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Sensibiliser l’accueil institutionnel au genre influence-il le processus de résilience chez les femmes demandeuses d’asile ?

 

 

Sensibiliser l’accueil institutionnel au genre influence-il le processus de résilience chez les femmes demandeuses d’asile ?

Cas de femmes demandeuses d’asile en Belgique, au niveau du centre d’accueil

« Le Petit Château »

 

 

 

 

Résumé : Suite aux constats de l’importance du phénomène migratoire mondiale touchant près de 3% de la population mondiale, et même jusqu’à 60% de la population dans certains pays, les réalités identifiées en Belgique concernant l’évolution du nombre de migrants qui suit les tendances des pays industrialisés européens, les particularités des femmes constituant près de la moitié des migrants et les spécificités du centre d’accueil belge Le Petit Château, ce mémoire a pour but de mesurer les liens réels entre la sensibilisation d’un accueil institutionnel au genre et le processus de résilience chez les femmes demandeuses d’asile. Grâce aux revue documentaires effectuées, il a été noté que les facteurs environnementaux incluant l’approche genre pouvaient constituer des facteurs importants pour la réussite du processus de résilience. Ceci a été vérifié au cours de l’expérimentation que nous avions effectuée auprès d’une vingtaine de demandeuses d’asile accueillies au sein du centre Le Petit Château. Presque la totalité de celles qui ont dit ressentir la prise en compte de l’aspect genre au niveau de l’accueil et des services octroyés par le centre, disent mieux réussir leur processus de résilience grâce à une meilleure confiance en soi, un climat sécurisant, apaisant et encourageant, propices à leur reconstruction et réinsertion sociale.

 

 

Mots clés : Genre, Résilience, Asile

 

Sommaire

 

LISTE DES ABREVIATIONS. 4

LISTE DES FIGURES. 5

INTRODUCTION.. 6

PARTIE 1 : CADRAGE DE L’ETUDE.. 8

1.1.     Contexte et problématique de l’étude. 8

1.1.1.      Contexte. 8

1.1.1.1.   Réalités du phénomène migratoire dans les pays industrialisés. 8

1.1.1.2.   Réalités en Belgique. 9

1.1.1.3.   Particularités de la femme. 11

  1. Particularités de la femme dans le phénomène migratoire. 11
  2. Lois internationales en faveur de la femme. 12

1.1.1.4.   Choix de l’institution d’hébergement le « Petit Château». 12

1.1.2.      Problématique de l’étude. 12

1.2.     Objectifs de l’étude et méthodologie appliquée. 13

1.2.1.      Objectifs de l’étude. 13

1.2.2.      Méthodologie. 13

1.2.2.1.   Etape 1 : Etape préparatoire : 13

1.2.2.2.   Etape 2 : Collecte de données. 13

  1. Recherches documentaires : 14
  2. Enquêtes qualitatives : 14
  3. Enquêtes quantitatives : 14

1.2.2.3.   Etape 3 : Traitement et analyse des données. 14

PARTIE 2 : RESULTATS DE L’ETUDE.. 15

2.1.     Résultats de la revue documentaire. 15

2.1.1.      Recueil sur les phénomènes migratoires. 15

2.1.1.1.   Définitions et origine. 15

2.1.1.2.   Les différentes formes de la migration humaine. 15

  1. Les migrations économiques : 15
  2. Les migrations forcées : 16

2.1.1.3.   Impacts de la migration humaine. 16

2.1.1.4.   Cas de l’exil en particulier 16

  1. Définition de l’exil : 16
  2. Traumatisme pré-migratoire : 17
  3. Phénomène de rupture : 17
  4. Insécurité du fait de la demande d’asile : 17
  5. Restructuration familiale : 18

2.1.2.      Recueil sur les processus d’intégration. 18

2.1.2.1.   Les politiques et procédures d’asile en Belgique. 18

  1. Politique d’accueil 18
  2. Politique d’accueil – intégrant l’approche genre. 19
  3. Procédures d’asile. 21
  4. Les centres d’accueil institutionnels. 26

2.1.2.2.   Le processus de reconstruction ou résilience. 26

  1. Origines et définitions. 27
  2. Théorie de l’attachement de Bowlby. 28
  3. Processus de résilience selon Cyrulnik. 28
  4. Niveaux de résilience. 29
  5. Les éléments de la résilience. 29
  6. Le pour et le contre de la résilience. 30

2.2.     Résultats de l’expérimentation. 31

2.2.1.      Rappels de la méthodologie. 31

2.2.1.1.   Etapes. 31

2.2.1.2.   Echantillon. 31

2.2.1.3.   Outils d’enquêtes. 31

2.2.2.      Résultats obtenus. 32

2.2.2.1.   Identification et circonstances d’arrivée. 32

  1. Age. 32
  2. Situation de famille. 33
  3. Pays d’origine. 33
  4. Durée d’ancienneté dans le centre. 34
  5. Motifs d’arrivée en Belgique. 34

2.2.2.2.   Appréciations de la qualité d’accueil 34

  1. Mesure de la perception de la qualité d’accueil en Belgique. 35
  2. Mesure de la perception de la qualité d’accueil dans le centre. 36

2.2.2.3.   Mesure de l’approche genre dans le centre. 38

2.2.2.4.   Mesure de l’impact de l’approche genre sur le processus de résilience. 39

PARTIE 3 : DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS. 40

3.1. Discussions. 40

3.2. Recommandations. 41

CONCLUSION.. 42

BIBLIOGRAPHIE et WEBOGRAPHIE.. 44

 

LISTE DES ABREVIATIONS

 

 

  • CADA  : Centre d’Accueil de Demandeurs d’Asile
  • CCE  : Conseils des Contentieux des Etats
  • CE : Commission Européenne
  • CEDAW : Committee on the Elimination of Discrimination against Women
  • CGRA : Commissariat Général aux Réfugiés et Apatrides
  • CHRS  : Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale
  • CPRR  : Commission Permanente de Recours des Réfugiés
  • HCR : Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés
  • OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economiques
  • OE  : Office des Etrangers
  • ONG : Organisation Non Gouvernementale
  • RAEC : Régime d’Asile Européen Commun
  • UE : Union Européenne

 

 

 

LISTE DES FIGURES

 

  • Figure 1: Nombre de demandes d’asile par nationalités en Belgique
  • Figure 2: Nombre de demandes d’asile en Belgique depuis 1981
  • Figure 3: Schéma de la procédure d’asile
  • Figure 4: Tranche d’âge des enquêtées
  • Figure 5: Situation de famille des enquêtées
  • Figure 6 : Pays d’origine des enquêtées
  • Figure 7 : Durée d’ancienneté dans le centre
  • Figure 8 : Mesure de la perception de la qualité d’accueil belge en général
  • Figure 9 : Appréciations détaillées de l’accueil belge
  • Figure 10 : Appréciation en général de l’accueil au niveau du centre
  • Figure 11 : Appréciation détaillée de l’accueil au centre
  • Figure 12 : Mesure d’impact de l’approche genre sur le processus de résilience des demandeuses d’asile

 

 

INTRODUCTION

 

« La Résilience définit la capacité à se développer quand même, dans des environnements qui auraient dû être délabrants. »

Boris Cyrulnik

 

 

Parmi les sources de traumatismes les plus fréquentes figurent les migrations et les demandes d’asile. En effet, non seulement, il y a le traumatisme lié au déplacement et au détachement des proches mais également le traumatisme lié à l’intégration au cours de laquelle l’individu est tiraillé entre le désir de garder son identité et celui d’arriver à s’intégrer, d’où le conflit d’identité. De plus, selon les causes de la migration, les traumatismes engendrés peuvent être plus ou moins grands. Si l’on dénombre les données chiffrées sur les flux migratoires vers les pays industrialisés, les migrants compteraient pour environ 3% de la population mondiale et la moitié serait des femmes.

Tenant compte l’importance de ce phénomène de la migration et particulièrement des femmes, ainsi que de celle des conséquences en résultant pour le migrant sommes-nous amenés à réfléchir sur les moyens de faciliter le processus de reconstruction des demandeuses d’asile, processus encore appelée « résilience ».

 

Aussi : Dans quelle mesure sensibiliser l’accueil institutionnel au genre favorise-t-il le processus de résilience des demandeuses d’asile ? Telle sera la problématique retenue pour l’étude.

 

Cette problématique nous amène à bon nombre de questions de recherche dont : Quelles sont les sources et causes de la demande d’asile ? Face à cela, quelles sont les règlementations internationales ou encore la politique d’accueil de la Belgique, lieu d’étude? Comment procède-t-on pour effectuer une demande d’asile? Face à cela, comment se fait le processus de résilience et quels sont les facteurs de réussite ?

 

Les objectifs du mémoire seront ainsi de :

  • comprendre les aspects historiques et théoriques des migrations humaines, sources de ces demandes d’asile, en général puis dans les pays industrialisés et surtout en Belgique,
  • comprendre le déroulement du processus de résilience ainsi que les facteurs de succès à ce processus,
  • mesurer expérimentalement l’impact de la sensibilisation au genre sur leur processus de résilience.

