ART ET HANDICAP
ART ET HANDICAP
INTRODUCTION
« Ce n’est pas la forme extérieure des choses qui est réelle, mais l’essence des choses ; partant de cette vérité, il est impossible à quiconque d’exprimer quelque chose de réel en imitant la surface extérieure des choses. Il y a un but dans toutes les choses, pour y arriver, il faut se dégager de soi-même. » Constantin Brancusi[1]
En effet, dans l’art plastique, le but est de pouvoir transmettre la « beauté » d’une œuvre à travers l’image communiquée, l’artiste essaie de plus en plus d’inclure ses idées dans l’image qu’il communique, via le choix de la chose à travailler, du cadrage, et même des couleurs. La réalisation d’un art plastique, en tant que tel nécessite un réel travail de réflexion, du gout, et requiert la connaissance de la beauté par la personne qui le réalise.
L’expression « arts plastiques » est un type d’arts réalisé par des artistes appelés « plasticiens », sachant que c’est un ensemble d’œuvres travaillant les formes afin de leur donner un esthétisme.
Et d’un autre côté, la Loi définit le handicap comme : « toute limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d’une altération substantielle, durable ou définitive d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d’un polyhandicap ou d’un trouble de santé invalidant« .[2]
La Loi, notamment celle du 11 février 2005, ne méconnait pas les droits de ces personnes, même si elles sont en situation de handicap. L’objectif de cette Loi de 2005 est d’assurer les conditions d’exercice des droits fondamentaux même aux personnes présentant des handicaps, d’instaurer un cadre d’égalité de traitement entre les personnes normales et celles présentant des handicaps. Les orientations prévues par les dispositions légales impliquent que les législations existantes organisent de manière systématique l’accès aux soins, au logement, à l‘éducation, à la formation, à l’emploi, à la cité, des personnes handicapées, qu’il soit de droit commun, adapté ou complété par des dispositifs spécifiques.
Et justement, l’enseignement de l’art plastique étant déjà une forme d’éducation, l’objet de cette étude est d’analyser le comportement des personnes présentant des handicaps face aux cours d’arts plastiques.
Chez ces personnes handicapées, il est constaté que le taux de réussite aux examens, pour les cours autres que les cours d’arts plastiques, est très faible. Ceci est essentiellement dû à leurs difficultés dans les travaux de lecture, de compréhension et de mémoire, les trois points indispensables pour la réussite aux examens.
Concernant les cours d’arts plastiques, ceci n’est pas vraiment le cas. Les enseignants diagnostiquent auprès de ces élèves une réelle motivation, des talents dans la création, des œuvres d’artistes. Les élèves handicapés ont comme l’impression de se réaliser en réalisation ces œuvres d’art.
Aussi, les deux questions de départ ou questions problématiques qui se posent sont celles de savoir : Pourquoi les élèves atteints de handicap sont plus attentifs aux cours d’arts plastiques que dans les cours généraux? Et comment faire pour entretenir cette motivation et l’étendre vers les cours généraux ?
La réussite des élèves dans tous les cours dispensés est certes, l’affaire de l’apprenant, mais force est aussi de constater que les méthodologies d’enseignement contribuent aussi fortement à la réussite aux examens. L’objet de cette étude sera alors d’avancer une méthodologie d’enseignement qui puisse entretenir la motivation des élèves handicapés aux cours d’arts plastiques, et qui puisse ensuite étendre cette motivation aux arts plastiques vers les cours généraux.
Pour cela, la réflexion se fera en trois étapes.
La première partie décrira les généralités sur l’enseignement des arts plastiques. Seront abordés dans la deuxième partie la spécificité de l’enseignement des arts plastiques à des élèves présentant des déficiences physiques ou intellectuelles. Et enfin, la troisième partie se concentrera sur la proposition d’un projet d’entretien de la motivation des élèves handicapés dans les cours d’arts plastiques.
