comporte pas de zone d’activité. Sa vocation demeure depuis sa création en 1850, essentiellement résidentielle et commerciale avec son Lac, son Casino (le seul à moins de cent Kilomètres de la capitale) et une station thermale qui reste unique en Ile de France grâce à de nombreuses sources d’eau sulfurées. Cette ville au caractère résidentiel et commercial affirmé, occupe aujourd’hui encore une place à part dans la banlieue Nord de Paris.
Selon les statistiques apparues sur le magazine de la ville, le taux de natalité est de 160 naissances par an. La population de cette ville est plutôt jeune (40% entre 20 et 50 ans). D’après le site de la mairie d’Enghien, la ville a assuré depuis l’ouverture de la maison de l’enfance 85% du mode de garde. Au regard de l’environnement exceptionnel de cette ville et de sa population rajeunissante, la ville reste atypique et se distingue par une politique éducative ambitieuse à destination des 2 1/2 mois /25 ans, quant aux offres de service de garde d’enfants et qui sont:
- La Maison de la petite enfance (de 0 à 3 ans) se compose d’une crèche familiale, d’un relai d’assistantes maternelles, et d’un lieu d’accueil enfants/parents.
- L’accueil périscolaire comporte : deux accueils de loisirs maternels, un accueil de loisir primaire, un parc pédagogique vert, et le parc de Sainte Jeanne.
Des activités et des animations destinées à la petite enfance sont proposées par la ville toute l’année comme le projet lecture d’histoire appelé « bébé lecteur ». Il s’agit d’un partenariat qui est signé entre la bibliothèque et la ville, une conteuse passe dans les structures d’accueil de petite enfance afin de lire des histoires choisies par les enfants. L’objectif est de sensibiliser les tout-petits à la lecture dès le jeune âge.
Tel est également le cas pour le projet « bébé éveil » où un éducateur sportif intervient au sein des différentes structures existantes dans la ville, pour des séances d’éveil sportif aux enfants pour leur permettre de découvrir leurs corps et apprendre à développer leur motricité.
En outre, la ville est membre du réseau “Villes amies des enfants” depuis 2009. Cette association, créée par l’UNICEF en 2002, réunit les villes Françaises les plus dynamiques dans l’accueil et le quotidien des enfants. Le label met en application au niveau national les grands principes de la convention internationale des droits de l’enfant. Son objectif est de servir la cause des enfants, de promouvoir des actions pour améliorer leur vie quotidienne, de développer la participation, l’écoute des enfants et des jeunes; et de développer un esprit de solidarité internationale. Des besoins en matière de structures d’accueil de la petite enfance étaient couverts grâce à une crèche associative, un Multi accueil, une crèche familiale ainsi que les assistantes maternelles indépendantes. Cependant, la municipalité a réaffirmé sa volonté de renforcer sa politique petite enfance et de diversifier son offre d’accueil du tout–petit. Afin d’augmenter l’offre de garde pour la population de cette ville, le conseil municipal a lancé un appel d’offres en octobre 2006, pour l’ouverture de la maison de l’enfance.
L’établissement fait également partie des structures appelées « Maisons de l’enfance ». C’est une structure d’accueil d’entreprises située dans la banlieue parisienne. L’établissement a ouvert ses portes en janvier 2008 avec une capacité d’accueil de 20 berceaux en une seule section, pour 60 enfants inscrits en accueil régulier, de 3 jours par semaine et de 2 jours pour l’accueil occasionnel. Un accueil d’urgence est aussi proposé par cet établissement pour répondre aux différents besoins de garde.
Les enfants accueillis sont âgés de 1 à 4 ans. Les horaires d’accueil sont de 8h à 9h30 le matin, et de 14h à 15h30, pour les accueils de l’après-midi, et ce, du lundi au vendredi de 8 à 19 heures. Les systèmes de garde qui existent dans cette ville sont: 2 crèches de 50 berceaux, 1 multi accueil de 20 berceaux, 1 crèche familiale avec 18 assistantes maternelles employées pour une capacité d’accueil de 56 enfants en 2010. 10 assistantes maternelles indépendantes sont venues compléter l’offre existante.
« La maison de la petite enfance », répond aux dispositions des textes réglementaires du Code de la santé publique, selon les décrets du 1er Août 2000, du 20 février 2007 et du 7 juin 2010 relatifs aux établissement et services d’accueil des enfants de moins de 6 ans.
En outre, elle est en conformité avec les orientations de la Caisse Nationale d’Allocations Familiales (CNAF) basées sur deux principes dont celui d’aider les familles à concilier vie familiale, vie professionnelle et vie sociale et celui de soutenir la fonction parentale pour faciliter les relations parents/enfants, ainsi que créer les conditions favorables à l’autonomie, l’insertion sociale et professionnelle des personnes et des familles.
Le décret du 7 juin 2010 réglemente les établissements et précise que “Les établissements et les services d’accueil non permanent d’enfants veillent à la santé, à la sécurité, au bien-être et au développement des enfants qui leurs sont confiés. Ils concourent à l’intégration des enfants présentant un handicap ou atteint d’une maladie chronique qu’ils accueillent. Ils apportent leur aide aux parents pour favoriser la conciliation de leur vie professionnelle et de leur vie familiale. Ils comprennent : alinéa 1° Les établissements d’accueil collectif, notamment les établissements dits” crèches collectives” et “Haltes Garderies “, et les services assurant l’accueil familial non permanent au domicile d’assistantes maternels dit” services d’accueil familial” ou “crèches familiales”.
Une équipe pluridisciplinaire travaille en collaboration au quotidien pour assurer la prise en charge des enfants au sein de la structure.
Chaque professionnel est spécialiste dans son domaine. On peut distinguer les rôles et les missions de chaque acteur en consultant les fiches de postes. Compte tenu de la qualification et les vaccins prévus dans le domaine de la petite enfance suivant l’article L 31-11.4, L31-12.1 à R31-12.5 du code de la santé publique, aussi l’article R180-14 ; aucune personne ayant été condamnée pour des faits contraires à l’honneur, à la probité aux bonnes mœurs, ne peut être recrutée comme personnel d’un établissement ou d’un service visé à l’article L23-24.1.
L’équipe est composée de :
– La directrice (de formation éducatrice de jeunes enfants) :
Elle veille à la bonne mise en œuvre du projet d’établissement, Elle gère le budget de la structure ; son rôle est d’assurer le bon fonctionnement de l’établissement, elle est chargée aussi, des plannings du personnel, des relations avec les familles. Elle représente la structure dans les réunions avec la coordinatrice ou avec les élus, le médecin de PMI ou les services de la société. Elle est directrice des deux structures (crèche collective et Halte-Garderie).
– L’éducatrice de jeunes enfants (1 seule) :
Elle participe à l’élaboration et à l’application du projet d’établissement, sa mission est de favoriser le développement moteur, affectif et cognitif de l’enfant. Elle collabore et coordonne au quotidien l’action éducative, elle joue un rôle d’observateur de l’enfant en section pour pouvoir aménager l’espace suivant le stade du développement de cet usager. Elle s’occupe des enfants en tant que référent relais, gère les activités et assure les relations avec les familles.
– L’Auxiliaire de puériculture (1 seule) : Elle assure les soins quotidiens à l’enfant, favorise le développement psychomoteur et l’autonomie de l’enfant en mettant en place des activités d’éveil. Elle participe à la surveillance médicale des enfants, en appliquant des protocoles de suivi médical.
– L’agent spécialisé de la petite enfance et l’aide auxiliaire « une professionnelle titulaire de certificat d’aptitude professionnelle (CAP) et un aide auxiliaire » : Ils participent aux soins, au respect de l’application des règles d’hygiène et de sécurité avec le soutien et la présence d’une auxiliaire de puériculture
– Le cuisinier (prestataire externe) :
Il est chargé de la préparation des repas sur place (les menus sont choisis par la puéricultrice et la diététicienne.
– La psychologue : Elle est présente tous les mardis. Elle veille au bien être psychique de l’enfant. Elle observe les enfants et les pratiques professionnelles, conseille les équipes et favorise la communication au sein de l’équipe et rencontre les parents s’ils le souhaitent.
– Le pédiatre :
Il assure la visite d’admission et une visite annuelle pour tous les enfants qui entrent en crèche. Il assure le bon état de santé de l’enfant, il valide des projets d’accueil Individualisés (PAI) en collaboration avec la directrice et les parents ainsi qu’avec le médecin traitant de l’enfant. Il participe à la formation de l’équipe (alimentation, protocoles d’urgence).
Pour mieux comprendre l’organisation et le fonctionnement, j’ai eu accès aux documents de la structure comme le projet d’établissement avec ces trois volets (éducatif, pédagogique et social), comme j’ai observé les pratiques des professionnels, les interactions des enfants entre eux et d’avec l’adulte au sein de la structure.
Pour les modalités de fonctionnement, cette maison de l’enfance regroupe trois crèches collectives et une Halte – garderie, ce qui permet une association des différentes formules d’accueil: accueil régulier, à temps partiel, accueil ponctuel (régulier) ou en urgence. La structure a été créée pour diversifier l’offre d’accueil du tout petit, et pour permettre aux familles qui n’ont pas réussi à avoir une place en crèche collective, d’avoir un accueil dans cette structure.
Dans le cadre d’une délégation de service public, la gestion de la maison de la petite enfance est confiée à la société qui se charge de ces structures. Un contrat par lequel une personne publique charge une autre personne privée ou publique d’exercer ou de remplir une mission de service public, en son nom et pour son compte selon un cahier des charges et sous le contrôle de la collectivité délégante, ce contrat est renouvelé tous les 5 ans, à la société, pour une ouverture effectuée en 2008. Le contrat effectué entre la ville et l’entreprise.
Depuis le 1er Aout 2005, le projet d’établissement investit le secteur de la petite enfance. Le projet pédagogique s’est vu relayer officiellement par le projet d’établissement, qui devrait s’inscrire dans un but institutionnel à atteindre ; or ce travail impose par ce décret qui insiste sur une description du contexte et une description de la vie institutionnelle. Tout d’abord, il importe de définir le mot projet, c’est la manière d’y parvenir à partir d’une idée après un constat, pour atteindre un but. D’après la définition du dictionnaire (Larousse) : « projet : ce qu’on a l’intention de faire ». Françoise Cros, dans le dictionnaire de l’éducation et de la formation (Nathan, 1994), précise que « Le projet, souvent assimilé au progrès, a une connotation toujours positive. (…….) »
Valorisant l’activité concrète et organisée d’un sujet soucieux de se donner », le terme « Pédagogie » ajoute l’orientation de l’action pensée, c’est la manière de poser un acte. C’est ce qui va englober tous les moyens humains, politiques et matériels dont le professionnel aura besoin pour atteindre ses objectifs.
« Le projet pédagogique, c’est la traduction dans la pratique et l’action quotidienne des intentions du projet éducatif en ce qui concerne l’aménagement et l’utilisation des espaces, l’organisation des groupes d’enfants. Il décline le déroulement d’une journée d’un enfant dans le lieu d’accueil, les réponses concrètes apportées aux différents besoins de l’enfant : sommeil, nourriture, jeux, stimulations, relations entre enfants et intervenants, ainsi que les rôles et attitudes des membres de l’équipe d’accueil. »
« Le projet pédagogique construit un acte professionnel et l’analyse dans son contexte. A partir d’un objectif, il s’articule autour du comportement et de l’attitude de l’adulte et des moyens matériels possibles, tout en restant centré sur l’intérêt de l’enfant.».
Le projet pédagogique expose les grandes lignes de la pédagogie mise en place, il est descriptif. En tant que future EJE, je pense que cela peut se faire, en invitant les membres de l’équipe de « poser » leur quotidien, chaque professionnel prend le temps de parler de ce qu’il fait et d’exprimer sa propre vision de l’organisation institutionnelle. C’est une partie du projet d’établissement qui est très intéressante, elle permet aux équipes de prendre du recul sur les pratiques au quotidien. En tant que future EJE, je pense fédérer l’équipe est une mission c’est un long travail de construction qui permet à l’EJE recherche la cohésion de toute une équipe. Le projet éducatif trouve ses bases dans la description d’une journée d’un enfant en structure d’accueil, et à partir des cinq temps forts d’une journée (accueil, l’éveil, les soins, les repas et le sommeil), l’équipe décrit ses pratiques professionnelles quotidiennes.
