quels liens existent-ils entre les violences constatées dans le sport et l’idéologie de la virilité ?
Violences et virilité dans le sport
Introduction
Problématique : quels liens existent-ils entre les violences constatées dans le sport et l’idéologie de la virilité ?
Hypothèse principale : la gente masculine arrive à reconnaître que l’idéologie de virilité qui véhicule l’idée d’une supériorité des hommes sur les femmes soit déviée vers l’émancipation des femmes.
Hypothèses opérationnelles :
- Le respect mutuel vient règlementer les relations homme-femmes, et l’approche genre soit analysée pour éviter les fausses interprétations des rapports de forces physiques
- Les sports sont pratiqués et assistés avec sérénité et le virilisme se met de côté afin de considérer les apports de la gent féminine dans la société où elle évolue.
- La violence dans la pratique sportive
- La violence survenue entre les sportifs
- La violence à l’encontre des arbitres
- La violence commise par les encadreurs sportifs
- La violence sexuelle relative aux pratiques sportives
- L’idéologie de la virilité
- l’idée d’une supériorité des hommes sur les femmes
- Les imaginaires de domination concernant la sexualité.
- La confrontation des 2 notions
- Les interventions de la loi pour appréhender les auteurs des violences
- Les possibilités pour affranchir les idéologies de la virilité
- La banalisation des violences sexuelles et loi du silence dans le milieu sportif
Conclusion
Bibliographie
Introduction
Nous sommes devant un phénomène qui doit attirer l’attention de tout un chacun. Chaque individu, qu’il a déjà subi ou non une violence, qu’il est sportif ou actif dans un cadre sportif ou non, doit être conscient, car au moins une fois dans son existence, il a assisté à un acte de violence dans une structure sportive ou en dehors. Nous sommes astreints à poser la problématique suivante pour pouvoir poursuivre l’analyse de situation et vérifier les hypothèses.
Problématique : quels liens existent-ils entre les violences constatées dans le sport et l’idéologie de la virilité ?
Hypothèse principale : la gent masculine arrive à reconnaître que l’idéologie de virilité qui véhicule l’idée d’une supériorité des hommes sur les femmes soit déviée vers l’émancipation des femmes.
Hypothèses opérationnelles :
- Le respect mutuel vient règlementer les relations homme-femmes, et l’approche genre soit analysée pour éviter les fausses interprétations des rapports de forces physiques
- Les sports sont pratiqués, assistés et regardés avec sérénité et le virilisme se met de côté afin de considérer les apports de la gent féminine dans la société où elle évolue.
La violence est une réalité qui se manifeste presque régulièrement dans la société. Dans un ouvrage récent, Evelyne Pewzner[1] a fait remarquer que le monde actuel n’est peut-être pas plus violent que le monde des générations antérieures, sinon qu’en est-il autrement. Si on rappelle les types et les genres de violences qui, entre autres la violence à l’encontre des personnes et des biens, la violence allusive qui entretient même certaines applications artistiques, par exemple, les injures racistes, les incivilités, les agressions verbales ou gestuelles, et la liste n’est pas clause, envahissent les journaux et les médias s’en font largement l’écho.
Le sport lui-même est l’espace de ces exagérations du fait qu’il fait partie intégrante de la société. Plusieurs sont les tentatives d’explication et parfois même elles sont contradictoires. Elles peuvent être plus ou moins argumentées. Elles sont parfois coloriées de manichéisme, distribuant ainsi des bons et des mauvais points, tournant alors au préjugé sommaire. Il est peut-être important de mettre au point une toute autre formule d’analyse. Et il faudra s’affairer pour en définir les formes, les occasions ou les contextes, l’intensité et les conséquences aussi, en détruisant les diagnostics trop simplistes aussi bien que les solutions y afférentes.
Nous allons entamer notre analyse sur les types de violences qui se passent entre les sportifs, puis les violences à l’encontre des arbitres et les violences commises par les encadreurs sportifs. Et nous n’allons pas omettre la violence sexuelle lors des pratiques sportives.
Dans un deuxième temps, il s’agit de décortiquer l’idéologie de la virilité, où l’on va notamment parler des idées de supériorité de l’homme par rapport à la femme, la sexualité et le sport considéré comme un ferment du virilisme.
