Fascination et Répulsion Occidentale : L’Imaginaire de la Misère à Calcutta
INTRODUCTION GENERALE
Le contexte mondial, au cours des dernières décennies, est celui de l’expansion du commerce international entre certaines régions du monde : Amérique du Nord, Europe occidentale, Asie de l’Est.
Avec la mondialisation, le paradigme dominant est l’affirmation d’une participation accrue des pays au commerce mondial comme clé du développement, notamment par la libéralisation du commerce extérieur et la régionalisation des économies. En même temps, dans cette dynamique économique mondiale, certaines régions du monde, et plus singulièrement les pays pauvres, sont marginalisés.
Dans cette idée, nous faisons face à une sorte d’occidentalisation du monde dans la mesure où de nos jours ce qui n’est de l’ordre occidental est forcément « misérabilisé ». Aussi, les pays du Sud sont toujours amenés à être dévalorisés du fait de la pauvreté qui leur guette depuis des décennies.
Parler d’imaginaire occidental tend vers l’affirmation de l’existence d’une assimilation évidente de l’allégorie de la pauvreté, qui est généralement combiné avec le qualificatif de « sauvage ».
Comme on dit « nos indigents sont nos indigènes et nos indigènes sont des indigents ». Cette situation fait naître en quelque sorte un effet d’instrumentalisation de l’autre mais aussi le fait qu’il reproduise un rapport de force selon lequel ce sont toujours les pays du Sud qui sont cadré parmi les dominés et les occidentaux les entités dominatrices.
C’est justement dans ce cadre que nous avons porté notre champ d’investigation. En effet, notre thèse vise l’analyse de l’imaginaire occidental de la misère avec comme principal axe de recherche la fascination-répulsion occidentale vis-à-vis de la pauvreté extrême du Tiers Monde.
Ici la question est de déterminer en quoi porte la dualité dans l’appréciation des occidents pour la situation de pauvreté extrême dans les pays du Sud ? Et dans quelle mesure put on représenter cette tendance ?
Dans le cadre de notre thèse, c’est la problématique du tourisme ainsi que de la notion de spatialité qui vont être mises en évidence du fait de la nécessité de se référer au principe de la géographie imaginaire.
D’autant plus que pour G. Cazes le tourisme est en quelque sorte le moyen de prédilection pour représenter le monde. Aussi, nous considérons le tourisme comme un élément important pour atteindre au maximum la compréhension de notre problématique.
De là nous pouvons cadrer l’influence de la géographie imaginative sur l’orientalisme en tenant compte de la relation entre la culture et la misère qui sévit l’Orient, et plus singulièrement quelques Etats de l’Inde, comme c’est le cas du Calcutta
Notre étude porte donc pour ambition la mise en relief d’une interaction étroite entre le tourisme et la spatialité dans le cadre de la compréhension d’un pays.
De plus, l’objet de notre étude portera sur la recherche de l’enracinement social et économique du phénomène touristique dans les Etats de quelques Indes et plus singulièrement pour le cas de la Calcutta.
Autrement dit, l’on essaiera de déterminer les déclencheurs sociaux, culturels et économiques de l’hypertrophie actuelle du nombre de visiteur du milieu bien que le pas sombre de plus en plus dans la misère.
Notre ambition est donc de déterminer dans quelles mesures est portée la fascination que l’on pourrait avoir devant la misère qui sévit Calcutta.
Le cadre géographique de notre travail porte sur Calcutta. Notre choix se motive le plus par le fait que Calcutta est aussi une sorte de représentation d’une dualité de caractère.
L’étude de la fascination et répulsion occidentale vis-à-vis de la misère de Calcutta s’avère être un domaine dans lequel la sociologie culturelle cadre son champ d’investigation. E. B. Taylor définit comme culture, dans son ouvrage « Primitive culture », toutes les aptitudes et habitudes acquises par l’homme en tant que membre de la société.
Par ailleurs, les cultures sont des choses qu’on trouve sur le terrain et non dans des définitions. Cela s’avère assez logique du fait que notre analyse sur la culture même de Calcutta ne peut se faire qu’avec une véritable recherche sur terrain pour avoir le goût de la signification concrète des gestes et pourquoi pas des objets.
L’approche menée revêt quatre caractères, à savoir : sociologique, psychosociologique, empirique et économique.
Pour Max Weber, les résultats d’une recherche ne peuvent être qu’hypothétique[1], ils nécessitent une vérification par les moyens scientifiques habituels telle que la recherche de causalité ….
Comme notre étude s’intéresse aussi à connaître le comportement des karaokeurs, la psychosociologie en est donc un outil indissociable car la psychologie sociale insiste, du fait du mot social, sur l’idée d’interaction avec le milieu, une interaction pouvant expliquer tel ou tel comportement.
Toute enquête nécessite aussi une recherche de la réalité des éléments plus précis et objectifs que de simples impressions car toute impression, comme elle est purement subjective, pourrait très bien fausser les informations reçues.
L’étude s’inspire d’approche économique, une approche mettant en évidence l’aspiration de certains individus à toujours trouver des profits dans tout phénomène.
Dans le cadre méthodologique nous avons opté pour la technique documentaire qui consiste en une recherche d’informations sur des documents se trouvant sur différents supports : presses écrites, ouvrage, photos, Internet, documents de certaines institutions, …. Cette recherche a amplement aidé dans un cadre théorique.
Sans prétendre avoir fait un travail exhaustif, le but de cette étude est de dégage des explications plausibles au niveau de la réalité sur la dualité d’appréciation de Calcutta au travers sa misère et par le biais de l’activité touristique.
Le présent travail suit un plan ternaire. La première partie sera consacrée à l’approche conceptuel avec notamment la présentation sur l’acception de la misère ainsi que tout ce qui appartient à sa sémantique. La deuxième partie portera sur la mise en exergue de notre cadrage théorique en mettant en évidence le cas du tourisme mais aussi de la notion de spatialité pour pouvoir mieux expliquer le domaine de la géographie imaginaire. Et enfin, la troisième et dernière partie sera consacrée à l’analyse de la géographie imaginative de quelques Indes contemporaines avec une portée particulière et exclusive pour le cas de Calcutta.
PLAN
PARTIE I : CONCEPTUALISATION DE LA NOTION DE MISERE
Chapitre I : Acception de la misère
Section I : Distinction entre misère et pauvreté
Section II : La misère dans toutes ses formes
Section III : Extrême pauvreté comme violation des droits de l’Homme
Chapitre II : La notion Nord-Sud et son importance dans la situation actuelle de la pauvreté
Section I : La mondialisation : vers une néo-colonisation
Section II : Conséquences sociales désastreuses du plan d’ajustement structurel
A – Présentation du PAS
B – Critiques du PAS
Section III : La responsabilité occidentale
DEUXIEME PARTIE : CADRAGE THEORIQUE
Chapitre I : Le Tourisme
Section 1 : Historique
Section 2 : Conceptualisation du tourisme
I – La pensée touristique
II – La quête de l’authenticité.
Section 3 : Les nouveaux tourismes atypiques
- Le tourisme à caractère humanitaire
- L’écotourisme
- Le tourisme alternatif
- Le tourisme durable
- Le tourisme communautaire
- Le tourisme responsable
- Le poor tourism pro
- Le tourisme village
- Le tourisme culturel
Chapitre II : Appropriation voyagiste de la spatialité
Section 1 : Le transport imaginatif
Section 2 : La géographie imaginative
TROISIEME PARTIE : GEOGRAPHIES IMAGINATIVES DE QUELQUES INDES CONTEMPORAINES DE LA MISERE : CAS POUR LE CALCUTTA
Chapitre 1 : Historique de la misère du Calcutta
Section 1 : Situations géographique et historique
Section 2 : La dualité : caractéristique de Calcutta
Chapitre 2 : Place du tourisme à Calcutta
Section 1 : Aspect social du tourisme
Section 2 : Tourisme « authentique » : comment vit un « intouchable » au quotidien ?
PARTIE I : CONCEPTUALISATION DE LA NOTION DE MISERE
Dans cette partie nous serons amené à porter notre attention sur la mise en relief de ce qu’est la misère avec une mise en exergue de la distinction entre misère et pauvreté, la présentation de la misère dans toutes ses formes et enfin l’analyse de la pauvreté extrême en tant que violation des droits de l’Homme. Par ailleurs, nous nous intéresserons aussi sur l’importance de la relation Nord-Sud dans l’émergence actuelle des cas de paupérisation en soulignant les conséquences désastreuses du plan d’ajustement structurel mais aussi en tenant en copte de la responsabilité occidentale dans cette situation.
Chapitre I : Acception de la misère
Dans ce chapitre nous allons nous pencher le plus dans la distinction entre la notion de misère et de pauvreté, ensuite intéressons nous dans le cas de la misère avec toutes les formes qui puissent exister et enfin la présentation de l’extrême pauvreté comme violation des droits de l’Homme.
Section I : Distinction entre misère et pauvreté
Si nous avons choisi cette section c’est parce qu’il faut faire un éclaircissement sur ce point, en effet, généralement nous avons la fâcheuse tendance de confondre la notion de misère avec celle de la pauvreté. En effet, bien que ces deux termes virent vers la prise en compte d’une situation dite « défavorable » pour une certaine catégorie de la population, le degré qui sépare la simple pauvreté de la misère peut être considérable.
De ce fait, pauvreté n’est pas misère, et ce n’est pas pour rien si les économistes, les sociologues, les géographes, … parlent de pauvreté extrême quand ils font référence à la notion de misère.
D’une manière générale, la pauvreté se définit comme étant l’insuffisance de ressources matérielles mais également de ressources tangibles. Comme ressources matérielles nous pouvons citer le logement, la nourriture, l’accès à l’eau potable, en tout cela concerne tout ce qui touche les conditions de vie en général. De son côté, les ressources tangibles font référence généralement aux points qui tendent vers l’affirmation des droits fondamentaux tel que l’accès à l’éducation, la considération que l’on reçoit des autres individus de la société, … mais il est important de noter que lorsqu’on parle de pauvreté l’on se réfère tout de suite à une situation dans laquelle on fait face à des problèmes d’ordre pécuniaire. Ce dernier se traduit par le manque de ressources financière, résultant soit d’un revenu très faible soit d’une impossibilité toute simple à percevoir toute forme de revenu. Dans ces cas, la pauvreté engendre plusieurs difficultés car à l’ère où nous vivons on ne peut s’évoluer sans ressources financières, aussi sans argent nous seront amenés à faire face aussi bien à des problèmes de logement, de nutrition, …
Pour mieux appréhender la notion de pauvreté il est important de nous renvoyer à deux axes idéologiques, soient l’idéologie socialiste de pauvreté et celle de l’idéologie libérale de la pauvreté. Pour ce qui est de la vision socialiste, la pauvreté pose un problème d’exclusion, si l’on se référer à Marx, pour lui dans sa théorie de la division du travail, le travail entraîne une situation de dominé-dominant, la richesse étant le fruit de ce travail, celui qui dispose de ressource va dominer sur les autres, en y édictant sa loi, et les franges démunis de travails seront considérés comme des outsiders par la société du fait du rapport social qui y fait influence. Aussi, dans cette vision, la pauvreté entraîne un sentiment de discrimination à l’égard de la personne qui en est victime et permet aussi à la fois aux personnes dotées de richesse d’affirmer leur pouvoir et leur suprématie dans la société où les deux indivis=dus évoluent.
Par contre, la vision libérale consiste à considérer la pauvreté comme étant une situation dans laquelle une personne n’est pas en mesure de satisfaire ses besoins fondamentaux. Dans ce cadre référons nous au pyramide de Maslow qui a établit une sorte de priorité dans les différents besoins existants, à savoir, les besoins primaires qui touchent la nécessité pour chacun de manger, vivre dans de bonnes conditions de vie, les besoins varient suivant qu’ils doivent être considérés comme prioritaire ou non pour la personne en question.
Par ailleurs, outre cette question pécuniaire, la pauvreté peut aussi toucher le domaine du développement humains, à savoir la dimension sanitaire, l’ordre social, culturel, politique et éducationnel. Dans ce cadre, en cas de carence dans les domaines précités on parle de pauvreté humaine, une pauvreté assez équivoque.
En outre, la notion de misère a une acception qui rejoint la situation de détresse. Généralement, il est utilisé pour décrire un état d’extrême pauvreté mais aussi avec une connotation péjorative, il est pratiquement lié au problème d’exclusion sociale.
Par ailleurs, avec la rationalité religieuse, on transposait la figure de Jésus-Christ au cas de pauvreté des individus défavorisés. Cette situation était assez courante au treizième siècle, c’est justement à cet effet que les historiens ont cessé de prendre en référence la pauvreté dans l’histoire durant la fin du Moyen Age.
L’acception de la pauvreté à la fin du Moyen Age est assez reliée aux problèmes d’exclusion et de mépris que l’on adresse aux pauvres du fait qu’ils travaillent pas, on les cadre donc d’une manière assez négative dans le stéréotype des délinquants, de ceux qui se complaisent dans l’oisiveté. Dans la société antique, les pauvres ont été rejeté et dans la majorité des cas, leur présence dérange dans la société.
Par ailleurs, toujours dans le cadre de la misère, celle-ci peut être perçue comme étant la souffrance mais aussi l’oubli relatif de cette souffrance. Elle rend compte aussi des conditions de vie des gens qui sont assez critiques.
La pauvreté est d’une manière générale liée à un mode de vie avec des conditions assez limitées dans une grande simplicité. De son côté, la misère représente une toute autre condition dans la mesure où la personne qui vit dans la misère est une personne dénouée de toute notion de repère.
La misère peut être aussi utilisée pour caractériser la situation d’un individu disposant d’une défaillance psychique. Dans ce cadre, nous pouvons constater que la misère n’est pas forcément d’ordre matériel, elle implique aussi des domaines aussi bien psychiques que spirituels. C’est le cas, par exemple, des individus qui sont sujets à des dépressions dues justement à la misère matérielle.
De son côté, la définition de la pauvreté est en quelque sorte relié au concept codé issu de la société occidentale où ce qui prédomine est la quête de la richesse mais aussi une forte situation où l’individualisme prône dans toutes les relations.
Par ailleurs, la pauvreté n’est pas un état, c’est pourquoi nous parlons de dynamique de pauvreté et non de pauvreté statique.
Ce qui envenime encore plus la ces dans les pays du Sud est le fait qu’ils doivent se développer dan un milieu où les rapports de force sont considérablement constitué par une exposition de sa richesse nationale d’autant plus qu’actuellement au niveau de la société internationale, avec l’avènement de la globalisation, la tendance repose sur la disposition ou non d’un capital suffisant pour pouvoir s’imposer ou non.
C’est cette logique qui détruit en quelque sorte la situation des pays du Sud tout en favorisant la paupérisation et l’accroissement de la précarité.
Par ailleurs, les bailleurs de fonds internationaux mettent en œuvre chaque jour des moyens importants pour éradiquer cette pauvreté.
Ces bailleurs ont estimé l’accroissement de la pauvreté dans les pays du Sud en milieu rural. En effet, si on repère plus de pauvres en campagne que plutôt en ville c’est parce que les ruraux sont généralement des personnes déjà forgées par la mondialisation, où chacun arrive à survivre et à trouver de quoi se mettre sous la dent, juste par pur principe, d’autant plus qu’en milieu urbain, les évaluations monétaires sont assez considérables par rapport à la situation en milieu rural.
Qui plus est il facile de déterminer ses besoins et de les couvrir en ville du fait de l’accès aux divers services y afférent.
Section II : La misère dans toutes ses formes
D’une manière générale, dans tous les pays du monde, que ce pays soit cadré parmi les pays industrialisés ou non, on retrouve toujours la pauvreté mais c’est surtout sa forme, sa manifestation qui diffère.
Aussi, notons par exemple aux Etats-Unis les sans abris y sont cadrés dans la catégorie des pauvres marginaux.
Suivant les acceptions de Serge Paugam, il existe trois formes de pauvreté, à savoir :
- la pauvreté intégrée qui concerne les pays en voie de développement où la pauvreté touche une frange assez important de la population et ainsi permet d’éviter toute situation de discrimination, ce que l’on retrouve au contraire est la solidarité qui règne entre personnes démunies, et d’une manière générale ces personnes forment leur solidarité à travers les pratiques religieuses qui restent intense, dans ce domaine de pauvreté le secteur informel trouve son terrain de prédilection ;
- ensuite, notons la pauvreté marginale, qui, comme nous l’avons cité auparavant concerne les sans abris des Etats-Unis, comme son nom l’indique cette catégorie de personne est fortement stigmatisée dans la société dans laquelle elle vit, car elle représente un cas social, un cas isolé et donc considéré comme une frange de la société qui est hors de la norme ;
- enfin nous avons la pauvreté disqualifiante qui concerne le plus le personnes vivant dans une société postindustrielle et qui sont touchées par des difficultés économiques, ces personnes sont caractérisées le plus par leur déchéance dans la société, une forte exclusion peut aussi se sentir dans ce type de pauvreté.
Nous venons d’étaler les formes de pauvreté, outre ce qui a été énoncé auparavant avec la pauvreté matérielle et pécuniaire, pour ce qui est des formes de misère référons nous plutôt à la même pauvreté mais d’un degré plus grave, très grave, caractérisée « pauvreté extrême ».
Généralement la misère se perçoit au niveau des pays reculés, dénoués de toute forme de développement mais aussi au niveau des pays déchirés par des guerres civiles.
La forme de la misère est diverse, elle peut aller même jusqu’au décès de la personne en question. La misère touche généralement les personnes assez fragiles telles que les femmes et les enfants avec la malnutrition, la sous-nutrition.
Et d’une manière ou d’une autre quand on parle de misère l’on a tout de suite à la tête des idées sur le respect ou non des droits fondamentaux de chacun, en effet, on dit souvent que là où l’extrême pauvreté règne, toute notion de Droit fondamental y est déjà chassée car nul ne peut être assuré de ses droits sans avoir la capacité, du moins morale, pour les garder mais aussi la considération à laquelle on aspire.
Section III : Extrême pauvreté comme violation des droits de l’Homme
Dans ce cadre, nous allons nous baser sur les idées véhiculées par le Conseil des Droits de l’Homme. Aussi, notons, dans le domaine de l’extrême pauvreté trois types, à savoir la pauvreté en forme de revenus, la pauvreté en matière de développement humain.
Notons aussi une autre nouvelle qu’est l’exclusion sociale qui est considérée comme étant la pauvreté qui sévi une couche particulière de personnes exclues socialement et qui en est le fait des structures sociales.
