Mémoire portant sur la posture éthique de l’enseignant en primaire
Posture éthique de l’enseignant en primaire
Résumé : « L’éthique est aussi un raisonnement critique sur la moralité des actions. […] l’éthique est le fait d’agir au mieux ». Partant de cette notion de l’éthique, une controverse est déjà remarquée depuis la juxtaposition de deux notions contradictoires telles la morale et son aspect imposé, et le raisonnement ainsi que le concept de « mieux » qui font appel à des jugements personnels. La situation est d’autant plus délicate dans le cas de l’enseignement primaire du fait de l’âge, des différentes nationalités et valeurs des élèves dont l’enseignant a en charge. D’où notre problématique : Tenant compte de tout cela, comment se traduirait la posture éthique pour un enseignant en primaire ? Nous y avons répondu grâce à des recherches documentaires et d’enquêtes auprès d’un échantillon d’enseignants en primaire. Après avoir pris le soin de respecter les variables de sexe, âge et ancienneté des enseignants, les résultats ont montré que si la notion générale d’éthique ainsi que la perception de différences entre l’éthique personnelle et l’éthique professionnelle variaient selon l’ancienneté et l’âge des enseignants, les définitions de la posture éthique selon chaque cas présenté ne pouvaient être classées suivant ces variables mais suivant des axes sources de l’orientation de la posture dont : l’empathie ou la prise en compte des spécificités du cas et de l’élève, le respect des normes/règles, la tendance à l’action ou la fuite, la directivité ou l’accompagnement de la part de l’enseignant.
Mots-clés : Ethique, posture, enseignant, primaire
Sommaire
LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES 4
PARTIE 1 : CADRAGE DE L’ETUDE 6
1.1. Mise en phase avec les notions essentielles et le contexte 6
1.1.1. Différentes notions théoriques essentielles 6
1.1.1.1. Définition générale de l’éthique 6
1.1.1.2. Nuance entre éthique et différentes notions proches 6
1.1.2. L’éthique dans l’éducation primaire 7
1.1.2.1. La morale universelle 7
1.1.2.2. Les valeurs et symboles de la République française 7
1.1.2.3. Le règlement intérieur 7
1.1.2.4. Les descriptions du poste et des rôles de l’enseignant 8
1.2. Réalités contradictoires, problématique et questions de recherche 8
1.2.1. Réalités contradictoires et problématique 8
1.2.2. Questions de recherche 8
1.3. Méthodologie de recherche 9
1.3.2.1. Approche méthodologique 9
1.3.2.2. Notes sur la collecte et le traitement de données 9
1.3.3. Limites et contraintes de l’étude 12
PARTIE 2 : RESULTATS DE L’ETUDE 13
2.1. Résultats de la revue documentaire 13
2.1.1. L’histoire de l’éthique 13
2.1.1.1. Durant l’Antiquité 13
2.1.2. Le triangle de l’éthique 14
2.1.3. L’encouragement à l’action 14
2.2. Résultats des enquêtes 14
2.2.1. Conception de l’éthique pour les concernés 15
2.2.2. Différences entre éthique personnelle et professionnelle 19
2.2.3. Posture éthique de l’enseignant face à différentes situations délicates 22
2.2.3.1. Posture de l’enseignant dans le cadre d’un conflit opposant deux élèves entre eux 23
- L’enseignant « très normatif – inactif » 23
- L’enseignant « très empathique – inactif » 23
- L’enseignant « empathique – actif – alliance» 24
- L’enseignant « empathique – normatif – très actif» 24
- L’enseignant « normatif» 25
- Cas particulier : 25
2.2.3.2. Posture de l’enseignant dans le cadre d’un conflit l’opposant lui-même à un élève 26
- L’enseignant « normatif – non directif» 27
- L’enseignant « normatif –directif» 27
- L’enseignant « empathique – normatif – non directif» 27
- L’enseignant « empathique – normatif – directif» 28
- L’enseignant « empathique – accompagnant» 28
- L’enseignant « empathique – directif» 29
- Cas isolé 29
PARTIE 3 : DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS 31
3.1.1. Différences entre éthique personnelle et éthique professionnelle 31
3.1.2. Posture éthique pour un enseignant en primaire 31
BIBLIOGRAPHIE ET WEBOGRAPHIE 34
Liste des tableaux et figures
Liste des tableaux
Tableau 1: Répartition de l’échantillon par âge 10
Tableau 2 : Répartition de l’échantillon par sexe 10
Tableau 3 : Répartition de l’échantillon par ancienneté 10
Tableau 4 : Plan de travail 11
Tableau 5 : Réponses des interviewés sur la conception de l’éthique 16
Liste des figures
Figure 1 : Répartition de l’échantillon par âge 10
Figure 2 : Répartition de l’échantillon par sexe 10
Figure 3: Répartition de l’échantillon par ancienneté 10
Figure 4 : Perception de différences entre éthique personnelle et éthique professionnelle 22
INTRODUCTION
« L’éthique est aussi un raisonnement critique sur la moralité des actions. »
Apparu dans le domaine scolaire vers les années 80-90, l’éthique y apporte toute sa controverse prenant source depuis la confrontation perpétuelle entre ce qui est moralement admis comme bien ou est obligé d’être suivi tel les règlements et lois donc tout ce qui traite de l’aspect obligatoire d’une part et les spécifications à tenir compte pour chaque cas de l’autre. L’enseignement primaire est d’autant plus délicat dans la mesure une large palette de cas peut survenir et qu’en fonction des caractéristiques de chaque cas, l’enseignant doit adopter une « posture éthique ».
Mais à partir de quel moment est-ce considéré comme éthique ? et d’où est-ce qu’elle tire sa source ? Ces diverses questions nous amènent à poser notre problématique : « Comment se traduirait une posture éthique pour un enseignant en école primaire ? ».
Nous répondrons à cette problématique tout d’abord en partant des diverses théories de sources documentaires permettant en premier lieu de comprendre la notion d’éthique et des domaines liés. Ensuite, nous allons réaliser notre propre enquête sur un échantillon d’enseignants en primaire afin de recueillir l’idée qu’ils se font de l’éthique et de la posture éthique.
Le présent mémoire sera divisé en trois parties distinctes. La première servira à poser le cadre de l’étude notamment en effectuant une première mise en phase avec les notions essentielles liées au thème puis en explicitant les faits contextuels dont particulièrement l’importance et l’enjeu de l’éthique dans le domaine de l’enseignement primaire. De cette mise en phase découlera ainsi logiquement les objectifs poursuivis par l’étude, la méthodologie de réalisation ainsi que les limites et contraintes. La deuxième partie quant à elle, énumèrera les résultats obtenus que ce soit par le biais des recherches documentaires ou des enquêtes. Et enfin, la troisième et dernière partie posera les discussions et recommandations, discussions portant sur l’identification des jugements des enseignants et les facteurs explicatifs de ces jugements par rapport à l’éthique.
PARTIE 1 : CADRAGE DE L’ETUDE
Cette première partie a pour objectif de poser le contexte nous ayant menés à l’identification de la problématique et du thème de recherche. Pour cela, il nous semble d’abord pertinent d’apporter dans un premier chapitre des explications basiques des notions clés, puis de relever les faits contextuels et réalités contradictoires permettant de révéler la pertinence du thème.
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Mise en phase avec les notions essentielles et le contexte
Dans cette mise en phase, nous nous familiariserons tout d’abord avec les diverses notions théoriques à rencontrer dans le présent mémoire puis situerons l’importance de l’éthique dans le domaine de l’enseignement et l’éducation.
