Réformes universitaires en Europe : Classements mondiaux, financement européen et positionnement des universités françaises
LISTE DES ABBRÉVIATIONS
ARWU | : | Academic Ranking of World Universities (classement académique des universités mondiales) |
CEA | : | Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives |
CNRS | : | Centre national de la recherche scientifique |
COMUE | : | Communauté d’universités et d’établissements |
CWUR | : | Center for World University Rankings |
ENS | : | École normale supérieure |
ENSAE | : | École nationale de la statistique et de l’administration économique |
ENSTAParisTech | : | École nationale supérieure des techniques avancées |
EPAPS | : | Établissement public Paris-Saclay |
ESTACA | : | École supérieure des techniques aéronautiques et de construction automobile |
HEC Paris | : | École des hautes études commerciales de Paris |
IHES | : | Institut des hautes études scientifiques |
INRA | : | Institut national de la recherche agronomique |
IOGS | : | Institut d’optique GraduateSchool |
IPVF | : | Institut photovoltaïque d’Île-de-France |
MINES ParisTech | : | École nationale supérieure des mines de Paris |
R&D | : | Recherche et développement |
THE | : | classement international d’universités lancé par la presse britannique Times Higher Education |
THE-QS | : | classement d’universités publié conjointement par Times Higher Education et la société de QuacquarelliSymonds |
UPMC | : | université Pierre-et-Marie-Curie |
ZAC | : | zone d’aménagement concerté |
LISTE DES TABLEAUX
Tableau i : Récapitulatif des critères d’appréciation utilisés par Shanghai 7
Tableau ii : Les dix premiers établissements du monde d’après Shanghai 2016_ 8
Tableau iii : Les meilleures universités de France selon le classement ARWU_ 8
Tableau iv : Pays hébergeant des universités de rang mondial 10
Tableau iv : Les établissements français en tête du classement QS (2016-2017) 12
Tableau v : Les meilleures universités de France selon le classement CWUR_ 13
Tableau vi : Simulation de classement de Shanghai : COMUE françaises apparaissant dans le top 500 24
INTRODUCTION
E |
n Europe, le paysage de la formation universitaire a connu des cycles de réformes et de turbulence sans précédent. Le bal s’est ouvert, en 2003, avec le classement de Shanghai qui distingue nommément les deux cent premières universités du monde, en leur accordant un statut de supériorité planétaire[1]. Ce palmarès fait parler de lui dans le monde académique, dans le sens où il fait figure de référence pour les étudiants qui songent à entreprendre des études supérieures à l’étranger ou de poursuivre une formation continue. Chaque année, la proclamation des résultats nourrit des polémiques dans la presse, car les universités qui y sont inscrites sont les plus convoitées dans leur pays d’implantation. Ensuite sont apparus le classement du Times et le classement QS qui mobilisent une batterie de critères pour juger de la performance des collèges et des universités du monde entier. L’Amérique se trouve toujours en tête de ces classements académiques, eu égard à l’écho mondial des découvertes scientifiques américaines et du nombre de Prix Nobel décerné à ses universités[2].
En France et en Europe, l’annonce de ces résultats n’est pas sans provoquer des soubresauts chez les acteurs de l’enseignement supérieur. Le besoin d’une réforme s’est fait ressentir avec force, à la suite de ces faibles performances. Né aux années 1990, le programme Érasmus a pour effet de redessiner la carte scolaire et universitaire européenne. Dans le cadre de ce projet, les universités sont tenues de fusionner pour former une aire d’influence territoriale appelée « Communauté d’universités et d’établissements »[3]. Les bénéfices sont à rechercher dans la complémentarité des connaissances, le partage rapide des technologies et l’établissement d’une signature scientifique commune, permettant de cautionner l’expertise de l’étudiant dans le champ de formation[4].
En riposte à la suprématie historique des États-Unis, l’Union européenne a aussi entamé une série de projets innovants pour donner un nouveau souffle à l’enseignement supérieur et à la recherche scientifique au sein des pays membres. L’éveil est né d’un sentiment largement partagé que les critères de classement de Shanghai ont été conçus pour montrer l’expertise des écoles anglo-saxonnes et ne correspondent guère aux modèles d’enseignement européen ni au contexte scolaire en Europe occidentale. C’est ainsi qu’est né le projet H2020 qui exprime la vision de l’Europe concernant l’exploitation de l’innovation et des produits de recherche pour « la réalisation d’une croissance économique intelligente, durable et inclusive »[5]. L’UE ambitionne de devenir un« chef de file mondial dans le domaine scientifique, en attirant les cerveaux les plus brillants et en favorisant la collaboration et l’échange d’idées entre scientifiques en Europe »[6]. À cet effet, le Conseil européen de la recherche consacre des fonds substantiels à l’intention des jeunes chercheurs ou des savants aguerris pour mener des recherches de grande portée. Autre réforme, le projet Paris-Saclay, qui restera gravé sans doute dans les annales, a été lancé en 2012 pour faire du Saclay la première ville universitaire européenne, qui va gouverner le destin intellectuel du monde. Enfin, l’Union européenne a imaginé en 2012 une nouvelle matrice de scoring des universités, l’U-Multirank, qui, outre les critères de réputation traditionnels, couvre les aspects multidimensionnels de l’enseignement, commela qualité de l’apprentissage, l’ouverture internationale du campus oula création de partenariats avec les régions et les grands groupes industriels.
C’est donc un fait acquis : l’Europe a entrepris des réformes ambitieuses pour rénover l’environnement de l’éducation et de la formation académique et renforcer sa présence mondiale. Quels motifs se cachent derrière l’édification de ces classements ? Pourquoi s’obstiner à truster les premiers rangs, lorsqu’on sait que la sélectivité est une loi immuable pour ces établissements de renom et que la majorité de nos enfants n’ont pas la chance de s’y inscrire ? Si ces classements ont une pleine valeur informative, il est intéressant d’observer que les universités françaises sont à la peine et auront fort à faire pour prouver leurs performances. Il y a lieu alors de se demander si la politique universitaire de la France est pertinente et si les programmes réalisés ont porté leurs fruits.
Ce qui nous invite à réfléchir àla problématique suivante : « De quelle manière les programmes de financement européen dans l’enseignement supérieur aideront-ils à conforter l’excellence scientifique des universités françaises et à accélérer leur montée dans les classements mondiaux, comme l’exemple du classement de Shanghai ? ».
L’étude se fixe pour objectif global d’analyser l’efficacité des programmes de l’Union européenne en matière d’enseignement et de formation universitaire, dans un contexte mondial marqué par le culte de l’excellence et la concurrence accélérée entre les institutions, et d’évaluer ensuite comment l’exécution de ces programmes influe sur la cote des universités françaises dans les classements mondiaux, en particulier celui de Shanghai.
Cet objectif global peut se décliner en trois objectifs spécifiques :
Faire le point sur les classements mondiaux d’écoles et d’établissements de recherche.
– décrire les origines et les buts des classements académiques
– signaler les universités leaders par domaine.
Fournir une vue d’ensemble des chantiers de projet de l’UE pour soutenir l’innovation et les études supérieures.
– la création des COMUE à travers le programme Erasmus
– le projet H2020
– exemple Université Paris-Saclay
Étudier l’impact des politiques publiques en faveur de l’apprentissage, en prenant l’exemple de l’Université Paris-Saclay.
Les résultats attendus de l’étude :
– un décryptage des systèmes d’évaluation des universités mondiales sera réalisé.
– une photographie des programmes de l’UE destinés au financement de l’enseignement supérieur et de la recherche sera capturée, en insistant sur les COMUE.
– un jugement global sera porté sur les retombées des activités du ministère de l’enseignement supérieur, assorti de recommandations pour améliorer le statu quo actuel.
Le présent travail de mémoire sera structuré en trois parties bien distinctes.
Dans un premier temps, nous allons faire un tour d’horizon des classements internationaux d’université les plus en vue du moment, en soulignant comment les établissements français y figurent. Cet état des lieux servira de bases d’arguments pour justifier le choix de notre sujet de mémoire.
Dans un deuxième temps, nous dresserons un tableau approfondi des programmes de financement européen en faveur de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation scientifique. Après quoi, nous évoquerons le rôle joué par les communautés d’universités et d’établissements (COMUE) dans le montage du programme Érasmus.
La dernière section portera sur l’analyse de la politique du Ministère de l’enseignement supérieur, en étudiant le projet Paris-Saclay pour illustrer notre analyse. S’ensuivra une série de recommandations destinées à consolider l’image et la réputation académique de la France, et à améliorer le positionnement des universités françaises à l’échelle mondiale.
I Matériel et méthodes
Choix du thème de l’étude
Alors que l’éducation évolue dans un contexte de globalisation croissante, les universités battent au rythme des classements. Tout se passe comme si les pays se sont entendus pour mener une guerre de la connaissance. On reconnaît aux universités un rôle crucial dans l’innovation et la prospérité technologique. D’où l’utilité des classements, qui s’attachent à évaluer l’expertise avec laquelle les écoles et collèges universitaires accomplissent leurs missions : enseigner, transférer des savoirs, faire des investigations scientifiques, publier des écrits de dissertation, nourrir la réflexion et le débat académique sur les problèmes du monde contemporain, obtenir des brevets industriels… Les systèmes de classement et de hiérarchie d’universités s’inventent et se réinventent pour mieux mesurer les compétences des prestataires. Il nous apparaît judicieux d’étudier comment ils marchent, ces palmarès, et comment s’en sort la France pour bien positionner ses institutions d’enseignement au niveau mondial, soit en usant de la politique européenne de l’éducation, soit en tirant parti de ses efforts de restructuration.
Source de collecte des données
Le mémoire a débuté par un travail de consultation bibliographique. Le thème des classements académiques est au cœur des sujets brûlants de l’actualité ; il suscite des débats dans la presse, alimente les discours électoraux et génère une quantité d’articles scientifiques. L’ouvrage de l’UNESCO, intitulé « Classements et responsabilisation dans l’enseignement supérieur : Bons et mauvais usages. », mérite une mention particulière : offre une synthèse pertinente des débats et des polémiques sur le sujet, en proposant des guides de bonne pratique pour un usage éclairé de ces classements académiques.
– Sites web des institutions qui ont en charge la conception et la diffusion des classements académiques mondiaux: www.shanghairanking.com, www.timeshighereducation.com, cwur.org, https://www.topuniversities.com/university-rankings
– Statistiques provenant de la Banque mondiale.