 

Le recours à la revue documentaire a été plus que nécessaire afin maîtriser les notions théoriques rattachées aux points essentiels composant notre travail. Cette revue documentaire s’est basée sur les différents ouvrages et articles disponibles mais également en partie sur l’internet et des sites spécialisés en psychologie. Ensuite, elle a été complétée par une expérimentation réalisée dans l’enceinte du Petit Château, le plus grande centre d’accueil de demandeurs d’asile en Belgique et l’un des plus grands en Europe.

 

Pour ce qui est du plan du mémoire, celui-ci se divise en trois grandes parties. La première partie servira à présenter le cadrage de l’étude c’est-à-dire l’approfondissement des idées de base et du contexte dans lequel se présente l’étude, l’identification de la problématique et des objectifs de l’étude, la description de la méthodologie ainsi que les contraintes et limites de notre étude. Ensuite, la seconde partie présentera les résultats obtenus en deux chapitres distincts : le premier présentant les résultats de la revue documentaire, et le second chapitre présentant les résultats de l’expérimentation servant à vérifier la problématique initialement posée. Enfin, la troisième partie fera lieu de discussions sur les résultats enregistrés et donnera les éventuelles recommandations de notre part.

 

PARTIE 1 : CADRAGE DE L’ETUDE

 

 

Cette partie a pour objectif de poser les grandes lignes de l’étude à savoir : identifier les grandes idées ayant conduit à la réflexion et donc à la problématique de l’étude, les objectifs qu’elle va ainsi s’assigner, la méthodologie pour la réaliser et enfin les limites et contraintes de l’étude.

 

 

1.1.Contexte et problématique de l’étude

 

1.1.1.      Contexte

Quatre principaux faits ont été relevés pour constituer le contexte de base de l’étude et permettre de déterminer sa problématique.

 

1.1.1.1.Réalités du phénomène migratoire dans les pays industrialisés

Après l’industrialisation, à partir du 20ème et actuellement au 21ème siècle, le nombre de migrants atteint près de 3% de la population mondiale en 2005. Toutefois, une grande disparité est constatée entre l’origine de ces migrants. En effet, 63% des migrants sont enregistrés dans les pays développés et 48,6% sont des femmes. Dans certains pays, le taux des migrants atteint les 60% de la population. Les Etats-Unis, l’Allemagne, la Russie et les pays de l’OCDE constituent les principaux pays d’accueil actuellement. Et les principaux pays émetteurs sont les pays asiatiques (l’Inde et la Chine).

 

A cause de ces disparités dans les migrations, les pays développés ont commencé à se plaindre de l’arrivée trop massive des réfugiés puis ont adopté une politique plus stricte face à ceci et pour préserver leurs frontières. Le résultat en est une baisse importante du nombre de migrants depuis le début des années 2000 jusqu’en 2006 où le niveau le plus bas depuis des décennies est atteint, à l’exemple de l’Allemagne et du Danemark qui enregistrent le plus faible nombre de demande d’asile depuis 1983 et France depuis 1998. Cette baisse s’est ressentie sur l’ensemble du contient européen, enregistrant une baisse moyenne de 54% des demandes d’asile en 2006 par rapport à 2002. Ces résultats sont retranscrits dans le rapport de l’HCR (Haut Commissariat des Nations-Unies pour les Réfugiés) intitulé « Niveaux et tendances de l’asile dans les pays industrialisés ».

 

Résultant ainsi d’une politique d’accueil restrictive, cette baisse des demandes d’asile a également fait suite à la montée d’une xénophobie et d’intolérance de la part des pays d’accueil, et l’événement du 11 septembre 2001 en est pour beaucoup.

 

Reconnaissant le droit de chaque pays à donner ou refuser l’asile, l’HCR rappelle toutefois aux pays industrialisés des principes de la Déclaration universelle des droits de l’homme selon lesquels :

 

  • « Devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l’asile en d’autres pays. »

 

  • « Un demandeur d’asile est un individu qui recherche une protection en tant que réfugié, même s’il n’a pas été formellement reconnu comme tel. Ce terme désigne d’ordinaire une personne qui attend encore que les autorités se prononcent sur son statut de réfugié. L’absence de reconnaissance officielle ne diminue pas ses droits à la protection en vertu du droit international relatif aux réfugiés. »

 

  • « Si l’on estime, à l’issue de l’examen du dossier que cette personne ne requiert pas une protection internationale, elle se retrouve dans la même situation que les étrangers en situation irrégulière et peut être expulsée. » (Source : Déclaration universelle des droits de l’homme)

 

Ces principes ne sont cependant pas inscrits dans les documents officiels et légaux des Etats, ce qui leur enlève une force obligatoire.

 

Ce n’est qu’en 2007 que le nombre des demandeurs d’asile a accru depuis quelques années dans les pays industrialisés, les principaux demandeurs étant surtout des Irakiens, des Somaliens, des Erythréens et Colombiens, et les principaux pays de destination sont l’Europe et les Etats-Unis.

 

 

1.1.1.2.Réalités en Belgique

Le nombre de demandes d’asile enregistrées en 2005 en Belgique se présente comme dans la figure ci-après, les principaux pays d’origine étant la Russie, la Serbie, La République du Congo et l’Irak.

 

 

Figure 13: Nombre de demandes d’asile par nationalités en Belgique

Source : CGRA, 2005

 

 

De la même manière, l’évolution des demandes d’asile en Belgique depuis 1981 est présentée par le schéma ci-après. Il montre une baisse significative des demandes suivant la tendance des pays développés à partir de 2001 après avoir connu un summum en 2000.

 

 

 

Figure 14 : Nombre de demandes d’asile en Belgique depuis 1981

Source : CGRA, 2005

 

 

1.1.1.3.Particularités de la femme

 

a.      Particularités de la femme dans le phénomène migratoire

La femme mérite une attention particulière lorsqu’il s’agit de traiter du phénomène migratoire. En effet, à part les persécutions qu’elle peut subir en tant que réfugiée (persécutions du fait de sa race, sa religion, son appartenance sociale, ou opinion politique), donc des persécutions « habituelles », contrairement aux hommes, les femmes de par leur nature subissent déjà des discriminations de genre. Mise à part leur vie, leur intégrité physique est également menacée.

 

Par ailleurs, la loi du 12 janvier 2007 sur le Gender Mainstreaming visant à intégrer la dimension genre dans toutes les politiques fédérales, ouvre l’opportunité vers une révision de la politique d’accueil en faveur des femmes, pour qu’il y ait égalité des sexes et de meilleures conditions de vie pour les femmes réfugiées.

 

 

 

 

b.      Lois internationales en faveur de la femme

La Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes ou CEDAW met en avant que la discrimination contre les femmes ainsi que les idées préconçues à leur égard sont en désaccord avec les principes d’égalité de droits entre l’homme et la femme et de ce fait ne respectent pas la dignité humaine. Le champ d’application énuméré par la convention est large. Il y va du travail, à la famille, à l’éducation, l’enseignement, la santé, etc… domaines dans lesquels la convention s’emploie à éliminer toutes discriminations et promeut l’égalité de chance entre les deux sexes.

 

1.1.1.4.Choix de l’institution d’hébergement le « Petit Château»

Le choix du Petit Château comme lieu d’étude a été dicté par ses caractéristiques. Le Petit Château constitue l’un des 19 centres ouverts de Belgique. Doté d’environ 800 places, ce fut le premier centre à offrir ce genre de service, et est actuellement le plus grand centre d’accueil du pays et un des plus grands en Europe. Il reçoit environ 700 demandeurs d’asile venant d’introduire leur demande sans distinction d’origine, et leur fournit une assistance psychologique, juridique et une aide matérielle.

 

Le centre regroupe près d’un millier de personnes tourmentées sur leur sort dont en moyenne 70% se voient refusés leur demande d’asile à la fin de la procédure. L’accompagnement juridique se matérialise par l’aide aux contacts d’avocats pro deo (pour la plupart des avocats stagiaires) aux services gratuits. Mais la majorité des réfugiés préfèrent faire appel aux avocats expérimentés pour défendre leurs cas, quitte à s’endetter pour cela. L’aide matérielle quant à elle se matérialise par la fourniture d’un lit et de repas.

 

Pour ce qui est de l’organisation au sein du Petit Château, chaque demandeur d’asile se voit remettre un badge personnel, et une carte d’identité interne. Le centre répertorie les demandeurs d’asile dans une base de données informatisée et centralisée, facilitant ainsi la gestion. Il existe également des règlement au sein du centre à ne citer que l’interdiction de revenir au centre pour un demandeur d’asile si celui-ci ne rentre pas durant trois nuits de suite sans avoir prévenu son accompagnateur de vie quotidienne.

 

 

 

1.1.2.      Problématique de l’étude

Devant ses faits contextuels, nous nous sommes posés la question : Dans quelle mesure sensibiliser l’accueil institutionnel au genre influence-il le processus de résilience chez les femmes demandeuses d’asile ? Telle sera la problématique de notre étude.

 

Les questions de recherches que nous sommes amenés à nous poser sont :

  • Quelles sont les origines des demandes d’asile ?
  • Comment se déroule le processus de résilience ?
  • Et enfin, dans quelle mesure une sensibilisation de l’accueil au genre impacte-t-il sur le processus de résilience des femmes demandeuses d’asile ?