Par ailleurs, il est important de noter que la notion de pauvreté est un concept multidimensionnel, en d’autres termes, elle résulte de plusieurs éléments sociaux, économiques et pourquoi pas psychologique. Ici, nous considérons le cas de l’extrême pauvreté comme une violation des droits de l’Homme car nous considérons dans la même occasion que chacun a le droit de vivre en dehors de cette situation, c’est –à-dire être à l’abri de l’extrême pauvreté, aussi, il appartient à tous, et plus singulièrement à l’autorité publique et politique de mener des actions afin d’éradiquer ce fait.
Dans cette idée, on ne peut nullement nier notre ambition d’instrumentaliser les Droits de l’Homme afin que la situation de pauvreté soit mise dans la conscience de tout à chacun car on ne peut désavouer le fait qu’actuellement, quand on parle de Droit de l’Homme on est plus intéressé, on se sent plus visé, aussi, la pauvreté est pour nous un déni d’application d’un de ces Droits de l’Homme.
Nous pouvons noter par exemple dans le cadre des éventuels programmes de lutte contre la pauvreté et notamment pour ce qui est du cas de l’exclusion sociale, la lutte contre l’analphabétisme.
Par ailleurs, une grande considération de l’approche genre est aussi très utile car nous pensons que l’éradication, si l’on peut le dire ainsi, de la pauvreté passe, surtout à notre époque, par la mise en place d’une grande parité entre les deux sexes.
Outre ces idées, nous pouvons aussi avancer le fait qu’il faut vraiment une initiative nationale de développement humain qui devrait par ailleurs être axée vers une vision d’ensemble.
Parmi ces initiatives de développement humain nous pouvons noter le soutien aux personnes les plus vulnérables en améliorant leur accès aux divers infrastructures, d’autant plus qu’à notre époque, ce qui compte pour être considéré comme développé est le fait d’être doté d’au moins un minimum de qualité de vie, ici, comme infrastructure nous pouvons noter l’amélioration des cadres de vie, la santé, … ceci afin de répondre par exemple au à la question du droit au logement, le droit à la santé, …
Aussi, pour faire face à cette pauvreté, il faut le considérer comme un fléau, ceci afin que chaque Etat, chaque entité se sente responsable dans la mise en œuvre d’action y afférent. Par ailleurs, on ne peut l’éradiquer que si elle est inculquée dans la valeur même de la Société.
Pour mieux comprendre l’intervention des Droits de l’Homme dans la considération de l’extrême pauvreté, il faut comprendre que dans l’extrême pauvreté on perd toute notion de dignité humaine.
Pour que cette dernière soit sentie et portée par chacun en soi il faudrait l’aide d’une autre personne qui va nous confirmer que nous en avons, c’est pourquoi on invite la responsabilité de chacun, de chaque entité qui s’y sent ciblée toutefois la dignité huma
ine est indomptable. Déjà, à l’inscription des Droits de l’Homme on a déclaré que l’on devra se « comporter les uns envers les autres dans un esprit de fraternité ».
Ici, la fraternité s’entend par le fat qu’il ne doit y avoir d’écart entre les non pauvres et les pauvres, aussi, l’important est donc la recherche de la résorption de la différence, refuser l’indifférence de telle manière que tout le monde puisse se comprendre et dans cette idée reconnaître et confirmer en même temps la dignité de l’autre, pour que chacun puisse jouir de son Droit fondamental, qu’on soit dénoué de toute richesse ou non.
Généralement l’on a tendance à dire que la violation des Droits de l’Homme se manifeste toujours au niveau des pays où la misère, l’extrême pauvreté se manifestent aussi.
C’est une réalité et non une simple affirmation.
En effet, les personnes très pauvres sont toujours les proies, les victimes des injures incessantes, des « on dit » inépuisables, des remarques intarissables à tel point qu’on les considère comme des aliénés, ni plus ni moins qu’un animal, une bête de foire, nuisible à la santé même de la Société, la soit disant société des « normaux ».
Or, cette situation, ces traitements font en sorte qu’à la fin, ces victimes se considèrent comme tel et se croient moins utiles que d’autres.
Il faut en effet avoir à l’esprit que la misère n’est pas une situation statique, c’est un phénomène qui entraîne tout un engrenage et qui nuit dans la même foulée la vie et le respect des droits de la personne qui en est le sujet.
En effet quand on parle de pauvreté on ne peut s’empêcher de notifier par exemple quelques notions telles que la dépendance, la privation, de toutes les manières possibles, la résistance à toute forme de destruction et enfin l’autodestruction.
Pourquoi parler d’indépendance ? La réponse en est toute simple, en effet, les personnes en situation de pauvreté, de misère ne peut se satisfaire à lui-même, elles doivent en permanence à la recherche de l’appui des autres ne serait-ce que pour trouver de quoi se nourrir, l’exemple le plus proche est la situation de mendicité, une situation qui, dans le cadre de la pauvreté, c’est devenu en quelques sortes une voix qu’il faut tôt ou tard prendre.
Pour ce qui est de la privation, nous entendons par là la privation aussi bien dans le respect des Droits fondamentaux que dans l’accès à la satisfaction des besoins qui déterminent tout aussi bien le Droit auquel chaque personne doit aspirer.
La résistance à toute forme de destruction en est que toute personne dénouée de richesse doit se satisfaire du peu qu’elle a sans pour autant se laisser prendre dans le danger, autrement dit, pour être plus clair prenons l’exemple d’un mendiant qui, bien qu’il ne doit avoir aucun argent pour se payer de quoi se nourrir arrive toujours à manger du moins un repas par jour, de telle sorte que cette situation reflète aussi la capacité de chaque être à s’auto protéger, de toute façon, si personne ne peut nous aider, surtout dans notre époque où le chacun pour soi devient s’affirme de plus en plus, on fait avec le peu qu’on a, on ne peut rien inventer mais vivre avec ce qu’il y a.
Ici, l’autodestruction s’entend de la manière suivante : quand une personne persiste dans la situation de pauvreté, ne serait ce que par pur envie de s’évader de sa situation, cette personne a tendance à s’offrir au jeu de ce qui est illégal, en d’autre termes, c’est la pauvreté qui conduit les autres à entraver la loi, à faire des choses qui, bien qu’ils le savent, peuvent leur nuire aussi bien mentalement que physiquement, et cela de manière à faire tourner leur esprit en rond.
Par ailleurs, nous seront tenté de dire que cette situation ne peut qu’entraîner les personnes pauvres vers l’engrenage de la paupérisation qui est un système de pauvreté dans lequel on ne peut se sauver.
Aussi dans la même foulée, les personnes entraînées dans cet engrenage seront aussi conduites vers la nécessité d’une dépendance permanente, une dépendance extrême du bon vouloir des autres hommes sur tous les plans possibles : économique, social, culturel, politique, …ceci de manière à faire sentir à la victime qu’elle subit effectivement une sorte de discrimination tacite et passive dans la mesure où elle comprend qu’elle ne ressemble pas à l’autre personne gâtée par la nature, une discrimination qui se réfère le plus au respect des droits fondamentaux car nous devons savoir que se trouver dans la pauvreté entraîne nécessairement la perte des droits, de quelques manières que possibles.
En outre, il est important de noter que toutes les personnes, à part la recherche du respect de sa dignité humaine, se doit de vivre dans le respect de ses droits économiques, sociaux et culturels, des droits, qui en situation d’extrême pauvreté semblent être inexistants.
En effet, comme dit auparavant, les personnes extrêmement pauvres ne peuvent se suffire à eux même et sont dans l’obligation d’être en permanence dépendance, cette dépendance accuse aussi le côté des droits économiques, sociaux et culturels.
Or, il faut noter que sans cette situation ne fait que favoriser l’échec de la liberté de la personne en question, nous parlons ici de liberté car il ne faut nullement ignorer qu’en situation de dépendance il y a fortement une situation de domination et celle qui dépend subit forcément l’influence de l’autre dans tous les domaines possibles pour ne citer que la liberté de choix, la liberté d’expression, la liberté d’engagement, la liberté d’opinion, …
Par ailleurs, pour y remédier, l’on a tendance, et ici nous nous référons le plus aux autorités publiques et politiques, aussi bien internationales que nationales, à faire en sorte que ces soit disant droits économiques, sociaux et culturels se manifestent au travers des appuis aux gens démunis en leur offrant l’accès à l’alphabétisation, en améliorant leur cadre de vie, leur condition de vie telle que la santé, le logement, le travail, …
Ces conditions ne sont pas suffisantes car il faut, en effet, rendre effectifs ces droits, faire en sorte qu’on le vive bien qu’en étant dans la misère.
Il faudrait en effet considérer ce fait au plus sérieux que possible avant que cette situation ne vire vers la dépendance extrême et qui ne permettrait plus à cette frange de la population d’en sortir.
Aussi il est recommander d’accentuer la communication entre pauvres et non pauvres pour que les deux se comprennent et plus encore, pour que les personnes dotées de richesses aient de l’empathie envers les personnes démunies.
Généralement, ces personnes démunies se retrouvent dans une situation selon laquelle leur existence même se trouve en danger de telle manière que celle-ci devient de jour en jour réduite au minimum.
C’est pour cela que l’on a tendance à voir les gens pauvres de manière réduite. Mais ce « minimum » ne se limité pas à leur existence, ceci se vit aussi de telle sorte que la vie quotidienne des démunies se retrouve réduite au terme « minimum », par exemple, condition de vie minimum, déplorable santé, … comme si leur vie en devient étiquetée et comme si les moyens dont ils disposent sont des moyens pour survivre et non pour vivre comme ce qui est le cas des personnes dites « normales », car il ne faut sans doute pas l’oublier, les personnes démunies essaient de survivre chaque jour mais les personnes dotées de richesse vivent avec ce qu’elles ont en main.
Chapitre II : La notion Nord-Sud et son importance dans la situation actuelle de la pauvreté
Section I : La mondialisation : vers une néo-colonisation
Pourquoi parler de néocolonialisme ? Ici il est important de souligner que la notion de néocolonialisme que nous avons choisi tend à notifier le fait qu’actuellement une forme de domination à grand niveau se manifeste dans les relations Nord-Sud.
De plus, nous considérons que plus la relation est établie, plus le cas des pays du Sud devient critique.
Aussi, nous allons porter une attention particulière aux diverses facettes de coopérations qui se forment entre les pays développés et les pays du Sud.
Avec une coopération qui engendre le colonialisme dont on fait référence, un colonialisme qui prend racine dans une histoire y afférente.
Nous avons adopté le terme domination car nous considérons que la forme de relation existante au niveau de la société internationale se base sur une sorte de concurrence primitive avec comme principaux éléments déterminants la loi du plus fort et un rapport de force flagrant.
En effet, bien que les pays du Nord veulent donner bonne impression aux aides qu’ils octroient aux pays sous-développés nous ne pouvons nier le fait que ces actions sont teintées d’une certaine attraction à domination, autrement dit, une action d’ « aide » émanant des pays du Nord pour un pays du Sud fait en sorte que ce dernier prend pour modèle le mode de gestion du premier, une logique existante surtout par exemple dans le cadre des fameux partenariat public-privé où un fond public est transféré vers un intérêt privé et où la gestion de ce qui doit être est tenue de prendre en référence ce qui a été fait au niveau du pays du Nord. Comment ne pas parler de domination des ces cas là ?
Aussi, au niveau de l’actuelle globalisation, ce qui est frappant c’est le fait que ce sont toujours les pays du Nord qui sont pris comme les maîtres du jeu et veulent à tout pris imposer leur modèle de développement, un modèle qui doit être pris en compte par tout pays convoitant et aspirant à un soupçon de développement.
Par ailleurs, le néocolonialisme se manifeste aussi bien au niveau économique que culturel. En effet, avec la globalisation qui règne actuellement, la reconnaissance de la différence, la persistance d’une différence pour un pays lui donne son authenticité face à la culture de masse.
Ici, nous voulons porter l’attention sur le fait que les pays du Sud perdent petit à petit leur identité et commencent à confondre leur culture avec celle imposée, d’une manière indirecte par la partie dominante.
Nous considérons que cette situation nous fait rappeler une représentation déjà existante autrefois mais qui perdure actuellement sous une forme plus allégée, plus conformiste afin de ne pas trop montrer qu’il existe bel et bien un rapport de domination et d’impérialisme culturel que le Nord exerce sur le Sud.
Pour avancer dans notre idée, il s’avère nécessaire de démontrer une représentation alternative de ce rapport Nord-Sud. Nous allons le plus nous insister sur l’apport de la globalisation dans cette situation.
En effet, la libéralisation a fait en sorte que l’écart entre les riches et les pauvres soient de plus en plus marquée surtout au niveau des pays du Sud car la globalisation a créé une nouvelle frange de la population qui appartient à la couche sociale riche, ce qui accroît, et voilà l’ambivalence, le nombre des pauvres augmente considérablement.
Cette situation se manifeste aussi bien dans le cadre international que national. Il faut noter aussi que la libéralisation a eu des impacts qui diffèrent au niveau du genre.
Qu’est-ce qu’on entend par là ? Nous voulons juste préciser le fait que les plans d’ajustements structurels, que nous allons développer dans la section qui suit, ont fait en sorte que les femmes subissent largement le phénomène de paupérisation par rapport aux hommes.
Par ailleurs, ce néocolonialisme n’est pas chose nouvelle car d’une manière ou d’une autre, le colonialisme d’antan a eu des impacts importants sur la psychologie même du peuple des pays du Sud, dans la mesure où pour eux, le Nord reflète ce qui est dominant, une position qui a été fortement gardée surtout avec les rapports capitalistes existant entre les pays du Sud et pays du Nord.
Cependant, dans les pays du Sud, la représentation de ce qu’est l’Occident découle nécessairement de ces rapports de domination qui persiste dans les relations qu’il y a entre les deux mondes.
C’est pour ce faire, par exemple, que l’on attend toujours du miracle à l’américaine qui nous promet une abondance et une réussite dans tout ce qu’on entreprend, ceci est né de la fascination que nous avons du modèle américain.
Cette situation crée tacitement un sentiment d’incapable mais aussi de modestie pour qui ne sont pas en mesure d’atteindre cet objectif.
Quand nous avons mis en exergue la notion de colonialisme au travers d’un système de coopération, l’on ne peut nier que l’on veut surtout démontrer que cette situation fait en sorte que l’on prépare, d’une manière indirecte, l’autre entité à engager une potentialité de victime, de faire en sorte que celle-ci soit dans l’incapacité d’agir de manière indépendante et ne peut agir, de ce fait selon ses propres initiatives.
Dans ce cadre, nous considérons que c’est vraiment l’universalisme abstrait que véhicule la tradition occidentale qui alimente la position du colonialisme.
De là, le néo-libéralisme est aussi un aspect de l’occidentalisation du monde, et donc une nouvelle reproduction du colonialisme mais qui a été fait en sorte que cela entre dans le domaine de la modernité pour que tous se sente dans l’obligation d’imiter pour prouver son niveau de développement.
De ce fait, bien que nous soyons dans le cadre d’une libéralisation totale des échanges, d’une économie où la liberté d’entreprendre est fortement poussée, nous sommes tout de même amenés à nous développer dans un monde où il ne peut y avoir de choix et où une entité dominatrice dispose à l’avance la mainmise.
En outre, il faut noter que la règle qui prédomine actuellement est la règle du marché, le marché à grande envergure.
Toutefois, cette règle est remise en question et ne dispose plus de sa suprématie suivant les différences culturelles qui ont été instrumentalisées dans cet engrenage. C’est surtout cette incapacité à tout régir, sur la base de l’idée d’unité culturelle, qui conduira l’échec de la culture occidentale.
Aussi, pour faire face à cette situation, l’on a trouvé un autre élément que l’on peut toujours manipuler d’une manière ou d’une autre : le politique.
C’est surtout à cause de cela que les rapports Nord-Sud, dans le cadre des actions à caractère social, n’auront lieu d’être qu’en considérant l’importance de la création d’une unité basée sur le politique.
La globalisation qui prévaut actuellement tend vers l’affirmation d’une universalité dans tous les domaines possibles.
Pourtant, nul ne peut nier que bien des domaines ne peuvent être cadrés dans cette ambition pour diverses raisons dont les plus importants sont celles des limites écologiques.
Aussi, la mondialisation libérale a réduit expressément l’universalisme des modèles politiques établis, en d’autre termes, toute valeur d’égalité n’a pas lieur d’être dans cette situation.
Nous avons évoqué les limites écologiques car on ne peut de toutes les manières possibles gérer la manipulation des pays de son environnement, notons par exemple qu’il serait impossible de restreindre la consommation énergétique des africains ou des indiens au nom de l’universalisme.
Pourquoi ? Parce que bien qu’on ait pu préciser ou indiquer des mesures visant la réduction de production de gaz à effet de serre, il serait totalement hypocrite que ce soit toujours les pays défavorisés qui sont les plus amenés à respecter ces conditions tandis que d’autres, bien qu’étant les principaux responsables se manifestent mais d’une manière à imposer ses propres règles dans le domaine.
Dans ce cadre, le principe du slogan « agir local, penser global » ne serait pas qu’une simple affirmation. En effet, pour évaluer les rapports Nord-Sud, il faudrait d’abord les cadrer au niveau occidental pour ensuite intégrer les problématiques de ces rapports.
D’une manière générale, le rapport Nord-Sud est conditionné par la subordination du Sud. Une subordination qui a comme principal élément générateur le fait que les pays du Sud ne peuvent se passer des aides qu’octroient le Nord afin de rétablir leur économie, or cette situation ne fait qu’améliorer et entraîner ces pays dans l’engrenage du cercle vicieux de la pauvreté, car ces aides budgétaires, doivent être remboursées tôt ou tard, et comment un pays en voie de développement serait-il en mesure de répondre de ses obligations, comment pourrait-il s’engager dans le remboursement alors que les services de la dette ne cessent d’augmenter.
Les politiques de rééchelonnement proposées par le FMI ne font que favoriser ce cas, car le rééchelonnement ne dit pas annulation des dettes, au contraire, ceci initie les pays endettés vers la recherche d’autres moyens financiers pour réaliser le remboursement, et l’on ne peut inventer le fait que ces autres alternatives ne peuvent être que les prêts déjà habituels.
Alors que ces pays sont amenés à vivre dans ces conditions, le FMI a en plus mis des réserves quand à la possibilité pour ces pays d’accéder à cette option, notons les mesures de réduction des dépenses budgétaires, les diverses opérations de privatisation des ressources et de la terre, la privatisation du système bancaire, la priorisation des opérations d’exportation et le pus important de tous l’obligation de s’ouvrir dans le marché international qui, d’une manière plus générale est dénommé « l’ouverture des frontières ».
