Au sein d’un EHPAD, en quoi la pluridisciplinarité des équipes est un élément de complexité dans la mise en œuvre de projet de vie individualisé des résidents ?
Problématique : Au sein d’un EHPAD, en quoi la pluridisciplinarité des équipes est un élément de complexité dans la mise en œuvre de projet de vie individualisé des résidents ? (42)
Introduction
La loi n° 2002 – 2 du 2 janvier 2002 portant sur l’action sociale et médico-sociale modifie le statut et le rôle du patient dans le cadre de sa prise en charge. Cette loi renvoie aux droits des usagers et des innovations qui doivent se faire au niveau social et médico-social. Elle porte entre autre sur la mise en place d’outils de pilotages qui permet d’établir le lien entre la planification, la programmation, l’allocation des ressources, l’évaluation et la coordination des différentes activités au sein des établissements sociaux et médico-sociaux.
Cette loi met le patient ou le résident dans les EHPAD ainsi que leurs proches, au centre des démarches de soins. Dans ce cadre, les différentes activités déployées par les soignants et les professionnels qui se mobilisent autour de lui doivent respecter sa dignité, son intégrité, sa vie privée, son intimité et sa sécurité. D’autre part, la loi 2002 – 2 mentionne aussi l’obligation de mettre en œuvre un projet individuel qui s’accompagne de la réalisation d’un accompagnement spécifique à l’individu afin de permettre son développement, son autonomie et son insertion au sein de la société, en adoptant des stratégies et des techniques adaptées à son âge et à ses besoins. Lorsque l’individu peut encore s’exprimer, il peut participer aux différentes décisions concernant sa prise en charge[1].
Ainsi, la prise en charge des résidents dans les EHPAD nécessite aussi la mise en place d’un projet de vie individualisé dans lequel, le patient et son entourage sont invités à participer. La conception d’un projet personnalisé s’inscrit dans le cadre de la conformité au Code de l’Action Sociale et des Familles et aussi à la Charte de la Personne Accueillie. Dans le cadre de la réalisation de ce projet personnalisé, les différentes aspirations du résident doivent être mentionnées[2].
Mais ce ne sont pas uniquement, les résidents et leurs familles qui sont impliquées dans la mise en place de ce projet de vie individualisé. En effet, l’accompagnement des résidents est réalisé par une équipe pluridisciplinaire composée principalement par des salariés, des vacataires et des acteurs externes qui peuvent apporter des innovations dans le cadre de la prise en charge et l’amélioration de la qualité de vie des résidents[3]. Or, la pluridisciplinarité suppose la coexistence de différentes cultures, approches, démarches, outils, méthodes.
La présente étude va donc tenter de porter des explications en ce qui concerne l’implication de la pluridisciplinarité dans la conception et la mise en œuvre de projet de vie individualisé en EHPAD. Elle va donc tenter de répondre à la question suivante : Au sein d’un EHPAD, en quoi la pluridisciplinarité des équipes est un élément de complexité dans la mise en œuvre de projet de vie individualisé des résidents ?
Cette analyse vise principalement à améliorer la qualité de vie des résidents en EHPAD par le biais de l’optimisation de la conception pluridisciplinaire du projet de vie individualisé. D’autre part, elle va aussi essayer de connaître les corrélations entre la pluridisciplinarité et la qualité du projet de vie individualisé et son impact sur la qualité de vie des résidents en EHPAD.
Partie 1. L’établissement d’un projet de vie
- Etat des lieux et présentation de la méthode
- Présentation générale de la recherche et état des lieux concernant la pluridisciplinarité des équipes en EHPAD
Les institutions gériatriques constituent des lieux de vie pour les personnes âgées. Ainsi, il devient indispensable d’élaborer un projet de vie. Ainsi, l’établissement qui accueille les personnes âgées doit fournir des prestations de services identiques et de bonne qualité pour tous ses résidents : accueil, soins, hôtellerie. Mais la mise en place de ce projet ne peut être standardisée. Elle fait intervenir principalement :
- Le résident qui se trouve au centre de la création du projet de soins. Le projet de soins doit prendre en compte la personnalité du résident
- Les proches du résident qui, dans la grande majorité des cas, ont contribué à son admission au sein de l’établissement et qui constituent de fait des partenaires des soignants pour établir le projet de vie.
- Les soignants qui attribuent les différents soins aux résidents de l’EHPAD (UNIORPA, 2009 : 170).
Le projet de vie est spécifique à une personne. Mais sa réalisation nécessite la mobilisation de plusieurs compétences. En effet, les résidents en EHPAD présentent souvent de multiples pathologies et qui mobilise de ce fait, une équipe pluridisciplinaire. De plus, le principe retenu est que l’individu est considéré comme entier.
Dans ce cadre, les différents personnels qui interviennent dans le cadre de la prise en charge de la personne âgée dépendante sont amenés à faire des ajustements relationnels en fonction de la situation qui se présente et en fonction des caractéristiques de l’interlocuteur. Mais cette démarche n’est pas toujours évidente étant donné que l’équipe qui prend en charge la personne âgée dépendante ait ses propres caractères et ses propres approches pour communiquer avec le résident. Ainsi, la prise en charge pourrait comporter des enjeux relationnels et émotionnels aussi bien pour les soignants, qui doit prendre un certain recul pour pouvoir accomplir sa mission auprès du soigné ; que pour les personnes âgées qui requièrent un traitement particulier[4].
La pluridisciplinarité pourrait être considérée comme étant la présence et la coexistence de plusieurs spécialistes qui coopèrent ensemble en vue d’un objectif commun[5]. Cette notion de pluridisciplinarité suppose entre autre que les membres de l’équipe sont des professionnels variés ayant chacun leur champ d’action, avec leur manière de faire, mais dont les actions ne sont pas toujours concertées. Dans cette optique, il s’avère indispensable de mettre en place un climat qui permette l’entente entre ces différents professionnels, mais aussi, de coordonner leurs activités. C’est dans ce cadre, que s’inscrit la nomination d’un cadre qui se charge d’organiser les différentes actions au sein de l’établissement de santé (Manoukian, 2007 : 15-17).
A cela s’ajoute la nécessité d’optimiser les échanges entre ces différentes compétences. Il a été constaté que la charge de travail ne permet pas toujours les rencontres formalisées ou non entre les professionnels, si bien que les compétences spécifiques à un professionnel ne sont pas ou sont mal transmise à une autre, alors que l’optimisation de la prise en charge des résidents nécessite une concertation entre les différentes parties prenantes (Manoukian, 2007 : 15 – 17). L’enjeu qui se pose est donc d’optimiser cette pluridisciplinarité de manière à ce qu’elle devienne un levier de l’amélioration de la prise en charge et de la réalisation du projet de vie des résidents en EHPAD.
- Formulation des hypothèses
Cette étude tente de répondre à la problématique suivante : Au sein d’un EHPAD, en quoi la pluridisciplinarité des équipes est un élément de complexité dans la mise en œuvre de projet de vie individualisé des résidents ? La partie précédente portant sur la présentation générale de la recherche a permis de montrer que la pluridisciplinarité est observée au niveau des équipes qui prennent en charge les personnes âgées dépendantes. Or, les différentes actions des intervenants doivent toutes converger vers le résident. Mais pour être optimales, elles doivent être bien réfléchies et attribuées au moment propice. Ceci relève de la coordination des soins (Manoukian, 2007 : 15 – 17). Ceci nous conduit à la première hypothèse qui s’annonce comme suit : Le projet de vie nécessite la coordination d’une équipe pluridisciplinaire.
D’autre part, l’organisation du service impose que les différents projets de vie soient concertés entre les le résident, l’équipe et les proches du résident. En tant que lieu de vie, l’EHPAD doit assurer une bonne qualité de vie et de soins aux résidents. Cela implique le maintien de l’autonomie de la personne âgée le plus longtemps possible et l’évolution du projet de vie en fonction de l’évolution de la perte d’autonomie du résident. En fonction des raisons qui motivent ou qui imposent l’admission d’une personne au sein d’un EHPAD, et en fonction de la personnalité du résident, les soignants construisent un projet de vie et une prescription médicale, qui constitue le point de départ des programmes de soins. L’équipe pluridisciplinaire détermine les différents objectifs pour chaque patient, mais le cadre de santé organise les différents soins (Laulan, 2007 : 178). Il en découle la deuxième hypothèse qui s’annonce comme suit : Le résident se trouve au centre de la conception du projet de soins, mobilisant les activités d’équipe pluridisciplinaire dont les différentes approches sont coordonnées par le cadre de santé.
La pluridisciplinarité ne traduit pas une perte d’identification des personnels. Les rôles, les missions, les fonctions et les activités de chaque membre de l’équipe sont clairement définis dans les fiches de postes. Cela suppose en d’autres termes, la différenciation des fonctions. Mais se pose alors la question de l’adhésion de chaque membre à l’équipe et leur implication dans la mise en place d’un projet global. Cette adhésion et cette implication aux objectifs et aux valeurs communes constituent les fondements de la cohésion de l’équipe au sein d’une institution (Corval, 2009 : 454). La cohésion permet entre autre de faciliter la communication et les échanges au sein de l’équipe. Par ailleurs, les échanges entre les personnels qui se mobilisent autour d’un patient constituent une des conditions qui permettent l’amélioration de la prise en charge et de la qualité de vie des résidents dans la mesure où elle permet de donner de dynamiser l’équipe et l’établissement tout entier[6]. Ceci amène à la troisième hypothèse: L’adhésion de toute l’équipe pluridisciplinaire est essentielle pour optimiser l’utilisation des projets de vie individualisés des résidents.
- Méthodologie de recherche : l’entretien
- Définition et principe de l’entretien
L’entretien fait partie d’une des bases de la méthode clinique et de la recherche compréhensive. Il peut être réalisé à partir d’échanges dans le cadre d’un entretien non directif. Mais dans la plupart des cas, il se fait de manière semi-directive. Cette approche constitue une occasion pour établir le diagnostic des maladies et de déterminer par la suite, la thérapie à suivre. L’entretien avec le patient permet aussi de se rendre compte de ses émotions, de ses ressentis et de ses expériences. Cet entretien à visée thérapeutique permet donc de collecter les informations concernant le patient, ses attentes, afin d’ajuster les actions à suivre pour soulager la douleur, la souffrance ou la maladie. (Alexandre, 2005 : 379 – 380). Etant donné que l’entretien consiste en des échanges entre deux personnes, il s’inscrit donc dans le cadre d’une relation anonyme et de rapports sociaux entre celui qui pose les questions et celui qui y répond[7].
Les échanges verbaux entre le patient et son thérapeute ne constituent pas les seules formes d’entretien. Ce dernier peut se faire entre le chercheur et la personne ressource. La première démarche de l’entretien consiste à déterminer les personnes ressources. Le choix des répondants s’avère donc crucial étant donné que ce sont leurs propos qui vont être rapportés, analysés et interprétés afin de pouvoir tirer des éléments d’analyse. Les personnes ressources doivent de ce fait, apporter des informations et des éléments complémentaires, confirmant ou infirmant les propos recueillis dans la littérature scientifique. Ainsi, les personnes ressources occupent une certaine place dans le champ d’étude. Ce sont des personnes qui ont déjà acquis une certaine expérience leur permettant d’apporter des éléments de réflexions. Le choix des informateurs est particulièrement crucial et devrait se fonder sur leurs positions, tout en tenant compte du moment et des différents contextes dans lesquels s’est déroulée l’enquête.
Le milieu et le moment auxquels, l’entretien se déroule influence la qualité des informations recueillies ainsi que le comportement des répondants et des enquêteurs. C’est un point de l’enquête qui ne peut donc pas être négligé. Pour illustrer ce fait, il est plus facile et plus confortable pour un chercheur de lancer une recherche dans un cadre ou un milieu qui lui est familier plutôt que de se lancer dans un milieu étranger et inconnu.
Le contexte est également important dans la mesure où il pourrait influencer fortement les réponses apportées par les répondants. Pour illustrer ce fait, il a été constaté que les personnes ressources peuvent devenir réticentes à livrer des informations à des personnes qu’elles ne connaissent pas. Cependant, des biais pourraient aussi se révéler lorsque l’enquêteur connaît personnellement l’enquêté. Dans l’un ou dans l’autre cas, le répondant ne répond pas toujours de manière sincère à cause de la peur du jugement. Par ailleurs, les informations et les perceptions pourraient également devenir biaisées du fait du manque de prise de recul de l’enquêteur par rapport à son vécu. Il est donc indispensable de mettre en place un climat qui favorise la confiance, et qui facilite le dialogue. Plus la personne interviewée est à l’aise, plus elle est susceptible de donner des informations utiles à la recherche.
La deuxième étape de l’entretien consiste à prendre contact avec la personne ressource. Celle-ci varie d’un milieu à un autre. Elle peut être formelle ou non, et changer en fonction de la position de l’individu dans la société, son statut et le milieu dans lequel se déroule l’enquête. Il faut remarquer cependant, que l’enquête peut susciter les soupçons et les méfiances de la part des personnes ressources. Ainsi, pour entamer la discussion, le chercheur doit se présenter et justifier son travail jusque là, sans pour autant risquer de dévoiler les différentes dimensions de la recherche.
La troisième étape de l’entretien consiste à la prise de rendez-vous et aux différentes négociations. D’une manière générale, et plus particulièrement au début de l’enquête, ce sont les répondants qui imposent leur propre emploi du temps. Ce sont en général des personnes qui assument de nombreuses responsabilités au sein de la société, et qui ne disposent pas toujours de beaucoup de temps pour des interviews. Il appartient donc au chercheur de faire des négociations afin qu’il puisse gagner du temps pour réaliser son travail (le traitement des données et la rédaction), tout en s’assurant que le répondant sera à l’aise. Les négociations peuvent porter sur le temps qui devrait être consacré au travail, et qui devrait encore être imputés afin de consacrer de donner aux différentes parties prenantes. L’entretien implique aussi une négociation au niveau du lieu où va se dérouler l’entretien.
La conduite de l’entretien nécessite aussi le respect de certaines conditions. Dans cette optique, le chercheur est amené à rester objectif durant l’entretien afin de ne pas créer de gêne ses interlocuteurs afin qu’ils puissent s’exprimer sans contrainte. Les réponses des interlocuteurs sont nombreuses, mais le chercheur ne peut pas jauger si telle ou telle information est bonne ou mauvaise lors du dialogue. Seul compte le point de vue du répondant.
Les réponses de l’interviewé dépendent principalement du comportement de son interlocuteur. Les différentes postures adoptées par ce dernier conditionnent la nature des informations transmises. Lors de l’entretien, le chercheur ne doit donc pas faire une interview de journaliste qui se focaliser ait sur la recherche de plus d’informations possibles et la recherche de l’inédit. Il cherche uniquement des informations qui lui permettent d’étayer sa recherche. Parfois, le chercheur peut discuter avec son interlocuteur pour échanger leurs points de vue. Cette discussion enrichit le travail et donne des informations supplémentaires pour les deux parties. Par ailleurs, la conduite de l’entretien se base aussi sur les faits objectifs qui sont issus de l’enquête et des lectures du chercheur. La neutralité constitue une des conditions de base qui permettent d’optimiser le déroulement de l’enquête. Mais elle devrait aussi se dérouler dans le respect des règles d’éthique et de déontologie. Ainsi, les personnes qui conduisent l’enquête ne peuvent exploiter les informations données par les répondants à moins de détenir leur consentement[8].
- Les différents types d’entretien
Il existe trois types d’entretien : l’entretien directif (ou entretien dirigé), l’entretien non directif (ou entretien libre), l’entretien semi-directif (entretien semi-dirigé). L’entretien directif comme son nom l’indique, suppose que l’interviewer dirige ou oriente les thèmes de l’échange, qui devrait mener à une réponse précise, dans la plupart, des cas, une réponse fermée. Dans le cadre de ce type d’entretien, il est nécessaire d’établir à l’avance un protocole d’entretien, sur la base du champ d’investigation. Le questionnaire constitue l’outil privilégié pour ce faire. L’entretien directif est donc un échange verbal dans lequel, le sujet est amené à répondre à des questions précises. Ses réponses sont donc orientées et la personne interviewée ne peut pas s’exprimer aisément (Alexandre, 2005 : 381 – 382).
L’entretien directif est le plus contraignant pour les deux intervenants par rapport aux deux autres types d’entretien. Le chercheur se retient de faire des relances et le répondant se contente de donner des éléments très précis lorsqu’il répond. Dans ce cas, il ne peut pas donner des réponses libres. Ce sont en général des réponses très brèves qui n’apportent que très peu d’informations. Cependant, il peut devenir plus intéressant et plus pratique lorsqu’il s’agit d’enquêter un grand nombre de sujets. Il permet entre autre de réduire les risques de subjectivité de l’enquêteur et de l’enquêté[9].
