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Vers un Avenir Meilleur : L’Adoption du Minimalisme pour Préserver Notre Planète

A.    Introduction

Le minimalisme est un est un principe né vers les années 60. A ses débuts, il concernait notamment le domaine de l’art. Cependant, peu de temps après son apparition, ce courant de pensée s’est développé vers d’autres domaines. Le minimalisme consiste à créer des choses et à vivre selon un modèle très simple, en veillant à enlever toutes formes de complexité, en restant dans l’essentiel et en gardant les fonctionnalités utiles. Bien que ce principe fut apprécié, nombreux ceux qui ont opté pour son rejet.

Le monde de nos jours et la réalité dans laquelle nous vivons est assez loin d’adopter ce principe. En effet, les progrès réalisés par l’humanité consistent essentiellement à produire des choses et matériels sophistiqués et dont la fabrication requiert beaucoup de matières premières et d’énergie. Cette situation est notable dans presque tous les domaines. Cependant, il est évident que l’humanité procède à une destruction de son cadre de vie en faisant une exploitation abusive des ressources mises à sa disposition. De nombreuses statistiques montrent des valeurs de plus en plus élevées, amenant à conclure que les ressources présentes sur la planète ne sont plus suffisantes pour combler tous les besoins des populations.

Nous essaierons de montrer par la suite qu’il est possible d’aller vers un meilleur futur tout en adoptant le principe du minimalisme.

Après avoir présenté un état des lieux de la planète, nous apporterons des définitions sur les concepts mis en jeu. Nous allons également parler des éventuelles contradictions qui pourraient exister entre les notions de minimalisme et de progrès. Nous ferons un bilan sur la situation actuelle et sur les impacts des activités de l’homme sur son environnement avant de conclure. Nous donnerons une partie « Discussion » dans laquelle nous émettrons quelques suggestions sur l’importance de l’adoption du minimalisme.

 

B.     Etat des lieux de la planète

Depuis le 20ème siècle, on assiste à un accroissement continuel de la population. Au mois d’Octobre 2011, l’estimation sur la population mondiale est de 7 milliards[1], alors qu’en 2000, la population mondiale était estimée à 6,1 milliards, en 1900 environ 1,6 milliards[2]. D’après ces statistiques, on peut dire que l’augmentation de la population mondiale est très rapide, malgré une baisse du taux de fécondité. En 2007, l’estimation sur la croissance de la population humaine était de 2 personnes par seconde, soit 2 mots et 4 nouveau-nés par seconde, donc 144 000 décès et 365 000  naissances estimées par jour, ce qui correspond à une hausse de 75 millions de personnes sur un intervalle de seulement une année. Cette augmentation du nombre de la population s’ajoute au mode de vie actuel qui se base essentiellement sur la consommation excessive, du moins dans les pays du Nord, et sur la surexploitation des ressources disponibles sur la planète. Par conséquent, les ressources deviennent insuffisantes compte tenu de cette exploitation abusive. Pour répondre au besoin toujours croissant de la population, les ressources disponibles sur la terre ne sont plus théoriquement suffisantes. Au rythme actuel de consommation, le tiers de la population mondiale ne disposerait pas des ressources dont elle peut avoir besoin. Donc, pour répondre au besoin annuel et individuel de la population, il faudrait une terre et demie. Actuellement, on assiste à de nombreux problèmes relatifs à l’état des lieux de la planète.

Nous allons citer quelques exemples afin de mieux comprendre la situation existante.

  • l’augmentation de la quantité de gaz carbonique émis dans l’atmosphère : elle se fait avec une vitesse sans précédent car au début du troisième millénaire, la quantité de ce gaz émis est d’environ de 18 milliards de tonnes.
  • le réchauffement global de la planète suite à une augmentation des émissions de gaz carbonique dans l’atmosphère et suite à l’incapacité des océans et des forêts à absorber les quantités émises
  • augmentation des rayonnements ultraviolets et création de trou dans la couche d’ozone
  • les conditions climatiques extrêmes : tempêtes, inondations, désertification, sécheresse
  • élévation du niveau des océans et accélération de l’érosion des côtes
  • modification des courants marins
  • pollution aquatique excessive : océans, mers, rivières etc.
  • apparition des pluies acides
  • pénuries d’eau douce suite au réchauffement, à la pollution et à l’exploitation abusive des nappes phréatiques par la pratique de l’agriculture industrielle
  • disparition de certaines espèces animales notamment dans les zones les plus polluées et suite à la pratique de méthodes de pêche industrielle[3]

 

C.    Définition et origine des notions mises en jeu

1.      Le minimalisme

Première définition

La notion de minimalisme est apparue aux Etats-Unis vers le milieu des années 60. A son origine, ce terme a été interprété comme une réaction au débordement subjectif de l’expressionnisme abstrait et faisait principalement référence à la figuration du Pop art. Il est important de noter qu’une des principales caractéristiques du minimalisme est le souci d’économiser les moyens dont on dispose. Le concept de cette notion est hérité de celui de Mies Van der Rohe, un architecte dont le principe est le suivant « Less is more », ce qui est littéralement traduit par : « Moins il y en a, mieux c’est ». Cela signifie que moins on utilise les ressources dont on dispose, mieux on a la possibilité de réaliser des économies. Par ailleurs, la notion de minimalisme se base aussi sur des œuvres de Malevitch et considère Ad Reinhardt, un peintre, comme l’un des pionniers de ce concept. Peu de temps après son apparition aux Etats-Unis, la notion de minimalisme a commencé à concerner de nombreux domaines. Ainsi, dans le domaine artistique, elle regroupe des artistes tels que Carl Andre, Donald Judd, Sol Le Witt et Robert Morris. Cependant, ces artistes, non convaincus par le fondement de cette notion, s’en détachent très vite. Ces artistes ont eu comme qualité commune la sobriété extrême de leurs œuvres. Mais malgré cela, cette caractéristique ne constitue pas en elle-même un but à atteindre. En effet, la considération trop forte accordée à cette notion donne une représentation des œuvres sous l’angle de la pauvreté. Par conséquent, les artistes suscités jugent qu’il s’agit d’un avis réducteur, ce qui leur conduit essentiellement à rejeter et à ne pas adopter l’appellation d’Art minimal ou de Minimalisme.

Ces artistes mentionnent que leur travail et leur réflexion consistent surtout à percevoir les objets tout en veillant à établir les relations que ceux-ci entretiennent avec l’espace. Ils soulignent que les œuvres qu’ils ont élaborées sont des révélateurs de l’espace environnant laquelle est considérée comme un élément déterminant dans l’ensemble. Par conséquent, si Carl Andre et Donald Judd associent l’espace à des pièces qui la matérialisent, Dan Flavin donne à cet espace une couleur de lumière, d’où sa consistance. Judd[4] mentionne que « Les trois dimensions sont l’espace réel car ils ne font qu’un avec l’espace ». La globalité des perceptions est principalement insistée dans les œuvres de Judd. Par cette vision, les œuvres rejoignent les thèses de la psychologie et de la philosophie modernes.

Le concept de minimalisme a particulièrement marqué l’évolution de l’art contemporain. Ce concept a suscité diverses réactions auprès du public américain. Dès la naissance de cette notion, le mouvement Arte Povera, fondé sur une idée de la pauvreté de l’art et sur la conscience politique de l’artiste, s’oppose à la sophistication neutre et froide de la notion de minimalisme.

Il est important de noter que la notion de minimalisme se trouve à la base d’une part importante relative à l’art conceptuel et à la sculpture contemporaine. Ces types d’œuvres soulignent le souci d’économie de moyens pour la réalisation des objectifs et des projets. L’influence de cette notion est perçue jusqu’à travers le design actuel, à l’instar des créations des frères Bouroullec.

 

Deuxième définition

Le minimalisme est une tendance apparue aux Etats-Unis vers le milieu des années 60 et a pour principe de neutraliser les couleurs et les formes. En d’autres termes, il s’agit d’un concept qui supprime tout ce qui est jugé superflu, par exemple les émotions et les sentiments. Le minimalisme consiste principalement à réduire les caractéristiques d’un objet à « l’essentiel ». Les artistes, principalement les sculpteurs, sont une première catégorie de personnes touchée par le minimalisme. Cependant, il est important de bien définir par ce qu’on entend par le terme « sculpteur ». Ce terme fait référence aux artistes qui œuvrent surtout pour la conception, plutôt que pour la réalisation. L’attrait pour l’art minimal doit essentiellement son origine à la motivation de ces artistes à créer des choses et œuvres impersonnelles. Par conséquent, on pourra également dire que le minimalisme se définit comme la perfection qu’un objet peut atteindre quand on n’a plus la possibilité d’y apporter des modifications dans le but d’en améliorer les caractéristiques, voire les propriétés. Le minimalisme désigne donc la qualité d’un objet dont chaque composante a été réduite à l’essentiel. Cette qualité résulte de l’omission des détails trouvés inutiles. A cette définition, il nous est possible d’avancer que le visuel domine. Cela est bien illustré par les principes de nombreuses cultures pour ne citer que le Zen japonais[5]. Pour cette culture en particulier, on peut affirmer que vivre selon un mode minimal procure un sentiment de libération et de sérénité. En effet, pour cette culture, mener une vie selon le principe du minimalisme permet d’entrer en contact avec l’essence de l’existence tout en ne perdant pas de vue l’essentiel et tout en veillant à être à l’abri de ce qui est insignifiant. En effet, la simplicité ne se limite pas uniquement à l’esthétique pure car elle reflète les caractéristiques innées et intérieures d’un objet/d’un individu.

La simplicité, projection du minimalisme, constitue aussi une quête d’une compréhension littéraire ou philosophique de l’harmonie, de la vérité et de la raison. En des termes plus simples, le mot « minimalisme » correspond à une dimension morale qui comprend la notion de détachement et de désintéressement des biens matériels. Presque toutes les confessions religieuses défendent principalement le culte de la simplicité. Pour les Quakers en particulier, ce principe est une sorte de vertu qui peut conférer un sentiment de tranquillité et de paix intérieur lequel est à l’origine de la purification de l’esprit. Malgré cette similarité avec le minimalisme, la simplicité ne peut pas être définie facilement. En effet, le terme fait référence à une qualité qui ne peut être saisie et se diffuse dans de nombreux domaines, tant en histoire qu’en géographie. Cette notion a entraîné plusieurs cultures au cours des siècles, d’où la difficulté à y associer des définitions précises et figées.

La simplicité est essentiellement associée à des compositions basées sur la répétition, comme ce qu’on peut observer sur les temples antiques dont les façades sont rythmiques, au même titre que les structures industrielles élaborées au 19ème siècle. En effet, la répétition rythmique fait souvent référence à l’existence d’un ordre. La puissance visuelle de Stonehenge témoigne également de cette répétition et ordonnancement de formes simples, monolithiques et massives. Cependant, il a été démontré que les structures plus grandes ont une meilleure qualité de simplicité que les structures de petite taille. Par ailleurs, quand on dispose de formes géométriques pures, cela confère une apparence plus simple. Les formes mathématiques et géométriques idéales, à l’instar des pyramides, des sphères et des cônes, procurent un sentiment de tranquillité, de sérénité et de paix, ce que ne donneraient pas les formes moins pures et plus complexes. On associe leur simplicité aux minarets irakiens [6]grâce à leur perfection géométrique en spirale. De même, le dôme de Brunelleschi à Florence est réputée avoir une simplicité formelle grâce à ses motifs structurels. Ce dôme est d’une beauté extraordinaire grâce aux formes géométriques parfaites qui le composent. En outre, pour parler encore de simplicité, il nous est possible de citer des matériaux de construction, à l’instar des épais murs de brique. Leur beauté est naturellement due à leur simplicité. Par ailleurs, les briques sont organisées de manière à ce qu’il n’y ait aucune atteinte à l’intégrité et aux propriétés esthétiques du matériau.