Aussi, dans ce cadre, les prêts octroyés par la Banque mondiale sont conditionnés par l’acceptation du pays du fait que l’on doit délaisser l’agriculture eut égard des éventuelles ruines pour les paysans, ce qui a été le cas en Inde avec les grands projets énergétiques où des millions de paysans se sont vus expulsés de leur terre pour donner jour à ces projets.
Le combat dans l’annulation des dettes est le meilleur moyen de conditionner les pays du Sud aux bons vouloirs du Nord car de cette manière on peut toujours pérenniser les options dans les pays du Sud.
Justement dans ce domaine, l’on ne peut nier que le système de rééchelonnement proposé par la banque mondiale n’est vraiment un geste à caractère charitable, au contraire, une grande idée y est tacite, c’est qu’en effet, sans que les pays du Sud ne s’en rendent compte, avec ce système la dette de départ a été remboursée plusieurs fois et en même temps ils ont dû aussi répondre à toutes les demandes de l’institution financière plusieurs fois.
Notons aussi en illustration les cas de combat mené par des organisations du Tiers-Monde dans le cadre d’un empêchement des firmes internationales l’appropriation des circuits de distribution de l’eau. Ici on se retrouve dans l’idée commune véhiculée par le contrat mondial de l’eau qui présuppose que l’eau ne pourrait faire l’objet de vente, elle fait partie des biens de l’humanité auxquels peuvent s’approprier toute la population d’une manière gratuite eut égard des éventuelles valeurs culturelles ou religieuses auxquelles les sociétés peuvent attacher à l’eau.
Ce qui nous importe dans cette réflexion c’est que l’eau ne serait pas qu’une simple ressource économique, elle représente aussi un bien auquel chacun est en droit de disposer.
Aussi, les demandes non satisfaites ne sont pas forcément les résultats d’une différence mais au contraire au nom d’un droit universel qu’une minorité d’individus partage avec le reste de la communauté : ici, dans le cas d’espèce notons le droit d’accès à l’eau.
Par ailleurs, nous pouvons aussi considérer la pauvreté du Tiers-monde comme le résultat d’une manipulation coloniale dans le passé mais aussi par une certaine surexploitation néocoloniale du présent.
Notons le et il ne serait pas original de notre part d’avancer que ce son les occidentaux qui sont les principaux acteurs et initiateurs de cette situation de domination à forme moderne qu’est le néocolonialisme.
Section II : Conséquences sociales désastreuses du plan d’ajustement structurel
Les programmes d’ajustement structurel visaient l’amélioration de la situation économique et sociale des pays qui, dans les années 80 traversaient une crise économique assez importante. Toutefois, l’on a pu remarquer certaines défaillances de ces programmes.
A – Présentation du PAS
L’application de la politique d’ajustement structurel constitue un élément constitutif dans la vie économique des pays du Sud.
Comme dit auparavant, les résolutions du plan d’ajustement structurel étaient prévues pour améliorer le cas des pays dits « sous-développés » du fait des effets néfastes de la crise économique des années 80 qui sévissait l’économie interne de ces pays.
D’une manière générale, cette crise résulte d’un déséquilibre interne et externe dans le cadre des finances nationales, plus singulièrement après les successifs chocs pétroliers, les pays du Sud n’ont pas fait un ajustement, certains n’ont justement pas prévus des plans d’ajustement pour faire face aux chocs extérieurs et intérieurs.
Par ailleurs, l’on a aussi enregistré au niveau des politiques économiques internes de ces pays, une carence au niveau des institutions, notamment avec la dégradation de la qualité du gouvernement qui prend forme par les blocages administratifs, le système de bureaucratie, l’absence de transparence mais aussi une faiblesse au niveau du système judiciaire.
D’autre part, l’on a aussi fait face à une crise à l’ordre mondial avec notamment la détérioration de l’environnement économique mondial ainsi que la phase de récession économique mondiale.
Pour pallier à cette situation de crise, le FMI a proposé une stratégie qui a été axée sur trios principes fondamentaux, à savoir la mise en œuvre de vigoureux programmes d’ajustement appuyés par des réformes structurelles.
Notons aussi le fait que les bailleurs de fond ainsi que les donateurs devraient apporter un appui à ce programme par un financement suffisant et enfin la stratégie selon laquelle le climat économique international devrait favoriser la réussite de ces efforts.
Pour ce qui est de la portée de ces programmes d’ajustement avec les réformes structurelles notons la dévaluation et unification des taux de change avec l’élimination du contrôle de change, la libéralisation du commerce extérieur, la libéralisation des marchés de l’économie avec notamment la disparition des subventions et contrôle de prix, la privatisation des entreprises publiques et enfin l’allègement du schéma de pauvreté envers certains groupes sociaux.
La banque mondiale ainsi que le FMI ont donc pris l’initiative d’aider les pays en situation de crise.
Toutefois, ces deux institutions ont exigé des réformes en échange de prêts pouvant l’aider à faire face à cette crise.
Ces réformes, encore appelées programmes d’ajustement structurel (PAS), soumettaient l’obtention de fonds à un certain nombre de conditions rigoureuses.
Par ailleurs, l’assistance du FMI se cadrait plus singulièrement dans l’appui à la négociation de l’annulation du rééchelonnement des dettes au niveau des bailleurs de fonds mais aussi l’appui dans le cadre du fond de la réduction de la pauvreté et croissance économique qui est un appui à la balance de paiement.
Aussi on a commencé à appliquer l’Ajustement structurel vers le début des années 80. Il s’agissait de résoudre la crise d’endettement extérieur que connaissait le pays suite aux effets des chocs pétroliers de 1973 et 1979 ainsi que des erreurs de politique économique dû à l’application d’investissement en outrance des années 70. Son deuxième objectif visait la correction du système économique de manière à ce que le taux de croissance économique soit supérieur au taux de croissance de la population.
La mise en œuvre de ce politique nécessitait la prise de certaines mesures, notamment, la réduction du déficit avec un objectif de trois pour cent (3%) du PIB ; la libéralisation de tous les secteurs économiques (impliquant des réformes structurels notamment avec la privatisation de quarante cinq entreprises publiques) ; la suppression de toute distorsion dans la forme des prix ; et enfin, la libéralisation du système de change.
Pour ce qui est de son apport à titre bénéfique pour l’Etat l’on pourrait noter le fait que les principales réformes ont permis aux pas en difficulté de bénéficier l’aide à la balance de paiement.
Cette dernière consiste en un octroi de prêt au pays pour équilibrer les comptes de l’Etat et dont le remboursement des prêts octroyés peut s’effectuer de manière échelonnée.
Les instruments de la politique visent à assurer principalement la flexibilité de l’économie avec la réduction des déséquilibres internes et externes notamment par le biais des politiques de stabilisation, la baisse des dépenses publiques et enfin le rationnement de la monnaie.
Par ailleurs, toujours dans la recherche de la flexibilité de l’économie notons l’ouverture au marché mondial par le principe de la libre circulation des facteurs et des taux de chômage d’équilibre, notons finalement la libéralisation interne avec la réduction du rôle de l’Etat qui devrait assurer une fonction régalienne notamment avec la gestion des domaines courants de l’Etat notamment la santé, la police, la justice et l’armement ; le dégraissement des entreprises publiques, plus singulièrement par la voie de la privatisation ; le démantèlement des subvention du fait que les subventions ne font en sorte qu’augmenter les dépenses publiques, ce qui va engendrer à son tour un problème d’inflation.
Par ailleurs, dans cette idée, le FMI a prévu que cette restriction de la demande devrait s’accompagner de prêts affectés pour reconstruire les secteurs concurrencés.
La réduction du déficit public tend vers cette restriction de dépenses publiques avec une déflation des effectifs c’est-à-dire que l’on devrait réduire le nombre de personnel et supprimer par la même occasion les subventions.
De leurs côté, les réformes structurels tendent vers la privatisation des entreprises publiques. Enfin on devrait mettre en place des réformes institutionnelles tendant vers l’amélioration de la gestion publique ainsi que la réalisation d’une plus grande transparence.
B – Critiques du PAS
La politique de stabilisation permettait d’éviter l’arrêt brusque des importations, ceci constitue d’une manière implicite une des faiblesses du programme d’ajustement structurel.
Par ailleurs, dans un domaine purement théorique, la politique d’ajustement structurel dépendait de trois facteurs principaux : l’environnement économique international, la cohérence des mesures qui est loin d’être facile à appliquer dans le cas pratique du fait que dans la réalité les dépenses n’ont pas forcément été réduites comme ce qui a été prévu, enfin les instruments utilisés aussi bien dans le cadre politique qu’économique.
Les politiques sont peu appliquées car les réajustements successifs ont entraînés d’une part une baisse importante de l’importation, de l’épargne et par la même occasion les recettes publiques ; d’autre part notons la grande instabilité des mesures liées à des compromis sociaux.
En bref, les politiques d’ajustement structurel se sont heurtés à des interdépendances entre les économies et les politiques nationales.
La face cachée de la politique d’aide à la balance de paiement est toutefois assez importante. En effet, les prêts alourdissent le poids de la dette.
Généralement quand on parle de rééchelonnement il s’agit bien sûr d’un coup de grâce donné par de grands pouvoirs, toutefois, il est intéressant de noter que dans le cadre de ce rééchelonnement et de remboursement en question le gouvernement malgache avait dû entamer des négociations auprès du Club de Paris, une négociation portant essentiellement sur une négociation de la dette, et nul ne peut ignorer que cette manœuvre fait naître quelque part une autre dette que l’Etat malgache serait dans l’obligation de liquider un jour ou l’autre.
En pratique, la politique d’ajustement structurel implique aussi une diminution des importations, une diminution qui affecte fatalement le taux d’investissement et par conséquent les dépenses diminuent aussi, ce qui entraîne à son tour une importante baisse du taux d’exportation.
D’où l’on a pu assister à une baisse de l’offre ainsi qu’à une baisse du prix des matières premières.
En d’autres termes, il y a eu une crise importante dans l’économie malgache par une déflation.
Tout ceci entraîne l’impossibilité pour l’Etat de payer les services de la dette, d’où la situation pour le pays de se trouver dans un mécanisme d’endettement permanent.
En définitive, les réformes avaient été initialement conçues pour stabiliser les économies des pays en développement. En fait, elles ont imposé des mesures drastiques qui ont aggravé la pauvreté, compromis la sécurité et l’autosuffisance alimentaire et conduit à l’exploitation des ressources, la destruction de l’environnement et le déplacement des populations.
Suite à cette situation, nombreux sont les Malgaches qui ont choisi d’opérer dans les activités informelles, dans le but de pouvoir trouver de quoi payer leur repas quotidien.
Section III : La responsabilité occidentale
Dans cette partie nous allons nous intéresser de très près du rôle que l’Occident a dans la situation de misère des pays du tiers monde.
Toutefois sans vouloir accuser à tord l’Occident notre objectif est de démontrer que dans l’état arriéré du Tiers monde l’Occident dispose d’une responsabilité à laquelle on ne pourrait ne pas associer avec lui.
Par ailleurs, l’on pourrait faire face aujourd’hui à un sentiment de culpabilité que les pays occidentaux présentent face aux pays du tiers monde, cette humilité se manifeste sous toutes les formes possibles.
Mais dans quelles mesures peut-on avancer l’idée de responsabilité ?
En effet, ceci est loin d’être de simples allégations, l’on pourrait citer quelques exemples pour démontrer cette responsabilité occidentale.
Pour ce faire référons nous au Professeur Paul A. Baran qui avance que « au poids mort de la stagnation caractéristique de la société pré-industrielle s’est ajouté tout l’impact restrictif du capitalisme monopoleur. Le surplus économique accaparé en abondance par les sociétés monopolistiques dans les pays arriérés n’est pas employé à des fins productives. Il n’est réinvesti dans leurs propres entreprises, ni utilisé pour en développer d’autres ».
En effet, de cette affirmation nous pouvons conclure que d’une part les pays occidentaux exploitent les pays du tiers monde dans la mesure où les premiers agissent d’une manière égocentrique, dans le simple souci de ses intérêts alors que les ressources, générateurs de leurs capitaux, ne peuvent se trouver qu’au sein de ces derniers qui ne bénéficient d’aucun cas de ces capitaux, aucune action pouvant être bénéfique pour ces pays arriérés n’a pu être enregistrée.
Par ailleurs, nous pouvons aussi référer notre idée sur le fait que les occidentaux ont fait en sorte, d’une manière assez indirecte, que la société internationale soit divisée de manière à ce qu’il y existe une sorte de couche sociale à laquelle on associe la couche défavorisée aux pays du tiers monde.
Une situation qui s’avère assez désolante du fait que dans le système international l’on devrait mettre des bases égales pour chaque pays, un fait que l’on ne pourrait faire vue l’inégalité significative enregistrée au niveau de la famille internationale, une inégalité basée qui plus est sur un rapport de force important, où c’est la loi du fort qui règne.
Le Professeur Peter Townsend avance même l’idée que dans la société internationale, il persiste une situation de « … stratification sociale internationale, … dans laquelle la richesse des uns est liée historiquement et actuellement à la pauvreté des autres ».
Ceci pour mettre en exergue de l’existence effective d’une exploitation manifeste, et une exploitation menée par les pays occidentaux du fait qu’ils dominent en quelques sortes dans les relations internationales et que cette domination tient compte des éléments diachroniques auxquels l’on ne peut que rattacher la situation actuelle.
Parmi ces éléments historique notons la colonisation d’antan qui dispose toujours jusqu’à notre époque un effet de domination incroyable au niveau de la scène internationale.
Ceci rejoint nos idées dans la section précédente sur l’idée de la persistance d’une nouvelle forme de colonisation à l’heure actuelle et que d’une manière ou d’une autre l’on ne peut ignorer ce rapport de dominant-dominé dans la sphère internationale où tout le monde devrait, en principe, être mis sur un même pieds d’égalité, situation qui ne peut avoir lieu que cela aujourd’hui ou demain.
Par ailleurs, l’on ne pourrait s’empêcher de dire qu’actuellement la richesse des pays occidentaux dispose comme élément générateur les efforts fournis au niveau même des pays du Tiers-monde.
Cette allégation tient compte en effet que la prospérité des entreprises occidentales est constituée inéluctablement des ressources émanant des pays que l’on considère aujourd’hui d’ « arriérés ».
Notons à cet effet aussi bien les ressources humaines que matérielles, et ce sont les ressources humaines qui sont les plus favorables du fait des mains d’œuvres abondants à moindre coûts au niveau des pays du tiers-monde, une situation que les firmes internationales d’origine occidentale exploitent tout aussi bien.
En outre, considérons le cadre politique. En effet, pour affirmer que l’Occident prend une place prépondérante dans la situation de misère qui sévit les pays du Tiers-monde, notons le fait d’une manipulation politique que manœuvre très bien certains pays du Nord.
Ceci afin d’établir au niveau de ces pays reculés une copie des politiques internes même de ces pays occidentaux.
L’objectif de ce manœuvre réside dans le fait que, en connaissance des stratégies politiques des pays du Tiers-monde, certains pays occidentaux arrivent à faire en sorte que ces stratégies soient élaborées de telle sorte qu’ils en retiennent des avantages.
Ce souci se manifeste le plus actuellement dans le cadre des politiques environnementales, éducationnelles, et pourquoi de la politique en tant que telle.
Pour ce qui est des politiques environnementales on pourrait citer le fait que dans plusieurs pays du Tiers-Monde beaucoup sont les pays occidentaux à bénéficier de l’exploitation des ressources naturelles bien qu’en principe ces ressources ne doivent faire l’objet d’exploitation que par et pour les comptes de l’Etat, possesseur du sol.
Si ils y arrivent c’est parce qu’auparavant ils ont déjà élaboré des stratégies selon lesquelles ces pays riches en ressources naturelles accepteront cette action, ceci en contrepartie, généralement de quelques apports intellectuels, des apports matériels pour amadouer dans la plus logique des choses la conscience des dirigeants de ces Etats.
En outre, nous pouvons aussi noter en guise de preuve de nos allégations l’histoire de l’Inde qui confirme bel et bien l’existence d’une exploitation forte de ressources par les pays colonisateurs, qui dans le cas d’espèce se trouve être la monarchie anglaise.
Nous pouvons même parler de pillage dans la mesure où la compagnie anglaise a pu faire fortune dans le commerce des produits indiens, notons plus singulièrement les diverses épices, les cotonnades et enfin la soierie.
Aussi dans cette situation, la compagnie a fait usage de force dans la prise de la gestion du commerce du pays. De telles mesures ne peuvent être cadrées que dans les actions de pillage.
Actuellement, l’on prend en compte cette histoire tout en y attribuant une touche de soit disant bienfaisance dans les exploitations faites dans le passé. Pour Marx : « L’oligarchie manufacturière anglaise ne désire doter l’Inde de chemins de fer que dans l’intention exclusive d’en tirer à moindre frais le coton et autres matières premières pour ses manufactures. Tout ce que la bourgeoisie anglaise sera obligée de faire en Inde pour ses profits n’émancipera pas la masse du peuple, ni n’améliorera substantiellement sa condition sociale ».
Il est important de noter que c’est effectivement l’argent prélevé dudit pillage qui a servi à financé ce qu’on entend par révolution industrielle en Grande-Bretagne.
En ce sens, l’on accuse les manipulations des pays colonisateurs dans la mesure où ce qui pour nous pourrait être cadré dans la bienfaisance est implicitement un manœuvre élaboré de toute mesure.
DEUXIEME PARTIE : CADRAGE THEORIQUE
Dans cette deuxième partie notre attention sera le plus porté vers l’analyse du tourisme en présentant une approche diachronique du tourisme tout en étudiant la portée de la pensée touristique mais aussi la quête de l’authenticité ; enfin, cadrons notre étude dans l’appropriation voyagiste de la spatialité et plus singulièrement tout ce qui entre dans le cadre de la géographie imaginative mais aussi celle du transport imaginatif.
Chapitre I : Le Tourisme
Le tourisme a pris une envergure importante depuis ces trente dernières années, de plus c’est devenu l’activité par excellence pour les voyageurs en quête d’opportunités ludiques, authentiques. Aussi, les déplacements à caractère touristique n’ont cessé de prendre une ampleur massive à travers le monde.
Si autrefois, cette activité était réservée à un groupe de personnes catégorisées dans la classe des élites, actuellement ces mobilités internationales sont exercées les plus par les populations des pays avancés.
Notons à titre d’exemple le fait qu’en 2007, l’organisation mondiale du tourisme, plus connue sous l’acronyme OMT, a annoncé un nombre considérable de touristes internationaux, un nombre qui avoisine les neuf cent millions. A croire que cela touche presque la majorité de la population internationale.