 

 

1.2.Objectifs de l’étude et méthodologie appliquée

 

1.2.1.      Objectifs de l’étude

Partant de la problématique et des questions de recherche définies précédemment, les objectifs de l’étude seront ainsi de :

 

  • comprendre les aspects historiques et théoriques des migrations humaines, sources de ces demandes d’asile, en général puis dans les pays industrialisés et surtout en Belgique,
  • comprendre le déroulement du processus de résilience ainsi que les facteurs de succès à ce processus,
  • mesurer expérimentalement à travers la prise du cas de certaines femmes admises dans le centre le Petit Château l’impact de la sensibilisation au genre sur leur processus de résilience.

 

 

1.2.2.      Méthodologie

Pour mener à bien cette étude, notre méthodologie s’est déroulée en trois (03) étapes :

  • L’étape préparatoire,
  • La collecte de données,
  • Le traitement et l’analyse de données.

 

1.2.2.1.Etape 1 : Etape préparatoire :

L’étape préparatoire est l’ensemble des activités énoncés ci-après :

  • Réalisation de recherches contextuelles : réalisées aux moyens de recherches documentaires (textes et lois sur la migration et la politique d’accueil, données sur la Belgique, données sur le Petit Château, etc…) et d’entretiens qualitatifs (auprès de professionnels et de femmes demandeuses d’asile)
  • Identification de la problématique,
  • Conception du protocole de recherche,
  • Elaboration du plan et des outils de recherche,
  • Préparation logistique : duplication des outils d’enquête

 

1.2.2.2.Etape 2 : Collecte de données

La collecte de données a été réalisée de trois différentes manières :

  • Depuis les recherches documentaires,
  • Depuis les enquêtes qualitatives,
  • Depuis les enquêtes quantitatives.

 

 

a.      Recherches documentaires :

Ce sont :

  • Les données sur la migration humaine (définition, historique, flux migratoires, typologie, chiffres dans les pays industrialisés et en Belgique etc…)
  • Les données sur la résilience (définition, processus, facteurs de succès, acteurs/intervenants, etc…)
  • Les politiques et procédures d’asile

 

Ces recherches documentaires ont été réalisées pour la majorité des cas d’après les recherches sur internet. Sinon la bibliographie a également aidé.

 

b.      Enquêtes qualitatives :

Les enquêtes qualitatives sont composées de :

  • Entretiens individuels avec le responsable du centre le Petit Château, des responsables auprès des entités intervenant dans la décision de l’octroi d’asile (CGRA, OE)
  • Focus group avec un groupe de huit (08) femmes demandeuses d’asile hébergées au sein du Petit Château

 

c.       Enquêtes quantitatives :

Pour ce qui est des enquêtes quantitatives, ce sont des enquêtes en face-à-face réalisées auprès de vingt (20) femmes demandeuses d’asile séjournant dans le centre le Petit Château.

 

 

1.2.2.3.Etape 3 : Traitement et analyse des données

Le traitement des données a été effectué sur un logiciel adéquat (excel).

 

 

 

 

 

 

PARTIE 2 : RESULTATS DE L’ETUDE

 

 

Cette seconde partie servira à énoncer les résultats obtenus depuis les différentes recherches effectuées. Suivant la nature de ces recherches, nous avons divisé cette partie en deux chapitres traitant respectivement des résultats de la revue documentaire et des résultats de l’expérimentation.

 

 

2.1.Résultats de la revue documentaire

 

2.1.1.      Recueil sur les phénomènes migratoires

 

2.1.1.1.Définitions et origine

Wikipédia définit la migration humaine comme « le déplacement du lieu de vie d’individus ». Ce phénomène existe depuis la préhistoire dans la mesure où depuis la première apparition de l’homo sapiens en Afrique, la race humaine a progressivement peuplé les différents continents de la planète. En ce temps, la migration prenait la forme de nomadisme, une succession de déplacements dans le but de trouver toujours des ressources naturelles pour la cueillette et la pêche, qui constituaient à cette époque les premières sources d’alimentation.

 

 

2.1.1.2.Les différentes formes de la migration humaine

Depuis ce temps de la préhistoire, la migration a commencé à prendre diverses formes, restant de nature volontaire ou forcée.

 

a.      Les migrations économiques :

Ce type de migration est généralement associé aux déplacements des travailleurs et d’étudiants vers des pays dotés d’une politique d’accueil et de conditions socio-économiques favorables à la venue des populations.

 

En ce qui concerne particulièrement les études, la principale remarque concerne l’unilatéralité des migrations, c’est-à-dire des étudiants des pays sud vers les pays nord, traduisant ainsi l’inégalité de l’enseignement entre pays du sud et du nord.

 

 

 

b.      Les migrations forcées :

Les migrations forcées comme leur nom l’indique, résultent de contraintes forçant les populations à fuir leur lieu de résidence. Les raisons de cette fuite peuvent être d’origines religieuses (persécutions de certaines religions), ethniques (racisme), sociales (pays en guerre), économiques (exodes), politiques (invasions, colonisations), etc…

 

Les migrations forcées ont enregistré d’énormes flux avec l’affluence des guerres (en Afrique Noire, au Moyen-Orient et en Asie).

 

 

2.1.1.3.Impacts de la migration humaine

La migration humaine peut être à l’origine de diverses conséquences sur le développement local et l’environnement. Les plus importantes sont les impacts sociaux et culturels tels la perte identitaire (évolution des cultures, déperdition de la langue native, restructuration de la famille, etc…) et les impacts économiques en faveur des pays de destination mais au détriment des pays d’origine. A part cela, la migration entraîne également une révision dans la gestion des ressources naturelles depuis les pays d’origine aux pays de destination.

 

En parlant de problèmes sociaux, des cas de traumatismes ont été enregistrés, et leur importance a même amené la psychiatrie à s’intéresser à ce que les scientifiques ont appelé « la pathologie du migrant».

 

La migration proprement dite en tant que déplacement englobe séparation physique et sociale ainsi que restructuration et dislocation de la famille. Dans certains ouvrages, elle est cité comme source de perte d’aménité (« Douceur accompagnée de politesse et de grâce » Définition du Littré). Le traumatisme peut naître du caractère vital du départ ou encore de la déception ressentie par le réfugié trouvant une trop grande différence entre ce qu’il s’est imaginé voir dans le pays d’accueil et ce qu’il vit réellement.

 

 

2.1.1.4.Cas de l’exil en particulier

Tout migrant renferme avec lui une problématique complexe, ajouté à des idées contradictoires partagées entre le désir de se voir intégré et la peur de perdre son identité. Toutefois, suivant les raisons du départ de la personne, les caractères de la personne et du pays d’accueil, l’étendue des conséquences sur la personne varie d’un sujet à un autre. En parlant de la raison du départ, l’exil en particulier a des effets encore plus néfastes.

 

a.      Définition de l’exil :

Tiré du latin ex(s)ilium et de ex(s)ul, l’exil se traduirait textuellement par « séjournant à l’étranger, banni », et les définitions se convergent vers « l’expulsion hors de la patrie ». Depuis cette définition déjà, nous pouvons en tirer des termes assez négatifs, porteurs de contrainte, d’interdiction, de privation et même de condamnation.

 

b.      Traumatisme pré-migratoire :

Certains exilés ont déjà pour la plupart des cas été exposés à de grandes souffrances et même parfois extrêmes. Les trauma subis sont souvent la cause d’actes cruels perpétrés par des semblables, donc à caractère interhumain, et surtout volontaire. Cette violence a également une dimension collective dans la mesure où elle est perpétrée par un groupe sur d’autres.

 

Plus ces traumas sont répétés, plus les troubles observés sont énormes. Et les scientifiques arrivent même à les catégoriser de  « Modifications durables de la personnalité liées à une expérience de catastrophe » (Herman 1992, Van der Kolk 1996, Frey 2001).

 

Parmi les caractéristiques associées à ces modifications de la personnalité, il y a :

  • l’altération du contrôle de l’affectif (colère, comportements agressifs envers soi et suicidaires, impulsions, etc…),
  • la destruction de l’état conscient (amnésie partielle, dépersonnalisation, etc…)
  • les somatisations (douleurs, perte de sommeil,
  • la perte de l’estime et de la perception de soi et le désespoir.

 

c.       Phénomène de rupture :

L’expulsion de la patrie amène à un éloignement dans l’espace, éloignement par rapport à tout ce qui fait l’identité d’une personne c’est-à-dire son groupe d’appartenance (sa famille, sa communauté, son clan, sa tribu, son peuple) et ce que cela implique (valeurs, croyances, coutumes, modes de vie, langue, langage, etc…). On parle de déchirure par rapport à ce qui constituait le cadre de vie de l’exilé, ses repères, son environnement devenu réconfortant et sécurisant de par sa familiarité.

 

Ce principe a même été utilisé dans les temps anciens où la peine capitale était non pas la mort ni l’emprisonnement mais l’exil. Le fait d’être coupé de la communauté et des siens, éloigné de son environnement d’origine constitue généralement une expérience pénible et douloureuse. L’exilé n’est ni du côté de son pays d’origine ni complètement admis dans le pays de d’accueil.

