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Lutte contre le Décrochage Scolaire : Le Rôle du Conseiller Principal d’Éducation (CPE) dans le Processus de Raccrochage

Du décrochage au raccrochage, quelles actions pour le conseiller principal d’éducation (CPE) ?

Introduction

Le décrochage scolaire constitue une des préoccupations de nombreux Etats dans le monde, dont l’Etat français. Vu les dégâts causés par le décrochage scolaire sur l’individu mais également sur la société, plusieurs stratégies ont été établies par le gouvernement pour éradiquer ou tout au moins, pour réduire le taux de décrochage scolaire. En 2012, le gouvernement français a établi la loi pour la refondation de l’Ecole de la République pour que les actions de lutte contre le décrochage scolaire soient en adéquation avec les politiques publiques de la jeunesse. Puis, en novembre 2014, le gouvernement a encore conçu le plan d’actions « Tous mobilisés pour vaincre le décrochage »[1].

Par ailleurs, le renforcement des dispositifs de lutte contre le décrochage scolaire s’inscrit dans le cadre de la « Stratégie Europe 2020 ». Les pays européens sont conscients de la nécessité pour chaque membre de s’assurer de la réussite professionnelle et sociale de ses citoyens. Ainsi, la lutte contre le décrochage scolaire a pris une envergure internationale et a mobilisé des acteurs très divers[2]. Au niveau de l’établissement scolaire, l’enseignant, le chef d’établissement et le conseiller principal d’éducation (CPE) constituent les principaux acteurs qui interviennent dans le processus de lutte contre le décrochage scolaire, mais dans cette étude, nous allons nous intéresser à la contribution du CPE dans le processus de raccrochage scolaire.

Le statut particulier des CPE est défini par le décret n°70 – 738 du 12 août 1970 qui le classe parmi les fonctionnaires appartenant à la catégorie A. Les CPE interviennent dans les établissements scolaires publics ou des établissements sous la tutelle du Ministère de l’éducation nationale. Il est placé sous l’autorité du chef d’établissement et de son adjoint mais il est aussi associé aux enseignants et aux personnels responsables de l’orientation des élèves. Ce décret mentionne les principales activités du CPE « les conseillers principaux d’éducation exercent leurs responsabilités éducatives dans l’organisation et l’animation de la vie scolaire, organisent le service et contrôlent les activités des personnels chargés des tâches de surveillance. Ils sont associés aux personnels enseignants pour assurer le suivi individuel des élèves et procéder à leur évaluation. En collaboration avec les personnels enseignants et d’orientation, ils contribuent à conseiller les élèves dans le choix de leur projet d’orientation »[3].

Dans ce texte, le rôle de CPE dans la lutte contre le décrochage scolaire semble flou. Ainsi, il nous semble intéressant d’aborder dans le cadre de cette étude la question suivante : Quelles actions sont menées par le conseiller principal d’éducation pour passer du décrochage au raccrochage scolaire ? Notre étude vise premièrement à identifier les facteurs à l’origine du décrochage et d’analyser par la suite, les possibles actions que le CPE mène pour les élucider. Cette étude comporte deux parties distinctes. La première partie est allouée à l’analyse théorique. Dans un premier temps, elle va développer la notion de décrochage scolaire et les facteurs qui conduisent à ce phénomène. Puis, elle va aborder dans un deuxième temps, les processus permettant de faire un raccrochage scolaire. Dans un troisième temps, nous allons parler du rôle et des activités des CPE et des enjeux auxquels ils sont confrontés dans le processus de raccrochage scolaire. Puis, dans la deuxième partie, nous allons faire une analyse comparative des dispositifs de raccrochage scolaire dans les établissements publics. Ceci sera suivi des propos tenus par les CPE et sera terminée par des recommandations.

Partie 1. Partie théorique

  1. Le décrochage scolaire
  2. La notion de décrochage scolaire
  3. Définition et manifestation du décrochage scolaire

Zay (2012 : 31 – 32) fait une synthèse des définitions du phénomène de décrochage scolaire en le présentant comme étant le fait de quitter, d’abandonner l’école, de rompre les cours. Dans certains cas, les chercheurs parlent d’abandon scolaire. Les décrocheurs scolaires selon l’UE citée par cet auteur sont « les jeunes qui ont abandonné l’école avant la fin de l’enseignement obligatoire, ceux qui ont achevé la scolarité obligatoire mais qui n’ont pas obtenu de diplôme de 2ème cycle de l’enseignement secondaire et ceux qui ont suivi des cursus préprofessionnels ou professionnels qui n’ont pas abouti à l’obtention d’un diplôme équivalent au 2ème cycle de l’enseignement secondaire » (Zay, 2012 : 32).

Boudesseul (2013 : 7) rejoint cette idée en définissant le décrochage scolaire comme étant «  un processus et non un résultat, il conduit à l’abandon d’une formation/ études initiales « au milieu du gué », c’est-à-dire avant la fin du cycle dans lequel le jeune s’était engagé – a fortiori sans obtention de la certification associée ; ou avant l’âge de fin de scolarité obligatoire ». Pagneux (2011 : 19) pour sa part, ne met pas en évidence cet abandon scolaire, mais parle plutôt d’un « absentéisme lourd, supérieur à dix demi-journées d’absence non justifiées par mois ».

Pelletier et Alaoui (2016)[4] confirment également les définitions proposées par ces auteurs précédents, mais outre à cela, ils soulignent l’existence d’une autre forme de décrochage scolaire moins connu et pourtant, est rencontrée chez des élèves. Il s’agit du décrochage provisoire qui se manifeste à travers « les élèves présents physiquement, mais absent cognitivement ». Les élèves qui quittent vraiment l’école sont alors qualifiés de décrocheurs définitifs. Thibert (2013)[5] a aussi mentionné dans son étude l’existence de différentes manifestations du décrochage scolaire. Il a emprunté la catégorisation de la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance en 2012 qui distingue deux types de décrocheurs : les sortants sans diplôme et les sortants précoces.

Les premiers regroupent les personnes qui ne détiennent aucun diplôme ou seulement le brevet des collèges. Les deuxièmes pour leur part, correspondent aux décrocheurs qui n’ont pas de diplômes ou qui détiennent uniquement un brevet des collèges et en sont pas en situation de formation. Le décrochage peut être assimilé à une interruption temporaire de la scolarisation, mais il peut aussi désigner une forme d’abandon scolaire. Cet abandon est définitif. Parfois, les acteurs de l’éducation parlent de la désaffiliation ou d’une anorexie intellectuelle marquée plus particulièrement par une démotivation ou un manque de plaisir pour le jeune à aller à l’école[6]. Les manifestations du décrochage scolaire peuvent de ce fait, être très variées en fonction du pays.

  1. Le décrochage scolaire international

Le décrochage scolaire est un phénomène rencontré dans tous les continents, les différents pays. Mais selon le rapport de l’UNICEF, ce phénomène est particulièrement élevé chez les pays moins développés. De 2000 jusqu’en 2013, le décrochage scolaire tend à baisser allant de 97 millions de décrocheurs en 2000 à 65 millions en 2013. Bien que ce résultat soit encourageant, il a été démontré que cette chute s’est ralentie à partir de 2007. Les pays de l’Afrique Subsaharienne ainsi que celles de l’Asie du Sud sont les plus vulnérables à ce phénomène de décrochage scolaire[7].

L’Union Européenne en 2009 a affirmé que 14,4% des jeunes âgés entre 18 et 24 ans n’ont pas terminé le premier cycle de l’enseignement secondaire et 17,4% se sont arrêtés dès l’enseignement primaire. En Europe, 16,3% des décrocheurs sont des garçons et 12,5% sont des filles[8]. En 2012, dans les pays membres de l’Unions Européenne, 12,7% des jeunes âgés entre 18 et 24 ans ont été recensés comme n’ayant pas obtenu leurs diplômes après l’éducation secondaire et ont pourtant quitté l’école[9].

En Europe, en fonction de la localisation géographique, il existe des différences notables entre les pays membres de l’Union Européenne. Ainsi, il a été démontré que les sorties précoces des élèves sont plus importantes dans les pays au sud de l’Europe comme l’Espagne (25%), l’Italie et le Portugal (18%), par rapport au pays du nord. Ce fait pourrait s’expliquer par l’histoire et le rapport de la société à l’enseignement. En effet, l’enseignement secondaire n’était pas très encouragé dans ces pays dans les années 1950 et ceci s’est impacté sur la scolarisation de leurs descendances[10].

Au Québec, la tendance est à la baisse du taux de décrochage scolaire. Selon le Ministère de l’éducation, du loisir et des sports (MELS), le Québec enregistrait un taux de décrochage de 20,3% pour l’année scolaire 2007 – 2008 contre 15,3% de décrochage scolaire pour l’année scolaire 2012 – 2013. Cette tendance est observée même dans les villes où le taux de décrochage scolaire est particulièrement élevé comme à Montréal. La Commission Scolaire du Montréal (CSDM) a indiqué un taux de décrochage scolaire de 33,1% pour l’année scolaire 2007 – 2008 contre 25,6% pour l’année scolaire 2012 – 2013[11].

Aux Etats-Unis, la baisse du taux de décrochage scolaire a également baissé. Ainsi, ils ont enregistré un taux de décrochage scolaire de 12,1% en 1990 contre 6,5% en 2014. Cependant, la baisse est particulièrement importante à partir de 2000, avant de se stabiliser entre 2013 et 2014. Le décrochage scolaire est particulièrement important chez les communautés noires que chez la communauté blanche[12].

  1. Le décrochage scolaire en France

Selon le Ministère de l’Education, comme dans la plupart des pays de l’UE, la France enregistre également une baisse du taux de décrochage scolaire. En 2010, le gouvernement a compté 140 000 dérocheurs contre 98 000 en 2016. Afin de réduire toujours ce taux de décrochage scolaire, le Gouvernement a procédé à la formation d’équipes pédagogiques et met en œuvre des stratégies permettant d’impliquer les parents d’élèves à la scolarité et à l’orientation de leurs enfants[13].

L’étude de l’Insee sur le décrochage scolaire en France laisse apparaître trois types de décrocheurs scolaires :

  • Les décrocheurs qui ont un faible niveau d’étude et dont le parcours scolaire est marqué par de nombreux échecs et redoublements
  • Les décrocheurs qui ont un niveau assez élevé au début, mais qui faillent lors de leurs examens en CAP, BEP ou Baccalauréat
  • Les décrocheurs qui ont réalisé leurs parcours scolaires dans les enseignements spécialisés[14]

Par rapport aux autres pays européens, le taux de décrochage scolaire en France est moins élevé[15].  Le décrochage scolaire en France est plus élevé (12%) par rapport à celui de la Finlande (9,9%) et de la Suède (10,7%). Le taux enregistré par la France pourtant, est inférieure à celui de l’Italie (19,2%) et de l’Espagne (24,9%)[16]. Par contre, les résultats des études de l’OCDE affirment que le taux de décrochage en France et les impacts socioéconomique de celui-ci reste préoccupant comme le montre la figure suivante :

Figure 1: Le taux de jeunes âgés entre 15 et 29 ans sans emplois et sortis du système éducatif entre 2005 et 2015 (source : OCDE, https://www.oecd.org/france/sag2016-france.pdf)

D’après cette figure, la France affiche un taux élevé de jeunes qui sont sortis précocement de l’école et qui se trouvent sans emploi entre 2005 et 2015. Le pourcentage enregistré par la France est supérieure à celui des autres pays de l’OCDE, de l’UE et de l’Allemagne. Outre à cela, ce pourcentage de décrochage tend à augmenter allant de 14% en 2008 à 16,9% en 2012.[17].

Le taux de décrochage scolaire est différent en fonction de l’appartenance sociale de l’élève : 5% des décrocheurs seulement sont des enfants de cadres. 18% d’entre eux sont enfants d’ouvriers et surtout, dans les familles nombreuses. L’enquête menée par l’Insee a démontré que 72% de ces élèves sont passés par des épreuves difficiles : divorce ou séparation des parents (29%), problème de santé (21%), orphelin ou avec un parent malade (22%)[18].

  1. Les causes du décrochage scolaire
  2. Les pratiques pédagogiques et le fonctionnement de l’école

Le décrochage scolaire est un phénomène à mettre en relation avec les caractéristiques et le fonctionnement de l’école. L’expérience scolaire précédente pourrait amener l’élève à quitter l’école (Bernard, 2011 : 79). Les élèves ayant redoublé ou subi des échecs scolaires sont les plus prédisposés à quitter l’école. Il faut noter cependant, que tous les élèves ayant passé par des échecs scolaires ne deviennent pas systématiquement des décrocheurs scolaires (Zaffran, 2015 : 164).

  • Les caractéristiques de l’école

Les caractéristiques de l’école comptent parmi les facteurs influençant le décrochage scolaire. Parmi ces caractéristiques, nous pouvons citer par exemple, la politique et les stratégies mises en place par l’école pour motiver ses élèves. Il a été rapporté que certaines écoles tendent à renforcer la pression et la compétition à l’école. Le but de telles stratégies et de former des élites. Or, à travers cette démarche elle ne peut que conduire au sentiment de rejet des élèves qui ont expérimenté un échec scolaire. Dans certains cas, au lieu de soutenir les élèves vulnérables, les écoles les mettent de côté, d’où la démotivation et le décrochage scolaire (Pagneux, 2011 : 20). Le décrochage scolaire découle alors d’un conflit ou d’une tension entre l’élève et l’établissement scolaire. Ce dernier en effet, n’est plus perçu par l’élève comme étant un lieu de confiance où il peut se développer, mais comme un lieu favorisant les différences entre les élèves qui réussissent et ceux qui ne réussissent pas à l’école mais aussi au niveau social[19].

Le climat qui règne en classe prédit le risque de décrochage chez les adolescents. Les élèves sont plus motivés à aller en classe lorsque leurs relations avec les autres élèves ou avec leurs enseignants sont détendues. Ils sont plus enclins à aller à l’école lorsqu’ils ne perçoivent pas beaucoup de pressions en classe. Cette pression peut provenir par exemple, d’un sentiment de forte compétition avec leurs camarades de classe. Cette situation peut entraîner une dépression en effet, et pousser l’élève à ne plus se rendre à l’école (Gagné et al., 2011 : 79). Or, il est observé que les écoles aujourd’hui sont marquées par des hétérogénéités au niveau du statut social, de la performance scolaire, etc. et ces différences tendent à renforcer le stress des élèves vulnérables ou qui se sentent comme tel (Pirone et Rayou, 2012 : 51).

Puis, il y a aussi des problèmes inhérents à la relation entre l’élève et l’enseignant, le rapport au savoir. Pour acquérir le savoir, les élèves sont amenés à s’imposer une forme d’autocontrainte pour se soumettre à la discipline de l’école, pour faire preuve d’assiduité afin d’étudier ses leçons, de faire ses devoirs, etc. Mais il a été constaté que tous les élèves ne parviennent pas à s’imposer cette autocontrainte. Il faut remarquer en effet que les disciplines appliquées à l’école sont contraires aux pratiques juvéniles des élèves. En classe par exemple, les élèves ne sont pas autorisés à jouer ou à faire des perturbations. Et pour respecter cette règle, les élèves déploient beaucoup d’efforts pour ne pas se laisser tenter par l’envie de jouer, de ne pas se distraire en classe, etc. De leur côté, les enseignants ne parviennent pas toujours à faire face à l’hétérogénéité des élèves et à prendre en considération tous les besoins de chaque élève pour réussir (Pirone et Rayou, 2012 : 56-57). A cela s’ajoutent les rapports difficiles entre les élèves et leurs professeurs. Alors que les élèves cherchent de la reconnaissance de la part de leurs enseignants, ceux-ci parfois font des propos désobligeants concernant l’élève qui n’arrive pas à suivre le cours. Les décrocheurs s’en plaignent souvent. Et quand il n’y a plus d’estime de soi, alors l’élève devient démotivé[20].

  • L’orientation subie

Certains élèves ne sont pas motivés par leurs parcours scolaires. Cela provient du fait qu’ils ne pouvaient pas intégrer l’orientation dans laquelle ils sont acceptés. En faisant une étude sur les causes ayant poussé les élèves à quitter le lycée, un élève du lycée professionnel a rapporté que l’effectif dans la spécialité qui l’intéressait était complet et par conséquent, il n’avait plus d’autres choix que d’aller vers une autre spécialisation. Or, il n’aimait pas cette orientation[21]. Mais son cas n’est pas isolé. D’autres élèves ne sont pas motivés par l’orientation qu’ils suivent malgré le fait que celle-ci s’inscrit dans le cadre de l’augmentation de la persévérance scolaire, l’individualisation du parcours de l’individu et l’offre d’un contenu répondant plus aux besoins de l’individu[22].

Le manque de motivation de l’élève à suivre une orientation déterminée peut découler de plusieurs raisons. D’abord, il y a la faille au niveau de la considération de l’égalité des chances et de l’insertion professionnelle du jeune après son orientation. D’autre part, il semble que le mode d’orientation du jeune tend plus à favoriser les écarts entre les différentes provenances sociales des élèves qu’à les éradiquer. Selon le Haut conseil français de l’éducation en 2008, l’orientation des élèves français se base sur leur groupe d’appartenance social, le niveau d’étude de leurs parents ainsi que du niveau de l’élève dans les classes antérieures. Par ailleurs, aussi bien les parents que les élèves ne comprennent pas très bien les avantages et les raisons qui poussent à adopter telle ou telle orientation (Bomda, 2016 : 21 – 22).