Section 1 : Approche diachronique
Pour ce qui est de ses prémices, il naît au XVIIIème siècle en parallèle avec l’avènement de la révolution industrielle de l’Angleterre pour ne dire que ce sont les anglais eux-mêmes qui étaient les premiers précurseurs de ce tout nouveau mode de loisir.
L’essor de cette activité en cette époque était surtout favorisé par la tendance « romantique » véhiculée dans les pays occidentaux, sous l’influence de Rousseau ainsi que les préromantiques anglo-saxons qui préconisaient la mise en évidence de ce qui est beau, et plus singulièrement le fait que chacun ait une sensibilité forte à l’égard de la nature.
Aussi, depuis, les montagnes, les mers et lacs, considérés généralement comme des figures de la nature, possèdent une appréciation particulière, une appréciation aussi sensible qui soit poussant la population mondiale vers une totale attraction de ce qu’ils considéraient auparavant comme de simples choses inanimées et sans importance.
Il est à noter que la Côte d’Azur a été le premier site à être considéré comme une zone d’attraction, outre le bain qui séduit, beaucoup étaient les voyageurs qui sont venus des quatre coins du monde pour profiter de l’allégresse de l’endroit.
Par ailleurs, toujours dans le cadre des premiers sites touristiques, notons Chamonix qui a été l’élément générateur du tourisme montagnard.
En outre, notons l’influence qu’ont exercée Chateaubriand et quelques romantiques français dans l’essor de l’attirance sur la beauté et le côté pratique de la mer. Aussi, naît au début du XIXème siècle la pratique des bains de mer.
Ceci a eu un impact flagrant dans la vie de la société internationale dans la mesure où les bains de mer deviennent une culture à part entière, surtout pour les populations des pays développés, plus singulièrement celles issues de la couche aristocrate ainsi que quelques élites de la société, qui chaque été ont désormais l’habitude de se migrer vers les littoraux.
Cette mobilité a aussi été fortement motivée par le développement effectif des chemins de fer, une situation qui favorise de plus en plus le tourisme maritime.
Toutefois, la pratique de ce dernier n’est pas forcément à la portée de chacun, il reste dans le cadre de loisir de personnes à forte distinction dans la société.
Aussi, l’afflux important de ces gens aristocratiques sur les littoraux ont amené la population locale vers la mise en place de véritables complexes touristiques avec tous les éléments y afférents, notamment l’aménagement de grands hôtels pour accueillir ces touristes aisés, les casinos, les grands restaurants, … tout une armure commerciale.
De là, l’activité commerciale devint étroitement liée aux opérations commerciales et par la même occasion est considérée comme une activité de bonne augure pour les opérateurs de ce domaine du fait qu’en ces temps là quand on parle de voyage touristique les gens ne comptaient pas le prix, ils restent fixés et semblent être très aspergés par leur loisir.
Le tourisme en est donc une activité de grand luxe, et toujours pas à la portée des simples gens.
Ceci s’explique par le fait qu’en ces temps là les équipements pouvant supporter les opérations touristiques étaient encore rares et peu habituels.
Aussi le fait de pouvoir exercer une activité de loisir tel que le bain de mer est réservée pour une catégorie de personne, elle constitue même en quelque sorte le capital social, économique et culturel dont dispose un individu.
Ci-après une référence chronologique du phénomène touristique, en 1836 il y a eu les premiers guides Murray ; par ailleurs, les premières colonies de vacances ont été effectuées en Suisse en 1875 ; ensuite notons le premier parc national existant qui est le Yellowstone situé à Wyoming des Etats-Unis en 1877.
L’activité touristique a pris un essor important dans la deuxième moitié du XXème siècle d’une manière à ce qu’elle s’est démocratisée.
De plus, avec cette ampleur on a fait face à une explosion absolue d’un phénomène nouveau qu’est le tourisme de masse.
Par ailleurs, pourquoi cette évolution importante ? Un tel changement a été surtout motivé par le fait qu’en cette période on a enregistré un accroissement de la richesse ainsi que de la consommation, par la même occasion, toutes les sociétés existantes étaient toutes devenues intéressées par le tourisme et s’y sentent concernées.
Toujours dans ce domaine du tourisme de masse notons les spécifications faites par H. Durand et F. Jouvet qui distinguent trois périodes, notamment le « quantitatif-roi » durant laquelle la tendance en est les vacances d’été ainsi que le tourisme balnéaire ; la seconde période, s’étalant des années 70 jusqu’à l’an 2000 où on a pu enregistrer le souci des touristes quant à la qualité de leur voyage, c’est durant cette période que les vacances long séjour, les tourismes d’affaires, les tourismes culturels ont été fameux et en plus ces voyageurs ont tendance à être plus homoeconomicus avec la recherche en permanence du rapport qualité-prix ; enfin notons la troisième période durant laquelle c’est le tourisme diversifié de masse qui prédomine avec les effets de l’urbanisation influente, l’apport des mass-média, … tout ce qui fait référence aux éléments véhiculés par la mondialisation ont fait en sorte que la demande ainsi que l’envie ludique des personnes deviennent très diversifiées avec une recherche renforcée de la qualité, un souci de l’environnement.
On enregistre à chaque année un flux important et des fois record même du tourisme international surtout à partir de l’an 2000.
Cette importante croissance est le plus caractérisée par la situation d’enrichissement de la majorité des sociétés, de plus dans ce cadre plus l’on progresse dans la vie, plus notre demande en matière touristique devient plus intéressante et plus vaste.
Toutefois, bien qu’on ait fait des études statistiques sur ce phénomène cela reste toujours assez relatif du fait des éventuels faits existants dans chaque pays pouvant influencer le flux touristique ou non.
De plus, l’on a tendance à confondre la notion de tourisme avec le simple déplacement.
En effet, ce dernier ne manifeste aucun intérêt ludique pour la personne en question mais se trouve juste être un devoir auquel il doit s’acquitter, ce qui est tout à fait le contraire du tourisme qui est motivé par une envie personnelle de l’individu à s’évader, à avoir des moments ludiques en dehors de sa vie quotidienne.
Aussi, les voyages d’affaires, les migrations et pourquoi les déplacements à l’étranger pour raison médicale ou pour étude ne peuvent être assimilés aux conditions de ce qu’est le tourisme.
Par ailleurs, on peut être touriste dans son propre pays d’origine, autrement dit, les personnes touchées par des éventuelles immigrations peuvent être considérées comme des touristes mais elles seront cadrées parmi les touristes locaux.
Nous insistons sur ce fait parce que généralement quand on parle de touriste on se réfère tout de suite aux étrangers qui viennent faire leur vacance ou pourquoi pas faire des échanges culturels dans notre pays.
Il faut noter aussi qu’actuellement le tourisme constitue pour certaines personnes une excuse pour entrer au sein d’un pays en se faisant passer pour un visiteur ordinaire alors qu’en réalité leur véritable motivation tourne autour des affaires et plus singulièrement le travail dans le domaine touristique avec notamment l’hôtellerie ou la restauration.
Actuellement le tourisme international est représenté par 14% de la population mondiale en 2007[2], toutefois l’on ne peut pas se fier complètement à cette donnée statistique si on tient compte des agrégats que nous avons énoncés ci-dessus, aussi dans la réalité ce taux pourrait être réduit à moitié.
Ce que l’on peut dire dans cette approche diachronique c’est le tourisme a pris un ampleur important et s’est de plus en plus affirmé durant le dernier demi-siècle que l’on peut cadrer sous trois périodes, plus singulièrement les premières décennies allant de 1950 à 1980 où nous avons pu faire face à la démocratisation ascendante du phénomène touristique au niveau des pays développés.
Depuis aussi de nouvelles conditions sociales ont été élaborées, des conditions qui font référence exclusivement aux droits de vacances pour tout salarié.
Par ailleurs, le développement inconditionnel des moyens de transport en ces temps là n’a fait que favoriser l’essor de cette activité ludique.
La deuxième période tend vers la dernière décennie du vingtième siècle, durant laquelle nous avons vécu dans une sorte de brise barrière dans le domaine touristique où toutes les frontières étaient disponibles et accessibles à moins d’avoir les possibilités aussi bien financières que matérielles.
Cette période a surtout été caractérisée par l’ampleur et le développement incontournable du tourisme international.
La situation politique mais aussi la situation économique de certains pays ont amélioré la situation pour ne citer le fait que de nouveaux pays, de nouveaux territoires deviennent des nouveaux endroits de prédilection pour le tourisme pour ne citer que le cas de l’Afrique du Sud qui sortait depuis peu, durant cette période, de son problème d’apartheid et sort de plus en plus de son isolement.
La dernière période fait référence à la situation internationale où la criminalité prend une ampleur importante et où le tourisme est devenu la proie d’attaques de toutes sortes pour ne citer que les phénomènes de pris en otage qui transpercent les informations internationales.
Section 2 : Conceptualisation du tourisme
Dans cette section nous serons amenés à porter analyse distincte sur ce qu’on entend par tourisme, et plus singulièrement la pensée touristique et tout ce qui tourne autour de la notion d’authenticité.
I – La pensée touristique
D’une manière générale, le tourisme est un acte, c’est le fait de quitter son local habituel pour des raisons bien motivées et qui est délimitée dans le temps. La condition pour que cela puisse entrer dans le cadre du tourisme il faudrait que l’absence du domicile soit pour une durée supérieure à vingt-quatre heures.
Cela va sans dire les préparations préliminaires pour ce voyage, notamment les dispositions relatives à l’hébergement et la restauration durant le séjour.
Au tout début la notion de tourisme était spécifiquement rattachée au qualificatif ludique, toutefois, actuellement on peut le cadrer tout aussi bien dans le domaine lucratif.
En effet, de nos jours, l’acception du tourisme est liée étroitement à des problématiques d’ordre économique du fait qu’il existe plusieurs promoteurs économiques qui optent pour l’exercice des dérivés de l’activité touristique du fait de la demande qui augmente incessamment, notons parmi ces variables l’installation d’établissement hôtelier, la mise en place d’un réseau de transport pour effectuer les fameux circuits.
C’est quoi la pensée touristique ? C’est, d’une manière la plus simple, l’explication de ce qui motive les individus à choisir cette activité aussi bien ludique qu’économique.
Pratiquer le tourisme est généralement lié au fait que la personne ait besoin de s’évader face au rythme quotidien auquel chacun fait face par nécessité.
Quand on parle de tourisme l’on tout de suite entête l’idée de culture qui résume à peu près l’objet de la majorité des tourismes.
Bien qu’étant un certain temps l’apanage d’un groupe favorisé qui peuvent se permettre d’effectuer des voyages pour assouvir leur soif de connaissances nouvelles sur ce qui peut concerner les habitudes et attitudes menées au sein d’une société qui leur est nouvelle.
Etymologiquement le terme tourisme a été initié par la Société des Nations pour déterminer les personnes qui effectuent des voyages à l’étranger pour une durée qui excède les vingt-quatre heures. Toutefois, tout l’engrenage touristique été déjà engagé bien avant.
Le tourisme est donc une activité très intéressante, une activité qui est déterminée et conditionnée par quatre variables distinctes, notamment le goûte de l’exotisme, autrement dit, la recherche de ce qui a attrait aux régions littorales, mais aussi la recherche de nouvelles cultures pour s’enrichir soi-même ; deuxièmement, notons la capacité financière, en effet, l’activité touristique est une activité qui ne peut être exercé si on est en carence financière, tout ce qui touche le domaine touristique est payant et on peut y accéder sans argent ; ensuite notons le fait que l’on dispose de temps disponible, du fait que l’on ne peut faire du tourisme en très peu de temps, il faudrait au moins deux jours pour mieux apprécier l’endroit que l’on visite durant notre tourisme ; notons en dernier lieu la mise en place d’infrastructures nécessaire pour faciliter et pour rendre pratique le séjour, pour ne citer que l’hébergement au sein d’un hôtel, la restauration et enfin la disposition de moyens de communication efficace.
La pensée touristique a évolué suivant les évènements existants, toutefois, elle se rapproche toujours de la notion d’évasion.
Notons aussi le cas en Grande-Bretagne, où le tourisme était au cours du dix-huitième siècle une activité que seul un groupe fermé d’individus peuvent accéder, c’est le cas du tourisme qui, en ce milieu entre dans le cadre même de l’éducation des jeunes et riches gentilshommes anglais.
Pour s’évader mais surtout pour s’informer, ces jeunes allaient voyager partout en France mais surtout en des milieux où l’esthétique est de mise.
Pour comprendre au mieux la pensée touristique, notons l’idée de Cazes qui avance que le tourisme « met en action un système d’images et de représentations du monde ».
En d’autres termes, le tourisme n’est autre que la recherche d’une nouvelle vision dans la mesure où nous sommes toujours en quête de ce qui, pour nous, est en quelque sorte le symbole de tout l’ensemble des endroits que nous voudrons bien visiter.
II – La quête de l’authenticité.
La notion d’authenticité est assez subjective dans la mesure elle peut constituer un élément contradictoire dans l’acception de deux idées différentes.
En concomitance avec la pensée touristique, la recherche de cette authenticité constitue l’élément de prédilection de toute activité touristique.
On peut noter par là une idée que nous avons déjà énoncé ci-dessus, c’est le rapport entre le tourisme et la culture.
Pourquoi parler d’authenticité dans ce cadre ? Il est très facile de combiner authenticité et tourisme dans la mesure où si ce dernier est porté vers l’exploration des cultures étrangères cela implique le fait que les cultures ne sont jamais identiques d’un pays à un autre, la culture reflète l’authenticité même du pays.
Par ailleurs, nous pouvons avancer l’idée d’une inauthenticité dans l’expérience touristique dans la mesure tout le monde sache ce qu’on attend de cette activité, de plus, ce ne serait pas original de notre part d’avancer le fait que dans le tourisme nous cherchons à nous évader, à fuir les dures obligations et contraintes quotidiennes.
De nos jours, nous sommes en face d’une lutte indirecte entre ce qui est original et ce qui est nouvellement conçu par la modernité dans le cadre des éléments touristiques.
Cette situation engage une problématique sur ce qu’on entend réellement par « authentique » en milieu touristique. En effet, l’on ne peut ignorer l’existence actuelle de milieu où tout est à l’abstrait, l’authenticité perd peu à peu sa place.
En d’autres termes, actuellement l’authenticité est perçue dans le cadre d’une certaine reconstruction que l’on fait de ce qui a été déjà détruit mais aussi une sorte de projection sur ce qui est.
En effet, généralement les touristes sont en recherche permanente de ce qui n’est plus et veulent se reconstruire une nouvelle histoire, en puisant sur ce qui est vécu durant leur escapade touristique.
Pour mieux comprendre cette situation prenons en compte l’idée de F. Michel qui avance que « Parmi les destinations originales à la mode ces dernières années figurent la Birmanie, le Laos, la Namibie, le Guatemala et Cuba : pays pauvres aux régimes durs, loin d’être des modèles de démocratie, mais lieux prisés par les voyageurs occidentaux. La pauvreté exotique fascine et nous est plus tolérable du simple fait de son étrangeté, de on éloignement géographique et de son authenticité culturelle ».
Nous pouvons analyser ce propos de la manière suivante : Le tourisme est en quelques sortes une activité motivée par la recherche de ce qu’on ne vit pas mais que l’on veut avoir en aperçu, en direct et dans le cadre réel.
Ici, l’authenticité touche le fait que ce qui existe dans le milieu où le tourisme s’effectue est nouveau pour nous, en quelques sortes nous pouvons nous retrouver en fascination devant la vie réelle d’un pays, une réalité qui est loin d’être la nôtre, par exemple, pour illustration nous pouvons noter la pauvreté qui peut fasciner les occidentaux dans la mesure où ces derniers veulent à tout prix voir dans quelles mesures ces individus démunis arrivent à survivre.
Il y a en quelque sorte une notion de curiosité perverse dans la pensée touristique vue que ce qui peut constituer comme exotique pour certains est la représentation de la misère pour celui qui le vit.
Ce qui importe dans le tourisme est donc la recherche d’une expérience basée sur l’altérité. C’est de cette manière que nous concevons la construction de notre « moi » authentique.
Et il est à noter que cette nécessité regorge deux dimensions différentes, des dimensions à référence purement touristique, notons en premier lieu la notion de « sémiosphère »[3] qui est un espace rationnel où la construction du soi ne peut se faire qu’en l’existence de l’autre, en d’autres termes, nous pouvons l’expliquer comme étant l’affirmation du soi en nous référons à l’autre.
Par ailleurs, la recherche du soi authentique et original ne peut être réalisée que si l’on ne revendique notre non-appartenance à la communauté voyageuse touristique qui sont essentiellement des représentations faites mais aussi des résultats des influences médiatiques et touristiques.
Aussi, dans ce cadre ce qui est important à noter est le fait que l’affirmation de l’authenticité de notre soi ne peut être effectif que si l’on arrive à prouver notre différence parmi les autres.
Section 3 : Les nouveaux tourismes atypiques
Cette section sera dédiée à la mise en valeur de l’acception moderne du tourisme avec notamment la notion de tourisme durable, le tourisme solidaire, …
Actuellement l’activité touristique englobe d’autres activités ou d’autres phénomènes qui caractérisent ainsi le type de tourisme.
Aussi, plusieurs acceptions du tourisme naissent de cette idée, notons parmi ces évolutions les notions de tourisme durable, l’éco-tourisme, le tourisme solidaire, ….
En effet, avec les changements que l’on a pu enregistrer depuis, le tourisme a pris une envergure particulière dans la vie internationale et dans ce cadre il a pris quelques améliorations quant à la caractérisation de sa démarche.
En outre, nous voulons aussi insister sur le fait que d’autres éléments entrent en jeu dans l’émergence de ces nouvelles formes de tourisme pour ne citer que l’existence de nouvelle pratiques culturelles, l’approche nouvelle sur l’appréciation de la beauté, de l’authenticité, les nouvelles modes de vie ainsi que les nouvelles tendances véhiculées par la mondialisation qui tend vers une sorte de globalisation culturelle, si on peut le dire ainsi. En d’autres termes, ce que nous voulons insister par là est le fait que le voyage ici dispose d’une fonction qu’on lui attribue en tant qu’acteur primordial dans la promotion d’une « distinction symboliqu ». a cet effet, nous allons prendre l’analyse de I. Ateljevic et S. Doorne sur le cas des sacs à dos qui, pour eux, représente une sorte de culture touristique depuis plusieurs décennies, selon leur dire, le sac à dos est: « A travel lifestyle, an expression of consumer identity, as well as a coherent form and cultural complex » (2005 :176).
