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Mémoire portant sur le rachat d’action propres par les groupes européens

Le rachat d’actions propres par les groupes européens : Instrument de leur politique financière ou reflet d’un manque d’ambition ?

Introduction

Les rachats d’actions propres ont mis du temps avant d’être acceptés et d’être pratiqués par les entreprises françaises. De même, les cadres législatifs et juridiques des pays asiatiques ne permettaient pas aux entreprises de recourir à de telles pratiques jugées immorales, puisque l’entreprise ne peut pas être son propre actionnaire. Elles ont pourtant été fortement pratiquées aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne. Puis, les pays européens et notamment, la France se sont ouverts à cette nouvelle pratique.

Dès le rapport Esambert, de nombreuses entreprises se sont lancées directement dans le cadre de cette opération. Les programmes de rachats d’actions propres par les entreprises se sont accentués de manière drastique ces dernières années et au début de sa pratique, elle a fortement attiré les établissements de crédit (Branthomme et al., 2000). Cela démontre donc l’intérêt croissant des entreprises, et surtout de leurs actionnaires dans le cadre de la réalisation du rachat d’actions.

Il nous paraît utile de ce fait d’analyser ce phénomène qui tend à prendre de plus en plus d’ampleur au sein de la finance d’aujourd’hui. A travers les activités et les décisions prises par les actionnaires et/ou les dirigeants d’entreprises, se reflète la volonté d’augmenter les biens alloués aux actionnaires et de veiller à la prospérité de l’entreprise, à sa performance et à l’amélioration de son positionnement sur le marché. Dans ce cadre, la question qui se pose est la suivante : Les opérations de rachat de ses propres actions par la société constituent-elles bien une politique financière permettant de développer l’entreprise, ou s’agit-il d’un dernier recours pour les actionnaires et les dirigeants d’entreprise ? Nous visons à mettre en évidence à travers la présente étude, les différentes facettes de l’opération de rachat d’actions et son apport pour les différents acteurs de l’entreprise et pour l’entreprise elle-même.

  1. La notion de rachat d’actions propres
  • Définition et place de l’action au sein de l’entreprise

Corhay et Mbangala (2008) définissent l’action comme étant « un titre de propriété (valeur mobilière) qui représente la part du capital qu’un actionnaire détient dans l’entreprise lors de sa création ou lors de l’augmentation du capital social ». Ces actions peuvent être détenues par des personnes physiques ou des personnes morales qui ont apporté des titres de participation à l’entreprise. Ainsi, les propriétaires de ces titres constituent aussi les propriétaires juridiques de l’entreprise.

L’action désigne la part de capitaux propres de l’entreprise chez les sociétés anonymes. Elle  constitue une des sources de financement de l’entreprise au même titre que les dettes ou les créances. Alors que ces dernières constituent une source de financement passagère, l’action permet de financer l’entreprise à long terme puisqu’elle dure pendant toute la vie de l’entreprise. De ce fait, son élimination ne peut se faire qu’à travers les cessions de titres. Celui qui porte une action assume aussi le risque total de l’entreprise. Ainsi, il ne sera pas rémunéré au cas où il y a liquidation. Cependant, le porteur d’action dispose d’un droit de vote qui lui permet d’obtenir des bénéfices et de participer à la gestion de l’entreprise[1].

Le droit de vote de l’actionnaire est utilisé lors de l’assemblée générale. C’est pendant cette réunion en effet, que le partage des bénéfices issus des activités de l’entreprise est décidé.  D’autre part, c’est le moment propice pour discuter et décider d’autres points focaux intervenant dans la gestion de l’entreprise.

La part de capital de la société correspond à un titre de propriété détenue par l’actionnaire. De ce fait, les droits attribués à cet actionnaire sont larges. La détention de part du capital de l’entreprise fait d’eux les propriétaires des entreprises. Cette position leur confère  un droit à la rémunération qui se fait annuellement par un dividende au cas où l’action a permis de générer un bénéfice pendant l’exercice. Il faut noter cependant, que le montant de ce dividende et donc, de la rémunération de l’actionnaire dépend du résultat de l’entreprise et des décisions prises lors de l’Assemblée Générale des actionnaires.

L’action détenue par l’actionnaire conditionne son influence lors des décisions prises au sein de l’entreprise. Ainsi, quand sa part dans le capital de l’entreprise est faible, l’achat de son action constitue une spéculation étant donné que son pouvoir se trouve dilué au sein de l’entreprise. Par contre, ceux qui disposent d’une plus grande part de capital peuvent avoir une grande influence sur les décisions prises lors de l’Assemblée Générale. Des décisions prises lors de l’assemblée dépendent la survie de l’entreprise mais également, la rémunération des actionnaires puisqu’en cas de mauvaise gestion, les actionnaires vont perdre une partie de leur investissement initial. Ainsi, les mauvaises gestions exposent les actionnaires à des plus grands risques de pertes. Au cas où la situation de l’entreprise n’arrive pas à se redresser, alors ils perdent l’intégralité de leur investissement.

Le bénéfice généré par l’entreprise n’est pas intégralement partagé entre les actionnaires. Une partie va être réinvestie dans le cadre d’autres projets ou activités de l’entreprise. En étant une source de financement à long terme et de bénéfice pour l’entreprise, l’action constitue un facteur prépondérant dans le développement de l’entreprise et sa croissance[2]. A travers les différentes décisions financière, le but ultime est de générer de la valeur ou de la richesse pour les actionnaires qui prennent de nombreux risques. La richesse des actionnaires est donc évaluée sur la base des prix des actions que les futurs actionnaires sont prêts à payer. Vu sous cet angle, l’objectif de l’entreprise est de maximiser la valeur de l’action. Cependant, en intervenant au niveau des prix des actions, les entreprises visent aussi à intervenir au niveau du cours de l’action (Damodaran, 2006).

Le financement par capitaux propres ou fonds propres constitue une des options de financement de l’entreprise. Ce financement comporte le capital social correspondant à l’apport des actionnaires qui peuvent être sous forme de titres ou sous forme d’actions ordinaires (Corhay et Mbangala, 2008).

Les actions peuvent être négociées et donner le droit au dividende chez les entreprises qui réalisent un résultat net positif. Les actions permettent entre autre d’attribuer un droit préférentiel de souscription pour les anciens actionnaires lorsque le capital de l’entreprise augmente. Enfin, les actions donnent droit aussi au bonus de liquidation au cas où des actifs restent après que les créanciers qui y ont pris part (Corhay et Mbangala, 2008).

  • En quoi consiste le rachat d’actions propres ?