Les parents jouent un rôle important dans l’aide attribué à leurs enfants à trouver la bonne orientation. Mais force est de constater que certains parents ne connaissent pas les parcours pouvant être empruntés par l’enfant ainsi que les compétences qu’il pourrait en tirer. Ce sont principalement les parents aisés et éduqués qui sont aptes à connaître ces informations et non pas les parents vulnérables du point de vue éducatif et financier. Comme conséquent, ils ne sont vraiment considérés comme étant des personnes bien placées pour décider leur enfant à trouver la voie scolaire et professionnelle la plus adaptée[23].

Devant ce fait, l’orientation de l’élève est beaucoup plus subie et imposée qu’une décision propre à l’élève et à ses parents. L’élève va suivre des cours sans pourtant y trouver un quelconque intérêt et cette épreuve est souvent vécue comme étant un ordre auquel, il doit se soumettre. En d’autres termes, les élèves n’arrivent pas vraiment à saisir les raisons pour lesquelles, les « autres » dictent leurs avenirs et ce qu’ils doivent faire, apprendre. Comme résultat, des élèves orientés vers la formation professionnelle sont aussi ceux qui sont les plus prédisposés à décrocher dans plusieurs pays européens dont la France, le Pays-Bas, le Luxembourg, l’Autriche, etc.[24] A cela s’ajoute l’ennui à l’école[25].

  • L’ennui à l’école

L’ennui est un concept complexe pouvant désigner à la fois les causes et les conséquences de certains dysfonctionnements au sein d’une organisation. Ainsi, Ferrière et Morin-Messabel (2012 : 583)  font remarquer que « L’ennui est considéré comme le signal d’un malaise scolaire, souvent contextuel, comme la violence, la manifestation d’un refus ou la résistance à la culture scolaire, dans les collèges et les lycées…. L’ennui en contexte scolaire est aussi considéré comme le symptôme d’un malaise individuel et positionnel, qui permet de qualifier des positions scolaires antagonistes, tant chez les élèves en difficulté, en échec, en décrochage plus ou moins ponctuel, que chez les élèves à « haut potentiel » ».  

Les pratiques pédagogiques et le fonctionnement de l’école elle-même sont parfois  sources d’ennuis pour les élèves. Leurs ennuis commencent lorsque les pratiques adoptées ne leur permettent pas d’avancer et conduisent plutôt à des déceptions qu’à des satisfactions. L’ennui pour sa part provoque au désinvestissement pédagogique et à la démotivation de l’individu (Zay, 2012 : 32). L’ennui pourrait être couplé avec la dépression ressentie par l’élève lorsqu’il a eu une expérience scolaire négative. Or, cette dépression, très fréquente chez les adolescents, peut entraîner chez eux un sentiment de pression et de compétition (Gagné et al., 2011 : 79).

D’autre part, la pédagogie adoptée par les enseignants pour transmettre les savoirs et les connaissances aux élèves est facteur d’ennui. Il semblerait même que ce dernier est inhérent à la vie scolaire puisque les enseignants poussent les élèves à faire des efforts pour travailler, se concentrer. Certes, les élèves auraient de très loin préféré des activités ludiques par rapport aux activités scolaires, mais ils sont bien conscients que cela ne peut être possible d’où leurs ennuis, leurs absences malgré une présence physique et leur démotivation pour participer en classe. Il est intéressant de remarquer devant ce fait, que tous les enfants sont susceptibles de s’ennuyer en classe, sans pour autant abandonner l’école (Raveaud, 2011 : 97).

  1. Les facteurs familiaux et sociaux

Les facteurs familiaux et sociaux interviennent dans les risques de décrochage scolaire chez les jeunes élèves. Ainsi, si ce phénomène touche tous les milieux sociaux, il a été prouvé que les élèves issus des milieux défavorisés sont les plus susceptibles de quitter l’école par rapport à ceux issus de milieux aisés ou moyen (Archambault et Janosz, 2009 : 187). 34% des décrocheurs sont des enfants d’ouvriers, 31% ont un père employé et 10% seulement sont des cadres supérieurs. Outre à cela, dans 37% des cas, les enfants décrocheurs sont issus de parents non diplômés, ce qui démontre que le statut social et le niveau d’étude des parents affecte la capacité des enfants à poursuivre leur scolarité. Ainsi, de nombreux décrocheurs quittent l’école dès que des offres d’emploi leur sont proposées. Cela leur permet en effet, de venir en aide à leur famille et de survivre également. L’enfant est également plus enclin à quitter l’école lorsqu’un de ses frères ou sœurs a déjà décroché. Ce cas est retrouvé chez 27% des décrocheurs[26].

Le soutien de leur famille est particulièrement requise par les élèves surtout lorsqu’ils rencontrent des difficultés en classe. La famille en effet contribue à la performance de l’élève en discutant avec lui, en l’aidant à faire ses devoirs, etc. Mais cette aide manque souvent chez les élèves décrocheurs. Ainsi, il n’est pas étonnant que les décrocheurs soient issus de parents qui ne suivent pas régulièrement leurs notes et leurs emplois du temps. Dans la plupart des cas, ces parents refusent de venir à l’école même après convocation ou se montrent particulièrement indifférents face aux agissements de leurs enfants ou des difficultés de ceux-ci. Certes, les parents veulent que leurs enfants soient toujours scolarisés mais n’entament pas de dialogue avec ceux-ci pour comprendre leurs ressentis et leurs difficultés. Or, les échanges entre parents et enfants est crucial pour l’enfant pour l’aider à surmonter l’épreuve[27].

Les conflits et les instabilités au sein de la famille des jeunes décrocheurs causent le décrochage scolaire. Les instabilités ne permettent pas en effet aux parents d’élèves de suivre leurs enfants. De même, lorsqu’ils n’ont pas eu l’opportunité de poursuivre leurs études, ils ne peuvent pas aider correctement leurs enfants dans leurs études, pour les aider à faire leur devoir ou à faire leur révision par exemple. Il a été démontré entre autres, que les élèves qui sont issus de familles appartenant à des minorités ethniques sont les plus susceptibles de quitter l’école du fait que leurs normes culturelles et leurs normes scolaires ne coïncident pas avec celles des autres enfants au sein de l’établissement scolaire. Par conséquent, ils ont du mal à s’adapter et/ou se sentent rejetés par leurs camarades de classe. Comme résultats, ils sont démotivés et pourraient quitter l’école[28].

La fréquence de décrochage scolaire varie entre autres, en fonction du genre. Ainsi, les garçons sont plus nombreux à décrocher par rapport aux filles surtout, dans les milieux défavorisés (Archambault et Janosz, 2009 : 187). La différence observée entre les genres provient du fait que les garçons sont fréquemment confrontés à des mauvaises expériences scolaires. Par ailleurs, le rapport des garçons par rapport à l’étude n’est pas tellement favorable à la poursuite des études[29].

  1. Les facteurs inhérents aux décrocheurs
  • L’absentéisme

L’absentéisme se présente lorsqu’un élève est absent pendant plus de quatre demi-journées par mois et que ces absences ne sont pas justifiées (Pagneux, 2011 : 19). Il peut également être défini comme étant un « comportement marqué par la répétition d’absences volontaires ». Il peut être lourd ou non. Dans le premier cas, l’élève ne se présente pas en classe pendant plus de dix demi-journées par mois. Dans le deuxième cas, l’absentéisme peut se présenter comme étant des évitements scolaires comme le fait de ne pas suivre les cours, les retards, l’absence d’une journée. D’autre part, il existe des absentéistes occasionnels qui manquent les cours parfois, et les absentéistes réguliers, qui manquent de manière récurrente et répétitive l’école[30].

L’absentéisme est très élevé chez les élèves décrocheurs. En effet, leur décision de quitter l’école est un processus qui s’est réalisé étape par étape. Dans ce cadre, la première étape est marquée par une passivité de l’élève à l’école. Il est physiquement présent sans qu’il n’assimile pas les cours. Par la suite, il s’absente de plus en plus de l’école avant de quitter définitivement l’école (Zay, 2012 : 32).

L’absentéisme est fréquent chez les élèves présentant des signes de détresse émotionnelle et de dépression (Gagné et al., 2011 : 79). L’absentéisme est alors considéré par l’élève comme étant une échappatoire à ses tourments et plus particulièrement, à son sentiment d’échec scolaire (Pagneux, 2011 : 20).  Mais dans certains cas, les élèves peuvent aussi trouver à travers l’absentéisme, un moyen d’expression de leur opposition à toutes formes d’autorité. Cela pourrait donc marquer un profond trouble de comportement ou de mal-être de la part de l’élève et est considéré comme étant un des facteurs pouvant conduire au décrochage scolaire[31].

L’absentéisme est à relier avec l’ennui à l’école. Les élèves qui s’absentent fréquemment sont ceux qui ne sont plus intéressés par l’école ou qui ne trouvent plus chez l’école, la réponse à leurs attentes. En d’autres termes, l’absentéisme est un signe du mal-être de l’élève à l’école. Une enquête menée auprès de trente élèves absentéistes a permis d’énoncer les principales raisons de leurs absences. Il s’agit notamment de leur mal-être, de certaines difficultés psychiques pouvant être liées aux pratiques pédagogiques et aux caractéristiques de l’école, les échecs scolaires et la mauvaise orientation pouvant conduire à l’ennui en classe[32]. Dans certains cas, il peut précéder le décrochage scolaire mais aussi de délinquance chez les jeunes[33]. Dans la plupart des cas, les écoles qui enregistrent un taux élevé d’absentéisme sont celles qui accueillent les jeunes issus de milieux défavorisés ainsi que ceux qui ont déjà eu des expériences négatives à l’école, comme les redoublants. En fonction du genre, il a été démontré que ce sont les garçons qui sont les plus prédisposés à être moins assidus en classe par rapport aux filles[34].

  • La délinquance et les conduites à risques

Les décrocheurs montrent dans de nombreux cas, des comportements déviants. En général, ce sont des jeunes antisociaux qui présentent des difficultés pour s’adapter aux règles et aux modes de vie imposées par les sociétés (Marcotte et al., 2011 : 139).

Le décrochage scolaire découle de problème d’adaptation sociale des jeunes, se manifestant à travers la délinquance et la consommation de substances illégale. Les enfants qui manifestent des troubles de comportements sont également ceux qui sont susceptibles d’avoir des difficultés d’apprentissage et par conséquent, de passer par des expériences scolaires négatives. Or, cela a été démontré comme étant source de décrochage scolaire. Les délinquances sont entre autres, sources de désengagement scolaire chez les adolescents. Il faut noter néanmoins, que tous les délinquants ne deviennent pas systématiquement des décrocheurs scolaires[35].

La grande majorité des décrocheurs montrent souvent des comportements déviants manifestant leur refus de l’autorité scolaire et de participer aux différentes activités qui se réalisent en classe. Ces différents comportements semblent traduire le mal-être de l’élève, sa démotivation à aller en classe mais surtout, l’absence de plaisir et de volonté pour étudier et pour respecter les enseignants et les autres camarades de classe. Une enquête menée auprès de collégiens réunionnais a démontré que les élèves adoptent un comportement de révolte à travers les diverses transgressions qu’ils font.

Certains d’entre eux se plaignent du manque de considération de leur personne par les enseignants. D’autres se plaignent que les professeurs ne sont pas à leur écoute, voire même les humilient en public. En retour, ils prennent leur revanche en entraînant leurs camarades de classe à ne plus se soumettre à la discipline en classe, à perturber les cours, etc. Les refus répétés de suivre la discipline et à étudier correspondent déjà à une forme de rupture envers ses camarades de classe, l’école et les enseignants en général. Et ces petites ruptures accumulées peuvent conduire l’élève à décrocher[36].

  1. Les conséquences du décrochage scolaire
  2. Les impacts sur l’autonomie et l’évolution personnelle

Les jeunes ayant décroché montrent souvent des problèmes de comportements (Archambault et Janosz, 2009 : 187), mais en même temps, ils sont aussi exposés à des risques élevés d’avoir des maladies par rapport aux personnes ayant poursuivi leurs études (Chapman et al., 2010 : 1). Plusieurs hypothèses peuvent être émises en ce qui concerne le lien entre décrochage scolaire et état de santé du décrocheur. D’abord, il y a les risques de présenter des maladies cardiaques liées à la mauvaise condition de vie dues elles-mêmes par la pauvreté des décrocheurs. De même, les décrocheurs sont ceux qui présentent souvent des dépressions, des hostilités envers les autres, de stress. Le style de vie des décrocheurs est aussi une des raisons de l’augmentation des risques de contracter des maladies chez les décrocheurs. En effet, ils sont plus prédisposés à consommer des produits prohibés, leur état de santé tend également à se dégrader. Puis, il y a les risques pour le décrocheur d’avoir des postes prometteurs qui leur donne des avantages en termes de prise en charge de leurs maladies (Rumberger, 2011 : 113).

Les décrocheurs affichent entre autres, des risques élevés d’exclusion par la société. En réponse à cela, ils sont capables de montrer des comportements déviants comme l’addiction aux drogues, aux délits, etc. (Zay, 2012 : 34). Vu que le décrochage conduit l’individu à une situation de précarité, il est donc plus prédisposé à avoir une faible estime de soi et à développer une image peu valorisante de soi. N’ayant pas beaucoup de connaissances et de savoirs, le décrocheur  peut manquer de capacité d’adaptation à sa vie adulte qui devrait être autonome (Marcotte et al., 2011 : 138).

Les problèmes liés à l’autonomie sont particulièrement importants chez les jeunes décrocheurs qui deviennent aussi des jeunes parents. De nombreux décrocheurs deviennent précocement, des jeunes parents. Il faut mentionner aussi, que certains élèves décrochent à cause de leur maternité. Mais le décrochage scolaire couplé avec les problèmes qui y sont reliés sont sources de problèmes aussi bien pour les jeunes parents que pour leurs enfants (Rumberger, 2011 : 102-103).

Par ailleurs, les élèves cherchent à fuir le climat scolaire négatif et cherchent la liberté lorsqu’ils rompent avec l’école. Certes, pendant les premières semaines, ils se sentent soulagés de ne plus être confrontés aux difficultés pour suivre les règlements et pour faire face à tous les objets de leurs peurs. Mais après ces premières semaines, l’oisiveté devient ennuyeuse. Il ne sait plus quoi faire de ses temps libres. Et malgré le fait qu’il n’est soumis à aucune règle ou obligation, il développe un sentiment d’enfermement. Devant ce fait, il doit trouver un moyen pour occuper leurs temps. C’est la raison pour laquelle, ils cherchent du travail mais peinent à le trouver (Zaffran et Vollet, 2016 : 117).

Il est nécessaire pourtant de remarquer que toutes les expériences de décrochage scolaire ne conduisent pas toutes à des conséquences négatives. Certes, les personnes qui ont décroché auront plus de mal à trouver leurs places au sein de la société mais il existe aussi des décrocheurs qui parviennent à réussir leur vie grâce aux talents rares qu’ils possèdent et qu’ils ont su valoriser. C’est le cas par exemple des artistes célèbres et des acteurs comme Quentin Tarantino ou John Travolta. Mais ce n’est pas uniquement dans le domaine du cinéma que les décrocheurs réussissent. Il y a aussi par exemple Dave Thomas qui a fondé les fast food Wendy’s (Rumberger, 2011 : 87).

  1. Les impacts sur l’accès à l’emploi

Les décrocheurs sont des personnes vulnérables et ne possèdent pas beaucoup d’accès aux emplois. Les décrocheurs sont plus susceptibles de changer fréquemment d’emplois. Et comme ils ne possèdent pas de qualifications, ils occupent des postes moins valorisant, avec de faibles rémunérations (Archambault et Janosz, 2009 : 187). Dans les pays européens, en 2012, 40,1% des décrocheurs étaient devenus des chômeurs bien que 70% d’entre eux ont souhaité trouver de l’emploi[37]. Ces faits sont représentés par le tableau suivant :

Tableau 1 : Taux de chômage selon le diplôme en France en 2013  (source : Insee, enquête Emploi de 2013, cité par Zaffran (2015 : 167)

  Ensemble
Taux de chômage (en %)

Brevet des collèges, CEP ou sans diplôme

Baccalauréat, CAP, BEP

Bac +2

Diplôme supérieur au Bac +2

Non renseigné

9,8

16,1

10,1

5,7

6,1

n.s.

Ce tableau montre que les personnes qui n’ont pas de diplôme ou ceux qui ont un niveau d’étude très faible sont ceux qui affichent le taux de chômage le plus élevé (16,1%). La catégorie de personnes détentrices d’un diplôme de Bac+2 est celle qui affiche le plus faible pourcentage de chômage (5,7%). Mais en même temps, le chômage est plus élevé chez les moins qualifiés et ayant moins de 50 ans (Zaffran, 2015 : 169).

Devant ce fait, les décrocheurs sont des personnes exposées à des risques élevés de pauvreté. A l’heure actuelle, les entreprises basent leur performance sur des actifs tangibles mais également sur des actifs intangibles dont le capital humain comprenant ses connaissances. L’embauche de personnes ayant fait un certain niveau d’étude répond aux contraintes imposées par les avancées technologiques et à l’augmentation de la pression concurrentielle observé sur les marchés actuels. L’avantage concurrentiel de l’entreprise repose principalement sur des ressources non imitables par les concurrents et dans cette optique, les connaissances et les savoirs des ressources humaines sont fortement requises par les employeurs. Devant ce fait, les décrocheurs ont moins de chance par rapport aux personnes détentrices de diplômes. Pour illustrer ce fait, depuis 1990 jusqu’en 2008, les offres d’emplois pour les personnes qui ne possèdent pas de diplôme ont fortement baissé de 40% (Gagné et al., 2011 : 78).

L’insertion professionnelle des décrocheurs est difficile. Par ailleurs, même s’ils parviennent à obtenir un poste, celui-ci est précaire. Leur insertion professionnelle est rendue difficile parce qu’ils n’obtiennent pas un emploi stable et sont plus exposés au risque d’augmentation de la période entre l’emploi et le chômage et à la fin, ils sont susceptibles de ne plus accéder au marché du travail. D’autre part, les chômeurs sont souvent des employés en contrat à durée déterminé (CDD), des intérims voire même, effectuent des emplois précaires (Zaffran, 2015 : 166).

