Mémoire portant sur les ressources naturelles dans les conflits armés.
Thème :
Les ressources naturelles dans les conflits armés
Sujet :
Les ressources naturelles dans les conflits armés en Asie: cas des pierres précieuses en Birmanie
Problématique :
Quel est le rôle des ressources naturelles dans les conflits armés birmans ?
Plan :
- Partie théorique : Le rôle des ressources naturelles dans les conflits armés
- Panorama des ressources naturelles en Asie
- Le gaz naturel
- Le charbon
- Le blé
- Les pierres précieuses
- Conflits armés causés par les pierres précieuses
- Le trafic illicite des pierres précieuses vers l’international
- Les pays de l’Asie les plus touchés par les conflits
- Les conflits birmans
- Les conflits thaïlandais
- Conflit au sein de l’ethnie Karens
- Troc entre pierres précieuses contre ravitaillement en armes
- Les conflits afghans
- Relations entre les ressources naturelles et les conflits armés
- Les ressources naturelles : causes primaires ou secondaires des conflits armés : Le rôle des ressources naturelles dans ces conflits
- Des relations complexes et multidimensionnelles entre les ressources naturelles et les conflits armés
- Usage, exploitation et exportation illégaux des ressources naturelles
- Présence de facteurs politiques, économiques et sociaux dans les conflits
- Relation entre ces autres facteurs et les ressources naturelles
- La « malédiction » des ressources naturelles
- Intervention et position de l’Etat
- Intervention et position des organisations concernées par les conflits et leur résolution
- Relation entre acteurs déclencheurs des conflits et ressources naturelles
- Etude de cas : corrélation entre conflits armés birmans et présence de pierres précieuses
- Présentation de la production birmane de pierres précieuses
- Implication des pierres précieuses dans les conflits armés sévissant en Birmanie
- La Birmanie, l’Eldorado des pays occidentaux
- Le jade, une production majoritaire mondiale en Birmanie
- Le rubis, une exportation à l’international
- Le saphir
- Les pierres précieuses birmanes au centre des confrontations armées
- Les pierres précieuses comme sources des conflits
- Conflit entre les ethnies et l’Etat sur l’exportation illégale des pierres précieuses à l’international
- Revendication des droits des ethnies dans la production des pierres précieuses : les pierres précieuses proviennent majoritairement des ethnies
- Les pierres précieuses pour payer le ravitaillement en armes : exemple de la guerre entre la Junte et les ethnies
- Les pierres précieuses dans les différentes étapes des conflits armés birmans
- Origine et déclenchement des conflits armés
- Facteurs politiques économiques, sociaux et ethniques reliés aux ressources naturelles
- Implication des ressources naturelles dans le processus de prolongation des conflits
- Les ressources naturelles comme entraves à la résolution des conflits armés
- Présentation des différentes hypothèses
- Corrélation entre présence de pierres précieuses et conflits armés entre la junte militaire birmane et les ethnies
- Rôle du commerce de jade dans le financement de la garde militaire en Birmanie
- Les pierres précieuses birmanes alimentent les conflits armés (au niveau des ravitaillements en armes)
- Confirmation ou réfutation des hypothèses
- Discussion et analyse des résultats
INTRODUCTION
Les ressources naturelles sont, depuis des décennies, impliquées dans divers conflits armés, comme tel est le cas en Afrique, continent duquel de nombreux exemples d’association entre conflits armés et ressources naturelles émanent. Pour le cas de l’Afrique, l’ONU a recensé près de dix guerres civiles financées et alimentées par l’exploitation des ressources naturelles en RDC, au Libéria, etc. Selon le rapport de l’UNEP (United Nations Environment Programme), les conflits armés au Sierra Leone de 1991 à 1999 ont été financés par la vente de 25 à 125 millions de dollars de diamants par le Front Révolutionnaire Uni (RUF).[1]
Sur la scène internationale, les ressources naturelles jouent un rôle majeur dans le déclenchement, la prolongation ou le risque d’entrave à la consolidation de la paix. En Asie, les cas d’implication des ressources naturelles dans les conflits armés ont déjà été détectés dès la guerre froide durant laquelle le trafic de drogue alimenté par l’exportation illégale d’opium a connu une extrême recrudescence. Ce trafic de drogue a été réalisé grâce à la coopération de l’armée birmane et de l’armée thaïlandaise[2]. D’après Le Billon (2003), les pays du Tiers-monde sont les plus ciblés par les « guerres de ressources » ou les conflits armés liés aux ressources naturelles : « le séparatisme armé en Indonésie ou au Nigéria, les tentatives d’annexion du Koweït ou de provinces de la République Démocratique du Congo, les guerres civiles en Angola ou aux Philippines, et les coups d’Etat en Iran ou au Venezuela.[3] »
Bien que l’Afrique soit le théâtre des conflits armés reliés aux ressources naturelles les plus nombreux dans le monde, notre cas se penchera plutôt vers l’Asie, un autre continent regorgeant de multiples ressources naturelles engagées dans des conflits armés de type guerre civile, confrontations, etc. Ces ressources, majoritairement regroupées en Asie du Sud-est, font l’objet d’exploitation, de vente et d’usage illicite, suscitant la colère du peuple et des protecteurs du patrimoine.
Ce mémoire tentera d’établir un lien entre ces ressources naturelles et les conflits armés en Asie, d’où le sujet : « Les ressources naturelles dans les conflits armés en Asie: cas des pierres précieuses en Birmanie » En effet, comme le précise Le Billon (2003), « l’économie politique des ressources naturelles et leurs caractéristiques jouent un rôle significatif dans la formation et la conduite des conflits armés. Les spécificités des ressources présentent un effet un certain nombre d’enjeux et d’opportunités participant à la formation et aux pratiques de conflits armés qui leur sont caractéristiques[4] ».
Puisqu’un lien entre ces deux faits existe, il convient donc de dégager le rôle que ces ressources jouent dans ces conflits armés.
Pour ce faire, nous avons choisi la Birmanie comme terrain d’étude, d’où la problématique : « Quel est le rôle des ressources naturelles dans les conflits armés birmans ? ». Le choix des pierres précieuses comme ressources choisies s’apparente à leur implication massive dans divers conflits tels que la vente de jade pour financer la garde militaire birmane.
Il est important de souligner, dès le départ, que ces ressources naturelles interviennent tant dans le déclenchement des conflits armés que durant leur processus de prolongation et peuvent même se constituer comme entraves à leur résolution. De même, elles ne représentent pas les seuls facteurs auxquels ces conflits sont imputés. D’autres facteurs économiques, politiques, sociaux, etc. entrent également en compte et seront aussi évoqués tout au long de ce mémoire.
Notre travail se divisera en deux parties distinctes. La partie théorique consistera en l’approfondissement du rôle des ressources naturelles dans les conflits armés. Elle débutera par une présentation du panorama des ressources naturelles en Asie qui sont le gaz naturel, le charbon, le blé et les pierres précieuses. Les conflits armés causés par les pierres précieuses seront présentés par la suite, nous y exposerons le trafic illicite des pierres précieuses vers l’international et présenterons les pays asiatiques les plus touchés par ces conflits, à savoir la Birmanie, la Thaïlande et l’Afghanistan. Les relations entre les ressources naturelles et les conflits armés seront discutées dans la dernière sous-partie de cette partie théorique.
La seconde partie du mémoire concernera uniquement l’étude de cas intitulée « corrélation entre conflits armés birmans et présence de pierres précieuses ». Focalisée sur les conflits armés en Birmanie, cette dernière débutera par une présentation de la production birmane de pierres précieuses, plus précisément par l’implication des pierres précieuses dans les conflits armés sévissant en Birmanie. Ensuite, nous développerons les pierres précieuses birmanes au centre des confrontations armées.
Cette seconde partie de la partie empirique sera composée de cinq sous-parties dans lesquelles nous aborderons le cas des pierres précieuses comme sources des conflits et dans les différentes étapes de ces derniers : dans leur déclenchement, dans leur prolongation et dans l’entrave à leur résolution. Nous nous livrerons ensuite à la présentation des différentes hypothèses que nous confirmerons ou réfuterons et terminerons le travail par une discussion et une analyse des résultats.
- Partie théorique : Le rôle des ressources naturelles dans les conflits armés
- Panorama des ressources naturelles en Asie
L’Asie est un pays regorgeant de ressources naturelles concentrées surtout dans la partie Sud-est de ce supercontinent. On y retrouve essentiellement du gaz naturel, du blé, des pierres précieuses, de l’eau et du riz.
- Le gaz naturel
En 1988, les prévisions faisaient de l’Asie-et de l’Océanie deux continents de choix pour l’avenir et l’expansion du gaz naturel aux horizons de l’an 2000 :
L’Asie et l’Océanie s’avèrent progressivement comme des zones gazières prometteuses, alors qu’une proportion considérable de leur surface demeure sous-explorée. Les estimations de la fin des années 70 ont été totalement dépassées grâce aux découvertes de la période récente qui ont hissé l’ensemble de ces deux zones en troisième position, derrière l’URSS et le Moyen-Orient. L’Australie, l’Indonésie, la Malaisie, pour les pays les mieux pourvus, mais aussi le Pakistan, l’Inde, le Bangladesh et la Thaïlande ont multiplié par deux à quatre le volume de leurs réserves prouvées au cours des dix dernières années. L’ensemble de la région Asie-Océanie dispose maintenant de près de 8 500 de m3 de réserves prouvées[5].
Actuellement, le gaz naturel asiatique est surtout trouvé et exploité en Asie du Sud-est et constitue « une alternative permettant à la fois d’améliorer la sécurité énergétique des pays d’Asie du Sud-est tout en diminuant leur dépendance aux fluctuations des prix du pétrole (OECD / IEA, 1996)[6] ». Vu l’exploitation nocive du charbon dans ces pays, le gaz est perçu comme une solution sécuritaire de protection de l’environnement pouvant stopper cette surexploitation.
Parmi les variétés de gaz naturel présentes en Asie, le gaz naturel liquéfié (GNL) est extrêmement répandu en Indonésie, en Malaisie et au Brunei Darussalam.
Bien que l’Indonésie produise une quantité impressionnante de gaz naturel, cette production baisse d’année en année : 67 942 kilos tonnes équivalent pétrole (ktep) de gaz naturel ont été produits en 2006 avec une baisse de 1,05% par rapport à 2005 et un recul de 2,51 vis-à-vis de 2005.[7]
60% de cette gigantesque production revient à l’exportation. Pour ce faire, près de 54,6% du gaz naturel produit est transformé en GNL dont 62,9% sont exportés vers le Japon. Les régions les plus favorables à la réserve de gaz naturel sont « la proximité d’Arun dans la province d’Aceh, autour de Badak dans le Kalimantan de l’Est, dans les champs de gaz en Papouasie, et offshore dans les ïles Natuna, et au Nord et à l’Est de Java[8]. »
L’Asie du Sud-est repose énormément sur le commerce du GNL en tant que source de développement économique et envisage même une évolution grandissante de l’exploitation de ce type de gaz dans les années à venir. En même temps, les prévisions annoncent également un marché du gaz florissant et prospère à l’avenir du fait que l’usage du gaz s’étendra vers le fonctionnement des voitures ou l’installation de chauffage dans les foyers du monde entier.
Malgré ces perspectives, la vente internationale de gaz en provenance d’Asie ne connait pas de période de floraison. Seuls quelques « pipelines[9] internationaux » y sont identifiés. Malgré cela, certains pays tels que les Philippines, le Viet Nâm, et le Myanmar dépendent, dans le quotidien, de l’utilisation du gaz. A titre d’exemple, nous pouvons citer les Philippines qui, en 2002, alimentaient leurs centrales électriques à l’aide du gaz naturel.
En 2014, l’Asie est considérée comme étant un marché neuf en termes de gaz[10]. Les espoirs misent beaucoup sur la Chine et le Japon qui rejoignent les Etats-Unis dans l’exploitation et le commerce de gaz naturel. Cependant, les marchés nippon et chinois se situent plus dans le domaine de l’importation que de l’exportation. En effet, les frais d’importation de GNL vers le Japon ont décuplé en l’espace de trois ans, le Japon ayant un besoin subsidiaire de gaz et de pétrole pour refaire fonctionner les centrales nucléaires fermées suite aux incidents de la bombe nucléaire Fukushima.
A noter que la dépendance du Japon envers le gaz est assouvie par la Russie, plus précisément par l’Ukraine qui est actuellement le principal fournisseur de gaz naturel au Japon.
En dehors de la production, du commerce, de l’exploitation, de l’importation et de l’exportation de gaz naturel, l’Asie est également une mine à charbon, comme nous allons le découvrir dans le point suivant.
- Le charbon
La Chine et l’Inde se trouvent être les pays asiatiques les plus producteurs de charbon. Bien que le gaz et le pétrole se raréfient en Asie, le charbon jouit d’une production massive, inaltérée par le temps et les crises et facile à acheminer, à gérer et à commercialiser. L’Asie dispose donc d’un stock abondant en charbon et constitue, avec la Chine, un des pays orientaux les plus exportateurs de cette ressource naturelle.
Malgré cela, nombreux sont les contraintes et les problèmes associés à l’exploitation du charbon en Asie. La pollution de l’environnement, plus précisément les questions liées à l’émission de CO2, est un des problèmes majeurs auxquels ce continent fait face. D’autre part, des problèmes de déforestation, de destruction du sol, etc. sont aussi soulevés lorsque l’on extrait le charbon de la terre.
Ces contraintes ont conduit à l’établissement du mécanisme de développement propre ou Clean Development Mechanism inclus dans le Protocole de Kyôto.[11] Pour rappel, ledit protocole oblige les pays développés à diminuer, de 2008 à 2012, l’émission de gaz à effet de serre d’au moins 5% comparé au niveau de 1990.
L’Asie du Sud-est, plus particulièrement l’Indonésie, dispose d’une réserve conséquente de 7,08 milliards de tonnes de charbon[12]. Le volume de charbon en Indonésie est de 50,66 milliards de tonnes. La production annuelle de charbon en Indonésie s’accroît considérablement : 92,5 millions de tonnes en 2001 et plus de 100 millions de tonnes en 2002. L’usage du charbon indonésien se concentre surtout dans les industries, puis dans les foyers et enfin pour fournir de l’électricité quand il ne sert pas à l’exportation (70%)[13].
- Le blé
La production asiatique de blé n’est pas très considérable, d’après la Food and Agriculture Organization of the United Nations (FAO), l’Asie ne fait pas partie des pays développés ayant attribué une hausse de 10% à leur production de blé[14]. L’Asie centrale, la zone jadis productrice de blé au sien de supercontinent, souffre d’une production décadente impactant sur le mode de vie de la population.
En effet, la production de blé en Asie centrale a dégringolé depuis plusieurs années, entrainant une inflation et une pénurie en termes de blé. Cette hausse des prix entraine également une montée du niveau de vie et du prix des produits de première nécessité à base de blé tels que la farine dont le prix a cru de 81% au Kirghizistan entre décembre 2007 et mai 2008[15]. L’Etat Kirghizistan a donc commencé à se tourner vers l’importation de blé pour pallier à cette inflation.
D’autres Etats tels que le Tadjikistan souffrent aussi de cette décadence de la production avec des récoltes « inférieures de 21% à la moyenne des cinq dernières années, en raison de l’insuffisance des précipitations, du froid intense et d’invasions de criquets au printemps[16]. » De grandes vagues d’importation ont été organisées pour le cas de ces deux Etats.