Mais pour arrondir les scènes d’études, il est indispensable confronter les deux notions : « violences et virilité » dans le cadre des pratiques sportives.
- La violence dans la pratique sportive
Il n’est pas inaperçu que, dans la pratique du sport, quelle que soit la discipline, quel que soit le niveau, la violence s’avère toujours présente. Cette violence peut se manifester entre les sportifs, ou elle peut se faire à l’encontre des arbitres et aussi on peut assister ou entendre dire les violences subies par les pratiquants par leur encadrement. La violence des supporters existe aussi et touche plus particulièrement le football.
- La violence survenue entre les sportifs
Le contact entre les sportifs sur terrain est normal du moment que dans les sports collectifs ou dans les sports de compétitions individuelles, la discipline sportive peut avoir une dimension violente. Mais ce contact doit se passer dans le respect des règles du jeu.
La soif de trophée, d’être gagnant et la recherche de l’exploit et de la performance entraînent certains pratiquants à enfreindre ces règles du jeu. Cette violence entre les sportifs en compétition peut se manifester par la violence physique traduite par de l’antijeu, des insultes, des expressions à caractère raciste ou homophobe ou sexiste. Si un adversaire est insulté comme « pédé », une violence du genre homophobe, il peut être déstabilisé et s’énerver et faire des petites fautes récurrentes afin d’inciter une réaction violente contre le concurrent
Rappelons quelques exemples de violences entre sportifs :
- En Février 2002, pendant la rencontre de 5ème division District qui a opposé Chatou à La Verrière, un joueur est pris à parti et tabassé par des joueurs de l’équipe adverse.
- En 2006, lors de la coupe du Monde de football, le défenseur italien Materazzi prononçait des insultes, et par la même occasion Zidane a été exclu de la compétition à cause de ses gestes déplaisants
- La violence à l’encontre des arbitres
Fréquemment, différentes formes de violences se passent à l’encontre des arbitres. En effet, les agressions physiques ou verbales se multiplient davantage à leur endroit lors de l’exercice de leur fonction et commises tantôt par les joueurs, tantôt par les supporters. Ces agressions s’extériorisent dans tous les niveaux aussi bien amateurs que professionnels. Mais ce sont surtout les arbitres qui exercent dans les districts qui sont atteints par ces violences, par rapport aux arbitres fédéraux. Prendre des décisions relatives au match, ou se rendre dans certaines villes, présentent actuellement de l’inquiétude, de la peur et de l’anxiété pour ces arbitres qui deviennent de plus en plus fragiles, et l’Union Nationale des Arbitres de Football se plaigne de cette insécurité. Le système ne protège pas assez les arbitres dont les décisions risquent d’être dénoncées et/ou mal comprises et entraînant des réactions violentes à leur endroit. Selon cette union des arbitres, les violences à leur égard se sont accrues tout dernièrement. A titre illustratif : pour la saison 2006-2007, on a enregistré plus d’une cinquantaine d’agression contre des arbitres, ce chiffre devient 73 agressions pour la saison 2007-2008 et 77 pour la saison 2008-2009.
Nous avons d’autres exemples de violences envers les arbitres :
En Janvier 2007, lorsque l’arbitre a décidé d’exclure le capitaine d’Aucaleuc qui est une équipe de 3ème division de district des Côtes d’Armor, celui lui a donné un coup de tête. L’arbitre bénéficiait une interruption Temporaire de Travail pendant huit jours.
En Février 2008, lors du match de football opposant Samaritaine et GDF à Courneuve, une décision de l’arbitre a été mal-perçue et les violences s’éclatent. Le match tourne à un assaut général, couteaux et armes à feu à l’appui. Un entraîneur a été blessé par balle et deux joueurs ont été touchés.
Au mois de Mai 2008, lors du match de foot Bais vs Casteljaloux à Villeneuve-sur-Lot, l’arbitre a été mal traité sur le terrain puis a été blessé dans les vestiaires
En 2010 au mois de Février, des joueurs d’une même équipe insultent sur Facebook l’arbitre qui a dirigé leur dernier match. La commission de discipline de la ligue de Bourgogne a décidé de suspendre deux d’entre ces joueurs insultants pour huit matchs, et les six autres joueurs ont été suspendus pour huit matchs avec sursis.
