Le Qatar : vers la mise en place d’une stratégie de diversification pour affronter la période après-pétrole ?
MEMOIRE PRESENTE EN VUE DE L’OBTENTION DU DIPLOME DE
Le Qatar : vers la mise en place d’une stratégie de diversification
pour affronter la période après-pétrole ?
Présenté par :
SOMMAIRE
I –Etude du contexte d’intervention : le Qatar 6
A – Caractéristiques de l’économie Qatarienne 6
1 – La richesse géographique et démographique 7
1 – Description de la politique intérieure 11
2 – Description de la politique extérieure qatarienne 11
C – Les fondements de la puissance Qatarienne 12
1 – Le secteur des hydrocarbures 12
– Les industries de transformation des hydrocarbures 13
2 – Les investissements hors pétrole 14
-Investissements dans l’organisation de forums internationaux 14
-Investissements dans le domaine sportif 14
-Investissements publics dans le domaine des infrastructures et l’immobilier 15
II – Géopolitique internationale du Qatar 16
A – Une marche vers la diversification 16
1 – Objectifs de la diversification 17
b – Préparer la période après-pétrole 18
c- Acquérir une indépendance économique et financière 18
2 – Les stratégies de diversification adoptées par le Qatar 18
a- Une stratégie de diversification nationale 18
b- Développement d’une influence mondiale de par les investissements nationaux 20
4 – Analyse de l’efficacité des stratégies de diversification 29
a- Le Qatar : devenue pôle mondial pour l’éducation, le sport et le divertissement : 29
b – Efficacité politique des stratégies de diversification : le Qatar, un pays « hyperactif » 29
B – Etude des relations partenariales du Qatar avec le monde 30
1 – Constat : multiplication des alliances et partenariats 30
2 – Analyse d’un domaine de partenariat : le transport 30
3 – Les pays partenaires du Qatar 32
INTRODUCTION
Le Qatar figure parmi ces pays qui présentent des caractéristiques spécifiques sur plusieurs plans. En effet, sur 11 500 km2 cohabitent uniquement 1,9 millions d’habitants, très peu en termes de nombre, mais dotés d’un grand sens d’ouverture, au niveau mondial. Deux puissances régionales encadrent le Qatar : l’Arabie Saoudite et l’Iran, et le Qatar avait pour défi de convaincre le monde qu’il dispose également d’une économie aussi puissante que celle de l’Arabie Saoudite et de l’Iran.
Le Qatar est certes, un jeune pays, mais force est de préciser que c’est un pays qui a su démarquer sa présence à l’international, notamment à partir de l’arrivée au pouvoir de l’Émir Cheikh Hamad Ibn Khalifa Al Thani, après un coup d’état en 1995 renversant son père. A partir de son accession au pouvoir, la marque « Qatar » s’est fortement développé sur l’échelle mondiale, sur plusieurs plans : politique, économique, stratégique.
Le Qatar dispose déjà d’une économie forte, qui doit l’appuyer dans la recherche de son réel développement, et de son indépendance économique vis-à-vis des autres pays du Moyen Orient. En effet, le Qatar figure parmi ceux qui connaissent le plus fort taux de croissance du monde avec, entre 2000 et 2004 un taux égal à 18,9 %.
Au cours de l’année 2001, le PIB (PPA) du Qatar a surpassé la valeur de 10,6 milliards de dollars, ce qui est l’équivalent de 18 789 dollars par habitant. Avec de tels chiffres, et un IDH de 0,826, le Qatar était désormais classifié parmi les pays les plus riches, mais moins que nombre d’États occidentaux.
En 2013, le PIB (nominal) était évalué à 105 000 dollars par habitant, ce qui a permis au Qatar d’occuper la première place mondiale en termes de développement économique.
Une puissance financière et économique essentiellement fondée sur sa puissance pétrolière et gazière. En effet, le Qatar détient, à lui seul, près de 14% des réserves mondiales totales de gaz naturel et détient 15 milliards de barils de réserves prouvées de pétrole. C’est un pays qui est à la fois un grand consommateur et un grand exportateur mondial de pétrole et de gaz.
Pourtant, les réalités actuelles semblent montrer que l’énergie non renouvelable est une source de développement qui peut être épuisée, même à long terme. De plus, la géopolitique internationale prône la réduction de l’usage de ces énergies non renouvelables et préconise celui des énergies renouvelables.
Aussi, conscient des enjeux stratégiques de la reconduction de sa politique économique fondée sur les énergies non renouvelables, le Qatar opte de plus en plus vers la recherche d’autres stratégies de puissance économique, indépendantes de l’énergie pétrolière ou gazière.
A cet effet, la question problématique est celle de savoir : « Comment le Qatar entend-il poursuivre sa performance en dehors du pétrole ? »
Le gouvernement en place a alors décidé d’opter pour une stratégie de diversification permettant d’être présent sur tous les fronts, afin de faire face à la finitude de ses réserves pétrolières.
De grandes ambitions ont été alors mises en place, dans la vision 2030. En effet, dans sa « Vision 2030 », document stratégique de développement économique du Qatar, ce dernier a préconisé le déploiement de nouvelles stratégies, différentes de celles assises sur le pétrole et le gaz. En d’autres termes, ce document, relatant les perspectives économiques et les objectifs de croissance à partir de 2014, est une matérialisation de la préparation de l’après pétrole par le Qatar.
De par ce document de développement stratégique, vision 2030, le Qatar veut être un grand pays, disposer d’un avenir économique durable et prospère, et assurer sa sécurité financière, économique et stratégique.
Justement, l’objet de ce mémoire est d’analyser cette nouvelle stratégie de diversification du Qatar, face à sa volonté de préparer la période post-pétrole.
Afin de répondre à la problématique préalablement posée, le mémoire sera axé vers deux points principaux :
-La première partie étudiera le contexte d’intervention de l’étude : le Qatar
-La deuxième partie mettra un accent sur la géopolitique internationale du Qatar.
I –Etude du contexte d’intervention : le Qatar
A – Caractéristiques de l’économie Qatarienne
Le Qatar est un pays qui dispose d’un assez haut niveau de croissance économique, avec près de 16 % en 2010, 14 % en 2011 et 6,2% en 2012. Concernant son PIB, ce dernier est estimé à 192 milliards de dollars au cours de l’année 2012.
Ces chiffres sont justifiés par le haut niveau de production de gaz naturel et de pétrole dans le pays. En effet, cette production annuelle de gaz naturel est estimée à 77 millions de tonnes, soit 30% de la production mondiale au cours de l’année 2013. Concernant ses productions de pétrole, le Qatar garde la place de premier producteur mondial de GNL et ambitionne de devenir le leader mondial de GTL (« Gas to Liquids »).
Ces chiffres conscientisent sur le fait que la croissance économique du Qatar est essentiellement basée sur ses productions et exportations de pétrole et de gaz naturel. Son développement semble en grande partie dépendre de ces énergies non renouvelables : les hydrocarbures représentent 95% des exportations et 75% des recettes budgétaires.
Les recettes obtenues par la vente « pétro-gazière » permet au Qatar d’atterrir sur des excédents budgétaires fortement confortables, le quadruplement des réserves de la banque centrale entre 2007 et 2012 (37 milliards de dollars) et l’accumulation d’une épargne destinée aux générations futures. La puissance financière a été alors garantie par les exportations d’énergies non renouvelables par le epays.
Cette réserve financière est gérée depuis 2005 par un fonds d’investissement souverain (le Qatar Investment Authority), doté d’environ 115 milliards de dollars d’avoirs. Le plus jeune et le plus petit des fonds du Golfe est aussi le plus actif. En 2010, il a représenté à lui seul près du quart des investissements totaux directs des fonds souverains dans le monde (Agricultural Bank of China, Industrial & Commercial Bank of China, Harrods…).
Conscient de la possibilité d’épuisement, de finitude de ces énergies non renouvelables, le Qatar semble de plus en plus opter vers la stratégie de diversification de ses investissements économiques. Le Qatar National Vision 2030 trace les quatre grands axes de diversification pour le pays :
« -la création de pôles autour de l’économie de la connaissance (recherche fondamentale, centres d’excellence, innovation) ;
-le développement d’un hub aéroportuaire (construction en cours d’un aéroport d’une capacité de 12 millions de voyageurs par an) ;
-la constitution d’un centre financier sur le modèle du DIFC de Dubaï ;
-le développement d’une filière tourisme (aménagement de l’île artificielle Pearl ; infrastructures sportives dans la perspective de la Coupe du Monde de 2022). »
A titre illustratif, on peut par exemple citer que le Qatar mettra en œuvre un vaste programme d’investissements dans le domaine des infrastructures (« Qatar National Vision 2030 »), un investissement estimé à une valeur de 130 milliards de dollars.
