REGARD SUR L’INFIRMIERE DE NUIT ET SA PLACE DANS LE PROCESSUS DE REEDUCATION
Table des matières
Questionnement – Question de départ 4
3-1- Les différents intervenants d’une équipe en rééducation. 6
4-2 Contraintes et effets pervers. 10
3- Résultats et interprétations. 11
3-1- Informations personnelles sur les répondants. 12
3-2- Le premier pas en tant qu’infirmière de nuit 13
3-3- Point de vue des répondants sur la rééducation. 15
3-4- L’exercice professionnel du répondant en pratique. 16
REGARD SUR L’INFIRMIERE DE NUIT ET SA PLACE DANS LE PROCESSUS DE REEDUCATION
INTRODUCTION
Ayant une place importante au sein de la société, la nuit est très souvent associée au repos, au calme et à la sérénité. Le travail de nuit est souvent considéré comme « hors-norme » et non naturel dans de nombreux domaines. Cependant, il constitue une partie structurale dans le travail infirmier.
Des infirmiers choisissent de travailler la nuit pour plusieurs raisons. Toutefois, le recours au travail de nuit devrait être exceptionnel et considérer les moyens de sécurité, de protection et de la santé des travailleurs. Par ailleurs, il est associé à diverses conditions spécifiques. Les soignants font face à l’imprévu et doivent continuellement s’adapter au changement.
Dans le cadre de ce mémoire, j’ai choisi de porter un regard sur l’infirmière de nuit et sa place au sein du processus de rééducation. Le choix du sujet a été motivé par mon parcours professionnel et personnel que je résumerai dans la problématique du travail. En effet, j’ai constaté qu’il y a un décalage non négligeable entre le travail de jour et le travail de nuit pour la profession infirmière. J’ai alors voulu approfondir cette réflexion et essayer de chercher à expliquer pourquoi cet écart persiste-t-il.
Après la problématique, je présenterai le cadre théorique dans lequel je résume ma recherche documentaire sur le sujet. Afin de confronter le cadre théorique à la réalité observée sur terrain, j’ai choisi de mener une enquête auprès de professionnels de santé. Une conclusion et une question de recherche termineront mon travail.
PROBLEMATIQUE
Infirmière depuis 14 ans mon parcours professionnel m’a permis de découvrir différentes spécialités.
Depuis 10 ans j’ai intégré un centre de médecine physique et de réadaptation comme infirmière de nuit.
Cette décision qui n’avait rien de professionnelle au départ l’est devenue par la suite en découvrant la spécificité de l’ide de nuit en rééducation.
En effet la nuit le travail semble moins gratifiant moins quantifiable mais au combien enrichissant sur le plan humain.
Après plusieurs formations continue délivrés en interne et non spécifique à la rééducation/réadaptation, j’ai souhaité, une formation diplômante en lien avec mon terrain d’activité, mon choix s’est alors porté vers le D.U « Soins infirmiers en rééducation- réadaptation ».
Ce DU m’a permis d’élargir non seulement mes connaissances mais aussi de poser un regard nouveau sur ma fonction de nuit.
Selon les apports théoriques de la formation nous sommes, nous IDE, faisant partie intégrante d’une équipe investie dans le projet de vie du patient. Cependant, au cours des travaux sur terrain, j’ai constaté que l’IDE de nuit souffre de difficultés à s’intégrer dans l’équipe. Nombreuses peuvent être les raisons. Ce sont ces raisons que j’ai essayées de déterminer à travers la recherche pratique en distribuant des questionnaires à des IDE.
A travers mes recherches théoriques, j’ai constaté que l’IDE doit être continuellement présent et répondre à tout moment aux demandes des patients et de leurs proches. De plus, ils doivent contribuer aux processus de réadaptation. Cependant, j’ai constaté que les échanges sont moins fréquents dans l’équipe la nuit. Cependant, d’après des travaux effectués auprès de quelques 3 000 personnes soignées ont montré que « la nuit, les malades sont demandeurs de relation, d’information, de soins liés au confort et à la sécurité »[1]. Cela montre que les IDE doivent être en mesure de répondre à toutes les attentes des malades, de même qu’à celles de leurs proches.