L’entretien non directif suppose que le répondant peut s’exprimer librement sur un sujet, ou une question qui lui a été posée. L’interviewer doit dans ce cadre faire preuve d’écoute attentive afin de pouvoir discerner les enchaînements logiques des idées et des arguments avancés par son interlocuteur. Etant donné que la capacité de l’individu à s’exprimer librement soit mis en avant, il n’est pas rare que les propos débordent, ce qui nécessitent la relance de la part de l’interviewer afin d’obtenir la réponse à la question. Ce type d’entretien permet de recueillir les différents ressentis et les perceptions d’une personne ressource mais, l’interviewer doit déployer beaucoup d’effort pour collecter les informations reçues et pour en faire le tri par la suite (Alexandre, 2005 : 381 – 382 ).
L’entretien non directif a pour avantage de laisser s’exprimer librement la personne ressource. De ce fait, elle peut faire émerger des propos qui n’ont pas été forcément évoqués ou pensés par le chercheur. C’est donc un type d’entretien qui est utilisé au début de l’évaluation du sujet. Mais il ne donne qu’une vision très globale[10]. Cependant, il pourrait être limité par les rapports de force qui existent entre l’enquêteur et l’enquêté. En effet, l’interviewé est en situation dominé parce qu’il doit répondre aux questions posées par l’interviewer. De même, c’est ce dernier qui détient le pouvoir pour interpréter les propos avancés par l’enquêté[11].
L’entretien semi-directif pour sa part, constitue un intermédiaire entre les deux types d’entretiens (Alexandre, 2005 : 382). Pour mener l’entretien semi-directif, l’interviewer utilise un guide d’entretien qui correspond plus à un mémento ou un pense-bête qui lui permet de formuler les questions relatives aux différents thèmes ou aspects de l’entretien qu’il veut faire émerger. Cet outil d’entretien devrait apportent le plus de détails et de précisions possibles, mais il doit être facile à consulter. Par rapport aux deux autres types d’entretiens, l’entretien semi-directif ne se fait pas selon un enchaînement prédéterminé des questions ou des réponses. Il se déroule en fonction de sa dynamique propre[12]. Avec ce type d’entretien, les réponses apportées ne sont pas linéaires et les différentes relances ou interventions de l’interviewé ne sont pas programmés à l’avance (De Ketele et Roegiers, 2009 : 146).
Les caractéristiques de ces différents types d’entretiens sont résumées sur le tableau suivant :
Tableau1 : Les différents types d’entretien et leurs caractéristiques. D’après De Ketele et Roegiers (2009 : 146)
Entretien dirigé | Entretien semi-dirigé | Entretien libre |
Discours non continu, qui suit l’ordre des questions posées | Discours « par paquets », dont l’ordre peut être plus ou moins bien déterminé selon la réactivité de l’interviewé | Discours continu |
Questions préparées à l’avance et posées dans un ordre bien précis
Information partielle et raccourcie |
Quelques points de repère (passages obligés) pour l’interviewer
Information de bonne qualité, orientée vers le but poursuivi |
Aucune question préparée à l’avance
Information de très bonne qualité, mais pas nécessairement pertinente |
Information recueillie rapidement ou très rapidement | Information recueillie dans un laps de temps raisonnable | Durée de recueil d’informations non prévisible |
Inférence assez faible | Inférence modérée | Inférence exclusivement fonction du mode de recueil |
- Les avantages de la méthode
L’entretien est une méthode souple et flexible, et qui permet d’obtenir des informations pertinentes provenant de la personne ressource. Il permet de collecter les témoignages et les interprétations ou les perceptions du répondant autour d’une notion, d’un sujet. Il s’agit donc d’une méthode de recherche qui permet de recueillir les propos en respectant la personnalité de la personne. (Zagre, 2013 : 85 – 88).
L’entretien constitue la principale méthode permettant de déterminer le sens d’un objet, d’une notion, pour le répondant. Ainsi, il reflète le système de valeur du répondant et son interprétation des faits. L’entretien permet outre à cela, de collecter les avis, les propositions et les suggestions provenant des personnes ressources.
L’entretien constitue entre autre, une autre méthode pour trouver les différentes dimensions permettant d’analyser un problème donné. Lors des enquêtes auprès des personnes ressources, le chercheur peut déterminer les enjeux de la question ou du fait qu’il rapport, les différents points de vue des enquêtés, les systèmes de relations, etc. Puis, il correspond à une démarche de reconstitution d’un processus d’actions, d’expérience ou de faits passés[13].
L’entretien correspond à une situation sociale qui contribue à la compréhension de la perception d’une chose ou à un certain comportement de la part des répondants. Dans ce cadre, le contexte dans lequel, les entretiens se sont déroulés constituent un autre moyen pouvant expliquer en partie les réponses des interviewés (Gay, 2006 : 87). Par rapport à d’autres méthodes de collecte de données, l’entretien constitue une méthode simple et facile à mettre en œuvre. Il nécessite très peu de ressources matérielles et sa réalisation est facile. Les entretiens ne nécessitent pas beaucoup de temps et sont utilisés donc pour faire une analysa au niveau d’un nombre restreint d’échantillon. Cette méthode d’analyse qualitative permet de recueillir les informations qualitatives notamment, les faits vérifiables, les analyses et les avis des répondants concernant le sujet en question. Il constitue un outil pour faire des analyses et pour trouver les logiques d’actions et des représentations des répondants[14].
Parmi les avantages pouvant être tiré de l’entretien individuel se trouve la profondeur des données recueillies et l’aisance du répondant. En effet, les réponses peuvent parfois être superficielles si elles sont guidées par le chercheur lui-même. Avec l’entretien, il est plus facile pour l’enquêté de s’exprimer. Pour le chercheur, cette démarche constitue une autre démarche permettant d’employer leur propre langage en fonction de leurs catégories mentales. Le chercheur ne peut pas influencer les réponses de ce dernier puisqu’il utilise son propre cadre de références. Etant donné qu’il s’agit d’une discussion entre deux acteurs, les relances et l’émergence de nouvelles idées permettent de restreindre autant que faire se peut, les différentes questions qui ne trouvent pas de réponses (Zagre, 2013 : 88).
- Les limites de la méthode
Bien que l’entretien possède de nombreux atouts, il a été démontré que cette méthode comporte aussi des limites dont la plus importante semble être la subjectivité. En effet, la personnalité ou le comportement de l’enquêteur peuvent influencer les différentes réponses apportées par l’interviewé. D’autre part, elles se concentrent uniquement sur les pensées, les croyances, les ressentis et les perceptions du répondant. Or, la représentativité de ce dernier pourrait être remise en cause. Par ailleurs, la flexibilité de la méthode pourrait égarer aussi bien l’interviewer que l’interviewé. Ainsi, il est nécessaire de mettre en place des relances ou des mots-clés qui permettent de réorienter les propos vers le sujet qui intéresse le chercheur (Zagre, 2013 : 88).
L’entretien constitue une relation particulière qui met en exergue les rapports de forces entre celui qui pose les questions et celui qui répond. Ceci pourrait se refléter à travers les différentes négociations pour le temps et le déroulement de l’entretien, entre les deux intervenants. Dans cette optique, la personnalité de celui qui pose tout comme l’identité de celui qui est interviewé influence la négociation entre les différents acteurs. Ainsi, quand l’enquêté dispose d’un certain statut social ou possède de nombreuses ressources, il est souvent difficile pour le chercher de faire des négociations en ce qui concerne le temps et le lieu de l’enquête. De même, il pourrait avoir du mal à s’imposer alors que cela conditionne son aisance à diriger ou à relancer la conversation (Gay, 2006 : 87).
Il a été démontré que l’entretien semi-directif se base sur l’utilisation d’un guide d’entretien qui mentionner les différents thèmes à aborder lorsque l’enquêteur se trouve devant l’enquêté. Or, il a été trouvé que la construction de cette grille se base sur les différents thèmes, la problématique de la recherche sans pour autant se baser sur la situation et les contextes de l’enquête. Or, ces différents paramètres influencent fortement le déroulement de l’entretien. D’autre part, ce guide d’entretien a des effets très convergents en fonction du type d’individu enquêté. Pour les personnes qui ont un certain niveau d’éducation par exemple, le guide d’entretien pourrait être valorisant, alors que le cas contraire est observé chez les personnes qui n’ont pas la même chance. Parfois même, ce guide d’entretien pourrait susciter la peur ou la méfiance de la part des enquêtés. Or, cela l’empêche de s’exprimer librement (Gay, 2006 : 88).
Etant donné que les différents entretiens soient menés auprès d’un nombre limité de répondants, l’enjeu de la représentativité de l’échantillon dans le cadre de la réalisation d’un entretien. Au cas où le chercheur envisage d’augmenter le nombre de personnes ressources, alors le coût devient conséquent que ce soit du point de vue ressources humaines, qu’au niveau du temps. D’autre part, le fait que les réponses soient avancées par un faible nombre de répondants, alors le chercheur doit faire des vérifications des propos avancés, en mettant en avant des outils qui sont à combiner avec les autres outils d’analyse de contenu. A cet effet, l’entretien constitue un outil permettant d’établir les relations entre la recherche de systèmes de valeurs, des modes de représentation et des perceptions spécifiques à l’intérieur du groupe ou à sujet. Le côté pratique et flexible fait de l’entretien un outil privilégié pour obtenir des informations de la part du répondant.
Cependant, le chercheur ne peut pas jauger la sincérité et la véracité des propos du répondant. De même, les réponses qu’il va apporter va dépendre de sa motivation et de son implication, de son intérêt pour le sujet sur lequel il est questionné. Il n’est pas toujours évident de connaître l’originalité et la complexité des propos du répondant directement lors de l’entretien. Ainsi, lorsque le chercheur procède à l’analyse, celui – ci peut voir des propos réduits. Par conséquent, il est indispensable de rassembler tous les critères qui permettent d’assurer la scientificité de la méthode. Dans cette optique, il est nécessaire que le chercheur arrive à bien maîtriser la technique de l’entretien et surtout, les différents facteurs qui pourraient influencer la qualité des propos avancés par le répondant. Cela nécessite de l’esprit critique pour saisir les possibles raisons conduisant l’interviewé à avancer tel ou tel propos. Ainsi, il est possible que le chercheur vienne demander les impressions et le vécu du répondant lors de l’entretien. Ainsi, l’enregistrement ne devrait pas se terminer lors de l’entretien, mais quelques minutes après. A l’issue de l’entretien, il est intéressant de prendre des informations complémentaires concernant le répondant si possible et faire une étude comparative des sources d’informations[15].
- La notion de projet de vie
- Les principaux besoins des résidents au sein d’un EHPAD
Il faut noter cependant, que les besoins de ces personnes âgées qui sont admises dans les EHPAD évoluent dans le temps. Ainsi, les projets d’établissements et les projets de vie évolue aussi afin de mieux répondre aux besoins des résidents. Ainsi, l’analyse des besoins physiologiques, psychologiques, relationnels, spirituels, etc. des personnes âgées dépendantes constitue une démarche importante dans la détermination des modèles de prises en charge adéquate (UNIORPA, 2009 : 71 – 72).
En général, les besoins des personnes âgées admises dans un EHPAD se réfèrent d’abord aux besoins rattachés à la condition humaine. Ceci est représentée par les besoins tels qu’ils sont définis par Maslow dans son pyramide de besoin (figure X).
Figure 1 : Pyramide des besoins selon Maslow (source : http://semioscope.free.fr/article.php3?id_article=8)
En tant qu’être humains, les personnes admises en EHPAD ressentent la nécessité de satisfaire certains besoins comme les besoins physiologiques primaires. Cette première catégorie de besoins se trouve à la base même de la pyramide, ce qui suppose que tous les autres besoins ne pourraient être satisfaits à moins que les besoins physiologiques ne soient satisfaits. Cette catégorie reprend par exemple, la nécessité de se nourrir, de boire, d’éliminer les déchets, etc. (UNIORPA, 2009 : 71 – 72).
Quand les besoins physiologiques sont satisfaits, il est nécessaire que l’individu se sente en sécurité. De ce fait, il doit être rassuré d’avoir toutes les protections qui lui permettent d’affronter les différentes menaces qui se trouvent sur son chemin. Les établissements qui accueillent les personnes âgées dépendantes sont particulièrement amenés à réfléchir sur cette question de sécurité (UNIORPA, 2009 : 71 – 72).
Au troisième niveau se trouve le besoin d’appartenance. En effet, l’être humain ne peut pas vivre isolément. Il est inclus à l’intérieur de la société et il en est un des éléments. Dans ce cadre, le milieu de vie des résidents doit lui permettre de se sentir aimé, de ne pas se sentir isolé ou seul, ou être à part. La convivialité, l’ambiance de famille, l’amitié sont recherchées par les personnes âgées dépendantes. Le besoin d’a appartenance des personnes âgées se manifeste à travers leur recherche d’un cadre de vie ou d’un milieu qui leur est familier. C’est la raison pour laquelle, nombre d’entre elles refusent d’être admises au sein d’un établissement loin de leur ville ou de leur quartier (UNIORPA, 2009 : 71 – 72).
Elles éprouvent souvent la nécessité de mourir près de leurs ancêtres, puisque dans la plupart des cas, les EHPAD constitue le dernier milieu de vie de ces personnes. Cependant, ce souhait n’est pas toujours exaucé à cause des manques de place ou à cause de la nécessité d’admettre les personnes âgées dans un établissement ayant certaines caractéristiques en fonction de leurs besoins spécifiques. Le besoin d’appartenance peut se refléter à travers la recherche de la proximité avec les soignants qui s’occupent d’elles ou de leurs enfants, de leurs familles, etc. (UNIORPA, 2009 : 71 – 72).
Au quatrième niveau se trouve le besoin d’estime. Il a été affirmé que le besoin d’estime est fortement relié au besoin d’appartenance. En effet, c’est en se sentant appartenir à une famille, à un groupe que l’être humain pourrait avoir une estime de soi. Mais cette estime ne peut être acquise à moins que d’autres besoins relatifs à la physiologie et à la sécurité ne soient satisfaits. Dans le cas présent, l’attention attribuée par la famille du résident à la qualité des soins prodigués à son proche permet à celui-ci d’avoir une certaine estime de lui-même. Par ailleurs, cela donne un sens à sa vie et le permet d’atteindre le sommet de la pyramide représenté par le besoin de s’accomplir (UNIORPA, 2009 : 71 – 72).
Le besoin de s’accomplir suppose que l’individu s’épanouit à travers ses activités, dans son milieu de vie. L’accomplissement est le besoin ultime de l’être humain et ne considère pas uniquement, les choses matérielles. Le besoin de s’accomplir pourrait se traduire à travers la recherche de l’autonomie, de l’impression d’être toujours jeune, etc.[16]
Les différents besoins évoqués par la pyramide de Maslow montre les besoins fondamentaux de tout être humain, mais ne permet pas de discerner les spécificités des besoins des personnes âgées dépendantes admises en établissement. Il convient donc de parler par la suite, de ces besoins spécifiques. Il est indispensable d’évoquer donc les caractéristiques de ces résidents et d’en déterminer les besoins spécifiques.
Il est évident que les différents besoins qui vont être énumérés dans le cadre de cette étude ne peuvent être exhaustives étant donné que les profils changent d’un résident à un autre. Certes, les EHPAD accueillent des personnes âgées dépendantes, mais leur degré de dépendance varie aussi d’un individu à un autre. Ces résidents viennent de parcours et d’environnements particuliers, ce qui demande aussi des projets de vie différents d’un individu à un autre. Ils n’ont pas la même source de revenu, ni la même culture. De ce fait, les attentes et les besoins de ces résidents sont très diversifiés. Ainsi, ces deux éléments (attente et besoins) sont à prendre en compte dans le cadre de l’établissement du projet de vie.
Du fait de leur dépendance, les personnes âgées accueillies en EHPAD présentent une ou plusieurs pathologies. Ainsi, leur prise en charge doit se focaliser sur ces maladies, sur les souffrances qu’elles endurent et à l’attention qu’elles attendent de la part des soignants. La souffrance n’est pas ressentie uniquement au niveau physique, mais aussi au niveau moral. Dans cette optique, la qualité des soins est un des besoins des résidents en EHPAD.
D’autre part, les résidents dans les EHPAD ont aussi besoin d’une bonne qualité de vie étant donné que l’établissement n’est pas uniquement voué à l’attribution de soins, de thérapies, mais constitue aussi un lieu de vie. Cette qualité de vie dépend de quatre niveaux différents mais complémentaires qui contribuent tous à l’amélioration de la qualité de vie des résidents. Il s’agit notamment de
- L’accueil dans l’établissement
- L’organisation du cadre de vie et de la vie quotidienne des résidents de manière à ce que celle-ci lui permette de vivre vraiment, et de se sentir chez soi
- La vie sociale des résidents qui comprend ses interactions avec les autres résidents, les animations, les relations avec le personnel.
- Les interactions entre l’état de santé et la qualité de vie. En effet, les efforts permettant d’améliorer la qualité de vie des résidents ne pourraient apporter de la satisfaction au résident si ce dernier souffre physiquement.
Ces différents niveaux requièrent des accompagnements de la part de soignants[17].
- Définition et objectifs d’un projet de vie individualisé
L’établissement du projet de vie individualisé répond à la nécessité de répondre aux besoins et aux attentes du résident. Le projet de vie est établi afin qu’une personne puisse faire une projection de son avenir malgré sa maladie. Il s’agit donc d’un projet mentionnant les aspirations et le choix de l’individu, ses attentes. Le projet de vie ne constitue pas un bilan sur la personne, mais l’orientation des activités qui sont déployées pour la personne. Le projet de vie est donc établie à un moment crucial qui marque une tournure dans la vie d’une personne : mariage, vieillissement qui lui impose de réfléchir sur ce qu’il va faire, etc. (Mialocq, 2012 : 148 – 149).
