Traitement des nausées et vomissements : Le rôle des huiles essentielles dans l’aromathérapie
- Introduction. 3
- Nausées et vomissements. 5
- Anatomie et physiologie du système nerveux central 5
- Afférence et efférence vagal et sympathique. 6
- Le centre du vomissement. 10
- La zone chémoréceptrice. 12
- Appareil vestibulaire et labyrinthique. 14
- Cortex cérébral et système lymbique. 16
- Organes viscéraux. 21
- Mécanisme physiopathologique des nausées et vomissements. 23
- Contextes cliniques des nausées et vomissements. 28
- Principales étiologies des nausées et vomissements. 29
- Nausées et vomissements dus aux médicaments. 33
- Nausées et vomissements lors de la grossesse. 33
- Nausées et vomissements lors du « mal de mer ». 34
- Nausées et vomissements sous radiothérapie. 37
- Nausées et vomissements psychogènes. 39
- Vomissements et gastro-entérologie. 40
- Vomissements et cancer. 42
- Vomissements et hypertension intracrânienne. 45
- Nausées et vomissements postopératoires. 47
III. Les huiles essentielles contre les nausées et vomissements. 51
- Généralités sur les huiles essentielles. 51
- Définitions. 52
- Méthodes d’extraction. 67
- Précautions d’emploi 72
- Utilisation empirique des huiles essentielles contre les nausées et vomissements. 74
- Revue bibliographique des études (assez récentes) qui démontrent leur efficacité. 79
- Études sur le gingembre. 79
- Études sur la menthe poivrée. 81
- Études sur le citron. 84
- Tableau récapitulatif. 87
- Conclusion. 88
- Références bibliographiques. 90
Les nausées et vomissements sont des symptômes qui peuvent résulter de diverses situations. Au moins une fois dans sa vie, un individu a déjà vécu ces manifestations. La nausée correspond à un malaise ou un spasme au niveau de l’estomac et continue jusque dans la gorge. Suite à des nausées, d’autres symptômes peuvent également se présenter : transpiration, étourdissement, fatigue, salivation élevée. Quant au vomissement, il s’agit d’un rejet ou de l’expulsion par la bouche du contenu de l’estomac [1].
Plusieurs causes peuvent être à l’origine des nausées et vomissements, notamment les maux de tête, l’anxiété, les infections, la prise de certains médicaments, la constipation, ou encore le mal de transport. Dans tous les cas, ils représentent des symptômes graves et leurs conséquences impactent la qualité de vie de la personne concernée. En effet, ils ne permettent pas une alimentation correcte, et par conséquent, une sensation de fatigue et de faiblesse, ainsi qu’une perte de poids. De plus, les nausées et vomissements présentent un risque de déshydratation, et de pertes considérables en eaux et minéraux. Dans le cadre d’un traitement médical, l’absorption d’un médicament peut être réduite par le vomissement, ce qui provoque une diminution de son efficacité [2].
La prise en charge et le traitement des nausées et vomissements est alors importante, compte tenu de leurs effets néfastes pour le sujet. Pour ce faire, il existe différentes mesures et options à envisager : suivi d’un programme nutritionnel, changement de l’habitude de vie, suivi d’un traitement médical, traitement à partir des médecines naturelles. Dans ce contexte, l’aromathérapie représente une technique permettant de traiter ces manifestations.
L’aromathérapie se définit comme une méthode basée sur l’utilisation des huiles essentielles à des fins curatives, préventives ou de bien-être. Dans le cadre du traitement des nausées et vomissements, l’aromathérapie présente une visée thérapeutique. Ainsi, les huiles essentielles sont à la base du traitement, celles-ci étant décrites comme un liquide dans lequel sont concentrés les parfums d’une plante [3].
Ainsi, il existe différents types d’huiles essentielles en fonction des plantes dont elles sont extraites. En ce qui concerne le traitement des nausées et vomissements, il est possible à partir d’huiles essentielles provenant de plantes bien précises. De quelles plantes s’agit-il et comment interviennent-elles ?
Afin de mieux répondre à ces questions, le présent travail se porte sur le soin des nausées et vomissements grâce aux huiles essentielles. Dans un premier temps, les nausées et vomissements seront abordés. L’objectif étant d’appréhender ces phénomènes, il convient de présenter l’anatomie et la physiologie du système nerveux central, ainsi que le mécanisme physiopathologique de ces manifestations. Par la même occasion, leurs contextes cliniques seront également exposés.
Dans un second temps, une étude sur l’efficacité des huiles essentielles contre les nausées et vomissements sera effectuée. Les éléments qui seront mis en évidence sont les généralités sur ces substances médicinales particulières et certaines études empiriques et littéraires sur leur efficacité.
Les nausées et vomissements sont deux types de manifestations différentes. Dans ce contexte, elles peuvent se présenter de manière isolées, mais de manière générale, elles sont associées. Ces symptômes représentent des raisons qui incitent fréquemment à consulter. En soins palliatifs, les nausées et vomissements présentent une fréquence variant entre 40% et 60% chez les patients en fin de vie [4].
Une telle situation implique la nécessité de bien maitriser le mécanisme de ces manifestations afin de pouvoir déterminer les remèdes efficaces, notamment les huiles essentielles. Cette première partie est destinée à la définition des nausées et vomissements. Ainsi, une étude sur l’anatomie et la physiologie du système nerveux central sera effectuée dans un premier temps. Ensuite, le mécanisme physiopathologique de ces manifestations sera présenté. Enfin, leurs contextes cliniques seront abordés.
L’analyse de l’anatomie physiologique du système nerveux central permet de mieux comprendre le contexte dans lequel les nausées et vomissements sont amenés à se créer. Il convient de rappeler que le système nerveux central comporte deux éléments qui sont l’encéphale et la moelle épinière [5].
Si le premier assure le contrôle d’une grande partie des fonctions du corps humain[1], la seconde, quant à elle permet aux nerfs d’atteindre les différentes parties du corps. C’est ainsi la moelle épinière qui assure la circulation des signaux nerveux dans tout le corps, à partir de l’encéphale.
Dans ce chapitre, il se présente comme opportun de développer l’afférence et l’efférence vagale et sympathique, le centre de vomissement, la zone chémoréceptrice, l’appareil vestibulaire et labyrinthique, le cortex cérébral et système lymbique, ainsi que les organes viscéraux.
L’identification de l’afférence et de l’efférence vagal et sympathique permet de mieux appréhender l’origine des nausées et vomissements. C’est pourquoi il se présente comme indispensable d’étudier le système vagal et le système nerveux sympathique.
- Le système vagal
Lors de l’observation du système vagal, il convient de s’intéresser au nerf vague, reconnu sous l’abréviation NV. Il s’agit du dixième nerf crânien, appelé également nerf pneumogastrique [6]. Le nerf vague constitue le plus long nerf de l’organisme.
De plus, il est considéré comme mixte, du fait de ses diverses caractéristiques, notamment somatique, sensitive, motrice, et végétative. Les organes dont il assure l’innervation comprennent le pharynx, le larynx, l’œsophage, ainsi que tous les viscères qui se situent au niveau du thorax et de l’abdomen.
Avec le système nerveux sympathique et le système nerveux autonome, le nerf vague constitue le système nerveux parasympathique [6]. En ce sens, au sein du système nerveux autonome, il garantit la liaison bidirectionnelle entre les systèmes suivant :
- Le système nerveux central (SNC).
- Le tube digestif (TD).
Ainsi, le nerf vague assure un rôle substantiel dans les relations neuro-digestives afin de faciliter les diverses fonctions digestives, notamment :
- La sensibilité.
- La motricité.
- La satiété.
- L’immunité.
Le nerf vague est constitué de 2 types de fibres qui se présentent comme suit :
- Les fibres afférentes qui représentent 80% du nerf vagal. Elles sont chargées de la transmission des informations issues du tube digestif vers le système nerveux central.
- Les fibres efférentes qui constituent les 20% restants. Elles assurent le rôle inverse des fibres afférentes.
Le schéma suivant permet d’appréhender la situation du nerf vague dans l’estomac.
Graphique 1 : Situation du nerf vague dans l’estomac (Jaffré et al, 2008)
- Innervation efférente vagale
Les fibres afférentes vagales trouvent leur origine dans les parois du tube digestif et prennent fin dans le noyau du tractus solitaire (au niveau du bulbe). Grâce à ces fibres, le système nerveux central est en mesure de disposer des informations liées au tube digestif. C’est le noyau du tractus solitaire qui présente un caractère sensitif et va permettre la transmission des données issues du tube digestif à travers les afférences vagales. En réponse à ces informations, des réactions peuvent se manifester au niveau comportemental, anatomique ou encore endocrinien [7].
Les afférences vagales contiennent pareillement des thermorécepteurs, des chémorécepteurs, des mécanorécepteurs, et des osmorécepteurs, d’où leur sensibilité aux nutriments que contient la lumière digestive [6,7].
- Innervation efférente vagale
Le nerf vague assure l’innervation de tout le tube digestif de l’être humain pour atteindre le colon transverse. C’est le noyau moteur dorsal du vague qui est la source des efférences vagales, et ce dernier est localisé en dessous du noyau du tractus solitaire [7].
- Le système nerveux sympathique
L’appréhension du fonctionnement du système nerveux sympathique passe par l’étude de l’anatomie et de la physiologie du système nerveux, ainsi que du mécanisme du système nerveux sympathique.
- Anatomie et physiologie du système nerveux
Le système nerveux est constitué d’une part du système nerveux central et d’autre part du système nerveux périphérique [5], comme le tableau suivant le présente.
Système nerveux central (SNC) | Système nerveux périphérique (SNP) |
· Constitué par l’encéphale et la moelle épinière
· Encéphale : assure un rôle de contrôle de certaines fonctions du corps (perception, mouvements, pensées, sensations, mémoire, paroles · Moelle épinière : source des nerfs innervant les deux côtés du corps, assure la circulation des signaux nerveux (entre l’encéphale et le reste du corps) |
· Partie se trouvant à l’intérieur du système nerveux central
· Composé de deux systèmes : le système nerveux somatique (direction des mouvements volontaires du corps) ; et le système nerveux autonome (direction des fonctions involontaires du corps dont la digestion) |
Graphique 2 : Le système nerveux (Jaffré et al, 2008)
C’est alors le système nerveux autonome qui renferme le système nerveux sympathique et parasympathique. Ce sont les afférences sympathiques qui envoient les informations relatives à la douleur viscérale digestive vers la moelle épinière [5,7].
- Mécanisme du système nerveux sympathique
Trois éléments constituent le système nerveux sympathique, comme le décrit le tableau ci-après [5,7].
Éléments constituants | Description |
Tronc sympathique | · Composé de chaines ganglionnaires sympathiques qui assurent la transmission des messages nerveux à différentes zones (tête, cou, tronc) |
Ganglions prévertébraux | · Appelés également ganglions collatéraux
· Au nombre de trois ganglions : ganglion cœliaque, ganglion mésentérique supérieur et ganglion mésentérique inférieur · Rôle : envoi des messages nerveux aux organes (abdomen et pelvis) · Action sur les nerfs de l’abdomen et du pelvis : réduction de l’apport sanguin aux organes, ralentissement de l’activité de l’appareil digestif, stimulation de la libération de glucose par le foie[2], relaxation des muscles |
Médullosurrénale | · Située au centre de chaque glande surrénale
· Rôle : libération de substances aux effets hormonaux dans le sang (adrénaline et noradrénaline) |
Graphique 3 : Mécanisme du système nerveux sympathique (Jaffré et al, 2008 ; Bonaz, 2015)
Le centre du vomissement est localisé dans la région du noyau solitaire. C’est cette région qui contrôle et coordonne les vomissements [8]. Des voies afférentes directes et indirectes sont à l’origine du déclenchement du centre de vomissement [9].
- Les voies afférentes directes et indirectes
Elles sont issues de différents niveaux, comme il peut être observé à partir du tableau ci-dessous.
