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LES NOUVELLES DROGUES DE SYNTHÈSE, RÔLE DU PHARMACIEN

LES NOUVELLES DROGUES DE SYNTHÈSE, RÔLE DU PHARMACIEN

INTRODUCTION

PREMIERE PARTIE : GÉNÉRALITÉS SUR LES DROGUES

1) Quelques définitions

Drogue

Designer drugs

Usage récréatif

Dépendance/ Addiction

Consommation abusive/ nocive

Polyconsommation

2) Hier… Aujourd’hui…

Historique

Nouvelles drogues et nouvelles tendances

3) Législation

Les textes 

Procédures de classement comme stupéfiant

4) Épidémiologie

Les drogues classiques

Les nouvelles drogues de synthèse

DEUXIÈME PARTIE : LES NOUVELLES DROGUES DE SYNTHÈSE

1) De la synthèse à la consommation de NPS

Production, conditionnement et expédition

Vente en ligne

Prix

Risques d’un point de vue législation

Vers le modèle de la Nouvelle – Zélande

Trafic

2) Les différents types de NPS

Les cannabinoïdes de synthèse

Aspect 

Administration

Mécanisme d’action

Pharmacocinétique

Analyse

Les cathinones de synthèse

Aspect

Administration

Mécanisme d’action

Pharmacocinétique

Analyse

Les pipérazines

Les tryptamines

Les phényléthylamines

TROISIÈME PARTIE : LES CONSÉQUENCES DE L’USAGE POUSSANT À LA PRÉVENTION PLUTÔT QU’À L’INTERDICTION ?

1) Usages et risques pour la santé ?

Usage médical

Usage détourné

Effets recherchés

Effets ressentis et risques pour la santé

2) Rôle du pharmacien

CONCLUSION

INTRODUCTION

« Il n’y a pas de société sans drogues ». D’ailleurs, la drogue est quasi présente dans le quotidien de l’homme : café, alcool, tabac, médicaments, mais également drogues dures comme l’héroïne, la cocaïne ou le cannabis qui s’avèrent être en tête de toutes les consommations… 

Incontestablement, l’utilisation de substances psycho actives potentiellement addictives représente un phénomène social dont la consommation s est un invariant anthropologique majeur .

La mondialisation, les modes de socialisation, le culte de la performance, l’offre généralisée, sont autant de facteurs qui contribuent à l’utilisation drogues licites ou illicites. En effet, « les évolutions extrêmement rapides de nos sociétés engendrent une tension extrême entre des appétits débordants à la mesure d’une offre de consommation sans limites », ce qui vient favoriser les comportements de dépendance sans consommation de produit.

Une nouvelle vague de tendance, les nouvelles drogues chimiques de synthèse vient d’arriver avec l’ère de l’internet, phénomène qui inquiète toutes les institutions, relatives ou non à la santé publique.

Le pharmacien d’officine, de par son exercice est au contact quotidien de patients, est spectateur des habitudes de ses patients tout en étant également acteur avec les traitements substitutifs aux opiacés et parfois malgré lui à l’origine d’addictions pharmacologiques. En quoi le passage en officine peut il s’inscrire dans le processus thérapeutique ? 

Tout d’abord, les généralités sur les drogues seront abordées avec rappel de quelques définitions. Ensuite, les nouvelles drogues de synthèse, notamment leurs aspects pharmacologiques et toxicologiques, seront développés avant de conclure sur les conséquences de l’usage reliant le rôle du pharmacien avec les usages et les risques pour la santé du consommateur.

PREMIERE PARTIE : GÉNÉRALITÉS SUR LES DROGUES

1) Quelques définitions

Drogue

En 2012, le CNRTL définit la drogue comme étant un  produit stupéfiant ou hallucinogène […] dont l’usage peut conduire à l’intoxication, l’accoutumance et la toxicomanie.

D’abord utilisé pour définir les médicaments ainsi que les autres matières requises pour l’élaboration de préparation pharmaceutique, la définition de la drogue porte récemment dans sa forme la plus restrictive sur trois principaux points:

  • dans le sens où ses substances induisent une modification de l’état de conscience, impactant sur le psychisme, les drogues peuvent être qualifiées de substances psychotropes.
  • la notion de toxicomanie apparaît également dans le concept de drogue bien qu’elle soit à connotation négative compte tenu de son atteinte au niveau de la santé, voire même de déchéance sociale.
  • le concept de substances illicites surgit également dans la définition du mot drogue étant donné le pouvoir toxicomanogène induit par sa consommation.

C’est en 1931 que le terme drogue remplace le terme stupéfiant dans la Convention de Genève.

Les drogues peuvent être classifiées en trois principaux groupes :

Classification selon leurs effets cliniques: offre une définition de la substance en termes chimiques et en termes d’effets induits sur le psychisme.

  • Les substances psychoanaleptiques qui sont excitantes et stimulantes engendrent des troubles de comportement et de l’humeur outre une tolérance non négligeable qui requiert l’augmentation pour reproduire l’effet ainsi qu’un syndrome dépressif à l’arrêt de la consommation. Il s’agit notamment des: amphétamines, cocaïne et ses dérivés, cathinones, nicotine et caféine. 
  • Les substances psychodysleptiques, ou hallucinogènes, qui agissent par modification des perceptions sensorielles qui seront à l’origine de délire, de troubles du comportement et d’hallucinations. Parmi ces substances se retrouve les cannabinoïdes, la kétamine, les phényléthylamines, les indoles et le LSD.
  • Les substances psycholeptiques qui sont les dépresseurs du système nerveux et sont à l’origine de désinhibition, d’ivresse et de sédation. Généralement, ce type de substances provoque une excitation ou encore un syndrome de sevrage lors de l’arrêt de consommation. Ce sont notamment les anxiolytiques, les hypnotiques, l’alcool éthylique, les opioïdes et leurs dérivés synthétiques.

Classification selon les conséquences de l’usage : bien que plusieurs classifications aient été établie en fonction soit de la toxicité ou des répercussions sociales, la plus complète est celle issue du rapport Roques qui illustre les conséquences de l’usage en termes de : toxicité, dépendance à la fois psychique et physique, niveau de danger social ainsi que les traitements de substitution possible.

La notion de drogues « douces » et « dures » apparaît en 2002 :

  • Les drogues douces auraient des effets modérés et n’auraient pas de fort pouvoir toxicomanogène: c’est le cas du cannabis et de ses autres formes de consommation. Toutefois, il est à noter qu’une utilisation abusive et non récréative de cannabis remonte le classement du cannabis dans les drogues dures.
  • Les drogues dures provoquent une dépendance physique et/ou psychique ainsi qu’un effet hallucinogène ou non. 

Designer drugs

Issus du « drug design », en d’autres termes du résultat de la fabrication de drogues de manière semi-artisanale, les designers drugs représentent une nouvelle catégorie récente de drogues. 

Les designers drugs sont: 

– créées pour être similaires aux drogues courantes par modification de la structure moléculaire de base via des greffes ou suppression de groupements chimiques. Les designers drugs, n’existant pas à l’état naturel, sont ainsi des produits de la même famille que les drogues de référence et se distinguent par le niveau de puissance.

– les molécules obtenues par leur procédé de fabrication permettent de passer outre l’interdiction de détention et de consommation de la substance de référence. En effet, la gravité de leur consommation est amoindrie de par cette différence en termes de structure : le seul risque des consommateurs porte sur la perte de leur argent si le produit n’arrive pas à destination. D’ailleurs, ces molécules n’apparaissent pas sur les listes restrictives de substances interdites,

De plus, les designers drugs sont autorisés à la vente pour la consommation humaine tels que les produits chimiques précurseurs de synthèse ou encore les produits ménagers, sels de bains

– à la base, des molécules qui sont supposées reproduire les effets des drogues classiques. Or, elles ont souvent des effets inattendus et innovants, renforçant ainsi leur pertinence

A l’inverse des drogues classiques dont la consommation est difficilement acceptée, le designer drugs se présentent comme étant des substances légales à visée récréative ou encore festif autrement dit dédiées à l’amusement et au divertissement. 

Quelques synonymes des termes designer drugs : 

– NPS : Nouveaux Produits de Synthèse ou new psychoactive substances  est le terme qui est retenu par l’OEDT (Observatoire Européen des Drogues et Toxicomanies), et englobe les substances créées récemment ainsi que les substances dont l’usage est qualifié de visée psychoactive. 

Research chemicals : désigne notamment les intermédiaires de synthèse en termes de recherches de nouvelles substances, qu’elles soient psychoactives ou non. Bien que peu des intermédiaires de synthèse soient utilisés en tant que drogue, le terme reste très utilisé par les usagers compte tenu de la présence des mentions « not for human consomption » ou « only for chemical research » qui figurent sur les conditionnements et autres afin de détourner la législation. 

Legal highs : qui est traduit littéralement par « euphorisants légaux » enclavent toutes les substances synthétiques ou dérivées de plantes non contrôlées par la loi.

Party pills, herbal highs, legal ecstasy, bath salts, smart drugs… : sont des termes rencontrés fréquemment sur les sites de vente en ligne. 

Usage récréatif

Selon L’Observatoire Européen Des Toxicomanies (OEDT), l’usage récréatif de drogues se caractérise par la consommation de substances psychoactives afin d’avoir, de ressentir du plaisir dans des lieux de loisirs nocturnes

De ce fait, il s’avère que l’usage récréatif traduit un usage ponctuel, uniquement dans le cadre de festivité, de substance est dénué de conséquences néfastes tant sur soi-même que sur les autres.