Le projet de vie individualisé s’inscrit dans le cadre de l’accompagnement des résidents admis en EHPAD. Il a pour principal objectif d’encourager le maintient des capacités et de l’autonomie de la personne âgée. Ainsi, les différents actes qui sont inscrit dans ce document permettent de faire des stimulations intellectuelles, physiques ou psychologiques. L’accompagnement individualisé permet aux résidents de garder leur capacité résiduelle à travers des exercices physiques ou psychiques (Chotard-Verne, 2011 : 156 – 157). Cela s’inscrit dans le cadre d’un partenariat entre le résident, ses proches et l’établissement. Ce dernier va essayer d’adapter ses caractéristiques aux besoins des usagers afin de réduire la dépendance de la personne âgée. Dans cette optique, ce sont les caractéristiques, les particularités et les expériences du résident qui sont à prendre en compte pour réaliser les différents actes de soins. Mais comme le coût de la prise en charge varie d’une personne à une autre, l’élaboration du projet de soin permet de déterminer les ressources matérielles, humaines, financières et en temps à déployer pour répondre aux besoins du résident. Il permet entre autre de déterminer les différents comportements et les attitudes à mettre en place pour offrir des services de bonne qualité au résident (Manoukian, 2007 : 11).
Le projet de vie reflète, le passé, le présent et l’avenir du résident. Comme chaque individu a ses propres expériences et son vécu qui conditionne ou qui influence son comportement, ce projet est spécifique à une personne. Cependant, il évolue avec le temps, la situation financière, l’état de santé, etc. de la personne concernée. Le projet de vie tient compte de plusieurs dimensions de la vie dont la vie personnelle, le lieu de vie, le parcours médical et la vie professionnelle si l’individu est encore jeune ou actif[18]. Pour le résident, le projet de vie constitue sa perception de sa vie future, mais pour l’établissement et les professionnels, il s’agit d’un outil qui reflète la structure et les différentes applications à mettre en œuvre (Mialocq, 2012 : 148 – 149).
Le projet de vie doit présenter la structure, les professionnels et l’aspect logistique de la prise en charge des résidents. En ce sens, il doit mentionner les différents postes ainsi que les budgets alloués à ces ressources humaines, l’organigramme et les moyens à mettre en œuvre pour répondre aux besoins et aux attentes des résidents. Par ailleurs, ce document doit aussi refléter les différentes démarches qui contribuent à réaliser le projet de vie de la personne au niveau de l’hôtellerie, des soins et de l’animation (Mialocq, 2012 : 148 – 149).
Ainsi, le projet de vie comporte un projet hôtelier qui se réfère à la vie dans les locaux communs et individuels, la restauration et l’aide attribué au résident chaque jour. Ce premier projet renvoie à l’organisation des travaux des professionnels et des communications entre les différents professionnels à traves les réunions, les transmissions des dossiers et des compétences. Ces professionnels sont amenés à entrer en relation avec les usagers (Mialocq, 2012 : 148 – 149).
D’autre part, le projet de vie comporte le projet de soins qui est très important dans la prise en charge d’une personne âgée dépendante. Le projet de soin implique les différentes thérapies permettant de soigner les maladies du patient et à prévenir les différentes maladies ou les désagréments qui peuvent se produire comme l’augmentation du niveau de dépendance, les effets secondaires résultants de la prise de médicaments dont les effets sont divergents, etc. Le projet de soin démontre donc, la dimension individuelle et institutionnelle des soins prodigués aux résidents : le traitement de chaque individu, les réponses aux urgences, la mise en place de mesures permettant de prévenir les fuites ou les fugues ou autres incidents qui peuvent se produire au sein de l’établissement. Les mesures préventives permettent d’éviter les détresses physiques et psychiques (Mialocq, 2012 : 148 – 149).
Le projet de vie englobe un projet d’animation. Les résidents doivent bénéficier d’animations qui leur permettent de faire des activités communes. Il faut noter que les activités inscrites dans le cadre de ces animations ne sont pas destinées à occuper uniquement, les résidents, mais surtout, à dynamiser et à vitaliser tous les habitants de l’EHPAD. Les différentes animations sont très importantes pour la vie de l’établissement. Parmi les animations réalisées en EHPAD se trouvent les sorties, les ateliers, les débats, etc. Mais dans ce cadre, il convient de distinguer les animations individuelles et les animations collectives. Ces deux types d’animations doivent être bien équilibrés dans le projet de vie (Mialocq, 2012 : 148 – 149).
Pour le résident, l’animation constitue une condition permettant d’améliorer la qualité de vie, pour l’établissement, c’est un facteur de cohésion et pour les personnels soignants, c’est une méthode qui favorise la bienveillance vis-à-vis des résidents. Les différentes composantes du projet de vie à savoir, l’hôtellerie, les soins et l’animation constituent des critères permettant d’éviter la maltraitance et des malveillances en EHPAD (Mialocq, 2012 : 148 – 149). Ce document permet aux professionnels de déterminer leurs missions auprès de la personne âgée afin que les besoins et les attentes du résident puissent être répondus en utilisant à bon escient les différentes ressources à la disposition des soignants. Cela conduit à l’amélioration de la qualité des soins et des autres services donnés aux résidents. Ceci renvoie à la mesure de la qualité par le biais d’indicateurs qui doivent être mentionnés dans le projet de vie. Il s’agit notamment du
- Degré d’humanisation des pratiques
- L’appropriation du lieu de vie par les résidents
- Développement des pratiques sociales qui vont intégrer le nouveau résident au groupe
- Optimisation des relations interpersonnelles
Etant donné l’importance de la qualité dans le cadre du projet de vie, certains établissements décident d’intégrer le projet de qualité au projet de vie afin de réajuster les différentes pratiques institutionnelles. Mais ces pratiques doivent s’inscrire dans le respect des critères éthiques qui sont régulièrement évalués[19].
- Principales étapes de la réalisation du projet de vie
La construction d’un projet de vie commence par des échanges entre les résidents et les soignants au sein de l’EHPAD. Au cours de cette discussion, les résidents expriment les raisons pour lesquelles, ils sont admis au sein de l’établissement, leurs attentes vis-à-vis de l’établissement et de son personnel, etc. (UNIORPA, 2009 :71).
Le projet de vie constitue une démarche dans lequel, le soignant est amené à prendre en considération le milieu de vie, le milieu dont le soigné est issu, les motivations de celui-ci. Ainsi, les soignants sont amenés à accompagner les résidents à établir leur projet de vie. L’accompagnement ainsi mis en place s’élaborer en fonction de la maladie de la personne considérée. Mais il doit aussi tenir compte des autres composantes de sa vie : ses attentes, ses souhaits, etc.[20]
Le projet de vie se conçoit en équipe afin de pouvoir donner des soins et des services humains. Dans cette optique, il faut que les résidents jouissent d’une bonne qualité de vie pour le restant de leurs jours. Les échanges entre les membres de l’équipe permettent de réfléchir aux différentes ressources disponibles et les méthodes à déployer pour satisfaire les besoins des résidents. Des procédés techniques peuvent être évoqués dans le cadre de la réalisation de ce projet de vie. Mais les intervenants sont aussi amenés à prendre en compte la dimension psychothérapeutique et psychopédagogique de la prise en charge des résidents[21].
La première étape de la construction d’un projet de vie consiste donc à recueillir le plus d’informations possibles concernant le résident car les observations le concernant permettent l’ajustement des activités à mettre en place. Les informations concernent principalement, la vie passée du résident, ses goûts, ses valeurs et aspirations, sa capacité d’adaptation. D’autre part, les soignants portent une attention particulière au bilan médical, fonctionnel et psychique de la personne, son évolution ou l’évolution de sa maladie[22].
Les différentes informations recueillies auprès du résident servent à analyser les besoins et les attentes des patients. La collecte de renseignements concernant le résident ne se fait pas uniquement par des échanges verbaux, mais aussi avec les observations des comportements du patient. Ceci permet de déterminer les différents besoins du patient : besoins en soins, besoins de traiter les risques et la fragilité et la mise en place de projet pour la nuit. Mais étant donné que les patients en général perdent certaines de leurs capacités, il pourrait être nécessaire parfois de déterminer conjointement les besoins des résidents et des personnes qui l’aident.
Quand les besoins des patients aient été déterminés, leurs attentes sont considérées par les soignants. Les attentes ont été déterminées lors de l’évaluation initiale. Elles peuvent correspondre aux attentes du résident, mais aussi de celles de son entourage. Les éléments biographiques comme les parcours, les habitudes de vie et la culture du résident sont rassemblés[23]. L’élaboration du projet de vie individualisé repose sur l’analyse de deux composantes essentielles que sont la qualité de vie du résident au quotidien, du point de vue social et citoyen, mais aussi, les soins.
Or la réalisation de telles démarches ne peut se faire à moins de recueillir le plus d’informations concernant le résident si bien que des difficultés en ce qui concerne l’intrusion pourraient se poser. Ainsi, il convient que le soignant qui fasse l’interrogation du résident ou de ses proches arrive à faire comprendre à ses interlocuteurs, l’importance de telle ou telle information dans le cadre de la réalisation d’un projet de vie. Dans certains cas, il pourrait être amené à attendre avant de poser sa question[24].
La conception d’un projet de vie individualisé ne constitue pas la finalité de la prise en charge du résident. En effet, ce document rassemble les différentes activités et les actes de soins qui doivent être attribués au patient. Mais encore faut-il qu’ils soient mis en œuvre. Après la construction du projet de vie individualisé, il est nécessaire de faire le suivi de la réalisation de ce projet et de faire une actualisation si besoin est. Pourtant, force est de constater que les résidents des EHPAD ne bénéficient pas toujours de cette opportunité. D’autre part, les résidents qui ont contribué à l’élaboration du projet de vie individualisé ne se sentent pas satisfaits des services rendus[25]. De ce fait, les personnels soignants et les responsables de l’accueil et de l’accompagnement des résidents qui ont établi le projet de vie doivent veiller à trouver l’équilibre entre l’allocation des différentes ressources et la mise en place de stratégies permettant de répondre aux besoins spécifiques de chaque résident, et les différentes ressources à la disposition de l’EHPAD. L’organisation et le fonctionnement de l’établissement doivent aussi être considérés dans le cadre de la mise en œuvre de ce projet de vie individualisé[26].
- Les acteurs impliqués dans l’établissement de projet de vie
- Les professionnels de santé
Les professionnels de santé sont les principaux intervenants qui vont mettre en œuvre le projet de vie. Dans ce cadre, les soignants sont amenés à accompagner les résidents et leurs familles dans l’établissement de ce projet. Pour ce faire, ils mènent une réflexion autour des principaux actes que l’équipe pluridisciplinaire est amenée à faire. Les soignants veillent à ce que les actions proposées répondent bien et soient accomplies autour du résident, mais ils considèrent entre autre, les répercussions de telles actions ou de tels travaux sur la vie de l’établissement. La réflexion autour de ces actes permet de déterminer les objectifs et les hiérarchies de l’établissement (Aveline et al. 2000 : 279).
La conception d’un projet de vie individualisé fait intervenir plusieurs professionnels dont la direction, le personnel et le Conseil de la vie sociale. L’élaboration du projet de soin prime dans la grande majorité des cas sur le projet de vie des résidents. L’encadrement médical constitue de ce fait, la première démarche des soignants qui sont dirigés par le médecin coordonnateur, l’infirmière référent, les aides soignants et les aides médico-psychologiques. Ce sont ces quatre piliers qui assurent l’encadrement et la prise en charge et qui interviennent également dans le cadre de l’établissement de projet de soins à l’endroit du résident qui arrive au sein de l’EHPAD. Le projet de soin personnalisé dépend de l’état de santé physique et psychique du patient, mais aussi en fonction de ses besoins et de son degré de dépendance (Cap Retraite, 2014 : 10 – 11).
Parmi les soignants qui interviennent dans le cadre de la création d’un projet de vie pour les résidents se trouvent l’infirmier qui va entrer en contact direct avec le résident et les différents membres de son équipe qui assurent la prise en charge. Ceci implique plus particulièrement les aides-soignants. Dans cette optique, l’infirmier est chargé des relations avec le résident et sa famille, mais constitue aussi un lien avec les autres soignants. Etant donné que le projet de vie soit construit dans le but d’améliorer la qualité de la prise en charge du résident, alors, il se porte garant de la qualité des soins prodigués aux résidents. Il se charge entre autre de la mise en place et du suivi des projets de soins et des projets d’animation (Aveline et al., 2000 : 279).
Le médecin coordonnateur et le médecin traitant constituent les principaux acteurs de la construction de projet de vie individualisé en EHPAD[27]. Cependant, il a été constaté que le médecin traitant n’est pas très sollicité dans le cadre de l’élaboration du projet de soin et il n’intervient pas au niveau du suivi de la mise en œuvre de ce projet de vie et du projet de soin en particulier. Le médecin coordonnateur est impliqué pour sa part, dans l’admission et la prévention de certaines maladies. Par contre, un rôle prépondérant est assuré par l’infirmier coordinateur qui intervient dans l’élaboration du projet de soins personnalisé[28].
Il faut noter cependant, que ces deux principaux acteurs ne peuvent pas suffire pour assurer une meilleure prise en charge des résidents qui se trouvent au sein d’un établissement. Dès l’accueil, la prise en charge du résident fait intervenir plusieurs personnes ressources. D’ailleurs, la coexistence de plusieurs maladies couplées au vieillissement de la personne conduit de nombreuses compétences et spécialités à intervenir au niveau du patient : éducateurs spécialisé, psychologues, nutritionnistes, assistants sociaux, médecins, personnels médicaux, etc. Tous ces acteurs interviennent dans le cadre la mise en place d’un projet de soin et l’amélioration de la qualité de vie des résidents. De ce fait, ces différents acteurs peuvent aussi intervenir dans le cadre de la conception du projet de vie du résident. Mais dans cette optique, la coordination des différentes activités et leur complémentarité assure la réalisation des objectifs qui sont fixés par le projet de vie et à la réalisation des points clés de la prise en charge (Berger et Humbert, 1998 : 152).
La construction et la mise en œuvre de ce projet de vie ne peut se faire à moins que des critères ne soient remplis de la part de l’infirmier. C’est une démarche qui remet en question ses pratiques professionnelles et sur sa culture. Dans la réalisation du projet de vie en effet, les infirmiers sont amenés à accompagner le patient, ce qui suppose que ce dernier peut encore faire des choses, prendre des décisions. Dans ses démarches, l’infirmier doit se tenir près de lui et l’aider, et non pas prendre une décision à sa place. Cet accompagnement suppose entre autre que les résidents soient accompagnés quotidiennement par les aides-soignants. L’accompagnement est physique ce qui devrait conduire au maintien de l’autonomie des résidents, mais aussi moral et psychique afin de rassurer le résident et lui apporter son soutien (Aveline et al., 2000 : 279).
- La famille des résidents
La construction d’un projet de vie individualisé engage aussi le résident et sa famille. L’implication du résident dans ce processus permet de montrer qu’il est encore autonome et qu’il peut prendre certaines responsabilités et gérer sa vie. Les différents projets de soins ou d’animations qui sont proposés aux résidents en EHPAD doivent obéir à la volonté du résident (Aveline et al., 2000 : 280). Le résident se trouve de ce fait, au centre même de la construction de son projet de vie. Et pourtant, force est de constater que les résidents qui sont admis en EHPAD présentent souvent des troubles cognitifs, ce qui ne leur permet pas toujours de bien discerner leurs attentes et leurs besoins, leurs souhaits concernant les programmes qu’il faut mettre en place pour atteindre leurs objectifs. Ainsi, les soignants et leurs proches font des observations des comportements externes du résident qu’ils vont par la suite interpréter (Granval, 2000 : 158 – 159).
Le projet de vie est conçu sur la base des expériences de vie, de la situation financière, de l’état de santé et de la vie passée du résident. Or, il n’est pas toujours évident trouver ces différentes informations surtout lorsque le résident est atteint de troubles cognitifs. Dans ce cadre, les proches pourraient apporter des informations supplémentaires qui peuvent aider à la construction du projet de vie[29].
Au cas où le patient ne présente pas de troubles psychologiques, alors il peut s’exprimer sur ses attentes. Dans le cas de personne ayant des troubles psychologiques, les personnes qui se chargent de la construction du projet de vie peut consulter les proches du résident. Cette démarche permet d’impliquer les proches du résident dans la prise en charge. Ceci constitue en effet, un moyen fortement recommandé pour assurer la qualité de vie et de soins aux résidents. Quand le projet de vie individualisé a été établi, les résidents et/ou leurs proches interviennent pour faire le suivi de la mise en œuvre du projet[30]. La présence de la famille constitue une condition clé pour que le résident ne se sente pas trop dépaysé. Cette condition est aussi nécessaire pour que le résident puisse toujours garder le contact avec l’extérieur. Enfin, c’est une démarche qui permet de faciliter le suivi de la réalisation du projet de soin individualisé[31].
