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Les vignerons et leurs fournisseurs de matières sèches et emballages

Les vignerons et leurs fournisseurs de matières sèches et emballages.

 

 

 

LES GROUPEMENTS D’ACHAT

 

 

Il y a aujourd’hui une pratique très courante qui procure de nombreux avantages dans le domaine des produits alimentaires. Il s’agit des groupements d’achats, qu’il ne faut surtout pas confondre avec les centrales d’achats.

Un groupement d’achats est un regroupement de plusieurs entreprises opérant dans un même secteur en un organisme qui a pour objectif  de réaliser des achats communs pour obtenir de meilleures conditions au niveau des fournisseurs.[1]  Une centrale d’achats par contre est un organisme qui centralise les achats pour un ensemble de distributeurs ou grossistes indépendants, la vraie différence avec le groupement d’achat est que ses membres ne participent pas dans le capital de la centrale, ils y sont par contrat d’adhésion. Dans les deux cas, l’avantage recherché est au final la réduction des coûts d’approvisionnements.

Pour mieux comprendre comment ces groupements d’achats peuvent contribuer à réduire les coûts dans le domaine de la viticulture, il nous faut voir d’abord comment fonctionnent ces organismes. Nous verrons en même temps les différents avantages qu’ils peuvent apporter mais voir aussi s’il peut y avoir des inconvénients dans cette pratique

 

  1. Généralité sur les groupements d’achats

Pour former un groupement d’achats, plusieurs entreprises doivent s’associer en décidant de grouper leurs achats et de pouvoir ainsi mieux négocier des conditions avec les fournisseurs grâce au volume d’affaires que cela peut générer.

En général, les groupements d’achats se créent sous la forme d’une société commerciale où chaque entreprise qui est membre va détenir des actions ou des parts sociales. Ainsi, il est nécessaire que les membres puissent participer au capital du groupement.

Le groupement d’achats peut fonctionner de deux façons :

  • Agir en tant qu’acheteur / revendeur c’est-à-dire qu’il va passer acheter les marchandises auprès des fournisseurs et chaque membre achète ensuite au niveau du groupement.

 

  • Agir en tant que négociateur / référenceur c’est-à-dire qu’il joue seulement un rôle d’intermédiaire. Il va chercher les meilleurs fournisseurs et discutent des différentes conditions. Une fois les négociations réglées, il fournit la liste de ses membres qui vont bénéficier des tarifs préférentiels. Les membres achètent ainsi tout de suite au niveau des fournisseurs avec qui le groupement a signé des contrats de référencement, à un tarif qui a déjà été négocié.[2]

Dans chacun de ces deux cas, la rémunération du groupement fonctionne différemment. Quand il est acheteur / revendeur, la rémunération s’obtient grâce aux marges qu’il dégage sur les ventes réalisées avec les membres. Pour l’autre cas, les fournisseurs doivent verser au groupement d’achat des commissions sur les ventes effectuées. Les revenus du groupement servent à financer les frais relatifs au fonctionnement de l’organisme.

Pour créer un groupement d’achats, il faut au minimum dix entreprises. Ces dernières vont ainsi créer une SARL (Société à Responsabilité Limitée) ou SAS (Société par Actions Simplifiée) et constituer un statut qui tiendra compte des attentes des membres pour ne pas avoir des problèmes. Le nombre des membres du groupement est un facteur très important sur lequel les fournisseurs évaluent la crédibilité de l’organisme.

Dans la pratique certains rassemblements d’entreprises, non matérialisé par la création d’une société se considèrent comme des groupements d’achats. Ils peuvent fonctionner comme les groupements d’achats formels et même bénéficier des mêmes conditions dépendant des fournisseurs. Pour certains fournisseurs au fait, ce qui compte c’est le volume conséquent de la commande.

 

 

  1. Les groupements d’achats dans le secteur viticole

Dans le secteur viticole en France, les groupements d’achats existe déjà mais il n’y en a pas beaucoup. Seulement, dans la plupart des cas, les groupements d’achats regroupent des professionnels du vin qui achètent de manière groupé du vin dans le but de les revendre.