Comme son nom l’indique, le rachat d’actions propres par l’entreprise renvoie au rachat de ses titres afin que ceux-ci soient attribués aux salariés et aux dirigeants pour faire une croissance externe. Le rachat d’action propre est également considérée comme étant un moyen permettant de rendre liquide la valeur de l’entreprise et de se couvrir des plans d’options d’achat ou de souscription. Cette option permet à l’entreprise de réduire le nombre de ses actions en circulation et d’optimiser entre autre le bénéfice net par action[3].

D’autre part, il s’agit d’une opération qui permet de racheter partiellement les titres de l’entreprise en circulation et dans un marché financier bien déterminé. En d’autres termes, le rachat d’action propre ne fait intervenir que l’entreprise sur son propre capital. De ce fait, il agit sur la part du capital qui circule sur le marché ou le flottant[4]. L’opération de rachat d’actions propres par les entreprises est entreprise par les actionnaires qui la décident pendant l’assemblée générale. Mais la réalisation de telles opérations nécessite l’autorisation de l’Autorité des Marchés Financiers (AMF)[5].

Le rachat d’actions propres est réalisé par les entreprises qui ont une grande taille et qui présentent en même temps des opportunités d’investissement moyen. Il est également réalisé lorsque les capitaux propres et les capitaux d’exploitation de l’entreprise sont rentables. Le rachat d’actions propres est favorisé chez les entreprises caractérisées par le contrôle par des personnes physiques[6].

Mais sa réalisation requiert certaines conditions. En effet, le rachat d’action ne peut être intéressant pour l’entreprise que dans la mesure où il s’agit d’une entreprise cotée en Bourse et qui dispose d’une importante trésorerie placée en produits monétaires. En effet, ce cas ne permet plus à l’entreprise d’enregistrer une plus grande rentabilité. De même, lorsqu’il n’y a plus de projets d’investissement pour l’entreprise, alors le rachat d’action pourrait constituer une opportunité pour annuler les actions et pour réduire le nombre d’action en circulation, ce qui augmente le bénéfice net par action, d’où le rôle du rachat d’action dans la relution[7].

Les rachats d’actions sont particulièrement réalisés lorsqu’il existe une forte chute des marchés financiers. Quand les cours sont faibles, alors le rapport entre le coût et le bénéfice pour l’entreprise peut être élevé. Cette démarche est aussi adoptée lorsque les entreprises veulent diversifier leurs investissements. Pour ce faire, les entreprises investissent partiellement ou intégralement en interne leur trésorerie[8].

  • Quels sont les cadres juridiques qui régissent le rachat d’actions en Europe ?

Auparavant, la loi française du 24/07/1966 interdisait les entreprises de se souscrire à l’achat de ses propres actions. En effet, il a été mal vu qu’une société devienne son propre actionnaire. A cela s’ajoute la nécessité de protéger les créanciers et de préserver l’égalité des actionnaires. Cependant, le développement de la pratique de rachat d’actions en Grande-Bretagne et aussi aux Etats-Unis aurait pu changer les différentes considérations à l’égard de cette pratique. Ainsi, dans le rapport Esambert, le rachat d’action a été affirmé comme étant une démarche permettant d’améliorer l’allocation de capitaux dans l’économie. Dans ce cadre, la surface financière d’une entreprise doit être adaptée à son métier, et permettre de restituer autant que faire se peut, de  la valeur aux actionnaires. Ainsi, la réduction du capital devient un mode de gestion économique et financière de l’entreprise pour éviter la tension au niveau des flux de capitaux[9].

Le rachat d’actions est régi par la Loi n°98-546 du 2 juillet 1998, et permet aux entreprises d’acheter un nombre d’actions qui représentent jusqu’à 10% de son capital pendant 18 mois. Ce processus permet de garder, d’annuler ou d’échanger des actions d’entreprise.

Les programmes de rachat d’actions sont votés par l’assemblée générale des actionnaires et doivent être avisés par l’AMF (Autorité des Marchés Financiers). Selon la loi française, ces programmes ne doivent contribuer qu’à régulariser le cours boursier, donner des actions aux salariés, remettre des actions lors des opérations financières, annuler des actions et conserver les actions de la firme. La société qui rachète ses propres actions doit déterminer la part maximale du capital qu’elle va racheter et la répartition de son capital social.[10].

  • Comment racheter ses propres actions ?

Le rachat de ses actions propres par l’entreprise nécessite l’autorisation d’acquérir accordée par l’assemblée générale. Cette dernière détermine les modalités d’acquisitions pouvant être envisagées et donne aussi des précisions en ce qui concerne le nombre maximum d’actions à acquérir, la durée de validité de l’autorisation accordée par l’assemblée générale. Cette dernière ne doit pas excéder 18 mois (Winandy, 2008).

Le rachat d’actions propres à valeur élevée ne peut se faire au cas où le rachat est réalisé pour s’affranchir des dommages. Dans ce cas, l’assemblée générale  tient compte des principales motivations du recours au rachat d’actions. Par ailleurs, ce genre de rachat ne peut pas se faire si les actions sont acquises par la société elle-même, ou par une personne qui utilise le nom de la société. Le rachat d’actions propres doit uniquement faire l’objet d’une allocation des biens aux personnels de l’entreprise (Winandy, 2008).

Une fois que les actions ont été acquises, leur répartition à leurs destinataires doit se faire dans les 12 mois qui suivent. L’actif net de l’entreprise ne doit pas devenir inférieur au capital souscrit après le rachat d’actions. Par ailleurs, les opérations de rachat d’action portent sur les actions entièrement libérées. Des indications en ce qui concerne le rachat d’actions propres doivent figurer dans le rapport de gestion de la société (Winandy, 2008).

L’acquisition des actions propres peut se faire soit par la société elle-même, soit par des sociétés ayant la même directive que la société émettrice d’actions. L’acquisition des actions par les filiales sont considérées comme étant des acquisitions d’actions propres par la société elle-même (Winandy, 2008).

Le rachat d’actions peut se faire selon deux modalités.  Les actionnaires peuvent racheter leurs actions sur le marché boursier. Mais il est également possible de racheter les titres qui appartiennent aux actionnaires, appartenant à un cours supérieur à celui du marché d’action[11]. Dans certains pays comme le Canada, le rachat d’actions peut se faire par blocs d’actionnaires dominants, par la bourse ou par rachat à prix fixe et pourtant, ce sont les rachats par les bourses qui sont les méthodes les plus courantes pour acquérir les actions. Les groupes qui rachètent les actions doivent informer mensuellement les actions qu’ils ont acquises. Ces informations sont véhiculées par la Bourse.