- La violence commise par les encadreurs sportifs
Il paraît que les sportifs victimes des violences, dans leur discipline respective, et celles-ci commises par les membres de l’encadrement, ne veulent pas se prononcer ou dénoncer leurs agresseurs. La plupart des violences restent alors méconnues. Les violences sont généralement perpétrées par les dirigeants, les entraîneurs, etc. et par d’autres sportifs plus avancés. Cependant, les parents tentent de faire pression sur leurs enfants pour qu’ils décrochent les meilleurs résultats. Dans telle circonstance, les violences qui peuvent être morales, verbales, physiques voire même sexuelles touchent plusieurs sportifs mineurs. Ces violences s’exercent dans des rapports de domination et probablement avec des risques d’abus de faiblesse. Pourquoi, parce que la recherche de notoriété et de performance entraînent les sportifs à accepter inconditionnellement leurs encadreurs. Evidemment, certains entraîneurs profitent de la faiblesse de ces pratiquants pour accomplir des actes de violences. Les violences peuvent être de différentes formes : psychologiques, morales, harcèlement sexuel.
Lorsque le sportif se fixe un objectif, lorsqu’il a un idéal à prouver, il est disposé à tout admettre, y compris l’excès. Ce comportement influe la maltraitance sportive qui se traduit par une obligation de performance pour les sportifs, en passant par la subordination à des entrainements intensifs, en acceptant d’avoir un certain poids avec un régime alimentaire strict, etc. En outre, ce sont les violences traduites par des expressions dénigrantes, rabaissant ou même une exclusion quand les rendements ne sont pas atteints.
Les entrainements intensifs et les pratiques y afférentes ont des conséquences néfastes sur la vie des sportifs. On examine en effet des comportements à risque, des blessures dues à la pratique intensive du sport, des troubles du sommeil, des troubles de la croissance chez les jeunes très tôt soumis à un surentraînement, allant jusqu’au recours au dopage et à l’éventuelle consommation pour améliorer les résultats.
Voici quelques illustrations :
En 1994, Elodie Lussac, une jeune gymnaste était forcée à participer aux championnats du Monde de Dortmund malgré ses blessures. C’était la fin de carrière en perspective.
Ce n’est qu’en 2009, des années plus tard, qu’André Agassi, le n°1 mondial du Tennis professionnel a déclaré dans son ouvrage « open » qu’il s’est drogué tout au long de ses pratiques sportives professionnelles depuis des années.
- La violence sexuelle relative aux pratiques sportives
Quel que soit le sport pratiqué, que ce soit sport intensif ou sport de loisir, quels que soient l’âge, le sexe, tous les pratiquants peuvent se sentir concernés par les violences sexuelles. Les violences sexuelles en milieu sportif se manifestent sous différentes formes : l’agression, l’atteinte et le harcèlement :
- On parle d’agressions sexuelles lorsque l’acte sexuel est obtenu par la violence, la menace, la contrainte ou la surprise. Donc. c’est un viol ou des attouchements sexuels.
- On parle d’atteintes sexuelles lorsque l’acte sexuel est réalisé sans violence, ni contrainte, ni menace ni surprise. Donc, c’est agissement ou l’agresseur profite de la confiance que lui concède sa victime.
- On parle de harcèlement sexuel si les violences constatées ne nécessitent pas forcément de contact physique. A titre d’exemple, le chantage de l’agresseur pour parvenir à des faveurs sexuelles, ou des insultes et mortifications répétées à caractère sexuel, ou des attitudes d’exhibitionnisme ou de voyeurisme.
Voici quelques cas de violences sexuelles qui ont été dénoncés par des sportifs victimes, il y en a aussi des anciens sportifs :
- En 1991, une lanceuse professionnelle de marteau, Catherine Moyon de Beacque déclare avoir été agressée et violée au cours d’un stage bloqué, par des membres de l’équipe de France influencés par l’entraîneur national. Les auteurs de la violence ont été traduits en justices et condamnés en 1993/1994
- En 2007, Isabelle Demongeot, une tenniswoman en retraite, victime, a écrit dans son livre intitulé « service volé » les viols répétés par son entraîneur depuis qu’elle avait 13 ans. Cet aveu a marqué le démarrage d’une action ministérielle relative à la lutte contre les violences sexuelles en milieu sportif, et cette action est traduite en priorité nationale.