  1. Les impacts sociaux et économiques

Le décrochage scolaire conduit à des problèmes économiques. Les jeunes décrocheurs en effet se trouvent souvent sans emploi et dans ce cas, ils dépendent des aides sociaux. Or, ces charges nuisent à l’économie. Mais d’autre part, l’abandon scolaire ne permet pas une croissance intelligente ni à un développement durable (Zay, 2012 : 31). D’autre part, si les décrocheurs sont des personnes à la charge de la société, ils ne participent pas souvent aux actions communautaires (Rumberger, 2011 : 86).

Du fait que dans la plupart des cas, les décrocheurs constituent la grande majorité des chômeurs, ils ne peuvent pas contribuer au développement économique de leurs pays. Aux Etats-Unis en 2010, les décrocheurs ont été à l’origine d’une perte de 240 000 USD à cause de leur faible contribution aux taxes (Chapman et al., 2010 : 1). En France, le coût du décrochage scolaire est de 230 000€ tout au long de la vie du décrocheur[38].  Les décrocheurs deviennent des charges pour l’Etat dans la mesure où ils ont besoin des appuis sociaux pour couvrir leurs maladies et leurs besoins. Cet impact économique provient aussi du fait que les décrocheurs comptent parmi les criminels (Chapman et al., 2010 : 1). De ce fait, ils présentent des risques élevés d’être incarcérés par rapport aux personnes ayant continué leurs études (Rumberger, 2011 : 86).

Vu leur faible niveau d’étude, les décrocheurs deviennent aussi une charge pour leurs entourages qui doivent faire des efforts pour les encourager à travailler et à surmonter les problèmes qu’ils rencontrent. Dans la majorité des cas, les jeunes décrocheurs sont des personnes qui errent en recherche d’emploi sans grande conviction. En attendant d’obtenir leurs diplômes ils sont à la charge de l’Etat en ce qui concerne les dispositifs de remédiation et de réinsertion sociale. Au cas où ils deviennent des délinquants, l’Etat doit aussi prendre en charge les dépenses liées à leurs délinquances. Et même s’ils ne deviennent pas des délinquants, les dépenses liées à leur protection sociale sont élevées[39].

De plus, les décrocheurs scolaires constituent la grande majorité des personnes incarcérées. Une fois adulte et en âge d’avoir des enfants, ces décrocheurs sont aussi exposés au risque de voir leurs enfants décrocher à leur tour. Cela vient du fait que les parents de ces élèves issus de parents décrocheurs présentent souvent des difficultés d’adaptation à l’école et à apprendre la lecture dès le début du primaire. Par ailleurs, ils sont aussi susceptibles d’avoir des retards cognitifs et langagiers. Devant ce fait, le pays qui enregistre un taux élevé de décrocheurs sont ceux qui courent le risque ne plus détenir d’employés qualifiés et par conséquent, de ne pas pouvoir se développer économiquement[40].

Les décrocheurs qui obtiennent de l’emploi ne sont pas nécessairement des personnes qui ont un salaire élevé. Par conséquent, ils sont susceptibles d’avoir des problèmes financiers toute leurs vies. Par ailleurs, vu leur faible employabilité, ils ne peuvent pas assurer qu’ils soient aptes à s’adapter aux nouvelles demandes des employeurs. Ils courent toujours donc des risques pour qu’ils soient licenciés et se retrouvent au chômage. De plus, même si certains décrocheurs possèdent des talents, il leur sera difficile de démontrer à leurs employeurs leurs potentiels (Rumberger, 2011 : 86-88).

  1. Le raccrochage scolaire
  2. Les facteurs de raccrochage scolaire
  3. La réorientation

Les décrocheurs peuvent être réorientés vers des établissements scolaires qui pourraient leur permettre d’accéder à des diplômes universitaires ou à des emplois motivants. C’est dans ce cadre par exemple, que s’inscrit les programmes d’insertion professionnelle pendant une courte durée (Pagneux, 2011 : 21). La réorientation des décrocheurs s’inscrit dans le cadre de l’individualisation des parcours des élèves en difficulté. Il s’agit alors de proposer dans certains cas, des structures de formation permettant l’alternance entre la formation à l’école et la formation sur le tas dans les entreprises. D’autre part, l’orientation consiste également à adapter le contenu des cours en fonction des caractéristiques du décrocheur[41].

L’orientation des décrocheurs est soutenue par le réseau des Centres d’information et d’orientation (CIO) (Berthet et al., 2010 : 37). Les CIO sont des services de l’Education nationale dont la mission est d’aider les jeunes à s’orienter tout au long de leur vie. Pour cela, des conseiller d’orientation psychologues donnent des conférences et forment les enseignants à détecter et à aider les jeunes décrocheurs. Par la suite, les conseillers d’orientation psychologiques interviennent auprès des jeunes et s’entretiennent avec eux pour déceler leur situation scolaire. En même temps, ils discutent avec les jeunes sur les possibles choix d’orientation en fonction de leurs besoins et de leurs projets d’avenir. Les CIO mobilisent différents acteurs : les acteurs d’insertion sociale et professionnelle, les centres sociaux, la mairie, les associations de parents d’élèves, la protection judiciaire de la jeunesse[42].

La réorientation n’est pas uniquement considérée au niveau du contenu de l’enseignement en prenant compte des demandes et des caractéristiques du décrocheur. Elle devrait aussi tenir compte de la localisation géographique du lieu où le décrocheur habite. C’est la raison pour laquelle, un service en ligne d’information et d’accompagnement des jeunes décrocheurs a été conçu. Ce service en ligne est « ma seconde chance ». Ce dernier optimise le dialogue avec le jeune décrocheur et propose des solutions et des dispositifs qui se trouvent à proximité du décrocheur. Les informations données par ce service en ligne se réfèrent aux conditionspermettant de poursuivre les études, de continuer sa formation après une rupture scolaire, etc.[43]

La réorientation suppose aussi la motivation des jeunes à travers leur insertion dans le monde professionnel. Les décrocheurs en effet, sont des personnes qui ont une image très négative de l’école et toute tentative de les retenir à l’école ou de les faire retourner dans ce lieu pourrait plus être perçue comme étant un acharnement pédagogique et sera de ce fait, infructueux. Par contre, si le jeune comprend qu’il peut réussir sa vie et montrer ses potentiels dans le domaine professionnel, il pourrait plus être motivé à persévérer[44].

  1. La persévérance scolaire

La persévérance scolaire est un des facteurs déterminant la capacité de l’élève à surmonter les problèmes qu’il peut rencontrer en classe et continuer ainsi à faire ses études. Mais cette persévérance dépend de plusieurs facteurs. Parmi eux se trouve la qualité des relations entre l’élève et son enseignant. C’est la raison pour laquelle, les établissements dédiés au raccrochage des jeunes décrocheurs favorisent les relations adultes-élèves pour favoriser la persévérance scolaire. Des enseignants qui sont formés spécifiquement pour aider les décrocheurs sont ainsi sollicités pour aider les jeunes décrocheurs (Blaya et al., 2011 : 236).

Dans certaines régions, une semaine est dédiée à la persévérance scolaire pour aider les jeunes à faire des efforts, mais également à les encourager à poursuivre ce qu’ils ont déjà entrepris dans le but de favoriser leur persévérance scolaire. D’autre part, pendant cette semaine, les acteurs de raccrochage scolaire se mettent à l’écoute des jeunes afin de déterminer les possibles facteurs de motivation et les résultats qu’ils attendent de leurs efforts. L’écoute et la récompense des efforts fournis pourraient être considérés comme étant des moyens pour augmenter l’estime de soi[45].

L’augmentation de la persévérance scolaire pourrait se faire à travers l’optimisation des conditions dans lesquelles le jeune travaille. Cela est fait dans le but de créer des émotions positives susceptibles d’augmenter l’engagement et la persévérance scolaire. La persévérance scolaire est liée aux motivations intrinsèques. Pour qu’un élève persévère, il faut qu’il ait des émotions positives pour déclencher chez lui la résilience psychologique. Il est établi en effet, que les personnes qui présentent une bonne résilience sont également celles qui sont capables de faire face aux différentes difficultés et de surmonter les déceptions (Sellars, 2014 : 161).

Plusieurs facteurs interviennent pour que le jeune persévère ou non. Il peut s’agir par exemple des facteurs propres à l’individu mais aussi des facteurs liés à l’environnement dans lequel l’individu vit. Ainsi, un individu qui a déjà surmonté d’autres expériences est plus prédisposé à faire persévérer que ceux qui ne développent pas d’efforts pour affronter les évènements. Parfois, l’individu vit dans un environnement qui ne l’incite pas à continuer à étudier. Ces différents facteurs sont représentés sur la figure suivante :

 

 

 

 

Contexte et caractéristiques de la région
JEUNE

Apprentissages scolaires

Engagement scolaire

Apprentissage sociaux et habitudes de vie

FAMILLE, PARENTS, FRATRIE, ETC.
CENTRE DE LA PETITE ENFANCE (CPE) ECOLE-CLASSE

Arrivée à l’école réussie

Pratiques de gestion et éducatives

Services de soutien aux élèves

GROUPE DE PAIRS

Amis et fréquentations à l’école et ailleurs

COMMUNAUTE

Services, emplois, loisirs, lieux de culture et de soutien aux jeunes et à la famille

Figure 2 : Acteurs et déterminants de la persévérance scolaire et de la réussite éducative des jeunes (inspiré des travaux de Janosz, 2008, http://www.ctreq.qc.ca/wp-content/uploads/2013/10/Portrait-Pers%C3%A9v%C3%A9rance-scolaire-et-r%C3%A9ussite-%C3%A9ducative-en-Jam%C3%A9sie.pdf)

Cette figure montre que la persévérance scolaire commence par des initiatives et des travaux personnels du jeune. Sa persévérance va varier en fonction des leçons qu’il a tiré de ses apprentissages scolaires. Sa capacité à surmonter les épreuves dépend aussi de son engagement scolaire, de ses habitudes de vie et de ce qu’il a tiré de ses expériences sociales. Mais dans cette démarche, il va subir les influences de sa famille notamment, de ses parents et de ses fratries. La persévérance va dépendre entre autres des approches mises en place par les établissements impliqués dans le raccrochage scolaire représenté ici par le centre de la petite enfance, de ses pratiques de gestion et de ses démarches éducatives. Le jeune est apte à persévérer lorsque l’organisation de l’établissement offre des services de soutien aux élèves. En classe, l’individu va rester si ses amis et ses fréquentations l’aident à faire face aux difficultés. Enfin, il y a la communauté dans laquelle, l’individu vit. Si cette communauté offre des services, des emplois, des soutiens aux jeunes, ils sont plus à même de persévérer. Le contexte et les caractéristiques de la région d’appartenance du jeune influence entre autres, tous ces acteurs et le jeune lui-même.

  1. La motivation des élèves

La démotivation et la perte du sens de la nécessité d’aller à l’école constituent une des raisons du décrochage scolaire. Devant ce fait, le raccrochage scolaire passe inévitablement par la motivation des élèves pour renouer avec l’école. Il s’agit de lui donner un sens à attribuer au savoir et à l’étude. La vision de l’élève des différentes activités scolaires ne devrait pas se résumer à une obligation, mais bien à une démarche nécessaire pour grandir, pour devenir autonome, pour devenir quelqu’un. En d’autres termes, la motivation de l’élève tend à mettre en relief l’intérêt intellectuel de l’école chez les élèves démotivés.  D’autre part, les acteurs soulignent aussi le caractère gratuit des différentes démarches entreprises à l’école ainsi que la conception de ces différentes activités pour lui[46].

Si la démotivation pousse donc l’élève à quitter l’école, alors la mise en œuvre de stratégies permettant de le motiver permet de lutter contre le décrochage scolaire et de raccrocher les élèves en difficultés. Dans ce cadre, les acteurs du raccrochage développent la responsabilité de l’élève à continuer ses études et de s’impliquer dans ce qu’il fait car selon Viau cité par Mouzoune, (2010 : 26), la motivation est « un état dynamique qui a ses origines dans les perceptions qu’un élève à de lui-même et de son environnement et qui l’incite à choisir une activité, à s’y engager et à persévérer dans son accomplissement afin d’atteindre ce but ». Cette définition souligne l’existence d’une relation entre la motivation de l’élève et sa persévérance scolaire.

La motivation pour aller dépend de plusieurs facteurs dont une vision positive de l’établissement scolaire, la qualité des relations entre enseignant et élèves et entre les élèves. En bref, l’élève pourrait être plus motivé à aller à l’école quand le climat scolaire y est plus détendu. Il a été affirmé entre autres, que la participation de l’élève à l’école le pousse à s’engager dans ses activités scolaires. C’est le cas par exemple des élèves qui sont impliqués dans des associations sportives ou culturelles. Plus ils s’engagent dans ces activités, et plus ils s’attachent aussi à leur équipe et à leur établissement d’appartenance. En d’autres termes, c’est un moyen pour créer un lien plus fort entre l’élève, l’établissement et son groupe d’appartenance (Poulin et al., 2015 : 9-10).

La motivation de l’élève va dépendre principalement de sa perception de l’école et de sa propre estime de soi. Or, ces deux facteurs sont également sous l’influence des pratiques pédagogiques et de l’environnement scolaire. Les élèves pourraient par exemple être plus motivés s’ils sentent le soutien moral et technique apporté par son enseignant (Vezeau et al., 2010 : 446 – 447). Il faut noter cependant, que ce ne sont pas uniquement les caractéristiques de l’école ni de la pédagogie adoptée qui sont à la base de la motivation des élèves ou non. La motivation est un facteur qui peut changer en fonction de l’âge de l’individu. Pour illustrer ce fait, si un enfant se montre très motivé pour aller à l’école pendant son jeune âge, il peut manifester des signes de manque d’intérêts pour venir à l’école au début de son adolescence, pour se stabiliser à l’âge adulte. La chute de la motivation est donc prévisible, mais la fin de la période de démotivation coïncide également avec la période de fin de la scolarité obligatoire (Genoud et al., 2009 : 379).

Devant ce fait, les approches pour motiver l’élève doit se faire de manière permanente. Motiver les élèves consiste à l’aider à aller de l’avant et à concentrer ses pensées sur ses potentiels plutôt que sur ses échecs à travers le terrorisme intellectuel comprenant les sanctions, les mauvaises notes, etc. Lors des échanges, il pourrait être plus motivant pour l’élève par exemple, de se pencher un peu plus sur le fait que son enseignant ait déjà subi les mêmes problèmes que lui, mais qu’il en est sorti. De même, les activités entreprises en classe devraient être variées autant que faire se peut afin que l’élève n’y voie plus une routine démotivante. La responsabilisation pourrait à la fois augmenter l’estime de soi de l’élève mais aussi de le responsabiliser à travers son autorisation à faire des choix en classe[47].

  1. Les politiques de raccrochage scolaire
  2. Le plan « agir pour la jeunesse »

Le plan agir pour la jeunesse se focalise sur les jeunes décrocheurs entre 16 et 25 ans. Il rassemble les dispositifs permettant d’aider les jeunes décrocheurs à l’orientation, la formation et aux aides sociales[48]. Cela consiste à aider le jeune à préparer sa vie active et à faire un suivi systématique des élèves susceptibles de décrocher. Le suivi sera réalisé par le biais de plateformes régionales d’orientation. « Agir sur la jeunesse » suppose que les jeunes sont accompagnés. Dans le cadre du raccrochage scolaire, les décrocheurs bénéficient de l’appui de leurs référents qui vont aussi contribuer à faciliter son insertion scolaire et professionnelle. Par exemple, les entreprises peuvent faire un contrat avec l’élève pour que celui-ci continue sa formation, mais en retour, il va l’embaucher au sein de l’entreprise. Par la même occasion, le référent va déterminer les différentes dépenses nécessaires pour l’accompagnement du jeune telles que les frais liés à leur formation, l’acquisition de permis de conduire, la motivation du jeune à retourner à l’école en veillant à ce que celui-ci obtiennent un logement près de l’établissement, etc.[49]

« Agir pour la jeunesse » se focalise principalement, sur l’orientation des jeunes afin qu’ils trouvent la meilleure voie à suivre pour réussir leur vie. Cela permet de les encourager dans leurs études et de les motiver aussi. L’orientation nécessite alors l’accompagnement personnalisé des jeunes décrocheurs, à travers la création de groupes de réflexion qui se réunissent pour aider le jeune à s’orienter. «Agir pour la jeunesse » suppose aussi la réalisation de stages passerelles permettant d’aider les jeunes à changer d’orientation dès la classe de première. A cela s’ajoute les stages de remise à niveau et la mise en œuvre d’un tutorat. Comme il a été observé que les jeunes ne peuvent pas à eux seuls assumer l’orientation, le plan « agir pour la jeunesse » tend à favoriser l’implication des parents d’élèves dans l’orientation de leurs enfants. Il faut noter que cette implication parentale ne se solde pas par l’obligation des enfants à adopter telle ou telle voie, mais seulement, de l’accompagner et de l’épauler dans ses prises de décisions et ses difficultés. Les jeunes décrocheurs seront suivis et appuyés lors de leur insertion[50].

Le plan « Agir pour la jeunesse » répond à la nécessité d’aider les décrocheurs à travers la conception de traitement individualisé proposé dans les centres de formation d’apprentis (CFA). Mais les jeunes décrocheurs peuvent entre autres, être insérés dans des établissements d’enseignement agricole, dans des établissements qui font des missions locales. Cette insertion ne peut aucunement se résumer à la construction d’infrastructures mais aussi, de former et de gérer différents acteurs qui vont être amenés à raccrocher le jeune dans le système scolaire et professionnel[51].