Le rachat à prix fixe pour sa part, se fait par l’offre publique d’achat (OPA) qui ne se concentre que sur un nombre spécifique d’actions à prix fixe mais avec des primes pour les actionnaires. Contrairement à ce qui est observé chez les autres modalités de rachats d’actions, celui-ci est le plus rapide. D’autre part, si 5% d’actions seulement sont autorisées par les rachats via Bourse, cette option permet d’excéder ce seuil. Enfin, le rachat par blocs nécessite de nombreuses négociations avec les actionnaires dominants. A l’issue de ces concertations, le traitement devrait être le même pour tous les actionnaires (Barnes et al., 1997).

  1. Les motivations et les conséquences des rachats d’actions propres
  • Pourquoi recourir à un rachat d’actions propres ?

Les techniques de rachats d’actions ont été faites dans l’objectif de sous-évaluer l’entreprise émettrice. En effet, quand le capital d’une entreprise augmente, alors elle devient surévaluée. Le rachat d’action est couplé avec une rentabilité anormale du cours boursier qui peut aller de 2% à 3%. Le programme de rachat de ses actions propres permet à l’entreprise d’attirer les investisseurs et par conséquent, de déclencher une option d’achat sur ses propres titres.

Le rachat d’actions propres permet entre autre de pallier à la rémunération par des dividendes qui est à l’origine des conflits entre les actionnaires et les dirigeants et qui sont de ce fait, à l’origine de l’augmentation des coûts d’agence de l’entreprise. Par conséquent, cette démarche pourrait diminuer les conflits d’agence.

Le rachat d’action a été corrélé au développement de stock option par les dirigeants d’entreprise. Ces stocks options favorisent la rémunération des dirigeants d’entreprise par l’apport d’action rachetée tout en réduisant les risques de dilution de capital. Le recours au stock options est effectué lorsque la rétribution des actionnaires se fait par des rachats d’actions et non pas par des dividendes. D’autre part, la conception de plans d’action pour les salariés augmente les opportunités pour l’entreprise d’augmenter ses programmes de rachat d’actions.

Le rachat d’action par les firmes ne porte pas atteinte à la valeur boursière de la firme contrairement à ce qui se passe dans le cadre d’une rémunération des dirigeants d’entreprise par les dividendes. Par ailleurs, il permet aussi de conserver les rapports entre la valeur du sous-jacent et le prix d’exercice de la firme. Pour les dirigeants d’entreprise, le rachat d’action conduit à la réduction des risques de prises de contrôle hostiles qui sont généralement faits par les actionnaires de la firme[12]. Le rachat d’actions permet donc à la firme d’avoir un contrôle sur l’entreprise elle-même et de signaler le marché financier. Le rachat d’action est adopté dans le cadre d’une annulation de ces actions pour faire progresser le bénéfice par action.

Dans un contexte où les entreprises sont désormais conscientes de la nécessité de prendre en compte non seulement de ses clients externes, mais aussi de l’importance de prendre en compte les clients internes,  le rachat d’actions permet de motiver les salariés puisque les actions issues de cette opération doivent être partagées entre différents acteurs[13]. Le rachat de ses propres actions par l’entreprise lui permet de réduire le nombre de ses actions en circulation et permet de ce fait d’augmenter le bénéfice net par action[14].

Les actionnaires constituent indiscutablement les propriétaires de l’entreprise. Cependant, ils ne peuvent pas toujours suivre les différentes activités qui sont réalisées au sein de l’entreprise. Pour pallier à cela, les actionnaires engagent des dirigeants qui vont se charger des affaires de l’entreprise. Les différentes décisions au sein de l’entreprise tendent à favoriser et à maximiser autant que faire se peut, la rémunération des actionnaires. Cependant, à cause du manque d’informations qu’ils observent, les dirigeants peuvent passer sous silence certaines situations de l’entreprise et les détourner à leur propre profit. Les actionnaires de ce fait, vont essayer de limiter les comportements opportunistes des dirigeants d’entreprise en mettant en place des systèmes de contrôle. L’asymétrie d’information est à la source des différents conflits entre les dirigeants et les actionnaires de l’entreprise. Le rachat d’actions propres a été utilisé comme étant une démarche permettant de limiter les coûts liés à ces conflits d’agence mis à part le soutien des cours[15].

  • Quelles sont les répercussions du rachat d’actions propres sur les actionnaires de l’entreprise ?

Les actionnaires sont bénéficiaires de la démarche de rachat d’actions propres parce que dans le cadre d’une rémunération par des dividendes, les dirigeants peuvent encore faire des bénéfices à leur insu, ce qui conduit à des conflits. Ainsi, cette démarche permet non seulement de réduire les coûts d’agence mais, aussi de verser des fonds temporaires aux actionnaires en ne suscitant pas l’engagement de la société.

Les conflits entre les actionnaires et les dirigeants d’entreprises peuvent découler de l’évaluation de l’entreprise sur le marché. En faisant un rachat d’action, les entreprises réduisent leur rentabilité et leur opportunité de croissance. Ainsi, les rachats d’actions constituent des démarches permettant de pallier aux surinvestissements d’entreprise. Par le biais du rachat d’actions, il est possible d’acheminer le flux de fonds de la société vers les actionnaires.

Le rachat d’action permet de limiter le flottant et de concentrer de ce fait, les droits de vote chez le principal actionnaire. Au cas où ce dernier n’apporte pas ses titres lors du rachat d’action, alors ses actions détenues par l’entreprise perdent leur droit de vote à son seul profit.

A l’instar du mode de paiement des dirigeants d’entreprise, le rachat d’actions a été mis en œuvre au détriment du paiement classique des actionnaires par les dividendes. De ce fait, le rachat d’actions pourrait être considéré comme étant un substitut des dividendes. Cependant, ce fait n’est pas vérifié en France même si dans d’autre pays, le dividende tend à être remplacé par le rachat d’actions. En effet, les sociétés françaises cotées en Bourses utilisent le rachat d’actions propres en complément de la distribution des dividendes. En effet, ces deux types de paiement se font sous des conditions fiscales très différentes. Or,  les rachats d’actions s’avèrent plus avantageux du point de vue fiscal par rapport au dividende. La fiscalité est assurée par les investisseurs institutionnels et non pas les investisseurs individuel. Par conséquent, ils choisissent les solutions qui leur sont les plus favorables dans le cadre du choix d’un mode de distribution.