Dans le cadre de la construction du projet de vie par toutes les parties prenantes, il a été constaté que la famille devrait être considérée comme étant un partenaire du projet. En ce sens, elle aide les professionnels à établir le projet et s’implique entre autre dans le cadre de la vie d’établissement. La famille constitue aussi un partenaire essentiel dans la réalisation du projet de vie et de l’évaluation sur la qualité de vie du résident. Pour faciliter la tâche de la famille, elle peut être invitée à visiter l’établissement en compagnie du résident afin de pouvoir déterminer les personnalisations et les suggestions.
L’établissement doit communiquer à la famille les différentes activités qu’il organise, les ressources à sa disposition afin que celle-ci puisse décider de faire entrer leur proche dans cet établissement et de participer au projet de vie qui pourrait contribuer à l’amélioration de la qualité de vie du résident. Ceci permet entre autre de mieux adhérer la famille dans les différentes activités de l’établissement de manière à ce qu’elle puisse toujours participer à la vie de l’EHPAD et garder le contact avec leurs proches. Il a été constaté en effet, que ce contact est très important pour le bien-être du résident.
L’établissement doit communiquer à la famille par contre, les différentes informations concernant les différents évènements qui se passent au sein de l’établissement. Celle-ci pourrait être facilitée par Internet et par les fiches de liaison ou par téléphone. Elle est aussi tenue informée de l’état de santé de leurs proches. Cette démarche est renforcée par le droit du résident à obtenir le soutien d’une personne de confiance pour prendre des décisions lorsque ses capacités cognitives ne lui permettent plus de tels exploits[32].
Le résident et sa famille devraient être intégrés dans le cadre de l’élaboration, de la mise en œuvre et le suivi du projet de vie individualisé. Cependant, cette démarche faisant intervenant trois acteurs n’est pas toujours observé au niveau des EHPAD. L’enquête de l’ARS en 2011 a affirmé que 1 EHPAD sur 12 prend en compte des résidents et de leurs familles dans le cadre de l’élaboration de ce projet de vie. C’est uniquement au cours de la signature du projet de vie personnalisé que ce dernier intervient. De même, le médecin traitant n’est pas toujours consulté lors de l’élaboration de ce projet personnalisé[33]. Les différentes démarches de conception d’un projet de vie est résumé sur la figure suivante :
Figure 2 : Principales étapes d’élaboration du projet de vie individualisé (source : http://www.uspalz.com/Media/slides/2013/posters/P29-Le-Projet-de-Vie-Individualise-FM-NA.pptx.pdf)
Sur ce tableau, nous pouvons constater que le recueil des données et la conceptualisation du projet est réalisé avant l’intervention du résident ou de sa famille et de son représentant légal. Ici, la discussion avec le résident se base sur un projet ayant déjà été conceptualisé auparavant. De ce fait, les théories concernant la participation de la famille du résident à l’établissement d’un projet de vie individualisé n’est pas vérifié par les données empiriques.
Partie 2. Le cadre de santé, un acteur clé dans la coordination des équipes pluridisciplinaires et dans le cadre de l’établissement de projets de vie individualisé
- La place et les missions du cadre de santé au sein de l’EHPAD
- Le cadre de santé comme manager
Depuis la mise en place de successions de réformes ayant pour objectif de réduire les dépenses des hôpitaux tout en améliorant la qualité de la prise en charge, une attention particulière a été accordée au management des soins. Le cadre de santé constitue un manager de proximité. Bien que dans la grande majorité des cas, les cadres de santé soient des infirmiers qui se sont spécialisés par la suite, aux formations pour manager, leurs fonctions ne concernent plus l’attribution des soins aux patients mais bien à l’encadrement de l’équipe qui prend en charge le résident. Cet encadrement se fait sous la supervision des médecins. Dans ce cadre, ils suivent les parcours des patients en fonction des préconisations des médecins. Le management assuré par le cadre de santé concerne les ressources humaines et matérielles[34].
Le cadre de santé se focalise sur le management participatif et l’encadrement de proximité, dans un établissement marqué par le renforcement des liens avec la direction. Les cadres de santé sont donc amenés à optimiser le lien avec ses différents partenaires qui interviennent dans le domaine de la prise en charge des résidents. La formation de cadre de santé est attribuée aux différents soignants comme les infirmiers, les personnels de laboratoire qui se chargent à la fois de l’encadrement et du management. Le décloisonnement permet de réunir les différents professionnels de santé afin d’optimiser la qualité des prestations de services fournis aux soignés (Scotti, 2007 : 32 – 33).
En tant qu’acteur clé dans l’encadrement des professionnels de santé, le cadre de santé doit s’assurer que tous les membres de l’équipe accèdent à une formation adéquate qui leur permette de prendre en charge les résidents de l’EHPAD. Ceci s’inscrit entre autre dans le cadre de la promotion des employés et le transfert de connaissances et de compétences aux résidents. Cela permet aussi de jauger l’écart qui existe entre les connaissances et les compétences des employés et les compétences et les attitudes effectivement recherchés par les résidents et leurs familles. Par ailleurs, le cadre de santé doit aussi vérifier que tous les personnels soient conscients des règlementations professionnelles et des dispositions de réactualisation des connaissances (Scotti, 2007 : 55).
Le cadre de santé gère d’une part les ressources humaines mais aussi les matériels et les locaux. Ainsi, il veille à ce que les acteurs accèdent aux ressources utiles pour accomplir un acte de soin, mais il veille à ce que la ressource ainsi fournie soit utilisée à bon escient et fonctionne de façon optimale. Ceci permet d’améliorer la prise en charge des résidents. En ce sens, il s’assure que les personnes qui utilisent le matériel maîtrisent bien l’utilisation du matériel. Après utilisation, le cadre de santé s’assure de l’entretien des matériels utilisés. En d’autres termes, le cadre de santé est responsable de l’adéquation entre les besoins sanitaires, des équipements et des démarches adoptées par les membres de l’équipe. Il est aussi responsable de la prévention de risques (Scotti, 2007 : 40 – 41).
Le management et la gestion se focalise aussi sur la qualité de la prise en charge des résidents. Le cadre de santé est responsable de l’amélioration de la prestation de service auprès des résidents. Dans ce cadre, il priorise les différentes actions à mettre en œuvre (Scotti, 2007 : 48). Outre à cela, le cadre de santé doit aussi gérer les risques par des prises en charges efficaces. Le cadre de santé doit de ce fait, mettre en œuvre des actions stratégiques par le biais de la mise en place d’une politique d’établissement qui se décompose en plusieurs démarches, des actions organisationnelles qui consistent à coordonner les activités entre les services, et des actions opérationnelles focalisées sur l’activité de l’équipe et la fiabilité des prestations (Poullain et Lespy, 2002 : 109).
Etant donné qu’il se porte garant de l’amélioration de la qualité des soins apportés aux patients, le cadre de santé se charge de l’accompagnement du résident et se trouve au cœur de tous les processus de soin. Mais les soins ne peuvent être satisfaisants et efficaces à moins que les professionnels de santé qui se charge de les prodiguer n’aient toutes les compétences pour réaliser des soins de bonne qualité. Ainsi, le cadre de santé manager, veille à l’encadrement et à la valorisation des ressources humaines de l’unité de soins. En ce sens, il s’assure que les étudiants aient des compétences et les performances requises pour donner un soin spécifique et que celles-ci soient bien gérées afin que l’équipe présente un niveau de compétence élevé.
Le cadre de santé constitue une interface entre le patient et les soignants. En ce sens, il doit écouter, accompagner et soutenir aussi bien l’une que l’autre partie. Dans sa démarche de manager, il collabore avec les médecins et les soignants, mais également avec l’administration de l’établissement. Il agit dans ce cadre, comme un coordonnateur des activités de chaque intervenant[35]. Il faut noter cependant, que le manager ne doit pas uniquement se cantonner sur le management opérationnel des équipes de soins, mais intervient aussi au niveau du management stratégique ainsi que du management des processus et du changement. Ces derniers constituent des leviers pour la fédération de l’équipe de soins[36].
D’autre part, le cadre de santé veille au respect des droits des résidents. Pour ce faire, il coopère avec le médecin coordonnateur afin de déterminer les différents obstacles et les démarches à adopter afin que les personnels qui se mobilisent autour du résident veillent aux droits de celui-ci. Etant donné que les EHPAD constituent dans la plupart des cas, les derniers lieux de vie des résidents, nombre d’entre eux y meurent. Mais la fin de vie constitue une épreuve difficile à surmonter aussi bien pour le résident, ses proches, mais également pour les membres de l’équipe soignante qui s’est occupé de la personne pendant une durée assez conséquente. Dans cette optique, le cadre de santé doit s’assurer d’apporter tout son soutien aux professionnels affectés par la fin de vie des résidents et les aide à prendre un recul dans le cadre d’une relation professionnel – résident[37].
- Le cadre de santé comme porteur du projet de soin individualisé
Le cadre de santé ou l’infirmier coordonnateur ou IDEC intervient lors de l’admission du résident au sein de l’EHPAD, pour établir le plan de soin personnalisé qui s’inscrit dans le cadre du projet de vie personnalisé. La construction de ce plan se fait lors de la réunion de synthèse qui rassemble le médecin coordonnateur, les paramédicaux et le cadre de santé[38].
Le cadre de santé ou l’infirmière coordinatrice (IDEC) interviennent avec les patients et leurs familles pour élaborer les plans de soins personnalisés. Mais ils assurent aussi le suivi de la mise en œuvre de ces projets par la transmission des informations aux soignants et à la réalisation de réunion synthèse toutes les semaines. Ces rencontres rassemblent le médecin coordonnateur, l’IDEC, les acteurs paramédicaux qui vont rapporter l’état du résident et les impacts des plans de soins sur l’état de la personne âgée dépendante. En d’autres termes, les réunions de synthèses constituent des approches pour réviser les projets de soins et les projets de vie personnalisés des résidents[39].
Les réunions de l’équipe permettent de faire un bilan et de fixer les objectifs permettant de garder l’autonomie des résidents en fonction de son état, tout en déterminant ses besoins en alimentation, en animations et en sorties. Il faut noter cependant, que le suivi des actes accomplis pour prendre en charge le résident n’est pas uniquement réalisé par les soignants, mais aussi par le résident et sa famille. Ceci permet de confronter les attentes et les besoins du résident avec les actions effectuées par l’équipe médicale.
Le cadre de santé intervient dans le cadre de l’amélioration de la qualité de vie des résidents. En ce sens, il se charge de la lutte contre la maltraitance des personnes âgées dépendantes. Les stratégies de lutte contre les manifestations de la maltraitance sont communiquées aux équipes. De même, les agents doivent révéler le cas de maltraitance au cadre de santé qui, à son tour, va en informer le directeur[40].
En tant que porteur du projet de soin individualisé, le cadre de santé s’assure de transmettre le document à l’ensemble de l’équipe qui va prendre en charge le résident. Puis, il pilote les différentes activités à mettre en place pour appliquer ce projet tout en déterminant les objectifs de chacun de ces actes. Comme il est responsable de la gestion des ressources humaines, il doit dynamiser et motiver les personnes qui se s’occupent du résident.
Le cadre de santé doit aussi déterminer les pratiques soignantes qui sont indispensable lors de la prise en charge et l’accompagnement des résidents. La réalisation des différentes activités mentionnées dans le document de travail devrait être vérifiée par le cadre de santé. Ainsi, la qualité des soins, tout comme les délais seront respectés. Il est donc responsable de l’évaluation de la conformité des soins aux attendus lors de la conception du projet de vie et du projet de soins. Ceci permet de réajuster les démarches à entreprendre.
Le cadre de santé s’assure de l’adéquation des points focaux du projet de soins individualisé avec le projet de l’établissement, ses objectifs, ses ressources et les différentes stratégies qu’il déploie. Pour les membres de l’équipe soignante, le cadre de santé est la force qui dynamise les différentes activités et qui motive les membres de l’équipe. Or, la mise en place d’un projet de soin individualisé ne peut se faire à moins de rassembler plusieurs disciplines, le cadre de santé doit faire preuve d’une écoute attentive et d’une capacité à lancer une discussion ou une réflexion au niveau de l’équipe soignante[41].
Tout au long de la réalisation du projet de soins individualisé, le cadre de santé doit constituer le lien entre les familles et les résidents avec l’établissement. Il est le garant de la réalisation du projet de soin. Il accueille les différentes remarques et les suggestions provenant de l’une ou de l’autre partie. Etant donné que la prise en charge des résidents est un acte pluridisciplinaire, il est nécessaire de faire en sorte que chaque acteur arrive à trouver sa place au sein de l’équipe et que ses missions soient clairement définies.
Cette démarche requiert la collaboration entre le cadre de santé et la direction de l’établissement. Les fiches de postes constituent les principaux outils utilisés pour répertorier les métiers de chaque intervenant et de gérer par la suite les compétences. Ces fiches servent pour faire l’évaluation des employés sur la base des connaissances et des savoirs des employés en fonction des objectifs du soin et en fonction des caractéristiques propres à l’individu pris en charge.
Dans le cadre du suivi et de l’évaluation de la qualité de vie des soins apportés aux résidents, le cadre de santé est amené à concerter avec le référent du résident, l’animateur, le psychologue, les infirmiers et tout autre acteur qui sont impliqués dans le cadre de la mise en œuvre du projet de soin. Le but des réunions et des discussions est d’évaluer la situation de santé du résident, et de mettre à jour les différentes stratégies à mettre en place pour maintenir son autonomie. Les discussions portent entre autre sur la détermination des objectifs en ce qui concerne l’alimentation et l’animation des résidents.
Etant donné que les projets de soins et les différents programmes qui sont élaborés au sein de l’établissement soient réalisés dans le but d’améliorer la qualité de vie des résidents des EHPAD, il est nécessaire de faire des suivis pour éviter les maltraitances au sein de l’établissement. Par ailleurs, la bientraitance des personnes âgées constitue un des critères requis pour une bonne qualité de vie. Le cadre de santé est responsable de la vérification des différentes informations données par l’agent en ce qui concerne les actes de maltraitances des résidents et d’agir en conséquent. De même, le cadre de santé doit aussi informer le reste de l’équipe en ce qui concerne la nécessité d bien traiter les résidents[42].
- Le cadre de santé comme coordinateur des activités
Le cadre de santé assure la coordination des différentes activités qui sont réalisées par les différents soignants au sein de l’établissement. En ce sens, il entre directement en contact avec la Direction[43]. Il déterminer les intervenants et leurs rôles dans le cadre de la prise en charge du résident. Ceci pourrait se faire à partir de la construction de fiches de postes permettant de faciliter le recrutement et l’affectation des employés à un autre poste. L’élaboration de cette fiche doit obéir au respect de la répartition et de l’organisation des tâches qui incombent à chacun des professionnels. Dans ce cadre, il veille à ce qu’il y ait assez de ressources humaines à un moment précis pour assurer des tâches spécifiques. Ainsi, le cadre de santé intervient dans la gestion des ressources humaines afin d’améliorer l’attribution des soins aux patients et l’accompagnement de leurs proches (Scotti, 2007 : 40).
L’organisation des activités nécessite la mise en place d’un climat de confiance entre les différents membres de l’équipe et propice à l’entente et à l’entraide mutuels. La cohésion de l’équipe doit être particulièrement renforcée lorsqu’il existe des changements qui vont avoir lieu au niveau des pratiques et des démarches permettant de prendre en charge le résident. Le rôle du cadre de santé consiste donc à animer et à mobiliser l’équipe par le biais de la communication et des transferts des différentes connaissances et savoir faire permettant de gérer les risques et à rendre plus efficace un acte précis. La mobilisation des personnels suppose entre autre que le rôle et la responsabilité de chaque acteur soient clairement déterminés pour éviter les différends et les doublons lors de la réalisation d’un travail. Ceci requiert une responsabilisation de tous les acteurs et de leurs conscientisation en ce qui concerne la nécessite d’être vigilante (Poullain et Lespy, 2002 : 114).
Dans les EHPAD, le cadre de santé se distingue de ceux qui travaillent dans les hôpitaux dans la mesure où l’équipe qu’il gère est moins qualifiée dans le domaine du soin. L’équipe a pour tâche principale de faire le nettoyage, d’assurer le domaine logistique. En effet, les résidents en EHPAD présente certes, des maladies mais nécessitent plus particulièrement des aides pour faire les soins au quotidien[44].
Afin de coordonner les différentes activités au sein de l’équipe pluridisciplinaire, le cadre de santé effectue des actions complémentaires : l’organisation du parcours client et le management des ressources humaines et matérielles de l’établissement hospitalier. Etant donné que l’équipe qu’il gère soit pluridisciplinaire, la communication et les capacités relationnelles constituent des démarches permettant au cadre de santé de parvenir à leurs fins. L’organisation des activités ne peut être réalisée à moins que chaque acteur ne sache sa contribution, son apport dans l’atteinte des objectifs communs et son rôle dans la prise en charge du résident. Cette démarche requiert le renforcement de la transmission d’informations entre les différentes personnes qui contribuent à la prise en charge notamment, les cadres supérieurs de santé, les soignants et les médecins.