D’une manière générale, l’usage récréatif n’est pas supposé engendrer une dépendance.

Dépendance/ Addiction

Fréquemment, il existe une confusion certaine entre dépendance et addiction.

La dépendance résulte d’un mécanisme qui engendre, subséquemment à une consommation régulière de substance psychotrope, un état de déséquilibre affectant le fonctionnement neurobiologique de l’individu.

Déséquilibre qui sera à l’origine d’un malaise tant au niveau physique que psychique et qui va pousser l’individu à consommer encore plus, non plus afin d’éprouver les sensations de plaisir procurées par la substance psychotrope, mais surtout afin de lutter, afin de contrer les sensations désagréables qui résultent par l’arrêt de consommation de la dite substance.

A contrario, l’addiction n’atteint qu’une faible portion des consommateurs dits chroniques de psychotropes. D’ailleurs, l’addiction se manifeste par un besoin incoercible, incontrôlable de consommer la substance quels que soient les effets négatifs que cela puissent engendrer tant sur la santé que sur la vie sociale de l’individu.

L’addiction ne touche, contrairement à la dépendance, qu’une fraction des consommateurs chronique de substances psychotropes. Elle se caractérise par un besoin irrépressible de consommer la substance en dépit des conséquences négatives sur la santé mais aussi la vie sociale de l’individu. 

Récemment, les neurosciences ont mis en exergue le lien existant entre l’addiction en tant que pathologie, et l’initiation de processus d’apprentissage pathologique. De ce fait, l’addiction semble être à l’origine de glissement de comportements, bien qu’il y ait contrôle conscient des décisions, vers l’automatisme et d’un comportement compulsif.

Ainsi, l’addiction ne résulte forcément pas de la consommation de substances mais peut également survenir pour des comportements comme le jeu, l’alimentation, l’internet (réseau social…)

Il existe ainsi des consommateurs qui peuvent être dépendants mais non addicts ainsi que des personnes qui sont addicts à des comportements tout en étant non-dépendantes à une substance. Cela bien que chaque famille de substance dite addictive ait ses mécanismes d’action pharmacologique propres.

Il est à noter néanmoins que les substances addictives agissent toutes en entraînant une augmentation de la dopamine qui va alors être libéré au niveau du système de récompense (Lüscher et Ungless, 2006). 

Ainsi, l’état addictif se traduirait non seulement par l’importance que l’on accorde, attribue à la substance, mais aussi par l’implantation, l’ancrage au plus profond de la mémoire des « indices » associés à la substance qu’il s’agisse du lieu d’achat, du visage de la personne qui ramène des souvenirs quant à la consommation …. 

Chez les individus « addicts », le but de la consommation qui est l’obtention de l’effet n’est plus la motivation principale du comportement. En effet, le comportement va venir dépendre d’une automatisation certaine par rapport aux indices qui ont été rattachés à l’effet de la substance par le passé relativement à la consommation de psychotropes. 

Ainsi, la personne va enchaîner des associations automatiques de type stimulus-réponse (Waelti et al., 2001).

Figure 01 : Circuit de la récompense

ATV : aire tegmentale ventrale

NA : noyau accumbens

Au niveau psychologique, la « perte de contrôle », qui est au cœur même de la définition du syndrome addictif, prend depuis quelques années une importance croissante dans les recherches en neurosciences de l’addiction. 

Le cortex préfrontal, au centre des mécanismes cérébraux impliqués dans la prise de décision, est affecté chez les personnes souffrant d’addiction. 

Des études de neuroimagerie ont montré une baisse du métabolisme de base du cortex préfrontal chez des personnes ayant développé une addiction à différentes substances psychoactives (Volkow et Fowler, 2000). 

Par contre, si l’on présente à ces mêmes personnes des « indices » liés à leur substance d’addiction, le métabolisme de leur cortex préfrontal augmente de manière bien plus significative que si des « indices » liés à une récompense plus ordinaire leurs sont présentés (Childress et al., 1999). 

Le cortex préfrontal de ces personnes semble devenu incapable de déclencher la recherche de récompenses naturelles et incapable d’empêcher les comportements de recherche de substances psychoactives.

Consommation abusive/ nocive

Une consommation de drogues ou de médicaments et dite abusive lorsque son usage devient « à risque » car pouvant engendrer des dommages physiques, psychologiques, économiques, judiciaires et sociaux pour l’usager

En d‘autres termes, la consommation devient problématique dans le cadre d’usage de la substance dans des circonstances non adéquates et inappropriées comme : conduite automobile, lieu de travail,…) outre son emploi dans le cadre d’illégalité, en quantité néfaste et toxique pour la santé, ou encore engendrant de problèmes sociaux (familial, financier) ainsi que l’incapacité à remplir les obligations professionnelles… 

Généralement, ce sont les proches qui remarquent ce type de consommation étant donné que l’usager est souvent « enfermé » dans une sensation, erronée, d’autocontrôle.

Polyconsommation

Le terme de polyconsommation traduit l’usage de deux ou de plusieurs substances de manière simultanée dans le but de combiner ou encore d’augmenter les effets de ces dernière

Incontestablement, des associations peuvent être qualifiées de « détonantes », comme de l’héroïne et de la cocaïne (speedball), de la PCP (phéncyclidine) et du cannabis (killer weed), ou encore de l’ecstasy et de médicaments psychoactifs. 

Toutefois, bien qu’étant à l’origine de synergie d’effets psychotropes, la combinaison de substances induit également une combinaison des effets néfastes pouvant engendrer des conséquences désastreuses comme une polytoxicomanie ou une dévastation de la santé de l’usager.

2) Hier… Aujourd’hui…

Historique

Bien que le concept de « drogue » soit assez récente au sein des sociétés actuelles, les drogues ont toujours fait partie intégrante des sociétés depuis l’aube de l’humanité.

Historiquement les drogues sont présentes depuis près de 5000ans avec environ 100 ans de toxicomanie. 

D’ailleurs Aldous Huxley de dire « Pharmacology is older than agriculture » (la pharmacologie est plus ancienne que l’agriculture). 

En effet, les plantes ont toujours été utilisées dès la nuit des temps

  • plantes a haut pouvoir nutritif : en tant qu’aliments compte tenu de la présence de nutriments et utilisées complémentairement à la chasse 
  • dans la chasse ou encore la guerre, utilisées comme poison, pour les plantes mortelles.
  • les plantes sans pouvoir nutritif particulier et non toxiques qui sont utilisées pour leurs autres propriétés comme la modification de l’état de conscience ou encore la perception de la réalité. 

A part l’agriculture, l’élevage, l’écriture ou même les langues primitives, la consommation des plantes, la connaissance de la nature ainsi que la transmission et échanges des informations par rapport à l’usage et la distinction des plantes marquent le début des civilisations.

La préhistoire, antiquité et Moyen-âge 

En Mésopotamie, qui est l’Iraq actuel, les récoltes provenant du blé et de l’orge servaient dans la fabrication de la bière. C’est dire que, alcool et ivresse faisaient partie intégrante de la vie des hommes 3000 ans avant Jésus Christ, alcool et ivresse étaient omniprésents dans la vie des hommes.

Les Indiens, Assyriens et Egyptiens ont largement utilisé l’opium issu du pavot comme poison mais aussi comme médicament pour « chasser les pleurs ».

En Atlantique, Mayas, Aztèques et Incas ont consommé du peyolt, un hallucinogène, pour s’induire des visions dans un but chamanique. Le coca, dès 2000 ans avant Jésus Christ, a été utilisé dans un but religieux et rituel. L’usage du tabac fumé et séché a également été initié par ces populations.

Les premières traces de la consommation de cannabis relèvent d’il y a plus de 5000 ans, en : Egypte, Chine, bords de la Volga, Amérique du sud, Assyrie,…  en tant que :

  • analgésique
  • à des fins récréatives ou religieuses

Le cannabis a longtemps accompagné l’évolution de nombre de civilisations, d’ailleurs l’explosion de sa consommation est subséquente à l’interdiction de l’alcool par le Coran au Moyen Orient

Bien que l’utilisation de l’opium soit renseignée à l’époque de l’Empire Romain, ce sont le vin ainsi que tous les alcools de raisin qui furent à l’honneur.

La thériaque fut utilisée au IIème siècle par  le père de la pharmacie Claude Galien comme contrepoison. Elle contient notamment une grande quantité d’opium outre plus  d’une soixantaine d’autres ingrédients.

Le Laudanum fût ajouté au XVIème siècle par Paracelse, à l’arsenal thérapeutique moyenâgeux restreint. C’est d’ailleurs Paracelse qui a expérimenté en premier le caractère analgésique très puissant de l’opium.

 

Nouvelles drogues et nouvelles tendances

3) Législation

Les textes 

Loi du 19 Juillet 1845

Pour le cas de la France, les premiers textes juridiques se retrouvent au début du XXème siècle. Notamment, le décret du 11 octobre 1908 qui précise la loi du 19 juillet 1845 et porte sur« la vente, l’achat, l’emploi d’opium ou de ses extraits ». 

La loi du 19 juillet est à l’origine de la première liste des substances vénéneuses qui seront classées selon trois tableaux

– Tableau A : produits toxiques et pouvant provoquer la mort 

– Tableau B : produits stupéfiants 

– Tableau C : produits dangereux pouvant provoquer des troubles graves. 