SOMMAIRE
I – GENERALITES SUR L’ENSEIGNEMENT DES ARTS PLASTIQUES. 5
A – Les grands principes de l’enseignement d’arts plastiques. 5
L’enseignement dispensé doit susciter la motivation des élèves. 5
Adapter la méthodologie d’enseignement aux cas spécifiques de chaque élève. 6
B – L’enseignement en Arts plastiques face aux autres enseignements spécialisés. 7
II –L’ENSEIGNEMENT DE COURS D’ARTS PLASTIQUES AUX ELEVES HANDICAPES. 8
A – Constat : la motivation des élèves handicapés dans la pratique de l’art plastique. 8
1 – Explication des blocages possibles des élèves handicapés à l’assimilation des cours. 8
2 – Constat : une réelle motivation des élèves handicapés aux cours d’arts plastiques. 10
B – Essai d’explication de la motivation. 10
2 – « L’art thérapie » via les cours d’arts plastiques. 11
Généralités sur la thérapie par l’art. 11
Méthode utilisée dans l’art-thérapie. 11
Le cadre thérapeutique : la considération de chaque cas spécifique individuel 11
A – Des projets d’expositions des œuvres des élèves handicapés : un moyen de motivation efficace. 12
Les activités connexes aux expositions, aussi sources de motivations des élèves handicapés. 13
Préconisations pour préparer une bonne exposition. 13
B – Organisation de concours d’arts plastiques inter-écoles : facteur de motivation et de défi 14
C- Comment étendre la motivation aux autres cours ?. 14
1 – Utilisation de l’art plastique comme support de cours. 14
L’art plastique permet une stimulation de l’information visuelle. 15
Association des leçons à des images artistiques. 15
2 – Explication de l’interdépendance entre cours d’arts plastiques et autres cours. 15
I – GENERALITES SUR L’ENSEIGNEMENT DES ARTS PLASTIQUES
A – Les grands principes de l’enseignement d’arts plastiques
La dispense de cours d’arts plastiques requiert en premier lieu des compétences et connaissances spécifiques de la part des enseignants. Aussi, les enseignants doivent avoir connaissance des :
-Enjeux, évolution et cadre réglementaire des politiques culturelles et du secteur professionnel
-Théorie et pratique des langages artistiques
-Techniques artistiques (supports, matériaux, techniques, écoles, etc.)
-Culture générale des disciplines et pratiques enseignées
-Histoire, philosophie, sociologie de l’art
-Evolutions technologiques et sciences appliquées
-Actualité nationale et internationale de la création contemporaine[3]
Ces compétences et savoirs personnels sont requis afin de pouvoir répondre aux grands principes de l’enseignement d’arts plastiques.
L’enseignement dispensé doit susciter la motivation des élèves
Le concept de motivation est souvent évoqué dans le domaine éducatif. Elle serait l’un des plus grands facteurs psychologiques qui fondent la volonté d’apprentissage chez un individu : « si cet individu n’apprend pas, c’est parce qu’il n’est pas motivé ! »
La motivation est la combinaison de plusieurs critères déterminant l’action et le comportement d’un individu pour atteindre un objectif ou réaliser une activité. C’est la combinaison de l’ensemble des raisons conscientes ou non, collectives et individuelles, qui incitent l’individu à entreprendre une action bien définie.
Vallerand a donné une définition scientifique de la motivation : « le concept de motivation représente le construit hypothétique utilisé afin de décrire les forces internes et/ou externes produisant le déclenchement, la direction, l’intensité et la persistance du comportement. »
La motivation est suscitée par le souhait d’atteindre un but, sans ce but, la volonté peut être éteinte. Dans notre cas, chez les élèves présentant des troubles intellectuelles, la motivation d’apprendre les cours d’arts plastiques est suscitée par le but de :
-Se réaliser par ses propres réalisations
-Réussir à communiquer via ses propres œuvres
Cette motivation est importante car elle guide les comportements et les agissements de l’individu, sans laquelle, toute volonté de poursuivre n’existerait pas.
