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L’influence de l’esclavage sur la société Martiniquaise

L’influence de l’esclavage sur la société Martiniquaise

Introduction

L’esclavage est déjà pratiqué depuis l’Antiquité. A l’origine, les esclaves étaient des prisonniers slaves faits par Otton le Grand. Les esclaves se définissent aussi comme les individus les plus démunis de la société et des  prisonniers de guerre. Ils feront aussi l’objet de grand commerce ainsi que le principal outil de travail de leur acquéreur.

Depuis que les hommes sont organisés en société, le travail a classé les hommes en deux catégories tels que les exploiteurs et les esclaves.

L’esclave, qu’il soit un homme ou une femme, est une personne qui est la propriété d’une autre personne c’est-à-dire de condition non libre, qui est captif ou captive selon le cas. Elle doit assurer le besoin journalier de son maître, en d’autres termes l’esclave se soumet aux volontés de celui-ci.

L’esclave est juridiquement la propriété de son maître au même titre que tous ses biens matériels. En conséquence, il est un être exclu de la société. Les esclaves sont des travailleurs non libres et aussi non rémunérés, ce qui engendre des profits inestimables pour leur maître mais aussi de la puissance économique et militaire.

Nombreux et divers sont les motifs qui permet à un homme d’ôter la liberté d’un autre et de le considérer comme une marchandise. En premier lieu, il y a la guerre qui est à l’origine des populations captives, des prisonniers de guerre, des déportations. Vient ensuite les hostilités religieuses à l’exemple de la réduction à l’état de servitude des infidèles.

La recherche d’un profit lucratif fait partie aussi de ces motifs à l’exemple des rapts ou la piraterie. Il y a aussi la condamnation judiciaire dans l’Antiquité mais surtout au Moyen Age pour des dettes impayées. Et on termine avec la naissance sinon le mariage c’est-à-dire l’enfant ou le conjoint d’un ou d’une esclave étant le droit assujetti à la condition de celui-ci.

Le titre d’esclave peut être acquis ou héréditaire. Mais dans l’un ou l’autre cas, l’esclave est exclu ou extérieur à la communauté où il travaille, soit qu’il n’appartient pas cette société (vaincu pendant la guerre ou acheté), soit qu’il est condamné.

L’origine de l’esclavage est liée à l’économie. L’esclavage est favorisé par la nécessité de trouver des personnels capable d’effectuer un travail pénible que l’homme blanc n’arrivera pas à faire faute de la rigueur du climat et par le manque de moyen humain ou animal.

Ainsi, un esclave est donc défini comme un individu privé de liberté, exclu de la société et soumis à la domination absolue d’une personne ou d’un État, contrainte au travail forcé. Son exploiteur lui impose de dures épreuves.

Il peut être acheté et revendu comme un objet ou un bien immobilier moins bien traité qu’un animal. Il peut subir la torture, la violence et des abus sexuels c’est pourquoi tuer un esclave n’était passible d’aucune amende !

Au XVIe siècle, l’esclavage s’intensifie avec la découverte par les Espagnols de l’Amérique et la conquête du nouveau monde. Les Indiens d’Amérique sont les premiers esclaves.

Des centaines de milliers d’esclaves noirs en provenance d’Afrique sont transportés en Amérique par les Hollandais, les Français, les Portugais, les Espagnols et les Anglais. Ce phénomène consiste au commerce et la déportation d’esclaves noirs.

 

Le trafic négrier plus connu sous le nom de traite des Noirs est l’un des moments le plus douloureux qu’a connu le continent Africain et qui a profondément marqué l’histoire et la mémoire des hommes.

De nos jours, le commerce des hommes et des femmes noirs est appelé le plus souvent par « la traite négrière ». D’autres personnes utilisent également  les termes «commerce de nègres » ou « Traite des Noirs».

Ces trois termes définissent tous les trafics ou commerces d’esclaves dont des milliers de noirs africains ont été victimes. La traite négrière On doit pourtant distinguer la traite négrière de l’esclavage.

Pour avoir la bonne définition de la traite des noirs, il faut posséder trois éléments essentiels tels que les la couleur des victimes (noirs), un réseau d’approvisionnement très bien organisé, l’éloignement de l’endroit où l’esclave est capturé et du lieu de sa servitude.

Il y a eu trois sortes de traites négrières : la traite intra-africaine dite « Traite Interne », la traite orientale et la traite occidentale ou traite atlantique.

La traite Interne était alimentée par les guerres ou les razzias entre les États voisins et répondait aux besoins locaux en porteurs, travailleurs agricoles et domestiques.

La plus grande partie de la traite dite orientale était contrôlée par des musulmans. Dans les maisonnées, nombreuses sont les Noires qui furent enfermées comme concubines.

Les Arabes les faisaient rechercher quel qu’en fût le prix pour leur réputation de beauté et leurs performances physiques.

Sans aucune égard pour la misère des esclaves noirs, il y a ceux qui avaient subi l’ablation des seuls testicules et ceux dont on avait coupé la totalité des organes sexuels. C’est après la traversée du Sahara qu’on a pratiqué l’opération, très souvent en Egypte où les moines coptes s’en étaient fait une spécialité. La principale destination des esclaves noirs était l’Empire Ottoman après l’Empire arabe.

Les esclaves peuvent fournir à leurs exploiteurs leur force ainsi que leur peine, mais aussi leur compagnie. Ils sont recherchés aussi pour des motifs affectifs, pour des raisons intellectuelles ou encore comme source de plaisirs.