Loi du 31 décembre 1970 

Cette loi n°70-1320 du 31 décembre 1970 intitulée loi « relative aux mesures sanitaires de lutte contre la toxicomanie et à la répression du trafic et de l’usage illicite de substances vénéneuses », parue au Journal Officiel de la République Française du 3 janvier 1971 est le pilier de la française en termes de drogues et de toxicomanie. 

Cette loi porte notamment sur :

« – L’interdiction de la consommation de drogue : l’usage de substances illicites doit être inacceptable socialement, 

– L’injonction thérapeutique : avant d’être des délinquants, les usagers de drogues sont reconnus comme malades et à ce titre bénéficient d’une obligation de soins, alternative aux sanctions pénales, 

– La limitation du trafic et l’interdiction de la publicité en faveur des drogues. » 

L’arrêté du 22 février 1990 

Paru au Journal Officiel du 7 juin 1990, cet arrêté fixe la liste des substances classées comme stupéfiants en les groupant en 4 annexes : 

– Les annexes I et II reprend les tableaux I et VI de la Convention internationale sur les stupéfiants de 1961 avec la morphine, la méthadone, l’opium, l’héroïne, la codéine… 

– L’annexe III regroupe plusieurs substances des différents tableaux de la Convention internationale sur les psychotropes (Convention de Vienne) de 1971 dont le LSD, les amphétamines,… 

– L’annexe IV correspond au classement à titre français des substances non répertoriées au niveau international, c’est le cas en particulier des nouveaux produits de synthèse. 

Législation internationale 

– La convention unique de 1961 : suite à la loi du 19 juillet 1945, les stupéfiants en droit français étaient classés au tableau B des substances vénéneuses avant que le décret du 29 décembre 1988 ne remplace cette classification en droit interne par la classification internationale. 

Quatre listes de produits stupéfiants sont établies par cette convention unique, à savoir : 

  • Liste I : substances susceptibles d’induire une dépendance comparable à celle de la morphine ou un risque d’usage abusif comparable à celui que peuvent engendrer le cannabis ou la cocaïne, 
  • Liste II : substances susceptibles d’induire une dépendance d’une force inférieure ou égale à celle de la codéine et au moins aussi importante que celle du dextropropoxyphène. 

Les listes I et II regroupent l’ensemble des stupéfiants visés par les règlementations internationales. 

  • Liste III : médicaments contenant une ou plusieurs substances des listes I et II à doses suffisamment faibles pour ne pas induire de toxicomanie 
  • Liste IV : stupéfiants considérés comme toxiques et dénués d’intérêt thérapeutique selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) (Convention Unique sur les stupéfiants de 1961, 1972). 

– La convention de Vienne de 1971 : rédigée par l’ONU classe toutes les substances psychotropes d’origine naturelle ou synthétique à usage industriel ou non. Elle fait référence aux psychotropes qui sont classées en quatre tableaux (Convention de Vienne du 21 février 1971, 1971) :

  • Tableau I : substances ayant un potentiel d’abus important, avec un risque grave pour la santé publique et un intérêt thérapeutique faible, 
  • Tableau II : substances ayant un potentiel d’abus, avec un risque sérieux pour la santé publique et un intérêt thérapeutique faible à moyenne, 
  • Tableau III : substances ayant un potentiel d’abus, avec un risque sérieux pour la santé publique et un intérêt thérapeutique moyenne à grande, 
  • Tableau IV : substances ayant un potentiel d’abus, avec un risque faible pour la santé publique et un intérêt thérapeutique faible à grand. 

Au niveau international, soumises au contrôle de l’Organisation des Nations Unies (ONU), les substances psychoactives sont réparties en deux groupes : 

– les stupéfiants (médicamenteux ou non), soumis à la Convention unique de 1961 

– les psychotropes, soumis eux à la Convention de Vienne de 1971 (listes I et II) 

Procédures de classement comme stupéfiant

Généralement, chaque pays possède une liste de substances rencontrées sur son territoire et qui sont considérées comme stupéfiantes.

Cependant, une liste regroupée à la suite de la Convention Unique de 1961 est tenue au niveau européen.

En pratique, il existe trois façons d’enregistrement d’une nouvelle substance en tant que stupéfiant

– La procédure standard qui est plus utilisée et la plus commune 

– La procédure d’urgence, ou emergency warning system (EWS), qui comme son nom l’indique est une procédure accélérée qui permet d’effectuer un contrôle sur une substance pendant une période limitée. La procédure d’urgence expire sans confirmation du contrôle par une procédure standard durant temps imparti. 

– La procédure rapide est comparable à la procédure d’urgence sauf que le contrôle est permanent. 

En droit français, le classement d’une substance comme stupéfiante suit un processus précis qui s’étalonne sur une durée de trois à six mois et se base sur les données de pharmacodépendance nationales et des appréciations de l’OMS. 

L’ensemble des données recueillies est évalué par le Comité Technique des Centres d’Evaluation et d’Information sur la Pharmacodépendance (CEIP) qui décide ou non de présenter le cas en Commission Nationale des Stupéfiants et Psychotropes (CNSP)

Ensuite, le CNPS viendra exposer le cas au Directeur Général de l’ANSM, expertises à l’appui, qui rapportera les résultats au Ministère de la Santé afin que le cas soit édité par un décret ministériel venant préciser la liste du 22 février 1990 par parution au Journal Officiel.

L’enregistrement simultané d’une substance dans tous les pays membres de l’UE peut être effectué par une procédure centralisée.

D’une durée moyenne de 1an, cette procédure qui s’agence entre l’Observatoire Européen des Drogues et Toxicomanies (OEDT), Europol et le réseau Early Warning System (EWS) se décompose en trois grands temps (EMCDDA a., 2011) :

  • Alerte précoce
  • Rapport de risque
  • Décision finale

L’inclusion des isomères, sels, éthers, esters et autres dérivés d’une substance parallèlement à sa déclaration est réalisée par le système « générique » c’est-à-dire toutes les substances appartenant à la même famille chimique que la molécule de référence.  Alors que le système « analogue » permet d’inclure, parallèlement à la déclaration d’une substance, les produits qui sont à l’origine d’un un effet analogue à l’usage de la substance de référence.

4) Épidémiologie

Les drogues classiques

Une diminution du nombre de saisies d’héroïne et de cocaïne que ce soit en poudre ou crack : 85% des saisies de cocaïne ont été faites en Espagne, Belgique et aux Pays-Bas a été constatée. Diminution qui reflète une tendance à la baisse de la consommation de ces produits

Une augmentation du nombre de saisies d’amphétamine et de methamphétamine a été constatée avec une tendance similaire pour l’ecstasy

Le cannabis reste la drogue la plus répandue avec près de 2000 tonnes de saisies en 2013 qui pourtant est encore nettement loin de sa consommation réelle qui dans certains pays européens reste stable contrairement dans d’autres où elle explose actuellement alors qu’autrefois sa consommation était faible comme dans le cas de l’Italie ou de la Grèce .

En termes de saisies, l’herbe (marijuana) devance la résine (haschisch) et non en termes de quantité.

Les nouvelles drogues de synthèse

Le rapport de l’OEDT a notifié 81 nouvelles substances psychoactives, en 2013, à travers le système d’alerte précoce de l’Union Européenne.

Familles 2000 à 2007 2008 à 2011 2012 à 2014
Pipérazines 4 1 3
Tryptamines 3 3 4
Phénéthylamines 7 10 14
Cathinones 1 11 16
Cannabinoïdes 0 8 26
Opioïdes 0 0 1
Autres 2 6 17
TOTAL 17 39 81

 

Figure 02 : Nombre et principales familles chimiques de nouvelles substances psychoactives signalées via le système d’alerte précoce de l’UE (EWS) entre 2005 et 2013

DEUXIÈME PARTIE : LES NOUVELLES DROGUES DE SYNTHÈSE

1) De la synthèse à la consommation de NPS

Production, conditionnement et expédition

Généralement, la majeure partie des produits disponibles sont fabriqués en Europe au sein de laboratoires clandestins et donc disposition sur le marché noir, et dans les pays asiatiques, en particulier Inde et Chine qui produisent des substances, incorporées dans des packagings attractifs, qui sont vendues comme « legal highs » en Europe

Les receleurs et fabricants principaux sont généralement des entrepreneurs opportunistes qui vont élaborer dans des conditions semi-artisanales ces molécules de par non seulement leurs connaissances en chimie, mais aussi par le biais des laboratoires élaborés à travers le monde. 

Les plus importants ayant fréquemment le statut d’industrie chimique classique qui sont à l’origine de la production des intermédiaires de synthèse, ou « research chemicals ».

La réception s’effectue par simple pli postal, après achat sur internet des produits, soit par enveloppe si les produits et la quantité le permettent soit par colis. 

Afin de camoufler au mieux la marchandise, diverses stratégies sont mises en place :

  • mise sous vide
  • enveloppage dans des feuilles de papier cartonné pour ne pas laisser transparaitre le contenu à la lumière
  • enveloppage dans de l’aluminium pour masquer les odeurs 

Le caractère ambigu du statut de ces produits ne permet ni d’identifier la provenance de ces derniers, ni l’octroi de légitimité aux douaniers pour la saisie, à l’exception du fait qu’ils soient associés dans un même pli postal à des substances illégales. 

Si environ 2% des colis sont soumis à un contrôle douanier, les chances de détection de ces produits sont relativement minces.