– Données ouvertes de la Commission européenne sur l’enseignement supérieur
– Communiqués publiés par la Cour de compte
– Lois, articles et communiqués officiels portant sur la réforme de l’éducation et de l’enseignement supérieur.
II RÉSULTATS
II.1 Les classements de facultés et de grandes écoles les plus connus
Les classements ont pour finalité de donner un panorama complet et élégant des universités de rang mondial. Force est de distinguer trois types de classement annuel : le classement de Shanghai, qui est assurément le plus connu ; le classement du Times Higher Education (THE) ; le classement QS. À quoi servent les palmarès universitaires ? Sur quels critères reposent leur sélection et qu’est-ce qu’ils nous apprennent réellement sur les universités ? Telles sont les questions abordées dans cette première partie de notre exposé.
II.1.1 La liste de Shanghai, qu’est-ce que c’est ?
II.1.2 Méthodologie d’estimation et de calcul
Le classement ARWU prend en compte trois familles de critères pour départager les candidats :
– la qualité de l’apprentissage
- le nombre de Prix Nobel,
- le nombre de Médailles Fields,
- le nombre de Prix Turing ;
– la productivité en matière de recherche
- le taux de citation des chercheurs issus de l’établissement ;
- le volume de publications par an ;
– la taille du corps enseignant
Essayons d’examiner en détail ces critères et de voir comment les données sont recueillies, publiées et codifiées pour les besoins de l’enquête.
L’équipe de Shanghai est attentive à s’appuyer uniquement sur des sources sûreset vérifiables. Les données utiliséespour l’évaluation des candidats sont libres d’accès et la plupart d’entre elles figurent sur les sites officiels des établissements. Autrement dit, il s’agit d’informations de toute première main. Il est donc possible aux utilisateurs de consulterle prestigieux palmarès et de s’en servir comme un outil d’aide à la décision concernant leur vie éducative.La base de données en ligne montre, par exemple,quelles sont les meilleures universités dans le pays où l’on souhaite étudier, quels établissements sont champions pour une filière de spécialisation donnée, quelles sont les villes amies des étudiants…Le marché de l’éducation et de la formation supérieure gagne en transparence, et devant une offre de plus en plus abondante et l’arrivée de nouveaux prestataires, le choix d’une université peut être déconcertant. D’où la nécessité d’une telle liste, pour avoir un gage de qualité sur l’organisme de formation. Un des mérites qu’on reconnaît au classementest son choix d’exploiter des informations factuelles, au contraire des autres classements académiques,dont la méthodologiefait appel à des sondages d’opinion ou des déclarations,lesquelles ne sont pas dénuées de risques de biais ou de complaisance et ne permettent pas, par conséquent, d’obtenir une fidèle capture de la performance académique.
Le prixNobel
Le Prix Nobel est décerné dans six domaines de compétence : la physique, la médecine ou biologie, la chimie, les œuvres littéraires, les sciences économiques, les actions en faveur de la paix. Il peut être attribué à un, deux ou trois lauréats, et la cérémonie de remise du prix se tient en Suède, durant le mois d’octobre.
La médaille Fields
Médaille Fields : décernée la première fois en 1936
Partie 1
Classement de Shanghai (2016)
Aperçu historique des classements académiques mondiaux
- a) Les origines du classement de Shanghai
L’idée d’inventer un classement d’universités de niveau mondial a été proposée par les dirigeants chinois. À l’origine, l’objectif visé était d’établir des indicateurs-clé pour apprécier la valeur des universités chinoises. Le président de l’époque voulait doter son pays d’un système d’enseignement supérieur de haute qualité, persuadé qu’il était que la valorisation du capital universitaire saurait accélérer la prospérité économique de la Chine. Le projet d’État a été rendu public en mai 1998, lorsqu’on a fêté les cent ans d’existence de l’Université de Pékin[7]. Il a été placé sous la responsabilité de Nian Cai Liu, un maître de conférences à l’université Jiao Tong de Shanghai. Mais l’équipe de Liu ne savait pas comment s’y prendre, sachant qu’un classement de ce genre est une première dans le milieu académique et nécessite une campagne d’enquête très coûteuse. Certes, des exercices primitifs de classement ont été élaborés dans le passé. En 1900, l’ouvrage WhereWeGot Our Best Men, paru en Angleterre,a essayé d’examiner les hommes les plus influents de l’époque et de publier des statistiques sur les universitésen fonction du statut social et politique de leursressortissants. Quatre-vingt ans plus tard, le magazine US News & World Report a lancé en 1983 le classement America’s best colleges, quiaideles parents à choisir l’école qu’il faut à leurs enfants, en les renseignant sur le taux de scolarisation complète et le taux d’élèves diplômés au sein des universités américaines[8]. Mais ces exercices de classement sont limités aux frontières nationales, quand le gouvernement chinois voulait une matrice de scoring qui représenterait lesuniversités de réputation mondiale.
Pour se tirer d’affaire, le professeur a commencé par se poser un certain nombre d’interrogations : Comment définir une université de rang mondial ? Combien en existe-t-il à travers le monde ? Quels sont les dénominateurs communs qui caractérisent ces universités ?Comment se positionnent les universités chinoises, comparées à celles des autres pays ?Qu’est-ce qui manque aux universités chinoises pour pouvoir rivaliser avec les établissements de classe mondiale ?[9]
Partant de là,le professeur Ying Cheng et ses collègues ont travaillé à confronter les universités chinoises avec leurs homologues américaines. Ils ont eu recours à une large batterie d’indicateurs en matière de recherche et d’accomplissements pédagogiques. Mais le résultat final a dépassé les attentes de l’État. Aussi le ministère de l’Éducation a-t-il eu la surprise de découvrir que le rapport d’enquête consistait en un classement international des universités.
Tableau i : Récapitulatif des critères d’appréciation utilisés par Shanghai
Indicateur | Description de l’indicateur | Fonction académique mesurée |
Alumni | Anciens élèves d’une université décorés d’un prix Nobel ou d’une médaille Fields | Recherche |
Award | Professeurs d’une institution ayant remporté des médailles Fieldset des prix Nobel | Apprentissage |
HiCi | Chercheurs les plus cités de l’établissement par champ de discipline | Recherche |
N&S | Volume d’articles parus dans les revues Nature et Science | Recherche |
PUB | Quantité d’articles répertoriés dans les indices Science Citation IndexExpandedet Social Science Citation Index | Recherche |
PCP | Rendement scolaire par étudiant d’une institution | Apprentissage |
Source : www.shanghairanking.com
Tableau ii : Les dix premiers établissements du monde d’après Shanghai 2016
Pays | Établissement | Score total |
Université d’Harvard | 100 | |
Université de Stanford | 74,7 | |
Université de California à Berkeley | 70,1 | |
Université de Cambridge | 69,6 | |
Institut de technologie du Massachusetts (MIT) | 69,2 | |
Université de Princeton | 62 | |
Université d’Oxford | 58,9 | |
California Institute de Technology | 57,8 | |
Université de Columbia | 56,7 | |
Université de Chicago | 54,2 |
Source : http://www.shanghairanking.com/ARWU2016.html
Le tableau statistique consacre la prédominance des écoles de recherche des États-Unis. Elles acquièrent huit places dans le top 10 des établissements qualifiés à l’échelon mondial. Cette haute position tient à une combinaison de prouesses : les collèges d’Amérique possèdent à leur actif une communauté scientifique de talent, couronnée de Prix Nobel et de médailles Fields. À cela il faut ajouter que le secteur de la recherche et développement est une priorité stratégique pour la Maison Blanche. Les institutions reçoivent des dotations appréciables de la part de l’État au titre de leurs projets d’études. Par ailleurs, l’encadrement atteint une rare qualité, grâce à la taille respectable et la répartition équilibrée du corps professoral. La charge de travail d’un enseignant-chercheur américain est donc trois fois moins élevée que celle de leurs cousins occidentaux[10]. Ils peuvent assurer un meilleur contrôle des élèves, en leur offrant l’écoute, l’accompagnement et le conseil nécessaire durant la saison des soutenances. Tout cela, joint à un culte de la science et une passion pour l’expérimentation au point de repousser les limites de la technologie, explique que la crème de l’enseignement supérieur de niveau mondial soit centralisée aux États-Unis[11].
Tableau iii : Les meilleures universités de France selon le classement ARWU
Rang | Établissement | |
39 | Université Pierre-et-Marie-Curie (Paris 6) | |
46 | Université Paris-Sud (Paris 11) | |
87 | École normale supérieure (Paris) | |
101-150 | Aix-Marseille Université | |
101-150 | Université de Strasbourg | |
101-150 | Université Paris-Diderot (Paris 7) | |
151-200 | Université Joseph-Fourier (Grenoble 1) | |
151-200 | Université de Bordeaux | |
151-200 | Université Paris-Descartes (Paris 5) |
Essayons maintenant de repérer quelles places occupent les établissements français dans ce célébrissime classement. La première française, l’université Pierre-et-Marie-Curie (UPMC) pointe au 39e rang mondial. Elle a perdu trois places par rapport à l’année 2015 ; Derrière elle vient l’université Paris-Sud qui est classée 47e. Elle a aussi reculé de cinq points (47e). L’Ecole normale supérieure de Paris (ENS) se positionne au 87e rang. Par contre, l’université d’Aix-Marseille, qui est descendue du 97e au 101e rang, n’a plus été admise dans le club des 100 premiers champions. En tout, trois établissements d’élite concentrés dans l’agglomération de Paris défendent les couleurs de France dans l’arène des cerveaux.
Au-delà du 100e rang, on retrouve d’autres acteurs traditionnels du marché éducatif français ; mentionnons l’université de Strasbourg, l’université Paris-Diderot, l’université Joseph-Fourier, l’université de Bordeaux et l’université Paris-Descartes qui figurent dans le top 200 des campus les mieux qualifiés. Un peu plus bas de la hiérarchie, citons l’école normale supérieure de Lyon, l’Ecole polytechnique ou Mines Paris Tech. La liste se termine avec l’université de Saint-Quentin-en-Yvelines, qui est la nouvelle star du classement national.