 

Problématique

La Martinique a connu l’esclavage pendant des siècles mais bien que celle-ci fut abolie depuis bien longtemps, pourquoi à l ‘aube du XXI siècle la société martiniquaise dans son ensemble, reste marquée par son histoire difficile et spécifique où la période de l’esclavage à laissé des traces qui semble encore indélébiles ?

 

 

 

 

  • La naissance de l’esclavagisme en Martinique

 

  1. Pourquoi des esclaves ?

Durant les premières décennies de l’occupation française, l’île de Martinique est productrice de denrées coloniales fournissant de forts profits : tabac, indigo, cacao, le tabac de la Martinique est alors très apprécié. La crise du tabac de la seconde moitié du XVIIe siècle ruine les premiers planteurs qui se tournent vers la production de sucre. La monoculture de la canne à sucre va bientôt modeler le paysage et devenir partie intégrante de la culture créole. Elle dominera l’économie du pays jusqu’à la seconde moitié du XXe siècle. La culture de la canne à sucre telle qu’elle est pratiquée dans l’habitation sucrière demande une importante main-d’œuvre que la métropole n’est pas susceptible de fournir .La pénurie de main d’œuvre se pose d’abord pour le cacao , puis rapidement pour le sucre

. Au début de l’exploitation des colonies, on a exploité la main-d’œuvre locale, qui ne tarde pas à être épuisé faute des massacres, mais aussi par le travail, les épidémies, l’alcool. Si la culture du tabac ou de l’indigo avait pu se faire avec les « engagés », la main d’œuvre volontaire pour quitter l’Europe, elle est insuffisante pour la culture de la canne à sucre. Les engagés blancs ou les 36 mois produisaient du sucre au XVII° siècle. Un voyage gratuit vers les colonies est l’échange des contrats d’engagement de trois ans ( 36 mois). Les engagés désertent les plantations ou succombent à des maladies ou à des épidémies à cause des conditions de travail difficile. Alors, on a imposé dès Louis XIII que le système de recrutement d’une main-d’œuvre forcée en Afrique est légal.

 

Commence alors la traite d’esclaves noirs provenant des côtes de l’Afrique pour fournir la main d’œuvre nécessaire La culture de la canne est donc à l’origine de la mise en place du commerce triangulaire (Europe, Afrique, Amérique) qui entraîne rapidement l’afflux d’une population africaine réduite en esclavage vers les possessions françaises de l’Amérique, population qui dès la fin du XVIIe siècle dépasse rapidement et de beaucoup la population blanche des origines. Ce commerce triangulaire comporte trois étapes :

 La première étape est celle d’Europe en Afrique. Pendant cette étape, les négriers vont chercher les esclaves noirs sur la côte occidentale de l’Afrique, entre Gorée et le Mozambique.

On échange les esclaves contre des produits européens tels que laine, coton, rhum, eau-de-vie, barres de fer, barils de poudre, fusils et perles de verre et autres produits vendus aux chefs de tribus.

La deuxième étape est celle d’Afrique en Amérique. Les esclaves noirs qui sont transportés par bateaux sont vendus dans l’archipel antillais, au Brésil et au Etats-Unis. Quelques-uns des esclaves arrivent dans l’empire continental espagnol formé par le Mexique, le Pérou, la Colombie et le Venezuela.

La troisième étape est celle d’Amérique en Europe. Le retour en Europe des négriers est accompagné du remplissage de leur cale par des produits tropicaux et d’autres produits après la vente des esclaves.

Le commerce du sucre entraîne une intense activité maritime à la Martinique au cours du XVIIIe siècle. Si le circuit effectué par certains navires passe par l’Afrique pour y charger une cargaison d’esclaves avant de l’échanger en Martinique contre des denrées coloniales, d’autres, encore plus nombreux, font le voyage directement, en « droiture », entre les ports français (Bordeaux, Nantes) et la colonie. Les profits de la vente d’une cargaison d’esclaves sont tels qu’il faut le plus souvent plusieurs voyages en droiture pour acheminer la contre-valeur en denrées coloniales des esclaves vendus

 

  1. Le bassin de recrutement

 

Durant les premières décennies du  XVIIe siècle de l’occupation française, les produits de l’île de Martinique sont  le cacao, le tabac, le rocou et l’indigo. Bientôt, l’économie de l’île sera dominée par une toute autre culture, celle de la canne à sucre. La déportation d’esclaves africains vers les colonies est autorisée par Louis XIII, ce phénomène signifie le commencement de la Traite des Noirs.

 

L’un des lieux de concentration de la traite française partant du Havre, de Nantes, de la Rochelle était l’île de Gorée au large de Dakar. On échange  de la pacotille contre des esclaves aux trafiquants de la côte des esclaves. La côte des esclaves s’étend du Sénégal au Nigéria actuel.

 

Le Sénégal (le Sine Saloum, la Casamance, Ziguinchor) et la Gambie furent jalonnés de factoreries ou de comptoirs, de gîtes d’étapes où s’opéraient les transactions entre marchands dioula, Lancados, agents des compagnies ou traitants locaux.

 

Au début du XVIIe siècle avant la mort du Roi Soleil, les lieux de traite des esclaves sont sur la côte ouest africaine, l’Ile de Sao Thomé, Cap la Houe, Juda, l’Ile du Prince, les Iles du cap Vert, l’Ile d’Anabon, le Cap Monte, la côte de Guinée, Galbar, la Riviére Royale du Gabon (Calabar) et Banny ou Calbany, le pays de Jakin ou Jacin, , Acra, Apas, Gorée, Anamabou.