Mis à part les conditions fiscales, le choix entre le dividende et le rachat d’action est aussi influencé par les cycles économiques. L’augmentation des dividendes va de pair avec l’augmentation de flux d’exploitation et le rachat d’action augmente proportionnellement avec les flux de non exploitation. Le rachat d’action est également utilisé lorsque les flux sont très volatils. Par cette démarche, les flux en excès sont distribués et l’entreprise peut lisser les dividendes au lieu de les diminuer ou de les omettre. L’augmentation des flux de trésorerie de la firme accompagné d’une augmentation du dividende conduit à une hausse permanente de ces flux de trésorerie. Or, quand l’augmentation des flux de trésorerie est suivi d’un rachat d’actions, la hausse enregistrée n’est que temporaire. Par conséquent, le rachat d’actions est adopté pour augmenter la flexibilité financière de l’entreprise[16].

Le rachat d’actions permet de faire basculer les trésoreries vers les actionnaires. Les grandes entreprises sont marquées en effet, par des flux de trésoreries excédentaires alors que les taux d’intérêt sont bas. Dans cette situation, les entreprises pourraient être encouragées à diminuer leur capital social lorsqu’elle dispose de liquidités et qu’elle veut recentrer ses activités sur son métier d’origine. Or, le rachat d’actions permet à la fois de réduire le capital social de l’entreprise et d’augmenter les gains des actionnaires. Parmi les avantages de la rémunération des actionnaires par le rachat d’action accompagné d’une annulation de titres se trouve la relution. Cette dernière consiste en une optimisation des bénéfices par actions, ce qui veut dire que les bénéfices des actionnaires augmentent lorsque le nombre de ses actions en circulation augmentent[17].

Le rachat d’actions apporte une prime aux actionnaires dans la mesure où le lancement de l’offre conduit à un prix de rachat supérieur pendant le dernier cours de l’action. La prime touchée par les actionnaires varie en fonction des cas. Elle peut être particulièrement élevée, ce qui encourage les actionnaires à participer activement et à donner leurs titres à l’offre[18]. Le rachat d’actions propres apporte des bénéfices aux actionnaires au détriment des dirigeants d’entreprise dans la mesure où il permet à la fois de faire monter le cours des actions rachetées mais aussi d’augmenter la rentabilité des fonds des actionnaires[19].

  • Le rachat d’actions propres impacte-t-il sur le marché des actions ?

Le rachat d’action impacte positivement sur le marché des actions en permettant d’accumuler un grand nombre de titres sur le marché boursier. Les effets du rachat d’action se focalise entre autre sur la diminution du flottant[20]. L’annonce d’un rachat d’action par une entreprise permet d’augmenter d’en général 15 % les cours d’actions soixante jours après le rachat d’action. Mais en augmentant le prix de leurs actions à court terme, le rachat conduit à augmenter aussi le coût des offres publiques à l’encontre des actionnaires[21].

  • A quoi servent les actions rachetées ?

Le rachat d’action est considéré comme étant une stratégie financière permettant aux dirigeants d’entreprises cotées en  Bourse, de distribuer autrement que par des dividendes, les flux financiers produits par l’entreprise[22]. Les actions rachetées sont impliquées dans le cadre de la maximisation des rémunérations des actionnaires de l’entreprise. Elles sont entre autre allouées aux salariés par le biais des plans de participation ou les achats préférentiels d’actions. Au cas où les actions ne sont pas allouées à des personnes physiques, alors elles sont impliquées dans le cadre d’un stock option. Par ailleurs, le rachat d’action est adoptée pour améliorer la valeur boursière de l’entreprise quand celle-ci est sous évaluée. Les actions acquises sont revendues pour générer des plus values boursières.

Puis, il existe une possibilité de faire une croissance externe par le biais des rachats d’actions. Ces dernières peuvent se faire par le biais des échanges de titres ou (OPE). Cette option est amorcée quand l’entreprise ne dispose plus d’assez de liquidités pour lancer une offre publique d’achat (OPA) sur la société cible.

Le rachat d’actions a été rapporté être à l’origine de l’augmentation du cours de Bourse de la société. Les entreprises peuvent le faire pour alerter les investisseurs sur le marché financier et pourtant, la démarche ne produit pas la réaction attendue. En effet, dans certains cas, les opérations de rachat d’actions propres n’intéressent pas les investisseurs. Ainsi, ils l’abandonnent au profit d’autres stratégies telles que les fusions-acquisitions ou le lancement de nouveaux investissements. De ce fait, le rachat d’actions pourrait aussi parfois  refléter l’incapacité de l’entreprise à trouver des placements efficaces ou une inaptitude à se développer au sein de nouveaux marchés[23].

Bien que les avantages du rachat d’action par l’entreprise aient été rapportés dans les différentes littératures que nous avons revues précédemment, cette opération peut porter préjudice à certains acteurs. En effet, le rachat d’action apporte de la richesse et de la valeur pour les actionnaires seulement, alors que dans un cadre de responsabilité sociétale de l’entreprise, les différentes activités de l’entreprise devraient contribuer à donner des valeurs pour ses différentes parties prenantes. Par ailleurs, en voulant diminuer les actions en circulation, le rachat d’action augmente les risques encourus par les actionnaires puisque leur participation n’est pas la même. Il s’agit d’une opération qui montre l’inégalité entre les actionnaires ou les groupes d’actionnaires (Winandy, 2008).

  • Analyse de quelques cas de rachat d’actions propres
  • Le rachat des ses propres actions par L’Oréal

L’Oréal est un groupe qui se focalise sur la production de cosmétiques depuis plus de cent ans. L’entreprise a été fondée en 1909 par un chimiste et entrepreneur appelé Eugène Schueller. Les créations de l’entreprise ont commencé avec des teintures pour cheveux vendus aux coiffeurs parisiens. A partir de 1957, le groupe commence à faire sa montée à l’échelle internationale par les efforts et les réformes lancées par François Dalle par le biais d’acquisition de marques stratégiques. De 1984 à 2000, le groupe connaît une forte expansion grâce aux importants investissements dans la recherche. Cette dernière a permis de lancer de nouveaux produits qui relancent aussi les effets des marques stratégiques acquises par l’entreprise. En 1988, Lindsay Owen-Jones dirige le groupe et favorise l’implantation du groupe dans de nombreux pays. Les acquisitions stratégiques continuent. L’entrée au XXIème siècle est marqué par la diversité, devenue désormais le maître mot du groupe. En effet, le groupe tente de satisfaire à toutes les attentes et les exigences de tous les acteurs mondiaux en termes de produits cosmétiques. Le groupe renforce sa position à l’international en tant que leader dans le domaine de la cosmétique par le biais de ses initiatives citoyennes[24].

Dans un marché marqué par de forts changements et des évolutions en termes de besoins cosmétiques, le groupe, même s’il détient une position stratégique au niveau du monde entier, doit toujours mener des actions pour renforcer autant que faire se peut son pouvoir sur le marché. En février 2014, les héritiers du fondateur du groupe ont décidé d’augmenter leur participation au sein du groupe par le biais du rachat de ses propres actions.