Cependant, les douanes de préciser que sur les échantillons repérés, la majorité proviennent des Pays-Bas ou encore d’Espagne. Incontestablement, des relais sont mis en place par les vendeurs afin d’effectuer l’acheminement vers l’acheteur, compte tenu de la vigilance des douanes par rapport aux colis des producteurs asiatiques qui sont quasi systématiquement ouverts ou au moins scannés, alors que la vigilance des douanes est moindre pour des colis en provenance de l’intérieur de l’Union Européenne.

Vente en ligne

Autant pour les dealers que pour les acheteurs, la vente en ligne se veut être une réelle aubaine.

D’ailleurs, le dispositif SINTES a mis en exergue le moindre coût des prix pratiqués sur internet avec une réduction de deux à trois fois par rapport au prix « dans la rue » pour les mêmes produits

Internet permet aussi le partage d’expériences entre les consommateurs à travers de nombreux forums qui sont fréquentés par un grand nombre d’utilisateurs.

Le nombre de sites de vente en ligne ne cesse d’augmenter compte tenu de l’explosion du nombre de substances, notamment des NPS. 

Sur une semaine, par le biais de « snapshot », 170 sites recensés en Janvier 2010 par l’OEDT mettent à disposition des NPS aux européens. Quatre ans après, soit en Janvier 2014, ce chiffre a été multiplié par deux. Avec les sites domiciliés hors union européenne, pas moins de 631 sites en activité étaient recensés en Janvier 2011.

Selon la nature de la demande dans le moteur de recherches, deux types de sites sont rencontrés

– une quantité infinie de sites s’affichent lorsque l’on entre soit le nom fantaisie d’une substance, soit le nom d’une drogue légale additionné d’une mention type « mêmes effets », ou encore des noms vulgaires types « partypills » ou « legal highs ». Ces sites sont très attractifs et présentent un véritable arsenal marketing  avec des pages toutes en couleur outre le clignotement de mentions « sans danger ! » ou encore « 100% légal!» outre des noms à la fois obscurs et fantaisistes dont les descriptions viennent préciser et optimiser les effets.

Des produits dérivés sont même commercialisés par certaines « enseignes » dont l’origine est plus que douteuse avec des tonnes de fautes d’orthographe. 

Les packagings se présentent tels des bonbons ou encore camouflés sous forme de sels de bain, de nettoyants pour gentes aluminium ou encore d’engrais… 

Généralement, les produits sont divisés par doses, facilitant ainsi leurs usages, notamment pour les novices qui n’ont aucun concept de relation entre quantité de produit et effets. 

– une diversité de sites apparaît en entrant le nom chimique d’une molécule. Ces sites arborent un design beaucoup plus sobre et ne comprennent aucune indication quant aux modalités de prise ou encore des effets engendrés. Couramment, la formule chimique est représentée complémentairement avec le prix ou la gamme correspondante.

Ce type de site est conçu pour un public plus averti qui est capable de relier molécules, effets et dosages. 

L’envoi des produits, non reconditionnés, s’effectue à l’aide de simples sachets avec des mentions minimalistes. 

Le « deepweb » encore appelé web profond ou « dark net » pour web sombre représente un autre volet d’internet qui est encore moins connu du public. Les sites présents dans le « dark net » n’étant d’ailleurs pas indexés par les moteurs de recherche grand public.

Le « dark net» regrouperait près de 75% à 80% d’internet, soit près d’un trilliard : environ 1021 pages (Widmer, 2013) et renferme toutes les activités presque condamnables comme le trafic d’armes, le trafic de faux papier, la pédopornographie et effectivement le commerce de drogues en tous genres. 

Dans ce « dark net », la connexion transite de manière aléatoire d’un serveur à un autre dans le monde avec une reconnaissance des IP entre les divers relais, permettant de garder l’anonymat  car la connexion est indétectable et l’ordinateur intraçable.

Risques d’un point de vue législation

143.2 tonnes de stupéfiants, dont 321 kg et plus de 2000 comprimés de ces nouvelles drogues de synthèse ont été saisis en 2013 par les services douaniers français (Douanes & Droits Indirects, 2014). Saisies qui sont anecdotiques par rapport aux dizaines de tonnes de cannabis ou encore de cocaïne saisies sur la même période.

Cependant, cela reflète la présence de ce type de substances au niveau du territoire français à travers les centres de fret express dont le plus gros centre se trouve à l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle. 

En cas de découverte dans les colis postaux ou le fret express de produits suspects, le SNDJ (Service National de Douane Judiciaire).peut commander une analyse avec l’aide du SCL (Service Commun des Laboratoires) afin de déterminer la nature du produit.

Ensuite, le PHSIP (Pharmacien Inspecteur de Santé Publique) procède à la classification du produit saisi (MILD&CA, 2014) : 

– saisie immédiate sur la base de la législation relative aux stupéfiants dans le cas où la substance est déjà classée comme stupéfiant dans l’arrêté du 22 février 1990

– intervention du PHSIP dans le cas où la substance n’est pas classée comme stupéfiant. Ainsi, le PHISP peut la classer immédiatement comme « médicament par fonction », c’est-à-dire ayant une action biologique sur l’homme ou l’animal (« tout produit pouvant être administré à l’homme ou à l’animal, en vue d’établir un diagnostic médical ou de restaurer, corriger ou modifier leurs fonctions organiques » selon la définition légale du médicament) afin de la saisir sur la base de la législation relative aux médicaments, avant d’engager une procédure éventuelle de classement comme stupéfiant

– saisie immédiate si la substance est déjà classée comme « médicament par fonction »

Comme ces substances ne sont pas illégales, les saisies n’impactent par sur les vendeurs et les acheteurs, cependant, c’est la découverte de nouvelles substances dans le colis qui peut permettre aux douanes de suivre et de surveiller la livraison jusqu’au commanditaire, ce qui d’une manière exceptionnelle permet le repérage des trafics de drogues illégales si les acheteurs en consomment également.

Bien que les risques soient présents, sur le plan pénal, les nouveaux produits de synthèse non répertoriés n’étant pas illégaux, les consommateurs ne risquent « rien ».

2) Les différents types de NPS

Les cannabinoïdes de synthèse

Provenant de l’Himalaya, le cannabis, est consommé depuis des siècles. 

Au début du XIXème siècle, utilisé dans le traitement de l’épilepsie, de l’asthme ou encore de migraines par les médecins britanniques, le cannabis est actuellement sujet de polémique en France quant à son utilisation thérapeutique, où 1.2 millions de français en consomment régulièrement (dont un jeune de 17 ans sur 5).

Originellement, les « spice » étaient vendus, dans des magasins spécialisés, sous forme de sachets de mélanges d’herbes à fumer ou encore d’encens sans toutefois contenir de substances psychoactives. Ce n’est qu’au début des années 2000 que s’est popularisé l’ajout de cannabinoïdes à l’usage de ces herbes.

Leur vente sur internet à débuté aux environs de 2004 alors que les magasins spécialisés dénommés « head shops » n’ont commencé à apparaître qu’à partir de 2006.

Aspect 

Les dérivés de cannabinoïdes synthétiques sont connus sous le nom de « spice » dans le monde des usagers de drogues de synthèse. D’ailleurs, ils y sont présentés sous forme de mixtures d’herbes. 

L’inconvénient pour ce mode de distribution réside dans la variabilité de substances et de doses en fonction des marques, des lots et des lieux d’achats

Administration

L’administration optimale pour les dérivés du cannabis est l’inhalation étant donné que les molécules, très lipophiles, se vaporisent sans être dénaturés, et sont restitués sous leur forme initiale active au consommateur. 

Des usages par voie ingérée, notamment en tisanes, sont également constatés or, ce mode d’administration n’est pas idéal. En effet, les molécules  très lipophiles sont très peu solubilisées outre l’effet de premier passage hépatique qui est relativement important.

Mécanisme d’action

Les effets cannabino-mimétiques sont ceux recherchés par les cannabinoïdes de synthèse

  • recherche de détente
  • recherche de bien-être
  • augmentation des perceptions
  • apaisement couplé à une légère euphorie

Il existe trois groupes principaux de structures des cannabinoïdes de synthèse :

– les cannabinoïdes classiques qui sont dérivés du Δ9-THC, composé actif du cannabis

– les cannabinoïdes non classiques ou cannabino-mimétiques 

– les aminoalkylindoles.