- Entre Septembre 2007 et Septembre 2008, l’enquête réalisée par le ministère de la santé, de la jeunesse et des sports en Aquitaine relate qu’un jeune sur trois est victime des violences sexuelles en milieu sportif. Et plus de 30% des jeunes interviewés croient qu’ils ont été touchés par une forme de violence sexuelle en milieu sportif, mais l’entraîneur, selon eux, n’est pas le principal auteur de violence. Ce sont plutôt un autre sportif qu’ils accusent, et dans la majorité des cas, c’est un homme.
- L’idéologie de la virilité
Est-il convenable d’appeler l’idéologie de la virilité de « virilisme », entendue que cette appellation renforce et répand l’idée de supériorité des hommes sur les femmes. Il est presque sûr et certain que les violences sexuelles dans le sport s’annoncent dans la plupart des cas dans le système de domination. De plus, en sa qualification d’idéologie, le virilisme transporte les imaginaires de domination, surtout quand on se penche à la sexualité. Ainsi le virilisme produit-il une vision du monde, à laquelle vision toute manifestation de cas peut découvrir une explication cohérente en apparence.
Nous allons essayer de discuter l’idée d’une supériorité des hommes sur femmes dans le cadre sportif notamment, puis quels sont les imaginaires de dominations au sens pratique du terme, et enfin le sport est-il effectivement le ferment du virilisme.
- l’idée d’une supériorité des hommes sur les femmes
Il a toujours été constaté, de part et autre, que le sport maintient le système de domination masculine. De surcroît, le sport défend la suprématie des plus forts sur les faibles. Ainsi, lors des stages mixtes, en cas de préparation des rencontres sportives, les hommes profitent de l’occasion pour exercer leur pouvoir sur les femmes. A cet effet, des violences sexuelles réelles se pratiquent, et c’est l’aboutissement d’un virilisme redoublé par le sport et la finalité de l’emprise exercée par les entraîneurs sur leurs athlètes. Ces entraîneurs veulent appliquer le dicton « « L’homme est à la tête de la femme, comme le christ est à la tête de l’Eglise»[2].
Les cadres sportifs veulent s’appuyer de la déclaration de Jean Jacques Rousseau « « La femme est destinée à plaire à l’homme. Si on la prépare à séduire et à se soumettre, elle se rendra agréable à l’homme au lieu de provoquer sa colère ; sa force réside dans ses charmes[3] » mais ils commettent en ce sens de la violence.
Certes les valeurs symboliques de la virilité moralisées à travers le sport sont la douleur, la compétition, le dépassement de soi, la cohésion du groupe, mais parfois on remarque des abus d’autorité. En 1985, tandis que Mike Messner [4]a étudié la corrélation entre l’initiation au sport et construction de la masculinité, des chercheurs français ont consacré des études au rapport entre le sport et l’identité masculine. Puis en 1998, les auteurs spécialistes en la matière [5]commentent le sport dans « Sports, école, société : la différence des sexes » comme une occasion classique de constitution de l’identité virile et de sociabilité masculine.
Le sport, aussi bien pratiqué, discouru que regardé présente et reste entièrement constitutif de l’identité masculine. Le « tota milier in utero » a fermement fondé les interdits et les résistances, tant réglementaires que moraux, affectant la pratique sportive des femmes[6]. Ils veulent montrer que même plusieurs domaines sportifs concernent la participation des femmes, comme le basket, le football, etc., il existe des bastions masculins [7] comportant une forte identité masculine. Ce sont surtout les sports qui ont besoin d’une force physique importante comme le rugby, et ces sports doivent permettre aux hommes pratiquants de perpétuer le développement la force physique qui devient, malheureusement, inutile dans certains emplois, il leur reste de comparer leur force.
