L’ UNION EUROPEENNE A L’EPREUVE DE LA MONTEE DU TERRORISME
L’ UNION EUROPEENNEÂ Â Â A L’EPREUVE DE LA MONTEE DU TERRORISME
Projet de thèse :
Des événements très graves et cruels se sont déroulés en France au début du mois de janvier 2015[1]. Des évènements d’une violence exceptionnelle, suivis des plusieurs autres tentatives dont celles déjouée en Belgique et qui ont poussé les l’Union européenne à envisager un nouveau renforcement de ses dispositifs de lutte contre le terrorisme.
Les pays membres se sont donc réunis à Bruxelles pour un sommet informel le 12 décembre 2015. Ce sommet a rassemblé 28 chefs d’État et de gouvernement pour réaffirmer la détermination à agir face à la menace terroriste sur le territoire de l’Union, en fixant de nouvelles orientations, dans trois directions : assurer la sécurité des citoyens, « en particulier (…) déceler et (…) empêcher les déplacements ayant un lien avec le terrorisme »[2] ; prévenir la radicalisation et protéger les valeurs ; coopérer avec les partenaires à l’échelon international.
Des objectifs précis, qui visent à appliquer, adapter et étoffer les instruments existants, les déclinent. Des avancées sont ainsi attendues à court terme[3] dans plusieurs domaines, relevant assez largement de la prévention : l’adoption d’une directive « robuste et efficace » relative à un système européen de dossiers passagers (PNR) ; le renforcement des contrôles aux frontières extérieures de l’Union, par des contrôles systématiques au moyen de bases de données pertinentes ; une action visant à déceler et retirer les contenus promouvant le terrorisme ou l’extrémisme sur Internet ; des stratégies de communication pour promouvoir notamment la tolérance, la non-discrimination et contrecarrer les idéologies terroristes ; une parade aux facteurs contribuant à la radicalisation, y compris dans les prisons.
La coopération entre les États membres contre le terrorisme a débuté en 1976, en dehors des traités européens, avec la création du groupe TREVI pour l’échange d’informations. Si le Traité d’Amsterdam a créé les bases d’une action de l’Union, celle-ci s’est considérablement intensifiée après les attentats de 2001 aux États-Unis, de Madrid en 2004 et de Londres en 2005.
La « Stratégie européenne de sécurité » adoptée par le Conseil européen en 2003 mentionnait déjà le terrorisme comme l’une des principales menaces pour l’Union. Puis, le 30 novembre 2005, le Conseil a doté l’Union d’une « Stratégie visant à lutter contre le terrorisme »[4], dont le Coordinateur européen de la lutte contre le terrorisme assure notamment la mise en œuvre, au travers d’une approche globale.
Ces instruments n’ont cependant pas été suffisants pour endiguer toutes les menaces et, du fait des lacunes de ces instruments, force est de constater aujourd’hui l’apparition d’autres formes de menaces qui visent directement les valeurs communes.
C’est à la lumière de ces questions que nous nous sommes posé la question sur la pertinence des instruments dont dispose l’Union européenne pour faire face au terrorisme aujourd’hui. Quels sont ces instruments et comment concilient-ils les impératifs de sécurités avec la protection des libertés ? Une valeur si chère à l’Union et qui est aujourd’hui fortement menacée ?
L’objectif de notre travail n’est pas seulement de faire l’inventaire de tous les instruments de l’Union européenne pour lutter contre le terrorisme. Il s’agit surtout de se questionner sur la pertinence des réponses collectives exceptionnelles qui ont suivi les attaques et les défis qu’elles représentent pour les valeurs communes de l’Union. Car c’est sur le socle de ces valeurs communes que l’Union a été bâtie, on est donc parfaitement en droit de s’interroger sur la solidité et la vitalité de ces valeurs. Mais aussi sur les capacités de l’Union à y répondre : à rendre effectifs les droits à la libre circulation et à la sécurité au sein de l’Union.