Figure 03 : Structure du Δ9-THC

 

Tableau : Structure de cannabinoïdes de synthèse et classification simplifiée (liste non exhaustive) (UNODC a., 2013)

Nom commun  Nom chimique  Structure 
Cannabinoïdes classiques
HU-210 ou

11-Hydroxy-Δ- 8-THC-DMH

3-(1,1’-dimethylheptyl)- 6aR,7,10,10aR-tetrahydro- 1-

hydroxy-6,6-dimethyl-6H-dibenzo[b,d]pyran-9- methanol

Cannabinoïdes non classiques
CP-47,497 rel-2[(1S,3R)-3- hydroxycyclohexyl]-5-(2- methyloctan-2-yl)phenol
Aminoalkylindoles 
Naphtoylindoles 
AM-1220 [1-[(1-methyl-2- piperidinyl)methyl]-1H-indol-3-yl]-1- naphthalenyl-methanone
JWH-018 ou AM678 (1-pentyl-1H-indol-3-yl)-1- naphthalenyl-methanone
JWH-073 (1-butyl-1H-indol-3-yl)-1- naphthalenyl-methanone
JWH-081 (4-methoxy-1- naphthalenyl)(1-pentyl- 1H-indol-3-yl)- methanone
JWH-398 (4-chloronaphthalen-1- yl)(1-pentyl-1

H-indole-3-yl)-

methanone

Benzoylindoles 
AM-694 [1- (5- fluoropentyl)- 1H-indol-3- yl](2- iodophenyl)- methanone
RCS-4 ou SR- 19, OBT-199,

BTM-4, E-4

(4-methoxyphenyl)(1- pentyl- 1H- indol- 3- yl)- methanone
WIN 48,098 ou Pravadoline (4-methoxyphenyl)[(2- methyl)-1-[2-(4- morpholinyl)ethyl]- 1Hindol-

3- yl]- methanone

Phenylacétylindoles 
JWH-201 2- (4- methoxyphenyl)- 1- (1- pentyl- 1H– indol- 3- yl)- ethanone
JWH-250 1- (1- pentyl- 1H– indol- 3- yl)-2- (2- methoxyphenyl)- ethanone
RCS-8 ou SR- 18, BTM-8 1-(1-(2cyclohexylethyl)- 1H– indol- 3- yl)- 2- (2- methoxyphenyl)-

ethanone

Naphtylmethylindoles 
JWH-175 3-(1-naphthalenylmethyl)- 1-pentyl-1H-indole
Naphtylpyrroles 
JWH-030
naphthalen-1-yl-(1- pentylpyrrol-3-yl)

methanone

Les cannabinoïdes classiques ont des relations structure- activité relativement simples qui s’appliquent également au THC naturel. En effet, le noyau benzopyrane forme le pharmacophore de base qui est substitué idéalement par un hydroxyle en position 2 et par une chaine alkyle en position 4. 

Le remplacement de l’hydroxyle par un thiol ou une éthérification diminue l’activité alors que le remplacement par un substituant azoté ou être estérifié n’a aucun effet sur.

L’activité des cannabinoïdes classiques dépend fortement de la longueur de la chaine latérale. Effectivement, la chaîne se doit d’être suffisamment longue outre la présence de ramification qui vient augmenter l’activité.

L’optimisation de l’activité peut être effectuée par le placement du groupement diméthyle sur le cycle pyrane. 

Aucun changement d’activité n’est constaté lorsque l’atome d’oxygène et remplacé par un atome d’azote, un carbone peut également venir élargir le cycle.

Similairement au THC, actif sous son forme isomère Δ9, la stéréochimie est essentielle pour ces dérivés.

Afin d’être ligands du récepteur CB1, les relations structure activité des naphtoylindoles, très complexes, peuvent être simplifiées en quatre points essentiels par: 

– un cycle aromatique carboné, simple ou double (phényl, naphtyl,…), 

– une liaison par une chaine à 1 ou 2 carbones hydrogénée (éthanone, méthanone, carboxamide, carboxylate)

– un corps de molécule, généralement indole ou pyrrole

– une chaine carbonée, qui est requise pour l’activité, similairement aux dérivés des cannabinoïdes synthétiques. 

A partir de ce pharmacophore ont été créés et testés un grand nombre de dérivés sans que leurs rôles : agoniste ou antagoniste des récepteurs cannabinoïdes des composés nouvellement formés, ne soient précisés.

Ainsi, comme pour le Δ9-THC, les cannabinoïdes de synthèse, comme le Δ9-THC, ont une affinité pour les récepteurs cannabinoïdes couplés aux protéines G que sont:

  • les récepteurs CB-1 du système nerveux central 
  • les récepteurs CB-2 présents dans la rate 

L’anandamide (N-arachidonoyléthanolamine), un cannabinoïde endogène est un agoniste de ces récepteurs.

La subdivision en sous groupes des divers cannabinoïdes de synthèse peut être effectuée selon leur mode d’action vis-à-vis des récepteurs cannabinoïdes de type CB-1. D’ailleurs, une forte affinité à ces récepteurs semble être liée à l’activité psychoactive cannabino-mimétique

De plus, l’affinité des cannabinoïdes de synthèse pour les  récepteurs CB-1 est supérieure à la fois à celle des cannabinoïdes endogènes et du Δ9- THC. Incontestablement, le HU-210 avec un Ki=0.06 nM représente une affinité 100 fois supérieure à celle du tétrahydrocannabinol.

Toutefois, les dérivés fréquemment rencontrés dans les sachets de spice sont surtout les dérivés indole et pyrrole.

Pharmacocinétique

Analyse

Peu de données sont disponibles quant au métabolisme des cannabinoïdes de synthèse. 

L’absorption étant fonction du mode d’administration.

Généralement, l’élimination est sous forme inchangée. 

Avant leur élimination, une hydroxylation ainsi qu’une glucuronidation semblent s’effectuer sur les aminoalkylindoles (AAI). Quelques déalkylations, N-déalkylations et oxydations par l’intermédiaire du cytochrome P450 en acide carboxylique ont également été rapportés sur la chaine lors d’études avec des microsomes de foie humains

Chacun des métabolites semble avoir une activité pharmacologique et interagirait avec les récepteurs cannabinoïdes endogènes, que ce soit en tant qu’agoniste ou en tant qu’antagoniste .

Effets indésirables

Etant donné que les effets ressentis lors de la consommation de ces substances sont « cannabis-like », il apparaît que les effets indésirables le sont aussi, notamment en aigu avec l’apparition de :

  • nausées
  • agitation
  • hyposialie
  • fatigue
  • diminution de l’appétit
  • stimulation

La consommation chronique de ces produits semblerait engendrer des :

  • problèmes cardiovasculaires
  • attaques de panique
  • désordres psychiatriques
  • dommages rénaux. 

Plusieurs accidents vasculaires cérébraux ischémiques auraient été causés par le JWH-018 chez des jeunes gens en excellente santé

Les dommages psychiatriques sont importants

Une hypothèse quant à la haute affinité des molécules pour les récepteurs CB2 porterait sur l’apparition d’anomalies cellulaires suite à la modification de la chimiotaxie des lymphocytes T qui va engendrer une apoptose excessive ou encore une atrophie thymique

Bien que le potentiel addictogène des cannabinoïdes de synthèse ne soit pas encore pleinement évalué, quelques données supposent que ce potentiel serait important bien qu’inférieur à celui du cannabis étant donné sa plus grande tolérance par rapport au cannabis.

Les cathinones de synthèse

Une des familles de nouvelles drogues de synthèse prédominante sur le marché avec les amphétamines et phénéthylamines, la famille des cathinones rassemble toutes les caractéristiques des designer drugs tout en étant à l’intermédiaire de l’utilisation traditionnelle des substances psychoactives modernes qui sont connues et interdites d’utilisation.

Aspect

La famille des cathinones dérive du khat (qat ou kat) Catha edulis, plante qui a été utilisée depuis la nuit des temps, appartenant à la famille des Célastracées, et qui se localise notamment en Afrique ainsi que dans certaines régions d’Arabie, principalement en Ethiopie et au Yémen, à Djibouti, à Oman et en Somalie

Figure 04 : Khat et ses métabolites principaux.

 

Les cathinones sont souvent présentées sous forme d’un poudre brune en sachets afin d’être consommés, dans une feuille de papier à rouler, en « parachute ». Dans ce cas, il importe qu’il y ait un étiquetage minimaliste qui viendra préciser le caractère non consommable de la poudre.

Les cathinones peuvent également être sous forme de comprimés ou gélules dans des packagings attrayants comme « bath salts » (sels de bain) ou « plant food » (engrais à plantations).

Administration

La consommation de khat consiste à mâcher ses feuilles et à les garder comme une boule dans la bouche. De plus, au Yémen, sa consommation intervient dans le cadre de cérémonies au sein de maisons privées qui sont divisées en différents espaces selon les classes sociales

Près de 100g à 200g de feuilles fraîches de Khat sont mastiquées tout en avalant le jus qui en sort alors que le résidu de feuilles est conservé dans la bouche, contre la joue pendant plusieurs heures avant qu’on le recrache

La consommation des feuilles de khat ne doit pas dépassée les 24 heures maximum après la cueillette étant donné que les composés actifs disparaissent au bout de ce délai.

Généralement, les cathinones sont ingérées, sniffées bien que rarement (la méphédrone), ou administrées par voie rectale

La pratique du slam, encore peu réservée à la crystal methamphétamine et à la cocaïne, au sein d’un contexte sexuel est actuellement en plein essor. Lors de ses pratiques, l’administration se fait par injection de cathinones afin de démultiplier les pratiques sexuelles ainsi que les sensations, seul ou en groupe, de l’effet entactogène engendré.

Comme la cathinone et les amphétamines, les produits vendus seraient présentés sous forme de mélanges racémiques.

La formation des « isocathinones » et dérivés de type dihydropyrazine sont obtenus par dimérisation, à température ambiante, des cathinones instables.

Les cathinones représentent une alternative aux amphétamines, à la cocaïne ou à l’ecstasy compte tenu de leur potentiel entactogène et stimulant

 

Mécanisme d’action

Le khat contient des dérivés amphétaminiques comme la (1R,2S)-noréphédrine et la (1S,2S)-pseudonoréphédrine, mais surtout la (S)-cathinone. 

Les cathinones sont des dérivés β-cétoniques de phénéthylamines dont la différence se distingue par la présence de la fonction cétone en β de la chaine éthylaminée du cycle phényle. 