Questionnement – Question de départ
Ma constatation au niveau de ma recherche documentaire m’a permis de formuler quelques questions.
- Quelles difficultés ressent l’IDE de nuit à s’intégrer dans l’équipe ?
- Quelle place occupe réellement l’infirmière de nuit dans l’équipe soignante ?
D’où ma problématique centrale :
Les IDE de nuit souffrent de solitude et de manque de communication. Elles ont du mal à s’intégrer dans l’équipe. Par ailleurs, leur rôle est très souvent méconnu. Elles font face à un besoin de communiquer les caractéristiques de leur vécu professionnel à leurs collègues, principalement à leurs collègues de jour.
Comment l’IDE de nuit s’intègre-t-elle dans l’équipe pluridisciplinaire en rééducation ? De quels moyens dispose-t-elle ?
CADRE CONCEPTUEL
1- Rééducation
La rééducation est définie comme « l’ensemble des moyens mis en œuvre pour rétablir chez un individu l’usage d’un membre ou d’une fonction »[2].
Elle est pratiquée en vue de réduire ou de prévenir autant que possible toutes les conséquences pouvant faire suite à un accident de la vie. La rééducation est relative à une problématique psychologique, physique, sociale qui survient après des accidents brutaux.
Dans la pratique, en rééducation, l’infirmière s’assure de la coordination des gestes soignants de l’équipe pluriprofessionnelle. Elle se charge de la gestion des soins courants selon la maladie observée et compte tenu du niveau de dépendance du patient. De plus, les soins doivent être adaptés aux difficultés de communication du patient, à l’implication des proches et à la durée du séjour.
Dans ses théories, Virginia Henderson mentionne que « l’infirmière remplit la fonction d’interprète, c’est-à-dire aider le malade à se comprendre lui-même, à modifier les conditions qui le rendent malade et à accepter celles qui ne peuvent être changées »[3].
L’infirmière en rééducation possède de multiples missions : en relation, en éducation et en prévention. Elle sensibilise le patient aux conséquences des nouvelles conditions physiques auxquelles celui-ci est exposées, par exemple les troubles, la douleur, les troubles thromboemboliques etc.
Elisabeth, dans le livre de Marie De Hennezzel, dit que « […] le plus important ce ne sont pas les perfusions et les pansements, mais bien plutôt un sourire, un regard, une information rassurante, une main qui ne vous considère pas comme un objet mais comme une personne. C’est là que la démarche de soin prend tout son sens. » ainsi que : « […] je réalise combien votre profession est fabuleuse, combien vous pouvez apporter aux malades, combien la façon dont vous prenez soin peut être déterminante pour l’évolution de leur état de santé »[4].
2- Réadaptation
La réadaptation est définie comme l’étape lors de laquelle les thérapies données par les différents professionnels consistent à renforcer et à maintenir les capacités fonctionnelles récupérées. Généralement, elle consiste à ralentir les pertes suites à une maladie.
La réadaptation permet au malade d’apprendre à vivre suite aux conséquences de sa maladie et donc avec ses capacités résiduelles en s’adaptant à son environnement en fonction des nouvelles possibilités fonctionnelles mises à sa disposition.
Lors de la réadaptation, le patient et son entourage doivent participer activement. Par ailleurs, les aidants naturels sont pris en considération et ont leur place dans le projet de réadaptation compte tenu du changement des capacités du patient[5].
D’après l’Association Nationale de la Qualité, il existe cinq catégories de réadaptation :
- la réadaptation musculo-squelettique
- la réadaptation cardiaque
- la réadaptation respiratoire
- la réadaptation neurologique
- la réadaptation générale et gériatrique
Voyons maintenant la notion concernant le handicap.
3- Handicap
3-1- Les différents intervenants d’une équipe en rééducation
La stratégie de rééducation est basée sur des objectifs bien définis avec le malade et ses proches. Ces objectifs doivent être adaptés selon l’évolution de l’état du patient. Lors de tout projet, les moyens utilisés sont communiqués au patient et sa famille, de mêle que les limites de cette pratique médicale, selon la loi du mars 2002.
