Mémoire portant sur le jugement d’acceptabilité dans le devenir de nos ainés.
PLAN
INTRODUCTION
CHAPITRE I. CADRE THEORIQUE ET ELABORATION DE LA PROBLEMATIQUE
- Le Vieillissement et la vieillesse
1.1. Le vieillissement : un processus biologique
1.2. La vieillesse : une construction sociale
1.3. La personne âgée
1.4. Autonomie et dépendance
- Le Vieillissement démographique
- Le vieillissement de la population Française
3.1. Les personnes âgées de plus de 60 ans
3.2. Le phénomène des centenaires
3.3. Les revenus, les biens et le mode de vie des personnes âgées
3.4. Les chiffres de la dépendance
- Maintien à domicile ou Placement
4.1. Essai de conceptualisation
4.2. Relation patient-famille
4.3. Relation soignant-soigné
4.4. Etat des lieux en France
- Les différentes formes de Placements en France
- La politique Française du Placement
- L’éclatement de famille et ses conséquences
- L’élaboration de la problématique et des questions de recherche
CHAPITRE II. LA METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
- Présentation de la Méthode Andersonien
- Présentation du plan expérimental
- Les sujets
- Le Matériel
- Procédure
CHAPITRE III. LES RESULTATS
CHAPITRE IV. DISCUSSION
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
INTRODUCTION
Mon mémoire a pour objet : « Le jugement d’acceptabilité dans le devenir de nos ainés ». En effet, nous seront tous, un jour ou l’autre, confrontés à cette question : placer ou ne pas placer nos aînés, c’est-à-dire un membre âgé de la famille, pouvant être soit le père, la mère, un oncle ou encore une tante. Aussi, face à un manque de temps, de moyens financiers ou encore au manque de volonté pour la prise en charge de nos parents âgés, nous optons ou non de les placer en institutions.
Dans un premier temps je vais essayer de dégager les termes clés qui reviennent le plus souvent dans ce mémoire de recherche et qui sont notamment : le jugement d’acceptabilité, les aînés, la perception sociale.
- Le jugement d’acceptabilité: est un terme usuel, auquel Brunson (1996) présente une définition conceptuelle dans laquelle il illustre une distinction importante entre le terme « acceptabilité » et « acceptabilité sociale ». Il définit dans un premier temps l’acceptabilité comme étant une condition qui résulte d’un processus de jugement par lequel les individus comparent la réalité perçue avec ses alternatives connues. Ce jugement d’acceptabilité, comme le dit si bien Brunson, est le fait d’accepter une réalité correspondant à ce dont on a besoin de savoir sur un sujet donné. Ainsi, le jugement d’acceptabilité correspond au jugement propre à l’individu, avec toutes les références possibles ainsi que les expériences relatives à son propre jugement et aux bénéfices qui en sortiront. Ce qui intéresse cette recherche c’est le jugement d’acceptabilité de l’entourage par rapport au placement des aînés dans les maisons spécialisées, la motivation qui en sort et les bénéfices qui en résultent.
- Les aînés: est un mot-clé sur lequel tourne la recherche. Le mot « aîné » est un terme qui se raréfie mais l’on a préféré l’utiliser en raison de la marque de respect dans notre culture que ce terme semble présenter. Toutefois, actuellement, le terme le plus usité correspond à « la vieille personne ». Dans cette optique, on trouvera plus le terme « aîné » plutôt que « vieille personne ».
- La perception sociale : est un terme pour essayer d’exprimer le qu’en dira-t-on, un aspect qui sera mis au-devant de la scène pour éclairer la prise de décision dans le placement de nos aînés.
Pour comprendre et expliquer ce phénomène, on va partir de 4 indicateurs.
- Le placement (2 indicateurs)
- Acceptation de la part de l’aîné
- Non acceptation de sa part
- Les enfants et la finance (4 indicateurs)
- Les enfants décident de s’en occuper
- Les enfants décident du placement avec l’aide financière
- Les enfants décident de s’en occuper sans aide financière
- L’un des parents financent le placement
- La proximité du domicile / proximité des enfants (2 indicateurs)
- A la retraite (proche ou éloigné)
- Eloigné et en activité
- Point de vue intellectuel (2 indicateurs)
- Déclin au niveau cognitif
- Pas de déclin.
Avec ces quatre variables, l’axe de cette recherche est centré sur ce qui peut motiver à vouloir accepter d’institutionnaliser les parents, les grands-parents, les oncles ou les tantes alors que d’autres vont s’acharner à les garder chez soi. « Les conduites qui peuvent être observables et se traduire par une action, ou latentes et refléter une estimation ou un jugement, sont dans tous les cas, les résultantes des processus de traitement appliqués aux informations »[1].
Une des études qui me semble être le plus proche de mon questionnement est une étude intitulée « La personne âgée et le placement en institution ». Cette étude articule sa problématique sur le placement en institution de la personne âgée, tout en ayant parlé de la vieillesse et de son lot de dépendance qu’elle peut amener. Et qu’ainsi cette dépendance peut induire un placement dans une institution donnée selon le degré de dépendance de la personne âgée ; elle s’interroge dès lors sur le consentement de la personne âgée et de la notion d’éthique que s’octroie son entourage de placer leur aîné. Selon une étude antérieure faite au moins un tiers des cas des personnes âgées ont été placées sans leur consentement.
Je rebondis sur ce volet en tant que chercheur et je m’interroge sur quels critères l’entourage de la personne âgée s’octroie-t-il le droit de placer leur aîné dans une institution? C’est ce que ma recherche et mon étude va essayer de répondre.
Ceci débouche sur mes questions de recherche : est-ce que les indicateurs ci-haut cités interviendraient dans nos décisions ?
Dans ce mémoire de recherche l’accent sera plus mis sur l’indicateur 2 et l’indicateur 4 constitués par le volet des enfants et de la finance et celui du déclin cognitif de la personne âgée ; on essaiera de corréler le fait que l’entourage de la personne âgée, en l’occurrence ses enfants, vont pouvoir s’occuper de leurs parents déficients ou pas et ce qui motive le choix du placement de la personne âgée.
CHAPITRE I. CADRE THEORIQUE ET ELABORATION DE LA PROBLEMATIQUE
La difficulté pour le parent âgé dans l’acceptation de sa mise en institution, si elle a lieu, est le plus souvent relative à son non consentement au placement. Cette notion de consentement qui peut recouvrir des situations fort différentes reste très vague et prévoit le recours à l’entourage familial, parfois contre l’avis du sujet âgé. Aussi, la question du consentement revient souvent face à la réalité de la mise en institution. En effet, une demande ou donner un avis en vue de l’ouverture d’une mesure de protection peut être nécessaire selon l’altération des facultés mentales du patient. Ceci découle de l’appréciation de la capacité du patient à approuver le besoin d’hospitalisation.
Par ailleurs, pour la famille, le vieillissement, la maladie, le placement d’un proche, constituent des contextes difficiles qui engendrent souvent des troubles importants au cœur des relations familiales. C’est pour cette raison qu’il difficile pour les proches, de maintenir un lien de qualité avec le parent âgé.
La mise en institution d’un proche est d’autant plus difficile pour la personne concernée que sa famille, mais cette rupture est plus difficile surtout quand la personne n’a pas vraiment consenti à son placement, qui est encore souvent le cas, où la décision de mise en institution n’est pas volontaire mais émane d’une tierce personne. Cela s’inscrit dans les cas où la famille, épuisée par la prise en charge de son parent dépendant depuis trop longtemps, apparaît comme une solution de dernier recours.
Entre la décision de la mise en institution et le moment du placement, surtout quand le parent est concerné par une récente hospitalisation ou une pathologie quelconque, le temps à la préparation psychologique même de la personne âgée manque occasionnant l’ignorance du parent mais surtout un sentiment de trahison de sa famille et qui l’en éloigne, compliquant encore plus son adhésion au nouvel environnement qui l’attend.
La famille est obligée de choisir entre son parent âgé et le retour à une vie normale, depuis longtemps entravée par la lourde responsabilité de prendre en charge de son parent, qui leur est, désormais, limitée à un certain moment, apparaît comme une réalité déchirante. Cela l’est d’autant plus pour la personne âgée qui devra faire face et s’adapter à un monde qu’elle ne connaît pas, où elle devra réapprendre à vivre sans ses proches et surtout dans l’optique d’une fin de vie proche et loin des siens. Dans la plupart des cas, la personne âgée n’a plus la capacité de prendre la décision d’intégrer une institution. Dans ces cas là, elle doit être en faite en coordination entre la famille et les professionnels. Privilégier un dialogue ouvert et franc est nécessaire pour mettre la famille et la personne âgée en confiance sur l’entourage sécurisant de l’institution et la compétence du personnel. La famille est en charge de rassurer son parent sur le fait qu’on ne se « débarrasse pas d’elle », mais que dans son intérêt, il est nécessaire de choisir la meilleure solution selon le contexte.
Dans les paragraphes qui suivent, nous allons, ainsi, essayer de définir les divers concepts qui recoupent notre problématique.
- Le Vieillissement et la vieillesse
Effectivement, il est compliqué de donner une définition à la vieillesse en raison des nombreux mots mis en jeux tels qu’individus âgés, vieux, avancé, retraite… Il est peu facile de pouvoir constater à quel moment de la vie commence-t-elle cette vieillesse. Exactement, c’est dans ce sens plutôt commun que le bât est blessant, qu’une idée de « prénotions » apparaisse, déjà prédit par Durkheim[2]. Si la liste des « personnes âgées » est établie à partir de 60 ans, alors les personnes qui ont cet âge n’accepteraient pas une statistique comme telle. On ne peut commencer que par une seule évidence, la vieillesse a énormément changé. Dès ce moment-ci, pour tout le monde elle se transforme, quoique liée à des différences non négligeables, en une phase naturelle dans la vie. Les organismes de Sécurité sociale liées à l’évolution importante de la science médecine ont autorisé d’élargir la période de la retraite. Pourtant dans les années 50, une personne qui part à la retraite à l’âge de 65 ans espère encore pouvoir vivre 12 ans, actuellement l’espérance de vie à 60 ans pour les hommes est supérieure à vingt ans et celle des femmes vingt cinq ans. Cette statistique élémentaire entraine néanmoins des résultats clairement compliqués au sein de la régularité sociale, de l’assimilation, des attitudes sociales de ces nouveaux classements du peuple. Avec ce changement, la vision sociologique s’est transformée. La ration élevée de la population âgée et sa qualification en tant qu’objectif des diplomaties du peuple, à partir de 1960 combiné particulièrement au rapport Laroque, ont incité à poser un regard sur ce parti, amenant les participations des spécialistes en sociologie et l’installation de projets d’étude. On constate également la conception sociologique qui se pluralise, on ne considère plus l’appartenance de classe telle qu’omnisciente et totalisante. Les activités se sont surtout orientées sur les expériences individuelles de la vieillesse. Par conséquent, il n’est plus question de vieillissement comme d’une attitude mais comme d’un mécanisme.
Parallèlement avec l’installation des organismes de Sécurité sociale et l’innovation de la retraite, les conceptions s’effectuent. Au XIXe siècle, l’idée des retraites modernes s’est entamée par laquelle Vincent Caradec a exposé son premier chapitre. C’est à la fin du XIXe siècle que l’innovation de la retraite, étant une compensation pour les efforts fournis au sein de l’entreprise, se distingue par rapport à celle qui était comme une sorte de préservation contre l’inaptitude. La vieillesse a fini par être respecté pour elle-même et non juste en tant que signe d’inaptitude du corps. Avec l’installation des systèmes de retraite, l’âge semble être une difficulté sociale et conduit à une nécessité d’aide publique. Un placement capital des politiques du vieillissement est mis en œuvre par la constitution du droit social à la retraite jusqu’en 1960, comme l’indique Anne-Marie Guillemard[3]. Actuellement, en France et dans d’autres pays industrialisés également, la retraite resurgit dans le carnet politique au milieu de deux problématiques : les arrêts de métier et le changement des structures de retraite. Le consentement, instauré petit à petit sur la légitimité et la légalité de sortie devancée du contrat de travail des vieux employés, permet à sa remise en question. Des prises de précautions ont d’une part diminué le passage vers les processus publics de retraite anticipée et d’autre part amplifié le renvoi des employés âgés de 50 ans (imposition Delalande), dont l’objectif est dès ce moment-ci de privilégier l’extension du monde professionnel des personnes entre 55 à 64 ans. Les caractéristiques de l’accès à la retraite ont été énormément transformées, selon Anne-Marie Guillemard ces renouvellements participent à une dégradation des trois éléments constitutifs du cycle de vie qui existait au niveau de l’entreprise industrielle salariale. Pourtant toute la vieillesse n’est pas constituée par les retraités. D’autres divisions définissent à nouveau les limites. L’expression «troisième âge» a rencontré une vaste transmission en 197. En effet, en conduisant une moralité d’activisme de la retraite, ce terme moderne est expliqué différemment vis à vis de la vieillesse, le « troisième âge» convoitant à devenir une récente jeunesse. En s’expliquant à l’encontre de la vieillesse, le « troisième âge» a négligé le côté le plus vieux de la population. Un moment nommé « quatrième âge », cette union a été vite dénommée aux « personnes âgées dépendantes », dont un nouveau processus de politique sociale leurs est destiné. En 1970, les praticiens spécialistes en gériatrie ont été les premiers à aborder la soumission au sujet des handicaps physiques des individus âgés. Au commencement des années 90 surgit le mot senior. Ce terme provient du monde du marketing. Il a rencontré une vive prouesse et a été évident pour indiquer les gens à partir de 50 ans, quelquefois les personnes à partir de 60 ans également, (c’est le cas de la « carte senior» de la SNCF), ou les individus à partir de 55 ans, et même à partir de 45 ans (dans le cas où l’on se concentre sur les employés âgés). La prouesse du concept ressort de sa confusion et de son incertitude. Toutes ces expressions ont un enjeu de « délimiter » le vieillisse c’est-à-dire que celle-ci est attestée par la diversité des expressions de ses images sociales.
1.1. Le vieillissement : un processus biologique
« Le vieillissement est certainement le phénomène biologique le plus équitablement partagé à travers le règne animal et végétal, même si certains êtres vivants vieillissent très vite, d’autres plus lentement, tandis que quelques-uns ne semblent pas subir la sénescence »[4].
Pour définir ce fait, de nombreuses conceptions existent. Zhorès Medvedev (1990) a évalué plus de trois cents théories dont il a classifiées en sept sous-groupes :
– conceptions créées à partir des changements avec l’âge (dégradation des organes),
– conception créées à partir d’une blessure (« dommage »),
– conceptions établies de l’hérédité,
– conceptions relatives à l’évolution,
– conceptions particulières des tissus,
– conceptions systématiques et physico-systématiques,
– conceptions normalisées (rassemblent plusieurs formes de conceptions passées).