En 1999, Baillet et Liotard publient le témoignage de la propagation de la domination masculine à travers le sport. Ils apostrophent que le sport a été présenté comme « conservatoire des vertus viriles «, comme « un bastion d’expression de la virilité » et « comme le fief traditionnel de la virilité »[8]. Ils montrent que le sport contribue au raffermissement de la domination des hommes sur les femmes à travers des valeurs agressives, violentes, machistes qui ont des conséquences néfastes sur la petite place accordée aux femmes dans le sport. Pour eux, cette reproduction, cette amplification de la domination sont le fait des institutions sportives elles-mêmes.
- Les imaginaires de domination concernant la sexualité.
La problématique n’est pas de savoir si les actes sexuels sont rentables pour la performance sportive, il s’agit de poser les questions relatives aux mécanismes de fonctionnement soulevés par cette question.
Il n’est donc pas étrange de voir les gardiens de chasteté, les partisans de l’orgasme dopant, les fidèles de l’excitation sexo-sportive ou de la branlette d’avant-match de rationnaliser l’activité sexuelle pour en maîtriser les effets sur la performance.
Pour répondre au besoin grandissant de ne laisser aucun paramètre hors du contrôle du cadre sportif et de l’institution, le sportif est astreint à l’abrogation des envies, à l’annulation des désirs, à la maîtrise des appétits sexuels. De ce concept de domination par le pouvoir sportif, le pratiquant est dégarni de son activité sexuelle tout en ayant les rêves d’une satisfaction réalisée. Ces rêves correspondent à un rapport violent au sexe qui renvoie à l’imaginaire de domination et de toute puissance.
De cet imaginaire de la domination découle l’image stéréotypée du champion sportif dont le mâle dominant, puissant et infatigable avec une musculature bien développée qui lui attribue un pouvoir de séduction singulier. La rencontre sportive représente à cet effet une concentration sur la puissance masculine dont les abdominaux, les pectoraux, les cuisses les épaules et les muscles de bras hypertrophiés forment le modèle à suivre. A l’imagination, le sportif qui arrive à démontrer son top niveau s’avère le porteur d’un érotisme parfait qui véhicule tous les « fantasmes féminins mais aussi masculin »[9] et il joue désormais le rôle de modèle esthétique. De leur côté aussi, les femmes sportives classées à la place de déesses de l’infrastructure sportive font pareillement figures de bombes sexuelles. Et selon Pascale Pierrard « Dans l’imaginaire commun, il semble que les performances sexuelles soient à la une des exploits sur les pistes. Sans verser dans le sensationnalisme, l’analyse n’est pas aussi absurde que cela. En cause La testostérone, hormone exerçant chez une femme un effet marqué sur la libido[10] »
Les imaginations et les rêves courent que le physique des footballeurs semble fortement apprécié de la gente féminine, et les françaises ne sont pas les seules à craquer car on connaît que 75% des italiennes pensent que les mollets de Francesco Totti ont plus de sexe-Apple que la constitution physique de Brad Pitt ou de Georges Clooney, une italienne sur trois songe de faire l’amour avec un footballeur avec une chaussure blanche à crampons de Marco Simone. Ces chiffres sont sortis d’une enquête effectuée en Italie en Avril 2006[11].
3.. La confrontation des 2 notions
- Les interventions de la loi pour appréhender les auteurs des violences
Le système judiciaire ne reste pas point lié devant les violences commises envers les sportifs et à l’encontre des arbitres durant les compétitions. Nous allons prendre disjointement les trois types de violences de l’environnement sportif, sans différenciation que ce soit professionnel ou amateur, ce sont en effet les violences entre sportif, les violences envers les arbitres et les violences sexuelles dans la pratique du sport.
3.1.1. Les peines encourues par rapport aux violences entre sportifs
Lorsque « l’agresseur » commet une violence envers son adversaire sur le terrain, évidemment s’il enfreint les règles du jeu, il est puni par la loi en fonction des jours d’incapacité de travail de la victime, et c’est similaire à toute autre forme de violence en dehors du sport.
Lorsque les violences ont entraîné une infirmité permanente de la victime ou une mutilation, la sanction peut aller jusqu’à dix (10) ans d’emprisonnement et 150.000 euros d’amendes (Art.222-9 du code pénal)
Si les actes de violences ne permettent pas la victime de travailler pendant plus de huit jours, la sanction est de trois (03) ans d’emprisonnement et de 45.000 euros d’amendes (Art.222-11 du code pénal)
Si la durée de l’incapacité de la victime à travailler est de huit jours ou moins ou aucune incapacité à l’issu de la violence, l’amende de la 5ème classe est appliquée, allant jusqu’à 1.500 euros (Art. 625-1 du code pénal).