Une attention particulière s’impose quant aux interprétations du désir à trouver l’ordre. En effet, certaines interprétations peuvent être fausses et dérangeantes. Nietzsche[7] mentionne qu’« il n’y a qu’un seul monde, et il est faux, cruel, contradictoire, séduisant et dépourvu de sens. Un monde ainsi constitué est le monde réel. Nous avons besoin de mensonges pour conquérir cette réalité[8]». Ce même auteur écrit que « Nous avons la ressource de l’art de peur que la vérité ne nous fasse périr ». D’après cet auteur, l’art nous permet d’exprimer plus librement notre volonté et nous confère un énorme pouvoir sur les imperfections qui peuvent exister dans le monde. Peter Behrens[9], architecte et designer, grand admirateur de Nietzsche, a été nourri par cette vision alors qu’il fut encore en quête d’un langage de sobriété digne pour l’ambassade du Kaiser à Saint-Pétersbourg ainsi que pour l’usine AEG. L’œuvre de Behrens est particulièrement puissante si on tient compte de sa présentation de la compréhension de la société industrielle moderne. En se référant à la réalité, cet auteur s’est trouvé capable de construire une véritable signification de l’ordre civilisé en ôtant tous les excès afin de ne garder que les caractéristiques simples.

Ces deux auteurs ont associé la simplicité à l’économie moderne et aux caractéristiques esthétiques de la période où la technique est à son apogée mais que les formes et les détails sont extrêmement réduits. Cependant, la simplicité ne s’avère pas être une notion utilitaire ni même un programme irréfléchi. En effet, il s’agit d’une notion très difficile à atteindre, de la même manière que l’art abstrait requiert une parfaite maîtrise des techniques de la représentation au moyen des dessins. Il faut noter que la simplicité est fondée en premier lieu sur l’attention, le savoir, la pensée et surtout la patience. Les créateurs du modernisme ont inclus la simplicité à leur programme. Cela était particulièrement notable dans la polémique d’Adolf Loos, écrit dans un style de rédaction assez provocant dans un journal quotidien de 1908, laquelle mentionne que le mot « ornement » est égal au mot « crime ». Ce texte a particulièrement intéressé la société bourgeoise de Vienne, notamment pour son attrait à Beethoven quand elle se rendait à l’opéra ainsi que ses excès fin de siècle quand elle rendre de l’opéra. Il s’agissait surtout d’un éloquent plaidoyer en faveur de la simplicité quant au raffinement de cette dernière.

Si la modernité inclut la simplicité, elle ne se résumerait pas au « modernisme » en architecture. On fait particulièrement référence à une tradition plus riche et plus ancienne. D’après Fra Angelico, « La véritable richesse consiste à se satisfaire de peu ». Wittengenstien[10] mentionne, quatre siècles plus tard, que « La différence entre un bon et un mauvais architecte réside en ce que le mauvais succombe à toutes les tentations quand le bon leur tient tête».

De son côté, Dieter Rams[11], un designer responsable de la conception d’appareils ménagers caractérisés par une discrétion totale et dont l’apparence est sobre, dit que « La qualité esthétique, dit-il, signifie parler de nuance, quelquefois de fractions d’à peine un millimètre, de graduations très subtiles, ou de l’harmonie et de l’équilibre de plusieurs éléments visuels fonctionnant ensemble ». Bien que son point de vue ne soit pas comparable à l’avis des maîtres de thé japonais, notamment quant à leur spiritualité, il fait bien référence à une approche du design. En effet, pour ce designer, le Bon Design est celui qui a le moins de design possible. On se demande alors si l’un des principes fondamentaux du design consiste à occulter ce qui n’est pas important. Il faut noter que les designers de nos jours ont pour principale tâche de dissimuler ce qui n’est pas nécessairement important. Cette tâche doit être effectuée pour la société et dans le but d’évacuer le chaos auquel nous faisons face. Il parait donc évident de ne pas douter de la pertinence de ce qu’a dit Rams. En comparant avec la réalité que nous vivons aujourd’hui, on peut dire que le minimalisme est presque inexistant. En effet, au 19ème siècle, une famille aisée n’aurait disposé que seulement une centaine de biens. Cependant, aujourd’hui, les gens se débarrassent facilement de leurs affaires quand celles-ci présentent le moindre signe de fatigue, cela car nous disposons de plusieurs milliers d’objets. La longévité des biens a été particulièrement importante pour nos grands-parents, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Ces dernières années, l’idée d’habiter une maison qui a été précédemment occupée par un tiers est très difficile à accepter au point de vue social.

 

Il faut noter que le concept de simplicité diffère d’une culture à une autre. Au Japon, par exemple, l’idée de raffinement et de perfectionnement qui existait dès le 16ème siècle perdure toujours. On peut citer, comme exemple, le fait de s’asseoir au palais Katsura, d’observer la lune, de regarder le lac en dégustant un gâteau traditionnel et en sirotant du thé. Cela a toujours représenté la distillation de tout ce qui attire tout en restant dans la simplicité. En effet, il n’y a aucune erreur car il y a le plateau, la table, le lac, la vue ainsi que l’accès : tout est donc parfait. Cependant, cette même perfection ne pourra pas être répétée dans une autre culture, par exemple en Occident. Pour ceux qui ne sont pas natifs du Japon, les jardins japonais paraissent assez ridicules. Cela signifie qu’une chose ou une situation particulière ne trouve son intérêt que quand elle a lieu dans un endroit bien déterminé.Il faut noter que ce qui compte principalement, c’est la sensibilité qui a lieu en amont, et non le détail relatif à un style particulier. Farmsworth, une maison au style japonais situé près de Chicago, est un véritable pavillon flottant construit selon un style japonais, en tenant compte de sa simplicité et de son raffinement, même si aucun élément japonais n’y est littéralement reproduit. Le style de cette maison demeure cohérence avec l’environnement semi-rural, notamment par l’usage domestique qui en est fait. Il ne serait pas correct de concevoir le minimalisme comme basé sur une conception d’un univers exclusivement japonais bien que ce pays propose une signification esthétique du terme. De nombreux pays, autres que le Japon, ont opté pour la quête du Wabi[12]. Le Wabi est un principe esthétique et moral qui consiste à chercher une vie de tranquillité tout en veillant à mettre à l’écart les biens matériels jugés inutiles et superflus. Ce principe met en évidence la beauté de l’austérité et de la simplicité. Il recherche particulièrement la transcendance qui y est associée. D’après toujours le principe du Wabi, l’abus de consommation et d’acquisition de biens constitue un fardeau qui amoindrit l’existence. En effet, il est utile de disposer d’assez d’espace afin d’inciter les gens à penser et à mieux comprendre ce qui se passe dans leur entourage.

 

2.      Le progrès

Avant de définir la notion de progrès, il nous parait utile de parler de la genèse de cette idée de progrès. L’humanité croit en un progrès indéfini car pour elle, il s’agit d’un mouvement nécessaire et irréversible ayant principalement pour devise « Post hoc, ergo melius hoc », une expression dont la traduction littérale est « Ce qui survient après, car il arrive après, est meilleur que ce qui est arrivé avant ». Cette notion s’oppose totalement à la vision des Anciens sur le monde. Pour eux, le monde d’avant est principalement tourné vers le passé et associe toujours la perfection aux origines. Pour eux, l’écoulement du temps signifie alors comme étant une dégradation des caractéristiques des périodes de commencements. A notre ère, la perspective est inversée et le futur est plutôt associé à la perfection. En effet, on a surtout tendance à parler d’évolution au fil du temps. Cependant, malgré cette considération, ce concept de progrès a connu quelques prémisses, notamment au début des temps modernes en Europe Occidentale, plus exactement au 17ème siècle. Cette période germinale du progrès et de la modernité a été principalement cristallisée par quelques philosophes et écrivains à l’instar de Francis Bacon[13]. Des extraits de l’œuvre de ce philosophe ont été cités à plusieurs reprises par Taguieff[14] qui a surtout systématisé l’esprit naissant du temps bien qu’il n’ait pas été l’inventeur de la notion de progrès. Cette notion de progrès se développe et apparait sous diverses formes jusqu’à la fin du 20ème siècle. Elle se déploie sous des modalités les plus diversifiées du moins dans les pays occidentaux.

Bacon donne sa doctrine concernant le progrès, lequel est désigné par le terme « advancement » dans ses écrits. D’après lui, il s’agit de l’amélioration de la connaissance et du savoir scientifique des hommes, tant en quantité qu’en qualité. Cette connaissance était surtout observée auprès des personnes telles que les savants grecs et les philosophes. Cependant, le progrès était loin d’être parfait car il s’agit surtout de savoir antique lequel est très vite dépassé par le savoir moderne, ce dernier étant en continuelle progression. Dès lors, la notion de progrès ne fait plus uniquement référence à une évolution dans l’espace mais concerne aussi l’évolution dans le temps.

Par ailleurs, le programme de connaissance approfondie en science et en technique de la Nature, établi dans « Novum Organum » (1620), se projette avec son récit utopique « La Nouvelle Atlantide » et croise « La notion d’utopie et celle de progrès », comme annonce Taguieff. C’est alors qu’est né le récit de la modernité. Bacon parle du développement idéal de la société dans un pays lequel est dirigé par un collège de sages qui utilise la méthode expérimentale ayant pour but de déterminer le mouvement secret des choses, d’en connaître les causes et de reculer les limitations de l’Empire Humain afin de rendre possible la réalisation de toutes choses. Cela est illustré para un extrait de texte publié en 1627 par les auteurs que nous avons cités : « Prolonger la vie. Rendre, à quelque degré, la jeunesse. Retarder le vieillissement. Guérir des maladies réputées incurables. Augmenter la force et l’activité. Transformer la stature. Transformer les traits. Augmenter et élever le cérébral. Métamorphose d’un corps dans un autre. Fabriquer des espèces nouvelles. Transplanter une espèce dans une autre. Rendre les esprits joyeux, et les mettre dans une bonne disposition ». D’après cette citation, il ne suffit pas de dire que le futur sera meilleur que le passé, mais il est important de mentionner que l’action transformatrice exercée par l’homme est rendue possible et plus facilitée grâce au progrès de la science. De plus, cette action transformatrice ne se réfère seulement pas à la nature extérieure mais aussi à la composante « homme » qui inclut à la fois ses caractéristiques physiques et psychiques. Le programme relatif au progrès inclut déjà quelques composantes, entre autres les manipulations génétiques, l’eugénisme, le développement personnel et les psychothérapies.

 

A ce stade, il nous parait utile de parler de l’extension et de la naturalisation de la notion de progrès.

 

  1. Adoption de la notion de « Progrès » et extension du terme

On rappelle que selon le projet de Bacon, le progrès correspondant à la science ne dispose pas de caractère automatique et nécessaire. Par contre, il dépend presque entièrement de la liberté et de la volonté humaine. Désormais, nous parlerons de la dimension providentielle de la notion de progrès. Cette dimension commence à s’imposer en Occident et devient même une croyance, comme le témoigne les conquêtes coloniales par les pays occidentaux. Le progrès est associé à une ouverture possible à toutes les sociétés humaines. En effet, le progrès naturalisé est très vite devenu une nécessité qui s’inscrit dans les astres. Il s’agit principalement d’un mouvement inéluctable dont la pente est parfois douce, donc un progrès graduel, et parfois un mouvement dont la forme est assez brisé. C’est principalement ce dernier cas qui va donner naissance à l’homme nouveau.

Dans l’ouvrage de Taguieff, on peut voir une analyse minutieuse de la transformation et de la radicalisation de la notion de progrès. Cette transformation illustre principalement l’écart de concept entre les Modernes et les Anciens. D’une part, on parle de la décadence du temps et de la perfection des Origines et d’autre part, on parle de l’inéluctable progression de l’humanité et de la caractéristique idéale du futur.