Néanmoins, la plupart des spécialistes tombe d’accord à admettre que l’on ne peut réduire le vieillissement à une seule origine, en revanche celui-ci est le fruit de différents éléments classés physiologiquement, socialement et individuellement.
Le vieillissement peut être défini par l’ensemble des changements survenant avec la maturité de l’âge et réduisant la ténacité et la souplesse physique à son entourage. Ce fait naturel doit être séparé du vieillissement lié à la pathologie qui est activé ou contracté par des incommodités ou souffrances.
Le fait de cieillir, c’est demeurer, c’est atteindre la limite distinctive à chaque être, également se transformer dans le temps qui est connu par définitif. En 1960, les propriétés du vieillissement ont été exposées par Strelher biologiste : il est relatif à tout le monde, évolutif, inhérent et constitue une forme de dégradation (aujourd’hui, on évoque plutôt les problèmes d’accommodation).
Par conséquent, le fait de vieillir n’est pas une souffrance mais cela est juste inévitable dans la destinée humaine. Cependant, depuis toujours, l’homme a essayé de modérer les conséquences du vieillissement par l’emploi d’élixirs, de substances broyées et aussi par des précautions de propreté de vie. Dès lors, le Dictionnaire universel de médecine implante en 1747, le terme « gérocomie » qui veut dire : « la partie de la médecine qui prescrit un régime aux vieillards ».
Le mot « gériatrie » provient du grec gerôn ou gerontos qui veut dire « vieillard », surgit en 1915 pour indiquer la science de la vieillesse. Le terme « gérontologie » provient après dans les années 50. Deux définitions lui sont attribuées par le dictionnaire Robert:
– science des faits, des difficultés liées au vieillissement du corps de l’être humain.
– science de la vieillesse (étude des relations sociales et traitements des malades).
Une signification du terme a ainsi été tirée de la vieillesse biologique d’un côté alors que d’un autre côté le sens du mot indique plutôt le vieillissement social.
La fable de la jeunesse continuelle occasionne, pendant des siècles, à plusieurs antidotes desquels le constituant est plaisant actuellement. Par exemple, autrefois, il est prescrit d’avaler le sang d’un bébé ou le lait maternel. Puis après, on produit et on incorpore des « liquides organiques » provenant des glandes génitales animales pour rendre la vitalité des organismes qui vieillissent. Cependant, aujourd’hui on adhère dans la perpétuation de cette résistance à l’emploi de l’organisme et l’idée représentative surgit sur des substances provenant de liquide amniotique ou d’embryons d’animaux. Ce sont des « images du commencement de la vie »[5].
Manque de possibilité de consentir à la jeunesse éternelle, l’homme garde la certitude d’écarter les limites de la vie d’où l’enchantement avec dégoût qu’il ressent pour les personnes âgées de 100 ans. Comme le dit Trincaz, Dieu est le seul éternel : « L’objectif est bien plutôt de pérenniser la vie, de reculer toujours plus loin l’échéance de la mort, tout en restant jeune ou du moins tout en conservant les attributs de la jeunesse ».
1.2. La vieillesse : une construction sociale
On mélange en général vieillissement et vieillesse. Si on reconnait le vieillissement au sein des divers symptômes identifiables par tous, surtout sur l’organisme, les apparences de la vieillesse sont beaucoup plus imprécises.
La référence sur l’âge ne suffit pas alors que c’est celle-ci qui a été prélevée par les spécialistes de la démographie pour déterminer la période du commencement de la vieillesse. Les probabilités sur les individus âgés, au XXe siècle, sont reposées alternativement sur les personnes à partir de 60 ans et sur les personnes à partir de 65 ans. Aujourd’hui, le nombre de 60 ans est généralement supposé en tant que le début des recherches.
Jacques Bertillon dans son milieu, l’un des créateurs de l’Ecole française de démographie à la fin du XIXe siècle, et Alfred Sauvy, spécialiste de la démographie du début du XXe siècle, la pensée de vieillissement des Français est inévitable. Ainsi, les mauvaises représentations de la vieillesse s’imposent : « La démographie nous enseigne que cet abaissement de la mortalité serait suivi, toutes choses égales d’ailleurs, d’un abaissement de la natalité. On aura donc une population plus âgée, plus chétive, mais non pas plus nombreuse »[6].
Selon P. Bourdelais, « La prégnance de la catégorie statistique des plus de 60 ans, vieillards, utilisée continûment depuis le XVIIIe siècle jusqu’à la seconde guerre mondiale, a peu à peu défini une catégorie et conduit à une telle acceptation de l’immuabilité du seuil de la vieillesse que les analyses sociales, la politique de la vieillesse et les perspectives démographiques s’en trouvent profondément marquées »[7]. Pour intervertir les probabilités de population, ce chercheur suggère un âge changeant, autrefois, d’accès dans la vieillesse, en se posant la question ci-après : « A quel âge devrait se situer le seuil d’entrée dans la vieillesse pour que la part des personnes âgées ne s’accroisse pas dans la population française ? ».
« Les catégories d’âge ne sont pas seulement des éléments structurants de la société, elles en sont aussi le produit »[8]. Débutant de l’idée d’évaluation des âges dans la société, L. Rosenmayr a essayé d’exposer une étude sociologique des âges de la vie. D’après celui-ci, la structure sociale, notamment le morcellement de l’emploi, agit sur la périodicisation des âges. Il développe que deux nouvelles classes sociales sont nées sous l’emprise du capitalisme industriel à la fin du 19ème siècle. Ce sont la catégorie de la retraite et la catégorie de l’adolescence.
Autrefois, l’entrée à la retraite symbolise l’accès dans la classe sociale des individus âgés. Néanmoins, le changement économique et les difficultés du travail, qui ont conduit à l’installation des retraites anticipées, entraine la variation de l’âge d’entrée à cette classe. Anne-Marie Guillemard pouvait aussi écrire que : « Une nouvelle définition de la vieillesse se construit sous nos yeux qui commencerait plus tôt dans le cycle de vie (dès 50 ans pour certains travailleurs de la sidérurgie)…».
Les études de P. Bourdelais, Rosenmayr et Guillemard, dont un aperçu vient d’être constaté, représentent totalement la forme injustifiable de la notion de vieillesse. Saül Karsz a développé que la vieillesse est une instauration sociale : « une chose est de constater qu’en effet la vieillesse est un fait, une autre d’examiner le statut effectif de ce fait, le registre précis dont il relève. Registre du réel, telle l’économie ou la biologie, ou registre de l’imaginaire, celui des croyances et des représentations ? »[9].
Pour accéder dans cette classe universelle que la vieillesse évoque, il existe deux exigences nécessaires : la volonté personnelle et la sommation vieillesse. Les individus qui sont plus vieux que d’autres d’une manière chronologique, comme les désigne S. Karsz, sont obligés d’ accepter de franchir dans la vieillesse. La volonté de la personne peut surgir délibérément ou de façon inconsciente et peut prendre l’aspect de la contestation. Il se fonde dans la dissemblance à l’égard d’une autre personne qui « procède à un rappel à l’ordre ». La sommation vieillesse inclus une règle d’évidence et participe à la « (re)socialisation des personnes chronologiquement âgées ».
Volonté personnelle et sommation vieillesse entrent ensemble dans une situation historique hors du commun, donnant les apparences de l’instauration sociale de la vieillesse. Le spécialiste de la sociologie désigne trois constituantes importantes à cette instauration :
– un fondement matériel, la vieillesse biologique.
– la traduction naturaliste de ce vieillissement appelée « lecture biologiste de la biologie » : c’est la contestation des informations historiques de la vieillesse et des spécificités de chaque espèce.
– la croissance des études de la vie (étude biologique, physiologique, gérontologique, …) qui fournissent un fondement abstrait à la structure de la vieillesse.
La vieillesse est donc le fruit des réciprocités entre la personne et l’entourage social. La vieillesse reste toujours un fait imprévisible, que l’on accède de façon brutale ou insidieusement.
1.3. La personne âgée
Selon le contexte, le concept de personne âgée varie. En effet, la complexité du vieillissement réside dans la progression. Selon l’OMS, une personne âgée est définie à partir de l’âge de 60 ans, âge ayant retenu, pour certaines dispositions sur les personnes âgées, dans le système de réglementation français.
Dans le domaine gériatrique, notamment en termes de fragilité, perte d’autonomie, ou encore de polypathologies, les problématiques concernent surtout les sujets de 80 ans, et moins les sujets âgés de 60 à 70 ans. Pratiquement, bien plus que l’âge civil, c’est la vulnérabilité qui cerne les personnes relevant de la gériatrie. Bien effectivement, aucun âge particulier ne renvoie à l’entrée dans la vieillesse, mais plutôt à un état d’inaptitude fonctionnelle subjective ou objective selon les personnes âgées elles-mêmes.
En termes d’effectif, la part des personnes âgées de 60 ans ou plus a eu tendance à augmenter pendant une période de 50 ans, atteignant 21% actuellement.
Dans ce sens, Michel DUEE et Cyril REBILLARD déclarent : « La population des 75 ans et plus sera ainsi multipliée par 2,5 entre 2000 et 2040, pour atteindre plus de 10 millions de personnes en France…. Chez les hommes comme chez les femmes, le taux de dépendance reste faible jusqu’à 75 ans, puis augmente rapidement avec l’âge. L’âge moyen des dépendants est de 78 ans pour les hommes et 83 ans pour les femmes ».
Selon Alexandre Manoukian: « Le vieillissement est par définition une source extraordinaire d’expériences. Quelles soient heureuses ou non, voulues ou non, ces expériences représentent des sommes d’informations pour lesquelles la mémoire, le jugement mais aussi l’attention, la concentration sont nécessairement sollicités. Ainsi, le vieillissement normal accroit la masse de connaissance d’un individu, c’est son effet positif. Mais, alors que les capacités intellectuelles sont toujours actives, il est souvent à l’origine d’une baisse de la performance. […] ». Il existe plusieurs façons d’appréhender la vieillesse.
La manière positive énoncée par A. Manoukian se rapproche au plus près des valeurs qui devraient être communes à chaque soignant amené à prendre en charge des personnes vieillissantes. Cependant, une valeur étant abstraites chaque personne va développer ses équivalences concrètes sous forme de représentation réels de ce quelle signifie. Ceci va permettre aux valeurs de vivre et de se transformer au contact de la réalité quotidienne et de notre développement émotionnel, philosophique et spirituel.
L’OMS a officiellement choisi l’âge du départ à la retraite comme passage vers le 3ème âge.
Il faut donc appréhender le mécanisme de vieillissement, neutralisé et conditionné par le spécialiste en sociologie, et l’expérience de la maturité en âge. Caradec établi avant tout une déviation par les conceptions de la libération et du détachement. Elaine Cumming et William Henry[10] suggèrent un regard du vieillissement habituel suivi d’une libération de l’individu qui vieillit, s’interprétant par une réduction de responsabilités de la personne dans la société, par une diminution de ses réciprocités sociales et par une transformation de ses liaisons qui sont à l’avenir plus focalisées sur les rapports émotifs et peu sur le lien fonctionnel. La libération est un mécanisme pratique qui permet de se rapprocher d’une stabilité, elle est mutuelle, irrémédiable et universelle. Quoique quelques jugements fondamentaux aient revendiqué les bases de ces études, on constate actuellement des continuations de ces études, étudiant la convention des individus âgés dans des « mondes sociaux »[11]. L’étude sociologique du vieillissement a métamorphosé d’aspect, en laissant les conceptions fonctionnalistes de la célérité et de la libération des analyses constructivistes et interactionnistes. Elle s’est souciée, en tant que telle, au vécu du vieillissement classée près de deux vécus : le fait de commencer à devenir vieux, et le fait d’être vieux. Dans ces mécanismes, les autres surviennent de manière capitale, si bien que vieillissement est avant tout un fait relationnel. Les rapports maintenus avec la société et les réciprocités habituelles sont co-producteurs du vieillissement, également ils servent de supports du mécanisme. Questions sur leurs facultés, faute de résignation ou comportement protecteur ou complaisant sont également des indices qui, pour les sujets âgés, les répartissent dans la classe des individus âgés. Le problème des réciprocités avec les personnes et avec le fait, établit donc un provocateur du détachement, qui contribue à la baisse sur l’entourage apprivoisé. Il existe trois périodes importantes du vieillissement, appelées par Caradec « moments de transition », informant ce vécu : la retraite, la viduité et l’accès dans une maison de repos.
1.4. Autonomie et dépendance
L’autonomie est un mot d’origine grecque : otosnomein : se gouverner soi-même. Pour Gentry, « l’autonomie est la capacité et le droit d’une personne de choisir ses règles de conduite, l’orientation de ses actes, et les risques qu’elle est prête à encourir ». La dépendance, du latin dependrere signifie « être suspendu à quelque chose ». Ce terme a connu un double sens ;
– l’un négatif qui exprime la soumission d’une personne à l’autre
– l’autre positif, vecteur d’échanges, ce qui souligne que la vie en société est faite d’interdépendance.
Le terme de « dépendance » peut être utilisé chaque fois qu’une personne dépend d’une intervention technique extérieure (déambulateur, médicaments, …) ou de l’aide partielle ou totale d’une autre personne (infirmier …).
Tout en sachant que l’autonomie d’une personne lui offre la possibilité de s’auto-gouverner, d’orienter ses choix selon ses aspirations, d’être indépendant physiquement, psychiquement et socialement, la perte d’autonomie renvoie à la perte de toutes ces facultés.
Les personnes âgées, que ce soit à domicile ou en institution, sont, en général, les principales victimes de la perte d’autonomie.
D’après l’OMS :
– « la déficience correspond a toute altération d’une structure ou d’une fonction anatomique, physiologique ou psychologique »;
– « l’incapacité est définie par une réduction de la capacité à effectuer une activité d’une façon et dans les limites considérées comme normales pour un être humain », et est souvent secondaire à une déficience ;
– « le handicap est défini comme un désavantage pour un individu résultant d’une déficience ou d’une incapacité qui limite ou interdit l’accomplissement d’un rôle considéré comme normal pour un être humain (compte tenu de l’âge, du sexe et des facteurs socioculturels) ».
En un mot, le concept de dépendance est définit par le fait qu’une personne ait besoin de faire appel à une autre pour accomplir les actes de la vie quotidienne, tels que la toilette, l’habillement, l’alimentation, le déplacement, …
Au même titre que n’importe quelle personne, le sujet âgé à des besoins que l’on peut retrouver dans la pyramide de Maslow:
- Besoins vitaux, fondamentaux (manger, se vêtir, avoir un toit 😉 Besoins de sécurité, de protection ;
- Besoins d’appartenance, d’identité ;
- Besoins de reconnaissance, d’être apprécié ;
- Besoins de réalisation de soi.