Dans ce cadre, L’Oréal projette de racheter 8% de son propre capital. 48,5 millions des actions de L’Oréal sont détenus par Nestlé tandis que 9 milliards d’euros sont à la disposition du laboratoire Sanofi. Le financement du rachat d’actions propres par le groupe se fait à travers la cession de la participation de L’Oréal avec le laboratoire helvétique de dermatologie Galderma.

La valeur des actions de L’Oréal au sein de Nestlé est estimée à 3,1 milliards d’euros. Ses actions seront représentées par la soulte numéraire de 3,4 milliards d’euros. Le prix de l’action de L’Oréal est de 124,48 euros. Le rachat d’action sera financé par les ressources à la disposition de L’Oréal et par le biais de financement externe par le biais de la dette à court terme.

Les actions ainsi acquises par L’Oréal sont par la suite annulées afin de bénéficier d’une relution des actions. Cette relution est de l’ordre de 5% pour les actions rachetées. Par la même occasion, le part de Nestlé au capital de L’Oréal est réduite (23,29% alors que l’année précédente, sa participation était de 29,4%) alors que les héritiers du fondateurs, la famille Bettencourt-Meyers va bénéficier d’une augmentation de leur propre participation au capital de l’entreprise (33,31%).

Pour réaliser son rachat d’actions, le groupe a opté pour une offre publique d’achat (OPA) sur le groupe de cosmétique. La relution permet d’augmenter la valeur des actions de L’Oréal. Les avantages de l’opération de rachat d’actions pour L’Oréal et ses actionnaires restent indiscutables.

Mais l’enjeu réside sur la participation significative des différents actionnaires. En effet, Nestlé qui constitue un actionnaire de taille voit déjà à travers les comportements de L’Oréal un possible stimulus pour désengager Nestlé de L’Oréal. Cependant, les dirigeants de ce groupe n’acceptent pas de telles idées. En effet, le groupe Nestlé à travers l’acquisition de la moitié du laboratoire Galderma, tente de développer son pôle de Nutrition et Bien-être qui se focalise sur les soins de la peau.

Le rachat de ses propres actions par L’Oréal semble être une opération stratégique pour la finance de l’entreprise. En effet, les deux actionnaires principaux Nestlé et L’Oréal bénéficient d’un droit de préemption qui leur donne le droit d’augmenter leur participation au sein de l’entreprise. Or, leurs engagements, allaient expirer en avril. C’est la raison pour laquelle, les investisseurs sur le marché financier ont déjà envisagé une recomposition du capital de l’industrie cosmétique[25].

L’acquisition de Galderma par L’Oréal dont le chiffre d’affaire s’élevait à 1,6 milliards d’euros en 2012, est une technique stratégique pour le groupe Nestlé de diversifier sa gamme de produits en se spécialisant aussi sur les produits cosmétiques. De son côté, la cession de sa participation au capital au sein de Galderma permet à L’Oréal de recentrer ses activités et de ne pas investir dans une branche d’activité qui s’avérait à la fin moins rentable et moins intéressante pour le groupe. Par ailleurs, les activités de Galderma ne montraient pas de synergie avec celles développées par L’Oréal puisque les deux entreprises se trouvent sur le même secteur d’activité : la cosmétique[26].

  • Le rachat de ses propres actions par Bouygues

Le groupe Bouygues Telecom est un opérateur global de communication électronique. Cette société a été créée en 1994 et s’est toujours particularisée par ses solutions innovantes. L’entreprise a toujours veillé à établir et à conserver une bonne relation avec ses clients. L’entreprise, en plein essor de nos jours compte environ 11,1 millions de clients Mobile et 2 millions de clients Haut débit fixe. Bouygues Télécom emploie plus de 9000 employés.

Le groupe Bouygues a inventé en 1996, le premier forfait mobile. Puis, en 1999, il propose déjà des offres illimitées (Millenuim) et en 2006, Neo. En 2007, il conçoit son propre réseau fixe et est devenu par la suite, un Fournisseur d’Accès Internet (FAI) en proposant à ses clients le Bbox. En 2009, il propose une première offre en quadruple play en concevant le Tout-en-un Ideo. En 2010, le Bbox fibre est lancé pour donner un Très Haut Débit et permettre de ce fait, de couvrir les zones très denses. L’année 2011 est marquée par l’invention de la téléphonie mobile 2.0 par le biais de B&YOU, le lancement de l’offre Sim-Only Web-Only disponible sur le Web uniquement. L’année suivante, le groupe a construit la carte prépayée sans durée de validité. Puis, il a aussi mis sur le marché le Bbox Sensation qui rassemble toutes les technologies innovantes dans la technologie du numérique. En 2013, Bouygues lance le premier réseau national 4G et promeut le Box Internet, ainsi que le 2P qui regroupe la connexion ADSL, la téléphonie fixe et mobile.

Ce n’est pas uniquement à travers  le lancement des différents produits innovants uniquement, que l’entreprise s’est singularisée. Mais elle s’est aussi démarquée par son association stratégique en 2014 avec SFR pour mutualiser leurs réseaux Mobile dans les zones peu denses. Cette alliance stratégique permet au groupe d’optimiser la couverture de son réseau. La répartition des réseaux qu’il couvre est représentée sur la figure ci-dessous :

Figure 1 : Zones couvertes par les réseaux Bouygues en fonction de l’offre (source : donnée de http://www.corporate.bouyguestelecom.fr )

Par ailleurs, la consolidation de sa relation avec les clients a été toujours à la base de sa réussite. C’est la raison pour laquelle, il a mis à la disposition de sa clientèle 2000 conseillers, et les réseaux de magasins Club Bouygues Telecom. Par ailleurs, il emploie aussi 2 500 conseillers de vente avec le site Internet dont le nombre de visite est de l’ordre de 5 millions par mois[27].

En 2011, le rachat des propres actions de l’entreprise a permis de proposer aux actionnaires une plus –value de l’ordre de 30%. L’offre publique de rachat d’actions propres faite par Bouygues concerne 11,7 % du capital de la société, ce qui équivaut à 1,25 milliard d’euros. Le lancement de ce rachat d’actions découle de la forte chute du cours de l’action dans des volumes significatifs. En effet, la chute a été de 29,5% depuis le début de l’année 2011, alors que la baisse de 11,4% a déjà été enregistrée l’année précédente[28]. Bouygues a enregistré une chute de 8,4 milliards d’euros de sa capitalisation boursière. Cette situation s’avère délicate étant donné que le fonds propres de l’entreprise est de 9 milliards d’euros. C’est la raison pour laquelle, le financement de l’opération de rachat d’actions par l’entreprise recourt certes, aux trésoreries de l’entreprise, mais également à ses crédits, mettant à sa disposition 8 milliards d’euros[29]. Cette démarche a également été réalisée pour encourager les actionnaires de l’entreprise par le biais de l’offre d’opportunité de liquidité.