Adapter la méthodologie d’enseignement aux cas spécifiques de chaque élève
C’est en effet la méthodologie d’enseignement, le support de cours avancé par le professeur. En effet, ce support doit être bien étudié pour être adapté à chacun des apprenants afin de faciliter l’acquisition d’habilités motrices chez eux. Une fois ce support compréhensible et adapté au cas spécifiques, aux pathologies de l’apprenant, ce dernier sera plus motivé à poursuivre l’enseignement et à développer ses capacités de compréhension naturelle. C’est ainsi qu’en essayant de concevoir une méthodologie de cours spécifique aux élèves handicapés, les apprenants présentant des déficiences intellectuelles seront plus motivés à comprendre, à poursuivre la lecture.
C’est ainsi que l’intervenant, dans l’accomplissement des fonctions énumérées ci-dessus, doit se souvenir que :
-Il doit tenir compte des caractéristiques individuelles propres à chacun de ses apprenants dans l’éveil de la motivation
-L’apprenant, quels que soient ses handicaps et déficits intellectuels, a des valeurs, des habilités propres, il possède toujours des connaissances innées, aussi, il convient de développer ces valeurs et connaissances.
Ci-dessous un exemple de schématisation d’une méthodologie d’enseignement d’arts plastiques qui peut être adoptée par les enseignants[4] :
B – L’enseignement en Arts plastiques face aux autres enseignements spécialisés
L’enseignement d’arts plastiques est spécifique par rapport à l’enseignement d’autres cours du fait de ses finalités ainsi que de ses objectifs.
Ses finalités
L’enseignement d‘arts plastiques tient une place non négligeable dans la formation générale des élèves. Ceci du fait de la multiplicité des apports qu’il procure : développement de la sensibilité des élèves, accroissement de la créativité et de l’intelligence créative, formation et culture à la beauté, esprit de partage.
Ce qui fait que d’une manière générale, l’enseignement d’arts plastiques est un complément obligatoire des cours généraux dans grand nombre d’écoles.
Concrètement, les finalités de l’enseignement d’arts plastiques sont les suivants :
-Enseigner aux élèves la capacité de s’exprimer par la création artistique
-Permettre aux élèves de découvrir des œuvres dans toutes leurs diversités en termes de genre, d’époque et de styles
-Permettre aux élèves de comprendre la nature des faits artistiques
-Procurer aux élèves des outils de décodage et d’interprétation des univers visuels. Ce qui contribue fortement à l’éducation du regard et au développement du langage
-Donner aux élèves une opportunité d’ouverture au monde artistique, au monde social, grâce au partage des œuvres lors des expositions.
Ses objectifs
Le Bulletin Officiel n°6 du 28 aout 2008 du Ministère de l’Education Nationale[5] détaille les objectifs de l’enseignement des arts plastiques :
« L’enseignement des arts plastiques au collège concourt à la construction de la personnalité comme à la formation d’un citoyen conscient, autonome et exerçant sa responsabilité vis-à- vis des faits artistiques. Articulant approches pratiques et culturelles il procure aux élèves les repères culturels nécessaires pour contribuer à la vie sociale.