Nous souhaitons encourager l’enfant pour qu’il devienne « autonome ». L’autonomie est la finalité que je souhaite atteindre, donc, je réfléchis avec l’équipe sur les activités spontanées que nous pourrons mettre en place pour l’épanouissement de l’enfant et la façon, dont nous allons aménager l’espace et le temps qui permet à l’enfant d’accéder aux jeux quand il veut, la verbalisation, en expliquant à l’enfant , ce qui se passe pour lui et pour les autres (mettre des mots sur chaque situation), accompagner l’enfant pour qu’il soit acteur et auteur de ses actes sans pour autant le mettre en difficulté. Aussi, je réfléchis avec l’équipe sur nos pratiques au quotidien auprès de l’enfant pour qu’il y ait une cohésion d’équipe. Donc, la volonté de rendre l’enfant autonome est mon projet.
En tant que future EJE, je pense que l’enfant a le droit de comprendre ce qui se passe autour de lui, l’adulte (parent ou éducateur) est censé de lui expliquer les gestes qu’il fait ce qui permet à l’enfant de comprendre le monde qui l’entoure. Au même temps, l’adulte sert de modèle à l’enfant, il faut donc faire en sorte que l’enfant apprenne en s’amusant en donnant l’exemple. Demander l’avis de l’enfant c’est l’associer dans les décisions qui le concernent et le préparer pour l’état adulte. Quant au secteur de la petite enfance, il s’agit de privilégier les activités spontanées des garçons et filles qui y participent librement et d’en explorer l’intérêt sans ménager ses efforts.
En tant que future professionnelle, je pense que l’éducateur n’est plus détenteur d’un savoir à transmettre de façon magistrale vis à vis des enfants, mais plutôt un tuteur, accompagnateur de ces derniers, qui de leur côté, manifestent de plus en plus d’autonomie. Pour cette raison, dans ma pratique future, je m’intéresserai à la mise en œuvre des méthodes actives car ces méthodes développent l’autonomie chez l’enfant et sa capacité à apprendre ce qui se passe au fond de lui pour comprendre ce qui est autour de lui. Pour mettre en place cet accompagnement ; connaissances, observations et méthodes vont être mes trois atouts. Connaître pour mieux reconnaître les besoins fondamentaux de l’enfant. La connaissance de l’enfant et de son développement est une donnée essentielle. Chaque enfant est singulier, par le chemin qu’il prend pour se construire comme sujet et par les ressources qui lui sont propres.
L’observation, comme outil de la reconnaissance permet à l’enfant, l’ajustement nécessaire pour que l’expérience personnelle soit recherchée et favorisée. Ces conditions, permettent à l’enfant un développement à son rythme et une découverte au monde qui l’entoure pour qu’il puisse agir avec et sur le monde. Je suis censé accepter que l’enfant que j’accueille ait des intérêts différents des miens, des rythmes qui lui sont propres, des faiblesses, des rêves et des projets.
J’ai remarqué que l’organisation de la section et l’aménagement de l’espace favorise le libre choix et l’expérimentation de l’enfant, à l’aide des jouets qui sont mis à la disposition de l’enfant, par exemple.
Des activités sont parfois proposées par l’adulte selon le stade de développement de l’enfant, et c’est ce dernier qui décide de faire ou ne pas faire.
Il importe alors de voir ici l’aménagement de l’espace qui est organisé dans le but d’assurer le libre choix de l’enfant.
A l’entrée dans le grand couloir, sur la droite, on trouve les casiers des jeunes enfants qui sont étiquetés (le prénom de l’enfant et sa photo), où les parents peuvent installer le sac de l’enfant avec des vêtements de change et parfois le doudou et la tétine.
Juste à côté, on trouve une porte de la section qui mène directement dans la salle de vie. Tout de suite à gauche on trouve un porte-doudou où les photos des enfants sont affichées, ce qui permet à l’enfant d’identifier l’endroit de son doudou, lors des départs (séparation, ou avant de partir en sieste). En face du porte-doudou, on remarque un grand miroir installé à côté d’un bac pour les déguisements, on y trouve des vêtements pour garçons, filles, adultes, des chapeaux, des robes, des pantalons, des chaussures, des sacs. L’enfant peut se déguiser, quand il en a envie, il peut s’amuser à se regarder dans le miroir. Pas loin, on trouve le coin dinette, poupées et piscine à balle, chaque coin se trouve à côté de l’autre. Ce qui a attiré mon attention, c’est que dans chaque coin, les règles de vie sont affichées juste au-dessus. Par exemple, pour la piscine à balle, tous les enfants savent que pour renter dans la piscine, il faut rester en chaussettes pas en chaussures.
L’espace présente également des possibilités motrices en accès libre. Dans la salle est aménagé un petit parcours moteur juste à côté du coin repas, notamment pour les enfants qui ne peuvent pas jouer au toboggan qui se trouve au centre de la salle. Une règle est affichée , qui montre à l’enfant qu’il est interdit de pousser un copain quand il est sur le parcours. Les matériels choisis sont de couleurs variées, sécurisés et portant le sigle CE (conforme à la sécurité Européenne).
L’aménagement est chaleureux et attrayant. Des possibilités motrices sont en accès libre dans la salle, permettant aux adultes de respecter au maximum les besoins de l’enfant et de l’orienter pour grimper, sauter, glisser, marcher, ou ramper au besoin. Des boites à mouchoirs sont en accès libre dans les quatre coins de la salle de vie.
En face du toboggan, il y a le coin lecture. Les enfants peuvent y trouver des livres qui sont dans un bac. Au-dessus, une grande image qui définit la règle est affichée. Une image sur laquelle on remarque un dessin de deux garçons, le premier qui tourne ou lit un livre et le deuxième qui déchire les feuilles, sur ce dernier une grande croix en rouge barre le dessin.
Dans le coin repas, quand c’est l’heure après le lavage des mains, si c’est le tour du repas de l’enfant, l’adulte invite l’enfant à aller chercher son bavoir, son plateau, son verre et ses couverts. Ensuite, il s’installe dans la place qui lui a été attribuée, le premier jour de son accueil. Pour le coin des changes, l’espace est aménagé selon le stade de développement moteur de l’enfant, si l’enfant le peut, le change se fait en position debout, comme il participe à ces moments, en enlevant la couche et la mettant dans l’endroit dédié à cela avec la présence bienveillante d’un adulte.
Pour ceux qui sont propres, l’enfant se met sur les toilettes tout seul, ensuite, il s’essuie avec un gant mouillé (gel nettoyant +eau). Pour les enfants qui sont encore petit, l’adulte propose à l’enfant le change. Si l’enfant est d’accord, l’adulte porte l’enfant et l’installe sur la table de change, tout en mettant des mots sur la situation. Pour le dortoir, chaque enfant peut repérer dans l’espace, en personnalisant le lit de chaque enfant en mettant sa photo dessus.
En tant que future EJE, je veillerai à créer un environnement affectif et sécurisant, dont l’enfant aura la curiosité et le pouvoir de découvrir. Par mon observation, je peux repérer les symptômes révélateurs si l’enfant manque d’affection, pour ne citer que la mauvaise adaptation à la crèche ou le changement dans les attitudes de l’enfant au sein de l’établissement, ou encore la régression dans ses apprentissages. J’essayerai de comprendre avec l’équipe et en échangent avec la famille si cela est lié à un vécu de l’enfant.
Ces symptômes me permettent de m’interroger avec l’équipe sur l’organisation du groupe. J’organiserai avec l’équipe un espace de jeu suffisant où l’enfant aura accès libre aux jouets, il peut choisir comme il veut et quand il veut, impliquant donc que l’adulte n’impose pas des consignes pour l’activité libre de l’enfant. C’est l’enfant qui sera le maitre de décider le début et la fin de son activité. Quand les coins sont aménagés et personnalisés, l’enfant peut se repérer dans l’espace, il saura où se trouve son lit et pourra repérer son endroit dédié au repas et aux gouters. En personnalisant les coins, cette organisation de l’espace en collectivité pourra donner à chacun une aire de jeu adaptée à sa motricité, qui va changer selon le développement de l’enfant. Je respecterai l’autonomie de l’enfant, en laissant l’enfant jouer seul sans que j’intervienne dans son jeu, car un excès d’intervention de l’adulte est nuisible pour l’enfant. J’accompagnerai l’enfant par le regard, une présence physique et psychique.
Partie II- ASSURER LA SECURITE AFFECTIVE DE L’ENFANT : LES CONCEPTS CLES
Observation suivie d’une analyse
Cette situation d’observation se passe dans la salle de vie de la Halte-garderie. C’est mardi, il est 8h15. Les enfants présents sont deux : Yuan (3 ans) joue avec le camion pompier, Nathalie (2ans1/2) joue avec les figurines des animaux, elle tient un taureau dans sa main. Les adultes présents : EJE, l’aide auxiliaire (un jeune homme) et moi-même. La mère de Fabienne entre dans la salle, avec sa fille de 19 mois dans ses bras. La maman dit bonjour, en nommant chaque enfant, Yuan et Nathalie arrêtent de jouer et regardent, l’EJE salue l’enfant ensuite la mère. Et demande à la mère des informations sur Fabienne (sur comment elle va et l’heure de son réveil). La mère signale que Fabienne a passé une bonne nuit, qu’elle a bien mangé le soir, mais qu’elle a eu du mal à se réveiller ce matin. Elle explique à la professionnelle que le père, qui est rentré un peu tard, voulait profiter de la petite. Et en lui faisant des câlins, elle s’est réveillée et a donc finit par se coucher tard. La mère informe le professionnel que le doudou de l’enfant et sa tétine sont dans son sac à dos. L’EJE regarde Fabienne, tend ses bras et se dirige vers elle, cette dernière se met à pleurer et s’agrippe à sa mère. L’EJE demande encore une fois à Fabienne de venir vers elle. Elle prend Fabienne dans ses bras et lui dit que sa maman risque d’arriver en retard au travail. Malgré les pleurs, l’EJE a réussi à prendre Fabienne dans ses bras. La maman signale que son papa viendra la récupérer le soir. La mère embrasse sa fille et lui exprime verbalement son affection. L’enfant pleure en regardant sa mère partir. L’EJE a pris Fabienne dans ses bras et lui propose la tétine et le doudou. Fabienne arrête de pleurer et secoue sa tête de haut vers le bas (qui veut dire oui), elle prend la tétine et le doudou. La professionnelle lui donne d’abord la tétine et le doudou après, Fabienne prend la tétine et la met dans la bouche, ensuite, prend le doudou le serre contre elle. L’EJE rentre dans la salle, portant Fabienne dans ses bras, se dirige vers la chaise, s’assoie en face de la porte d’entrée de la structure et met Fabienne sur ses genoux. Après un moment (10 minutes à peu près), l’EJE regarde fabienne et lui propose d’aller jouer avec les autres enfants. La professionnelle l’accompagne vers le coin où Nathalie jouait, lui propose d’autres figurines (2 figurines) un cheval et un zèbre de la caisse des figurines des animaux, Fabienne les prend et dit à l’EJE, « regarde ». Fabienne continue à jouer sans pleurer.
Cette situation montre un enfant qui pleure à cause de la séparation d’avec sa mère. J’ai fait le lien avec ce que j’ai appris sur le processus d’attachement chez l’enfant. Cette situation d’observation montre une qualité d’une relation qui est entre le professionnel (l’aide auxiliaire) et l’enfant F. J’ai remarqué que le professionnel après avoir écouté les transmissions de la mère, a regardé l’enfant, selon les spécialistes de la petite enfance cela permet à l’enfant de se sentir reconnu, épaulé et soutenu, en lui adressant la parole d’autant plus que la posture était adaptée (l’enfant est dans les bras de sa mère, même hauteur que la taille du professionnel). Ensuite, le professionnel a mis des mots sur la situation, j’ai fait l’hypothèse que l’enfant était rassuré étant donné qu’il a arrêté de pleurer. Je remarque qu’il y a une qualité de relation dans cette situation, ce qui est important pour le développement de l’enfant. Je vois un adulte rassurant qui facilite la séparation de cet enfant d’avec sa mère en douceur. J’ai remarqué que l’adulte accompagne l’enfant dans cette séparation, en mettant des mots sur la situation, ce qui permet à l’enfant de comprendre ce qui se passe à l’intérieur de lui et autour de lui.