Par le biais du rachat d’action, Bouygues peut renforcer sa position dans le capital du groupe. Ce rachat sera accompagné d’une annulation des actions rachetées. Ainsi, la position et l’importance des actionnaires vont augmenter par la suite pour ceux qui décident de garder leurs titres. Lors de l’annonce de rachat d’actions propres de Bouygues Télécom, les actionnaires salariés possédant 19,8% du capital par le biais des fonds de placement vont décider après concertation, s’ils vont apporter ou non leurs titres à l’offre.

En faisant un rachat de ses actions propres, la société Bouygues fait partager de coût de l’offre publique de rachat d’actions propres par tous les actionnaires. La réalisation de ce rachat est assurée par les actifs à la disposition de l’entreprise. Elle dispose en effet de 8 milliards d’euros de trésorerie. La démarche permet de générer environ 11% de bénéfice net par action[30]. L’offre publique de rachat de ses propres actions lancées par Bouygues a permis d’augmenter de 12% son titre de Bourse. Ses propres actions s’élevaient à 1,25 milliards d’euros[31].  Suite au rachat de ses actions propres, Bouygues a pu enregistrer une hausse de 10% de ses titres[32].

La prime accordée par Bouygues sur le rachat de ses propres actions ne vise pas à contrôler les dirigeants d’entreprise ou les autres parties prenantes de l’entreprise. Le principal motif de cette démarche est d’augmenter le capital du groupe. Cette démarche a été conduite dans la recherche de bénéfices pour tous les actionnaires de l’entreprise et pour améliorer la gestion financière de l’entreprise. Dans ce cadre, le rachat d’action ne mène pas à la modification des stratégies industrielles. Dans la mesure où les stratégies efficaces soient à la base du développement de l’entreprise, alors, le rachat d’actions pourrait aussi constituer une autre démarche pour améliorer la croissance du groupe[33].

  • Le rachat de ses propres actions par Novartis

Novartis est une entreprise qui propose des médicaments spécifiques à de nombreuses maladies et qui s’est déjà internationalisée. Elle est désormais présente dans 142 pays dont la France[34]. Novartis est de la fusion entre Sandoz et Ciba-Geigy, deux entreprises qui avaient déjà enregistré de nombreuses réussites dans le passé[35].

Novartis a un champ d’action très large dans la mesure où elle mène des actions et des recherches dans le domaine de la science de la vie et notamment, dans le domaine pharmaceutique. Elle poursuit également des recherches dans le domaine de la santé et de la nutrition. Puis, dans les années 2000, elle se lance dans les recherches agronomiques en se focalisant sur la protection des végétaux et des semences. Mais cette activité a été externalisée. Aujourd’hui, le groupe comprend 275 filiales[36]. En d’autres termes, la vocation de Novartis est de proposer des produits permettant d’assurer la santé et le bien-être des malades. Le groupe s’engage entre autre à soutenir par le biais du parrainage les réflexions et les actions qui sont menées autour de l’environnement et de l’Homme et plus particulièrement, ceux qui sont malades. C’est la raison pour laquelle, Novartis appuie financièrement les études et les projets permettant d’améliorer l’entourage des patients[37].

En 2013, Novartis se lance encore dans une opération de rachats d’actions qui va s’étaler sur deux ans. Ce projet de rachat d’action mobilise 5 milliards de dollars. Cette opération s’inscrit dans le cadre d’une stratégie financière de l’entreprise pour intégrer en son sein la division ophtalmologique Alcon et pour  réduire sa dette. En effet, dans un environnement fortement concurrentiel, marqué par la présence d’entreprises proposant des médicaments génériques à bas coûts, des investissements colossaux en recherche et développement, et qui s’étale sur plusieurs années, la capacité de l’entreprise à proposer rapidement des produits pharmaceutique possédant de forts potentiels constitue le gage de sa réussite. Dans ce cadre, la société Novartis a voulu aussi diversifier ses activités et adapter sa stratégie aux réalités du terrain. C’est dans cette optique qu’il a voulu intégrer les produits ophtalmologiques par le biais d’Alcon et de produire des médicaments génériques par le biais de Sandoz.

Pour pouvoir diversifier son portefeuille, le groupe  procède à de nombreuses acquisitions stratégiques d’entreprises. Par la suite, il va aussi renouveler son portefeuille d’activités. Mais il cherche entre autre à améliorer sa productivité par le biais de la conception de plusieurs blockbusters qui devraient générer plus d’un milliard de dollars. Avec l’augmentation de sa productivité, le groupe entend aussi améliorer de 3% à 4% ses chiffres d’affaires et augmenter par la même occasion, les marges opérationnelles. Dans cette optique, elle regroupe les sites de recherche et de développement avec les sites de production[38].

Dans le cadre de la diversification de ses actions, Novartis tente de proposer des médicaments en dermatologie, cardiologie, fonction respiratoire, et thérapies cellulaires et d’étoffer son portefeuille pour les traitements oncologiques[39].

La décision de rachat d’actions propre par Novartis a été entamée en février 2008. Les actions propres ont une valeur maximale de 10 milliards CHF et sont rachetés dans l’objectif de réduire le capital de l’entreprise. Puis, son projet s’est poursuivi en 2011 jusqu’au 25 février 2014. Cette démarche a permis à l’entreprise d’acquérir 43 615 000 actions nominatives dont la valeur est égale à 2 381 595 271 CHF, soit 1,61% du capital-actions et des droits de votes des actionnaires au sein de la société. Cependant, il reste encore 4 185 000 actions qui restent à annuler.

Enfin, en 2013, la société a encore lancé un programme de rachat d’actions propres. La valeur de ces dernières s’élève alors à 5 milliards de dollars. Le capital actions de Novartis s’élève maintenant à 1 353 096 500. 00 qui est partagé en actions nominatives de 2 706 193 000 dont chacune vaut 0,50 CHF. En février 2014, Novartis disposait directement et indirectement de 131 520 085 actions nominatives, ce qui correspond à 4,86% du capital-actions et des droits de vote[40]. Le programme de rachat d’actions sur deux ans constitue une démarche permettant de rémunérer et de récompenser ses actionnaires malgré la limitation des rachats qui ne représenteront que 2,5% de la capitalisation boursière de Novartis[41].