La majorité des cathinones dérivent de la molécule retrouvée dans le khat via une substitution du cycle en position 4 qui se traduit soit par la substitution de l’atome d’azote par une N-alkylation, soit par l’inclusion de l’atome d’azote dans un cycle pyrrolidine pour se rapprocher de la structure chimique de la pyrovalérone (PPP, MDPV). 

Le carbone en α peut également être substitué.

Figure 05 : Structure de base des cathinones

Au niveau structural, les cathinones sont très proches des phénéthylamines et de l’amphétamine, ainsi que du MDMA (ecstasy).

Figure 06 : Structures de l’amphétamine (A), la phénéthylamine (B), la méthcathinone (C) et l’ecstasy (D). En rouge leur pharmacophore

En effet l’amphétamine, l’ecstasy, et la phénétylamine ont exactement le même pharmacophore, à partir duquel les effets des cathinones sont supposés comme étant similaires

Toutefois, par rapport aux amphétamines, la puissance des dérivés de la cathinone est moindre étant donné l’augmentation de la polarité engendrée par le groupe β-cétone qui va subséquemment rendre difficile le passage de la barrière hémato-encéphalique.

La sous-classe des dérivés pyrrolidiniques réduit ce problème de polarité étant donné que les molécules deviennent plus lipophiles grâce à la présence de cycle carboné, permettant ainsi un meilleur passage de la barrière hémato-encéphalique

Le mécanisme d’action pharmacologique des cathinones est très proche de celui des amphétamines. 

Les molécules agissent dans la fente synaptique par augmentation de la libération des monoamines (dopamine, noradrénaline et sérotonine) tout en réduisant leur recapture par interaction avec les transporteurs de membrane (DAT, NET et SERT).

Pharmacocinétique

Analyse

Le métabolisme des cathinones s’effectue en deux temps

  • Au niveau hépatique, les dérivés simples N-alkylés sont N-déméthylés. 

Pour les dérivés méthylènedioxy, la rupture du cycle s’effectue par une déméthylation afin de permettre une O-méthylation via une Catéchol-O-Méthyl-Transférase (COMT). 

Pour les dérivés pyrrolidinés, le cycle rompu par désoxydations et déshydrogénations successives, qui une fois oxydé peut subir les transformations de phase II. 

Toutes les fonctions β-cétoniques de ces dérivés sont oxydées en alcool. 

  • Elimination urinaire après  une conjugaison par glucoronidation.

Il a été noté que les effets se rapprochant de ceux de l’ecstasy sont dus à la présence du cycle pyrrolidinique sur la structure phénéthylamine quand les dérivés N-alkylés apportent des effets majoritairement stimulants.

Effets indésirables et toxicologie

Des effets indésirables sont également constatés tant au niveau sociologique que sanitaire.

A long terme, les effets sur la santé sont désastreux au niveau :

  • cardiovasculaires (hypertension, infarctus)
  • gastro-intestinaux (constipation chronique)
  • hépatiques
  • métaboliques (diabète, malnutrition) 
  • psychiatriques (dépression, psychose)

La majorité des effets ressentis sont communs à toutes les cathinones de synthèse dont les effets positifs sont : euphorie, augmentation de la faculté de concentration et de l’estime de soi, en plus de la sociabilité et de la libido. Avec atteinte du pic d’effets après une demi-heure pour la voie sniffée contre 2 heures à 4 heures pour la voie ingérée.

Les effets s’accompagnent de  :

  • réactions indésirables gastro-intestinales (nausées, vomissements, douleurs abdominales)
  • suées, maux de tête, vertiges, spasmes musculaires, amnésie, troubles érectiles, anorgasmie et anhédonie. 

Des effets sympathomimétiques ont été rapportés : mydriase (et nystagmus), hyposialie, palpitations cardiaques, vasoconstriction périphérique.

Des vidéos montrant des jeunes sous l’emprise de « sels de bain », en états seconds, qui attaquent des passants ont été publiées sur internet. Ces attaques de panique, l’agitation, l’agressivité sont des effets couramment rencontrés des cathinones, complémentairement à des : hallucinations, paranoia, psychose aigue

Une hyponatrémie est également constatée lors de prises à doses importantes de cathinones subséquemment à l’augmentation de la sécrétion d’hormone antidiurétique sérotonine dépendante

Compte tenu de l’utilisation récente de cathinones comme drogues récréatives, peu de données sont disponibles concernant leur toxicité chronique. Toutefois, il s’avère que la consommation sur le long terme de ces substances peut engendrer des troubles psychotiques (exacerbés chez les personnes avec des troubles préexistants ou de novo), dépressifs, anorexie, problèmes cardiovasculaires, toxicité hépatique

Pour ce qui est du potentiel addictogène de ces substances, il est estimé qu’un stade dépendance peut être atteint similairement avec les amphétamines.

Les pipérazines

La pipérazine était initialement utilisée en tant que solvant de l’acide urique avant d’être introduite à l’arsenal thérapeutique au début des années 1950 en tant qu’antihelminthique

Le mécanisme d’action de la pipérazine passerait par le blocage de manière sélective des récepteurs cholinergiques des parasites (ascaris et oxyure) ce qui va engendrer leurs paralysies et permettre leurs évacuations de manière naturelle .

Figure 07 : Structure de la pipérazine

Les pipérazines, molécules dérivées, sont présentes dans diverses classes pharmaceutiques : 

  • antihistaminiques (cétirizine, hydroxizine)
  •  urologie (sildénafil, prazosine)
  • anticancéreux (imatinib),
  • antipsychotiques (typiques et atypiques comme le flupentixol, la fluphenirazine, la clozapine ou l’olanzapine) 
  • antidépresseurs (amoxapine, trazodone). 

Bien qu’initialement portée sur le développement de son action antiparasitaire, les recherches sur les dérivés de la pipérazine, réalisées par Wellcome Company dans les années 1940 ont montré un potentiel antidépresseur de la BZP (1- benzylpipérazine) également nommée EGYT-2760, par inhibition de la recapture de la noradrénaline, de la sérotonine et surtout de la dopamine.

Certaines pipérazines sont utilisées comme intermédiaires de synthèse de substances thérapeutiques (mCPP pour la trazodone et mCPCPP pour la néfazodone) et d’autres sont très facilement synthétisables comme la BZP à partir d’hexahydrate de pipérazine et de benzylchloride .

Les pipérazines substituées sont des amines dibasiques, sans stéréoisomères, conséquence des deux carbones consécutifs non substitués sur le cycle aromatique. 

Deux sous familles de pipérazines sont utilisées comme substances psychoactives :

  • les 1-phénylpipérazines 

Les 1-phénylpipérazines possèdent un noyau pipérazine dont les fonctions amines sont substituées respectivement en position 4 par un groupement R4 variable et en position 1 par un noyau phényle substitué en ortho, méta ou para

  • Les benzylpipérazines 

Le noyau pipérazine est substitué par un groupement variable en R4 et par un benzyle en position 1 invariable chez les benzylpipérazines.

Aspect et administration

Généralement, la BZP, également appelée A2, Legal X et Pep X, et ses proches cousins dérivés pipérazinés sont vendus comme ecstasy légale, dérivé amphétaminique ou « pilules festives » party pills sous forme de poudres ou de formes unitaires (comprimés ou gélules) et sporadiquement de liquides. Ils sont couramment ingérés ou sniffés, rarement injectés et jamais fumés

Les pipérazines sont fréquemment retrouvées dans des mélanges comme la TFMPP et la BZP qui sont presque toujours associés avec de la cocaïne, de la kétamine, des amphétamines ou de l’ecstasy

Utilisées pour reproduire les effets des amphétamines et de l’ecstasy, les pipérazines sont des substances stimulantes, et de manière moindre hallucinogènes. 

Elles produisent notamment :

  •  Euphorie
  •  sensation de bien-être et de plaisir
  • stimulation physique et intellectuelle
  • sensation d’invincibilité. 

Outre ses effets stimulants, leur effet entactogène est  également recherché par les utilisateurs.

Mécanisme d’action

Famille particulière, les pipérazines n’ont aucune analogie de structure avec quelque drogue classique que ce soit. 

Elles adhèrent à la définition des NPS principalement  par leurs effets similaire en termes d’analogie avec des drogues connues. 

Les pipérazines ont une affinité certaine pour les récepteurs des amines neurotransmettrices cérébrales (dopamine, acétylcholine, sérotonine, (nor)adrénaline) compte tenu de leurs structures carbonées et de la présence de un ou de plusieurs atomes d’azote. D’ailleurs, leur structure hydrocarbonée leur confère une propriété lipophile permet leur passage à travers la barrière hémato-encéphalique.

La BZP, agoniste dopaminergique, sérotoninergique et adrénergique, agit par stimulation de la libération de dopamine et donc l’augmentation de sa concentration dans la fente synaptique à travers un phénomène de diffusion facilitée. Son affinité avec les transporteurs noradrénergiques et sérotoninergique est également à l’origine de l’augmentation des concentrations de sérotonine et noradrénaline au sein de la fente synaptique. Toutefois, ce sont les effets dopaminergiques qui prédominent. De plus, la BZP a un potentiel de dépendance important bien que légèrement moindre avec les autres dérivés pipérazinés

La BZP possèderait un léger effet antagoniste α2-adrénergique qui est responsable de son activité sympathomimétique au niveau post synaptique

Deux autres agonistes sérotoninergiques, TMFPP et mCPP, ont une faible influence sur la concentration pré ou post synaptique en dopamine ou noradrénaline complémentairement à une très faible affinité pour leurs récepteurs.