1 – La richesse géographique et démographique
Aussi bien les données géographiques que celles démographiques confortent la richesse du Qatar :
Données géographiques
« Superficie : 11.571 km2
Capitale : Doha
Villes principales : Al Wakrah, Al Khor, Al Rayyan, Mesaied, Umm Salal.
Langue officielle : arabe
Langues courantes : arabe, anglais, ourdou
Monnaie : riyal qatarien
Fête nationale : 18 décembre »
Données démographiques
Au début de l’année 2014, l’Institut national des statistiques, en réalisant le recensement de la population Qatari, a estimé le nombre d’habitant à 2.144.100, dont la majorité est concentrée dans la ville. La langue officiellement pratiquée au Qatar est la langue Arabe.
Le Qatar est un pays qui est composé de plusieurs cultures, les étrangers y sont assez nombreux. Par exemple, la population qatarie est composée de 65 % d’ouvriers immigrés, dont la majorité provient du sous-continent indien et des proches pays arabes qui ne disposent pas de très grandes ressources pétrolières.
« Population : 2.050.514 habitants (2012)
Densité : 165 hab/km²
Croissance démographique : 7,1 % (2012)
Espérance de vie : 78,3 ans (2012)
Taux d’alphabétisation : 96,3 % (2012)
Religions : musulmans (77,5%), chrétiens, hindouistes, bouddhistes.
Indice de développement humain : 0,834 – 36ème (2012) »
Données économiques(sources : FMI, CIA, douanes françaises)
« PIB (2012) : 192,4 milliards de dollars
PIB par habitant en PPA (2012) : 100.888,7 dollars
Taux de croissance (2012) : 6,2 %
Taux de chômage (2012) : 0,6 %
Taux d’inflation (2012) : 1,9 %
Solde budgétaire global (% PIB – 2012) : 8,1 % du PIB
Solde balance courante (% PIB – 2012) : 32,4 %
Principaux clients (2012) : Japon (26,6 % des exportations), Corée du Sud (19 %), Inde (12 %), Singapour (5,7 %), Chine (5,4 %).
Principaux fournisseurs (2012) : Etats-Unis (14,2 % des importations), Emirats arabes unis (11 %), Arabie saoudite (8,3 %), Royaume-Uni (6,4 %), Japon (6 %).
Part des hydrocarbures dans le PIB (2012) : 58 %
Exportations de la France vers le Qatar (2013) : 737 millions d’euros.
Importations françaises en provenance du Qatar (2013) : 847 millions d’euros.Solde des échanges extérieurs France-Qatar (2013) : – 110 millions d’euros.
Le Qatar était le 60ème client de la France et son 60ème fournisseur en 2012. »
2 – La richesse pétrolière
-Généralités sur la richesse pétrolière du Qatar
Les réserves de pétrole et de gaz dont détient le Qatar justifie la croissance économique de ce pays.
Avant même la découverte de ses réserves de pétrole, le Qatar avait assis sont économie sur la pêche et la culture de perles. Mais ces domaines d’intervention du Qatar se trouvaient facilement concurrencés, par le Japon. Depuis la découverte du pétrole en 1940, la situation économique du pays va connaitre un réel bouleversement, car, désormais, le pétrole et le gaz naturel vont contribuer à la croissance économique du pays.
A l’heure actuelle, le pétrole et le gaz procure au Qatar plus de 60% de ses revenus à l’exportation (en 2014), ce qui est l’équivalent des 2/3 des recettes globales du pays. Les réserves ne risquent pas encore d’épuisement à court terme, ceci car, les réserves de pétrole sont encore évaluées à 25,1 milliards de barils (2,6 milliards de tonnes), soit 1,5% des réserves prouvées mondiales. L’état de ces réserves fait du Qatar la vingtième réserve de pétrole dans le monde, avant la Chine et le Brésil.
Qatar Petroleum (QP) est la compagnie pétrolière nationale du Qatar. Cette compagnie jouit d’une notoriété mondiale dans le sens où c’est le troisième grand groupe pétrolier mondial, qui se charge aussi bien de l’exploration que de la production du pétrole. Les activités réalisées par cette compagnie permettent de générer 60% du PIB national.
Concernant le gaz naturel, le Qatar est classé au troisième rang avec ses 24 700 milliards de mètres cubes soit 13,3% des réserves prouvées mondiales à fin 2013. Certes, le Qatar représente le plus petit producteur membre de l’OPEP, mais cette situation n’empêche pas que sa production soit non négligeable. En effet, cette production est estimée à près de 1,1 million de barils par jour (dont 815 000 barils par jour de pétrole léger).
Les revenus récoltés par ces exportations de pétrole et de gaz risquent de faire du Qatar un pays fortement dépendant du pétrole et du gaz, alors que ce sont des ressources non renouvelables. De plus, à l’heure actuelle, plusieurs pays optent pour la réduction de leurs consommations en énergies non renouvelables, ce qui fait que vendre du pétrole et du gaz ne peut pas être une source de revenus pérenne.
Conscient de cette situation, les autorités qataries ont officiellement décidé d’opter pour la diversification de leur économie, dans la vision 2030.
-Découverte d’un nouveau gisement
En plus de ses gisements actuels, la richesse pétrolière du Qatar s’est trouvé encore renforcé par la découverte d’un gisement pétrolier en mer.
Après quatre longues années de prospection intensive, le gisement est évalué à 2,5 trillions de pieds cubes, et a été découvert dans les côtes maritimes au nord du pays. La découverte de cette nouvelle réserve a d’autant plus accentué la richesse pétrolière du pays, car la compagnie Qatar Pétrolium l’exploite actuellement, et projette de faire des exportations dans quelques temps.
3 – La richesse financière
Avec les exportations de pétrole et de gaz naturel, les réserves financières du pays ont atteint un niveau record au cours de l’année 2014, soit 46,5 milliards de dollars, des chiffres avancés par Qatar National Bank. L’état actuel de la croissance économique garantir encore une augmentation de ces réserves financières pour cette année 2015.
Le Qatar est donc un pays qui dispose d’une bonne santé économique. Une situation financière confortable qui va se maintenir, et qui ne sera point affectée par la baisse du cout du pétrole sur le marché mondial, selon les prévisions du Qatar National Bank, qui a clairement affirmé que :
« La croissance devrait s’accélérer en 2015 avec la mise en chantier d’importants projets d’infrastructure (ceux liés au Mondial de football de 2022, notamment) et l’afflux d’expatriés (La population du Qatar, incluant les étrangers, a augmenté de plus de 9% en 2013, NDLR), qui feront que le secteur non-pétrolier continuera à avoir une croissance à deux chiffres ».
B – La politique Qatarienne
Une description de la politique Qatarienne est également d’une importance capitale, car cette politique relate les stratégies de gestion de l’économie et des ressources du pays.
1 – Description de la politique intérieure
Si, avant l’arrivée de Cheikh Hamad bin Khalifa Al Thani au pouvoir en 1995, le Qatar s’est renfermé sur lui-même, après l’accession de Hamad Bin Khalifa au pouvoir, le pays a progressivement prôné l’ouverture au niveau mondial.
L’ouverture s’est manifestée sur plusieurs axes de gestion du pays. Par exemple, à partir de 1995, la censure vis-à-vis de la presse écrite et audiovisuelle a été officiellement levée, de par l’adoption d’une nouvelle Loi sur la presse, promulguée en 2014.
Au niveau de l’emploi, la politique gouvernementale a également permis l’accession des femmes aux fonctions ministérielles depuis l’année 2003. Ce qui va dans le sens de la politique de la promotion des femmes adoptée par le pays.
La modernisation et l’ouverture étaient les principes clés du gouvernement à partir de l’année 1995. Ouverture sur tous les plans : éducation, sport (accueil de la coupe du monde en 2022 par exemple), …
Pourtant, malgré cette ouverture fortement appréciée au niveau mondial, et bénéfique pour le Qatar, ce dernier est critiqué par l’opinion interne sur quelques points.