Dans cette partie, je vais parler des différents intervenants d’une équipe de rééducation, ainsi que de leur rôle dans la mission.
- Médecin
D’abord, il faut noter que la rééducation est prescrite comme tout traitement et par conséquent comme un médicament. Par conséquent, elle engage la responsabilité du médecin, celui-ci devant connaître tous les mécanismes d’action de la pratique, de même que les indications et les contre-indications. Par ailleurs, la rééducation doit être appropriée à l’évolution du patient.
D’une manière générale, le médecin agit lors des situations ci-après :
-le décubitus observé chez les personnes âgées
– l’utilisation des traitements physiques dans les maladies bronchiques
– les cas d’orthopédie, de rhumatologie et de traumatologie
– le suivi des maladies neurologiques, notamment après les maladies chroniques telles que la sclérose en plaque et la maladie de Parkinson
– le retard scolaire
Mais, à lui seul, le médecin ne parvient pas à prendre en charge les patients en rééducation. L’intervention des paramédicaux est nécessaire.
- IDE
En rééducation et réadaptation, l’IDE exerce dans une équipe pluridisciplinaire. Il y a quatre domaines de classement quant à ses moyens d’intervention[6] :
– la gestion des soins courants directs et indirects
– la gestion d’une présence quasi-permanente
– la gestion des informations
– la recherche et la formation.
- Aides-soignants
D’une manière générale, les aides-soignants accompagnent le malade et ses proches lors de son séjour en milieu hospitalier ou aux unités de soins de rééducation-réadaptation. Ils travaillent en étroite collaboration avec les IDE et leur action fait partie d’un projet global et pluridisciplinaire.
– Ils se chargent de l’accueil des patients au sein du secteur de soins, les informent du déroulement des soins et recueillent des informations sur les habitudes de vie des patients afin de leur donner une prise en charge individuelle
– Ils identifient, organisent et assurent une évaluation des soins en fonction des réglementations professionnelles, des bonnes pratiques en vigueur ainsi que des différentes procédures nécessaires
– Ils participent à la prise en charge de la douleur des patients, se chargent de l’identification des risques et prennent les précautions nécessaires pour prévenir les infections nosocomiales
– Ils assurent la coordination des différents actes de soins au sein d l’équipe pluridisciplinaire.
3-2- Interdisciplinarité
La différenciation multidisciplinaire est caractéristique du 20ème siècle et de ma modernité. Elle est caractérisée par la médicalisation de l’hôpital, des différents progrès réalisés dans la médecine et de l’émergence de nouveaux métiers : les infirmières, les ergothérapeutes, les masseurs-kinésithérapeutes etc. Cela a permis une création et une diversification de technicités et de compétences[7]. Mais en plus, il y a eu la mise en œuvre d’un schéma d’organisation spécifique au siècle en question : la division du travail. Ainsi, le centre hospitalier est devenu une structure organique complexe au sein duquel chaque acteur est voué à accomplir une tâche parcellisée.
Discipline assez récente, la rééducation-réadaptation n’a pas épargné cette évolution. Elle a adopté une analyse spectrale et a vu le champ de son intervention s’élargir. Par la suite, plus de besoins ont pu être couverts grâce à l’action d’intervenants diversifiés.
Une des difficultés associées à l’interdisciplinarité est celle du dialogue interprofessionnel. En effet, il devient nécessaire pour certains de développer la valorisation de leur rôle, la reconnaissance de leur fonction par les autres ainsi que la capacité d’expression.
4- Travail de nuit
Le travail de nuit impose à celui qui le fait de vivre à contretemps des rythmes habituels de l’être humain, aussi bien au niveau des rythmes biologiques qu’au niveau du plan social. Ainsi, on devient contraint de supporter d’importantes difficultés dans la vie quotidienne, ce qui a des répercussions négatives sur la vie personnelle des travailleurs de nuit.
Le travail de nuit fait l’objet de textes législatifs depuis longtemps. Le tableau suivant résume les grandes étapes de la loi sur le travail de nuit.