Ils sont agonistes indirects au niveau présynaptique par action sur le transporteur SERT de la sérotonine, et agonistes directs au niveau postsynaptique des récepteurs 5HT1A, 5HT2A et 5HT2C .

Afin de reproduire les effets de l’ecstasy, les utilisateurs associent souvent BZP et TFMPP afin de retrouver les effets dopaminergiques et sérotoninergiques de cette molécule.

Pharmacocinétique

Les dérivés de la pipérazines sont rapidement absorbés dans le tractus gastro-intestinal.

Les phenylpipézarines sont plus métabolisées que les benzylpipérazines et sont retrouvées exclusivement sous forme de métabolites dans les urines avec une variation de la proportion entre forme inchangée et forme métabolisée.

Essentiellement hépatique, le métabolisme s’effectue par l’intermédiaire de la COMT (Catéchol-O-Méthyl-Transférase) et du cytochrome P450 (CYP450) via son isoenzyme CYP2D6 .

Effets indésirables et toxicité

Relativement graves pour certains, les effets indésirables de ces produits sont assez prévisibles. En effet, de par leurs composants pharmacologiques, tous les produits engendrent :

  • tachycardie
  • augmentation de la pression artérielle
  • agitation
  • hyperactivité). 

Des hallucinations visuelles, épisodes psychotiques, insomnie, perte d’appétit, bouffées de chaleur, céphalées, dépression ont également été rapportées.

Plus grave, des épisodes convulsifs clonicotoniques (grand mal) ont été retrouvés, même chez des personnes ne présentant aucun antécédent d’épilepsie, avec l’association BZP/TFMPP .

Un cas de toxicité rénale aiguë a également été reporté.

Les tryptamines

Les tryptamines sont présentes partout dans la nature. 

Présentes dans le cerveau humain : la sérotonine, 5-HT (5-hydroxytryptamine),  est une représentante de cette famille. 

La sérotonine est impliquée dans divers processus de régulation, en particulier dans le rythme circadien et l’humeur.

La mélatonine, N-acétyl-5-méthoxytryptamine, ou « hormone du sommeil », est une neurohormone qui est responsable de la régulation des rythmes chronobiologiques chez l’humain et tous les mammifères. 

Des tryptamines psychoactives sont retrouvées dans certaines plantes et animaux dont la butofénine, la 5-Methoxy-N,N-diméthyltryptamine (5-MeO-DMT) et la dimethyltryptamine (DMT).

Le potentiel psychoactif des tryptamines a été découvert par Alexander Shulgin qui a décrit près de 47 tryptamines simples dans son livre TiHKALl en 1997

La classe thérapeutique des tryptamines est représentée par les triptans : (sumatriptan, naratriptan, zolmitriptan qui présente de nombreuses similitudes pharmacologiques et structurelles avec les tryptamines. D’ailleurs, l’activité agoniste directe 5HT1 agissant par une vasoconstriction,de cette classe, en fait une nouvelle référence dans le traitement de la crise migraineuse.

Les tryptamines sont divisées en deux groupes : les tryptamines simples, dont la structure dérive directement de la tryptamine, et les tryptamines complexes qui sont  dérivées de l’acide lysergique ou LSD.

Aspect et administration 

Les tryptamines peuvent être avalées sous forme de comprimés, sniffées, fumées ou encore injectées. 

Compte tenu du premier passage hépatique qui diminue l’intensité des effets, la voie orale est moins utilisée.

Les tryptamines sont consommées pour leurs effets hallucinatoires visuels ainsi que de l’état d’euphorie en découlant.

Mécanisme d’action

L’effet hallucinogène des tryptamines est subséquent à la médiation par leur agonisme sérotoninergique sur les récepteurs 5HT1A et 5HT2A bien qu’elles aient une sélectivité et une affinité moindres que les phényléthylamines. 

La stimulation des récepteurs 5HT2A par ces substances est à l’origine des effets psychoactifs, hallucinogènes, ainsi que stimulants et entactogènes dans une moindre mesure.

Les tryptamines auraient également une forte affinité pour le transporteur de la sérotonine SERT, et les récepteurs 5HT2B dont la stimulation induit les effets sympathomimétiques cardiovasculaires de ces substances.

La recapture des monoamines est faiblement inhibée par ces molécules

Pharmacocinétique

La durée d’action des tryptamines varie de 2 à 6 heures pour les tryptamines substituées en position 4, alors qu’elle peut atteindre jusqu’à 18 heures pour certaines tryptamines substituées en 5. 

Le métabolisme se fait par 6-hydroxylation, O-méthylation ou N-déalkylation par le biais du cytochrome P450. 

Les dérivés actifs obtenus sont conjugués et métabolisés par les Mono Amine Oxydases (MAO)

Effets indésirables

Systématiquement, les tryptamines engendrent des hallucinations visuelles (rarement auditives) outre des effets sympathomimétiques tels qu’une dilatation des pupilles, tachycardies, sudation. 

Des troubles gastro-intestinaux, de l’agitation, des tensions et spasmes musculaires sont également rapportés

Quelques décès ont été attribués aux tryptamines, notamment l’AMT.

Les tryptamines ne semblent introduire ni tolérance ni effets résiduels gênants, ni dépendance qui ne peuvent être contré par une nouvelle prise du produit.

Les phényléthylamines

D’origines à la fois naturelle et synthétique, les phénéthylamines représentent une classe incroyablement vaste de produits psychoactifs dont les plus connus sont : ecstasy (MDMA) et amphétamines.

Les dérivés naturels issus de plantes sont consommés depuis des siècles (peyolt ou cathinone) alors que de nombreux dérivés synthétiques sont interdits car considérés comme stupéfiants

Apparus tardivement sur le marché des drogues récréatives, les designers drugs, dérivés synthétiques phénéthylaminés, portent notamment sur les substances incluses dans la classe des 2C’s (présence d’une chaine dicarbonée). 

Le développement de cette famille de substances relève principalement  du classement des amphétamines et de l’ecstasy sur la liste de la convention de Vienne de 1971.

Les phéhéthylamines sont divisées en plusieurs familles bien que toutes les molécules s’articulent autour du noyau phényléthylamine: 

  • la famille des 2C, 
  • la série des D
  • les benzodifuranes (ou flys
  • les autres familles plus anecdotiques. 

Aspect et administration

Les phéhéthylamines sont généralement retrouvées sous forme de comprimés et aussi sous forme de poudres simples en sachets pour les composés de la famille des fly, alors que les substances de la famille D sont souvent retrouvées en « parachutes » (poudre dans une feuille de papier à rouler)

L’ingestion est le mode d’administration commun, cependant, l’on peut également sniffer des phéhéthylamines dissoutes dans un peu d’eau ou encore de placer du papier buvard imprégné sur le palais (particulièrement pour les dérivés NBOMe), comme pour l’acide lysergique (LSD).

Les effets recherchés sont hallucinogènes et stimulants.

Mécanisme d’action

L’importante activité hallucinogène de ces substances est prévisible étant donné de la structure qu’elles présentent. 

L’activité hallucinogène des phéhéthylamines est due à leur propriété agoniste pour les récepteurs sérotoninergiques 5HT2A et 5HT2C

Ces molécules, notamment la famille des 2C, possèdent une activité agoniste α adrénergique sympathomimétique, et une activité inhibitrice de la recapture des monoamines cérébrales (dopamine, sérotonine et noradrénaline)

Pharmacocinétique

Compte tenu de leur structure relativement simple, le métabolisme des phénéthylamines se fait en deux temps:

  • O-déméthylation hépatique 
  • désamination par les MAO A et B dans une moindre mesure (Mono Amine Oxydase A et B) par les dérivés méthoxylés 

Ce métabolisme est à l’origine des interactions médicamenteuses avec iMAO ainsi que les inducteurs et inhibiteurs enzymatiques du cytochrome P450 outre les fortes variations interindividuelles de l’élimination de ces drogues.

Effets indésirables et toxicité

La consommation des phénéthylamines produit un mélange d’hallucinations et d’effets stimulants. 

A faible dose ont été rapportées des  :

  •  amplification sensorielle
  • effet entactogène
  • effet énergisant et tonifiant. 

L’apparition des effets hallucinogènes complémentairement aux d’effets sérotoninergiques et sympathomimétiques à type d’agitation, hyperthermie, suées, tachycardie, hypertension, ischémie des extrémités a été constatée lors d’augmentation de doses

Des cas de toxicité aigüe hépatique ou rénale sont également rapportés ainsi que des cas de convulsions, de délirium ou de psychose suite à des prises.

TROISIÈME PARTIE : LES CONSÉQUENCES DE L’USAGE POUSSANT À LA PRÉVENTION PLUTÔT QU’À L’INTERDICTION ?

1) Usages et risques pour la santé ?

Usage médical

Avant d’être interdites, les substances étaient utilisées depuis des millénaires, après purification pour usage médical et pédiatrique. 

Tel fût le cas de la cocaïne, provenant de la feuille de coca, qui était utilisée comme anesthésique local sous forme de gouttes ou encore de pastilles dans l’apaisement des poussées dentaires des nourrissons ou encore pour soulager les maux de gorge.