Ces besoins peuvent être classés en deux grandes familles. Les besoins vitaux et de sécurité qui font partie de ce que l’on peut appeler : des besoins primaires (l’Avoir) et les autres besoins qui peuvent être identifiés comme des besoins secondaires (l’Etre). Cette théorie nous permet de mieux comprendre les besoins directement liés à l’homme, mais elle limite le champ d’action humain au corps et met de côté l’aspect spirituel. Il est donc judicieux de compléter cette pyramide de Maslow par le concept énoncé par Carl Rogers qui définit l’homme comme une entité composé d’un corps, d’un esprit et d’une âme. L’esprit et l’âme permettent de donner un sens à la vie et inscrit chacun des besoins, cités plus haut, dans un lien de relation. Dans ce contexte, on peut compléter les besoins de la personne vieillissante par différents besoins que l’on peut qualifier de secondaires :
- Rencontrer, rentrer en relation (se présenter au patient introduire les gestes par la parole …)
- Les besoins du corps (les personnes âgées au même titre que n’importe qu’elle être a des besoins de confort, de respect de l’intimité et de dignité)
- Besoins de relation proprement dit (Comme toute personne, il a besoin d’échanger et de partager avec ceux qui prennent soins de lui.)
- Besoins spirituels (« le vieux » ne peut plus s’appuyer sur sa valeur sociale puisque la société ne lui en accorde plus. Il est à nu, dans sa vulnérabilité, il se pose des questions sur ce qui l’attend sur sa propre finitude).
- Le Vieillissement démographique[12]
Selon les Nations Unies (ONU), « Le vieillissement de la population est sans précédent dans l’histoire humaine et 20ème et le 21ème siècle seront témoin d’un vieillissement encore plus rapide que pour le siècle qui vient de s’écouler »[13]. Contrairement à l’intérêt sur la préoccupation au sujet du vieillissement de la population, les concepts utilisés dans l’analyse, sont restés statiques.
Avec les progrès de mesure de la santé et de l’espérance de vie, le vieillissement de la population pose un problème pour les démographes parce que le sens du « nombre d’années de vie » a changé. En Europe occidentale, en 1800, par exemple, moins de 25% des hommes auraient survécu à 60 ans, tandis qu’aujourd’hui, ce taux a augmenté à plus de 90%. Aujourd’hui, une personne âgée de 60 ans est considéré comme une personne d’âge moyen, tandis qu’elle était considérée comme étant une personne âgée en 1800.
Actuellement, les personnes âgées effectuent régulièrement des tâches considérées comme étant faites pour les jeunes personnes, seulement quelques années plus tôt. Les personnes âgées ont tendance à avoir moins d’invalidités que les personnes du même âge il y a des décennies, et il est maintenant certain que le déclin cognitif est ainsi reporté. La notion d’âge est devenue plus compliquée parce que l’espérance de vie a augmenté et les sujets bénéficient de plus en plus d’années restantes à vivre à chaque âge. Cette augmentation de l’espérance de vie ne peut pas être séparée de l’amélioration de la santé. Les estimations et les prévisions de l’ONU portent sur l’espérance de vie à la naissance pour tous les pays de 1950 à 2050, mais les statistiques sur la santé sont rares et souvent assez subjective. Bien que l’espérance de vie a considérablement au changé au fil du temps et varie considérablement selon les pays, des mesures du vieillissement fondée sur l’âge chronologique ne prennent pas ces variations en compte. Deux indicateurs couramment utilisés du vieillissement, la proportion de la population de 65 ans et le ratio de dépendance des personnes âgées supposent que les gens deviennent « vieux » à 65 ans, même si généralement, les personnes de 65 ans vivent aujourd’hui bien mieux que celles dans le passé.
Une conséquence inévitable de la transition démographique et le passage à la baisse de la fécondité et de la mortalité constituent l’évolution de la structure par âge de la population mondiale. De nombreuses sociétés, notamment dans les régions les plus développées, ont déjà atteint une pyramide des âges de la population aient jamais vue dans le passé. De nombreux pays en développement dans le milieu de la transition démographique connaissent des changements rapides en termes de nombre relatif d’enfants, la population en âge de travailler et les personnes âgées.
Le nombre de personnes âgées de 60 ans ou plus dans le monde est estimé à 605 millions en 2000. Ce nombre devrait croître de près de 2 milliards en 2050. Ce croisement historique, d’une part croissante des personnes âgées et une diminution de la part enfants, marquera pour la première fois une égalité du nombre d’enfants et des personnes âgées. Les personnes âgées de 60 ans ou plus représentent actuellement 10% de la population mondiale. Le pourcentage est beaucoup plus élevé dans les régions les plus développées (20%) que dans les régions moins développées (8%), qui sont à un stade plus précoce de la transition démographique. Il est particulièrement faible dans les pays les moins avancés (5%). Parmi les différents pays, les plus âgés sont la Grèce et l’Italie, où 24% des la population est âgée de 60 ans ou plus en 2000. De nombreux pays européens, ainsi que le Japon, ont des pourcentages presque aussi élevés.
Le quatrième âge, les personnes âgées de 80 ans ou plus, sont actuellement au nombre de 70 millions, dont la majorité vivent dans régions plus développées, trente-trois millions sont estimés comme vivant dans les régions les moins développées. Ils représentent environ 1% de la population mondiale et 3% de la population des régions plus développées. Ce groupe d’âge, le plus ancien, est le segment le plus dynamique de la population âgée. En 2050, le nombre de personnes très âgées devrait être cinq fois plus grand qu’à l’heure actuelle. À cette date, les plus âgées seront de 4% de la population totale du monde, et dans les régions plus développées, une personne sur 11 est projetée à 80 ans ou plus. Dans les régions moins développées, 3% de la population aura 80 ans ou plus. Il est nécessaire de regarder au-delà de 2050 pour voir les conséquences du vieillissement de la population selon les tendances actuelles vers une fécondité plus faible et selon le taux de mortalité. Ainsi, en 2150, les personnes âgées de 60 ans ou plus sont projetées au nombre de 3,0 milliards, près d’une personne sur trois vivant à ce moment. Plus de 1,2 milliard de personnes, ou une personne sur 10 personnes, sera âgée de 80 ans ou plus. Seulement 18% de la population aura des enfants âgés de moins de 15 ans, comparativement à 30% actuellement.
La croissance de la population âgée reçoit souvent l’attention en relation avec les pays développés. Toutefois, le rythme du vieillissement est plus rapide dans les régions les moins développées que dans les régions plus développées. En raison des changements rapides dans la structure par âge, pouvant être plus difficile pour les sociétés de s’adapter à de changement qui s’étale sur un horizon de temps plus long, la vitesse de vieillissement de la population a des implications importantes pour les politiques gouvernementales, tels que les régimes de retraite, les soins de santé et la croissance économique.
- Le vieillissement de la population Française
Selon la DREES, le vieillissement de la population s’accélère depuis 1980, avec 1/3 de la population qui serait être âgé de plus de 60 ans d’ici 2040, soit plus de 20 millions de personnes. En France, en 2006, l’espérance de vie est de 84 ans pour les femmes et de 77,1 ans pour les hommes. Durant ces dix dernières années, les hommes ont gagné 3.1 ans et les femmes 2.1 ans. Ainsi, le nombre des personnes âgées de plus de 80 ans qui risquent la dépendance augmente chaque année. Actuellement, 1,2 million de personnes âgées sont aujourd’hui concernées par la dépendance, la perte d’autonomie des personnes âgées devenant le centre des préoccupations car l’espérance de vie ne cesse de croître : « entre 2000 et 2040, la population de 75 ans et plus sera multipliée par 2,5 ».
3.1. Les personnes âgées de plus de 60 ans
La population française a accru de 1,9 millions pour parvenir à 58,5 millions d’habitants, entre 1990 et 1999, en revanche 1,2 millions des personnes à partir de 60 ans ont participé à cette élévation. Cette classe indique dès ce moment-ci 21,3 % de la population contre 18,1 % en 1962[14]. D’après les prédictions de l’INSEE, le pourcentage de cette tranche d’âge ne cessera pas d’augmenter jusqu’à aller au-delà du chiffre des moins de 20 ans. L’extension de la période de la vie et le vieillissement des progénitures du baby-boom traduisent ces probabilités. Dans ces cas, en 2040, 1 français sur 3 aura 60 ans et plus, contre 1 sur 5 actuellement. Selon les prévisions de l’INSEE, c’est la classe des individus âgés à partir de 85 ans qui augmentera beaucoup: certainement, leur chiffre doublera entre 1985 et 2015.
Géographiquement, ces nombres couvrent des exactitudes diversifiées et c’est en partie rurale que le vieillissement de la population est le plus capital. Par conséquent, les habitants d’Ile-de-France, en 1990, étaient au nombre de 15,76 % d’individus à partir de 60 ans (5,67 % à partir de 75 ans) tandis que dans le Limousin les individus à partir de 60 ans comptaient 28,38 % (dont 11,35 % de 75 ans et plus)[15].
Les hommes et les femmes ne se ressemblent pas à l’égard au vieillissement. S’il existe peu de femmes que d’hommes avant 50 ans, après, elles figurent 55 % des personnes âgées entre 60 et 74 ans et 65 % de 75 ans et plus.
Un homme qui a 60 ans peut encore s’attendre à vivre près de 20 ans, par contre l’espérance de vie d’une femme est de près de 25 ans. Le « grand âge » regarde ainsi avant tout les femmes et à mentionner celles dont les maris sont morts (elles constituent 73 % après 80 ans).
Le lien entre les dynamiques et les inoccupés est également réclamé à se changer dans un avenir proche étant donné que selon l’analyse Charpin du Commissariat général au Plan (1999) on pense qu’en 2040 on sera 7,3 personnes à partir de 60 ans pour 10 personnes d’âge dynamique à la place de 4 pour 10 aujourd’hui.
3.2. Le phénomène des centenaires
De l’après-guerre jusqu’aujourd’hui, les personnes âgées de 100 ans croissent de manière considérable. En France, en 1950 elles comptaient 200; en 1999, ce sont 11 593 de personnes âgées de 100 ans, même plus, qui demeurent dans l’Hexagone, dont 2074 personnes en Ile de France[16]. L’INSEE pense qu’en 2050, leur chiffre augmentera à 150 000. Ces nombres masquent une énorme incertitude et on toucherait 750 000 d’individus de 100 ans, justification provenant des évolutions de la médecine : « Ces perspectives seront forcément lourdes de conséquences sur les choix économiques et de société. Elles déboucheront aussi sur d’autres interrogations plus fondamentales comme l’euthanasie »[17].
3.3. Les revenus, les biens et le mode de vie des personnes âgées
Dans l’œuvre de Simone de Beauvoir intitulée La vieillesse, publiée en 1970, elle révélait la situation déplorable de quelques vieilles personnes en France également, déjà, leur expulsion de la société :
« Eliminés de bonne heure du marché du travail, les retraités constituent une charge que les sociétés basées sur le profit assument chichement. … Un million et demi subsistent avec moins de 320 francs par mois. C’est dire qu’environ la moitié de la population âgée est réduite à l’indigence. … Plusieurs milliers de vieillards meurent de faim chaque année dans la région parisienne, dit le professeur Bourlière »[18].
À partir de ce moment là, les pensions des individus âgés ont progressées car ils ont, pour la majorité, adhéré plus et plus amplement et qu’ils reçoivent ainsi de retraites valeureuses ou, pour les plus démunies, car la moindre vieillesse a été énormément augmentée. Une analyse du CERC, a illustré en 1993, que la totalité de pension mensuelle avant impôt des individus à partir de 60 ans augmentait à 12 000 francs en moyenne pour un couple, 8 000 francs pour un homme célibataire et 6 300 francs pour le cas d’une femme célibataire.
D’autres nombres sont énumérés par le Dictionnaire Permanent de l’Action Sociale, ne considérant que les retraites (institution générale et institutions complémentaires) : celles-ci atteignent à peu près 6 000 francs mensuellement, soit 6 700 francs pour le cas des hommes et 4 300 francs pour le cas des femmes. On constate une importante diversité des retraites par rapport aux domaines, aux sexes et aux âges. La quantité d’attributaires de la pension additionnelle du Fonds National de Solidarité (27) diminue de façon régulière (par exemple en 1993, 11 % des individus à partir de 65 ans contre 21 % en 1983). Ce sont surtout des individus solitaires (68 %) et des femmes (50% des attributaires sont des femmes à partir de 75 ans). Les individus retraités ayant 60 ans et plus sont pour 67 % les maitres de leur maison et possèdent 33 % de l’héritage.
3.4. Les chiffres de la dépendance
« La dépendance n’est pas liée à l’âge, mais à des situations pathogènes de nature médicales, psychologiques ou sociales »[19]. Néanmoins, l’aléa de croissance de l’interdépendance avec celui du vieillissement des individus menace plus sur les hommes économiques et politiques que sur les simples hommes séduits par les paroles environnantes.
Néanmoins, l’extension de l’espérance de vie ne se manifeste pas forcément par une élévation du chiffre d’années de vie avec inaptitude. L’espérance de vie sans inaptitude en France, a vraiment beaucoup augmenté par rapport à la totalité d’espérance de vie de 1981 à 1991 et la prévalence des sérieuses inaptitudes a baissé pour les personnes moins de 80 ans.
De ce fait, trois conceptions existent en même temps et se décroissent en divers scénarios[20]:
– un script d’augmentation de la morbidité (ou contagion des maladies allongées) : les longues années de vie obtenues seront des années de vie avec inaptitude.
– un script de conservation de la morbidité (ou de la stabilité) par lequel l’âge moyen de commencement des pandémies et le moment de la mort se retarderont en parallèle.
– un script de diminution de la morbidité qui envisage que l’âge moyen du commencement des pandémies gênantes sera plus décalé que le moment du décès et que les évolutions de la médecine vont permettre aux individus touchés d’une inaptitude passagère de continuer leurs occupations.
D’après ces scripts, l’aperçu de la quantité d’individus dépendants dans quelques années, change. Depuis l’examen santé de 1991-1992, l’examen EHPA90 et les prévisions démographiques de l’INSEE, le SESI a déterminé qu’en 2020 la quantité de ces individus sera 762 000 (script prometteur), 986 000 (script intermédiaire) ou 1 185 000 (script inquiétant). En lisant ces nombres, la réticence est inévitable en ce qui concerne les déductions à en inférer.
La dernière recherche est l’examen Handicaps-incapacités-dépendance (HID) d’octobre 1998 réalisée par l’INSEE à la fin de l’année 2001. Depuis cet examen et d’après deux des échelles fondamentales de cotation de la dépendance, la quantité d’individus dépendants à partir de 60 ans a produit une estimation[21].
Le Dr Colvez, spécialiste à l’INSERM, a donné une définition d’une échelle de compréhension de la dépendance (en cas de nécessité de soutien), qui estime la disparition de souplesse. Elle instaure un groupement des individus en quatre classements :
– niveau1 : les individus limités sur le divan ou le siège
– niveau 2 : les individus non limités sur le divan ou le siège mais qui nécessitent une aide au moment de leur nettoyage et de leur habillage
– niveau 3 : les individus nécessitant une aide pour aller en dehors de leur maison ou de l’établissement où ils sont logés, qui n’appartiennent pas aux niveaux 1 et 2,
– niveau 4 : les autres individus estimés non dépendants.