Il vise à développer chez les élèves des capacités d’expression, et de réflexion dans une pratique ouverte aux questions relatives à l’art du passé autant qu’à l’art contemporain. Il donne aux élèves les moyens de révéler leurs aptitudes, de les exercer de manière maîtrisée, d’affirmer leurs choix plastiques, d’enrichir leur connaissance du champ artistique, d’entretenir des relations fructueuses entre leur production et ce champ de référence. Il a pour dessein de leur permettre d’accéder progressivement à une relative autonomie dans leur pratique et à une compréhension de la démarche artistique dans sa diversité et sa complexité. »
II –L’ENSEIGNEMENT DE COURS D’ARTS PLASTIQUES AUX ELEVES HANDICAPES
A – Constat : la motivation des élèves handicapés dans la pratique de l’art plastique
1 – Explication des blocages possibles des élèves handicapés à l’assimilation des cours
L’Organisation Mondiale de la Santé définit le handicapé comme : « celui dont l’intégrité physique ou mentale est progressivement ou définitivement diminuée, soit congénitalement, soit sous l’effet de l’âge, d’une maladie ou d’un accident, en sorte que son autonomie, son aptitude à fréquenter l’école ou à occuper un emploi s’en trouve compromise. »
Et, en tant qu’handicapée, une personne présentant une déficience intellectuelle est vue comme : « Une personne qui a une capacité plus limitée d’apprentissage et un développement de l’intelligence qui diffère de la moyenne des gens. », selon l’OMS ou Organisation Mondiale de la Santé.[6]
La déficience mentale peut être définie comme un trouble mental perçu avant l’âge adulte, le déficit intellectuel se caractérise généralement par un dysfonctionnement cognitif dans deux ou plusieurs fonctionnements adaptifs. Dans la réalité, la déficience mentale se traduit par un retard du développement psychomoteur (marche, propreté, langage) ou, plus tardivement, par une inadaptation scolaire. Le site web de l’OMS ou Organisation Mondiale de la Santé définit la déficience mentale comme : « un arrêt du développement mental ou un développement mental incomplet, caractérisé par une insuffisance des facultés et du niveau global d’intelligence, notamment au niveau des fonctions cognitives, du langage, de la motricité et des performances sociales »
Généralement, cette déficience mentale se manifeste extérieurement par :
-Une difficulté à communiquer et parfois même à s’exprimer convenablement
-Une difficulté à mémoriser
-Une difficulté d’apprentissage du constructivisme social
-Une difficulté à trouver des solutions aux complications qu’il rencontre
-Un retard dans le comportement adaptatif
-Une difficulté particulière à intégrer dans la société
Le sujet atteint de cette déficience mentale présente dans la majorité des cas un Quotient Intellectuel inférieur à 70, ainsi il possède un score sous évalué :
-L’arriération profonde : pour ceux qui obtiennent un QI inférieur à 30, ces sujets nécessitent une assistance permanente
-La débilité profonde (quotient intellectuel compris entre 30 et 50), dans ce cas, les troubles du langage se présentent mais la réalisation d’une activité manuelle simple s’avère bien possible, selon l’effort de l’entourage dans l’assimilation des pratiques simples à l’enfant.
-La débilité moyenne (quotient intellectuel compris entre 50 et 70) : ce sujet peut bien être mis en institution médicopédagogique afin d’être éduqué.
-La débilité légère (quotient intellectuel compris entre 70 et 85), où le sujet peut bien être éduqué sous réserve de l’application d’une méthodologie d’enseignement adaptée. Ces études ayant pour finalité l’insertion professionnelle dans le futur.
Les déficiences mentales, qu’elles soient légères ou plus accentuées, se manifestent toutes de la même façon et attaquent toutes le niveau de compréhension, de lecture et de mémorisation.
Tous les déficients intellectuels nécessitent ainsi des méthodes spécialisées d’enseignement, qui doivent nécessairement prendre en compte leur cas de déficience mentale.
2 – Constat : une réelle motivation des élèves handicapés aux cours d’arts plastiques
En dépit de ces déficiences intellectuelles, il est toutefois constaté que les élèves handicapés trouvent un gout réel à l’exercice des cours d’arts plastiques. La partie suivante essaiera d’expliquer les sources profondes de cette motivation.
B – Essai d’explication de la motivation
1 – Les cours d’arts plastiques : un cours de valorisation de l’individu handicapé par ses œuvres
Il est constaté que les élèves handicapés se trouvent motivés à exercer les cours d’arts plastiques car ils se trouvent valorisés par leurs propres œuvres. Ayant été l’auteur d’objets d’arts, admirés par les spectateurs, ils se sentent valorisés, rassurés, capables.
En effet, l’individu est valorisé lorsque l’œuvre produite est authentique, représente la réalité telle que perçue par cet individu. En effet, dans l’élaboration d’un objet d’art, notamment dans le but de pouvoir transmettre la « beauté » de l’art à travers l’œuvre communiquée, l’élève-artiste essaie de plus en plus d’inclure ses idées dans l’œuvre qu’il conçoit, et lorsque ces idées sont appréciées par le public, il se sent valorisé, donc motivé à poursuivre les cours.