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Différentes notions théoriques essentielles
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Définition générale de l’éthique
L’éthique dans sa globalité vient des mots grec « éthos » et latin « ethicus » signifiant respectivement : « lieu de vie ; habitude, mœurs ; caractère » et « morale ». D’où la généralisation de l’éthique comme la science de la morale. L’objectif de l’éthique est ainsi d’indiquer aux individus comment agir au mieux, envers soi-même et les autres.
Dans le domaine professionnel à l’exemple de l’éducation, elle peut être définie comme l’ « Ensemble de règles et de principes régissant la pratique d’un domaine d’activité [l’enseignement] et respectant une certaine morale, morale se définissant de façon plus globale comme le sens de la justice, des valeurs, des principes et des devoirs en regard du comportement humain » (Legendre, 1993).
Ainsi, si les termes « morale », « valeur », « principe » reviennent fréquemment, voyons s’il y a une quelconque différence avec l’éthique.
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Nuance entre éthique et différentes notions proches
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Ethique et morale :
Ensemble de règles, la morale a une portée universelle, et prend souvent source depuis les notions de Bien et Mal absolus qui sont des préceptes relatifs fictivement érigés et finalement hérités de quelconques périodes ou cultures dominantes. De ce point de vue, la morale est davantage considérée comme un ensemble de devoirs, avec l’aspect imposé et obligatoire. Et par rapport à cela, l’éthique se positionne comme un questionnement sur la moralité afin d’agir pour la réalisation du raisonnable.
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Ethique et valeurs, principes, normes et règles, déontologie :
- Les valeurs constituent les idéaux à poursuivre et tendent généralement vers ce qui est bien, donc sont plus dynamiques.
- Quant aux principes, ils posent les grandes orientations fondamentales à l’action et les attitudes à adopter dans sa réalisation.
- Les normes et règles sont plus précises et cadrent l’action ainsi que la décision.
- Et enfin, la déontologie regroupe les règles et devoirs définissant et cadrant la conduite respecter pour les membres d’une profession donnée.
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L’éthique dans l’éducation primaire
Après cette brève mise en phase avec les notions essentielles, voyons maintenant le contexte de l’éthique dans le domaine de l’éducation et plus particulièrement dans l’enseignement primaire, contexte depuis lequel nous avons puisé notre problématique.
En termes de balises, l’éducation primaire en dispose à sa portée afin d’harmoniser et instaurer un certain standard de conduite pour le personnel enseignant et les dirigeants d’écoles. Ces balises sont, entre autres, partant du plus général au plus spécifique :
- la morale universelle,
- les valeurs et symboles de la République française,
- le règlement intérieur,
- et les descriptions du poste et des rôles de l’enseignant.
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La morale universelle
La morale universelle définit globalement les règles de bonne conduite universellement admises telles le respect des aînés ou encore les dix commandements, etc…
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Les valeurs et symboles de la République française
Les valeurs et symboles de la République française, quant à eux, définissent particulièrement celles d’une « République indivisible, laïque, démocratique et sociale. […] (assurant) l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. […] (respectant) toutes les croyances. […] (et dont) la devise […] est « Liberté, Égalité, Fraternité». (Source : Extrait de la Constitution de 1958).
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Le règlement intérieur
Le règlement intérieur est propre à chaque école, néanmoins il regroupe des principes généraux tels :
- Le code de vie des élèves :
- Respect des autres,
- Respect de soi,
- Comportement en général,
- Principes de sécurité,
- Les entrées, sorties et circulation dans les locaux,
- Les retards et absences,
- Les modalités de communication entre l’école et la famille,
- Le contrôle de connaissances,
- Les assurances,
- La santé,
- La discipline,
- Le matériel scolaire.
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Les descriptions du poste et des rôles de l’enseignant
Et enfin, l’enseignant joue un rôle crucial dans le développement affectif et intellectuel des enfants. Les activités et apprentissages proposés puis réalisées auront pour finalités l’apprentissage du langage, de la socialisation et la vie en communauté, lé développement culturel et corporel de l’élève. De par l’importance de cette fonction, le métier d’enseignant requiert beaucoup de capacité d’écoute, de transmission (de valeurs, connaissances, savoir-être, etc…) et d’enseignement.
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Réalités contradictoires, problématique et questions de recherche
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Réalités contradictoires et problématique
Selon les définitions posées précédemment, l’éthique se distinguerait de la morale – renvoyant généralement à des conduites obligatoires – en se focalisant surtout dans la recherche de normes d’attitudes, de comportement et d’action, mais dans un contexte non obligatoire où le choix est possible, et tenant compte de la spécificité des circonstances d’une situation particulière.
De par ce fait, et après une avoir fait une irruption dans le domaine scolaire vers les années 80-90, l’éthique a toute son importance dans le domaine de l’enseignement primaire actuellement, domaine où l’enseignant contribue activement et continuellement à la construction de nouveaux individus amenés à être responsables dans leur futur et où il est confronté chaque jour à des situations bien particulières les unes que les autres. Ainsi, selon chaque cas qui se présente, l’enseignant est confronté à des dilemmes en termes d’éthique l’obligeant à faire appel aux balises dont il dispose, tout en ayant comme c’est mentionné plus haut, l’obligation de tenir compte des spécificités de la situation.
Mais le domaine de l’enseignement primaire en particulier offre une très large palette de cas possibles et de problèmes éventuels. Non seulement, les élèves dont l’enseignant a la responsabilité sont-ils jeunes et encore immatures et donc les valeurs familiales qui leur ont été inculquées déteignent encore profondément et fortement dans leur personnalité, mais également bon nombre d’éventuelles différences qu’elles soient d’ordre culturel ou social ou racial existent entre ces derniers. Ainsi, il n’est pas toujours aisé pour l’enseignant d’adopter ce qu’on appellerait « une posture éthique » face à chacun de ces cas.
D’où notre problématique : Comment se traduirait une posture éthique pour un enseignant en école primaire ?
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Questions de recherche
De cette problématique naissent les deux questions de recherche ci-après :
- En sachant que l’enseignant, avant tout autre chose, est un simple être humain, notre première question de recherche est de savoir s’il y a une quelconque nuance entre l’éthique personnelle et professionnelle de l’enseignant.
- Ensuite, tenant compte de la nature des problèmes ou conflits, et de la nature belligérants, comment se définirait la posture éthique pour l’enseignant ?
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Méthodologie de recherche
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Objectifs de l’étude
Suite à la problématique définie, l’objectif global de l’étude serait de :
- « Définir la posture éthique pour un enseignant en primaire ».
La posture éthique prenant source depuis les orientations et inspirations internes de l’enseignant, l’objectif spécifique n°1 sera de :
- « Définir tout d’abord la compréhension et les sources de la notion d’éthique par l’enseignant avec les éventuels liens ou différences entre éthique personnelle et professionnelle ».
Ensuite, notre objectif spécifique n°2 sera de :
- « Identifier comme se traduit cette posture éthique extérieurement par l’enseignant en primaire ».
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Méthodologie
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Approche méthodologique
L’approche méthodologique que nous avions adoptée pour cette étude s’insert en quatre étapes distinctes :
- Etape 1 : Phase préparatoire – ayant pour but d’expliciter les besoins de l’étude, puis de découler sur l’élaboration du plan d’enquête et d’outils d’enquête
- Etape 2 : Collecte de données – depuis les recherches documentaires et les enquêtes qualitatives menées
- Etape 3 : Analyse et traitement de données qualitatives
- Etape 4 : Recommandations
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Notes sur la collecte et le traitement de données
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Méthodes :
Pour ce qui concerne la collecte de données, deux principales méthodes furent choisies pour ce faire dont les recherches documentaires et les entretiens qualitatifs.