 

 

c.       Insécurité du fait de la demande d’asile :

L’exil en lui-même s’effectue en général sur une décision de fuite immédiate et se traduit par un départ précipité de l’exilé sans préparation préalable. Arrivé dans le pays d’accueil, l’exilé n’est pas encore au bout de ses peines. La demande d’asile est encore un processus assez difficile, sans qu’il n’y ait aucune garantie d’acceptation. La menace d’expulsion pèse toujours. Sans parler de l’hostilité de l’opinion publique, des politiques d’accueil restrictives et contraignantes des pays hôtes.

 

 

d.      Restructuration familiale :

Les traumas énoncés plus haut se ressentent non seulement au niveau de l’individu, mais également auprès de la famille dont les membres prennent conscience du caractère monstrueux de l’homme, du renversement de systèmes d’ordre fondamentaux et ressentent une désorganisation ainsi que l’incapacité à se protéger entre eux.

 

L’éducation familiale s’en retrouve ainsi perturbée. Ces changements peuvent menacer le fonctionnement habituel familiale ainsi que l’insertion sociale des membres. Ceci peut par exemple s’expliquer par la perte de repères, de cadre de vie par les parents qui se retrouvent submergés par trop de problèmes en même temps et n’arrivent plus à assumer leurs rôles de parents ou à se percevoir comme tels.

 

Afin de se défendre comme ils le peuvent, les membres peuvent inconsciemment vouloir se protéger de ce qu’ils pensent être hostile à leur égard c’est-à-dire les autres. A force, cette attitude défensive peut s’avérer néfaste pour la construction de liens interpersonnels et maintient la famille « sur le qui-vive ».

 

 

 

2.1.2.      Recueil sur les processus d’intégration

Les processus d’intégration ici concernent l’asile et la reconstruction que nous allons détailler successivement ci-après.

 

2.1.2.1.Les politiques et procédures d’asile en Belgique

 

a.      Politique d’accueil

La politique d’asile en Belgique a connu plusieurs aménagements depuis une quinzaine d’année.

 

  • 1945 : Déclaration Universelle des Droits de l’Homme – instauration du droit d’asile sans obligation des Etats à l’accorder.

 

  • 1951 : Signature de la Convention de Genève sur les réfugiés avec 118 autres pays, réfugiés définis comme étant toute personne, qui « craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut, ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays ».

 

  • 1967 : Signature du Protocole de New York, élargissant le champ d’application de cette convention non plus seulement à ceux qui avaient peur d’être persécutés dans l’après-guerre mondiale.

 

  • 1990 : Signature de l’Accord de Schengen supprimant les contrôles internes lors de traversées de frontières d’Etats membres. La facilitation des déplacements internes s’est néanmoins compensé par le renforcement des contrôles aux frontières externes.

 

  • 1997 : Application de la Convention de Dublin stipulant qua la demande émise par un réfugié sera traitée par l’Etat où il l’a présentée. Toutefois, si refus de la demande par état, le réfugié en question ne pourra plus présenter sa demande dans aucun autre Etat Schengen.

 

En tant que forme de protection internationale, la demande d’asile est une procédure individuelle. La protection pouvant être obtenue est soit une protection en tant que réfugié ou une protection subsidiaire. La procédure d’asile en Belgique est régie par la Convention de Genève de 1951 et la loi du 15 décembre 1980 sur les Etrangers.

 

 

b.      Politique d’accueil – intégrant l’approche genre

 

Comité CEDAW

Comme déjà abordé parmi les idées phares de notre contexte d’étude, la femme bénéficie d’une loi internationale, ou plus précisément d’une convention, en sa faveur pour éliminer toutes les formes de discrimination à son égard. Il s’agit de la convention CEDAW. Le suivi et la mise en œuvre de cette convention est déléguée à un comité dont l’une des principales tâches consiste en la formulation de recommandations sur l’interprétation du traité.

Les recommandations émises par le comité qui intéressent plus particulièrement notre étude sont les numéros 12, 19 et 26 :

  • Les deux premières traitent de la violence contre les femmes : il est imposé aux Etats ayant signé la convention de prévoir et prendre les dispositions particulières et efficaces afin de mettre les femmes à l’abri de toutes formes de violence, peu importe le lieu. Le but est d’éliminer toutes violences fondées sur le genre, qu’il puisse s’agir d’un acte collectif, public ou privé.
  • La troisième recommandation concerne les femmes migrantes au travail. Le comité explicite à travers cette recommandation que les termes de la convention s’appliquent à toutes les femmes, peu importe leur statut, incluant celles ne disposant pas de papiers ni d’autorisation de séjour légal. Dans cette protection des femmes sans papiers, la recommandation préconise un accès à des voies de recours juridiques en cas de besoin urgent. Dans le cas d’arrestations éventuelles, ces Etats doivent veiller à ce qu’elles soient traitées en respect des droits fondamentaux humains sans confrontation à des violences de genre.

 

 

 

 

 

Traité d’Amsterdam

A part cela, l’application du Traité d’Amsterdam en 1997 marque la première marche vers la promotion de l’égalité des sexes au sein de l’Union Européenne élargie à travers les articles 1, 3, 13, 137 et 141:

  • L’article 1 énonce particulièrement que l’Union Européenne «combat l’exclusion sociale et les discriminations, et promeut […] l’égalité entre les femmes et les hommes,…».
  • L’article 3 renforce : «Pour toutes les actions visées au présent article, la Communauté cherche à éliminer les inégalités, et à promouvoir l’égalité, entre les hommes et les femmes.».
  • Enfin, les articles 13, 137 et 141 énumèrent les mesures préconisées afin de combattre ces discriminations basées sur le genre et promouvoir l’égalité entre les genres.

Par ailleurs, ce traité traite également des cas d’immigration et asile et incite les Etats signataires à réfléchir sur les demandes d’asile et élaborer des normes minimales pour l’accueil.

 

Traité de Lisbonne

Dix ans après, le Traité de Lisbonne est signé et entre en vigueur vers fin 2009. A travers ce traité, l’Union Européenne rajoute de nouveaux objectifs sociaux à l’exemple du « plein emploi, le progrès social, la lutte contre l’exclusion sociale et la discrimination, l’élimination de pauvreté, la protection des droits humains » sans oublier «l’égalité entre les femmes et les hommes» (Articles 1a et 2).

 

Plan d’action en matière d’asile

Le Plan d’action en matière d’asile fut publié par la CE en 2008. Le plan prévoit une approche intégrée pour la mise en place d’un Régime d’Asile Européen Commun (RAEC). La thématique genre est reprise plusieurs fois ainsi que le besoin d’une prise en compte particulière des femmes considérées comme un groupe vulnérable.

 

Avis n°57 du Conseil pour l’Egalité des Chances entre Hommes et Femmes

Cet avis publié en 2002 prévoit l’urgence de prendre en compte de la problématique des femmes demandeurs d’asile et réfugiées dans la politique nationale Belge tenant compte des problèmes tels :

  • Les conditions minimales d’accueil ne sont pas toujours respectées (informations, soins médicaux, formations professionnelles, services d’interprète ou cours de langue, retour, etc…),
  • Les risques pour l’intégrité physique des femmes et jeunes filles,
  • Les femmes en charge d’une famille ont rarement accès au travail et aux informations sur les diverses allocations.

 

c.       Procédures d’asile

Il y a quatre (04) critères permettant de juger si le demandeur peut être considéré comme un réfugié :

 

  • Critère n°1 : Une peur d’une éventuelle persécution à subir si la personne retourne dans son pays de résidence,

 

  • Critère n°2 : Cette persécution peut avoir comme origine : la race du demandeur, sa religion, ses opinions ou appartenances politiques, ou à des groupes sociaux,

 

  • Critère n°3 : La personne se trouve hors de son pays d’origine,

 

  • Critère n°4 : La personne ne peut compter sur l’appui des autorités locales de son pays d’origine pour lui assurer une protection, ou ne peuvent l’invoquer.

 

Le demandeur de ce statut de réfugié peut demeurer en Belgique pour une durée indéterminée. Le cas échéant, l’examen de son dossier par les autorités belges peut aboutir à une protection subsidiaire. Le statut de protection subsidiaire est attribué à une personne « s’il existe à son égard des motifs sérieux de croire que, s’il retourne dans son pays d’origine, un risque réel de subir des atteintes graves qu’il ne peut ou, du fait de ce risque ne veut se prévaloir des la protection de ce pays ».

 

Et sont considérés comme atteintes graves :

  • la peine de mort ou l’exécution,
  • les tortures inhumains ou dégradants,
  • des menaces graves contre la vie ou la personne d’un civil en raison d’une violence aveugle en cas de conflit armé interne ou international.

 

Un étranger présentant les critères d’exclusion énoncés dans la Convention de Genève ou encore présumé coupable de crime de guerre ou de crime contre l’humanité ne peut se voir octroyer un statut de protection subsidiaire. Un statut spécial est accordé à l’étranger souffrant d’une maladie grave qu’il soit en situation légale ou illégale sur le territoire belge, car aucun traitement n’existe dans le pays d’origine.