Dans ce cadre, les variables qui constituent avec l’usage habituel une sorte de culture touristique sont en quelque sorte la représentation de l’identité du voyageur mais aussi le promoteur du capital culturel de l’individu en question.
Par ailleurs, C. O’Reilly conçoit cette vision d’une manière plus précise en évoquant l’idée du tourisme en tant qu’il soit pris dans la mesure où il est considéré aussi bien comme une valeur symbolique mais aussi comme une valeur d’échange.
En effet, pour elle « travelling is believed to allow the traveller to accrue cultural and symbolic capital, useful both on the road and on the return home… Being a tourist does not » (2005 : 156). Dans un autre sens, O’Reilly voudrait nous faire comprendre qu’il existe une sorte de considération aussi bien du capital symbolique que du capital cultuel dans le voyage. Cette situation confère en quelque sorte au voyageur son identité ainsi qu’un moyen de le distinguer dans la société.
- Le tourisme à caractère humanitaire
Avec l’émergence des nouveaux acteurs qui œuvrent essentiellement pour la cause des personnes démunies, plus singulièrement celles qui sont issues des pays du tiers-monde.
En effet, depuis quelques décennies, des associations ainsi que des organismes non gouvernementaux montent des projets touristiques au service du développement.
Justement dans ce cadre, Mowforth et Munt nous indique ce nouveau type de tourisme, en effet : « In recent years the image of the Third World in western minds has emerged from that of cataclysmic crisis – of famine and starvation, deprivation and war- to represent the opportunity for an exciting … ‘off-beaten-track’ holidays”.
En d’autres termes, les occidentaux ont tendance à avoir une certaine curiosité sur ce que vit en réalité les personnes démunies du tiers-monde.
Il y a en quelque sorte une forme d’attirance simple de la population riche pour la pauvreté des gens du pays du Sud.
Par ailleurs, il est à noter que cette situation ne reste pas seulement dans le cadre de la curiosité, une certaine sensibilité de la part des touristes occidentaux peut aussi être remarquée. Une sensibilité que l’on peut comprendre peut-être par le fait que les occidents ressentent une sorte de culpabilité quant à la misère du tiers-monde.
Dans le cadre de ce tourisme, les acteurs touristiques à dominance humanitaire consacrent leur temps de vacances à faire un tourisme d’un cas assez particulier car durant leur séjour ils seront amenés à travailler pour le compte d’une association ou d’un ONG à vocation humanitaire et ainsi œuvrer dans le cadre de projets de développement.
Mais il est important de notifier que sous ces conditions on ne pourrait réellement parler de tourisme mais d’engagement volontaire pour un travail humanitaire.
Toujours dans le cadre de cette idéologie humanitaire notons le message para-textuel d’un Guide du Routard en 2002 qui est exclusivement consacré à l’action humanitaire : « Soigner ou enseigner, nourrir ou reconstruire, affronter l’urgence ou aider au développement. En un mot, vous souhaitez souscrire à une cause. Le Routard Humanitaire est pour vous. Quelle formation choisir ? A quel organisme s’adresser ? Comment se réinsérer après une mission ? Entre les problèmes administratifs et pratiques, le Guide du Routard vous conduit dans un milieu où on ne s’improvise pas « French doctors », mais où les rejoindre peut devenir passionnant ».
Toujours dans le cadre de ce tourisme à caractère humanitaire, T. V. Singh avance l’idée que “For that fascination with the macabre, they trip out on death ; visit war-zones for first-hand experience in destruction ; indulge in altruistic pursuits to redress ailing humanity ; and epouse the cause of deep ecotourism for greening the industry. The list of strange experiences and stranger practices is endless” (Singh 2004:5)
Dans cette idée, l’auteur defend l’idée que les occidentaux ont en quelques sorte une grande fascination quant à la misère du tiers-monde mais aussi envers les problèmes qui sévissent la vie quotidienne des personnes démunies, issues des pays du Sud.
- L’écotourisme
Nous allons ainsi prendre un par un ces diverses formes de tourisme et relater leur portée. Pour ce qui est de l’écotourisme, le principe en est que l’activité touristique ne doit pas engager des impacts négatifs, voire apporter des changements importants dans les éléments sociaux, culturels et environnementaux du milieu naturel où s’effectue cette activité.
Par ailleurs, dans ce genre de tourisme l’on est amené à sensibiliser les voyageurs sur la nécessité de la conservation de la nature et le souci de protection de l’environnement, de plus, l’on sera amené à inciter la participation active de la population locale ainsi que des entités locales dans la mise en œuvre de plan de conservation et de protection de la nature de telle manière que ces entités se sentiront plus responsable quant aux tâches qu’on leur confie d’effectuer.
En outre, l’éco-tourisme produit des rendements considérables, ces revenus seront ensuite utilisés dans la mesure où une part importante sera versée pour le compte de l’action de conservation de la zone naturelle en question ainsi que de la gestion des aires protégées.
C’est en quelque sorte une utilisation rationnelle du tourisme au bénéfice de la nature, mais aussi on fait en sorte que les populations locales et avoisinantes en sont aussi bénéficiaires quant à la portée des avantages économiques qui peuvent découler de cette activité.
L’écotourisme implique aussi la mise en place d’une stratégie de planification pour assurer une croissance durable ainsi que le fait que l’activité touristique en question soit délimitée dans le cadre purement social et environnement, aussi, une sorte de capacité de charge sera mise en place pour vérifier l’effectivité de cette mission.
Enfin, l’idée de l’éco-tourisme repose sur le principe de conservation, en d’autres termes, les éventuelles infrastructures mises en place pour la mission touristique seront très sélectionnées de manière à ce que les moyens utilisés ne soient pas issus de combustibles du biotope du milieu en question.
- Le tourisme alternatif
Par ailleurs, notons une nouvelle forme de tourisme qu’est le tourisme alternatif. Ce dernier se définit comme étant le tourisme par excellence dans la mesure où il se veut être compatible avec les demandes des voyageurs ainsi que les demandes sociales et communautaires de telle sorte qu’il existe une importante interaction entre ces deux éléments.
Les principaux caractéristiques en sont le souci de préservation et d’amélioration des ressources naturelles, le développement ainsi que la recherche accrue de développement de manière à ce qu’il y ait plus d’attrait touristique avec l’aménagement de nouvelles infrastructures au bénéfice de la localité d’accueil.
Par ailleurs, on doit cadrer le tourisme alternatif dans la conservation de l’environnement ainsi que le souci de la subsistance mais aussi le bien-être des populations locales.
En outre, la condition pour que cela soit un tourisme alternatif est le fait que les logements qui vont accueillir les touristes son locaux et à petite échelle.
- Le tourisme durable
Notons par la suite le tourisme durable qui est devenu depuis ces dernières années le tourisme le plus pratiqué dans le monde.
L’organisation mondiale du tourisme le définit comme suit : « Le développement touristique durable satisfait les besoins actuels des touristes et des régions d’accueil tout en protégeant et en améliorant les perspectives pour l’avenir. Il est vu comme menant à la gestion de toutes les ressources de telle sorte que les besoins économiques, sociaux été esthétiques puissent être satisfaits tout en maintenant l’intégrité culturelle, les processus écologiques essentiels, la diversité biologique, les systèmes vivant. »
Aussi dans ce principes, tous les éléments et variables nécessaires et inéluctables du tourisme seront conservés dans la mesure du possible, tout en visant un avenir lointain tout en apportant son lot d’avantages à la population actuelle.
D’autre part, il se trouve être planifié et géré d’une manière à ce que l’opération touristique n’entrave pas le milieu socioculturel ainsi que l’environnement qui conditionne ces activités touristiques.
Aussi, ce qui est important à savoir dans le domaine de ce tourisme durable c’est que l’on est plus porté vers la recherche d’un équilibre parfait entre les différents ressources environnant l’activité touristique en question.
Ce tourisme durable entre dans le cadre des objectifs fixés par l’Agenda 21 du tourisme européen avec la prospection pour une prévention ainsi que la recherche de la réductions des impacts territoriaux et environnementaux du tourisme au niveau des diverses destinations ; la maîtrise des effets des moyens de transports dans le cadre du tourisme d’une manière à ce qu’ils ne portent pas atteinte à l’environnement ; l’amélioration du tourisme favorable pour le développement local durable tout en engageant la capacité de contrôle des acteurs locaux ainsi que les acteurs du domaine touristique.
Par ailleurs, il est important de noter que le principe général de tout promoteur du tourisme durable se base sur l’idée d’une recherche ponctuelle des éventuels impacts spontanés et globaux, immédiats et à long terme des activités ou bien des simples projets touristiques.
Dans l’approche de type développement durable, le tourisme durable doit mener comme base la prise en compte de divers éléments, notamment l’état initial du milieu avec plus singulièrement les aspects économiques, sociaux et environnementaux dans la mesure où le potentiel écologique du milieu soit aussi considéré dans le cas où l’on fait face à un site déjà dégradé.
Il doit aussi y avoir une étude de la sensibilité des éléments naturels ainsi que de la population quant à la mise en place de l’activité.
En effet, cette approche est utile du fait que dans certains cas, le tourisme engage un choc culturel ainsi que d’autres changements négatifs pour ne citer que les éventuels risques sanitaires au cas où la population locale serait exposée à des éléments à caractère pathogène.
- Le tourisme communautaire
En outre, il existe aussi une nouvelle formule de tourisme qu’est le tourisme communautaire qui fait référence à un tourisme dans lequel tous les choix ainsi que toutes les décisions sont prises sous l’initiative des responsables locaux, d’où tourisme communautaire.
Il implique d’une manière générale une sorte d’échange culturelle entre les touristes voyageurs ainsi que la communauté locale.
Avec ce tourisme communautaire le sentiment d’appartenance à une société sera grevé de fierté dans la mesure où l’on propose aux autres l’admiration des apports d’amélioration qu’on a fournie à notre communauté.
- Le tourisme responsable
Notons aussi le cas du tourisme responsable qui se réfère à une forme de tourisme où des organisations seront mises en œuvre dans la mesure où les destinations touristiques offrent aux visiteurs aussi une grande satisfaction mais aussi la possibilité pour ces derniers de mettre en avant leur capacité à être responsable quant au souci à l’environnement.
Pour ce faire, les ressources existant dans le milieu en question ne seront exploitées que dans le cadre du tourisme aussi bien pour la population locale que les futurs visiteurs du milieu. Par ailleurs ce type de tourisme appelle aussi à la participation accrue des ressources locales d’une manière à ce que le tourisme en question arrive à ouvrir une nouvelle voie dans le marché de l’emploi locale, tout en invitant l’initiative des entreprises existantes dans la mise en œuvre de politique de responsabilisation sociale en concomitance avec la responsabilisation environnementale.
- Le poor tourism pro
Le tourisme pauvre est aussi une nouvelle option dans le tourisme moderne. Il est plus connu sous le nom de « Poor Tourism Pro ».
Ce type de tourisme est réservé aux personnes issues des couches défavorisées de telle sorte à ce qu’elles puissent profiter eux aussi des activités ludiques tel que le tourisme.
Aussi l’on a envisagé d’étendre les possibilités du tourisme dans la mesure où les individus vivant avec moins de un dollars par jour puissent jouir de cette activité.
Ce type de tourisme tend à peu près vers le tourisme humanitaire selon lequel le tourisme est pris juste comme un instrument pour aider les personnes démunies.
C’est aussi l’un des objectifs de ce tourisme pauvre où le principal principe est de réduire la vulnérabilité de cette catégorie de personnes en leur offrant des possibilités de surmonter leur situation.
Par ailleurs, les individus catégorisés parmi les « pauvres » sont généralement des victimes des mauvais accès au marché de l’emploi, ce type de tourisme leur offre un moyen d’être sécurisé de ce problème en leur mettant à disposition des activités liées au domaine touristique pour combler leur moyen de subsistance.
Cette forme de tourisme a été appliquée au Népal, une politique interne a même été érigée afin que les activités touristiques puissent permettre à la population locale défavorisée de jouir de revenu y afférent.
- Le tourisme village
Notons aussi le tourisme village qui fait référence généralement au tourisme rural. Dans ce cadre, le principe repose sur l’idée que les villages doivent avoir le potentiel pour attirer et perdurer les touristes dans le milieu.
Une autre condition tend vers la nécessité que le séjour du voyageur en question ne soit as de courte durer de manière à prouver l’existence effective d’une exploration du village.
Ceci pour des raisons spécifiquement économiques, autrement dit, grave à cette condition le voyageur sera forcé de s’engager envers le village en utilisant les équipements mis en place sur le lieu pour leur hébergement et restauration, toutes les recettes y afférentes seront versées directement pour le compte de la population locale.
Il est important aussi de noter que dans ce type de tourisme les visiteurs feront partie intégrante de la population locale du fait de leur participation active dans la vie du village.
Par ailleurs, dans ce tourisme village, les problèmes liés à l’hébergement et la restauration sont assez rares du fait que le logement ne nécessite pas de gros investissements, en outre, c’est la population locale qui prend en charge ces points précis.
Généralement la population se manifeste de manière à ce qu’une maison du village serve de logement pour les touristes durant leur séjour.
Pour ce qui est de la restauration et des activités culturelles, c’est toujours la population locale qui en prend la charge.
C’est en quelques sorte un moyen très pratique dans le cadre d’échange culturel et très direct aussi dans la mesure où les visiteurs seront totalement plongés dans l’environnement aussi bien social que culturel du milieu.
Par la même occasion, la population locale est tenue de transférer aux voyageurs toutes les connaissances nécessaires sur le village aussi bien culturelle que religieuse.
- Le tourisme culturel
Soutenant à peu près les mêmes idées que le tourisme village, le tourisme culturel se trouve être en quelque sorte les prémices des nouvelles formes de tourisme historiquement.
En effet nous pouvons noter par là le cas de Uen Tsang qui, en provenance de la Chine, s’est rendue au Népal mais aussi en Inde dans le courant du cinquième siècle juste pour visiter la vallée de Katmandou.
Par ailleurs, il est à noter aussi que la notion de « tourisme culturelles » est une initiative de l’UNESCO.
En effet, ce dernier l’a conceptualisé en 1970 dans le but de préserver la culture. Il est également défini comme « l’absorption par les touristes de caractéristiques ressemblant à la vie de fuit des sociétés du passé, où l’on peut observer des nouveaux phénomènes ailleurs tels que les styles de maison, l’artisanat, le matériel agricole, robe, ustensiles et autres instruments et équipements qui reflètent le mode de vie de toute une collectivité pendant une période particulière »[4].
Le tourisme culturel est lié étroitement à l’écotourisme dans la mesure où il initie les voyageurs dans la sensibilité envers l’environnement culturel tout en préservant les éléments rendant l’authenticité de la culture d’une société distincte.
Les ressources composant le tourisme culturel son classées comme suit : d’un nous avons le paysage culturel qui reflète l’aspect culturel distinguant le milieu tel que le style de vie, les cultures vestimentaires, culinaires ; de deux, notons l’art local et l’artisanat ; de trois, les foires et festivals ; et enfin, de quatre, toutes les variantes faisant référence au patrimoine même de la localité, notons plus singulièrement l’histoire et l’archéologie du patrimoine.
Par ailleurs, le tourisme culturel est la base même de tout voyage car, nul ne peut nier que les motivations des éventuelles visites de milieu ont comme élément générateur l’intérêt pour la culture du milieu que l’on visite.
Aussi, d’une manière ou d’une autre, le tourisme culturel fait partie intégrante de toutes les visites à caractère touristique.
Enfin, notons l’émergence actuelle de ce qu’on appelle « tourisme à la carte » qui s’inspire de l’idée qu’il y ait une sorte d’adéquation entre les offres de voyages et la possibilité financière du touriste.
Dans ce cadre, les conditions du tourisme sont assez flexibles et il peut être appliqué en concomitance avec les autres types de tourisme déjà développés ci-dessus.
Chapitre II : Appropriation voyagiste de la spatialité
Section 1 : Le transport imaginatif
Dans cette section nous serons amenés à porter des analyses sur les motivations exogènes propres aux récits de voyage, notamment au travers de la notion de « transport imaginatif », mais aussi sur ce qu’on entend par fiction narrative.
Selon Saint Augustin, « le monde est un livre et ceux qui ne voyagent pas n’en lisent qu’une seule page ».
En d’autres termes, quand on parle de voyage on peut s’empêcher de nous référer au fait que le voyage offre à chacun une possibilité importante de découvrir le monde.
Bien que l’on ne puisse résumer tout un voyage et le réduire simplement dans le cadre d’un récit, ce dernier n’est pas pour autant inintéressant du fait qu’il aide le lecteur à pénétrer un monde imaginaire via un transport imaginaire.
Pa ailleurs, avec le tourisme nous sommes tentés à représenter le monde aux autres, nous nous proposons ainsi d’établir une représentation d’autres lieux de manière à ce que ces images reflètent notre désir interne, les préjugés que nous portons sur le milieu.
Quand on parle de géographie imaginaire il est important de prendre pour référence Edward Saïd.
A côté de la notion de géographie imaginaire il concevait aussi le concept de « carte mentale » où on met en évidence l’environnement de comportement ou bien tout au plus l’environnement perçu qui est devenu de vigueur dans la géographie de comportement.
Par ailleurs, Saïd insiste beaucoup sur l’alimentation qui, pour lui concerne de très près la puissance coloniale, était assez étrangère à cette géographie du comportement et a aussi attiré son attention dans le cadre de l’acte de représentation, c’est donc cette situation qui le motive dans l’utilisation et dans le choix du terme « imaginaire ».
En un sens, il se pourrait que Saïd se soit basé sur l’idée de formulation sur le caractère mais aussi sur la position de notre visualisation mais aussi notre connaissance de l’autre.
Dans ce cadre, ce qui est important est le fait que l’on puisse communiquer des valeurs et s’approprier des représentations culturelles de l’autre au cours d’une simple voyage.
Ici on entend par l’ « autre » la société qui fait l’objet de notre tourisme.
En outre, le précurseur de l’idée imaginaire met l’accent sur l’importance du regard dans la mesure où la simple vision permet un affichage net de notre construction culturelle.
Toutefois, les cartes mentales ainsi que les autres constructions de ce qu’il appelle « géographie imaginaire » ne peuvent être reproduites par des opérations d’ordre exclusivement cognitif.
Ensuite, il met l’accent sur le fait que ces valeurs figuratives entrent non seulement dans la production de la différence entre les sociétés mais aussi la recherche de l’identité personnelle du sujet qui applique l’imaginaire.