Année | Etapes |
1892 | Interdiction du travail de nuit, sauf dans les domaines de l’alimentaire et de l’hygiène |
1979 | Autorisation du travail de nuit pour les femmes occupant un poste à caractère technique ou un poste de direction |
1982 | Réduction du temps de travail à 35 heures par semaine, considérée également pour le personnel hospitalier à partir de 1991 |
A partir de 1988 | Loi « Evin », Loi « Durafour », Protocole « Durieux »
Circulaire 91.68 du 23 décembre 1991 |
Selon la circulaire 91.68 du 23 décembre 1991, « Aucune mesure nationale ne peut résoudre la difficulté de ces situations, car elles nécessitent une participation de l’ensemble des personnels hospitaliers (administratifs, soignants, médecins) à la définition de nouveaux modes de communication et d’organisation du travail ».
4-1 Spécificité
Le travail de nuit a plusieurs caractéristiques[8] :
– la durée : Selon la SNPI (Syndicat National des Professionnels Infirmiers), la durée du travail quotidien ne peut excéder 10 heures la nuit, y compris les temps d’habillage, de déshabillage, de restauration et de pause. Cette durée est plus longue que celle du travail pour les équipes de jour qui est fixée à 9 heures maximum.
– la notion d’équipe : elle soumise à de nombreuses contraintes en raison notamment du nombre restreint du personnel. De plus, généralement, le personnel d’encadrement paramédical est absent. Tous les services annexes, par exemple le laboratoire et la pharmacie, fonctionnent avec un minimum d’effectifs. Toutes ces conditions limitent par conséquent la notion de travail d’équipe.
Nous pouvons donc constater que le travail de nuit a des caractéristiques particulières qui font que le personnel travail dans des conditions pas toujours favorables[9]. Mais en plus, il y a d’autres contraintes et effets pervers sur le soignant en tant que personne à part entière.
4-2 Contraintes et effets pervers
Il existe diverses contraintes et effets sur les travailleurs de nuit[10] :
–conséquences physiologiques : le décalage des courbes des variables biologiques devient plus important au fil du temps, notamment le pouls l’excrétion rénale. De plus, les défenses immunitaires diminuent.
–conséquences physiques : le sujet travaillant la nuit devient plus faible physiquement en raison de l’insomnie ou de l’apnée du sommeil. Par ailleurs, la fatigue s’accroit. La personne devient ainsi asthénique et irritable. Il peut souffrir continuellement de stress et de maux de tête.
–contraintes sociales : le travailleur de nuit se retrouve décalé de son milieu social compte tenu du rythme de son travail.
CADRE OPERATOIRE
1- Méthodologie
Dans le cadre de cette étude, et afin de répondre à ma problématique, j’ai construit et distribué un questionnaire. Il s’agit d’un outil de recherche destiné principalement aux sciences humaines et sociales. C’est essentiellement pour cette raison que j’ai opté pour un questionnaire plutôt qu’un entretien.
Le questionnaire est un ensemble de questions mises en place pour faciliter et normaliser le recueil de témoignages. Cet outil est approprié pour avoir des informations précises si on souhaite s’adresser à un grand nombre de participants. Ainsi, les données recueillies peuvent être facilement quantifiables, sauf les questions ouvertes.
2- Choix de la méthode
Le questionnaire présente plusieurs avantages. Il permet de :
- travailler à grande échelle. En effet, il n’est pas soumis à une contrainte de temps, vu que la distribution est rapide et le participant a la possibilité de répondre à son rythme. Par ailleurs, il n’y a pas de contrainte de coût pour cette option (frais téléphoniques et déplacements).
- l’emploi du temps et le rythme des répondants sont libres.
- obtenir un taux de réponse élevé
En plus de ces avantages, le questionnaire permet de porter sur de nombreux faits, des attitudes, des opinions, ou encore des connaissances.
3- Résultats et interprétations
Le guide d’entretien est présenté en annexes. Les réponses au questionnaire ont été recueillies sur papier. Dans le cadre de ce travail, j’ai distribué une vingtaine de questionnaires. J’ai recueilli 16 réponses, ce qui me donne un retour assez élevé sans avoir dépensé beaucoup de temps.
Pour l’interprétation les questions sont regroupées par thème.