En outre, j’ai remarqué que l’adulte prend appui sur le doudou et la tétine pour aider l’enfant à surmonter cette émotion. Cet objet qui fait le lien entre la maison et la crèche, qui selon Winnicott, est un objet transitionnel, n’a pas la fonction d’un jouet. Naturellement, ce n’est pas l’objet lui-même qui est transitionnel, il représente la transition du bébé d’un état de fusion avec la mère à un état de relation avec la mère en tant que personne extérieure et séparée. Il s’agit d’un objet indispensable au bon développement psychique de l’enfant.
D’après ce pédiatre et psychanalyste, le doudou occupe en réalité l’espace, la distance laissée entre la mère et le bébé, dans le psychisme du tout petit. C’est un objet rassurant qui lui permet de grandir. Dans cette situation, j’ai remarqué que le professionnel était contenant et a permis à l’enfant de se sentir rassuré en lui offrant une sécurité affective, comme il a été contenant en portant l’enfant et en le mettant sur ses genou, il l’a fait d’une manière progressive (pas loin de la porte d’entrée). Cette situation montre que le professionnel représente, par sa présence, un cadre rassurant pour l’enfant.
La sécurité affective est un concept composé de deux termes. Il importe alors de voir chacune de leur signification.
Du latin securitas, signifiant absence de soucis et tranquillité de l’âme, sécurité désigne « l’absence de danger, c’est-à-dire une situation dans laquelle quelqu’un ou quelque chose n’est pas exposé à des évènements critiques ou à des risques. L’état d’esprit d’une personne qui se sent tranquille, rassurée, en confiance, à l’abri du danger. » [1]
Selon le dictionnaire Le Petit Larousse, le terme sécurité désigne « exempte de soucis, sans inquiétude. » En d’autres termes, il s’agit de la « situation dans laquelle quelqu’un ou quelque chose n’est exposé à aucun danger, d’agression physique, d’accident. Situation de quelqu’un qui se sent à l’abri, qui est rassuré. »[2]
Enfin, Le dictionnaire Le Robert donne la définition suivante : « Confiance tranquillité d’esprit résultant de la pensée qu’il n’y a pas de péril à craindre. »
La sécurité désigne alors la tranquillité à la fois physique et psychologique d’une personne.
Quant au terme « affectif », du latin affectus, il est défini comme ce « qui concerne les affects de la sensibilité, des sentiments ». L’affect qui désigne « l’impression élémentaire d’attraction ou de répulsion qui est la base de l’affectivité; émotion, charge émotive liée à la satisfaction d’une pulsion qui lorsqu’elle est refoulée, se convertit en angoisse ou détermine un symptôme névrotique. »[3] Ainsi, il désigne un état inconscient et involontaire de l’âme, un ressenti qui peut être agréable, désagréable, ou encore un sentiment, en réaction immédiate aux situations que vit une personne.
Selon John Bowlby, la sécurité affective est un élément clé du développement d’un enfant car elle va permettre à l’enfant de libérer ses émotions et ses affects et l’aidera à avoir les « compétences socles » dont « l’attention visuelle soutenue, l’élan à l’interaction, les comportements affiliatifs, la capacité de reproduire et d’imiter, l’organisation structurée du geste. »
Decroly donne la définition suivante : la sécurité affective est « une condition fondamentale pour que l’éducation soit bien reçue et fructueuse. Elle naît à la fois de la relation avec l’éducateur, du style pédagogique qui suit les possibilités des enfants et ne les contraint pas à des efforts qui excéderaient les possibilités de leur stade de développement. Elle est aussi assurée par le jeu, qui est une activité essentielle acceptée et développée par l’éducateur et qui contribue au développement. La sécurité affective naît enfin la confiance qui est faite aux enfants, à qui des responsabilités sont confiées au sein d’un groupe. » [4]
Ainsi, selon ces chercheurs, la sécurité affective est l’un des principaux fondements du développement physique et psychologique de l’enfant.
La sécurité affective repose sur la satisfaction des besoins de l’enfant, c’est-à-dire que l’enfant se sentira en sécurité lorsque ses besoins sont satisfaits par son entourage, notamment ses parents, sa famille et ses éducateurs. Il s’agit notamment des besoins d’attention et d’amour, des besoins fondamentaux comme celui d’être rassuré, d’être aidé en cas de besoin, et enfin celui d’être respecté. En effet, un enfant reçoit de l’amour et de l’attention de son entourage va se sentir en sécurité.
D’après Donald Winicott, « Le plus important pour votre enfant, c’est que vous pensiez que votre bébé vaut la peine d’être connu en tant que personne unique et que vous vous engagiez auprès de lui pour qu’il ait une existence humaine digne de ce nom, qu’il reçoive ce dont il a besoin ».
En tant que future EJE, et au vu de ces différentes définitions évoquées précédemment, la sécurité affective est le fait de mettre en sécurité un enfant en lui offrant un environnement assez sécurisé dans lequel ses proches et éducateurs répondent suffisamment à ses besoins fondamentaux, notamment à ses besoins d’amour et d’attention.
Un enfant qui évolue dans un environnement qui lui garantit la sécurité affective va pouvoir bénéficier d’une sensation de sécurité et de tranquillité, et ainsi développer dans les meilleures conditions ses capacités cognitives.
Les relations entre la mère et l’enfant permettent à l’enfant d’expérimenter la première relation sociale. Après de longues recherches et des situations expérimentales, des biologistes, psychanalystes, sociologues, pédiatres, neurosciences, et psychiatres confirment que le devenir de l’enfant est basé sur la relation entre le bébé et sa mère. Pour que la relation intime entre le bébé et l’adulte maternant se tisse, la présence physique et psychique de l’adulte est indispensable à l’enfant, car par le biais de ce lien, il permet à l’enfant d’établir les fondations de sa personnalité et de son développement affectif, ainsi que sa capacité de supporter les frustrations et les angoisses qu’il peut rencontrer plus tard.
Avant de nous intéresser aux apports théoriques en matière d’attachement, nous allons présenter une observation faite sur le terrain sur l’attachement.
- Observation et analyse
Nous sommes en Halte -garderie, c’est le mardi, il est 14h00, le nombre d’enfants présents est de 19, ils dorment tous. Deux professionnels ont pris leur pause-déjeuner et deux autres et moi assurent la surveillance des enfants en dortoir.
Moi et L’EJE sommes dans la salle de vie, elle mentionne les informations sur le cahier des transmissions pour les enfants qu’elle a accompagnés lors du déjeuner. Sabi (2ans) entre en section dans les bras de sa mère. Audrey (CAP) sourit et dit « bonjour Sabi », « bonjour Madame », « comment tu vas Sabi ? ». Sabi regarde Audrey, la mère de Sabi demande, Nathalie (EJE) n’est pas là ? Audrey répond : « Si, elle est en pause déjeuner », elle rajoute : « elle ne va pas tarder de venir ».
Pendant que la mère passe les transmissions de son enfant à la professionnelle, Sabi s’agrippe à sa mère et pleure. Audrey lui dit : « tu sais Sabi, tu vas rester avec nous, tu vas jouer et t’amuser avec les copains, après le gouter ta mère vient te chercher ». Sabi continue à pleurer et s’agrippe de plus en plus à sa mère. Elle regarde dans la pièce et demande « où est Nathalie? » Audrey répond, « oui Nathalie est là, elle est partie manger et elle revient. » ( Nathalie est le référent de cet enfant). Audrey demande à la mère des informations sur Sabi. A ce moment Nathalie entre dans la salle, salue la mère puis salue l’enfant. Nathalie dit : « alors Sabi, tu es triste, je sais que tu n’es pas contente, tu ne veux pas que ta mère parte. » Sabi sourit. Nathalie dit : « moi je sais que tu préfères ce jouet », elle est partie chercher un petit sac que l’enfant a l’habitude de jouer avec, c’est son jouet préféré. Sabi regarde Nathalie, tend sa main pour récupérer le jouet et au même temps s’accroche au gilet de sa mère. Nathalie tend la main à Sabi et lui dit : « est-ce que tu veux que nous allons chercher ton doudou dans ton casier ? » Sabi regarde Nathalie et se penche vers elle. La mère embrasse Sabi et lui dit : « au revoir ma chérie, je t’aime à tout à l’heure ».
Les relations entre la mère et l’enfant permettent à l’enfant d’expérimenter la première relation sociale. Après de longues recherches et des situations expérimentales, des biologistes, psychanalystes, sociologues, pédiatres, neurosciences, et psychiatres confirment que le devenir de l’enfant est basé sur la relation entre le bébé et sa mère. Pour que la relation intime entre le bébé et l’adulte maternant se tisse, la présence physique et psychique de l’adulte est indispensable à l’enfant, car par le biais de ce lien, il permet à l’enfant d’établir les fondations de sa personnalité et de son développement affectif, ainsi que sa capacité de supporter les frustrations et les angoisses qu’il peut rencontrer plus tard.
Avant de nous intéresser aux apports théoriques en matière d’attachement, nous allons présenter une observation faite sur le terrain sur l’attachement.
Dans cette situation, nous pouvons remarquer que l’enfant est accueillie par les professionnelles l’après-midi, ce qui montre que c’est un accueil qui n’est pas régulier ça peut être ponctuel ou occasionnel. Donc, l’enfant n’est pas présent tous les jours.
J’ai remarqué qu’au départ, la réaction physiologique de l’enfant à son arrivée était déstabilisée. Malgré l’effort de la professionnelle qui a essayé d’aider l’enfant à faciliter cette rupture d’avec sa mère en lui expliquant le déroulement de son après-midi, l’enfant s’agrippait de plus en plus à sa mère, tandis qu’à l’arrivée de l’EJE, qui est la référente de cet enfant, (c’est elle qui accompagne l’enfant dans les soins, les gouters ou les repas), l’enfant a arrêté de pleurer. Nous pouvons faire le lien avec les théories sur la séparation de l’enfant d’avec la personne qui lui procure l’amour et l’affection affective. Selon John Bowlby, l’EJE est une figure d’attachement pour cet enfant. Dans notre cas, nous pouvons remarquer que Sabi a arrêté de pleurer et a écouté ce que L’EJE disait avec les yeux fixés, signifiant que l’EJE par sa présence et les mots qu’elle a utilisés pour expliquer à l’enfant ce qui se passe pour elle, a éventuellement facilité la séparation de l’enfant d’avec sa mère.
D’abord, l’enfant a arrêté de pleurer, même si elle était dans les bras de sa mère, elle écoutait ce que l’EJE disait tout en fixant son regard sur la professionnelle. L’enfant a arrêté de pleurer et écouter ce que l’EJE disait en la regardant, puis elle s’est calmée.
Nous pouvons voir que la professionnelle a participé dans le changement de la réaction de cet enfant, des pleurs au sourire. L’EJE a facilité ce détachement de l’enfant d’avec la mère. Ainsi, la rupture se faisait par étape. La professionnelle a aidé l’enfant à s’identifier en nommant son prénom et en lui adressant la parole, ce qui permet à l’enfant de se sentir unique et s’identifier dans le collectif. Au départ, l’enfant pleurait et s’agrippait à sa mère, ce qui traduit ce qu’elle vivait à ce moment-là. La question de la mère sur la présence de cette professionnelle montre que cette dernière présente une certaine sécurité pour l’enfant et bénéficie de la confiance de la mère.
Cette situation évoque ce que nous avons appris sur la figure d’attachement. « Tu veux que nous allons chercher ton doudou », ce qui montre dans cette situation la qualité de la relation entre la professionnelle et l’enfant.