Classification par pays des universités inscrites dans le top 200 de Shanghai
La France échoue à se frayer une place brillante dans le tableau d’honneur des universités mondiales, tel que dévoilé par l’équipe de Shanghai. Elle est battue sans merci par l’Angleterre et les États-Unis, qui se partagent le haut du classement. C’est la leçon qui se dégage des statistiques d’écoles universitaires par pays. À l’examen du Tableau 3, on s’aperçoit que la France est absente de la liste des vingt meilleurs campus de la planète ; en revanche, quinze d’entre eux sont anglais et trois anglais. Les fleurons de l’éducation française sont référencés à partir du trentième rang, et ne sont que trois à inscrire leurs noms dans le top 100 du palmarès. Cela dit, le bilan n’est pas entièrement sombre pour la métropole, car elle est tout de même le quatrième pays à abriter le plus d’universités répondant aux standards internationaux. Elle est talonnée de près par l’Australie (9 contre 8), mais loin devant le Japon, la Belgique ou la Finlande, qui hébergent respectivement 6, 4 et 1 universités aux normes mondiales.
Par ailleurs, les établissements d’enseignement supérieur français sont mieux cotés lorsque le score global s’affine par matière et par champ de discipline. Ainsi, l’UPMC se hisse au quatrième rang parmi les écoles d’excellence en mathématiques. Tels sont pareillement les cas de l’université de Strasbourg, qui est passé maître dans les chimies, ou de l’université Paris-Sud, connu pour ses performances en sciences générales.
Tableau iv : Pays hébergeant des universités de rang mondial
Défauts et limites méthodologiques du classement ARWU
Si pertinente soit-elle, la liste de Shanghai comporte des limites. Autant le classement de Shanghai clame avec tambour et trompette les exploits de recherche, autant il est silencieux sur la réussite professionnelle des anciens élèves : le taux d’employabilité, le nombre de mois à rechercher du travail, le nombre de directeurs diplômés par l’institution… Tous les étudiants de Harvard ou de Princeton n’embrassent pas une carrière de chercheur ; bien plus nombreux sont ceux qui se destinent à une fonction salariée ou une fonction entrepreneuriale. Le classement ne reconnaît que les évènements scientifiques, sans considérer toutes les fonctions que la société est en droit d’attendre d’une université de classe mondiale.
Le second défaut reproché au classement de Shanghai est l’impuissance de celui-ci à couvrir les disciplines modernes, en particulier celles qui relèvent des sciences humaines et sociales. L’importance attachée à la chimie, à la médecine ou aux sciences pures sans tenir compte de tout le reste provoque l’indignation de nombreux cercles académiques. Ils ont tout à fait raison de hausser le ton, puisque le refus d’introduire les instituts à orientation littéraire ou artistique peut être perçu comme une injustice. À l’âge technologique où nous vivons, les mutations que connaît notre société invitent les dispositifs d’enseignement supérieur à se redéfinir perpétuellement et à rénover leur offre de formation. Des métiers qui ne comptaient pas naguère passionnent les étudiants de la génération actuelle : le tourisme, la conservation du patrimoine, les relations publiques, le big data… Ces secteurs emploient un nombre massif de talents universitaires, ce qui va vraisemblablement devenir une tendance lourde des prochaines années. Il sied mal à un observatoire mondial des universités de méconnaître ces disciplines en herbe, sous prétexte qu’ils sont mal adaptés à leurs grilles de classement.
Enfin, l’effet du registre de langue est une faille méthodologique importante. La plupart des revues à vocation scientifique n’acceptent que des contenus anglophones. Il est donc logique que les chercheurs en provenance de l’Angleterre ou des États-Unis sont les plus réputés, puisqu’ils sont avantagés par la primauté de l’anglais. Ce constat vaut aussi, dans une moindre mesure, pour les scientifiques allemands et français. Qu’un travail de recherche reste loin des feux de l’actualité, cela ne signifie pas que sa valeur soit moindre ou qu’on n’en puisse retirer des résultats comparables à ceux d’un ouvrage très connu. Ainsi, la réputation n’est pas un bon révélateur pour apprécier l’efficacité des services d’éducation.
Les autres matrices de comparaison quantitative des universités
L’évaluation des universités a pris un caractère fiévreux depuis le succès fulgurant du palmarès de Shanghai. La décennie 2010 a vu se succéder plusieurs outils de classement, de comparaison et d’appréciation d’universités. Parmi les plus scrutés, mentionnons : le Times Higher Education,le classement mondial des universités QS et le classement de “US News and World report”.
– le classement du Times publié chaque année par la société QuacquarelliSymonds. Appelé aussi times highereducation.
Un an après la publication d’ARWU, la presse britannique Times a lancé à son tour son propre classement académique, qu’il a baptisé Times Higher Education (THE). Il recense 980 universités qui sont hiérarchisées sur la base de cinq groupes de critères : (i) la disponibilité du personnel académique, mesurée par le rapport entre nombre de professeurs et nombre d’élèves ; (ii)le taux de citation, mesuré par le nombre de fois qu’un travail de recherche est repris et répété dans d’autres écrits ; (iii)la production scientifique, reflétée par le nombre de dissertations publiées dans les revues scientifiques, le revenu des études et recherches, et le prestige des établissements auprès de leurs propres pairs ;(iv) l’ouverture sur le monde, renvoyant à la capacité de l’école à attirer des étudiants en licence, des doctorants et des professeurs issus des quatre coins de la planète ; (v) l’interaction avec le secteur privé, attestée par les inventions ou les missions de consultance achetées par l’industrie.
La méthodologie accorde beaucoup de crédit à l’opinion des employeurs et des autres facultés pour juger de la qualité de l’établissement. À la différence du classement ARWU, l’apprentissage se voit affecter 30 % de la note finale (Cour des comptes, 2006, La carte universitaire d’Île-de-France : une recomposition nécessaire.).
Les pays de tête de ce ranking sont les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Allemagne. La France est très mal cotée, avec 4 universités s’affichant dans le top 200 du THE, quand l’Allemagne voisine en a placé 22 et la Grande-Bretagne 32, avec 3 établissements occupant le haut du podium : l’université d’Oxford, l’institut de technologie de California et l’université de Stanford. La première étoile de l’enseignement supérieur français, l’ENS, n’apparaît qu’au 54e rang.
– Le classement mondial des universités QS (QS world universityrankings), lancé par la société Quacquarelli Symonds. Pour créer sa liste, il privilégie les enquêtes d’opinion.
– Le classement CWUR (Center for World UniversityRankings)
Le classement CWUR, qui a vu le jour en 2012, est aussi l’un des plus estimés dans le milieu académique. Il est placé sous la direction de l’université King Abdulaziz de Jeddah en Arabie Saoudite. Pour différencier les établissements, l’équipe de CWUR fait appel à huit critères de performances. Le dispositif ressemble fort à celui de Shanghai, tant en ce qui concerne l’intérêt pour la recherche que l’attachement à ne recueillir que des données chiffrées et vérifiables, ignorant souverainement les déclarations d’opinion. Comme son aîné, le classement CWUR compte aussi les prix, médailles et récompenses gagnés par les enseignants de l’université. Il ajoute cependant deux éléments nouveaux : le nombre de diplômés de l’école affectés à un poste de P.-D.G et l’importance des brevets industriels déposés à l’étranger. Sans surprise, les écoles de recherche américaines dominent sans partage ce palmarès : Harvard, Stanford et Massachusetts Institute of Technology. Les universités d’Angleterre – Cambridge et Oxford – arrivent en seconde position.
– le classement de “US News and World report”. La presse américaine met en avant des classements par pays et par régions du monde.
Utilité et justification des classements
Il y a plusieurs bons arguments qui plaident pour l’utilité de classer et de hiérarchiser les universités. En premier lieu, les classements font office d’outils d’information: ils sont là pour éclairer le choix des étudiants. L’offre en services de formation supérieure s’est notablement étoffée dans la majorité des pays. Madrid, principale ville espagnole, abrite par exemple une douzaine d’universités. Les États-Unis en dénombrent plus d’une centaine. Les classements ont pour rôle d’établir des critères de discrimination, à la lumière desquels les acheteurs de formation se feront une plus juste opinion des performances et des points faibles de chaque université.
Pour le dire autrement, les palmarès académiques mondiaux ne se contentent pas de dire qui sont les fleurons de l’enseignement supérieur dans telle ou telle ville, mais publient des éléments de performance sur une fonction particulière de l’université, grâce à quoi les étudiantsou/et les parents pourront former leur verdict sur l’université qu’ils estime la plus apte à pourvoir à leur besoin d’apprentissage, selon la filière d’étude, la qualité de l’encadrement, le souhait d’être entouré des meilleurs chercheurs et la carrière envisagée dans le futur.
Les matrices de classement universitaire sont aussi utiles aux décideurs politiques, qui se soucient de savoir si l’appareil éducatif domestique est à la hauteur des exigences internationales. Dans le siècle technologique qui est le nôtre, les économies se fondent sur la plus-value des connaissances. La science est la mère de l’innovation, des grandes idées et des brillantes inventions industrielles, signes avant-coureurs du développement économique. Les classements rendent donc service aux gouvernements, en les alertant sur le niveau de compétitivité de leurs universités et relevant les aspects qu’il convient d’améliorer[12]. Tel fut le cas en Malaisie : déçues par les chiffres du classement, les autorités malaisiennes ont décidé d’aménager de fond en comble l’appareil universitaire national. Tout en luttant activement à éliminer l’opacité de l’offre, en ouvrant l’accès au grand public des informations relatives à chaque établissement de formation, l’État a aussi révisé les modes de sélection des étudiants. La réforme du système éducatif a été au menu des priorités sectorielles du Programme de transformation économique de la Malaisie. Audacieux, le Plan ne s’arrête pas à monter dans l’échelle des classements mondiaux, mais à faire du pays « une plaque tournante mondiale en matière d’éducation »[13].
II.2 Partie 2 :Les programmes de financement européen en faveur de l’innovation, de la recherche et de l’enseignement supérieur
Nous avons vu, au cours des pages précédentes, que les États-Unis régnaient en maître dans les classements universitaires internationaux. Les campus américains brillent tant par le prestige de la recherche que par la floraison des articles scientifiques. Pour s’armer efficacement dans la bataille de l’excellence, les États européens ont pris soin de préparer leur terrain. Après avoir évoqué les engagements principaux de la stratégie de Lisbonne, texte de référence dans lequel l’Europe affirme les orientations politiques relatives au domaine de l’éducation et de la recherche, nous passerons en revue les programmes de financement passés ou en cours, destinés à revitaliser le potentiel scientifique des universités européennes, à savoir le programme Erasmus, les bourses Marie-Curie et l’Horizon 2020 et la stratégie des alliances universitaires.