Quand survient cette conception du progrès, de plus en plus de zones sont concernées par l’extension de ce mouvement irrésistible. Au début, le progrès ne concerne que le pouvoir dont dispose l’homme sur sa nature organique et physique. Au fur et à mesure, ce progrès s’étend au pouvoir que peut avoir l’homme sur lui-même. A ce stade, on fait référence aux dimensions sociales et scientifiques, plus particulièrement le progrès de la médecine, de la société et dela morale. Le progrès observé dans les domaines autres que la science prouve que le progrès scientifique entraîne inéluctablement un progrès dans les domaines humain, politique et social. Cette visée a été déjà mentionnée par Bacon, comme on l’a déjà annoncé. Elle s’incarne principalement dans des idéologies révolutionnaires, gradualistes et politiques tout en veillant à se baser sur le progrès scientifique. C’est sur ce dernier que ces idéologies perçoivent les aspects innovants et positifs. Parmi les avancées scientifiques en question, on peut citer la théorie de l’évolution, la médecine, les sciences politiques, historiques et sociales ainsi que la psychologie. Quelques philosophes parlent de l’armature du progrès, à l’instar de Fontenelle, Descartes, Voltaire, Leibniz, Condorcet, Turgot et Hegel. Mais outre ces philosophes, d’autres chercheurs et savants en parlent également, par exemple les historiens et les économistes tels que Spencer, Comte, Smith et Marx, Saint-Simon et Durkheim.

Au début du 21ème siècle, nous avons peine à nous représenter ce qu’était la notion du « fier optimisme » relative à la religion du progrès bien avant la première guerre mondiale. On parlait de la foi et de la certitude, deux principes adoptés par la plupart des élites européens. Parmi ces principes, on peut citer la justice, la liberté, la vérité et le bonheur. Ces principes ont été jugés comme permettant d’accéder à un avenir meilleur et radieux. Nous pouvons citer ici le propos prêté à Victor Hugo dans « Les Misérables[15] » : « Citoyens, le dix-neuvième siècle est grand, mais le vingtième siècle sera encore plus heureux ». On a bien constaté qu’il a raison quant à cette projection dans le futur.

 

Parlons maintenant de « progrès » et d’« utopisme ».

 

 

 

 

  1. Les concepts de « Progressisme » et « Utopisme »

La fin du 19ème siècle est principalement marquée par le développement de la radicalisation extrême de la religion du Progrès. Vers le 20ème siècle, divers courants visent à perfectionner la société et l’homme.

Le darwinisme social consistera à conduire vers une lecture biaisée de la théorie sur l’évolution laquelle se basera surtout sur la notion développée par Lamarck, au lieu de celle émise par Darwin. Ce principe fait référence au monde social et associe la lutte pour la vie à la naturalisation biologique des phénomènes sociaux. En effet, le progrès est le fruit de la sélection naturelle. Suite à cette notion, on peut dire que le meilleur régime politique est celui qui autorise librement la concurrence entre les groupes et les individus. La concurrence doit s’exercer sans obstacles dans le but de faire émerger les meilleurs concurrents lesquels auront alors à transmettre leurs qualités et savoir-faire à leurs descendants. Il s’agit là d’une vision très libérale qui s’apparente à la doctrine de l’économiste Adam Smith : « La main invisible ».

De leur côté, les eugénistes sont contre le « laisser-faire » qui gouverne l’amélioration du haras humain. Cependant, ils sont partisans de l’intervention étatique, d’où leur apparentement au socialisme, qu’il s’agisse de nationalisme national ou non. D’autres principes s’en sont alors sortis, notamment des principes relatifs à la reproduction de l’espèce humaine. Le hasard devra désormais laisser sa place au choix quant à la reproduction humaine. En effet, celle-ci doit bien être dirigée, comme on le ferait avec la reproduction des animaux ou encore celle des végétaux. Charles Richet[16], un eugéniste célèbre et titulaire du prix Noble de Médecine en 1913 mentionne expressément : « Il s’agit d’améliorer l’espèce humaine (…). Quoi ! Nous nous appliquons à produire des races sélectionnées de chevaux, de chiens, de porcs voire de prunes et de betteraves et nous ne faisons aucun effort pour créer des races humaines moins défectueuses…». Toujours dans ce sens, Léon Trotski, un Bolchevique, dit que : « L’homo sapiens, maintenant figé, se traitera lui-même comme objet des méthodes les plus complexes de la sélection artificielle et des exercices psychophysiques. Le genre humain n’aura pas cessé de ramper à quatre pattes devant Dieu, le Tsar et le Capital pour se soumettre ensuite humblement aux lois de l’hérédité et d’une sélection sexuelle aveugle (…) ». Par ses dires, il  prévoit de se rendre à un niveau plus élevé pour la création d’une espèce biologique supérieure et de meilleure classe sociale, en quelque sorte un « surhomme ».  Pour y parvenir, il serait donc important de travailler sur l’éducation psychophysique et sur la construction sociale. Ces deux aspects font nécessairement partie d’un seul et même processus.

Après la première guerre mondiale, ces totalitarismes européens ont une énorme volonté d’aller bien au-delà de la réalité en « forçant » l’avenir où devraient apparaître une société idéale et un homme nouveau. Il est nécessaire de rappeler que c’est une des bases de théories raciales tirées des « lois de la nature ». Ceux qui s’opposent à ces théories, pour une raison sociale, raciale ou ethnique, sont soumis au scientisme et à une violence révolutionnaire.

 

  1. Ebranlement du concept de progrès

Certains philosophes adoptaient mal la notion de progrès et en faisaient preuve d’une ironie féroce, notamment par rapport au progrès inéluctable et continu. C’est principalement au début du 20ème siècle que cette réalité s’observe ».

Taguief écrit que « Le court et terrible XXe siècle, commencé avec la Première Guerre mondiale, paraît constituer une longue et systématique réfutation empirique de toutes les certitudes et prédictions optimistes véhiculées par la religion du Progrès (…). C’est la large diffusion de ces évènements et de leurs commentaires qui a ébranlé la croyance naïve au progrès continu et nécessaire ». On observait cette réfutation sur la mise en place d’une déliaison entre le progrès humain et le progrès scientifique et technique. En d’autres termes, la dissociation était surtout notable sur les plans psychique et moral avec les progrès matériel et le développement de la connaissance scientifique. D’après toujours ce penseur, le progrès matériel et scientifique a une tendance à corrompre les âmes. De nombreux travaux scientifiques semblent justifier cette hypothèse avancée par Taguieff, à l’instar des deux guerres mondiales, plus précisément Hiroshima et Goulag. De plus, on note aussi une multitude effets dévastateurs du progrès scientifique sur l’homme et son environnement : des effets existants aussi bien en Occident qu’en Orient. On peut citer, parmi tant d’autres, les craintes relatives aux expériences génétiques telles que le clonage. Il y a aussi le relativisme culturel selon lequel la civilisation occidentale, bien qu’elle soit bien, n’est pas forcément la meilleure. Toutes ces réalités vont engendrer une réalité nouvelle selon laquelle la technique et la science sont mortifères. Par ailleurs, le meilleur ne se situe ni dans le passé ni dans l’avenir : il ne se place nulle part et n’a jamais existé en réalité. Ainsi, la belle figure qu’avait alors l’homme sur le progrès a été entièrement modifiée et est devenue méconnaissable. Le progrès a été essentiellement modifiée par le napalm, les bombes, les radiations etc. A partir de ce moment, l’histoire humaine est devenue plus tragique et on assiste à une multiplication des Cassandres. L’homme se fera désormais l’idée que ses descendants auront forcément une meilleure vie que la sienne.

En outre, les discours évoqués sur la science sont devenus mortifères. On parle plutôt de la science comme étant une menace extrême sur la vie humaine en ces termes « une sortie de l’espèce humaine ». En effet, le fait de parler de l’avenir comme une période où toutes les limites n’existeraient plus est devenue un réel abîme. Dans son livre « Un monde sans limite » écrit par J-P. Lebrun, il est dit que : « … notre social, marqué par les implicites du discours technoscientifique, sécrète une adhésion insu à un monde sans limite et autorise ainsi les actionscontrevenantes aux lois de la parole qui nous spécifient comme humains[17] ». D’après cet auteur, la structure psychique de l’individu est aussi touché par le progrès car l’individu en question a tendance à procéder à un effacement du Tiers, notamment la parole paternelle. Ainsi, les effets matériels relatifs à la technique et à la science ne sont plus les seuls à être concernés par les impacts du progrès sur l’homme. D’autres auteurs, par exemples Herzen et Berdiaeff, mentionnent que la croyance en un progrès pourrait anéantir les valeurs morales et culturelles des générations qui nous ont précédés. Mais en plus, cela nous dévalorisera, de même que les générations futures lesquelles auront forcément une vie meilleure que la nôtre. Par conséquent, il est préférable de ne pas nous dévaloriser et de ne pas dévaloriser sans nuances les générations précédentes lesquelles ont principalement cru au progrès et aux choses qui y sont afférentes. Ces auteurs mentionnent que du passé, nous ne devrons plus faire « table rase ».

 

  1. La métamorphose et disparition progressive de la notion de progrès

Pour l’auteur Taguieff, la principale question est devenue : « assistons-nous à la mort du progrès ou seulement à l’effacement d’une certaine conception du progrès ? Ne faut-il pas, par conséquent, refonder l’idée de progrès en intégrant la fin de son utopie ? ». A ce stade, nous ne pouvons pas encore affirmer si on assiste réellement à une mort du progrès. Cependant, nous pouvons affirmer qu’au moins chez les personnes « cultivées » de l’Occident, la croyance dans la religion d’un progrès fatal, unitaire et global commença à disparaître progressivement. On parle d’un mouvement inévitable et nécessaire et également d’un lien qui s’établit entre le développement entre la connaissance scientifique et l’amélioration de la vie de l’homme. Toutefois, cela ne signifie pas nécessairement qu’on ne parle plus du progrès. Ce qui change, par rapport au concept précédent, c’est que le progrès est associé obligatoirement à la liberté et à la volonté de travail qu’a chaque individu. Comme le progrès ne s’enchaîne pas de la même manière au sein des divers domaines, une vigilance s’impose, plus précisément quant aux effets sociaux, humains, environnementaux, techniques et scientifiques. Taguieff parle plutôt de « meliorisme », c’est-à-dire d’une manière de rendre les choses meilleures, que de « progressisme ». Face à notre avenir, il ne nous est plus certain de parler ni du meilleur ni du pire. En effet, nous devons bâtir notre avenir de manière modeste et en y ayant le plus de maîtrise possible. Nous ne devrons pas vivre un progrès providentiel.

 

3.      L’innovation

L’innovation est un concept associé à plusieurs phénomènes qui la constitue. La définition minimaliste contenue dans les dictionnaires les plus courants est : « l’introduction de quelques chose de nouveau dans la réalité[18] ». A ce stade, il se pose une question fondamentale sur le caractère continu ou discontinu que peut avoir ce phénomène en matière de nouveauté. Le terme « nouveau »  renvoie à plusieurs référents, par exemple nouvelle cuisine, nouveau roman, nouvelle société, nouvelle économie etc. De ce fait, il perd parfois son caractère descriptif, voire atteint une inversion de sens, comme on peut le noter dans l’appellation du plus vieux pont de Paris : « Pont Neuf ».