  • Discussion

Les différents cas que nous avons analysés sont représentés sur le tableau suivant :

Tableau 1 : Bilan des opérations de rachat d’actions propres chez les groupes L’Oréal, Bouygues et Novartis

  L’Oréal Bouygues Novartis
Principales motivations du rachat d’actions –          Relution de 5% d’actions

–          Augmentation de la participation du groupe au sein de l’entreprise

–          Forte chute des cours boursiers des actions

–          Augmentation du poids des actionnaires

–          Augmentation du capital du groupe

–          Amélioration de la gestion financière

–          Amélioration de la croissance du groupe

–          Réduction du capital

–          Diversification du portefeuille d’activités

Modalité de financement de l’opération Ressources nettes de l’entreprise + dette à court terme Trésoreries + dette à court terme Trésorerie
Résultat de l’opération –          Désengagement de Nestlé vis-à-vis de L’Oréal

–          Recomposition de la structure du capital de L’Oréal

–          Rationalisation de la mobilisation des ressources

–          Recentrage des activités de l’entreprise

–          Réalisation de plus-value de 30% pour les actionnaires

–          Augmentation de 10% des titres de l’entreprise sur le marché boursier

 

–          Augmentation du capital de Novartis

–          Amélioration du capital action (4,86%)  et du droit de vote

–          Rémunération et récompense des actionnaires

Ce tableau récapitulatif nous permet de voir que les réalités du terrain confirment les données théoriques. En effet, nous avons montré les cas de trois entreprises de grande taille qui ont été confrontées à des situations délicates financièrement et qui auraient pu porter préjudice au développement de l’entreprise.

Dans les cas de L’Oréal et de Bouygues, le rachat d’actions propres a été motivé par un désir d’augmenter le capital de l’entreprise et la valeur des actions de ces dernières. Cela démontre une volonté d’améliorer la gestion financière de l’entreprise et de maximiser les rémunérations des actionnaires. Seul le rachat d’actions propres par Novartis permet d’illustrer le cas où l’opération est utilisée pour réduire le capital de l’entreprise.

Dans les deux premiers cas aussi, l’opération a été financée par les ressources nettes à la disposition de l’entreprise. Mais étant donné qu’elles ne disposent pas d’assez d’actifs pour faire cela, alors, elles recourent à la dette à court terme. Seul le cas de Novartis montre un monde de financement du rachat d’actions propres par la seule trésorerie de l’entreprise.

Les résultats issus du rachat d’actions propres permettent aussi de renforcer les études théoriques. Le rachat d’actions propres permet d’améliorer les rémunérations et de récompenser les actionnaires de l’entreprise. Dans tous les cas, l’opération a conduit à une augmentation de la valeur de l’action des actionnaires et permet de ce fait, d’améliorer leur positionnement dans le cadre de la gestion d’entreprises. De même, le fait de recourir à cette opération augmente aussi les restructurations au niveau du capital de l’entreprise.

Néanmoins, il existe quelques différences entre les résultats de l’action. Pour L’Oréal, le rachat d’actions propre lui a permis indirectement de recentrer ses activités et d’éliminer les ressources inutiles ou les facteurs qui pourraient influencer le développement de l’entreprise.

Conclusion

Notre étude nous a appris l’importance de l’action pour l’entreprise dans la mesure où elle détermine la capacité de l’entreprise à être indépendante financièrement et à disposer d’une meilleure position dans son secteur d’activité. L’action s’avère particulièrement importante pour l’actionnaire dans la mesure où c’est elle qui permet de générer des bénéfices dont il pourra jouir à l’avenir. Mais ces dernières années, le rachat d’actions propres de l’entreprise a été considérée comme étant un moyen permettant d’augmenter la valeur des titres des actionnaires, d’améliorer leur rémunération et se pose entre autre comme étant un moyen pouvant compléter ou dans certains cas, substituer la classique rémunération des actionnaires par le système de dividende. Le rachat d’action est une technique de relution des actions des actionnaires de l’entreprise. Nous avons pu explorer dans le cadre de cette étude, quelques aspects du rachat d’actions.

Nous avons pu établir entre autre, l’importance de ce phénomène sur terrain. Les données théoriques sont confirmées par les données empiriques. Les actionnaires sont les principaux destinataires de la richesse découlant de la valorisation des fonds propres et de leurs rentabilités pour les actionnaires. Le rachat d’actions ne semble pas de ce fait correspondre à un simple effet de mode, mais pourrait bel et bien répondre à des exigences financières de l’entreprise, et de compenser certains manques ou certains excès. Le rachat d’action répond de ce fait, à une logique dans la politique financière de l’entreprise et permet d’atteindre les objectifs de l’entreprise et sa tentative à répondre aux besoins du marché.

Bibliographie

  • Barnes, T., Burnie, D. et Gunay, E. 1997. « Note sur les rachats via Bourse au Canada », FINECO, 7 (2), pp. 137 – 148.
  • Branthomme, P., Marchal, D. et Bui, P. 2000. « Les rachats par les entreprises de leurs propres actions : Quelles leçons peut-on tirer un an après la réforme ? Quel impact pour les établissements de crédits cotés ? » Bulletin de la Commission Bancaire, 22, pp. 20-24.
  • Corhay, A. et Mbangala, M. 2008. Fondements de gestion financière : manuel et applications. Editions du CEFAL, Liège, 352p.
  • Damodaran, A. 2006. Finance d’entreprise : théorie et pratique. 2ème édition. De Boeck Université, Bruxelles, 1352p.
  • Winandy, J. 2008. Manuel de droit des sociétés. Legitech, Leudelange, 985p.

[1] http://www.lesechos.fr/finance-marches/vernimmen/definition_action.html

[2] http://definition.actufinance.fr/action-129/

[3] Définition rachat d’actions, http://www.trader-finance.fr/lexique-finance/definition-lettre-R/Rachat-d-actions.html

[4] Derreumaux, O. 2011. Les rachats d’actions, mode d’emploi, http://www.lefigaro.fr/marches/2011/08/31/04003-20110831ARTFIG00386-les-rachats-d-actions-mode-d-emploi.php

[5] Qu’est-ce que le rachat d’action ? http://www.andlil.com/definition-du-rachat-daction-130729.html

[6] Dereeper, S. et Romon, F. Rachats d’actions versus dividendes : effet de substitution sur le marché boursier français ? http://leg.u-bourgogne.fr/rev/091186.pdf?origin=publication_detail

[7] Rachat d’actions, http://www.tradingsat.com/lexique-boursier/definition-rachat-d-actions-189.html