Pendant le règne de Louis XV, les lieux de triates s’ ajoutent de Bissau, Badagri, Mesurade, Albreda, Grand Jonk, Cormantin, Epée, Axim, Quyeta, Cestre ou Grand Sestre, la Rivière de Formosa, Louangue, le Cap Trois Pointes, Petite Galine,  Petit Popo, le Bénin, la Rivière du Bénin, la Mine, le Sénégal, la Sierra Léone, Arguin, le cap de Lope, Gabinde, Malimbe, Angole, l’Ile Bananes, Grand Bassa ou Bassan, Chama, la Cote d’Or, le Fort Wineba, Cacheau ou Cacho, la Rivière Saint Jean, la Gambie, Portonovo, Aunis, l’Ile de Loss, Patakary, Bandy, Saint André.

 

On regroupe ici les principaux lieux de traites d’esclaves vers la Martinique au XVIII° siècle, le nombre d’expéditions ainsi que le nombre de ports. Ces lieux de traite sont sur toute la côte d’Afrique allant du Sénégal à l’Angola. On a donc Acra avec 11 expéditions de 6 ports ; Anamabou avec 23 expédition de 6 ports ; Angole avec 38 expéditions de 8 ports ; Badagry avec 6 expéditions de 3 ports ; Bany avec 7 expéditions de Nantes ; Cap de Monte avec 14 expéditions de 4 ports ; Cote d’Or avec 8 expédition de 4 ports ; Epée avec 12 expéditions de Nantes ; Gabingue avec 30 expéditions de 5 ports ; Galbary avec 11 expéditions de 2 ports ; Gorée avec 32 expéditions de 10 ports ; Guinée avec 21 expéditions de 7 ports ; Ile bananes avec 9 expéditions de 4 ports ; Ile du Prince avec 25 expéditions de 7 ports ; Jakin avec 17 expéditions de 5 ports ; Juda avec 107 expéditions de 11 ports ; La Mine avec 6 expéditions de 3 ports ; Louangue avec 23 expéditions de 4 ports ; Malimbe avec 12 expéditions de 4 ports ; Mesurade avec 15 expéditions de 8 ports ; Petit Popo avec 16 expéditions de 4 ports ; Queta avec 8 expéditions de Nantes ; Sao Tomé avec 13 expéditions de 6 ports ; Sénégal avec 17 expéditions de 5 ports ; Sierra Léone avec 12 expéditions de 8 ports.

  1. Le voyage vers Madinina

En découvrant la Martinique le 15 Juin 1502, Christophe Colomb aurait aperçu de loin des fleurs, par conséquent il aurait donné à l’ile le nom de Madinina ce qui veut dire Iles aux fleurs.

Pour assurer la bonne marche des plantations sucrières et des industries sucrières, la main d’œuvre nécessaire va être fournie par la traite d’esclaves noirs. Le nombre d’esclaves importés en Martinique sera nettement supérieur au nombre d’esclaves se trouvant dans l’ensemble des colonies britanniques qui formeront plus tard les Etats-Unis d’Amérique.

Après les Hollandais, la traite régulière s’est faite avec les Français qui ont monté la compagnie du Sénégal. Pour chaque esclave introduite en Martinique, ces Français ont obtenus des primes de Louis XIV.

Le marchand en tête, comme du bétail humain, les esclaves ont le cou emprisonné dans des sortes de fourches en bois et arrivent en longues files. Leur conduite est assurée par un courtier noir ou un marchand arabe. Sur son épaule est chargé le manche de fourche du premier captif.

Sur l’épaule, chaque esclave porte le manche de la fourche de celui qui le suit. L’arrêt de la chaîne par le marchand se fait  en laissant tomber la pièce de bois qui repose sur son épaule alors le premier esclave est obligé de s’arrêter et  automatiquement tous les autres avec lui. Ces captifs sont amenés à la côte pour être vendus.

Chargées du matériel des marchands, enchaînés mais sans entraves de pied, les esclaves sont conduits à la côte. Ceci est un voyage de cauchemar, et se présente comme avant gout à la traversée vers l’Amérique. Les robustes des deux sexes accompagnés des enfants à partir de six ou sept ans sont mis de côté pour constituer la caravane se dirigeant vers la côte.

On se débarrasse des vieillards et des infirmes en les abandonnant pour être condamner à mourir de faim. Les enfants de moins de six ans sont massacrés.

Les autres individus qui sont aptes à travailler sont mis en route dès que possible presque nus et sans aucune protection des pieds pour traverser les défilés rocailleux et les sables brûlants des monts africains. Les faibles sont stimulés à coup de fouet tandis que les plus forts sont assurés en mettant leur joug.

Avant l’accostage du navire négrier sur le sol américain, il est mis en quarantaine  pendant quarante jours. Aucun débarquement n’est possible avant  la vérification qu’il n’existe aucune  épidémie à bord du navire. Passé la quarantaine, le capitaine du bateau met en œuvre l’opération de blanchissement  c’est-à-dire le capitaine soigne les soit disons marchandises.

Dans la vie de la colonie, le débarquement des esclaves est un grand moment. Les esclaves sont exposés par lots appelés aussi pièces d’Indes.

Les esclaves malades sont quand même achetés à prix réduit soit par les petits planteurs soit les pauvres blancs. Quand ils guérissent, les acquéreurs considèrent avoir fait une bonne affaire.

Quand on met en vente l’esclave noir, il doit monter sur un tonneau ou une table pour être visible de tous. Après, les acheteurs examinent le Noir pour juger de sa force et sa santé. Pour terminer, c’est le capitaine et les planteurs qui vont débattre le prix de l’esclave.