Niveaux | Description |
Otorhinopharynx | · Assure le transport des sensations tactiles, olfactives et gustatives
· Source des vomissements résultant des mauvaises odeurs ou des aliments suscitant le dégoût |
Arbre bronchique | · Source des vomissements résultant de l’encombrement respiratoire (quintes de toux) |
Noyaux vestibulaires | · Source des vomissements résultant du mal des transports et des vertiges |
Cortex cérébral | · Explication de l’importance de l’implication des fonctions supérieures en matière de vomissements |
Tractus digestif | · Intervention des mécanorécepteurs et chimiorécepteurs |
Méninges | · Source d’autres symptômes entrainant des vomissements |
Graphique 4 : voies afférentes directes du centre de vomissement (Mannix, 1998)
Les afférences indirectes, quant à elles, résultent de la stimulation de l’Area postrema.
- Les voies efférentes
Les voies efférentes du vomissement comprennent trois types de nerfs, notamment [9] :
- Les nerfs phréniques.
- Les nerfs spinaux.
- Les nerfs viscéraux qui sont efférents vers l’estomac et l’œsophage.
Par ailleurs, le centre du vomissement est constitué par une succession de noyaux moteurs dont ceux qui assurent la respiration (noyaux ventraux et dorsaux) et celui du nerf vague (noyau moteur dorsal). Deux types de neurorécepteurs sont mobilisés par le centre du vomissement [9] :
- Les récepteurs excitateurs : il s’agit des récepteurs histaminiques de type 1, des cholinergiques muscariniques, et des sérotoninergiques de type 2.
- Les récepteurs inhibiteurs, qui sont essentiellement les récepteurs opioïdes µ.
Quant au réflexe du vomissement, il est issu d’une simulation du centre du vomissement à travers les nerfs vagues du fait des parois du tractus gastro-intestinal distendu [10].
Il se présente comme opportun de préciser que le vomissement représente un phénomène moteur actif qui prend naissance dans le bulbe rachidien. Plus précisément, deux régions sont à l’origine du vomissement : d’une part le centre du vomissement et d’autre part la zone chémoréceptrice [8-10].
La zone chémoréceptrice est également appelée « chemoreceptor trigger zone » (CTZ). Elle ne réagit qu’à des stimuli chimiques et peuvent être localisées dans l’Area postrema. Le schéma suivant permet de mieux connatre la CTZ.
Graphique 5 : La zone chémoréceptrice (Goldberg, 1931 ; Mannix, 1998)
Comme il a été mentionné précédemment, différents types de stimulations sont envoyés au centre du vomissement, dont les stimulations centrales de la zone chémoréceptrices qui sont notamment des stimuli chimiques. Une fois ces stimulations reçues par le centre du vomissement, ce dernier transmet des messages efférents moteurs qui entrainent les faits suivants [8,9] :
- Modification de la motricité duodéno-pylorique : elle concerne l’hypertonocité duodénale, l’inversion du péristaltisme, et la fermeture pylorique.
- Modification de la motricité fundique : un relâchement et une ouverture cardiale sont constatés.
- Contraction au niveau du diaphragme et des muscles abdominaux.
- Entrée du matériel expulsé dans le naso-pharynx : suite à un réflexe d’élévation vélopalatine.
- Inhalation du contenu de l’estomac expulsé au moment du vomissement : suite à un réflexe de fermeture glottique et d’inhibition respiratoire.
Lorsque le vomissement est déclenché, les situations suivantes se présentent également [8-10] :
- Les récepteurs sérotoninergiques de type 3 sont activés afin de stimuler la libération de dopamine.
- Les récepteurs dopaminergiques D3 du centre du vomissement sont aussi activés.
- Des récepteurs histaminiques H1 et muscariniques H2 sont activés et abondent dans le système vestibulaire.
- L’activité du centre du vomissement est inhibée à l’issue de la stimulation des récepteurs cannabinoïdes CB1 du système nerveux central.
Le système vestibulaire s’intéresse particulièrement à la position et aux mouvements de la tête. Par la suite, il en informe le tronc cérébral et le cervelet, en d’autres termes le système nerveux central.
Ce système garantit ainsi que les mouvements de la tête et du corps soient coordonnés. C’est grâce à celui-ci que le sujet a la possibilité de ressentir les sensations liées à l’accélération ou le changement de direction dans un moyen de transport [11].
- L’appareil labyrinthique
L’oreille interne représente l’appareil labyrinthique compte tenu du fait qu’elle présente une forme assez complexe : elle dispose de deux organes sensoriels qui ont chacun une fonction propre [11] :
- D’un côté, la cochlée constitue l’organe de l’audition.
- D’un autre côté, l’organe de l’équilibre[3] tient compte des changements de position du corps, et notamment de la tête.
Il est à souligner que l’audition est consciente, ce qui la différencie du sens de l’équilibre. L’oreille interne est également composée de deux parties, comme le tableau qui suit le démontre.
Parties de l’oreille interne | Description |
Labyrinthe osseux | · Système de canaux complexes creusés dans l’os temporal (dans le rocher)
· Constitué de trois régions : le vestibule, les canaux semi-circulaires, la cochlée · Labyrinthe se présentant en cavité : contient de la périlymphe et du liquide de type extracellulaire (liquide céphalo-rachidien par exemple) |
Labyrinthe membraneux | · Système de vésicules et de conduits membraneux
· Localisé dans le labyrinthe osseux · Constitué par différentes régions : le saccule, l’utricule, les conduits semi-circulaires, le canal cochléaire · Labyrinthe contenant l’endolymphe |
Graphique 6 : Les régions de l’appareil labyrinthique (Graf et Klam, 2006)
- Le vestibule
Le vestibule représente la zone qui constitue la partie moyenne centrale du labyrinthe osseux. Il est continué par la cochlée vers l’avant, tandis que vers l’arrière, il se termine par les canaux semi-circulaires osseux [11]. Le vestibule comporte également deux éléments appartenant au labyrinthe membraneux, notamment :
- Le saccule qui est rattaché au canal cochléaire grâce au canal reuniens.
- L’utricule, qui est de taille plus grande, assure la communication avec les canaux semi-circulaires.
C’est le canal utriculo-sacculaire qui permet la liaison entre le saccule et l’utricule. Grâce à ces derniers, l’équilibre statique est possible, car ces organes dits otolithes présentent une sensibilité aux inclinaisons et mouvements de la tête.
- Les canaux semi-circulaires
Ce sont les canaux semi-circulaires osseux qui comportent ceux membraneux, et ce, en s’abouchant dans le ventricule. La communication avec l’utricule est alors réalisée par les canaux semi-circulaires membraneux. Ce sont d’ailleurs ces derniers qui identifient l’existence de l’équilibre dynamique, c’est-à-dire lorsque la tête effectue des rotations [11].
Le centre du vomissement, comme susmentionné, peut être sollicité par des afférences directes. Dans ce contexte, ces dernières proviennent de différentes régions dont le cortex cérébral. Ce qui justifie l’importance de l’intervention des fonctions supérieures du corps.
Les vomissements peuvent alors résulter de causes cérébrales liées à une irritation au niveau du cortex cérébral, comme l’hypertension intracrânienne par exemple [8].
Ainsi, le centre de vomissement peut être activé par des informations issues du cortex cérébral. Ces informations résultent notamment d’une anxiété, d’une douleur, d’une émotion ou encore de la perception de certaines odeurs.
Pour mieux appréhender le mécanisme du cortex cérébral et du système limbique, il convient en premier lieu de s’intéresser au cerveau humain, et plus précisément à l’encéphale. Il comprend plusieurs régions, toutefois, celles qui concernent les nausées et vomissements sont le tronc cérébral et le système limbique.
- Le tronc cérébral
Le tronc cérébral (cf. graphique 6) correspond à la partie localisée entre le diencéphale et la moelle épinière. Il est constitué de trois structures qui sont le mésencéphale, le pont et le bulbe rachidien. Ces derniers ont deux caractéristiques [12] :
- Ils représentent le passage entre les centres supérieurs et la moelle épinière.
- Ils comprennent de nombreux noyau de matière grise assurant le contrôle des fonctions anatomiques, telles que la circulation sanguine et la respiration.
Graphique 7 : Le tronc cérébral (Morin, 2017)
Le mésencéphale comporte de nombreuses parties [5,12] :
- Les pédoncules cérébraux qui comportent les principales fibres motrices.
- Les pédoncules cérébelleux dont les fibres les relient avec le cervelet.
- Les régions de matière grise : le ventricule permet de supprimer la douleur et est lié aux autres zones qui sont concernées par la peur, la lutte ou encore la fuite ; les noyaux dont sont issus les nerfs oculomoteurs et trochléaires (ce sont des nerfs crâniens).
- Les saillies qui sont localisées sur la face dorsale : les colliculus supérieurs (coordination des mouvements de la tête et des yeux), les colliculus inférieurs (relai entre le cortex auditif et l’oreille), la substance noire (substantia nigra), et le centre dopaminergique (coordination de certains mouvements).
Le pont représente pareillement une zone de liaison entre les centres supérieurs et la moelle épinière, ainsi qu’entre le cortex et le cervelet [12]. Trois paires de nerfs crâniens sont identifiés au niveau du pont : les nerfs trijumeaux, les nerfs abducens, et les nerfs faciaux [5,12]. La plupart des noyaux du pont assurent le contrôle de la respiration.
Enfin, le bulbe rachidien permet le passage des fibres du cortex moteur afin que ces dernières puissent atteindre la moelle épinière. Le bulbe rachidien a pour particularités de représenter une zone au niveau de laquelle différents nerfs crâniens se rencontrent [5,12] :
- Les nerfs hypoglosses qui assurent la mastication, la déglutition, et la parole.
- Les nerfs vagues relatifs aux onctions végétatives.
- Les nerfs vestibulocochléaires qui se présente comme un relai auditif et assure le maintien de l’équilibre.
C’est le bulbe rachidien qui comporte les noyaux indispensables dans le contrôle des fonctions végétatives, notamment en ce qui concerne [12] :
- Les fonctions respiratoires et cardiovasculaires.
- Les autres fonctions : la salivation, la déglutition, l’éternuement, et surtout le vomissement.
Les trois sections du tronc cérébral sont alors schématisées comme suit.
Graphique 8 : Les trois sections du tronc cérébral (Morin, 2017)
- Le système limbique
Le système limbique fait partie du système nerveux central. De nombreux noyaux qui permettent de contrôler les émotions et l’humeur le constituent [5] :
- Le corps amyloïde : il permet d’apprécier le danger et activer les réactions de peur.
- Le gyrus du cingulum : il est rattaché aux réactions émotionnelles (langage non verbal, frustrations, émotions).
Les odeurs jouent également une grande importance dans les souvenirs émotionnels et les réactions compte tenu de l’existence du bulbe olfactif sensible aux odeurs. Les informations reçues par le système limbique sont issues des différentes zones du cortex.
Ainsi, nombreuses sont les projections sont envoyées par le système limbique à travers l’hypothalamus, d’où l’apparition de tensions émotionnelles et de troubles viscéraux dont les brûlures d’estomac et les troubles digestifs [5,10,12].
- Fonctionnement du cerveau lors des nausées et vomissements
À titre de rappel, le centre de vomissement se situe dans le cerveau, et plus précisément dans le tronc cérébral, c’est la raison pour laquelle il est essentiel de comprendre le mécanisme du cerveau afin de commander les nausées et vomissements. Le cerveau représente un centre fonctionnel qui comprend certaines structures de la formation réticulée, le noyau du tractus solitaire, et l’area postrema [12].
C’est alors le centre de vomissement qui assure la coordination des vomissements, et ce, suivant un certain réflexe. Dans ce contexte, plusieurs circuits nerveux interviennent (nerf vague, cortex cérébral, organe de l’équilibre, tractus gastro-intestinal…). D’autant plus que le centre de vomissement est en relation directe avec le sang, il est en mesure de détecter les toxines présentes. Tout ce mécanisme est susceptible de déclencher les vomissements.
En ce qui concerne les nausées, leur signal peut être issu de différents organes [8,9] :
- Le cortex cérébral : zone où naissent les sensations telles que le dégoût.
- L’organe de l’équilibre et le cervelet : ils sont sources de vomissements liés au vertige.
- Le nerf vague : il est l’origine des vomissements liés à un trouble du tractus gastro-intestinal[4].
Ainsi, le système limbique a la possibilité de contrôler les comportements alimentaires, mais également l’appétit.