L’imagination géographique, par le biais des récits de voyages permet donc d’avoir un certain écart, une certaine distance avec ce qui est réellement.
Ce qui nous amène vers une sorte de dramatisation du fait que l’on doit faire une distinction nette entre le réel et ce qui est perçu, un élément assez important et auquel dépend essentiellement la géographie comportementale.
Par ailleurs, la géographie imaginative peut faire l’objet d’une représentation à travers des formes matérielles telles que les dessins, les fresques, et ici comme cela nous intéresse, le récit de voyage.
Ce dernier peut mettre en œuvre et aider celui qui se laisse transporter une légitimité des attitudes mais aussi des dispositions, des pratiques, des cultures de sorte que dans cette représentation imaginative l’on soit dirigé vers la prise en compte d’un paradigme culturel basé sur l’altérité.
Il convient aussi de noter qu’il existe une grande tradition dans la lecture des œuvres de fiction, dans la lecture des récits de voyages qui nous permet de nous transporter nous même dans le milieu mis en exergue par le simple transport imaginaire que l’on pourrait effectuer de part cette simple lecture.
Si on réfère notre travail, et plus singulièrement la notion même de la géographie imaginaire, prenons en exemple la reproduction que Saïd a fait sur l’imaginaire en question dans son ouvrage portant sur l’orientalisme.
Selon lui, « personne ne peut écrire, penser, agir en rapport avec l’Orient sans tenir compte des limites imposées par l’orientalisme à la pensée et à l’action » (Saïd, 1980 :15).
Dans cette idée il avance le fait que tout auteur, tout sociologue, tout géographe, toute analyse sur l’Orient ne peut se faire sans que ces derniers ne fassent une sorte de transposition de place et porter une certaine pensée imaginative sans pour autant qu’ils y soient passés ou qu’ils aient réellement vécu dans le milieu en question.
En effet, il s’avère impossible aussi bien toute initiative sur tout ce qui pourrait toucher l’Orient sans tenir compte des domaines de définitions qui limitent tout aussi bien imposées par l’orientalisme même.
Mais dans quelles mesures peut-on parler de « prise de position géographique » dans cette situation ?
Si nous avons opté pour ce référence c’est surtout parce que nous considérons que le fait que le voyage constitue en quelques sortes un intermédiaire avec la réalité du monde, un intermédiaire avec la représentation de l’espace de l’autre.
Comme nous avons choisi de parler du rôle des récits de voyage dans cette section, nous allons proposer dans ces paragraphes suivants ce qu’on attend de ces récits.
Tout d’abord, les récits de voyage sont faits pour que le lecteur se sente au lieu qui est décrit dans le récit.
Pour qu’un récit puisse être qualifié en tant que tel il doit disposer d’une capacité particulière à donner et à représenter via ses descriptions tout ce qui tourne autour de l’environnement du milieu afin que le lecteur lui-même s’y sente.
Parler d’imaginaire n’est pas forcément limité car ceci peut impliquer tacitement des domaines d’ordre matériel dans la mesure où si un voyage est bien écrit alors nous pourront, avec notre imagination, sentir ce qui se passe réellement dans le milieu.
Par ailleurs, le récit de voyage peut aussi consister à nous familiariser avec l’endroit tout en engageant un sentiment de dépaysement du lecteur.
Selon Miller, notre principale attente du récit de voyage est le fait d’être déplacé sans être effectivement déplacé.
Pour lui : « Travel writing … means to be transported from one place to another ». Il continue avec l’idée que “ that it is caught up in a complex dialectic between the recognition and recuperation of difference”.
En d’autres termes, l’auteur veut nous faire comprendre que de part les récits de voyages, nous pouvons nous référer à l’idée de Saïd qui avance que l’affirmation de soi se manifeste tout aussi bien par la recherche de l’autre mais aussi par la reconnaissance de l’existence d’une différence entre notre soi et l’autre.
It should be noted that there has been a long tradition of reading nominally fictional works as expressive of \’imaginative geographies\’ in a far more limited sense than Said had in mind. Il s’avère impossible aussi bien toute initiative sur tout ce qui pourrait toucher l’Orient sans tenir compte des domaines de définitions qui limitent tout aussi bien imposées par l’orientalisme même.
Dans ce cadre, les récits de voyages que nous proposons d’étudier disposent pour champs d’investigation l’analyse de l’espace mais aussi de la notion de géographie imaginative.
Aussi, par les récits de voyage l’on a tendance à faire une structuration de représentation de l’espace mais aussi l’apport d’une explication et d’une démonstration de l’existence effectif d’une altérité, et l’objectif en est l’appropriation même de cette altérité.
Par ailleurs, nous tenons à souligner une petite précision sur les textes fictionnels qui met en exergue un espace fictif où l’auteur crée en quelque sorte un espace géographique « fictivisé ».
Ceci constitue d’une manière générale l’idéologie même de l’auteur l‘apport de l’auteur ce qu’il perçoit non dans la réalité mais dans son propre jugement.
Là nous faisons face à une « spatialité évocatrice » qui est un élément primordial de la machine narrative.
Ce qui nous intéresse ici est donc le fait que l’auteur nous propose une sorte de politique et stratégie dans le cadre de la spatialité.
Toutefois, nous ne nous attarderons pas toutefois sur l’analyse de la fonction littéraire de la spatialité.
Toujours dans le domaine de la spatialité, il est important d’étaler ici une analyse sur les fonctions principales d’une carte et tout ce qui entre dans sa sémantique.
Quand on parle de carte l’on aura tout de suite en tête l’idée d’une machinerie tendant vers une représentation dans le cadre d’un voyage.
D’une manière générale, elle détermine au touriste l’espace autre de l’Autre dans la mesure où elle nous aide dans la prévision ainsi que dans la perception de l’autre monde.
Nous pouvons parler aussi de « marqueur culturel » dans la mesure où elle nous indique le projet même du voyage.
Comme l’indique J. Hutnyk (1996 : 120) : « Tourist maps constitute the city as a place to be explored, as a site for the geographical unfolding of experiences, as topos of visiting…”.
En d’autres termes, Hutnyk nous propose une idée selon laquelle la carte permet au voyageur de déterminer les milieux, les localités qui feront l’objet d’une future exploration.
Dans une autre vision, le parcours du touriste sera représenté et retracé sur la carte, une situation que l’on peut aussi comprendre de la manière suivante : la carte pourrait très bien aussi représentée une allégorie de la difficulté des voyages, notamment avec toutes les variables que l’on doit toujours rendre compte quand on voyage, nous pouvons notons parmi ces engrenages du voyage la quête permanente du logement, la prévision de ce qui va pouvoir se passer et comment y survivre.
Par ailleurs, G. King remarque que « Maps enable us to gain a sense of our place in the world, to orient ourselves… ‘through which the world is made intelligible” (Jackson, 1989:2).
Dans ce sens, la carte a pour autre fonction qu’est le fait de nous orienter dans la mesure d’une perception rationnelle du monde.
Par ailleurs, si l’on retourne vers la notion d’authenticité, la carte nous est tout à fait nécessaire dans la mesure où elle nous permet d’identifier avec précision notre quête, là nous faisons face à une carte considérée en tant que marqueur.
Aussi, comme nous l’avons vu auparavant le sens que nous pouvons donner à la notion d’authenticité est assez relative.
De ce fait, pour ceux qui ne veulent pas se cadrer dans le monde du tourisme de masse, où l’authenticité est assez propre pour toute la communauté, ils peuvent très bien marquer un endroit qui, pour eux est hors de l’authenticité perçue dans le sens commun.
Or cette position ne fait que souligner notre perception personnelle et subjective de ce qui peut être authentique pour nous.
En outre, nous pouvons prendre ne compte une autre acception de la notion de marqueur que l’on associe généralement avec la fonction de la carte.
Avec le marqueur, deux bords du voyage sont aussi précisés, notamment l’horizon mais aussi l’usage même su monde dans la mesure où ceci constitue en quelque sorte l’ « espace de désir » ainsi que la « construction maîtrisée de l’espace » comme nous le décrit Bouvet (Bouvet, 2003 : 279).
D’autre part, la simple transcription cartographique permet au touriste de s’évader dans la mesure où il y aura une sorte de construction de places imaginaires, des places que nous visitons déjà mais dans l’imaginaire.
Nous pouvons expliquer ce phénomène dans le cadre psychanalytique avec le « ça » qui représente notre envie d’évasion ainsi que notre envie de nous rendre quelque part, ailleurs que notre milieu habituel ; le « surmoi » qui représente la réalité et qui nous rend compte de l’impossibilité de satisfaire et de réaliser effectivement notre pulsion; et enfin le « moi » qui représente l’extériorisation de notre envie repoussée, une forme qui se manifeste dans l’imaginaire.
De plus, nous pouvons aussi démontrer le pouvoir dont dispose la carte dans la représentation de la spatialité.
Comme nous l’avons présenté auparavant, la carte nous permet d’établir en quelque sorte une forme de politique et de stratégie essentiellement cadrées dans le domaine de la spatialité. Dans ce sens, la carte peut être employée dans la construction même de cette spatialité avec une possibilité pour nous permet de réaliser une production de variable géographique, une production qui nous donne la possibilité d’avoir une maîtrise effective de l’espace.
Aussi, cette idée a été confirmée par G. Huggan qui nous avance que : « between its authoritative status ans its approximatice function » la cartographie présente une contradiction qui est délimitée par « the recognizable totality of the map as a manifestation of the desire for control rather than as an authenticating seak of coherence ».
Dans une autre perception, nous pouvons considérer la carte comme étant une sorte de mise en réduction du monde, une opération qui s’évalue dans la réalité dans la mesure où les figures cartographiques sont assez limitées sur des échelles préétablies.
En effet, dans cette idée Hutnyk constate que « … the purpose of a maps never full representation but, rather, adequate and convenient reduction, there is still a slippage which conflates reductions with representation with illustration with manifestation » (1996: 140).
Dans une même vision que Hutnyk, King nous avance que “every map offers only its own perspective on the world, however objective it may appear or claim to be, a perspective that implies a particular assertion of reality” (1996: 175).
En d’autres termes, nous pouvons dire que les limites cartographiques que représentent les cartes engagent une réduction même et limite considérablement aussi la vision du monde.
Il y a donc, en quelques sortes, un biais de la représentation du monde avec la carte su fait que tout est transporté dans une échelle plus réduite que la réalité.
Il ne faut pas oublier aussi le fait que le panorama projeté du monde sur la carte est assez basique mais il appartient à chacun de donner sa propre couleur sur ce qu’il a vraiment envie de voir et de percevoir dans cette représentation.
Aussi, la carte reflète l’intérêt de chacun en quelque sorte dans mesure où cette fonction est relative, dans le cas contraire, il est impossible de considérer la carte en tant que telle.
De plus, “The textual appropriation of the Other locates our traveler at the center of a strange optical effect : caught in the contradiction of reading a space which he considers real (since he sees it, right before his eyes, in all of its pulsating vitality) as though it were a text, a map… In other words, in his immersion within the real Orient, our traveler is constrained, despite himself, to reduce it to a text, to a representation of something else, to a reproduction of some symbolic but true order” (Minca, 2001: 205-206).
Dans ce cadre, ce qui importe c’est de savoir que dans la carte il existe une sorte de projection de ce qu’est vraiment la réalité.
Par ailleurs, elle permet à un individu d’être déjà un touriste qui voyage à travers un texte, une illustration, pouvant l’aider à avoir déjà un aperçu de ce qui existe réellement, c’est donc dans une autre manière une sorte de préparation morale du futur touriste, une future réalisation de ce qu’on sait déjà mais que l’on a pas encore l’occasion de saisir.
En outre, « The traveler’s gaze, moreover, presupposes a non-appearance, invisibility within the reality which he is observing (thus, to the eyes of the observed, to the ‘Orientals’): the ability to see without being seen. For it is precisely such invisibility (obviously impracticable) which confirms our traveler’s collocation as the detached observer surveying the spectacle of the world”.
En d’autres termes, la carte permet de voir ce qui n’est pas visible pour le moment mais permet juste une transposition de place qui amène le touriste vers une exploration imaginaire. Aussi, la carte est donc une sorte de figure qui permet une représentation dans la mesure où la spatialité est ici reproduite de telle sorte que celle-ci « … set(s) up the world as a picture … ans order(s) it up before an audience as an object on display, to be viewed, experienced and investigated » ( Mitchell, 1988 : 6).
Nous pouvons aussi notifier l’idée selon laquelle la carte n’est pas seulement un produit destiné exclusivement à orienter les touristes ou les voyageurs, elle est aussi tout aussi bien un moyen permettant à tout à chacun de produire des expériences aussi subjectives que possibles ainsi que d’une reproduction de l’espace qui nous convient à prendre en compte.
Outre cela, sur ce qui est de la fonction de représentation, la carte est aussi le moyen par excellence pour reconstituer la réalité, pour ne citer que King qui nous avance que « maps … can create realities rather than just express existing ones ».
Ceci nous permet de reconnaître qu’il existe en effet une sorte de relation entre la notion de spatialité et la représentation cartographique dans la mesure où cette dernière met en exergue une reconstitution de la réalité.
Dans la même idée, nous soutenons aussi le fait que cette réalité, bien qu’elle est un petit peu biaisée par la reproduction cartographique dépend de la perception subjective de chacun quant à l’appréciation de cette éventuelle réalité.
Cette dernière représente considérablement la destination par excellence du futur touriste.
En outre, si on intègre la notion de spatialité dans un domaine purement métaphorique nous serons amenés à considérer le récit de voyage comme le texte brut présentant l’espace de l’Autre.
Dans cette idée, quand on se réfère à l’espace de l’Autre nous avons donc toute une possibilité, un libre choix dans notre interprétation ainsi que dans notre appréciation de cet Autre.
Saïd avance même que « … des entreprises culturelles comme la fiction narrative et l’histoire supposent qu’un ego, un sujet qui est l’autorité centrale, ait le pouvoir d’observer, de classer et d’enregistrer.
Dire de ce sujet, en frisant la tautologie, qu’il écrit parce qu’il peut écrire, c’est renvoyer non seulement à la société nationale mais aussi aux réalités mondiales.
Le pouvoir de représenter, décrire, caractériser et dépeindre n’est pas aisément accessible à tout membre de toute société.
De plus, le « quoi » et le « comment » de la représentation des choses sont circonscrits et règlementés au niveau social, même s’il reste une marge de liberté individuelle considérable » (Saïd, 2000 : 135-136).
Nous pouvons comprendre par là que la personne à qui s’adresse la narration imaginaire est en mesure de concevoir ce qu’elle voudrait bien réaliser, mais ceci dans le cadre de l’imaginaire.
Toutefois, volonté individuelle d’évasion est limitée dans le cadre social du fait des aspects catégorisés parmi les stéréotype lesquels nous devons aussi prendre en compte.
Par la même occasion, King défend l’idée que : « The power to map or to narrate, or to keep other forms of mapping at bay, is a key element in the ability to claim a territory » (King, 1996: 139).
Aussi, dans ce propos nous pouvons retenir le fait qu’aussi bien la carte et le récit de voyage nous offrent la possibilité de faire un choix de destination, une destination constituée par la carte ou citée dans le récit, et ces derniers sont les principaux éléments nous permettant d’y accéder.
Aussi, la carte dispose d’une influence importante dans notre conception du monde.
Huggan nous propose justement son idée dans la mesure où il met en évidence le pouvoir ainsi que la supériorité de la carte dans la mise en valeur d’endroit imaginaire dans notre subconscient : “The representation of reality endorsed by mimesis is, after all, the representation of a particular kind or view of reality : that of the West … the imitative operations of mimesis can be seen to have stabilized (or attempted to stabilize) a falsefy essentialist view of the world which negates or suppresses alternative views which might endanger the privileged position of its Western perceiver” (Huggan, 1989: 116). Dans ce cadre, il se pourrait que la carte nous représente une vision très biaisée de la réalité, une vision qui peut être faussée dans la réalité.
Outre cela, nous allons présenter une dernière acception de la carte : « The map, as a mechanism which can order a city, overlaps with a traveller’s expectations, guides a traveller through strange streets toxards expected monuments and sites (sights). What is sought on the map is, more often than not, found. The production of space is intricately coordinated with the metaphorics of travel, especially in so far as these appear in official representational forms, and industry adjuncts.”
Cela va sans dire donc que la carte, au delà de se simple représentation est aussi source de grande connaissance pour chacun dans la mesure où elle comporte de manière implicite un fond basé sur la géographie imaginative.
Section 2 : La géographie imaginative
Avant d’entamer l’analyse de la géographie imaginative initiée par E. W. Saïd, il s’avère nécessaire de d’analyser l’acception même du voyage.
D’une manière générale, le voyage implique un déplacement effectué d’un point à un autre dont la raison peut être d’ordre purement personnel ou professionnel. Le tourisme entre dans le cadre des voyages à caractère personnel.
On entend par périple le voyage qui se fait en mode circuit, qui consiste en un déplacement circulaire du point de départ pour ensuite y revenir.
Dans ses prémices, le voyage était effectué pour des pratiques courantes, notamment le commerce, l’exploration, …
Le voyage est devenu depuis le XIXème siècle le déplacement par excellence pour les touristes qui, voyagent juste pour assouvir leur désir d’évasion ou de quête de nouvelles cultures.
Par ailleurs, l’on assiste aujourd’hui à une évolution de sa conception dans la mesure où le voyage devient de plus en plus sensible à une forte célérité du fait de l’influence des nouveaux moyens de transports très perfectionnés mais aussi depuis la mise en place de nouveaux instruments et méthodes de voyage pour l’identification du monde, notons plus singulièrement la cartographie qui représente et réduit le monde dans une simple carte.
Ce qui réduit aussi par la même occasion les effets de surprise ainsi que la lenteur des explorations.
Entrons maintenant dans le vif de notre sujet. En quoi consiste cette géographie imaginaire ? Sur une base littéraire de Saïd, la géographie imaginaire n’est autre que la transposition dans une espace qui n’est pas le notre, en d’autres termes, c’est l’exploration de l’Autre.
On y implique aussi la notion de représentation dans la mesure où l’on donne une importance particulière à la notion de distance et d’altérité.
De plus, Saïd base sa théorie sur l’idée qu’il existe une forte relation humaine au niveau de la spatialité mais aussi l’existence d’une dualité dans la forme de présentation de cette relation qu’est l’instauration aussi bien d’une touche de distance que de proximité.
Le concept de Saïd poursuit l’idée de Levi-Strauss dans l’appréciation de ce qu’est la spatialité.