Pour remédier à la situation actuelle, la FAO encourage la relance de production locale de blé en Asie centrale en finançant le projet avec 5 millions de dollars USD, en collaborant avec la Banque Mondiale.
Malgré le fait que la production et le marché du blé en Asie soient en difficulté, les prévisions de la FAO pour 2015-2030 indiquent que cette organisation croit en une évolution de cette situation. En effet, durant cette période, la production de blé en Asie de l’Est est supposée représenter 136 millions de tonnes de la production mondiale de blé. En 2015, l’Asie du Centre devrait produire 126 millions de tonnes de blé et 169 millions de tonnes de la production mondiale en 2030[17].
- Les pierres précieuses
L’Asie dispose d’importants gisements de pierres précieuses situés en Inde, au Sri Lanka, en Birmanie, en Thaïlande, au Cambodge, au Laos et au Vietnam) (c.f. graphique ci-dessous).
Pierre | Gisements | Prix après taille | |
Emeraude | Colombie, Brésil, Afghanistan, Madagascar | Bonne qualité et 1 à 3 carats : 500 à 3 000 $/ct Très bonne qualité et > 5 cts : 10 000 $/ct et plus. |
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Rubis | Birmanie, Sri Lanka, Thaïlande, Cambodge | Bonne qualité et 1 à 2,5 ct : 100 à 400 $/ct Largement plus de 10 000 $/ct pour pierres exceptionnelles. |
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Saphir | Sri Lanka, Inde, Madagascar, Birmanie, Cambodge, Thaïlande, Australie | Bonne qualité : 100 à 200 $/ct Très bonne qualité 400 à 600 $/ct et plus de 1 000 à 2 000 $/ct pour très belles pierres. |
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Diamant | Bostwana, Australie, Russie, Congo, Afrique du Sud Angola | Très bonne qualité : de 20 000 à 28 000 $/ct. Les grosses pierres étant rares, leur prix n’est pas proportionnel à leur poids : un diamant de 1,5 carat peut coûter 7 fois plus cher qu’un diamant à 0,5 carat. |
Source : http://www.linternaute.com/science/science-et-nous/dossiers/07/pierres-precieuses/9.shtml
Les pays les plus producteurs de pierres précieuses sont la Thaïlande, la Birmanie, le Sri-Lanka, l’Inde et la Chine. Actuellement, la Thaïlande est un des pays les plus puissants en termes de commerce de rubis et de saphir, surtout des corindons. Pour rappel, les rubis sont des corindons de couleur rouge, tandis que ceux d’autres couleurs telles que le jaune, le vert, l’orange, etc. sont dénommés saphirs. A noter que le prix du saphir en Thaïlande est nettement inférieur à celui des diamants[18].
Quant à la Birmanie, elle produit les rubis les plus fameux et les plus beaux dans le monde entier : le « sang de pigeon[19] ». Ces derniers sont en majorité extraits de la mine Mogok, d’autres mines produisent aussi des pierres précieuses de qualité : Pyinlon, Namyar, Sakyin, Maishu, etc. Ces rubis peuvent être rares et coûter plus cher que les diamants. A part le rubis, le saphir et le jade sont les pierres précieuses les plus présentes en Birmanie.
Actuellement, la production de rubis birmane représente 90% du volume mondial, le jade produit dans ce pays représente la totalité du volume mondial, faisant de la Birmanie le plus grand producteur de jade et de rubis dans le monde. La jadéite qui est la variété de jade la plus précieuse au monde est à 90% extraite des gisements de Hpakant et voit son prix grimper d’année en année.
Quant au diamant birman, il constitue la source de revenu la plus significative pour le gouvernement birman qui détient le contrôle de toutes les mines du Myanmar près de Mogok dans lesquelles le Sang de pigeon et les saphirs bleus sont abondants. A signaler, au passage, que le prix d’un rubis de couleur sang de pigeon ou d’un saphir bleu avoisine des dizaines de milliers de dollars[20].
La production de pierres précieuses au Sri-Lanka est constituée de rubis, de saphirs, de tourmalines et de différentes autres variétés. Mais contrairement à la Birmanie, le Sri-Lanka ne produit pas des pierres précieuses de bonne qualité[21]. L’Inde est un pays dans lequel une grande ressource de gemmes est identifiée. Selon l’histoire, le tout premier gisement de diamants au monde a été identifié en Inde, plus précisément dans la mine du Golconde. Jusqu’au XVIIIème siècle, l’Inde était le principal fournisseur de diamant au monde.
Depuis 1990, elle est le « quatrième centre de taille et de polissage de diamant dans le monde[22] ». Outre le diamant, le saphir, l’émeraude, les tourmalines et le grenat sont des variétés courantes en Inde. Les pierres précieuses sont souvent associées à la religion, surtout le diamant qui a toujours été considéré comme un présent envoyé des dieux. Les indiens aiment se parer de diamants et de pierres précieuses diverses, dans leur quotidien, mais surtout durant les occasions spéciales.
Enfin, l’Inde est un autre pays asiatique dans lequel les pierres précieuses, en particulier les diamants, sont produites depuis 1940. La Chine est aussi une grande productrice, importatrice et exportatrice de pierres précieuses.
Cependant, elle n’exporte pas les diamants dont la taille reste souvent petite. La Chine se satisfait d’une production locale et ne perce pas réellement sur le marché de l’exportation[23].
Après avoir dressé ce panorama des pierres précieuses en Asie, force est de constater que ce continent produit, essentiellement, des diamants dont la qualité est reconnue, surtout lorsqu’ils proviennent de la Birmanie ou de la Thaïlande. Dans le cas de la Birmanie qui nous intéresse au plus haut point dans ce mémoire, nous pouvons dire, par avance, que la multitude de conflits armés liés aux pierres précieuses, tels que les guerres civiles, dérangent le marché des pierres précieuses au profit d’autres pays concurrents tels que la Thaïlande. A présent, nous allons nous concentrer sur les conflits armes causés par ces pierres précieuses.
- Conflits armés causés par les pierres précieuses
- Le trafic illicite des pierres précieuses vers l’international
L’Asie, comme l’Afrique, est un pays où les ressources naturelles sont très abondantes. Ces dernières font alors les frais d’une exploitation illégale et abusive et se retrouvent souvent mêlées aux différents dilemmes et conflits armés, surtout dans les guerres civiles. Dans de nombreux cas, les ressources naturelles peuvent être perçues comme étant les causes de ces conflits. Dans ce sens, elles constituent des causes primaires ou des causes secondaires et peuvent être couvertes par des causes politiques, sociales, économiques, etc.
En général, les ressources naturelles font partie des préoccupations premières de l’Etat qui bénéficie du contrôle partiel ou total de celles-ci et a la main mise sur les embargos, les exportations, les importations et l’exploitation.[24] C’est notamment le cas en Birmanie où la quasi-totalité de la production de rubis et de jade est monopolisée par l’Etat qui la contrôle et en détient les pleins pouvoirs, bien que le secteur privé y ait aussi droit depuis 1992.
Cette exploitation, d’ordinaire légale et conventionnelle, peut masquer une exploitation plus illicite conduisant aux trafics abusés des ressources naturelles. Ces transactions illégales constituent un des facteurs primaires favorisant les conflits armés.
En effet, ces dernières suscitent la colère de la population et pourvoient à diverses mésententes se terminant par des guerres civiles. En même temps que l’Etat, les militaires détiennent aussi un contrôle significatif dans l’exploitation des pierres précieuses birmanes. Selon Le Billon (2005), les conflits générés par la présence de ressources naturelles, de pierres précieuses dans le cas présent, constituent une « véritable géopolitique des conflits liés aux ressources naturelles[25]
- Les pays de l’Asie les plus touchés par les conflits
- Les conflits birmans
La Birmanie est un des pays les plus affectés par les conflits armés en Asie, et cela depuis 1948, année du commencement de la guerre civile libanaise. Pour rappel, la Birmanie se situe dans la péninsule indochinoise, au Sud-est de l’Asie.[26] Elle est entourée par la Thaïlande, le Laos, la Chine, l’Inde et le Bangladesh. Etant un des pays les moins développés du monde, elle abrite près de 50 millions d’habitants[27]. Il s’agit d’un état fédéral composé de sept petits Etats au nord : « l’État arakan, l’État chin, l’État kachin, l’État karen, l’État kayah, l’État shan et l’État mon[28]. »
Le sud est composé de sept provinces supposées être habitées par des Birmans tandis que les Etats du nord sont supposés être peuplés par des non Birmans. Depuis la proclamation de son indépendance en 1948, la Birmanie fait face aux ravages de la guerre civile qui, loin de s’estomper, s’intensifie actuellement. En fait, plusieurs guerres civiles se sont succédé dans ce pays, faisant de ce dernier un pays meurtri et déchiré avec une population pauvre et terrorisée. Ces guerres civiles sont marquées par des affrontements entre le gouvernement et de nombreuses ethnies, faisant de ces guerres civiles des conflits ethniques avant tout.
Les premières confrontations entre l’Etat et ces ethnies ont été identifiées peu de temps après l’indépendance du pays et ont engagé deux acteurs majeurs : l’Etat et l’opposition constituée du parti communiste birman et de l’union nationale Karen (KNU). Ces opposants ont milité pour l’indépendance de l’Etat Karen situé dans le sud de la Birmanie[29].
L’Etat Karen est donc à l’origine d’une guerre civile qui a duré des décennies entières.
A noter que l’Etat Karen a reçu l’appui de la Grande Bretagne en 1949 et a instigué divers autres conflits ethniques en Birmanie, tels que ceux qui ont éclaté en 1960, alors que l’institution d’un gouvernement fédéral a été refusée par le gouvernement birman. Tous ces affrontements ont eu lieu entre les petites ethnies et la junte militaire birmane qui les a dominées durant ces guerres. Ces petites guerres civiles se poursuivent jusqu’actuellement.
La guerre entre la junte, l’Etat Karen et les communistes a commencé par une insurrection qui a vu le jour suite au coup d’Etat du 19 juillet 1948 pour renverser le général Aung San. A l’origine de la bataille : l’indépendance de l’Etat Karen. Ces opposants sont ensuite rejoints par les Chrétiens de l’Armée de Dieu et les musulmans qui se sont rebellés contre le gouvernement birman suite à l’instauration du bouddhisme dans ce pays.
Aux insurrections ethniques se sont donc ajoutées des insurrections d’ordre religieux. Le coup d’Etat de 1962 modifie pourtant la guerre puisque le général Ne Win, admis sur le pouvoir, engage des mesures draconiennes en défaveur des militants Karens et Shans. 160 000 opposants se sont enfuis vers la Thaïlande suite à la politique de répression mise en place par Ne Win à leur égard.
En portant un regard sur les conflits birmans, on note une persistance et une diversification des guerres civiles de 1962 à 2011. Ces guerres ont toujours engagé le régime militaire, c’est-à-dire l’Etat, et les rebelles qui sont des ethnies, des religieux, etc. Les oppositions, d’ordre politique, consistent toujours en des putschs. Après avoir acquis le pouvoir et l’Etat suite au renversement du général Aung San, Ne Win subit également le même sort et est remplacé par le général Saw Maung qui fait aussi de la guerre civile sa priorité.
Une fois arrivé au pouvoir, ce dernier n’hésite pas à dissoudre les actes de rébellions perpétrés par les ethnies, mais aussi par la ligue nationale pour la démocratie (LND), une association créée par la fille d’Aung San : Aung San Suu Kyi. Le régime militaire reste donc en place, anéantissant tout mouvement de contestation à objectif démocratique. Ce nouveau dirigeant met également la KNU. Outre l’Etat Karen, l’Etat Kayah a également combattu contre le gouvernement militaire, mais en Thaïlande et non en Birmanie.
On observe l’institution d’un cessez-le-feu dans les années 2000 qui s’accompagne encore de quelques actes de rébellions. Toutefois, la guerre civile libanaise n’a cessé de reprendre, malgré la fin du régime militaire en 2011 grâce à l’élection d’un gouvernement civil.
Malgré une période de trêve et de paix, certaines insurrections telles que la revendication de l’indépendance de l’Etat Shans.
Tout comme le gouvernement militaire, le régime civil a aussi procédé à une extermination des mouvements rebelles en mettant en place l’opération Zwe Man Hein. C’est en 2012 que la signature d’un cessez-le-feu entre l’armée Karen et le gouvernement birman permet une période de détente.
Actuellement, une opposition d’ordre religieux a ressurgi du passé : celle des musulmans Rohingyas contre les bouddhistes. Il s’agit d’un conflit intérieur entre deux religions qui se manifeste par des massacres, obligeant l’armée à intervenir. Les attaques entre les villageois bouddhistes et les Rohingyas ont repris en janvier 2014. Les guerres ethniques birmanes ne cessent donc de se multiplier et de se répéter.
Dans le cas des Rohingyas, une communauté de près de 700 000 habitants située au Rakhine, ils sont plutôt en désaccord avec le gouvernement qui ne reconnait pas leur droit de citoyenneté et les considère comme des esclaves. De plus, ils ont subi bon nombre de persécutions durant les différents régimes militaires successifs.
Bref, la Birmanie ne connait donc pas de pause réelle en matière de guerre civile, surtout au niveau local. Les différentes insurrections ont toutes contesté le régime militaire qui opprimait les faibles et ne leur octroyait aucune liberté. Ces dernières ont aussi eu des dimensions religieuses, le fond des affrontements demeure, cependant, la recherche de reconnaissance vis-à-vis de l’Etat, d’indépendance, de citoyenneté, etc. Après avoir brièvement présenté les conflits birmans, nous allons maintenant nous focaliser sur les conflits thaïlandais.
- Les conflits thaïlandais
Avec ses 65 millions d’habitants, la Thaïlande abrite plusieurs groupes ethniques minoritaires et majoritaires : les Karen, les Kachin, les Lahu, les Lisu, etc. De nombreuses tribus y sont décelées, contribuant à la diversité culturelle du pays. La Thaïlande est surtout réputée pour sa culture d’opium, le pays a même servi de fournisseur et a constitué un puissant réseau durant la guerre froide.
Les Karens se sont installés en Thaïlande depuis près de trois siècles, toutefois, de nombreuses autres personnes issues de ce groupe ethnique ont fui la Birmanie dans laquelle les Karens sont majoritaire, suite aux répressions et aux conflits armés birmans les impliquant. Ainsi, on retrouve la plus grande part de population Karen tout au long de la frontière birmane, en Thaïlande, avec un mode de vie parfois très précaire[30].
Un autre conflit sévissant depuis 2004 engage les musulmans contre le gouvernement. Ce conflit survenu dans le Sud de la Thaïlande a été conduit par les musulmans qui sont près de 2 millions à vivre dans cette partie-ci du pays. Il s’agit d’un conflit religieux particulièrement orienté vers le désir de purification[31] de cette région, c’est-à-dire de rayer tous les non-musulmans qui y vivent.
A cet effet, les bouddhistes sont les plus ciblés par cette guerre civile ethnique et religieuse, les procédés utilisés étant des attentats à caractère individuel ou même des décapitations. L’objectif de cette guerre est d’exterminer les autres religions non musulmanes, ce qui équivaut à une institution de la souveraineté musulmane au sud de la Thaïlande. L’indépendance des musulmans dans le Sud est dont la principale revendication.
Cette guerre civile a fait de lourds dégâts, surtout en termes de décès puisqu’en 2009, près de 3500 individus auraient trouvé la mort suite aux manifestations et aux oppressions. Les habitants sont les plus touchés par ces affrontements.