Pour répondre à nos questionnements, nous avons choisi une méthode de travail assez classique : le travail sera divisé en deux parties et il sera par endroits assez comparatiste. Non seulement pour étudier les différentes réponses selon les pays membres de l’Union, mais également pour étudier les différences dans les réponses des pays tiers qui sont également exposés aux menaces terroristes.
Nous nous évertueront donc à déterminer quels sont les instruments de la lutte contre le terrorisme, quelles sont les valeurs communes qui pourraient éventuellement être exposées à des menaces dans cette lutte contre le terrorisme. Sachant que le but final de notre travail sera d’apporter des éclaircissements sur les lacunes et les points forts des instruments dont disposent l’Union, non seulement concernant le volet sécuritaire, mais également concernant la protection des valeurs communes.
Introduction:
- Définition du terrorisme
- Le caractère protéiforme du terrorisme, obstacle à une définition unitaire et partagée
- Une approche comparée de la définition du terrorisme
- La tentative d’établir une définition spécifique commune aux membres de l’Union Européenne
- les début de la coopération en matière de terrorisme: la formation du groupe TREVI
- la Stratégie européenne de sécurité de 2003 et le terrorisme
Partie I: les instruments de lutte contre le terrorisme dans l’Union europĂ©enne
– Rappel des piliers de l’Union europĂ©enne tels que dĂ©crits dans le TraitĂ© de Maastricht
– Le TraitĂ© de Lisbonne, la mise en place d’un vĂ©ritable espace de libertĂ©, sĂ©curitĂ© et justice.
Dans la lutte contre le terrorisme, on peut constater des rĂ©ponses qui varient d’une rĂ©gion Ă l’autre, d’un Etat Ă l’autre. cette diffĂ©rence entre les rĂ©ponses des Etats est en fait fonction de la sensibilitĂ© et du niveau d’exposition de l’Etat en question au terrorisme, mais aussi Ă son degrĂ© d’attachement aux valeurs dĂ©mocratiques. Ainsi, aux Etats-Unis, le traumatisme causĂ© par les Ă©vènements du 11 septembre 2001 ont conduit les gouvernants Ă des extrĂ©mitĂ©s jamais Ă©galĂ©s en matière de remise en cause des droits fondamentaux.
Les Ă©vènement du 11 septembre ont Ă©galement eu de grandes incidences dans le droit des pays europĂ©en et dans le droit de l’Union europĂ©enne. Mais au contraire des Etats-Unis, l’Union europĂ©enne se refuse Ă sacrifier les droits individuels au profit du tout sĂ©curitaire. et ces Ă©vènement ont accĂ©lĂ©rĂ© le processus d’institutionnalisation de la justice au niveau europĂ©en d’un cĂ´tĂ©, et l’organisation de la « dĂ©fense « [5] europĂ©enne de l’autre.
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Chapitre I: l’espace judiciaire commun
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Au lieu du tout sĂ©curitaire, l’Union europĂ©enne a prĂ©fĂ©rĂ© orienter sa politique de rĂ©pression et de prĂ©vention de l’avènement du terrorisme dans le respect des droits fondamentaux et en instaurant un système oĂą la coopĂ©ration et la solidaritĂ© entre les Etats membres constituent les deux principaux axes de la politique anti-terrorisme.
Section 1: l’Union europĂ©enne un espace de libertĂ© de justice et de sĂ©curitĂ©
Paragraphe 1: l’ELSJ: fondements, dĂ©fis et mise en Ĺ“uvre
- les fondements de l’ELSJ
- la libertĂ© de circulation et d’Ă©tablissement
- les défis de la politique commune de la ELSJ
- la mise en œuvre
- la complexité de la mise en œuvre
- exemple de mise en œuvre dans les pays membres
- l’exemple du Royaume-Uni
- le Royaume-Unis, la lĂ©gislation de l’UE en matière de justice et la prĂ©servation de la souverainetĂ©
- la mise en œuvre législative et administrative
- l’exemple de l’Allemagne
- l’exemple de la France
- la mise en œuvre normative
- la mise en œuvre matérielle
Paragraphe 2: l’ELSJ et la contribution concrète Ă la lutte contre le terrorisme
- la mise en place de la coopération policière: les prémices
- le groupe de TREVI ou les balbutiements de la coopération policière
- l’espace Schengen, le laboratoire europĂ©en de la coopĂ©ration
- les acquis de l’ELJS en matière de coopĂ©ration policière
- les Ă©quipes communes d’enquĂŞte
- Le Système d’Information Schengen (SIS)
- EUROPOL
- l’aboutissement des acquis de la coopĂ©ration policière?