Le cadre de santé constitue de ce fait, une interface entre les différentes parties prenantes, qui ont leurs propres points de vue et leur perception de la qualité de vie des résidents. Le cadre de santé pourrait dans ce cadre, se heurter à la nécessité de gérer les conflits entre les différents acteurs afin que ceux-ci puissent travailler ensemble, dans l’entente et le respect mutuel. Les différents membres de l’équipe doivent être fédérés afin d’améliorer la prise en charge par le biais de la complémentarité de leurs compétences, de leurs savoirs, de leurs savoir-faire et de leurs ressources[45].
Le cadre de santé ou l’IDEC en EHPAD collabore avec le médecin coordonnateur et le directeur de l’établissement, qui est responsable de la gouvernance. La concomitance et et la complémentarité des interventions de ces différents acteurs contribuent à l’organisation et à la coordination de tous les actes de soins autour du résident. En effet, chacun d’entre eux a son propre rôle au sein de l’établissement. Le médecin coordonnateur assure la coordination des soins autour du résident. Le directeur est responsable de la gouvernance de l’EHPAD et l’IDEC ou le cadre de santé est responsable du management des soignants mobilisés autour du patient. Il s’assure entre autre, que les différents soins dont le résident a besoin, lui soit réellement prodigué[46].
La coordination des activités par le cadre de santé s’inscrit dans le cadre de la pluridisciplinarité. Certes, différentes disciplines et compétences se mobilisent autour du patient qui constitue le centre ou le cœur de l’organisation. Le cadre de santé est donc amené fédérer les différents membres de l’organisation et de maintenir cette cohésion. Il est amené non seulement à gérer et à coordonner les différentes activités de chaque compétence, mais aussi à gérer les interactions qui peuvent avoir lieu entre les différents professionnels. Mis à part la communication entre les différentes personnes qui se mobilisent autour du résident, le cadre de santé doit aussi faciliter les échanges entre eux et la formation des soignants (Manoukian, 2007 : 17 – 18).
- Les enjeux de la coordination et de la gestion des équipes pluridisciplinaires
- La présence d’équipes pluridisciplinaires, vecteur de conflits
- Les causes des conflits entre les équipes
La pluridisciplinarité suppose l’existence de plusieurs disciplines et dans ce sens, elle fait allusion à un climat marqué par des tensions entre les différents acteurs. En effet, chaque discipline a ses particularités et ses objectifs. De même, elle a ses propres méthodes, ses perceptions et ses démarches de résolution de problèmes. La spécificité des acteurs et de leurs compétences conduit à la détermination de problématiques et d’objectifs propres à chaque acteur (Alvarez – Pereyre, 2003 : 7). Dans ce cadre, il pourrait être difficile de concilier ou d’articuler les différentes activités de chaque acteur afin de les amener à travailler ensemble pour l’atteinte d’objectifs communs.
La pluridisciplinarité suppose la coexistence de différences. Ces dernières se rencontrent et interagissent entre elles. Mais la différence suppose des écarts et des déséquilibres qui mènent à des conflits. Les spécificités permettent en effet de mettre des frontières entre les différentes disciplines et de construire par la suite, une identité professionnelle. La castration symboligène conduit à limiter l’ouverture démesurée à d’autres disciplines. En fonction de ses savoirs, ses connaissances, ses compétences et son éducation, chaque individu va construire une limite lui permettant d’orienter ses différentes actions vers les institutions ou les intervenants qui sont les plus susceptibles de collaborer avec lui pour atteindre les objectifs communs.
La pluridisciplinarité suppose le partenariat ou la collaboration entre différentes personnes issus de métiers ou d’établissements divers. Cette collaboration repose de prime abord sur la volonté de chaque acteur à travailler ensemble, mais surtout, de la personnalité de chaque individu. D’autre part, un individu peut choisir de coopérer ou non avec d’autres personnes s’il se sent reconnu, valorisé ou protégé lors de son contact ou de l’exercice de son métier. Cela constitue le niveau de sécurité narcissique qui conditionne l’accueil, l’accompagnement et l’articulation partenariale au sein de l’institution. Le niveau de sécurité narcissique se base sur la capacité relationnelle de l’individu et la communication au sein de l’établissement.
Au sein des établissements de santé, la coexistence de plusieurs disciplines qui se mobilisent autour de lui constitue un choc pour le patient. Elle peut provoquer des vives émotions, des pressions, des angoisses et des chocs. Les ressentis du patient peuvent à leur tour se répercuter sur les soignants et les personnes qui interviennent dans sa prise en charge. Il a été constaté que des conflits peuvent éclater lorsque les différents professionnels qui interviennent ont des points de vue, des positions, des priorité ou des valeurs différents en ce qui concerne la prise en charge et les actions à prendre. Au cas où les écarts sont trop importants, les émotions et les tensions au sein des intervenants vont s’accentuer et causer la désorganisation de l’équilibre établie au sein de l’équipe[47].
Les conflits générés dans le cadre de la pluridisciplinarité suppose que les différentes parties prenantes aient des visions et des intérêts très diversifiés. De même, leurs attentes sont très divergentes, ce qui ne permet pas de trouver des consensus[48]. Les discordes au sein de l’équipe pluridisciplinaire peut se passe entre les personnels qui interviennent à différents niveaux de la prise en charge et qui cherchent par la suite à contrôler l’autre partie lors de l’avancement de la prise en charge du résident. Mais les discordes peuvent aussi s’observer au niveau des personnes qui occupent des postes différents comme les gestionnaires et les soignants qui peuvent entrer en conflit suite à la différence d’objectifs[49].
Les causes des conflits liés à la pluridisciplinarité peuvent être internes ou externes à l’individu. Les causes internes renvoient aux différences de personnalités et de caractères, mais aussi à la différence de culture et de système de valeur. Parfois, les conflits sont liés à la lutte de pouvoir ou porter sur les fonctions que l’individu occupe au sein de l’équipe. Dans certains cas, les causes internes comprennent aussi les conflits liés aux mésententes en ce qui concerne les méthodes et les outils de travail à adopter. Les causes externes pour leur part, englobe l’incompréhension concernant les objectifs ou les démarches à suivre pour prendre en charge le résident. Les conflits peuvent aussi découler du manque de planification ou de l’insuffisance de ressources. De même, les conflits peuvent être causés par l’incompréhension des acteurs en ce qui concerne leurs fonctions et leurs responsabilités[50].
Afin que la pluridisciplinarité puisse apporter ses fruits, il est nécessaire que les disciplines soient complémentaires. Dans ce cadre, il est nécessaire de définir les différentes démarches à suivre et à employer des termes qui puissent être compris par l’ensemble de toutes les disciplines. Dans le cadre de la collaboration, les différents intervenants doivent faire des sacrifices afin que leurs actes puissent se joindre à ceux des autres. Ainsi, il est nécessaire qu’ils ne contrôlent pas les autres disciplines. Les conflits se produisent lorsque les acteurs se concentrent sur des questions théoriques qui n’apportent pas des résultats tangibles. Les écarts entre les perceptions des différents concepts et des méthodes sont sources de disputes entre les membres de l’équipe. De même, les différends apparaissent lorsque les différents participants n’arrivent pas à trouver un même langage qui leur permet de se comprendre. Ainsi, il est nécessaire de repositionner le sujet des débats sur l’objet d’étude, la recherche de l’amélioration de la qualité de vie du résident. Dans certains cas, il est nécessaire d’arbitrer les échanges[51].
Il est nécessaire de remarquer que la présence de plusieurs disciplines suppose une confrontation entre les différentes perspectives. Dans cette démarche, chaque acteur va essayer d’attirer l’autre dans son champ d’action. Ainsi, celui qu’il va essayer de convaincre va répondre à ses propos en fonction de ses propres connaissances et de ce qu’il a compris. La pluridisciplinarité ne pourrait donc pas être conçue comme étant une simple juxtaposition des différentes positions des acteurs ou à la confrontation de perceptions immuables. Les échanges encouragent chaque acteur à remettre en question ses propres perceptions, sa vision et sa conception de la situation afin de redéfinir sa position dans la situation qui se présente. A l’issue de ces différentes confrontations, les différents acteurs finissent pas n’adopter qu’une seule vision et une seule action. Or, ce scénario ne se produit que lorsqu’une des disciplines ne s’efface devant l’autre (Resweber, 2000 : 42).
Les conflits dans le cadre de la pluridisciplinarité semblent donc inévitables, mais le cadre de santé est amené à les gérer. En effet, la perception des écarts entre les différentes visions et les démarches à suivre peuvent entraîner des affrontements entre les différents acteurs. Cependant, ces conflits peuvent apporter certains avantages. Les conflits entre les différentes disciplines sont à l’origine de la recherche interdisciplinaire dans la mesure où ils stimulent la réflexion des équipes afin d’intégrer des concepts et des méthodes convergeant vers les objectifs communs[52].
- Les stratégies mises en œuvre par le cadre de santé pour les gérer
Le cadre de santé doit gérer les risques inhérents aux conflits relatifs à la pluridisciplinarité. Dans ce cadre, il doit favoriser l’implication et la coopération entre les différents acteurs en optimisant les collaborations entre les différents services au sein de l’établissement et avec d’autres établissements. Les acteurs doivent être favorisés dans leurs démarches afin qu’ils puissent être reconnus. La confrontation entre les différents services peut conduire certains acteurs à ne pas trop s’impliquer dans la mise en place de stratégie et dans la détermination des objectifs communs. Or, il est nécessaire d’optimiser la participation de tous les intervenants. Le cadre de santé doit encourager l’implication des équipes se fait à travers l’accompagnement des professionnels afin qu’il puisse adopter les méthodes et utiliser les différents outils à la disposition de l’établissement (Poullain et Lespy, 2002 : 115).
Le cadre de santé doit discerner les différentes situations qui pourraient susciter les conflits ou de vexer les différentes parties prenantes. Certaines remarques peuvent en effet, remettre en cause les pratiques professionnelles et les perceptions de certains acteurs, si bien que les suggestions pourraient plus être considérées comme étant un jugement. Le cadre de santé doit dans ce cadre mener un travail individuel afin de considérer les spécificités de tous les acteurs qui interviennent dans la prise en charge. Ce travail individuel doit être couplé à un travail collectif afin de réduire les risques de conflits (Poullain et Lespy, 2002 : 115).
Le cadre de santé doit gérer les différents conflits qui peuvent se produire au sein de l’équipe pluridisciplinaire qui s’occupe du résident. Dans cette optique, le cadre de santé doit discerner les causes profondes du conflit afin de pouvoir déterminer les actions à entreprendre. La gestion des ressources humaines est motivée par la recherche de l’amélioration de la qualité des soins prodigués aux patients[53].
Les conflits dans le cadre de la coexistence de plusieurs disciplines sont inexorables. Mais ils doivent être considérés comme étant, des forces stimulant l’engagement et l’implication des différents intervenants dans la prise en charge. Pour ce faire, la communication a été utilisée comme étant une force permettant d’encourager la résolution des conflits entre les différents acteurs. Le but est d’amener ces derniers non pas à se focaliser sur les différences et les désagréments qu’elles provoquent, mais sur les complémentarités et les possibles apports de chaque acteur pour atteindre les objectifs communs.
La communication pourrait se faire lors des réunions pour la prise en charge pluridisciplinaire des résidents. Plusieurs réunions sont établies tout au long de la prise en charge du patient. Dans ce cadre, les principaux axes de la prise en charge sont discutés un à un par les membres de l’équipe pluridisciplinaire. Les réunions ont pour objectif de trouver un consensus entre les différents acteurs. Pour chaque thème, les participants forment des petits groupes qui vont discuter des propositions réalisées et d’apporter des modifications. De même, ces petits groupes doivent réfléchir sur les probabilités de réalisation de ces propositions en fonction des ressources à la disposition de l’hôpital[54].
La communication est une faculté que le cadre de santé doit détenir et utiliser lors des conflits qui se produisent au sein de son équipe. Dans ce cadre, il doit être apte à écouter de prime abord, les plaintes des professionnels. Mais il faut noter que les douleurs et les mécontentements d’un individu ne sont pas toujours exprimés verbalement. De ce fait, il est nécessaire que le cadre de santé arrive à discerner et à interpréter les gestes, les comportements et tout autre moyen d’expression des professionnels, et les interactions entre les différents acteurs.
D’autre part, le cadre de santé résout les différends à travers sa capacité de médiation. La médiation suppose que toutes les parties sont amenées à développer des relations solides à l’avenir. Ainsi, les démarches de médiations cherchent l’obtention de bénéfices pour toutes les parties qui entrent en conflit. La recherche d’avantages pour chaque partie permet en effet, d’amener les antagonistes à opter une démarche permettant d’atteindre les objectifs communs et de faire des accords qui soient acceptés par les deux parties.
Le cadre de santé médiateur a pour rôle de faciliter la communication entre les deux parties. Lors de ces échanges, le cadre de santé garantit le respect mutuel et les intérêts de tous les participants. Il lance les discussions entre les différentes parties et les amène à s’exprimer. Mais il fixe également les règles pour éviter les débordements lors de la discussion. Lorsqu’un consensus a été déterminé par les deux parties, le cadre de santé vérifie qu’aucune des deux antagonistes n’en profite pour obtenir des intérêts personnels. Pour pallier à ce fait, il est nécessaire de recentrer la discussion sur l’intérêt du client. Dans certains cas, il est nécessaire de faire des négociations mais celles-ci peuvent engendrer des poursuites judiciaires, ou des grèves, etc. Il faut noter que le cadre de santé n’agit pas pour connaître les différentes causes des conflits, mais d’agir par rapport aux effets néfastes qu’ils pourraient avoir sur la qualité de la prise en charge du résident et sa qualité de vie au sein de l’établissement[55].
Mais il est également nécessaire de mener des stratégies au niveau de l’organisation puisque les comportements des individus sont conditionnés par le contexte de l’environnement dans lequel, il travaille. D’ailleurs, il a été constaté que le manque d’informations, les mauvaises planifications des interventions de chaque acteur au sein de l’équipe causent les conflits. Dans cette optique, le cadre de santé doit apporter le plus d’informations et de précisions possibles afin d’éviter les ambigüités. Les tâches doivent de ce fait, être bien réparties. De même, les facteurs de stress des employés doivent être éliminés. L’environnement de travail dans lequel, les employés travaillent doit favoriser l’entente et le respect mutuels, ainsi que la collaboration[56].
- Les enjeux éthiques de la gestion des équipes pluridisciplinaires
- La différence de représentation identitaire de l’ « autre » métier par les acteurs en-dehors d’une discipline
La coexistence de plusieurs compétences qui sont amenées à travailler ensemble au sein d’un même établissement et autour du patient conduit à de nombreux échanges et de reconstruction des acquis de chaque partie tout au long de leurs parcours professionnels. Dans cette optique, la pluridisciplinarité pourrait porter atteinte à l’intégrité de l’identité de chaque profession. La pluridisciplinarité comporte de ce fait, des enjeux éthiques.
Le professionnel qui intervient au sein d’une équipe pluridisciplinaire va donc à l’encontre des autres métiers. Il a ses propres valeurs, son propre système de valeurs et sa propre perception de son métier et des autres métiers qui sont amenés à collaborer avec lui. Or, à force de côtoyer les autres disciplines, et à chercher la solution la mieux adaptée pour soulager le client, il pourrait être amené à sacrifier ses valeurs personnelles au profit des valeurs collectives. En effet, ses comportements et ses décisions n’émanent pas uniquement de lui, mais tiennent compte principalement des normes et des règles sociales qui lui ont été imposées par le cadre de la prise en charge pluridisciplinaire.
La création d’équipe pluridisciplinaire peut encourager la création de groupes ayant une identité collective et de fait, possèdent les mêmes valeurs, comportements, savoirs et compétences. Le partage de ces différentes valeurs et savoirs semble être à la base de l’entente et l’évitement des conflits au sein de l’équipe. Mais à force d’imposer cette démarche, l’individu pourrait être considéré juste comme un élément constitutif de l’ensemble et qui n’a donc pas son autonomie. Les tentatives de l’individu à résister contre les changements pourraient être interprétées par ses pairs comme étant une transgression.
Ainsi, les différentes démarches de fédération de l’équipe pourraient conduire à la perte d’identité professionnelle par les intervenants qui sont mobilisés autour du résident. Dans ce cadre, il n’y aurait plus qu’une seule équipe et une seule culture. Or, les spécificités de chaque compétence marquent l’existence du métier. Par conséquent, si les comportements et les attitudes des employés deviennent uniformes, il n’existerait plus de spécialités, ni de professionnels.
D’autre part, la pluridisciplinarité comporte des enjeux éthiques relatifs au respect de la confidentialité de certaines informations concernant l’établissement ou concernant le client lui-même. Ainsi, les acteurs ne partagent pas toujours les informations à leurs pairs, ce qui pourrait traduire un manque de confiance entre les différents acteurs. Ce comportement pourrait aussi manifester la peur de certains agents à perdre leur pouvoir au sein de l’équipe si certaines informations étaient sues par l’ « autre » partie[57].