 

  • Les esclaves du XVIII au XIXe siècle

 

  1. L’installation sur l’île

Au tout début des premières plantations du XVe siècle, les planteurs étaient des hommes blancs tels que des condamnés, des débiteurs, les juifs qui refusaient de se convertir c’est à dire des hommes réduits en quasi esclavage.

Au milieu du XVIIe siècle,  les sucreries déjà expérimenté au Maroc, à Madère et au Brésil avec l’emploi d’esclaves se développe rapidement. Le modèle est repris tel quel, sans que ne soit questionné l’emploi d’esclaves. Le développement des sucreries, entraîne l’arrivée de main d’œuvre esclave.

 

En Martinique, les premières sucreries sont montées, les capitaux sont fournis par les marchands des différents ports de France et de la région parisienne.

Les premières mains d’œuvre furent constituées des Calvaires et des Yolofs des îles du Cap vert, des sénégalais, probablement des Toucouleurs et des Saracollets de la région de Saint Louis, des Bambaras du fleuve Sénégal, quelques Bambaras et quelques Mandingues dont la religion islamique a posé des problèmes.

Au XVIIIe siècle, la fortune de la Martinique s’est appuyée sur la culture de la canne à sucre à la place de la culture du tabac.

Rapidement, on s’est rendu compte l’insuffisance des mains d’œuvres pour assurer le bon fonctionnement et le développement de la production sucrière. La solution la plus évidente pour les négociants et les capitaines des navires sera l’utilisation des esclaves.

Les industries sucrières couvrent en grandes parties la Martinique. Dans les plantations, deux à trois esclaves sont nécessaire par hectare plantés en canne.

Les colons de la Martinique sont réduits en nombre par rapport aux esclaves. Le système esclavagiste de la Martinique fait face à deux problèmes de tailles : d’une part la résistance des esclaves sous toutes ses formes tels que révoltes, empoisonnement, suicide ; d’autre part le problème de l’équilibre du ratio entre les hommes et les femmes pour favoriser la naissance d’esclaves.

Alors l’importation des femmes s’impose. Le statut d’un enfant né d’une mère esclave et d’un père libre deviendra esclave.

Suite à l’abolition de l’esclavage, la Martinique manque de main d’œuvre. Or, elle ne peut pas supporter les couts de main d’œuvre importants. C’est pourquoi à la moitié du XIXe siècle, la France décida d’importer des travailleurs immigrants originaires des comptoirs français de l’Inde.

Les coolies sont considérés comme dociles, ils venaient travailler aux Antilles pour une durée déterminée.

Mais à la fin de leur contrat, ils restèrent pour fondèrent une famille et devinrent bientôt des Martiniquais à part entière, tout en conservant leurs habitudes culinaires et leur religion.

Suite à l’abolition de l’esclavage, les affranchis ont désertés les plantations. Les planteurs sont obligés de recruter des mains d’œuvre Indiens.

La capacité de travail des Indiens est largement appréciée de leurs nouveaux employeurs. Et en général, les immigrants valides fournissent un travail satisfaisant, et, quant ils reçoivent une bonne direction, ce résultat dépasse de beaucoup ce que les engagistes en attendaient.

Les planteurs ont toutes les cartes en main pour dicter librement leurs conditions en présence de ce réservoir de bras neufs. Pourquoi rémunérer un affranchi à un salaire décent, si l’on dispose d’une main d’œuvre indienne si bon marché?

Depuis l’abolition de l’esclavage, les Indiens deviennent ainsi malgré eux, les otages de l’épreuve de force qui oppose leurs employeurs aux esclaves affranchis, pour l’obtention d’un salaire raisonnable et de meilleures conditions de travail. Cela ne rend que plus difficile leur intégration à la population martiniquaise.

Les coulis sont appréciés de leurs patrons, mais rejetés par les anciens esclaves. Présents dans les instances politiques de l’île depuis qu’ils ont obtenu l’abolition, les affranchis vont s’opposer de plus en plus farouchement à cette politique d’immigration.

En 1884, ils obtiennent gain de cause, et les convois en provenance des Indes sont définitivement interrompus.

 

 

  1. Les colons

L’importation d’engagés est autorisée par la compagnie des îles d’Amérique. Les engagés sont des travailleurs français qui s’engageaient pour 36 mois.

La fabrication du tabac se fait en Martinique, ce qui entraîne donc la nécessité de peu de main d’œuvre faite, la plus grande partie du travail est effectuée par les concessionnaires et les engagés.

Le concessionnaire est la personne à qui on a donné le terrain sous forme de concession. Les engagés demandaient à leur tour une concession, arrivé à terme des 36 mois.

Au XVIIe siècle, les Portugais ont expulsés des colons Juifs Hollandais du nord-est Brésilien. Les Juifs Hollandais ont apporté avec eux les secrets de fabrication du sucre et se sont déplacés en Martinique.

Au milieu du XVIIe siècle, la Martinique est essentiellement peuplé de blancs, habitants et leurs serviteurs « alloué », et des engagés.

Les premiers colons sont des croyants. Malheureusement, le comportement des colons n’est pas toujours d’une sainteté parfaite à l’exemple des  bagarres, abus du jeu, des boissons, libertinage. Ils ont donné du fil à retordre aux premiers religieux, qui ne cessent de demander aux autorités des sanctions parfois très sévères.

C’est qu’il y a loin de la foi à la pratique des commandements bibliques dans un univers où débrouillardise, loi du plus fort, appétit de jouissance restent les vertus principales de la réussite, dans un univers où la menace de la mort est persistante, le lendemain rempli d’incertitude, non seulement font songer à Dieu, mais aussi poussent à profiter au maximum de l’instant présent.