Le phénomène d’innovation est associé à sa destruction en lui-même. En effet, comme le mentionne Schumpeter[19] : « ce qui est nouveau à un moment donné est un jour remplacé par quelque chose de plus nouveau et finit par être emporté par le vent de l’histoire ». Il s’agit donc là d’un phénomène de renouvellement et qui est une constante paradoxale annoncée par Héraclite : « Rien n’est permanent sauf le changement ». Cette expression signifie qu’il y a eu, il y a et il y aura toujours un renouvellement. Ce phénomène de renouvellement se substitue à l’ancien, existe pendant une certaine durée avant qu’il ne soit remis en cause. Il se retrouve par conséquent dans tous les processus d’innovation : systèmes de production, produits, secteurs industriels et l’ensemble de l’activité économique.

Observé sur une longue période, le phénomène d’innovation correspond à un mythe d’un processus continu de renouvellement et témoigne de son caractère séquentiel, notamment avec des périodes de renouveau ou de nouveauté qui correspondent à des moments forts de l’évolution des institutions, des entreprises, des choses et aussi des créations humaines. Ces périodes sont suivies de périodes plus ou moins longues de relative stabilité et lors desquelles aucune remise en cause de l’existant n’existe, principalement dans ses fondamentaux. Il s’agit essentiellement d’une diffusion, d’une maîtrise, d’une optimisation et d’une exploitation de l’acquis.

Une nouvelle vague d’innovations repose sur toutes les nouvelles potentialités, c’est-à-dire des potentialités autres que les avancées observées lors des périodes précédentes. Il s’établit des pontages et des maillages entre les vagues d’innovation. De leur côté, les innovateurs mentionnent souvent la problématique du développement humain dans un domaine où a été laissée la problématique de la vague précédente.

 

  1. Naissance et enchaînement de vagues d’innovation

Pour procéder à l’analyse des vagues d’innovation, il faut considérer deux grandes étapes :

 

  • Période d’accumulation de nouvelles connaissances et de progression: il s’agit d’une phase qu’on peut qualifier de « poussée technique et scientifique ». Cette période peut prendre un caractère révolutionnaire, donc plus précisément un caractère de révolution technique et scientifique ».

 

  • Période de combinaison des connaissances: Cette période est beaucoup plus courte et on y assiste en un regroupement des connaissances sur les nouvelles technologies et les connaissances en matière de produits et services. Ces connaissances peuvent être qualifiées de « synthèse créative ». C’est lors de cette période que les connaissances rassemblées lors de la précédente phase sont mises à disposition des individus et de la société. Il s’agit précisément d’une image de progrès.

 

La première phase correspond au « monde savant » tandis que la deuxième concerne plutôt la société, à noter qu’il y a introduction de facteurs innovants dans le monde réel. Il est nécessaire de préciser que la phase de poussée technologique a tendance à inquiéter la société et les individus. Cependant, la vague de synthèse créative est plutôt prise comme un progrès. Grâce à l’intégration des nouvelles technologies et des connaissances, on peut avoir une bonne reconfiguration du système, principalement quand les connaissances sont maîtrisées. La situation est d’autant meilleure qu’il existe une évolution du contexte favorisant une nouvelle vision, un nouvel état d’esprit et une nouvelle liberté. Ici, nous pouvons citer l’exemple de l’électricité dont le rôle sur la synthèse créative des époques précédentes a été déterminant. En effet, l’électricité a eu un impact sur presque tous les secteurs industriels en plus d’avoir été maillée avec de nombreuses autres technologies telles que l’électrochimie, l’électromécanique, l’électrométallurgie etc. De plus, l’électricité a apporté une nouvelle technologie : l’électronique. L’impact qu’a apporté ce facteur innovant lors du déclenchement de la seconde Révolution Industrielle a permis d’instaurer un nouveau projet de système politique. C’est ainsi que Staline a voulu « bâtir le communisme sur les soviets et l’électricité[20] ».

Les nouvelles technologies et les connaissances accumulées se déchargent brutalement dans la société dans laquelle nous vivons sous forme de vague d’innovations. Par ce terme de « vague », on fait référence à l’ouverture d’une écluse ou d’une vanne libérant alors un flot de nouveautés. Il est également possible de parler d’effet buffer, de technologies et de connaissances dont l’issue correspond à un déchargement rapide dans la société et se présentent sous forme d’innovations. Il faut noter que ce phénomène, malgré son irrégularité, est cyclique, d’où la naissance de toutes les tentatives de modélisation mathématique. Par ailleurs, il est important de préciser que l’existence de ces vagues présente un lien avec un contexte géographique défini. Cependant, les vagues en question ne sont pas identiques dans tous les pays, bien que le phénomène se diffuse d’un pays à un autre et qu’il puisse prendre du temps. De ce fait, la Renaissance, apparue pour la première fois dans la partie Nord de l’Italie, a mis une centaine d’années avant d’atteindre l’Angleterre. La Première Révolution Industrielle, apparue en Angleterre, a mis environ une vingtaine d’années à traverses la Manche pour atteindre l’Europe du Nord.

D’une manière générale, le phénomène relatif aux vagues d’innovations présente la même nature, à noter qu’il concerne plusieurs variétés de secteurs à la fois. Comme les différentes activités pratiquées par l’homme sont reliées entre elles grâce aux technologies communes et à l’existence d’interconnexions, le phénomène de recomposition et de destruction du système social, technique et économique se propage d’un secteur à un autre et ce, jusqu’à concerner tout l’ensemble de la société.

 

  1. Les grandes vagues d’innovation

Les vagues d’innovation sont composées de phénomènes qui existent depuis les temps les plus anciens. On peut parler, à ce stade, de l’évolution de l’homme avec le développement de nouvelles tâches. Ainsi, quand les chasseurs devenaient plus efficaces lorsqu’ils se munissaient d’arcs, les autres individus ont pu développer des tâches telles que la construction d’habitations, le développement de l’agriculture et de l’élevage, l’artisanat et la poterie. On a pu observer le phénomène des vagues d’innovation.

L’Empire romain est marqué par deux grandes vagues d’innovation : l’une à l’époque des Antonins et l’autre à l’époque de César. La grande vague d’innovations du Moyen-Âge est marquée par le temps des cathédrales. On peut ensuite parler de la Renaissance, une époque pendant laquelle on observait plusieurs vagues d’innovations. La Renaissance est aussi une période sur laquelle est fondée l’approche moderne de l’innovation. Enfin, la « Belle Epoque [21]» débouche sur un flux de progrès en matière de développement humain et de société.

La période de l’« Âge de raison [22]» marque surtout l’évolution de la rationalité et celle de la connaissance. Elle permet à la Première Révolution Industrielle d’apparaître en Angleterre et de se développer dans les autres pays.

 

D.    Le progrès et le minimalisme : deux concepts qui s’opposent

On rappelle que le mot « progrès » se définit comme un ensemble de choses et de situations qui s’accumulent. A l’inverse, le mot « minimalisme » désigne l’ensemble de choses qui est réduit à son minimum. Ces deux termes s’opposent donc par leur notion de quantité.

 

Au sens étymologique, le progrès fait référence à l’action d’avancer. On parle donc à la fois ‘un sens quantitatif et qualitatif. En effet, quand on parle de progrès, cela signifie qu’on dispose d’une certaine quantité de choses (en quantité) et de bonne qualité. Pour faire la synthèse de ce que nous avons vu dans les définitions, il nous est possible d’affirmer que le minimalisme est associé à une idée d’économie et de restriction des choses utilisées, ce qui ne confère pas entièrement une liberté. L’idée de progrès, selon son premier sens, renvoie plutôt à une idée d’utilisation de choses et de ressources plus sophistiquées et plus grandes en volume. Par ailleurs, il se fonde essentiellement sur un avenir meilleur, c’est-à-dire que le meilleur se situe dans le futur. Il faut aussi noter que l’idée de progrès est relative au développement industriel et technique et ne donnerait donc pas de place ni à la morale ni à la technique. Dans cette optique, le minimalisme ne constitue pas un facteur de progrès. En effet, ces deux concepts sont opposés l’un de l’autre dans la mesure où le minimalisme consiste à utiliser moins tandis que le progrès conduit à une évolution tant en quantité qu’en qualité, voire une abondance en consommation. L’idée consiste ici à dire qu’il est possible d’avoir beaucoup, alors il n’y a pas de raison pour en disposer moins.

 

E.     La situation actuelle : l’innovation

De nos jours, on assiste plus à une innovation dans presque tous les domaines. On parle plus précisément d’un intérêt globalisé et d’une grande fascination pour les nouvelles technologies et pour la science.  Depuis la fin du 20ème siècle, l’homme s’intéresse de plus en plus aux progrès scientifiques et aux réalisations industrielles et technologiques. L’intérêt pour les revues techniques et scientifiques se multiplie et ces dernières ont un énorme succès. En effet, l’époque actuelle est marquée par une véritable tendance à l’innovation, à la mise en œuvre et à l’utilisation de choses et matériels à la pointe de la technologie. Pour illustrer, nous pouvons citer l’existence des maisons dites « du progrès », c’est-à-dire celles qui permettent aux occupants d’avoir de meilleures conditions de vie, voire disposer de fonctionnalités superflues. Par ailleurs, on peut aussi parler de la naissance de grands magasins, de la mise en œuvre de diverses démonstrations techniques qui connaissent un succès indéniables, des meetings aériens, des démonstrations cinématographiques etc. La population a tendance à adhérer massivement à cette vision spécifique car elle dispose sous ses yeux, et au quotidien, une véritable démonstration de l’utilité et de la réalité correspondant à ce progrès. Par exemple, la venue des premières voitures était fêtée par les foules dans de nombreuses villes, de même que l’arrivée des premières salles de cinéma, celle des premiers avions et même les premiers téléphones.

 

Par innovation, on fait souvent référence aux « nouvelles technologies » et donc à la recherche et développement. Nombreux sont encore ceux qui parviennent à penser que cette notion renvoie à la « recherche » tout court car il s’agit de trouver des solutions à appliquer pour  améliorer l’avenir du pays à long terme. Il s’agit là d’une évolution positive, mesurable et évidente que tout le monde a eu la possibilité d’observer. Elle est en liaison avec plusieurs innovations qui arrivent au sein de la société suite à l’arrivée en phase de synthèse créative de plusieurs avancées techniques et scientifiques dont le développement est incessant et toujours croissant depuis la Belle Epoque.

 

Ainsi, on peut citer plusieurs innovations présentes dans notre quotidien, à savoir :

 

– le téléphone

– les applications relatives à l’électricité

– le machinisme en agriculture (avec les divers équipements et les tracteurs)

– les liaisons par câble

– les diverses constructions métalliques

– les réseaux urbains : la gestion de l’eau, de l’éclairage, des diverses sources d’énergie

– l’automobile

– les appareils ménagers (réfrigérateur, gazinière, machine à laver etc.)

– l’aéronautique

– les équipements et outils de bureau

– les liaisons internationales maritimes, ferroviaires et aériennes

– le froid industriel

– les produits agroalimentaires industriels (céréales, biscuits, conserves etc.)

– le cinéma et la photographie

– les produits d’hygiène,  de bien-être et les parfums

– la biologie et la pharmacie (avec la synthèse des médicaments, les vaccins etc.)

– les grands magasins et la vente en ligne

– la finance internationale (levée de financements privés et levée d’emprunts internationaux)

– les épreuves sportives internationales

 

L’innovation est encore perçue de nos jours en développement économique, notamment quand les dirigeants et les divers responsables de l’Etat sont confrontés à une situation difficile en matière de développement social et économique. En effet, quand on fait face aux dynamiques de délocalisation et de globalisation des activités de production, le réflexe consiste à adopter l’innovation. Dans la même optique, l’innovation constitue l’unique solution à la sortie de crise.

 

On peut affirmer que la richesse économique créée est énorme et se développera encore pour les années à venir, cela jusqu’à ce que les services et les produits soient utilisés par presque toute la population, du moins celle dans les pays développés.