Etant donné que le résident qui est pris en charge en EHPAD a perdu partiellement ou complètement son autonomie, le professionnalisme se dresse comme étant une démarche éthique permettant d’améliorer la prise en charge du client. Le professionnalisme de l’individu dépend de sa personnalité et de son identité professionnelle. Il est à la base de la qualité de la prise en charge du patient, mais il n’existe pas de consensus permettant de définir le professionnalisme qui permet de bien prendre soin d’une personne admise en EHPAD, et qui présente de ce fait, une perte d’autonomie comme les patients atteints de la maladie d’Alzheimer. Ainsi, le professionnalisme pourrait être considéré comme étant une démarche réflexive dans lesquelles, le professionnel est amené à évaluer sa pratique individuelle au sein de la collectivité[58]. Devant cet état de fait, le professionnel pourrait se heurter à la perte d’une identité professionnelle à l’issue de ses échanges avec l’autre et la simple conformité à la déontologie ou aux normes du métier.
Or, il a été démontré que les enjeux éthiques peuvent contribuer à la diminution de la qualité de vie au travail de l’employé. Ceci vient du fait qu’il doit se conformer aux normes et aux codes déontologiques. Mais d’autre part, les différentes démarches entreprises pour répondre aux besoins de l’individu peuvent ne pas être éthiques, surtout, lorsque certains professionnels visent des intérêts personnels. Cela conduit à des contraintes et des stress pour les professionnels qui travaillent au sein d’une équipe pluridisciplinaire. La nécessité de se conformer aux démarches imposées par la collectivité et les propres valeurs personnelles du professionnel pourrait conduit à une dissonance cognitive. Dans ce cadre, il est stressé dans son environnement professionnel et se sent frustré dans son travail. Or, le mal-être des professionnels porte toujours atteinte à la qualité du travail fourni[59].
La pluridisciplinarité s’associe à une pluralité des approches et des visions permettant de prendre en charge une personne, d’assurer sa qualité de vie. Dans ce cadre, les différents acteurs qui se mobilisent dans le cadre d’un projet commun doit respecter l’unicité de l’autre. Or, les différences peuvent devenir une menace pour la cohésion de l’équipe et source de fragmentation des soignants et des animateurs. Chaque discipline va tendre dans ce cadre, à s’isoler. Ainsi, la complémentarité de chaque acteur doit être couplée à la continuité de leurs actes auprès des résidents. Ceci permet à la fois aux différents intervenants de trouver sa place au sein du groupe, et d’aider aussi les patients à trouver l’unicité de sa prise en charge et non seulement, des unités fragmentées qui font des actes complètement différents voire contradictoires. L’enjeu éthique de la pluridisciplinarité suppose de ce fait, la nécessité de mettre en œuvre une co-disciplinarité et la co-construction ou coexistence de savoirs et de connaissances[60].
- Imposer ses propres règles constitue-t-elle, une alternative à défaut de trouver une entente au sein de l’équipe ?
La mise en place d’un projet de vie faisant intervenir plusieurs acteurs nécessite la mise en place d’une certaine règle permettant de contrôler les actions qui peuvent parfois déborder de la recherche de l’intérêt du client. Mais la mise en place de cette règle est difficile. Chaque individu fixe ses propres règles, qui lui permettent de mener à bien ses missions au sein de l’établissement. Pourtant, il ne peut plus les appliquer strictement lorsqu’il collabore avec d’autres personnes. En effet, les règles personnelles ne sont pas généralisables. Le fait de se soumettre aux règles des autres pourrait conduire à l’opportunisme de ces derniers pour tirer profit de la situation. Dans ce cadre, l’individu est autonome pour prendre des décisions. Mais cela constitue un enjeu éthique.
C’est la raison pour laquelle, les différents intervenants dans la prise en charge font des concertations permettant de déterminer les principes, les règles et les différentes démarches à mettre en œuvre dans le cadre de la collaboration. Ces négociations conditionnent la cohésion entre les membres de l’équipe pluridisciplinaire et la réussite des projets de vie des résidents. Elles permettent aussi de respecter les règles éthiques et l’identité de chaque membre qui compose la collectivité[61].
L’élaboration des règles permettant de régir la collectivité permet de focaliser les travailleurs sur le sens du travail, les approches à respecter et les critères permettant de définir la qualité du travail fourni auprès des clients[62]. L’établissement de règles pour l’ensemble des acteurs qui interviennent dans la prise en charge du résident est un préalable permettant de répondre au cahier de charges des soignants. Mais la mise en place de ces règles trouve des limites juridiques, dans la mesure où il n’existe pas encore de règles reconnues officiellement en ce qui concerne la pluridisciplinarité des équipes. D’autre part, le suivi du respect de la conformité aux règles précédemment construites pour améliorer la prise en charge du client, ne peut être effectuée par le résident et sa famille[63].
L’établissement de règles dans cette optique est difficile à réaliser étant donné que chacun a ses propres systèmes de valeurs morales et éthiques qui conditionnent son comportement. Il est difficile de trouver la règle et de la faire accepter par tous les acteurs. Le deuxième enjeu qui se pose est de savoir les différentes manières permettant de rendre officiel les règlements. Enfin, le troisième enjeu réside sur la recherche de moyens permettant de diffuser ces règles aux familles des patients. D’autre part, la détermination de ces règles conduit à la limitation des actions de chaque acteur et le renforcement de l’amélioration de la qualité du service donné aux résidents. Mais la divergence au niveau des valeurs et des objectifs pourrait conduire au non respect ou à la difficulté à mettre en place des règles permettant de régir l’équipe pluridisciplinaire qui intervient dans la prise en charge du résident.
- Autres enjeux
La pluridisciplinarité a été favorisée afin d’améliorer la qualité de débat et la qualité des services proposés aux clients. Pourtant, la présence de plusieurs acteurs qui discutent sur un même sujet ne suffit pas pour recueillir de nombreuses opinions ou des propositions divergentes qui contribuent à la complémentarité. Dans ce cadre, les confrontations d’idées n’apportent pas beaucoup d’innovations. Par conséquent, les débats pluridisciplinaires peuvent dans certains cas, conduire à une simple juxtaposition d’expertises techniques. D’autre part, les débats peuvent devenir stériles puisque les idées n’arrivent pas à se rejoindre, à cause de la recherche de pouvoir. L’humilité des acteurs qui participent au débat est une valeur fondamentale permettant aux autres de s’exprimer et de prendre une distance dans le but de faire une autoévaluation sur les possibles failles de ses propres méthodes. Cela demande parfois, un renoncement aux convictions et aux postures professionnelles[64]. Mais ce fait est difficile à réaliser.
La question de représentativité peut aussi remettre en question les différentes décisions et les démarches qui ont été adoptées dans le cadre de la réunion pluridisciplinaire. En effet, les différents profils professionnels doivent exister lors de la réunion. Les différentes structures qui interviennent dans la prise en charge du résident doivent être présentes. La représentativité répond de prime abord, à la présence de professionnels issus de plusieurs types de métiers. La prise en charge peut faire intervenir en effet, le personnel soignant, le personnel social qui intervient dans le domaine socio-éducatif, le professionnel technique, administratif ou encore managérial.
Les conférenciers doivent aussi être issus de différents statuts professionnels. Ainsi, il est nécessaire de considérer les cadres, non cadres, les bénévoles, les salariés, etc. A cela s’ajoute la nécessité d’apporter des regards extérieurs en ce qui concerne la prise en charge et la qualité de vie des résidents à travers des acteurs externes. Ces personnes peuvent être des collèges externes, des animateurs vacataires, des experts spécifiques, les groupes de professionnels et les représentants des résidents[65].
Partie 3. Méthodologie
- Mise en œuvre de l’entretien
- Rappel des objectifs de l’étude et les objectifs recherchés par la méthode
Le principal objectif de la présente recherche est de démontrer l’influence de la pluridisciplinarité des équipes sur la mise en œuvre d’un projet de vie individualisé des résidents. Dans cette optique, elle vise d’abord à observer les différentes manifestations de cette pluridisciplinarité au sein d’une équipe dans un EHPAD, ainsi que la coordination des différentes activités. Elle cherche ensuite à démontrer les différentes interactions entre les acteurs qui interviennent dans la prise en charge, ainsi que les possibles enjeux de ces interactions pour l’équipe elle-même et pour le résident et sa famille. Enfin, la présente recherche tente aussi d’établir la corrélation entre le projet de vie individualisé, la qualité de vie, la qualité de soins attribués au résident, et les membres de l’équipe pluridisciplinaire.
Pour atteindre ces objectifs, l’entretien semi-directif a été adopté pour démontrer les différentes perceptions, les sens, la vision d’une notion par le répondant. Mais ces visions découlent de l’expérience, de l’histoire de vie de la personne enquêtée. Par ailleurs, l’entretien vise aussi à déterminer les enjeux d’un problème donné, les systèmes de relations et les différents acteurs qui entrent en jeu. Enfin, il a pour but d’exposer les différents processus d’action, les expériences et les évènements[66]. Rapporté à la présente étude, l’entretien a pour objectif de rassembler les différentes perceptions des répondants en ce qui concerne la pluridisciplinarité des équipes qui prennent en charge le résidents, les difficultés qu’ils ont rencontré lors de l’établissement du projet de vie, les fonctions des différents acteurs et les possibles alternatives aux conflits ou aux difficultés qui pourraient se produire lors de l’établissement du projet de vie.
- Justification de la méthode adoptée
Dans le cadre de la présente étude, l’entretien semi-directif a été choisi pour répondre à la question de départ suivante : Au sein d’un EHPAD, en quoi la pluridisciplinarité des équipes est un élément de complexité dans la mise en œuvre de projet de vie individualisé des résidents ? Cette méthode semble être la mieux adaptée pour recueillir les différents propos et les acquis des expériences de personnes qui contribuent à l’élaboration d’un projet de vie individualisé au sein d’un EHPAD. Nous cherchons à mettre en évidence la pluridisciplinarité, ses opportunités et ses enjeux pour l’établissement du projet de vie de chaque résident. Ainsi, cette méthode qualitative pourrait permettre d’atteindre cet objectif. D’ailleurs, nous avons pu confronter les différents objectifs de la recherche avec celles de la méthode précédemment. Il nous semble donc que l’entretient constitue une méthode adaptée à l’atteinte de notre objectif.
Deuxièmement, l’entretien semi-directif a été choisi pour des raisons pratiques. En effet, c’est une méthode flexible qui donne une grande aisance aussi bien pour l’interviewer que pour la personne interrogée. Les deux parties sont libres dans la formulation des questions et des réponses. Etant donné qu’une grille d’entretien a été élaborée et que les principaux thèmes qui doivent être abordés dans le cadre de l’entretien y sont mentionnés, les risques de hors-sujet sont diminués. La liberté accordée au répondant lui permet d’aborder sur plusieurs dimensions le sujet et le thème, ce qui semble important pour saisir le sens de la pluridisciplinarité et toute la complexité de l’élaboration et l’application du projet de vie individualisé. Puis, la liberté permise lors de l’entretien pourrait aussi réduire les risques de tensions ou d’influence sur la personne enquêtée.
- Le déroulement de l’entretien (population étudiée et collecte de données)
L’enquête a été menée auprès d’infirmiers cadres (IDEC) et directrice d’EHPAD. Les IDEC ont été choisies comme personne ressource dans le cadre de l’analyse puisqu’elles côtoient les résidents et qu’elles sont impliquées dans la coordination des activités des membres qui composent l’équipe prenant en charge les résidents. En tant que cadres, elles se chargent de la coordination des activités, mais elles assurent aussi la qualité des soins et des services qui sont donnés aux résidents.
Une enquête a été aussi menée auprès de la directrice d’un établissement. En effet, cette personne ressource est aussi la mieux placée pour connaître les différents évènements qui se produisent au sein de son établissement. Tous les rapports lui parviennent. De ce fait, il est probable, qu’elle soit la mieux placée pour analyser les différentes activités à entreprendre pour améliorer la qualité de vie de ses résidents.
Les différents thèmes qui ont été abordés dans le cadre de ces entretiens sont représentés sur le tableau suivant.
Tableau 2 : Les principaux thèmes d’étude
Thèmes | Sous-thèmes | Objectifs |
Projet de vie
|
– Contenus
– Objectifs – Suivis – Acteurs concernés – Temps |
Définir le projet de vie et son processus d’élaboration
Déterminer les obstacles dans la mise en place et l’application d’un projet de vie |
Qualité | – Qualité de vie
– Qualité de soins – Evaluation qualité |
Trouver les différentes démarches permettant d’évaluer la qualité des services fournis aux résidents |
Pluridisciplinarité | – Coordination
– Critères de réussite – Difficultés |
Déterminer les enjeux de la pluridisciplinarité dans le cadre de la conception et de la réalisation d’un projet de vie individualisé |
EHPAD | – Caractéristiques
– Contraintes |
Discerner les enjeux spécifiques de la coordination des équipes en EHPAD pour améliorer la qualité de vie des résidents |
Ce tableau montre la présence de trois principaux thèmes ayant été abordés dans le cadre des entretiens : le projet de vie, la qualité, la pluridisciplinarité.
- Résultats
- Projet de vie
Le projet de vie individualisé se trouve au centre de notre réflexion. C’est autour de lui que les répondants ont réfléchi. Les propos recueillis concernant les sous-thèmes de projet de vie sont résumés dans le tableau suivant :
Projet de vie | ||||
Objectifs | Contenus | Acteurs concernés | Temps | Suivi |
Amélioration de la qualité de vie du résident
Suivi de l’évolution du résident par des évaluations annuelles Amélioration de la qualité de la prise en charge Recadrage des activités Définir un objectif par pôle Les objectifs doivent laisser une marge de manœuvre importante |
Contrat
Engagement officiel des acteurs et non pas de l’EHPAD Soins Animation Hébergement Processus évolutifs Projet de vie de l’EHPAD Données concernant l’hôtellerie, l’animation, le médical et le paramédical Données concernant l’histoire de vie, autonomie, besoins fondamentaux, plans d’actions et objectifs |
Résidents
Psychomotricienne Aide-soignant Référent du résident IDEC Encadrants Direction Auxiliaires de vie |
Période d’observation (3mois) et période de réflexion et de mise en place (3 mois) | Validation par le médecin traitant, la famille et/ou le résident
Evaluation externe avec le renouvellement du CPOM (contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens) Transmissions écrites des problèmes ou des difficultés qui apparaissent comme récurrents Evaluation par des organismes Problème de traçabilité Réactualisation du projet de vie Réévaluation du projet de vie à chaque changement d’autonomie du résident |
Ce tableau donne des détails concernant les objectifs du projet de vie. Il vise d’abord l’amélioration de la qualité de vie des résidents au sein de l’établissement. Mais cela permet aussi de tenir compte de l’évolution de l’état de santé du résident. Les objectifs permettent en effet de rendre en compte de la spécificité de la prise en charge du client.
L’objectif du projet de vie individualisé est aussi de faire un état des lieux concernant l’état du résident, ses besoins et de recadrer par la suite les différentes démarches qui sont entreprises pour le prendre en charge. Les objectifs changent souvent chaque année et pour chaque axe de prise en charge, en fonction de l’état du patient. En ce sens, les objectifs initialement prévus par les intervenants sont susceptibles de changer. Ainsi, il est nécessaire de mettre « marge de manœuvre importante ».
Le projet de vie individualisé constitue un document, un contrat qui mentionne les différents engagements des acteurs. Mais il faut noter, que ce sont les intervenants y compris les résidents qui s’engagent dans ce projet de soins et non pas l’EHPAD. Outre à cela, le document mentionne les différents services qui seront attribués aux résidents en matière de soin, d’animation, d’hébergement. Il contient entre autre des données concernant l’histoire de vie des résidents, son autonomie et ses besoins tant dans la vie quotidienne qu’en santé. Le projet de vie individualisé s’inscrit dans le cadre d’un projet de vie de l’EHPAD. C’est un « projet multidimensionnel » qui tient compte des différents processus évolutifs de la maladie et de l’autonomie des patients.
Les différents répondants ont mentionné la pluridisciplinarité de la prise en charge des résidents. Des biais ont été affirmés en ce qui concerne le temps alloué à la construction et à la mise en œuvre de ce projet de vie individualisé. L’IDEC de la résidence de la Tour a mentionné la nécessité de scinder la période allouée à la conception du projet de vie individualisé en deux : la première correspond à une période d’observation et l’autre correspond à une période de réflexion et de mise en place du projet de vie individualisé. Tous les autres répondants, ont confirmé le fait que la mise en place de ce projet nécessite beaucoup de temps.
Après avoir fixé les objectifs et les différentes stratégies à mettre en place, l’équipe pluridisciplinaire se lance dans l’application de celles-ci. Un an après, les résultats sont évalués. D’une manière générale, ce sont le médecin traitant, la famille et le résident si celui-ci en a les moyens, qui valident le projet de vie. L’évaluation peut se faire en interne ou en externe par le biais d’un organisme. Pour apprécier les impacts des stratégies mises en place, l’évaluateur peut se baser sur les transmissions écrites des problèmes ou des incidents qui se sont fréquemment produits. Mais il a été mentionné que les problèmes de traçabilité constituent les principales limites des évaluations des projets de vie individualisés.