3-1- Informations personnelles sur les répondants
- Date d’obtention du DE
D’après l’enquête menée, 5 personnes ont été diplômées avant 2000 dont la plus anciennement diplômée est celle ayant eu son DE en 1983. 6 autres personnes ont été diplômées entre 2001 et 2008 tandis que 5 personnes ont eu leur diplôme après 2008. Ces statistiques nous montrent donc que toute la population est diplômée depuis assez longtemps. Cela nous laisse penser que les répondants sont assez bien expérimentés.
Pour connaitre davantage la population interrogée, nous allons nous intéresser sur le nombre d’années d’expérience.
- Nombre d’années d’expérience
Cette représentation graphique nous montre qu’aucun répondant n’est peu expérimenté. En effet, tous ont une expérience de plus de ans. 7 personnes ont entre 2 à 5 années d’expérience tandis que 9 répondants ont plus de 5 années d’expérience. Nous pouvons donc prétendre que les soignants connaissent bien leur service et seraient en mesure de donner des réponses qui reflètent la réalité.
Nous allons ensuite voir quel facteur a le plus motivé les soignants à devenir infirmière de nuit.
3-2- Le premier pas en tant qu’infirmière de nuit
- Motivation pour travailler la nuit
Quatre réponses ont été proposées aux infirmières quant à leur motivation à travailler la nuit. Toutes les infirmières ont répondu qu’il s’agit d’un choix personnel. Trois infirmières ont également ajouté que leur choix est également reposé sur le critère financier. Ces réponses nous laissent penser que les infirmières ont bien choisi d’être infirmières de nuit, cela sans contrainte.
Nous allons ensuite parler de l’encadrement des infirmières lors de leurs premières nuits en rééducation-réadaptation. Comme il s’agit d’un poste assez difficile à intégrer, compte tenu des contraintes du travail de nuit.
- Encadrement lors des premières nuits en rééducation-réadaptation
Interrogés concernant l’encadrement lors des premières nuits en rééducation-réadaptation, plus de la moitié ont répondu qu’elles ont bénéficié d’encadrement. 9 personnes parmi les 16 interrogées ont répondu qu’elles ont été encadrées. Ces réponses assez disparates nous font penser que l’encadrement est rare la nuit. Cela constitue encore une difficulté pour le travail de nuit.
Nous allons ensuite aller plus en profondeur à travers le sujet en interrogeant les soignants sur le type d’encadrement lors de leur arrivée au sein du service.
- Type d’encadrement lors de l’arrivée d’un IDE
Quand j’ai interrogé les soignants sur le type d’encadrement dont ils ont bénéficié lors de leur arrivée au sein du service, les réponses furent multiples. Presque tous les soignants ont mentionné qu’ils sont passés, dans un premier temps, par le travail de jour avant d’intégrer le poste de nuit. Cela permet de nous rendre compte que le travail de nuit est caractérisé par l’existence de contraintes diverses dont la contrainte horaire et la surcharge de travail, ces deniers ne permettant pas de disposer de temps pour l’encadrement.
3-3- Point de vue des répondants sur la rééducation
- Le rôle de l’IDE en rééducation
Les personnes interrogées ont eu différentes réponses lorsqu’elles ont donné la définition du rôle de l’IDE en rééducation. Plusieurs rôles ont été mentionnés. Les IDE doivent être toujours à l’écoute des patients et à leur disposition, non seulement lors des soins, mais également quand cela est nécessaire. La prise en charge du patient est aussi primordiale que les soins de base. Par ailleurs, les IDE doivent continuellement surveiller et réconforter les patients, les rassurer et essayer de répondre autant que possible à leurs besoins. Mais en outre, les IDE se chargent des démarches administratives. Si cela s’avère utile, il est important de travailler en doublon la première nuit.
- Intégration à l’équipe de nuit
Quand les 16 infirmières ont été interrogées concernant leur intégration à l’équipe pluridisciplinaire, une infirmière n’a pas donné de réponse. 11 autres ont mentionné être bien intégrées et les4 dernières disent ne pas avoir été intégrées. Ces chiffres ne nous permettent pas de donner une conclusion, compte tenu de la disparité des réponses.