 

Aujourd’hui, on note principalement une innovation particulière dans le domaine des nouvelles technologies,  à l’instar de l’informatique. Il s’agit notamment du modèle de progrès suivi par Steve Jobs[23], un grand admirateur de l’innovation lors de la période de la Renaissance. L’iPod d’Apple a particulièrement connu un succès universel avec une vente de plus de 250 millions d’exemplaires. Cet appareil résulte du meilleur des technologies issues d’une quinzaine de pays dont l’Allemagne et le Japon. Il nous est aussi possible de citer l’exemple de la console de jeu Wii de Nitendo [24]. Cette console de jeux bénéficie également de la combinaison de plusieurs technologies mondiales. Pendant ces périodes révolutionnaires, l’avantage stratégique se positionne au niveau de la capacité de conception et surtout d’innovation.

 

Il est impossible de nier que les innovations sont indissociables à notre quotidien, pour ne citer que l’utilisation du téléphone mobile, des réseaux internet et du GPS. On peut également parler des progrès réalisés en médecine et des progrès thérapeutiques lesquels découlent de la mise en pratique d’une recherche fondamentale. Cela signifie que si l’activité scientifique remplit le monde de l’application de la technologie y afférente, elle ne pourra pas se suffire à elle-même pour engendrer l’innovation, le progrès social et le développement économique.

 

F.     Les conséquences de la situation actuelle sur les ressources

Actuellement, on fait face à une période d’« innovation », c’est-à-dire à une période où les consommateurs ont tendance à changer continuellement les objets dont ils disposent et sans vraiment se soucier de minimaliser les ressources. Cependant, il est important de rappeler que les ressources sont limitées, d’où l’importance de réaliser des économies en vue de satisfaire les besoins futurs ou encore dans le but d’utiliser ces ressources à d’autres fins. Le plus important est de préserver notamment les ressources naturelles lesquelles ne sont pas toujours renouvelables.

 

1.      L’existence d’un modèle financier et économique dominant

Le modèle de développement qui existe de nos temps est un modèle principalement basé sur l’économie. Ainsi, le premier objectif du modèle en question est de réaliser des profits, dans presque tous les domaines. Tous les aspects autres que l’économie, entre autres les aspects environnementaux, sociaux ou encore culturels, se placent en seconde position. Il en est de même que pour la gestion durable et soutenable les écosystèmes et pour le respect des droits de l’homme. Il faut noter que les ressources naturelles sont placées au milieu de ce système complexe, quelle que soit leur utilisation : matières premières, matières entrant dans les processus de transformation ou encore en production d’énergie.

Les années 70 ont été marquées par la prise de conscience sur tout type de public. Jusqu’à aujourd’hui, on continue toujours de parler de la limitation physique des ressources. Cependant, la priorité concerne surtout la mise au point de diverses techniques afin de réaliser le maximum de profit et de faire ainsi évoluer l’économie. Basée sur une conception illimitée, ce modèle est associé à plusieurs travers :

  • La surexploitation des ressources: il s’agit presque d’une destruction abusive et souvent irréversible du capital environnemental, notamment écologique. La comptabilisation de ce capital se fait positivement car elle entraîne une hausse du PIB[25]
  • La spécialisation internationale de plusieurs pays et Etats: cette caractéristique concerne surtout les pays du Sud. Dans la réalité, ces pays deviennent dépendants sur certaines productions d’exportations au détriment de la diversification des divers tissus économiques existant dans les pays concernés. Parmi les productions en question, on peut citer le coton, le pétrole, les produits agricoles, le bois, le gaz, le diamant etc.
  • La financiarisation croissante de l’économie : Elle se manifeste surtout par une déconnexion de l’économie du pays concernée par l’économie réelle. Cette situation aggrave dangereusement les risques de spéculation et de volatilité des prix.
  • La fixation inéquitable des prix des ressources : Les prix sont habituellement fixés par un rapport de force qui n’est pas toujours équilibré. Cela se manifeste notamment par les conclusions de vente entre les entreprises multinationales qui dominent les marchés mondiaux et les petits producteurs agricole.
  • La marchandisation des sphères relatives aux activités humaines : Cette marchandisation concerne aussi toutes les ressources naturelles, ce qui conduit à une possibilité d’accroissement du PIB. Comme exemple d’actions, on peut citer la privatisation de l’énergie, de l’eau, des ressources naturelles, des terres ou encore des services publics tels que l’éducation, la sécurité et la santé. Il est même possible d’assister à une marchandisation des corps humains et des relations sociales. Plus récemment, avec la mise en œuvre de la lutte contre les changements climatiques, on parle d’une marchandisation de l’atmosphère. Donc, on assiste aussi à une marchandisation des flux migratoires afin de satisfaire les besoins des entreprises multinationales. Cela s’effectue même au détriment des choix de chaque individu, ce qui entraîne l’instauration de programmes de travail temporaires. Il est même possible d’assister à une instrumentalisation des personnes lesquelles ont alors une situation de plus en plus précaire.
  • La faible intégration des impératifs relatifs à l’égalité sociale : Le modèle économique actuel ne tient pas vraiment compte des impératifs d’égalité sociale, à l’instar de la lutte contre la pauvreté et la misère ainsi que le respect des droits de l’homme. Bien qu’il existe de nombreuses déclarations, elles sont souvent très peu contraignantes et ne sont que rarement respectées.

 

En se référant à cette logique financière et économique, il nous est possible d’affirmer que le pouvoir est nécessairement lié à la possession de capitaux. Il est très difficile d’assurer une bonne maîtrise des ressources qui servent à alimenter ce modèle de développement. Cependant, nous pouvons affirmer que les acteurs économiques, qu’il s’agisse de personne morale ou de personne physique, ont une grande part de responsabilité quant à la gestion des ressources naturelles. Cette responsabilité ne se limite pas uniquement sur l’économie mais concerne aussi l’aspect environnemental et l’aspect social, d’où la nécessité d’effectuer une étude d’impacts environnementaux des activités dès l’élaboration des projets. Par ailleurs, il devient indispensable d’adopter des mesures raisonnables afin d’éviter et d’identifier les éventuelles violations sur les droits humains et environnementaux.

 

2.      Un modèle de surconsommation illimitée

L’existence de modèle illimité est devenue presque indissociable au quotidien des personnes qui vivent de notre temps, du moins celles des pays du Nord. D’abord, il faut noter que l’existence de ce modèle illimité entraîne souvent une surconsommation et une surproduction, notamment dans les pays émergents et dans les pays industrialisés. Mais en plus, le modèle illimité concerne de plus en plus les élites des pays du Sud. On constate que l’homme a de plus en plus tendance à faire du gaspillage, une situation qui s’aggrave d’année en année, aussi bien pour la consommation que pour la production. Cette situation témoigne toujours de l’innovation et est observée malgré une prise de conscience et une réalisation d’efforts sur le recyclage et la réutilisation des objets usagés et des déchets.

Le modèle de surconsommation illimitée ne concerne plus uniquement les pays avancés mais touche progressivement les personnes des pays pauvres, suite au déploiement d’efforts publicitaires sur la promotion des produits. En effet, on associe à cette surconsommation un modèle de vie moderne. Bien souvent, les populations à revenus limités font face à un déséquilibre budgétaire et à un déséquilibre au niveau de la consommation. Cela signifie qu’elles ont tendance à consommer alors que leurs besoins de base ne sont même pas satisfaits en raison de l’encensement des produits par les différentes publicités, à noter que les produits en question sont souvent importés. Par conséquent, il est compréhensible que le téléphone portable devienne un besoin essentiel dans les pays dont les infrastructures de communication n’offrent pas d’autres possibilités que celle-ci. Dans les pays pauvres, il devient assez courant de voir des utilisateurs qui possèdent des appareils très sophistiqués.

Pour parler du rôle de la publicité, on peut citer l’exemple d Nicaragua. Dans ce pays, comme dans beaucoup de pays en voie de développement, des financements à caractère privé apparaissent dans des domaines qui devraient normalement être à la charge de l’Etat. En contrepartie de ce financement privé, on bénéficie de services tels que l’entretien d’une école, par exemple. Cela peut être noté dans plusieurs secteurs :

  • L’énergie: Dans les pays riches, la consommation d’énergie par habitant augmente progressivement alors que plus de 2 milliards de personnes ne bénéficient même pas de ressources d’énergie suffisantes pour satisfaire leurs besoins fondamentaux. Il faut noter que des milliards de tonnes de sources d’énergie naturelle sont brûlés chaque année. Parmi ces sources, on peut citer le charbon, le pétrole et le gaz naturel. Ces ressources d’énergie entraînent un rejet important de gaz à effet de serre dans l’atmosphère et dont la conséquence doit être supportée par tous.
  • Le papier : La consommation en papier ne cesse d’augmenter. A noter que la pâte servant à fabriquer le papier est obtenue à partir de la cellulose des arbres, une surconsommation en papier engendre une exploitation abusive et de manière toujours croissante des forêts. Les plantations intensives peuvent alors être une conséquence notable de cette situation, de même que la monoculture d’arbres. Cela engendrera certainement une destruction de la biodiversité laquelle est cependant utile à l’amélioration des conditions de vue des populations et à l’équilibre des écosystèmes.
  • Les matières premières d’origine minérale : De nombreuses matières premières minérales sont exploitées suite à l’existence de ce modèle de surconsommation illimitée. Comme exemple, on peut citer l’exploitation du coltan [26] dont le principal emploi est la fabrication des ordinateurs et téléphones portables. Il faut noter que la généralisation de cette utilisation est devenue courante en seulement quelques années
  • Les agro carburants : Les agro carburants ont commencé à figurer à une meilleure place depuis le début du troisième millénaire. D’ici 2020, on incorporera 10% d’énergies renouvelables au carburant routier, selon une décision prise par l’Union Européenne. Cette décision entraîne nécessairement une hausse certaine de la production relative à cette filière. Cela appelle cependant à différentes controverses car il est question d’exploiter des ressources naturelles
  • L’alimentation : La surconsommation illimitée concerne surtout cette filière, plus particulièrement les produits de la mer et la viande. En effet, les statistiques ont montré qu’environ 30% des aliments sont jetés sans même être consommés. La situation est plus catastrophique pour la pêche que pour les autres filières car on rejette une dizaines de kilos de crevettes en mer pour seulement une consommation d’un kilo
  • L’eau : Bien qu’il s’agisse d’une ressource naturelle renouvelable et illimitée, l’eau fait l’objet d’une surconsommation illimitée et très abusive. Cette surconsommation concerne davantage les personnes vivant dans les pays du Nord que celles qui sont dans les pays du Sud. A titre d’exemple, on peut annoncer qu’un Californien a une consommation d’environ 4 500 litres par jour. Un Parisien en consomme 240 litres tandis qu’une personne dans les pays les plus pauvres, à l’instar d’Haïti, n’en consomme qu’une vingtaine de litres par jour.

 

La surconsommation illimité ne concerne pas uniquement ces domaines, d’autant plus qu’elle est presque devenue indissociable à notre quotidien sans qu’on se soit forcément rendu compte. Ce modèle devient un cercle vicieux qui semble même frôler l’absurde. A titre d’exemple, on peut parler du cas de la surconsommation d’énergie. En effet, les changements climatiques sont relatifs à des hausses de températures. Cela entraîne une utilisation de plus en plus fréquente de la climatisation afin que rafraîchir les bâtiments. D’où une hausse de la consommation d’énergie dans les bâtiments. Mais cette situation fait augmenter la quantité de gaz à effet de serre émise dans l’atmosphère, d’où l’intensification des problèmes de changements climatiques. Suite à l’existence de ce problème, on a continuellement des gaspillages, à l’origine d’une pure perte. Sans cela, on pourrait prétendre à une économie de 40% des énergies primaires dans les décennies à venir.