En effet, le Qatar subit, depuis le mois de septembre 2013 de vives critiques dans la presse nationale, et cela à cause des mauvaises conditions de vie et de travail des expatriés, qui sont majoritaires dans le pays. De même, les chantiers d’organisation de la Coupe du monde de football sont également critiqués par l’opinion internationale. Des critiques auxquelles le gouvernement a décidé de rendre effective les sanctions relatives au non respect des normes.
Malgré ces critiques, en général, le Qatar jouit d’une renommée positive au niveau national.
2 – Description de la politique extérieure qatarienne
Le Qatar, ayant déjà adopté l’ouverture au niveau mondial, adopte une politique stratégique envers quelques pays clés. Ces interventions du Qatar témoignent de sa volonté de soigner son image de marque au niveau international.
– Syrie
Face à la guerre en Syrie, Doha met à la disposition de l’opposition syrienne, son soutien financier et stratégique, depuis mai 2011. Un soutien qui a conduit l’opposition syrienne à ouvrir sa première représentation diplomatique au Qatar à partir du début de l’année 2013.
– Israël / Palestine
Le Qatar avait en effet accueilli, le 6 février 2012, la conférence portant « Accord de Doha » entre le Fatah et le Hamas. Sa visite à Gaza à la fin de l’année 2012 concrétise officiellement son soutien au Hamas. Mais à l’heure actuelle, le Qatar semble vouloir s’engager dans une relation purement équilibrée avec la Palestine, une volonté qui ne remet toutefois pas en cause son soutien au Hamas
– Iran
Contrairement à son voisin, l’Arabie Saoudite qui reste sur son opinion d’opposition contre le Téhéran, le Qatar, quant à lui, souhaite développer une relation plus harmonieuse avec les autorités Iraniennes. Pour cela, les autorités qataries a accueilli le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, lors de sa tournée du Golfe en décembre 2013.
Au vu de ces relations, on peut dès lors constater que le Qatar figure parmi ces pays qui souhaitent avoir une relation harmonieuse avec presque tous les pays du monde. Sa politique extérieure est tournée vers l’ouverture, la coopération, la collaboration. Même dans les situations de guerre, le Qatar se positionne toujours comme le médiateur incontournable.
En effet, ces différentes relations ne sont que des exemples de l’ouverture du Qatar sur le monde en général.
C – Les fondements de la puissance Qatarienne
La puissance Qatarienne est fondée sur deux éléments : les revenus issus des hydrocarbures, et ceux issus des secteurs autres que les hydrocarbures.
1 – Le secteur des hydrocarbures
Le gaz naturel
Comme précisé dans les parties ci-dessous, le Qatar est le détenteur de la troisième plus grande réserve de gaz naturel dans le monde, après la Russie et l’Iran. Les réserves détenues par ce pays sont estimées à 13,3% des réserves mondiales. La durée d’exploitation est évaluée à un siècle (896 000 milliards de pieds cubes, soit 25 400 milliards de mètres cubes), en d’autres termes, le Qatar peut encore exploiter son gaz naturel pendant un siècle, avant que les réserves soient complètement épuisées.
Sachant que les principaux débouchés dans le cadre de l’exportation de ce gaz naturel sont les Emirats arabes Unis et le Koweït.
– Le pétrole
Le pétrole est incontestablement l’une des premières sources de revenus pour le Qatar, et est le fondement même de sa puissance économique et financière. Au cours de l’année 2013, le Qatar a produit près de 1 995 000 barils de pétrole par jour.
Et le pays dispose encore d’une assez longue période pour l’exploiter vu que les réserves prouvées sont évaluées à 25,1 milliards de barils (2,6 milliards de tonnes).
– Les industries de transformation des hydrocarbures
Depuis l’année 2010, le Qatar est devenu le premier producteur mondial de gaz naturel liquéfié (GNL). Un positionnement qui lui a permis d’approvisionner les plus grandes puissances, les plus consommatrices de gaz naturel, qui sont : les Etats Unis, l’Europe et l’Asie.
Sa situation en tant que professionnel dans le domaine du gaz s’est encore accentuée, si bien que, en 2015, le Qatar est devenu le premier producteur du Gas to Liquid (GTL). C’est un produit qui est très exploité car se retrouve dans le diesel, les lubrifiants.
Le Qatar entend encore renforcer son positionnement stratégique dans le domaine et investira la somme de 90 milliards de dollars pour renforcer sa capacité de production et d’exportation.
Ces différents constats conscientisent sur le fait que le Qatar est un pays qui a assis sa puissance sur le pétrole, sans lequel, il n’aurait jamais été là ou il est actuellement.
Mais force est de constater que le prix des énergies non renouvelables connait de grandes fluctuations sur le marché, notamment à l’heure actuelle où la baisse du pétrole, du gaz est en constante baisse. Les rentrées de devises du Qatar dépendront alors de ces fluctuations, et le Qatar en a déjà fait la rude expérience en 1990, où la stabilité du budget étatique a été remise en cause par les grandes variations des cours du pétrole sur le marché mondial.
Si le Qatar a su maintenir sa force économique et financière, malgré ces aléas du marché, c’est également grâce à ses investissements hors pétrole. Certes, ces derniers ne sont pas considérables, mais ils ont permis de stabiliser les recettes du Qatar en temps de crise.
2 – Les investissements hors pétrole
Afin de faire face aux aléas du marché pétrolier, le Qatar investit dans des domaines autres que le pétrole. Ces domaines d’intervention sont assez nombreux :
-Investissements dans l’organisation de forums internationaux
C’est une stratégie adoptée par le Qatar pour accroitre sa renommée et sa visibilité à l’échelle internationale, d’autant plus que le pays prône l’ouverture dans sa politique extérieure.
Parmi les forums internationaux déjà organisés par le Qatar figurent :
– le sommet des Nations Unis sur le fina
-la Conférence internationale sur le dialogue inter-religieux,
-la Conférence des Etats parties à la convention des Nations Unies contre la corruption,
-la conférence des Nations Unies sur le changement climatique, …
-Investissements dans le domaine sportif
Ne serait que l’acceptation de sa désignation en tant que pays organisateur de la coupe du Monde du Football en 2022 témoigne de la réelle volonté du Qatar de devenir une référence mondiale dans le domaine du sport.
Il devance ainsi ses voisins, vu qu’il est le premier pays arabe à organiser un tel évènement sportif mondial.
A côté du football, le Qatar a également hébergé le championnat du monde en natation en 2014, et accueillera cette année la Coupe du monde du Handball.
Autant d’évènements sportifs internationaux qui devront soutenir la croissance du PIB du Qatar, malgré l’actuelle baisse du prix du pétrole sur le marché.
-Investissements publics dans le domaine des infrastructures et l’immobilier
La croissance de la population devra encourager ces investissements dans le domaine de l’immobilier et des infrastructures. Des travaux qui assureront une création d’emplois, qui devra permettre au Qatar de faire face efficacement aux éventuelles baisses de ses exportations d’ici quelques années.
Ces divers domaines d’investissements sont d’autant plus renforcés dans le document stratégique « Vision Nationale du Qatar 2030 », qui prône : « l’utilisation rationnelle des ressources non renouvelables ». Une utilisation rationnelle qui ne devra toutefois pas remettre en cause la performance économique et financière du pays.
Le ministère de l’Economie au Qatar a clairement affirmé que :
« La situation financière du gouvernement restera solide, avec un excédent global prévu en 2014, comme en 2013. Toutefois, l’excédent est susceptible de diminuer en 2014, alors que les dépenses, notamment dans les infrastructures du pays, augmentent. ». Ce déficit budgétaire sera donc un signe de la hausse des investissements pour le pays.
Le ministre également précisé que :
« Tandis que les perspectives sur les prix du pétrole sont au centre de nos prévisions, les risques de baisse semblent encore loin ; cela signifie que nous nous attendons à maintenir un espace budgétaire suffisant pour les années à venir« .
Enfin, il convient de résumer que, au final, la position du Qatar sur le plan international restera enfin en bonne santé, compte tenu des diverses plans d’action que le pays envisage de mettre en œuvre ces prochaines années.
Le pays a connu un excédent de la balance courante au cours de l’année 2014. Une bonne santé financière qui sera soutenue par les investissements hors pétrole, selon la « Vision Nationale Qatar 2030 ». Quelles sont les déclinaisons de ces investissements hors pétrole dans ce plan de vision 2030 ? La deuxième partie du mémoire apportera des éléments de réponses à ce questionnement.