- Conflit au sein de l’ethnie Karens
La revendication de l’indépendance de l’Etat Karen face au gouvernement militaire anarchiste a vu le nombre de Karens issus de la Birmanie accroître en Thaïlande. En effet, ces derniers fuient souvent vers la Thaïlande du fait qu’une grande part des minorités ethniques est constituée de leur population. Arrivés en Thaïlande, ils s’imprègnent de la culture locale thaïlandaise mais restent quand même attachés à leurs traditions et à leur ancien mode de vie[32].
Les Karens installés en Thaïlande ne sont pas des instigateurs de conflit, ils cherchent plutôt à retrouver le calme et la paix et aspirent à une meilleure vie que celle qu’ils ont en Birmanie. Leur principale préoccupation consiste à fuir leur pays d’origine pour trouver une meilleure vie tout en espérant que leur indépendance soit acceptée.
En attendant, la KNU fait l’objet de multiples représailles avec la junte militaire birmane
En 2009, par exemple, quelques 2000 villageois de l’ethnie karen installés dans le Sud de la Birmanie ont fui leur habitat en direction de la Thaïlande. Cette fuite a été causée par le bombardement de leur village par les militaires.[33] La Thaïlande regorgeant de ressources naturelles, surtout en termes de pierres précieuses, on observe l’usage de celles-ci pour s’approvisionner en armes auprès de grands pays.
Puisque l’armée contrôle l’exploitation de ces ressources, elle a la mainmise sur la possibilité de les échanger illicitement contre des provisions en armes afin d’écraser ses opposants. On observe ce cas chez la junte militaire qui organise un réseau d’exploitation illégale et secrète des pierres précieuses telles que les diamants qu’ils échangent contre des armes.
- Troc entre pierres précieuses contre ravitaillement en armes
Le plus grand conflit n’ayant jamais sévi en Thaïlande est celui contre le Cambodge pour l’obtention du temple de Preah Vihear ou Phra Wihan, un temple vieux de neuf cents ans. L’acquisition du droit de propriété de ce temple a engagé Phnom Penh et Bangkok en 1962.
Malheureusement, la cour Internationale de justice (CIJ) a tranché en la faveur du Cambodge, amenant la Thaïlande à déclarer la guerre contre le Cambodge pour « récupérer » ce qu’elle estime lui revenir de droit.
Actuellement, le conflit régnant en Thaïlande oppose les partisans royalistes aux partisans du gouvernement : les Chemises rouges.[34] Pour rappel, ce confit armé a fait 28 morts en quelques mois et a pour origine le souhait de ne pas voir la royauté s’éteindre face au gouvernement. En même temps, il pourrait également s’agir dune volonté de contrer le monopole militaire existant en Thaïlande. En effet, depuis les conflits contre le Cambodge, les militaires se sont « appropriés » le pays en y instituant leur loi et en oppressant tout opposant.
- Les conflits afghans
Comme l’indique le tableau ci-dessous, l’Afghanistan fait partie des pays où la guerre civile a sévi jusqu’en l’an 2000 et où elle a été alimentée par des ressources naturelles telles que les pierres précieuses, le bois et l’opium. Les ressources naturelles constituent une source de vie et de revenu pour un habitant sur cinq en Afghanistan. Cependant, elles subissent de grandes détériorations suite aux multiples conflits armés dans lesquels elles se retrouvent impliquées.
Tableau 1. Guerres civiles récentes et troubles internes alimentés par les ressources naturelles, source : Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) (2009), Du conflit à la consolidation de la paix : Le rôle des ressources naturelles et de l’environnement.
L’usage de l’opium à des fins conflictuelles a été observé dès 1979 en Afghanistan. Durant cette année, la production d’opium a atteint les 300 tonnes. Cette production s’est enrichie et accrue avec les conflits divers des pays voisins du territoire afghan : « L’invasion soviétique, la perte de contrôle du territoire de la part de l’État, la guerre menée contre les communistes par les moudjahidin, la destruction des cultures licite, l’implication des services secrets pakistanais dans la commercialisation de l’héroïne (avec la bénédiction de la CIA), ont fait passer la production à 1 500 tonnes en 1992. A la suite de la guerre civile entre factions, elle a atteint, comme en Birmanie, environ 2 500 tonnes en 1998[35]. »
Ainsi, l’attentat de 2001 aux Etats-Unis a apporté une dimension internationale à la guerre afghane, une guerre entre plusieurs acteurs menée expressément contre Al-Qaïda et son ancien chef Oussama Ben Laden, avant que celui-ci ne soit enfin appréhendé et tué le 02 mai 2011 à Abbottābād. Les Afghans qui ont mené une insurrection durant cette période ont pris d’assaut des régions pakistanaises pour en faire leur campement. Durant cette époque, on note également l’usage de la drogue, plus précisément le trafic de l’opium, comme source d’alimentation du conflit. En somme, les guerres afghanes ont donc un lien très particulier avec la production abondante d’opium en Afghanistan.
L’Afghanistan est également réputé pour les conflits terroristes qui règnent sur son territoire, des conflits en relation avec Al-Qaïda. Le lien établi concerne surtout Al-Qaïda et les Talibans[36]
Concernant la situation conflictuelle actuelle, en 2013, le nombre de victimes civiles du conflit armé dans ce pays a augmenté de 14% par rapport. Le nombre de femmes et d’enfants décédés ou blessés durant ces conflits sous forme de massacre a également fortement haussé depuis 2009. En effet, 235 femmes afghanes ont péri durant la guerre en 2013 et 511 ont été blessées. Les chiffres indiquent un bond de 36% du nombre de femmes et d’enfants morts en cette période vis-à-vis de l’année 2012. Du côté des enfants, on déplore la mort de 561 enfants tandis que 1.195 ont été blessés en 2013. Ces chiffres représentent une hausse de 34% du nombre d’enfants victimes de la guerre par rapport à 2012.
Selon le rapport annuel 2013 sur la protection des civils dans les conflits armés, 8.615 victimes civiles ont été répertoriées en 2013, parmi ces dernières, on déplore la mort de 2.959 tandis que les 5.656 restants ont été faiblement ou grièvement blessés. La guerre ayant fait rage depuis des années, on note une augmentation de 7% du nombre des individus morts par la guerre et de 17% de ceux qui ont subi des blessures en comparaison avec l’année 2009. D’après les chiffres finaux contenus dans ce rapport, des milliers de civils ont été blessés depuis 2009 tandis que 14.064 autres ont perdu la vie.
Ces statistiques démontrent à quel point la population est toujours la première à souffrir de ces guerres et de leurs conséquences. A noter, cependant, que les affrontements dans la guerre afghane relèvent également d’autres organes rivaux : les opposants au gouvernement qui ont formé des groupes armés contre les Forces de Sécurité Nationales Afghanes (FSNA). Cela signifie que l’Afghanistan est le théâtre de deux types d’affrontements : ceux entre impliquant Al-Qaïda et ceux impliquant le gouvernement et l’opposition.
Ce second type de conflit intérieur ou national a également causé la mort à des milliers de civils, à en croire le précédent rapport. Ainsi, les chiffres parlent d’eux-mêmes : les groupes armés ont causé la mort ou les blessures de 74% des victimes tandis que la FNSA en a causé sur 8% des victimes, les forces armées internationales, pour leur part, on fait 3% des victimes. Durant cette guerre, les matériels utilisés tels que les engins explosifs ou les mines posées un peu partout ont causé des dégâts massifs.
- Relations entre les ressources naturelles et les conflits armés
- Les ressources naturelles : causes primaires ou secondaires des conflits armés : Le rôle des ressources naturelles dans ces conflits
Depuis des siècles entiers, les ressources naturelles ont été utilisées pour alimenter, financer et ont même été perçues comme étant les causes de nombreux conflits (cf. tableau 1.)Les chercheurs expliquent la relation entre ressources naturelles et conflits armés comme résultant de la fatalité de la « malédiction des ressources »[37] ou resource curse. La malédiction des ressources naturelles est une théorie initiée et développée par Jeffrey O. Sachs et Andrew M. Warner.
D’après ces derniers, les pays riches en ressources naturelles sont victimes de pauvreté. Loin d’être une bénédiction, ces ressources constituent plutôt une malédiction car les pays dans lesquels elles sont présentes en abondance tendent à être sous-développés ou mal gouvernés. Pire, la corruption et les conflits sévissent fortement dans ces pays.
Ce cas est notamment observé en Birmanie qui est un Etat pauvre reposant essentiellement sur les exportations de rubis et d’autres pierres précieuses. Ce pays dépend avant tout des ressources naturelles, que ce soit sur le plan économique, social etc.
Il est important de noter, au passage, que les ressources naturelles ne confèrent pas de ressources économiques ni de développement à ces pays. Au contraire, elles sont étroitement liées aux conflits qui y sévissent, bien qu’elles ne soient pas toujours les causes principales de ces derniers.
D’après Pierre Collier, le risque de guerre civile est de quatre fois dans les pays dépendants de l’exploitation des ressources naturelles par rapport à ceux qui n’en dépendent pas. Toutefois, tous les pays riches en ressources naturelles ne sont pas pauvres, à en juger par le cas du Canada ou de la Norvège. Les travaux de ce scientifique laissent transparaitre que les pays dans lesquels les ressources primaires sont illicitement exploitées sont plus pauvres que ceux dans lesquels ces ressources sont positivement exploitées.
En effet, les exploitations illégales servent à des fins individuelles et égoïstes, étant donné leur nature illicite. Ainsi, les pays dans lesquels ce type d’exploitation est courant ne croissent pas sur le plan économique, les ressources favorisant uniquement l’enrichissement des acteurs qui les exploitent et non celui des pays et de leurs habitants.
D’après un article de Philippe Hugon intitulé « Le rôle des ressources naturelles dans les conflits armés africains[38] », les conflits armés liés aux ressources naturelles ont une typologie bien particulière. Dans la plupart des cas, les guerres civiles et les insurrections sont les plus remarquées. Nous allons nous baser sur cet article pour décrire la typologie des conflits armés liés aux ressources naturelles et expliquer le rôle de ces ressources au sein de ces conflits.
Les recherches de Collier et Hoeffler (2002) mettent en évidence l’existence de cinquante-deux guerres civiles ayant sévi entre 1960 et 1999 dans le monde.[39] Ces chercheurs justifient également la thèse des malédictions des ressources via des preuves existantes : les pays dépendants économiquement des ressources naturelles développent un risque de guerre civile durant les cinq ans suivant le développement de cette dépendance.
Toujours en termes de relation entre ressources naturelles et conflits armés, Fearon et Laitin 2003) soulèvent une comparaison justificative de ce lien.
D’après leur analyse, les pays dépendants de l’exportation de pétrole ont un risque de guerre civile estimé à 19,1% tandis que le risque est plus faible dans les pays qui ne disposent pas de ressources pétrolières (9,2%).[40]
La grande majorité des recherches faites sur l’implication des ressources naturelles dans les conflits armés font ressortir une tendance : les ressources naturelles s’avèrent être les premières causes de conflits armés dans les pays où ces ressources sont massives. A cet effet, Reynal-Querol (2002) a identifié 138 pays étant dans cette situation de 1960 à 1995. Enfin, une autre tendance est aussi observée et présentée par Sambanis et Doyle (2000) : les pays les plus riches et pourvus de ressources naturelles sont un terrain fertile pour des guerres civiles à long terme, tel l’Afghanistan qui a supporté des conflits armés de 1978 à 2001 et qui en connait encore actuellement[41].
Hugon a dressé un tableau de la typologie des conflits liés aux ressources naturelles duquel nous allons emprunter quelques notions. Ce tableau regroupant les différents conflits africains, peut également être utilisé dans le cas de l’Asie. En effet, cet auteur a mis en évidence un fait avéré : les guerres environnementales et les guerres de trafic impliquant des ressources rares du sol (eau, terres, etc.) ont une dimension plus nationale ou locale. Celles impliquant des pierres précieuses ont des propensions internationales ou régionales[42].
Concernant les rôles des ressources naturelles proprement dites, dans ces conflits, ils peuvent être aussi différenciés qu’échelonnés. Leur implication peut être directe, c’est-à-dire qu’elles peuvent générer le conflit. Elles peuvent également servir de causes secondaires, c’est-à-dire que leur implication est masquée ou entraînée par d’autres facteurs tels que la politique, l’économie, etc.
Nombreux sont les conflits armés pour lesquels les ressources naturelles ont surtout servi d’alimentation. Dans ce cas précis, les ressources naturelles sont exploitées et les acteurs desdits conflits se servent des sommes perçues lors de ces exploitations pour s’approvisionner en armes, par exemple.
Les ressources les plus exploitées à ces fins sont les diamants ou le pétrole. Selon le PNUE, les ressources naturelles ont servi au financement de dix guerres civiles en Afrique, notamment au Cambodge, au Libéria, en RDC et en Côte d’Ivoire. A titre d’exemple, nous pouvons citer la vente de diamants qui a rapporté 25 à 125 millions de dollars au Front Révolutionnaire Uni (RUF) en Sierra Léone.
Ce montant a servi à ce groupe armé à financer ses activités[43]. Le PNUE évoque également le cas de l’Afghanistan dans lequel des conflits armés ont sévi à cause de ressources naturelles rares et de leur contrôle, des ressources telles que l’eau et la terre. Ainsi, les ressources naturelles peuvent donc provoquer des conflits armés. Cependant, dans certains cas, elles peuvent aussi se mettre en travers des dispositifs de règlement de certains conflits.
- Des relations complexes et multidimensionnelles entre les ressources naturelles et les conflits armés
- Usage, exploitation et exportation illégaux des ressources naturelles
Comme nous l’avons maintes fois répété au cours de ce travail, les ressources naturelles font l’objet d’un usage, d’une exploitation et d’une exportation abusifs, voire même illégaux. Pour des pays reposant économiquement sur les ressources naturelles comme la Birmanie, ce cas est très fréquent.
Ces ressources entrainent donc deux type d’usage d’exploitation et d’exportation : celui dans la dimension légale, qui respecte les normes et dont les revenus reviennent à la majorité, c’est-à-dire à l’Etat et à la population ; et celui dans la dimension illégale qui sert souvent aux intérêts personnels. Que l’exploitation soit légale ou illégale, l’Etat est, dans la majorité des cas, toujours impliqué dans ces affaires.
D’après Le Billon, les ressources naturelles à elles seules ne constituent pas la cause principale des conflits armés. De même, bien qu’elles soient abondantes dans certains pays, cette abondance n’est pas la source principale de ces conflits. L’exploitation de ces dernières n’est pas non plus une cause première, c’est surtout l’exploitation illicite de ces ressources qui génèrent des conflits armés dans de nombreux pays.[44]
L’exploitation illicite est donc une pratique contraire à l’exploitation licite. Dans son mémoire de maîtrise en droit internationale, Adréanne Goyette rappelle l’opposition entre exploitation licite et exploitation illicite.
Cette dernière rappelle qu’il faut d’abord comprendre l’exploitation licite avant de connaître l’exploitation illicite[45].