- Les recherches documentaires : c’est-à-dire à partir de bibliographies et d’ouvrages spécialisés, de rapports de recherches similaires disponibles. L’objectif de ces recherches documentaires est de recueillir les informations secondaires notamment pour approfondir et compléter les notions théoriques dans les domaines concernés (ceux de l’éthique et de l’enseignement primaire).
Selon le domaine, ces notions théoriques peuvent concerner :
- des écrits, analyses des différents auteurs et/ou chercheurs sur la thématique de l’éthique, son origine et son évolution au fil du temps,
- les différentes analogies ou notions fréquemment associées à l’éthique,
- Les entretiens qualitatifs : 18 entretiens qualitatifs ont été réalisés auprès d’enseignants en école primaire dans la région de xx. Les enseignants furent choisis sur la base des variables suivantes :
- Age de l’enseignant,
- Sexe de l’enseignant,
- Ancienneté au sein de l’école,
- Localisation de l’école : milieu urbain / rural,
Ainsi, l’échantillon fut composé comme suit :
Tableau 1: Répartition de l’échantillon par âge Figure 1 : Répartition de l’échantillon par âge
Age | Effectif | Proportion |
Moins de 25 ans | 4 | 22% |
De 25 à 35 ans | 8 | 44% |
De 35 à 45 ans | 2 | 11% |
De 45 à 55 ans | 3 | 17% |
Plus de 55 ans | 1 | 6% |
Total | 18 | 100% |
Tableau 2 : Répartition de l’échantillon par sexe Figure 2 : Répartition de l’échantillon par sexe
Sexe | Effectif | Proportion |
Homme | 2 | 11% |
Femme | 16 | 89% |
Total | 18 | 100% |
Tableau 3 : Répartition de l’échantillon par ancienneté Figure 3: Répartition de l’échantillon par ancienneté
Ancienneté | Effectif | Proportion |
Moins de 5 ans | 10 | 56% |
Entre 5 à 10 ans | 2 | 11% |
Entre 10 à 15 ans | 2 | 11% |
Entre 15 à 20 ans | 1 | 6% |
Plus de 20 ans | 3 | 17% |
Total | 18 | 100% |
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Matériels :
Concernant les matériels utilisés pour la collecte de données, un modèle de guide d’entretien a été élaboré afin de réaliser ces entretiens avec les enseignants. S’agissant d’une étude qualitative reposant essentiellement sur des questionnements relatives à des compréhensions, perceptions et projections, le guide ainsi élaboré est de nature semi-directive privilégiant les questions ouvertes.
Le guide d’entretien comprend les grandes thématiques suivantes :
- Approche de l’enseignant et introduction de l’étude,
- Compréhension globale de l’éthique, du rôle éthique de l’enseignant en tant que fonctionnaire de l’État éthique,
- Les liens ou différences éventuels entre éthique personnelle et professionnelle,
- La posture éthique de l’enseignant face à un conflit entre élèves
- La posture éthique de l’enseignant face à un conflit entre lui-même et un élève,
- La prise de congé.
Ensuite, en ce qui concerne le traitement de données, l’analyse et le traitement de données a été réalisés grâce à la retranscription écrite des entretiens réalisés avec les 18 enseignants depuis leur enregistrement audio, enregistrement dont l’accord a été préalablement demandé et obtenu depuis les interviewés.
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Plan de travail
Le plan de travail pour la réalisation de l’étude se répartit comme suit :
Tableau 4 : Plan de travail
Activités/semaine | Semaines | |||||||
S1 | S2 | S3 | S4 | S5 | S6 | S7 | S8 | |
Etape 1: Etape préparatoire | ||||||||
Recherches exploratoires | ||||||||
Définition de la problématique et des questions de recherche | ||||||||
Elaboration du plan d’enquête et des outils d’enquête | ||||||||
Identification des interviewés et prise de rendez-vous | ||||||||
Etape 2: Collecte de données | ||||||||
Réalisation des entretiens qualitatifs auprès des enseignants | ||||||||
Etape 3: Traitement et analyse de données | ||||||||
Etape 4: Recommandations |
Source : Elaboration personnelle
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Limites et contraintes de l’étude
Les principales limites de l’étude sont liées au fait qu’elle se base uniquement sur les dires et la projection mentale des enseignants dans les situations présentées. Le biais sur la fiabilité des données recueillies existe ainsi dans le fait que la réaction qu’aurait adopté l’enseignant dans son imagination pourrait ne pas être la même que ce qui se serait passé en situation réelle malgré tout sa bonne volonté à imaginer raisonnablement et objectivement.
PARTIE 2 : RESULTATS DE L’ETUDE
Nous avions énoncé dans notre méthodologie que la collecte de données s’est déroulée en deux étapes dont tout d’abord les recherches documentaires afin de recueillir les données secondaires et théoriques sur le thème, puis une série d’enquêtes réalisées auprès d’enseignants en primaire. Nous allons ainsi diviser la présentation des résultats obtenus selon ces sources d’informations, donc dans un premier les résultats de la revue documentaire et en second lieu les résultats des enquêtes réalisées auprès des enseignantes en primaire.
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Résultats de la revue documentaire
Une liste fournie d’auteurs ont traité de ce thème d’Ethique, chacun ayant été plus ou moins influencé par l’ère dans laquelle il vivait. D’où la nécessité pour comprendre l’évolution de l’éthique, de tout d’abord comprendre son histoire ainsi que les facteurs qui l’ont influencé avec le temps.
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L’histoire de l’éthique
Tout comme bon nombre d’autres domaines, l’éthique a également évolué avec le temps . Aussi, chaque période a connu une transformation du concept d’éthique avant que cette dernière n’atteigne la conception dont nous avons d’elle actuellement.
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Durant l’Antiquité
A cette période, l’éthique selon Platon, Socrate, Aristote et Epicure se référait davantage au concept de « vertu » ou « l’ensemble des qualités ou dispositions, volontairement choisies, conformes à un idéal, à faire le bien ou à éviter le mal ». (Lexique de la Morale).
En ce temps, la vertu n’avait pas encore les teintes moralisatrices et conservatrices qu’elle a héritées de la période suivante, c’est-à-dire le Moyen Âge, mais au contraire prônait le besoin pour l’être humain de réaliser pleinement sa nature ou son télos dans la recherche de la satisfaction de son bonheur.
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Dans le Moyen Âge
Avec l’apogée de la religion et de la tradition biblique, l’éthique a pris des teintes sur tout ceci mettant davantage d’importance sur l’aspect universelle de notions entre le bien et le mal, et en permettant une très large diffusion ces notions de par le monde.
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A notre époque
S’étant appuyé sur la métaphysique, Descartes fut le premier à penser à une morale avec un sens plus individuel. Puis l’éthique moderne s’est développée avec Kant en rajoutant un accent plus prononcé sur le devoir (éthique déontologique). Enfin, à notre époque, l’éthique appliquée se préoccupe davantage des questions environnementales et sociales de telle manière que des codes de comportements peuvent être établis au sein d’activités professionnelles ou de la gouvernance.
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Le triangle de l’éthique
Suivant la logique générale de l’éthique, celle d’agir au mieux en tenant compte des parties imposées et possibles, le Triangle de l’éthique se composerait de trois éléments suivants :
- une pointe à son sommet où se trouve le « que veux-je faire » (pour signifier la liberté de choix prôné par l’éthique et pour porter un regard critique sur la morale en général),
- supportée par les deux piliers du triangle dont :
- « que dois-je faire » (tiré de la morale communément et socialement admise, ainsi que des diverses balises existantes telles les règlements régissant le métier ou les valeurs de la République),
- Et « que puis-je faire » (afin de signifier quand-même une limite aux possibilités s’offrant à l’individu, limite cadrée du fait du niveau de responsabilité dans sa fonction par exemple, ou de son rang social, ou de ses capacités financières, matérielles, physiques ou intellectuelles).