En partant de l’échelle AGGIR, on considère que la quantité d’individus âgés très dépendants (répartis en GIR 1 à 3) est à 532 000, dont 292 000 individus vivent à leur maison, 233 000 en institutions pour sujets âgés et 7 000 dans d’autres établissements.
En majorité, les individus âgés dépendants demeurent ainsi chez eux et l’âge moyen d’accès en institution ne cesse d’augmenter : vers la fin de 1998, l’âge moyen était 79 ans pour le cas des hommes et 84 ans pour le cas des femmes.
La corrélation change par rapport au genre d’entretien auquel l’individu âgé appartient. Par conséquent, les individus demeurant solitairement (30 %) possèdent un pourcentage de corrélation de 9 % et 7 % pour ceux vivant en couple (43 %). Cependant, 15 % des individus qui vivent en famille sont dépendants. Deux tiers des individus dépendants sont des femmes, notamment car beaucoup d’entre elles possèdent des âges élevés, avec une maladie énormément croissante avec l’âge[22].
Il est important de souligner que la DREES estime que l’on voit une diminution des personnes fortement dépendantes physiquement depuis 10 ans : 670 000 à 600 000 individus à partir de 65 ans. En même temps, les personnes à partir de 65 ans sont passées d’à peu près 7,9 millions à 9,4 millions, soit une diminution de la prévalence de la corrélation du corps de 8,5 % à 6,4 %.
Plusieurs facteurs sont responsables de la dépendance :
– la maturité en âge
– les difficultés sanitaires (souffrance énorme ou allongée)
– un degré d’instruction faible
– la réalité de ne pas avoir fourni un travail antérieur
– le train de vie
– Les soutiens
On constate les soutiens quotidiens (les proches, les relations) et les soutiens professionnels qui appartiennent au domaine médico-social. Un tiers des entretiens contenant au moins un individu à partir de 65 ans, d’après l’INSEE, tire parti d’un soutien périphérique de familles ou de professionnels pour les activités et les gestes quotidiennes.
La plupart des individus dépendants sont soutenus par le voisinage (avec l’entretien intérieur) dont un tiers et plus de façon particulière. Ce sont avant tout les progénitures, surtout les filles, et le mari qui fournissent ce soutien. Un professionnel accorde le soutien pour six individus sur dix. Certains de ces individus perçoivent en même temps le soutien des familles et le soutien des professionnels.
- Maintien à domicile ou Placement
Généralement, le choix le plus pris est la détention domiciliaire, pour l’aide de la personne âgée fragile. Les causes sont nombreuses. D’un côté, elles sont provenues aux influences de la société, d’un autre côté, à des causes rattachées à la personne âgée elle-même et à son voisinage familial.
Parmi les influences de la société, on peut, tout d’abord, discuter des décisions politiques gérontologiques françaises, qui essayent à privilégier longuement cette détention domiciliaire (but numéroté 3 du plan Alzheimer 2008-2012, mesures 6 et 7 : « Permettre aux personnes atteintes et à leurs proches de choisir le soutien à domicile »).
On peut rajouter que quelques influences économiques sont habituées à ces tendances politiques. Définitivement, il existe des images sociales de la déposition en établissement pouvant entretenir des hésitations et encourageant donc un choix de détention domiciliaire (représentation désagréable de l’établissement de retraite, par exemple vue comme un « mouroir »).
Etant question d’influences se rapportant principalement au voisinage de l’individu âgé, on est conscient que quelques importances de l’assistance familiale pèseront abondamment sur la décision des soutiens. En plus, le prix d’une déposition en établissement est très cher et entraine quelquefois la difficulté du choix de déposition.
En outre, la personne âgée elle-même prend en général la décision de toujours demeurer chez elle le plus longtemps possible.
L’accès en établissement des sujets âgés adhère dans une situation compliquée. Il possède quelquefois une grandeur tactique, pourtant il est en général contraignant, pour des causes différentes qui ne se contentent juste pas à une situation de santé mesurable, mais également aux moyens mobilisables, à la disparition des soutiens relationnels, et particulièrement, aux réductions des dénouements employés. Le mécanisme conduisant à l’accès en établissement fait connaitre clairement les réductions de l’aide informelle, mais également les réductions des facultés d’appui des structures présentes. L’idée de réduction se réfère à des procédés d’évocations dirigés par des lois (ce que l’on peut faire, et ce qui est déterminé comme dépassant la « limite »). Elle inclue l’opinion d’une personne ou les opinions croisées de plusieurs personnes. Elle reflète à une gestion studieuse à manœuvrer l’aléa et l’hésitation, qualification des moyens qui existent et des circonstances trouvées.
4.1. Essai de conceptualisation
La détention domiciliaire parait être le dénouement universel conseillé aux individus âgés par l’entourage, les groupements publics et les proches. Choisis par les français, ce dénouement constitue en réalité beaucoup de privilèges. Par contre, il ne convient pas à tous les sujets concernés. Demeurer en établissement de retraite n’est certainement pas sans désagréments, mais c’est quelquefois un apaisement considérable pour l’individu âgé. Par conséquent, le fait de chercher le dénouement adéquat pour nos proches âgés, demande à mettre de côté les opinions et de considérer toutes les possibilités en toute conscience.
Les individus âgés refusent la modification. Nos proches âgés possèdent leurs reflexes, quelquefois bien attachés au cours du temps. Quand ils demeurent plusieurs années sur le même lieu, c’est le cas de la majorité, ils savent leurs voisinages, les fournisseurs de la région ; et l’entourage quotidien de leur maison est une commodité incontestable. L’affinité à un endroit, à des profils familiers, le fait de pouvoir rester dans un domicile familier, est un élément à ne pas échapper.
Traditionnellement, les sujets en difficulté d’indépendance n’avaient pas la possibilité de songer à demeurer chez eux. Actuellement, à l’aide d’une attention considérable des pouvoirs publics, entamée depuis plus de 10 ans, des dénouements donnent la possibilité de songer la détention domiciliaire. Les Services de Soins Infirmiers À Domicile (SSIAD), les aide-ménagères pour les emplettes ou l’arrangement de l’habitation, mais également les aides de transport de nourriture dans la demeure même et tout le choix des services de soutiens à domicile, sont mis en place pour soutenir nos proches âgés souhaitant demeurer longuement chez eux.
Ces services de soutien sont couteux, néanmoins, plusieurs soutiens financiers et sociaux existent, comme l’APA (Allocation Personnalisée d’Autonomie) à domicile, qui permettent de tout masquer ou tranche des prix du service à domicile.
Si la détention domiciliaire est un dénouement idéal désirable, l’évidence ne satisfait pas. Par conséquent, les individus âgés restent en général très détachés, avec peu de proches qui les rendent visite. L’écartement géographique, la manière de vivre actuelle, la rupture de la loge familiale, constituent tous des éléments expliquant et renforçant l’isolement de nos proches âgés. Egalement, si la détention domiciliaire est une solution pour les caractéristiques techniques et médicales de l’occupation de la corrélation, il ne pourrait devenir la solution pour mettre un terme à la solitude des individus âgés.
Outre cela, les ennuis de sécurité domestique sont un autre désagrément important de la détention domiciliaire. La quantité d’incidents domestiques atteignant les sujets âgés tous les ans chez eux augmente constamment. Pour prendre en garde de ces incidents aux méfaits, quelquefois angoissants, il est important d’effectuer – qui n’est pas toujours faisable – tous les arrangements indispensables à la demeure du sujet en question. On peut en citer quelques aménagements nécessaires : l’installation de barreaux d’appui dans les passages et toilettes, le changement du gaz par le courant, la pose de carrelages antidérapants,… (Liste non épuisante).
Le choix à la détention domiciliaire est, si l’on destitue la réception du sujet âgé chez la demeure d’un de ses enfants, la réception en maison d’accueil. Songer à demeurer en institution de retraite avant d’y être obligé donne la possibilité de réaliser une décision tranquille et non une décision forcée. Etre admis en institution peut contribuer un grand apaisement pour un individu âgé solitaire à la maison, ou bien dont l’indépendance limitée entraine une vie compliquée à l’extérieur d’un endroit de réception réservé.
Le franchissement d’un état de détention domiciliaire à un environnement en établissement parait quelquefois violent. Avant tout il est important de connaitre que l’accès en maison de retraite pour individus âgés n’est jamais irrévocable. Même dans le cas d’un long repos, un réfugié peut choisir, si son état le lui accorde, de retourner chez lui. Avant de songer cette alternative, la vie en institution pourra être testée sans être obligé de s’embarquer totalement, à l’aide de la réception momentanée. Que le repos soit court ou moyen, ces solutions accordent à « goûter » à un environnement collectif, pour une période déterminée. Il existe une autre formule de concession qui est principalement conseillée : c’est la réception de jour. On peut aussi envisager ces formules comme des parcours, autorisant d’entrainer, aussi bien les proches que le sujet âgé en question, à un changement plus important de son habitude d’habitation. L’accès en établissement s’effectue en général en commençant d’une sollicitation provenant des proches ne pouvant pas soutenir le sujet âgé qui reste à sa maison pour des plusieurs causes, généralement pour des causes sanitaires. Il existe donc repartage des responsabilités, le sujet âgé laissé à ses proches au début est installé sous les prises en charge d’un établissement. Une garantie sociale et médicale suit le désengagement de la famille, ce qui peut enfermer d’une certaine façon la personne âgée. Réfléchir aux âges de la vie en engageant de nouveau les personnes les plus âgées pourrait être la solution à cet ennui occidental. C’est la raison pour laquelle le soutien à domicile et le traitement à domicile accordent à nos proches âgés de mieux redouter le futur sans transformation trop absolue, et de poursuivre les petites exercices qui les rassurent tant[23].
4.2. Relation patient-famille
De manière générale, il apparaît que 85% des personnes âgées placées en institution gardent leur contact avec leurs familles et amis, et 15% n’entretiennent plus de relation avec les siens, parmi lesquelles 9% sont connues pour avoir des familles proches avant leur admission.
Le vieillissement, la maladie, le placement d’un proche, constituent des contextes difficiles qui engendrent souvent des troubles importants au cœur des relations familiales. C’est pour cette raison qu’il difficile pour les proches, de maintenir un lien de qualité avec le parent âgé.
La mise en institution d’un proche est d’autant plus difficile pour la personne concernée que sa famille, mais cette rupture est plus difficile surtout quand la personne n’a pas vraiment consenti à son placement, qui est encore souvent le cas, où la décision de mise en institution n’est pas volontaire mais émane d’une tierce personne. Cela s’inscrit dans les cas où la famille, épuisée par la prise en charge de son parent dépendant depuis trop longtemps, apparaît comme une solution de dernier recours.
Entre la décision de la mise en institution et le moment du placement, surtout quand le parent est concerné par une récente hospitalisation ou une pathologie quelconque, le temps à la préparation psychologique même de la personne âgée manque occasionnant l’ignorance du parent mais surtout un sentiment de trahison de sa famille et qui l’en éloigne, compliquant encore plus son adhésion au nouvel environnement qui l’attend.
La famille est obligée de choisir entre son parent âgé et le retour à une vie normale, depuis longtemps entravée par la lourde responsabilité de prendre en charge de son parent, qui leur est, désormais, limitée à un certain moment, apparaît comme une réalité déchirante. Cela l’est d’autant plus pour la personne âgée qui devra faire face et s’adapter à un monde qu’elle ne connaît pas, où elle devra réapprendre à vivre sans ses proches et surtout dans l’optique d’une fin de vie proche et loin des siens.
Il apparaît ainsi que l’installation d’un sentiment de culpabilité de la famille est de rigueur, surtout quand « l’hospitalisation d’office pour une mise en danger active et non passive par négligence. »
En effet, c’est un sentiment fréquemment ressenti devant la nécessité de rechercher une maison de retraite pour y placer l’un de leur parent. Cependant, la décision de la mise en institution devient une nécessité lorsque le maintien à domicile devient impossible, ou lorsque l’entourage n’est plus en mesure d’aider. Il n’existe alors plus d’alternative à l’installation en établissement d’accueil. Dans ce sens, Thierry Darnaud déclare que: « L’entrée en maison de retraite est le plus souvent une situation douloureuse, aussi bien pour la personne âgée que pour sa famille. Au moment de l’admission la famille est démunie, elle a perdu tous ses repères, et n’osant ou n’arrivant pas à dire la vérité, ses membres ne peuvent dénoncer ni leur souffrance, ni leur culpabilité. Les membres de la famille vont alors osciller entre démission et agressivité envers le personnel. En fait, l’entrée dans un établissement est un instant crucial qui ouvre à de nombreuses possibilités ou qui interdit tout devenir à cette partie de la vie, peut-être la dernière. Cet ouvrage présente l’apport de l’approche systémique au moment de l’accueil. A travers des cas cliniques, l’auteur propose, sans dogmatisme, une méthodologie et un modèle qui permettent de donner un rôle et un statut social aux personnes âgées qui entrent en institution »[24].
Outre la difficulté de la situation où la famille, elle aussi, doit aussi faire face et s’habituer à l’absence de son parent, cela occasionne également un état d’épuisement psychologique qui, souvent, a attendu le dernier moment pour prendre une décision. Le sentiment de culpabilité découle sur du fait de l’impression de se « débarrasser de son père ou de sa mère ».
Par ailleurs, il semble que la vieillesse de ses parents, leur dépendance et la future entrée en maison de retraite, conforme à une étape ramenant souvent à l’histoire familiale et au retour des conflits psychiques anciens enfouis d’autrefois .
Selon Catherine Bergeret-Amselek, « la génération des 50-60 ans est elle-même dans une période de transition. Elle s’interroge sur le sens de l’existence. À la fois peiné et encombré de sentiments filiaux ambivalents, le « grand » enfant est de nouveau aux prises avec des sentiments œdipiens ; il doit faire le deuil de son parent vaillant et protecteur ; il se sent coupable de le lâcher, impuissant de ne pas pouvoir l’empêcher de vieillir, lui en veut de le quitter, d’être parfois un poids ».
Dans la plupart des cas, la personne âgée n’a plus la capacité de prendre la décision d’intégrer une institution. Dans ces cas là, elle doit être en faite en coordination entre la famille et les professionnels. Privilégier un dialogue ouvert et franc est nécessaire pour mettre la famille et la personne âgée en confiance sur l’entourage sécurisant de l’institution et la compétence du personnel. La famille est en charge de rassurer son parent sur le fait qu’on ne se « débarrasse pas d’elle », mais que dans son intérêt, il est nécessaire de choisir la meilleure solution selon le contexte.
4.3. Relation soignant-soigné
La relation soignant-soigné devra se baser sur une relation de confiance réciproque et qui doit en général s’obtenir dès le premier contact à l’accueil.