Le système viscéral regroupe plusieurs organes qui assurent des fonctions différentes. Parmi ces organes, les organes digestifs comprennent la cavité buccale, le palais, le pharynx, l’œsophage, l’estomac, le duodéno pancréas et ses rapports, et le foie [13].
Comme le mécanisme du vomissement a essentiellement une origine d’ordre central, les vomissements peuvent provenir des viscères. Le centre du vomissement envoie alors des efférences vers le duodénum.
Par conséquent, le vomissement correspond à un réflexe viscéral identifié au niveau du bulbe rachidien. Par ailleurs, les organes viscéraux comprennent également le nerf vague et le système sympathique.
Le schéma suivant permet de prendre connaissance des différents mécanismes qui sont impliqués dans les nausées et vomissements.
Graphique 9 : Mécanismes intervenants lors des nausées et vomissements (Bigard et al, 1998)
Même si les nausées et les vomissements ne sont pas forcément dépendants, ils présentent les mêmes voies neurologiques [1].
- La physiologie des nausées et vomissements
Le vomissement, qui est un réflexe viscéral peut se manifester suivant un processus bien défini, comme il est schématisé ci-après.
Graphique 10 : Physiologie des nausées et vomissements (Bigard et al, 1998 ; Mannix, 1998)
Le muscle diaphragmatique représente l’un des plus puissants effecteurs des vomissements, car sa contraction est associée à celle des muscles de la sangle abdominale, ce qui provoque l’élimination du contenu de l’estomac. De plus, le centre du vomissement regroupe de nombreux neurones qui sont localisés dans cette zone afin de contrôler le mécanisme des vomissements.
- Les afférences
Le vomissement résulte d’une irritation de la muqueuse du tube digestif proximal. Ces influx sont alors transmis vers le bulbe à travers des fibres afférentes viscérales comportées dans différents nerfs, précisément les nerfs sympathiques et le nerf vague [1,5]. Dans le cas d’un mal des transports, ce sont les noyaux vestibulaires qui sont à l’origine des nausées et vomissements.
Le diencéphale et le système limbique peuvent pareillement envoyer des stimuli vers les régions qui assurent le contrôle des vomissements. Ce qui permet de justifier les réactions émétiques qui sont accompagnées de stimuli émotionnellement intenses (par exemple en ce qui concerne les odeurs nauséabondes). D’autant plus que le bulbe rachidien contient des cellules chimioréceptrices qui permettent le déclenchement des vomissements dans la mesure où certains agents chimiques circulants venaient à les stimuler.
- Les médiateurs
Il existe divers médiateurs qui interviennent dans le mécanisme de vomissements. Des récepteurs à la sérotonine de type 3[5] sont observés dans l’intestin grêle. Les cellules entérochromaffines secrètent alors une sérotonine qui sera liée à ces récepteurs, et c’est cette liaison qui va activer des influx afférents à l’origine des vomissements [8-10].
Des récepteurs dopaminergiques[6] sont également trouvés au niveau de l’Area postrema et du noyau du faisceau solitaire adjacent. Ces récepteurs disposent d’antagonistes qui assurent une fonction antiémétique [9].
Des neuromédiateurs sont aussi impliqués dans le processus de vomissements. C’est notamment le cas de la substance P qui agit par les récepteurs NK1. Il convient de noter que cette substance représente un neuropeptide réparti dans le système nerveux, et elle est associée à d’autres neurotransmetteurs tels que la dopamine ou encore la sérotonine [9,10].
Le tableau suivant permet de comprendre le mécanisme physiopathologique des nausées et vomissements.
Mécanismes | Description | |
Voies afférentes | Dans le bulbe rachidien | Deux zones impliquées dans le réflexe de vomissement :
· Le centre de vomissement · La zone chémoréceptrice |
Le centre de vomissement | Réception de plusieurs types de stimulation :
· Stimuli chimiques de la CTZ · Du cortex cérébral : odeur, pensée, douleur, émotions, anxiété… · De l’appareil vestibulaire : mal des transports · Des nerfs afférents, vagaux, sympathiques, du tube digestif, et du pharynx (stimulations périphériques) |
|
Voies efférentes | Phénomènes d’éjection forcée | · Au niveau de la musculature abdominale et du diaphragme |
Au niveau du fundus gastrique | · Relaxation
· Hypertonicité du duodénum · Hyperactivité motrice avec inversion du péristaltisme |
|
Réflexe d’élévation du voile du palais | · Empêchement de l’entrée du matériel expulsé dans le nasopharynx | |
Réflexe de fermeture de la glotte et d’inhibition de la respiration | · Empêchement de l’expulsion des aliments vers les poumons |
Graphique 11 : Mécanisme physiopathologique des nausées et vomissements (Jaffré et al, 2008 ; Bonaz, 2015)
Le vomissement représente un processus complexe du fait qu’ils font intervenir à la fois le système nerveux central et périphérique. Le centre du vomissement est celui qui assure la coordination des structures qui sont à l’origine des vomissements.
De plus, il est en charge de la réception des différents stimuli issus des diverses structures (CTZ, organes viscéraux, récepteurs du mésencéphale, appareil vestibulaire et labyrinthique, cortex). Ce déclenchement du centre du vomissement provient des neurotransmetteurs tels que la dopamine, la sérotonine, l’acétylcholine, l’histamine, et la neurokinine-1 [14].
Dès lors que le centre du vomissement est déclenché, celui-ci transmet des stimuli efférents à divers organes [9,14] :
- Le diaphragme : à travers le nerf phrénique.
- Les muscles abdominaux : à travers les nerfs spinaux.
- L’œsophage et l’estomac : à travers les nerfs viscéraux.
Figure 12 : L’arc réflexe émétique (Jaffré et al, 2008)
Les causes des nausées et vomissements peuvent être multiples, à savoir la grossesse, la nervosité, un air vicié, le dégoût, le mal des transports, une intoxication alimentaire, la migraine, l’abus d’alcool et tant d’autres encore. Afin de mieux appréhender le contexte, les principales étiologies des nausées et vomissements seront présentées dans la présente section, suivant leurs catégories [8,9] :
- les causes médicales.
- Les causes chirurgicales.
- Les causes neurologiques.
- Les causes métaboliques.
- Les autres causes.
- Les causes médicales des nausées et vomissements
Dans ce contexte, les nausées et vomissements résultent d’un problème d’ordre médical auquel est confronté le sujet. Le tableau suivant permet de prendre connaissance des signes de nausées et vomissements ayant des causes médicales.
Causes médicales des nausées et vomissements | · Indigestion suite à une consommation excessive de matières grasses
· Gastrite spontanée, médicamenteuse ou toxique · Ulcère gastrique · Gastroentérite · Infections intestinales · Infection et calcul des voies biliaires · Hépatites virales ou toxiques · Pancréatite aigue · Intoxications alimentaires (aliments périmés ou vénéneux) · Intolérances alimentaires · Allergies alimentaires · Forçage alimentaire, crise acétonémique ou erreur diététique (rencontrés fréquemment chez le nourrisson) |
Graphique 13 : Les causes médicales des nausées et vomissements (Borison et al, 1950 ; Mannix, 1998)
- Les causes chirurgicales des nausées et vomissements
Les nausées et vomissements résultent d’une intervention chirurgicale, comme le tableau ci-dessous l’expose.
Causes chirurgicales des nausées et vomissements | · Appendicite
· Calcul biliaire bloqué · Péritonite · Cholécystite aigue · Occlusion intestinale · Cancers et kystes du pancréas · Perforation d’ulcère gastrique · Invagination intestinale aigue ou sténose du pylore (rencontrées fréquemment chez le nourrisson) |
Graphique 14 : Les causes chirurgicales des nausées et vomissements (Borison et al, 1950 ; Mannix, 1998)
- Les causes neurologiques des nausées et vomissements
Le tableau qui suit présente les principales causes neurologiques des manifestations de nausées et vomissements.
Causes neurologiques des nausées et vomissements | · Troubles de l’équilibre et vertiges
· Suites de traumatisme crânien · Migraine · Encéphalites et méningites · Hémorragies méningées · Tumeurs méningées ou cérébrales · Chocs émotionnels brusques · Mal des transports (ou de mer) · Autres manifestations d’ordre psychiatrique (hystérie, anorexie, boulimie) |
Graphique 15 : Les causes neurologiques des nausées et vomissements (Borison et al, 1950 ; Mannix, 1998)
- Les causes métaboliques des nausées et vomissements
Le tableau qui suit présente les causes métaboliques de ces manifestations.
Causes métaboliques des nausées et vomissements | · État d’ivresse (suite à la prise d’alcool ou de stupéfiant)
· Insuffisance rénale, taux élevé d’urée dans le sang · Hyperglycémie[7] · Crises acétonémiques[8] · Prise d’une quantité importante de médicaments · Effort physique important · Chimiothérapie |
Graphique 16 : Les causes métaboliques des nausées et vomissements (Borison et al, 1950 ; Mannix, 1998)
- Les autres causes des nausées et vomissements
Il existe d’autres situations qui peuvent être à l’origine des nausées et vomissements, comme il peut être observé ci-dessous.
Autres causes des nausées et vomissements | · Grossesse (généralement au cours du 1er trimestre)
· Maladies génitales aigues (endométrite, kyste ovarien…) · Prise de contraceptifs (voie orale) · Traitement hormonal en cas de ménopause · Infections urinaires · Calculs rénaux · Otite · Angine |
Graphique 17 : Les autres causes des nausées et vomissements (Borison et al, 1950 ; Mannix, 1998)
Il est à préciser que lorsque les vomissements sont intentionnels, ils contribuent dans l’instauration de différents troubles liés à l’appétit. Les principaux sont alors la boulimie et l’anorexie.
Une recherche effectuée sur des médicaments a mis en évidence la survenue de nausées à la suite d’administration de 79 spécialités sur 100 et l’apparition de vomissements pour 75 médicaments sur100 comme les antalgiques à base d’opiacés, des médicaments digitaliques et des antagonistes de la dopamine (lévodopa, bromocriptine). Le déclenchement du mécanisme nauséeux et/ou vomitif serait subséquent à l’activation de la zone chémoréceptrice [15].
Les AINS, le fer et les antibiotiques déclencheraient directement les vomissements par irritation de la muqueuse gastrique complémentairement à une activation du centre du vomissement par le biais de fibres afférentes du tractus gastro-intestinal.
Bien que rare, une hépatotoxicité médicamenteuse grave peut être à l’origine de vomissements.
La grossesse représente une période lors de laquelle la femme est plus sujette à des nausées et vomissements. Si les nausées sont rencontrées dans 50 à 90% des cas, les vomissements sont constatés dans 25 à 55% des grossesses [16].
Les malaises sont généralement matinaux. Cependant, ils peuvent apparaitre à tout moment. Dans la mesure où ces manifestations ne présentent aucune gravité importante, elles n’ont aucun impact sur l’équilibre électrolytique des liquides et ne provoquent pas de déficit d’ordre alimentaire [15].
La pathogenèse s’expliquerait d’une part par une origine hormonale à la suite de l’augmentation rapide du taux d’œstrogènes au premier trimestre, d’un taux plasmatique élevé de HCG de progestérone et androgène. D’autre part, les facteurs psychosociaux semblent provoquer les nausées et vomissements, comme une relation perturbée de la mère ou encore une grossesse non désirée [16].
Il existe également des situations où des femmes sont plus exposées que d’autres aux nausées et vomissements [15,16] :
- Les femmes qui sont enceintes de jumeaux ou de triplés.
- Les femmes qui ont déjà fait état de nausées et de vomissements lors de leurs précédentes grossesses.
- Les femmes ayant un lien de parenté avec des femmes ayant des nausées et vomissements au cours de leur grossesse.
- Les femmes qui sont enceintes d’une fille.
- Les femmes qui sont sujettes à des migraines ou à un mal des transports.
Le mal de mer, appelé également « naupathie », constitue le mal de transport qu’un individu ressent lorsqu’il se trouve en mer [17]. Le phénomène concerne environ 30% de la population. En général, les personnes concernées n’ont la naupathie qu’une fois se trouvant en embarcation. Lors d’un mal de mer, le sujet fait état d’un malaise général, accompagné par d’autres facteurs (fatigue, froid, faim…).