  1. La coordination Foquale

Les réseaux Foquale (Formation Qualification Emploi) a pour mission de lutter contre le décrochage scolaire et dans ce sens, mobilise différents acteurs qui sont amenés à soutenir les élèves en difficultés, les décrocheurs par le biais de la mise en place d’établissements et de dispositifs d’accueil pour les décrocheurs[52] comme le montre la figure suivante :

Figure 3 : Organisation des réseaux Foquale (source : Ministère de l’éducation nationale, avril 2013, http://eduscol.education.fr/cid48493/reseaux-formation-qualification-emploi-foquale.html)

Cette figure montre les trois principales étapes de la lutte contre le décrochage scolaire par le biais du réseau Foquale. Il s’agit de la prise en charge du jeune par la plateforme et l’analyse des demandes et des besoins du décrocheur. Cette première démarche va découler de l’initiative personnelle de l’individu, mais il sera aidé par la suite par les personnes impliquées dans le dispositif de raccrochage. Ainsi, la prise de contact est cruciale pour la poursuite du projet. Après analyse des demandes de l’individu, il va bénéficier d’un entretien personnalisé au niveau du réseau Foquale. C’est au cours de cet entretien que des solutions seront proposés au décrocheur. Plusieurs options existent mais l’enjeu est de trouver le moyen le plus adapté à l’individu : service civique, retour au lycée, actions MLDS, clauses sociales, micro-lycées, etc. Après cette étape, le réseau procède à l’insertion sociale et professionnelle du jeune par le biais de son soutien pour que l’élève obtienne un diplôme, des certifications, des qualifications et des emplois.

Le réseau Foquale comprend les écoles, les Unités de formations en alternance (Unité de Formation en Alternance), les CIO. Ainsi, tous les acteurs de l’éducation nationale sont impliqués dans ce réseau pour raccrocher les jeunes. Les actions du réseau Foquale sont supervisées par un chef d’établissement, un directeur de CIO et le personnel de la Mission de Lutte contre le Décrochage Scolaire (MLDS). Sont ciblés par le réseau, les décrocheurs, mais également les personnes qui sont susceptibles de décrocher[53]. Ses  actions consistent à observer le flux de décrochage ainsi que les comportements des décrocheurs. Par la suite, il contribue à l’identification et à la mise en œuvre d’actions de prévention du décrochage scolaire. Ensuite, il a pour rôle aussi de déterminer les besoins spécifiques des décrocheurs et ainsi, de mener des actions correctives pour les réinsérer dans le système éducationnel[54].

  1. Les politiques internationales de prévention du décrochage scolaire

En France, la lutte contre le décrochage scolaire a nécessité l’établissement de stratégie de prévention de la sortie prématurée des élèves du système éducatif. Cela s’est fait notamment à travers la révision de la structure du lycée et la promotion de la personnalisation du parcours scolaire. La politique de lutte contre le décrochage scolaire en France passe également par l’orientation des jeunes vers un parcours qui soit plus adapté à leurs attentes et qui les motive le plus par conséquent. Il a été démontré que le gouvernement français a mis en place des stratégies d’informations permettant de discerner les élèves à risques de décrochage. Par la même occasion, le comptage des élèves qui sortent du système sans qualification a été amélioré. Les efforts pour accueillir les données statistiques les plus fiables et permettant aux acteurs de l’éducation à prendre des décisions ont donc été renforcés (Robert, 2013 : 17 – 18).

A l’instar de ce qui se passe chez les pays européens, les Etats-Unis commencent aussi leur stratégie de lutte contre le décrochage scolaire à travers l’amélioration des sources et de traitement de données. Mais vu la taille des Etats-Unis, il semble beaucoup plus difficile pour eux de collecter et de traiter des données considérables. Ainsi,  les perspectives de lutte contre le décrochage scolaire vont principalement dépendre de la politique adoptée par chaque Etat. Ainsi, chacun d’entre eux est amené à identifier ses propres objectifs et les démarches à mettre en œuvre pour réduire le taux de décrochage scolaire. De même, chaque Etat est aussi encouragé à améliorer ses méthodes de collecte de données et d’agir en fonction des données statistiques établies. Par ailleurs, les Etats-Unis tendent à favoriser la mise en place de solutions plus flexibles pour réinsérer le jeune dans le système éducatif. Pour illustrer les actions menées par les Etats pour pallier au décrochage scolaire, il y a la récompense des jeunes qui réintègrent le système scolaire et la valorisation de ces certificats scolaires pour générer des valeurs financières pour le jeune[55].

En Inde, la lutte contre le décrochage scolaire passe par l’adaptation du nombre d’enseignants en fonction du nombre d’élèves. De même, la formation des enseignants est favorisée pour qu’ils aient non seulement les connaissances nécessaires pour transmettre leurs savoirs aux élèves, mais aussi les savoirs leur permettant de s’approcher des élèves et d’éviter par la suite, le traumatisme subi par les élèves se sentant moins proches de leurs enseignants. Mis à part les différentes disciplines de base à l’école, les établissements scolaires proposent également d’autres activités aux jeunes décrocheurs, ainsi que des services de santé attribués aux élèves vulnérables pour les encourager à poursuivre leurs études. Puis, des actions de sensibilisation sont menées pour réduire les impacts négatifs de certaines pratiques comme le mariage précoce des jeunes et entravant leur parcours scolaire[56].

  1. Les dispositifs de raccrochage scolaire
  2. Le dispositif de raccrochage scolaire (DRS)

Comme les causes du décrochage scolaire sont diverses, les approches et les dispositifs adoptés varient aussi en fonction du pays considéré et en fonction de l’établissement. Parmi eux, se trouvent par exemple, les réseaux  Foquale évoqués précédemment. Dans d’autres pays comme le Québec, le raccrochage scolaire se fait à travers l’organisation des journées de persévérance scolaire chaque année.

D’autres dispositifs sont retrouvés dans plusieurs pays comme le Québec, la France ou encore la Belgique et en Espagne. Il y a par exemple le PARcours ou pratiques d’accompagnement du raccrochage scolaire, destinés à réintégrer les jeunes de 16 à 20 ans dans l’enseignement. Le PARcours implique des chercheurs et des praticiens ayant pour mission de faire des recherches actions sur les parcours des jeunes qui veulent raccrocher avec l’école et l’accompagnement adapté pour qu’ils ne quittent plus le système scolaire.

Puis, il y a l’observatoire de la réussite éducative. Il s’agit d’un site collaboratif au sein duquel, différents acteurs comme les collectivités territoriales, les écoles et les associations plus ou moins impliquées dans le domaine de l’éducation et du décrochage scolaire se retrouvent. A travers ce site, ils partagent des informations et des projets, des stratégies de luttes, etc.[57]

Certains établissements créent des groupes d’aides à l’insertion ou des cellules de veilles éducatives afin de permettre une prise en charge plus efficace des décrocheurs. Les cellules sont des espaces de discussions concernant les situations de décrochages. Elles font intervenir les personnels du système éducatif et favorisent entre autres, la résolution des problèmes à travers ces échanges. Dans d’autres cas, l’établissement opte pour la conception d’un programme personnalisé de réussite éducative (PPRE) afin d’aider l’élève décrocheur ou qui présente une tendance au décrochage, à maîtriser les connaissances partagées en classe. Comme il s’agit d’un programme scolaire, alors il découle des concertations de l’équipe pédagogique. Mais comme le fait de se sentir rejeté pourrait également affecter la motivation de l’élève à aller en classe, alors il est impératif d’inclure dans ce dispositif de raccrochage scolaire les parents et l’élève[58].

  1. L’alliance éducative

L’alliance éducative fait intervenir plusieurs acteurs notamment, le décrocheur, la famille de celui-ci et l’école. Parfois, il peut y avoir des acteurs communautaires qui agissent dans le cadre de ces alliances éducatives pour éviter le décrochage scolaire au niveau d’une région (Blaya et al., 2011 : 241). L’alliance éducative a pour objectif de permettre que l’élève fasse à nouveau confiance avec son école et qu’il la considère comme étant son alliée. Mais ce lien ne peut se créer à moins qu’il n’y ait une confiance mutuelle entre les différents acteurs notamment, l’élève, les acteurs de l’éducation et les parents d’élèves. La création d’une alliance éducative ne signifie pas pour autant que les liens anciens entre les différentes parties sont rompus. Il s’agit seulement de préserver les liens unissant les différents acteurs de l’éducation et nouer de nouvelles relations entre les acteurs qui ne sont pas entrés en contact (Allenbach, 2015 : 25).

Il faut noter cependant, que ce ne sont pas uniquement les acteurs pédagogiques qui entrent en jeu lorsqu’il s’agit d’alliance éducative. En effet, plusieurs autres peuvent intervenir comme des psychologues qui vont aider l’élève en difficulté à retrouver son chemin et à regagner son estime de soi, sa confiance en lui-même pour pouvoir aller de l’avant. L’équipe ainsi formée suit l’élève pendant un certain temps avant de l’intégrer de nouveau au sein de l’école. Une fois intégrée, il n’est pas abandonné, mais il gagne l’accompagnement d’un professeur qui lui est déjà familier. Mais dans cette optique, le rôle des parents n’est pas à écarter. D’abord, ils doivent connaître les finalités de chaque action et les intervenants[59].

L’alliance éducative varie d’un élève à un autre. Les besoins et les situations diffèrent en effet, d’un individu à un autre. Elle constitue une autre forme de prise en charge de l’élève bien que parfois, elle peut demander le concours d’un acteur externe. Pour ce faire, un référent est désigné pour accompagner le jeune. Des suivis sont également organisés pour favoriser les échanges entre les parties prenantes et pour déterminer les actions à mettre en place[60].

De même, la mise en œuvre d’une alliance éducative varie également d’un pays à un autre. Ainsi, en Amérique par exemple, l’alliance éducative fait intervenir les représentants des écoles et les représentants des communautés locales. Au Texas, les alliances éducatives sont mises en place pour mener des actions afin de réduire les tensions raciales et les guerres entre les gangs. Comme le décrochage scolaire provient entre autres, de la violence à l’école, les alliances éducatives permettent également de prévenir ou tout au moins, de réduire les violences par les adolescents. A travers cette démarche, les parties prenantes optent également pour l’établissement d’un programme de tutorat aux jeunes ayant des difficultés scolaires (Schargel et Smink, 2013 : 204).

  1. Autres dispositifs

Les micro-lycées constituent une autre forme de dispositif de raccrochage des élèves décrocheurs. Ils consistent à réunir dans des établissements ordinaires les élèves qui ont quitté l’école et qui sont également rejetés par l’école dans le but d’améliorer le rapport du décrocheur au savoir et aux règles qui régissent l’école. Cette forme intermédiaire permet entre autres, de motiver les élèves à raccrocher (Pirone et Rayou, 2012 : 52).

Dans certains pays comme le Québec par exemple, les décrocheurs sont encouragés à intégrer les établissements pour l’éducation des adultes. Cette approche a permis de raccrocher les jeunes plus facilement. Il a été démontré que les décrocheurs sont plus à l’aise avec l’éducation des adultes parce que celle-ci leur permet d’avoir un choix, de ne plus être soumis aux expériences négatives connues lorsqu’ils étaient auprès de leurs camarades de classe. D’autre part, cette démarche leur permet également de s’assurer que l’enseignant considèrent ce qu’ils font et leurs personnes. Il semblerait donc que l’éducation adulte soit un moyen efficace selon les jeunes décrocheurs de s’affranchir des intimidations et des indifférences des enseignants (Marcotte et al., 2011 : 145 – 147).

Dans d’autres cas, le raccrochage scolaire se fait à travers les services d’accrochage scolaire (SAS) dont le principal objectif est d’accueillir et d’accompagner les élèves confrontés à des problèmes d’insertion scolaire ou présentant des troubles de comportements empêchant le bon fonctionnement de la classe. L’accompagnement peut s’étaler sur quelques mois ou sur plusieurs années selon l’individu. L’ultime objectif de ce dispositif est de réintégrer le jeune au sein de l’école et en même temps, de l’aider à suivre un parcours scolaire normal et de préférence, dans son école initiale. Pour ce faire, le SAS prévoit un enseignant pour sept élèves afin que l’encadrement soit optimal (Blaya et al., 2011 : 239).

Comme il a été démontré que le décrochage scolaire est lié à certains comportements déviants comme la violence et la délinquance, les actions de lutte contre le décrochage scolaire mettent en place la discipline scolaire. Des sanctions sont prévues pour corriger les attitudes déviantes des élèves perturbateurs. Par la même occasion, les acteurs de la prévention du décrochage scolaire éduque les élèves à adopter les comportements propices au vivre ensemble. L’établissement et l’application de discipline scolaire est une démarche collective, mais la lutte contre le décrochage scolaire demande aussi la considération de la spécificité de chaque cas. Dans cette optique, certains établissements possèdent une commission éducative. Cette dernière favorise l’identification et la résolution des problèmes liés aux comportements déviants et absentéistes. Des internats d’excellence sont instaurés pour suivre et aider les élèves à risque[61].

Comme le décrochage scolaire est lié à la démotivation des élèves et que ceux-ci ont l’impression de perdre leurs temps à faire des études inutiles, alors des réorganisations ont été réalisées au niveau de certains établissements scolaires de manière à ce que les élèves trouvent des actions « concrètes » à travers leurs études. Dans un lycée agricole par exemple, la durée des cours a été raccourcie afin de rendre plus aisée les réunions et les travaux collectifs des élèves. Dans un lycée professionnel, les élèves sont invités à faire des créations qui vont être intégrées dans des actions caritatives. L’organisation de la vie et des activités dans un collège a été reconsidérée pour permettre aux élèves de faire des activités parascolaires comme le théâtre. Cela a directement augmenté la motivation des élèves pour venir à l’école[62].

  • Le conseiller principal d’éducation (CPE) et son rôle dans le raccrochage scolaire
  1. Présentation des activités générales du conseiller principal d’éducation
  2. Les activités

Le CPE est le successeur des surveillants généraux. Ainsi, ses activités tournent autour de l’éducation et du contrôle des différents faits qui pourraient conduire au dysfonctionnement au niveau de l’établissement. Il n’est pas rare alors que des enseignants fassent appel à l’aide du CPE pour donner des conseils pour mieux gérer les élèves mais également pour gérer des situations difficiles en classe[63]. Les CPE et les enseignants organisent la vie scolaire[64]. En d’autres termes, depuis 1982, les missions du CPE au sein d’un établissement scolaire consistent à contribuer à la vie scolaire et à la mise en œuvre d’une politique d’établissement[65].

Afin d’améliorer la qualité du climat scolaire et de motiver par conséquent les élèves, des activités sont organisées au sein de l’établissement scolaire. Dans cette optique, le CPE assure le rôle d’animateur éducatif et s’impliquent alors dans le projet éducatif de l’établissement scolaire. L’animation s’accompagne de l’engagement des jeunes dans des activités scolaires, mais cela ne veut pas pour autant dire que l’école va se transformer aussi en un espace désordonné. Il s’agit pour le CPE d’animer le groupe d’élève tout en maintenant l’ordre (Gobert, 2016 : 22).

Le CPE joue un rôle de conseiller technique auprès des chefs d’établissement. C’est lui qui connaît les différentes conditions requises par les élèves pour qu’ils ne subissent pas un échec ou qu’ils parviennent à aller de l’avant même en étant confronté à des problèmes scolaires. Ses activités sont diversifiées mais sont articulées autour du conseil fourni auprès de la communauté éducative. Il transmet et anime les politiques éducatives de l’établissement et contribue à la formation des élèves. En tant qu’acteur de l’éducation des élèves dans un établissement, le CPE a pour mission de veiller à l’existence de relations entre les acteurs qui interviennent dans l’éducation des jeunes.

Le CPE a pour rôle entre autres, de donner à l’ensemble de l’équipe éducative les éléments permettant d’améliorer l’éducation des jeunes comme les caractéristiques des élèves après ses observations. Ils interviennent dans la vie de l’école en menant des actions dans les projets de vie scolaire. En ce sens, le CPE constitue un membre de l’équipe éducative, mais également responsable du suivi de scolarisation[66]. D’autre part, les CPE sont responsables du suivi administratif des élèves pendant la vie scolaire. Avec les chefs d’établissements, ils assurent le bon fonctionnement de l’établissement[67]. Dans sa mission, le CPE est alors amené à interagir avec les élèves. Non seulement, il est l’interlocuteur direct des élèves en cas de difficulté, mais il est également l’accompagnateur de l’élève afin que celui-ci devienne autonome. Le CPE assure dans ce cas, la mission d’éducateur[68].

Le CPE a pour mission d’articuler la vie quotidienne et la vie pédagogique des élèves afin d’améliorer leurs conditions de vie à l’école. Avec les enseignants, le CPE fait un suivi des comportements des élèves en classe et au sein de l’établissement. Il n’est donc pas étonnant que le CPE participe aux conseils de classe. Enfin, il se charge de l’animation éducative en favorisant les discussions autour de l’éducation des élèves que ce soit à l’échelle individuelle ou collective. Le CPE est un animateur qui favorise les concertations entre les différents acteurs impliqués dans la vie scolaire[69].

Pour aider les élèves à mieux vivre leur vie scolaire, les CPE sont toujours disponibles et écoutent les élèves. Dans certaines situations, ils se trouvent dans l’obligation de consulter certains documents confidentiels comme les dossiers médicaux des élèves. Il est également constaté que les CPE observent les comportements et les différentes activités des élèves afin de déterminer avec les enseignants les sources de problèmes des élèves. Par conséquent, ils sont plus prédisposés à adopter des solutions bien adaptées à la situation de l’élève (Labregere, 2010 : 27).