Par ailleurs, le modèle de surconsommation illimitée, principal reflet de l’innovation, engendre de fausses solutions, voire intensifie les problèmes déjà existants. Par exemple, l’utilisation des agro carburants est emblématique à la fuite en avant. Ainsi, il aurait été meilleur de proposer une réduction de la surconsommation, ce qui est une solution à la racine. Cette option est préférable à l’utilisation des agro carburants, une solution promue en bout de chaîne et entraînant le développement de monocultures. Bien que cette solution remplace en partie l’utilisation de pétrole dans les pays avancés, elle n’assure pas une amélioration de l’indépendance énergétique de ces pays. En effet, les agro carburants sont massivement importés et le bilan climatique y afférent est presque négatif. Mais en outre, les agro carburants engendrent de nouveaux impacts encore plus désastreux pour l’humanité, par exemple l’accaparement des terres agricoles vivrières, la hausse des prix alimentaires, la dégradation de la biodiversité, les conflits fonciers etc. Le modèle économique relatif à l’innovation a pour principe d’inciter à la production afin d’augmenter la consommation. Ce principe perdure encore et accroit potentiellement les risques qui y sont associés.

 

3-      Les impacts environnementaux et sociaux de ce modèle économique

Depuis les années 90, les pays émergents font tout leur possible afin d’avoir une situation économique assez proche de celle des pays industrialisés. Les pays émergents ici concernés sont surtout l’Inde, la Chine, l’Indonésie, l’Afrique du Sud et le Brésil. Ces pays se caractérisent surtout par une hausse de la consommation, notamment suite à la richesse des élites et à la montée du niveau général de vie de la classe moyenne. Comme exemple, citons le cas de la Chine. Ce pays, plutôt connu comme atelier mondial, génère d’importantes quantités d’importations de ressources naturelles. Elle exporte massivement des produits transformés et des produits finis à prix abordable vers plusieurs pays, notamment vers les pays riches.

Avant, on pensait que les ressources naturelles étaient inépuisables. Mais il est important de savoir que cette période est dépassée, principalement compte tenu de l’exploitation abusive. En effet, les pays riches continuent de consommer à un rythme de plus en plus élevé. A cette consommation s’ajoute celle des pays émergents qui, notons-le, est une consommation en continuelle hausse. Il en découle trois principales répercussions :

  • une course vers le bas en termes écologiques et sociaux
  • une course aux ressources naturelles
  • des conséquences désastreuses sur le climat

 

  • Une course vers le Sud en termes sociaux et écologiques

Les mots « écologique » et « social » sont devenus des termes de plus en plus adoptés, surtout quand cela permet une augmentation des profits des entreprises multinationales. Actuellement, on assiste fréquemment à des délocalisations d’activités dans les pays où les réglementations environnementales et sociales ne sont pas très rigides. Il s’agit surtout des pays en voie de développement, c’est-à-dire des pays du Sud. A cette course vers le « bas » vient s’ajouter une aggravation des conditions de vie des populations locales lesquels sont vulnérables. Les populations ici concernées ne sont pas toujours conscientisées et sont mal informées sur les risques environnementaux et les risques sociaux qu’elles courent dans la pratique de leurs activités et dans leur cadre de travail. De son côté, l’OIT a développé le concept de « travail décent » dans le but de garantir des moyens suffisants pour assurer les besoins essentiels des individus, pour bénéficier du droit à l’assurance sociale, pour respecter la liberté d’organisation et pour établir la possibilité de dialogue social. Mais dans la pratique, cela n’est que rarement réalisé.

Nous allons considérer l’exemple de la mise en place de l’utilisation des agro carburants. D’après des études menées par les Nations Unies, environ 60 millions de personnes pourraient être contraintes de se déplacer afin de pouvoir développer les monocultures intensives. De plus, la mise en œuvre de ce programme relatif aux biocarburants incite à la déforestation et à la dépendance alimentaire, d’où une nécessité de faire des importations. Cette course vers le « bas[27] » entraîne une accélération des dégradations de l’environnement, notamment une destruction des écosystèmes en vue d’installer et d’exploiter des industries extractives. On fait face à une surexploitation de la biodiversité au profit de l’instauration des industries chimiques. Par ailleurs, les exploitations forestières sont illégales dans de nombreux pays du Sud. La surconsommation en eau et la pollution intensive que cela engendre sont devenues des problèmes difficiles à résoudre.

A titre d’exemple, on peut parler de certaines entreprises européennes qui continuent à exploiter les ressources en gaz dans plusieurs pays africains. Ce gaspillage notable du gaz s’associe aux pillages du pétrole convoité et a d’énormes impacts sanitaires, écologiques, sociaux et économiques importants dans les pays où près de trois-quarts de la population vit largement en dessous du seuil de pauvreté. Bien que la majorité de ces actions aient été condamnées par la législation locale, voire par certains droits internationaux, l’exploitation se poursuit toujours en raison des corruptions assez courantes dans les pays concernés.

 

  • Une course aux ressources naturelles

Aujourd’hui, nous faisons face à une tension croissante relative à la disponibilité des ressources naturelles dans le mode. Compte tenu de l’existence de cette tension, les ressources concernées sont transformées en objets de convoitises. En effet, elles conduisent souvent à la naissance de conflits armés ou sociaux. La situation semblerait confirmer qu’il est possible d’avoir recours à tous les moyens pour s’attribuer des ressources naturelles, voire même à recourir à la guerre et à la militarisation. Les conditions dérisoires des populations locales aggravent la violation de la liberté des citoyens et celle des droits de l’homme, principalement dans les pays où les régimes sont peu démocratiques. Il s’agit du cas de quelques pays africains tels que Soudan et Nigéria. Dans ces pays, une part très importante des matières premières développées est extraite presque illégalement du sous-sol des pays en voie de développement. Cependant, ces pays n’en tirent qu’un bénéfice moindre pour plusieurs raison :

  • la spécialisation du pays dans l’exportation d’une ressource principale, plus particulièrement quand le pays est poussé par les institutions financières internationales et par les investisseurs. Les pays concernés déploient leur force dans cette spécialisation, au détriment de son économie. C’est principalement le cas de la « maladie hollandaise », existant depuis longtemps pour le pétrole
  • l’exportation de la ressource naturelle brute vers des pays qui, à leur tour, effectuent les diverses transformations générant de fortes valeurs ajoutées, comme le cas de la transformation du minerai de bauxite en aluminium
  • la distribution inégale de la rente obtenue d’une ressource naturelle laquelle est à l’origine de plusieurs situations telles que la volatilité des prix[28], la spéculation sur les cours, la faiblesse des institutions locales et nationales, l’inexistence d’un système juridique crédible, la corruption ainsi que les politiques commerciales consistant à renforcer la position des entreprises internationales

 

  • Les conséquences désastreuses sur le climat

Le modèle économique existant actuellement engendre d’énormes dégâts causés à la planète, principalement le réchauffement planétaire. Il s’agit essentiellement de la conséquence de la gestion des ressources naturelles. En effet, plus de 60% des émissions de gaz à effet de serre trouvent leur origine par l’exploitation des ressources d’énergie non renouvelables, notamment les énergies fossiles, à l’instar du charbon, du pétrole et du gaz. Il faut noter, d’une part, qu’il a fallu à la terre plusieurs centaines de millions d’années pour fabriquer naturellement ces ressources fossiles. D’autre part, environ un-quart des émissions de gaz à effet de serre est relatif au déboisement dont les principales causes sont :

  • l’exploitation forestière illégale et ne procurant aucun bénéfice pour les populations des pays où se fait cette exploitation
  • l’exploitation abusive en agriculture : il s’agit surtout du défrichement et de la création de nouvelles terres agricoles afin de céder la place à la culture pour les agro carburants, à l’instar du palmier à huile en Malaisie et en Indonésie, le soja au Brésil et en Argentine. On peut aussi parler des monocultures d’arbres telles que le cas des eucalyptus en Uruguay. Dans tous les cas, la pratique de monocultures va au bénéfice des pays riches lesquels en font une importation
  • la pauvreté : elle est surtout due à la répartition très inégale des revenus et des ressources. Cette situation incite les paysans, auxquels les terres sont retirées, à rester à proximité des forêts afin d’assurer leur survie. Cela a pourtant des effets néfastes sur l’environnement car il entraîne une destruction à grande vitesse des dernières ressources qui sont disponibles. Généralement, les ressources concernées sont utilisées pour faire du bois de chauffe. Il s’agit de la seule source d’énergie dont la population peut avoir accès.

 

Le réchauffement climatique est un problème d’ordre mondial. En effet, il concerne toutes les ressources naturelles renouvelables. Ce réchauffement climatique se trouve à l’origine d’une hausse des températures de l’atmosphère laquelle induit une hausse de la température des océans. Ces situations engendrent de multiples problèmes, plus particulièrement une modification du fonctionnement des écosystèmes. Dans la plupart des cas, les destructions causées aux divers compartiments de l’environnement sont irrémédiables et irréversibles. Ces altérations des composantes de l’environnement ont des impacts directs et indirects sur les êtres vivants aussi bien l’humain, l’animal que le végétal. On peut dire alors qu’il se crée une spirale vicieuse entre le réchauffement climatique et la surexploitation des ressources. Cette spirale est d’autant plus vicieuse qu’il se crée de liens entre la destruction de l’environnement, les conflits et la pauvreté.

 

Bien que le changement climatique concerne tous les pays, ce sont les pays du Sud, notamment les pays les moins avancés, qui sont les plus vulnérables aux conséquences de ces changements climatiques. D’après le rapport du GIEC en 2007[29], il est prévisible d’avoir une augmentation et une intensification des évènements climatiques les plus dangereux et extrêmes tels que les canicules, les sécheresses, les tempêtes et les fortes pluies. Par conséquent, toutes les activités économiques sont susceptibles d’être touchées. Par activités économiques, on entend les activités primaires telles que la pêche et l’agriculture lesquelles concernent plus de 75% de la population du Sud. Il y a aussi les activités économiques secondaires à l’instar du commerce et des activités de transformation. Ces impacts sur les activités économiques, qu’elles soient primaires ou secondaires, rendront encore plus pauvres les pays du Sud lesquels ne disposent pas de la capacité nécessaire pour se protéger et pour s’adapter à la nouvelle situation. Cela crée encore plus de fossé et aggrave les inégalités. Le réchauffement climatique a encore de graves conséquences sur la santé, notamment les expansions des maladies épidémiques telles que la diarrhée et le paludisme.

 

G.    Le minimalisme : facteur de progrès dans de nombreux domaines

Le minimalisme, bien qu’il renvoie à la suppression des superflus, peut constituer un énorme facteur de progrès. En effet, dans un souci de préservation de l’environnement et d’économie d’énergie, on se lance de plus en plus dans une politique consistant à utiliser des matières premières en quantité plus faible tout en veillant à assurer une bonne production. Cela s’observe dans de nombreux domaines. Nous allons donc parler du minimalisme appliqué à divers domaines.

 

1-      Le minimalisme dans le domaine de l’art

L’art minimal a été mis en œuvre depuis la fin des années 1965 par Richard Wollheim[30], un philosophe analytique, dans le livre « Arts Magazine ».

 

Dans le domaine de la peinture, le minimalisme consistait en la création d’œuvres qui se composent généralement de trois couleurs au maximum et de formes très basiques telles que les lignes droites, les carrés ou les ronds. Dans ce domaine, la simplicité fut de rigueur, ce qui explique l’absence de représentation subjective sur les œuvres artistiques des années 60. Il s’agit notamment d’un art dénué de sentiments.