Mais à l’heure actuelle, les raisons de ces investissements hors pétrole ne sont pas uniquement financiers, ni économiques, mais plutôt stratégiques : le Qatar se prépare déjà à la période post-pétrole.
II – Géopolitique internationale du Qatar
Petit émirat du golfe Arabo-Persique, le Qatar a fait preuve de présence internationale ces derniers temps, et a manifesté sa présence sur la scène internationale.
Communément connu sous ses hautes capacités de production de pétrole, le Qatar a opté pour une réorientation de la vision internationale, car intervient dans des domaines nouveaux. La marche vers la diversification est officiellement engagée.
A – Une marche vers la diversification
La conscientisation sur la nécessité de la diversification était venue avec l’idée selon laquelle les réserves en hydrocarbures, bien qu’apportant des situations financières confortables à l’heure actuelle, ne peuvent pas être éternelles. En tant que ressources non renouvelables, le gaz et le pétrole ne peuvent être des sources de revenus à long terme pour le pays.
Face à cette situation, les autorités gouvernementales au Qatar envisagent de profiter de l’aisance financière apportée par les exportations de pétrole et de gaz, pour investir dans de nouveaux secteurs porteurs, plus pérennes.
L’objectif de tels investissements est de diversifier l’économie du pays, pour éviter d’éventuelles chutes liées à l’épuisement des réserves, ou à la baisse du prix du baril sur le marché.
Le premier pas dans la concrétisation de la stratégie de diversification a été réalisée à la fin de l’année 2008, qui a vu naitre un document stratégique intitulé : « Qatar Vision National 2030 ». Dès le mois de mars 2011, les programmes contenus dans ce plan national ont été débutés. Ces programmes sont en effet articulés autour de quatre grands axes :
-L’éducation
-Le transport
-Les finances
-Le tourisme.
Cette volonté de diversification s’est également manifestée par le soutien à l’industrialisation dans des secteurs porteurs : l’industrie chimique, l’aluminium, le papier et l’agroalimentaire.
Les sommes et valeurs que le Qatar investira dans ces domaines sont non négligeables : entre 15 et 18 milliards de dollars par an seront déboursés par les autorités gouvernementales, pour financer la diversification de l’économie, et cela jusqu’en 2030. Et, depuis l’année 2005 (et en cinq années), près de 100 milliards de dollars ont été déjà dépensés.
Pourquoi le Qatar est-il prêt à débourser de telles sommes pour diversifier son économie ? En d’autres termes, quels sont les objectifs d’une telle diversification ?
1 – Objectifs de la diversification
Le Qatar craint, sur le long terme, l’épuisement de ses ressources naturelles. Il compte alors sur la diversification pour pérenniser son développement économique. La diversification est alors une sorte de préparation à la période post-pétrole. Pour cela, de par la diversification, il veut affirmer et confirmer sa présence sur la scène internationale. De même, par la diversification, le Qatar veut acquérir sa pleine autonomie financière vis-à-vis des autres pays arabes.
a- Marquer une présence internationale dans plusieurs domaines et renforcer la politique commerciale
Par la diversification, le Qatar intervient dans plusieurs domaines : culturel, sportif, diplomatique, médiatique, … Des domaines auxquels il veut être présent et confirmer son intérêt. In fine, le Qatar souhaite alors être l’incontournable dans ces domaines. Pour cela, le pays a adopté la politique de l’ouverture, qui prône alors la facilitation des échanges internationaux dans les commerces internationaux.
La pluralité des domaines d’intervention, ainsi que le multilatéralisme sont classifiés par le Qatar comme les piliers incontournables de marquage de la présence internationale. Des mesures concrètes ont été prises pour concrétiser cette volonté politique : renforcement des capacités institutionnelles, l’intégration de professionnel et d’experts dans les commerces internationaux pour régulariser les échanges, l’augmentation de la présence à l’étranger.
Cette stratégie de diversification devra conduire le Qatar à se différencier des autres pays du Golfe, et lato sensu, des autres pays arabes qui lui sont voisins.
La religion islamique, parfois évoquée comme motif de blocage dans des engagements au niveau mondial, ne le sera pas pour le Qatar. Ce dernier veut en effet véhiculer, par ses actions internationales, sa stabilité et sa puissance.
b – Préparer la période après-pétrole
Certes, les ressources détenues par le Qatar en termes de pétrole et de gaz sont considérables, mais avec les exportations actuelles, les autorités gouvernementales sont conscientes que ces ressources ne sont pas pérennes.
De plus, dépendre majoritairement des recettes des exportations de pétrole et de gaz expose le pays à des risques de variation du budget.
Pour la génération actuelle, et surtout pour la génération future, le Qatar veut diversifier son économie, pour lui garantir d’autres revenus que ceux pétroliers.
c- Acquérir une indépendance économique et financière
Le Qatar, par la réalisation de cette stratégie de diversification, a pour objectif essentiel de rendre son économie indépendante. Ce pays recherche l’indépendance sur plusieurs angles :
-Indépendance vis-à-vis des autres pays arabes : les revenus du Qatar doivent lui permettre de réaliser lui-même l’ensemble de ses dépenses, sans qu’il ait à recourir à l’aide des autres pays voisins ;
-Indépendance vis-à-vis des pays importateurs du pétrole et du gaz de Qatar : les revenus du Qatar doivent être diversifiées et non plus provenir uniquement des revenus pétroliers et gaziers.
Si tels sont les objectifs de la diversification, concrètement, quelles sont les stratégies qui ont été adoptées par le Qatar, dans le cadre de la mise en œuvre de cette diversification ?
2 – Les stratégies de diversification adoptées par le Qatar
Si, depuis longtemps, le Qatar a été réputé pour les produits pétroliers et gaziers, ces dernières années, il est intervenu dans des domaines nouveaux, de plus, il est plus présent sur la scène internationale, sur plusieurs volets diplomatiques.
Aussi, il est plus courant d’entendre la marque Qatar dans les domaines de l’éducation, de la culture, du sport, de l’immobilier, et surtout de l’industrie. Plusieurs stratégies de diversification ont été adoptées pour « booster » la présence aussi bien nationale qu’internationale dans ces divers domaines.
a- Une stratégie de diversification nationale
Des politiques nationales ont été mises en place pour concrétiser, et appuyer, la stratégie de diversification, consignée dans la vision de 2030.
-Adoption d’une politique fiscale nouvelle, encourageant les investissements
Le Qatar veut accompagner les entreprises nouvellement créées, exerçant dans d’autres domaines que le pétrole et le gaz. Les nouveaux domaines autres que ces deux précédents sont fortement encouragés, notamment par une politique fiscale avantageuse.
En effet, à partir du 01er janvier 2010, le protectionnisme étatique a été abandonné, pour laisser place à l’ouverture, à l’encouragement des investissements étrangers.
Sur le plan fiscal, plusieurs mesures nouvelles ont été prises :
-L’impôt sur le Revenu des sociétés a été conduit à un taux unique de 10%. Un système fiscal qui s’analyse comme une réelle révolution dans le sens où avant 2010, les taux de l’IR étaient diversifiés, et pouvaient même atteindre les 35%.
-Depuis le 01er février 2011, il était devenu possible aux investisseurs étrangers de détenir 100% du capital d’une entreprise créée au Qatar. Une possibilité admise sauf pour les domaines suivants : les banques, les assurances, l’immobilier, l’importation de produits de consommation, qui doivent être majoritairement détenus par des personnes de nationalité qatarie.
-Des mesures fiscales ont été prises dans le but de limiter les inflations, créant un environnement défavorable pour les investisseurs. Résultat, la hausse des prix n’a été que de 1 % en 2010 et seulement 3 % en 2011.
– Enterprise Qatar (EQ) un organisme public d’aide aux PME
En plus des mesures fiscales favorables, des politiques de formation ont également été développées pour encourager les actions des PME exerçant dans des domaines autres que le pétrole et le gaz. Ces politiques de formation seront donc des appuis à la stratégie de diversification tant prônée par le pays.
A cet effet, un programme de formation a été développé par Enterprise Qatar, spécialement conçu pour les PME et Startups, dont notamment les gestionnaires, les entrepreneurs et les dirigeants. QE s’adresse particulièrement aux PME qui n’ont pas souvent les moyens financiers de réaliser ces formations.