La disposition de ce triangle tire sa source des écrits de Spinoza où selon lui : « le droit naturel est strictement corrélatif de la puissance de sa nature. Les « lois naturelles » n’empêchent donc que ce qui est « non-exécutable » ou « non-désirable » (Traité théologico-politique, 1670).
Ainsi, ce triangle résume bien le dilemme vécu par chaque être humain confrontant chaque jour croyance, libre-arbitre et ressources.
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L’encouragement à l’action
Le but de l’éthique est d’agir et donc d’amener à une action effective. Ainsi, toute réflexion d’ordre éthique tire son origine des éventuels conséquences et effets d’une action. Dans le but de devenir actif, il a été admis que lorsque l’être humain est passionné, cette l’amène à l’action et vice versa, l’action anime la passion. Mais la passion ne se crée et se maintient que s’il y a entendement de la part de l’individu. L’entendement est éternel et fortement ancré à l’opposé de l’imagination et de la mémoire, qui quant à elles, sont construites sur des idées incomplètes, ou des connaissances empiriques.
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Résultats des enquêtes
Après avoir énoncé ces résultats de la revue documentaire, voyons maintenant ce qu’il en est des enquêtes réalisées auprès des 18 enseignants en primaire. De par l’agencement des points à étudier et donc des thématiques abordées avec eux au cours de l’interview, nous allons voir dans un premier temps la conception de l’éthique pour les concernés, c’est-à-dire l’idée ou la compréhension qu’ils ont de ce que l’on appelle « éthique ». Une fois cette notion globale d’éthique éclaircie, nous allons compléter par le recueil des éventuelles différences ou nuances que les enseignants s’accordent en parlant d’éthique personnelle et d’éthique professionnelle. Enfin, à partir des projections des enseignants dans des cas probables, nous allons déterminer ce que sera la posture éthique selon chaque cas.
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Conception de l’éthique pour les concernés
Selon les variables définies au début de l’étude, le tableau à la page suivante énumère les réponses des interviewés concernant cette première thématique par ancienneté croissante des répondants.
Selon les réponses ainsi recueillies, l’analyse de ces dernières a permis d’identifier huit (08) axes autour desquels tournent les conceptions : morale, valeur, règle ou la loi, déontologie (lié au métier), principe, devoir, justice, caractère personnel.
L’analyse des fréquences d’apparition de ces idées associées nous a permis d’identifier une variation des conceptions par rapport à l’éthique, selon le sexe des répondants, leur ancienneté et âge.
- Différences selon le sexe du répondant :
- Si nous comparons aux enseignantes, les hommes donnent une réponse plus vague et rapide, plus orientée vers le positivisme, associant l’éthique aux valeurs et à la notion de justesse des actions de chacun. De ce fait, les hommes auraient une notion plus dynamique et active de l’éthique, dans ce cas plus empreint d’un caractère conscient et personnel dans la recherche du mieux, et de l’idéal.
- Les femmes quant à elles pèsent davantage l’aspect « imposé » de par les références à la morale et aux règles générales ou liées au métier, et l’aspect « personnel »
- Différences selon l’ancienneté du répondant :
- 4 sur 6 des répondants qui ont fait allusion aux valeurs appartiennent tous à la catégorie « mois de 5 années d’expérience » et ont moins de 35 ans. Ceci ferait ressortir un lien entre la notion plus dynamique qui est associée à la valeur.
Voilà pour ce qui en est des différences concernant la conception de l’éthique. En général, la conception d’éthique a recueilli davantage d’allusions à l’aspect obligatoire ou « que dois-je faire », relatifs aux termes « morale, règle, loi, principe, devoir, déontologie » qu’à l’aspect qui fait appel à des critères et jugements personnels et donc spécifiques de la personne.
Tableau 5 : Réponses des interviewés sur la conception de l’éthique
Age | Sexe | Ancienneté | Conception de l’éthique | Morale | Valeur | Règle / loi | Déontologie | Principe | Devoir | Juste | Personnel |
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– de 25 ans | F | – de 5 ans | Ensemble de règles, de valeurs a respecter | X | X | ||||||
– de 25 ans | F | – de 5 ans | Adopter un comportement responsable transmettant les valeurs de la République | X | |||||||
– de 25 ans | F | – de 5 ans | C’est un ensemble de règles et de lois propres à un corps professoral | X | |||||||
– de 25 ans | F | – de 5 ans | Par ma formation de travailleur social, l’éthique est pour moi un concept personnel où chacun définit ses valeurs, sa conduite sociale en fonction d’une morale et des obligations qu’ils pensent justes ou qui lui sont par une quelconque manière imposés. | X | X | X | X | ||||
25 – 35 ans | F | – de 5 ans | Ce sont les valeurs qui sont mises en œuvre par une personne dans le cadre de sa profession, ce sont des devoirs spécifiques à une profession | X | X | X | |||||
25 – 35 ans | F | – de 5 ans | L’éthique est une manière d’agir individuellement dans une situation en essayant d’adopter la meilleure posture. | X | |||||||
25 – 35 ans | F | – de 5 ans | Concept philosophique lié à la morale | X | |||||||
25 – 35 ans | F | – de 5 ans | Le mot « éthique » pour moi signifie avoir du respect envers le métier. Avoir une attitude éthique correspond à avoir une attitude de respect envers tout le corps de métier, l’École « le grand e est fait exprès » les élèves et les parents. C’est rester maître de ses opinions en respectant celles d’autrui | X | X | ||||||
25 – 35 ans | F | – de 5 ans | C’est ce qui nous indique comment agir au mieux: ce que nous pouvons ou devons faire conformément à la morale ou plus précisément à ce qui est « juste » (dans le sens de la justice) | X | X | X | |||||
25 – 35 ans | H | – de 5 ans | Concept philosophique sur la « justesse » des actes et des pensées | X | |||||||
25 – 35 ans | F | 5 – 10 ans | Ensemble de règles de conduite, une morale | X | X | ||||||
25 – 35 ans | F | 5 – 10 ans | Ensemble de valeurs communes à la profession, des règles communes. A la fois les règles communes inhérentes à la profession d’enseignant et fixées par un code, un règlement, des règles de conduites mais aussi règles et codes personnels inhérents à la personne et à son caractère propre | X | X | X | |||||
35 – 45 ans | H | 10 – 15 ans | Ce mot m’évoque les normes et les valeurs que doit posséder un bon enseignant | X | |||||||
45 – 55 ans | F | 10 – 15 ans | Pour moi le mot « Éthique » évoque la dimension morale d’une action ou d’un comportement par exemple, dans le métier d’enseignant, l’éthique consiste entre autres à respecter ses élèves, à respecter aussi le secret professionnel pour tout ce que les parents peuvent nous apprendre sur leur famille. | X | X | ||||||
35 – 45 ans | F | 15 – 20 ans | C’est un ensemble de principes de bonne conduite | X | |||||||
45 – 55 ans | F | + de 20 ans | Le mot « éthique » me renvoie à des notions de principes, de règles, de morale. | X | X | ||||||
45 – 55 ans | F | + de 20 ans | L’éthique avant d’être une science est peut être une expérience que l’on vit au travers d’actions et de sentiments bien réels. C’est la confiance, c’est une manière d’être, en somme une bonne attitude, une bonne conduite. C’est une recherche de valeurs, une façon positive de voir les choses. | X | X | X | |||||
+ de 55 ans | F | + de 20 ans | L’éthique est la science de la morale et des mœurs. C’est une recherche d’idéal de société et de conduite de l’existence. | X | X | X |
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Différences entre éthique personnelle et professionnelle