En effet, les sports peuvent être violents, mais les concurrents sont appelés à respecter les règles pour ne pas être poursuivis en justice.
3.1.2. Les sanctions par rapport aux violences envers les arbitres
L’arbitrage sportif est classé parmi les obligations de service public, et ce, depuis la loi du 23 octobre 2006. Les violences infligées aux arbitres pendant l’exercice de leurs missions sont sanctionnées selon le code pénal.
A cet effet, la peine peut aller de 3 ans à 5 ans d’emprisonnement et de 45.00 à 75.000 euros d’amendes au cas où les violences volontaires sur un arbitre peuvent provoquer une incapacité de travailler de plus de huit (08) jours (Art. L.223-2 du code des sports et Art. 222-12 du code pénal)
3.1.3. Les sanctions à cause des violences sexuelles dans la pratique du sport
D’abord, il faut rappeler que les violences sexuelles sont rudement punies par la loi.
Le viol est un crime. Et la sanction criminelle peut aller de 15 ans à 20 ans si la victime est un mineur. Et çà peut aller plus loin si l’agresseur à un certain lien de parenté ou de tutelle avec le mineur victime (Art 222-23 et suivant du code pénal).
Les agressions sexuelles sans pénétration sont punies de 5 ans d’emprisonnement et de 75.000 euros d’amendes. Et lorsque la victime est un mineur, la sanction est de 7 ans d’emprisonnement et de 100.000 euros d’amendes (Art 222-27 et suivant du code pénal).
Faisant suite à l’annonce supra, lorsque l’auteur de la violence commise sur une personne abuse de l’autorité que lui attribuent ses fonctions, les peines prescrites pour agressions, crimes et atteintes sexuelles sont majorées en l’occurrence.
Spécifiquement pour les éducateurs et professeurs d’EPS des établissements scolaires, les casiers judiciaires sont systématiquement contrôlés, et au cas où une condamnation pour violences sexuelles sur mineur est détectée, ces responsables sont en interdiction d’exercer définitivement et sans appel, que ce soit pour un statut de salarié ou de bénévole.
La loi oblige toute personne à signaler qu’un pratiquant sportif mineur est en danger ou risque de l’être, lorsqu’il y a évidemment un motif raisonnable. Les autorités administratives ou judiciaires sont expressément à aviser pour les cas des enfants maltraités faisant l’objet de violences sexuelles ou de privation (Art. 434-3 du code pénal).
- Les possibilités pour affranchir les idéologies de la virilité
La construction culturelle de l’identité masculine implique des changements par rapport aux évolutions de chacun. Au fait, la gente masculine a été longtemps considéré comme supérieure, car avec une force physique importante et avec des rôles publics plus visibles par rapport à l’autre sexe, la gente masculine est facilement repérable.
En 1989, l’urologue-andrologue G. Arvis a énuméré huit fonctions attendues d’un homme[12] : l’homme doit être un amant puissant et viril, un mari rassurant, un protecteur de la famille, un travailleur efficace, un bon gestionnaire des biens, être fertile, un père éducateur pour se enfants, et un fils respectueux pour les plus jeunes. Il faut faire remarquer que ces définitions ne datent qu’en 1989, alors que les femmes sont depuis longtemps responsables de l’éducation et du bien-être de la famille. Dans son écrit en 2000, Françoise Giroud rappelle ce qu’est un homme « A la fois mon double et mon contraire. Nous sommes pareils et autres, impuissants donc à nous connaître vraiment et si proches en même temps[13] ».
Différents et complémentaires, l’homme et la femme influent l’un sur l’autre quant à l’évolution et au changement. Mais cette complémentarité, plus ou moins reconnue dans la plupart des cas, ne s’accompagne pas encore de l’égalité. Certaines personnes s’efforcent de franchir les idéologies de la virilité, mais la domination masculine sur les femmes, comme sur les hommes, vue depuis des siècles comme principe organisateur de la répartition et de la différentiation sexuelle dans la société reste aujourd’hui remise en question.