II.2.1 La déclaration de Lisbonne
La stratégie de Lisbonne renvoie à un plan de développement conçu par le Conseil européen pour redresser la santé économique de l’Europe. Elle a été adoptée depuis l’an 2000, à la suite d’un constat de mauvaises performances
- a) Préambule
Les motifs qui ont conduit à la genèse du pacte de Lisbonne
Chute de la production scientifique
Au début des années quatre-vingt-dix, l’UE a vu considérablementdécroître sa littérature scientifique. Le Rapport mondial sur la science édité par l’Unesco signale que l’UE assurait, en 1993, environ 31,5 % du total mondial d’ouvrages scientifiques, un taux qui est de 4 points inférieur à celui des États-Unis [citation]. Bien qu’elle soit parvenue à prendre le dessus à partir de 1995 et que sa part mondiale s’est établie à 36 % [citation], l’UE est bien obligée de reconnaître que le plus dur reste à faire pour peser davantage dans l’économie de la connaissance. Certes, les articles européens ont gagné en abondance, mais ils n’ont guère progressé sur la voie de la notoriété. L’indice de réputation, mesuré par la chaîne de citations recenséesdans la base SCI (Science Citation Index), démontre que les articles d’origine européenne étaient rares à séduire une audience internationale. Ainsi, les publications européennes n’enregistraient que 32% du total des citations au monde, quand les États-Unis en recevaient 42%.
Érosion des forces scientifiques
L’UE craint, par ailleurs, l’appauvrissement de son capital scientifique [citation]. En 2000, l’Europe avait à son actif 369 millions de chercheurs et 15 millions d’étudiants inscrits dans des études de niveau Master et doctorales [citation]. Mais de moins en moins de jeunes se consacrent à une carrière de chercheur, préférant se tourner vers les métiers de la bureaucratie, qui non seulement réclament un cursus plus facile et de courte durée, mais sont également pluspayants. Cela est dû au fait que les entreprises européennes ne perçoivent pas assez l’importance des activités de R&D ; le taux de recrutement de chercheurs y est très modeste, comparativement à ce qui se passe dans les autres pays.
L’analyse du montant des R&D par origine de financement est, à cet égard, très révélatrice. En Europe, les grandes firmes sont peu disposées à investir massivement dans le secteur de la R&D. C’est ainsi qu’en 2001, l’écart des fonds publics affectés à la science et aux technologies entre les États-Unis d’Amérique et l’UE s’estime à 9 milliards de dollars ; mais ce même écart est de 80 milliards de dollars lorsqu’on considère le financement d’origine privée [citation].
Eu égard à cette situation, l’Europe fait face à une stagnation, voire un vieillissement de sa population de chercheurs. Au problème démographique se greffe un problème de genre, car les femmes sont nettement sous-représentées dans les professions scientifiques : le sex-ratio est de 0,33 parmi les chercheurs publics, contre 0,16 parmi les chercheurs privés. La montée en puissance des pays émergents est un autre sujet d’alarme face à la fuite possible des cerveaux : à côté du Japon, l’Inde, la Chine et la Nouvelle-Zélande deviennent des poids lourds dans la démographie de la R-D mondiale. Ensemble,ces pays totalisent 500 millions de chercheurs et représentent jusqu’à 10 % des dépenses mondiales en science et technologie. L’UE réalisait qu’elle ne peut plus se permettre de gaspiller son potentiel humain ; une réorganisation de l’emploi dans l’enseignement supérieur s’imposait alors dans une perspective d’équité entre les sexes et de mise en place d’un environnement de travail attrayant pour les chercheurs.
Aide publique dans la recherche et développement
Figure i : Effet d’entraînement de l’investissement public en R&D sur la productivité de l’enseignement supérieur
- b) Objectifs
La vision est de bâtir les socles d’une économie fondée sur le savoir, qui deviendra la plus dynamique et la plus compétitive du monde.
– créer un espace européen de la recherche et de l’innovation
Le Conseil européen de Lisbonne a pris l’initiative de fonderun espace européen de la recherche (qui sera rebaptisé, dix ans plus tard, en espace européen de l’innovation).
– promouvoir le marché de l’emploi : exploiter les forces vives de l’Europe, en créant les conditions d’un plein emploi pour tous les travailleurs, sans distinction de genre ni de classe d’âge. Les gouvernements s’engagent à instaurer des mesures d’accompagnement visant la facilitation des procédures de création d’entreprises, la transparence des règles des marchés, la libéralisation des secteurs productifs, et des dispositifs pour améliorer l’efficacité des marchés financiers. Tout ceci pour augmenter le taux d’emploi de 62.9% en 2003 à 70 % en 2010. Atteindre un taux d’emploi de 60% pour les femmes et de 50 % pour les séniors.
– intensifier la production scientifique de l’Europe : la charte de Lisbonne appelait les pays membres de l’UE à accroître leurs investissements en recherche et développement à hauteur de 3% du PIB.
- c) Engagements pris par les pays signataires
La vision Europe 2020
L’UE ne s’avouait pas vaincue. Elle a conçu la stratégie Europe 2020, pour relancer les objectifs de Lisbonne.
Les résultats obtenus n’ont pas été à la hauteur des prévisions :
– parce que la stratégie de Lisbonne avait décidé que 3% de la richesse nationale serait investie dans les activités de R&D, alors que dans l’ensemble, les États n’y ont consacré que 1,9%. (La France a dédié 2,16%). L’évaluation à mi-parcours en 2005 : excepté dans deux pays de l’Union (Finlande : 3,42 % et Suède : 4,27%), l’investissement des fonds publics en recherche a été très en-dessous de l’objectif.
– parce que la croissance économique des pays de l’Union européenne a été globalement décevante au cours des dix ans qui ont suivi l’année de la déclaration de la Stratégie : 1.25%, alors qu’on s’attendait à un taux de croissance de 3%.
II.2.2 Panorama des différents programmes en cours
II.2.2.1 Le programme Erasmus
L’Europe a un potentiel humain considérable qui peut aider à accélérer la marche de la science et des technologies.
L’université a un rôle actif à jouer pour concevoir, développer et partager les connaissances. C’est dans ce but que le programme Erasmus a été lancé par l’UE. Ayant vu le jour en 1987, il appelle à la libéralisation du marché de l’éducation supérieure, en favorisant la migration des étudiants vers d’autres établissements européens. Pour ce faire, un accord de partenariat est mis en œuvre par les collèges universitaires du pays d’origine et celles du pays de destination. Le programme est ouvert à tout étudiant intéressé qui satisfait aux conditions requises suivantes : résider dans l’un des 27 États membres ; terminer avec succès sa première année universitaire ; poursuivre la filière étudiée dans l’école d’origine. Le séjour dans l’université d’accueil doit être de trois mois au minimum et un an au maximum. Le dispositif Erasmus a ainsi pour vocation de tisser un réseau académique européen, où les étudiants, les chercheurs et les technologies obtiennent un droit de libre entrée entre les pays.
Le dispositif Erasmus vise à pallier la défaillance du secteur d’enseignement d’un pays en permettant à ses étudiants de voyager dans les pays voisins pour profiter d’une offre d’apprentissage plus satisfaisante.L’opportunité de fréquenter de meilleures écoles, d’afficher de solides références et de mieux gagner leur vie est une chance que les étudiants originaires de l’Europe de l’Est et du Sud doivent indiscutablement au dispositif Erasmus.Il plaide l’idée que la jeunesse mérite – sans considération de race, de couleur, de nationalité ou de situation financière des parents – d’accéder à une éducation et une formation supérieure de qualité.
Parmi les atouts incontestables du projet Erasmus figurent la dispense à payer les frais scolaires, la validation de la formation internationale, le maintien des bourses, le système de sécurité sociale offert par l’université hôte qui prévient les cas d’agression, de vol ou de maladie, de manière à garantir le déroulement sans heurt des études et le retour de l’étudiant dans son pays de résidence. La dotation allouée au projet pour sa phase de lancement (1987-1990) s’élevait à 85 millions d’euros. Grâce à lui, trois millions d’étudiants ont pu séjourner à l’étranger, fréquenter des établissements d’élite et se livrer à des travaux de recherches passionnants.
II.2.2.2 les bourses Marie-Curie
II.2.2.3 L’Europe 2020
Le plus ambitieux programme de recherche qui ait été lancé par l’Union européenne, à la réalisation duquel on a mobilisé la somme astronomique de 800 milliards de dollars.
L’Europe est convaincue qu’une éducation de haut niveau fera prospérer le capital humain, et qu’un investissement accru dans les sciences et les recherches de pointe constitue le pilier d’une économie industrielle puissante. L’essor des inventions et des produits de recherche suscite alors beaucoup d’espoirs, pour venir à bout des problèmes qui mettent à mal l’écosystème et menacent le bien-être de l’humanité :
– le changement climatique ;
– le maintien des capacités de production alimentaire ;
– l’épuisement des précieuses richesses naturelles ;
– l’urbanisation incontrôlée, qui imposela rationalisation des offres de services (transport, énergie, logement…) ;
– la sécurité des biens et des personnes en Europe ;
Excellence scientifique qui aura un effet d’entraînement sur l’économiedans son ensemble, en stimulant l’innovation et le rendement, en créant des emplois qualifiés et en ouvrant l’accès à meilleur coût des biens et des services. Dans le même temps, les pays de l’Union seront mieux armés pour affronter la compétition économique mondiale. Pour tirer parti du potentiel des savoir-faire et des nouvelles technologies.
II.2.2.4 L’horizon 2020 (ou H2020)
Horizon 2020 est un programme de grande ampleur que l’Union européenne a mis en route en 2014, avec pour objectif de libérer pleinement le potentiel scientifique de l’Europe. Les membres du Parlement européen ont réalisé que l’industrie est inséparable de l’essor des technologies et des savoirs et que la croissance durable de l’Europe passe nécessairement par de nouvelles prouesses scientifiques. « Recherche de pointe, prospérité industrielle et bien-être social », ce sont les maîtres mots du dispositif. Le programme est prévu s’étendre sur une durée de sept ans (2014-2020), dont la mise sur pied a réclamé une levée de fonds de 80 milliards de dollars. Les volets d’intervention portent sur trois dimensions : i) progrès scientifique ii) primauté industrielle iii) dignité, bien-être social et protection environnementale.