L’art plastique, initialement perçue comme une représentation objective d’une portion de réalité, est devenue une représentation subjective. Elle est devenue ce nouveau mode de communication entre l’artiste et les spectateurs sur la question de la perception d’une situation donnée, elle n’est plus cette représentation du réel mais plutôt une transmission de la vision de l’artiste sur réel. Le réel n’est plus ce réel au sens courant mais le réel tel que l’artiste le perçoit.
Et, comme l’art est la représentation de l’individu, il y a naturellement une valorisation de l’individu par ses propres créations.
2 – « L’art thérapie » via les cours d’arts plastiques
Généralités sur la thérapie par l’art
L’art-thérapie est une méthode utilisée en vue de développer la personnalité et la volonté de communication d’une personne via ses potentiels d’expression artistique. En d’autres termes, l’activité créatrice d’une personne (notamment celle de l’élève handicapé) est utilisée comme processus thérapeutique.
Mais pour que cette alliance thérapeutique soit possible, il faut qu’il y ait une personne intermédiaire, qui se place entre l’art et la personne nécessitant une thérapie, c’est l’enseignant. Aussi, l’art-thérapie va se matérialiser par une alliance thérapeutique entre l’élève, l’art et l’enseignant. La nécessité d’une alliance bien établie et harmonieuse entre le l’enseignant et l’élève, ainsi que les cours d’arts plastiques dispensés, est soulevée. Tel type d’alliance est en effet un élément essentiel dans le cadre d’une psychothérapie. L’alliance thérapeutique étant alors définie comme la collaboration mutuelle, le partenariat, entre le patient (en l’occurrence, l’élève) et le thérapeute (l’enseignant) dans le but d’accomplir la finalité d’un traitement (susciter la motivation de l’élève), par l’intermédiaire des cours d’arts plastiques.
Méthode utilisée dans l’art-thérapie
Le but poursuivi de l’art-thérapie donné par les professionnels dans ce domaine, en l’occurrence, les enseignants en arts plastiques, est de décomposer l’ensemble des compétences utilisées dans la réalisation d’une œuvre d’art afin de les utiliser pour le soin de l’individu handicapé, avec l’objectif d’améliorer la qualité de vie par la compréhension du soi.
Le cadre thérapeutique : la considération de chaque cas spécifique individuel
-Prise en charge individuelle dans le but de procéder à une stimulation de l’intelligence innée de chaque individu
La grande question qui se pose est celle de savoir si l’intelligence est innée ou acquise ? En effet, cette intelligence est définie comme : « L’ensemble des fonctions mentales ayant pour objet la connaissance conceptuelle et rationnelle. L’aptitude d’un être humain à s’adapter à une situation, à choisir des moyens d’action en fonction des circonstances. »[7]. Une définition plus scientifique la définit comme : « la réussite à un certain nombre de tâches proposées ».
A l’analyse de ces définitions, surtout la seconde définition plus scientifique, on peut affirmer que tout être humain a la capacité de réussir à réaliser une tâche. Mais la différence se situe plutôt au niveau du délai de l’accomplissement de la tâche et de la qualité de la réussite. Ce qui nous amène à conclure que tout être humain possède une intelligence innée, mais c’est le degré d’intelligence qui les différencie, ainsi, les personnes présentant des déficits intellectuels ne sont pas dépourvues d’intelligence, mais seulement la leur est nettement inférieur eau degré normal.
La méthodologie qui sera adoptée consistera ainsi en la stimulation de cette intelligence innée, aussi minime soit-elle. Concrètement, cela consiste en la prise de chacun des sujets dans leur individualité, et en une valorisation des compétences personnelles de chacun d’eux via la stimulation des intelligences de chacun.
La prise en charge individuelle dans l’art-thérapie est de rechercher pour chaque « patient » cette intelligence innée afin de pouvoir la développer.