 

Dans le domaine de la sculpture, on observait surtout l’utilisation de structures élémentaires lesquelles ont été fabriquées à partir de matériaux simples n’ayant subi aucune transformation. On peut citer, comme exemples de matériaux, le fer, l’acier et le cuivre poli. Il est possible de créer des pavements très originaux constitués, par exemple de carreaux métalliques, d’une succession de formes et de vastes feuilles de métal roulées ou pliées. Il est possible de réaliser des compositions linéaires en tubes blancs ou de couleur. Pour réaliser des œuvres minimalistes en sculpture, il est préférable de choisir des volumes géométriques relativement simples à appréhender, c’est-à-dire sans artifice. Pour les couleurs et les matériaux, on se limitera  aux couleurs originales. Ainsi, il est possible de réaliser une œuvre minimale car on se limite à l’essentiel.

 

Dans le domaine du design, le courant minimaliste fait partie de la démarche entreprise dès le début du 20ème siècle par Bauhaus[31]. De nombreux designers et architectes, à l’instar de Marcel Breuer et Ludwig Mies van der Rohe ont réalisé des créations très simples et très appréciées. Il nous est aussi possible de parler des créations de Shiro Kuramata[32] lesquelles constituent un bon exemple sur le minimalisme dans le domaine de l’art.

 

2-      Dans le domaine technique

Le domaine technique et technologique, devenu quasiment indissociable à la vie quotidienne de l’homme du 3ème millénaire, constitue un point particulier dans lequel le minimalisme détient un rôle important en matière d’innovation. Si, au début, les matériels informatiques requéraient plusieurs composants, dès leur fabrication à leur installation, ils en demandent de moins en moins de nos jours. Il s’agit donc là d’une autre facette du minimalisme.

Pour parler de minimalisme en informatique, nous allons rappeler que ce concept consiste à supprimer tout ce qui est superflu afin de n’en garder que l’essentiel. Et cela peut être parfaitement appliqué par tout un chacun, étant simple utilisateur de matériel informatique. Pour cela, il faut commencer par nettoyer le bureau et par le désencombrer. Il n’est pas très utile de rappeler que les bureaux bien rangés et les interfaces simples procurent plus de plaisir à travailler. Pour cela, il faut résumer le tout à l’essentiel, sans faire de création distractive. On pourrait donc commencer par enlever tous les icônes du bureau, ou du moins n’en garder que ceux dont on se sert le plus souvent. Il est certes plus facile de faire un double-clic sur un icône pour lancer une application, mais il est plus serein de ne pas avoir plusieurs icônes sur le bureau car cela crée davantage de stress quand il est nécessaire de chercher parmi les nombreux icônes. Donc, il serait plus préférable de choisir un beau fond d’écran mais toujours minimaliste, plutôt que d’avoir un bureau à l’apparence simple mais avec beaucoup d’icônes. Dans la pratique donc, il est possible de mettre, dans un premier temps, toutes les icônes dans un dossier afin d’en faire un tri plus tard. Par ailleurs, il est aussi possible de masquer automatiquement, en allant dans les propriétés, la barre des tâches.

Dans le domaine des transports, on note également la mise en place du minimalisme qui s’exprimait surtout sous forme d’innovation. On peut citer ici le passage de la traction des véhicules à la traction automobile. Ce passage s’effectuait assez rapidement et de manière radicale quand la  traction par les chevaux commençaient à disparaître petit à petit. Ainsi, des véhicules plus complexes à utiliser, on est passé aux véhicules plus simples d’utilisation. Le domaine maritime est aussi un domaine qui mérite une attention particulière en termes de minimalisme.

Dans le domaine de l’outillage, le minimalisme crée des effets sociétaux communs aux diverses vagues d’innovation. En effet, le minimalisme, rendant plus performants les matériels à utiliser, conduit à la réduction du temps de travail. Ainsi, le coût y afférent pour l’obtention d’un service ou d’un produit est largement réduit. Les moyens et le temps rendus disponibles permettent de satisfaire des besoins et envies plus sophistiquées que des besoins basiques, par exemple la possibilité d’explorer de nouveaux territoires, la possibilité de transmettre de nouvelles connaissances dans des conditions plus simples etc.

 

3-      Dans le domaine de l’environnement

L’environnement est un domaine pour lequel le minimalisme s’avère presque indispensable. En effet, la majorité des problèmes environnementaux sont dus à une mauvaise gestion de la consommation des ressources, notamment les ressources non renouvelables. Le minimalisme renvoie à deux principales notions dans le domaine de l’environnement. Une surconsommation illimitée entraîne d’une part un épuisement rapide des ressources naturelles disponibles et d’autre part, une création de pollution excessive. Par conséquent, le minimalisme peut constituer un véritable facteur de progrès dans le domaine de l’environnement.

 

Quand on sort de chez soi, pour se rendre au travail ou simplement pour balader, on a tendance à faire des achats impulsifs, c’est-à-dire des achats effectués sans vraiment y penser au préalable. Par ailleurs, il arrive aussi fréquemment de faire des achats imprévus, comme c’est le cas quand on se décide par exemple de s’acheter un croissant en passant devant une boulangerie. Tout un chacun ressent ces besoins et, à l’échelle planétaire, cela a un impact important sur l’environnement. Il faut noter que tous les endroits sont conçus pour autoriser la consommation rapide mais il faut aussi se rappeler que la consommation rapide crée une pollution de l’environnement. Ainsi, en dehors de ce que paie le consommateur pour son achat, il ne doit pas perdre non plus de vue que son acte coûte également à l’environnement.

 

4-      Dans le domaine social et politique

Dans le domaine social, il est aussi possible de parler de minimalisme qui est en relation avec l’innovation. On peut parler des politiques de lutte contre l’exclusion et donc portant sur l’organisation des politiques sociales. Il nous est possible de dire qu’on note que la complexification intense des organisations et du droit appliqués sur la société freinent l’efficacité du développement qu’on souhaite mettre en œuvre en matière de politique et de société.

Le fait de lutter contre l’exclusion et la pauvreté est devenu, pour de nombreux pays, à l’instar de la France, un enjeu majeur en termes de politique sociale. En effet, la pauvreté est redevenue, après près de trois glorieuses décennies, une question publique centrale. De nombreuses raisons sont essentiellement à l’origine de ce problème énorme, entre autres l’existence d’une politique plus ou moins complexe difficilement applicable à toutes les échelles. Cependant, il est envisageable d’en trouver des solutions en optant pour un plan précis et minimaliste : celui de la cohérence locale des opérations. Ainsi, il est possible de montrer par exemple, par des schémas ou par des représentations graphiques ce qu’il en est de la complexité superflue et grandissante des politiques appliquées dans le domaine social et politique. Ainsi, on peut établir une représentation de l’accumulation des plans, des dispositifs, des programmes de coordinations et des schémas en matière de lutte contre les problèmes sociaux fréquents tels que l’exclusion et la pauvreté. De surcroît, tout le monde devrait normalement préférer la simplicité, et par conséquent le minimalisme, à la difficulté. Il est donc compréhensible qu’on assiste à une société qui plaide pour une simplification radicale. La même démarche devrait être appliquée pour la protection sociale.

 

5-      Le minimalisme et le développement durable

Le développement durable, enjeu majeur depuis quelques décennies, est un domaine indissociable au minimalisme.

 

La conférence qui s’est tenue en 1992 à Rio de Janeiro (sommet de Rio+20 de 1992[33]) reposait sur la mobilisation de la communauté internationale pour la construction d’un « futur » pour la planète. La résolution engagée était énorme et malgré le grand nombre de pays représentés à la conférence, on a pu trouver un accord minimaliste lequel était sans contrainte et sans engagements. Compte tenu de cela, il nous est possible de dire que le minimalisme constitue un véritable facteur d’innovation et permet de trouver des solutions applicables en matière de développement durable. En effet, tous les Etats représentés à la conférence mondiale, même ceux qui sont les plus attachés à leurs intérêts politiques et économiques à court terme, one été convaincus de la nécessité d’instaurer des solutions minimalistes pour un progrès et un avancement dans le domaine du développement durable. Par conséquent, il n’a pas été très difficile de procéder à la rédaction et à l’adoption d’un texte à partir d’un consensus sur l’économie verte, le développement durable et le renforcement des programmes du PNUE[34]. Un grand tournant a eu lieu suite au sommet de Rio+20 dans la trajectoire du développement sociale et économique, de même que la préservation de la nature et la lutte contre la pauvreté.

Trois principaux objectifs correspondent à la conférence de Rio de 1992, une conférence ayant intervenue dans un contexte international modifié par les crises sociales, économiques, financières et alimentaires. Ces trois objectifs sont :

– évaluer les risques encourus et les lacunes existantes

– obtenir un engagement politique renouvelé pour la mise en place du développement durable

– relever les nouveaux défis

 

On a principalement choisi deux thématiques dans l’optique de structurer les négociations : le cadre institutionnel du développement durable et l’économie verte.

 

  • La mise en place de l’économie verte

Lors de la phase préalable à la conférence de Rio, la notion d’économie verte a particulièrement fait l’objet d’une attention particulière. Ce concept minimaliste a été promu par le PNUE en 2008 est devenu la principale référence pour la mise en place des négociations de Rio+20. Pour certains Etats, l’économie verte a suscité l’espoir de voir une économie dont les modes de production et de consommation ne produisent qu’une faible quantité de carbone. Pour d’autres Etats, l’économie verte renvoyait à un ensemble de nouvelles contraintes, notamment des contraintes commerciales, ce qui pourrait constituer un obstacle pour leur développement. En effet, ces Etats ont conçu l’économie minimaliste comme étant un moyen qui donnait aux Etats développés l’opportunité de toujours continuer leur croissance tout en empêchant les moins développés d’avoir leur part de marché. Au début, le manque de définition consensuelle et claire sur cette notion de l’économie verte a conduit vers une division des pays en diverses catégories. Ainsi, i l y avait ceux qui étaient pour le concept, ceux qui s’y opposaient et ceux qui n sont pas encore décidés.

La catégorie des Etats qui était pour le concept, une catégorie assez hétérogène, a à sa tête un groupe de pays que sont les Etats-Unis, le Brésil, la Corée du Sud, l’Union Européenne et le Japon. Même si les positions de ces pays ne sont pas totalement uniformes, ils étaient pour l’adoption de l’économie verte qui est une économie minimaliste. La Corée du Sud met particulièrement en avant la logique de la croissance économique verte. De son côté, l’Union Européenne adopte la démarche proposée par le PNUE et choisit de mettre en place une économie minimaliste qui s’articule principalement autour du développement durable, plus précisément une économie qui promeut la justice sociale et l’équité.

Les Etats qui hésitaient à l’adoption de l’économie verte regroupent l’Argentine, la Chine, l’Egypte et la majorité des pays du G77. Il est à noter que ces pays mettent en avant le principe de la responsabilité différenciée et commune. Ils ont surtout parlé de leurs craintes concernant l’adoption d’exigences environnementales lesquelles serviront de prétextes pour n’autoriser l’accès au marché économique mondial qu’aux pays développés. Ils ont précisé qu’ils sont assez réticents quant à la mise en place de mesures protectionnistes unilatérales et arbitraires. Selon les pays qui font partie de cette catégorie, la mise en place de cette économie minimaliste pourrait réduire encore les possibilités de lutte contre la pauvreté et par conséquent d’empêcher les pays vulnérable d’avoir des chances d’atteindre les buts du développement durable.

Les Etats qui se sont opposés à la mise en place de l’économie verte sont principalement les pays latino-américains, à l’instar de la Bolivie, Venezuela et Cuba. De nombreuses organisations non gouvernementales se trouvent à la base de leur position sur le refus de l’adoption de l’économie verte. Pour ceux le concept d’économie verte est associé à la privatisation des biens universels communs ainsi que la marchandisation des biens et services sous le contrôle du secteur privé.