- quelles missions pour l’EUROPOL?
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Section 2: l’entraide judiciaire au service de la lutte contre le terrorisme: le mandat d’arrĂŞt europĂ©en
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Paragraphe 1: la première concrĂ©tisation de l’espace judiciaire europĂ©en
- le mandat d’arrĂŞt europĂ©en, première expression du principe de reconnaissance mutuelle des dĂ©cisions de justice en matière pĂ©nale
- Le mandat d’arrĂŞt europĂ©en opère une judiciarisation complète de la procĂ©dure
- Le principe de double incrimination est supprimĂ© pour une liste de 32 catĂ©gories d’infraction
- l’articulation du mandat d’arrĂŞt europĂ©en avec les autres instruments de la reconnaissance mutuelle
Paragraphe 2: le mandat européen et la coopération pénale internationale
- le mandat d’arrĂŞt europĂ©en, un nouveau modèle de la coopĂ©ration pĂ©nale
- le renouvellement des fondements
- le renouvellement dans les principes
- le mandat d’arrĂŞt europĂ©en, une nouvelle pratique
- qui diffère dans les conditions de fond…
- …et dans les conditions de formes
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Chapitre II: l’action politique de l’Europe de la défense : la Politique Etrangère de Sécurité Commune (PESC)
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Section 1: Les fondements de la Politique Etrangère de Sécurité Commune
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Paragraphe 1: les origines
- de la CED
- … a la CPE
Paragraphe 2: Les sources de la PESC
- Dynamique du droit primaire de la PESC
- Traité de Maastricht
- TraitĂ© d’Amsterdam
- Traité de Nice
- Traité de Lisbonne
- Spécificité du droit dérivé de la PESC
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Section 2: La compétence et les instruments de la Politique Etrangère de Sécurité Commune
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Paragraphe 1: La PESC, une politique qui a un champ d’application large
-  une compĂ©tence qui n’a pas d’objet stable
- le rattachement de la lutte contre le terrorisme Ă la PSCE
- le rattachement de la lutte contre le terrorisme international à l’article 215 TFUE
- les implications politiques et institutionnelles
Paragraphe 2: les instruments, les moyens d’action et la difficulté de mise en œuvre
- Les instruments de la PESC
- Les instruments diplomatiques
- Les instruments normatifs
- Les moyens d’action financiers
paragraphe 3: La PESC Ă l’Ă©preuve du principe de cohĂ©rence
- Cohérence interne de la PESC
- Mise en œuvre du principe de cohérence dans le cadre de la PESC
Partie II: l’articulation entre les valeurs communes et la politique de lutte contre le terrorisme: les limites des instruments europĂ©ens
Les prĂ©occupations quant Ă la protection des valeurs fondamentales de l’Union europĂ©enne comme le respect des droits fondamentaux, des libertĂ©s individuelles peuvent constituer des freins assez important dans la lutte contre le terrorisme. c’est du moins ce qui apparaĂ®t quand on se pose du cĂ´tĂ© de ceux qui sont prĂ©occupĂ©s par le tout sĂ©curitaire. Ă l’image des USA qui ont apportĂ© de sĂ©rieux compromis aux fondements mĂŞme de l’Etat de droit afin de satisfaire aux impĂ©ratifs de sĂ©curitĂ©s au lendemain de la tragĂ©die du 11 septembre.
on a ainsi vu les droits des suspects dans les affaire de terrorisme sĂ©rieusement remis en cause, notamment en ce qui concerne la garde Ă vue, la dĂ©tention provisoire et le droit d’accès Ă une justice Ă©quitable.
devant les pressions qui se font de plus en plus fortes suites aux rĂ©cents Ă©vènements en France, en Belgique et en Allemagne, la tentation de verser dans les mĂŞme extrĂŞmes que les USA se fait sentir dans les sphères politiques. tentation qui transparaĂ®t dans l’Ă©volution de la règlementation en la matière.