3-4- L’exercice professionnel du répondant en pratique
- Encadrement lors des services de nuit
Quand les soignants ont été interrogés sur la reconnaissance de l’équipe pluridisciplinaire en tant que professionnel en rééducation la nuit, quelques-uns n’ont pas donné de réponse. Certains soignants ont répondu qu’ils ne sont pas reconnus. Une personne a dit qu’elle part à la chasse aux infos. Toutes ces réponses nous montrent que les soignants ne sont pas bien encadrés lors des services de nuit. Ce qui nous permet donc de renforcer que le travail de nuit maintient ses caractéristiques de difficulté. Les infirmiers ne bénéficient pas d’encadrement.
Nous allons maintenant voir combien parmi les répondants ont un cadre de service de nuit.
- Avez-vous un cadre de service de nuit ?
12 personnes annoncent disposer d’un cadre de nuit. La majorité est encadrée, ce qui renforce encore les résultats que nous avons vus précédemment. Toutefois, l’encadrement se résume à l’astreinte téléphonique et au cadre de garde. Ainsi, il n’existe a priori pas de système d’encadrement bien en place.
Compte tenu de ces réponses, il serait intéressant de voir combien parmi les répondants assistent aux réunions de service.
- Assistance aux réunions de service
Seules six personnes parmi les 16 interrogées ont répondu qu’elles assistent aux réunions de service. De plus, elles ont dit qu’elle y assistent très peu. Toutes les autres personnes ont mentionné qu’elles n’assistaient jamais aux réunions de service. Cela nous laisse prétendre qu’il n’y a pas de partage d’expérience avec les infirmiers de nuit.
- Support utilisé pour le dossier patient
Pour le dossier patient, toutes les personnes interrogées ont répondu qu’elles utilisent un ordinateur et un classeur. Cela nous montre que les services sont bien structurés. De plus, les répondants ont mentionné que les dossiers sont communs au personnel du service. Ainsi, tous les intervenants de l’équipe pluridisciplinaire, psychologue, aide-soignant, kinésithérapeute ou autres, ont la possibilité de consulter le dossier. A défaut, il y a des dossiers informatifs sur les patients.
Mais comment les soignants communiquent-ils avec les autres membres de l’équipe pluridisciplinaire ?
- Contacts avec les autres membres de l’équipe pluridisciplinaire
6 répondants ont dit ne pas avoir un contact avec les autres membres de l’équipe pluridisciplinaire. Les neuf personnes qui ont répondu par l’affirmative ont dit que les contacts se font à travers les transmissions.
Quels peuvent alors être les obstacles auxquels les soignants font face ? C’est ce que nous allons tenter de savoir à travers la question suivante.
- Obstacles rencontrés lors d’une prise en charge IDE la nuit
D’une manière générale, les infirmières ont répondu que les principaux obstacles qu’elles rencontrent sont les transmissions et les informations incomplètes. Seule une personne parmi les 16 interrogées n’a pas donné de réponse. Nous pouvons donc penser que le les difficultés associées au travail de nuit sont en grande partie liées aux manque d’informations.
- Participation aux réunions « projet de vie du patient »
Tous les soignants interrogés avouent ne pas participer aux réunions « projet de vie du patient ». La raison pour laquelle ils ne n’y participent pas, ont-ils mentionné, est qu’ils ne sont pas sollicités. Par ailleurs, ils en sont peu informés ou leurs horaires ne sont pas compatibles. Un soignant a mis en évidence que son travail en soins intensifs l’empêche d’y participer.
Compte tenu de ces réponses, nous allons maintenant voir quels sont les mesures d’accompagnement mises en place pour pallier aux difficultés.
- Faites-vous partie d’un groupe d’évaluation des pratiques professionnelles ?
Interrogés s’ils font partie d’un groupe d’évaluation de pratiques professionnelles, tous les soignants ont répondu qu’ils n’y font pas partie.
Existe-t-il alors des protocoles de soins spécifiques à la rééducation-réadaptation compte tenu de ces réponses ? C’est ce que nous allons voir à travers la question suivante.