Généralement, les producteurs de vin qui revendent des vins à des groupements d’achats proposent des conditions avantageuses. Parmi ces conditions, on peut citer : une dégustation de vins, un prix très bas spécifique aux groupements d’achats, la livraison du vin…

Il y a également un autre concept qui est la vente de vin à distance qui commence à se développer avec l’évolution de la technologie et la prolifération d’internet. Prenons le cas de WINEWARE qui est une société organisée en groupement d’achats et à la fois un réseau d’amateurs de vins. WINEWARE est à la fois un réseau d’amateurs et de consommateurs de vins. Ayant beaucoup de relation au niveau des vignobles, la société effectue des sélections sur les meilleures conditions et les meilleurs produits. Ensuite, elle suggère, prescrit et préconise des vins qui sont déjà bien sélectionnés pour les amateurs de vin qui constituent le réseau.[3]

Ce qui nous intéresse pourtant c’est surtout l’effet que pourrait avoir les groupements d’achat bien plus en amont, c’est-à-dire au niveau de la production de vin. En effet, si le concept peut procurer les mêmes avantages au niveau de l’approvisionnement en matière première, il y aurait vraiment une réduction de coût considérable au niveau de la comptabilité analytique.

D’après les recherches effectuées, les producteurs de vins français n’adoptent pas encore le concept de groupements d’achats pour minimiser leur coût d’approvisionnement.

Et pourtant, pour des matières premières communes, à savoir les bouchons, les étiquettes de bouteilles ou même les bouteilles dans certains cas, la solution de se regrouper et de négocier des conditions avantageuses auprès des fournisseurs peut s’avérer une très bonne initiative.

Les achats de matières premières par les groupements d’achats dans le secteur agricole se fait surtout pour l’achat des matériels agricoles puisque les investissements liés à ces achats sont assez lourds. De ce fait, l’achat groupé permet de bénéficier de conditions avantageuses.

Pour le secteur viticole et vinicole, jusqu’à maintenant, le concept le plus utilisé pour bénéficier de beaucoup plus d’avantages est l’adhésion à des caves coopératives.

 

  1. Les caves coopératives dans le secteur viticole[4]

Généralement, dans le secteur viticole, ce sont les coopératives qui intéressent les vignerons. Depuis, le 19e siècle, les vignerons français ont décidé de se regrouper pour créer les premières caves coopératives dans le but d’éliminer les intermédiaires. Aujourd’hui, la coopération vinicole est une structure qui garantit l’intégralité de la chaîne de production du vin depuis le vignoble jusqu’à la commercialisation, en passant donc par l’approvisionnement. Actuellement, les coopératives vinicoles, au nombre de 805 avec près de 85.000 vignerons membres des coopératives, produisent environ 50% du vin en France (en 2008).

Les caves coopératives prennent généralement la forme d’une société qui jouit d’un statut spécial fondé sur l’idéal mutualiste, se rattachant et qui est limitée à un territoire bien précis. Elles sont caractérisées par une structure participative. Chaque adhérent doit donc participer à la vie active de la cave, il dispose d’une voix au niveau de l’Assemblée Générale. Il n’y a pas de distribution de dividendes au niveau de la coopérative toutefois, elle peut bénéficier d’un régime fiscal particulier.

Si au début, la nécessité de se regrouper en coopérative résultait surtout d’un intérêt social, aujourd’hui l’intérêt économique est beaucoup plus valorisé. Ces caves coopératives apportent beaucoup d’avantages pour les vignerons coopérateurs, notamment les petits producteurs qui n’ont pas beaucoup de moyens financiers. Elles peuvent ainsi leur procurer un soutien d’ordre matériel, technique, financier et même sur le côté administratif.

Le fonctionnement d’une coopérative est spécifique. Les producteurs apportent leur production à la coopérative sans la vendre, en contrepartie, il devient détenteur d’un droit potentiel à revenus. La rémunération des adhérents se fait par la suite par un ou plusieurs acomptes. Dans bien des cas aujourd’hui, la coopérative ne se contente plus de la commercialisation, elle s’occupe également de la vinification dans un souci de la qualité qui est devenu un critère essentiel pour les consommateurs.

 

Figure 1 : Situation des coopératives vinicoles en France en 2008

Légende :

840 Nombre de caves

343 723 Nombre d’hectares

50% Part de la production totale régionale ou départementale

 

Source : www.vignerons-cooperateurs.coop

 

  1. Les caves coopératives et l’approvisionnement

Plus précisément en ce qui concerne l’approvisionnement, puisque les coopératives peuvent procéder à la vinification, le processus d’achat d’intrants et de matières premières est effectué de manière bien structuré.

Ainsi, vu le volume de production au niveau des caves coopératives, les réductions de coût d’approvisionnement s’obtiennent grâce à l’économie d’échelle c’est-à-dire que plus on achète un intrant en plus grande quantité, son prix d’achat unitaire pourra être réduit. Généralement, il y a toujours une fonction au niveau de la coopérative qui se charge spécialement de la fonction approvisionnement. Elle a pour mission de trouver des intrants et des matières premières de bonne qualité, correspondant au cahier des charges défini au sein de la coopérative.