Il y a plus grave que ce déséquilibre entre la morale et la foi. Toute une série de croyances et de superstitions que l’on a trop tendance à oublier ont entaché le catholicisme des premiers colons. Au XVIIe siècle, sorciers et sorcières faisaient partie du paysage, on les craignait, on les ménageait. Les messes noires étaient courantes.

En règle générale, l’époque faisait mal la distinction entre religion, magie et sorcellerie : comme au Moyen-âge, Satan y luttait encore avec Dieu de toute sa présence, disons « physique ».

Belain d’Esnambuc a débarqué en 1635 sur la côte ouest de la Martinique avec quelques centaine d’hommes. Quelques escarmouches ont lieu avec la population de l’île, les Caraïbes, mais la différence s’est vite faite face à la supériorité de l’armement européen.

Face aux hommes cuirassés et armés de fusils, les combattants, nus, équipés d’arc et de flèches, ne feront pas le poids.

Et bientôt, les chefs caraïbes ont passé des accords avec les Européens. Ils laissent les hommes de d’Esnambuc s’installer sur la côte ce qui est une cruelle erreur.

La position des français est consolidées ce qui les ont permis d’édifier un fortin dit Fort Saint-Pierre.

En une vingtaine d’années, ils ont pris le contrôle total de la Martinique. Les Caraïbes sont d’abord repoussées vers la Cabesterre (Presqu’île de la Caravelle), puis exterminés.

Les terres à proximité de Saint-Pierre sont défrichées et mises en exploitation dès l’arrivée des colons-soldats de d’Esnambuc. On y plante du manioc et des patates pour la subsistance, du rocou, de l’indigo du cacao et du tabac pour l’exportation.

Les marchands français ou étrangers qui viennent en Madinina, charger leurs cales de produits exotiques, et les flibustiers qui y amènent leurs prises, assurent une certaine prospérité à la colonie.

Des paysans, des nécessiteux, quelques aventuriers quittent la métropole et débarquent régulièrement sur l’île, attirés par une propagande leurs promettant fortune et vie de rêve sous le soleil.

Majoritairement normands ou bretons, les « Engagés », sont liés à leurs maîtres par un contrat de trois ans. A terme du contrat, c’est à leur tour défricher et créer leurs propres exploitations. Hélas, peu nombreux sont ceux qui y arrivent, décimés par un travail harassant sous un climat torride.

  1. La vie et le travail au quotidien des esclaves

Le Code Noir exista sous deux versions. La première version a été préparée par le ministre du roi et puissant contrôleur général, Jean-Baptiste Colbert. Sa promulgation est faite  en mars 1685 par Louis XIV.

La seconde version sera promulguée par Louis XV au mois de mars 1724.

Dans un texte sous le nom de « code noir « , Colbert, ministre de louis XIV, donne un aperçu global des instructions concernant les esclaves dans les colonies.

Les instructions de Colbert à l’Intendant Patoulet est l’origine du Code Noir pour la Martinique.

Exporter les sucres vers la France en pleine guerre révolutionnaire et importer la nourriture nécessaire en particulier aux esclaves est impossible. Les esclaves doivent se planter eux-mêmes ceux qu’ils vont manger.

Au début, Le Code Noir est un décret royal concocté par le ministre Colbert en 1685. L’objectif du Code Noir est la réglementation de la vie des esclaves, de la relation avec les maîtres en soixante articles. Le sort des esclaves noirs est donc scellé par ce Code. L’esclavage se présente comme une organisation sociale, juridique et économique dirigé par ce fameux Code Noir.

 

Sur le plan économique, pour assurer la rentabilité et le fonctionnement de la plantation, l’esclave est considéré comme un bien immobilier tel que le meuble et de ce fait put être vendu.

 

Un esclave ne peut pas témoigner à un procès ni avoir le droit de soutenir une action en justice. En tant qu’homme, si l’esclave commet un délit, la responsabilité pénale peut lui être appliquée.

 

S’il est condamné à mort, une compensation financière serait versée à son maître. L’application de ce code s’est fait sans interruption à la fin du XVIIe siècle (1685) jusqu’à la moitié du XIXe siècle (1848).

 

Même si les esclaves sont protégés des mauvais traitements par une série d’articles comme la  garantie de  leur apport en vêtement puisque la nudité est interdite, l’assurance de  leur apport en nourriture, ils n’ont aucun moyen de recourir en justice et subissent toutes sortes de maltraitances morales et physiques.

 

La nourriture des captifs est constituée de quelques racines. C’est à des tanières que ressemblent leurs maisons. Les meubles sont constitués de quelques calebasses. Ils travaillent continuellement sans aucun salaire.

 

La moindre faute des esclaves méritent vingt coup de fouet. En plus des conditions de travail difficile, le travail dans les plantations est épuisant et la mortalité atteint un taux effrayant.

Le repos dominical, prescrit par le Code noir, est en effet mal observé. Toute faute est châtiée impitoyablement et la fuite est assimilée à un crime.

Pour une fuite, le Code noir a minutieusement prévu les supplices : « le fugitif – celui que les auteurs du temps nomment « le Nègre marron » – doit avoir les oreilles coupées et être marqué à l’épaule ; la seconde fois, il aura le jarret coupé et sera marqué à l’autre épaule, et la troisième fois il sera condamné à la peine de mort. »

Parfois, le suicide d’un Noir provient d’une incoercible nostalgie du pays natal. Les planteurs n’aiment pas ce genre de situation  dont la répétition dégénère souvent en épidémie et ceci va engendrer leur faillite. En conséquence,  il faut éradiquer ce goût de la mort en faisant appel aux divinités ancestrales. La croyance des noirs est que l’esprit est vivant et libre quand le corps est mort.