 

 

L’examen du dossier du demandeur est laissé à l’appréciation de quatre principales instances :

  • L’office des Etrangers enregistrant les demandes d’asile et effectuant quelques examens (oe),
  • Le commissariat général aux réfugiés et apatrides (cgra) examinant le contenu de la demande et prenant la décision d’octroi du statut de réfugié ou de protection subsidiaire,
  • Le conseil des contentieux des étrangers (cce), instance où l’introduction d’une procédure de recours peut être possible suite à une réponse négative des deux autres,
  • Et enfin le Conseil d’Etat, où s’introduit le pourvoi en cassation, dernier recours après une réponse négative du cce.

 

La procédure de demande d’asile se passe en quatre étapes depuis l’introduction de la demande auprès de l’OE à la prise de la décision finale statuant la qualité du demandeur :

  • La demande de l’asile;
  • L’identification de l’Etat qui va procéder au traitement de la demande ;
  • Si ce pays s’agit de la Belgique, l’Office des étrangers examine si la demande est recevable. A cette étape se prend la décision si la demande d’asile nécessite un examen ultérieur. Si c’est le cas, le demandeur d’asile peut demeurer en Belgique pour attendre le résultat dudit examen (l’examen au fond) ;
  • L’examen au fond, procédé par le Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides afin d’examiner en première instance s’il y a lieu de reconnaître ou non la qualité de réfugié.

 

Il est possible qu’un examen en deuxième instance se fasse devant la Commission permanente de recours des réfugiés (CPRR).

 

Etape 1 : La demande d’asile

 

La demande d’asile proprement dite est réalisée de manière simple grâce à une déclaration aux autorités des frontières ou à l’OE le désir de se voir octroyer l’asile en Belgique.

 

 

Etape 2 : L’identification de l’Etat responsable

 

Juste après réception de la demande d’asile, l’OE applique la convention de Dublin (1997) portant sur l’identification de l’Etat responsable du traitement de la demande.

  • Si l’Etat responsable est la Belgique, l’OE passera à l’examen de la demande et statuera sur sa recevabilité.
  • Si elle ne l’est pas, l’OE avertit le demandeur et le traitement reviendra à l’Etat responsable. Dans ce cas, l’accès ou le séjour sur le territoire peut être interdit au demandeur qui sera contraint de se rendre dans l’Etat responsable avec un laissez-passer. Cette décision peut faire l’objet d’un recours auprès du conseil d’état.

 

Etape 3 : Examen de la recevabilité de la demande

 

L’examen de la recevabilité de la demande s’opère au moyen d’un interview du demandeur à la date de l’émission de la demande ou ) une date ultérieure fixée. Le respect de cette date par le demandeur constitue déjà un facteur permettant de juger de l’importance accordée par ce dernier à sa demande d’asile.

 

A la suite de cet interview, deux cas peuvent se présenter :

 

  • 1er cas : la demande d’asile est recevable : ceci conduit à l’autorisation légale de séjourner en Belgique durant l’examen de la demande. Cette autorisation est délivrée par écrit, comprenant une attestation d’immatriculation de l’administration communale. Le demandeur sera ultérieurement invité pour une enquête au fond.

 

  • 2ème cas : la demande d’asile est irrecevable : une annexe 25 bis ou 26 bis est délivrée communiquant soit l’interdiction de séjourner au Belgique et le refoulement, soit l’obligation de quitter immédiatement le territoire belge.

 

 

Etape 4 : Examen au fond

 

Dans le cas où la demande d’asile est déclarée recevable, le CGRA réalisera l’examen au fond. L’examen au fond consiste en la vérification minutieuse que la demande est conforme à la convention de Genève et que les motifs de départ, notamment les persécutions subies dans le pays de départ sont fondées et pertinentes. Cette vérification se réalise grâce à la reconstitution du récit de fuite en ajout aux informations concrètes (noms, dates, lieux, etc…). Ce récit sera comparé et vérifié dans la documentation des collaborateurs du CGRA.

 

Deux cas peuvent encore se présenter :

 

  • 1er cas : octroi du statut de réfugié : Ce statut sera communiqué au demandeur par lettre recommandée ou fax à l’adresse de l’avocat de ce dernier. La carte de réfugié lui sera remise par le CGRA environ un mois après octroi de ce statut. Elle servira à être présentée auprès de l’administration communale afin de se voir octroyer un permis de séjour correspondant.

 

  • 2ème cas : refus du statut de réfugié : tout comme l’octroi, le refus du statut de réfugié parviendra au demandeur par voie de lettre recommandée ou fax adressé à son avocat. Après notification de cela, le demandeurs peut introduire un recours auprès de la CPRR. Le cas échéant, une annexe13lui sera délivrée l’obligeant à quitter le territoire dans un délai précis.

 

Suite au recours effectué par le demandeur pour contrer cette non-reconnaissance, la CPRR peut délivrer deux types de réponses :

 

  • 1èr type de réponse : positive : octroi du statut de réfugié – même procédé que précédemment c’est-à-dire obtention de la carte de réfugié et du permis de séjour correspondant.

 

  • 2ème type de réponse : négative : refus du statut de réfugié – notification du demandeur par voie de fax à son avocat ou lettre recommandée. L’OE est averti par la CPRR pour que ce premier délivre une annexe 13 au demandeur lui ordonnant de quitter le territoire belge.

 

 

Après ces explications, la procédure d’asile peut être schématisée comme ci-après :

 

Figure 15: Schéma de la procédure d’asile

Source : CGRA, 2005

 

 

d.      Les centres d’accueil institutionnels

Généralement, un centre d’accueil de demandeurs d’asile (CADA) est « un foyer ou dispositif hôtelier spécialisé pour l’hébergement des demandeurs d’asile durant le temps d’examen de leur demande» (Source Wikipédia). Le statut juridique de ces centres est celui de centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS), suivant l’énoncé du décret du 3 juillet 2001.

 

Le fonctionnement des centres d’accueil est régi par des textes énoncés dans des circulaires émis par le Ministère de l’Emploi et de la Solidarité. Le financement est assuré par l’Etat au titre d’aide sociale, dont la gestion revient à l’association ou l’entreprise locale choisie grâce à une procédure d’appel d’offres.

 

Par ailleurs, une agence fédérale de l’accueil dénommée FEDASIL est créée en 2002. Elle se charge d’organiser l’accueil en veillant aux aspects humains, efficacité, souplesse et qualité (c’est-à-dire conformité aux normes européennes) pour les demandeurs d’asile. La gestion des structures d’accueil et des conventions avec les partenaires (ONG, Croix-Rouge, initiatives locales d’accueil) incombent au FEDASIL qui fournit une aide matérielle, psychologique et médicale.

 

L’accueil par les centres d’accueil se traduit en outre par une aide matérielle. Cette aide matérielle se compose de :

  • l’hébergement, la nourriture, et l’habillement,
  • le soutien moral, psychologique, social et médical,
  • de l’argent de poche hebdomadaire dont les montants diffèrent selon l’âge du demandeur,
  • la mise en contact avec une aide juridique,
  • l’accès à des services d’interprète,
  • l’accès à des formations,
  • l’aide au retour volontaire.

 

 

La loi du 12 janvier 2007 sur l’accueil des demandeurs d’asile et certains étrangers régit l’accueil en Belgique. Elle prévoit l’accueil en deux phases :

 

  • une phase d’accueil collective pendant les quatre premiers mois de séjour du demandeur,
  • puis une possibilité d’orientation vers une structure d’accueil individuelle.

 

 

 

2.1.2.2.Le processus de reconstruction ou résilience

Après les politiques et procédures d’asile, il y a lieu de considérer la deuxième démarche pour l’intégration du migrant ou de l’exilé à savoir le processus de reconstruction. En effet, il a été vu précédemment que la migration humaine, en tant que déplacement et même dans certains cas une condamnation, est source de rupture, de chocs et de traumatismes pour la victime. Nous allons voir maintenant comment se passe ce processus de reconstruction une fois la demande d’asile réglée.

 

 

a.      Origines et définitions

 

Origine

 

A l’origine, le terme résilience fut utilisée en physique pour expliquer la résistance des divers matériaux de construction face aux chocs avant qu’il y ait publications dans les domaines de la psychologie vers la fin des années 30.

 

 

Définitions

 

Les essais de définition par différents auteurs du terme « Résilience » se présentent comme suit :

 

  • « Rôle positif des différences individuelles dans la réponse d’une personne au stress et à l’adversité. » Rutter (1990) ;

 

  • « Développement normal dans des conditions difficiles » Fonagy (1993) ;

 

  • « Adaptation exceptionnelle malgré l’exposition à des stresseurs significatifs. » Cowen (1996) ;

 

  • « Habileté de résister aux effets négatifs de vulnérabilités internes et environnementales. » Allen (1998) ;

 

  • « Compétence manifeste dans le contexte d’obstacles majeurs à l’adaptation et/ou au développement » Masten (1998).