Le personnel doit posséder ces 3 critères : le savoir, le savoir-faire, et également un savoir-être. C’est cet ensemble qui va aider à instaurer une relation de confiance entre le soignant et le soigné. Il doit avoir une attitude gracieuse, aimable, joviale, douce, qui va favoriser l’approche et donc de mise en confiance du patient. L’infirmier doit être disponible pour écouter et créer le climat de confiance indispensable pour une bonne relation. En effet, l’établissement d’une relation d’aide est le fil conducteur des soins infirmiers, la base de confiance que le soigné met dans le soignant. Il s’agit d’une relation bilatérale et non unilatérale. Cette relation d’aide en soins infirmiers désigne les processus par lesquels l’infirmier va pourvoir prendre le rôle d’aidant auprès d’une personne en difficulté afin de l’aider à surmonter une crise. Elle se différencie de l’aspect relationnel en soins infirmiers. Pour un professionnel, la relation d’aide est avant tout un savoir être. La relation est centrée sur la personne en demande ou en souffrance. Elle permet de l’accompagner dans son parcours de vie. Le point culminant de la relation d’aide est de reconnaître le ressenti de la personne soigné, reconnaître ses affects, ses émotions, c’est la reconnaître en tant qu’être humain. Une relation d’aide entre le soignant qui est l’aidant et le soigné qui est l’aidé est une relation soignant/soigné. Elle se fait habituellement autour d’un soin. Dans un milieu gériatrique elle doit se positionner surtout lors de l’entretien, en laissant de côté nos perceptions, certaines habitudes sans projection ni interprétation et nos références culturelles. L’objectif étant de comprendre dans un premier temps le ressenti de l’autre, de faire passer l’acceptation de soi par l’autre. Ceci est déterminant car le refus, signifierait rejet, avec le risque de repli du patient et expose à son non consentement. Dans cette optique, le code de Déontologie médicale précise que:
– le médecin doit veiller à la compréhension des explications sur l’état de santé, les investigations et les soins proposés, de façon adaptée à la personnalité de chaque malade et intelligible pour lui (article 35). Il doit exister une adéquation entre ce que dit le médecin et ce que peut comprendre le patient. « Des troubles mentaux liés à la maladie ou à l’âge ne doivent pas a priori constituer une raison de se taire »
– l’article 36 distingue le malade en état d’exprimer sa volonté, chez lequel le consentement doit toujours être respecté, et le malade hors d’état d’exprimer sa volonté. Cette dernière notion, qui peut recouvrir des situations fort différentes (patient comateux, enfant, malade mental…) reste très vague et prévoit le recours à l’entourage familial, parfois contre l’avis du malade .
La question du consentement doit revenir normalement à tout médecin dans sa pratique quotidienne. En effet, une demande ou donner un avis en vue de l’ouverture d’une mesure de protection peut être nécessaire selon l’altération des facultés mentales du patient. Ceci découle de l’appréciation de la capacité du patient à approuver le besoin d’hospitalisation.
Les modalités d’hospitalisation sous contrainte, habilitées par l’article L331 du Code de la Santé Publique, dans lesquelles le consentement du patient n’est plus requis constituent des mesures d’exception et limitées, notamment aux troubles psychiatriques, notamment, l’hospitalisation à la demande d’un tiers se justifie pour des soins psychiatriques et non pour des raisons institutionnelles. En effet, la notion de troubles du comportement et troubles mentaux de la personne âgée peut prêter à confusion. Pour les actes médicaux, le consentement du patient est également requis. Théoriquement, la mise en institution nécessite donc l’accord du patient, mais est mal définie quand la personne âgée est incapable d’exprimer un avis. Bien évidemment, le non respect du consentement de la personne âgée, en dehors de toute pathologie médicale mentalement invalidante, constitue une violation du droit de la personne et donc une maltraitance.
C’est de cette façon que le recours à l’institution d’une relation soignant-soigné s’avère nécessaire, qui devra se baser sur une relation de confiance réciproque et qui doit en général s’obtenir dès le premier contact à l’accueil.
En somme, il ne suffit pas pour le soignant, notamment l’infirmière, de maîtriser les pratiques infirmières avec des connaissances techniques et théoriques, il faut particulièrement et surtout qu’elle soit une personne remplie d’humanitude, prenant en charge et soignant des personnes en situation de vulnérabilité, en tissant des liens de confiance pour inciter l’adhésion du patient aux soins. « La base de cette démarche, le premier objectif qu’elle poursuit, est de réussir par une approche judicieuse, subtile, à tisser des liens de confiance avec la personne soignée. Pour celle-ci avoir confiance équivaut à se dire « je crois que tel soignant peut me venir en aide en respectant qui je suis ». Ce qui, au départ, concerne un soignant peut, progressivement, impliquer l’ensemble de l’équipe »[25].
Selon Gyneste et Pelissier : « Une des constantes de la Deshumanitude des soignants tient dans leur position mentale par rapport au sujet de leurs soins : le soigné n’est plus « au centre » de la relation. S’y interposent :
– la priorité des tâches concrètes,
– la priorité des règlements en vigueur,
– les besoins de pouvoir ou de reconnaissance des soignants – eux-mêmes conditionnés par…
– l’estime de soi du soignant (basée sur l’estime de son équipe et de son encadrement),
– les frustrations personnelles du soignant,
– plus rarement l’inadaptation du soignant au soin ».
Ainsi, « Loin de toute attitude moralisatrice de type dogmatique, l’approche basée sur L’Humanitude remet clairement à leur place les éléments de la relation à l’autre, tel qu’ils s’imposent par la simple réalité des faits. Ils aboutissent ainsi à « faire du bien » au sujet, sans sortir du cadre éthique de la relation de soin, notamment sans ambiguïté à connotation sexuelle »[26].
4.4. Etat des lieux en France
Vers l’année 1999, 20 % et plus des français étaient âgés de plus de 60 ans, quasi 8 % avaient plus de 75 ans (INSEE, 2000). Néanmoins, l’exactitude de l’âge ne ressemble plus à autrefois. Le perfectionnement des modes de vie, de la nourriture, et l’évolution de la médecine et la croissance de la politique de protection, ont rejeté l’éclosion et les lignes de démarcation de la vieillesse. On demeure longuement en bonne état physiologique. Un personne retraitée est une personne active, autonome sur le plan social et économique, qui a encore en moyenne une durée de vie 20 à 25 ans, soit une durée plus longue que celle de la jeunesse. La diminution des capacités vitales ne survient que par la suite, dans les 75 ou 80 ans, par lesquels 70 % des vieilles personnes nécessitent le soutien d’un autre pour réaliser les travaux domestiques par exemple cuisiner, faire les emplettes, le nettoyage ou la gérance de leur dépense et revenue, etc. (INSEE, 1996).
A partir de 1960, dans le domaine de la politique de vieillesse, la détention domiciliaire doit passer avant tout, et cela, bien longuement que les spécialistes sanitaires, les familles et les individus en question, le désirent. Pourtant, lorsque la corrélation de l’organisme s’ajoute à la corrélation familière, lorsqu’une lésion apparait ou quand le sujet nécessite des traitements, lorsqu’il n’est plus capable de réaliser tout seul les activités de la vie courante (AVQ) par exemple manger, faire la toilette, mettre les vêtements même diriger son abstinence ( dont 27 % des individus de 80 ans et plus – d’après l’INSEE en 1996) ou que sa quiétude et celle de son entourage exigent un contrôle presque constant, l’orientation vers un établissement est inévitable. Le fait de doublage du vieillissement de la population à un développement du grand âge1 traduit l’augmentation permanente de la quantité d’individus qui vivent en établissement. Quasi 6 % des personnes âgées de plus de 60 ans, 12 % des plus de 75 ans et 25 % des plus de 85 ans demeurent actuellement en établissement (INSEE en 2000) en France.
Selon les hypothèses retenues par l’INSEE en 1996, le nombre de personnes âgées de plus de 75 ans augmentera de 3,7 millions en 1996 à près de 6 millions en 2020, et le nombre de personnes âgées de 85 ans et plus augmentera dans le même temps de 1,1 million à 2,1 millions, alors qu’il ne s’élevait qu’à 150.000 en 1950. A plus long terme, les plus de 75 ans et les plus de 85 ans seraient respectivement 11 millions et 4,7 millions en 2050 ;
les personnes âgées de plus de 70 ans auront désormais eu moins d’enfants que n’en ont eu les personnes âgées de plus de 70 ans aujourd’hui : en effet, les baby boomers ont eu moins d’enfants que leurs parents. En d’autres termes, la charge des personnes âgées dépendantes pèsera désormais sur des fratries plus réduites.
D’après l’INSEE, 65 % des personnes âgées dépendantes demeurent chez elles et 11 % chez un membre de leur famille. Ainsi, moins d’1/4 sont en institution mais parmi elles plus de 50% présentent des problèmes d’orientation ou de cohérence alors que cette proportion est de 37 % pour les personnes hébergées par leur famille et 22 % pour celles demeurant chez elles.
D’après les sondages de l’INSEE toujours, parmi les personnes dépendantes demeurant chez elles ou dans leur famille, neuf sur dix bénéficient d’aide familiale ou professionnelle régulière du fait d’un handicap ou problème de santé : dans près de la moitié des cas ces deux types d’aide s’ajoutent et, dans 40 % des cas, l’aide n’est apportée que par la famille.
Naturellement, les personnes ne bénéficiant d’aucune aide (ni familiale, ni professionnelle) sont, en effectif comme en proportion, plus nombreuses parmi celles vivant chez elles (12 % contre à peine 2 %). Pour les personnes âgées demeurant chez un membre de sa famille, on peut définir l’aidant principal : 62 % des aidants ont moins de 60 ans ; mais 13 % d’entre eux ont 70 ans ou plus. Les personnes âgées dont l’aidant principal n’est, lui-même, plus très jeune, présente une dépendance relativement lourde : elles sont toutes dépendantes physiquement (COLVEZ 1 à 3) et 8 des 13 % ont des problèmes d’orientation ou des troubles du comportant.
Actuellement, 1,2 million de personnes âgées sont aujourd’hui concernées par la dépendance dont :
- 1,16 million d’entre elles bénéficient de l’Allocation personnalisée d’autonomie (APA) et
- plus de 480 000 sont accueillies en Etablissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) ou en Unités de soins de longue durée (USLD).
La perte d’autonomie des personnes âgées devient le centre des préoccupations car l’espérance de vie ne cesse de croître : « entre 2000 et 2040, la population de 75 ans et plus sera multipliée par 2,5 »[27].
Graphique 1 – Répartition des personnes vivant en communauté en France en 2009
Source : Insee, recensement de la population 2009.
Graphique 2 – Pyramides des âges de la population vivant en communauté en 1990 et 2009
Source : Insee, recensements de la population 1990 et 2009.
Tableau 1 : Caractéristiques de la population vivant en communauté en France | |||||||
Nombre de résidents | Âge moyen (ans) | Âge médian (ans) | Nombre de femmes | Part des femmes ( %) | Nombre d’étrangers | Part des étrangers ( %) | |
Maison de retraite, hospice | 488 623 | 84 | 86 | 363 668 | 74 | 9 972 | 2 |
Internat, hors cité universitaire | 427 064 | 18 | 17 | 171 142 | 40 | 15 911 | 4 |
Autre établissement sanitaire ou social de moyen et long séjour | 304 756 | 50 | 49 | 153 279 | 50 | 23 119 | 8 |
Foyer de travailleurs | 137 389 | 45 | 46 | 20 747 | 15 | 66 106 | 48 |
Cité universitaire | 93 746 | 22 | 21 | 44 559 | 48 | 25 283 | 27 |
Établissement militaire | 61 668 | 26 | 24 | 7 169 | 12 | 2 909 | 5 |
Établissement pénitentiaire | 61 545 | 34 | 31 | 2 164 | 4 | 10 651 | 17 |
Communauté religieuse | 36 979 | 66 | 71 | 27 204 | 74 | 5 544 | 15 |
Établissement social de court séjour | 7 363 | 37 | 37 | 1 519 | 21 | 2 191 | 30 |
Autre forme de communauté | 1 201 | 33 | 31 | 169 | 14 | 880 | 73 |
Ensemble des communautés | 1 620 334 | 49 | 41 | 791 620 | 49 | 162 566 | 10 |
Ensemble de la population | 64 304 500 | 40 | 39 | 33 179 616 | 52 | 3 771 141 | 6 |
Source : Insee, recensement de la population 2009
- Les différentes formes de Placements en France
Plusieurs catégories d’établissements d’hébergement pour les personnes âgées existent.
Selon le type d’établissement, mais aussi le fait qu’il dépende du secteur public ou privé, les conditions d’accès et de prise en charge varient. Aussi, selon la vocation à accueillir des personnes âgées autonomes, en perte d’autonomie ou dépendantes, les établissements peuvent être plus ou moins médicalisés.
Le degré d’autonomie est un critère important pour le choix du placement, en effet, la personne âgée est dans la plupart des cas dépendante de part la perte de certaines fonctions cognitives et a besoin d’un tiers pour effectuer certaines tâches et dans ces cas précis les formes de placement dans lequel elle peut être placée est un EHPAD (Etablissement d’Hébergement de Personnes Agées Dépendantes)Ils ont pour cela signé une convention tripartite avec le département et l’Etat garantissant ainsi l’accompagnement des pensionnaires, la qualité du personnel et l’hygiène. Les personnes fortement dépendantes nécessitant également des soins médicaux en permanence peuvent être admises dans les unités de soins longs durés (USLD) qui relèvent, eux, du secteur hospitalier. Pour les personnes âgées malades, il existe également les maisons de retraite dites «médicalisées». Elles accueillent les personnes malades nécessitant un traitement et une surveillance médicale, pour une courte ou une longue durée.
Pour les personnes âgées autonomes quant à elles, elles peuvent rester chez elles ou vivre chez leurs enfants ou chez leurs parentés en l’occurrence leur frère ou sœur.
En résumé, les différents placements sont les suivants :
– Au domicile de la personne âgée, qu’elle vive seule ou en couple : on désignera ce type de
Résidence « Chez soi ». Les logements-foyers, considérés dans les enquêtes Insee comme des logements autonomes, sont rattachés à cette catégorie ;
– la personne âgée vit chez une tierce personne : dans près de trois quarts des cas, la personne chez laquelle vit la personne âgée dépendante est un des enfants (fils ou fille) ; dans 17 % des cas, il s’agit d’un frère, d’une sœur ou d’un autre membre de la famille (neveu, nièce, cousin, cousine, belle-sœur…). Les autres cas sont des petits-enfants, quelques voisins ou amis, des domestiques ou lorsque la personne se déclare pensionnaire, il peut s’agir d’accueil familial. Comme généralement, il s’agit d’un membre de sa famille, on désignera ce type de résidence « Famille » ;
– la personne âgée réside dans un établissement : maison de retraite publique ou privée, médicalisée ou non, service de soins de longue durée. On désignera ce type de résidence « institution ».