Pour expliquer la notion d’exploitation licite, Goyette emprunte les idées de Winner et Roule (2003) : « Plusieurs entités privées sont mandatées par des gouvernements légitimes pour exploiter les ressources naturelles se trouvant sur leur territoire, et ce, dans le cadre de balises législatives établies pour en assurer la transparence. Les mesures mises en place afin d’assurer la transparence des autorités en place dans la distribution des revenus générés, ainsi que dans la gestion de 1’exploitation pour limiter les impacts environnementaux sont des éléments révélateurs d’une exploitation saine des ressources naturelles par les autorités en place.[46] »
L’exploitation licite des ressources naturelles se base entièrement sur le terme « licite » qui lui profère un caractère de légalité, de transparence, de droiture, bref, il s’agit d’une exploitation qui suit les règles instituées et dont le compte rendu est accessible à chacun, que ce soit en termes de revenus générés ou d’autres informations. Elle est dite licite lorsque la population d’un pays profite des revenus qui sont liés à cette exploitation.
La légalité de l’exploitation des ressources naturelles est donc un point positif pour la population qui peut bénéficier de ce qu’elle rapporte. Cette légalité signifie transparence[47], c’est-à-dire la mise à disposition de la population des éléments d’information qu’elle souhaite connaître, notamment en termes de revenus générés par l’exploitation des ressources naturelles. Cette transparence engage les autorités à dévoiler les chiffres exacts sur les recettes obtenues grâce à l’exploitation, il s’agit de construire une relation de confiance entre l’Etat et le peuple en termes d’exploitation des ressources naturelles. Dans ce sens, la population deviendra également bénéficiaire des bénéfices tirés de l’exportation ou de la vente des ressources naturelles, au même titre que les autorités qui les exploitent, c’est-à-dire l’Etat.
Si tels sont les paramètres de l’exploitation licite, Goyette expliqué l’exploitation illicite comme étant un phénomène comprenant «des contrats non transparents pour l’exploitation des ressources, des informations restreintes ou falsifiées concernant les revenus tirés de cette exploitation, pas d’investissement dans l’exploitation à long terme, pas d’efforts déployés pour restaurer les sites d’exploitation et l’incapacité de retracer les bénéfices tirés de celle-ci, ou encore très peu de retour des bénéfices au trésor national[48]».
L’exploitation illicite consiste donc, pour une entité, à garder pour elles les informations exactes sur l’exploitation, au titre des revenus, des processus suivis, des partenariats engagés, notamment pour délimiter si les partenaires choisis sont des partenaires légaux ou s’il s’agit d’un trafic clandestin non taxé et non déclaré. Dans ce contexte, l’exploitation illicite se rapproche de la corruption puisque les organismes publics se servent des gains perçus lors de la vente des ressources naturelles pour assouvir leurs intérêts personnels : « l’usage des ressources publiques pour le gain privé [49]».
Le lien entre exploitation, usage et exportation illicite des ressources naturelles et conflits armés est puissant. Dans la majorité des cas, cette forme d’exploitation illégale entraine les conflits du fait d’une divergence des opinions et de la concentration des bénéfices chez un seul bénéficiaire entrainant l’épanouissement de celui-ci, au détriment des autres bénéficiaires. Le partage égal est donc absent, cela provoque les tensions, les violences, etc. La plupart du temps, les guerres impliquant des ressources naturelles sont lentes à résoudre, dans ce cas, l’exploitation illicite contribue aussi à l’aggravation ou à la prolongation des conflits armés.
- Présence de facteurs politiques, économiques et sociaux dans les conflits
Pour reprendre Le Billon et ce que nous avons développé dans la section sur le rôle des ressources naturelles dans les conflits armés, les ressources naturelles ne sont pas toujours les seules causes provoquant des conflits armés. D’autres facteurs sous-jacents peuvent aussi émerger et même représenter les principales causes de ces conflits. Ces facteurs sont d’ordre économique, politique ou social. D’après les études et analyses sur le sujet, les facteurs économiques sont les plus prépondérants et constituent les principales causes des conflits armés, surtout en termes de guerre civile[50]. Un lien étroit entre conflits armés et ressources économiques sévit donc.
A cet effet, les « grievances », les rentes, les réseaux transfrontaliers, les guerres environnementales, etc. sont considérés comme faisant partie des facteurs économiques de déclenchement de la guerre.[51] Hugon distingue trois types d’économie spécifiques à la guerre civile : l’économie de guerre (liens entre ressources, armes et troupes), les économies dans la guerre (contrebande, marché noir) et les activités économiques légitimées par la guerre (pillage).[52] Sa théorie suppose donc que l’économie permet de déclencher les guerres civiles, mais aussi, en même temps, de les financer (via l’exploitation illicite de ressources naturelles pour assurer un ravitaillement en armes).
Parmi les pays entrant en guerre civile pour des causes économiques, les pays pauvres sont les nombreux. Deux acteurs principaux sont impliqués dans les affrontements : les rebelles ou greed, alimentés par leur avidité, et le gouvernement ou grievance dont le rôle est de recueillir et de traiter les plaintes du peuple[53]. Les pays pauvres sont les plus confrontés à ce cas, ce qui amène Hugon à avancer l’hypothèse suivante : « La probabilité de conflit se réduit quand le revenu augmente (l’impact du revenu par habitant est monotone et décroissant mais le revenu au carré est non significatif)[54]. »
Ainsi, la pauvreté d’un pays augmente ses chances d’expérimenter un conflit armé. De même, le niveau de pauvreté est aussi une constante favorable au déclenchement des conflits armés : plus un pays est pauvre, plus la probabilité de conflits augmente.[55] Si la pauvreté du pays est le premier signe économique de probabilité de conflits, la récession économique en est également un du fait qu’elle se constitue comme une entrave à la résolution des conflits sociopolitiques sévissant au sein de celui-ci.[56]
Ainsi, la pauvreté est le facteur économique le plus probable dans le déclenchement des conflits armés. Les pays pauvres sont les plus susceptibles d’expérimenter ces conflits. En se fiant à la thèse de la malédiction des ressources naturelles, les pays pauvres ont, dans la majorité des cas, des ressources naturelles abondantes. De ce fait, l’abondance de ces ressources est aussi associée à la pauvreté, ce qui démontre un enchevêtrement entre es deux facteurs.
L’Afrique est le continent dans lequel on peut relever différents exemples de pays dans lesquels les guerres civiles sont déclenchées par des facteurs économiques regroupant la pauvreté ((des guerres de pauvreté (chômage des jeunes, pressions démographiques, exclusions) où les trappes à conflit sont liées à des trappes à pauvreté avec récurrence. 80 % des PMA (Pays les moins avancés) ont connu un conflit armé au cours des quinze dernières années.[57])) et l’abondance des ressources naturelles, des ressources « convoitées par les grandes puissances, des milices ou des oligopoles[58] ».
Pour Goyette, les facteurs économiques sont aussi les facteurs les plus influents dans le déclenchement des conflits armés : « Les conflits armés internationaux et non internationaux peuvent éclater à l’intérieur de différents contextes de tensions politiques, ethniques, religieuses, et sociales. Les enjeux qui font perdurer ces conflits sur un territoire sont complexes et multidimensionnels. L’analyse des conflits qui font rage dans certaines régions riches en ressources naturelles s’inscrit dans la prise en compte importante de la composante économique, c’est-à-dire du financement illicite des parties combattantes.[59] »
Malgré la grande prépondérance des facteurs économiques en tant que déclencheurs des conflits armés, des facteurs sociaux et politiques sont aussi pris en compte, surtout dans les contextes des guerres civiles. D’après Reynal-Querol (2002), des problèmes ethniques, politiques et sociaux peuvent s’ajouter aux facteurs économiques, les problèmes ethniques étant les plus menaçants[60]. Selon Reynal-Querol, les pays dans lesquels les sociétés sont principalement focalisées sur les ethnies sont exposés à un risque extrêmement élevé de guerre civile.[61]
Ce constat a été fait suite aux analyses des études de chercheurs tels qu’Ellingsen (2000) qui affirme que « les différents aspects de la multiethnicité (la taille du plus grand groupe, le nombre de groupes, la taille du groupe minoritaire, et les affinités ethniques) sont importants pour expliquer les conflits internes. Ses résultats donnent un rôle important aux régimes politiques et aux variables socio-économiques comme moyens pour réduire le niveau de conflit[62]. »
Les pays composés de multiples ethnie, tels que la Birmanie, sont donc les plus susceptibles de développer des guerres civiles. Dans ce contexte, les variables religion (et démocraties sont les principaux facteurs associés aux problèmes ethniques favorisant les risques de guerre civile. Les études menées par Horowitz en 1985 attestent même que l’Asie fait partie des pays dans lesquels les conflits armés, plus précisément les guerres civiles, sont surtout tributaires de conflits ethniques. Les problèmes les plus fréquents au niveau de ces ethnies sont générés suite à la différence de culture, de religion, aux idéologies politiques et sociopolitiques ou aux intérêts économiques. En tout, la cohabitation entre les ethnies est donc la principale difficulté, une cohabitation difficile suite à ces multiples différences.
- Relation entre ces autres facteurs et les ressources naturelles
Les autres facteurs politiques, sociaux et économiques et les ressources naturelles ont un lien particulier. Dans ses recherches sur les conflits armés en Afrique, Hugon (2003) a établi et étudié de près cette relation basée sur un processus de cause à effet. Selon ce dernier, le contrôle des ressources naturelles est à l’origine de nombreux conflits en Afrique de l’Ouest (eau : fleuves Sénégal, Niger et lac Tchad ; fonciers : entre éleveurs peuls ou foulbés et agriculteurs[63]).
Cependant, le cas relaté présentement possède une double facette : dans un premier temps, les ressources naturelles constituent elles-mêmes, via leur exploitation, un facteur de déclenchement des conflits. Dans un second temps, le contrôle de ces dernières constitue est une source de revenu économique pour les pays dépendants de ces ressources. La décadence économique d’un pays peu donc être imputée à une mauvaise gestion de ces ressources, moyennant la création de nombreux conflits qui, partant d’un faible degré, s’intensifient jusqu’à prendre des dimensions internationales. Dans ce cas-ci, la faiblesse de l’économie est donc tributaire des ressources naturelles.
Par ailleurs, des « enchevêtrements entre les intérêts économiques des firmes et des réseaux contrôlant les rentes de manière officielle ou non et les forces politiques et militaires officielles ou parallèles[64] » montrent l’influence des ressources naturelles sur l’économie et vise et versa. Dans ces conflits, les ressources naturelles peuvent avoir une faible ou une forte part de responsabilité.
- La « malédiction » des ressources naturelles
La malédiction des ressources, comme nous l’avons stipulé précédemment, consiste en une théorie suivant laquelle les pays dotés de ressources naturelles et qui reposent économisent sur elles sont pauvres ou sous-développés. Dans cette optique, l’analyse de cette malédiction des ressources suscite plusieurs controverses, surtout dans le fait que plusieurs auteurs tels qu’Andrew Rosser ont découvert qu’elles ne suffisent pas pour causer la pauvreté d’un pays mais qu’il faut aussi prendre en compte des facteurs politiques et sociaux qui leur sont liés.[65]
Les ressources naturelles sont donc considérées comme étant « maléfiques », cela surtout parce que les études telles que celles menées par Sachs et Warner démontrent une réalité : les pays riches en ressources naturelles en tout genre ont tendance à être pauvres ou sous-développés. Il peut aussi arriver que la répartition de la richesse auprès de la population dans ces pays soit très inégale : certaines régions sont habitées par des gens aisés tandis que d’autres sont peuplées par des personnes aux revenus modestes ou moindres.
La relation entre ressources naturelles et conflits armés est complexe mais évidente, au vu des nombreuses recherches sur lesquelles nous nous sommes basés pour réaliser ce travail. Cependant, force est de constater que la malédiction des ressources naturelles est surtout relative à leur exploitation illicite. L’exploitation licite et l’abondance des ressources naturelles n’entrent pas en compte, tant qu’elles ne sont pas aux prises avec des intervenants avides de pouvoir.
La malédiction des ressources naturelles résulte donc surtout de la gestion égoïste de celles-ci. Les acteurs au pouvoir tels que la junte militaire et le gouvernement militaire en Birmanie et leurs associés, à savoir les entreprises privées approuvées par eux ou les partenaires issus de pays importateurs, sont les facteurs impliqués dans le développement de cette malédiction. Leur présence dans l’exploitation et leur rôle en tant qu’exploitants illicites peuvent générer le phénomène de malédiction des ressources naturelles.
La plupart du temps, ces acteurs sont impliqués directement dans les conflits armés, et leur exploitation illégale leur sert d’outil pour financer ces conflits. Ils tirent leur puissance sur le terrain grâce à la corruption et aux ventes de ressources naturelles dont les bénéfices leur servent de financement, soit pour ravitailler leurs armées en armes, soit pour les entretenir durant la période de guerre.
Si l’abondance de ressources naturelles n’est pas considérée comme étant un facteur inhérent aux conflits armés, elle est pourtant synonyme de malédiction pour les habitants des pays ravagés par des conflits armés liées à ces ressources.
En effet, lorsque la population dépend fortement de l’exploitation des ressources naturelles qui constitue leur principale source de revenu du point de vue économique, elle est la principale victime des abus et des exploitations illicites. En d’autres termes, la population reste dans la pauvreté et se trouve à court de moyen financier du fait d’un monopole du contrôle des ressources naturelles par le pouvoir en place. Au lieu d’apporter richesse et bénédiction à la population, les ressources naturelles provoquent plutôt des phénomènes tels que « la stagnation économique, l’autoritarisme et la dictature, la corruption, la guerre civile et la pauvreté au niveau national, […], la destruction massive de leur environnement, leur déplacement, la violation des droits de l’homme, en particulier les opposants ou les pétitionnaires […][66]. »
Cette constatation démontre la liaison entre exploitation illicite des ressources naturelles et malédiction des ressources. En effet, les ressources constituent une malédiction lorsqu’elles sont exploitées illicitement et que les exploitants gardent pour eux les bénéficies de cette exploitation, sans partager les gains avec le peuple, causant la pauvreté de celui-ci. Au-delà de cette pauvreté, la malédiction des ressources via l’exploitation illégale entraîne aussi une soumission de la population aux autorités détenant le contrôle de cette exploitation, via les déplacements, l’envoi des villageois dans les mines pour qu’ils y travaillent dans des conditions misérables, etc.
- Intervention et position de l’Etat
L’Etat peut être considéré comme l’acteur principal dans les conflits armés sévissant dans un pays. Dans tous les cas, il est impliqué que ce soit directement ou indirectement. Dans le cas de la Birmanie, l’Etat est un acteur à l’origine des conflits armés du fait qu’il a exercé un monopole sur le contrôle des ressources naturelles. Il s’agit ici du gouvernement militaire.
L’Etat a pour rôle principal d’intervenir en vue de faire cesser les conflits, notamment dans un contexte de discussion, d’échange, de tentative de réconciliation nationale et de négociation avec les intervenants externes tels que les Organisations des Nations-Unies ou les autres organismes au service de la paix. L’Etat doit pourvoir à la paix et entamer les démarches y afférant. Son intervention se situe surtout dans le cadre de la résolution des conflits dans un délai acceptable, sans donner à ces derniers l’occasion de s’étendre dans l’espace et dans le temps.
- Intervention et position des organisations concernées par les conflits et leur résolution
L’ONU est l’organisation la plus impliquée dans la résolution des conflits armés dans le monde entier. L’Union Européenne est aussi très active sur le sujet. L’intervention de l’ONU se situe dans la proposition de solutions face aux conflits et la conduite de ces démarches en faveur de la paix dans les pays en situation conflictuelle. Dans le cadre de la guerre civile en RDC, par exemple, l’ONU est intervenue en mettant en place et en adhérant aux « lignes directrices sur le devoir de diligence pour empêcher que l’exploitation des ressources naturelles finance le conflit[67] ». L’ONU est également intervenue dans le cadre de la guerre civile birmane en interdisant l’embargo de pierres précieuses en provenance de Birmanie en 2007.