 

Enfin, « La résilience est un phénomène psychologique qui consiste, pour un individu affecté par un traumatisme, à prendre acte de l’événement traumatique pour ne plus vivre dans la dépression. La résilience serait rendue possible grâce à la réflexion, à la parole, et à l’encadrement médical d’une thérapie, d’une analyse» propose Wikipédia.

 

Les scientifiques et auteurs (M. Rutter, I. Goodyer, S. Vanistandael, I. Kreisler, M. Manciaux) s’accordent ainsi à dire que la résilience convergent vers trois sortes de phénomènes :

  • Un sujet jeune a toutes les chances de bien se développer et de bien s’adapter même s’il présente des facteurs de risque ;
  • Le sujet maintient sa compétence même s’il vit des situations stressantes chroniques ;
  • Un sujet peut bien récupérer après avoir vécu un traumatisme.

 

 

 

 

 

 

b.      Théorie de l’attachement de Bowlby

Le terme « Résilience » été pour la première fois introduit dans les travaux de John Bowlby. Ce psychiatre et psychanalyste anglais a montré l’importance d’une base sûre, d’un lien d’attachement solide réconfortant, rassurant, qui permet de se rattacher à la réalité. Et par comparaison au traumatisme, la capacité de résilience serait ainsi liée à cet attachement solide.

 

La théorie de l’attachement a été développée par Bowlby dont l’enfance fut marquée par une quasi-absence de sa mère, profondément rattachée aux principes britanniques des hautes bourgeoisies d’antan selon lesquels l’affection parentale, un trop rapprochement avec l’enfant seraient néfastes au développement de ce dernier. Elle met particulièrement en avant l’attachement et le lien entre mère et enfant, les besoins fondamentaux et innés du nouveau-né.

 

Les travaux de Bowlby permettent ainsi d’énumérer les cinq compétences considérées comme innées d’un nouveau-né et créant ainsi l’attachement avec sa mère. Il s’agit de :

  • « la capacité de succion (têter),
  • la capacité de s’accrocher,
  • la capacité de pleurer,
  • la capacité de sourire,
  • la capacité de suivre du regard ».

(Sources Wikipédia)

 

En résumé, pour pouvoir bien se développer, un bébé aurait besoin d’être en contact physique et psychique avec l’adulte pour se procurer sécurité et réconfort.

 

c.       Processus de résilience selon Cyrulnik

Suite à l’introduction du terme « résilience » dans les travaux de Bowlby, le concept de résilience a ensuite été développé par l’éthologue Boris Cyrulnik dans le domaine de la psychologie. Pour la petite biographie, Boris Cyrulnik est un scientifique qui a connu une enfance assez difficile, notamment après l’âge de 6 ans, une fois que ses parents aient été déportés. Il a ensuite été recueilli et élevé par une institutrice et échappe deux ans plus tard à une rafle. D’un naturel curieux, Cyrulnik a étudié la médecine tout en s’ouvrant à d’autres disciplines telles la psychologie, la neurologie, la psychanalyse, la biologie et même l’éthologie.

 

Les travaux de Cyrulnik ont pris leur origine sur l’observation de survivants affectés dans des camps de concentration, et des groupes de personnes dont des enfants d’orphelinats en Roumanie et des enfants de rue Bolivie.

 

Selon lui, la résilience résulterait de multiples processus interrompant les affectations négatives. Il y a huit principaux processus :

  • La défense-protection ;
  • l’équilibre face aux tensions ;
  • l’engagement-défi ;
  • la relance ;
  • l’évaluation ;
  • la signification-valuation ;
  • la positivité de soi ;
  • la création.

 

 

d.      Niveaux de résilience

Il y a différents niveaux de résilience :

  • La résilience individuelle,
  • La résilience familiale,
  • La résilience communautaire et sociétaire.

 

 

Résilience individuelle

La résilience individuelle offre aux gens les opportunités de prendre conscience de leurs capacités actuelles et de leur potentiel de développement. Les facteurs de résilience individuelle sont : le sens de l’humour, les talents innés ou développés, un tempérament facile et adaptable aux situations, une estime de soi, la maturité, un haut niveau scolaire, le genre et l’âge, la capacité de projection dans l’avenir, le contrôle de soi, le sens de l’identité, la sociabilité, l’ouverture aux autres, le sens de l’analyse, l’autonomie, la capacité de prendre du recul.

 

 

Résilience familiale

En ce qui concerne la résilience familiale, celle-ci se construit avec les facteurs tels : la discipline, le support et l’affection, l’âge des parents, leur ouverture d’esprit, la communication, la suffisance de l’espace physique, le nombre et l’âge des enfants dans la famille, l’espace entre les naissances, la perception et l’association donnée à l’enfant, la non violence, la situation financière de la famille, le rôle du père, la justice intrafamiliale.

 

 

Résilience communautaire et sociétaire

La résilience communautaire et sociétaire quant à elle se construit de par la suffisance des infrastructures et installations de loisir, transport, santé, sécurité, logement, informations, les valeurs, supports, la solidarité,  les politiques, les normes.

 

 

 

e.       Les éléments de la résilience

En rapport à cela, trois principaux éléments sont à tenir en compte dans le processus de résilience car l’influencent.

 

Il s’agit :

  • tout d’abord des événements de vie,
  • puis des facteurs personnels,
  • et enfin du lien entretenu par la personne avec l’environnement.

 

 

Les événements de vie :

 

L’influence des événements de vie explique la situation d’une personne ou d’un groupe d’appartenance (famille, amis, groupe social, institution) dans un cycle de vie tout en sachant que le cycle de chacun est parsemé de ruptures, et dans lesquelles une continuité malgré cela s’inscrit.

 

 

Les facteurs personnels :

 

Les facteurs personnels sont quant à eux composés des facultés ou dispositions naturelles de la personne. Celles-ci tirent leur origine de la constitution génétique de chacun, de ses forces intrapsychiques spécifiques et de ses capacités d’adaptation qui sont orientées vers l’action. De par cela, par exemple, les enfants résilients sont généralement dotés d’une grande autonomie, d’un bon contrôle de soi, d’une bonne sociabilité et d’empathie. Ils sont naturellement actifs et organisés. Et ils ont cette capacité de relativiser les choses, de prendre du recul pour résoudre un problème.

 

 

Les liens entretenus avec l’environnement :

 

Enfin, les liens avec l’environnement ou les facteurs environnementaux sont constitués du soutien et de l’aide prodigués par d’autres, de l’atmosphère enveloppant la personne juste après le traumatisme, qui déterminent le succès de la résilience d’une personne ayant vécu un traumatisme. Ceci est pour dire que la résilience est un processus à la fois interactif et dynamique.

 

 

f.        Le pour et le contre de la résilience

La résilience est d’une nature dynamique et évolutive dans le sens où elle ne s’apprécie qu’avec le temps et après qu’un individu ait retrouvé une évolution positive après les chocs qu’il aura subis.

 

Etant pris comme un processus de reconstruction, la résilience n’est pas le fait de revenir à l’état antérieur après un événement négatif ou troublant mais continuer à se développer, s’ouvrir à de nouvelles opportunités de vie en intégrant les problèmes vécus et les transformant même en atouts, expériences que les autres n’auront pas.

 

Une personne résiliente est une personne traumatisée de manière à ce que le cours de sa vie en soit à jamais imprégné. Après des difficultés, la personne fait appel à toutes ses ressources et son potentiel en comblant les points défaillants au niveau de son mental et son esprit. Ce renforcement psychique et psychologique inclut créativité, imagination, un quelconque engagement affectif ou altruiste ou idéaliste ou relationnel de la part du résilient. Dans certains cas, la personne enfouit cette expérience insoutenable pour son esprit afin que le reste puisse être maintenu sain.

 

Toutefois, la résilience n’est jamais définitive. Le sujet peut retomber brièvement lorsqu’il est touché dans sa zone critique de vulnérabilité, c’est-à-dire le sujet qu’il s’est tant efforcé d’enfouir, de rayer de son esprit. « Il me semble que, lorsqu’on a été blessé dans sa vie, on est contraint de mettre en place, de tricoter un processus de résilience jusqu’à sa mort. La blessure est enfouie, maîtrisée, transformée, mais elle ne guérit jamais complètement. » Cyrulnik, 2003.

 

De cette même manière, le renforcement de la personnalité et la prise de conscience peuvent avoir un revers moins positif. Il s’agit de l’isolement inévitable de l’individu, se détachant du reste du monde qu’il va trouver inconscient. Un sentiment d’étrangeté naît dans toute procédure de résilience, aussi réussie puisse-t-elle être.

 

 

 

2.2.Résultats de l’expérimentation

 

2.2.1.      Rappels de la méthodologie

 

2.2.1.1.Etapes

Pour rappel, l’expérimentation s’est déroulée en deux étapes :

 

  • la première fut la réalisation d’un focus group avec un groupe de huit (08) femmes demandeuses d’asile hébergées au sein du Petit Château ;

 

  • la seconde fut ensuite de quantifier les tendances obtenues de par ce focus group aux moyens d’entretiens quantitatifs avec trente (20) femmes réfugiées dont vingt (20) en attente de décision et dix (10) ayant obtenu le statut de réfugié ou de protection subsidiaire.