Nous avions demandé aux interviewés s’il y avait une différence entre l’éthique personnelle et l’éthique professionnelle. Les réponses des participants toujours par ancienneté et âge croissants se présentent comme suit :
Tableau 6: Réponses des participants quant aux éventuelles différences entre éthique personnelle et éthique professionnelle
Age | Sexe | Ancienneté | Différences entre éthique personnelle et professionnelle | C’est la même chose | Les 2 notions sont liées | Les 2 notions sont différentes |
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– de 25 ans | F | – de 5 ans | L’éthique personnelle est plus liée aux valeurs que l’on m’a données alors que l’éthique professionnelle est plus liée à la déontologie qui serait plus des règles à respecter en lien avec le métier | X | ||
25 – 35 ans | F | – de 5 ans | Il y a des points communs dans le cadre où certaines valeurs sont en communs entre celles du fonctionnaire (enseignant) et le citoyen envers les principes, les droits et les devoirs de la République, ainsi que des différences du fait qu’un citoyen n’a pas tous les devoirs d’un fonctionnaire et plus particulièrement ici, enseignant. | X | ||
25 – 35 ans | F | – de 5 ans | Je pense qu’on ne peut pas avoir une éthique professionnelle si on n’a pas d’éthique personnelle. L’éthique repose sur des valeurs personnelles que l’on retrouve forcément dans la profession | X | ||
25 – 35 ans | F | – de 5 ans | Oui, dans notre métier, faire preuve de psychologie fait partie de notre éthique. Par exemple, dire avec psychologie ce que l’on pense des difficultés d’un élève fait partie de l’éthique du métier d’enseignant. Le médecin lui peut parfois être moins psychologue dans ses propos. Si l’un soigne la maladie, nous nous travaillons sur la personne dans son ensemble. | X | ||
– de 25 ans | F | – de 5 ans | De mon point de vue, je pense qu’il n’ya pas de différences | X | ||
– de 25 ans | F | – de 5 ans | Oui car chaque personne a une façon de voir les choses différente, a une éducation particulière, des mœurs propres, ce qui implique des réactions différentes en fonction des situations qui se présentent, malgré une éthique professionnelle commune à tous les enseignants. | X | ||
– de 25 ans | F | – de 5 ans | Je pense qu’il ne peut pas avoir des différences entre une éthique personnelle et une éthique professionnelle (en tant qu’enseignant). L’éthique professionnelle peut être complétée par des domaines comme le secret pro… | X | ||
25 – 35 ans | H | – de 5 ans | Tout dépend du cadre professionnel, l’éthique de mon emploi peut être différente de mon éthique personnelle. Concessions, peu de scrupules, manipulations ou intimidations peuvent maintenir un équilibre entre les deux. | X | ||
25 – 35 ans | F | – de 5 ans | Il n’y a pour moi aucune différence entre mon éthique personnelle en tant qu’enseignante et l’éthique professionnelle. J’ai des « principes » qui sont les mêmes pour tous les enseignants (ou du moins qui sont attendus d’un enseignant) exemple: traiter/ considérer/ regarder/encourager… les élèves sans distinction de sexe, d’ethnie ou de religion. Par contre, il y a des différences entre mon éthique (dans le sens de la morale) et l’éthique professionnelle. Ceci parce que mon éthique (en tant que personne et non enseignante) est façonnée et évolue d’après mes expériences personnelles vécues ou à vivre. | X | ||
25 – 35 ans | F | – de 5 ans | Oui | X | ||
25 – 35 ans | F | 5 – 10 ans | Oui, il y a des points communs. Je pense que l’éthique professionnelle, dans une entrée dans la profession, est fortement influencée par l’éthique personnelle. après quelques années d’enseignement, le contraire se produit aussi. | X | ||
35 – 45 ans | H | 10 – 15 ans | Il y a des points communs car l’enseignant doit respecter toutes les personnes présentes dans l’établissement (collègues, cuisiniers, femmes de ménage, élèves…) tout comme le ferait toute personne exerçant une autre profession | X | ||
45 – 55 ans | F | 10 – 15 ans | Mon éthique personnelle est en accord avec mon éthique professionnelle puisque je considère ce métier comme un service auprès des enfants afin qu’ils reçoivent un enseignement de qualité en respectant les règles de la société et les valeurs morales auxquelles tout citoyen a droit | X | ||
35 – 45 ans | F | 15 – 20 ans | Je m’appuie souvent sur des valeurs chrétiennes. il y a bien évidemment des différences mais aussi des points communs car l’éthique a un rapport à la morale et les valeurs chrétiennes aussi | X | ||
45 – 55 ans | F | + de 20 ans | la différence est dans la difficulté d’avoir la disponibilité et les moyens nécessaires pour satisfaire notre éthique. | |||
45 – 55 ans | F | + de 20 ans | L’enseignant doit agir de façon responsable en s’appuyant sur des valeurs morales. Il doit agir en cherchant ce qu’il y a de meilleur chez l’enfant et cela ne sera pas toujours la même finalité pour chacun. L’éthique professionnelle devrait tendre vers la même chose mais parfois c’est plus difficile car l’enseignant doit toujours démontrer son efficacité et rendre des comptes. | X | ||
+ de 55 ans | F | + de 20 ans | L’éthique n’est pas qu’une question personnelle. Elle ne doit pas être refoulée exclusivement dans la sphère privée. Elle doit retrouver la place qui est la sienne, celle de l’instrument de discernement qui structure les décisions et les actions professionnelles | X |
Ces résultats ont fait sortir le graphique suivant :
Figure 4 : Perception de différences entre éthique personnelle et éthique professionnelle
Nous pouvons en déduire que :
- 50% des répondants constatent un lien entre les deux notions.
Les points communs énoncés ont trait à :
- l’existence de mêmes valeurs à respecter pour tout citoyen, et qui sont transposables dans n’importe quel domaine professionnel dont l’enseignement,
- l’importance de l’existence d’un accord, d’une bonne correspondance entre une éthique personnelle et une éthique professionnelle.
- 12% des répondants trouvent que c’est la même chose
- 38% des répondants trouvent que les deux notions sont différentes. La principale différence serait que l’éthique personnelle est propre à une personne, tandis que l’éthique professionnelle est commune et/ou imposée.
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Posture éthique de l’enseignant face à différentes situations délicates
Afin d’étudier la posture de l’enseignant, nous avons pris en compte le fait que chaque enseignant dispose de balises à sa portée dont la morale, les valeurs généralement admises, les règlements un peu plus spécifiques (ceux de l’école et de la classe) mais ce qui fera la différence sera de la manière dont il les utilise (est-ce qu’il y a recours systématique, exclusif, fréquent ou rare) et de l’importance qu’il y accorde (est-ce qu’il fait primer les normes et règles sur les spécificités du cas ou le contraire).
A partir de ces points, nous avons pu catégoriser les différentes postures de l’enseignant dans le cas où il y a un conflit opposant un élève à un élève et un seconde conflit opposant l’enseignant lui-même à un élève.
Les différentes postures sont ainsi présentées comme suit dans les prochains paragraphes, à la suite desquels nous avons essayé de dresser une cartographie de postures des enseignants dans le cas de conflits en classe primaire.
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Posture de l’enseignant dans le cadre d’un conflit opposant deux élèves entre eux
Le cas proposé à l’enquêté se présente comme suit :
« Pendant la récréation, un conflit éclate entres deux élèves de votre classe. La source du conflit vient du fait qu’un des élèves impliqués a insulté son camarade. Ce dernier répond pour un coup de poing. Comment gérez-vous ce conflit ? »
Par rapport à cela, nous pouvons distinguer différents types d’enseignant selon la posture adoptée.