- Description de la naupathie
Le mal de mer touche plus de personnes que les autres formes de mal des transports. Cependant, il existe des personnes qui sont plus sensibles à la naupathie que d’autres [17] :
- Les enfants âgés entre 3 et 12 ans.
- Les femmes de manière générale.
- Les femmes enceintes ou lors de leur période de menstruation.
- Causes de la naupathie
Dans un bateau qui est en permanente mouvement, ce dernier étant réalisé de façon plus lente et prolongée, l’individu ressentira le mal de mer pour les raisons suivantes [18] :
- Affection de l’organe régulateur de l’équilibre, placé dans l’oreille interne : Ce trouble se présente dès lors que le sujet le craint, lorsqu’une mauvaise ventilation se présente, ou encore quand une fumée envahit l’atmosphère. Après la prise d’un repas très lourd, la personne peut aussi ressentir le mal de mer, et le fait de visualiser un aliment peut rendre les symptômes plus importants.
- Existence d’une divergence entre les stimuli sensoriels qui sont espérés et ce que l’organe (celui de l’équilibre de l’oreille interne) perçoit réellement : il y a alors des signaux inattendus qui vont être traduits dans le cerveau par un message confus, d’où la survenue de la naupathie.
Une fois que le cerveau ait clairement déchiffré le message, il est en mesure de s’adapter à cette nouvelle situation. Ce sont toutefois les neurotransmetteurs, la dopamine et l’acétylcholine qui interviennent dans l’apparition du mal de mer, ainsi que du mal des transports en général.
- Symptômes et complications
Lorsque le mal de mer est considéré comme léger, les symptômes les plus courants sont les maux de tête et une sensation de malaise. Ces derniers peuvent s’accompagner de fatigue, de faiblesse et d’étourdissement. Il existe des cas plus graves, lors desquelles le sujet est anxieux et présente les signes suivants [18] :
- Anxiété importante.
- Salivation importante.
- Forte sudation.
- Pâleur.
- Nausées et vomissements.
Les symptômes de la naupathie cessent de se manifester ou connaissent une atténuation lorsque le mouvement s’arrête, lorsque le sujet n’est plus en embarcation. Le mal de mer disparait complètement au bout d’environ 3 jours.
Dans le cas où le sujet continue à avoir des vomissements, la naupathie présente une complication, car ce premier est exposé à un risque de déshydratation.
- Naupathie et nausées et vomissements
La naupathie est considérée comme une cinétose[9]. Une fois embarquée sur l’eau, l’individu a des nausées et des vomissements. Le mal de mer est surtout provoqué par les mouvements de balancement, et les informations de ces mouvements issues du système vestibulaire sont décalées avec les informations visuelles.
La sensation de mal de mer peut aussi entrainer une perte d’équilibre.
Les nausées et vomissements en réaction à un traitement peuvent se présenter de façon aigue[10] ou tardive[11]. Il est possible que la nausée survienne même avant le traitement, étant donné que le patient présente une anxiété ou stresse.
Cette situation peut aussi résulter du fait que des expériences antérieures (traitements antérieurs) ont été négatives ; il s’agit ainsi d’un comportement « conditionnée ». Mais les nausées et vomissement peuvent pareillement perdurer après le traitement [9].
Les patients qui suivent une radiothérapie peuvent également être sujets à des effets secondaires, et ce, dès le début du traitement. Des nausées auront lieu, notamment lorsque l’estomac, la zone environnante ou la partie supérieure de l’abdomen font l’objet d’une irradiation. Le radiothérapeute peut prescrire des médicaments qui permettent de prévenir au mieux ces effets secondaires.
- Risques liés à la radiothérapie
Les médicaments en radiothérapie sont catégorisés en trois, en fonction du risque qu’ils présentent d’entrainer des nausées et vomissements, dans le cas où aucun traitement antiémétique n’est suivi [9], comme le décrit le tableau suivant.
Catégorisation | Risques |
Les substances hautement émétisantes | Risque entre 30 et 90% |
Les substances moyennement émétisantes | Risque entre 10 à 30% |
Les substances facilement émétisantes | Risque inférieur à 10% |
Graphique 18 : Les risques liés à la radiothérapie (Mannix, 1998)
Certains médicaments peuvent concerner plusieurs catégories, selon la dose qui est administrée. Le risque de provoquer des nausées et vomissements se porte essentiellement sur les médicaments administrés par voie intraveineuse (perfusions) ainsi que sur les médicaments pris par voie orale (comprimés ou gélules).
Il convient toutefois de préciser que chaque personne présente une réaction différente à la prise de médicaments. Ainsi, le risque d’avoir des nausées et vomissements varie d’un patient à un autre.
En ce qui concerne la radiothérapie, les éléments qui sont surtout susceptibles d’entrainer des nausées et vomissements sont [9] :
- Les irradiations corporelles totales.
- Les irradiations corporelles supérieures.
- Les irradiations corporelles inférieures (incluant le système digestif).
- Radiothérapie et effets secondaires
La radiothérapie représente un traitement qui agit en vue d’attaquer et de détruire les cellules cancéreuses, et ce, à travers des radiations. Toutefois, elle peut avoir des impacts sur les tissus sains qui avoisinent la région traitée. Par conséquent, des effets indésirables peuvent se présenter : les effets secondaires des rayons.
L’intensité des effets secondaires engendrés par la radiothérapie est également variable d’un individu à l’autre. Ces effets dépendent essentiellement de ces éléments :
- La dose de radiation du traitement.
- La partie du corps traitée.
- L’étendue de la zone traitée.
Des cas peuvent aussi se présenter où le patient ne ressent que très peu, voire aucun effet secondaire au cours de la radiothérapie.
Les nausées et vomissements sont des symptômes fréquents en matière d’effets indésirables lors du traitement à la radiothérapie. C’est la raison pour laquelle il est important de rencontrer un nutritionniste durant les premières semaines de traitement afin d’évaluer l’alimentation. Ce professionnel va en effet évaluer les éléments suivants :
- L’état nutritionnel du patient.
- Ses apports alimentaires.
- Ses symptômes digestifs.
Cette démarche vise particulièrement à combler les besoins du patient en matière d’énergie, vitamines, protéines, eau et sels minéraux.
Les nausées et vomissements pouvant entrainer une déshydratation et un déséquilibre dans l’alimentation, il est indispensable que ces symptômes soient suivi régulièrement dans la mesure où le patient n’est pas en mesure de se nourrir de façon adéquate. Une sonde pourra alors être installée dans l’estomac.
Les nausées et vomissements peuvent avoir des causes psychogènes. Deux situations peuvent alors se présenter [1,9] :
- Le sujet se trouve dans un état névrotique : dans ce contexte, les nausées et vomissements sont liés à l’état nutritionnel de la personne.
- Le sujet présente des troubles sévères au niveau de son comportement alimentaire : il peut alors présenter une anorexie mentale ou encore une boulimie.
Bien que les causes psychogènes des nausées et vomissements soient essentiellement la boulimie et l’anorexie, d’autres causes psychogènes peuvent également être identifiées [1,4] :
- La crainte de souffrir.
- L’angoisse face à la mort.
- La prise répétitive et régulière de médicaments.
Les nausées et vomissements psychogènes qui ne sont liés à aucune maladie psychiatrique sont aussi souvent rencontrés. Ils résultent d’une série d’anxiétés, et concernent généralement les femmes [9].
La gastro-entérite se définit comme une infection au niveau système digestif. Elle provoque alors des nausées et vomissements, mais aussi des crampes abdominales et la diarrhée. Dans la plupart des cas, sa durée est assez courte. Ses manifestations surviennent de manière rapide et disparaissent en général au bout de quelques jours[12].
La gastro-entérite peut avoir des multiples causes [19] :
- Les
- Les bactéries.
- Les micro-organismes (comme les amibes).
Ces derniers peuvent notamment être transmis par les mains, l’eau, ainsi que par des aliments qui les contiennent. L’intensité et la durée des nausées et vomissements varient en fonction de la cause.
La gastro-entérite due à des virus qui est la plus rencontrée. Les virus qui peuvent en être à l’origine sont divers [19] :
- Les novovirus[13] sont à l’origine de l’épidémie de gastro-entérite virale et touchent essentiellement les adultes. C’est le virus de Norwalk qui est le plus connu parmi les novovirus.
- Le rotavirus est le type de virus qui provoque la gastro-entérite chez les sujets plus jeunes.
La gastro-entérite issue des bactéries est aussi rencontrée, mais de manière moins fréquente que celle virale. Les principales bactéries qui entrent en jeu dans le développement de la gastro-entérite sont [19] :
- La Salmonelle.
- Le Shigella.
- Le Campylobacter
- Le Clostridium difficile.
Il existe également des parasites responsables de la gastro-entérite dont les principaux sont les amibes (le Cryptosporidium et le Giardia).
Les gastro-entérites causées par une intoxication alimentaire représentent 20% des cas [19], et les mécanismes sont présentés ci-dessous.
Types d’ingestion | Description |
Ingestion d’aliments contaminés par une toxine | · Il existe des bactéries qui produisent de la toxine qui résistent à la chaleur dans les aliments (ex : staphylocoque, B Cereus)
· Période d’incubation : entre 1 et 6 heures · Durée de la maladie : environ 24 heures |
Ingestion d’aliments contaminés par des bactéries | · Il existe des bactéries qui produisent de la toxine une fois qu’ils sont dans l’intestin (ex : E Coli toxinogène, C Perfringens)
· Il existe des bactéries qui pénètrent la paroi intestinale et provoquent une diarrhée inflammatoire (ex : Salmonelle, E Coli entérohémorragique, Vibrio, Shigelle) |
Graphique 19 : Mécanismes des gastro-entérites causées par intoxication alimentaire (Hassine-Zaafrane, 2017)
Nombreux sont les symptômes de la gastro-entérite : la fièvre, la fatigue, la douleur abdominale, la diarrhée, et surtout les nausées et vomissements [19]
Les nausées et vomissements sont fréquemment rencontrés chez les individus atteints de cancer. Ces manifestations sont généralement provoquées par les traitements. Elles peuvent pareillement être liées à la maladie elle-même, et est même rattachées à un état d’appréhension de la personne. Pourtant, les nausées et vomissements ont un impact sur l’alimentation et l’hydratation du patient, et par conséquent sur sa qualité de vie [14].
- Les types de nausées et vomissements
Différents types de nausées et vomissements liés au cancer peuvent être observés, comme le présente le tableau suivant.
Types | Description |
Nausées et vomissements aigus | · Nausées et vomissements survenant dans les premières 24 heures suivant l’administration de la chimiothérapie
· Phase divisée en deux étapes (avec implication de deux neurotransmetteurs) : – Phase aigue reliée à la sérotonine (dans les 12 premières heures) – Phase aigue-retard reliée à la substance P (12 à 24 heures suivant le début du traitement) |
Nausées et vomissements retardés | · Nausées et vomissements survenant 24 heures après l’administration de la chimiothérapie
· Symptômes pouvant persister jusqu’à environ 5 à 7 jours après le début du traitement · Pathophysiologie non définie de manière claire · Principal agent impliqué dans l’induction des nausées et vomissements retardés : le cisplatin · Autres éléments pouvant être impliqués : hypomotilité de l’antre et gastroparésie entrainées par le cisplatin dans le tractus digestif · Implication importante de la substance P dans les nausées et vomissements retardés · Facteurs de risque : mauvais contrôle des nausées et vomissements aigus du cycle de chimiothérapie et/ou lors des cycles antérieurs |
Nausées et vomissements anticipatoires | · Nausées et vomissements survenant avant le début du traitement
· Symptômes relatifs au mauvais contrôle des nausées et vomissements lors des cycles ayant précédé la chimiothérapie · Facteurs de conditionnement de d’aggravation : sons, odeurs, lieux, signes caractéristiques relatives à la chimiothérapie |
Nausées et vomissements réfractaires | · Nausées et vomissements survenant durant n’importe quelle phase du cycle de chimiothérapie (en dépit d’une prophylaxie antiémétique
· Pouvant être observés dans la phase aigue, retard ou anticipatoire |
Graphique 20 : types de nausées et vomissements liés au cancer (Marquis et al, 2006)
- Les causes des nausées et vomissements liés au cancer
Nombreuses sont les causes des nausées et vomissements qui touchent les patients atteints d’un cancer [4,14]. La première cause est le traitement du cancer lui-même. En effet, la chimiothérapie et certains traitements médicaux sont susceptibles d’entrainer ces symptômes.