[8] Derreumaux, O. 2011. Les rachats d’actions, mode d’emploi, http://www.lefigaro.fr/marches/2011/08/31/04003-20110831ARTFIG00386-les-rachats-d-actions-mode-d-emploi.php

[9] Poincelot, D. et Schatt, A. Le rachat de leurs propres actions par les sociétés cotées en Bourse : bilan d’une pratique nouvelle en France, http://leg.u-bourgogne.fr/wp/0991103.pdf

[10]Dereeper, S. et Romon, F. Rachats d’actions versus dividendes : effet de substitution sur le marché boursier français ? http://leg.u-bourgogne.fr/rev/091186.pdf?origin=publication_detail

[11] Qu’est-ce que le rachat d’action ? http://www.andlil.com/definition-du-rachat-daction-130729.html

 

[12]Dereeper, S. et Romon, F. Rachats d’actions versus dividendes : effet de substitution sur le marché boursier français ? http://leg.u-bourgogne.fr/rev/091186.pdf?origin=publication_detail

[13] Derreumaux, O. 2011. Les rachats d’actions, mode d’emploi, http://www.lefigaro.fr/marches/2011/08/31/04003-20110831ARTFIG00386-les-rachats-d-actions-mode-d-emploi.php

[14] Définition rachat d’actions, http://www.trader-finance.fr/lexique-finance/definition-lettre-R/Rachat-d-actions.html

[15] Brunel, A. 2011. Impacts des rachats d’actions sur la liquidité et la rentabilité des actions, http://basepub.dauphine.fr/handle/123456789/6404

[16]Dereeper, S. et Romon, F. Rachats d’actions versus dividendes : effet de substitution sur le marché boursier français ? http://leg.u-bourgogne.fr/rev/091186.pdf?origin=publication_detail

[17][17] Poincelot, D. et Schatt, A. Le rachat de leurs propres actions par les sociétés cotées en Bourse : bilan d’une pratique nouvelle en France,  http://leg.u-bourgogne.fr/wp/0991103.pdf

[18] Derreumaux, O. 2011. Les rachats d’actions, mode d’emploi, http://www.lefigaro.fr/marches/2011/08/31/04003-20110831ARTFIG00386-les-rachats-d-actions-mode-d-emploi.php

[19] Harribey, J. Il n’y a pas de génération spontanée du capital, http://france.attac.org/archives/IMG/pdf/retraites_050810-2.pdf

[20] Dereeper, S. et Romon, F. Rachats d’actions versus dividendes : effet de substitution sur le marché boursier français ? http://leg.u-bourgogne.fr/rev/091186.pdf?origin=publication_detail

[21] Rachat d’action, http://www.tradingsat.com/lexique-boursier/definition-rachat-d-actions-189.html

[22]Dereeper, S. et Romon, F. Rachats d’actions versus dividendes : effet de substitution sur le marché boursier français ? http://leg.u-bourgogne.fr/rev/091186.pdf?origin=publication_detail

[23] Derreumaux, O. 2011. Les rachats d’actions, mode d’emploi, http://www.lefigaro.fr/marches/2011/08/31/04003-20110831ARTFIG00386-les-rachats-d-actions-mode-d-emploi.php

 

[24] www.loreal.fr

[25] Vulser, N. 2014. L’Oréal : la famille Bettencourt affirme son contrôle, http://www.lemonde.fr/economie/article/2014/02/11/l-oreal-la-famille-bettencourt-affirme-son-controle_4364104_3234.html

[26]Chapuis, D. 2012. L’Oréal : la famille Bettencourt se renforce via un accord avec Nestlé, http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/grande-consommation/actu/0203307935817-l-oreal-la-famille-bettencourt-se-renforce-via-un-accord-avec-nestle-649727.php

[27] http://www.corporate.bouyguestelecom.fr

[28] Husson, S. 2011. Bouygues rachète ses propres actions pour 1,25 milliards d’euros, http://www.la-croix.com/Actualite/Economie-Entreprises/Economie/Bouygues-rachete-ses-propres-actions-pour-1-25-milliard-d-euros-_EP_-2011-08-31-705423

[29] Bourse. Pourquoi Bouygues investit 1,25 milliard d’euros dans le rachat de ses actions, http://www.challenges.fr/finance-et-marche/20110831.CHA3334/bourse-pourquoi-bouygues-investit-1-25-milliard-d-euros-dans-le-rachat-de-ses-actions.html

[30] Husson, S. 2011. Bouygues rachète ses propres actions pour 1,25 milliards d’euros, http://www.la-croix.com/Actualite/Economie-Entreprises/Economie/Bouygues-rachete-ses-propres-actions-pour-1-25-milliard-d-euros-_EP_-2011-08-31-705423

[31] Derreumaux, O. 2011. Les rachats d’actions, mode d’emploi, http://www.lefigaro.fr/marches/2011/08/31/04003-20110831ARTFIG00386-les-rachats-d-actions-mode-d-emploi.php

[32] Zagrebnov, E. 2011. Bouygues va racheter une partie de ses propres actions, http://www.lefigaro.fr/societes/2011/08/31/04015-20110831ARTFIG00303-bouygues-cherche-a-limiter-ses-pertes-en-bourse.php

[33] Bourse. Pourquoi Bouygues investit 1,25 milliard d’euros dans le rachat de ses actions, http://www.challenges.fr/finance-et-marche/20110831.CHA3334/bourse-pourquoi-bouygues-investit-1-25-milliard-d-euros-dans-le-rachat-de-ses-actions.html

[34] www.novartis.fr

[35] Historique, http://www.novartis.ch/fr/about-novartis/company-history/index.shtml

[36] Novartis, http://www.sandozfondation.ch/fr/industrie-pharmaceutique-et-agro-industrie/novartis/

[37] Fondation d’entreprise, http://www.novartis.fr/novartis-en-france/fondation-d-entreprise.shtml

[38] Pharma. Novartis poursuit le rachat de ses actions, http://www.20min.ch/ro/economie/news/story/14632075

[39] Boitte, C. 2013. Novartis rachète ses propres titres, http://moneytalk.levif.be/economie/finance-et-bourse/analyse/novartis-rachete-ses-propres-titres/article-4000458433354.htm

[40] Rachat d’actions propres en vue d’une réduction du capital. Négoce sur une ligne de  négoce séparée à la SIX Swiss Exchange, http://www.novartis.com/downloads/investors/shareholders-information/share-buy-back-fr.pdf

[41] Boitte, C. 2013. Novartis rachète ses propres titres, http://moneytalk.levif.be/economie/finance-et-bourse/analyse/novartis-rachete-ses-propres-titres/article-4000458433354.htm

Mémoire de fin d’études de 21 pages

24.90

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