Aussi dans ce cadre il avance que « …the point Lévi-Strauss makes is that mind requires order, and order is achieved by discriminating and taking note of everything, placing everything of which the mind is aware in a secure, refindable place, therefore giving things some role to play in the economy of objects and identities that make up an environment” (Saïd, 1978: 53).
De là, selon Saïd, l’espace est en quelque sorte cet élément qui domine la pensée humaine dans la mesure où il fait en sorte que chacun ait le souci de la recherche de la détermination ainsi que de l’altérité de la place qui est exigée par la rareté des choses ainsi que des identités. Ici il fait donc référence au caractère économique des variables constituant l’environnement touristique.
Toujours dans le domaine de la recherche de l’altérité, Saïd s’appuie aussi de l’idée de Bachelard quant à l’appréciation de l’existence d’une certaine diversification arbitraire entre soi et l’autre.
En effet, dans cette idée, le notre diffère de l’Autre dans la mesure où les espaces où se développent les diverses pratiques évoluent d’un espace à une autre. et il s’avère nécessaire de noter que l’espace fait partie intégrante de l’imaginaire et de la simple représentation. Et c’est ce double caractère, aussi bien imaginatif que représentatif que constitue ce que Saïd perçoit comme « géographie imaginative ».
Dans ce sens, l’on transpose à la notion d’espace une appréciation spéciale dotée d’un sens aussi bien émotionnel que rationnel, ceci par le biais des poèmes qui relatent ce qui se passent ailleurs, qui relatent aussi des endroits qui nous sommes anonymes mais qui deviennent par la suite une situation mais aussi une entité à part entière de notre vie quotidienne et de notre connaissance personnelle.
D’après Saïd, nous sommes en face d’une sorte de système qui est existe « en plus de ce qui apparaît comme du savoir simplement positif » (Saïd, 2005 : 72).
En d’autres termes, la spatialité regorge d’informations inépuisables, source de connaissance pour toute personne qui s’y intéresse de près mais aussi pour les simples individus qui la côtoie.
Il existe aussi l’émanation d’une politique de l’espace qui prend pour base la géographie imaginaire elle-même et qui prend pour principale stratégie et champs d’investigation la distribution effective de la population dans un espace qui est considérablement large.
Dans ce cadre, Saïd rejoint l’idée de Foucault qui argumente une idée de relation étroite entre la notion d’espace et de pouvoir dans la mesure où les deux éléments sont interdépendants et le pouvoir ne pourrait exister sans une espace dans laquelle il puisse faire ses preuves.
En effet, pour Foucault[5] il est important de déterminer « comment l’espace (fait) justement partie de l’histoire, c’est-à-dire comment une société (aménage) son espace et y (inscrit) les rapports de force. ». Et d’insister sur le fait que l’ « on peut faire toute l’histoire d’un pays, d’une culture, ou d’une société, à parti de la manière dont l’espace y est valorisé et distribué ».
Enfin, pour lui, « l’espace est fondamental dans tout exercice du pouvoir ».
En d’autres termes, Foucault veut insister sur le fait que l’espace jour un rôle important dans la mise en place et la mise en effectivité d’un pouvoir de telle sorte que la bonne manipulation de celle-ci pourrait permettre la mise en place de stratégie qui ne peut pas être défaillante. Aussi, l’espace constitue un élément incontournable dans la machinerie du pouvoir. Il désigne ce rapport entre pouvoir et espace par la notion de « discipline ».
Pour être plus clair, notons l’idée que par l’aménagement d’un discipline est nécessaire dans la mesure où la bonne gestion d’une espace ne peut être conditionnée que par la mise en place d’un ordonnancement spatial des individus la composant.
Par ailleurs, « la description spatialisant des faits de discours ouvre sur l’analyse des effets de pouvoir qui leur sont liés » (Foucault, 1994, t.3, n. 169 :34).
En d’autres termes, on suppose une mise en place d’une construction discursive de ce qu’est la géographie imaginative avec toutes les hiérarchisations spatiales qui y sont afférées.
Notons comme illustration à cette hiérarchisation a distinction que l’on fait assez souvent entre l’Occident et l’Orient, dont le premier désigne une espace, une société déjà bien évoluée économiquement par rapport à l’autre qui demeure dans la misère ; c’est aussi le cas pour la distinction entre le Nord et le Sud, le Centre et les périphéries, …
L’approche de Foucault sur l’existence d’un lien entre pouvoir et espace entre dans le cadre de la géopolitique, inspirée essentiellement des faits marquants à l’ère coloniale.
En effet il tend le champ d’investigation de sa recherche sur « les points par lesquels les discours se transforment dans, à travers et à partir des rapports de pouvoir » (Foucault, 1994, t.3, n.169 :33)
Saïd poursuit aussi et partage les mêmes théories que Foucault toutefois il lui reproche le fait que Foucault ne donne pas au principe d’altérité une place assez particulière.
Pour lui : “ He seems unaware of the extent to which the ideas of discourse and discipline are assertively European and how, along with the use of discipline to employ masses of detail (and human beings), discipline was used also to administer, study, and reconstruct –then subsequently to occupy, rule and exploit- almost the whole of the non-European world” (Saïd, 1983:222)
Aussi dans cette idée, Saïd l’idée de mise en place de discipline spatiale, toutefois, il dénonce la tendance trop eurocentrique de Foucault dans la détermination du rapport espace et pouvoir.
Par ailleurs, pour lui, la notion de discipline initiée par Foucault constitue en quelque sorte une « anatomie politique du détail ».
Aussi, pour lui l’explication de la géographie imaginative de l’Orientalisme est cadré dans cette anatomie politique du détail dans la mesure où pour lui cette explication n’est autre qu’une discipline du détail.
Il nous avance même que « most of all it is a discipline of detail, and indeed as a theory of Oriental detail by which every minute aspect of Oriental life testified to an Oriental essence it expressed, that Orientalism had the eminence, the power, and the affirmative authority over the Orient that it had. » (Saïd, 1983 : 223)
Outre cela, la notion de discipline implique d’autres notions telles que la « visibilité permanente » mais aussi la notion de « surveillance centrale ».
Aussi, dans cette idée, Foucault avance le fait qu’il existe une sorte de répartition spatiale de la discipline et que de telle manière tous les individus évoluant dans l’espace fassent l’objet d’une surveillance complète et objective, une surveillance émanant d’une autorité centrale.
En outre, il souligne que « c’est la surveillance permanente, classificatrice, qui permet de répartir les individus, de les juger, de les évaluer, des les localiser et, ainsi de les utiliser au maximum » (Foucault, 1994, t.3, n.234 : 517).
Aussi, dans cette idée Foucault insiste sur le fait que c’est la fonction spatialisante et visibilisante de l’ordre disciplinaire qui assure le contrôle de la société mais aussi la construction d’une hiérarchie pour permettre l’effectivité de l’autorité mais aussi du pouvoir disciplinaire.
De plus, de part cette politique basée sur le facteur espace-pouvoir de Saïd tend vers l’affirmation d’une altérité entre l’espace de soi et l’espace de l’autre, mais aussi une dualité du fait qu’outre cette altérité il y a aussi la notion d’appropriation de l’espace de l’autre, ceci étant une forme assez courante du colonialisme et de l’impérialisme.
Cette problématique poursuit donc l’idée originale du tourisme qui se base sur le fait d’une relation étroite entre vision et appropriation.
PARTIE III : GEOGRAPHIES IMAGINATIVES DE QUELQUES INDES CONTEMPORAINES DE LA MISERE : CAS POUR LE CALCUTTA
Chapitre 1 : Historique de la misère du Calcutta
Section 1 : Situations géographique et historique
Parmi les multiples Etats qui constituent l’Inde, le Bengale-Occidental nous intéresse plus particulièrement dans l’approche que nous voulons réaliser. Vu sous un cadre général, l’Etat est bordé par le Népal et le Sikkim au nord-ouest, par le Bhoutan au nord, l’Assam au nord-est, le Bangladesh à l’est, le golfe du Bengale au sud, l’Orissa au sud-ouest et le Jharkhand à l’ouest. Mais en voulant entrer plus dans les détails, c’est à la ville de Calcutta, sa capitale, que nous voulons focaliser notre regard vu la complexité de ce qu’elle représente.
Pour mieux situer géographiquement cette localité, il faut se référer au célèbre Delta du Gange ; autrement dit, vers la partie orientale de l’Inde. Située à une altitude frôlant le niveau de la mer, la ville de Calcutta se tient sur la rive gauche du fleuve dénommé Hoogly qui n’est autre que l’un des bras du Gange.
C’est sur ce fleuve que s’est réellement arboré le plan d’aménagement de la ville. Face à cela, elle s’est surtout développée sur d’anciens terrains marécageux. Intimement liée à cette situation géographique, le climat est déterminant pour beaucoup les conditions d’existence des habitants de cette ville.
En caractère général, le climat constaté à Calcutta peut être catégorisé de climat tropical avec une forte influence de la mousson. Cette dernière, qui sous l’influence orographique de l’Himalaya, peut provoquer des cas extrêmes de précipitations puis d’inondations néfastes dans cette partie de l’Inde. La température moyenne annuelle y est aux alentours de 27°C avec une amplitude thermique annuelle de 4 à 5°C.
A part cette influence de la plus grande chaîne de montagnes du monde, le golfe du Bengale applique aussi une force conjuguée en faveur de ce phénomène de mousson par l’humidité de l’air. Les mois où les précipitations sont à leurs plus hauts niveaux se situent entre Juin et Septembre.
Pour ce qui est de l’origine du nom de « Calcutta », elle est étroitement liée à l’hindouisme. En effet, le caractère religieux revêt une importance non négligeable dans la vie de la ville. Dans cette optique, Kâlî semble vraisemblablement à l’origine de tout. C’est la déesse du temps et de la mort ; autrement dit, celle de la délivrance.
Mais en même temps, elle fait aussi figure de mère destructrice et créatrice, la force qui détruit les esprits mauvais et qui protège ses dévots. Ces derniers et certains pèlerins demandent renfort et soutien pour la résolution de leurs problèmes domestiques. Des sacrifices de chèvres lui sont mêmes offerts dans certains temples de la ville. Pour les Bengalis, c’est surtout ses aspects maternel et protecteur qui sont primordiaux.
En dehors du Bengale pourtant, ce sont ses caractères destructeur et effrayant que les croyants sont les plus portés. Il est facile alors d’établir le lien qui a donné son nom à Calcutta par l’intermédiaire de Kalikata, un des trois villages loués à la Compagnie anglaise des Indes orientales, à l’origine de la ville.
Pour beaucoup, cette divinité fascine, tant bien les occidentaux que les indiens eux-mêmes, de part cet aspect de dualité dont elle fait figure. Kâlî est montrée avec les traits les plus effrayants qui soient dans le monde des divinités hindoues.
A première vue, un sourire grimaçant se dessine sur son visage. Elle a quatre bras, une épée dans l’une et la tête d’un démon dans l’autre ; alors que de ces autres mains, elle bénit ses dévots et les rassure de ne rien craindre tant qu’elle tant qu’elle les a sous sa protection. L’aspect terrible de Kâlî ne décourage pas ses fidèles car ils aiment la grandeur et le sublime du symbole qu’elle représente. Dieu n’est pas seulement une figure bénissante, car la réalité reflète aussi les tragédies de la vie. Autre caractéristique qu’elle possède, ses trois yeux qui représentent les trois modes du Temps : le passé, le présent et le futur. Chaque trait physique a une signification bien précise mais c’est l’importance de ce double rôle que l’on veut mettre en avant.
Pour ses dévots, cette double facette, n’est au fond, que le symbole d’un équilibre d’ordre cosmique car la mort n’est pas la destruction de la vie car de la mort émerge une nouvelle vie, qui trouve son accomplissement en luttant dans la bonne direction.
Concernant la dévotion des fidèles envers leur vénérée déesse. Le Bengale étant la partie de l’Inde où son culte est le plus développé, on peut en juger que c’est là-bas que l’on peut y trouver le plus grand nombre de temples qui lui sont consacrés.
Selon la ferveur de ces fidèles, l’architecture et la disposition d’un temple doivent suivre certaines normes. Un temple hindou est presque toujours construit selon le même schéma qui reprend six fonctions :
- un toit qui représente la montagne mythologique “Meru” surplombée d’une flèche qui en symbolise le sommet.
- une chambre intérieure où est installée la représentation de la divinité, personne ne peut pénétrer dans cette pièce à part les prêtres.
- un hall où les fidèles se rassemblent pour prier où assister aux rites effectués par les prêtres.
- un vestibule où est accrochée une cloche que sonnent les fidèles pour invoquer les dieux, et éloigner les esprits diaboliques et sataniques.
- un promenoir autour de la chambre intérieure pour permettre aux fidèles de déambuler autour de la représentation de la divinité, en marque de faveur et de respect.
- un réservoir d’eau dont le contenu est utilisé pour les rituels et nettoyer le sol du temple.
Le plus célèbre d’entre eux est sans conteste le Temple de Kalighat qui se trouve dans le quartier du même nom, c’est le plus vénéré des temples hindouistes à Calcutta. Mais là encore, la réalité rattrape les éventuels visiteurs car la zone autour du temple Kalighat est un quartier où l’on peut rencontrer les plus misérables des mendiants.
A part cela, l’Inde ; et surtout l’Etat du Bengale regorge de belles facettes qui ne peuvent que réjouir les touristes, si on en revient à parler de l’attrait de la ville. Toujours cette double facette qui suit de près la réputation de la ville.
Prenons par exemple, le Marble Palace pour sa décoration intérieure de style : caverne d’Ali Baba ; mais où toutes les époques et les styles sont mélangés ou le Tagore’s House, ancienne maison du plus célèbre poète indien, Rabindranath Tagore.
Outre cela, les occidentaux qui se sont penchés sur la question aussi expriment leur fascination envers cet aspect ambivalent de cette divinité hindoue. Ce n’est pas tant sur le plan spirituel mais sur la métaphore que Kâlî représente dans la vie de Calcutta. D’un point de vue général, c’est là que les extrêmes se rencontrent.
D’une part, la ville de Calcutta qui a vécu une histoire glorieuse avec le passé commun sous la colonisation britannique, avec les vestiges de cette période ; puis de l’autre, la misère et l’extrême pauvreté qui y règne de nos jours.
D’une certaine manière, Calcutta peut être la perception palpable d’une métaphore dans l’espace de ce que pourrait être le Tiers Monde selon ces occidentaux. Pour dire les choses plus simplement, comme le dit explicitement Moorhouse, cette ville serait donc « la métaphore de la pauvreté du Tiers Monde ».
Ce « cliché » est devenu peu à peu un paradigme incontournable au fil des années dans les œuvres littéraires prenant en référence à sa situation.
La réalité sur terrain ne fait, en effet, que corroborer ce statut indécollable de la capitale bengalie. En termes de recensement humain, Calcutta parvient encore à abriter plus d’une douzaine de millions d’habitants malgré sa situation géographique « à risque » face aux catastrophes naturelles. Ce chiffre fait d’elle la deuxième ville la plus peuplée de l’Inde après celle de Mumbay depuis les années 1980.
Pourtant, les mauvaises conditions d’installation et les contraintes naturelles ne sont pas à négliger dans cette partie de l’Inde. Elle a ainsi la triste réputation d’être la première ville indienne en densité de logements et de population. Malheureusement, plus les années passent plus Calcutta confirme l’étiquette qui lui a été posée depuis ces décennies. Il lui est plus difficile de se dissocier de la pauvreté.
Cette période s’est nettement démarquée depuis la fin de la colonisation britannique et continue à se perpétuer de nos jours. Ce qui est encore plus désolant, c’est que la réalité est d’autant plus choquante pour les touristes qui peuvent voir de leurs yeux des cas de dégradations de la dignité humaine.
En l’occurrence, le grand nombre de mendiants, les misérables conditions de vie dans lesquelles ces derniers vivent, et tant d’autres facettes de cette pauvreté ambiante. On en vient même à montrer un certain pessimisme hors norme en évoquant une « agonie » de la ville dans le roman Parias de Bruckner.
Bref, l’acception occidentale de la misère bengalie touche « l’état de choc » dès le contact avec ce monde auquel il n’est pas habitué à voir. C’est le cas, par exemple, de Maurice Bedel qui s’y est rendu vers les années 1950 ; en employant des mots assez vifs pour qualifier ce qu’il pouvait y constater. Dans son rapport de voyage intitulé Sur la route de Calcutta, il remet en question la dignité humaine sans mâcher ses mots en la traitant de « hideuse » à Calcutta.
La ville, de part ces réflexions que sont faites les occidentaux, se rendit tristement célèbre alors aux yeux du monde. Ayant pris le même départ que le terme de « Tiers Monde » au début des années 1950, rendait Calcutta encore plus abordable en tant que vitrine à laquelle on avait la facilité de prendre exemple.
Ce n’est nul doute pour cela que mère Teresa est entrée en scène, ne pouvant plus accepter ce chaos qui s’installait peu à peu et commence alors à capter l’imagination des masses occidentales (comme le dit si bien Roberge dans Reader’s Diges, 163).
De part son geste et sans le vouloir exprès, c’est elle qui a réellement rendu Calcutta sur le devant de la scène mondiale. Les débuts des années 1960 marquaient ce formidable récit de vie d’une bonne sœur battante ; elle allait signer de son encre l’histoire de cette ville à la réputation mal famée. Ses efforts furent récompensés en recevant le prix Nobel de la paix en 1979 pour ses multiples actions humanitaires vis-à-vis de ses pairs, surtout les plus démunis. Pour esquisser une brève esquisse de ce qu’a été sa vie, cette messagère de Dieu à la petite stature est née le 26 août 1910 à Skopje, une ville située en Bulgarie. Cadette de sa famille, son nom d’origine était Gonxha Agnès. Ayant eu une vocation catholique très tôt, les valeurs chrétiennes s’imprégnèrent en même temps avec elle. Le jour de sa première communion fut le déclic d’un grand mouvement qui allait bouleverser sa vie. La mort soudaine de son père, quelques années plus tard, laissa sa famille dans une condition financière quelque peu difficile. Leur mère éleva seule ses enfants mais avec amour et aplomb, influençant pour beaucoup le caractère et la vocation de la petite Gonxha. Sa formation religieuse fut soutenue et la paroisse jésuite du Sacré Cœur a fortement contribué à la faire transformer et à évoluer en ce qu’elle est devenue plus tard. Il faut dire qu’elle avait de bonnes raisons de se soucier de cette extrême pauvreté car sa ville de cœur se trouve être le reflet d’une Inde qui s’est engouffré dans une impasse économique. Car la nouvelle acception déductive de Calcutta en
matière de « sous-développement » à laquelle nous réfère encore Roberge coïncide avec ces années où mère Teresa a été prise d’élan pour ses œuvres caritatives.