 

 

2.2.1.2.Echantillon

Pour cette étude, les participantes ont été choisies sur divers critères :

 

  • Sexe (donc uniquement des femmes),
  • Age (nous n’avons questionné que les plus de 18 ans),
  • Variété de pays d’origine (nous n’avons pris que les francophones),
  • Ancienneté dans le centre (nous n’avons pris que celles y sont déjà depuis 2 mois et plus).

 

 

2.2.1.3.Outils d’enquêtes

Conformément à ces différents types d’étude, les outils d’enquêtes furent de deux sortes également :

 

  • Un guide d’entretien semi-directif reprenant les thématiques à aborder lors du focus group,
  • Un questionnaire pour les entretiens individuels en face-à-face.

 

 

Les grandes parties ou thématiques reprises dans ces outils d’enquêtes se présentent comme suit :

 

  • Identification et circonstances d’arrivée :
    • Age,
    • Situation de famille,
    • Pays d’origine,
    • Ancienneté au centre,
    • Motif de la venue en Belgique,

 

  • Qualité de l’aide offerte :
    • En Belgique en général,
    • Au centre

 

  • Perception de l’approche genre dans l’accueil institutionnel

 

  • Mesure des impacts sur le processus de résilience

 

 

2.2.2.      Résultats obtenus

Après des rappels méthodologiques, les résultats proprement dits de l’expérimentation selon chacune des thématiques abordées se présentent comme suit :

 

 

2.2.2.1.Identification et circonstances d’arrivée

 

a.      Age

Après répartition des âges des demandeurs d’asile approchées, il en est sorti le graphe suivant :

Figure 16: Tranche d’âge des enquêtées

 

Comme le montre la figure ci-dessus, 65% des demandeuses d’asile interviewées ont ainsi moins de 30 ans, et une faible proportion (5%) sont supérieures à 40 ans.

 

 

b.      Situation de famille

Figure 17: Situation de famille des enquêtées

 

Plus de la moitié des demandeuses d’asile enquêtées sont en coupe (soit en concubinage soit mariées). La majorité de ces femmes vivent au centre avec leur conjoint et enfant. Le quart est constitué de célibataires.

 

 

 

c.       Pays d’origine

 

Figure 18 : Pays d’origine des enquêtées

 

Suivant les critères énoncés pour le choix de l’échantillon, plus de la moitié des enquêtées furent des africaines, et le tiers de l’Asie. Le reste furent des européennes. A remarquer que l’étude a été limitée aux femmes demandeuses d’asile francophones.

 

 

 

d.      Durée d’ancienneté dans le centre

 

Figure 19 : Durée d’ancienneté dans le centre

 

Au moment de l’enquête, plus de la moitié (60%) des enquêtées ont été séjourné plus de 2 mois et moins de 5 mois dans le centre. Le quart entre 5 à 10 mois. Très peu de femmes ayant séjourné plus de 10 mois au Petit Château ont été enquêtées (15%).

 

 

e.       Motifs d’arrivée en Belgique

Le but de l’étude n’étant pas d’étudier le motif d’arrivée de ces demandeuses d’asile mais d’analyser leurs conditions d’accueil et la prise en compte de l’aspect genre dans le processus de résilience, nous leur avons néanmoins posé des questions sur les causes de leur entrée en Belgique. Les principales causes en étaient la fuite de leur pays à cause de cas de violences conjugales grave et répétées pour les rares cas de femmes ne vivant pas au centre avec leur conjoint, des exils politiques, et des cas de victimes de guerre.

 

 

 

2.2.2.2.Appréciations de la qualité d’accueil

Dans cette partie, nous avons décliné la mesure de l’appréciation de la qualité d’accueil en deux catégories afin de faire la nuance : d’une part la qualité de l’accueil en Belgique, et d’autre part la qualité de l’accueil au sein du centre le Petit Château, lieu de notre étude.

 

 

 

a.      Mesure de la perception de la qualité d’accueil en Belgique

 

Figure 20 : Mesure de la perception de la qualité d’accueil belge en général

 

D’après la figure, les ¾ des femmes enquêtées (75%) catégorisent négativement l’accueil qu’elles ont eu en Belgique.

 

 

La figure ci-après montre l’appréciation par les enquêtées de chacun des différents points pouvant constituer les éléments de cet accueil sur le plan national, notamment :

 

  • La liberté de circuler sur le territoire belge ou toute autre zone,

 

  • L’accès au travail pour les demandeuses d’asile dont la demande de statut de réfugiée à été introduite depuis plus d’un an et reste sana réponse, le retard dans la réponse n’incombant pas à la demandeuse,

 

  • L’accès à la formation professionnelle,

 

  • L’accès aux informations sur les diverses allocations possibles surtout pour les demandeuses en charge d’une famille.

 

 

 

Figure 21 : Appréciations détaillées de l’accueil belge

 

Ainsi, les principales interprétations que nous pouvons faire concernent les appréciations négatives émise à l’égard de ces points, de l’ordre de 60% à 85%. Seule la liberté de circuler a obtenu un score convenable de 60% d’appréciation positive.

 

b.      Mesure de la perception de la qualité d’accueil dans le centre

Après avoir vu la perception de l’accueil sur le plan national, la figure ci-après montrera la perception générale des enquêtées de l’accueil au niveau du centre le Petit Château.

 

Figure 22 : Appréciation en général de l’accueil au niveau du centre

 

La figure nous montre que les services d’accueil du centre sont appréciés à hauteur de 60%. Afin de vérifier cela, nous avons mesuré leur appréciation de chaque point constituant cet accueil. Les résultats sont montrés dans la figure suivante.

 

Figure 23 : Appréciation détaillée de l’accueil au centre

 

Les principales interprétations que nous pouvons tirer de cette figure sont :

 

  • Les services prodigués par le centre qui ont obtenu le plus grand nombre d’appréciations positives sont :
    • le système de logement (85%) bien respecté par le centre pour ce qui concerne l’accueil en deux phases : d’abord au collectif puis individuel au bout de quatre mois,
    • la communication avec des conseillers juridiques (85%) : le centre les met en contact avec un groupe d’avocats stagiaires dont les services sont gratuits,
    • les services d’interprète ou les cours de langue (90%) : point à prendre avec précaution ici dans la mesure où toutes les enquêtées sont francophones,
    • la prévention des violences à l’intérieur du centre (70%) : chaque demandeuse d’asile est octroyée d’un accompagnateur de vie quotidienne qui non seulement la suit dans ses démarches, mais assure également le suivi de son séjour au quotidien au centre,
    • l’accès à un programme d’aide au retour volontaire (70%) : le centre offre des facilités pour aider les demandeuses d’asile désireuses de retourner dans leur pays.

 

  • Les services faisant le plus défaut sont :
    • La communication avec la famille (30%), l’UNHCR (25%), les ONG (30%).

 

 

 

2.2.2.3.Mesure de l’approche genre dans le centre

La figure précédente nous montre que 60% des enquêtées constatent parfaitement ou plutôt une approche genre réalisée par le centre étudié.

 

Après questionnement de notre part sur les aspects de cette approche genre, celle-ci se traduirait selon elles par :

  • des priorisations au niveau de l’octroi d’accueil lors de la demande d’hébergement lorsque le demandeur est une femme, particulièrement lorsque celle-ci se retrouve sans l’aide de son conjoint et/ou a la charge d’enfants ;
  • des mesures plus élaborées en termes de prévention contre la violence dans le centre ;
  • des priorisations en matière d’accès aux informations sur le travail ou allocations ou services de conseillers juridiques.

 

 

 

 

2.2.2.4.Mesure de l’impact de l’approche genre sur le processus de résilience

Sur les 60% d’enquêtées ayant noté cette approche genre, nous leur avons demandé dans quelle mesure cela impacte-t-il sur leur processus de résilience.

 

Les résultats se présentent comme suit :

 

 

Figure 24 : Mesure d’impact de l’approche genre sur le processus de résilience des demandeuses d’asile

 

 

Ainsi, sur la totalité des femmes ayant constaté l’application d’une sensibilisation de l’accueil au genre par le centre (soit au total 12 femmes sur 20), 90% disent en constater parfaitement ou plutôt les impacts sur leur processus de résilience.

 

 

L’impact le plus noté concerne un environnement favorable à la fois à :

  • la reprise de confiance en soi par les femmes demandeuses d’asile de par le sentiment de sécurité, l’aide prodiguée par le centre et les privilèges accordés,
  • et à la réinsertion sociale de ces demandeuses d’asile.

 

 

 

PARTIE 3 : DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS

 

 

Après avoir énuméré les résultats obtenus grâce de la revue documentaire et de l’expérimentation au cours de la seconde partie, cette troisième et dernière partie servira à discuter de la confirmation ou l’infirmation de la problématique initialement posée, puis à émettre nos recommandations personnelles.

 

 

3.1. Discussions

Pour rappel, notre problématique était la suivante « Dans quelle mesure une sensibilisation de l’accueil au genre impacte-t-il sur le processus de résilience des femmes demandeuses d’asile ? ».