- progrès scientifique
Quatre interventions opérationnelles seront au menu:
Financement de la recherche exploratoire.
L’histoire nous apprend que la recherche est presque toujours un parent pauvre des programmes de financement public. Pourtant, incalculables sont les bénéfices découlant des fruits des études expérimentales: elles contribuent à la conception de nouveaux biens et services, impulsent l’essor des filières industrielles, équipent plus confortablement nos maisons, nos terrasses et même nos garde-mangers. C’est affligeant de constater que la recherche exploratoire ne reçoit pas les aides budgétaires qu’elle mérite. Horizon 2020 soutient alors tout réalisateur de projets d’étude, le critère d’octroi de la subvention étant la pertinence et la valeur scientifique du projet.
Actions Marie Sklodowska-Curie,
L’UE a l’intention de former des docteurs et des savants de premier ordre. Beaucoup de sources sûres laissent entendre que les chercheurs embrassent une carrière immobile, sédentaire et peu évolutive. Or, l’ascension professionnelle est un facteur clé de la motivation. Les actions Marie-Curie vont permettre aux personnels universitaires de faire un bond dans leur carrière scientifique et de perfectionner leurs connaissances grâce à une formation continue. Le programme touche les novices aussi bien que les docteurs plus aguerris. Ces derniers auront droit à un congé de formation durant lequel ils peuvent partir dans un autre pays.
Achat d’infrastructures de recherche.
Si l’UE veut rattraper son retard dans le milieu de la recherche, il faut remédier de toute urgence à la pénurie de matériels et d’infrastructures. Beaucoup d’appareils de dernier cri (lasers ultra-performants, microscope, avions spécialisés…) sont très sollicités pour les besoins de la recherche, sauf qu’ils coûtent extrêmement chers – un milliard ou des centaines de millions d’euros – et aucun pays ne peut les acquérir sans se ruiner. L’achat, la gestion logistique et l’entretien de ces matériels seront donc confiés à des instances de recherche supranationales. Les chercheurs en médecine, en biologie fondamentale, en chimie ou en aéronautique seront comblés.
Création de U-Multirank – un classement académique alternatif
L’UE a testé la faisabilité d’un classement universitaire d’un autre genre [citation]. L’essai de ce classement, qui s’inscrit dans le droit fil de la vision « espace commun pour l’innovation et la recherche », a été commandité par la Commission européenne au temps de la présidence française. La mission a été confiée à deux organisations indépendantes : le Centre pour le développement de l’enseignement supérieur en Allemagne et le Center for Higher Education Policy Studies (CHEPS) aux Pays-Bas.
Le classement européen propose de classer un échantillon de cinq cent universités parmi les plus réputées au monde. Il se démarque de ce qui se faisait auparavant par sa volonté de capturer les dimensions multiples de l’enseignement universitaire. Au contraire des autres systèmes de scoring qui attachent trop d’importance à la recherche et à son impact mondial, ce classement est soucieux d’intégrer plus d’indicateurs de résultats,pour donner une estimation fine et comparable des universités, qui soit la plus proche possible de la réalité[14]. U-Multirank différencie ainsi les collèges universitaires en fonction de cinq indicateurs-clé : la portée ou le retentissement de la recherche (taux de citation des travaux), l’accueil d’étudiants et d’enseignants cosmopolites, l’attractivité du cadre de travail et d’apprentissage, la coopération avec les compagnies industrielles et l’implication au développement régional.
Le projet a été finalisé en 2014, et bien entendu, les établissements européens y sont très en faveur à côté des leaders indétrônables de l’Amérique. D’après le communiqué de la Commission, U-Multirank se défend d’être une méthode multidimensionnelle et objective, « rendant justice aux multiples facettes de l’excellence dans un contexte international »[15].
II.2.2.5 Les COMUE
Les communautés d’universités et d’établissements (COMUE) constituent l’une des pierres angulaires des réformes académiques françaises. Elles sont nées du rapprochement de plusieurs centres d’enseignement ou de recherche qui décident de former une seule et unique entité pour répondre aux défis de l’excellence en recherche et en innovation sur la scène mondiale de l’éducation[16][citation].
D’un point de vue juridique, la COMUE est définie comme « un établissement à caractère scientifique, culturel et professionnel »[17] [citation]. Sa création est régie par un décret ministériel qui approuve officiellement l’existence de la COMUE et en fixe la date de création, les membres, les compétences dévolues à l’université de tutelle, et les règles relatives à l’élection et au fonctionnement du conseil d’administration. (Article L. 718-2 du code de l’éducation). Selon les dispositions prévues à l’article 2 de cette même loi, les universités sont autorisées à se fédérer au sein d’une communauté d’universités et d’établissements (COMUE). Ce regroupement s’inscrit dans un but délibéré de collaboration scientifique, d’épanouissement de la vie étudiante et de visibilité accrue sur le plan international[18][citation]. Le regroupement n’entraînera pas la dissolution de l’identité juridique de chaque membre ; les universités conservent une pleine autonomie de gestion logistique et financière, mais doivent prévoirune mise en communde certaines compétences à l’université centrale. Celle-ci se verra confier les fonctions de management, de coordination, en plus d’assurer le pilotage territorial des activités pédagogiques. Pour reprendre les propres mots du législateur, « les universités, les grandes écoles et les organismes de recherche conservent leur identité juridique et une indépendance administrative et financière mais mettent en commun et coordonnent des programmes de recherche, des formations et des financements en transférant, selon une logique de subsidiarité, un certain nombre de compétences au conseil d’administration de la ComUE »[19].
Les buts
L’effet de taille joue un rôle important dans la décision de l’État d’encoura ger ces mouvements associatifs[20].L’idée de regrouper trouve ses racines dans les débats publics qui ont fait suite à la performance décevante des universités européennes, y compris celles de France, dans les classements mondiaux. Malgré leurs défauts, ces classements ont eu le mérite de faire prendre connaissance à l’État français des défaillances de son système d’enseignement supérieur et de la nécessité d’opérer des aménagements.
Éclatement institutionnel
D’abord, l’éclatement institutionnel et géographique n’a pas été vu d’un bon œil. L’exemple de Paris frappe de manière saisissante : en 2006, il s’y trouvait quarante grandes écoles, dix-sept universités d’État et une pléthore d’écoles relayées par le privé[21]. Un tel émiettement de structures ne se retrouve dans aucune grande capitale européenne. Or, l’impact de taille est manifeste au regard des critères quantitatifs mobilisés par les organes de classement, comme le volume de publications ou le nombre de personnels et de ressortissants décorés d’un Prix Nobel. Lorsqu’on sait que Londres ne compte que douze campus et que la Californie, avec trente-six millions d’habitants, n’en possède que six, l’on comprend très vite pourquoi elles jouissent d’une cote excellente dans les classements mondiaux : c’est que leurs points ne s’effritent pas entre plusieurs écoles.[22] []
Éclatement territorial
Le plan d’aménagement vise aussi à résoudre le problème d’éclatement territorial : les bâtiments d’enseignement de Paris étaient répartis sur 182 sites, ce qui ne permettait pas d’offrir une vision claire et unifiée du paysage éducatif de la métropole. Parfois, les locaux d’une même université se trouvaient dans deux villes ou deux arrondissements différents. Paris-Dauphine exceptée, toutes les universités parisiennes étaient touchées par ce problème. L’université Paris-Diderot comportait vingt-sept implantations ; du fait du manque de locaux, elle fut contrainte de partager le campus de Jussieu avec l’université Pierre-Marie-Curie avant son déménagement en 2004 en direction de Paris-Rive-Gauche. L’université Panthéon-Sorbonne, située au cœur du Quartier latin de Paris, avait pas moins de vingt filiales réparties dans six arrondissements de Paris. Plus grave est le fait que le lieu d’implantation n’est pas cohérent avec l’appartenance institutionnelle. Il en va ainsi de l’Institut français d’urbanisme qui, tandis qu’il dépend de l’université de Vincennes, avait élu domicile sur le campus de Marne-la-Vallée.
Une telle organisation arbitraire des locaux s’oppose au bon déroulement des activités d’apprentissage. À ce sujet, l’enquête conduite par l’Observatoire de la vie étudiante (OVE) a rapporté que deux étudiants parisiens sur dix étaient obligés de faire de fréquents allers-retours pour assister à leurs cours, pour une durée de quinze à vingt minutes[23]. []Sans compter que ces servitudes de déplacement font perdre un temps précieux au détriment des études, elles empêchent d’avoir une vie étudiante prospère, par suite d’une possibilité réduite pour profiter des équipements (documentation, sport,restauration…) mis à disposition par l’établissement.
Illisibilité de la carte des formations
Les initiatives de regroupement ont pour seconde finalité de rendre plus lisibles et transparentes les offres de formation. Pour choisir l’université dans laquelle il va poursuivre ses études, un étudiant tiendra avant tout à examiner le contenu des programmes d’études. Or, le large spectre des formations universitaires en France est rapidement déconcertant pour les étudiants étrangers. Pour s’en rendre compte, il suffit de contempler les disciplines linguistiques enseignées dans les universités de l’Île-de-France. L’espagnol est enseigné dans huit facultés différentes, et c’est pareil pour l’allemand. Pour une même filière, l’université donne des cours de langue étrangère appliquée sans procurer des cours de littérature ou de civilisation[24]. Le foisonnement des formations se double d’un foisonnement des diplômes : la validité nationale ou européenne du diplôme, la vocation diplômante ou professionalisante… Dans son rapport de printemps de 2003 sur « La gestion du système éducatif », la Cour des comptes n’a pas manqué de souligner le caractère foisonnant, instable et hétérogène de l’offre académique française. La mise en place des COMUE a donc aussi un objectif de dégraissage : redéfinir, pour mieux clarifier et simplifier la cartographie de l’éducation supérieure.