- Qualité
Les différents propos recueillis auprès des répondants en ce qui concerne la qualité sont résumés sur le tableau suivant :
Qualité | ||
Qualité de vie | Qualité de soins | Evaluation qualité |
Besoins et désirs des résidents sont ciblés
Mettre en avant la restauration et la dimension hôtelière de la structure Importance du cadre pour les résidents Les résidents sont emmenés dans un autre endroit où ils vont faire des activités Les propositions doivent être réalisables Approche des besoins de la vie quotidienne Le projet de vie ne constitue pas un outil réel du bien-être du résident dans l’EHPAD |
Evaluation de la situation du résident par une prise de photo à un moment M et prise d’une autre photo après
Approche de besoins de santé Plans de soins |
Evaluation par les directeurs à travers les comptes rendus
Evaluation par le soignant responsable du résident Evaluation par des organismes externes |
Dans la mesure où les projets de vie s’inscrivent dans le cadre de l’amélioration de la qualité de vie des résidents au sein de l’établissement, la qualité constitue une des principales thèmes de notre recherche. Ce tableau montre que les répondants font allusion à la qualité de vie et à la qualité des soins. Cependant, les différentes actions sont principalement orientées vers l’amélioration de la qualité de vie des résidents puisque les EHPAD sont d’abord des lieux de vie et non pas des lieux de soin. Mais les démarches mises en place pour améliorer la qualité de vie et la qualité des soins apportés aux patients deviennent vaines lorsqu’il n’existe pas de moyens permettant de les évaluer. Ainsi, l’évaluation de la qualité constitue la troisième sous-thème du thème qualité.
Dans le cadre de la qualité de vie, les différentes démarches déployées par les intervenants portent sur l’analyse et le ciblage des besoins et des désirs de l’individu. Cela constitue une des conditions qui fait qu’un projet de vie soit individualisé. Comme l’établissement est un lieu de vie, une attention particulière est accordée à l’amélioration de la restauration, de l’hôtellerie, des activités des résidents, des animations et des autres besoins de la vie quotidienne des résidents. Mais les différentes propositions permettant d’améliorer la qualité de vie des résidents doivent être réalisables. Mais des biais existent en ce qui concerne les objectifs des résidents ou de leurs familles et la perception de la direction. D’autre part, il existe des inadéquations entre les objectifs fixés et les ressources disponibles, si bien que les projets de vie ne constituent pas toujours un outil permettant d’améliorer le bien-être des résidents.
En ce qui concerne la qualité des soins, elle occupe une place moins importante dans le projet de vie individualisé. Mais elle ne peut pas être négligée étant donné que les résidents présentent souvent des maladies. Dans ce cadre, les soignants évaluent l’état du patient par la prise de photo du résident à un moment donné puis, à une autre prise de photo après quelque temps pour trouver les résultats et les failles de l’approche adoptée. Cela permet de détecter les besoins de santé du résident et de dresser par la suite, les plans de soins.
Il est nécessaire après de faire une évaluation de la qualité de la prise en charge des résidents. L’évaluation se fait par les directeurs d’établissement à travers les comptes rendus. Mais elle peut aussi se faire par le soignant responsable du résident. Et enfin, les évaluations peuvent se faire par des organismes externes qui vont analyser les détails et donner le bilan.
- Pluridisciplinarité
Les propos faisant allusion à la pluridisciplinarité sont recueillis et résumés sur le tableau suivant :
Pluridisciplinarité | ||
Critères de réussite | Coordination | Difficultés |
Volontariat des employés
Implication des intervenants Traçabilité Beaucoup de réunions Ateliers autour des protocoles Répétition des démarches à suivre pour que les gestes deviennent automatiques Explication des raisons et des attendus dans chaque démarche Renforcement du contrôle Travailler en famille Accompagnement et aide Ne pas changer l’ambiance par des licenciements Solidarité Participation de tous les intervenants Le directeur met de l’ambiance Respect des façons de faire des autres Importance de la compréhension à tous les niveaux Adhésion de l’équipe au projet de vie Vision globale du résident |
Réunion entre deux personnes et relecture avec les autres intervenants
Formations sur l’utilisation de nouveaux équipements ou matériel médical Management participatif Délégation Dynamiser l’équipe Trouver du temps pour réunir tout le monde Etablir le lien entre les différentes parties prenantes Alternance des intervenants pour réduire l’épuisement professionnel Valorisation |
Manque de temps pour les réunions
Manque de représentativité des personnels (difficulté de réunir tous les intervenants lors des réunions) Problèmes de tris Absentéisme La mise en œuvre du projet de vie est difficile quand les résidents s’y opposent Chronophage Différence de planning Pas de recul pour évaluer les apports des projets de vie parce que ces derniers sont récents Charge de travail Manque d’idée Différences des approches adoptées par les soignants |
La pluridisciplinarité est au centre même de notre réflexion. Il a été mentionné qu’elle est incontournable dans la prise en charge des résidents étant donné que ceux-ci présentent souvent plusieurs besoins du point de vue relationnel, santé, alimentation, etc. Il est donc nécessaire de faire en sorte que la pluridisciplinarité devienne un facteur de réussite de la prise en charge. Cela demande le regroupement de tous les facteurs favorables à la pluridisciplinarité pour qu’elle apporte des résultats positifs.
Plusieurs valeurs des membres de l’équipe ont été mentionnées par les répondants. Il s’agit notamment du volontariat des employés, l’implication, l’adhésion de chacun au projet de vie individualisé, la participation, le travail en famille, la solidarité, le respect des autres, la vision globale du résident. Mis à part les valeurs de chaque employé, il est nécessaire de renforcer aussi les échanges entre les différents acteurs qui sont mobilisés autour du résident. Il s’agit notamment, de la multiplication des réunions afin d’apporter plus de précisions concernant le rôle de chaque acteur dans la prise en charge, des objectifs et des principes de chaque démarche. Dans ce cadre, le directeur doit intervenir pour donner l’ambiance et pour dynamiser l’équipe.
La coordination constitue une des conditions permettant d’améliorer la qualité des services offerts par l’équipe pluridisciplinaire. Le management participatif a été avancé comme étant une démarche efficace pour motiver l’équipe pluridisciplinaire et pour améliorer la qualité de la prise en charge. Les réunions constituent des opportunités pour favoriser l’expression de tous les intervenants, mais il n’est pas toujours évident de trouver le temps approprié pour tous. Par conséquent, les répondants optent pour une discussion entre deux ou trois personnes lors de l’établissement du projet de vie et une deuxième réunion rassemblant tous les autres acteurs pour améliorer les propos des deux participants initiaux.
Les démarches permettant de coordination de l’équipe pluridisciplinaire passent aussi par la délégation de différentes tâches et la dynamisation de l’équipe. Il est indispensable de rappeler que les fonctions de chaque individu ne sont pas immuables. Ainsi, chacun peut exercer différentes tâches au sein de l’établissement. Le cadre de santé ou l’IDEC joue dans ce cadre, le rôle de lien entre les différentes parties prenantes et dans la mise en place de stratégies permettant de réduire l’épuisement professionnel. La valorisation des personnels constitue une des démarches qui permet d’aboutir à ce résultat. Puis, la formation est aussi indispensable pour améliorer la performance et l’efficacité de l’individu dans son métier.
Toutefois, les différents répondants ont mentionné l’existence de difficultés liées à la pluridisciplinarité de l’équipe qui prend en charge le résident. Le manque de personnels lors de la réunion et le manque de temps pour réunir tous les acteurs constituent les principaux éléments portant atteinte à la réussite de la pluridisciplinarité. D’autre part, la composition de l’équipe est difficile à faire. Le groupe ne doit pas être de grande taille, mais toutes les disciplines nécessaires à l’amélioration des services en fonction des caractéristiques du résident doivent être présentes. Le tri constitue donc, un des enjeux majeurs de la pluridisciplinarité.
A cela s’ajoute l’absentéisme, les différences de planning. Enfin, les répondants ont mentionné l’absence de recul des professionnels puisque les projets de vie pour les établissements au sein desquels, nous avons réalisé l’enquête ont été mis en place récemment. Les charges de travail de chaque intervenant constituent un facteur de blocage. Mais il a été mentionné que même si les différentes parties prenantes sont présentes lors des réunions, les idées arrivent parfois à manquer. Au cas où des idées et des suggestions sont avancées, les différences entre les approches adoptées par les différents intervenants peuvent conduire à des mésententes, des différends ou des mauvaises qualités de services.
4) EHPAD
Les caractéristiques et les perceptions de l’EHPAD par les différents répondants sont mentionnées dans le tableau ci-dessous :
EHPAD | |
Contraintes | Caractéristiques |
Réglementations
Améliorer les compétences de ses collaborateurs Plus de contrôle Présence de tutelle Plus de vigilances sur l’évolution des métiers des employés Manque de personnels Les structures de grande taille sont plus difficiles à gérer Non adéquation des supports à la disposition des employés |
Les EHPAD sont des lieux qui nécessitent beaucoup d’ajustement et d’adaptations en fonction des personnes qui vont y habiter
Les résidents présentent des démences et sont âgés Lieux de vie où l’on donne des soins L’EHPAD n’est pas une structure sanitaire Les résidents sont polypathologiques Trouble de comportements de résidents L’EHPAD aborde le côté très large de la santé L’EHPAD a des objectifs très larges |
La prise en charge du résident se fait dans une structure particulière qu’est l’EHPAD. Dans ce cadre, les caractéristiques de celui-ci ainsi, que les contraintes liées à ses caractéristiques doivent être clairement explicitées. L’EHPAD constitue de prime abord des lieux de vie dans lesquels, les soins sont attribués aux résidents.
Les résidents sont des personnes âgées qui présentent plusieurs maladies. Mais ce sont en outre, des personnes qui présentent des problèmes d’autonomie. Parfois, les résidents présentent des troubles de comportements. De ce fait, leur prise en charge doit englober plusieurs dimensions. D’autre part, les caractéristiques et les besoins des résidents conduisent à des ajustements au niveau de leurs structures. Ainsi, les différents ajustements de structures doivent se faire en fonction des besoins des personnes qui vont y habiter. Il faut noter cependant, que dans les différentes démarches d’ajustement de la structure, les besoins quotidiens des résidents sont à prendre en compte.
D’autre part, les EHPAD sont soumis à certaines contraintes dont la réglementation en ce qui concerne les compétences de ses collaborateurs. Ce sont des établissements qui sont fréquemment contrôlés. Ils doivent de ce fait, faire preuve de plus de vigilances en ce qui concerne l’évolution des métiers de ses employés. Certains diplômes sont requis pour occuper un poste déterminé alors que quelques années auparavant, cette condition ne se posait pas. Les EHPAD se trouvent aussi confrontés à des manques de personnels et à l’inadéquation des supports qui sont à la disposition des employés. Les caractéristiques de la structure conditionnent d’autre part, les différentes stratégies à mettre en place. Dans cette optique, plus la structure est de grande taille, plus elle compte de résidents et plus, elle est difficile à gérer.
- Discussion
D’une manière générale, les différentes affirmations des répondants viennent confirmer les données théoriques. Ainsi, la pluridisciplinarité constitue bien une arme à double tranchant. D’un côté, il peut être source de visions plus larges et plus ouvertes sur la dimension et les différentes approches de la prise en charge des résidents. D’un autre côté, il peut devenir source de conflits et de désordre au sein de l’établissement. Ainsi, la pluridisciplinarité est un moyen et une approche qui demande beaucoup de vigilance de la part des cadres de santé ou de l’IDEC le cas échéant, et des directeurs de l’établissement.
Tout au long de notre réflexion, nous nous sommes focalisés sur le cadre de santé en tant que manager, porteur du projet de soin individualisé, mais les propos des répondants ont permis d’intégrer le directeur de l’établissement qui joue un rôle prépondérant dans l’amélioration de la prise en charge, de la qualité de vie des résidents et dans la dynamisation de l’équipe pluridisciplinarité. En effet, l’IDEC contribue à la mise en place du projet de soin individualisé en collaboration avec d’autres intervenants comme les psychomotriciens, les kinésithérapeutes, les aides-soignants, la famille des résidents, etc. La présence du directeur n’est pas obligatoire dans ce sens. Cependant, le directeur intervient dans le contrôle des activités des intervenants au sein de son établissement. Il travaille alors à côté de l’IDEC. Par ailleurs, il a été affirmé qu’il est la force qui dynamise l’équipe.
Ainsi, les directeurs peuvent être considérés comme étant des chefs d’orchestres qui organisent les activités et qui traduisent les attentes des tutelles aux différents intervenants. Ainsi, ils donnent du sens aux différentes activités entreprises au sein de l’établissement. Ceci rejoint donc le modèle de conduire de projet lancé par Michel Simart qui est schématisé comme suit :
Nous avons pu trouver que le management participatif a été mentionné comme étant la principale démarche permettant de gérer les différences entre les équipes. Ce mode de management amène chaque acteur à s’impliquer, à participer et à s’adhérer au projet commun. Par ailleurs, nous avons pu constater que le manque de personnels oblige parfois, les professionnels à travailler et à intervenir même dans les tâches qui ne les incombent pas pour satisfaire les résidents et pour remplir les missions de l’équipe.
Mais cette réaction n’est pas spontanée chez les différents intervenants. Cela demande une certaine humilité et beaucoup de volonté de la part des acteurs. La pluridisciplinarité peut amener les acteurs à se rencontrer, mais les conflits doivent conduire à l’émergence de nouvelles idées plus innovantes. Nos répondants n’ont pas mentionné des conflits qui ont occasionné l’éclatement de l’équipe. Les difficultés rapportés être liées à la pluridisciplinarité étaient principalement causées par le manque de temps, le manque de représentativité et le manque de personnels.
Contrairement à ce que nous avons pensé à l’issue de notre analyse théorique, les conflits des acteurs qui interviennent ne sont pas des choses fréquentes au sein de l’EHPAD. Par contre, le manque de temps et le stress des professionnels suite à une trop lourde charge de travail, et par rapport aux caractéristiques du travail qui est en lui-même stressant et nécessitant beaucoup d’engagement de la part des intervenants, des efforts pourraient être envisagés dans le cadre de l’amélioration de l’organisation du travail et de la gestion des ressources humaines au sein des EHPAD.
La coordination des différentes activités au sein de l’EHPAD pourraient aussi se faire à travers la gestion par compétences des personnels. Parfois, les rôles de chaque individu et son intervention au sein de l’équipe dans le cadre du projet de soin individualisé n’est pas toujours évident pour les autres disciplines. Il convient dans ce cadre, d’apporter des explications et des précisions concernant le métier et le rôle de ces individus.
Pour gérer les compétences, il est possible de se baser sur les fiches de postes pour trouver les compétences et les aptitudes de chaque individu. Ainsi, il devient plus facile de trouver les apports et les limites des interventions de chaque acteur au sein de la collectivité. La découverte des métiers des employés peut contribuer à améliorer l’organisation de la prise en charge du résident.
Notre analyse nous a permis de voir un autre thème qui n’a pas été bien abordé dans le cadre de l’entretien : les difficultés qui ne sont pas liés directement à la pluridisciplinarité mais qui affecte la mise en place et la réalisation du projet de vie des résidents. Parmi eux, il y a des demandes des familles qui ne sont pas du tout compatibles avec les attentes des résidents. Mais comme la famille intervient, les personnels ont dû faire en sorte de s’y conformer. Néanmoins, le résident n’a pas apprécié la décision de ses proches. Par conséquent, les soignants et lui n’ont pas pu déterminer un terrain d’entente. Les familles ou les résidents demandent parfois des actes qui ne peuvent être réalisés par l’établissement.
Pour illustrer ce fait, un IDEC de l’EHPAD du parc s’est plaint du non adéquation de la demande de la famille avec les attentes du résident. En effet, elle a demandé à ce que leur proche ait une douche quotidiennement, mais, le résident s’y est fortement opposé. Le personnel se trouve donc dans l’obligeance d’en informer la famille et d’agir en conséquence parce que les différentes actions à mener doit toujours privilégier la volonté du résident.
Pour pallier à ce fait, l’équipe a du faire une douche le premier jour et trouver une autre stratégie le lendemain. En d’autres termes, l’équipe a du réajuster ses actions en fonction des souhaits du résident et en fonction de ses besoins réels. Certes, des réévaluations des projets de vie individualisés sont faites annuellement, mais la situation des personnes âgées évolue très rapidement, ce qui nécessite la réactualisation rapide des actions à mener autour de lui. D’autre part, l’équipe a décidé de ne plus mentionner trop de détails dans le document écrit pour ne pas susciter les conflits entre les différentes parties prenantes.
Ainsi, la pluridisciplinarité ne constitue pas le seul facteur qui remet en question l’établissement et la réalisation d’un projet de vie. Il existe d’autres facteurs dont la différence de perception entre le résident qui va recevoir les soins et les différents services fournis par l’établissement, et la famille. En effet, ce fait comporte des enjeux éthiques et managériaux comme le souligne l’IDEC de l’EHPAD du parc : « La difficulté, ça va être [la] grosse divergence entre la personne hébergée et l’entourage. Ça, c’est une vraie grosse difficulté, qui va demander de la cohésion et de la diplomatie, de la négociation… »
Il a été mentionné entre autre que l’Anesm est l’organe qui donne des bonnes pratiques en EHPAD et contribuent de ce fait, à améliorer et à faciliter la détermination des actions à entreprendre autour du résident. Cependant, ces données sont plus considérées comme étant trop théoriques et ne tiennent pas compte des réalités du terrain. Cela nécessite de ce fait, le renforcement des études pratiques concernant la construction et l’application des projets de vie.