La radiothérapie, qui correspond également à une technique de traitement du cancer, peut aussi provoquer des nausées et vomissements. Les cas les plus fréquents sont rencontrés lors d’une irradiation de l’estomac, du cerveau, ou de l’abdomen.
Le cancer lui-même représente une cause des nausées et vomissements chez le patient. C’est notamment le cas pour :
- Les cancers des voies biliaires.
- Les cancers du pancréas.
- Les cancers du tube digestif : œsophage, estomac, côlon, rectum.
D’autres causes sont également observées et concernent notamment :
- Les états d’appréhension du patient.
- L’administration des médicaments destinés à lutter contre la douleur (opioïdes).
- L’anesthésie (lors d’une chirurgie).
- Les déséquilibres de l’hydratation.
- La constipation.
- L’occlusion intestinale.
L’hypertension intracrânienne correspond à une augmentation de façon anormale de la pression localisée à l’intérieur du crâne [20]. Elle peut résulter de plusieurs causes dont l’œdème, la tumeur ou encore l’hémorragie. Cependant, ce sera toujours la pression qui compressera le cerveau et qui provoquera les symptômes d’hypertension.
Les symptômes de l’hypertension intracrânienne sont variables en fonction des régions qui sont concernées. Ainsi, sont distingués les symptômes classiques et les symptômes variables [20].
- Les symptômes classiques de l’hypertension intracrânienne
Les nausées et les vomissements comptent parmi les symptômes classiques de l’hypertension intracrânienne [1,20]. À ces derniers s’accompagnent des douleurs, notamment des maux de tête. Les céphalées surviennent généralement au réveil et tard dans la nuit[14]. Mais les symptômes peuvent également apparaitre lorsque le sujet réalise un effort physique.
Les douleurs sont surtout localisées au niveau de la nuque. En ce qui concerne les nausées et vomissements, ils ne sont pas relatifs à l’alimentation, mais résultent plutôt à la suite du redressement, en d’autres termes le patient change de position et passe de la position allongée à celle debout [20].
- Les symptômes variables de l’hypertension intracrânienne
Les symptômes de l’hypertension intracrânienne dépendent aussi de la zone du cerveau qui est touchée. Ils peuvent concerner [5,20] :
- Troubles neurologiques : problèmes de motricité, problèmes de mémoire.
- Autres troubles : motricité, vue, sensibilité, ouïe.
- Troubles graves : convulsions, comas.
- La physiopathologie de l’hypertension intracrânienne
Le tableau suivant permet d’appréhender la physiopathologie de l’hypertension intracrânienne.
Éléments | Description |
3 secteurs concernés | · Parenchymateux : neurones, cellules gliales
· Vasculaire : artères, veines, capillaires · Liquidien |
3 causes principales | · Accompagnées d’une augmentation volumique des secteurs
· Parenchymateux : processus tumoral · Vasculaire : hématome, turgescence · Liquidien : hydrocéphalie, cérébral, œdème |
3 Conséquences | · Sur l’encéphale : l’engagement
· Cingulaire engagement du gyrus cingulaire sous la faux . temporal : par hernie de T5 dans l’incisure de la tente avec écrasement du nerf III, du pédoncule cérébral (réticulée, voie pyramidale, aqueduc du mésencéphale) · Diencéphalique central, à travers l’orifice tentoriel · Cérébelleux à travers l’orifice tentoriel (ascendant) · Des tonsilles (amygdales) cérébelleuses dans le foramen magnum entrainant une compression du bulbe, avec un risque permanent de mort subite. |
Graphique 20 : Physiopathologie de l’hypertension intracrânienne (Cremer et al, 2016)
- Généralités
La nausée est pour le patient une expérience subjective désagréable, du fait qu’elle soit marquée par un malaise général fréquemment associée à de signes parasympathiques et de l’impression de l’imminence d’un phénomène de vomissement [1,9].
Le vomissement correspond à un réflexe qui est organusé au niveau du tronc cérébral, grâce au centre du vomissement, ce dernier étant localisé près du noyau du tractus solitaire. Les éléments impliqués sont alors [9] :
- La musculature abdominale.
- Le diaphragme.
- L’œsophage.
- Le système respiratoire.
Durant la période postopératoire, il existe plusieurs facteurs qui contribuent à l’apparition des nausées et vomissements, ils sont d’ordre [1] :
- Mécanique.
- Mnésiques.
Les nausées et vomissements postopératoires (NVPO) sont considérés comme des effets indésirables à la fois désagréables et fréquents qui inquiètent les patients au décours d’une intervention chirurgicale. Environ 30 à 80% des personnes ayant fait l’objet d’une intervention sont sujettes à des NVPO [21].
Les gaz halogénés et les morphiniques représentent principalement les facteurs de risques. Il convient de préciser que ces derniers sont administrés chez les patients prédisposés [22] :
- Les femmes.
- Les patients qui présentent des antécédents de nausées et vomissements postopératoires.
- Les patients sujets à un mal des transports.
- Les non-fumeurs.
- Incidence et facteurs de risque des NVPO
Dans 50% des cas, les NVPO apparaissent au moins 6 heures après l’opération. L’équipe d’anesthésie n’est pas forcément tenue au courant de l’existence de ces symptômes. Les données suivantes sont alors observées [21] :
- 1/3 des patients présentent des NVPO.
- 35% des patients de chirurgie ambulatoire font état de NVPO après avoir quitté leur chambre d’hôpital.
Les NVPO sont considérés comme des symptômes complexes compte tenu du fait qu’ils peuvent perdurer durant plusieurs jours (voire plusieurs semaines). De plus, une évaluation dans les 24 heures qui suivent l’opération ne permet pas d’identifier l’incidence des manifestations [22].
Indépendamment d’un trouble majeur de la qualité de vie, les NVPO impactent également le résultat de la chirurgie et prolonger le séjour du patient à l’hôpital. D’autant plus que des complications graves peuvent être observées[15] [21,22] :
- La déhiscence de sutures.
- La rupture de l’œsophage.
- La pneumopathie d’inhalation.
Il existe des patients qui sont particulièrement exposés à des NVPO, notamment [22] :
- Les patients de sexe féminin.
- Les personnes moins âgées.
- Les personnes obèses.
- Les sujets qui ont des antécédents de NVPO.
- Les personnes présentant une anxiété postopératoire.
Il existe également des types d’intervention qui peuvent être à l’origine des NVPO [23] :
- La chirurgie gynécologique.
- Les lithotripsies.
- Les laparoscopies.
- La chirurgie ophtalmologique.
- La chirurgie orthopédique.
Certains médicaments se présentent aussi comme des facteurs de risque de NVPO. Ils concernent essentiellement [24] :
- Les produits de l’anesthésie : morphiniques, halogénés, étomidate.
- Les antibiotiques qui sont administrés en période périopératoire : imidazolés, macrolides (ex : érythromicine), alcaloïdes de l’ergot de seigle, analgésiques morphiniques.
- Les médicaments administrés en chirurgie ambulatoire : alfentanil, fentanyl, sufentanil.
Dans la présente partie, l’étude se portera sur les huiles essentielles, et plus particulièrement sur leurs bienfaits thérapeutiques en matière de traitement des nausées et vomissements. Quatre points seront alors abordés :
- La généralité sur les huiles essentielles dans le cadre duquel elles seront définies, leur méthode d’extraction sera présentée, et les précautions d’emploi mises en évidence.
- L’utilisation empirique des huiles essentielles contre les nausées et vomissements.
- Une revue bibliographique des études mettant en exergue l’efficacité des huiles essentielles contre les nausées et vomissements.
- L’établissement d’un tableau récapitulatif.
Les huiles essentielles sont réputées pour la puissance de leurs propriétés thérapeutiques. Depuis plus de mille ans, elles sont utilisées dans divers pays [25] :
- En Chine : les plus utilisées sont les huiles essentielles de cannelle, d’anis, et de gingembre.
- En Inde et au Moyen Orient : les huiles essentielles de Khella, de pin, et de fenouil.
- En Egypte, en Grèce, et en Amérique : les huiles essentielles d’Aztèques, de Mayas, et d’Incas.
- En Afrique : les huiles essentielles d’encens, de myrrhe, et de ravintsara.
Durant le Moyen Age, les huiles essentielles ont été peu utilisées, étant donné le développement d’autres techniques médicinales. C’est lorsque les Arabes viennent en Europe que ma médecine par les plantes a de nouveau connu un essor.
C’est lors de la révolution industrielle qu’a été développée la technique d‘extraction des huiles essentielles par distillation à la vapeur d’eau. Grâce à ce procédé, des produits alimentaires et des parfums ont pu être développés.
Au début du 20e siècle, des chercheurs[16], à l’issue de leurs travaux, ont mis en exergue le fait que les huiles essentielles présentent un caractère antiseptique. Cependant, ce sont Valnet et Gattefossée qui se présentent comme les véritables fondateurs de l’aromathérapie, et par conséquent des soins par les huiles essentielles [3,25].
La découverte des vertus thérapeutiques des huiles essentielles résulte notamment du fait que le chercheur Gattefossé a plongé ses mains brûlées suite à une explosion dans un récipient contenant de l’huile essentielle de lavande. Impressionné par le résultat, celui-ci se met à étudier toutes les autres huiles essentielles ainsi que de leurs propriétés.
C’est à partir de ces instants que l‘aromathérapie moderne a vu le jour. Bien que ne pouvant pas concurrencer la médecine générale, l’efficacité des huiles essentielles est actuellement reconnue tant par les médecins que par les pharmaciens [3].
Une huile essentielle, selon la pharmacopée, correspond à un produit de composition complexe renfermant des principes volatils contenus dans les végétaux.
Selon l’AFNOR, elle désigne un produit obtenu à partir d’une matière première d’origine végétale, après séparation de la phase aqueuse par des procédés physiques [26] :
- Soit par entraînement à la vapeur d’eau.
- Soit par des procédés mécaniques à partir de l’épicarpe des plantes contenant des citrals.
- Soit par distillation sèche.
Les huiles essentielles peuvent être classées en plusieurs familles biochimiques. L’activité thérapeutique d’une huile essentielle est liée à sa structure biochimique, aux groupes fonctionnels de ses composés principaux (alcools, phénols, composés terpéniques…) et à leurs actions synergiques.
Les principales familles biochimiques sont présentées ci-dessous pour expliciter les diverses propriétés des huiles essentielles.
- Les composés aromatiques
- Les phénols
Ce sont des composés chimiques aromatiques avec une fonction hydroxyle. Les phénols sont les molécules aromatiques avec le plus grand coefficient antibactérien et le plus large spectre.
Il y a de nombreux composés phénoliques dans les huiles essentielles. Les principaux sont le thymol, le carvacrol et l’eugénol.
Graphique 22 : Composés phénoliques dans les huiles essentielles (Salvador et al, 2010)
La molécule de carvacrol se retrouve entre autre dans les huiles essentielles d’Origan compact (Origanum compactum), et de Sariette des montagnes (Satureja montana).
Le thymol est présent dans l’huile essentielle de Thym CT thymol (Thymus vulgaris CT thymol).
L’eugénol est contenu dans les huiles essentielles de Giroflier (clou) (Eugenia caryophyllus), de Cannelle de Ceylan (Cinnamomum zeylanicum).
Les phénols possèdent une action anti-infectieuse puissante à large spectre d’action avec en particulier une activité antibactérienne, antifongique, antivirale, et antiparasitaire. Ils sont également des stimulants immunitaires, et des antioxydants.
- Les aldéhydes aromatiques
Il existe des aldéhydes aromatiques et des aldéhydes terpéniques. Ils comportent le groupe caractéristique –CHO.
Graphique 23 : Aldéhyde cinnamique (Salvador et al, 2010)
L’aldéhyde cinnamique contenu dans l’huile essentielle de Cannelle de Chine (Cinnamomum cassia) ou dans l’huile essentielle de Cannelle de Ceylan (Cinnamomum verum ) est un aldéhyde aromatique.