Ces formations dispensées par QE ont alors pour objectif de doter les nouvelles entreprises des connaissances, de l’expertise nécessaires pour intervenir efficacement sur le marché. Telle formation des jeunes entrepreneurs est un volet important de la Vision 2030, pour que leurs entreprises sachent faire face efficacement à la concurrence internationale. En d’autres termes, la compétitivité des PME de Qatar est un défi majeur.
– La Qatar Industrial Manufacturing Company (QIMC) : organisation d’aide au développement des PME
En plus de la mise en place de programmes de formation des PME, une structure d’organisation d’aide au développement des PME a été aussi mise en place, toujours dans l’objectif de renforcer la capacité de production, de compétitivité des PME.
C’est dans cette optique qu’a été mise en place la Qatar Industrial Manufacturing Company (QIMC). Cette entreprise est composée de six filiales. Son objet social est d’appuyer le développement et le lancement des activités des PME.
Concrètement, les interventions de la QIMC interviennent à plusieurs niveaux :
-Financement d’une partie du capital des PME nouvellement créées, pour qu’elles aient plus d’aisance dans l’exportation des produits « Made in Qatar ».
-Aide aux PME dans la recherche de débouchés dans les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), mais aussi du Machrek et du Maghreb.
b- Développement d’une influence mondiale de par les investissements nationaux
Le Qatar, dans le cadre de la mise en œuvre, ne se limite pas dans le domaine national, mais exerce également des influences au niveau international. Les domaines d’intervention sont assez nombreux.
3 – Les domaines d’intervention
La politique étant la diversification, la diversité même des domaines d’intervention est justifiée. Le Qatar intervient dans plus en plus grand nombre de domaines, et y sont même considérés comme des leaders.
a- Le tourisme et l’industrie aérienne
Le tourisme figure incontestablement dans l’une des priorités des déclinaisons de la diversification adoptée par le Qatar.
Le Qatar entend appuyer le développement du secteur tourisme par l’accueil de la Coupe du Monde du football en 2022. En effet, les structures hôtelières ainsi que les infrastructures sont travaillés, pour pouvoir accueillir les touristes en 2022. En effet, actuellement, les hôtels de Qatar disposent de 11 000 chambres de standing réparties dans 72 hôtels, dont 17 cinq-étoiles et 13 quatre-étoiles. Mais les investissements hôteliers appuyés par le gouvernement doivent atteindre un total de 90 000 chambres avant l’arrivée des touristes en 2022.
Le développement du secteur tourisme s’accompagne nécessairement de celui du secteur aérien. A cet effet, pour accueillir les touristes, le gouvernement de Doha compte investir près de 15 milliards de dollars dans la construction d’un nouvel aéroport, répondant aux normes internationales. Ce nouvel aéroport devra avoir une capacité d’accueil de plus de 25 millions de passagers. Avec une telle infrastructure, le Qatar compte devenir le « passage incontournable » de la plupart des voyageurs dans le monde, notamment les voyageurs occidentaux.
Le Qatar est actuellement une des principales destinations touristiques dans le monde. En effet, le Qatar a vu le summum du nombre de voyageurs au cours de l’année 2010 où la compagnie aérienne Qatar Airlines a connu un bénéfice très important et est même entré en Bourse en 2012. Avec de tels bénéfices, la Compagnie a réalisé des investissements dans l’achat de nouveaux appareils de transport aérien. A l’heure actuelle, Qatar airlines compte 120 appareils de transport.
Aussi, le Qatar entend développer toutes les formes de tourisme, notamment le tourisme médical et le tourisme de luxe.
-Le tourisme médical
Le Qatar met déjà en place toutes les structures d’accueil nécessaires pour promouvoir le tourisme médical dans le pays. A cet effet, le Sidra Medical and Research Center, dont le cout de construction a été évalué à près de 8 milliards de dollars, a commencé à fonctionner à partir de 2012.
Cet hôpital est doté d’appareils numériques, traitant diverses maladies. Les cibles sont notamment les populations du Golfe, d’Asie et d’Europe.
-Le tourisme de luxe
A part le tourisme médical, le Qatar appuie également le développement du tourisme de luxe dans le pays. A cet effet, les autorités de Doha ont investi de sommes pharaoniques dans la construction de complexes hôteliers de luxe, de grandes villes touristiques avec une architecture ultra moderne. L’objectif étant de concurrence les destinations de rêves des touristes de luxe.
La richesse culturelle du pays est également mise en avant pour attirer les touristes de luxe. Pour cela, diverses Musées ont été construites : Musée d’art islamique (2008) qui a été réalisée par deux architectes internationaux (américain et français), le Mathaf le Musée arabe d’art moderne (2010) ou encore le Musée national du Qatar (2013).
Dans le cadre de la construction d’une telle grande ville touristique, le Qatar développe les partenariats avec les experts internationaux dans la construction.
b- L’immobilier : des projets immobiliers en cours
Face à la volonté de développer le secteur tourisme dans le pays, le Qatar investit courageusement dans le secteur de l’immobilier.
-Le Pearl Island
Par exemple, le plus grand projet en cours de réalisation au Qatar est la construction d’une île artificielle : le Pearl Island, dont le cout de construction est évalué à plus de 10 milliards de dollars.
Cette île devra attirer plusieurs touristes de luxe dans le sens où elle comprendra 18 000 logements, des zones d’habitation et d’hébergement, des ports de plaisance, des grands centres commerciaux, des hôtels et des restaurants, ….
Certes, le Qatar a fait appel à des ingénieurs, experts internationaux, mais il a également permis aux sociétés nationales de prouver leurs capacités et savoir faire.
-Le Lusail City
Le Lusail City fait partie des projets de ville nouvelle au Qatar. Ce projet est mené par une des grandes sociétés immobilières du pays : Lusail Real Estate Development Company (LREDC). Force est de préciser que les sommes investies dans ce projet sont évaluées à près de 5 milliards de dollars, et la nouvelle ville sera désormais accessible à tous à partir de l’année 2019.
Avec un tel investissement, le gouvernement de Doha compte accueillir 80 000 visiteurs. Ceci car, cette ville abritera des complexes hôteliers de haut niveau, des terrains de sport tels que des stades pour accueillir la coupe du monde de football en 2022, des bureaux, … En tant que nouvelle ville, les moyens de transport seront très développés, par exemple, le système de bateaux taxi sera initié dans cette ville nouvelle.
c- Le sport
Le sport est un des domaines clés dans lequel intervient le Qatar, dans le cadre de la diversification de son économie. Doha adopte une diplomatie sportive bien stratégique pour conquérir le monde, et devenir incontournable dans le domaine du sport.
-La diplomatie sportive de Doha
Le document stratégique intitulé Qatar National Vision 2030, véritable feuille de route que s’est fixée la famille royale, le sport est perçu comme un levier d’actions prioritaires. Le sport est considéré par Qatar comme le plus efficace de tous les moyens de s’offrir une visibilité sur la scène internationale, et les couts relatifs à cette opération ne sont pas chers, au contraire, c’est le Qatar qui en gagne des avantages.
Le Qatar entend profiter de par sa diplomatie sportive car, de par les revenus générés par les activités sportives réalisées dans le pays permettent de libérer le Qatar de la dépendance accrue aux exportations d’hydrocarbures.
Et force est de constater que les revenus correspondants sont importants et même impressionnants. En effet, depuis l’hébergement des Jeux asiatiques par le Qatar en 2006, le pays a pu s’affirmer sur le marché asiatique et a conquis grand nombre de domaines d’activités.
Le Qatar ne se limite pas à une seule activité sportive, mais participe à plusieurs activités, même si le football est plus privilégié.
De même, l’organisation de la Coupe du Monde en 2022 sera une réelle opportunité économique pour le Qatar, de réaliser des bénéfices sur plusieurs fronts, notamment en termes de tourisme et de rentrées de devises. Les investissements réalisés par le Qatar, principalement en termes de construction de nouveaux stades, sont évalués à près de 4 milliards de dollars.
Le sport est également un moyen pour le gouvernement de Doha d’exercer sa réelle capacité de leadership. En effet, la construction d’une équipe nationale forte permet de réaffirmer l’identité nationale du pays, et renforcera le patriotisme de la population.