Catégories d’établissement
Nature de l’établissement | Publics accueillis | Offre d’hébergement et services proposés |
Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) | Personnes âgées dépendantes et dont l’état nécessite une surveillance médicale | Structures médicalisées assurant une prise en charge globale de la personne âgée, incluant l’hébergement en chambre ou en logement, les soins médicaux et de surveillance, les repas et divers services spécifiques |
Unité de soins de longues durées (USLD) | Personnes âgées les plus dépendantes et dont l’état nécessite une surveillance médicale constante | Structures très médicalisées assurant une prise en charge globale de la personne âgée, incluant l’hébergement en chambre, les soins médicaux et de surveillance, les repas et divers services spécifiques |
Unité de soins spécifiques Alzheimer | Personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou d’un syndrome apparenté | Structures spécialisées répondant à des critères précis d’adaptation architecturale, de qualification du personnel, de participation des familles et de soins spécifiques |
Résidence services | Personnes âgées autonomes, valides ou semi-valides | Appartements individuels bénéficiant d’équipement et de services collectifs facultatifs (restauration, services ménagers, services médicaux, activités culturelles et de loisirs) |
Maison d’accueil rurale | Personnes âgées autonomes ou en légère perte d’autonomie | Appartements indépendants bénéficiant d’espaces de vie collectifs |
En termes d’accueil, les maisons de retraite constituent les premières structures avec environ 488 600 personnes de la population en communauté, soit 30 %. En moyenne, l’âge y est de 84 ans contre 80 ans en 1990, date à laquelle 360 000 personnes résidaient dans une maison de retraite (21 % de la population en communauté). Ainsi, du fait du vieillissement de la population, ce mode d’hébergement a commencé à se développer.
C’est l’âge de 50 ans qui a commencé à définir les premiers pensionnaires en maison de retraite, le nombre augmentant à un maximum de 29 400 personnes jusqu’à l’âge de 87 ans, pour diminuer ensuite du fait de la mortalité. Toutefois, l’hébergement en maison de retraite augmente proportionnellement et de manière constante avec l’ âge : 14 % à 87 ans ; 26 % à 92 ans ; 29 % à 97 ans.
Le maintien à domicile est devenu beaucoup plus systématique, récemment, jusqu’à 85 ans. Au contraire, à partir de 90 ans, c’est le placement en institution qui s’est fortement développé, âge auquel l’entrée en maison de retraite est souvent secondaire à une significative dégradation de l’état de santé et aux difficultés des accompagnateurs, même dans les simples gestes de la vie quotidienne.
- La politique Française de la vieillesse
« La politique de la vieillesse révèle une grande hétérogénéité d’acteurs et de financeurs, rendant les dispositifs d’aide peu compréhensibles par les personnes et leur famille. Cette extrême diversité s’exprime tout d’abord au niveau des décideurs. Les communes et leurs CCAS, depuis de très nombreuses années animent et construisent des politiques en direction des personnes âgées. Interlocuteurs privilégiés de ces dernières, ils gèrent des foyers-logements, des maisons de retraites, des services d’aide et de soins à domicile, etc…, ils expérimentent également des coordinations, des politiques intergénérationnelles. Toute évolution de la politique de la vieillesse devra tenir compte de cette réalité. Les Conseils Généraux, rendus compétents par la loi de décentralisation en matière d’aide sociale, sont devenus des décideurs essentiels dans le cadre de la loi de janvier 1997 sur la PSD. Si certains ont une approche très financière de cette responsabilité, d’autres ont développé de véritables politiques de coordination gérontologique, mobilisant l’ensemble des acteurs, et participent à des politiques de formation en direction des professionnels. La plupart, dans le cadre des schémas gérontologiques départementaux, interviennent dans la réhabilitation des structures d’hébergements. Un certain nombre d’entre eux font part de leur souhait d’être dessaisis de la PSD ».
Ce qui est dit en dessus démontre la politique française pour les personnes âgées qui essayent de tout mettre en œuvre pour un bon placement pour les personnes âgées dépendantes et un épanouissement à domicile pour celles qui sont encore autonomes ou qui peuvent rester chez soi tout en se faisant aider. C’est une chose louable certes que de vouloir le bien et l’épanouissement de nos aînés d’autant que la France est un pays qui devient de plus en plus vieux au regard de sa population.
En effet, d’après l’INSEE, entre 1950 et l’an 2000, les plus de 85 ans ont été multipliés par six et qu’en projection ce même chiffre sera multiplié par 20 en 2020. Concernant la population des centenaires, on en comptabilisait 5000 en 1990 pou 8000 en l’an 2000 et il y en aura 21000 dès 2020.
L’explication de ce vieillissement résulte, d’une diminution de la natalité et d’une diminution du taux de mortalité chez les plus de 60 ans.
C’est dans le cadre de la politique et du financement de la santé que l’Assurance Maladie prend en partie en charge les soins médicaux. Parallèlement, dans le cadre de leurs actions sociales, les Caisses de Retraites développent et pourvoient le financement du maintien à domicile, initiant les actions préventives, constituant la plus grande source de financement du maintien à domicile.
Les structures gestionnaires de l’aide aux personnes âgées sont aussi concernées par cette complexité dans les services de soins à domicile comme dans les structures d’accueil des personnes âgées, les gestionnaires responsables en même temps de ces deux types d’offre étant rares, renforçant la dichotomie entre hébergement et domicile. Deux principales fédérations nationales : l’UNADMR et l’UNASSAD gèrent les services à domicile, constituées par les communes ou des associations. Pour des raisons fiscales, les associations mandataires et intermédiaires se sont développées. La complexité du maintien à domicile réside dans l’organisation autour de deux types d’aide séparés dans leur financement : les soins infirmiers, et l’aide à domicile, cette dernière relevant d’une aide extra-légale des caisses de retraite de financements différents : la PSD, et le financement par les particuliers.
Ainsi, les intervenants auprès de la personne âgée sont nombreux, surtout lorsque la perte d’autonomie est lourde. Des infirmières, des aides-soignantes, des aides ménagères, des kinésithérapeutes…etc, peuvent se succéder au domicile de la personne âgée dans la journée ou dans la semaine, sans qu’il n’y ait toujours de coordination entre ces professionnels, médecins généralistes et SSIAD en prennent parfois l’initiative.
Les associations à but non lucratif, hôpitaux, collectivités locales et sociétés privées développées dans des secteurs géographiques gèrent les structures d’hébergement, à cause de l’absence de places en institutions et l’absence de modes de prise en charge spécifique.
Enfin, l’Etat, les Caisses de Retraites, les collectivités locales et surtout, les personnes et leurs familles constituent également des financeurs. Cependant et en dépit de cette complexité, il faut reconnaître la richesse des initiatives développées au niveau local[28].
- L’éclatement de famille et ses conséquences
La sociologie de la famille contemporaine est née de l’histoire et de l’ethnologie dont l’objectif est de rendre compte des rapports complexes entre changement social et changement familial, en étudiant les principaux concepts de l’anthropologie de parenté (alliance, filiation, lignage, parentèle) et le lien de parenté dans les sociétés contemporaines (sociabilité, échanges, transmissions). « Cette analyse familiale ne relève pas du seul lien conjugal, le sens des relations se construit dans le temps […] d’une vie mais aussi des générations » : ce qui conduit à la formation de la famille et ses différentes formes d’union. « Le thème de la transmission, longtemps cantonné à l’étude des seules sociétés rurale, a acquis droit de cité dans a sociologie contemporaine » : l’’idée que la sociologie de la famille ne peut se contenter d’être une sociologie du couple, mais élucider à l’échelle de l’histoire de chacun de la lignée.
Segalen[29] aborde l’idée centrale de la famille comme instance de médiation entre sphère privée et publique. Elle parle plutôt de « son redéploiement, notamment à partir de l’enfant ». La régulation familiale ne fonctionne plus en fonction du bonheur par chacun, elle reste tenue par les normes juridiques et sociales. Elle conclut par « l’organisation familiale contemporaine n’est ainsi qu’un arrangement possible dans l’univers des cultures » : l’approche de l’auteur est réservé qu’en à l’idée de institutionnalisation familiale avec l’idée de réintégration du conjugal dans la parenté.
L’Etat produit la famille à travers les définitions juridiques, le contrôle étatique est devenu, par le biais du droit, plus flexible et respectueux des choix individuels, mais aussi plus incertain en raison des interrogations suivantes: la légalité et le rôle de l’état providence.
Actuellement il est question du refus des institutions sur la vie privée, d’où la question du désengagement de l’Etat. La sociologie de la famille vue par cette auteur traite à la fois de la famille au sens large, et non pas seulement du couple. Dans ce cas, nous pouvons supposer que nos façons d’agir naissent uniquement de nous-mêmes, qu’aucune histoire familiale nous précède. Or, nous sommes bien le résultat d’une éducation. L’analyse ethnologique permet de mettre à distance l’universalisme pour s’ouvrir à toutes formes de cultures familiales sans en écarter une seule, en partant du principe que nous sommes héritiers de filiation et de lignage.
D’après Roussel, « la famille traditionnelle jusqu’au 19ème siècle se perpétuait par la reproduction et la transmission du patrimoine biologique, symbolique et matériel; la famille est une institution comme l’école et l’état ». Dans les classes sociales favorisées, comme les classes les plus modestes, les familles devaient avoir des enfants. La parentalité était un moyen de passer de la jeunesse à l’âge adulte, de faire perdurer le nom familial et le patrimoine.
Au 20ème siècle, le statut de l’enfant et les modèles familiaux différaient selon la classe sociale. Le travail de la femme les obligent à placer l’enfant en nourrice, ainsi beaucoup d’enfant commence leur vie hors la cellule familiale.
Aujourd’hui plusieurs modèles familiaux existent et le mariage ne domine plus la norme pour de nombreuses familles. Le nombre de naissances diminue, les mères intègrent le marché du travail avec un statut de salarié reconnu. Simultanément la famille est devenue fragile. Les séparations sont moins dépendantes de la mort de par leur volonté propre de se séparer. Les personnes se caractérisent par la volonté de vouloir être autonome, et maîtriser leur destin, elles sont moins enfermées par des rôles déterminés.
La famille est restée tout au long de ces transformations un espace de socialisation déterminée par des éléments culturels et idéologies en interaction avec d’autres institutions.
Durkeim, par sa méthode étudie la famille du point de vue sociologique, effectue une mise en relation du système familial contemporain avec d’autres systèmes en opérant une comparaison avec des travaux concernant d’autres sociétés. Il recommande de s’appuyer sur l’étude des coutumes, du droit et des mœurs. Pour lui, il faut éviter de pêcher par simplisme ou renoncer à toute systématisation[30].
Les subtilités du couple sont évidemment un des éléments fondamentaux de l’explosion familiale. La majorité des individus demeurent en couple ou convolent passablement par commodité… Beaucoup de recherches prouvent cela, ce qui ne risque pas d’ébahir. Et encore, lorsque ça ne s’arrange plus, on se sépare. En général, pour se réconcilier. On espère certes beaucoup des deux. On attend du couple la résolution de toutes les difficultés : celle de l’isolement comme celle de la vie sexuelle. Les amants se séparent ainsi qu’avec les proches. Pour se réconcilier et en général pour se séparer une deuxième fois. La vie familiale influencée par le problème des amants est instable, lorsqu’elle abordait jadis l’équilibre. La délivrance sexuelle a également aidé à l’explosion familiale. Pourtant, rarement il n’existe plus que les personnes humoristes qui parlent de délivrance sexuelle. Cette fable a énormément aidé à secouer la constitution de la vie familiale. Les représentations de l’entreprise de production/consommation nous conditionnent : image du jeune garçon, en liberté, et l’image de la jeune fille, en liberté, séduisante, autonome, citoyenne dans le monde entier… Ces représentations ont fait de beaucoup de personnes désespérées, en voulant avoir une vie telle que la fable. La délivrance de la femme joue également un rôle important dans l’explosion familiale. Cette réaction devait définir de nouveau la responsabilité des conjoints, les rôles de chacun qui deviennent moins banals. Le comportement des conjointes a évolué : elles deviennent plus imposantes, avec cause. Ce qui devait produire une conséquence de durcissement sur un autre élément de l’explosion familiale : l’abandon des têtes de famille. Les pères éprouvent davantage la sensation d’être devancés et se cachent dans le métier ou dans les distractions. Pourtant ont-ils abandonné ou ont-ils passablement été destitués de leurs rôles, forcés à se courber sur eux-mêmes par le changement social ? La libération du pubère est un autre élément. La puberté ne demeure plus un passage. Jadis, la puberté n’était qu’un bref passage de la jeunesse à la maturité. Actuellement, ce passage de la vie s’étend en dépassant la jeunesse en période : on reste longuement un pubère qu’on a été petit… Et la puberté a abouti en une sous-culture, comportant une variété d’inhabilité à peu près calme. Les pubères constituent un ensemble d’une manière séparée avec leur principe de valeurs particulier, s’instruisant entre eux : l’idée des adolescents d’aujourd’hui imite principalement de l’idée des semblables, de leurs amis, que de celle de leurs familles proches. Notre culture est en train de se confronter à une perturbation. Les parents sont énormément troublés; ils ne parviennent plus à s’apercevoir dans un univers en évolution accélérée… Les parents partagent leur inquiétude aux adolescents qui se retournent autre part pour dénicher des répliques. Les jalons traditionnels n’existent plus, la croyance par exemple. Ainsi, les adolescents constatent de plus en plus que la vie sociale n’a pas beaucoup à leur donner. Ils sont conduits donc à contester de manière collective à l’univers des grandes personnes. En débutant par la remise en question familiale.
Dans les éléments d’explosion, il existe également la fonction de plus en plus importante de l’État dans nos existences. L’État est devenu influent. Jadis, le foyer abordait la tranquillité. Actuellement, on réclame l’État d’accomplir cette part de responsabilité. Une détérioration des responsabilités traditionnelles familiales s’est produite en faveur de l’État, qui a la responsabilité de l’instruction des adolescents pareillement à l’occupation des vieillards. La légende démocratique est un long combat pour l’autonomie. Pourtant il parait qu’actuellement, nous avons remplacé l’autonomie obtenue contre plus de sécurité[31].
Tandis que la famille africaine exerce des fonctions et des responsabilités multiples. Encore aujourd’hui elle est le facteur de socialisation le plus important. Elle façonne l’enfant dès son plus jeune âge et l’avenir de ce dernier est en grande partie tributaire des conditions socioéconomiques de la famille. Cependant, la solidarité qui nourrissait et entretenait la cohésion entre les membres est aujourd’hui sérieusement menacée par la modernisation et l’urbanisation, par l’éclatement familial dû à l’émigration et aux conséquences d’une économie africaine vacillante. En effet, les changements dramatiques dans l’économie ont ébranlé les familles dans leurs aptitudes à répondre aux besoins de leurs membres. En dépit des changements, il apparaît clairement que la famille africaine, étendue, tente de se maintenir. Le rôle joué par la famille africaine et, en premier lieu, par les femmes dans la production (alimentaire) et la reproduction (biologique) résulte d’un large éventail d’impératifs culturels, institutionnels et sociologiques dont la compréhension devrait guider les politiques démographiques et les programmes de développement[32].