En outre, la professionnelle a participé à la régulation des émotions de Sabi qui pleurait avant de voir l’EJE et sourit quand cette professionnelle lui a parlé, tout comme l’attitude de cette professionnelle quand elle a reconnue à l’enfant ce qu’elle ressent : « oui je sais que tu n’es pas contente mais ta mère.. ». Une reconnaissance du ressenti de l’enfant qui est, selon les professionnels de la petite enfance, important pour le développement de l’enfant.
En effet, reconnaitre à l’enfant ce qu’il ressent peut l’apaiser car la vie émotionnelle de l’enfant peut être troublée sans l’emploi des mots. L’enfant ne sait pas encore réguler ses émotions vu que son cerveau n’est pas encore mûr, c’est ainsi qu’il est souvent submergé par ses pulsions.
Selon Catherine Gueguin et boris Cyrulnik, l’attachement sécurisant est indispensable pour le développement de l’enfant. Le parent ou son substitut crée cet attachement sécurisant lorsqu’il est en mesure de répondre aux quêtes de l’enfant, c’est-à-dire lui fournir des soins, et répondre à ses besoins de façon appropriée dans un délai raisonnable.
Cet attachement va se créer, d’après les psychanalystes, dès le troisième trimestre. En effet, après la naissance, en prenant le bébé dans les bras, l’adulte exprime à l’enfant qu’il sera là quand le bébé a besoin de lui, une présence physique et psychique, ce qui lui donnera confiance et le sentiment d’être sécure. Ce qui va permettre à l’enfant d’explorer son monde et d’apprendre.
Selon Boris Cyrulnik, lors d’une conférence à Lyon, l’attachement selon Freud est lié aux besoins d’alimentation. Le bébé s’attache à sa mère, par le besoin biologique. Elle l’aide à s’alimenter. Ainsi, selon lui, l’alimentation fonde l’amour et le bébé va s’attacher à sa mère parce qu’elle le nourrit.
Selon Boris, l’attachement affectif repose sur la mémoire. Ainsi, en l’absence de sécurité, l’enfant sera stressé ou paniqué et il ne peut rien apprendre. Selon les neurosciences, neurologiquement et génétiquement, l’enfant possède un terrain propice qui lui permet de construire son devenir de façon positif ou négatif.
Je remarque dans cette situation d’observation, une relation entre la professionnelle et l’enfant qui a facilité la rupture entre l’enfant et sa mère d’une manière souple. Ce qui exprime qu’il y a une relation qui est tissée entre cet adulte et l’enfant.
En faisant le lien entre cette situation observée et ce que nous avons vu sur le développement de l’enfant et le concept de séparation de John Bowlby sur la figure d’attachement, la figure d’attachement principale nourrit le sentiment de sécurité intérieure de l’enfant, par sa constance à être présente, à apporter bien être, réconfort, repère, soins divers, tendresse, moments partagés et à répondre à ses besoins.
D’après John Bowlby, ce n’est que lorsque les besoins d’attachement sont satisfaits que le jeune enfant peut s’éloigner en toute sécurité de sa figure d’attachement pour explorer le monde qui l’entoure.
Nous pouvons constater alors que l’attachement sécurisé est indispensable pour le bon développement de l’enfant. En effet, quand l’enfant est bien attaché, il peut surmonter la séparation.
- Dimension théorique de l’attachement
Selon Freud, l’attachement de l’enfant à sa mère résulte du fait que cette dernière répond à son besoin de nourriture et d’alimentation. Mais Bowlby base sa théorie de l’attachement sur les besoins d’interactions, de sécurité et de confort.
John Bowlby donne une description de l’attachement selon laquelle l’attachement est « le produit des comportements qui ont pour objet la recherche et le maintien de la proximité d’une personne spécifique. C’est un besoin social primaire et inné d’entrer en relation avec autrui. […] La mère, ou son substitut, constitue une base de sécurité pour son enfant.»[5]
Les théories établies par Bowlby nous paraissent intéressantes étant donné qu’elles portent sur le concept qui est le fondement de la sécurité affective de l’enfant, à savoir l’attachement. Ces études se basent sur l’attachement entre l’enfant et sa figure d’attachement. Mais qu’entend-on par figure d’attachement ?
Tout naturellement, la mère est la figure d’attachement par excellence. Cependant, d’autres personnes peuvent devenir des figures d’attachement pour un enfant. En effet, toute personne qui entre en interaction sociale avec l’enfant et qui peut subvenir à ses besoins peut devenir une figure d’attachement pour cet enfant, pour ne citer que l’éducateur.
Les travaux Moderne de René A. Spitz et d’autres montrent que l’enfant, étant très jeune, a besoin non seulement de satisfaction de besoins naturels tels que la faim, la soif, la protection contre le froid et la chaleur mais aussi d’être aimé et d’être lié affectivement à une seule personne qui s’occupe de lui. A un certain moment de son développement, l’enfant éprouve le besoin d’affirmer sa personnalité et puis de faire les choses par lui-même.
Winnicott a dit : « Si les bébés de l’homme doivent finalement évoluer jusqu’à devenir des individus adultes, sains, indépendants et socialisés, il est absolument nécessaire qu’ils aient un bon départ. Dans la nature, ce bon départ est assuré grâce à l’existence d’un lien entre la mère et le bébé, grâce à ce qu’on appelle l’amour. Si donc vous aimez votre bébé, il aura un bon départ ». Selon Winicott, l’attachement d’un enfant à une personne dépend de la faculté qu’a cette personne à répondre à ses besoins comme la mère qui nourrit un lien d’attachement avec lui dès sa naissance.
Sophie Marinopoulos a dit : « un bébé en bonne santé est un bébé satisfait, bien nourri, et apaisé car contenu par vos attentions. Son Moi-corps, qui lui fournit la certitude d’être quelqu’un, lui permet d’accéder à un état de bien être que nous nommons le narcissisme. Celui-ci est une force qui se fonde dans la prime enfance. Cet état, le narcissisme originaire, repose sur la certitude d’exister dans le regard de la mère et du père. Empreint de ce regard, l’enfant va garder une sécurité intérieure. Il est ainsi porteur de messages à jamais inscrits dans sa chair : il a de la valeur, une dignité, une existence. Bagage essentiel, richesse de la vie psychique qui ouvre toutes les portes de la découverte, des séparations ultérieures, de l’autonomie. Armé de ces deux forces psychiques fondamentales, le sentiment d’exister et une sécurité intérieure, le bébé est prêt pour commencer à se détacher. »
En tant que future EJE, dans ma pratique future, pour accompagner l’enfant et le sécuriser affectivement, j’essaierai d’avoir plus d’information sur l’enfant du côté de la famille. En guise d’exemple, la manière dont l’enfant préfère dormir, s’il a des attitudes, pour son sommeil s’il a un doudou ou une tétine afin de faire le lien entre la maison et la crèche… afin de faciliter l’adaptation de l’enfant. L’on peut également lui permettre de se repérer dans l’espace en personnalisant les différents coins dans l’établissement, par exemple, en mettant la photo de l’enfant dans le coin réservé à lui pour la sieste, pour les repas, les panières pour se déshabiller avant et s’habiller après la sieste. Si je remarque que l’enfant pleure beaucoup en changeant les coins dans la section, j’évite les déplacements, je mettrai des mots en expliquant à l’enfant ce qui se passe pour le rassurer.
- Observation sur le processus de séparation
Nous sommes en Halte-Garderie, C’est mercredi, il est 9h45. Les personnes présentes sont : l’EJE, 1 auxiliaire de puériculture, l’aide auxiliaire, la directrice, la cuisinière et moi-même. Douze enfants sont présents. Dans une salle à côté de la salle de vie, une AP accompagne un groupe de 6 enfants : Daniel (2ans), Roger (2ans1/2), Hugo (3ans), Jérémie (3ans), Valentin (3ans), Lisa (3ans) et Léo (3ans). L’activité concerne la manipulation des pâtes (remplir et vider) dans un bac. L’aide AP est avec un groupe de 5 enfants, qui manipulent les livres dans le coin lecture. Il y a : George (2ans1/2), Roxane (3ans), Thibaud (2ans), Arthur (2ans1/2) et Oscar (3ans). Quant à Elian (3ans), il joue avec les motos. A ce moment-là, Roxane (3ans) entre dans la structure accompagnée de son père, elle a deux doudous dans sa main et son sac à dos. La professionnelle l’accueille, lui demande comment elle va. Elle lui signale qu’elle ne peut garder deux doudous dans la crèche. Et lui propose de rendre l’un des doudous à son papa. Le papa prend le doudou, accompagne Roxane jusqu’à la salle de vie. Il l’embrasse, lui fait un câlin puis l’informe que sa maman viendra la chercher ce soir. Roxane se met à pleurer. Le papa s’éloigne. Roxane pleure toujours. L’EJE prend Roxane dans ses bras et lui propose d’aller ensemble vers la fenêtre pour faire « coucou » à son père. Le père, dehors, face à la fenêtre, fait coucou à sa petite fille. Ensuite il s’éloigne. Roxane continue de pleurer. La professionnelle explique à Roxane que son papa doit aller travailler et qu’elle le verra le soir. Elle lui rappelle les temps forts et successifs de la journée : s’amuser avec ses camarades, puis déjeuner, faire la sieste, goûter puis retrouver maman après le goûter.
L’EJE pose Roxane au sol en mettant des mots sur ce qu’elle fait. Elle lui explique qu’elle doit préparer le parcours pour l’activité moteur. Elle propose à Roxane de l’accompagner. Roxane arrête de pleurer et part avec l’EJE.
- Analyse de la situation
Cette situation montre une séparation d’un enfant de son père. La réaction de cette petite, dans un premier temps, est manifestée par des pleurs et des larmes, effet physiologique qui traduit un état psychique de cette petite fille.
L’accouchement est la première séparation, la fin de la fusion parfaite vécue pendant neuf mois, entre la mère et le bébé. Le bébé décide de se séparer de sa mère. Cette première séparation est une preuve d’autonomie chez le bébé d’homme. Après quelques mois de la naissance, l’enfant commence à ramper, à marcher à pouvoir se saisir d’un objet qu’il convoitise, se déplacer sur quatre pattes.
Pour Bowlby l’angoisse primaire de séparation apparaît comme le signal activateur d’un schéma de comportement spécifique. On constate que l’enfant s’est calmé quand la professionnelle lui a expliqué les choses par des mots simples. Dans cette perspective, Bowlby est amené à critiquer le terme d’angoisse de séparation et propose en remplacement le concept de « rupture des liens d’attachement ». Toujours selon Bowlby, les réactions d’angoisse de la séparation d’avec la mère, vont être de plus en plus discrètes au cours du développement. L’enfant va progressivement tolérer des séparations de plus en plus prolongées. Cette évolution résulte des interactions et des expériences vécues entre l’enfant, sa figure d’attachement et l’environnement. La figure d’attachement dans cette situation, c’est l’EJE qui a pu accompagner cet enfant au moment de frustration causé par la séparation d’avec son père.
Un enfant développe des relations d’attachement avec des personnes qui sont prêtes à partager ses émotions. En se séparant des parents, l’enfant commence (par exemple à dormir dans son lit), la séparation permet de développer un certain nombre de compétences. La séparation permet à l’enfant de créer cette capacité de nouer des relations avec d’autres adultes, l’enfant va progressivement tolérer des séparations de plus en plus prolongées. Cette évolution résulte entre l’enfant, sa figure d’attachement et l’environnement. Au premier âge, cette autonomie pourrait correspondre à la capacité de l’enfant de vivre des expériences de détente au cours desquelles, il apprend à recevoir de l’autre et à lui exprimer ce qu’il désire.
Winnicott, dans sa théorie sur l’objet transitionnel, dit qu’à l’occasion de la séparation, l’enfant se sert d’un objet au moment de s’endormir, car cet objet représente pour l’enfant la mère qui est absente. Cet objet, Winnicott l’a appelé objet transitionnel, car il fait une distance entre une partie de soi chez l’enfant et un objet extérieur. Selon lui, cela permet à l’enfant d’avoir un sentiment qui lui procure une certaine sécurité entre la réalité intérieure et ce qu’il vit à l’extérieur. Afin de lutter contre l’angoisse dépressive de séparation.