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L’enseignant « très normatif – inactif »
Valable dans le cadre uniquement de cette étude, nous catégoriserons ainsi le type d’enseignant qui adopte la posture inflexible, se rapportant immédiatement et uniquement aux balises communes et impartiales existantes sans prise de considération aucune des spécificités du cas. Pour ce type d’enseignant, peu importe la nature du conflit, les règles de l’école priment. Aucune mesure de correction ou de prévention d’un prochain conflit n’est réalisée. Il adopterait le comportement et le discours suivants :
- « Je gèrerais ce conflit en rappelant le cadre de l’école régit par un règlement intérieur ainsi que les règles de la classe. Je pointerais le fait que les règles de l’école sont parfois différentes de celles de leur famille et qu’il faut les respecter du moment qu’on les a acceptées lors de l’inscription à l’école. Toutes les règles sont les mêmes pour tous à l’école »
Un seul enseignant sur les 18 enquêtés répond à ce type de posture.
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L’enseignant « très empathique – inactif »
A l’opposé du premier type, nous appellerons ensuite ainsi le type d’enseignant qui prend le temps de faire parler les deux protagonistes et d’écouter leurs récits du conflit, sans après apporter une quelconque solution ou démarche pour une sortie de crise. Le comportement enregistré d’un tel type d’enseignant se présente comme suit :
- « Je laisse à chacun le temps de « vider son sac », essaie de calmer le jeu et recadre le cours dans… son cadre. »
- « On les sépare et on écoute la version de chacun »
Deux enseignants sur les 18 enquêtés répondent à ce type de posture et tous deux ont moins de 5 années d’expériences.
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L’enseignant « empathique – actif – alliance»
L’enseignant catégorisé ainsi prend connaissance des spécificités du cas qui se présente et base la recherche de solution de par ces éléments et en faisant participer les protagonistes dans la construction de solution.
Les réponses d’enseignants qui conviendraient à ce type seraient les suivantes :
- « En premier lieu, j’entre dans l’écoute: chacun s’exprime sur l’origine du conflit. nous évaluons ensuite les conséquences de ce conflit. de plus, j’essaie de comprendre les réactions de chacun en fonction de leur vécu.je pose les questions qui nous permettent de réfléchir et de nous mettre d’accord sur une issue. »
- « Je leur propose d’inverser les rôles de façon à leur faire comprendre ce qui est la source de leur conflit: « aimerais tu que ton copain te fasse cela ? »
- « 1) je demande le point de vus des 2 enfants ; 2) je leur ferais chercher les points communs de leurs valeurs (car il y en a toujours!) ; 3) je discuterais avec eux afin de les faire réfléchir sur les manières d’accepter leurs divergences. »
- « Par l’élaboration sincère et coopérative d’une solution positive par et pour tous les protagonistes, par un dialogue constructif »
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L’enseignant « empathique – normatif – très actif»
C’est le cas de l’enseignant qui dépasse le stade de l’écoute et de la construction de solution, en tirant profit de la situation afin de pouvoir faire bénéficier l’ensemble de la classe d’un nouvel apprentissage. Les comportements relevés y correspondant sont :
- « Ce conflit peut être propice à la mise en place d’une discussion à visée philosophique sur le thème qui oppose les élèves. Durant ce débat les protagonistes ne seront pas des discutant mais auront des rôles comme le secrétaire ou le reformulation, afin qu’ils puissent écouter ce que les autres élèves ont à dire sans intervenir, afin que leurs attentions soit plus grande. A l’issu de ce débat, en fonction de ce qui aura été dit, l’enseignant pourra avancer l’idée qui est : chacun à des points de vu différents dans la classe, on peut en discuter pour faire évoluer sa pensée mais sans pour autant rentrer en conflit, mais surtout qu’il faut respecter les idées d’autrui du moment qu’elles ne vont pas à l’encontre des valeurs de la République. »
- « je ne défendrai jamais une valeur plutôt qu’une autre. qui a la prétention de connaitre ce qui est mieux pour autrui? j’expliquerais aux élèves que parfois, on ne tombe pas d’accord et que lorsqu’on accepte les différences, on comprend que ce sont ces désaccords et ces différences qui font la richesse des rapports humains. cela nous permet d’échanger nos idées. c’est une de nos missions d’apprendre aux élèves qu’ils pensent par eux mêmes et on doit les aider à accepter que l’autre pense différemment. pour que ces élèves le comprennent, je passerais par les discussions à visée philosophique. »
- « 1) je les sépare ; 2) je demande à chacun pourquoi il y a un conflit ; 3) je leur explique qu’on est tous différents avec des origines différentes, des cultures différentes mais que justement cette différence fait la richesse de notre groupe classe ; 4) j’utilise ce conflit pour mettre en place un débat à visée philosophique où le thème serait la différence »
- « 1) Analyser avec la classe le problème sous forme de schéma par exemple afin de positionner le cœur du problème afin de vérifier si le conflit a pour origines des valeurs différentes ; 2) Faire intervenir les protagonistes… »
- « je laisserai chaque élève s’exprimer, chacun son tour. Puis j’expliquerai que chacun a le droit de penser ce qu’il veut, à condition qu’il respecte les opinions des autres. si j’en ai l’occasion, ce problème fera l’objet d’un débat au cours d’une séance d’instruction civique. »
Il y a autant d’enseignants très expérimentés que peu expérimentés qui ont émis ces réponses.
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L’enseignant « normatif»
Cette catégorie d’enseignant se focalise davantage sur son rôle d’adulte temporisant, faisant appel à des préceptes universellement reconnues.
Les réponses correspondantes sont les suivantes :
- « Je leur propose de mettre un mot sur leurs émotions, de se parler calmement, de se faire confiance; Il faut leur apprendre à se parler sans s’agresser, à écouter l’autre. Il faut essayer de montrer l’exemple en parlant calmement et bienveillamment même dans des situations très inconfortables. je pense qu’en montrant du respect de part et d’autre, on arrive à dédramatiser la situation. »
- « L’enseignant doit dans son discours quotidien prôner le respect des différences. Il doit apprendre à ses élèves respecter le fait que par son éducation l’autre puisse avoir des valeurs différentes des siennes, tant qu’elles n’outrepassent pas les lois ou le respect de la personne »
- « Je leur explique que nous sommes tous différents et que nous vivons ensemble en quelque sorte par le biais de la classe donc nous devons nous respecter. Ils ne sont pas obligés de « s’aimer » ‘s’entendre, jouer ensemble mais le respect est primordial. »
- « Sans imposer mon avis personnel, je tenterai de dénouer le conflit en leur faisant prendre conscience que l’autre peut avoir des valeurs différents et qui si il ne s’agit pas d’une transgression d’une loi, on se doit de respecter son positionnement. »
De même que pour le type précédent, il n’y a pas de différences relevées selon l’âge ou l’ancienneté ou le sexe de l’enseignant.
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Cas particulier :
Enfin, il y a un cas isolé qui à la fois temporise, écoute mais également impose son avis personnel. La réponse correspondante est la suivante :
- Tout d’abord je commence par leur dire de parler au lieu de se disputer, puis si j’ai le temps, je leur demande chacun à leur tour d’exposer leur point de vue et étant un adulte et ayant du recul je donnerai les différences et les similitudes de chacun. Quitte à donner mon propre point de vue
Si nous résumons les différentes définitions d’une posture éthique par les enseignants (les lettres dans les cercles reprenant les numéros attribués aux différents types dans les paragraphes précédents), suivant ses bases et manifestations, ainsi qu’en tenant compte de la proportion approximative de ceux qui ont émis des réponses correspondantes, nous pouvons obtenir le schéma ci-après.