  1. Les partenaires des conseillers principaux d’éducation

En tant qu’acteur de l’éducation et acteur impliqué dans la prise de décisions, le CPE collabore avec les chefs d’établissement, les superviseurs et les proviseurs adjoints. Dans sa posture d’animateur de l’éducation des élèves, le CPE est également amené à travailler avec les enseignants. Toutefois, il ne fait pas partie de la direction des écoles et ne se charge pas des tâches des enseignants ou encore du personnel médico-social[70]. Mais dans certaines situations, le CPE collabore aussi bien avec les enseignants qu’avec le chef d’établissement pour évaluer par exemple, le comportement des élèves. Le plus souvent, il collabore avec le chef d’établissement qui tend en général à reconnaître son rôle dans la vie scolaire et dans le bon fonctionnement de l’établissement scolaire, contrairement à ce qui se passe avec les enseignants. Le chef d’établissement et le CPE en effet, sont les deux acteurs les plus préoccupés par la justice au sein de l’établissement et le traitement équitable des élèves. Dans cette optique, ces deux acteurs sont les plus à même de faire le lien entre la justice scolaire et la justice sociale[71].

La coopération des enseignants et des CPE se fait quand il est question de maintien de l’ordre en classe. Cela implique l’application de sanctions en cas d’indiscipline des élèves. L’éducation ne se limite pas en effet à la transmission de connaissances, mais aussi à l’aide perpétré aux élèves pour qu’ils deviennent des citoyens responsables et des personnes respectables. Parfois, les élèves passent par des punitions ou des sanctions disciplinaires en cas de manquement à la discipline[72]. La collaboration entre les enseignants et les CPE les pousse à échanger des informations concernant l’élève et un soutien pédagogique (Labregere, 2010 : 26). Par ailleurs, les enseignants et les CPE sont également amenés à travailler ensemble lorsqu’il s’agit de la gestion des absences, d’organisation du service, du suivi des mouvements des élèves et de la sécurité au sein de l’établissement scolaire. Mais les deux acteurs collaborent également lors des conseils de classe et de la mise en œuvre de projets au sein de l’établissement ou de projet individuel pour l’élève[73].

Mais si la collaboration avec l’ensemble des enseignants s’avère difficile pour le CPE, il a été trouvé, qu’il peut facilement collaborer avec le professeur principal. Ce dernier est responsable d’une classe et suit donc de près les comportements des élèves sous sa responsabilité. Des démarches sont par ailleurs mises en œuvre pour essayer de formaliser et de structurer les collaborations entre le CPE et les professeurs principaux[74]. Ces deux acteurs œuvrent en effet pour le suivi des élèves ayant des difficultés scolaires en faisant un bilan conjoint. De même, les deux parties essaient de trouver ensemble un règlement intérieur pour gérer une classe ou pour faciliter l’intégration des élèves en classe.

En général, le CPE travaille sous la supervision du chef d’établissement. Mais les deux acteurs entrent en étroite collaboration dans le cadre de la réalisation d’une politique éducative au sein de l’établissement. En ce sens, le statut du CPE n’est pas celui de la subordination. Il est considéré comme étant le collaborateur du chef d’établissement. Acteur de la vie scolaire, le CPE agit en tant que conseiller technique du chef d’établissement lors de l’élaboration de la politique éducative[75].

Parfois, les CPE coopèrent également avec les assistants d’éducation (AE) pour animer les activités scolaires (Gobert, 2016 : 22). L’animation éducative faite par le CPE a pour objectif de coordonner les actions et de favoriser la participation des élèves aux activités proposées par l’établissement scolaire. Les activités animées par le CPE sont en harmonie avec le contenu du projet d’établissement (Labregere, 2010 : 26). Il faut noter cependant, que les assistants d’éducation ne sont pas uniquement chargés de l’animation éducative, mais aussi d’aider le CPE dans ses tâches quotidiennes dont la surveillance, l’appui pour la réalisation des devoirs, l’administration et la gestion des retards[76]. En tant qu’acteur important dans le cadre du décrochage scolaire, le CPE est un collaborateur du GPDS. Il apporte en effet des informations concernant l’élève, les groupes de classes, voire même certaines informations concernant la famille des élèves[77].

  1. Spécificités des interventions du conseiller principal d’éducation dans le raccrochage scolaire
  2. Le repérage des élèves décrocheurs

Le repérage rapide des élèves décrocheurs est crucial pour mener des actions préventives. Mais pour les discerner, il est important de déterminer des outils ou des indices permettant d’évaluer la susceptibilité de l’individu à décrocher. Au Québec, différents types de questionnaires comme le questionnaire « prévention de l’abandon scolaire » (PAS), ou encore l’ « évaluation du risque de décrochage en milieu scolaire »  (DEMS) sont déployés pour évaluer les risques de décrochage (Archambault et Janosz, 2009 : 187).

Dans sa mission, le CPE s’impose comme étant l’accompagnateur des élèves et en ce sens, il accorde beaucoup d’attention aux détails concernant les comportements des élèves. Le CPE est également le plus à même de connaître les difficultés des élèves parce qu’il entretient des relations avec lui. Il est amené à engager une relation pédagogique avec l’élève et de discuter par la suite avec d’autres acteurs de lutte contre le décrochage scolaire. Par rapport aux enseignants ou à d’autres parties prenantes, le CPE est souvent au courant des problèmes sociaux et familiaux traversés par l’élève. C’est à travers l’observation et le suivi régulier de l’élève que le CPE se trouve en mesure d’identifier parmi tant d’autres, les élèves fragiles et susceptibles de faire un décrochage scolaire. Les informations données par l’élève sont complétées par celles apportées par les parents d’élèves. La connaissance de la situation et des problèmes de l’élève en-dehors de l’école lui permet une meilleure compréhension des gestes, des comportements et du désarroi des élèves et d’interpeller par conséquent, tous les autres acteurs à mobiliser tels les personnels de santé et les personnels sociaux[78].

D’autre part, des indices ont été conçus pour repérer les jeunes à risques de décrochage scolaire. Parmi eux se trouve par exemple l’indice de prédiction du décrochage (IPD). Cet indice permet de classer les décrocheurs en quatre catégories selon leurs profils : les discrets, les désengagés, les sous-performants et les inadaptés (Archambault et Janosz, 2009 : 187). Il revient également au CPE de discerner les cas d’absentéisme, de violence, d’indisciplines qui ont été précédemment cités comme étant des manifestations de risques de décrochages[79].

Dans certains établissements comme le lycée professionnel Sophie Germain par exemple, une fiche de repérage des élèves décrocheurs a été établie afin d’aider les enseignant à identifier les élèves exposés au risque de décrochage. Avec cet outil il devient plus aisé désormais de mener des actions communes entre les enseignants et les CPE pour prévenir le décrochage. Cette fiche de repérage de décrochage scolaire est établie par le référent décrochage et est présentée aux acteurs avant la rentrée. Les informations peuvent être apportées par les personnes ayant identifié le risque. Il peut s’agir notamment de l’enseignant, mais également du CPE ou tout autre acteur. Mais elle doit être remise au CPE qui évalue par la suite s’il est nécessaire de rapporter la situation auprès du Groupe de Prévention du Décrochage Scolaire (GPDS). Si besoin est, le GPDS organise directement une réunion pour concerter de la stratégie à déployer[80].

Il faut noter cependant, que ce ne sont pas uniquement les CPE qui détectent les élèves exposés aux risques de décrochage. Ces derniers peuvent venir à eux dans certains cas. En effet, les élèves décrocheurs peuvent avoir peur ou manifester de la réticence pour parler avec leurs enseignants. Ils se sentent rejetés, délaissés ou pas écoutés par leurs enseignants. Ainsi, ils se tournent vers les CPE pour exposer leurs cas. Dans ce cas, le CPE n’est pas seulement un interlocuteur privilégié, mais peut en même temps identifier les sources de problèmes. Certes, les enseignants sont les premiers à remarquer les comportements des élèves sans pour autant être en mesure de trouver une solution adéquate. Dans ce cas, le CPE va intervenir auprès de l’élève en faisant appel à des spécialistes pouvant favoriser les relations entre l’élève, la classe et l’école[81].

D’autre part, il y a les cellules de veille présente dans de nombreux établissements scolaire. Cette cellule de veille est composée par la direction, les CPE, les assistants sociaux, les infirmiers et les conseiller d’orientation- psychologue (COP). Cette cellule a pour mission de collecter et de partager les informations concernant les élèves suspectés d’avoir une tendance au décrochage. Il faut noter que cette première étape consiste à identifier les comportements « suspects » des élèves[82].

  1. L’obligation scolaire et le contrôle de l’absentéisme

L’absentéisme a été rapporté être une manifestation d’une tendance à faire un décrochage scolaire. Les actions de lutte et de prévention du décrochage scolaire passent donc par la mise en œuvre de mesures de réduction voire d’abolition de cet absentéisme scolaire. C’est dans cet objectif que la présence au sein de l’école correspond à une obligation scolaire. Les parents jouent également un rôle prépondérant dans la prévention du manque d’assiduité de l’élève en classe. Ainsi, le loi n° 2013 – 108 du 31 janvier 2013 prévoit que les parents dont les enfants sont absentéistes voient leurs allocations familiales et leur contrat de responsabilité parentale suspendus. Ainsi, la prévention de l’absentéisme tient de l’appui et de l’accompagnement donné aux parents pour qu’ils envoient régulièrement et veillent à ce que leurs enfants aillent à l’école[83].

Le CPE joue un rôle important dans la réduction de cette tendance à l’absentéisme puisqu’il gère les absences ainsi que les entrées et les sorties des élèves. Les sorties non autorisées peuvent en effet se produire pendant les récréations, les pauses déjeuners ou encore entre les cours. Le CPE fait alors preuve de vigilance pour éviter que les élèves ne profitent de l’absence d’enseignants pour quitter la classe[84].

Dans de nombreux établissements scolaires,  l’équipe de vie scolaire comprenant les CPE est responsable de la gestion de l’absentéisme en classe. Leur mission consiste à identifier les élèves absentéistes, à enregistrer les absences et à les comptabiliser. Les raisons de ces absences sont contrôlées et le signalement de l’élève est transmis. Mais comme le CPE se charge de nombreuses tâches au sein de l’école, il n’est pas étonnant que nombre d’entre eux n’ont pas suffisamment de temps pour vérifier les raisons de ces absences. Ils se contentent alors des motifs avancés par les élèves et par leurs parents (Esterle et Douat, 2010 : 3).

En cas de constatation d’une absence non justifié, les informations sont communiquées au directeur d’école et aux responsables. Mais en cas de persistance de ce manquement à l’obligation scolaire, le CPE se trouve dans l’obligation d’en faire part au professeur principal ou au professeur concerné par l’absence de l’élève. Ensemble, les deux acteurs peuvent convoquer les responsables et déterminer une punition pour induire chez l’élève, un comportement adapté. En cas de persistance de l’absentéisme, le CPE avec d’autres acteurs du décrochage scolaire vont concerter sur les raisons possibles de l’absentéisme ainsi que les alternatives à mettre en place pour que l’élève revienne à l’école. A ce moment, un personnel d’éducation référent est désigné pour aider les parents et l’élève à aller à l’école et à être assidu. Le CPE peut jouer ce rôle[85].

  1. L’établissement d’une alternative avec les autres collaborateurs

Les enseignants au cours de leurs missions, sont au courant des problèmes et des épreuves par lesquels, l’élève à risque de décrochage passe. Cependant, ses actions seules peuvent ne pas suffire pour persuader l’élève à poursuivre ses études, d’où la collaboration avec les CPE. Cette forme de coopération est particulièrement retrouvée lorsque l’enseignant remarque des absences répétées[86]. Le CPE collabore entre autres avec le professeur principal lors des entretiens avec les élèves en difficulté. Il fait appel aux services des personnels sociaux comme les assistants sociaux par exemple[87].

Les parents des élèves décrocheurs constituent un des collaborateurs à inclure dans un programme de raccrochage scolaire. C’est ainsi que certaines organisations comme La bouture à Grenoble mettent en place un programme permettant de faire participer les élèves et leurs familles dans les actions de raccrochage (Pagneux, 2011 : 21).

Comme les élèves sont des acteurs à part entière dans leur retour à l’école, alors ils constituent également l’acteur et le bénéficiaire des actions de raccrochage. Outre la prévention des risques par l’observation des comportements des élèves, les décrocheurs peuvent encore revenir à l’école s’ils concertent avec le CPE qui va les aider à trouver l’orientation  le plus adapté à leur situation, attente et personnalité. En d’autres termes, le CPE contribue à renforcer l’implication des élèves aux études et à la vie scolaire (Labregere, 2010 : 28).

  1. Les enjeux de l’accomplissement du raccrochage scolaire pour le conseiller principal d’éducation
  2. Les enjeux relatifs aux liens et collaboration du CPE avec les parties prenantes du raccrochage scolaire

Les CPE ont pour mission de donner aux élèves toutes les conditions leur permettant de réussir leur éducation. Cela les pousse à encourager les initiatives des élèves et les accompagner sur cette voie. Le dispositif de raccrochage ou de prévention du décrochage scolaire adopté par les CPE mettent les élèves au milieu de la stratégie. Et pourtant, certains adultes au sein de l’école peuvent parfois ne pas adopter cette démarche et découragent les prises d’initiatives par les jeunes élèves et favorisent un style plutôt autoritaire (Condette –Castelain, 2009 : 53 – 54). Or, cela revient au fait du manque de responsabilisation de l’élève et pourrait entraîner par la suite, la mésestime de soi par l’élève puis, le décrochage scolaire.

D’autre part, le CPE requièrent du temps pour collaborer avec les autres acteurs du raccrochage scolaire. Or, l’organisation de l’établissement scolaire ne permet pas toujours ces échanges entre les CPE et les autres parties prenantes de l’école. Pour illustrer ce fait, les enseignants exercent pendant les heures de cours et profitent de la récréation pour discuter entre eux et pour se détendre un peu. Par contre, pendant cette même période, les CPE travaillent dur. Leur vigilance est principalement requise pendant la récréation pour surveiller les élèves. Ainsi, le CPE n’a pas vraiment de temps à consacrer aux échanges avec l’ensemble des enseignants, qui, pourtant, sont des acteurs importants du raccrochage scolaire[88].

Il a été constaté que les CPE travaillent en collaboration avec d’autres acteurs du décrochage scolaire. Et pourtant, force est de constater qu’il n’existe pas toujours de coordination des activités de chaque acteur dans cette collaboration. Outre le manque de personnels, la gestion des problèmes devient souvent une routine plutôt qu’une réflexion sur la cause profonde des problèmes constatés. Dans l’urgence, les acteurs adoptent des décisions hâtives et routinières, sans véritablement se lancer dans des concertations. C’est le cas par exemple de la gestion des absences. Les parties prenantes ont aussi d’autres préoccupations et les motifs avancés par les élèves et par leurs parents suffisent pour justifier les absences répétitives des élèves. Le temps et les discussions manquent quant aux véritables ressentis des élèves et de leurs rapports à l’étude et à l’école. Les possibles manifestations de tendance au décrochage scolaire par des absences répétés sont donc écartés alors que celles-ci ont été souvent évoquées comme des indicatrices de mal-être en classe et de désintérêt pour l’école (Esterle et Douat, 2010 : 3).

D’autre part, il est nécessaire de mentionner que même s’il est autorisé que le CPE discute avec l’élève, le temps et ses champs d’intervention se trouvent encore limités par rapport à ceux des enseignants. L’élève passe en effet, la grande majorité de son temps dans la salle de classe où il est en contact avec l’enseignant et ses camarades de classe. Le CPE pour sa part, ne peut voir l’élève que pendant un laps de temps très court, lorsque l’élève sent le besoin de parler avec lui pour lui faire part d’une information ou pour demander son conseil (Condette-Castelain, 2009 : 60).

  1. Le manque de reconnaissance

Le rôle du conseiller principal d’éducation au sein de l’établissement scolaire peut parfois être non reconnu par certains personnels de l’établissement scolaire. Les élèves ayant des comportements perturbateurs par exemple, sont principalement détectés par les enseignants du fait qu’ils sont les plus à même d’entrer en contact avec ces élèves. Mais lorsqu’il s’agit d’appliquer les sanctions disciplinaires en cas de récidive de la part de l’élève, le CPE n’est pas toujours bien accueilli par les enseignants. Ceux-ci peuvent en effet imposer leur autonomie en classe si bien que toute intervention de la part du CPE serait vue comme étant une intrusion dans son domaine[89].  La coopération est rendue plus difficile d’autant plus que les CPE sont en général chargé du côté éducatif tandis que les parties prenantes notamment, les enseignants sont responsables de la pédagogie[90].

Le CPE se trouve à l’interface des élèves et des professeurs. Cependant, son rôle au sein de l’établissement n’est pas totalement reconnu. Par ailleurs, les comportements des enseignants envers les CPE tendent à renforcer le stéréotype de l’acteur « dominé » au sein de l’établissement, l’école étant considérée comme étant le domaine maîtrisé par les enseignants. Le CPE est obligé dans le cadre de sa mission à interagir et à venir vers des acteurs qui n’appartiennent pas à la sphère scolaire comme les familles des élèves, les services sociaux, voire même dans certains cas, les représentants de la justice et de la police. D’autre part, les CPE sont les acteurs qui sont souvent confrontés aux difficultés des élèves et à leurs comportements déviants. Dans cette optique, les CPE se trouvent dans l’obligation d’exposer le cas des élèves aux professeurs et inversement pour rétablir l’entente entre les deux parties (Cavet, 2009 : 3).