-Le foot, fer de lance de la stratégie qatarie
Au Qatar, le football est considéré comme étant le « Sport-roi », du fait du nombre des adeptes de ce sport. Ce qui fait que, pour le football en particulier, le Qatar développe un plan d’action articulé autour de 5 axes :
– L’accueil des grands évènements relatifs au football : le plus grand évènement du football qui reste à venir est la Coupe du Monde de football en 2022. Mais à part cet évènement majeur, le Qatar accueille également plusieurs autres compétitions, qui présentent une grande ampleur dans le domaine du football. A titre illustratif, on peut citer la Coupe d’Asie des nations, les Coupes de football de Brésil qui se déroule annuellement à Doha, …
– L’organisation, au niveau interne, d’un championnat national de qualité, au cours de laquelle sont invités des joueurs de renom et d’entraineurs chevronnés.
– La nationalisation des joueurs compétents pour que l’équipe nationale peut se qualifier aux phases de la Coupe du Monde. Pour ce faire, ce sont surtout les joueurs de nationalité Brésilienne qui sont recrutés par le Qatar.
– La création d’un programme télévisé spécialisé diffusé par « Al Jazeera Sports ». Cette chaîne est ensuite devenue une référence arabe, et même mondiale, en termes de diffusion d’évènements sportifs de grande ampleur.
– L’achat de clubs à l’étranger fait également partie des stratégies déployées par le Qatar pour se faire une renommée dans le monde du sport. Par exemple, on peut citer le cas du PSG.
A part le domaine du sport, le Qatar élargit comme il peut sa présence internationale. Sa stratégie se tourne également vers l’éducation.
d- L’éducation
Concourir au développement d’un pays revient à rehausser le niveau intellectuel de ses habitants, le Qatar est conscient de l’importance de cette nécessité haute de développer les connaissances intellectuelles de ses habitants.
Les jeunes d’aujourd’hui doivent être aptes à exercer les futures postes stratégiques de demain, pour contribuer au développement d’un pays. Pour ce faire, le Qatar investit dans la construction de grandes Universités, appelée Cité de l’Education, à la portée des jeunes Qataris, ainsi que dans la construction de Parc des Sciences et technologies, dénommé : Qatar Science and Technology Park, QSTP. Ce parc est en effet mis en place dans le but d’attirer les grandes entreprises, telles que les grandes compagnies pétrolières, les sociétés technologiques et informatiques, pour y effectuer leurs recherches.
En plus de ces nouvelles Universités, des Universités Nord-américaines et Européennes sont déjà présentes sur le sol Qatari. Le secteur recherche et développement est en pleine expansion au Qatar.
e- Le transport
Le secteur du transport est en train d’assister à une refonte totale au Qatar, pour se conformer aux nouvelles mentalités : la soumission aux principes du développement durable. Aussi, afin de réduire les émissions en gaz à effet de serre, les transports en commun sont privilégiés dans le pays.
A cet effet, les investissements dans le domaine du transport sont remarquables : sur dix années, un montant total de 35 milliards de dollars est investi, dans la construction de quatre nouvelles lignes métro. Et le gouvernement entend instaurer des innovations majeurs dans le domaine du transport : une ligne métro automatique sera mise en place, ainsi qu’une ligne de train à grande vitesse depuis Doha jusqu’à Manama.
Le transport ferroviaire, comme le transport sur route, sera rénové. Et cela dans le but de faciliter l’acheminement des marchandises depuis Doha jusqu’en Arabie Saoudite. Dans le cadre de ce projet, un investissement de 20 milliards de dollars est prévu.
Pour le transport ferroviaire, un budget de 7 milliards de dollars est prévu pour moderniser le transport maritime.
En résumé, pour mieux communiquer avec ses voisins, et avec le monde, le gouvernement de Doha a modernisé, élargi son secteur transport : terrestre, maritime et ferroviaire.
f- Les médias
Le Qatar s’appuie largement sur les médias pour rayonner dans le monde. Le pays tente d’imposer sa culture, sa vision économique, de par les publications médiatiques. Le Qatar a pu alors bâtir une réelle empire médiatique.
-Al Jazira
Le début des tapages médiatiques pour le Qatar a débuté au cours de l’année 1996, année au cours de laquelle Cheikh Hamad Ibn Khalifa Al Thani a renversé son père du pouvoir. La nouvelle chaîne était appelée : Al Jazira.
Lors de sa création, cette chaîne était présente dans déjà 35 pays, et jouissait d’une entière indépendance dans le cadre de la diffusion de la culture arabe.
Avec son niveau de couverture, et la qualité des informations véhiculées, Al Jazira a facilement acquis le rang des plus grandes chaînes internationales.
Actuellement, cette chaîne diffuse des informations en langue anglaise, turc et swahili, signe de son ouverture vers les autres cultures, notamment la culture turque et celle africaine. Intervenir en Afrique est stratégique pour le Qatar dans le sens où c’est un lieu de débouchés important pour ses produits finis, et les pays africains sont également les meilleurs fournisseurs de matières premières.
Force est de constater que Al Jazira continue encore, jusqu’à nos jours, l’extension de son domaine d’intervention. En effet, en février 2011, la chaîne a acheté la chaîne Turque Ciné 5 à une valeur de 30 millions d’euros. Selon le chercheur Hasni Abidi, cette extension va permettre à Al Jazira, et, à l’ensemble de la culture arabe, d’être présente « dans ce pays pivot entre l’Europe et le monde arabe. La Turquie est une puissance régionale qui inspire les nouvelles démocraties d’Afrique du Nord ».
Dans les prochaines années, la chaîne Al Jazira diffusera des émissions en langues espagnole portugaise, et en française. Ce qui confirme d’autant plus la hausse de la renommée de la chaîne qatarie.
g- Le secteur financier
Le secteur financier figure parmi les préoccupations majeures de Doha, dans le cadre de l’extension de ses activités. Ce qui a motivé la création de Qatar Financial Center en 2005, qui agit en vue d’une redynamisation du secteur bancaire.
L’objectif de l’autorité de Qatar est de faire en sorte que, dans quelques années, Doha soit désignée comme étant la capitale de la finance islamique. Dans cette optique, des politiques fiscales attractives ont été élaborées par le gouvernement pour encourager la création de banques islamiques.
h- Le secteur de l’agro alimentaire
Il convient en premier lieu de constater que le Qatar importe près de 95% des denrées alimentaires qu’il consomme. Il est alors très dépendant des autres pays dans sa consommation.
Une situation que le Qatar souhaite renverser dans les prochaines années. Plusieurs dispositions ont été prises à cet égard, mais la principale mesure qui a été prise est la création du NFSP ou Programme national pour la sécurité alimentaire. L’objectif de ce programme est d’intervenir dans la mission de sécurisation du circuit d’approvisionnement alimentaire, et l’encouragement de la production de céréales au Qatar.
i- Les placements à l’étranger
Par le biais des placements à l’étranger, le Qatar entend développer sa présence sur la scène internationale. En effet, les placements à l’étranger sont réalisés via la Qatar Investment Authority (QIA), qui détient un certain montant de fonds souverain (environ 60 milliards de dollars). Les enquêtes ont montré que, entre 2002 et 2008, les pays de l’OPEP ou Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole ont réalisé des revenus de 200 à 1000 Milliards de Dollars, et le Qatar en fait partie.
Ces fonds souverains sont investis dans plusieurs pays, jugés stratégiques par le Qatar, comme, par exemple : l’Afrique, l’Europe ou encore l’Amérique du Nord. En effet, le Qatar choisit le pays d’investissement de ses fonds par l’analyse de différents facteurs dont les risques d’investissement dans le pays, la bonne santé de sa conjoncture économique. Et pour le cas du Qatar, il est constaté que l’Europe constitue sa première destination idéale, en termes d’investissement des fonds souverains.
j- La politique internationale
Dans le cadre de la mise en œuvre effective de la procédure de diversification, on peut constater que le Qatar joue grandement sur son image sur la scène internationale, par le biais du système de « soft power ». A cet effet, on peut constater que le pays est très actif dans l’engagement de relations diplomatiques avec les autres pays qu’il estime « stratégique ». Ce qui explique la hausse considérable des cas de « partenariat » et « d’alliances » avec les autres pays.
Sa petitesse géographique n’est désormais plus un blocage face à sa richesse économique et son intelligence dans l’engagement dans des relations partenariales avec les autres pays.