III – PROPOSITION DE PROJET D’ENTRETIEN DE LA MOTIVATION DES ELEVES HANDICAPES DANS LES COURS D’ARTS PLASTIQUES
A – Des projets d’expositions des œuvres des élèves handicapés : un moyen de motivation efficace
Buts des expositions
Les expositions sont en effet un type de communication évènementielle qui consiste à rendre visible au public les œuvres des élèves handicapés.
Les élèves handicapés pourraient être motivés de voir leurs œuvres admirés par les spectateurs. Ils se sentiront capables de quelque chose de « beau », capables de communiquer avec le monde extérieur, et d’être vus comme des personnes talentueuses. Et pour ce faire, l’exposition est le meilleur mode de communication entre ces élèves artistes et le public.
Les buts poursuivis par ces expositions sont de :
-Soutenir la motivation et les talents des élèves handicapés
-Participer au rayonnement de leurs œuvres
-Inciter le public à se passionner sur les œuvres de ces personnes handicapées
Les activités connexes aux expositions, aussi sources de motivations des élèves handicapés
L’organisation périodique des expositions des œuvres de ces élèves handicapés peut être confiée à une association spécialisée à cet effet. Aussi, les activités connexes à ces expositions, toujours dans le but de motiver les élèves handicapés impliqués dans l’art plastique, sont :
-Organiser des expositions non seulement dans une seule région, mais dans d’autres régions partenaires : cela afin de favoriser les rencontres entres les élèves handicapés, favoriser les échanges d’expériences en arts plastiques, en motivation, … entre eux
– Organiser des sorties culturelles des élèves handicapés pour visiter des expositions, assister à des conférences, des événements liés aux arts plastiques, etc : c’est aussi une forme de participation aux expositions
– Organiser des conférences : en dehors des sessions d’expositions organisées par les enseignants, donner aussi des conférences sur des peintres, des sculpteurs, des mouvements artistiques, l’histoire de l’art… : cela favoriserait le développement culturel des élèves handicapés.
– Favoriser le travail en réseau : les enseignants d’une école doivent travailler en réseau avec d’autres enseignants d’autres écoles : une telle méthodologie de travail qui favorise les échanges contribue au perfectionnement des évènements organisés.
Les expositions sont sources de motivation pour ces élèves car :
-Les élèves-artistes ne se sentiront plus isolés dans leur propre monde
-Les expositions sont un moyen de reconnaissance de leurs talents, les appréciations positives les aideront à continuer à avancer
-Le développement social des élèves sera assuré
Préconisations pour préparer une bonne exposition
Quelles sont les étapes et les idées à respecter afin que les enseignants puissent organiser une exposition qui puisse réellement atteindre les buts fixés ci-dessus ?
-Choisir un thème adéquat à chaque exposition
Le choix d’un thème orientera l’esprit créatif des élèves et harmonisera les œuvres ainsi produites. C’est déjà aussi une première forme de mise en place d’une discipline de travail pour ces élèves : désormais, chacun ne crée pas comme bon lui semble, mais doit se référer au thème de l’exposition.
-Faire en sorte que les élèves soient tous fiers des œuvres qu’ils exposeront
Toujours dans le but d’entretenir la motivation des élèves ainsi que leurs savoirs et expériences en arts plastiques, des exigences de qualité doivent être mises en place. Mais pour cela, les enseignants doivent aider, supporter et accompagner les élèves afin qu’ils soient à la hauteur des attentes des expositions.
-Focaliser les expositions sur les œuvres des élèves handicapés
Certes, des artistes peuvent participer, mais il faut que les expositions organisées valorisent surtout les œuvres des élèves handicapées.
B – Organisation de concours d’arts plastiques inter-écoles : facteur de motivation et de défi
L’autre moyen d’entretenir la motivation des élèves dans les cours d’arts plastiques est aussi d’organiser des concours inter-écoles.