L’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) intervient également dans la résolution des conflits armés. Son action se situe dans la prévention contre les risques de conflits. Pour ce faire, elle a édité un Guide sur le devoir de diligence à l’intention de chaînes d’approvisionnement en minerais situées dans des pays où les risques de conflits sont particulièrement élevés.[68] La Commission Européenne a également développé un règlement en faveur de cette diligence.
Le but de ces organisations est, avant tout, de stopper les exportations de ressources naturelles ayant servi dans le financement de conflits armés. Leurs actions s’adressent donc particulièrement aux importateurs. Leur action empêche les pays exportateurs de ces ressources de trouver des partenaires ou de conclure des contrats d’exportation. Dans certaines mesures, comme l’embargo mis en place par l’ONU et l’UE, c’est l’exportation de ces ressources elles-mêmes qui est visée et interdite.
- Relation entre acteurs déclencheurs des conflits et ressources naturelles
Les conflits armés engagent toujours différents acteurs, les principaux étant les armées qui représentent l’Etat et les opposants. L’auteur Paul Collier a dressé un portrait et une liste des types d’acteurs impliqués dans les conflits armés engageant des ressources naturelles : des « agences du gouvernement, l’armée, des groupes du crime organisé, des groupes paramilitaires, des forces de sécurité privée, et des guérillas[69]».
Outre ces acteurs, on peut également retrouver des individus, des entités économiques privées, et autres instances parties prenantes des chaînes d’approvisionnement en amont et en aval[70] . Il faut noter que leur implication dans les conflits armés peut être directe ou indirecte. La plupart du temps, ils peuvent être les instigateurs de ces conflits, comme c’est le cas des acteurs qui se servent de l’exploitation illicite des ressources naturelles pour s’enrichir au détriment de la population, causant une révolte de la part de cette dernière.
Parmi les acteurs impliqués dans les conflits, on note l’intervention d’autres acteurs en dehors des acteurs classiques tels que l’armée et les opposants. Il s’agit, par exemple, d’acteurs « privés (mercenaires, milices, enfants soldats), les acteurs communautaires sociétés secrètes (partis des chasseurs, sectes religieuses…), et publics (armées nationales, polices, troupes de maintien de la paix).[71] »
Les acteurs privés peuvent aussi être constitués d’entreprises privées œuvrant dans l’exportation illégale des ressources naturelles, par exemple, ou de sociétés privées collaborant secrètement avec l’Etat en lui remettant une part de leurs bénéfices ou en servant de leurre vis-à-vis d’une exportation supposée être « légale » devant la loi mais étant illégale car elle ne se fait pas suivant les règlements institués.
Ces acteurs peuvent être à l’origine des conflits ou être à l’origine de leur irrésolution. Le type d’acteurs identifié dépend du type de conflits. D’après l’analyse de Hugon (2009), en Sierra Leone, le Revolutionary United Front (RUF) a recruté des ouvriers de la ville et des jeunes issus de la campagne pour renforcer le nombre de ses soldats. Ces acteurs ont été choisis suivant le type de conflit détecté : un conflit basé sur le monopole du contrôle des ressources naturelles par les aînés qui a valu le recrutement des jeunes ruraux qui ont dû subir ce monopole et ont voulu s’en défaire.[72]
Les motivations de ces acteurs sont divergentes. Les acteurs privés tels que les entreprises sont motivés par une volonté de rentabilisation[73]. Les autres acteurs tels que l’Etat sont motivés par la richesse et le pouvoir procurés par l’exploitation des ressources naturelles.la population, elle, est surtout motivée par des soucis de développement économique et de lutte contre la pauvreté.
Il faut rappeler qu’elle est la victime des conflits armés et de l’exploitation illicite des ressources, dans la mesure où elle subit des dommages corporels suite aux affrontements, mais aussi dans les cas où elle ne bénéficie pas des gains effectués grâce aux ventes des ressources naturelles.
Les acteurs déclencheurs des conflits et les ressources naturelles peuvent donc avoir une relation directe ou indirecte. L’implication directe des acteurs suppose qu’ils sont à l’origine même des conflits, par l’intermédiaire de l’exploitation illégale. Cela suppose également qu’ils se servent des ressources pour financer les conflits et pour financer leurs soldats. L’implication indirecte suppose que ces acteurs n’entrent pas directement en relation avec les ressources naturelles comme c’est le cas des entreprises privées spécialisées dans l’importation ou des pays importateurs.
- Etude de cas : corrélation entre conflits armés birmans et présence de pierres précieuses
- Présentation de la production birmane de pierres précieuses
- Implication des pierres précieuses dans les conflits armés sévissant en Birmanie
En Birmanie, « l’exploitation des pierres précieuses est toujours à l’origine de violations des droits de l’homme[74] ». L’exploitation des ressources naturelles, plus précisément des pierres précieuses au Myanmar, ex-Birmanie, se fait dans une totale corruption et à des fins plus individuelles que collectives. En Birmanie, les ressources naturelles sont réputées pour alimenter divers conflits. Des mesures ont donc été prises pour pallier à cette situation, comme l’en témoigne la nouvelle législation de l’Union Européenne qui veut freiner le commerce de ressources naturelles servant à alimenter des conflits en 2013.
Cette exploitation illicite des pierres précieuses est à l’origine de nombreux conflits armés birmans, surtout de celui entre l’Etat et les Kachins. En Birmanie, ces confits armés opposent l’Etat aux rebelles ou à d’autres opposants désireux de renverser la dictature militaire. Parmi les éventuels facteurs à l’origine de ces rébellions, les ressources naturelles, plus précisément les pierres précieuses, en font partie.
Que les pierres précieuses soient les principaux facteurs de déclenchement de ces conflits armés ou qu’elles soient à l’origine de leur persistance, elles se retrouvent impliquées dans ces conflits pour de nombreuses raisons.
Premièrement, la présence de pierres précieuses en Birmanie peut être considérée comme étant la source de certains de ces conflits du fait qu’elle a attiré différents acteurs impliqués dans ces conflits, à savoir l’Etat, l’armée, les pays voisins et importateurs, les entreprises privées, la population birmane, etc. L’Etat birman et la junte se sont intéressés aux pierres précieuses grâce à leur abondance, mais surtout au pouvoir qu’elles procurent. Leur intérêt résulte d’une avidité de pouvoir, de la soif de l’enrichissement, les pierres précieuses birmanes étant particulièrement belles, rares et recherchées dans le monde entier.
L’Etat et l’armée ont compris l’impact du monopole de l’exploitation des pierres précieuses : un enrichissement certain grâce à l’exportation et à la vente. Toutefois, ces acteurs ont exprimé le souhait de garder pour eux les acquis grâce à cette vente, d’où la falsification des chiffres de vente et des bénéfices reçus, ou encore le recours à l’exploitation illicite de ces dernières. Ils ne se sont pas arrêtés à cela, ils ont également pris possession de toutes les mines et contraint la population à travailler dans celles-ci dans des conditions de travail déplorables.
Les bénéfices perçus par l’exploitation des pierres précieuses sont restés dans les comptes de l’Etat qui les a utilisés pour opprimer la population lors de conflits intérieurs qui les opposaient. En même temps, les ethnies telles que les Kachins revendiquent le contrôle des ressources naturelles, notamment des jades, dans leurs villages, ce qui place les pierres précieuses au centre des conflits armés.
- La Birmanie, l’Eldorado des pays occidentaux
- Le jade, une production majoritaire mondiale en Birmanie
Le jade est une pierre précieuse de couleur verte, en général. Cependant, la Birmanie regorge de plusieurs types de jade avec différentes couleurs, en tout, 27 couleurs de jade sont répertoriées en Birmanie y compris le jade vert, le blanc, le noir, le gris, le violet, etc. Parmi les nombreuses variétés de jade en Birmanie, celles de couleur verte claire et transparente sont extrêmement chères, au même prix que l’émeraude.
La Chine étant un des plus grands producteurs et commerçants de jade, le jade birman y est massivement exporté. En 2011, 43.000 tonnes de jade ont été produits en Birmanie[75].
Selon les données, la production de jade en Birmanie est la plus importante au monde, avec une production estimée à 90% de la production mondiale. Comme nous l’avons mentionné auparavant, la jadéite est la variété la plus précieuse en Birmanie, 90% de la production de jadéite sont exploités des gisements de Hpakant situés au nord de ce pays[76]. L’exportation de jade se fait surtout en Chine et constitue également une importante source de revenu pour la Birmanie.
La jadéite est donc a plus importée, surtout celle de couleur vert émeraude pour le Jade Impérial et celle de couleur bleu lavande.[77] Toutefois, il faut noter qu’un embargo sur l’exportation de jade a été signé et mis en place par les Etats-Unis et l’UE, dans le cadre de son exploitation illicite par le gouvernement birman, mais surtout à cause du fait que les villageois employés dans les mines les exploitent dans des conditions de travail misérables dans violation totale des droits de l’homme par les autorités qui les emploient, à savoir le gouvernement militaire birman, aidé par la junte militaire.
- Le rubis, une exportation à l’international
Le rubis birman est el plus célèbre au monde. Bien que la Birmanie produise une multitude de pierres précieuses telles que le saphir ou le jade, son rubis reste le plus cher et le plus convoité sur la scène internationale. L’exportation de rubis par la Birmanie constitue donc une des principales sources de revenu économique pour ce pays, surtout pou le gouvernement qui en détient le contrôle entier. L’exploitation des mines de rubis en Birmanie a subsisté depuis l’époque royale durant laquelle les rubis les plus impressionnants et les plus inestimables au monde ont été découverts dont le Padaya Ngamauk (un rubis de la taille d’un œuf dont la valeur monétaire a été difficile à établir).[78]
L’exploitation de rubis en Birmanie se fait dans des mines situées à Maishu, à Namyar, à Sakyin, à Pyinlon et surtout à Mogok, à 200 km de Mandalay, dans la vallée des rubis où l’on trouve le Sang de pigeon, le rubis le plus cher et le plus précieux au monde[79].
Mogok produit également des rubis à la couleur rouge brun et des saphirs bleus, des spécimens rares en termes de pierres précieuses. Les sites cités précédemment produisent les rubis les plus recherchés dans le monde entier, ils sont donc les plus exportés et leur prix est bien plus supérieur à celui de simples rubis, aux alentours de dizaines de milliers de dollars. En tout, la production birmane de rubis représente 90% de la production mondiale de rubis.
- Le saphir
En Birmanie, une grande production de saphir est aussi repérée. Les saphirs birmans sont fameux pour leur couleur bleue intense, une de leurs principales caractéristiques. La région de Mogok représente le plus grand gîte de saphir en Birmanie. Elle abrite la plus grande part de production de saphir birman, un saphir exploité dans la vallée de Mogok, située à près de dix kilomètres de cette région et à 200 km au nord de Mandalay.[80] Ce gisement est particulièrement célèbre par la découverte du plus gros saphir au monde en 1966 : son poids avoisinait les 63 000 carats soit 12,6 kg.[81] La vallée de Mogok est également fameuse grâce à l’extraction d’un saphir lourd de 384 carats et de qualité extrêmement supérieure en 1992.
La variété de saphir la plus rencontrée en Birmanie est le saphir topaze. Le saphir, comme le rubis, le spinelle et le péridot, constituait les 14 millions de carats de pierres précieuses produites au Myanmar en 2011, d’après le site spécialisé en la matière : Mizzima.[82] En matière de prix, les saphirs bleus de Birmanie valent près de 10 000 dollars l’unité.[83]
Nous allons résumer cette section sur les pierres précieuses birmanes avec un schéma représentatif de la Birmanie et de sa production de pierres précieuses en 2004 :
Source : CANAVESIO Rémy, 2004 – La société malgache face à l’exploitation des saphirs d’Ilakaka. Mémoire de D.E.A. en géographie tropicale, Université Michel de Montaigne – Bordeaux 3.
D’après la légende sur cette carte, en 2004, la Birmanie produisait déjà la majeure partie de la production mondiale de pierres précieuses dans le monde, aux côtés de Madagascar. Le saphir, par contre, n’y est pas très abondant.
- Les pierres précieuses birmanes au centre des confrontations armées
- Les pierres précieuses comme sources des conflits
- Conflit entre les ethnies et l’Etat sur l’exportation illégale des pierres précieuses à l’international
Comme nous l’avons évoqué précédemment, les guerres civiles birmanes mettent en action deux types d’acteurs : l’Etat, plus précisément le gouvernement, et le peuple. La situation de l’Etat face à ces conflits mérite d’être amplement étudiée. En effet, il suscite la colère et la consternation du peuple et des ethnies pour son contrôle absolu sur les ressources naturelles. Ce contrôle a débuté depuis la détection de la production massive de rubis dans ce pays de l’Asie du Sud-est.
Le gouvernement et la junte militaire se sont approprié le contrôle du commerce de pierres précieuses birmanes. Les mines sont même accaparées par ces acteurs qui ont investi « la vallée du rubis » à 200 km de Mogok, là où le fameux rubis au sang de pigeon est produit. Rappelons que les principales mines de rubis et de pierres précieuses en Birmanie se situent au niveau des terres peuplées par les ethnies. D’un point de vue géographique, ces pierres précieuses proviennent donc des ethnies, ce qui crée des tensions entre ces dernières et le gouvernement du Myanmar.
Ces tensions sont aussi générées par les conditions dans lesquelles les ouvriers chargés de l’exploitation de ces mines vivent, de 1964 à 2007. En effet, ces ouvriers, de nature très pauvres du fait que la Birmanie est le pays le plus pauvre en Asie du Sud-est, subissaient des pressions considérables de la part de l’Etat et des militaires. Ces conditions se résumaient, en quelque sorte, à l’irrespect des droits de l’homme par les autorités publiques, notamment les armées : emploi de mineurs qui, selon des documents du réseau Asean Alternatif, étaient drogués par leurs employeurs en vue de favoriser leur productivité.[84] Ce rapport fait également état de l’usage d’une unique aiguille pour injecter la drogue dans les veines des travailleurs, favorisant le risque d’infection par le virus du VIH. En d’autres mots, une grave violation des droits de l’homme était constatée, des travailleurs dont la plupart proviennent des multiples régions ethniques birmanes.
A côté de cette violation des droits des civiles, le gouvernement et la junte militaire s’enrichissaient. Ils étaient les seuls destinataires des revenus de l’exploitation des ressources naturelles.[85]A noter que le commerce et l’exportation à cette époque revêtaient un caractère légal masquant des trafics illicites. L’industrie minière birmane, durant des décennies entières, a été contrôlée par la junte birmane, le régime militaire, qui s’est servie des recettes des ventes pour son financement.
De 1964 à 1992, l’Etat contrôlait à lui seul la production, le commerce et l’exploitation des pierres précieuses birmanes. En 1992j, une ouverture des exploitations au secteur privé a été constatée, une ouverture contrôlée par l’Etat qui triait minutieusement les entreprises qui pouvaient bénéficier d’une licence d’exploitation. Le choix de ces entreprises privées se basait sur des critères inconnus et était lui-même inconnu au public. Toutefois, les informations révélaient une coopération entre l’Etat et ces entreprises qui versaient une part de leurs bénéfices au gouvernement militaire.