En général les fournisseurs de matières premières, notamment les fournisseurs de bouchons, d’étiquette pour  bouteille de vin, les fournisseurs des bouteilles… ont déjà des conditions bien spécifiques pour les caves coopératives. La possibilité de négocier d’autres conditions serait donc réduite vu qu’il y a un nombre élevé de coopératives en France actuellement.

Prenons un exemple de coopérative vinicole en France, il s’agit de Terre Comtoise  qui une coopérative  née de la fusion des 3 coopératives agricoles (Coopadou, Poligny-Bletterans et Codeval) en 2009. Le principal objectif du regroupement au sein d’une seule coopérative était de profiter d’une dynamique de travail en commun au niveau de l’achat des intrants.

Ainsi, Terre Comtoise possède une division vigne qui se charge de commercialiser des produits vitivinicoles. Elle procure à ses adhérents des services de proximité et des conseils, elle utilise des moyens techniques, humains et logistiques très performants.[5]

 

Il peut arriver aussi que les coopératives passent par des centrales d’achat pour effectuer leurs approvisionnements. C’est par exemple le cas de Coopérative Bourgogne du Sud où adhère près de 1.300 viticulteurs bourguignons. Les approvisionnements pour la viticulture de cette coopérative se font avec l’Union TRANSVAL, une centrale d’achat qui regroupe des coopératives de Champagne, d’Alsace, du Jura, de St Pourçain et de Bourgogne.[6]

 

 

  1. Les fournisseurs

Pour les bouchons, la technologie permet actuellement d’avoir différents types de bouchons selon le choix des producteurs, allant des bouchons de liège traditionnels aux bouchons synthétiques comme ceux de Nomacorc. De ce fait, les fournisseurs en bouchon viticole ont augmenté ; en France, Nomacorc est le leader mais il y a d’autres entreprises très connues comme SUPREMECORQ ou la Bouchonnerie Gabriel pour les bouchons de liège.

Pour ce qui est des étiquettes des bouteilles ou des capsules, il y a des entreprises bien connues en France comme EtiqVin, l’Imprimerie FLADH, Barat Imprimerie, … En dehors de la France, il ya également des entreprises bien connues comme BENMOT au Chili, Fausto Muñoz en Espagne et Weinetikettengestaltung/Wine label design en Allemagne.

Actuellement, le fait d’importer des matières premières en provenance d’un autre pays que la France peut parfois revenir moins cher puisque les concurrences entre les fournisseurs sont devenues très rudes. En outre, lorsqu’il s’agit de grands producteurs de vins ou de coopératives, les fournisseurs sont bien ouverts durant les négociations pour fidéliser ces types de clients.

Si on parle de groupements d’achat, jusqu’à maintenant, il n’y en a pas dans le secteur viticole alors que ce concept pourrait également être bénéfique. L’avantage d’un groupement d’achats comparé aux coopératives serait que le producteur peut garder sa propre identité et sa notoriété et n’utiliser le groupement d’achat que pour bénéficier d’avantages en termes de coût lors des approvisionnements en matière première.

Au sein de la coopérative, il devra mettre ses produits à la disposition de la coopérative qui se chargera de la vendre avec d’autres produits des autres vignerons. En outre, la prospection des fournisseurs en dehors de la France peut bien s’effectuer grâce à l’initiative d’un groupement d’achats.

 

 

 

BIBLIOGRAPHIE

  • Définition Groupement d’achat, Bertrand Bathelot – Article paru sur definitions-marketing.com, janvier 2010
  • Comment créer un groupement d’achat pour réduire les coûts ?, Martin Le Péchon – Article paru sur placedesreseaux.com, Mai 2009

 

WEBOGRAPHIE

  • wineware.com
  • vignerons-cooperateurs.coop
  • terrecomtoise.com
  • bourgognedusud.coop

 

 

 

[1] Définition Groupement d’achat, Bertrand Bathelot  – www.definitions-marketing.com, janvier 2010

[2] Comment créer un groupement d’achat pour réduire les coûts ?, Martin Le Péchon – Article paru sur www.placedesreseaux.com, Mai 2009

[3] www.wineware.com

[4] www.vignerons-cooperateurs.coop

[5] www.terrecomtoise.com

[6] www.bourgognedusud.coop

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