- L’élaboration de la problématique et des questions de recherche
Dans un monde de plus en plus industrialisé, on ne dispose plus de temps, ni pour soi ni pour les siens et l’âge de vie est de plus en plus avancé du fait des technologies médicales à la pointe, contribuant à une prolongation du temps de vie des personnes. Comme le souligne Yves Camus : « Compte tenu des progrès de la science, le temps de la vieillesse s’est progressivement allongé, si bien qu’on pourrait le diviser en plusieurs périodes allant de la première, active et productive de valeurs nouvelles, a la dernière, passive et languissante quand elle ne sombre pas dans la décrépitude »[33]. C’est dire que dans cette période postmoderne, en s’appuyant sur les dires de Camus, l’homme vit plus longtemps, entraînant un vieillissement de la population surtout dans le monde occidental. On se trouve alors confronter à une population vieillissante et dépendante et à une problématique du devenir de nos aînés, outre les priorités du quotidien.
L’accompagnement de la personne âgée peut dépendre de la proximité relationnelle que cette dernière a avec sa famille. Ceci rejoint les propos de Jérôme Pellisier et Yves Gineste, dans leur ouvrage Humanitude, qui disent: « Parce que nous sommes des êtres de relation, nous sommes des êtres d’attachement. Nous entretenons avec certains de nos semblables des liens particuliers, d’affection, d’amitié, d’amour, d’indifférence et de haine également. Par ces liens nous sommes souvent soutenus et nous soutenons ; par ces liens, nous partageons souvent ensemble le poids, presque toujours douloureux pour l’homme, de la confrontation avec la mort ».Ces propos spécifient à quel point l’on s’attache ou non aux siens et que cette dimension est prise en compte pour le placement de l’aîné selon qu’on est, affectivement, proche ou non de ce dernier.
L’entourage d’un aîné ne lui est pas toujours disponible, ayant souvent des obligations multiples, malgré le fait que les aînés sont souvent sujets à des problèmes de maladies dégénératives qui demandent une assistance médicale spécialisée et une permanence à leur chevet. « La vieillesse est une notion qui interpelle amenant à une certaine perte d’autonomie et étant parfois confronté à des dégénérescences telles que constatées dans certaines maladies neuro-dégéneratives comme la maladie d’Alzheimer et la maladie de Parkinson et ces deux maladies sont les plus importantes handicapantes dans le monde et leur prévalence augmente avec l’âge »[34]. Ces maladies ci-dessus citées sont très handicapantes et pèsent lourdement sur l’entourage ; mais on peut assister à un processus de vieillesse normal avec autonomie et des fonctions cognitives bien en alerte.
Néanmoins, il peut arriver que l’on ne veuille pas s’occuper des parents âgés « pour avoir la paix » et vaquer tranquille aux obligations, car dans la conception et la perception de la vieillesse, cette dernière équivaut à la maison de retraite. En effet, la vieillesse paraît comme un « problème à résoudre ou à cacher » et non comme une étape de la vie à laquelle il convient de faire face et accompagner. Notons cependant, qu’il y a des personnes qui optent à ce que leurs aînés aient une vieillesse pleine de dignité, d’harmonie et de paix ; en essayant de garder leurs parents à domicile, même si cela peut engager un énorme problème de prise en charge, quitte à sacrifier leurs vies pour la fin heureuse de leurs aînés. Même s’ils sont confrontés aux maladies dégénératives de leurs aînés, ils préfèrent les garder, en faisant appel à une équipe soignante, passant à des heures fixes pour aider et essayer de construire un environnement digne et harmonieux pour la personne âgée. En tant que chercheur, je veux explorer, dans cette recherche, ce thème concernant la mise en institution ou non de la personne âgée procédant à un sondage d’opinion de ce qui amène à l’institutionnalisation ou le maintien à domicile de leurs aînés.
- Prennent-ils en compte l’avis de leurs aînés ou jugent-ils que du fait de leur grand âge et de leur déclinaison, ce serait judicieux de les placer ?
- Le fait qu’il y ait un manque de moyens, de temps et de disponibilité dans la famille, serait-il un accélérateur dans le placement ?
Une série de questions est englobée dans le questionnaire de recherche pour éclaircir ma problématique et y apporter une lumière :
- Est-ce que tous les indicateurs sont pris en compte dans le jugement d’acceptabilité dans le devenir de nos ainés?
- Est-ce qu’ils ont tous le même poids dans le jugement d’acceptabilité dans le devenir de nos ainés ?
- Existe-t-il des effets d’interaction entre les indicateurs dans le jugement d’acceptabilité dans le devenir de nos ainés ?
- L’âge a-t-il une influence dans le jugement d’acceptabilité dans le devenir de nos ainés?
- La nationalité a-t-il une influence dans le devenir de nos ainés ?
CHAPITRE II. LA METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
Comme dit précédemment, nous procéderons à une évaluation expérimentale pour étayer notre problématique. Pour ce faire, nous avons choisi d’utiliser la méthode expérimentale d’Anderson qui repose sur le Théorie fonctionnelle de la cognition.
- Présentation de la Méthode Andersonienne
Pour ce mémoire de recherche, j’axe ma méthodologie sur la théorie fonctionnelle de la cognition (1996).
D’après Anderson, le jugement d’acceptabilité dépend de la façon dont on intègre les diverses informations qui nous parviennent de l’environnement extérieur.
« Dans la vie quotidienne notre cognition s’exprime en effet principalement à travers les multiples jugements que nous portons sur la réalité immédiate ou certains aspects de cette réalité immédiate ». En effet, selon Anderson, la vie quotidienne est caractérisée par l’intentionnalité consciente. De l’acte physiologique à celle de la conception d’une expérience, nos actions sont dirigées vers des buts. Cette finalité se révèle en partie dans notre conscience, en partie dans l’organisation de notre pensée et de l’action. La vie quotidienne est donc un endroit évident, apparemment idéal pour commencer, rempli de promesses pour le développement de la théorie cognitive.
La théorie fonctionnelle de la cognition d’Anderson est essentiellement de la théorie de la vie quotidienne ou plus précisément une théorie des jugements rendus dans la vie de tous les jours. Son but est de rendre compte de la façon dont on appréhende les règles et de quelle manière certaines règles nous aide à prendre certaines décisions. « On a tendance à accentuer la similitude entre nos propres opinions et celles qui nous paraissent proches (assimilation), mais à accentuer les différences avec celles qui en sont éloignées (contraste) traduit la dépendance de nos jugements aux opinions qui traversent le champ social et contredit par la même l’idée de jugement comme acte hautement individuel »[35].
En somme, elle vise à déterminer la forme de la relation entre l’estimation de l’intensité de contraste perçu, les contraintes d’une situation, les ressources personnelles et le soutien social.
- Présentation du plan expérimental
Les travaux d’Anderson trouvent leur originalité dans les moyens d’utilisation des méthodes utilisées, notamment de la mesure fonctionnelle, avec laquelle l’intégration de la subjectivité de chaque participant devient possible avec la recherche de la règle algébrique générale et non individuelle. En effet, dans cette théorie, il devient possible d’expliquer le comportement des personnes après la mise en lumière de l’algèbre mathématique dans la description mathématique et l’explication convergent.
Le premier concept de la théorie d’Anderson est celui de la valuation, difficilement traduisible. Le plus important est d’éviter de confondre ce concept avec celui de l’évaluation, ou à celui de l’estimation d’un stimulus externe d’ailleurs. La valuation fait plutôt référence à la transformation des stimuli physiques et sociaux en des stimuli psychologiques prêts à l’intégration. Durant cette opération, il s’agit pour le sujet d’attribuer une valeur subjective à chaque stimulus qu’il reçoit, selon ses propres critères et son état motivationnel. Cette phase considère l’impression initiale du sujet (s0), correspondant à l’état initial de la personne (attitude, optimisme, pessimisme, favorabilité ou non par rapport à une situation présentée). Les autres stimuli et leur traduction sont à considérer préalablement lors de l’impression initiale qui, techniquement, correspond à une tendance de la personne dans sa préférence à utiliser certaines parties de l’échelle de réponse.
Après l’étape de la valuation, le sujet passe à la phase intégration. Cette phase consiste pour le sujet à donner différents poids aux informations reçues (w1, w2 etc.), pour que ce dernier puisse donner plus de valeur ou non à certaines informations en y attribuant un poids différent. Donc, cette phase permet au sujet d’ordonner les modalités des variables selon l’importance accordée. Dans cette phase, on obtient une réponse « r interne » avant de donner la réponse observable (R). C’est pour cela que cette phase correspond à l’étape de l’Action. Quand à la réponse observable (R), elle peut être de nature verbale, sous forme d’expression faciale, ou une réponse non graduée, cette dernière modalité étant celle utilisée dans la méthode de la mesure fonctionnelle.
La particularité de cette méthode réside donc dans la connaissance de l’importance accordée aux différentes informations, tout en essayant d’éclairer l’algèbre mathématique que les sujets utilisent lorsqu’ils doivent choisir entre plusieurs candidats. Ainsi, il devient possible d’expliquer le comportement des sujets lors des prises de décision, par exemple.
Dans la théorie fonctionnelle de la cognition, il faut deux conditions expérimentales :
- Le questionnaire : devant comprendre la totalité des combinaisons des variables que l’on souhaite considérer.
- L’échelle de réponses : devant être linéaire, pour pouvoir transcrire la réponse en valeur numérique.
Ceci permet ainsi de construire des lois psycho-cognitives du processus de formation d’impression, par la mesure du poids de chaque information et en prenant en compte la subjectivité des professionnels. Aussi, une fois les réponses données, la théorie fonctionnelle de la cognition permet de trouver, le ou les modèles algébriques que les personnes ont utilisés pour élaborer leur jugement.
La figure suivante représente le diagramme d’intégration de l’information selon Anderson (1996). Quand un individu est placé dans un environnement complexe, l’obligeant à traiter de multiples stimuli, il est amené à passer par trois opérations mentales: Valuation, Intégration et Action.
Figure: Diagramme d’intégration de l’information
Source : Siméone (1999) d’après Anderson (1996)
Pour notre part, le matériel sera composé de vignettes, composée chacune de scénario de quelques lignes, expliquant une situation précise, une question et une échelle de réponse. Les scénarii ont un plan à 4 facteurs (PL, CE, PE, CG):
- Placement (2 indicateurs)
- Acceptation de la part de l’aîné
- Non acceptation de la part de l’ainé
- Choix des enfants (4 indicateurs)
- Sollicitation des services sociaux
- Placement et financement par la personne âgée
- Placement et financement des enfants
- Accueil du parent chez les enfants
- Proximité des enfants (2 indicateurs)
- A la retraite et proche
- Eloigné et en activité
- Cognition (2 indicateurs)
- Déclin au niveau cognitif
- Pas de déclin au niveau cognitif
Les vignettes ont été obtenues par croisement orthogonal de ces 4 facteurs. Notre plan expérimental est le suivant : (PL2*CE4*PE2*CG2).
- Les sujets
La population d’enquête est le tout venant d’autant que cette étude de recherche se passant en France, on est et on sera confrontée au défi du placement d’un parent dans une institution ou le maintien à domicile induite par de multiples causes et c’est le défi de cette recherche.
Ainsi la population de recherche, pour clarifier la situation, sera principalement composée des personnes ayant une tranche d’âge comprise entre 20 ans et 77 ans.
Au total, 30 sujets ont été sélectionnés, composés de 21 hommes et 10 femmes.
Il est à dire que notre population est issue de deux origines : française et africaine, avec 24 français et 6 africains.
Pour pouvoir établir le profil des enquêtés, il a fallu dresser un guide de questionnement :
- Quel est votre âge ?
- Quel est votre sexe ?
- Quel est votre niveau d’étude ?
- Combien d’enfants avez-vous ?
- Quel est votre nationalité ?
- Quelle est votre profession ?
- Etes-vous Célibataire ? Concubin(e) ? Marié(e) ? Divorcé(e) ? Veuf (ve) ?
- Le Matériel
Les variables intra-sujets correspondent aux 4 facteurs cités précédemment : Placement (PL), Choix des enfants (CE), Proximité des enfants (PE), Cognition (CG).
Ci-dessous un exemple de vignette :
Madame Louvet a 84 ans. Elle vit seule depuis le décès de son mari, il y a dix ans.
Du point de vue physique, elle est de moins en moins autonome. Elle peine à se lever, a du mal à se laver, ne parvient plus à s’habiller seule et se fatigue beaucoup lors de la préparation de ses repas.
Du point de vue intellectuel, Madame Louvet n’a aucun problème. Elle lit, regarde la TV, et sait s’occuper. Elle est tout à fait capable de prendre ses médicaments aux heures dites et dans le dosage prescrit.
Madame Louvet ne veut pas entendre parler de placement en institution pour personnes âgées.
Ses deux enfants sont maintenant à la retraite (et leur conjoint aussi) et disposent l’un et l’autre d’une grande maison. Ils vivent à proximité.
Ils ont décidé d’accueillir leur mère chez eux. Madame Louvet vivra la plupart du temps chez l’un des enfants et viendra de temps en temps chez l’autre enfant.
Dans quelle mesure pensez-vous que cette décision des enfants est acceptable ?
Pas du tout o—–o—–o—–o—–o—–o—–o—–o—–o—–o—–o Tout à fait
- Procédure
Le recrutement des sujets de notre enquête ont été fait dans la généralité, pourvu que chacun d’eux ait un antécédent de vie avec un parent âgé, pour répondre à notre problématique. La passation s’est faite au domicile de l’enquêté, en maisons de retraite ou dans le lieu qui aurait convenu pour le mieux à notre population d’enquête. Aucune limite de temps n’a été imposée, le plus important étant de mener à bien l’enquête.
La tâche se déroule en deux temps phase de familiarisation et phase d’expérimentation. Néanmoins, quel que soit le temps de l’expérience la consigne reste identique : l’on sera face à un paquet de petites fiches qui correspondent chacune à une situation de pratiques professionnelles en maison de retraite. Il s’agira donc le degré d’acceptabilité de ces pratiques à partir de 10 indicateurs. En effet, chaque situation comprend 10 indicateurs pour aider à juger du degré d’acceptabilité selon ce qui est le plus important. Le jugement étant personnel, il n’y aura ni bonnes ni mauvaises réponses.
Afin de juger degré d’acceptabilité, il faudra donc tenir compte de ces indicateurs qui composent chaque scénario.