- Existence de protocoles de soins spécifiques à la rééducation-réadaptation
Interrogés sur l’éventuelle existence de protocoles de soins spécifiques à la rééducation-réadaptation, seuls cinq soignants ont répondu par l’affirmative. Cela montre encore que les services de rééducation-réadaptation ne disposent pas de protocoles uniformes. Cela est encore source de difficultés pour les professionnels qui devront par conséquent faire appel à leur expérience lors des prises en charge.
Il existe de nombreuses difficultés liées au travail de la nuit. Nous allons maintenant voir si les soignants ont bénéficié d’une formation diplômante en lien avec la rééducation-réadaptation.
- Formation diplômante en lien avec la rééducation-réadaptation
Aucun des soignants n’a bénéficié de formation diplômante en lien avec la rééducation-réadaptation. Cela reste encore un autre facteur de difficulté.
Pour finir donc, j’ai choisi d’interroger les soignants sur leur point de vue quant à l’utilité de la mise en place de formations adéquates aux IDE de la nuit.
- Utilité de la mise en place de formations adaptées aux IDE la nuit
Seul un soignant a refusé l’utilité de la mise en place de formations. 7 soignants n’ont pas donné de réponse tandis que 8 soignants ont répondu qu’ils auraient besoin d’une formation adaptée aux IDE de nuit.
CONCLUSION
Pour conclure le travail, je dirais que la majorité des réponses obtenues met en évidence que le travail de l’infirmière de nuit présente des caractéristiques qui lui sont propre.
La recherche théorique a mis en évidence les répercussions du travail de nuit sur la santé des infirmiers ainsi que sur la pratique professionnelle. La nuit, le personnel est souvent insuffisant, ce qui ne permet pas toujours la bonne mise en place du travail d’équipe. De plus, il existe plusieurs nuisances la nuit. La qualité des soins et de la prise en charge pourraient alors se trouver altérées.
Dans les questionnaires distribués aux infirmiers, il a été mis en évidence que toutes les infirmières ont choisi de travailler la nuit. Cependant, elles n’ont pas bénéficié d’un encadrement lors de leurs premières nuits, ou tout au plus d’astreintes téléphoniques. Malgré l’existence de documents consultables pour la continuité des soins, ont-elles mentionné, le manque d’information et de communication reste un véritable handicap pour le travail de nuit. De plus, le travail d’équipe est souvent absent. Cela confirme ce qui a été dit dans le cadre théorique. Un autre point important évoqué dans les questionnaires est l’absence de protocoles de soins au sein des services de réadaptation-rééducation. Cela exige alors de la part des infirmiers un travail autre que celui décrit dans son rôle propre.
Ce travail m’a permis de comprendre que l’infirmière de nuit au sein d’une équipe de rééducation-réadaptation travaille dans des conditions pas toujours favorables. Son intégration au sein de l’équipe est difficile et l’inexistence des outils de travail lui permettant de faciliter son travail constitue un véritable handicap. Dans tous les cas, les infirmières ont évoqué l’utilité de la mise en place de formations adaptés aux IDE de la nuit.
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[1] Les soins infirmiers la nuit, in Guide du service infirmier, série « Soins infirmiers », n°13, 1992
[2] Myriam Jost, Représentations visuelles du handicap, et représentations sociales, Revue CSPS, janvier 2011, p. 10-16
[3] . DAYDE M-C, LACROIX M-L, PASCAL C, SALABARAS CLERGUES E. Relation d’aide en soins infirmiers. Editions Massons, 2007. 139 p. p. 38
[4] DE HENNEZEL Marie, Le souci de l’autre, Editions Robert Laffont, 2004. p.16
[5] ARBUZ G., Debrosse D., Réussir le changement de l’hôpital, Paris : InterEditions, 1996
[6] SOINS – n°711 – décembre 2006
[7] DAYDE M-C, LACROIX M-L, PASCAL C, SALABARAS CLERGUES E. Relation d’aide en soins infirmiers. Editions Massons, 2007
[8] PINAULT Claude. Le Syndrome du Bocal. Editions Buchet-Chastel, 2009
[9] Réadaptation, un accompagnement en équipe multidisciplinaire. Soins Vol 56, mars 2011, N° 753
[10] La fonction infirmière en rééducation-réadaptation. Soins Vol 51, décembre 2006, N° 711
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