Parmi ces alliances, on peut citer, par exemple :
-L’alliance avec les Etats Unis dans l’instauration d’une base militaire au Qatar. L’objectif d’une telle coopération est de renforcer la sécurité au Qatar. De même, les Etats Unis ont intérêt à s’établir au Qatar du fait de la stabilité du pays, son niveau d’ouverture, de son emplacement géographique assez stratégique …
Avec une telle alliance, le Qatar entend atténuer sa grande dépendance vis-à-vis de l’Arabie Saoudite.
-Alliance avec le gouvernement européen dans la construction de la Tour Shard à Londres.
-L’encouragement des rencontres avec les personnalités de renommée internationale, comme le Président des Etats Unis, le Président français François Hollande, …
-Alliances avec des pays, en tant que médiateur, pour résoudre des conflits internationaux. On peut citer par exemple l’intervention du Qatar dans l’affaire « infirmières bulgares en Lybie » qui était une affaire célèbre en 2007. Dans le cadre de cette affaire, le Qatar est intervenu pour négocier avec le Lybie pour que les infirmières soient libérées.
-Alliance stratégique avec l’Iran chiite dans le cadre du partage des réserves de gaz naturel
-La présence dans plusieurs types de conflits, dans lesquels le Qatar intervient en tant que médiateur. Par exemple, on peut noter la remarquable présence du Qatar au Maghreb pour gérer les conflits et encourage les révolutions dans le pays. La présence en Libye, Syrie, Tunisie est également à signaler.
-Soutien à la Palestine lors du blocus israélien à Gaza. Avec une telle intervention, le Qatar a été ensuite estimé comme indispensable dans le cadre de la résolution de conflits internationaux.
Avec une telle politique internationale, le Qatar se présente actuellement comme un acteur majeur, et éventuellement incontournable, dans les relations internationales, en tant que médiateur (le Qatar intervient souvent dans les actions de résolutions de conflits et dans le processus de réconciliation par exemple), partenaire stratégique, ou même investisseur.
4 – Analyse de l’efficacité des stratégies de diversification
La stratégie de diversification adoptée par le Qatar est-elle efficace ? Les réalités actuelles montrent, et confirment que l’adoption même de cette stratégie a offert au Qatar grand nombre d’avantages.
a- Le Qatar : devenue pôle mondial pour l’éducation, le sport et le divertissement : actuellement, le Qatar est une référence mondiale dans les trois domaines de l’éducation, du sport et du divertissement. On peut alors constater que le pays est souvent consulté, sollicité, pour les grands évènements dans ces trois principaux domaines.
b – Efficacité politique des stratégies de diversification : le Qatar, un pays « hyperactif » : l’adoption de stratégies de diversification à plusieurs niveaux fait que le Qatar soit un pays hyperactif. Il ne se limite point à un seul domaine, mais semble être spécialisé dans divers domaines, aussi intéressants les uns que les autres.
Mais la question qui demeure est la suivante : l’efficacité actuelle de la stratégie de diversification est-elle de nature à garantir au Qatar un certain niveau économique, une fois l’ère de l’épuisement du pétrole arrivé ?
L’étude des relations partenariales du Qatar avec quelques pays donnera des réponses à ce questionnement.
B – Etude des relations partenariales du Qatar avec le monde
Les dégradations environnementales constatées de nos jours ont conscientisé grand nombre de pays sur la nécessité de réorientation de la consommation d’énergie. Ce qui fait que, en 2012, la consommation mondiale d’énergie renouvelable a progressé de 19%, au détriment des énergies non renouvelables, dont notamment le gaz et le pétrole.
Ce bilan a alors permis de conclure que désormais, le Qatar n’est plus le seul intéressé par cette nouvelle source d’énergie, mais beaucoup de pays dans le monde. Les partenariats se multiplient de ce fait. Justement, le Qatar a conclu plusieurs partenariats avec divers pays dans le monde, qui sont aussi intéressés par la diversification.
1 – Constat : multiplication des alliances et partenariats
Le Qatar, craignant un épuisement de ses réserves en pétrole lors d’une future lointaine, et consciente de la dégradation environnementale causée par la surexploitation de ces énergies non renouvelables, a renforcé ses partenariats stratégiques dans les domaines autres que les énergies non renouvelables.
En effet, force est de constater que le Qatar ne s’est point limité à la conclusion d’accords sur les énergies renouvelables, mais est bien allé au-delà, pour conclure des actes relatifs aux domaines du transport, de l’éducation, …
2 – Analyse d’un domaine de partenariat : le transport
-Le Transport (aérien) : Qatar Airways rejoint une alliance mondiale
Comme précisé dans les parties précédentes, le transport figure parmi les axes prioritaires de Qatar dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie de diversification. Aussi, même si le Qatar dispose déjà des fonds nécessaires pour réaliser des investissements au niveau national, les accords internationaux de partenariat sont conclus pour les principales raisons suivantes :
- Fidélisation des passagers par le biais de la constitution d’un réseau de transport
- Amélioration de la qualité de services aux passagers par la multiplication des offres, par rapport aux destinations
- Meilleure satisfaction des clients par la facilitation des vols entre compagnies partenaires
- Mise en place d’un standard de services similaires entre les diverses compagnies, en vue de la satisfaction des clients.
La question qui se pose actuellement est celle de savoir : quelles sont les divers accords de partenariat déjà conclus par le Qatar, dans le cadre de la diversification par le transport ?
- Accord entre British et Qatar
Vueling, desservant une centaine de destinations en Europe, en Afrique et au Proche Orient, a officialisé, pendant la journée du 30 Septembre 2014 sa relation partenariale avec la compagnie Qatar Airways. Il est certain que cet accord de partenariat sera fortement avantageux pour le Qatar dans le sens où il va lui permettre de rehausser considérablement le nombre de passagers, Vueling bénéficiera de ce même avantage.
En effet, par le biais de cet accord, les deux parties acceptent de :
-Prendre en charge les clients de l’autre compagnie
-Vendre les billets d’avion de l’autre compagnie
-Emettre des cartes d’embarquement et réaliser l’enregistrement des bagages, au bénéfice des clients de l’autre compagnie.
Les passagers seront les premiers bénéficiaires de cet accord de coopération, dans le sens où ils verront la qualité et la rapidité du service s’améliorer. A cet effet, Akbar Al Baker, le numéro un de Qatar Airways a clairement affirmé que : « Cet accord avec Vueling est la première étape en vue d’offrir à nos clients un accès facilité à l’Europe via l’aéroport El Prat de Barcelone ».
- Maroc et Qatar
Royal Air Maroc et Qatar Airways sont également entrés dans une relation de partenariat « stratégique ». Par le biais de ce contrat, Royal Air Maroc accepte de prévoir, régulièrement, à raison de trois fois par semaine, une ligne directe depuis Casablanca vers Doha. L’accord prendra effet à partir du 11 septembre 2015.
Akbar Al Baker, Président de Qatar Airways, par rapport à cet accord de partenariat, a affirmé que : « Ce partenariat qui renforce les relations entre le Qatar et le Maroc offrira beaucoup d’avantages aux clients de Qatar Airways qui vont vers Casablanca et les destinations africaines (…) c’est une bonne nouvelle et un gain pour les passagers notamment les hommes d’affaires qui se déplacent en Afrique ainsi que pour les touristes ».
Le président de Royal Air Maroc, Driss Benhima,, quant à lui, a clairement précisé que : « cet accord constitue une phase cruciale dans l’histoire de la Royal Air Maroc puisqu’il permet de mettre en place un « pont » entre l’Asie et l’Afrique qui facilitera le déplacement des clients dans les meilleures conditions grâce au réseau étendu de Qatar Airways en Asie et au réseau dense de Royal Air Maroc en Afrique en transitant par les hubs des deux compagnies en l’occurrence Doha et Casablanca » .
3 – Les pays partenaires du Qatar
a- Les Etats Unis
Les Etats Unis se présentent en effet comme le partenaire stratégique du Qatar, et sont même son partenaire de longue date.
Au mois de décembre 2013, cette coopération bilatérale avec les Etats Unis a encore été encore plus forte, et a été renouvelé. Le porte parole du Pentagone ont précisé, par les affirmations suivantes, les domaines de collaboration entre les Etats Unis et le Qatar :
« Les deux parties ont renouvelé à cette occasion l’accord qui encadre les liens entre les forces des Etats-Unis et du Qatar, y compris dans les domaines de la formation, d’exercices conjoints et d’autres activités »
Aussi, les Etats Unis sont un des piliers du Qatar, garantissant le plein accomplissement de toutes les activités diversifiées.