Le nouveau cadre de vie de l’Africain est l’habitation. Les Africains sont réduits en servitude aux colonies. L’habitation est une vaste exploitation. Elle est définie comme un monde clos rythmé par le travail et la discipline. Pour l’esclave, au-delà de l’habitation s’ouvre le monde de la liberté.

Pour pouvoir se marier, l’esclave doit obtenir l’accord de son maître. Ses progénitures vont être la propriété du maître de la mère.

En matière civile, le droit de propriété est enlevé à l’esclave alors il ne peut pas léguer d’héritage à ses descendants.

Réellement, le code Noir ne fut jamais appliqué dans son intégralité.

 

A la fin du XVIII e siècle, à l’âge de 27 ans, Pélage entre dans la Milice des gens de couleur. Dans le 1er Bataillon de Chasseurs de la Martinique, il est enrôlé comme fusilier composé. Ce bataillon est composé presque exclusivement de gens de couleurs et de noirs et commandé par Bellegarde.

 

Sa nomination en grade de sergent s’est faite après trois mois de service. Il est nommé sergent, le premier avril 1793.

 

Pour Léo Elisabeth, Magloire Pelage serait un neveu de Louis Callixte dit L’Enclume. Comme lui, l’Enclume était natif du Lamentin et a servi de lieutenant à Louis Bellegarde.

L’Enclume qui est alors capitaine des Gardes nationales est tuée lors de l’assaut du Morne Vert-Pré contre les royalistes. Daney recueillant la tradition sur place, affirme qu’il n’a été que blessé et ce n’est que quelques jours après qu’il est mort, au Lamentin.

 

Lacour précise que Pélage s’est blessé à la cuisse aux côtés de L’Enclume. C’est en récompense que Rochambeau élève Pélage au rang de lieutenant dans la Compagnie de chasseurs.

 

 

  • De l’esclave au citoyen

 

  1. L’abolitionnisme au XIXe siècle

L’abolition de l’esclavage s’est faite en deux temps. La première abolition a été proclamée le 4 Février 1794 (le débat à la Convention en l’an II). La seconde a été proclamée le 27 Avril 1848 (un débat à l’Assemblée national constituante le 1er Décembre 1848).

En métropole, Nantes, Le Havre, La Rochelle et Bordeaux sont les ports de l’Atlantique ainsi que les principaux bénéficiaires du trafic des nègres.

Dans ces villes, bon nombres de négociants ont amassé des fortunes considérables grâce au système colonial.

A la fin du XVIIIe siècle, ces différents bénéficiaires du système deviennent un groupe de pression influent en métropole. Pour défendre leur intérêt, ils seront un frein puissant à l’heure des mouvements en faveur de l’abolition de l’esclavage.

Du fait de l’appartenance de la Martinique aux Anglais, l’abolition de l’esclavage, votée par la Convention le 4 février 1794, reste sans effet à la Madinina.

L’année 1848, dans toutes les colonies françaises, est marquée par la signature  du décret d’abolition de l’esclavage.

La société des amis noirs ainsi que des humanistes tels que l’Abbé Grégoire ont fait pression pour que la convention proclame l’abolition de l’esclavage.

La majeure partie des Blancs pense que la survie de la colonie se repose sur un régime inégalitaire ignorant la séparation des pouvoirs et le système représentatif. Les blancs,  par la charte de 1814, ont obtenu le rétablissement provisoire des institutions de l’Ancien Régime. Sans précipitation, ces mêmes colons sont amenés par le gouvernement de Restauration à accepter le droit commun.

En 1794, la Convention redonna la liberté aux esclaves, mais domination Britannique  sur la Martinique empêche l’application du décret.

Des dépenses croissantes sont exigées pour l’amélioration du sort des esclaves alors que le sucre perd le tiers de sa valeur.

Au début du XIXe siècle, la traite des Noirs est interdite par les Britanniques mais la France n’a pas suivi.

Au XIXe siècle, ce sont les esclaves eux-mêmes qui ont mené la lutte contre l’esclavage dans tous les pays comme Jamaïque, Martinique, Cuba, Honduras, États-Unis. Mais dans les colonies françaises, c’est Victor Schœlcher, député de la Martinique et de la Guadeloupe,  qui a contribué à l’adoption du décret sur l’abolition de l’esclavage le 27 avril 1848.

Malgré l’abolition de l’esclavage, cette pratique a néanmoins continué sur l’île jusqu’en 1946 mais d’une autre façon, avec le Code de l’indigénat.

Issu de la bourgeoisie parisienne, Victor Schœlcher  a repris l’entreprise familiale. Il se lie au mouvement romantique. Dès 1829, Il a effectué de nombreux voyages notamment aux Amériques, aux Caraïbes, puis en Afrique.

Durant ces voyages, il a constaté et a analysé les réalités de l’esclavage qu’il dénonce dans ses ouvrages. La seule solution dont il est persuadé est une abolition complète et immédiate de l’esclavage.

 

En 1830, alors que le parlement britannique n’a pas encore voté l’émancipation, alors que le Congrès de Vienne avait incité en vain les nations participantes à réprimer la traite négrière encore pratiquée depuis leurs ports depuis quinze ans déjà, une répression du trafic négrier à l’échelle « universelle » était préconisait par Schœlcher et une suppression progressive de l’esclavage.