Ces concours peuvent être sources de motivation car :
-Ils éveilleront le défi, par la volonté de gagner
-Ils contribuent au rayonnement des œuvres des élèves handicapés
-Ils permettent aux élèves d’une école d’avoir des références
-Ils permettent une reconnaissance des talents et des efforts de chaque élève, surtout ceux des gagnants aux concours
Les motivations ainsi acquises en arts plastiques peuvent être utilisées dans les autres cours. En d’autres termes, une fois motivés dans les arts plastiques, les enseignants peuvent, exploiter ces motivations pour les arts plastiques et les étendre à d’autres cours.
C- Comment étendre la motivation aux autres cours ?
1 – Utilisation de l’art plastique comme support de cours
Comment l’art plastique peut-il être utilisé comme support de cours ?
L’art plastique permet une stimulation de l’information visuelle
En dispensant des cours d’arts plastiques aux élèves handicapés, les enseignants stimulent leurs mémoires visuelles. Et une fois ces mémoires visuelles stimulées, les cours généraux peuvent favoriser la mémorisation visuelle.
En d’autres termes, la principale faculté qui sera utilisée pour l’assimilation des leçons, dans les cours généraux, via cette méthode sera la faculté visuelle.
En effet, force est de rappeler que ces élèves présentent de faibles capacités de lecture, et de compréhension via la lecture, cette méthode leur sera certainement facilement assimilable que d’autres du fait que c’est surtout l’information visuelle qui est utilisée.
Association des leçons à des images artistiques
La plus grande source de démotivation des supports de cours actuels est la longueur des textes, les sujets présentant des déficits intellectuels n’ont ni la patience, ni la faculté de comprendre une explication via de longs textes. C’est la raison pour laquelle il serait intéressant de schématiser les explications aux mots clés. Ce qui signifie qu’en bas de chaque définition sera reproduite une schématisation artistique correspondante. Grâce à ces images, les différentes pages ne s’apparenteront plus comme de longs textes démotivants, mais un mélange de mots simples et brefs, des couleurs et schémas stimulants, ainsi, chacune des différentes pages sera dynamique et dynamisera à son tour la motivation de l’apprenant.
2 – Explication de l’interdépendance entre cours d’arts plastiques et autres cours
L’interdépendance entre cours d’arts plastiques et cours généraux s’explique comme suit :
-Les cours d’arts plastiques sont des facteurs de motivation pour aboutir à la motivation à assimiler les cours généraux
-Les élèves handicapés ne seront pas aptes et motivés à assimiler les cours généraux sans les cours d’arts plastiques
Certes, c’est la motivation de l’apprenant qui doit être suscitée car la fonction de l’assimilation et de la compréhension des cours lui revient, mais force est aussi de constater que l’intervenant a un rôle important à jouer dans le cadre de cet éveil de la motivation. Ce qui fait que cette interdépendance entre cours d’arts plastiques et cours généraux ne saurait être vraie sans l’effort des deux parties impliquées : l’enseignant et l’élève.
En effet, deux tâches principales sont assignées à l’intervenant, mais la réalisation de ces fonctions doit converger vers l’éveil de la motivation de l’apprenant. C’est ainsi que dans l’élaboration du nouveau support de cours généraux motivant adapté aux cas des déficients intellectuels, l’intervenant doit :
-Mener une réflexion « didactique » : telle réflexion concerne les éléments qui doivent être énoncés dans le support afin que ce dernier soit compréhensible et améliore la capacité de lecture et de compréhension des sujets déficients intellectuels. C’est ainsi que l’intervenant doit organiser la disposition du support et ses différents contenus afin qu’ils soient facilement assimilables, doit fixer des objectifs pour chacun de ses apprenants
-Mener une réflexion « pédagogique »: telle réflexion revient à regrouper les apprenants selon leur degré de déficience par exemple. En d’autres termes, c’est la méthodologie de transmission des savoirs que doit adopter l’enseignant afin que les cours soient facilement compris des apprenants.