 

Au cours de notre étude, nous avons remarqué la particularité des cas des réfugiées, dont le motif de départ de leur pays fut dans la majorité des cas dramatique, immédiat et sans préparation. D’où l’apparition de chocs ou traumas plus conséquents, surtout pour les femmes qui mis à part les traumas qu’elles ont vécu en tant que personnes réfugiées, doivent quotidiennement subir les attaques de tout genre (discrimination, intégrité physique, etc…) sur le simple fait que ce sont des femmes.

 

Toujours de par l’étude documentaire, nous avons pu comprendre que les facteurs environnementaux constituent un trois facteurs conditionnant un processus de reconstruction ou de résilience. Aussi, convient-il de dire qu’a priori l’environnement constitué par le centre d’accueil et les services qu’il offre contribueraient à accompagner les demandeuses d’asile dans leur processus de résilience.

 

Toutefois, nous ne sommes pas arrêtés sur cette simple présomption analytique documentaire, d’où la réalisation de l’expérimentation de notre part.

 

L’expérimentation que nous avons réalisée a finalement permis de confirmer la prise en compte de l’aspect genre dans l’accueil institutionnel de demandeuses d’asile. En effet, pour ce qui concerne le centre le Petit Château, 60% des femmes que nous avons enquêtées ont dit avoir constaté la prise en compte de cet aspect genre par le centre dans leur accueil et les services octroyés. Et, ayant pris à part ces femmes, nous avons pu noter que presque la totalité (soit 90%) disent que ce fait a été parfaitement ou plutôt bénéfique pour elles dans leur processus de résilience.

 

Parmi les impacts positifs relatés par ces femmes, figurent la reprise de la confiance en soi par ces demandeuses d’asile, un environnement sécuritaire permettant d’apaiser les traumas et chocs qu’elles ont vécu avant leur migration et qu’elles rencontrent dans leur processus et demande d’intégration. Cet état d’esprit interne est en effet plus qu’important dans le processus de résilience, généralement bloqué par un esprit tourmenté pour ce qui concerne les migrants et les exilés en particulier. Par ailleurs, le centre offrirait davantage de considération pour les femmes à travers des facilitations de l’entrée au centre, l’accès aux informations et aux services surtout pour les femmes  les plus vulnérables (c’est-à-dire en charge de famille).

 

Ces points soulignent et confirment la théorie selon laquelle le processus de résilience serait un processus dynamique et interactif, et où l’environnement joue un rôle important en interaction avec la personne concernée.

 

 

3.2. Recommandations

Les principales limites de l’étude que nous avons réalisées seraient liées aux faits que celle-ci ait été réalisée uniquement :

  • auprès de réfugiées dans le centre le Petit Château,
  • et auprès de femmes réfugiées francophones par soucis de barrière de langue de notre côté.

 

Les résultats ainsi obtenus ne seront pas toujours forcément représentatifs de tous les centres d’accueil existant en Belgique. Les biais dus à cette limitation du lieu d’étude et pouvant être liés aux spécificités des services octroyés par le Petit Château ne peuvent ainsi permettre de généraliser les résultats de cette étude à l’extrémité. Toutefois, la vérification de l’hypothèse sur un le cas du centre le plus grand en Belgique et l’un des plus grands en Europe n’est pas non plus à minimiser.

 

Dans la recherche de l’optimisation et la généralisation de cette étude, nous pouvons proposer d’étendre les recherches en prenant en compte les diverses dimensions et éventuelles catégorisations des centres (types de cibles, capacité d’accueil, couverture géographique, services octroyés, etc…), éléments qui pourraient impacter sur les résultats potentiellement recueillis.

 

 

CONCLUSION

 

En conclusion, c’est dans un contexte marqué  par l’importance du phénomène de migration – touchant 3% de la population mondiale dont la moitié des femmes, ayant subi de nombreuses évolutions en termes de politique d’accueil depuis une politique restrictive ayant fait baissé le nombre de migrations entre 2000 et 2006 à une succession de conventions et de lois internationales en faveur des droits de l’homme ayant pour conséquences une reprise du nombre de migrants en 2007 et finalement voyant l’introduction progressive de textes et d’actions pour la promotion de l’égalité des chances entre l’homme et la femme – que s’insert notre étude.

 

Le cas de la femme demandeuse d’asile a été particulièrement retenu comme objet d’étude du fait de sa plus grande vulnérabilité même à statut égal avec un migrant masculin. En effet celle-ci, outre le fait de subir les persécutions et violences à l’origine de son départ, ainsi que les tourments liés aux processus d’intégration, se retrouve quotidiennement confrontée aux discriminations du fait de son genre.

 

Les revues documentaires effectuées ont ainsi permis de renforcer les connaissances théoriques sur les concepts avant toute chose de migration, puis d’intégration. L’étude de la migration a ainsi permis d’en relever les différences suivant les motifs de départ afin d’arriver à bien situer le cas de l’exil, qui se dévoile comme une migration forcée et furtive dans le but d’échapper à d’éventuelles persécutions perpétrées dans le pays d’origine sans véritable espoir de retour. Il en a été également déduit que les traumas résultant de l’exil, du fait de sa nature, sont généralement plus importants et de ce fait, plus difficiles à effacer. Le processus de reconstruction ou résilience face à cela implique bon nombre de facteurs pour sa réussite dont les facteurs environnementaux.

 

Théoriquement, une personne a plus de chances de réussir son processus de résilience lorsqu’elle est baignée dans un atmosphère sécurisant, apaisant et encourageant. Le processus de résilience est ainsi un processus à la fois interne et interactif.

 

Ces recueils théoriques ont été par la suite vérifiés grâce à l’expérimentation que nous avions effectuée sur une vingtaine de demandeuses d’asile accueillies au sein du Petit Château, le plus grand centre d’accueil de Belgique et le plus ancien, et par la même occasion l’un des plus grands centres d’accueil en Europe également. En effet, les résultats recueillis ont permis de constater que 60% des femmes enquêtées ont dit avoir constaté la prise en compte de l’aspect genre par le centre, que ce soit au niveau des procédures d’accueil ou les services octroyés.

 

Sur cette proportion de femmes, nous avons pu noter que presque la totalité (soit 90%) disent que ceci a été parfaitement ou plutôt bénéfique pour elles dans leur processus de résilience.

 

Parmi les impacts positifs relatés par ces femmes, figurent la reprise de la confiance en soi par ces demandeuses d’asile, un environnement sécuritaire permettant d’apaiser les traumas et chocs qu’elles ont vécu avant leur migration et qu’elles rencontrent dans leur processus et demande d’intégration. Cet état d’esprit interne est en effet plus qu’important dans le processus de résilience, généralement bloqué par un esprit tourmenté pour ce qui concerne les migrants et les exilés en particulier. Par ailleurs, le centre offrirait davantage de considération pour les femmes à travers des facilitations de l’entrée au centre, l’accès aux informations et aux services surtout pour les femmes  les plus vulnérables (c’est-à-dire en charge de famille).

 

Les résultats rapportés dans ce mémoire concerne une étude réalisé uniquement auprès de femmes accueillies dans le centre le Petit Château. Dans quelle mesure peuvent-ils être généralisés afin de constituer une référence fiable pouvant servir d’origine pour toutes actions de recommandations même à titre officiel vis-à-vis de l’élaboration de standards ou de politiques concernant l’accueil de demandeuses d’asile ?

 

 

 

BIBLIOGRAPHIE et WEBOGRAPHIE

 

 

Bibliographie :

 

  • L’accueil des demandeurs d’asile en Belgique, Axel Hoffman, Octobre 2005
  • La procédure d’asile en Belgique, Commissariat Général aux réfugiés et apatrides, 2009
  • Asile et migration : l’accueil des femmes dans les centres. Vers une politique d’accueil sensible au genre, 2010
  • Du traumatisme de la migration au traumatisme de l’intégration, Perspectives Psychiatriques, 2005
  • Deuil et traumatisme : questions cliniques posées par l’exil (1/2), Bertrand Piret, 2005
  • Migration, blessure psychique et somatisation, Association Pluriels,
  • Resilience : Some conceptuel considerations. J Adol Hlth 1993; 14 : 626-631, Rutter M.
  • Risk and resilience processes in chilhood and adolescence. In : Linström B, Spencer N, editors. Social paediatric. London : Oxford University Press, 1995 : 437-455, Goodyer IM.
  • La résilience ou le réalisme de l’espérance. Cahier du Bice 1996. Vanistandael.S.
  • La résilience mise en spirale. Spirale 1996; 1 : 162-165. Kreisler L.
  • La résilience : mythe ou réalité. In : psycho traumatique B, éditeur.
  • Ces enfants qui tiennent le coup. Hommes et perspectives, 1998: 109-120. Manciaux M.
  • Surmonter ses blessures. De la maltraitance à la résilience, Brissiaud P. Y.
  • Psychanalyse et Résilience, Boris Cyrulnik et Paul Duval
  • Savons-nous accueillir les réfugiés en France ? Asensi H, Le Du C.
  • Psychiatrie et migrations. Paris : Masson ; 2003a. Baubet T, Moro MR, editors.
  • L’attachement et la résilience: théorie, clinique et politique sociale. Antoine Guedeney

 

 

 

 

Webographie :

 

 

 

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