L’identification des compétences du CPE semble marquer son intervention et sa place au sein de l’établissement scolaire. Ses compétences et ses champs d’intervention sont très diversifiées. Il est l’accompagnateur de la formation des élèves, mais il est nécessaire de mentionner que ses compétences sont très différentes de celles d’un enseignant. Son domaine d’action semble plus consister en l’écoute, le conseil et la gestion de la relation avec les élèves en d’autres termes, il est chargé de la gestion humaine et participative. Et pourtant, la principale vocation d’un établissement scolaire est l’éducation. La vie scolaire détient donc une proportion moins prépondérante par rapport à la vie éducative[91]. Par ailleurs, les interventions des CPE et celles du corps des enseignants sont très différentes même si les deux parties sont amenées à interagir avec les élèves et leurs parents. Il y a d’une part, les CPE qui gèrent les absences et interpellent les parents en cas d’observation de comportement absentéiste. Les enseignants eux aussi, interpellent les parents concernant la réactivité et le dynamisme, l’assiduité de l’élève en classe. Les deux parties ne sont réunies que lors des conseils de classe[92].

Partie 2. Partie empirique

  1. Analyse comparative de quelques dispositifs de raccrochage scolaire dans les établissements
  2. Le dispositif du Lycée professionnel de Gers
  3. Les objectifs

Au Gers, la prévention du décrochage scolaire se fait à travers le contrôle et le traitement de l’absentéisme dans le second degré. L’absentéisme étant considéré comme un indicateur de la prédisposition à décrocher de l’école. Le Lycée de Gers a donc eu pour principale démarche de prévention du décrochage scolaire, le contrôle de l’absentéisme. Dans cette optique, il mobilise les acteurs de la prévention du décrochage scolaire notamment les proviseurs, les principaux, les CPE, etc. La prévention du décrochage scolaire passe non seulement par la réduction de l’absentéisme, mais également, par l’aide et l’appui fourni aux familles des jeunes à risque de décrochage afin de se lancer dans une coéducation de l’élève.

Pour aider l’élève, le collège opte pour la mise en œuvre d’un parcours réussite. L’intégration de l’élève au sein de ce dispositif dépend principalement de son choix, mais les parents peuvent également intervenir pour refuser ou non l’intégration de leurs enfants dans le dispositif. Le but du parcours réussite est d’aider les élèves ayant des difficultés scolaires à développer leur engagement, leur citoyenneté. Comme les élèves sont faibles sur certaines bases  comme l’histoire et les mathématiques, ils sont moins motivés pour étudier. Ce fait les dissuade ou les décourage parfois à aller en classe, alors les activités pendant ces trois jours visent à améliorer leurs connaissances en histoire, en mathématique, en langue anglaise.

D’autre part, le parcours réussite a pour objectif d’aiguiser la créativité et le sens de la logique chez l’élève. Par la même occasion, certaines informations gardées confidentielles comme la production artistique des élèves, leurs ressentis après trois jours de parcours réussite, les images qu’ils diffusent, sont à la disposition des acteurs de prévention du raccrochage. Ces informations vont être exploitées pour connaître la personnalité et pour comprendre le mal-être de l’élève. Par conséquent, il devient plus facile de choisir et de mettre en œuvre les stratégies pour prévenir le décrochage scolaire. Le parcours réussite vise entre autres, à encourager les élèves à faire des activités scolaires mais avec des approches différentes de celles adoptées en classe. Cela pourrait les aider à avoir un meilleur rapport au savoir.

  1. La mise en œuvre

La première démarche de gestion de l’absentéisme tient compte des dispositifs régionaux de traitement de l’absentéisme. En cas de constatation d’absences répétées et non justifiées, le proviseur du lycée est tenu d’envoyer un dossier individuel d’absentéisme au service de la scolarité de la direction des services départementaux de l’éducation nationale du Gers afin de pouvoir étudier la situation de l’élève absentéiste. Après réception de ce dossier, le destinataire envoie un premier avertissement aux responsables légaux les informant les sanctions pénales prévues si l’élève continue à s’absenter. Une copie de ce premier avertissement est envoyée au chef d’établissement. Au cas où le problème n’est pas encore résolu, alors le directeur d’école envoie un deuxième dossier d’absentéisme à la division de la scolarité. Une fois que celle-ci reçoit le dossier, elle analyse les motifs de l’absentéisme et identifie les caractéristiques de l’élève et la spécificité de son cas. Par la suite, l’inspectrice d’académie, la directrice académique des services de l’éducation nationale émettent une convocation aux responsables de l’élève pour concerter sur le cas de celui-ci et adopter une démarche corrective.

Au cas où l’élève continue encore à s’absenter et ce, malgré tous les efforts fournis, alors l’inspectrice d’académie procède au signalement auprès du procureur de la République pour dénoncer un manquement à l’obligation scolaire. Les maires des communes au sein desquelles, les familles des élèves absentéistes habitent sont informées de la situation par l’inspectrice d’académie. L’inspectrice de l’éducation nationale chargée de l’information et de l’orientation va alors mobiliser les acteurs du raccrochage scolaire dont le médecin scolaire, le conseiller technique départemental et l’assistance sociale des élèves. Pour les élèves de plus de 16 ans, une fiche absentéisme est dressée. Celle-ci sera transmise à la division de la scolarité en cas d’absentéisme.

Mis à part la fiche d’absentéisme, un dossier d’absentéisme est également transmis à la direction des services départementaux de l’éducation nationale du Gers. Ce dossier  informe sur l’établissement d’origine de l’absentéisme, les informations concernant l’élève et la fréquence d’absences de l’élève durant son parcours scolaire.

L’avertissement des responsables légaux et la division scolarité sont des démarches importantes dans la prévention du décrochage scolaire, mais il est nécessaire aussi de mettre en place des dispositifs permettant de les aider à avoir un meilleur rapport à l’étude et à persévérer. C’est dans ce cadre que s’inscrit le parcours réussite. Le parcours réussite du collège Galilée est entrepris en-dehors de l’école. Il dure trois jours. Les activités réalisées pendant le parcours réussite sont conçues et gérées par la CPE et les professeurs. Le représentant légal et l’élève sont les signataires de l’inscription au parcours réussite. Les impacts de ce parcours réussite sont résumés sur le tableau suivant :

Tableau 2 : Les impacts de la mise en place du parcours réussite

Avantages Limites
–          Augmentation de l’implication de la majorité des élèves ayant participé au parcours réussite

–          Coanimation de plusieurs professeurs

–          Les élèves ont apprécié le dispositif

–          Les élèves ne se sentent pas stigmatisés

–          Compréhension des notions de Thalès

–          Approche plus ludique et concrète

–          La dynamique des élèves après le parcours a été estompée par l’arrivée des vacances

–          Les élèves ont parfois eu des difficultés à voir les liens entre les activités proposées et les activités scolaires

–          Les professeurs n’ont pas eu la description des situations des élèves

–          Certains élèves sont dissipés

–          La préparation du dispositif par les professeurs est coûteuse et chronophage, alors que les dépenses financières sont à la charge du collège

 

  1. Le dispositif anti-décrochage (D.A.D) du collège Emile Zola
  2. Les objectifs du dispositif

Le dispositif anti-décrochage du collège Emile Zola cible les élèves qui ont des difficultés en classe et qui deviennent donc des décrocheurs potentiels afin de les maintenir jusqu’à ce qu’ils obtiennent leur diplôme. Le DAD a pour mission de motiver les élèves à aller en classe et ce, dès le 6ème à travers l’appui pour les orienter.

Etant donné que la démotivation soit à la base du décrochage scolaire, le DAD mis en œuvre par le collège Emile Zola vise à attribuer un sens à l’éducation et à l’apprentissage. Il tente d’inculquer à l’élève l’importance de l’école et de développer chez lui un sentiment d’appartenance à son établissement scolaire. Le DAD passe par certaines bases comme le respect de soi et des autres, la responsabilité devant un fait, la motivation, l’identification et le développement des compétences personnelles. Le sentiment d’être compétent et l’estime de soi sont importants pour que l’élève persévère[93].

  1. La mise en œuvre du DAD

Le DAD commence par l’identification des élèves vulnérables. Certains critères sont retenus pour cibler un élève. Il peut s’agir de l’absentéisme, du manque d’implication dans les tâches scolaires, résultats très faibles. Dans certains cas, l’élève ne fait pas ses devoirs à la maison et ne prend plus aucune note ni ne tente de faire des exercices en classe. Le manque d’investissement peut se présenter à travers le fait que l’élève se présente en classe sans toutefois apporter les matériels dont il a besoin en classe. L’élève ciblé peut entre autres, être très calme mais ayant des difficultés scolaires telles que les failles au niveau du vocabulaire par exemple ou encore de le manque de logique dans la réflexion.

Quand l’une de ces manifestations de la démotivation d’un élève se présente, alors les enseignants et les parents de l’élève concertent pour résoudre le problème en proposant par exemple, des aides aux devoirs, ou à soutenir les parents dans la mesure où ceux-ci ne parviennent pas à aider leurs enfants dans leurs devoirs. Le DAD vise à intégrer les parents dans le programme et à installer une alliance pédagogique au sein de laquelle les conseillers d’orientation psychologique, les assistants sociaux, les personnels de la direction, les CPE, les éducateurs du Comité Action Promotion Sociales, les assistants pédagogiques, les coordonnateurs et le professeur principal interviennent.

Les parties prenantes concertent et élaborent un projet individuel. Les parents et l’élève en personne sont aussi des acteurs au centre du raccrochage scolaire. Un document d’engagement est par la suite signé par l’élève tandis que les parents signent une autorisation de prise en charge. Le contrat mentionne la durée du dispositif qui va dépendre des besoins de l’élève en matière d’aide. Les actions à mener sont très nombreuses : aide pour les enfants qui ont des difficultés d’apprentissage mais déployant beaucoup d’effort pour améliorer leur performance, mini-stages, stages et aide à l’orientation de l’élève, sortie à la chambre de métiers, atelier de rédaction de CV, tutorat scolaire, réalisation d’un projet commun, aide à la recherche de stage, aide au trajet et discussion avec des anciens décrocheurs, présentation des travaux de recherche concernant les établissements, les métiers, etc.

Comme résultat, il a été constaté que la confiance des élèves au système éducatif tend à augmenter. Le dispositif a permis le retour à l’école d’une élève et d’augmenter la performance d’une autre. Elle est passée d’une moyenne de 6/20 à une moyenne générale de 17/20 en fin d’année. De même, sa motivation pour poursuivre ses études jusqu’au Bac professionnel a augmenté. Un autre décrocheur a suivi une formation rémunérée et collabore avec des professionnels de l’insertion des jeunes et de lutte contre le décrochage scolaire.

Du côté des enseignants, des changements ont été également constatés. En effet, ils accordent beaucoup plus d’attention aux élèves vulnérables. Pour que l’élève ait confiance en eux-mêmes, certains d’entre eux proposent des devoirs aménagés ou modifient leur méthode de notation[94].

  1. Analyse comparative des impacts des dispositifs mis en place entre les établissements

Nous avons analysé ici les dispositifs et les démarches mises en œuvre par deux établissements pour lutter contre le décrochage scolaire. Les faits constatés corroborent les faits que les facteurs de décrochage scolaire sont très nombreux et en ce sens, il ne peut être éradiqué par une démarche standard transférée d’un établissement à un autre. Pour chaque facteur de décrochage scolaire, il existe aussi un moyen de raccrochage spécifique. Ce fait est également en accord avec la diversité des démarches de raccrochage ou d’accrochage scolaire et des établissements. Ainsi, les dispositifs mis en place chez un établissement ne réussissent pas forcément dans un autre établissement. Dans les deux cas que nous avons étudiés, les objectifs sont différents mais complémentaires. Pour l’un, il s’agit de prévenir l’absentéisme, mais pour l’autre établissement, l’attention est portée sur l’augmentation de la motivation de l’élève et l’aide aux élèves présentant des difficultés d’apprentissage.

Dans les deux cas, les actions des CPE n’ont pas été mises en valeur. Il semble alors que les deux établissements misent sur les actions collectives concertées et coordonnées pour mener des actions auprès des élèves à risque de décrochage scolaire. Les deux établissements n’ont pas mentionné que les discussions et les conseils des CPE pourraient intervenir dans la prévention ou dans le raccrochage des élèves ayant décroché. Pour le lycée de Gers, les actions du CPE sont complémentaires de celles d’autres acteurs du raccrochage scolaire et il se trouve sur le même piédestal qu’eux. Pour le collège Emile Zola, l’alliance éducative et l’implication de toutes les parties prenantes dont l’élève et ses parents dans un projet individuel. Une fois encore, les actions spécifiques du CPE n’ont pas été mentionnées dans ce cas. Par contre, il est reconnu comme étant un acteur de raccrochage scolaire. L’analyse des actions menées dans le cadre du DAD comme le tutorat, l’aide pour faire les devoirs, les stages et les ateliers, il semble que le CPE ne trouve pas réellement sa place.

Bien que les démarches mises en place soient très différentes dans les établissements scolaires étudiés, nous avons observé que les résultats sont les mêmes et que tous les dispositifs ont conduit au raccrochage scolaire, à l’amélioration des résultats et de la motivation de l’élève à venir en classe. Nous pouvons donc en déduire que la mise en œuvre d’actions concertées entre les CPE et tous les autres acteurs du décrochage scolaire permettent de prévenir et de lutter contre la démotivation et l’ennui de l’élève à l’école. Nous remarquons cependant, que toutes les actions sont centrées sur l’élève et en ce sens, les missions et l’importance du CPE pourraient être indirectement déduites de ces constatations.

Nous avons développé en effet dans le cadre théorique que le CPE joue le rôle d’interface entre les élèves et les enseignants. Dans ce cas, si les actions menées impliquent directement l’élève comme sa participation au parcours réussite ou aux ateliers, son orientation ou les conseils pour la recherche de stage, alors les discussions avec le CPE pourraient s’avérer cruciales. Il peut en effet être le principal acteur pour convaincre ou pour conseiller l’élève à accepter la proposition offerte pour l’aider à raccrocher avec le système scolaire. L’élève dans ce cas, pourrait plus écouter le CPE que l’enseignant vu que dans notre analyse théorique, les élèves décrocheurs tendent à penser que les enseignants les délaissent au détriment des autres élèves « modèles ». Il faut alors faire en sorte que les deux parties se réunissent et s’entraident, communiquent pour instaurer un climat plus motivant pour l’élève. De même, le CPE est aussi le plus susceptible pour exposer le cas de l’élève aux enseignants.

  1. Entretien semi-directif
  2. La méthodologie : entretien semi-directif
  3. Principes de l’entretien semi-directif

L’encyclopédie du marketing définit l’entretien semi-directif comme étant : « une méthode qualitative basée sur la réalisation d’entretiens individuels ou collectifs durant lesquels, l’animateur dicte uniquement les différents thèmes devant être abordés sans pour autant pratiquer un questionnement précis »[95]. Mais elle peut également être considérée comme étant une technique de collecte de données qualitative qui se focalise sur la personne ressource et sur certains thèmes maîtrisés par celle-ci. Elle est donc une pratique très courant pour vérifier des faits, recueillir les points de vue, les perceptions, les analyses, les propositions des personnes ressources[96].

L’entretien fait intervenir deux personnes, l’interviewer et l’interviewé. Ces deux acteurs sont amenés à interagir et à faire des échanges pour donner et collecter des informations. Dans cette interaction l’interviewé constitue la personne ressource qui donne les informations à son interlocuteur. Ce dernier pour sa part, a pour mission d’aider la personne ressource à donner les informations en lui posant des questions ouvertes. L’environnement dans lequel, l’entretien se déroule ainsi que les rapports entre la personne ressource et l’interviewer influencent la capacité de l’interviewé à donner les informations pertinentes (Gay, 2006 : 87). La réalisation de l’entretien semi-directif se fait en quatre étapes résumées sur le tableau suivant :

Tableau 3 : Les étapes de réalisation des entretiens semi-directifs (source : https://eureval.files.wordpress.com/2014/12/ft_entretien.pdf)

1.      Sélection – En théorie, on devrait arrêter les entretiens lorsque l’on n’apprend plus rien (principe de saturation)

– L’expérience montre que cela arrive avec 10 à 30 entretiens

– On recherche la plus grande diversité possible des personnes interviewées

2.      Conception du plan d’entretien – Elaboration d’un guide d’entretien précisant les thèmes à aborder

– Recueil d’informations de base sur la personne

– Préciser le but de l’entretien, sa durée, le niveau de confidentialité, l’usage qui en sera fait

3.      Déroulement – Exposer clairement le sujet et le contexte

– Veiller à ne pas influencer la personne interrogée

– L’enregistrement de l’entretien est possible pour un rendu fidèle mais le risque d’intimidation et le coût d’exploitation sont à prendre en compte

– Rédiger le compte – rendu et (éventuellement) le faire vérifier par la personne interrogée

4.      Analyse des résultats – En fonction des besoins de l’analyse, faire un résumé par entretien ou une analyse thématique transversale

– Elaboration d’une grille d’analyse

– Analyser, interpréter, comparer les informations recueillies

 

  1. Avantages et justification du choix de la méthode

L’objectif de notre étude est de discerner les actions et les missions du CPE dans le processus de raccrochage des élèves décrocheurs. Dans cette optique, il est nécessaire de connaître les points de vue des CPE et leurs perceptions concernant leurs propres missions au sein de l’établissement, des élèves et de leurs familles dans le processus de raccrochage scolaire. Jusqu’ici, ce sont les points de vue d’acteurs externes qui sont mis en valeur et rapportés dans la littérature. Or, notre objectif est de montrer les points de vue et les ressentis des CPE eux-mêmes.