Selon les chiffres, l’Etat birman a gagné environ 750 millions de dollars via le commerce officiel de pierres précieuses entre 1964 et 2007[86]. En sus, il s’enrichissait aussi grâce à l’exportation illicite et clandestine de pierres précieuses vers la chine et la Thaïlande. Le commerce de pierres précieuses en Birmanie est réputé sombre et dénué de transparence, à part les ventes aux enchères de Rangoun organisées depuis 1995 à Rangoun dont les bénéfices sont dévoilés publiquement. Ces ventes, sous forme d’exposition appelée « Myanmar Gem Emporium », ont rapporté 1,4 milliard de dollars en 2010 et 2,4 milliard de dollars en 2013.[87]
La consternation des ethnies est suscitée par le manque de transparence du commerce de pierres précieuses en Birmanie. Elle est également motivée par les mauvaises conditions de travail des ouvriers exploitant les mines qui sont, en majorité, originaires des ethnies. La violation des droits de l’homme est donc une des sources des conflits, appuyée par la non-transparence des exportations à l’international. Aucun chiffre sur les bénéfices engendrés par les exportations légales n’est communiqué au public, en parallèle, les exportations illégales à l’international s’intensifient et permettent un enrichissement immédiat du gouvernement au détriment de la population qui reste majoritairement pauvre. Selon les chiffres, près de la moitié des pierres précieuses vendues et exportées sont non-déclarées et non taxées.[88]
La population n’est donc aucunement au courant des valeurs réelles des revenus engendrés par la vente des pierres précieuses. En 2011/2012, le gouvernement en place a communiqué des chiffres factices : l’exportation de jade aurait généré 34 millions de dollars au gouvernement alors que la réalité serait toute autre. En effet, 43 millions de kilos de jade ont été exportés durant cette période, en calculant le kilo de jade suivant une valeur standard de 100$ par kilo, les bénéfices devraient avoisiner les 4,3 milliards de dollars.[89]
L’exportation de pierres précieuses à l’international est donc fortement ancrée dans la corruption et dans le non partage d’informations, le tout dans un contexte illégal.
Les montants manquant au total de revenu généré par année grâce à cette exportation restent introuvables et leur usage est inexplicable. Seule une réalité demeure : le gouvernement et la junte militaire s’enrichissent tandis que la population reste pauvre, les infrastructures publiques et sociales manquent et les conflits intérieurs restent irrésolus faute de moyen financier.
- Revendication des droits des ethnies dans la production des pierres précieuses : les pierres précieuses proviennent majoritairement des ethnies
Puisqu’elles sont majoritairement produites dans les régions peuplées par les ethnies birmanes, ces pierres précieuses sont dont censées être la propriété des ethnies, de leur point de vue. Ces ethnies revendiquent donc leur droit de production, l’exploitation des ressources naturelles étant majoritairement effectuées dans les régions où ils vivent.[90] Ces ressource, notamment l’accès à ces dernières, sont la principale source de nombreux conflits birmans ayant sévi durant des décennies. Durant les 60 dernières années, 40% des guerres civiles ont eu une relation directe avec l’exploitation des ressources naturelles.[91]
Les ethnies veulent donc avoir le droit d’exploiter mais aussi avoir part aux bénéfices engendrés par l’exploitation des ressources naturelles qui sont leur propriété, bien que la Constitution birmane de 2008 déclare l’appartenance de ces ressources au gouvernement. Cette constitution, d’après Juliette Louis-Servais, chargée de mission Asie du Sud-Est au Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD), n’a pas été écrite avec le consentement des ethnies. Les textes sur cette constitutions sont, d’ailleurs, restés inconnu aux ethnies et n’ont pas été révélés au public, ayant été établis par la junte militaire et le gouvernement uniquement. [92]
Selon cette chargée de mission du CCFD, les opinions des ethnies ont été recueillies avant l’élaboration de cette constitution, sans avoir été intégrées dans cette dernière : « Elles réclamaient une forme d’autonomie dans la gestion de leurs ressources naturelles notamment pour avoir un droit de regard sur la façon dont elles sont exploitées. Dans l’Etat Kachin, par exemple, ce sont des sociétés chinoises qui exploitent ces ressources pour les exporter »[93]. Une opposition d’opinion entre les ethnies et le gouvernement se fait alors voir, ce dernier refusant de reconnaitre le droit à l’exploitation des ethnies.
Ce refus a conduit à des massacres et des conflits intérieurs étendus sur une longue période : les populations dans les régions peuplées par les ethnies qui servent de terrain d’exploitation des ressources naturelles sont déplacées, des villages entiers sont détruits (3700 depuis 1996).[94] La dissolution du gouvernement militaire et la mise en place du gouvernement civil et démocratique n’ont pas mis fin aux confrontations, malgré diverses tentatives de cessez-le-feu engagées par l’Etat birman.
Ainsi, les conflits armés résultent aussi d’une revendication des droits à l’exploitation par les ethnies. Leurs réclamations ayant été rejetées et non écoutées par le gouvernement militaire depuis des décennies, les ethnies se sont rebellées pour l’obtention de ces droits.
- Les pierres précieuses pour payer le ravitaillement en armes : exemple de la guerre entre la Junte et les ethnies
Au cours de ce demi-siècle de guerre civile et de conflits armés birmans, les ethnies se sont toujours retrouvées mêlés aux confrontations avec la junte militaire. Dans certains cas, comme celui des Rohyngias, les ethnies sont les raisons pour lesquelles le conflit a été engagé : volonté de désintégration du gouvernement de la minorité des Rohyngias qu’il ne considère pas comme étant des birmans[95].
Pour la junte militaire birmane, le contrôle des ressources naturelles était une source de pouvoir. Ce pouvoir provenait surtout des revenus engendrés par le commerce légal et illégal de ces ressources naturelles à travers l’exportation. Les ethnies, loin de vouloir revendiquer uniquement leur droit à l’exploitation, cherchaient également des réponses auprès de la junte qui, au coude-à-coude avec le gouvernement militaire, contrôlait cette exploitation. Ainsi, le fondement des guerres civiles impliquant l’usage des ressources naturelles est le besoin de connaître à qui les revenus générés par ces commerces profitent.
Selon les suppositions, la junte militaire, en temps de guerre, ne percevait pas de revenu sur l’exportation légale et illégale de pierres précieuses (rubis, saphir, jade, etc.). Ces dernières étaient surtout échangées contre un approvisionnement massif en armes.
- Les pierres précieuses dans les différentes étapes des conflits armés birmans
- Origine et déclenchement des conflits armés
Les ressources naturelles opèrent sur trois stades successifs dans les conflits armés : le déclenchement, le prolongement et la résolution.[96] Les ressources naturelles peuvent se retrouver à l’origine de certains conflits armés dans les pays où leur souveraineté et constatée. Le contrôle des ressources naturelles est sujet à diverses pressions exercées par les différents acteurs qui veulent le détenir. Outre cette soif de contrôle, l’exploitation illégale peut aussi produire des problèmes au niveau de ces ressources.
Les études menées par Fanta Coulibaly Coumaré démontrent que le contrôle des ressources naturelles, au-delà de leur exploitation illicite, est une source principale de conflits, dans le cas du Mali. Ce fait atteste de la puissance de la gestion de l’exploitation de ces ressources[97].
Les Nations-Unies, par le biais du rapport du Programme des Nations-Unies pour l’Environnement, identifie trois manières principales par lesquelles les ressources naturelles peuvent déclencher les conflits armés. Nous allons les résumer dans le tableau ci-dessous :
La juste répartition des ressources naturelles | L’utilisation directe des ressources rares | Dépendance économique envers les ressources naturelles |
Tout d’abord, un conflit peut survenir à propos de la juste répartition des richesses tirées de l’extraction de ressources de « grande valeur, » comme les minéraux, les métaux, les pierres, les hydrocarbures et le bois.
L’abondance locale de ressources précieuses, combinée à la grande pauvreté ou à la difficulté à trouver d’autres formes de revenus, incite des groupes à s’emparer de ces ressources en prenant le contrôle des territoires où elles abondent, ou en expropriant sauvagement l’Etat.
Le risque que des ressources naturelles de « grande valeur » contribuent à un conflit est en fonction de la demande mondiale, et largement tributaire des prix du marché.
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Deuxièmement, il arrive aussi que des conflits soient engendrés par l’utilisation directe de ressources rares telles que terres, forêts, eau et faune sauvage. De tels conflits surgissent lorsque la demande locale de ressources dépasse les quantités disponibles, ou lorsqu’une forme d’utilisation de ces ressources pèse lourdement sur d’autres utilisations.
Cela peut résulter soit d’une rareté physique, soit de problèmes de gouvernance ou de répartition. Ces situations sont souvent exacerbées par les pressions démographiques et des catastrophes naturelles telles que sécheresses et inondations.
À moins que les institutions ou les pratiques locales ne parviennent à atténuer les conflits d’intérêts, ces tensions peuvent entraîner une migration forcée ou de violents conflits locaux.
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Troisièmement, les pays dont l’économie est tributaire de l’exportation d’un nombre restreint de produits primaires sont plus susceptibles d’être politiquement fragiles.
Leur situation économique est à la merci des fluctuations de prix de ces denrées sur les marchés internationaux, et lorsqu’il s’agit de pays en développement, il leur est souvent difficile d’augmenter la valeur ajoutée de ces produits ou de créer des emplois à grande échelle à partir de telles exportations.
En outre, les gouvernements dont le budget est alimenté davantage par l’exportation de produits de base que par les recettes fiscales tendent à être coupés des besoins de leurs électeurs.
La combinaison des problèmes d’appréciation de la monnaie et de gestion opaque des revenus et de corruption qui se sont développés dans nombre de pays riches en ressources est appelée la « malédiction des ressources. »
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Source : Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) (2009), Du conflit à la consolidation de la paix : Le rôle des ressources naturelles et de l’environnement.
D’après ce tableau, les ressources naturelles déclenchent des conflits armés lorsqu’elles sont abondantes et que les pays hôtes des conflits sont extrêmement pauvres. Ce cas est observé pour la Birmanie : le gouvernement militaire exerce le contrôle sur l’exploitation des ressources naturelles qui sont extrêmement précieuses et valeureuses, notamment des pierres précieuses dont la valeur et la qualité sont supérieures mondialement.
- Facteurs politiques économiques, sociaux et ethniques reliés aux ressources naturelles
La Birmanie fait partie des innombrables pays dans lesquels des facteurs sociaux, économiques et ethniques s’enchevêtrent pour donner naissance à une guerre civile ou à des conflits armés. En ce qui concerne les facteurs économiques, nous pouvons citer les innombrables conflits liés aux ressources naturelles, première source de revenu pour la population birmane, surtout pour les ethnies tels que les Kachins. Ces ethnies revendiquent le droit de propriété et d’exploitation, comme c’est fréquent dans ce type de conflit.[98]
Les facteurs économiques détectés dans ces conflits tournent presque tous autour de l’exploitation de ces ressources et de leur commerce illicite. La population, déjà très pauvre en soi, attend beaucoup des ressources naturelles, seules richesses du pays. Monopolisée par la junte militaire et le gouvernement militaire, l’exploitation de celles-ci devient une source de revenu exclusive à ces entités, au détriment de la population.
La quête de l’indépendance des Etats Karens et Kachin constitue un facteur sociopolitique de taille, avec un rapport étroit avec les ressources naturelles du fait que celles-ci servaient à financer les groupes armés du gouvernement dans la lutte contre la population rebelle.
- Implication des ressources naturelles dans le processus de prolongation des conflits
Parmi les nombreuses théories sur l’implication des ressources naturelles dans les conflits armés, celle sur la participation de celles-ci dans le prolongement de ces conflits est très répandue.
En effet, les recherches aiment surtout à prouver que les ressources naturelles, par leur rôle primordiale dans la politique économique de la guerre[99], favorisent plutôt leur extension dans le temps que leur déclenchement[100].
Selon une analyse de l’ONU parue dans le document du PNUE intitulé Du conflit à la consolidation de la paix : Le rôle des ressources naturelles et de l’environnement : « Qu’il existe ou non une relation de cause à effet entre le déclenchement des conflits et les ressources naturelles, celles-ci peuvent contribuer à entretenir et à alimenter la violence. Les ressources de « grande valeur » peuvent notamment être utilisées pour générer des revenus servant à financer les forces armées et à acquérir des armes. S’emparer de ces ressources devient alors un objectif stratégique pour les campagnes militaires, ce qui prolonge leur durée[101]. »
L’analyse du PNUE renvoie à la notion de pouvoir proférée par le contrôle des ressources naturelles. Les ressources naturelles aux valeurs inestimables telles que les pierres précieuses birmanes, notamment le rubis et le jade, entretiennent et alimentent les conflits armés birmans parce qu’elles sont uniquement exploitées par le gouvernement qui se sert des recettes engendrées par leur vente pour le financement de la junte militaire et son ravitaillement en armes. La vente abordée ici relève de l’exploitation et de l’exportation illicite.
Conscient du pouvoir économique des ressources naturelles, une lutte pour leur appropriation permet donc de faire subsister la guerre civile. Cette lutte engage autant les forces de l’ordre que les opposants. Dès que ces acteurs ressentent une menace émanant des tentatives de trêves, en rapport avec une quelconque réforme du droit à l’exploitation des ressources naturelles, ils essaient à tout prix de dévier de a paix, ce qui favorise une prolongation des négociations et des ententes, conduisant à une pérennisation des conflits. L’issue des conflits dépend également des ressources naturelles : ceux qui les possèdent sont plus sûrs de gagner car ils ont plus de pouvoir et plus de moyen pour s’approvisionner en armes pour écraser leurs ennemies.
Les ressources naturelles peuvent donc prolonger ou intensifier les conflits armés. Une implication des civils dans les confrontations armées peut surgir : les civils sont les premières victimes comme c’est le cas dans la guerre et les Kachins et la junte militaire. Des milliers de villageois Kachins ont ainsi été déplacés puisqu’ils se trouvaient dans des sites d’exploitation des ressources naturelles.
Les conséquences des guerres et de leur prolongement par l’implication de l’exploitation des ressources naturelles sont donc nombreuses et néfastes pour la population civile : « la perte des lieux d’habitation, la pollution, les déplacements forcés, la participation à la gestion des ressources ; les restrictions à l’accès et l’utilisation des ressources (les ressources en eaux potables par exemple); le changement de statut social, de fonctionnement et de valeurs dans les communautés résultant de changements dans les opportunités économiques, ce qui peut amener l’exacerbation des clivages dans la société; la migration accentuée par le développement des ressources; les abus commis par les forces de sécurité ». L’exploitation des ressources naturelles peut impliquer certaines formes de violence, telles que les déplacements forcés des populations, le recours au travail forcé, ou à la militarisation des sites d’exploitation.[102]»
- Les ressources naturelles comme entraves à la résolution des conflits armés
Les ressources naturelles peuvent aussi intervenir en tant qu’obstacles à la résolution des conflits armés. D’après une analyse de la PNUE, les ressources naturelles freinent les discussions et les processus de signature d’accords de paix ou de tentatives de trêve à cause des enjeux économiques qui y sont liés.
D’après cette organisation, « les incitations économiques liées à la présence de ressources naturelles précieuses peuvent empêcher la résolution d’un conflit et nuire aux efforts de paix. Plus la perspective d’un accord de paix semble proche, plus les personnes ou les groupes dissidents susceptibles de perdre l’accès aux revenus tirés de l’exploitation des ressources risquent d’agir pour empêcher la restauration de la paix[103]. »
Les groupes ou entités qui ont eu la mainmise sur l’exploitation des ressources naturelles durant des années et qui ont perçu les gains qu’elle a générés sans les partager se sentiront menacés par ces procédures de paix qui risqueront de modifier la gestion de cette exploitation. C’est notamment le cas en Birmanie où les trêves et processus de paix suite aux conflits armés provoqués par l’exploitation des ressources naturelles effraient particulièrement le régime militaire et la junte qui se servent des revenus de l’exploitation des ressources pour financer leurs activités.