Oui, la motivation est un des plus importants de tous les facteurs d’apprentissage, c’est une variable personnelle mais force est de préciser que c’est un facteur qui peut être facilement influencé par l’environnement, c’est ainsi que l’intervenant doit avoir cette capacité de créer un environnement d’apprentissage favorable pour les apprenants, afin de susciter leur motivation à apprendre, que cela soit pour les cours d’arts plastiques que pour les cours généraux.
CONCLUSION
« Feuilles de calque sur lesquelles je fais des taches de peinture. Je remarque que lorsque je mets la feuille à la lumière les couleurs changent. Je trouve ma réalisation très belle. Mais il y a un problème : Agathe et Marion qui ont utilisé avant moi le papier calque et la peinture pensent que j’ai copié leur travail. Je ne suis pas d’accord, j’explique que leurs œuvres ont été pour moi un déclencheur et que je n’avais pas envie de copier. Agathe n’est pas du tout d’accord et persiste à croire que ce n’est pas juste. Nous en discutons, Marion accepte l’idée mais Agathe n’est pas convaincue, pour elle j’ai copié, donc triché ! Cela m’embête qu’Agathe pense cela, je conserve mon idée de déclencheur, rien d’autre ! ”[8]
Ces paroles témoignent que les élèves handicapés ont cette volonté de faire des réalisations authentiques, et qu’ils reconnaissent qu’ils sont capables de faire de bonnes œuvres. C’est la raison pour laquelle ces élèves sont motivés dans les arts plastiques.
Une fois la motivation des élèves handicapés éveillée, elle doit être entretenue par les enseignants selon des méthodologies bien précises. Et telle motivation bien entretenue dans les arts plastiques peut ensuite être exploitée dans les cours généraux.
BIBLIOGRAPHIE
Philippe Pujas, Jean Ungaro et Karelle Ménine, Une éducation artistique pour tous ?, Ramonville Saint-Agne, 1999
Pierre Juhasz, Qu’en est-il de la pratique critique aujourd’hui dans l’enseignement des arts plastiques ?, dans Critique et enseignement artistique : des discours aux pratiques. [Séminaire de l’Université Paris-8 Vincennes sur « Le discours critique dans le champ artistique, champ référentiel et enseignement », du 27 au 31 octobre 1995 au Centre international d’études pédagogiques de Sèvres], sous la dir. de Pascal Bonafoux et Daniel Danétis, Paris et Montréal, L’Harmattan, 1997, p. 341
AYNARD Ed. Chambre des députés. Discours sur l’enseignement du dessin : prononcé par M. Ed. Aynard dans la discussion du budget des Beaux-Arts pour 1897 1899
COURAJOD Louis, Histoire de l’enseignement des arts du dessin au 18è siècle : L’école royale des élèves protégés 1874
MONNIER Gérard, « Des beaux-arts aux arts plastiques, une histoire sociale de l’art » – édition La manufacture, 1991
OTTIN A., Exposition universelle (1878 ; Paris) Rapport sur l’Enseignement du dessin à l’exposition Universelle de Paris en 1878
RAVAISSON Eugène, « L’art dans l’école », imprimerie A. QUENTIN, Paris 1879
[1] sculpteur français d’origine roumaine dont l’œuvre renouvela les concepts artistiques de la forme en sculpture
[2] Article 1 de la Loi du 11 février 2005
[3] Termes de référence sur le profil d’un enseignant en Arts plastiques avancés par le CNFPT. Disponible sur le site : http://www.cnfpt.fr/node/146/repertoire-metiers/metier/527?gl=NjliOGJkMzI (disponible, consulté le 17 octobre 2013)
[4] Source : http://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/25507
[5] BO disponible sur le site : http://media.education.gouv.fr/file/special_6/28/0/programme_arts_general_33280.pdf (disponible, consulté le 17 octobre 2013)
[6] Fiche n° 6 sur la déficience intellectuelle rédigée et éditée par l’AWIPH en collaboration avec l’AFrAHM.
[7] Définition donnée par le dictionnaire La Rousse
[8] Paroles d’un enfant handicapé sur un cours d’arts plastiques. Disponible sur le site : http://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/25507
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