Figure 5: Schématisation des différents types de posture de l’enseignant dans cade d’un conflit élève-élève
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Posture de l’enseignant dans le cadre d’un conflit l’opposant lui-même à un élève
Nous avons vu précédemment les postures que l’enseignant jugeait éthique dans le cadre d’un conflit opposant un élève à un élève. Mais voyons maintenant s’il y a des changements si le contexte changeait et l’impliquait personnellement cette fois-ci, contre un élève. Ce cas est un peu plus délicat dans la mesure où il faut tenir compte de la différence d’âge, de position etc…
La question posée à l’enquêté se présente comme suit :
« quelle posture un enseignant doit-il adopter lorsqu’il y a un conflit entre l’élève et l’enseignant ?».
Pour ce second cas, considérant le rôle de l’enseignant, un autre paramètre lié à la directivité a été rajouté. L’essai de catégorisation des différentes postures a permis d’identifier la typologie présentée ci-après.
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L’enseignant « normatif – non directif»
Le comportement de ce premier type d’enseignant est de se référer uniquement et immédiatement aux balises existantes sans agir ou interférer sur la situation ou sur l’élève. La réponse enregistrée y correspondant est la suivante :
- « Je pense qu’il doit faire appel à un tiers, un supérieur par exemple car il ne peut rester neutre si il est impliqué »
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L’enseignant « normatif –directif»
La posture identifiée répondant à cette seconde catégorie consiste pour l’enseignant à recourir immédiatement et uniquement aux balises existantes telles les règlements intérieurs, les directeurs d’écoles et ensuite de décider lui-même en fonction de tout cela.
Les réponses y afférentes sont les suivantes :
- « Je pense que l’enseignant doit toujours se référer à un cadre institutionnel: un règlement, ainsi qu’à celui réalisé avec les enfants (règles de la classe). Il est important de faire parfois des compromis tout en restant juste par rapport à la règle. L’enseignant doit expliquer, communiquer puis trancher. »
- « Je me réfère à mon code de déontologie ainsi qu’a ma direction. je garde mon sang froid car je dois me comporté en adulte référent, mais je rappelle à l’élève quel est son rôle et sa place. je demande l’avis et le soutien de ma direction »
- « L’enseignant doit garder en tête ses valeurs et ses devoirs (la justice, le respect…). »
- « Il doit adopter une posture éthique professionnelle pour que l’élève s’y retrouve car l’éthique personnelle change selon l’enseignant. »
- « En cas de conflit entre l’enseignant et l’élève, l’enseignant doit garder une attitude de respect envers l’élève. De manière polie dans ses propos, sans faire part d’idées personnelles. L’enseignant est un fonctionnaire qui répond à des lois et des devoirs ainsi que l’élève doit aussi respecter des règles, s’il transgresse certaines règles l’enseignant doit lui signaler en se plaçant derrière les règles. »
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L’enseignant « empathique – normatif – non directif»
Cette troisième posture consiste à prendre en considération à la fois les spécificités du cas à travers une écoute de l’élève, et les balises existantes mais de ne pas trancher l’issue du conflit sur sa simple décision personnelle.
Les réponses correspondantes se présentent comme suit :
- « 1) se mettre à la place de l’enfant ; 2) Engager le dialogue ; 3) ne jamais faire preuve de violence verbale ou physique ; 4) si besoin, s’appuyer sur une tierce personne ; 5) conserver sa posture d’adulte référent »
- « Je prends le temps de l’écouter et lui explique que je peux entendre ses doléances mais que l’l’élève me les dise en me respectant comme une personne. »
- « Même chose que pour le conflit ente élèves: chaque parti au droit de s’exprimer. on peut éventuellement faire appel à une tierce personne pour régler le conflit »
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L’enseignant « empathique – normatif – directif»
Ce type d’enseignant base sa posture en prenant en considération les spécificités du cas, c’est-à-dire de par l’écoute de l’élève, les balises existantes et décide lui-même de la suite à donner au conflit.
Les réponses correspondantes enregistrées sont les suivantes :
- « L’enseignant ne doit pas se laisser gagner par ses émotions: la colère nous fait parfois « perdre pied ». la règle d’or est d’expliquer les choses aux élèves. ils sont très sensibles à l’injustice mais ils sont capables de comprendre une sanction si elle est justifiée et expliquée. »
- « Ne pas ignorer le conflit, mettre des mots sur le malaise, adopter une attitude sereine mais ferme »
- « Nous avons besoin d’une communication efficace basée sur le respect des personnes. L’éthique professionnelle c’est pouvoir jauger avec pertinence la criticité de la situation, donc gérer ses propres réactions pour prendre la bonne décision. la maitrise de soi est un des composants de l’éthique. pouvoir mesurer ses gestes, de pondérer ses propos, d’écouter les doléances de l’élève et de lui expliquer le positif et le négatif de ses réactions. il faut que l’enfant puisse s’exprimer, tout ne respectant l’adulte. par contre si l’enfant dépasse les limites autorisées, je sanctionne le comportement et non la personnalité. »
- « L’enseignant ne doit pas se sentir dans sa classe comme un roi qui parle à ses sujets. Étant l’adulte, il ne doit pas se laisser affecter par ce que lui dit l’élève. Il doit analyser la situation et agir en conséquence. Si le problème persiste, il doit envoyer l’élève au directeur. »
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L’enseignant « empathique – accompagnant»
Ce type d’enseignant est davantage focalisé sur les spécificités du cas, et tient compte de la personnalité de l’élève afin de l’aider pour que cela en devienne un apprentissage utile pour son futur.
Les réponses enregistrées pour ce type-ci sont :
- « En cas de conflit, l’enseignant se doit de maitriser suffisamment ses émotions pour ne pas risquer de tenir des propos qui pourraient rabaisser l’élève. Il ne peut imposer à un élève ses opinions personnelles (politiques et religieuses); Il doit en toute circonstance gérer les conflits en rappelant à l’élève les lois élémentaires du civisme, en respectant son élève dans son immaturité mais aussi avec sa capacité à réfléchir et à se former sa propre opinion. Le débat philosophique est un excellent outil pour aider l’élève à développer sa pensée, dans le respect des idées et des valeurs d’autrui. »
- « L’enseignant doit rester maître de lui, ne surtout pas tomber dans le piège de la colère qui lui ôterait toute crédibilité. L’enseignant doit amener l’enfant à réfléchir par lui même, le dialogue est essentiel. L’enseignant ne doit pas juger l’enfant. Il doit agir sur les faits. L’enseignant doit faire comprendre à l’élève que ce n’est pas sa personne qui est remise en question. Seule son action sera sanctionnée. L’enseignant se doit de désamorcer le conflit et d’en comprendre l’intérêt pour l’enfant. L’enfant qui entre en conflit est un enfant qui veut exprimer une souffrance, l’enseignant doit pointer cette souffrance cachée pour proposer ou faire que l’élève propose une solution au dépassement du problème. On leur apprend à critiquer, à donner leur avis, un élève qui réagit est un élève qui se questionne. Il faut simplement que l’enseignant l’amène par son discours vers un conflit constructif. »
- « L’enseignant se doit de reconnaitre la personne de l’enfant de manière inconditionnelle. Selon la situation, le conflit peut ou doit être traité sans délai avec le temps nécessaire pour organiser les conditions matérielles d’une communication efficace. Ce n’est jamais du temps perdu. par la négociation, l’élève accepte plus volontiers ce qui est non négociable mais explicité. Il dépasse une éventuelle réaction de rejet pur et simple de l’autorité de l’adulte. »
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L’enseignant « empathique – directif»
Ici, l’enseignant se base uniquement sur les spécificités du cas pour trancher sur le conflit. Le « juste » est l’aspect le plus important à la source de ce comportement.