D’après l’analyse du PNUE, « les conflits liés aux ressources naturelles [survenues ces soixante dernières années] ont deux fois plus de chances de resurgir durant les cinq premières années après la signature d’un accord de paix.[104] » les accords de paix, dans ces cas précis, n’ont donc qu’un effet temporaire, étant donné que le contrôle de l’exploitation des ressources est un source de pouvoir et que la perte de ce contrôle serait une perte économique de grande envergure pour ceux qui en ont toujours profité.
Ce cas est reflété par les conflits entre les Kachins, notamment la KIO, et lé régime militaire birman depuis des décennies. La KI, qui a longtemps abusé du monopole de l’exploitation des ressources naturelles, en a perdu le contrôle suite aux offensives de l’armée du gouvernement militaire. la KIA a donc lutté pour le regain de ce monopole le gouvernent militaire, lui, a lutté pour la préservation de celui-ci tandis que les villageois ont lutté pour en acquérir le droit de propriété, ou d’u moins, d’exploitation.
- Présentation des différentes hypothèses
Pour l’élaboration de ce mémoire, nous nous sommes basés sur différentes hypothèses apparentes aux ressources naturelles et à leur rôle dans les conflits armés, en nous basant sur le cas de la Birmanie.
- Corrélation entre présence de pierres précieuses et conflits armés entre la junte militaire birmane et les ethnies
Notre hypothèse principale est basée sur le concept de malédiction des ressources naturelles, c’est-à-dire que les conflits armés sévissent le plus dans les pays où ces ressources sont abondantes. Les liens entre ressources naturelles et conflits ont établis, dans le contexte de la malédiction des ressources naturelles, par Sachs et Warner en 2001.
Ces liens ont été découverts suite aux nombreux conflits armés, notamment des guerres civiles, ayant sévi ou sévissant dans des régions particulièrement riches en ressources naturelles (cf. Tableau des Guerres civiles récentes et troubles internes alimentés par les ressources naturelles, source : Programme des Nations Unies pour l’environnement). Ces ressources naturelles peuvent être à l’origine des conflits ou favoriser leur pérennisation, dans tous les cas, elles sont toujours impliquée dans ces conflits, nous avons pu le constater dans notre partie théorique.
Dans le cas de la Birmanie, nous supposons l’existence d’une corrélation entre la présence, plus précisément l’exploitation, des ressources naturelles et les conflits armés entre la junte militaire birmane et les ethnies. Cette corrélation est manifestée par la volonté des ethnies de récupérer, plus précisément de détenir, les droits d’exploitation qui leur reviennent, étant donné que les ressources naturelles sont exploitées sur leur territoire.
La volonté d’opposition ente la junte militaire et les ethnies est intense : les ethnies restent pauvres et sans pouvoir face à la dictature militaire opérée par le gouvernement militaire jusqu’à son abolition en 2011. Ce gouvernement militaire archaïque et datant de plusieurs décennies monopolisait l’exploitation des ressources naturelles et s’appropriaient les mines, allant même jusqu’à déplacer des villages entiers dans les régions peuplées par les ethnies et à massacrer des femmes et des enfants.
La population civile est la principale victime de ces guerres civiles. Dans les affrontements entre les indépendantistes Kachins dirigés par la KIA et l’armée birmane, 80 000 civils ont été déplacés, les autres se réfugient dans des régions voisines ou quittent massivement leur région[105]. Cette guerre civile a commencé depuis des décennies, a connu une trêve en 1994 et a fortement repris en 2011. A la base de cette guerre : le refus de l’Etat de céder aux Kachins leur droit à l’indépendance, mais aussi leur droit à l’exploitation de leurs mines de pierres précieuses, surtout de jade.
La guerre entre la junte militaire et l’ethnie Kachin connaît une double dimension : d’un côté, le gouvernement veut forcer la KIA à intégrer la junte militaire, d’un autre côté, la KIA veut retrouver la souveraineté et le contrôle qu’elle avait sur l’exploitation de jade, afin de pouvoir vivre de l’exportation et du commerce clandestin de jade.
- Rôle du commerce de jade dans le financement de la garde militaire en Birmanie
La guerre civile ayant perduré durant 60 ans en Birmanie résulte de conflits entre la junte militaire et les ethnies. Pour rappel, la Birmanie est essentiellement constituée d’ethnies ou de nombreuses minorités birmanes. Parmi les ethnies ou minorités les plus importantes, on distingue les Bamars, les ethnies principales, suivis des Shan, Karen, Karenni, Mon, Kachin, Chin et Rakhine[106]. Les ethnies forment un tiers de la population birmane et sont représentées dans la carte ci-dessous.
Une des principales reproches des birmans aux armées et au gouvernement, outre leur non-accès au droit à l’exploitation des ressources naturelles, est l’usage de l’armée birmane des pierres précieuses pour financer les conflits, notamment en termes d’achat ou d’exportation d’armes. Ce cas a déjà été observé durant la guerre froide avec l’exportation d’opium vers les Etats-Unis en échange d’armes. En ce qui concerne les pierres précieuses, c’est le jade qui se retrouve toujours mêlé aux divers conflits armés, notamment en tant que source de financement de la junte dans ses achats et ses besoins en armes[107].
Dans l’Etat Kachin dans lequel on trouve la plus grande production de jade en Birmanie et la meilleure production de jade de qualité dans le monde, l’économie a toujours été stimulée par le commerce de cette pierre précieuse. Parmi les multiples groupes ou organisations d’opposition dans l’Etat Kachin, la Kachin Independant Organisation (KIO) a toujours été motivée par le commerce illicite de jade[108]. Pour effectuer ses nombreuses opérations politiques, en connexion avec la KIA (Kachin Independant Army)[109], la KIO a subsisté grâce au commerce illégal de jade et l’exploitation des mines de jade.
Les minorités ethniques en Birmanie. Source : http://www.info-birmanie.org/birmanie-une-population-heterogene-repartie-le-long-des-frontieres/
La KIO, censée protéger le peuple Kachin, a été considérée par les Kachins comme étant une organisation corrompue peu soucieuse de leur sort. Les villageois répugnaient donc la KIO qui a longtemps utilisé le jade comme source de revenu pour alimenter les grandes sociétés sans alimenter les villageois.
Suite à la perte de ce commerce, l’Etat Kachin a dû se rebattre sur l’exploitation forestière pour continuer à subsister.[110]
Le marché de jade en Birmanie constitue également un financement pour la junte militaire : le commerce de jade était une source d’approvisionnement d’armes[111].
- Les pierres précieuses birmanes alimentent les conflits armés (au niveau des ravitaillements en armes)
La dernière hypothèse de notre travail met en relief le rôle des pierres précieuses dans le financement des conflits armés en Birmanie. Comme il a été mentionné plus tôt, l’exploitation de ces ressources a toujours été contrôlée par le gouvernement militaire qui choisissait finement les ayants droit aux bénéfices engendrés par leur commerce. Les pierres précieuses telles que le rubis et le jade dont la production la plus imposante et la plus qualitative au monde se fait en Birmanie, et le saphir sont impliquées dans ces conflits.
Ces pierres précieuses, propriétés de l’Etat selon la constitution de 2008, servent de source d’alimentation aux différents conflits armés qui se sont succédé en Birmanie. Cette alimentation passe par le financement de la junte militaire qui use de son monopole sur le commerce de pierres précieuses pour acheter des armes et se ravitailler aux Etats-Unis ou en Chine.
- Confirmation ou réfutation des hypothèses
D’après notre analyse des conflits armés, plus précisément des guerres civiles, ayant sévi en Birmanie, la première et la dernière hypothèse que nous avons formulées ont été pleinement confirmées. En effet, la junte militaire et les ethnies se sont livrées à des confrontations armées depuis près de soixante ans, engageant les ressources naturelles. Ces ressources naturelles, sous la forme de pierres précieuses, se sont révélées existantes dans le déclenchement et dans la phase de réalisation de ces conflits divers.
Le conflit opposant les ethnies et la junte militaire sont étroitement liés aux ressources naturelles. Ces deux faits sont inséparables, prouvant ainsi la véracité de la théorie de la malédiction des ressources naturelles. En Birmanie, les pierres précieuses sont les ressources naturelles les plus abondantes, avec des prix extrêmement élevés et une qualité reconnue mondialement.
Les mines et gisements de pierres précieuses se situent toutes dans des régions peuplées par les ethnies, telles que la mine de Mogok ou celles de jade située dans l’Etat Kachin.
Les ethnies tentent donc de récupérer ce qui leur appartient, ou du moins une part de l’exploitation de ces pierres précieuses pour pouvoir lutter contre la pauvreté. De leur côté, l’Etat et la junte militaire refusent de céder ce droit, exploitent les ouvriers issus des ethnies en faisant travailler les mineurs comme les adultes dans des conditions de travail totalement déplorables, s’adonnent au commerce et à l’exploitation illégale, au détriment de la population qui s’endurcit dans la pauvreté.
De ce fait, on dénote donc une corrélation entre présence de pierres précieuses et conflits armés entre junte militaire et ethnie. Ces conflits concernent la demande d’indépendance des Etats ou des minorités vis-à-vis du gouvernement militaire et le droit à l’exploitation de ces pierres dans les mines situées dans leur région.
Outre leur participation dans le déclenchement des conflits, nous avons aussi pu retrouver des informations attestant que les pierres précieuses birmanes alimentent les conflits armés en favorisant le ravitaillement en armes. Cette confirmation résulte toujours d’un fait dont nous avons parlé à maintes reprises dans ce travail : le monopole de l’exploitation des pierres précieuses par l’Etat ou le gouvernement militaire qui donne les pleins à la junte militaire chargée de s’occuper des rebelles et des opposants au régime et à sa dictature. Avec le feu vert du gouvernement militaire, la junte utilise le commerce, légal et illégal, de pierres précieuses pour financer ses activités, ravitaillement en armes y compris.
Quant au rôle des pierres précieuses, plus précisément du jade, dans le financement de la garde militaire en Birmanie, cette hypothèse n’est que partiellement confirmée car les recherches et documents y afférant restent moindres, ce qui ne nous permet pas d’affirmer que ce cas s’est présenté dans toute la Birmanie. Néanmoins, une analyse sur la guerre opposant les Kachins à la junte militaire est peut être considérée comme représentative de ce fait.
En effet, l’Etat Kachin dispose de la meilleure qualité et de la plus grande production de jade dans le monde. Initialement contrôlée par la KIO, l’exploitation du jade a été reprise par la junte militaire. L’opposition met en scène trois acteurs : l’Etat, par le biais de la junte militaire, la KIO, le groupe d’opposition majeur dans l’Etat Kachin avant sa dissolution, t les villageois qui sont insatisfaits du gouvernement militaire et de la KIO à la fois.
- Discussion et analyse des résultats
En étudiant le cas de la Birmanie, nous pouvons voir que les ressources naturelles interviennent réellement dans trois phases différentes des conflits armés : le déclenchement, la prolongation et la résolution.
Dans le cas du déclenchement des conflits armés, les ressources naturelles, plus précisément les pierres précieuses, sont considérées comme étant les causes directes des conflits. Dans le cas de la prolongation, les ressources naturelles sont supposées favoriser l’extension de ces conflits armés dans le temps et les rendre plus durables et persistants. Dans le cas de la résolution, les ressources naturelles sont considérées comme étant des entraves à la résolution des conflits, comme le précise Goyette en 2012.
Ces ressources naturelles, plus particulièrement les ressources naturelles, servent de financement au conflit, comme l’a avancé Hugon en 2009. En même temps, nous avons pu établir une connexion des plus fiables entre les pierres précieuses et les conflits armés entre la junte birmane et les ethnies, en sachant que la Birmanie est le pays le plus pauvre situé en Asie du sud-est. Cette connexion entre ressources naturelles et conflits armés mérite d’être approfondie.
En effet, cette connexion est à la base de la survenance des conflits armés. Ces pierres précieuses, de par leur valeur et leur qualité inestimable, ont attiré le gouvernement militaire qui a pensé à s’enrichir au détriment de la population. Cet égoïsme prouvé par les agissements du gouvernement militaire est à la base de ces conflits. Ces conflits armés, de type guerre civile pour le cas birman, sont une résultante de cet égoïsme et une recherche d’égalité dans les droits sur l’exploitation des ressources naturelles.
Les revendications des ethnies birmanes tournent autour des ressources naturelles et de l’abolition des actes égoïstes du gouvernement militaire. La Birmanie répond aux critères des pays ciblés par les conflits armés : elle est extrêmement pauvre, elle est extrêmement riche en ressources naturelles, plus précisément en pierres précieuses et, en sus, elle est présidée par un gouvernement militaire sous un régime dictateur et monopolisant. De ce fait, la malédiction des ressources naturelles s’applique sur elle : d’un point de vue, toutes les guerres civiles birmanes en relation avec les ressources naturelles se passent dans les régions abondantes en pierre précieuse.
CONCLUSION
Tout au long de ce travail, nous avons analysé le rôle des ressources naturelles dans les conflits armés en étudiant le cas de la Birmanie. La Birmanie est particulièrement riche en pierres précieuses dont le rubis représentant 90% de la production mondiale, le jade avec une production massive au niveau mondial et le saphir. Depuis soixante ans, la Birmanie est frappée par diverses guerres civiles confrontant le gouvernement militaire aux ethnies.
Les ethnies et le gouvernement se retrouvent sur un terrain conflictuel dû à l’exploitation des ressources naturelles, notamment des pierres précieuses. Notre analyse a mis en évidence une corrélation entre la présence de ces pierres précieuses sur les sites hébergeant ces conflits et ces conflits eux-mêmes. Ces sites se situent dans les régions d’habitat des ethnies, en même temps, ils abritent également les exploitations des pierres précieuses. La grande problématique reliée à ces sites est la discussion sur le droit de détention de ces exploitations.
Par la constitution de 2008, le gouvernement militaire birman sets attribué toutes les mines et tous les gisements de pierres précieuses en Birmanie. Ces pierres précieuses, bien qu’exploitées et produites par les régions où les ethnies vivent, sont classées comme étant la propriété de l’Etat. Et l’Etat, prisant une présidence dictatoriale, a depuis toujours refusé de céder la part de droit sur l’exploitation revendiquée par le peuple birman, pus particulièrement par les ethnies. Il s’agit-là du facteur principal de certains conflits, comme celui entre l’Etat Kachin et la junte militaire.
Dans notre travail, nous avons voulu mettre en évidence la participation de ces ressources naturelles dans les conflits divergents identifiés en Birmanie depuis près de soixante ans, faisant des milliers de victimes, sans distinction entre les femmes et les enfants. L’implication et le rôle des ressources naturelles dans ces conflits peuvent être résumés par la théorie de la malédiction des ressources naturelles initiée en 2001 par Sachs et Warner : la Birmanie, étant un pays extrêmement pauvre, du point de vue économique, dispose de pierres précieuses –ressources naturelles- tellement abondantes que l’exploitation de celles-ci suscitent des guerres civiles. En même temps, d’autres facteurs économiques, sociaux ou politiques peuvent aussi être liés aux ressources naturelles reliées aux conflits armés.