Summadivisio universités/grandes écoles
Enfin, la summadivisio universités/grandes écoles est l’un traits les plus évocateurs du modèle académique français. Or, les résultats des classements mondiaux montrent que la France souffre plus qu’elle n’en bénéficie de cette compétition de longue date. Les particularités de ces deux types d’établissements sont bien connues : les grandes écoles préparent à de hauts postes dans le monde entrepreneurial, tandis que les universités d’Etat ont à cœur de combiner l’enseignement magistral et la recherche. Le modèle académique français n’est pas répréhensible en soi. C’est le souci de se conformer aux critères établis par les classements qui a inspiré le gouvernement français dans l’intention de restructurer l’appareil éducatif. D’un côté, les grandes écoles disputent aux universités leur rang dans la production des connaissances. D’un autre côté, les universités enlèvent aux grandes écoles leurs bons points de réputation auprès des sociétés civiles. Il en résulte que, déchirée par cette rivalité, la France a du mal à défendre son image dans les classements internationaux. « Dans un monde où la grande taille des ensembles académiques favorise l’innovation grâce à la multiplication des partenariats, des échanges et des synergies et à la cohésion qu’ils génèrent, l’heure est nécessairement au regroupement et à l’intégration afin d’unir les forces de la recherche française. »[25][Rapport d’information du Parlement le 9 août 2017, Réussir le cluster de Paris-Saclay]. Ainsi, en décrétant les associations d’universités, le gouvernement prévoit de mettre fin à cette dualité et de réunir les forces de la recherche française, au bénéfice d’une visibilité mondiale.
La mise en place de ces regroupements d’universités et d’instituts de recherche a été décidée sur l’initiative du gouvernement. L’Etat fera de ces COMUE une force de frappe considérable pour rivaliser avec les meilleures universités américaines et défendre son rang dans les clubs de l’aristocratie scientifique et intellectuelle mondiale[26]. Le fait que les universités françaises sont à la traîne dans les classements mondiauxfût un sujet d’inquiétude majeure, conduisant à des débats fiévreux au Parlement.
Liste des COMUE
Des décrets des 29 et 30 décembre 2014 approuvent la création de plusieurs COMUE :
COMUE | TEXTE JURIDIQUE DE CREATION | INSTITUTIONS MEMBRES |
Normandie université | décret n° 2014-1673 | université de Caen, université du Havre, université de Rouen, INSA Rouen, ENSICAEN, ENSA Normandie |
Université Paris-Saclay | décret n° 2014-1674 | Centrale, HEC, ENS Cachan, ENSTA, Polytechnique, Supélec, groupe des écoles nationales d’économie et de statistiques, Mines-Télécom, Institut d’optique, AgroParisTech, université Paris XI, université de Versailles-Saint-Quentin |
Université Grenoble-Alpes | décret n° 2014-1675 | institut polytechnique de Grenoble, université de Grenoble I, université de Grenoble II, université de Grenoble III, CNRS et INRIA |
Institut polytechnique du Grand Paris | décret n° 2014-1676 | école internationale des sciences du traitement de l’information, Ecole nationale supérieure d’électronique et ses applications, institut supérieur mécanique de Paris |
Université Sorbonne-Paris-Cité | décret n° 2014-1680 | EHESP, IEP de Paris, INALCO, institut de physique du globe ; université Paris III, université Paris-V, université Paris VII, université Paris-XIII, CNRS, INED, INRIA, INSERM, IRD |
Languedoc-Roussillon universités | décret n° 2014-1682 | école nationale de chimie de Montpellier, université Montpellier-I, université Montpellier-II, université Montpellier-III, université de Nîmes, université de Perpignan, CNRS, IRD |
Ce mouvement de constitution de COMUE devrait se poursuivre.
Synthèse
L’Union européenne a usé de nombreux instruments financiers pour améliorer l’efficacité de son dispositif d’enseignement supérieur et de recherche. Bien sûr, à chacune de leurs éditions annuelles, les matrices de comparaison académique soulignent l’excellence sans équivalent des universités américaines. Le plan de riposte des pays occidentaux n’a pas tardé à se mettre en place : à travers la stratégie de Lisbonne, les ministres européens de l’Éducation ont convenu d’instaurer un espace scientifique de libre échange, de favoriser les ouvertures de postes de chercheurs dans les entreprises et de ramener les dépenses en R&D à 3 % du PIB. Le Conseil européen de la recherche fut créé en …. Le programme Erasmus a fait partir à l’étranger des millions de jeunes européens pour réaliser leurs études universitaires. On a travaillé à multiplier les alliances interuniversitaires, et à diffuser à large échelle les innovations et les produits de recherche. L’Union européenne a testé aussi la fiabilité d’un nouveloutil de classement – le U-Multirank – qui prend en compte les aspects multiples d’une université mondiale et rend justice à l’honorabilité des écoles universitaires européennes.
Cela dit, les initiatives n’ont pas toujours eu d’heureux résultats. Pour ce qui est du programme Erasmus, les effectifs de départ sont inférieurs à ce qui était prévu, et les étudiants préfèrent partir à destination de l’Amérique du Nord ou des États-Unis et boudent les universités occidentales. Les cadences de progrès et d’investissement scientifique diffèrent amplement entre les pays membres, ce qui n’est pas sans contrarier l’exécution des objectifs de Lisbonne. En fait, même si la part de l’Union européenne dans l’édition et la publication de travaux de recherche s’est gonflée, la quantité l’emporte sur la renommée, tant il est vrai que les scientifiques européens ont du chemin à faire pour voir leurs travaux repris et répétés de la même fréquence que ceux de leurs collègues en Amérique. Certains pays profitent plus que d’autres des retombées positives de ces programmes.
II.3 Partie 3 : Analyse du plan d’attaque de la France pour monter dans les classements internationaux d’universités : cas particulier du projet Paris-Saclay
L’ambition française de briller dans la ligue des établissements d’élite mondiaux n’est pas chose nouvelle. Mais elle s’est réveillée par suite des chiffres alarmants de Shanghai, où les institutions d’enseignement supérieur français n’ont pas cessé de décliner. En effet, le classement de Shanghai a eu un impact incendiaire sur l’image et le rayonnement des universités du Vieux Continent. Du reste, il n’est pas le seul, car deux autres outils d’étalonnage très connus – THE et CWUR- déclassent la France et ses voisins européens. Pour fuir cet état d’abaissement, la France a mis ses espoirs dans le chantier de Paris-Saclay. Ce projet phare tient à mettre sur pied un campus universitaire d’importance mondiale. Mais le site obéit à des enjeux difficilement réconciliables.
II.3.1 Position des universités métropolitaines dans les classements internationaux
La France est une puissance scientifique moyenne, tant au regard des indicateurs de succès ayant trait à la recherche ou à la production de nouvelles connaissances qu’au regard de l’encadrement pédagogique. Voilà quatorze ans que le classement de Shanghai a existé, et à chaque édition successive, les écoles d’universités franciliennes ne récoltent que de médiocres résultats. Comme nous pouvons lire dans le tableau … suivant, la première star de la recherche et de l’enseignement supérieur français pointe au 39e rang mondial. Les cinq années récentes ont été le théâtre d’une baisse constante des performances de la métropole dans ces palmarès. Par exemple, le nombre d’établissements tricolores distingués par le top 100 de Shanghai est de 3 en 2016 contre 4 en 2015, alors que la même année,… campus anglais ont été retenus.
Deux autres classements, auxquels les écoles de recherche, les médias et les gouvernements accordent une attention spéciale, méritent également d’être examinés, à savoir le classement CWUR et le classement du THE.
Comme son aîné, CWUR fait la part belle à la littérature scientifique, en jugeant les universités sur le nombre de chercheurs très connus qui officient chez eux. La première française du classement – l’École polytechnique – tient la trente-sixième place. Elle a trois points d’avance sur l’ENS Paris, qui se situe au trente-neuvième rang mondial. Les autres champions de l’enseignement français sont l’UPMC, l’université Paris-Sud, et Mines Paris Tech qui occupent respectivement la cinquante-quatrième, la soixante-quatrième, et la cent-neuvième place. Comme ce qui s’observe d’ordinaire dans les palmarès universitaires, les françaises sont en plein discrédit à cause du critère de réputation qui plaide mal en leur faveur.
II.3.2 Simulation du classement de Shanghai en appliquant le concept de regroupements
L’effet du regroupement est un peu inférieur à ce qu’attendu : additionner deux entités ne multiplie pas leur score par deux.
Tableau vi : Simulation de classement de Shanghai : COMUE françaises apparaissant dans le top 500
Universités françaises classées | Indicateurs de performance selon Shanghai | ||||||
Score total | Alumni | Award | HiCi | N&S | PUB | PCP | |
TOP 100 | |||||||
PSL
(26 établissements) |
40,1 | 53 | 62 | 12 | 30 | 47 | 35,5 |
Paris-Saclay (19 établissements) |
39,8 | 36 | 54 | 21 | 23 | 66 | 24 |
Sorbonne-Universités (11 établissements) |
35,6 | 35 | 27 | 26 | 30 | 62 | 22,5 |
Sorbonne-Paris-Cité (8 établissements) |
30,3 | 17 | 13 | 19 | 36 | 62 | 18 |
Strasbourg (6 établissements) |
24,7 | 29 | 29 | 14 | 17,7 | 37 | 18 |
TOP 200 | |||||||
Grenoble-Alpes | 22,7 | 0 | 15 | 17 | 23 | 48 | 16 |
Lyon-Saint-Étienne | 22,1 | 11 | 20 | 4 | 21 | 51 | 14 |
Aix-Marseille | 21 | 14 | 0 | 17 | 20 | 51 | 15,8 |
Univ. fédérale Toulouse | 18,2 | 0 | 0 | 15 | 21 | 45 | 14 |
TOP 300 | |||||||
Languedoc-Roussillon | 16,8 | 18 | 0 | 7 | 15 | 43 | 15 |
Aquitaine | 16,5 | 0 | 0 | 14 | 17 | 43 | 13 |
Limousin-Centre Poitou-Charentes | 15,1 | 12 | 0 | 9 | 16 | 38 | 11 |
Bretagne-Loire | 15 | 0 | 0 | 9 | 12 | 47 | 10 |
Lorraine | 14,9 | 12 | 16 | 0 | 8 | 34 | 18 |
TOP 500 | |||||||
Clermont-Université | 10,9 | 0 | 0 | 7 | 12 | 27 | 14 |
Côte d’Azur | 10,8 | 0 | 0 | 4 | 15 | 28 | 12 |
Bourgogne-Franche-Comté | 9,9 | 11 | 0 | 0 | 7 | 31 | 11 |
Lille-Nord-de-France | 9,9 | 0 | 0 | 4 | 6 | 35 | 9 |
Source : Observatoire de Paris, PSL (http://aef.publiatis.com/documents/DAM/{E4636700-6B26-45A9-A471-F8A3E6F8E5D9}/41465.pdf)
Classement QS (2016-2017) :
Tableau iv : les établissements français en tête du classement QS (2016-2017)
Rang | Établissement | |
33 | École normale supérieure | |
53 | École polytechnique | |
141 | Université Pierre-et-Marie-Curie | |
164 | CentraleSupélec | |
177 | École normale supérieure de Lyon |
Classement CWUR (2016) :
Tableau v : les meilleures universités de France selon le classement CWUR
Rang | Établissements | |
36 | École polytechnique | |
39 | École normale supérieure – Paris | |
54 | Université Pierre-et-Marie-Curie | |
64 | Université Paris-Sud | |
109 | Mines Paris Tech |
II.3.3 Université de Paris-Saclay
Niché au sud de Paris, le plateau Paris-Saclay est une opération d’intérêt national qui . Il rentre dans les gros chantiers d’aménagement du Grand-Paris. une ville campus d’envergure mondiale. À cheval entre le département de l’Essonne et le département des Yvelines. L’objectif est on ne peut plus clair : lutter contre l’éclatement du paysage académique parisien, ce qui fera émerger des infrastructures de taille comparable à celle des universités de la Grande-Bretagne ou des États-Unis, et du même coup,progresser dans les classements mondiaux.