En ce sens, il nous semble pertinent d’adopter une analyse qualitative puisque nous ne cherchons pas à quantifier les impacts des missions des CPE en matière de raccrochage scolaire, mais bel et bien de rapporter leurs visions et leurs actions quotidiennes lorsqu’ils se trouvent face à un décrocheur ou un élève susceptible de quitter le système scolaire. De telles données ne peuvent être collectées qu’à travers des entretiens semi-directifs qui permettent aux interviewés de répondre librement. En posant des questions ouvertes, l’entretien semi-directif permet de donner plus d’aisance et de recueillir les données qualitatives venant des personnes ressources.

Contrairement à l’entretien directif, le répondant peut s’exprimer librement. Par conséquent, il est possible que de nouveaux thèmes ou de nouvelles réponses n’ayant pu être envisagées par l’interviewer émergent. Ces thèmes pourraient être très intéressants. Par rapport à l’entretien non directif qui donne une grande liberté à l’interviewé de s’exprimer, l’entretien semi-directif permet au chercheur d’orienter la conversation et d’être sûr par la suite, que les propos tenus ne sont pas hors sujet, sans toutefois contraindre le répondant à  choisir la réponse ou à répondre par une réponse fermée.

D’autre part, l’entretien semi-directif offre plus d’aisance à l’interviewer parce qu’il est facile à mener. Il suffit d’élaborer une grille d’entretien sur laquelle, toutes les questions sont posées. Il ne demande pas beaucoup de disponibilité comme ce qui se passe lors d’un entretien non directif.

  1. Echantillon étudiée : les CPE

Comme nous nous intéressons aux missions et aux rôles du CPE dans le processus de raccrochage, alors les principales personnes ressources sont les CPE eux-mêmes. Nous avons interviewé des CPE auprès d’établissements scolaires publics afin de connaître leurs vécus et leurs points de vue, ainsi que leurs actions pour raccrocher les élèves et pour les motiver à renouer le lien avec l’école.

  1. Résultats

Les CPE interrogés ont mentionné différentes démarches permettant de pallier au décrochage scolaire. Pour l’un par exemple, c’est la discussion avec l’élève qui est mise en valeur et qui est considérée comme étant, le moyen le plus efficace pour adopter la solution la plus adaptée et par conséquent, la plus efficace. Il a été rapporté que dès la première année en CAP ou en 2nde Bac professionnel, des entretiens sont régulièrement menés avec d’autres acteurs de lutte contre le décrochage scolaire. Ces entrevues ont pour objectifs d’identifier les difficultés de l’élève ainsi que leurs motivations scolaires et professionnelles. Les informations ainsi exploitées sont recueillies dans le cadre d’entretien personnalisé.

Pour d’autres CPE, l’aide apporté aux élèves en difficulté et ayant un haut risque de décrochage scolaire consiste en un un accompagnement personnalisé pour les élèves de 2nde et 1ère ainsi que pour les élèves préparant le Bac professionnel. Les CPE parlent également de

  • L’accueil dans l’établissement et l’envoi des élèves de 3ème en mini-stage
  • La mise en place d’un EDT spécifique pour les élèves issus de la 2nde générale ou autre. Il s’agit d’une classe passerelle permettant d’augmenter la durée des enseignements professionnels
  • Mise en place de tutorat ou de groupes de travail avec les élèves internes notamment les 2ndes
  • Etablissement d’une cellule de veille composée par le chef d’établissement, les CPE, la COP, les assistants scolaires voire même les infirmières. L’équipe pédagogique discute dans ce cas sur les moyens à mettre en œuvre pour aider les élèves en difficulté.
  • Lutte contre l’absentéisme à travers des entretiens réguliers avec les élèves les plus absents. A travers ces entretiens, le CPE comprend mieux les raisons des absences, et les facteurs pouvant motiver l’élève à venir en classe. Par la même occasion, les résultats scolaires sont consultés. Avant de mettre en œuvre une quelconque stratégie, il est primordial de discuter avec les familles et de les impliquer dans la démarche de prévention du décrochage scolaire.
  • Intégration de l’élève dans un réseau Foquale pour qu’ils puissent s’investir dans des missions locales ou suivre des formations s’il le souhaite.
  • Création d’un binôme pour encourager le moins motivé à poursuivre ses études. L’un des deux binômes est une personne sérieuse qui va donner à son partenaire l’habitude de travail avant de pouvoir intégrer l’élève à risque de décrochage dans la MLDS
  • Discussion et recommandations

Les entretiens auprès des CPE laissent suggérer que les missions du CPE dans le cadre du raccrochage scolaire consistent en deux activités principales :

  • La communication auprès de l’élève, de sa famille et des parties prenantes du raccrochage scolaire
  • L’accompagnement de l’élève en difficulté : stage, classe passerelle, tutorat, cellule de veille, suivi des notes scolaires, intégration dans un réseau Foquale et animation des binômes de travail.

Le CPE ne travaille donc pas seul, dans le processus de raccrochage scolaire mais collabore avec d’autres parties prenantes dont l’élève lui-même et ses parents. L’analyse des dispositifs de raccrochage scolaire dans deux établissements scolaires ne laissent pas entrevoir de manière très claire les missions de CPE. Celles-ci semblent être estompées dans les actions collectives. Il faut noter en effet que le décrochage scolaire est un phénomène complexe résultant de plusieurs facteurs sociaux, des facteurs liés aux caractéristiques de l’école et de l’enseignement, de l’environnement d’apprentissage et des problèmes familiaux. Il y a entre autres, des facteurs inhérents au décrocheur lui-même. Dans cette optique, l’élucidation du décrochage scolaire ne peut se faire sans interpeller des acteurs divers : l’élève, les parents, les enseignants, la direction et les CPE.

Dans l’accompagnement des élèves, le CPE collabore avec les autres parties prenantes du raccrochage scolaire. Par contre, son rôle est prépondérant dans le cadre de la communication. Le CPE est requis pour communiquer avec les élèves à difficulté pour connaître leurs performances en classe. Cela peut se faire avec la coopération de l’enseignant. Mais la communication est en même temps cruciale pour collecter les informations concernant les élèves. Dans ce cas, nous pourrions dire que la mission du CPE dans le raccrochage scolaire consiste principalement à assurer la communication entre les différentes parties prenantes pour que chacune d’elle assure sa mission et détienne toutes les informations requises pour mener à bien le retour de l’élève dans le système scolaire. Le CPE représente l’interface entre les différents acteurs et surtout, l’interlocuteur privilégié de l’élève.

Les actions de raccrochage sont faites par et pour l’élève. L’élève se trouve au centre des actions menées. Et pour que ces dernières soient efficaces, il faut que l’élève soit motivé et d’accord pour s’impliquer et s’engager dans un projet de raccrochage. Nous avons vu que l’élève et ses parents signent bien un contrat avant de les intégrer dans un programme. Dans ce cas, le CPE est le mieux placé pour connaître les besoins de l’élève vu que c’est lui qui discute souvent avec lui et qui observe ses faits et gestes. Avant et pendant le projet, le CPE reste l’acteur crucial assurant la communication avec l’élève même si certains programmes de raccrochage se font en-dehors de l’école. Il reste le principal interlocuteur de l’élève. Par ailleurs en sa mission d’animateur de vie scolaire, le CPE est aussi une personne ressource dans le discernement des facteurs liés à l’environnement scolaire qui pourrait causer la démotivation et le décrochage scolaire.

Cependant, le CPE rencontre plusieurs obstacles dans l’exercice de sa mission dans le décrochage scolaire :

  • Le manque de reconnaissance : les interventions des CPE auprès des élèves décrocheurs ne sont pas reconnues. Du point de vue de certains professionnels scolaires, leurs missions se réduisent à l’animation de la vie scolaire et à l’établissement de l’ordre dans l’école par l’application de sanctions disciplinaires.
  • Certains enseignants ne favorisent pas les prises d’initiatives des élèves dans le cadre des projets ou les expressions.
  • Les élèves peuvent se refermer sur eux-mêmes vu qu’ils se sentent rejetés par le système et les enseignants. Dans ce cas de figure, le CPE doit encore faire des démarches pour approcher les élèves et gagner leur confiance.

Le problème qui se pose au CPE tient donc de son statut au sein de l’établissement et de sa représentation par les autres professionnels de l’éducation et du social ainsi que par les élèves et leurs parents.

Recommandations

  • Sensibilisation des enseignants sur le statut du CPE

Les obstacles rencontrés par le CPE dans l’exercice de sa mission vient du fait que son statut, son rôle et sa mission au sein de l’établissement et au niveau de la prévention et de la lutte contre le décrochage scolaire est mal connu. Les textes de lois concernant les missions et les rôles des CPE ne mettent pas l’accent sur les actions spécifiques allouées au CPE. Les textes de lois stipulent en effet, que les CPE sont des fonctionnaires qui exercent dans les établissements publics. Selon le décret 70 – 738 du 12 août 1970, le CPE assure l’organisation et l’animation de la vie scolaire[97]. Et dans ce texte de lois, les missions des CPE dans le décrochage scolaire restent très floues. Ceci pourrait expliquer en partie les raisons pour lesquelles, les enseignants n’arrivent pas toujours à connaître les missions et les rôles des CPE, pour raccrocher les élèves décrocheurs ou à retenir ceux qui sont susceptibles de quitter le système éducatif.

Dans cette optique, il semble nécessaire d’apporter plus d’explications sur les rôles et les missions du CPE dans le cadre du raccrochage scolaire. Cela peut se faire par une action de sensibilisation des enseignants et de l’ensemble des personnels dans l’établissement scolaire sur les missions et les rôles des CPE dans l’action de raccrochage scolaire. Il semble donc nécessaire d’identifier clairement la contribution de chaque partie prenante dans le processus de raccrochage scolaire. Les enseignants doivent connaître la complémentarité de leurs actions avec celles des CPE. Des actions doivent être menées pour améliorer les échanges entre les CPE et les enseignants pour réduire les tensions entre les deux acteurs. Pour ce faire, il est possible par exemple d’organiser des évènements auxquels, les CPE et les enseignants participent et font des échanges informels pour détendre l’atmosphère et amener chaque partie à avoir une meilleure vision et perception de l’autre. Par la même occasion, c’est une opportunité pour renforcer les liens entre les personnels au sein d’un même établissement.

Mais il serait illusoire de faire connaître les missions et la place du CPE au niveau du corps des enseignants seulement. Comme le processus de raccrochage scolaire est complexe et multidisciplinaire, ce n’est pas uniquement au niveau des enseignants que les missions des CPE doit être expliqué mais également au niveau de toutes les parties prenantes. Ainsi, il serait envisageable par exemple d’organiser un atelier avec la collaboration du Groupe de Prévention contre le Décrochage Scolaire (GPDS) sur les missions et les rôles de chacun. Les acteurs régionaux sont aussi sensibilisés pour améliorer la visibilité des missions et des tâches qui incombent aux CPE. L’identification et la séparation des tâches de chacun dans le raccrochage scolaire aide par ailleurs à l’amélioration de l’organisation des différentes parties prenantes et la coordination des activités pour de meilleurs résultats.

  • Amélioration de la communication avec les élèves

La communication avec les élèves constitue une démarche importante accomplie par le CPE dans la mesure où c’est elle qui assure d’une part la collecte d’informations, et d’autre part, la motivation des élèves à suivre un programme de raccrochage scolaire. Et pourtant, dans notre analyse, nous avons vu que les communications des élèves avec les CPE et l’appui fourni par le CPE pour encourager l’élève à prendre des initiatives ne sont pas forcément bien pris par les autres professionnels de l’éducation. Il est donc nécessaire de ce fait, d’améliorer la communication avec les élèves.

La coopération entre enseignants et CPE devrait être renforcée parce que ce sont les enseignants qui connaissent les comportements des élèves en classe et les difficultés qu’ils rencontrent dans l’apprentissage. Les CPE pour leur part, sont les plus à même de connaître l’environnement dans lequel, les élèves vivent. Les informations provenant des deux parties sont donc requises pour améliorer le suivi des élèves et pour repérer à l’avance les élèves à risque de décrochage scolaire. Dans cette optique, il semble nécessaire de créer un environnement d’entraide mutuel entre les deux parties pour mieux aider les élèves. Dans le cadre de l’amélioration de la communication des élèves, les deux parties peuvent s’entraider pour les échanges d’informations.

Conclusion

La mise en œuvre de politiques et de stratégies éducatives ont permis de réduire de manière significative le taux de décrochage scolaire chez les jeunes. Mais force est de constater que ce phénomène reste encore présent dans les écoles aujourd’hui. D’autre part, nous avons vu que le décrochage scolaire résulte de plusieurs facteurs liés à l’environnement familial, social et scolaire dans lequel l’élève vit. Mais la société évolue et les conditions dans lesquelles, l’éducation est donnée aux élèves évoluent aussi avec elle. Il existe donc une incertitude concernant la possibilité que les générations futures ne soient pas motivées à poursuivre leurs études. Dans ce cadre, il est nécessaire de rester vigilant quant à la possibilité que les élèves décident de quitter l’école.

Les acteurs de lutte contre le décrochage scolaire ont donc encore beaucoup de tâche à faire devant eux vu que ce phénomène résulte de plusieurs facteurs. Son éradication nécessite aussi le concours de plusieurs acteurs : chefs d’établissements, enseignants, parents, CPE, etc. Notre analyse nous a permis de montrer que le CPE, bien que mal connu ou héritant d’une mauvaise perception de la part des enseignants, reste un acteur crucial de raccrochage scolaire. En tant qu’interface reliant les parents, les élèves et les enseignants, ainsi que du milieu scolaire et familial, le CPE agit principalement à travers les communications et les échanges qu’il entretient avec les élèves. Parfois, il peut s’agir de l’élève à difficultés ou des amis de celui-ci qui donnent des informations susceptibles d’aider les éducateurs.

Cependant, nous avons mentionné aussi que le rôle de ce CPE reste très flou dans l’esprit des parties prenantes du raccrochage scolaire, à commencer par les enseignants. Et par conséquent, au lieu de favoriser la collaboration avec les CPE, ils pourraient se dresser en tant qu’obstacles à la prise d’initiative par les élèves et aux échanges et encouragements venant des CPE. Le flou qui existe en ce qui concerne les missions exactes du CPE en matière de raccrochage scolaire au sein des textes juridiques vient renforcer ce manque de reconnaissance entre professionnels de l’éducation. Il semblerait donc indispensable de sensibiliser chaque partie prenante sur les rôles de chacune d’entre elles dans le processus de raccrochage scolaire.

Cette étude contribue à la compréhension des enjeux auxquels, les CPE sont confrontés lors de la conception d’une alternative pour aider les élèves en difficulté scolaire à ne pas décrocher ou à retourner à l’école. Elle s’est basée sur l’analyse comparative de l’efficacité des approches et des dispositifs mis en place par deux établissements scolaires publics, complétée par l’analyse thématique des propos tenus par les CPE dans le cadre d’entretiens semi-directifs. Certes, cette contribution permet de mieux comprendre la vision des CPE, mais nous n’avons pas pu démontrer les points de vue et les perceptions des enseignants concernant la collaboration avec les CPE en matière de raccrochage scolaire. Et s’il est admis que le CPE soit le premier interlocuteur des élèves à difficulté, il semble nécessaire de compléter cette étude avec une autre étude menée auprès des élèves.

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[1] La lutte contre le décrochage scolaire, http://www.education.gouv.fr/cid55632/la-lutte-contre-le-decrochage-scolaire.html#Vaincre_le_decrochage_un_enjeu_de_cohesion_sociale

[2] Lutte contre le décrochage scolaire, http://eduscol.education.fr/pid23269/lutte-contre-le-decrochage-scolaire.html

[3] Article 4. Du décret n° 70 – 738 du 12 août 1970 relatif au statut particulier des conseillers principaux d’éducation, https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000874749

[4] Pelletier, L. et Alaoui, D. 2016. « Du décrochage provisoire au raccrochage scolaire : l’importance de la reconnaissance », Questions vives, n°25, http://questionsvives.revues.org/1918

[5] Thibert, R. 2013. « Le décrochage scolaire : diversité des approches, diversité des dispositifs », Dossier d’actualité Veille & Analyses IFE, n°84, http://edupass.hypotheses.org/221#A1

[6] Thibert, R. 2013. « Le décrochage scolaire : diversité des approches, diversité des dispositifs », Dossier d’actualité Veille & Analyses IFE, n°84, http://edupass.hypotheses.org/221#A1

[7] UNICEF. Globally, four out of five children of lower secondary school age are enrolled in school, https://data.unicef.org/topic/education/secondary-education/

[8] La lutte contre l’abandon scolaire : une contribution essentielle à la stratégie Europe 2020, http://ec.europa.eu

[9] Reducing early school leaving : key messages and policy support. Final report of the thematic working group on early school leaving, November 2013, http://ec.europa.eu/dgs/education_culture/repository/education/policy/strategic-framework/doc/esl-group-report_en.pdf

[10] Lutter contre le décrochage scolaire : éléments de comparaison internationale, http://www.education.gouv.fr/archives/2012/refondonslecole/wp-content/uploads/2012/09/consulter_la_comparaison_internationale_sur_le_decrochage_scolaire1.pdf

[11] Labbé, J. 2015.  Décrochage scolaire : des signes encourageants, http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/707722/baisse-taux-decrochage

[12] U.S Department of Education, National Center for Education Statistics. 2016. The condition of education 2016. Status Dropout Rates, https://nces.ed.gov/fastfacts/display.asp?id=16

[13] Ce qu’il faut savoir sur le décrochage scolaire, http://www.gouvernement.fr/ce-qu-il-faut-savoir-sur-le-decrochage-scolaire

[14] Dardier, A., Laïb, N. et Robert – Bobée, I. 2013. Les décrocheurs du système éducatif : de qui parle-t-on ? https://www.insee.fr/fr/statistiques/1288281?sommaire=1288298

[15] Lefresne, F. 2014. Réduire les sorties précoces : un objectif central du programme « Education et formation 2020 », https://www.insee.fr/fr/statistiques/fichier/1372522/FR-UE14_e_D4_education.pdf.