Les aldéhydes aromatiques sont des molécules puissantes reconnues pour leur action anti-infectieuse puissante à large spectre d’action.
- Les cétones
Les cétones doivent être utilisées avec beaucoup de précaution à faible dose et pendant une courte période car son action calmante à faible dose peut se transformer en action neurotoxique à dose élevée.
Graphique 24 : les cétones des huiles essentielles (Salvador et al, 2010)
Parmi les cétones, il existe le carvone contenu dans l’huile essentielle de Carvi (Carum carvi), ou la verbénone dans l’huile essentielle de Romarin CT verbénone (Romarinus officinalis CT verbénone).
Les cétones ont des actions relaxantes, mucolytiques, antiparasitaires et antivirales principalement.
- Classification des huiles essentielles
La classification des huiles essentielles est généralement réalisée en fonction de la nature des principes actifs majeurs [27], comme le présente le tableau suivant.
Classifications | Huiles essentielles (plante) |
HE riches en carbures terpéniques et sesquiterpéniques | · HE de térébenthine
· HE de genévrier · HE de citron |
HE riches en alcools | · HE de coriandre
· HE de bois de rose · HE de rose |
HE mélangées d’esters et d’alcools | · HE de lavande
· HE de menthe |
HE riches en aldéhydes | · HE de cannelle
· HE de citronnelle · HE d’eucalyptus citriodora |
HE riches en cétones | · HE de carvi
· HE de sauge · HE de thuya · HE de camphrier |
HE riches en phénols | · HE de thym
· HE de sarriette · HE d’origan · HE de girofle |
HE riches en éthers | · HE d’anis vert
· HE de badiane chinoise · HE de fenouil · HE d’eucalyptus globulus · HE de cajeput · HE de niaouli |
HE riches en peroxydes | · HE de chénopode
· HE d’eucalyptus globulus |
HE sulfurées | · HE d’ail
· HE de crucifères · HE de liliacées |
Graphique 25 : Classification des huiles essentielles (Sens-Olive, 1979)
- Les effets biologiques des huiles essentielles
Les huiles essentielles présentent des effets biologiques qui varient en fonction de leur principal composant chimique. Elles se présentent ainsi comme des agents infectieux [28]. Le tableau ci-après permet alors de catégoriser les effets biologiques des huiles essentielles.
Effets biologiques | Détails |
Effets antiseptiques, antibiotiques, anti-infectieux | · Agit contre les microbes
· Exemples : huile essentielle de linalol |
Effets anti-inflammatoires, antihistaminiques | · Action sur les réponses inflammatoires et immunologues
· Agit contre l’inflammation et l’allergie |
Effets analgésiques, calmants, antispasmodiques, sédatifs, anxiolytiques | · Action sur l’activité neurologique
· Agit contre la douleur · Diminue l’activité de l’organe et l’anxiété |
Effets diurétiques, laxatifs | · Action sur l’activité digestive et d’élimination
· Stimule l’excrétion urinaire · Stimule le péristaltisme · Bloque l’absorption des nutriments |
Effets antihypertenseurs, vasopresseurs | · Action sur le système cardiovasculaire
· Lutte contre l’hypertension · Fait monter la pression artérielle |
Effets antipyrétiques | · Action sur le métabolisme
· Agit contre la fièvre |
Graphique 26 : Les effets biologiques des huiles essentielles (Salvador et al, 2010 ; Navarro et al, 2013)
- Actions des huiles essentielles sur l’organisme
Les huiles essentielles agissent sur l’organisme de manière différente, en fonction de leur mode d’administration [3,25] :
- Par voie orale.
- Par inhalation.
- Par voie cutanée.
- Administration des huiles essentielles par voie orale
Il est possible d’administrer les huiles essentielles par voie orale. Dans ce contexte, il est indispensable de les mélanger à d’autres excipients (de l’eau ou d’autres huiles alimentaires). Ainsi, les huiles essentielles sont lancées dans la voie de l’appareil digestif (cf. graphique 27).
Graphique 27 : Schéma de l’appareil digestif (Dufour, 2013)
Ainsi, les huiles essentielles passent par la bouche, l’œsophage, l’estomac, pour en finir dans l’intestin grêle. Ce dernier, une fois la digestion achevée, renferme le mucus intestinal qui assure la protection de l’épithélium. C’est le mucus intestinal qui comporte les nutriments et les molécules d’huiles essentielles, et grâce à un mécanisme permettant d’augmenter la surface de la muqueuse intestinale, celle-ci sera en mesure d’absorber ces nutriments et molécules et d’en assurer l’échange avec les vaisseaux sanguins.
L’épithélium qui représente la paroi muqueuse de l’intestin, est constitué de quatre types de cellules :
- Les cellules coliformes : elles assurent la sécrétion du mucus.
- Les cellules épithéliales résorbantes : elles permettent la constitution d’un plateau strié et présente une activité absorbante.
- Les cellules à granulations de paneth : elles assurent la sécrétion des enzymes.
- Les cellules à granulations basales : elles assurent la production des hormones.
Grâce à ces cellules, les nutriments et des molécules d’huiles essentielles peuvent être transportés vers les cellules et l’organisme à travers les vaisseaux sanguins.
- Administration des huiles essentielles par inhalation
L’administration des huiles essentielles par inhalation est réalisée à travers la voie respiratoire. D’autant plus que cette dernière est considérée comme la méthode la plus efficace pour permettre l’absorption des huiles essentielles par l’organisme [25]. Ce sont les arômes dégagés par les huiles essentielles qui agissent sur le système nerveux (cf. graphique 28) et qui vont permettre au sujet de déstresser. Il convient toutefois de retenir que les effets de ces arômes varient en fonction de la personne concernée.
Graphique 28 : Le système nerveux (Jaffré et al, 2008)
L’inhalation est alors une technique qui permet une action rapide des huiles essentielles au niveau du système nerveux central :
- Le mucus assure la dissolution des molécules d’huiles essentielles pour atteindre l’épithélium.
- Le toit de la cavité nasale comporte des cellules nerveuses et des neurones récepteurs olfactifs, et est recouvert par l’épithélium.
- Ce sont alors les cellules nerveuses contenues dans la cavité nasale qui assurent la transduction des informations issues des huiles essentielles vers le cerveau.
- En ce qui concerne les neurones récepteurs olfactifs, ils disposent de deux pôles : le pôle apical qui se tourne vers la cavité nasale, et le pôle basal axé vers l’épithélium.
C’est alors à partir du pôle apical qu’il sera possible de transmettre au cerveau les messages véhiculés par les huiles essentielles, suivant le mécanisme ci-après [25] :
- Le pôle apical présente une ramification dendrique unique dont l’extrémité encore plus ramifiée se présentera comme des cils olfactifs.
- Les cils olfactifs contiennent des récepteurs olfactifs chargés de repérer les molécules d’huiles essentielles, d’où la création du message nerveux électrique.
Le pôle basal intervient ensuite dans la réception du message nerveux et dans son envoi vers les glomérules du bulbe olfactif. C’est ainsi que les messages vont atteindre certaines régions du cerveau, suivant les propriétés des huiles essentielles inhalées. À partir de ces messages, il est possible d’influencer les émotions de la personne et de modifier son comportement mental.
Quant aux molécules d’huiles essentielles qui n’ont pas été pris en compte par le système nerveux, leur trajet se poursuit pour atteindre les poumons. Pour ce faire, ces molécules passent par des régions différentes (cf. graphique 28), notamment le pharynx, la trachée artère, les bronches, les bronchioles, et les alvéoles pulmonaires.
Ce sont ces molécules d’huiles essentielles qui contribuent aux échanges de gaz entre les alvéoles pulmonaires et les capillaires. Une fois le dioxygène inspiré, il atteint les capillaires puis l’anhydre carbonique est libéré. C’est alors que les molécules d’huiles essentielles atteignent le système sanguin.
Graphique 28 : Le système pulmonaire (Baudoux, 2008)
- Administration des huiles essentielles par voie cutanée
L’administration des huiles essentielles par voie cutanée et par la peau assure pour ces dernières une pénétration locale. La peau, en tant qu’enveloppe protectrice du corps, assure une fonction de barrière mais est cependant perméable à certaines substances [29], dont les huiles essentielles.
Afin de trouver une efficacité, il convient d’appliquer les huiles essentielles en quantité plus importante[17]. La pénétration sera alors progressive, et pour mieux comprendre le processus, il est nécessaire d’analyser la structure de la peau (cf. graphique 29).
Graphique 29 : Structure de la peau (Dezutter-Dambuyant, 2014)
Ainsi, la peau comprend trois principales zones : l’épiderme, le derme, et l’hypoderme. L’épiderme représente la partie extérieure de la peau (cf. graphique 30), celle qui peut être observée à l’œil nu. Elle contient des cellules de kératine qui rendent la peau imperméable. Ces cellules sont essentiellement [29] :
- Les cornéocytes : il s’agit des cellules mortes qui assurent la protection du corps des agressions extérieures.
- Les mélanocytes : grâce à ces cellules, la peau est pigmentée.
- Les kératinocytes : elles assurent la synthétisation de la kératine.
- Les cellules de Langerhans : elles sont indispensables pour la défense immunitaire de l’organisme.
Graphique 30 : Structure de l’épiderme (Dezutter-Dambuyant, 2014)
Quant au derme, il représente la zone la plus épaisse de la peau. Il comporte différents éléments, à savoir [29] :
- Les vaisseaux sanguins : qui s’assurent que la peau soit nourrie.
- Les nerfs : ils permettent à la peau une sensibilité.
- Les fibres de collagène et d’élastine : elles permettent à la peau d’être élastique.
- Les follicules pileux : qui garantissent la production et l’enveloppement des poils.
- Les glandes sébacées : elles secrètent le sébum.
- Le sébum : il a pour caractéristiques de graisser la peau.
- Les glandes sudoripares : elles ont pour rôles la sécrétion de la sueur et l’évacuation des toxines.
Enfin, l’hypoderme est la dernière couche de la peau qui protège le corps contre les agressions extérieures, mais aussi contre les pressions.
Les huiles essentielles administrées par voie cutanée doivent pareillement être mélangées à d’autres excipients. Une fois le produit mélangé appliqué sur la peau, deux options peuvent se présenter [25] (cf. graphique 31). Dans un premier temps, la substance passe par l’épiderme, et sera diffusée par voie transcellulaire (les cellules et espaces extracellulaires sont traversés de manière directe) ou par voie intercellulaires (la substance passe entre les cornéocytes).
Dans un second temps, les huiles essentielles peuvent passer par les annexes cutanées dont les follicules pileux et les glandes sudoripares.
Graphique 31 : Structure détaillée de la peau (Dezutter-Dambuyant, 2014)
- Utilisations des huiles essentielles
Compte tenu de la richesse des propriétés des huiles essentielles, celles-ci peuvent être utilisées à différentes fins [3,25].
D’abord, les huiles essentielles trouvent leur utilité dans les cosmétiques. En effet, ces substances permettent un certain confort, d’où leur incorporation dans les produits cosmétiques.
Ensuite, les huiles essentielles sont produites à des fins sanitaires. Elles peuvent être utilisées chez les animaux en guise d’insecticides. Elles permettent aussi stimuler les activités cellulaires des êtres vivants. Par ailleurs, les huiles essentielles présentent des vertus thérapeutiques tant pour l’Homme que pour les animaux.
Enfin, les huiles essentielles sont utilisées dans l’industrie alimentaire. Celles-ci font désormais partie des ingrédients de certains aliments.
La première méthode d’extraction des huiles essentielles est l’infusion dans l’huile [3]. Avec la révolution, d’autres techniques ont pu être développées. Dès lors, il existe des méthodes d’extraction qui sont propres à des plantes précises. Ainsi, les méthodes sont variables en fonction des caractéristiques et propriétés des matières végétales. De plus, la qualité d’une huile essentielle dépend de la méthode d’extraction. Plus le procédé est adapté, plus la signature chimique de la substance est maintenue.
Il existe alors différentes méthodes qui permettent d’extraire les huiles essentielles, notamment [3,25] :
- Les techniques de distillation.
- L’hydrodiffusion.
- La percolation.
- Les méthodes d’extraction.
- La macération.
- L’enfleurage.