En cela, il est sur les marches des hommes célèbres comme Condorcet, Mirabeau, l’abbé Grégoire, William Wilberforce, Thomas Clarkson ou Morenas.

Concernant l’esclavage toutefois, une fois la source de la traite négrière tarie par d’efficaces mesures d’interdiction des esclaves mèneraient selon lui à l’extinction de l’esclavage.

En France, les partisans de la suppression de l’esclavage affichaient de la prudence, celle notamment, de la Société Française pour l’Abolition de l’Esclavage qui ne se prononça que tardivement, en 1847, en faveur d’une émancipation immédiate des esclaves.

En 1844, Victor Schœlcher entreprend alors la dénonciation de l’élaboration en France d’un racisme pseudo-scientifique qui tend à démontrer l’infériorité des Noirs après qu’il devient membre de la Société d’ethnographie de Paris.

 

Par la suite, il a fait des investissements dans la Société française pour l’abolition de l’esclavage au sein duquel il a obtenu de nombreux témoignages dénonçant l’acquittement par la justice des sévices des colons, qu’il rend public en 1847.

 

Après la révolution de février 1848, il signe alors le décret d’abolition immédiate de l’esclavage le 27 avril 1848 dans toutes les colonies et possessions françaises quand il est nommé au poste de sous secrétaire d’Etat aux colonies.

 

 

  1. La recherche d’une reconnaissance

Sous les règnent de Louis XVIII, Charles X et Louis-Philippe, la Martinique n’évolua très faiblement au niveau des droits humains, même si Noirs et les mulâtres aient obtenu en principe les mêmes droits que les Blancs.

A la troisième décennie du XIXe siècle, les esclaves affranchis accèdent à tous les emplois et en même temps deviennent des électeurs et des éligibles. On assiste aussi au développement des écoles primaires. Néanmoins, l’égalité reste limitée.

Les agitations se développent pendant La préparation des élections au Conseil colonial qui remplace le Conseil général.

Dans le Lorrain d’aujourd’hui (la paroisse de Grand’ Anse), la nomination d’un officier de milice de couleur est refusé par les planteurs et une révolte entraîne la dissolution de la milice. Une reprise démographique améliore le sort des esclaves et amortit l’arrêt de la traite.

La création de la première usine a engendrée de nouveaux rapports de force, ceci en réduisant les habitations aux alentours au rôle de fournisseurs de cannes. En contrepartie, ces habitations n’ont plus besoins de travailler la nuit en plus leurs revenus augmentent.

Mais pour la nécessité d’une main d’œuvre, l’usine ne pourra pas s’en procurer facilement que lorsque chaque personne pourra effectuer son travail librement.

Mais le manque de travailleurs c’est-à-dire  d’une main d’œuvre participe à faire accepter le remplacement de l’esclave par l’ouvrier.

Les fortes têtes sont expulsées par les maîtres qui sont loin de poursuivre les marrons. Les attributs de la liberté comme la case, le jardin, le salaire sont réclamés par les ateliers.

L’émancipation instantanée est réclamée par les capitalistes. L’arrivée du polytechnicien de couleur Perrinon est attendue par les abolitionnistes.

La proclamation de l’émancipation onze jours avant l’arrivée du décret ont été provoqué par les émeutes du 22 mai. Les nègres ont brisé leurs chaînes

La République, non contente de décréter l’abolition immédiate de l’esclavage, accorde aux nouveaux affranchis, en plus de la liberté, le statut de citoyen ainsi que le droit de vote.

Suite à l’abolition, les grandes plantations de canne sont soudain désertées par les affranchis. Les rares affranchis qui continuent à y travailler, le font désormais contre un salaire d’homme libre, ce qui n’est pas sans conséquence sur l’économie de l’île.

Mais après l’abolition de l’esclavage, les choses se gâtent rapidement pour les planteurs. Pour cultiver leur propre lopin de terre, les affranchis abandonnent les plantations de canne.

Les propriétaires qui ont besoin de main d’œuvre, ont du mal à les persuader de revenir travailler. A leur retour, les affranchis exigent évidemment une rémunération, ce qui renchérit d’autant le coût de la production du sucre sur l’île, et grève les bénéfices.

En Martinique, le service militaire n’existait pas car les propriétaires terriens et les planteurs s’y opposaient farouchement. Les blancs ne veulent pas perdre la main d’œuvre de base de leur industrie et surtout, ils ne veulent pas que les Noirs possèdent des armes.

Mais les hommes politiques insistent sur le débat. Les politiques voulaient que les Martiniquais deviennent des citoyens français à part en entière. Et à leur avis, ceci commence par le service militaire et l’engagement des hommes dans la guerre.

 

La conscription dans les vieilles colonies comme la Guadeloupe, le Guyane, la Martinique, la Réunion fera aussi l’objet de demandes réitérées des députés depuis 1878.

 

Mais il faudra attendre 1912-1913 pour que le service militaire soit effectivement mis en place et rapidement transformé par la première guerre mondiale.

 

Le service militaire en Martinique sera instauré seulement en 1913.

 

Plusieurs milliers d’hommes et de femmes antillais ont répondu à l’appel du général De Gaulle. Ils sont partis de leurs îles entre 1940 et 1943, pour rejoindre, via la Dominique et Sainte-Lucie, les Forces françaises libres.

On a estimé que 10 % de la population de la Martinique sont partis à la guerre. La plupart de ces personnes est âgé de 18 à 35 ans. En plus, un homme sur cinq meurt au combat.