Quant au à la passation du questionnaire proprement dite, elle se fait en deux étapes :
- Une phase de familiarisation : durant laquelle il s’agit pour le participant de se familiariser avec matériel et de répondre à une partie des scénarii en cochant le degré de l’échelle qui lui semble correspondre le plus à son jugement. Durant cette phase, l’enquêté peut poser des questions à l’expérimentateur, puis corriger ses réponses s’il le juge nécessaire et revenir en arrière.
- Une phase expérimentale : durant laquelle il s’agit pour l’examinateur de présenter au répondant les 32 scénarii, classés de façon aléatoire. Après que l’examinateur ait expliqué l’objet de son étude, le répondant devra lire chacun des scénarii, et y répondre sans poser de question, cette fois-ci, et donc sans pouvoir revenir en arrière.
Les données recueillies restent confidentielles. L’examinateur ne devra pas oublier de préciser cette confidentialité au répondant, de donner des consignes sur « cocher la graduation de l’échelle qui correspond au mieux à votre jugement, outre le fait que ni bonne ni mauvaise réponse n’existe, le plus important étant de répondre intégralement à l’échelle en suivant les consignes décrites.
CHAPITRE III. LES RESULTATS
En termes de résultats, il est donc à noter que la réponse donné par le répondant correspond à son jugement par rapport à chacune des personnes enquêtées et leur décision par rapport au maintien à domicile de leur parent âgé ou la mise en institution. Il s’agit pour le répondant de se statuer sur une échelle de 11 points pour chacun des 32 scénarii.
Les réponses ont d’abord été retranscrites à l’aide du logiciel EXCEL. Les données ont ensuite été traitées par le logiciel STATISTICA 10.0, avant d’effectuer les analyses de variance, avec ANOVA, selon la méthode des moyennes et des moindres carrés.
Les facteurs que l’on a choisit [Placement (PL), Choix des enfants (CE), Proximité des enfants (PE), Cognition (CG)] nous permettent de dire de manière générale que tous les indicateurs sont pris en compte dans le jugement d’acceptabilité dans le devenir de nos ainés. Pour le reste de nos questions, il nous faudra l’analyser à travers notre enquête.
- Résultats issus de la méthodologie d’enquête
Selon les résultats que l’on a obtenu de notre méthodologique d’enquête, notre population de recherche se compose, au total, de 30, composés de 21 hommes et 10 femmes.
Les sujets ont une tranche d’âge comprise entre 20 ans et 77 ans, avec une majorité de jeunes de 20 à 30 ans, et un effectif évalué à environ 10% de la population d’étude totale.
Notre population est issue de deux origines : française et africaine, avec 24 français (80%) et 6 africains (20%).
Les sujets recrutés pour notre enquête ont majoritairement obtenu leur diplôme de Baccalauréat, avec une minorité n’ayant pas suivi de grandes études. Il apparaît alors normal que le niveau professionnel soit aussi assez élevé, avec une petite minorité de personnes au chômage (6%) ; une proportion considérable étant dans le domaine de la santé.
Plus de la 50% de la population d’étude n’a pas d’enfant et est célibataire.
- Résultats des analyses de variance
La figure 1 ci-dessus nous montre un croisement entre les variables cognition et choix des parents. L’axe des abscisses représente le degré accordé par les participants sur le jugement d’acceptabilité concernant le choix des parents par rapport au placement selon leur état cognitif, tandis que l’axe des ordonnées représenté le niveau d’accord des parents. La variable cognition, rappelons-le comprend 2 indicateurs, 1 pour la présence d’atteinte cognitive et 2 pour l’absence d’atteinte cognitive. La ligne bleue représente donc la tendance d’acceptation ou de refus du parent selon la présence de trouble cognitif, tandis que la ligne rouge représente l’acceptation ou le refus selon l’absence d’atteinte cognitive du parent. On remarque alors que le degré du jugement d’acceptabilité du placement est élevé lorsque le parent a un problème cognitif, et retombe aussitôt lorsque ce dernier n’est pas atteint de trouble cognitif. La figure ci-dessous montre donc que le choix du parent, lorsqu’il n’a pas d’atteinte cognitive s’oriente vers le refus du placement. Avec un p=0,0002, on obtient un résultat significatif dans le croisement des variables choix du parent et degré de cognition.
La figure 2 croise les variables choix des enfants et choix des parents. La variable choix des enfants comporte 4 indicateurs différents, représentés d’ailleurs par l’axe des abscisses :
- 1= Sollicitation des services sociaux,
- 2= Placement et financement par la personne âgée,
- 3= Placement et financement des enfants,
- 4= Accueil du parent chez les enfants.
Tandis que l’axe des ordonnées représente, une fois de plus, le degré accordé par les participants sur le jugement d’acceptabilité concernant le choix des parents par rapport au placement selon le choix des parents, le choix des parents étant évalué par 2 indicateurs, 1 correspondant à celui de l’acceptation de la part de l’aîné, et 2 pour la non acceptation. La ligne bleue représente la tendance du choix de placement par les enfants chez les sujets qui ont accepté ce placement, tandis que la ligne rouge représente la tendance de ce choix chez les parents qui n’acceptent pas le placement.
Le figure nous montre que chez la personne âgée qui accepte le placement, le jugement d’acceptabilité est élevé et en faveur de la sollicitation des services sociaux, et un peu moins pour l’accueil du parent en question chez les enfants. Cette situation se trouve inversée lorsque l’aîné est dans la non acceptation du placement, le jugement d’acceptabilité étant de loin en faveur de l’accueil du parent chez les enfants.
Un p=0,0002 est suffisant à dire que la relation choix des enfants et choix des parents est significative.
Le croisement entre les variables choix des parents et proximité des enfants est représenté par la figure 3. Les indicateurs de la valeur choix des parents n’ayant pas changé, ceux de la proximité des enfants correspondent à :
- 1= A la retraite et proche,
- 2= Eloigné et en activité.
L’axe des abscisses représente ainsi le degré de proximité des enfants par rapport à leur aîné, tandis que l’axe des ordonnées représente le degré accordé par les participants sur le jugement d’acceptabilité concernant le choix des parents par rapport au placement selon le degré de proximité. La courbe bleue indique que pour les personnes qui ont accepté le placement, le jugement d’acceptabilité considère plus les enfants qui sont proches de leurs parents, tandis que le jugement d’acceptabilité est en faveur de l’enfant éloigné lorsque le parent accepte le placement. Considéré ainsi, et avec une valeur de p=0,00691, on peut dire que la variable proximité n’interfère pas avec la décision de placement, et le résultat que l’on obtient n’est alors pas significatif.
L’effet de l’âge sur le jugement d’acceptabilité du placement est représenté par la figure 4, qui croise les variables proximité des enfants et âge des enfants. Ici, l’axe des abscisses représente le degré de proximité. La courbe bleue représente la tendance de placement en fonction de la proximité chez l’enfant dont la tranche d’âge appartient à celle inférieure à 50 ans, le jugement d’acceptabilité étant en faveur de l’enfant proche. La courbe rouge, quant à elle, représente cette tendance de placement chez l’enfant supérieur à 50 ans, le jugement d’acceptabilité étant pour l’enfant éloigné. Une fois encore, le degré de proximité ne semble pas avoir une relation significative par rapport à la variable âge, quant au jugement d’acceptabilité du placement de l’aîné.
La figure 5 croise les variables choix des enfants et cognition, en prenant en compte le facteur nationalité, qui considère 2 indicateurs :
- 1= nationalité française,
- 2= nationalité africaine.
L’axe des abscisses correspond donc aux 4 indicateurs du choix des enfants, tandis que l’axe des ordonnées considère toujours le degré accordé par les participants sur le jugement d’acceptabilité du placement de l’aîné, selon le facteur cognition. On obtient ainsi 2 sous figures selon l’origine française ou africaine. La courbe bleue représente la tendance de placement pour les personnes ayant une atteinte cognitive, tandis que la courbe rouge représente cette tendance de placement pour les personnes sans atteinte cognitive.
Chez la population française, la figure montre que la décision de placement est orientée et acceptée lorsque le parent est atteint de trouble cognitif. Tandis que chez la population africaine, la volonté de garder le parent même en présence d’atteinte cognitive est importante.
Avec un p=0,07, le résultat est significatif, et signifie qu’il existe une relation significative entre le choix des enfants au placement et l’atteinte cognitive de leur parent, chez la population française et africaine.
CHAPITRE IV. DISCUSSION
L’objectif de notre étude était centré sur le degré d’acceptabilité du jugement portant sur le devenir de nos ainés, considérant le cas où cette dernière est atteinte de trouble cognitif, dans la plupart des croisements de variables. De cette façon, les participants ont pu attribuer un degré d’acceptabilité aux différentes situations dans lesquelles peuvent se retrouver les aînées, grâce à la méthode fonctionnelle de la cognition selon Anderson. Dans la recherche des facteurs qui peuvent influencer cette décision de placement ou non du parent âgé, on a pu identifier 4 facteurs, ayant défini notre plan expérimental : Placement (PL), Choix des enfants (CE), Proximité des enfants (PE), Cognition (CG). Cependant, la tenue de l’enquête a révélé d’autres facteurs qui peuvent influencer ce jugement d’acceptabilité, tel l’âge de l’enfant qui pourrait, notamment influencer, ou non, le choix de ce dernier sur le parent de son parent âgé. Nos questions de recherche étaient les suivantes :
– Est-ce que tous les indicateurs sont pris en compte dans le jugement d’acceptabilité dans le devenir de nos ainés?
– Est-ce qu’ils ont le même poids dans le jugement d’acceptabilité dans le devenir de nos ainés ?
– Existe-t-il des effets d’interaction entre les indicateurs dans le jugement d’acceptabilité dans le devenir de nos ainés ?
– L’âge a-t-il une influence dans le jugement d’acceptabilité dans le devenir de nos ainés?
– La nationalité a-t-il une influence dans le devenir de nos ainés ?
La première question que nous nous sommes posée est « Est que tous les indicateurs sont pris en compte dans le jugement d’acceptabilité dans le devenir de nos ainés » ? Au départ, l’on a évalué 10 indicateurs dans notre enquête. Les résultats des analyses de variance montrent bien des résultats en concordance avec les 4 facteurs lesquels on a jugé pertinent par rapport à la décision de placement des aînés.
Ces mêmes résultats répondent déjà à la deuxième question : « Est-ce qu’ils ont tous le même poids dans le jugement d’acceptabilité dans le devenir de nos ainés » ? On a pu constater qu’effectivement, le poids porté au jugement d’acceptabilité n’est pas le même pour tous les indicateurs, ce poids étant particulièrement pour le facteur cognition, qui revient souvent dans les croisements des variables.
Quant à la question de l’interaction entre les différents indicateurs, on a pu découvrir que les relations choix des parents et choix des enfants, choix des parents et cognition, et choix des enfants et cognition sont totalement significatives, les résultats étant donc significatifs et valables. Tandis que le facteur proximité ne semble pas porté de valeur significative quant au jugement d’acceptabilité du devenir de nos aînés.
Enfin, pour la question de la nationalité, on a pu découvrir que la notion de nationalité influe vraiment sur le devenir de nos aînés. Dans notre partie théorique, on a vu que dans la famille africaine, malgré les avancées de notre temps, est la famille traditionnelle qui considère encore l’unité et la cohésion des membres. Ceci est intégralement vérifié dans notre enquête, dans la mesure où les participants africains ont un problème par rapport au placement de leur parent atteint de trouble cognitif, qu’ils préfèrent de loin garder avec eux. Cette situation est contraire à celle des participants français, pour lesquels l’atteinte cognitive est un facteur motivant grandement le placement en institution.
En somme, les résultats de notre enquête, outre le profil de nos participants, nous ont conforté ou réconforté dans l’idée que la prise de décision de placement des aînés prennent en considération le choix des personnes concernées, du moins lorsqu’elles ne sont pas atteintes de troubles cognitifs. Ici notre processus méthodologique a considéré la dimension cognitive dans l’évaluation des participants, mais nous renvoie également à la conceptualisation théorique, révélée par la réalité, la dimension humaine dans la considération de nos aînés.
CONCLUSION
L’objectif de notre travail était d’évaluer la prise de décision des enfants par rapport au maintien au domicile ou au placement en institution de leur parent âgé. En effet, le processus du vieillissement, devant être considéré plus comme un processus physiologique nécessitant le soutien et l’accompagnement, doit motiver plus de considération, car non seulement on sera tous confronté à cette décision de placement, mais aussi, nous-mêmes nous passerons par le processus de la vieillesse.
En général, la décision de placement relève de l’état du sujet âgé, qui se retrouve polypathologique, ou ayant tout simplement perdu son autonomie, situation face à laquelle les enfants se sentent impuissants, motivant la décision de placement. Toutefois, la personne âgée n’est pas à l’abri d’une mise en institution abusive, que ce soit de la part de ses proches, ou même du corps médical, qu’elle soit en état ou pas d’adhérer à la décision de placement. Dans cette optique, dans l’Etat français, des politiques publiques sont en place pour protéger le sujet âgé, notamment en termes de consentement, statuant tout geste allant à l’encontre du consentement de la personne âgée comme bafouant ses droits élémentaires.
Ainsi, l’on a pu étayer tous les concepts liés à notre problématique de notre travail dans la partie théorique, mais il nous a fallu confronter cette situation théorique à la réalité du terrain. C’est de cette manière que nous avons été mené à conduire une enquête, basée sur la méthode fonctionnelle de cognition d’Anderson, dont l’avantage réside dont l’évaluation du jugement d’acceptabilité du participant par rapport à une situation donnée, correspondant, dans notre cas, à la décisions de placement de l’aîné. De cette enquête, on a pu conclure qu’en majorité, la décision de placement des parents âgés par leurs enfants dépend de l’acceptation de ces derniers, surtout s’ils n’ont aucune atteinte cognitive. Aussi, la tendance de placement chez la population française est plus motivée par la présence d’atteinte cognitive chez le parent âgé, contrairement à la population africaine, chez qui garder un parent malade est d’autant plus important que si ce dernier était sain. Ce fait renvoie d’ailleurs au concept de l’importance de la famille et de son accompagnement du parent âgé dans son vieillissement.
Il est plus qu’acceptable que les avancées de notre époque a eu des effets, négatifs surtout, sur la famille, modifiant les relations entre parents et enfants. Or, c’est cette relation qui sera décisive pour le parent âgé, outre le concept d’humanitude que devrait motiver le corps soignant.
En somme, il y a sans doute certaines limites aux résultats que notre enquête a apportés, ne serait-ce qu’en considérant la taille de notre population d’étude, et la limitation même de notre étude dans le temps et dans l’espace. Cependant, ils sont à considérer dans la mesure qu’ils ne considèrent pas moins la prise en charge de la personne âgée.
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[34] Notes de Cours, Psychologie Gerontologie, Cuervo-Lombard.
[35]Esnard, C. (2009). Le jugement social; Ed. Dunod.
Mémoire de fin d’études de 64 pages.
€24.90