- Les techniques de distillation
Il existe deux procédés : la distillation à l’eau, et la distillation à la vapeur d’eau.
- La distillation à l’eau
Cette méthode nécessite l’immersion de la plante dans l’eau, puis de la porter jusqu’à ébullition. Une fois la substance refroidie, l’huile se distingue de l’eau et sera retirée, il s’agit alors de l’huile essentielle. Quant à l’eau qui est nommée hydrosol, elle peut également être exploitée en fonction de la nature de la matière végétale (eau de rose ou eau de lavande par exemple).
- La distillation à la vapeur d’eau
Il s’agit de la technique la plus recourue en matière d’extraction d’huiles essentielles. Le procédé consiste à placer la plante dans l’alambic et à l’exposer à de la vapeur d’eau. Cette dernière entraine alors l’ouverture des cavités des plantes et permettent la libération des molécules des huiles volatiles.
Il est cependant important que la température soit contrôlée afin d’éviter que l’élément végétal soit brûlé ou que l’huile essentielle perde ses propriétés. La vapeur qui comporte l’huile essentielle est ensuite envoyée vers un système de refroidissement[18] afin de distinguer l’huile essentielle de l’eau.
- L’hydrodiffusion
L’hydrodiffusion correspond également à une méthode de distillation à la vapeur. Elle se caractérise par le fait que la vapeur passe par le haut pour traverser la plante. Ainsi, le mélange qui contient la vapeur et l’huile est condensé sous la grille qui conditionne la plante.
À la différence de la distillation à la vapeur d’eau simple, cette technique requiert moins de vapeur, est plus rapide, et permet un meilleure rendement en huile essentielle.
- La percolation
Lors d’une percolation, la vapeur d’eau fait l’objet d’une propulsion de haut en bas. Il s’agit d’une méthode à la fois rapide et efficace, du fait que la qualité de la substance obtenue est excellente. Toutefois, les huiles essentielles résultant d’une percolation sont souvent chargées de substances non volatiles. Cette technique permet plutôt d’obtenir une essence arômatique.
- Les méthodes d’extraction
Trois types de méthodes peuvent être observés en matière d’extraction d’huiles essentielles : l’extraction au dioxyde de carbone hypercritique, par pression, ou au solvant.
- L’extraction au dioxyde de carbone hypercritique
Il s’agit d’une technique assez récente. De plus, elle est très onéreuse. Pourtant, les huiles essentielles obtenues sont de très bonne qualité. À 33°C, le dioxyde de carbone est considéré comme à un état critique lors duquel il se situe entre l’état gazeux et l’état liquide. Il dispose alors à la fois des propriétés que présentent les états gazeux et liquides, et devient le solvant qui va permettre l’extraction des huiles essentielles. De plus, ce solvant a la particularité de ne présenter aucune interaction chimique avec la substance obtenue.
Afin de séparer l’huile essentielle du dioxyde de carbone, il convient de mettre en œuvre une dépressurisation.
Ainsi, l’extraction au dioxyde de carbone hypercritique permet la production d’huiles essentielles de bonne qualité et est adaptée pour les matières végétales qui présentent une certaine fragilité, requérant un procédé de basse température. Cependant, la technique exige un important investissement en ce qui concerne les équipements.
- L’extraction par pression ou expression purement mécanique
Cette technique correspond à une méthode d’extraction de « pression à froid ». Par conséquent, aucune chaleur n’est requise. Il s’agit alors de soumettre la plante à une importante pression mécanique.
L’extraction par pression est essentiellement adaptée aux matières végétales telles que le citron, la mandarine, l’orange, ou encore la bergamote.
- L’extraction par solvant
Les huiles essentielles peuvent être extraites à partir d’un solvant. Dans ce contexte, différents types de solvants sont alors identifiés :
- L’éther de pétrole.
- L’éthanol.
- Le méthanol.
- L’hexane.
Cette technique est surtout adaptée pour fabriquer des huiles essentielles à partir de plantes sensibles à la chaleur (jasmin ou jacinthe). Les huiles essentielles qui sont extraites à partir d’un solvant présentent une concentration très élevée. Mais la méthode n’est pas forcément approuvée par le pouvoir public compte tenu du risque de trouver des traces de solvant dans la substance obtenue.
- La macération
La macération est utilisée afin d’extraire les huiles essentielles à partir d’ingrédients spécifiques (vanille par exemple). L’ingrédient choisi est alors trempé dans des cuves d’huile jusqu’à la dissolution des éléments parfumés. Afin d’accélérer le processus, il est possible de chauffer l’huile.
La macération est un procéder qui peut durer plusieurs années. Généralement, c’est l’huile de tournesol qui fait l’objet d’une macération.
- L’enfleurage
Les pétales de certaines fleurs ne peuvent pas être exposées à la chaleur. Elles sont alors trempées dans de la graisse. Cette technique nécessite plusieurs jours jusqu’à ce que l’huile essentielle soit absorbée par la graisse.
C’est alors une pommade qui est obtenue, et pour en extraire l’huile, il convient d’utiliser un dissolvant alcoolique. Les huiles essentielles se dissolvent dans l’alcool même en l’absence de la graisse. Ensuite, toute la graisse est éliminée et l’alcool évaporée. Il ne reste alors que l’huile essentielle qui présente une importante qualité olfactive.
Afin d’éviter tout effets secondaires pouvant être dommageables, certaines précautions doivent être prises lors de l’utilisation des huiles essentielles [30]. L’administration des huiles essentielles ne pouvant être administrée que par voie orale ou cutanée, ou par inhalation, il est strictement interdit de les injecter par voie intramusculaire ou intraveineuse.
Un test d’allergie préalable doit être effectué avant d’utiliser une huile essentielle, si la personne concernée présente un terrain allergique.
Compte tenu des caractéristiques dermocaustiques[19] de certaines huiles essentielles, celles-ci doivent être diluées dans d’autres substances avant leur emploi (huile végétale notamment).
Dans tous les cas, il est indispensable de se conformer à la dose prescrite par l’aromathérapeute.
Dans le cadre d’une administration d’une huile essentielle par voie cutanée, se laver les mains est indispensable après utilisation du produit.
Certaines parties du corps ne doivent pas être en contact direct avec l’huile essentielle pure (à l’exception des huiles essentielles de géranium bourbon et de giroflier) : les yeux, le conduit auditif, le nez, ou les muqueuses ano-génitales.
L’ingestion accidentelle d’une huile essentielle ne doit pas être prise à la légère. Le cas échéant, il est important de s’adresser à un centre antipoison.
Après une administration par voie cutanée du produit, la partie concernée ne doit pas faire l’objet d’une exposition au soleil. Cette impérative se justifie par le fait que certaines de ces substances sont photosensibles et peuvent par conséquent entrainer des tâches brunes sur la peau. C’est par exemple le cas des huiles essentielles de citron.
Les huiles essentielles peuvent présenter une interaction avec certains médicaments. De ce fait, il est indispensable d’en informer l’aromathérapeute en cas de suivi d’un traitement médical.
Enfin, les huiles essentielles doivent être laissées hors de la portée des enfants afin d’éviter tout risque d’ingestion ou d’utilisation accidentelle.
Les huiles essentielles sont connues pour leurs nombreuses vertus thérapeutiques. Elles permettent également de traiter les nausées et vomissements. En effet, l’aromathérapie permet de calmer les nausées et d’empêcher les vomissements, car son action se porte sur l’ensemble du système digestif [3,25,30] :
- L’estomac contracté.
- Le foie et les vésicules encombrés.
- Le tractus digestif ralenti.
Les huiles essentielles permettent alors de soigner les nausées et vomissements qui sont relatifs à différentes étiologies [3,30] :
- Le mal des transports.
- Le stress et la migraine.
- La prise de repas trop lourd.
- Le début d’une grossesse.
- La gastro-entérite.
- L’état postopératoire.
Cinq types d’huiles essentielles sont généralement utilisés contre les nausées et vomissements, notamment [25,30] :
- L’huile essentielle de menthe.
- L’huile essentielle d’estragon.
- L’huile essentielle de basilic.
- L’huile essentielle de gingembre.
- L’huile essentielle de citron.
- L’huile essentielle de menthe poivrée
L’huile essentielle de menthe poivrée se présente comme un véritable antispasmodique. Par conséquent, elle agit directement sur l’estomac en le stabilisant, ainsi que sur le diaphragme en l’apaisant. Grâce à cette huile, la fonction hépatique et la vidange vésiculaire sont stimulées.
L’administration de l’huile essentielle de menthe poivrée se fait par inhalation, mais ne peut toutefois pas être appliquée sur une femme enceinte ou allaitante, ni sur un enfant âgé de moins de 7 ans.
- L’huile essentielle d’estragon
L’huile essentielle d’estragon possède également des propriétés antispasmodiques. C’est la raison pour laquelle elle convient dans le dénouement de différentes tensions [3,25,30] :
- Les contractures musculaires.
- L’anxiété.
- Le stress.
L’huile essentielle d’estragon favorise aussi la stimulation du foie et de la fonction digestive. C’est pourquoi elle permet de lutter contre les nausées et vomissements. Son administration est par voie cutanée, en massage sur le thorax.
- L’huile essentielle de basilic
Qu’il s’agisse de l’huile essentielle de basilic d’Inde ou grand vert, cette substance est efficace pour faire face au mal des transports. En effet, les propriétés du basilic lui permettent d’apaiser les contractions involontaires que subit le diaphragme.
De plus, il facilite l’activation de la digestion et est reconnu pour son rôle d’apaisement au niveau des nerfs tendus. Lorsqu’un patient présente des intolérances à l’huile essentielle de menthe poivrée, celle du basilic lui est prescrite.
Le produit est administré par voie cutanée, mais requiert un test d’allergie au préalable.
- L’huile essentielle de gingembre
L’huile essentielle de gingembre est surtout adaptée au patient qui souffre de nausées et vomissements postopératoires. La substance est administrée par inhalation, et le traitement doit débuter avant même que l’intervention débute.
- L’huile essentielle de citron
L’huile essentielle de citron représente un véritable anti-vomitif doux. De ce fait, elle convient généralement à tous les types de personnes. Elle agit essentiellement en améliorant les fonctions digestives. Pour ce faire, elle augmente les sécrétions stomacales tout en aidant le travail d’assimilation et/ou de détoxication du foie [25].
L’huile essentielle de citron est administrée par voie cutanée en massage sur la zone de l’estomac, du foie, et de l’épigastre.
Le tableau suivant permet alors de synthétiser les différentes huiles essentielles qui sont utilisées contre le vomissement.
HE | Nom scientifique | Molécules majoritaires |
Menthe poivrée
|
Mentha piperita | Menthol
Tanins Flavonoïdes Principe amer Monoterpènes Triterpènes Menthone Acétate de menthyle Menthofurane Isomenthone Néomenthol Pipéritone |
Estragon
|
Artemisia dracunculus | Tanins
Coumarines Flavonoïdes Menthol Estragol |
Basilic
|
Ocimium basilicum | Acide rosmarinique
Acides phénoliques Flavonoïdes |
Gingembre
|
Zingiber officinale | Shogaols
Paradols Gingerols Bisalopène Zingiberène Zingiberol Sesquiphellandrène Curcumène 6-déhytrogingerdione Galanolactone Acide gingesulfonique Zingerone Géraniol Néral Monoacyldigalactones gingerglycolipides |
Citron | Citrus limon | Hespéridine
Ériocitrine Coumarines Furocoumarines Limonène y-pinène citral |
Graphique 32 : Synthèse des huiles essentielles contre les nausées et vomissements (Davis, 2006)
Les principaux éléments végétaux qui ont fait l’objet d’une étude et qui ont démontré leur efficacité en matière de traitement des nausées et vomissements sont le gingembre, la menthe poivrée et le citron. Ils seront alors exposés dans le présent chapitre.
L’huile essentielle de gingembre présente des vertus thérapeutiques en matière de traitement et de soin des nausées et vomissements. Le tableau suivant permet de prendre connaissances des études réalisées sur le gingembre.