Les solutions à ces problèmes doivent être identifiées et initiées par l’Etat qui est la première constante du changement dans la situation. Une prise de conscience de l’Etat sur son rôle envers le peuple birman est une alternative intéressante, toutefois, une influence extérieure de la part d’autres nations peut aussi s’avérer salvatrice. Les Etats-Unis, par exemple, ont interdit l’embargo de pierres précieuses provenant de Birmanie en 2007 du ait de l’opacité des transactions, mais surtout à cause de la violation des droits de l’homme opérée par les dirigeants des exploitations, à savoir l’Etat et la junte militaire. A cet effet, il faut savoir que la Chine est un des pays à ne pas avoir mis en place de loi sur l’embargo de pierres précieuses provenant de Birmanie et constitue un des plus grands alliés du gouvernement militaire dans ses exploitations illicites qui constituent une des raisons majeures aux conflits armés.
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[1] UNEP (2012): Greening the Blue Helmets: Environment, Natural Resources and UN Peacekeeping Operations.
[2] Arcaro P. et Desaine L. (2008). La junte birmane contre « l’ennemi intérieur »: Le régime militaire, l’écrasement des minorités ethniques – Et le désarroi des réfugiés rohingya, Editions L’Harmattan, p. 92.
[3] Le Billon P. (2003): Matières premières, violences et conflits armés, Tiers-Monde, vol. 44, n° 174, p.
[4] Ibid. p. 298.
[5] Association technique de l’industrie du gaz en France (1988). Le gaz naturel dans le monde: perspectives 2000, Editions TECHNIP, p. 17.
[6] Gonzalez-Villascan D. J. et Boisseau du Rocher S. (2010). Matières premières et politiques énergétiques en Asie du Sud-est : entre sécurité humaine, sécurité énergétique, et sécurité militaire, Etude Asia Centre Conference Series, Asia Centre à Sciences Po.
[7] Chiffres de l’APEC / Asia Pacific Energy Research Centre en Mars 2009
[8] Gonzalez-Villascan D. J. et Boisseau du Rocher S. (2010). Matières premières et politiques énergétiques en Asie du Sud-est : entre sécurité humaine, sécurité énergétique, et sécurité militaire, Etude Asia Centre Conference Series, Asia Centre à Sciences Po.
[9] Réseaux
[10] Extrait du site http://quotidienne-agora.fr/2014/06/05/gaz-japon-charbon/
[11] Gonzalez-Villascan D. J. et Boisseau du Rocher S. (2010). Matières premières et politiques énergétiques en Asie du Sud-est : entre sécurité humaine, sécurité énergétique, et sécurité militaire, Etude Asia Centre Conference Series, Asia Centre à Sciences Po.
[12] Ibid.
[13] Ibid.
[14] Issu du site http://www.fao.org/isfp/information-regionale/europe-et-asie-centrale/fr/
[15] Ibid.
[16] Issu du site http://www.fao.org/isfp/information-regionale/europe-et-asie-centrale/fr/
[17] Bonjean A., Histoire de la culture des céréales et en particulier de celle du blé tendre (Triticum aestivumL.)
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[18] Extrait du site http://www.diamant-gems.com/french/bijoux-diamant/thailande.htm
[19] Extrait du site http://www.diamant-gems.com/french/bijoux-diamant/birmanie.htm
[20] Issu du site http://www.info-birmanie.org/les-pierres-precieuses-une-manne-pour-le-gouvernement-et-les-transactions-illegales/
[21] Issu du site http://www.diamant-gems.com/french/bijoux-diamant/sri-lanka.htm
[22] Issu du site http://www.diamant-gems.com/french/bijoux-diamant/inde.htm
[23] Extrait du site http://www.diamant-gems.com/french/bijoux-diamant/chine.php
[24] Goetschel L. et Péclard D. (2006). « Les conflits liés aux ressources naturelles. Résultats de recherches et perspectives », Annuaire suisse de politique de développement, Vol. 25, n°2.
[25] Le Billon P. (2005). « The Geopolitical Economy of “Resource Wars” », dans Geopolitics of Resource Wars, Ph. Le Billon (ed.), London ; New York, Frank Cass, , pp. 1-28
[26] Vander-Schlieren A. (2005). Birmanie, le pays aux mille pagodes…, L’Émilie : magazine socio-culturelles
[27] Le document de stratégie CE-Birmanie/Myanmar (2007-2013)
[28] Vander-Schlieren A. (2005). Birmanie, le pays aux mille pagodes…, L’Émilie : magazine socio-culturelles
[29] Issu du site http://www.cidif.go1.cc/index.php?option=com_content&view=article&id=3752:les-conflits-ethniques-en-birmanie&catid=1:actualite&Itemid=2
[30] http://dubisthai.com/les-differents-groupes-ethniques-en-thailande/
[31] http://www.thailande-fr.com/politique/armee/1432-thailande-nouvelle-donne-dans-le-sud-musulman
[32] Ibid.
[33] http://www.thailande-fr.com/actu/2680-birmanie-thailande-les-karens-pris-au-piege
[34] http://www.latribune.fr/actualites/economie/international/20140520trib000830851/la-loi-martiale-decretee-en-thailande-dans-un-climat-de-guerre-civile.html
[35] Parlement du Canada (1999). Conflits, drogues et activités mafieuses : Contribution aux travaux préparatoire de la conférence de La Haye sur la Paix
[36] « AfPak : un concept ambigu, des conflits emboîtés », in Questions internationales,« AfPak (Afghanistan-Pakistan) », n° 50, juillet-août 2011
[37] Jeffrey O. Sachs et Andrew M. Warner, «The curse of natural resources » (2001) 45
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[38]Hugon P., (2009). « Le rôle des ressources naturelles dans les conflits armés africains », Hérodote 3/ (n° 134), p. 63-79.
[39] COLLIER P., HOEFFLER A. (2002), « On the incidence of civil war in Africa », Journal of Conflict Resolution 46 (1), p. 13-28.
[40] FEARONJ D., LAITIN D. D. (2003), « Ethnicity insurgence and civil war », American Political Science review, 97 (1), fév., p. 75-90.
[41] DOYLE M., SAMBANIS N. (2000), « International peace building : a theoretical and quantitative analysis », American Political Science Review, 94 (4), p. 779-802.
[42] Hugon P., (2009). « Le rôle des ressources naturelles dans les conflits armés africains », Hérodote 3/ (n° 134), p. 63-79.
[43] Extrait du site http://www.actu-environnement.com/ae/news/conflits-acces-partage-ressources-naturelles-onu-15583.php4
[44] Philippe Le Billon, Fuelling War: Natural Resources and Armed Conflicts, États-Unis,
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[45] Goyette A (2012). Conflit armé et ressources naturelles en droit international: Le cas de la République Démocratique Du Congo. Université du Québec à Montréal.
[46] Jonathan M. Winer et Trinfin J. Roule, « Follow the Money: The Finance of lllicit Resource
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[47] Goyette A (2012). Conflit armé et ressources naturelles en droit international: Le cas de la République Démocratique Du Congo. Université du Québec à Montréal.
[48] Jonathan M. Winer et Trinfin J. Roule, « Follow the Money: The Finance of lllicit Resource
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[49] Définition de la Banque Mondiale de la corruption dans la Convention des Nations Unies contre la corruption du 14 décembre 2005
[50] Collier, P., and A. Hoeffler. (1998). On economic causes of civil wars. Oxford Economic Papers50:563-73
[51] Hugon P., (2009). « Le rôle des ressources naturelles dans les conflits armés africains », Hérodote 3/ (n° 134), p. 63-79.
[52] Ibid.
[53] Collier P. (2007), The Bottom Billion : Why the Poorest Countries are Failing and What Can Be Done about it, Oxford University Press, mai.
[54] Hugon P., (2009). « Le rôle des ressources naturelles dans les conflits armés africains », Hérodote 3/ (n° 134), p. 63-79.
[55] Ibid.
[56] Ibid.
[57] Ibid.
[58] Ibid.
[59] Goyette A (2012). Conflit armé et ressources naturelles en droit international: Le cas de la République Démocratique Du Congo. Université du Québec à Montréal.
[60] M. Reynal-Querol (2002). Ethnicity, Political Systems, and Civil Wars, Journal of conflict resolution, Vol. 46 No. 1, February, p. 30-32
[61] Ibid.
[62] Traduction libre d’Ellingsen T.(2000). Colorful community or ethnic witches’ brew? Journal of Conflict Resolution44 (2):228-49. dans M. Reynal-Querol (2002). Ethnicity, Political Systems, and Civil Wars, Journal of conflict resolution, Vol. 46 No. 1, February, p. 30-32
[63] Hugon P. (2003). Les conflits armés en Afrique : mythes et limites de l’analyse économique, Tiers-Monde, Volume 44, Numéro 176, p. 840.
[64] Ibid.
[65] Andrew Rosser, «IDS WORKING PAPER 268-The Politica! Economy of the Resource Curse: a
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[66] Issu du site http://www.info-birmanie.org/une-nouvelle-legislation-de-lue-pourrait-contribuer-a-mettre-un-terme-au-commerce-des-ressources-naturelles-qui-alimente-les-conflits/
[67] Goyette A (2012). Conflit armé et ressources naturelles en droit international: Le cas de la République Démocratique Du Congo. Université du Québec à Montréal.
[68] Ibid.
[69] Jonathan M. Winer et Trinfin J. Roule, « Follow the Money: The Finance of lllicit Resource
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Actions, Washington D.C., Banque Mondiale, 2003, page 166. [Winer et Roule] in Goyette A (2012). Conflit armé et ressources naturelles en droit international: Le cas de la République Démocratique Du Congo. Université du Québec à Montréal.
[70] Goyette A (2012). Conflit armé et ressources naturelles en droit international: Le cas de la République Démocratique Du Congo. Université du Québec à Montréal.
[71] Hugon P., (2009). « Le rôle des ressources naturelles dans les conflits armés africains », Hérodote 3/ (n° 134), p. 63-79.
[72] Ibid.
[73] Goyette A (2012). Conflit armé et ressources naturelles en droit international: Le cas de la République Démocratique Du Congo. Université du Québec à Montréal.
[74] http://www.info-birmanie.org/les-pierres-precieuses-une-manne-pour-le-gouvernement-et-les-transactions-illegales/
[75] Issu du site http://www.lepetitjournal.com/bangkok/birmanie-myanmar/en-bref/158093-birmanie-ventes-record-de-pierres-precieuses
[76] Issu du site http://www.adorablemyanmar.com/les-pierres-precieuses-de-birmanie-myanmar
[77] Ibid.
[78] Extrait du site http://www.info-birmanie.org/les-pierres-precieuses-une-manne-pour-le-gouvernement-et-les-transactions-illegales/
[79] Ibid.
[80] Issu du site http://www.gemperles.com/saphir
[81] Extrait du site http://www.universalis.fr/encyclopedie/saphir/3-les-gisements-de-saphir/
[82] Issu du site http://www.lepetitjournal.com/bangkok/birmanie-myanmar/en-bref/158093-birmanie-ventes-record-de-pierres-precieuses
[83] Extrait du site http://www.info-birmanie.org/les-pierres-precieuses-une-manne-pour-le-gouvernement-et-les-transactions-illegales/
[84] Issu du site http://www.info-birmanie.org/les-pierres-precieuses-une-manne-pour-le-gouvernement-et-les-transactions-illegales/
[86] Issu du site http://www.lepetitjournal.com/bangkok/birmanie-myanmar/en-bref/158093-birmanie-ventes-record-de-pierres-precieuses
[87] Issu du site http://www.info-birmanie.org/les-pierres-precieuses-une-manne-pour-le-gouvernement-et-les-transactions-illegales/
[88] Ibid.
[89] ibid.
[90] Extrait du site http://www.info-birmanie.org/idee-recue-n5-avec-le-developpement-economique-en-birmanie-les-conflits-entre-larmee-birmane-et-les-minorites-ethniques-vont-cesser/
[91] Tiré du site http://ccfd-terresolidaire.org/mob/agir/campagnes/pacte-pour-une-europe/notre-interpellation/rompre-le-lien-entre-l-4615
[92] Issu du site http://ccfd-terresolidaire.org/fdm/2013/271-janvier-fevrier/birmanie-une-ouverture-4099
[93] Tire du site http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2013/03/22/la-junte-entretient-un-climat-xenophobe-en-birmanie_1852922_3216.html
[94] Extrait du site http://www.info-birmanie.org/idee-recue-n5-avec-le-developpement-economique-en-birmanie-les-conflits-entre-larmee-birmane-et-les-minorites-ethniques-vont-cesser/
[95] Arcaro P. et Desaine L. (2008). La junte birmane contre « l’ennemi intérieur »: Le régime militaire, l’écrasement des minorités ethniques – Et le désarroi des réfugiés rohingya, Editions L’Harmattan, 280 pages.
[97] Coumaré F. C. Les situations de conflits armés entre exploitants des ressources naturelles en zone soudano-sahélienne : cas du mali
[98] International Alert et Union Européenne (2009). Etude sur le rôle de l’exploitation des ressources naturelles dans l’alimentation et la perpétuation des crises de l’est de la RDC.
[99] Hugon P. (2003). Les conflits armés en Afrique : mythes et limites de l’analyse économique, Tiers-Monde, Volume 44, Numéro 176, p. 840.
[100] Ross M. L. (2014). What Do We Know about Natural Resources and Civil War? Journal of Peace Research, May, n° 41:337-356.
[101] Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) (2009), Du conflit à la consolidation de la paix : Le rôle des ressources naturelles et de l’environnement.
[102] Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) (2009), Du conflit à la consolidation de la paix : Le rôle des ressources naturelles et de l’environnement.
[103] Ibid.
[104] Ibid.
[105] Issu du site http://www.tv5.org/cms/chaine-francophone/info/Les-dossiers-de-la-redaction/birmanie-aung-san-suu-kyi-liberation-novembre2010/p-24031-Birmanie-que-veut-la-rebellion-kachin-.htm
[106] Tire du site http://www.info-birmanie.org/birmanie-une-population-heterogene-repartie-le-long-des-frontieres/
[107] Maret P. (2012-2013). Vert jade rouge sang, Prix des lycéens autrichiens 2013, DOSSIER PEDAGOGIQUE, Dossier réalisé par Eugène B. Ladmiral, sous la direction de Yvan Jacquemin, Attaché de coopération éducative,
Institut Français de Vienne.
[108] Guiller F. (2004). L’exploitation du tek en Birmanie: un conflit d’intérêts un rapport de Global Witness, Birmanie>Net Hebdo n° 51 – 26 janvier 2004, La lettre d’information hebdomadaire d’Info Birmanie
[109] Robinne F., Ja Li P., Ja Yaw B., Mung Nang La M. (2007). Prêtres et chamanes: métamorphoses des Kachin de Birmanie, L’Harmattan, P. 260
[110] Guiller F. (2004). L’exploitation du tek en Birmanie: un conflit d’intérêts un rapport de Global Witness, Birmanie>Net Hebdo n° 51 – 26 janvier 2004, La lettre d’information hebdomadaire d’Info Birmanie
[111] Karen, génocide d’un peuple: Dossier paru dans le magazine Enfants du Mékong (juillet 2000): Un dossier succinct pour une information rapide aussi complète que possible dans ces limites, et qui date elle aussi. ( Enfants du Mékong organise le parrainage d’enfants du sud-est asiatique et notamment karens, leur permettant de suivre des études dans de bonnes conditions).
Mémoire de fin d’études de 83 pages
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