Abrite une affluence extraordinaire de facultés, d’écoles d’ingénieur et d’organismes de recherche. A l’heure actuelle, le site de Paris-Saclay est fréquenté par 20 000 étudiants et quelques. D’ici 2020, le plateau prévoit de rassembler un effectif total de 30 000 étudiants, 20 000 enseignants-chercheurs et 21 infrastructures universitaires, ce qui représente 20 % des forces de la recherche française.
II.3.3.1 La vision du projet d’aménagement
Elle a pour objectif de
– devenir la première université pluridisciplinaire dans l’espace européen, en occupantles dix ou les vingt premières placesdes classements, tels que celui de Shanghai, établi par l’Université Jiao Tong de Shanghai, et ce, dans les dix années à venir.
– s’affirmer mondialement comme un haut lieu de la recherche, du génie scientifique et de l’excellence entrepreneuriale,à la manière de la Silicone Vallée ou du Cambridge britannique, en hébergeant en son sein des bâtiments universitaires, desgrandes écoles d’ingénieur, des laboratoires de pointe,des centres privés de recherche et développement ainsi quedes grandes compagnies industrielles.
– propager le rayonnement intellectuel de la métropole : attirer les plus brillants cerveaux et les meilleurs talents de la planète. La France sera une destination de choix pour tout étudiant ou étudiante qui veut suivre un cursus éducatif aux standards internationaux.
Le périmètre d’aménagement Paris-Saclay couvre deux départements(Les Yvelines et l’Essonne), vingt-sept communes et compte en tout 657 000 habitants. une dotation de
Un campus universitaire dynamique, où bourgeonnent des ingénieurs qualifiés et des éminents chercheurs de toutes les disciplines ; un pôle économique majeur, aimé des investisseurs et à l’avant-garde de l’innovation et des hautes technologies ;un site urbain d’exception, large de 7700 hectares,alliant activités d’enseignement et de recherche, quartiers d’affaires, habitat, services et équipements sportifs et culturels de qualité…Telles sont les orientations générales du projet, résumant les défis à relever et les images à concrétiser pour faire du cluster Paris-Saclay l’un des premiers campus mondiaux de demain.
« Je veux que l’endroit où nous sommes aujourd’hui devienne l’un de ceux où une entreprise est prête à dépenser une fortune pour s’installer, l’un de ceux dont rêvent les étudiants du monde entier, l’un de ces lieux qui sont en eux-mêmes une référence sur un CV. Je crois que ce pôle universitaire de renommée mondiale que l’Europe recherche, est en devenir ici même. […]. Je vous propose que maintenant nous agissions pour que les grandes découvertes et inventions du siècle qui s’ouvre naissent ici, en France, sur le plateau de Saclay. »[27]
II.3.3.2 Les grandes dates du projet
La naissance du projet Paris-Saclay remonte à l’après-guerre, force institutions éducatives ont élu domicile sur le périmètre, parmi lesquelles on peut citer la faculté des sciences de Paris, ancienne dénomination de l’Université Paris-Sud, l’École supérieure d’optique, arrivée en 1965, le HEC en 1964, connue comme la deuxième école de commerce d’Europe, derrièrel’université de Saint-Gall, selon le Financial Times, et la meilleure école de management au monde, selonle magazine The Economist[28].
II.3.3.3 L’Université Paris-Saclay
L’Université Paris-Saclay a été désignée comme le maître d’œuvre en charge d’exécuter le projet d’intérêt national. Elle est née du rapprochement de plusieurs centres d’enseignement et de recherche qui ont décidé de se fédérer pour mutualiser les formations et s’orienter vers une recherche au plus haut niveau international.[29]
L’Université Paris-Saclay regroupe en son sein dix-neuf institutions à but culturel, académique et scientifique. Chaque membre a un statut juridique à lui et conserve une autonomie de gestion sur ses activités. La COMUE est là pour assurer la convergence des activités de formation dans un esprit de projet partagé et pour conférer au site une bonne lisibilité territoriale. Actuellement, la COMUE propose quarante-sept licences générales, quatre-vingt-quinze licences professionnelles et quarante-cinq programmes de masters. Les diplômes sanctionnant la fin des cursus sont délivrés au nom de l’établissement. Un même label scientifique sera utilisé pour signer les dossiers de presse, les travaux de thèse et de mémoire des étudiants, ou les publications dans les revues scientifiques internationales.
Le regroupement d’universités nourrit une visée évidente d’image et de prestige : en s’associant en une COMUE, les établissements acquerront une taille humaine, seront représentés en la personne d’une institution scientifique unique et sortiront de l’ombre des universités anglo-saxonnes.
Ø Offices publics de recherche
Le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), l’Institut des hautes études scientifique (IHES), l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), l’Institut national de recherche en informatique et automatique (Inria), l’Office national d’études et de recherches aérospatiales (ONERA), l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).
Ø Grandes écoles
L’Institut des sciences et industries du vivant et de l’environnement (Agro Paris Tech), la CentraleSupélec, l’École des hautes études commerciales (HEC), l’École polytechnique (X), l’École normale supérieure de Cachan (ENS Cachan), l’École nationale supérieure de techniques avancées (ENSTA ParisTech).
Ø Universités d’État
Université Paris-Sud (UPSud) ;
Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ) ;
Université d’Evry (UVE).
Les principales contraintes du projet Paris-Saclay
La réussite du projet Paris-Saclay se heurte à de lourdes contraintes :
– l’emplacement
Le plateau Paris-Saclay a été aménagé sur un périmètre de 7 700 hectares qui découpe plusieurs entités administratives. Cela engendrera un empiètement territorial important. La concentration des universités dans un seul endroit s’est fait au prix d’un déménagement de masse. En tout cas, il n’y a aucun doute que le projet nuira au gigantisme historique de Paris. Beaucoup d’acteurs partagent cet avis et demeurent sceptiques sur le succès de ce pôle de recherche de taille incomparable : « la notion de masse critique ne doit pas être appréhendée que dans un seul sens : passé un certain seuil, la concentration, devenue excessive, peut s’avérer contre-productive »[30]. Cet avis n’est pas totalement faux, lorsqu’on regarde la capacité d’accueil des établissements champions dont les palmarès mondiaux font régulièrement la louange : l’université d’Harvard, numéro un mondial, ne compte que 19 700 étudiants, Oxford n’en détient que 17 000 et Cambridge 22 000[31].
– Mauvais départ
L’un des buts visés expressément par le projet est de mettre un terme à la dualité entre grandes écoles et universités, un préalable essentiel pour que la France remonte la pente des classements internationaux. Or, ce n’est pas que les établissements se retrouveront dans une même enceinte qu’il naîtra forcément une entente parfaite. Le regroupement était plus le fruit d’une procédure légale plus ou moins coercitive que d’un choix libre et éclairé des parties prenantes. Rappelons-nous les débuts mouvementés de cette fusion : l’absence de consensus entre les établissements sur le modèle de gouvernance à adopter était une source de blocage du projet, et la FCS Paris-Saclay a dû essuyer un non catégorique, lorsqu’elle a soumis son projet Idex au jury international en 2012. Le projet Paris-Saclay a donc du plomb dans l’aile, même si le concept initial est on ne peut plus louable.
– Défaut d’entente entre les intervenants
L’État a commis la faute de trop forcer la main aux acteurs participants, sans laisser au projet le temps de mûrir. Et la suite l’a bien prouvée, étant donné que lors de la réunion du conseil d’administration qui s’est tenue le 26 avril 2017, les dirigeants ont rejeté l’option de la fusion qui était la plus recommandée, mais ont fait seulement association pour garder leur existence juridique. Il a été décidé que l’université Paris-Sud prendra la tête du futur établissement de rang mondial, c’est-à-dire Paris-Saclay. Jusqu’à cette heure,Paris-Saclay n’est pas arrivé à cultiver une identité forte au plan mondial : l’organisation d’ensemble peine à se dessiner, la synergie manque entreécoles d’enseignement et les entreprises, le dynamisme économique attendu n’est pas retrouvé.
Tel est le message qui se dégage clairement du rapport de la Cour des comptes, en disant que : « la création d’une grande université de recherche intégrant universités et grandes écoles est au point mort et la stratégie de développement économique du site reste à mettre en œuvre.»[32]. L’Université Paris-Sud a été accablée de durs reproches, parce qu’elle a failli dans son rôle de leadership : elle n’a pas géré la vie associative de ses membres et n’a pas su animer les réseaux de solidarité et de coopération tels que prévus. Le directeur de l’Université de Bordeaux a fait part de son scepticisme : « On ne peut pas bâtir des COMUE tout en conservant des établissements autonomes en leur sein. Je pense qu’on devrait se pencher sur chaque site en tenant compte de ses spécificités. Cela ne veut rien dire de fusionner tous les établissements de Paris-Saclay. Mais il est sera difficile de construire l’université de Paris-Saclay et de la faire cohabiter avec l’université Paris-Sud en son sein. »[33]
«Au moment où ces lignes sont écrites, les établissements d’enseignement regroupés au sein de Paris-Saclay n’ont pas encore accepté de partager le label commun dans les classements de Shanghai, mais ils tiennent à être classés nommément. Ils diffusent leurs articles de manière individuelle au lieu de prendre le nom de l’université d’adhérence. A ce stade, ajoute la Cour des comptes, les deux conditions ne sont pas remplies pour que les grandes écoles françaises obtiennent une place plus décente dans les classements[34]. Faute d’être en bons termes et d’adopter une marche commune, le plateau de Saclay risque de ne voir jamais le jour, et le vieux rêve français de figurer dans le top 20 du classement mondial de Shanghai restera illusoire.
DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
De nos jours, l’économie mondiale semble raisonner en termes d’hiérarchie et de classement[35]. Nous assistons à une mise en compétition perpétuelle des nations dans de nombreux domaines de la vie.À commencer par le stade de développement : on classe les pays sur la base du revenu intérieur brut ou du taux de croissance, ou encore de l’ampleur du chômage. On les évalue en fonction du pouvoir d’achat des ménages, pour définir ce qu’on appelle le revenu moyen par habitant.On classe aussi les villes, les capitales et les pays au regard de l’affluence des touristes qui viennent les visiter, pour repérer qui sont les plus belles destinations de vacances de la planète.On classe les hôtels, les restaurants ou les gîtes de vacances en leur attribuant un rang de 1 à 5 étoiles.
L’explosion des classements touche aussi la méso-économie.Cela est dû à l’ouverture sur la scène mondiale, qui pousse chaque pays à mettre en valeur les domaines dans lesquels il excelle ou possède un avantage comparatif.La conformité à une norme ou à des pratiques mondialement reconnues peut également inspirer l’idée de classement. Ainsi les villes sont-elles jugées sur leur aptitude à offrir un air pur et une qualité de vie satisfaisante à leurs habitants. D’autres initiatives de palmarès distinguent les entreprises qui intègrent des considérations éthiques.En présence d’une offre abondante, il est simple et pratique de reposer sur ces outils de mesure et de comparaison qui aident à trancher.
Nous adhérons entièrement à cette remarque avertie de l’UNESCO :
« Les organismes de classement […] ne pourront jamais prendre en compte l’ensemble des fonctions et des activités des universités. » (UNESCO, 2017).
« Aucun système actuel de classements mondiaux n’est en mesure de présenter un panorama complet des universités ; le fait de prendre un classement, quel qu’il soit, comme norme pour évaluer la performance globale d’une université est inapproprié »(UNESCO, 2017).
Les « qualités complexes, mouvantes et multiples des établissements d’enseignement supérieur »(UNESCO, 2017).
« Les classements constituent donc indirectement des outils pour façonner l’excellence dans l’enseignement supérieur » (Hapsah, 2012).
Le rang des universités françaises dans le classement QS 2016-2017 :
CONCLUSION
Au terme de cette étude, nous avons mis en lumière l’utilité des classements mondiaux d’universités, en cernant leurs critères de partitionnement et d’indexation des écoles. Nous avons discuté de ce qu’elles peuvent ou ne peuvent pas nous apprendre. Il ressort principalement de notre mémoire que le XXIe siècle voit un resserrement de la compétition académique entre les pays, rendant par là inévitable l’existence des classements, dans la mesure où l’excellence des universités mondiales doit être attestée par des indicateurs de performance fiables, à l’élaboration desquels s’active un comité d’enquête habilité à cet effet. Les jeunes méritent d’être soigneusement avertis sur les capacités et les qualifications des prestataires d’éducation supérieure. Les palmarès internationaux, à l’exemple de Shanghai, du Times Higher Education et du QS, sont des réponses possibles à ce besoin d’information ; ils facilitent la lisibilité de l’offre universitaire mondiale, afin que les étudiants puissent choisir l’école qui leur convient le mieux.
Après avoir planté le décor par l’énumération des classements les plus en vue, nous nous sommes intéressés au plan stratégique de l’Union européenne dans le but d’améliorer ses performances dans ces matrices de scoring. Priorisant la recherche aux dépens de l’apprentissage et ne retenant que les publications scientifiques anglophones, le classement établi par Shanghai ne sourit pas aux établissements du Vieux Continent. Les chefs de gouvernement européen ont convenu de créer un espace de libre échange, de telle sorte que les chercheurs jouissent d’un droit de séjour, de travail et de partage des connaissances entre les pays. Une série de projets et de programmes financiers ont été conçus: le programme Erasmus qui finance le séjour des étudiants dans une université d’un pays de leur choix où il va poursuivre ses études ; les actions Marie-Curie qui se soucient de former des docteurs de haut niveau et de promouvoir leur carrière ; le classement U-Multirank, outil moderne et sophistiqué qui propose de combler les lacunes des anciens systèmes de classement en capturant les multiples facettes de l’enseignement supérieur ; l’Horizon 2020, l’initiative phare de l’Europe pour attirer des forces scientifiques du monde entier.
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[1] Dubourdeau, P., Leclère, M., Bastien, V. & Tordjman, J. (2011). Développer la marque France. Le journal de l’école de Paris du management, 89,(3), 29-36. doi:10.3917/jepam.089.0029.
[2] Observatoire des sciences et des techniques (Ed.). (2012). Les classements internationaux : enjeux, méthodologies et perspectives pour les universités françaises. Paris : Hcéres. En lignehttp://www.obs-ost.fr, consulté le 04 août 2017.
[3] LOI n° 2013-660 du 22 juillet 2013 relative à l’enseignement supérieur et à la recherche
[4]Brédif, H. (2009). Quel projet d’intérêt national pour le plateau de Saclay ?.L’Espace géographique, vol. 38,(3), 251-266. doi:10.3917/eg.383.0251.
[5]UNESCO, Rapport mondial sur la science 2016
[6] Commission européenne. (2014). Horizon 2020 en bref : le programme-cadre de l’UE pour la recherche et l’innovation. En ligne https://ec.europa.eu/…/horizon2020/sites/horizon2020/…/H2020_FR_KI0213413FRN…, consulté le 04 août 2017.
[7]UNESCO. (2017). Classements et responsabilisation dans l’enseignement supérieur : Bons et mauvais usages. L’éducation en devenir, no 1, Édition UNESCO : Paris. 334 p.
[8]UNESCO. (2017). Classements et responsabilisation dans l’enseignement supérieur : Bons et mauvais usages. L’éducation en devenir, no 1, Édition UNESCO : Paris. 334 p.
[9]Observatoire des sciences et des techniques (Ed.). (2013). Universités et classement de Shanghai : la qualité de l’information compte. Paris : Hcéres. En ligne http://www.obs-ost.fr, consulté le 10 août 2017.
[10]Harfi, M. & Mathieu, C. (2006). Classement de Shanghai et image internationale des universités : quels enjeux pour la France ?.Horizons stratégiques, 2, (2), 100-115. http://www.cairn.info/revue-horizons-strategiques-2006-2-page-100.htm.
[11]Cour des comptes, 2006, La carte universitaire d’Île-de-France : une recomposition nécessaire. En lignehttp://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/064000904.pdf
[12]Harfi, M. & Mathieu, C. (2006). Classement de Shanghai et image internationale des universités : quels enjeux pour la France ?.Horizons stratégiques, 2, (2), 100-115. http://www.cairn.info/revue-horizons-strategiques-2006-2-page-100.htm.
[13]UNESCO. (2017). Classements et responsabilisation dans l’enseignement supérieur : Bons et mauvais usages. L’éducation en devenir, no 1, Édition UNESCO : Paris. 334 p.
[14]Commission européenne, 2017, Un nouveau classement de 500 universités. Communiqué de presse. Bruxelles, le 17 décembre 2012. http://europa.eu/rapid/press-release_IP-12-1373_fr.htm
[15]Commission européenne, 2017, Un nouveau classement de 500 universités. Communiqué de presse. Bruxelles, le 17 décembre 2012. http://europa.eu/rapid/press-release_IP-12-1373_fr.htm
[16]LOI n° 2013-660 du 22 juillet 2013 relative à l’enseignement supérieur et à la recherche
[17]Ibid.
[18]Article L. 718-2 du code de l’éducation
[19]Décret n° 2014-1674 du 29 décembre 2014 portant création de la communauté d’universités et établissements « Université Paris-Saclay » et approbation de ses statuts et portant dissolution de l’établissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel « UniverSud Paris »
[20] Cour des comptes, 2006, La carte universitaire d’Île-de-France : une recomposition nécessaire.
[21]Ibid.
[22]Carroué, L. (2017). Paris-Saclay, une SiliconValley à la française ?. En ligne sur le site de Géoconfluenceshttp://geoconfluences.ens-lyon.fr/actualites/eclairage/paris-saclay
[23]Cour des comptes, 2006, La carte universitaire d’Île-de-France : une recomposition nécessaire.
[27]Archives du ministère de l’Intérieur. (2007). Intervention de M. Nicolas Sarkozy, ministre d’État, ministre de l’Intérieur et de l’Aménagement du territoire à SUPELEC (École supérieure d’électricité), lors de son déplacement sur le plateau de Saclay (Essonne)
[28]Carroué, L. (2017). Paris-Saclay, une SiliconValley à la française ?. En ligne sur le site de Géoconfluenceshttp://geoconfluences.ens-lyon.fr/actualites/eclairage/paris-saclay
[29]Brédif, H. (2009). Quel projet d’intérêt national pour le plateau de Saclay ?.L’Espace géographique, vol. 38,(3), 251-266. doi:10.3917/eg.383.0251.
[30]Brédif, H. (2009). Quel projet d’intérêt national pour le plateau de Saclay ?.L’Espace géographique, vol. 38, (3), 251-266. doi:10.3917/eg.383.0251
[31]Cour des comptes, 2006, La carte universitaire d’Île-de-France : une recomposition nécessaire. En ligne http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/064000904.pdf
[32]Cour des comptes, 2006, La carte universitaire d’Île-de-France : une recomposition nécessaire. En ligne http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/064000904.pdf
[33]Lemonde.fr, « Je ne vois aucun avenir à notre Comue ni à la plupart des Comues » : Manuel Tunon de Lara (Université de Bordeaux).
[34] Cour des comptes, 2006, La carte universitaire d’Île-de-France : une recomposition nécessaire. En ligne http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/064000904.pdf
[35] UNESCO. (2017). Classements et responsabilisation dans l’enseignement supérieur : Bons et mauvais usages. L’éducation en devenir, no 1, Édition UNESCO : Paris. 334 p.
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