Donc, la sécurité affective est un sentiment positif qui donne à l’enfant suffisamment confiance en lui pour y prendre des risques et faire de nouvelles expériences.
C’est Mardi, nous sommes dans le jardin, en Halte-Garderie, il est 9h45. Les enfants présents sont au nombre de 19. Quant aux adultes, ils sont au nombre de quatre (l’EJE, l’aide auxiliaire, une CAP et moi). Les enfants sont en jeux moteurs (vélos, motos, voiture, camions, trottinettes, toboggan..). Liora (2ans et demi) arrive dans les bras de sa mère, elle est en accueil occasionnel de deux jour par semaine toute la journée (Mardi et jeudi), le reste de la semaine, elle est accueillie chez sa grand-mère, qui accueille aussi sa petite sœur de 6 mois. La mère de Liora travaille à temps partiel. Pendant les échanges entre sa mère et la CAP sur le sommeil, l’heure du réveil et l’alimentation de l’enfant, Liora qui a la tétine dans la bouche et son doudou dans sa main, pleure.
La professionnelle invite alors Liora à venir dans ses bras, l’enfant pleure en se serrant le doudou contre elle et en regardant sa mère. La mère dit au revoir, embrasse son enfant puis s’en va. Liora pleure toujours, la professionnelle met des mots, expliquant à l’enfant qu’elle peut jouer et s’amuser et que le soir, elle verra ses parents. Liora pleure toujours tandis que les autres enfants jouent.
Dix minutes plus tard, la professionnelle explique à Liora qu’elle ne pourra pas la porter plus longtemps, elle l’informe qu’elle va la poser sur le sol. Liora reste à l’endroit où la professionnelle l’a posée. Pendant ce temps, une autre professionnelle prépare les enfants pour les accompagner dans le jardin.
Je me suis dirigée vers Liora, je lui demande si elle souhaite faire un tour en marchant dans le jardin, elle a secoué sa tête du haut vers le bas (qui veut dire « oui »), à ce moment je lui demande si elle veut tenir ma main et elle a dit : « oui ». Liora marche avec moi dans le jardin et a arrêté de pleurer, en me tenant par la main. Nous avons commencé à nous promener. Alia (2ans 1/2) se dirige vers moi et tend la main pour tenir la mienne, ensuite Arthur, Roxane, Alicia et Elian veulent également faire la même chose. Théo (3ans) vient vers moi, m’appelle de mon prénom et me fait comprendre que lui aussi veut que je lui tiens la main pour se promener. Je lui explique que je ne peux pas car mes deux mains sont occupées, comme de mon côté gauche, il y avait tous ces enfants qui se tenaient les mains et de mon côté droit j’ai Liora, j’ai proposé à Théo de demander à Liora si elle veut lui donner la main, Liora répond : « oui », en se promenant, j’ai retiré ma main doucement et j’ai continué à me promener, Liora continue de se promener en tenant la main de Théo, ensuite ils se sont dirigés vers le toboggan.
- Analyse
Cette situation d’observation montre un espace d’interactions et des champs d’expériences. J’ai remarqué que la collectivité est un lieu de rencontres qui a offert l’occasion à Liora de créer des liens et de prendre ses marques sur la scène sociale. L’interaction de l’enfant Théo et le reste des enfants a intéressé Liora et a montré la compétence de Liora à engager et surtout à prolonger le contact avec Théo, c’est à dire à nouer l’interaction avec Théo et le reste des enfants, ce qui l’a aidé à surmonter l’angoisse de la séparation d’avec sa mère. Je pense que Liora a commencé à s’intéresser à l’autre. Je l’ai accompagné en lui proposant de se promener dans le jardin ensemble, en acceptant ma proposition, elle a pu voir d’autres enfants. Donc, la socialisation dépend de ce qui se noue et se joue dans l’interaction.
La socialisation est un processus par lequel sont transmises des valeurs et des normes dans le but de construire une identité sociale et d’intégrer l’individu à la société qui fait d’un individu un être social.
En tant que future EJE, je pense qu’il m’appartient de s’assurer que l’écart entre le niveau d’exigence de la prescription et le niveau de maturation de l’enfant restent favorables à l’élaboration et à l’intériorisation. Je pense qu’il sera nécessaire de veiller sur l’enfant et de sa sociabilité. Dès lors, je pense collaborer avec les adultes en charge de l’accompagnement de l’enfant pour qu’ils prennent eux-mêmes le temps de rechercher un accord éducatif et s’entendent, d’une manière ou d’une autre, sur ce qui peut être demandé à l’enfant.
Si je fais le lien entre cette situation et ce que j’ai appris sur le développement de l’enfant, nous pouvons citer les travaux modernes de René A. Spitz et d’autres qui montrent que l’enfant très jeune a besoin non seulement de satisfaction de besoins naturels tels que la faim, la soif, la protection contre le froid et la chaleur mais aussi d’être aimé et d’être lié affectivement à une seule personne qui s’occupe de lui. A un certain moment de son développement, l’enfant éprouve le besoin d’affirmer sa personnalité et puis de faire les choses par lui-même.
En tant que future EJE, pour sécuriser l’enfant affectivement, d’abord je serai disponible pour l’enfant, par le biais de l’observation. Si je remarque qu’un enfant essaie de me dire quelque chose, par ma présence et mon attention, l’enfant va se sentir exister, qu’on lui prête attention, et que ce qu’il fait nous intéresse.
Il appartient alors aux parents et aux adultes s’occupant de l’enfant recueillir le maximum d’informations pour connaître ses habitudes, la façon qui lui facilite exemple le sommeil, ou encore la façon de le porter enfant.
Un échange avec les membres de l’équipe sur les transmissions et les informations qui pourront être utiles dans l’accompagnement du jeune enfant est alors nécessaire. Ce qui v permettre à l’EJE de connaître les comportements appropriés pour assurer la sécurité affective de l’enfant, pour ne citer que le respect du doudou de l’enfant, les moments auxquels l’on peut l’autoriser à l’utiliser comme lors des séparations ou au moment de la sieste ; une présence physique et psychique qui rassure l’enfant et le sécurise, et le respect du rythme de chaque enfant.
La communication avec les membres de l’équipe est également nécessaire pour personnaliser les coins en mettant la photo de l’enfant (dans le dortoir pour permettre à l’enfant de se repérer dans l’espace, sur le porte doudou qui sera personnalisé en accès libre pour l’enfant, dans le coin repas pour que l’enfant sache son tour de repas pour les enfants qui préfèrent manger les premiers, tout comme le casier dédié à l’enfant qui permet aux parents de laisser ses vêtements de change ou sa tétine (objets appartenant à cet enfant)) ; en mettant des mots sur chaque situation, notamment s’il y a beaucoup de changement de personnel, je mets des mots pour expliquer à l’enfant ce qui se passe, que tel professionnel est là pour s’occuper de lui et si je vois qu’il refuse je lui propose mon accompagnement pour rassurer l’enfant et le sécuriser. Ainsi, étant donné que mon objectif est de rendre l’enfant acteur de ses actes, je ne les ferai pas à sa place, je lui explique les choses tout en restant auprès de lui, de sorte qu’en cas de difficulté, je pourrai intervenir si l’enfant me sollicite.
- Observation et analyse
Nous sommes dans la salle de vie en halte-garderie, il est 9h35, Le nombre d’enfants est de quatre, et les adultes présents étaient l’EJE, l’aide auxiliaire et moi. Paul (19 mois) arrive avec sa mère, l’aide auxiliaire qui est également le référent de cet enfant mentionne les informations donné par la mère sur l’enfant. La mère embrasse son enfant, met des mots : « à ce soir mon chéri ». L’aide auxiliaire prend Paul dans ses bras.
L’enfant reste calme pendant un moment sur les genoux de l’aide auxiliaire avant de se diriger vers le bloc moteur pour jouer. Au cours de la journée, à chaque fois que la porte de la section s’ouvre si une professionnelle entre en section ou un autre adulte sort de la section, Paul se met à pleurer. Quand il y a de nouvelles personnes stagiaires ou des salariés qui viennent remplacer une ou un professionnel, cet enfant se met à pleurer, même si l’enfant change d’espace, il commence à pleurer, avant la sieste il pleure. Les membres de l’équipe commencent à se poser des questions pourquoi l’enfant pleure beaucoup ces derniers temps, pourtant la séparation se passe bien.
Cette situation d’observation montre un enfant qui pleure pour chaque mouvement dans la section, surtout quand la porte s’ouvre. Afin de transmettre à sa mère ce qui se passe pour son enfant au cours de la journée, toute l’équipe a observé l’enfant. En tant que future EJE, je voulais comprendre ce qui se passe pour cet enfant. En échangeant avec les membres de l’équipe et en observant l’enfant, j’ai remarqué que Paul, à chaque fois la porte s’ouvre avec les vas et vient des adultes en section, réagit à ces mouvements par des sentiments de frustration traduits par des pleurs.
Pourtant la journée se passe normalement. Il s’amuse, il joue, seulement au moment où la porte s’ouvre, il commence à pleurer. Nous avons (moi et l’équipe) échangés autour de cette situation pour avoir plus d’éléments afin de répondre au mieux positivement. J’ai fait le lien dans cette situation observée avec ce que j’ai appris sur le développement de l’enfant en prenant en compte l’environnement familial de l’enfant. J’ai su que cet enfant a eu un évènement particulier dans sa vie qui a fait qu’il manque d’assurance. En lien avec ce que j’ai appris, je pense que cet enfant n’est pas sécurisé.
Lors d’une réunion d’équipe, la directrice a demandé à la référente de cet enfant de renforcer la référence, qu’elle soit plus proche de lui pour les repas jusqu’à ce que l’enfant commence à se sentir sécurisé. Il s’est avéré que la mère était seule avec son enfant, qu’elle était en projet d’insertion sociale et c’est ce changement qui a bouleversé l’enfant. En expliquant les choses à l’enfant avec une présence psychique et physique, il a pu se sentir sécurisé et ne pleure plus comme avant.
Selon Boris, l’enfant qui n’a pas acquis un attachement sécure est insécure. Selon ce professionnel, l’attachement affectif repose sur une mémoire, en l’absence de sécurité, quand l’enfant est stressé, il ne peut rien apprendre. Ce professionnel de neuroscience confirme avec d’autres professionnels que même si l’enfant est biologiquement sain, neurologiquement sain s’il n’est sécurisé affectivement, il ne pourra pas se développer.
Ainsi, quand l’enfant est sécurisé par l’attachement, il peut explorer et apprendre, mais dans le cas contraire, l’enfant aura des difficultés, pour ne citer que la difficulté à apprendre à parler. L’enfant insécurisé ne se met pas dans une disposition spatiale pour apprendre à parler parce que chez lui, il y a une souffrance.
Donc, la sécurité affective est indispensable pour que l’enfant ait confiance en lui-même, en ses parents et aux autres. Comme nous le montre, en guise d’exemple, le film de l’enfant sauvage de François Truffaut (1970) qui montre l’importance de la socialisation et de l’apprentissage chez le jeune enfant. Selon Boris Cyrulnik, l’enfant insécure peut devenir autonome si l’on s’occupe de lui de manière adéquate avec une présence physique et psychique. D’après ce professionnel et d’après ses recherches et enquêtes terrain, les enfants insécurisés peuvent rattraper leur retard et les résultats peuvent être positifs. Cependant, selon eux, cela peut donner de bons résultats comme cela peut donner des résultats moins biens.
- La contribution de Mary Ainsworth
Mary Ainsworth a également apporté sa contribution dans la théorisation sur l’attachement. Sa théorie de la qualité de l’attachement apporte en effet des explications considérables quant à l’attachement d’un enfant et des conséquences que la qualité de cette dernière implique. Ses études se basent alors sur la théorie de la « strange situation » pendant laquelle elle a étudié les réactions chez l’enfant face à des situations stressantes liées à la séparation (Ainsworth, 1978)[6], en analysant cette situation, elle pouvait mesurer les comportements d’attachement. L’étude a impliqué des enfants, des adultes ainsi que des personnes étrangères aux enfants.