 

La venue du président français Nicolas Sarkozy a voulu montré la reconnaissance et la réparation de la France d’une injustice en décorant ces anciens combattants. Clandestinement, ces anciens combattants sont partis en bateau de Martinique et de Guadeloupe pendant la seconde guerre mondiale pour rejoindre et défendre la France occupée par l’armée allemande. « L’histoire des dissidents est un exemple pour tous les Français est c’est pourquoi j’ai voulu que leur soit rendu l’hommage de toute la Nation », a déclaré Monsieur Sarkozy.

 

Pendant la 2ème guerre mondiale, répondant à l’appel du 18 juin 1940 faite par le Général De Gaulle, les jeunes martiniquais ont rejoint Sainte- Lucie et la Dominique en gommier. Cette période de l’histoire de la Martinique est plus connue sous le nom de «la dissidence».

Durant cette période, l’interdiction de la coupe de gommier a contribué à la construction d’une nouvelle embarcation de même type que le gommier désignée par la yole de la dissidence.

 

 

 

 

 

  1. Une empreinte toujours présente dans la société

L’esclavage fut définitivement abolie le 27 avril 1848 mais la société Martiniquaise reste  profondément marquée par l’empreinte de l’esclavage, qui a permis aux sociétés coloniales de prospérer sur la très lucrative culture de la canne à sucre. Au total, quatre millions de personnes ont connu l’état de servitude dans les colonies françaises.

 

Malgré tout la France  continue à  perpétuer les fondations du système esclavagiste, et pour pallier le besoin de main-d’oeuvre au lendemain de l’abolition de l’esclavage, la France a fait venir des travailleurs « contractuels » d’Inde ou d’Afrique, créant de nouvelles formes de subordination.

 

Sur le plan politique, la Martinique a choisi d’établir une relation historique avec la France caractérisée par une assimilation culturelle et politique, largement déterminée sous la IIIe République. Le processus d’assimilation engagé suite à l’abolition de l’esclavage a débouché sur la départementalisation en 1946. La Martinique ayant connu le régime d’esclavage et de colonisation  se trouve peuplé par des habitants résultats de la colonisation où la population autochtone est marginalisé.

Sur le plan économique, la situation actuelle de la Martinique  est le résultat d’une exploitation coloniale orientée vers la métropole. Maintenant la France entretient  des relations commerciales « exclusives » avec les colonies, en décourageant l’autosuffisance alimentaire à travers le soutien à la monoculture sucrière.

Une telle politique empêche l’apparition de processus locaux d’entraînement financier, commercial et social. Au fondement d’une économie dépendante, il y avait le principe de l’Exclusif ou Pacte colonial, consistant à interdire aux colonies toute relation commerciale avec l’étranger, et laissant à la métropole le monopole. Par ailleurs, il était interdit aux colonies de développer des activités susceptibles de concurrencer celles de métropole. L’abolition du Pacte colonial par Napoléon III supprime la protection des denrées coloniales en métropole, mais l’outre-mer reste une chasse gardée du capitalisme national

 

Les élites locales, d’origine européenne, n’ont fait qu’accentuer la sujétion des colonies à la métropole, car elles n’avaient pas intérêt à un développement autonome. Le développement de  ces vingt dernières années des grandes surfaces est le dernier avatar de la logique de reconversion des capitaux de ces descendants non métissés des grands propriétaires terriens de l’époque coloniale que l’on appelle Gros-Blancs, Grands-Blancs ou Békés dans les DOM. Ce sont aujourd’hui des acteurs économiques de premier plan.

Le mot Béké provient de Blancs du quai. Autrefois, les Békés qui se trouvaient en train de vérifier leurs marchandises, forment une petite communauté et se croient encore que la Martinique leur appartient.

Les Békés contrôlent dans sa globalité l’économie de l’île à l’exemple des  marchés d’alimentation à grande surface, les hôtelleries d’affaires. En fait, ils possèdent près de la moitié de la richesse de l’île.

Des élus, hommes politiques et intellectuels français faisant prétendument stigmatisent par les provocations, le mépris et l’insulte, les composantes minoritaires de la société française, avec des discours de haine et de peurs, faisant fi du poids de cette longue nuit de la colonisation sur la vie des peuples qui en ont été les victimes dans toutes les colonies françaises.

La grande mobilisation, unitaire et déterminée de la Martinique toute entière le 7 décembre 2005 s’est conclu par l’annulation du voyage du ministre de l’intérieur en Martinique et en Guadeloupe et à la relance salutaire du débat sur la colonisation et ses crimes.

L’une des marques encore vivante de l’esclavage et de la colonisation est exploitation des indépendantistes martiniquais à des fins politiques.

L’une des réparations pour les Martiniquais est la date du 10 MAI dans l’histoire de France comme date de la victoire du Peuple noir et de la Diaspora contre la traite négrière, la colonisation, l’esclavage comme CRIME CONTRE L’HUMANITE.

 

 

 

 

 

 

 

Conclusion

En 1946, la Martinique accède au rang de départements, mais l’assimilation politique engagée par le biais de la départementalisation ne s’est pas accompagnée d’une véritable émancipation économique et sociale.

Ce qui fait dire à Aimé Césaire, en 1971 que « la départementalisation,[qui devait être l’égalité des droits, ne le fut pas. Le nouveau système est devenu encore plus colonialiste que l’ancien. Peu à peu, il a sécrété ses privilégiés : ceux qui vivent de lui, les fonctionnaires, les grosses sociétés, le ‘lobby’ antillais qui pèse sur le pouvoir ».

 

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