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Chapitre I : état de nécessité contre Etat de droit: la difficile conciliation entre la protection des valeurs communes et les impératifs de sécurité
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Section 1: les dĂ©fis de la Terreur et la clĂ©mence dĂ©mocratique Ă l’europĂ©enne
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Paragraphe 1: l’espace judiciaire pĂ©nal europĂ©en captif du pouvoir intergouvernemental
- une situation favorisée par la difficulté de délimiter le concept de ELSJ
- une situation qui permet l’affranchissement des exĂ©cutifs nationaux des contrepouvoirs dĂ©mocratiques et juridictionnels au niveau de l’UE
Paragraphe 2: l’ambivalence normative
- le mandat d’arrĂŞt europĂ©en: une adoption prĂ©maturĂ©e?
- la judiciarisation des procĂ©dures de remise et l’articulation avec la Convention EDH
- un instrument Ă portĂ©e nuancĂ©e: les zones d’ombres du mandat d’arrĂŞt europĂ©en
- le mandat d’arrĂŞt europĂ©en face Ă la protection des droits fondamentaux, prĂ©supposĂ© inhĂ©rent Ă son fonctionnement
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Section 2: les droits de la dĂ©fense et l’impĂ©ratif sĂ©curitaire
paragraphe 1: Les garanties procédurales accordées aux suspects et aux personnes mises en cause dans des procédures pénales dans l’UE
Paragraphe 2: les droits et libertĂ©s individuelles et les Ă©changes d’information dans l’ELSJ
Chapitre II: l’Europe face au dĂ©fi du terrorisme
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Section 1: la lutte contre le terrorisme et la remise en cause des valeurs de l’Union EuropĂ©enne
Paragraphe 1: les devoir de l’Union au nom de ses valeurs et de ses libertĂ©s fondamentales
Paragraphe 2: la protection de ses valeurs dans le cadre des coopérations internationales
Section 2: l’Europe et la protection de l’Etat de droit
Paragraphe 1: la sanction des restrictions disproportionnée de ses libertés
Paragraphe 2: la recherche d’un ensemble de moyens adaptés au contexte particulier du terrorisme
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EXTRAIT DE LA BIBLIOGRAPHIE
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Corten, Olivier, Le droit contre la guerre, Paris, Pedone, 2008, 867 p.
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Décision-cadre du Conseil 13 juin 2002 relative à la lutte contre le terrorisme, JOCE, n°L164 du 22 juin 2002, pp. 0003-0007.
[1] D’autres se sont déroulés à Copenhague, le 14 février, Copenhague, L’onde de choc, Le Monde, 17 février 2015.
[2] Voir le texte intégral sur http://www.consilium.europa.eu/fr/press/press-releases/2015/02/150212-european-council-statement-fight-against-terrorism/
[3] La Commission a ainsi présenté une proposition relative à un programme européen global pour la sécurité le mois d’avril 2015. Un bilan sur la mise en œuvre a été fait avant la réunion du Conseil européen de juin 2015.
[4] Doc. 14469/05. Le Conseil a également adopté le 1er décembre 2005 une « Stratégie européenne de lutte contre la radicalisation et le recrutement de terroristes », puis le 17 juillet 2008 une « Stratégie révisée de lutte contre le financement du terrorisme ».
[5] sujet restĂ© longtemps tabou, la question de la dĂ©fense europĂ©enne est encore aujourd’hui une question sensible.
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