[16] Messina, M. 2014. Qui sont les jeunes en décrochage scolaire ? http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2014/11/21/qui-sont-les-jeunes-en-decrochage-scolaire_4527096_4355770.html

[17] OCDE. Panorama de la société 2016 : un éclairage sur les jeunes. La situation de la France, https://www.oecd.org/france/sag2016-france.pdf

[18] Messina, M. 2014. Qui sont les jeunes en décrochage scolaire ? http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2014/11/21/qui-sont-les-jeunes-en-decrochage-scolaire_4527096_4355770.html

[19] Pelletier, L. et Alaoui, D. 2016. « Du décrochage provisoire au raccrochage scolaire : l’importance de la reconnaissance », Questions vives, n°25, http://questionsvives.revues.org/1918

[20] Pelletier, L. et Alaoui, D. 2016. « Du décrochage provisoire au raccrochage scolaire : l’importance de la reconnaissance », Questions vives, n°25, http://questionsvives.revues.org/1918

[21] Bernard, P-Y et Michaut, C. 2014. « Marre de l’école » : les motifs de décrochage scolaire. Notes du CREN, https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01116426

[22] Bruno, F., Méard, J. et Walter, E. 2013. « Les dispositifs français de lutte contre le décrochage scolaire en collège : ce qui est prescrit et ce qui est mis en œuvre », L’orientation scolaire et professionnelle, 42 (4), https://osp.revues.org/4183

[23] Anton, N. et Davidenkoff, E. 2013.  Orientation : profs ou parents, qui est le mieux placé pour en décider ? http://www.atlantico.fr/decryptage/orientation-profs-ou-parents-qui-est-mieux-place-pour-en-decider-emmanuel-davidenkoff-et-nathalie-anton-902174.html

[24] Thibert, R. 2013. « Le décrochage scolaire : diversité des approches, diversité des dispositifs », Dossier d’actualité Veille & analyse IFE, n° 84, http://edupass.hypotheses.org/221

[25] Blaya, C. Décrochages scolaires : l’école en difficulté, http://concourscpe.e-monsite.com/medias/files/le-decrochage-scolaire-blaya.pdf

[26] Bernard, P-Y et Michaut, C. 2014. « Marre de l’école » : les motifs de décrochage scolaire. Notes du CREN, https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01116426

[27] Pelletier, L. et Alaoui, D. 2016. « Du décrochage provisoire au raccrochage scolaire : l’importance de la reconnaissance », Questions vives, n°25, http://questionsvives.revues.org/1918

[28] Blaya, C. et Fortin, L. 2011. « Les élèves français et québécois à risque de décrochage scolaire : comparaison entre les facteurs de risque personnels, familiaux et scolaires », L’orientation scolaire et professionnelle, 40 (1), http://osp.revues.org/2988

[29] Bernard, P-Y et Michaut, C. 2014. « Marre de l’école » : les motifs de décrochage scolaire. Notes du CREN, https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01116426

[30] Blaya, C. 2009. « L’absentéisme des collégiens : prévalence et caractéristiques », Les sciences de l’éducation pour l’ère nouvelle, 42 (4) : 39 – 58, http://www.cairn.info/revue-les-sciences-de-l-education-pour-l-ere-nouvelle-2009-4-page-39.html

[31] Blaya, C. et Fortin, L. 2011. « Les élèves français et québécois à risque de décrochage scolaire : comparaison entre les facteurs de risque personnels, familiaux et scolaires », L’orientation scolaire et professionnelle, 40 (1), http://osp.revues.org/2988

[32] Turkieltaub, S. 2011. « Absentéisme et décrochage », Journal du droit des jeunes, 4 (304) : 12 – 15, http://www.cairn.info/revue-journal-du-droit-des-jeunes-2011-4-page-12.htm

[33] Blaya, C. 2009. « L’absentéisme des collégiens : prévalence et caractéristiques », Les sciences de l’éducation pour l’ère nouvelle, 42 (4) : 39 – 58, http://www.cairn.info/revue-les-sciences-de-l-education-pour-l-ere-nouvelle-2009-4-page-39.html

[34] Turkieltaub, S. 2011. « Absentéisme et décrochage », Journal du droit des jeunes, 4 (304) : 12 – 15, http://www.cairn.info/revue-journal-du-droit-des-jeunes-2011-4-page-12.htm

[35] Blaya, C. et Fortin, L. 2011. « Les élèves français et québécois à risque de décrochage scolaire : comparaison entre les facteurs de risque personnels, familiaux et scolaires », L’orientation scolaire et professionnelle, 40 (1), http://osp.revues.org/2988

[36] Pelletier, L. et Alaoui, D. 2016. « Du décrochage provisoire au raccrochage scolaire : l’importance de la reconnaissance », Questions vives, n°25, http://questionsvives.revues.org/1918

[37] Reducing early school leavins : key messages and policy support. Final report of the thematic working group on early school leaving, November 2013, http://ec.europa.eu/dgs/education_culture/repository/education/policy/strategic-framework/doc/esl-group-report_en.pdf

[38] Cinq chiffres à retenir sur le décrochage scolaire, http://www.europe1.fr/societe/le-decrochage-scolaire-en-cinq-chiffres-2296137

[39] La prévention du décrochage scolaire, http://www.education.gouv.fr/archives/2012/refondonslecole/wp-content/uploads/2012/07/la_prevention_du_decrochage_scolaire.pdf

[40] Les conséquences économiques du décrochage scolaire, http://www.ctreq.qc.ca/wp-content/uploads/2016/05/Feuillet-de-sensibilisation_WEB.pdf

[41] Bruno, F., Méard, J. et Walter, E. 2013. « Les dispositifs français de lutte contre le décrochage scolaire en collège : ce qui est prescrit et ce qui est mis en œuvre », L’orientation scolaire et professionnelle, 42 (4), http://osp.revues.org/4183

[42] CIO-Centre d’information et d’orientation, http://www.ij92.net/le-reseau-ij/les-principaux-partenaires/cio-centre-dinformation-et-dorientation/

[43] « Ma seconde chance » : un service en ligne d’information et d’accompagnement pour les jeunes en situation de rupture scolaire, http://www.education.gouv.fr/cid67197/ma-seconde-chance-service-ligne-orientation-pour-les-jeunes-situation-decrochage.html

[44] Longhi, G. 2012. La persévérance scolaire comme alternative au raccrochage : un point de vue et des propositions de Gilbert Longhi, http://www.cahiers-pedagogiques.com/La-perseverance-scolaire-comme-alternative-au-raccrochage

[45] Qu’est-ce que la persévérance scolaire ? http://lachepaslecole.ac-versailles.fr/Qu-est-ce-que-la-perseverance-scolaire

[46] Pelletier, L. et Alaoui, D. 2016. « Du décrochage provisoire au raccrochage scolaire : l’importance de la reconnaissance », Questions vives, n°25, http://questionsvives.revues.org/1918

[47] La motivation des élèves, http://lewebpedagogique.com/compgreg/2009/01/18/la-motivation-des-eleves/

[48] Société : les mesures du plan en faveur des 16 – 25 ans, http://www.vie-publique.fr/actualite/alaune/societe-mesures-du-plan-faveur-16-25-ans.html

[49] Présidence de la République. 2009. « Agir pour la jeunesse », Dossier de presse, http://i.ville.gouv.fr/index.php/sfPropelFileAssoc/download/file_id/3457

[50] Plan agir pour la jeunesse, un an après : des résultats pour écrire une nouvelle étape de la politique en faveur des jeunes, http://www.jeunes.gouv.fr/IMG/pdf/BilanAgirJeunesse_livret_BD.pdf

[51] De Méritens, P. 2012. Quel avenir pour la jeunesse ? », http://www.lefigaro.fr/lefigaromagazine/2012/04/12/01006-20120412ARTFIG00756-quel-avenir-pour-la-jeunesse.php

[52] Les réseaux « Formation qualification emploi » (FOQUALE) et la stratégie Europe 2020, http://eduscol.education.fr/cid48493/reseaux-formation-qualification-emploi-foquale.html

[53] L’organisation de la lutte contre le décrochage scolaire, http://www.ac-versailles.fr/cid105255/l-organisation-de-la-lutte-contre-le-decrochage-scolaire.html

[54] Prévention et lutte contre le décrochage scolaire, http://www.ac-clermont.fr/fileadmin/user_upload/Orientation/Christelle_-_MLDS/FOQUALE/Descriptif_actions_et_sch%C3%A9ma_d%C3%A9crochage__FOQUALE_02122015.pdf

[55] Reyna, R. 2011. State policies to reengage dropouts, https://www.nga.org/files/live/sites/NGA/files/pdf/1107REENGAGEDROPOUTS.PDF

[56] School drop out prevention policy, http://www.essay.uk.com/free-essays/education/school-drop-out.php

[57] Politiques et dispositifs de raccrochage scolaire, http://www.ciep.fr/sites/default/files/atoms/files/biblio-flash_politiques-dispositifs-raccrochage-scolaire.pdf

[58] Vergne, F. 2010. « Décrochage et décrocheurs : comprendre et agir », Rapport sur le décrochage scolaire, https://www.ac-clermont.fr/fileadmin/user_upload/Orientation/Banque_dossier_2013/Decrochage_Francis_VERGNE.pdf

[59] Armand, A., Bisson-Vaivre, C., André, B., Goyheneix, J., Saget, P., Vibert, A., Lhermet, P., Bargas, D., Floreck, C., Ravat, J-C, Sultan, P. et Taupin, A. 2013.  « Agir contre le décrochage scolaire : alliance éducative et approche pédagogique repensée »,  Rapport à Monsieur le ministre de l’Education nationale, Mme la ministre déleguée chargée de la réussite éducative, http://cache.media.education.gouv.fr/file/2013/64/9/2013-059-rapport-Agir-contre-le-decrochage-scolaire_278649.pdf

[60] Vendredi 11 : lancement des alliances éducatives, http://www.ac-amiens.fr/593-vendredi-11-lancement-des-alliances-educatives.html

[61] Bruno, F., Méard, J. et Walter, E. 2013. « Les dispositifs français de lutte contre le décrochage scolaire en collège : ce qui est prescrit et ce qui est mis en œuvre », L’orientation scolaire et professionnelle, 42 (4), http://osp.revues.org/4183

[62] Epstein, M. 2014. « S’inspirer des établissements qui pratiquent l’accrochage scolaire actif pour trouver sa solution ». Actes du 2ème colloque international du LASALE sur le décrochage scolaire, Mai 2014, Luxembourg, https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01363243

[63] Condette, S. 2014. « Conseiller (e) principal (e) d’éducation : évolutions et enjeux professionnels d’un métier méconnu », Recherches & éducations, n°11, http://rechercheseducations.revues.org/2065

[64] Barthélémy, V. 2014. « Le Conseiller Principal d’Education au cœur de la vie scolaire : électron libre ou atome crochu dans ses relations aux acteurs ? », Recherches & éducations, n°11, http://rechercheseducations.revues.org/2095

[65] Condette, S. 2013. « Etat de la recherche sur le métier de conseiller principal d’éducation », Carrefours de l’éducation, 1 (35) : 105 – 131, https://www.cairn.info/revue-carrefours-de-l-education-2013-1-page-105.htm

[66] Barthélémy, V. 2014. « Le conseiller principal d’éducation au cœur de la vie scolaire : électron libre ou atome crochu dans ses relations aux acteurs ? »  Recherches & éducations, n°11, http://rechercheseducations.revues.org/2095

[67] Barthélémy, V. Conseiller principal d’éducation, une spécificité française en mutation suite à la masterisation ? http://www.education-revue-afae.fr/pdf/conseiller%20principal%20d%20education%20une%20specificite%20francaise%20suite%20a%20la%20masterisation.pdf

[68] Clavier, L. 2014. « L’évaluation des conseillers principaux d’éducation. De l’adéquation d’un outil en décalage avec l’évolution d’un outil en décalage avec l’évolution de la professionnalisation des CPE », Recherches & éducations, n°11, http://rechercheseducations.revues.org/2060

[69] Ministère de l’éducation nationale. Les métiers de l’éducation nationale : conseiller principal d’éducation, http://www.education.gouv.fr/cid1069/conseiller-principal-d-education-c.p.e..html

[70] Condette, S. 2014. « Conseiller (e) principal (e) d’éducation : évolutions et enjeux professionnels d’un métier méconnu », Recherches & éducations, n°11, http://rechercheseducations.revues.org/2065

[71] Gasparini, R. 2011. « La note de vie scolaire. Tensions autour des principes de justice à l’école », Déviance et société, 35 (4) : 531 – 553, http://www.cairn.info/revue-deviance-et-societe-2011-4-page-531.htm

[72] Grimault – Leprince, A. 2014. « Réguler les désordres au collège. Pourquoi la coopération entre enseignants et conseillers principaux d’éducation est-elle problématique ? », Recherches & éducations, 11 : 51 – 65, http://rechercheseducations.revues.org/2049

[73] Favreau, M. « Un  métier de « l’entre-deux portes ? » », http://www.cahiers-pedagogiques.com/Un-metier-de-l-entre-deux-portes

[74] La collaboration CPE – professeur principal, http://cpe.ac-dijon.fr/spip.php?article127

[75] Favreau, M. « Un  métier de « l’entre-deux portes ? » », http://www.cahiers-pedagogiques.com/Un-metier-de-l-entre-deux-portes

[76] Présentation des CPE et les assistants d’éducation, http://www.lycee-international.ac-versailles.fr/spip.php?article499

[77] Prévenir le décrochage, une démarche collective, http://www.onisep.fr/content/download/762694/14284679/file/Mallette%20GPDS%20de%20Creteil.pdf

[78] Mikailoff, N. et Rouw, C. 2015. « L’implication du conseiller principal d’éducation dans un collectif de travail pour accompagner les élèves dans leurs parcours scolaire ». Actes de la Biennale internationale de l’Education, de la Formation, et des Pratiques professionnelles : « Coopérer », Paris, France, juin 2015, http://labiennale.cnam.fr/la-biennale-2015/

[79] Etre conseiller principal d’éducation aujourd’hui : contribution du SNES au métier de CPE, https://www.snes.edu/IMG/pdf/contribution_du_snes_au_metier_de_cpe.pdf

[80] Cahier des charges : fiche de repérage d’un élève décrocheur, http://www4.ac-nancy-metz.fr/lio/mlds/documents/fse/banque_outils/referents/1/13_1.pdf

[81] Barthélémy, V. Conseiller principal d’éducation, une spécificité française en mutation suite à la masterisation ? http://www.education-revue-afae.fr/pdf/conseiller%20principal%20d%20education%20une%20specificite%20francaise%20suite%20a%20la%20masterisation.pdf

[82] Prévenir le décrochage, une démarche collective, http://www.onisep.fr/content/download/762694/14284679/file/Mallette%20GPDS%20de%20Creteil.pdf

[83] Absentéisme scolaire, http://eduscol.education.fr/cid46689/absenteisme-scolaire.html

[84] Fiche métier : conseiller principal d’éducation/ conseillère principale d’éducation, http://www.onisep.fr/Ressources/Univers-Metier/Metiers/conseiller-principal-d-education-conseillere-principale-d-education

[85] Absentéisme scolaire, http://eduscol.education.fr/cid46689/absenteisme-scolaire.html

[86] Barthélémy, V. Conseiller principal d’éducation, une spécificité française en mutation suite à la masterisation ? http://www.education-revue-afae.fr/pdf/conseiller%20principal%20d%20education%20une%20specificite%20francaise%20suite%20a%20la%20masterisation.pdf

[87] Mikailoff, N. et Rouw, C. 2015. « L’implication du conseiller principal d’éducation dans un collectif de travail pour accompagner les élèves dans leurs parcours scolaire ». Actes de la Biennale internationale de l’Education, de la Formation, et des Pratiques professionnelles : « Coopérer », Paris, France, juin 2015, http://labiennale.cnam.fr/la-biennale-2015/

[88] Favreau, M. « Un métier de « l’entre-deux portes ? » », La vie scolaire : l’affaire de tous ? n°485, http://www.cahiers-pedagogiques.com/Un-metier-de-l-entre-deux-portes

[89] Grimault – Leprince, A. 2014. « Réguler les désordres au collège. Pourquoi la coopération entre enseignants et conseillers principaux d’éducation est-elle problématique ? », Recherches & éducations, 11 : 51 – 65, http://rechercheseducations.revues.org/2049

[90] Baluteau, F. 2009. « La division du travail pédagogique dans les établissements secondaires français », Socio-logos, 4, https://socio-logos.revues.org/2308

[91] Vitali, C. 2014. « La formation peut-elle changer le métier ? Analyse du référentiel des compétences du conseiller principal d’éducation », Recherches & éducations, n°11, http://rechercheseducations.revues.org/2112

[92] Jarraud, F. 2016. Que sait-on du conseiller principal d’éducation ? http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2016/03/29032016Article635948351160179127.aspx

[93] Dispositif anti-décrochage du collège Emile Zola, http://eduscol.education.fr/experitheque/fiches/fiche10270.pdf

[94] Dispositif anti-décrochage du collège Emile Zola, http://eduscol.education.fr/experitheque/fiches/fiche10270.pdf

[95] Définitions marketing. « Définition : entretien semi-directif », https://www.definitions-marketing.com/definition/entretien-semi-directif/

[96] Euréval. Réaliser un entretien semi-directif, https://eureval.files.wordpress.com/2014/12/ft_entretien.pdf

[97] Conseiller principal d’éducation – CPE – dans la fonction publique d’Etat : statut – avancement – salaire, http://infosdroits.fr/conseiller-principal-deducation-cpe-dans-la-fonction-publique-detat-statut-avancement-salaire/

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