Référence publication | Type d’étude | Protocole (résumé) | Résultats |
Haniadka et al, 2013 | Étude clinique | Traitement au gingembre, au médicament et au placebo de patients en postopératoires | Réduction de la fréquence des nausées et vomissements chez les patients traités au gingembre : 21% de cas de nausées et vomissements contre 27% au médicament et 41% au placebo |
Lindblad et Koppula, 2016 | Étude clinique | Traitement au gingembre de 246 femmes enceintes | Durant le 1er trimestre, 1 femme sur 3 a pu éliminer les vomissements |
Graphique 33 : Synthèse des études cliniques réalisées sur le gingembre (Haniadka et al, 2013 ; Lindblad et Koppula, 2016)
La première étude se porte sur des sujets qui souffrent de nausées et vomissements postopératoires [31]. Ces derniers ont été répartis en trois groupes :
- Ceux qui suivent un traitement à l’huile essentielle de gingembre.
- Ceux qui suivent un traitement médical.
- Ceux qui suivent un traitement placebo.
À l’issue de cette étude clinique, il a été constaté que les patients ayant suivi un traitement à l’huile essentielle de gingembre ont présenté des nausées et vomissements moins fréquents que ceux ayant été traités par médicament et par placebo. Il a ainsi été conclu que l’huile essentielle de gingembre permet d’apaiser les maux d’estomac et de soulager les problèmes digestifs, mais également de réduire le stress postopératoire.
La seconde étude clinique s’intéresse aux femmes enceintes qui présentent des symptômes de nausées et vomissements en début de leur grossesse [32]. À l’issue de cette étude, il a été relevé que les patientes qui ont suivi le traitement à l’huile essentielle de gingembre ont ressenti un certain soulagement en matière de nausées et vomissements. Au 6e jour de l’étude clinique, 1/3 des femmes n’ont plus ressenti des nausées et vomissements.
Il convient toutefois de préciser que cette étude portée sur les femmes enceintes a permis de mettre en évidence le fait que l’huile essentielle de gingembre est à proscrire dans les cas suivants :
- Lorsque la femme est sur le point d’accoucher (soit 2 à 3 jours avant).
- Lorsque le sujet présente des antécédents de fausses couches
- En cas de saignement vaginal.
- En cas de trouble de la coagulation.
Ces proscriptions s’expliquent par le fait que le gingembre présente un risque d’hémorragie particulièrement chez ces sujets susmentionnés.
La menthe poivrée est une plante qui est obtenue suite au croisement entre deux éléments végétaux : la menthe aquatique et la menthe verte. L’huile essentielle est obtenue à partir des fleurs de cette plante. Celle-ci est reconnue pour ses propriétés à la fois antiseptiques, digestives et calmantes [25]. Elle permet alors de soulager les nausées et vomissements.
Le tableau suivant permet alors de rassembler les études récentes qui ont été réalisées sur la menthe poivrée en matière de traitement des nausées et vomissements.
Référence publication | Type d’étude | Protocole (résumé) | Résultats |
May et al, 2000 | Étude clinique | Étude visant à tester l’efficacité de l’huile essentielle de menthe poivrée sur 484 patients souffrant de troubles digestifs (nausées et vomissements) | 95% des patients traités à l’huile essentielle de menthe poivrée ont remarqué que les manifestations de nausées et vomissements ont disparu à la fin du traitement |
Alam et al, 2013 | Étude contrôlée | Étude contrôlée avec placebo portée sur 74 patients | Diminution de la douleur abdominale, des nausées et vomissements et amélioration de la qualité de vie des patients traités par huile essentielle de menthe poivrée |
Graphique 34 : Synthèse des études réalisées sur l’efficacité de l’huile essentielle de menthe poivrée (May et al, 2000 ; Alam et al, 2013)
La première étude réalisée correspond à une étude clinique concernant 484 individus présentant des troubles digestifs [33]. Ces troubles entrainent des nausées et vomissements. Le suivi du traitement à l’huile essentielle de menthe poivrée a permis à 95% de ces patients d’éliminer complètement les nausées et vomissements, tandis que les 5% restants ont constaté une amélioration considérable de leur état de santé.
De plus, 3 autorités de santé ont appuyé le fait que l’huile essentielle de menthe poivrée présente des propriétés apaisantes et calmantes en matière de douleurs abdominales et de problèmes digestifs. Et ces derniers sont à l’issue des nausées et vomissements. Ces autorités sont notamment :
- L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) : qui affirme que l’huile essentielle de menthe poivrée permet de traiter les infections digestives, le syndrome du côlon irritable, les maux de tête et les douleurs musculaires [34].
- L’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) : elle compte la menthe poivrée comme l’une des plantes médicinales traditionnellement utilisées (liste A) [35].
- L’Agence européenne du médicament (EMA) : pour celle-ci, l’huile essentielle de menthe poivrée permet de soulager les symptômes suivants : les douleurs abdominales, les flatulences, et les maux de tête [36].
La seconde étude concerne 74 patients sujets à des douleurs abdominales ayant pour symptômes communs les nausées et vomissements [37]. Ces patients ont été soignés avec l’huile essentielle de menthe poivrée durant 6 semaines à raison de 3 fois par jour.
À la fin du traitement, ces patients ont constaté une nette amélioration de leur état de santé, ainsi qu’une réduction de la fréquence des nausées et vomissements. Au bout des 6 semaines de traitement, 80% de ces patients ont vu disparaitre complètement ces manifestations.
Par ailleurs, des effets indésirables ont également été relevés chez certains de ces patients, notamment :
- Des brûlures d’estomac pour les sujets ayant pris en parallèle des comprimés destinés à soigner leurs maux d’estomac.
- Une irritation de la muqueuse de la bouche pour les sujets souffrant d’ulcère gastro-œsophagien.
- Une exacerbation de l’ulcère pour les patients souffrant d’ulcères.
- Une allergie cutanée pour une minorité de patients.
Le traitement par l’huile essentielle de menthe poivrée est interdit pour une catégorie de sujets bien déterminés [37]. D’abord, chez les enfants :
- L’administration par voie orale est interdite chez les nourrissons de moins de 30 mois.
- L’administration par inhalation est interdite chez les enfants de moins de 4 ans.
Ensuite, l’administration par voie orale de l’huile essentielle de menthe poivrée et proscrite dès lors que le sujet présente les symptômes suivants :
- Obstruction des voies biliaires.
- Inflammation de la vésicule biliaire.
- Maladie grave du foie.
Enfin, une vigilance particulière doit être entreprise à l’égard des femmes enceintes qui suivent un traitement par l’huile essentielle de menthe poivrée contre les nausées et les vomissements durant le premier trimestre de grossesse.
Bien que l’huile essentielle de citron soit reconnue comme une substance efficace pour lutter contre les nausées et vomissements, il n’existe que très peu d’études récentes sur cette dernière.
En 2015, une étude clinique a été réalisée auprès de 5 449 femmes qui se trouvaient en début de leur grossesse [38]. Différents traitements ont été proposés à ces individus :
- L’acupuncture.
- L’acustimulation.
- Les médicaments.
- L’huile essentielle de citron.
À l’issue de ces différents traitements, il a été constaté que les patientes qui ont suivi le traitement à l’huile essentielle de citron ont pu réduire les nausées et vomissements au cours du premier trimestre de grossesse, par rapport à celles qui ont suivi un traitement médicamenteux.
Le graphique suivant permet de synthétiser cette étude clinique.
Référence publication | Type d’étude | Protocole (résumé) | Résultats |
Matthews et al, 2015 | Étude clinique | Étude portée sur des femmes enceintes présentant des nausées et vomissements : suivi d’un traitement à l’huile essentielle de citron | Réduction des nausées et vomissements lors du premier trimestre de grossesse |
Graphique 35 : Synthèse de l’étude de l’efficacité de l’huile essentielle de citron contre les nausées et vomissements (Matthews et al, 2015)
Par ailleurs, l’huile essentielle de citron administrée à ces patientes comporte les éléments suivants :
- 56% à 78% de limonène.
- 7% à 17% de beta pinène.
- 6% à 12% de gamma terpinène.
L’efficacité de l’huile essentielle de citron réside également dans le fait que celle-ci présente des propriétés importantes, comme le tableau suivant l’évoque. Combinées, ces propriétés permettent une meilleure qualité de vie au patient et une réduction considérable des nausées et vomissements.
Propriétés | Description |
Antibactérienne | · Exercice d’une action anti-infectieuse et antibactérienne par son activité sur les germes Gram – et Gram+. |
Hypolipidémiante | · Contient des composants favorisant la lipolyse (dégradation des lipides) |
Antinauséeuse | · Contre les nausées ou le mal de transport grâce au limonène qui agit sur la motilité gastrique |
Vitamine-P-like et fluidifiante sanguine | · Provoque ainsi une action positive sur la prévention des accidents d’origine hypertensive et diabétique ainsi qu’une action favorable sur la fluidité sanguine qui calme notre système nerveux, créant ainsi un effet “coupe-faim” sur notre cerveau
· Présente des caractéristiques stomachiques favorisant la digestion |
Cholérétique et cholagogue | · Favorise la cholérèse ou la production de bile par le foie ainsi que son évacuation vers l’intestin |
Graphique 35 : Propriétés de l’huile essentielle de citron permettant de lutter contre les nausées et vomissements (Alam et al, 2015)
Le tableau qui suit permet alors de récapituler les études concernant les huiles essentielles destinées à lutter contre les nausées et vomissements.
HE et molécules majoritaires | Nombre d’étude clinique | Nombre d’étude préclinique | Autres études |
Gingembre | 2 | 0 | 0 |
Menthe poivrée | 1 | 0 | 1 |
Citron | 1 | 0 | 0 |
Graphique 37 : Tableau récapitulatif des études réalisées sur les huiles essentielles contre les nausées et vomissements
Ainsi, deux études cliniques ont permis de démontrer l’efficacité de l’huile essentielle de gingembre pour soigner les nausées et vomissements.
Une étude clinique et une autre étude contrôlée ont mis en évidence l’efficacité de l’huile essentielle de menthe poivrée contre les nausées et vomissements.
Enfin, l’étude clinique réalisée sur des femmes enceintes a mis en exergue le fait que l’huile essentielle de citron permet de lutter contre les nausées et vomissements.
En guise de conclusion, les huiles essentielles occupent de plus en plus de place dans le traitement de différents maux. C’est dans ce contexte qu’elles ont permis de soigner les nausées et vomissements.
Il convient de souligner que la nature de la plante dont l’huile est à l’origine est importante pour définir ses vertus thérapeutiques. Dans la présente étude, l’intérêt s’est principalement porté sur trois types d’huiles essentielles :
- L’huile essentielle de gingembre.
- L’huile essentielle de menthe poivrée.
- L’huile essentielle de citron.
Chacune d’entre elles occupe une place importante et particulière dans le traitement des nausées et vomissements. Il est surtout important de respecter les consignes d’administration de la substance (par voie orale, par voie cutanée ou par inhalation), ainsi que la dose et la durée prescrites par l’aromathérapeute.
De plus, ces huiles essentielles permettent de traiter les nausées et vomissements résultant de différents facteurs : grossesse, mal de transports, en postopératoire, troubles digestifs… Le plus important est d’opter pour l’huile essentielle qui est la plus adaptée à la typologie et à l’état de santé de la personne à traiter.
En effet, certaines personnes peuvent être plus sensibles à une huile essentielle par rapport à une autre. Il existe également des situations où le traitement des nausées et vomissements à partir d’une huile essentielle requiert une vigilance et un suivi particuliers.
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[1] Pensées, perceptions, mouvements, mémoire, parole, sensations.
[2] En vue de procurer plus d’énergie.
[3] Saccule, utricule, canaux semi-circulaires.
[4] Indigestion suite à la consommation d’une quantité importante d’aliments.
[5] Notamment des récepteurs 5-HT3.
[6] Notamment des récepteurs D2 et 5-HT3.
[7] Taux de sucre élevé dans le sang.
[8] Cas d’une personne diabétique.
[9] Mal des transports.
[10] Dans les quelques heures qui suivent.
[11] 1 à 2 jours après.
[12] 1 à 3 jours.
[13] Appelés également calicivirus.
[14] À partir de 3h à 4h du matin.
[15] Même ci celles-ci sont exceptionnelles.
[16] Cadéac, Chamberland et Martindale.
[17] Ne pas se limiter à quelques gouttes.
[18] Le serpentin.
[19] Agressives pour la peau.
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