La réponse y correspondant se présente comme suit :
- « La prise de recul est très importante dans un conflit c’est à dire ne pas intervenir sans écouter ce que les élèves ont à dire. l’enseignant se doit de respecter chaque élève et d’être à leur écoute. Ce n’est qu’après avoir écouté les élèves qu’il peut prendre une décision et ainsi agir de manière égalitaire et juste. »
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Cas isolé
Un seul répondant a émis cette possibilité, dans laquelle l’enseignant est inconditionnellement supérieur à l’élève.
- « Ici l’éthique personnelle fait place à l’éthique professionnelle. L’enseignant représente l’autorité et l’élève n’est pas un adulte raisonnable. L’égalité n’existe pas, le rapport de force est toujours en place. Un certain nombre de « clés » existent pour canaliser l’élève (sanctions mais aussi récompense !), si elles s’avèrent inefficace, l’élève doit quitter le cours. »
Si nous résumons de même que pour le premier cas, les différentes définitions d’une posture éthique par les enseignants (les lettres dans les cercles reprenant les numéros attribués aux différents types dans les paragraphes précédents) dans un conflit l’opposant à un élève, suivant ses bases et manifestations, ainsi qu’en tenant compte de la proportion approximative de ceux qui ont émis des réponses correspondantes, nous pouvons obtenir le schéma ci-après.
Figure 6: Schématisation des différents types de posture de l’enseignant dans cade d’un conflit élève-enseignant
PARTIE 3 : DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
Ayant vu les différents résultats obtenus, nous pouvons émettre les avis ci-après selon chaque question de recherche posée initialement.
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Discussions
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Différences entre éthique personnelle et éthique professionnelle
La majorité des enseignants comprennent que ces deux notions sont différentes. L’éthique personnelle peut être propre à tout enseignant que ce soit en tant que simple être humain ou enseignant. Et l’éthique professionnelle est plus balisée si nous comparons à la première. Toutefois, il serait plus profitable que ces deux sortes d’éthique soient compatibles, afin d’éviter à l’enseignant toute dissonance cognitive pouvant être créée lorsqu’il est contraint d’agir conformément envers son éthique professionnelle au détriment de son éthique personnelle ou vice versa.
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Posture éthique pour un enseignant en primaire
Les études réalisées auprès des enseignants ont montré que chacun avait sa conception de posture éthique. Selon les manifestations de cette posture, nous avions distingué plusieurs axes permettant de la catégoriser :
- L’axe « normes/règles » : c’est-à-dire les balises imposées présentant un aspect obligatoire pour l’enseignant. Cela peut être les valeurs de la république, les règlements intérieurs, les règles de classe, les principes, la morale. Selon le degré d’importance de la référence de l’enseignant à ces normes/règles, il peut être normatif ou pas.
- L’axe « spécificités du cas » : c’est-à-dire la prise de connaissance et considération de chaque cas et chaque personne impliquée dans le conflit dans leurs spécificités. Selon le degré d’importance de la référence de l’enseignant à ces normes/règles, il peut être empathique ou pas.
- L’axe « action » : c’est-à-dire la réaction, les activités menées par l’enseignant après une situation de conflit, que ce soit de simples actions de gestion de conflit ou des actions menant à un apprentissage plus large.
- L’axe « Directivité – Accompagnement » : c’est-à-dire est-ce que l’enseignant est plus du genre autoritaire imposant sa décision lors d’un conflit l’y mêlant (directif) ou est-ce qu’il laisse la décision à un tiers (non directif) ou est-ce qu’il utilise la situation pour faire grandir l’élève.
L’étude a permis de voir que la posture dégagée se manifestait à travers beaucoup d’éléments dont :
- Le verbal :
- le discours soutenu,
- des mots positifs et respectueux,
- des mots incitant à la coopération ou l’alliance pour une construction de solution mutuelle.
- le non verbal :
- l’état d’esprit : la considération de l’élève en tant qu’être humain d’abord, ayant son importance malgré son âge,
- le gestuel et l’attitude : attitude calme, posée, bienveillante
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Recommandations
Au cours de cette étude, nous avons vu qu’effectivement tenant compte des composantes de l’éthique c’est-à-dire ce qui est imposé, ce qui est faisable et ce que l’enseignant voudrait faire, il n’est pas toujours aisé de faire la bonne balance car la posture adoptée par l’enseignant fera intervenir ses critères de jugement personnels. Or, il n’est pas non plus recommandé d’élaborer des règles aussi pointues car cela risque de donner un aspect trop rigide au système et donc pouvant limiter le développement et la construction de l’élève.
La proposition de notre part serait d’encourager les discussions et partages d’expériences entre les enseignants afin de discuter des résultats obtenus à partir de ces différentes méthodes selon chaque cas qui se présente et l’enrichir leurs pratiques respectives.
CONCLUSION
En conclusion, nous pouvons dire que l’éthique de par sa définition même d’agir au mieux est sujet à controverses et dilemmes car ce qui paraît mieux pour une personne ne l’est pas forcément pour une autre. Il est d’autant plus difficile de choisir une posture éthique adéquate pour un enseignant en primaire en face d’un l’élève avec qui n’a pas encore ses propres valeurs personnelles surtout du fait de son jeune âge mais, à la place, un ensemble de valeurs, de normes et principes qu’il aura héritées de son groupe d’appartenance dont particulièrement ses parents et sa famille. Face à ce genre de situation, chaque enseignant dispose de balises à sa portée dont la morale, les valeurs généralement admises, les règlements un peu plus spécifiques (ceux de l’école et de la classe) mais tout dépendra de la manière dont il les utilise (est-ce qu’il y a recours systématique, exclusif, fréquent ou rare) et de l’importance qu’il y accorde (est-ce qu’il fait primer les normes et règles sur les spécificités du cas ou le contraire). Aussi, le mieux est de voir la bonne balance entre tout ceci pour que chaque cas soit traité de manière juste donc en considération des spécificités du cas, conforme à ce qui devrait être selon les règles communément admises et dans la limite des possibilité de l’enseignant. Toutefois, le principal est de ne pas oublier le rôle de l’enseignant devant être un appui à la construction de l’élève. Donc toute action ou décision de l’enseignant devrait permettre autant que possible à l’élève de grandir, de pouvoir transposer ce cas précis dans un exemple ultérieur et qu’il en tire des leçons pour son avenir. Des échanges d’expériences aux travers de rencontres périodiques ou discussions ont été proposées à cet effet afin de capitaliser les acquis de chaque enseignant dans ce domaine.
BIBLIOGRAPHIE ET WEBOGRAPHIE
Bibliographie :
- Éthique et responsabilité, Paul Ricœur, La Baconnière, 1995.
- La constitution de l’être, Marie-Claude Defores, Yvan Piedimonte, Paris, Bréal, 2009.
- La question de l’éthique professionnelle des enseignants : un enjeu essentiel de la formation professionnelle et universitaire des maîtres Didier Moreau – IUFM des Pays de la Loire, CREN – Université de Nantes
- Dimension éthique et formation initiale : quand former , c’est transformer ? – Isabelle Grin
- Cadre de développement de l’éthique professionnelle dans les programmes de formation des maîtres à l’Université du Québec en Outaouais (UQO) – Lizanne Lafontaine
- penser l’enseignement comme un metier d’intervention sur autrui : quelles consequences pour l’exercice du metier d’enseignant et pour sa preparation ? Fabienne SABOYA
- Transformations dans le Discours d’Enseignants à l’Égard de la Différenciation Pédagogique , Annie Presseau, Myriam Lemay, Luc Prud’homme – Université du Québec à Trois-Rivières
Webographie :
Mémoire de fin d’études de 49 pages.
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