Initialement, le Coca Cola® était un médicament composé d’extraits de feuille de coca avant que la cocaïne ne soit supprimée progressivement de la formulation pour y disparaître en 1903. En effet, un verre de Coca Cola® contenait 9 milligrammes de cocaïne pure en 1886. De plus, les Vins des Incas, encore connu sous vins de coca étaient utilisés en tant que digestifs et stimulants à la suite de repas lourds.

Dans l’élixir parégorique, l’opium était utilisé afin de traiter les diarrhées aiguës, et l’héroïne comme antitussif miraculeux alors que la morphine était utilisée comme sédatif pour les nourrissons.

Pour ce qui est des amphétamines, des inhalateurs à base de benzédine étaient proposés afin de réduire l’inconfort subséquent et au décollage et  à l’atterrissage dans les avions de différentes compagnies internationales (dont la Pan American Airlines) outre leur utilisation pour traiter la congestion subséquente au rhume

Actuellement, la cocaïne a été remplacé par la codéine ou encore la codéthyline dans les compositions antitussives.

L’élixir parégorique a disparu durant le XXème siècle alors que les  inhalateurs contenant de la benzédine sont restés disponibles jusqu’au milieu des années 1950. 

Il est à noter que des dérivés amphétaminiques sont encore contenus dans d’autres sprays nasaux et figurent également dans la formulation de comprimés pour traiter les symptômes liés au rhume et la congestion nasale.

Effets recherchés et\ou ressentis

Afin d’augmenter l’activité du système nerveux central, les substances stimulantes sont utilisées. En effet, elles agissent en prolongeant et intensifiant les sensations, masquant ainsi la fatigue, la faim et le sommeil. Cependant, elles provoquent : tachycardie, hypertension et augmentation de la fréquence respiratoire. 

Contrairement aux substances dépressives ou sédatives, les effets stimulants permettent de :

  • faciliter les rapports sociaux
  • stimuler la vigilance
  • augmenter la confiance en soi
  • provoquer une humeur euphorique

L’utilisation des substances entactogènes ou empathogènes permet de favoriser :

  • l’empathie
  • les rapports aux autres (empathogènes) et à soi-même (entactogènes)
  • la communication. 

Autrement dit, elles favorisent les rapports sociaux ainsi que les échanges verbaux et émotionnels .

Les drogues hallucinogènes ont des effets qualifiés de psychédéliques et ne se résument pas à de simples hallucinations qui n’en sont qu’une facette. Effectivement, une substance hallucinogène viendra modifier les perceptions du cerveau, qu’elles soient sensorielles (ouïe, toucher,…) ou spatio-temporelles (distorsion de la réalité).

L’effet dissociatif, extrêmement mal vécu, ou miroir du syndrome dissociatif, qui est décrit dans certains troubles reliés à la schizophrénie se traduit par une séparation entre le corps et l’esprit.

Risques pour la santé

Pour tout achat de drogue, la question relative à sa composition se pose toujours. Incontestablement il s’avère difficile de savoir si le produit acheté correspond à celui demandé, s’il est coupé ou non, s’il n’y a pas de mélange de produits.

D’ailleurs, le dispositif SINTES a mis en évidence, sur 16 sachets analysés, que les produits qui sont achetés par le biais de sites pour « public averti » étaient bien purs, alors que ceux vendus dans des packagings commerciaux étaient un mélange de plusieurs produits (jusqu’à 5 cannabinoïdes de synthèse dans un même sachet)

Des produits adultérants ou de coupe actifs, notamment la chloroquie et la lidocaïne, sont fréquemment retrouvés

Malgré la prise de renseignements quant à la substance commandée, la composition douteuse des produits reste un risque majeur pour les usagers. D’ailleurs, le mélange entre substances est fortement déconseillé.

Les quantités requises pour obtenir une dose ou un même effet diffèrent d’une substance à l’autre. Ce qui rend difficile le dosage, surtout lorsqu’il s’agit de poudre. 

Il importe alors, idéalement, de disposer d’une balance au milligramme et de poudre brute.

En outre, il est essentiel de se renseigner sur la dose procurant le seuil minimal d’effet. Un certain nombre de sites internet comme la célèbre base Erowid ou encore des forums d’usagers largement visités et alimentés permettent d’obtenir ce genre de renseignements, en plus de « trip reports ».

En 2010, l’évaluation des sites anglais qui proposent des « legal highs » a été effectuée dans une étude anglaise

Il apparaît que :

  • 41% des produits reçus ne mentionnent pas les ingrédients présents dans les formulations (ni les excipients à effet notoire potentiels) 
  • 91.9% ne listent pas les potentiels effets indésirables, ou vaguement décrits, 
  • 81.9% ne listent aucune contre-indication à l’utilisation du produit 
  • 86.3% ne mentionnent aucune interaction (exemple : de type médicamenteuse ou avec l’alcool ou d’autres drogues)

Pour ce qui est des substances fournies par les sites « pour initiés », les informations sur le packaging sont moindres, d’ailleurs ces produits ne sont pas supposés être consommés.

La problématique majeure de ces nouveaux produits porte notamment sur l’absence d’informations précises quant à leur composition et leurs effets, rendant ainsi difficile la prise en charge de manière efficace en cas de situations d’urgence.

Généralement, les effets rapportés lors d’usages de NPS à travers des cas cliniques sont d’ordre. :

  •  sympathomimétique : hyperthermie, mydriase, hypersudation, tachycardie
  • psychiatriques : hallucinations, effet dissociatif, jusqu’aux symptômes paranoïaques 

Les consommateurs font donc de leur corps leu propre cobaye étant donnés que ces substances, nouvelles, sont vraiment peu documentées.

De plus, pour ce qui est des doses, les effets sont imprévisibles. 

Par ailleurs, la présence de plusieurs produits révélée  par les analyses de sang des victimes d’intoxication ne permet pas d’associer une substance à des symptômes spécifiques. 

En pratique, très peu d’analyses sur les produits sont effectuées lors de l’admission d’un utilisateur aux urgences. Seuls les CAP (Centre Anti Poison), les CEIP (Centre d’Evaluation et d’Information sur les Pharmacodépendances), les SCL ou les laboratoires de police scientifique ou agréés SINTES peuvent en effectuer. Incontestablement, la détection et l’identification d’une substance requièrent un équipement de pointe.

Entre autres, l’état du patient peut ne pas lui permettre de communiquer à l’équipe soignante ce qu’il a consommé.

Les nouveaux produits de synthèse découlent dans leur majorité des grandes familles de produits, dérivés de drogues ancestrales ou plus récentes.

 

2) Rôle du pharmacien

Accueil du patient  

L’accueil du patient, notamment le patient dépendant est différent dans le sens où il est victime de représentations véhiculées durant des années et qui perdurent encore actuellement.

De ce fait, dans la perception et l’approche de la personne, cet accueil spécifique se doit de tenir compte non pas du patient, mais de son produit, plaçant ainsi le patient comme « coacteur » de son diagnostic et de sa guérison

Il importe donc que le pharmacien prenne le temps d’établir un dialogue avec le patient d’autant plus qu’« Avec le pharmacien, le médecin généraliste est l’un des premiers professionnels de santé auquel un usager de drogues s’adresse quand il veut s’en sortir et qu’il n’y parvient pas seul, ni avec l’aide de son entourage ».

Ce qui suppose la nécessité de construire un lien paisible, entre le pharmacien et le patient, lien s’inscrivant dans le processus thérapeutique replaçant le patient dépendant au cœur de sa prise en charge, dans une approche globale du soin.

Outils d’entrée dans un processus de soins en officine

Pour que le processus thérapeutique en officine soit optimal, l’empathie est une base essentielle dans la délivrance du traitement médicamenteux.

D’ailleurs, Carl Rogers met l’accent sur l’empathie dans la communication. En effet, afin que le prendre soin puisse se dérouler sans difficultés, le pharmacien se doit d’identifier et de comprendre les besoins de son patient par une écoute attentive.

Ecoute active qui permettra ou non de placer un conseil minimal, une information, ou d’approfondir les connaissances sur le patient, son environnement. 

Réduire le patient à son problème est loin d’être une solution. Il est bon de le replacer comme une personne « qui souffre de ….. », dans son contexte de vie (incluant ses consommations, ses habitudes, ses souffrances psychologiques…)

CONCLUSION

Force est de constater qu’actuellement, le marché des drogues évolue à une vitesse effrénée. De plus, les dealers et consommateurs qui se cachaient de la loi jadis, s’affichent actuellement et viennent même revendiquer leur respect de la loi. 

Bien que des mesures exceptionnelles aient été mises en place afin de canaliser le phénomène, les procédures restent complexes, permettant encore aux producteurs et consommateurs d’avoir une longueur d’avance.

En outre, l’accessibilité ainsi que l’universalité d’internet sont, en grande partie, responsables de la propagation de ce phénomène sociétal. D’ailleurs, l’achat ainsi que la publicité de ces produits, s’effectuent sur des sites spécialisés qui prônent leur caractère légal en masquant leur dangerosité aux yeux du grand public. 

Toutefois, le peu de données résultant de leur utilisation ainsi que des faits divers relatives à des drames ne permet d’avoir du recul ni même une approche de ses substances. Qu’en est-il des conséquences sur la santé à courte terme, à long terme? Comment s’assurer que le produit consommé est bien le produit acheté ? Comment établir le quid de la prise en charge en urgence dans des centres médicaux non-initiés et non équipés? 

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ANNEXES

 

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24.90

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