Avril 2010, la SEC poursuit Goldman Sachs pour avoir trompé ses clients lors de la vente du CDO Abacus. Quelles sont les raisons d’une telle poursuite ?
« Avril 2010, la SEC poursuit Goldman Sachs pour avoir trompé ses clients lors de la vente du CDO Abacus. Quelles sont les raisons d’une telle poursuite ? »
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Les années 2000 se sont vues marquées d’une crise financière de grandeur mondiale. Elle a été initiée, du point de vue structurelle, par l’effondrement du secteur de l’immobilier et du système de crédit américains. Ce qui met en première ligne la forte participation des banques dans la structure.
Des innovations financières ont été entreprises ; elles visaient à réduire les risques et ont pris notamment la forme de « produits dérivés » dont deux types ont été au cœur de la crise financière : « les produits liés à des crédits immobiliers et les produits destinés à assurer contre leur risque de défaut les credit default swaps (CDS). »
La montée des profits et la baisse du poids des salaires ont provoqué un « désajustement entre l’offre et la demande ». En particulier aux États-Unis, les prêts « subprimes » ont incité une partie de la population à consommer au-dessus de leurs moyens, ce qui permettait en retour d’assurer la rentabilité du secteur immobilier.
Les incertitudes sur les engagements directs et indirects des établissements financiers en matière de crédit à risque, mais aussi la crainte d’un ralentissement général des activités de banque de financement et d’investissement, très rentables et moteurs de la croissance au cours des années précédentes, ont fini par entraîner une véritable crise de confiance, ayant connu peu de précédent, entre banques.
Les établissements bancaires ont vu se tarir leurs principales sources de refinancement, le marché interbancaire et l’émission d’«asset-backed commercial paper». La crise de liquidité est renforcée par l’asymétrie d’information entre banques, qui sont donc réticentes à se prêter entre elles.
Dans l’ordre chronologique des événements, la crise s’est matérialisée en 2006 avec le système de prêts subprimes, des prêts hypothécaires consentis à la classe moyenne américaine, que les emprunteurs, souvent de conditions modestes, n’étaient plus capables de rembourser.
En août 2007, les subprimes, les dettes des ménages américains titrisées et «structurées» dans des produits financiers spécifiques dont l’innovation revenait aux banques, ont enregistré une baisse brutale. Ces produits structurés, Structured Investment Vehicle, avaient comme objectif de diffuser le risque pour le neutraliser.
Ce qui a révélé des effets non prévus : elle organise une sorte de solidarité entre tous les acteurs financiers, qui subissent les contre-coups de cet effondrement. D’où l’origine de la méfiance entre banque.
Ce qui amène, par la suite, en 2008 à la deuxième phase de la crise, induite par ce gel de compensation en liquidité en termes d’opérations interbancaires. L’intervention à différents niveaux et dans différents pays des banques centrales et des Etats a tenté de sauver la situation tant aux Etats-Unis que dans la sphère financière mondiale.
En un court intervalle d’années, les évolutions et réformes du système financier ont conduit à des bouleversements importants du système mondial même, croyant que leur introduction alimenterait de solutions à long terme tant financières que économiques.
Dans ces cas de figures, la titrisation se voit attribuer la principale cause de l’écroulement du système financier. C’est l’une des formes de financement des crédits les plus évoluées de la finance moderne.
Apparue aux Etats unis dans les années 1970, la titrisation est communément définie comme étant l’opération qui consiste à transformer une créance (actif illiquide) en titres. Cette créance est transférée à un tiers qui en verse le prix au cédant, à charge pour le premier de mettre cet actif sur le marché des capitaux sous forme de valeurs mobilières.
L’essentiel étant que ce transfert permette de dissocier l’actif des risques liés au cédant afin de le rendre totalement immunisé à l’égard d’une éventuelle cessation de paiement de ce dernier. Le risque de perte sur le portefeuille est passé chez les investisseurs, ce qui signifie que si le portefeuille se révèle en définitive de mauvaise qualité et si les flux générés sont insuffisants, c’est l’investisseur qui subira, le cas échéant, une perte financière.
Les prêts subprime sont des prêts risqués, accordé à des foyers dont on n’est pas sûr de la solvabilité. Ils sont assignés d’une notation plus ou moins sévère, et classés dans la catégorie spéculative, en situation plus difficiles à vendre. C’est pourquoi les banques ont collaboré avec les agences de notation afin de trouver un compromis sur la manière de titrisation des prêts subprime d’une autre manière, et de les vendre plus facilement.
Le processus reste semblable. On rassemble des prêts, dans une sorte de fonds de placement, appelé véhicule, constitué d’un mélange de deux sortes de prêts : des prêts « normaux », peu risqués, et des prêts subprime. Il y a plus de prêts « normaux » que de prêts subprime. Cest une manière de mutualiser les risques. Le fonds est découpé en titres, qui sont vendus sur le marché. On appelle ces titres des CDO (collateralized debt obligation).
Ensuite, les CDO sont découpés en trois tranches : senior, junior, equity. Le risque est différent selon les tranches. La première, senior, est peu risquée. Elle bénéficie en priorité des revenus des actifs adossés au CDO, et en dernier des pertes. La seconde, junior, est plus risquée, et la dernière, equity, encore plus. La tranche senior pouvant obtenir une bonne notation, le triple A.
Ce qui amène à l’objet de cette étude. En 2007, la banque Goldman Sachs crée et commercialise le fonds Abacus 2007-AC1, un CDO synthétique, constitué par un portefeuille d’actifs classés en plusieurs catégories : la tranche la moins risquée « super senior » (1,1 milliard), 4 autres tranches intermédiaires (700 millions) et la tranche la plus risquée « equity» (200 millions).
En avril 2010, la SEC (Securities and Exchange Commission) poursuit Goldman Sachs pour avoir trompé ses clients lors de la vente du CDO Abacus. Il s’agit donc, d’instituer une analyse des raisons de cette poursuite, en situant d’une part les risques des opérations de titrisation des prêts subprimes dont le produit Abacus (partie I) et d’autre un état des lieux de sa commercialisation par la banque Goldman Sachs (partie II). La méthodologie appliquée est constituée par une analyse des situations financières des Etats-Unis, suivant la chronologie des crises et l’adoption des solutions financières.
Partie I. LES INNOVATIONS ET LA CRISE FINANCIERES AMERICAINES
Chapitre 1. ORIGINE ET OBJECTIF DES INNOVATIONS FINANCIERES
Section 1. Développement de l’activité de crédit : les subprimes
Section 2. Orientation des opérations financières des banques : l’exemple de Goldman Sachs
Chapitre 2. L’OPERATION DE TITRISATION
Section 1. De l’objectif de gestion des risques de crédit
Section 2. Les mécanismes de l’opération de titrisation
Chapitre 3. CARACTERISTIQUES DE LA CRISE FINANCIERE
Section 1. Effondrement du système financier
Section 2. Les tentatives de reprises
Partie II. INVESTISSEMENTS DANS LES SUBPRIMES : CAS DE LA BANQUE GOLDMAN SACHS
Chapitre 4. LES FONDS DE PLACEMENTS
Section 1. Définition et enjeux initiaux des ABS et CDO
Section 2. Le produit Abacus CDO 2007-AC1
Chapitre 5. CREATION ET COMMERCIALISATION DES TITRES
Section 1. Mesure des risques : garantie pour les investisseurs
Section 2. Conditions du marché et objectif de commercialisation
Chapitre 6. TENUE DE LA POURSUITE DE LA SEC
Section 1. Mise en cause de la stratégie de commercialisation des fonds Abacus
Section 2. Perspectives de résolution
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