Et récemment, au mois de mai 2015, le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, a rencontré le Qatar pour une mise à jour de l’accord de sécurité, et de la coopération nucléaire entre les deux parties.
b- La France
-La limitation de la consommation d’énergie non renouvelable : une préoccupation majeure de la France
De nos jours, on peut constater que, non seulement le Qatar, mais également d’autres pays, expriment déjà leur volonté politique de procéder à une nouvelle étape de transition écologique. La France figure alors parmi ces pays désireux de limiter les dégâts environnementaux par le biais de la limitation de la consommation d’énergies non renouvelables dans leur processus de production.
Vu de l’angle juridique, la France a déjà initié la matérialisation de sa volonté politique par le projet de loi en date du 30 juillet 2014, qui prévoit explicitement les dispositions sur les énergies renouvelables en son titre V s’intitulant « Favoriser les énergies renouvelables pour diversifier nos énergies et valoriser les ressources de nos territoires ».
Toujours dans cette optique de limitation de la consommation d’énergies non renouvelables, force est également de constater que la CRE a mis en œuvre, au mois d’avril 2014 une étude de la rentabilité de la conversion des énergies non renouvelables en énergies renouvelables.
Ce rapport du CRE n’a pas omis de précisé, par la même occasion, les modalités de gestion des énergies photovoltaïques.
Ces avancées en termes de production et de consommation d’énergie renouvelable font que la France et le Qatar présentent des intérêts convergents, sur un sujet sensible : les énergies non renouvelables.
Cette vision commune ont rallié les deux pays. Un ralliement qui s’est matérialisé par plusieurs rencontres jugés stratégiques, portant sur plusieurs domaines : l’énergie renouvelable, la sécurité, la défense, …
Par exemple, le 22 juin 2013, le Président Français s’est rendu au Qatar, pour discuter de la mise à jour de la coopération Franco-Qatari.
De même, au mois de décembre 2013, le Ministre délégué aux Anciens Combattants, Kader Arif s’est rendu à Doha, suivi en janvier 2014 de la Ministre déléguée aux Français de l’étranger, Hélène Conway-Mouret. Le sujet discuté concerne toujours la coopération entre les deux pays, mais dans le domaine de la défense.
La relation commerciale entre les deux pays est également intéressante, à partir du moment où le Qatar a opté pour l’ouverture et la libéralisation des échanges.
La coopération entre les deux pays a été si fructueuse que, en 2013, les échanges entre le Qatar et la France ont atteint 1,6 milliards d’euros, en progression de 3% par rapport à 2012.
Au cours de l’année 2012, la France était classée au 9ème rang des fournisseurs du Qatar avec une part de marché de 4,4% derrière les Etats-Unis (11,8%), les Emirats Arabes Unis (11,5%) et trois pays de l’Union Européenne : le Royaume-Uni (4ème fournisseur, 5,7% de parts de marché), l’Allemagne (6ème fournisseur, 4,8% de parts de marché) et l’Italie. La France était, par ailleurs, le 14ème client du Qatar.
Les domaines de coopération entre la France et le Qatar sont nombreux : les biens d’équipement, les livraisons d’Airbus, le commerce courant. Ce qui fait qu’une telle coopération commerciale s’aligne avec la stratégie de diversification prônée par le Qatar.
Ces dernières années, les montants et valeurs investis par la France au Qatar ont atteint plusieurs secteurs d’activités, tous en plein développement au Qatar : l’aéronautique, le luxe, le traitement des eaux. A l’heure actuelle, une centaine de filiales de grandes entreprises de nationalité française ont réussi à s’implanter au Qatar.
En d’autres termes, la marque « Made in France » est en train de connaitre un réel essor au Qatar. La réussite de l’implantation de la marque « Monoprix » à Doha, par l’inauguration d’un premier Magasin Monoprix à Doha témoigne de la réussite de ce partenariat, essentiellement commercial.
c- Le Maghreb
-Relation entre le Qatar et l’Egypte
Le Qatar a injecté des sommes considérables en Egypte : 5 milliards de dollars (près de 4 milliards d’euros) de prêt et 18 milliards d’investissements sur un plan stratégique étalé sur cinq années.
L’investissement d’une telle somme renforce le positionnement stratégique du Qatar en Egypte, par rapport à celui de l’Arabie Saoudite par exemple. Selon les propos de Robert Springborg, professeur à l’école navale américaine, « l’Arabie saoudite n’a pas en Égypte d’engagements financiers [similaires à ceux du Qatar] et ses investisseurs privés ont dû faire face à des difficultés avec le nouveau gouvernement, ce qui peut avoir un impact négatif sur d’éventuels futurs investissements. Et malgré les tentatives de Mohamed Morsi d’améliorer les relations – il a réservé à Riyad sa première visite à l’étranger, en juillet 2012 -, les États du Golfe, sous l’influence de l’Arabie saoudite et à l’exception du Qatar, considèrent les Frères musulmans comme une menace sécuritaire ».
-La Tunisie et le Qatar
A travers la multinationale humanitaire, Qatarie, appelée Qatar Charity, le Qatar a investi près de 7,5 millions d’euros à la Tunisie. Ces sommes étaient placées dans des domaines clés : la coopération, la communication sociale, les réhabilitations d’infrastructures, l’agriculture, la construction de logements sociaux et de structures sanitaires, en vue de la promotion de la couverture sanitaire universelle dans le pays.
A travers de telles aides financières, le Qatar entend renforcer la nécessité de sa présence en Tunisie, puis à travers le monde.
Ces diverses interventions justifient la réelle volonté politique de Qatar de se lancer dans un processus de diversification de son économie, en vue de la limitation de la consommation et de l’exportation d’énergies non renouvelables.
CONCLUSION
Détenant le tiers des réserves mondiales de pétrole et de gaz naturel, le Qatar est une région essentiellement pétrolifère. En tant que telle, le pays est largement impliqué dans le jeu énergétique international, qui a fortement enrichi sa situation économique et financière.
Mais force est de constater que le marché actuel est caractérisé par une légère baisse de la consommation d’énergie non renouvelable, et une variation à la baisse du prix de ces matières. Une situation qui n’avantage point le Qatar, car place son économie dans une situation d’instabilité.
De plus, le gouvernement, conscient du fait que les énergies non renouvelables ne peuvent être des ressources stables, tente de mettre en place de nouvelles politiques stratégiques devant appuyer le Qatar lors de la période post-pétrole.
Et le Qatar n’est pas le seul pays conscient de cette situation. En effet, les dégradations de l’environnement, la conscientisation sur le développement durable, et la hausse du prix des énergies non renouvelables ont encouragé plusieurs pays à limiter leur consommation d’énergie non renouvelable. Il est alors constaté, dans la majorité des pays à revenus essentiellement pétroliers, une volonté politique de réorientation de la stratégie économique.
Pour le Qatar, cette nouvelle stratégie est la « diversification ».
De par cette stratégie, le Qatar entend freiner les exportations de pétrole et de gaz, et d’investir les richesses financières obtenues des précédentes exportations dans des domaines porteurs.
En tant que diversification, les domaines d’investissement sont nombreux : infrastructures, éducation, humanitaire, médias, sport, …. Le Qatar appuie les investissements nationaux, mais s’oriente également au niveau international, et tente de montrer sa présence sur la scène mondiale.
Ce qui justifie la multiplicité des accords de partenariat du Qatar avec plusieurs pays, tels que la France, le Maroc, les Etats Unis… Des accords de partenariat dans plusieurs domaines, qui doivent appuyer le Qatar dans la réalisation de sa stratégie de diversification.
La question s’est posée de savoir si l’actuelle stratégie de diversification adoptée par le Qatar est de nature à pouvoir lui garantir une dépendance économique suffisante vis-à-vis des revenus pétroliers, et puisse soutenir efficacement sa croissance économique.
Mais il faut affirmer que l’harmonie, la concordance de la coopération du Qatar avec les autres pays du monde, sa diplomatie internationale, permettent de rester positif. Le Qatar dispose d’une bonne maitrise de la stratégie de diversification.
Aussi, peut-on conclure que le Qatar et l’un des pays pétroliers ayant le plus d’ambitions et qui multiplie rapidement ses activités économiques et politiques. La marque « Qatar » s’impose de plus en plus sur le devant de la scène internationale.
La maitrise de la diversification reste toutefois un enjeu majeur de la pérennité de la réussite.
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