- La banalisation des violences sexuelles et loi du silence dans le milieu sportif
Compte tenu des mouvements en vestiaires, la nudité presque involontaire, les déplacements pour les rencontres sportives loin de la famille, les soirées, les événements traditionnels d’intégration, etc., le milieu sportif joue un rôle prépondérant à l’apparition de ces formes de violences. Il est très difficile, dans la plupart des cas, d’identifier les victimes car elles se privent de parler des abus subis. Par souci de se faire marginaliser, les victimes n’osent pas briser la loi du silence. Et le degré de relation entre la victime et son agresseur (cadre sportif, entraîneur, autres sportifs, ….) qui peut être un ami, un mentor, un soutien rend généralement la dénonciation culpabilisante. Le pire, c’est que certaines victimes, en tant que sportifs et participants aux diverses compétitions organisées, peuvent trouver ces violences normales. Ils sont parfois convaincus que cela a toujours été une tradition, et c’est toujours comme çà, que tout le monde l’accepte parce que c’est le passeport pour la performance et pour le succès.
La loi du silence équivaut à ne rien dire après avoir subi une violence, et sans que personne ne se révolte pour la contrer. Cette loi du silence s’est installée progressivement. Les agresseurs peuvent de cette manière faire régner l’ordre en spéculant de la peur qu’ils inspirent. C’est ainsi que la violence et l’indifférence sont dépersonnalisés. La résignation et la peur s’imposent. Pour cette raison, il est capital de parler lorsqu’on est victime ou témoin de violence. Briser la loi du silence est un préalable pour faire réculer la violence.
Conclusion
On reconnaît au bout du compte qu’il existe un lien entre les violences constatées dans le sport et l’idéologie de la virilité, et c’est surtout le comportement des victimes qui marque ce lien, et notamment c’est la loi du silence. Ce phénomène ne s’arrêtera pas de se propager si les associations de bienfaisance ne fassent pas plus d’efforts pour la briser. Il s’avère difficile de vérifier les hypothèses de travail, mais le temps et les efforts vont avoir des effets.
BIBLIOGRAPHIE
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Rousseau J.J. cité par Betty Spears, Le mythe, in Le sport et la femme, C.Oglesby,
www.ipsos.fr « Coupe du monde de football : les supporteurs sont prêts… à tout ! », sondage Ipsos,
[1] Evelyne Pewzner, Psychiatre et psychothérapeute, est professeur honoraire de psychologie clinique et pathologique à l’Université de Picardie Jules-Verne.
[2] Pape Léon XIII, cité in G.Duby et M.Perrot, Histoire des femmes, 1991
[3] J.J.Rousseau, cité par Betty Spears, Le mythe, in Le sport et la femme, C.Oglesby,
[4] Mike Messner : Experts en sociologie du sport, en particulier celles liées à la masculinité et de la féminité et de la jeunesse Professeur et chaire de sociologie, Professeur des Etudes de Genre, USC Dornsife Collège des Lettres, Arts et Sciences
[5] Davisse A. (Inspectrice pédagogique régionale, Académie de Créteil.) et C. Louveau (Professeure, Université Paris Sud)
[6] BOURDIEU P., La domination masculine. Paris,Seuil, 1998, p. 56.
[7] DAVISSE A et LOUVEAU C., Sports, école, société : la différence des sexes. Féminin, masculin et activités sportives. Paris,L’Harmattan, 1998, p. 24.
[8] Cités par G. Vigarello , C. Pociello et E. Dunning
[9] Ronan David, « Le bestiaire de football : la fabrication des mâles », in Camille Dal et Ronan David (sous la direction de), Football. Sociologie de la haine, op. cit., p. 156).
[10] Pascale Pierrard, « La vie sexuelle des étoiles », in Sport et Vie, n° 29, mars-avril 1995
[11] « Coupe du monde de football : les supporteurs sont prêts… à tout ! », sondage Ipsos, www.ipsos.fr
[12] ARVIS G., Andrologie. Paris, Ed Maloine, tome II, 1989.
[13] GIROUD F., «La plaie et le couteau», Revue des deux mondes, n° 7/8, juillet-août 2000, p. 94.
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