Durant l’expérimentation, l’enfant est séparé de sa figure d’attachement, confié à une personne étrangère, puis il va retrouver l’adulte. C’est sa réaction lors de cette retrouvaille avec l’adulte qui sera étudiée et qui va conduire à déterminer la qualité de la sécurité affective : il s’agit de l’attachement sécurisé et de l’attachement insécurisé.
- L’attachement sécurisé ou Secure (Groupe B) : l’enfant n’est pas particulièrement perturbé par la séparation et est facilement réconforté par la personne étrangère. Sa réaction lors des retrouvailles avec la figure d’attachement sera la recherche de contact avec celle-ci.
- L’attachement insécurisé ou insécure (l’enfant est « insecure évitant ou anxieux-évitant », Groupe A) : Il présente peu de réactions lors de la séparation et des retrouvailles. Le rejet ou l’ignorance envers la figure d’attachement va caractériser sa réaction lors des retrouvailles.
- L’attachement insécurisé ou insécure (l’enfant est « insecure résistant ou anxieux-résistant ou encore ambivalent », Groupe C) : l’enfant sera touché par la séparation et va présenter des signes de détresse, de colère et de tristesse, mais il la adopter un comportement de rejet envers la figure d’attachement lors des retrouvailles.
III – VERS L’AUTONOMIE
- Observation et analyse
Nous sommes en Halte-Garderie, il est 13h, les enfants se préparent pour aller à la sieste. Pour les enfants qui ne sont pas autonomes, les adultes les aident à se déshabiller et pour ceux qui sont capables, ils le font seuls avec la présence de l’adulte. J’étais assise au sol je vois Mathieu (2ans1/5), fils unique. D’habitude, il se déshabille seul sans l’aide de personne. Ce jour-là, il ne voulait pas le faire et commence à pleurer. Il veut que ce soit l’adulte qui le fait, et non lui. Nous savons que cet enfant est parti en vacances pendant 10 jours. J’étais assis à ses côtés, il pleurait et m’a sollicité. Je ne voulais pas l’aider car il peut le faire seul, d’ailleurs il en est capable, mais il ne voulait rien faire seul.
Cette situation d’observation montre un enfant qui était auparavant autonome. Il est parti en vacances et à son retour il ne veut plus faire seul. En échangeant avec l’équipe et la directrice et en discutant avec la mère, nous avons appris que la famille est partie en vacances avec des amis et que Paul était le petit roi, et donc il ne faisait rien. D’après la mère, les adultes faisaient tout pour lui, et donc tout a changé.
J’ai compris grâce à cette situation d’observation que le développement de l’enfant vers l’autonomie peut stagner. Cette situation m’a permis de faire le lien avec ce que les psychanalystes appellent la régression. En effet, l’enfant peut vivre des interactions qui peuvent mettre en pane son processus d’autonomie. Afin de préserver cette autonomie, il importe d’échanger avec les membres de l’équipe et de rassurer l’enfant avant qu’ils partent en vacances en lui rappelant qu’il sait toujours faire et qu’il en est capable, tout en lui rappelant le cadre et les limites en faisant preuve de fermeté.
Quelques temps après, l’enfant a repris ses habitudes de faire tout seul sans l’aide de l’adulte. En tant que future EJE, dans ma pratique future pour accompagner l’enfant dans le processus de l’autonomie, je pense que mon action réelle ne sera pas de transmettre des savoirs aux enfants, mais sera plutôt relative au rôle d’un tuteur, accompagnateur de ces derniers, qui de leur côté, manifestent de plus en plus d’autonomie. Comme l’a résumé la pédiatre et pédagogue Italienne Maria Montessori par sa phrase « Aide moi à faire tout seul ».
– Selon le dictionnaire, l’autonomie désigne la liberté de se gouverner par ses propres lois sans entamer la liberté d’autrui. L’autonomie, c’est également la capacité pour un individu de prendre la pleine responsabilité de ses actes.
– Quant à la définition du Dictionnaire pratique du travail social : l’autonomie, c’est la capacité de l’enfant à gérer ses propres dépendances (physiques, psychiques et sociales).
– Dans le cadre d’une socialisation : l’autonomie représente une acceptation de perdre sa liberté fondamentale en tant qu’être humain pour acquérir une liberté relative en tant qu’être socialisé. L’accompagnement vers l’autonomie consiste donc à un renoncement aux fantasmes et à la toute-puissance du désir individuel, par la soumission à la loi du groupe et à l’intégration des valeurs permettant le bien commun.
Donc, l’individu socialisé est soumis, pour ensuite posséder la liberté de contraindre les autres à la même logique. Le parent comme le professionnel de la petite enfance, sont amenés avant tout à dire « non » à l’enfant, au nom de la société, pour qu’un « oui » puisse éventuellement lui être accordé.
L’autonomie est la volonté de l’enfant de faire seul, d’être acteur de ses actes sans l’aide d’autrui, quand il se sent en sécurité, protégé par l’adulte. Lorsque l’enfant fait preuve d’autonomie, c’est qu’il se sent en sécurité et protégé par l’adulte.
Observation et analyse
C’est lundi, nous sommes en Halte-Garderie, il est 9h 30. Je compte dix enfants présents. Les adultes qui se trouvent dans les lieux : l’EJE, l’aide auxiliaire, le Cap (petite enfance) et moi. 6 enfants sont en activité libre, 5 enfants sont dans la petite salle (2 enfants manipulent le sable dans le coin ou le bac à sable est installé) et les 3 autres enfants, Farid (2ans1/2) dessine sur une feuille, Cathie (3ans), joue aux jeux de construction et Tessa (3ans) assise sur la petite banquette regarde un livre, tourne les pages et murmure. Les 5 autres enfants sont dans la salle de vie.
Roseline (19 mois) a une robe de déguisement dans sa main. Elle se dirige vers l’aide auxiliaire qui était assise par terre. Le professionnel regarde Roseline et lui demande si elle veut de l’aide pour mettre le déguisement. Roseline secoue sa tête du haut vers le bas (qui veut dire qu’elle est d’accord). L’adulte intervient. Pendant ce temps Sami (2 ans1/2) qui jouait avec le camion pompiers, pose son camion et va vers Roseline. Sami prend un chapeau, essaye de le mettre sur la tête de Roseline qui refuse, s’éloigne et lui dit « non ». Sami insiste toujours en essayant de mettre le chapeau sur la tête de Roseline. Elle lance un cri. Les autres enfants sont en activité libre (dinette, poupée, figurines des animaux). L’EJE à côté, demande à Sami de laisser Roseline jouer, en lui expliquant que Roseline ne veut pas mettre le chapeau, et qu’il faut la laisser tranquille. Sami pose le chapeau dans le bac dédié à cet effet et va jouer au toboggan.
Dans cette situation d’observation, je constate que les enfants sont en activité libre. Chaque enfant tâtonne, expérimente, sans que ses erreurs et échecs ne soient retenus contre lui, sans penser risquer de perdre l’amour et l’estime de leurs proches. Dans cet espace, l’enfant trouve satisfaction à son besoin d’agir, c’est-à-dire de trouver à portée de mains matière à satisfaire sa curiosité tout en restant autonome, (auteur et acteur de ses actes). Les enfants ont une autorité sur leurs jeux, rien n’étant imposé par l’adulte. C’est l’enfant qui a choisi l’activité selon son envie et ses quêtes. Cette liberté doit exister dans la décision de jouer mais aussi tout au long du jeu. C’est l’enfant qui est autonome dans son activité, l’adulte est intervenu juste au moment où Sami insistait pour mettre le chapeau sur la tête Roseline. Grâce à l’intervention de la professionnelle, Sami a pu se rappeler des règles de la collectivité, chaque enfant étant libre de choisir de faire ou ne pas faire. Et dans cette situation, je pense que le choix de Roseline a été respecté (refuser de mettre le chapeau sur la tête).
Donc, Sami est autonome par sa capacité de renoncer à ses propres fantasmes pour se soumettre à la loi du collectif en respectant le choix de Roseline.
En tant que future EJE, dans ma pratique future, je collaborerai avec l’équipe autour de nos observations pour aménager l’espace selon le stade de développement de l’enfant et là où il en est d’une façon adéquate, pour pouvoir répondre à leurs quêtes et les accompagner dans leur tâtonnement et apprentissage. Tel est également le cas pour le choix des jouets selon l’âge et la sécurité de l’enfant. Donc, avant de commander les jouets, je prête attention aux retours de mes collègues pour faire le bon choix du matériel pour l’enfant comme pour les adultes en affichant les règles dans chaque coin pour accompagner l’enfant dans un environnement ludique, sécurisant et harmonieux qui lui permettrait un bon apprentissage et la découverte du monde qui l’entoure tout en s’amusant.
Observation et analyse
Nous sommes le lundi matin, il est 9h35, les adultes présents sont L’EJE, l’aide auxiliaire et moi. Le nombre d’enfant est de trois. Sara (2ans) arrive avec sa mère, c’est l’unique fille, l’EJE note les transmissions (le réveil, l’alimentation…). A leur arrivée, avant d’aller jouer, les enfants enlèvent leurs chaussures seuls ou avec l’aide du parent accompagnant selon les capacités de chacun.
Sara s’est assise sur une chaise qui est installée juste à côté de la porte d’entrée. Elle prend ses chaussons et essaye d’ouvrir les scratches de ses chaussures. La mère de Sara se met à côté d’elle, prend le pied de Sara et ouvre le scratch, Sara dit : « non maman », la mère continue à faire tout en racontant à l’aide auxiliaire une anecdote sur Sara. L’enfant reste sur sa chaise en pleurant.
Sa mère se penche alors vers elle et lui dit : « mais qu’est-ce que tu as ma chérie ? » Sara boude, secoue les épaules et dit à sa mère, : « je voulais faire, je ne suis pas un bébé ». La mère dit : oui ma chérie tu es une grande fille, je suis un peu pressée et maman doit aller travailler : « je t’aime mon bébé » et elle l’embrasse. Selon les dires du personnel, le papa ne souhaitait pas avoir cet enfant malgré le désir de son épouse.
Dans cette situation d’observation, je remarque un enfant qui essaie de faire l’expérience d’enlever ses chaussures pour mettre ses chaussons, Or, la mère étant pressée pour des raisons personnelles l’a fait à sa place, empêchant l’enfant d’effectuer elle-même cette action. Je remarque un enfant qui manifeste l’autonomie et sa volonté d’expérimenter son indépendance, ainsi qu’une mère qui, de par son comportement hyper-protecteur, a tendance à freiner l’autonomie de l’enfant. Parfois les parents par leur amour ainsi qu’une protection étouffante, freinent l’autonomie de leur enfant sans le savoir.
Eventuellement, la famille joue un rôle décisif dans l’éducation des enfants. Par conséquent, sa fonction primordiale est de fixer le cadre de vie idéologique et matériel d’éducation et d’émancipation sociales des enfants. Elle représente l’un des lieux importants de socialisation de l’enfant, et reste au centre même du processus éducatif « avant l’école, pendant l’école et après l’école ». Les parents ont à porter cette responsabilité primordiale : conduire leurs enfants vers l’état adulte. Dans le processus d’autonomisation de l’enfant, tout parent peut s’attendre à se confronter au défi lancé par l’enfant, compromis sans cesse à renégocier entre l’hyper protection et l’abandon.
La première mission est de nourrir les enfants, de les protéger, de les guider et de les contrôler de façon efficace et efficiente. Le rôle des parents est très important dans la construction du moi de l’enfant. Leur amour inconditionnel permet à l’enfant de construire une estime de soi et de trouver son identité.