Elle a aussi permis de montrer les différentes propositions des résidents en matière de conception et réalisation des projets de vie individualisés. Dans cette optique, il est possible par exemple de procéder à l’informatisation des données concernant le résident afin de faciliter la gestion de ces dernières. Par ailleurs, l’amélioration de la traçabilité constitue une des démarches permettant d’améliorer la conception, la mise en œuvre et la réactualisation des projets de vie individualisés.
Conclusion
A l’issue de notre analyse, nous avons pu constater que la pluridisciplinarité peut affecter aussi bien positivement que négativement la construction et la mise en place du projet de vie individualisé des résidents en EHPAD. La pluridisciplinarité peut à la fois constituer une approche permettant d’avoir des propos innovants concernant les équipes pluridisciplinaires. Mais elle peut aussi dans certains cas, être un facteur de blocage de la réalisation du projet de vie individualisé dans la mesure où elle ne permet pas aux différents acteurs de concerter.
Nous avons pu constater que la prise en charge pluridisciplinaire amène différents acteurs et plus principalement, le directeur des établissements et les cadres de santé ou les IDEC a réviser leurs stratégies de management des ressources humaines. Le management de la pluridisciplinarité renvoie à plusieurs enjeux liés aux besoins des patients dans la vie quotidienne, et liés à l’organisation et à la structure de l’établissement, et à des enjeux éthiques.
Les différents acteurs qui sont amenés à concerter doivent travailler ensemble. Ce fait est inexorable dans le cadre de la vision globale de la prise en charge des résidents. Et pourtant, chaque individu est unique. Il a son propre éducation, son vécu tant au niveau de sa vie privée qu’au niveau de sa vie professionnelle. Mais ses différentes expérimentations ont conduit à des connaissances et à des compétences qui lui sont spécifiques. Dans ce cadre, ses compétences doivent être respectées par tous ses collaborateurs.
Le manager devrait de ce fait, apporter une attention aux différentes compétences à la disposition de son établissement. Mais il est nécessaire d’autre part, de valoriser les ressources humaines qui constituent les principaux facteurs de réussite de tous les projets de vie individualisés réalisés au sein de l’établissement. Dans le cadre de notre analyse, nous avons pu conclure que la formation constitue un levier de motivation et stabilité de l’équipe pluridisciplinaire dans la mesure où elle permet de faire évoluer les carrières de chaque intervenant et d’améliorer aussi la performance des acteurs.
Mais la communication et la capacité de la direction à organiser les différentes activités au sein de l’établissement constituent les principaux points permettant d’améliorer la qualité de vie des résidents. L’organisation permet en effet, de réduire les charges de travail des professionnels, tandis que la communication assure l’entente et les échanges entre les différents acteurs. Les dialogues permettent de faire des apports innovants à la prise en charge et réduisent aussi les risques de conflits entre les différents acteurs.
Notre étude permet de montrer que la pluridisciplinarité est un facteur à exploiter dans le cadre de l’amélioration de la prise en charge des résidents en EHPAD. Toutefois, notre analyse se limite à la pluridisciplinarité entre les différents acteurs qui interviennent au l’intérieur des EHPAD, alors que notre analyse nous a permis de mener des interviews auprès de personnes qui travaillent dans les EHPAD intégrés au sein d’un groupe. Et pourtant, la pluridisciplinarité ne devrait pas être considérée uniquement au niveau de l’EHPAD, mais aussi entre les EHPAD. Cela permet d’ouvrir la voie à une autre recherche concernant les apports et les possibles enjeux de la pluridisciplinarité dans le cadre de la coopération entre EHPAD.
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[2] Modèle de projet personnalisé du résident en EHPAD, http://www.soignantenehpad.fr/pages/themes-de-soin/projet-de-vie-personnalise-du-resident-en-ehpad/modele-de-projet-personnalise-du-resident-en-maison-de-retraite.html
[3] Equipe pluridisciplinaire, http://maison-retraite-noyal-pontivy.fr/index.php/equipe-pluridisciplinaire
[4] Gibowski, Carine. 2012. « Vécu institutionnel en EHPAD : une place pour chacun, chacun à sa place », Cliniques, 1 (3), pp. 84 – 95, http://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=CLINI_003_0084
[5] Pluridisciplinarité – l’interdisciplinarité – la transdisciplinarité, http://ledico.lamaisondelautonomie.com/index.php?id=50
[6] Présentation de l’EHPAD L’âge d’Or, http://www.arfi-saint-etienne.fr/uploaded/ehpadlagedor.pdf
[7] Lefèvre, Nicolas. L’entretien comme méthode de recherche, http://staps.univ-lille2.fr/fileadmin/user_upload/ressources_peda/Masters/SLEC/entre_meth_recher.pdf
[8] Lefèvre, Nicolas. L’entretien comme méthode de recherche, http://staps.univ-lille2.fr/fileadmin/user_upload/ressources_peda/Masters/SLEC/entre_meth_recher.pdf
[9] L’entretien individuel, http://ec.europa.eu/europeaid/evaluation/methodology/examples/too_itw_res_fr.pdf
[10] L’entretien individuel, http://ec.europa.eu/europeaid/evaluation/methodology/examples/too_itw_res_fr.pdf
[11] Magioglou, Thalia. « L’entretien non directif comme modèle générique d’interactions », Les cahiers internationaux de psychologie sociale, 2 (78), 2008, pp. 51 – 65. http://www.cairn.info/revue-les-cahiers-internationaux-de-psychologie-sociale-2008-2-page-51.htm
[12] Combessie, Jean-Claude. La méthode en sociologie, p. 24, http://www.cairn.info/page.php?ID_ARTICLE=DEC_COMBE_2007_01_0024
[13] Lefèvre, Nicolas. L’entretien comme méthode de recherche, http://staps.univ-lille2.fr/fileadmin/user_upload/ressources_peda/Masters/SLEC/entre_meth_recher.pdf
[14] L’entretien individuel, http://ec.europa.eu/europeaid/evaluation/methodology/examples/too_itw_res_fr.pdf
[15] L’entretien individuel, http://ec.europa.eu/europeaid/evaluation/methodology/examples/too_itw_res_fr.pdf
[16] La pyramide de Maslow, http://semioscope.free.fr/article.php3?id_article=8
[17] Anesm. 2012. Qualité de vie en EHPAD (volet 4) : l’accompagnement personnalisé de la santé du résident, http://www.cnsa.fr/IMG/pdf/Anesm_QDV4_Novembre_2012-2.pdf
[18] Projet de vie : contribution, http://www.cnsa.fr/IMG/pdf/B_AFM_Projet_de_vie2.pdf
[19] Projet de vie, http://www.maisonretraite-ligueil.fr/site/index.php?page=projet-de-vie
[20] Projet de vie : contribution, http://www.cnsa.fr/IMG/pdf/B_AFM_Projet_de_vie2.pdf
[21] Projet de soins, projet de vie, http://papidoc.chic-cm.fr/14attendprojsoins.pdf
[22] Modèle de projet personnalisé du résident en EHPAD, http://www.soignantenehpad.fr/pages/themes-de-soin/projet-de-vie-personnalise-du-resident-en-ehpad/modele-de-projet-personnalise-du-resident-en-maison-de-retraite.html
[23] ANESM. Analyse documentaire relative à l’accueil et au projet personnalisé en EHPAD : Accueil et projet personnalisé en EHPAD, 2011, http://www.anesm.sante.gouv.fr/IMG/pdf/2.Analyse_documentaire_Qdevie_Ehpad_accueil_et_PP_version_site-2.pdf
[24] La co-construction du projet personnalisé : des réponses personnalisées, adaptées et évolutives, http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2012-04/projet_personnalise.pdf
[25] Perrin, Claude. Promouvoir la démarche du projet personnalisé d’accompagnement en EHPAD : une stratégie managériale au service de la qualité de vie des résidents, 2010, http://fulltext.bdsp.ehesp.fr/Ehesp/memoires/dessms/2010/perrin.pdf
[26] Le projet de vie individualisé, http://www.weka.fr/action-sociale/dossier-pratique/l-animation-en-maison-de-retraite-dt53/le-projet-de-vie-individualise-4042/
[27] La co-construction du projet personnalisé : des réponses personnalisées, adaptées et évolutives, http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2012-04/projet_personnalise.pdf
[28] L’accompagnement personnalisé en EHPAD – Etat des lieux et pratiques & Recommandations – ARS- avril 2011, http://www.ars.paysdelaloire.sante.fr/fileadmin/PAYS-LOIRE/F_qualite_efficience/medico-social/accompagnement_en_ehpad_2011.pdf
[29] Pierret, Nadège et De la Brelie, Anne. « Le projet de vie, pour une prise en charge personnalisée et de qualité : Unités de vie protégée et maladie d’Alzheimer ». Soins gérontologie. N° 56. 2005. 25 – 26, http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=17300234
[30] ANESM. Analyse documentaire relative à l’accueil et au projet personnalisé en EHPAD : Accueil et projet personnalisé en EHPAD, 2011
[31] Le projet de vie individualisé de la personne résidente en EHPAD, http://biotec.ac-dijon.fr/IMG/pdf/projet_de_vie.pdf
[32] Projet de vie de la résidence : La vie de demain se prépare aujourd’hui, http://www.ladouceurdevivre.fr/site%20web/Liens/projetvie/projetviemo.pdf
[33] L’accompagnement personnalisé en EHPAD – Etat des lieux et pratiques & Recommandations – ARS- avril 2011, http://www.ars.paysdelaloire.sante.fr/fileadmin/PAYS-LOIRE/F_qualite_efficience/medico-social/accompagnement_en_ehpad_2011.pdf
[34] Coulon, Robert. Le cadre de santé, la gestion et le soin, http://www.reims-ms.fr/agrh/docs/actes-agrh/pdf-des-actes/2011coulon.pdf.
[35] «Etre cadre de santé à l’AP-HP », Transmissions, n°45, juin 2013, http://www.aphp.fr/wp-content/blogs.dir/18/files/2013/07/VERSION-FINALE-TRANSMISSIONS-45.pdf
[36] Coulon, Robert. Le cadre de santé comme interface RH, 2012. http://ideas.repec.org/p/dij/wpfarg/1120601.html
[37] ANESM. Recommandations de bonnes pratiques professionnelles. Qualité de vie en EHPAD (Volet 4) : L’accompagnement personnalisé de la santé du résident, http://www.cnsa.fr/IMG/pdf/Anesm_QDV4_Novembre_2012-2.pdf
[38] ARS Pays de la Loire. Accompagnement personnalisé en EHPAD : Etat des lieux des pratiques – Perspectives et recommandations, Avril 2011
[39] Accompagnement personnalisé en EHPAD : Etat des lieux des pratiques : Perspectives et recommandations,
[40] EHPAD Chenard Saint-Aulaye. Projet d’établissement 2011 – 2016, http://hopitalchenard.fr/wp-content/uploads/2012/01/projet_etablissement_EHPAD-2.pdf.
[41] Reverdy, Martine. Le cadre de santé porteur du projet de soin individualisé au sein de l’équipe soignante, 2012, http://cadredesante.com/spip/profession/management/le-cadre-de-sante-porteur-du.html
[42] EHPAD Chenard Saint-Aulaye. Projet d’établissement 2011 – 2016 , http://hopitalchenard.fr/wp-content/uploads/2012/01/projet_etablissement_EHPAD-2.pdf.
[43] Projet d’établissement 2012 – 2016. Unité d’hébergement Renforcé « La maison d’Aloïs », EHPAD public Léon Maugé, http://www.leon-mauge.fr/offres/file_inline_src/693/693_P_30420_9.pdf
[44] Coulon, Robert. Le cadre de santé, la gestion et le soin, http://www.reims-ms.fr/agrh/docs/actes-agrh/pdf-des-actes/2011coulon.pdf
[45] Rivière, Audrey. « Le cadre de santé, à l’interface entre management et soin : tensions de rôle et stratégies d’ajustement », Actes du XXIIIème congrès de l’AGRH, du 12 au 14 septembre 2012 à Nancy, http://www.reims-ms.fr/agrh/docs/actes-agrh/pdf-des-actes/2012-riviere.pdf
[46] Anesm. Recommandations de bonnes pratiques professionnelles. Qualité de vie en EHPAD (volet 4) : L’accompagnement personnalisé de la santé du résident, http://www.cnsa.fr/IMG/pdf/Anesm_QDV4_Novembre_2012-2.pdf
[47] Sanson, Karine. « Pluridisciplinarité : intérêt et conditions d’un travail de partenariat », Le Journal des psychologues, n°242, 2006, 24 – 27, http://www.cairn.info/revue-le-journal-des-psychologues-2006-9-page-24.htm
[48] Ndiaye, Adama. Dynamiques des conflits interpersonnels : Une application aux organisations sociales et médico-sociales. Thèse doctorat, 2013, http://www.applis.univ-tours.fr/theses/2013/adama.ndiaye_4151.pdf, p. 112.
[49] Coulon, Robert. Le cadre de santé, la gestion et le soin, http://www.reims-ms.fr/agrh/docs/actes-agrh/pdf-des-actes/2011coulon.pdf
[50] Hasley, Franck, Rufin, Frédéric, Catanas, Marc et Carré, Stéphane. Travail en équipe et gestion des conflits : rôle du cadre de santé, 2013, http://www.cadredesante.com/spip/profession/management/Travail-en-equipe-et-gestion-des.html
[51] Interdisciplinarité : concepts-clés, http://www.icra-edu.org/objects/francolearn/ACFA0.pdf
[52] Interdisciplinarité : concepts-clés, http://www.icra-edu.org/objects/francolearn/ACFA0.pdf
[53] Hasley, Franck, Rufin, Frédéric, Catanas, Marc et Carré, Stéphane. Travail en équipe et gestion des conflits : rôle du cadre de santé, 2013, http://www.cadredesante.com/spip/profession/management/Travail-en-equipe-et-gestion-des.html
[54] Vallée, Jean-Pierre. Prise en charge pluridisciplinaire des patients diabétiques, 2012, http://www.jle.com/fr/revues/med/e-docs/prise_en_charge_pluridisciplinaire_des_patients_diabetiques_295022/breve.phtml?tab=texte
[55] Hasley, Franck, Rufin, Frédéric, Catanas, Marc et Carré, Stéphane. Travail en équipe et gestion des conflits : rôle du cadre de santé, 2013, http://www.cadredesante.com/spip/profession/management/Travail-en-equipe-et-gestion-des.html
[56] Programme personnalisé de prévention et de gestion du stress en entreprise, http://www.sf-gestiondustress.com/programme-personnalise-de-prevention-et-de-gestion-du-stress-en-entreprise.htm
[57] Hamann, Emmanuelle, Nguyen, Minh, Rohmann-Labat, Isabelle et Satragno-Fabrizio, Isabelle, « Positionnement professionnel et éthique dans le travail d’équipe », Les Cahiers de l’Actif, n° 402/403, http://www.actif-online.com/fichiers/articles/art_hamann_402_403.pdf
[58] Zawieja, Philippe, Ferreira, Elisabeth et Benattar, Linda. « Le professionnalisme à l’épreuve de la maladie d’Alzheimer », Cliniques, n°3, 2012, pp. 178 – 191, http://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=CLINI_003_0178
[59] Langlois, Lyse. « Une éthique à deux vitesses : dangers et répercussions sur l’identité professionnelle », Pyramides, 16/2, http://pyramides.revues.org/210
[60] « Les enjeux de la pluridisciplinarité »,Cliniques, n°3, 2012, http://www.cairn.info/revue-cliniques-2012-1.htm
[61] Positionnement professionnel et éthique dans le travail d’équipe, http://www.actif-online.com/fichiers/articles/art_hamann_402_403.pdf
[62] Caroly, Sandrine. Activité collective et réélaboration des règles : des enjeux pour la santé au travail, http://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00464801/
[63] Grimaud, Lin. Equipe pluridisciplinaire et clinique du projet, 2008, http://www.psychasoc.com/Textes/Equipe-pluridisciplinaire-et-clinique-du-projet
[64] Espace national de réflexion étique sur la malade d’Alzheimer. La réflexion collégiale dans les décisions difficiles. 2011, http://www.espace-ethique-alzheimer.org/bibliotheque_rte/pdf/octobre2011/Universite_ete_Alzheimer_-_La_reflexion_collegiale_dans_les_decisions_difficiles.pdf
[65] Anesm. Recommandations de bonnes pratiques professionnelles. Le questionnement éthique dans les établissements et services sociaux et médico-sociaux, 2010, http://www.anesm.sante.gouv.fr/IMG/pdf/reco_ethique_anesm.pdf
[66] Lefèvre, Nicolas. L’entretien comme méthode de recherche, http://staps.univ-lille2.fr/fileadmin/user_upload/ressources_peda/Masters/SLEC/entre_meth_recher.pdf
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