 

A leur début, ces diverses positions furent difficilement conciliables. C’est essentiellement pour cette raison que le compromis sur l’adoption d’une économie minimaliste a été refusé. Pour l’instaurer, on a donc opté pour un « adoucissement » du langage, c’est-à-dire un langage minimaliste, qui est dépourvu de toute forme de prescription et de contrainte. Dans le document final sur l’adoption d’une économie minimaliste, tous les pays ayant pris part à la conférence ont déclaré que les initiatives correspondant au domaine de l’économie minimaliste devraient « respecter la souveraineté de chaque pays sur ses ressources naturelles en tenant compte de ses circonstances, objectifs, responsabilités et priorités nationaux ainsi que de la marge de manœuvre décisionnelle dont il dispose en ce qui concerne les trois dimensions du développement durable[35] ». Dans le domaine du commerce, ces pays ont aussi déclaré que les principes de promotion de l’économie verte ne devraient pas « constituer un moyen de discrimination arbitraire ou injustifiable, ni une restriction déguisée aux échanges internationaux, éviter les actions unilatérales visant à résoudre les grands problèmes écologiques au-delà de la juridiction du pays importateur, et veiller à ce que les mesures de lutte contre les problèmes environnementaux transfrontières ou mondiaux soient, autant que possible, fondées sur un consensus international[36] ».

 

  • La création d’une réforme modérée de la gouvernance du développement durable

Plusieurs acteurs ont espéré que la conférence Rio+20 donnerait l’opportunité d’apporter une réforme sur le système de gouvernance internationale en matière de développement durable. Cela entrait essentiellement dans le but d’apporter une harmonisation sur les nombreuses institutions dont les fonctions se chevauchent, ce qui expliquerait la déficience en matière d’efficacité et de résolution des vrais besoins des populations. Cependant, l’adoption progressive des solutions avancées à la conférence a conduit à un progrès qui commence à s’installer. En effet, on a envisagé la transformation du PNUE en ONUE[37] et à la mise en place d’une OME[38], une organisation indépendante et autonome. Cependant, à la place de ces  propositions, on a choisi de mettre en place une solution minimaliste laquelle consiste à renforcer le rôle du PNUE en hissant ce dernier à un rang ayant une autorité mondiale en matière de prise de décision sur l’environnement et le développement durable.

 

H.    Conclusion

Nous avons vu que la notion de minimalisme est un concept qui semble, à première vue, s’opposer à la notion de progrès, dans la mesure où ce dernier consiste à faire une production de matériels sophistiqués. Cependant, nous avons montré que le progrès conçu par l’homme du 20ème et du 21ème siècles est fortement lié à une destruction de la nature, suite à une surexploitation des ressources. Les concepts de minimalisme et d’innovation semblent être contradictoires. Toutefois, l’homme devrait être conscient qu’il est en train de faire une autodestruction par ses actes. Cela a des répercussions non négligeables tant sur le domaine social, politique, économique mais surtout sur l’écologie.

Il est envisageable de procéder à l’adoption du minimalisme en tant que principe de vie afin de recréer un monde nouveau.

 

I.       Discussion

Face à la situation de surconsommation actuelle laquelle se trouve à l’origine de la plupart des problèmes qui se multiplient, nous estimons qu’il est utile de parler de changements qui devraient être engagés. D’abord, il est important d’affirmer que les ressources naturelles sont indispensables quelle que soit l’activité humaine considérée. En effet, ces ressources constituent des matières premières pour la fabrication des produits finis et sont aussi un moyen de production ou encore de source d’énergie dans les industries. Elles permettent le fonctionnement du système qui nous environne. Depuis la Révolution industrielle, l’exploitation des ressources naturelles est abusive et pire encore aux 20ème et 21ème siècles. Cette surexploitation s’apparente à un suicide de l’humanité, pour ne citer que le réchauffement planétaire, un des impacts les plus fatals pour les composants de l’écosystème. L’installation d’une spirale vicieuse devrait impérativement être arrêtée. Il est temps de trouver des remèdes à cette crise systémique. Pour cela, il est nécessaire de mettre en place une justice sociale et environnementale et d’organiser une refonte totale des modèles de développement pour que ceux-ci soient socialement justes et écologiquement soutenables. Il ne faut pas perdre de vue que c’est la survie de l’humanité qui est ici mise en jeu. Il faut donc, d’une part agir sur les enjeux strictement climatiques, et d’autre part travailler sur les causes. Il est indispensable de repenser à la gestion des ressources naturelles lesquelles se situent au milieu du modèle économique mondialisé. Il est donc temps d’adopter et d’appliquer ce qui est dit dans les principes de la Déclaration de Rio, notamment les principes relatifs à la précaution, à la responsabilité (pollueur-payeur[39]). Les pays qui émettent le plus de quantité de polluants, principaux responsables du réchauffement planétaire, devraient assumer leurs responsabilités en appliquant un nouveau mode de gestion des ressources naturelles basé sur le minimalisme. Afin de favoriser ce changement, il est recommandé d’informer et de responsabiliser les dirigeants, les entreprises et les consommateurs sur la mise en avant de ce changement.

Le partage équitable des ressources disponibles au niveau de la planète est souhaitable. Cette politique vise à une remise en cause du mode de consommation des pays avancés lesquels devront se tourner vers le minimalisme. Pour ne parler que de la consommation des matières premières, elle devrait être diminuée d’un facteur 3 à 5 dans les pays avancés : un engagement à réaliser dans les prochaines décennies. Cela doit se traduire par l’émergence d’une nouvelle économie sobre en termes de consommation d’énergie et de ressources naturelles.

Le pouvoir public devrait instaurer un cadre éducatif, public, économique et fiscal pour encourager et stimuler la transition colossale de l’économie. Pour que la transition soit plus rapide et ambitieuse, il est nécessaire de mettre en place un accompagnement, plus particulièrement pour la création de nouveaux emplois et pour la formation des travailleurs. De leur côté, les mouvements sociaux et les différentes composantes des sociétés civiles, aussi bien dans les pays du Nord que ceux du Sud, doivent travailler à la construction d’alternatives globales et à la généralisation des alternatives. Les modes de consommation et de production insoutenables devraient être dénoncés afin de remettre les impératifs écologiques et sociaux au cœur des sociétés humaines, ce qui pourra également redonner à la finance et à l’économie leur place pour atteindre les buts fixés.

 

BIBLIOGRAPHIE

 

 

Aghion et Griffith, 2005 « Competition and Innovation : an inverted-u relationship ». Revue économique de l’OCDE

 

Julien Damon, 2008 « Une innovation pour la politique sociale : la simplification par unification et intégration ». Créativité et innovation dans les territoires, p 361-370

 

Marc Giget, 2008 « Dynamiques historiques de l’innovation : de la Renaissance à la sortie de crise ». Créativité et innovation dans les territoires, p 113-142

Michèle Debonneuil, 2008 « L’innovation dans les services à la personne ». Créativité et innovation dans les territoires, p371-374

Pierre-André Taguieff, 2004 « Le sens du progrès ». Flammarion. 438 p

 

 

Table des matières

  1. Introduction. 1
  2. Etat des lieux de la planète. 1
  3. Définition et origine des notions mises en jeu. 2
  4. Le minimalisme. 2
  5. Le progrès. 6
  6. L’innovation. 10
  7. Le progrès et le minimalisme : deux concepts qui s’opposent 12
  8. La situation actuelle : l’innovation. 12
  9. Les conséquences de la situation actuelle sur les ressources. 14
  10. L’existence d’un modèle financier et économique dominant 14
  11. Un modèle de surconsommation illimitée. 15

3-    Les impacts environnementaux et sociaux de ce modèle économique. 17

  1. Le minimalisme : facteur de progrès dans de nombreux domaines. 20

1-    Le minimalisme dans le domaine de l’art 20

2-    Dans le domaine technique. 21

3-    Dans le domaine de l’environnement 21

4-    Dans le domaine social et politique. 22

5-    Le minimalisme et le développement durable. 22

  1. Conclusion. 24
  2. Discussion. 25

BIBLIOGRAPHIE.. 26

 

 

[1] Selon les Nations Unies, Estimation de la population mondiale par le Bureau de recensement des Etats-Unis, Consulté le 21 Septembre 2009

[2] Historical Estimates of World Population, Bureau de recensement des Etats-Unis, Consulté le 20 Février 2008

[3] Prélèvement d’une quantité excessive

[4] Donald Clarence Judd est un artiste en arts plastiques, né le 3 Juin 1928 et mort le 12 Février 1994

[5] Le zen est un principe japonais qui a atteint plusieurs pays de l’Orient, par vagues successives.

[6] Minarets irakiens : les dessins sur le drapeau irakien

[7] Nietzsche : philosophe, philologue et poète allemand, né le 15 octobre 1844

[8] Citation française

[9] Peter Behrens : architecte, graveurs, peintre, typographe et designer allemand, né le 14 Avril 1868 et mort le 27 février 1940

Fra Angelico : peintre italien de la Renaissance, né Guido di Pietro vers 1400

[10] Ludwig Josef Johann Wittgenstein, philosophe, né le 26 avril 1889, mort le 29 avril 1951

[11] Dieter Rams est un designer industriel allemand contemporain, né le 20 mai 1932

[12] un principe consistant à choisir volontairement la pauvreté

[13] Francis Bacon, baron de Verulam, vicomte de St Albans, philosophe et homme d’Etat, né le 22 janvier 1561 et décédé en 1626

[14] Pierre-André Taguieff est un politologue et un sociologue français, né le 4 août 1946 à Paris

[15] Les Misérables : roman de Victor Hugo paru en 1862

[16] Charles Robert Richet : physiologiste français, né le 26 août 1850, mort le 3 décembre 1935

[17] Un monde sans limite. Essai pour une clinique psychanalyste du social. J-P. Lebrun, éditions Er s, 1997, 245 p.

[18] Le Petit Robert, Nouvelle Edition, 2000

[19] Joseph Aloïs Schumpeter : économiste autrichien, né le 8 février 1883, mort le 8 janvier 1950

[20] Discours prononcé par Staline

[21] C’est un terme qui désigne la seconde Révolution industrielle (vers la fin du 19ème siècle)

[22] C’est la période des Lumières, celle qui suit la Renaissance

[23] Steve Jobs : entrepreneur américain, PDG-fondateur d’Apple et de Pixar, né  en 1955, mort en 2011

[24] Wii de Nitendo a  collecté un chiffre d’affaires de plus de 50 millions de dollars

[25] PIB : Produit Intérieur Brut

[26] Coltan : combinaison de colombite et de tantalite : minerai de couleur noir ou brun-rouge

[27] Il s’agit d’une course vers l’hémisphère sud qui possède encore des réserves en ressources

[28] Volatilité des prix : paramétrage de quantification du risque de rendement et de prix d’un bien

[29] GIEC, 2007 : Bilan 2007 des changements climatiques

[30] Richard Wollheim : philosophe britannique du courant analytique, né le 5 mai 1923, mort le 4 novembre 2003

[31] Bauhaus : institut des arts et des métiers fondé en 1919 à Weimar

[32] Shiro Kuramata : designer japonais, né le 29 novembre 1934, mort le 1er février 1991

[33] Conférence historique du 20 au 22 Juin 1992, Objectif : Bâtir un « futur » pour la planète

[34] PNUE : Programme des Nations Unies pour l’Environnement

[35] Accord signé les Etats sur la mise en place de l’Economie Verte lors du Sommet de Rio+20, 1992

[36] Accord signé les Etats sur la mise en place de l’Economie Verte lors du Sommet de Rio+20, 1992

[37] ONUE : Organisation des Nations Unies pour l’Environnement

[38] OME : Organisation Mondiale pour l’Environnement

[39] Ce système consiste à faire payer plus ceux qui polluent le plus. La quantité de polluants émis est évaluée sur la base de quantité de gaz à effet de serre émis.

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