L’image que l’enfant aura de lui-même est celle donnée par son entourage, car selon les psychologues, l’estime de soi est une base importante dans la construction identitaire, elle commence dès l’enfance. Les enfants qui n’ont pas une belle image d’eux-mêmes n’arrivent pas à faire face à l’avenir tout au long de leur vie. En revanche, un enfant qui a une belle estime de soi va s’évaluer correctement et avoir une sécurité intérieure. « L’estime de soi se définit comme le sentiment que chacun a de sa propre valeur, c’est le processus par lequel un individu porte des jugements positifs ou négatifs sur lui-même, ses compétences, ses performances, ses aptitudes et ses mérites. » [7]
L’estime de soi traduit ainsi la conséquence de la perception qu’exprime son entourage sur un individu, notamment à travers leur soutien, leur critique et encouragement, une perception qui va définir l’opinion qu’il va avoir sur lui-même et ses capacités. Cette perception se fait donc dès l’enfance, ce qui rend important l’encouragement fait par les parents à l’égard de leurs enfants.
En effet, les parents ont une grande influence sur le développement de l’enfant en valorisant les actes et les efforts accomplis par l’enfant, ce qui va aider l’enfant à prendre conscience de son identité. Par la parole, l’adulte accompagne l’enfant dans ses expérimentations et ses émotions. Quand les parents croient à leur enfant et quand l’enfant sait que sa maman comprend les signes qu’il lui renvoie et qu’elle répond d’une façon rapide et adéquate, il se sent en sécurité et bénéficie d’un attachement sécurisant.
Les parents doivent renforcer tout ce qui est satisfaisant pour l’enfant et éviter progressivement les pulsions « agressives » pour servir de modèle pour l’enfant. La constance du cadre est indispensable pour que l’enfant s’y retrouve et puisse prévoir les réactions de l’adulte dont il est dépendant. Les échanges affectifs sont nécessaires à cette construction progressive de la « personnalité de l’enfant », le valoriser à chaque fois. L’enfant fait des efforts, en utilisant des mots simples et en l’encourageant. Les limites permettent à l’enfant de se construire, car le « non » fait apparaître le « oui », le parent doit être cohérent et doit donner l’exemple à l’enfant : ainsi, par exemple, il ne faut pas interdire à l’enfant un acte alors que l’adulte en est l’auteur.
Dans l’observation de la situation, en tant que future EJE, je pourrais organiser, avec l’accord de l’équipe et de la direction, des rencontres des parents selon les disponibilités des familles. Ces moments d’échanges permet aux parents de voir et d’échanger avec des professionnels de la petite enfance comme les psychologues, les pédiatres et d’autres parents. Ces moments d’échanges permettraient aux familles de partager leurs idées et leurs expériences pour ensuite faciliter l’éducation à ceux qui trouvent des difficultés.
L’attitude d’un professionnel dans la mise en œuvre du projet pédagogique de la structure:
C’est mardi, nous sommes en Halte-Garderie, il est 9h 45, c’est la fin des accueils et le début des activités, les enfants présents sont au nombre de vingt.
Les adultes présents sont : l’EJE, 1 auxiliaire de puériculture, 1 aide auxiliaire et moi-même. Les enfants sont en activité libre. Les professionnels sont dispatchés dans trois coins de la salle.
L’aide auxiliaire veut faire une activité peinture avec un groupe d’enfants dans le coin cuisine où les enfants prennent leurs repas et gouters. Dans un premier temps, l’aide auxiliaire est partie à la réserve chercher des tabliers, de la peinture, des feuilles de dessins et des pinceaux. Il a mouillé des gants et les a laissés dans une bassine à côté de lui dans le coin repas. Cet endroit a été choisi car il est spacieux. Ce qui facilite la circulation des enfants. Ensuite, il a installé 4 tasses en plastique, l’intérieur de chaque tasse ayant une couleur différente. Puis, l’aide auxiliaire a ensuite proposé l’activité aux enfants dont la majorité était partant. Il a dû expliquer qu’il n’y avait pas de place pour tous les enfants. Nathan (2ans ½), Sofia (3ans), Alison (2ans ½) et Mathilde (3ans). Le professionnel ouvre la porte de la cuisine et demande à Nathan de se mettre dans la place qui est à côté d’Alison, à Mathilde de s’asseoir à côté de Sofia et à Alison de se mettre en face de Mathilde. Quatre couleurs sont proposées (jaune, rouge, bleu, marron) Devant chaque enfant, il y’a une tasse pleine de peinture. Sofia commence à mettre la peinture sur sa feuille et fait des traits, D’autres faits des ronds, d’autres des points avec leurs pinceaux. Nathan regarde les autres enfants faire, après un moment, il prend son pinceau le trempe dans la peinture jaune qui est devant sa feuille, met un point sur la feuille, pose son pinceau, ne touche plus, regarde autour de lui, puis informe le professionnel qu’il ne veut plus faire l’activité. Le professionnel met des mots pour confirmer si l’enfant veut vraiment sortir Est-ce que tu veux sortir ? Nathan répond : « oui ». L’aide auxiliaire demande à Nathan de s’essuyer les mains avec le gant mouillé, lui enlève le tablier, ensuite il lui ouvre la porte. Le professionnel, mentionne le prénom de l’enfant sur la feuille, met la date.
Dans cette situation, je vois un professionnel qui a proposé à un groupe d’enfants, une activité peinture. Au départ, ce spécialiste a eu des attitudes suivant les critères du projet pédagogique de la structure; “l’enfant est libre de faire ou ne pas faire l’activité “. Les enfants ont eu le choix d’accepter ou de refuser la proposition de l’adulte. C’était l’adulte qui a décidé de l’emplacement de chaque enfant. Quand l’enfant Nathan, ne voulait pas faire l’activité, il a demandé au professionnel s’il pouvait sortir, l’adulte a respecté son choix en l’invitant à s’essuyer les mains avec le gant mouillé suivant les principes du projet pédagogique.
A mon sens le choix de l’enfant de faire ou ne pas faire l’activité a été respecté par l’adulte, tout comme l’attitude de l’enfant qui voulait sortir de l’activité qui a également été respecté par l’adulte. Cela favorise l’autonomie de l’enfant.
Quand l’adulte a observé l’enfant Nathan qui ne faisait pas la peinture, (l’adulte a mis des mots sur la situation pour savoir si l’enfant souhaite continuer ou sortir de l’activité), il a pu comprendre que l’enfant voulait sortir et donc, il lui a proposé s’il souhaite sortir, ce qui a facilité les choses à l’enfant. Donc l’attitude de ce professionnel dans cette situation, en faisant le lien avec ce que j’ai lu sur le projet pédagogique de la structure, a bien respecté le choix de l’enfant dans cette activité que ce soit au début pour faire ou ne pas faire, l’enfant n’a été forcé à faire quoique ce soit à aucun moment.
Il faut donc comprendre ici qu’il importe de favoriser le libre choix de l’enfant et d’accepter que l’enfant ait des gouts et des envies différents des siens.
Pour accompagner l’enfant dans son apprentissage et sa découverte du monde qui l’entoure, nous élaborons un projet pédagogique qui servira de fil conducteur des pratiques des professionnels, dont les principes sont inspirés de la pédagogie nouvelle. En effet, l’enfant sera acteur de ses actes, dont nous réserverons une grande partie pour le jeu, « jouer, c’est apprendre à être, c’est apprendre à vivre aussi bien seul qu’avec les autres » affirme Françoise Dolto.
L’adulte est présent pour une sécurité ou aider l’enfant en cas de besoin. C’est dans le jeu que l’enfant peut s’autoriser sans risque à ne dépendre que de lui-même. La libre organisation des fantasmes, des désirs que l’enfant met ainsi en scène, lui procure un épanouissement lié à la découverte du sentiment de liberté. Il découvre une autonomie imaginaire et temporaire, mais cela lui permet de comprendre la possibilité de devenir un jour le maitre de sa propre vie : c’est pour la création d’un espace propice à une constance « récréation de lui-même » qu’il rejoue et améliore sans cesse. Le jeu représente pour l’enfant une source inépuisable de quiétude et de contentement.
Dans ma pratique future, je stimulerai les potentialités affectives, intellectuelles et artistiques de l’enfant en l’observant au sein de la structure. Avec l’échange des membres de l’équipe, nous pourrons aménager l’espace d’une façon ludique qui lui permettrait de jouer, de s’épanouir et d’apprendre en s’amusant. Ces espaces sécurisés et colorés, sont pensés par l’ensemble des membres de l’équipe, afin de respecter les besoins de chaque enfant. Je avec les autres professionnels pour la mise en place des possibilités motrice en accès libre dans la salle de vie, car la motricité permet à l’enfant d’expérimenter différents mouvements qui lui permettent de découvrir son corps et ses membres, tout comme des parcours moteur pour les tout petits qui n’arrivent pas à faire du toboggan.
En outre, la verbalisation, en expliquant à l’enfant ce qui se passe pour lui et pour les autres (mettre des mots sur chaque situation), va accompagner l’enfant pour qu’il soit acteur et auteur de ses actes sans pour autant le mettre en difficulté. Donc, la volonté de rendre l’enfant autonome est mon projet.
Ensuite, en tant que future EJE, je pense que l’enfant a le droit de comprendre ce qui se passe autour de lui, l’adulte (parent ou éducateur) doit lui expliquer les gestes qu’il fait, ce qui permet à l’enfant de comprendre le monde qui l’entoure.
Aussi, l’enfant préfère imiter l’adulte, en faisant comme l’adulte, l’enfant pourra suivre l’apprentissage tout en s’amusant. Demander l’avis de l’enfant c’est l’associer dans les décisions qui le concernent et le préparer à l’état adulte. Dans ma pratique future, je m’intéresserai à la mise en œuvre des méthodes actives car ces méthodes développent l’autonomie chez l’enfant et sa capacité à apprendre ce qui se passe au fond de lui pour comprendre ce qui est autour de lui.
Pour mettre en place cet accompagnement, connaissances, observations et méthodes vont être mes trois atouts. Connaître pour mieux reconnaître les besoins fondamentaux de l’enfant. La connaissance de l’enfant et de son développement est une donnée essentielle. Chaque enfant est singulier, par le chemin qu’il prend pour se construire comme sujet et par les ressources qui lui sont propres. L’observation, comme outil de la reconnaissance, permet à l’enfant d’effectuer l’ajustement nécessaire pour que l’expérience personnelle soit recherchée et favorisée. Ces conditions permettent à l’enfant un développement à son rythme et une découverte du monde qui l’entoure pour qu’il puisse agir avec et sur le monde. J’accepterai que l’enfant que j’accueille ait des intérêts différents des miens, des rythmes qui lui sont propres, des faiblesses, des rêves et des projets.
Dans ma pratique future auprès du jeune enfant, je pense et selon les professionnels de la petite enfance, que ce soit des pédiatres, psychologues, psychanalystes, que pour qu’un enfant se sente en confiance, pour qu’il agisse par lui-même et devient autonome, le sentiment d’être en sécurisé est indispensable pour son développement. Il s’agit certes de sécurité physique, mais également d’une sécurité affective grâce à laquelle l’enfant est rassuré. Je veillerai à une présence physique et psychique pour valoriser l’estime de soi de l’enfant car c’est la base du développement de l’enfant.
Un enfant qui a une bonne estime de soi se sent bien avec lui-même, il ne craint guère la solitude, ni l’opinion d’autrui. L’enfant qui s’estime a une image positive de lui-même, il peut renvoyer aux autres les mêmes sentiments. Par nos observations des enfants et l’échange entre les membres de l’équipe, nous pouvons aménager l’espace où l’enfant passe sa journée, d’une façon stable qui permettrait à l’enfant de s’adapter et de se repérer dans différents espaces dédiés aux repas, au sommeil. Ces coins restent inchangés jusqu’à ce que les professionnels encadrants observent des changements dans le développement de l’enfant
Nous sommes en Halte-Garderie, il est 9h, les enfants présents sont au nombre de trois, ils sont en activité libre. Les adultes sont trois, l’aide auxiliaire, l’EJE et moi. Arthur (2ans1/5) entre dans la salle de vie accompagné de sa mère. L’EJE salue Arthur et sa mère.
En remarquant Mathéo (2ans) qui se dirigeait vers les toilettes après avoir demandé à l’adulte, qu’il voulait faire pipi, la mère d’Arthur regarde Mathéo et dit : « Ah, c’est bien, tu es un grand Mathéo », puis elle commence à nous parler d’Arthur, qu’il est temps qu’il soit propre. Elle dit à son fils en montrant avec ses doigts en parlant de Mathéo : « regarde Mathéo est plus jeune que toi, lui est propre et toi non ». Elle rajoute : « tu vas essayer et je serai fière de toi. » L’EJE lui dit en souriant : « ne vous inquiétez pas, ça va venir, il n’y’a pas de raison de s’inquiéter car votre enfant grandit bien. Il suffit de faire confiance à Arthur et ça ira par la suite. » Elle regarde Arthur et lui dit : « tu es un grand garçon, je sais que toi aussi tu vas être propre, seulement, il te faudra du temps. »
L’EJE, explique à la mère que chaque enfant à son propre rythme, et que si elle continue de faire la pression à son enfant, il risque d’avoir un blocage. Elle rajoute, vous pouvez lui lire des histoires autour de la propreté, l’inviter à aller sur le pot ou les toilettes de temps à autre. Et surtout ne jamais comparer son enfant avec d’autre car chaque enfant est différent de l’autre dans son développement.
Dans cette situation d’observation, je vois une maman à l’accueil qui s’inquiète à propos de l’acquisition de la propreté par son enfant. Cette mère exprime son inquiétude aux professionnels présents.
En faisant le lien avec ce que j’ai appris sur le développement de l’enfant, je vois une maman qui fait une pression sur son enfant en le comparant avec d’autres enfants, sous prétexte qu’il est grand. Etty Buzyn a dit dans son livre « Me débrouiller, oui, mas pas tout seul ». Ce propos : « l’autonomisation précoce obligée », présente des effets regrettable qui peut s’opposer au rythme propre à l’enfant, au risque de freiner ou de pervertir sa curiosité naturelle, dans laquelle se trouve l’origine de l’autonomie véritable.
L’EJE, par sa posture, a essayé de dédramatiser les choses en rassurant la mère qui s’inquiétait, en l’invitant à lui lire des histoires sur la propreté et de lui proposer à chaque fois d’aller sur les toilettes sans pour autant de le forcer car lui faire beaucoup de pression, ça peut générer un blocage chez Arthur.
Quant au fait de comparer Arthur à d’autres enfants, l’EJE a essayé de rassurer la mère en lui expliquant que chaque enfant a son propre rythme et que dans le développement de l’enfant, il n’y a pas un stade figé, donc chaque enfant est différent de l’autre dans son développement. En tant que future EJE, dans cette situation, je pourrai rassurer la mère en lui expliquant que ce dont son enfant a besoin, c’est son amour et surtout sa confiance.
Aussi, nous pouvons lui proposer de commencer à préparer l’enfant pour être propre en lui proposant d’aller sur le pot, le féliciter, et le valoriser même s’il ne fait rien sur le pot. Au sein de la structure, j’explique à la mère que nous proposons à l’enfant d’aller aux toilettes sans pour autant le forcer, petit à petit jusqu’à ce que l’enfant soit prêt. Je ne pourrais pas prendre la place des parents ou passer au-dessus d’eux, la seule chose que je pourrais faire c’est laisser l’enfant s’épanouir, j’expliquerai les choses à l’enfant et c’est lui qui décide pas moi.
Donald Winnicott a décrit trois étapes successives dans l’acquisition de l’indépendance chez l’enfant[8].
D’abord, il y a la phase de la dépendance absolue au cours de laquelle le bébé acquiert le vrai « self » si la mère répond aux manifestations du bébé. Dans le cas contraire, c’est-à-dire si la mère n’y répond pas, il n’y aura pas structuration du self car le bébé va se soumettre aux exigences de son environnement. Dans ce cas de figure, l’enfant n’acquière pas une autonomie et se sentirait oppressé par l’environnement.
Ensuite, il y a la dépendance relative pendant laquelle le bébé arrive à établir les relations entre les besoins qu’il manifeste et ses manières de les manifester.
Et enfin, il y a la phase de l’indépendance où l’enfant a assez confiance à l’environnement pour commencer à être autonome.
Au long de ces étapes, force est de constater qu’il ne faut pas oppresser les enfants mais au contraire, les laisser s’épanouir et aller à leur rythme. Cela va leur permettre de découvrir leurs capacités par eux-mêmes, à les explorer et à construire leur propre identité.
Lors d’une réunion d’équipe qui était au sein de la Halte-garderie, au moment de la sieste, tous les professionnels étaient présents avec la directrice, l’EJE et nous les quatre personnes (moi, l’aide auxiliaire, l’auxiliaire et le professionnel titulaire de CAP petite enfance). Pendant la réunion, l’EJE a posé sa question à toute l’équipe pour savoir si tout le monde a eu la même observation, elle dit : « qu’hier en accompagnant le deuxième groupe pour les repas, elle a remarqué que Sacha (18 mois) voulait prendre le bavoir toute seule, le bavoir était sur le meuble, elle a essayé plusieurs fois jusqu’à ce que je l’ai aidé. » L’aide auxiliaire : « moi aussi j’ai remarqué que Anais (21mois), manifeste ces gestes de temps à autres ».
L’EJE dit qu’est-ce que vous pensez ? Elle rajoute, et si nous mettons les bavoirs à leur disposition sur le meuble d’à côté. C’est vrai que les grands sont autonomes, ils prennent leur bavoir seuls. La professionnelle titulaire du Cap dit ; oui c’est une bonne idée, elle rajoute demain, nous allons tester pour voir si cela répond à leur développement.
Le lendemain, l’EJE, juste avant de prendre le groupe pour les accompagner au repas, elle a mis les bavoirs sur un petit meuble qui était d’une petite hauteur qu’elle est partie cherché dans une autre pièce afin d’y mettre les bavoirs.
Pour ma part, j’attendais ces moments pour voir la réaction des enfants, d’abord l’EJE a expliqué aux enfants que sur le meuble, il y a des bavoirs si vous voulez aller chercher avant de vous installer autour de la table. L’accès était libre pour ce groupe de quatre enfants, ils ont pris ces bavoirs seuls sans l’aide de l’adulte.
Dans cette situation d’observation, je remarque le rôle de l’EJE auprès de l’équipe pour accompagner au mieux les enfants. Par les observations échangées lors d’une réunion d’équipe, j’ai pu comprendre l’importance des observations et l’échange avec les autres membres de l’équipe pour évaluer et améliorer les pratiques auprès des jeunes enfants. Je pense que cette action a permis à l’équipe de saisir le projet pédagogique qui donne du sens à leur pratique, et ça répond aux principes du projet pédagogique qui tourne vers l’autonomie.
IV – CONCLUSION
L’accueil des jeunes enfants n’est pas toujours facile et met, le plus souvent, les professionnels dans des situations particulières. Or, l’EJE doit toujours veiller à construire et à développer l’autonomie de l’enfant.
La question qui a été posée dans le cadre de notre travail est alors la suivante : En quoi, en garantissant la sécurité affective de l’enfant de 1 à 4 ans, l’EJE facilite-t-il l’autonomie de l’enfant en Halte-garderie ?
Au cours de notre développement dans lequel nous avons cherché à répondre à cette problématique en alliant recherches théoriques et étude pratique (à travers les observations en Halte-garderie), nous avons pu voir que la sécurité affective est un fondement essentiel du développement de l’enfant. En effet, un enfant qui bénéficie d’un attachement sécure va avoir la bonne base de développement psychique, relationnel et d’une entrée en interactions avec l’environnement.
La sécurité affective est donc indispensable en soi afin de garantir un épanouissement de l’enfant.
Cependant, une autre qualité doit entrer en jeu parallèlement à l’épanouissement de l’enfant : il s’agit de l’autonomie. L’autonomie permet à l’enfant d’avoir une confiance en soi, ce qui va nourrir sa résistance aux difficultés. Ce processus permet à l’enfant d’avoir le sentiment d’existence face aux autres, à sa famille et ensuite face à la société. Il peut ainsi acquérir la conscience de soi, comme il sera sensible aux autres.
Ainsi, les hypothèses selon lesquelles « l’environnement était sécurisant, que l’attitude des professionnels le permettait, que l’enfant a repéré certaines règles de la structure et qu’elle était en sécurité affective », et que « l’enfant a une autonomie parce qu’il est sécurisé affectivement » que nous avons établies précédemment sont à confirmer. En effet, nous avons pu constater que c’est grâce à la sécurité affective, à l’accompagnement approprié et étudié des EJE, ainsi que l’aménagement de l’environnement que l’enfant devient autonome.
Comme nous l’avons évoqué précédemment donc, l’EJE va permettre à l’enfant d’avoir une autonomie quand il garantit la sécurité affective parce que cette dernière constitue la base de l’épanouissement de l’enfant. En d’autres termes, l’enfant ne pourrait pas s’épanouir, avoir un développement sain, et ainsi acquérir une autonomie, sans une sécurité affective.
V – BIBLIOGRAPHIE
- Dictionnaires
- Dictionnaire Le Petit Larousse
- Dictionnaire pratique du travail social
- Articles
- Elise GALLIEN, le lien d’attachement et son evolution : concepts et incidences psychopathologiques
- Houssaye, A. Colin. La Pédagogues-Leur influence aujourd’hui, 1994
- La théorie de l’Attachement, ONED, Dossier thématique, 2010
- Marc Déchamps, CONSTRUCTION PSYCHIQUE DE L’ENFANT- Point de vue psychanalytique selon D. W. Winnicott
- Webographie
- In www.toupie.org
- In Dictionnaire Le petit Larousse
TABLE DES MATIERES
Partie I- DESCRIPTION DU LIEU DE STAGE ET DE SON ENVIRONNEMENT.. 4
A-…………………………………………………… Présentation du contexte de lieu de stage et son entourage. 4
1- Présentation de l’environnement 4
3- L’organisation de la structure. 6
B-……………………. Le projet pédagogique et l’aménagement de l’espace réfléchi, vers un objectif. 9
Partie II- ASSURER LA SECURITE AFFECTIVE DE L’ENFANT : LES CONCEPTS CLES. 11
A-………………………………………………………………………………. Qu’est-ce que la sécurité affective ?. 12
1- Définitions selon le dictionnaire. 12
2- Définition selon les psychanalystes : John Bowlby, Decroly, Donald Winnicott 13
3- Ma définition en tant que future EJE.. 13
B-…………………………………………………………. L’attachement : fondement de la sécurité affective. 14
1- L’attachement et la figure d’attachement 14
2- La séparation selon les psychanalystes. 18
C-……………………………………………………………….. Le développement affectif et social de l’enfant. 19
1- Le développement affectif et social de l’enfant 19
-…………………………………………………………………………………………………………………. Observation. 19
2- Quel accompagnement puis-je proposer pour sécuriser affectivement un enfant?. 21
D-………………………………………………………………. L’enfant insécurisé peut-il devenir autonome ?. 22
A-…………………………………………………………………………………………… Définitions de l’autonomie. 25
B-………………………………………………………………… L’apprentissage de l’autonomie chez l’enfant. 25
2- Rôle des professionnels en crèche. 28
C-………………………………………………………………………………….. Mon rôle en tant que future EJE.. 29
1- Le rôle auprès de l’enfant 29
2- Auprès de la famille : comment soutenir la parentalité. 31
[2] Dictionnaire Le Petit Larousse
[3] In Dictionnaire Le petit Larousse
[4] J. Houssaye, A. Colin. La Pédagogues-Leur influence aujourd’hui, 1994
[5] La théorie de l’Attachement, ONED, Dossier thématique, 2010, p.11
[6] Elise GALLIEN, le lien d’attachement et son evolution : concepts et incidences psychopathologiques, p.23
[7] BD n°107 – Avril 2010 – Inspection académique du Nord, in http://netia59.ac-lille.fr
[8] Marc Déchamps, CONSTRUCTION PSYCHIQUE DE L’ENFANT- Point de vue psychanalytique selon D. W. Winnicott, p.10
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