Calcutta devient ainsi un terrain d’action idéal pour le développementalisme avec « ses projets économiques », initiée par la fondation Ford en 1965. On y concoctait entres autres, l’élaboration d’une stratégie développementaliste. Son application à l’institutionnalisation du développement à Calcutta prit forme dès 1970 ; et conjointement avec les œuvres de bienfaisance de la « madonne des slums » (Roberge).
En ces années-là, on tenait compte de la pauvreté comme un phénomène de nature fondamentalement rurale. De ce fait, on spéculait sur le fait que chaque projet devait se concentrer sur les milieux ruraux pour avoir un effet durable (De Ponte, 2002 : 232). En ce temps, les investissements multilatéraux d’aide au développement avaient donc un caractère plus ou moins ponctuel.
Perçue comme un grand gisement de capitaux, de services et de main-d’œuvre souvent à prix réduit; donc, un axe potentiel de développement, la ville apparaissait comme une solution évidente (ibid.). Or, l’auteur note que l’entité ville-campagne ne doit être dissociée pour avoir plus d’efficacité; vu que l’on pourrait risquer aussi une augmentation de la pauvreté (ibid).
Mais il est faux de prétendre que Calcutta n’a pas d’attrait ; au contraire, les monuments architecturaux, dont la plupart sont historiques, ne manquent pas pour charmer les touristes. Loin des images négatives marquées par la misère, Calcutta demeure le centre culturel et intellectuel de l’Inde.
Elle offre en effet de nombreuses visites intéressantes et regorge d’imposants bâtiments coloniaux hérités de la domination britannique ou le marché aux fleurs de Mullik Ghat, au pied du pont Howrah… Comme nous l’avions déjà énoncé auparavant, les Temples comme celui de Kalighat forment le joyau de la culture bengalie ; mais il y a aussi les vestiges de la colonisation britannique qui sont la trace d’un prestige abandonné.
L’exemple le plus proche est celui du Victoria Memorial, justement en guise d’hommage à la reine Victoria qui devint l’impératrice de l’Inde en 1876. Nous y reviendrons sur le point de vue touristique mais sur le plan historique, ce monument représentait une importance économique mais aussi politique de l’établissement de la prééminence de la présidence du Bengale. Ceci a commencé depuis 1773 et connut une fin lors de la disparition des Compagnies des Indes orientales en 1857.
D’autres monuments tous aussi prestigieux témoignent des grandes richesses historiques et architecturales de cette ville, si l’on ne cite que les autres cathédrales et jardins botaniques. Ce prestige qu’on lui a conféré en période de colonisation restera gravé dans les entrailles de Calcutta. Celui-ci témoignera aussi de sa position en tant que centre majeur du commerce, de la marine marchande, des finances et des investissements britanniques en Asie; sans parler de la force de commandement militaire qui lui était sans égal dans toute l’Inde (Sarkar, 1997 : 31).
Malgré cela, la gloire de la ville repose surtout sur ses vieux lauriers car il est difficile de se détacher de l’image insalubre et misérable de cette partie de l’Inde. Les questions d’ordre sociales, préoccupent aussi les dirigeants, outre celui de la pauvreté proprment dite. De nos jours, les taux d’alphabétisation se sont également améliorés.
Le Government’s National Policy on Child Labour a créé environ 100 projets nationaux concernant le travail des enfants, dans 13 Etats. Ils fournissent à ces enfants des écoles spéciales permettant la réhabilitation, avec une éducation non formelle, une formation professionnelle, des soins de santé, des allocations et suppléments nutritionnels.
Les enfants peuvent également avoir besoin d’aide pour se soustraire à des situations d’exploitation sexuelle à des fins commerciales, accéder à des soins médicaux et psychosociaux adéquats, trouver des solutions à long terme et, dans la mesure du possible, retrouver leur famille.
Autre préoccupation, L’exploitation sexuelle des enfants a une très grande ampleur en Inde, sous toutes formes. Selon certaines sources l’Inde est considérée comme le pays remportant le triste record du plus grand nombre d’enfants prostitués. A tout niveau l’Inde est une véritable plaque tournante dans le trafic d’enfants ayant pour but l’exploitation sexuelle à des fins commerciales.
Elle est à la fois lieu d’origine de ces enfants, de destination mais aussi de transit. La hausse de la pauvreté, combinée aux grands profits que se font les maisons closes face à la demande accrue de jeunes filles (ce qui résulte sûrement de la peur d’attraper le VIH/SIDA avec des prostituées plus expérimentées) ont contribué à l’augmentation du trafic ces dernières années.
Section 2 : La dualité : caractéristique de Calcutta
Pour les touristes, nombreux sont les bons côtés et les opportunités que la ville peut offrir. Nous n’avons pas manqué l’occasion d’en citer quelques-uns dans les lignes ultérieures; et nous ne manquerons pas non plus de rentrer un peu plus dans les détails plus tard. Nous voulons en venir au fait qu’en tant que touristes, ils ne peuvent avoir qu’une simple esquisse de ce qu’il en est vraiment de la situation de Calcutta.
De part sa double facette, la part « pessimistique » l’emporte sur ce que l’on peut entrevoir d’agréable. « Pourquoi cela? », nous direz-vous.
De nombreux qualificatifs ont été associés à l’image de Calcutta pour ne citer que les suivants : « miniature du Tiers Monde » par Moorhouse (1971), « hell of a place » ou plus explicitement « l’enfer » par Lelyveld (1975), « ville paria » par Guillebaud (1979), ou carrément « laboratoire de survie » par Lapierre (1986), « principe de ruines » par Sallenave et tant d’autres encore. Par tous ces qualificatifs des plus péjoratifs, la perception de l’imaginaire occidental de Calcutta souligne l’inéluctable « statut-étiquette » de la ville pour penser à son extrême pauvreté.
Pour Roberge : « Que ces pays [asiatiques], que Calcutta, en particulier, aient été les victimes du colonialisme lui semble accidentel » (163). Dans cette optique, la conception même de l’histoire que Calcutta a vécue, semble être un mythe et non la réalité. Et Lévi-Strauss semble adhérer à cette vision « mythique » du vécu colonial de la ville.
Or, cette même omission du sens historique mérite d’être singularisée, car elle est aussi caractéristique particulière de l’idéologie du développement dans le sens où c’est presque normal de passer par cette étape de sous-développement avant d’atteindre le vrai développement économique et autonome (après un « coup de pouce » financier de la part des bailleurs de fonds).
Ainsi, on a constaté vers le début des années 1960, la multiplication des œuvres de bienfaisance à Calcutta (op. cit:166); telles que mère Teresa le faisait. En effet, la « capitale de la misère », comme le qualifie Roberge, a été mise sous le feu des projecteurs. Les ONG se font peu à peu remarquer dès cette époque. « Frères des Hommes » (FdH), une ONG laïque du Nord avait débuté son « aventure humaine au service de la solidarité » dans les bidonvilles de Calcutta et servait d’assise aux actions caritatives de mère Teresa ou celles des autres. Marquiset, humaniste et visionnaire, a découvert Calcutta.
Profondément touché par le spectacle désolant de cette « capitale de la misère »; il décide de créer, dès son retour en France, l’association frères des Hommes. Il recrute des volontaires prêts à l’accompagner durant son prochain retour en Inde.
Ensemble, ils vont créer le premier centre Frères des Hommes à Calcutta et distribuer des repas aux enfants.
Il convient d’avancer que la gestion humanitaire de la perception collective du public entraîne une conséquence importante sur la représentation de l’altérité. Le monde occidental culpabilise, en quelque sorte, d’avoir fait partie des « bourreaux » initiateurs de l’apparition du Tiers-Monde. D’une autre part, l’image étiquetée à Calcutta, revêt aussi une certaine mise en valeur, idéalisation et caractère esthétique à cette pauvreté indienne.
Les organisations caritatives chrétiennes contribuent beaucoup à redorer cette vision de « La cité de la joie » de part les dons et aides que l’on peut prodiguer aux plus démunis. Calcutta devient tout un symbole de la lutte contre la pauvreté. En voulant toujours prôner le « bon » exemple de mère Teresa, le Nirmal Hriday était un foyer consacré aux personnes mourantes qui lui fut confié en 1952, par un brahmane du temple de Kalighat.
Depuis le temps, une multitude d’organismes non gouvernementaux (ONG), à vocation humanitaire, ont vu le jour et ont perpétué à servir la noble cause que défendait Mère Teresa. La seule différence entre ces temps-là et l’époque où nous vivons, c’est la grande avancée en matière de nouvelles technologies (de télécommunication et d’information). Cela apporte une nette amélioration dans les tâches incombées à ces ONG. Par exemple, cela peut s’avérer être très utiles en cas de catastrophes naturelles pour les collectes de dons, argent ou autres services.
Ceci étant, ces aides médicales et humanitaires connaissent, quand même, une certaine limite dans le sens où le bien-être d’une personne pauvre et démunie n’est et ne sera pas totalement comblé. C’est le cas puisque l’on ne s’attaque pas réellement aux racines du problème, c’est-à-dire, l’endiguement de la pauvreté proprement dite. Cette lutte devient alors une lutte pour la survie et non pour la vie.
On entre peu à peu dans une sphère psychologique et sociologique du fait de volontariat envers les pauvres et du geste humanitaire. Pour en finir sur ce questionnement, seul le respect de la vie est primordial aux yeux des ONG et des volontaires oeuvrant dans cette lutte acharnée contre la pauvreté. Le respect de la dignité humaine et la lutte pour la valorisation de la vie reste toujours au second plan tant que les décideurs et techniciens ne trouvent pas d’alternatives pour rehausser l’économie locale.
D’autres facteurs ont changé aussi depuis le temps ; et parallèlement à cela, l’aspect démographique a toujours été d’actualité quant au décèlement des phénomènes humains tels que le cas de Calcutta. La relation ville-campagne, aussi vieille soit-elle, reste toujours un facteur déterminant dans la vie d’une ville telle qu’elle (à part les questions de colonisation et d’autres facteurs historiques).
Les études géographiques ne permettent pas de valider l’hypothèse parfois avancée d’une désurbanisation. L’apparent déclin démographique des grandes villes dans les pays d’économie globale est compensé par une exurbanisation sur les campagnes environnantes, et donc par une large extension des zones bâties.
L’émergence de mégapoles (très grandes agglomérations de plurimillionnaires d’habitants) dans les pays mal développés (non, sous-développés) et dépendants est un des faits majeurs de la période contemporaine. Calcutta ou Bombay (Mumbai) étaient de modestes agglomérations il y a encore moins d’un siècle.
De nos jours, elles ont connu une croissance particulièrement rapide ; pouvant atteindre, désormais, une taille exceptionnelle. L’exemple le plus frappant de ce galop de croissance humaine est celui de Séoul qui comptait 280 000 habitants en 1905 ; 2,8 millions vers les années 1960 ; 5,5 millions en 1970 ; 10 millions au début des années 1990 pour 627 km2, et on pouvait compter près de 14 millions en l’an 2000.
Ceci montre très bien à quelle vitesse mais surtout, à quelle proportion la population pouvait vite asphyxier sa localisation. Sur le point de vue économique, la valeur moyenne du P.I.B. par habitant paraît également déterminante, de même que l’importance des échanges extérieurs (valeur du commerce extérieur par habitant).
Vu que Calcutta maintient toujours son activité portuaire, la moyenne régionale devrait s’en faire ressentir.
L’Inde dans sa globalité connaît une hausse générale de son économie, cela lui a permis de remonter dans le rang des nouveaux pays industrialisés depuis quelques années déjà. En même temps, le Bengale-Occidental doit aussi en profiter; que ce soit de près ou de loin.
Mais cette perspective titille quand même un profond questionnement : les (anciens) pays sous-développés doivent-ils toujours se tourner vers les aides extérieures, liées aux pays développés occidentaux, pour se sortir de l’état de pauvreté?
Apparemment, il est difficile d’envisager le cas contraire. Il faut remonter un peu plus loin dans l’histoire pouvoir suivre la logique inculquée aux récemment pays sous-développés ou moins avancés.
Tout a commencé avec le président américain, de l’après-guerre mondial. Le développementalisme, doctrine élaborée par Truman durant cette période de Guerre Froide, fut la base de la politique des États-Unis contre le bloc communiste.
Cette politique d’endiguement édictée par ce président américain consistait à offrir l’assistance militaire et financière aux autres pays du monde afin de prendre de l’avance sur ses ennemis jurés d’antan, les communistes.
Ce n’était pas seulement dans le but de les empêcher de progresser, mais aussi dans l’objectif d’accaparer les marchés des anciens empires coloniaux européens.
Ce plan vit le jour, exactement, le 20 janvier 1949. Il fit ainsi naître le concept du « développement » pour justifier, l’aide financière accordée aux nouveaux États indépendants. Ceci explique donc une large partie assez occultée par l’histoire; puisque c’est de là que l’histoire actuelle tire son origine.
Il est plus facile de prendre une image d’un patient auquel on administre du sérum pour qu’il puisse avoir une chance de survivre; mais non de pouvoir vivre normalement.
A partir de là, le schéma de la vie économique mondiale s’est muté peu à peu. Dans ce nouveau schéma de Truman, le fameux produit intérieur brut (PIB) est envisagé comme étant l’indicateur de développement économique le plus fiable.
Une série évolutive de grilles d’indices permettront alors de catégoriser et de classifier les pays selon un rang précis à chaque pays. Il paraît évident, ensuite, de suivre le cours de l’histoire : le monde se divise en trois blocs.
D’un côté, les pays du Nord qui sont capitalistes; ceux-ci sont qualifiés de « pays développés » (selon les normes qu’ils ont mises en place) et les pays du Sud dont la très grande partie était composée d’anciennes colonies. Ces derniers étaient qualifiés de « sous-développés » puisque leurs indices étaient inférieurs sur l’échelle du développement préconisé par les américains.
En parallèle à cela, le bloc communiste tenait aussi une place non négligeable dans la géopolitique mondiale. Ils avaient leurs idéaux et valeurs à défendre pour contrer la pression des américains et des pays occidentaux en général.
C’est pourquoi, les « pays sous-développés » n’appartenaient ni au cercle des pays développés ni à celui des communistes. Tous deux étaient beaucoup éloignés de ces pays du Sud. D’où l’apparition de l’appellation : « Tiers Monde ».
La mode est donc aux indices de développement humain et autres apparences statistiques. On recherche toujours des critères, des évaluations de situations, forcément objectifs, qui seraient vraiment universels et transculturels. Ce faisant, on ne quitte pas pour autant l’espace de l’imaginaire économique occidental.
Mais qualifier de besoins les éléments d’un mode vie « idéal » occidental permet de l’imposer symboliquement dans l’imaginaire des autres sociétés.
La recherche de et sur la pauvreté n’échappe ni à l’impérialisme culturel, ni à l’ethnocentrisme. Puisque l’Inde a été colonie britannique, cela va sans dire qu’elle a appartenue à la catégorie des pays « sous-développés ».
Mais comme nous l’avions mentionné un peu plus en avant, l’Inde a connu un essor économique considérable depuis. Son basculement vers la catégorie des nouveaux pays industrialisés a eu des effets palpables pour l’Inde.
On y trouve même, de nos jours, un certain nombre de milliardaires (en Dollar USD) qui jalonnent les centaines des premiers parmi la liste des personnes les plus riches du monde. Puisque le pays a enregistré une sensible hausse de sa croissance économique durant ces dernières années; cette apparition « soudaine » de nouveaux riches est de plus en plus facile à assimiler.
Au fil des années, le visage d’une Inde de « pauvres » et de démunis s’estompe petit à petit car il est en train de redorer son image. Dans certains États, ils sont réputés pour la conception de logiciels informatiques; tandis que dans d’autres, elle est fameuse pour ces spécialités agriculturales (comme le thé).
D’autres pourtant sont réputés pour leurs sites touristiques hors du commun… L’initiative d’une vocation régionale commence donc à voir le jour pour permettre de se dégager de son statut de « pays pauvre ». Elle a même pris sa revanche il y a quelques années quand une marque d’automobile indienne a pu se permettre d’acheter les actions d’une autre célèbre marque de voiture de nationalité britannique.
C’est ce perpétuel paradoxe entre la pauvreté et l’essor économique, comme cela, qui procurera toujours ce sentiment d’étonnement vis-à-vis du cas de l’Inde de nos jours. Pour Calcutta, elle doit trouver la parade de cette vocation régionale pour ne pas finir à la traîne par rapport au reste de l’Inde.
L’un des secteurs porteurs pourrait être ceux du secteur tertiaire tels que le tourisme ou les services douaniers (les échanges commerciaux avec l’extérieur via le port). Puis suivent ceux du secteur secondaire, avec les industries textiles, pharmaceutiques et autres qui ont fait sa réputation depuis ce temps.
Cette image de Calcutta regorgeant de mendiants et de cadre de vie déplorable doit ainsi disparaître peu à peu avec cette perspective de vouloir toujours aller de l’avant.
Ceci étant, ce n’est pas pour demain que l’on pourra voir ce changement radical du paysage. Malgré cela, Calcutta portera toujours les stigmates d’un passé historique lourd. Quelque part, elle portera toujours la croix de cette idéologie tiers-mondiste laquelle prône la responsabilité de cette pauvreté et de cet état de sous-développement aigu; comme celles des pays du Sud au colonialisme, et aux nouvelles formes « néo-coloniales » des pays capitalistes de l’Occident. Les malversation des ressources naturelles des pays pauvres, les effets négatifs de la Mondialisation, les effets malsains des dettes qui s’accumulent d’année en année, sans parler de l’extorsion des matières premières, et tant d’autres.
Un contraste radical se perçoit entre pays du Nord et ceux du Sud. S’apparentant aux idéaux chrétiens et touchant un peu à ceux du communisme, le tiers-mondisme aspire à la justice sociale. Selon Hours : « un monde plus juste et plus solidaire où la reconnaissance de la dignité des pauvres (ou opprimés) constitue la principale valeur des rapports, mieux son sens » (op. cit : 85), c’est-à-dire qu’il faut savoir faire la part entre l’humanisme et la mise en avant de la solidarité internationale.
Nous en revenons au fait que le développement économique d’un ancien pays en voie de développement tel que l’Inde s’est souvent appuyé sur les fonds d’aides extérieures. De récentes recherches ont révélé que la contribution de l’Organisation des Nations Unies Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) est directement basée sur le revenu moyen perçu par tout un chacun.
Le seuil minimum est de 1 dollar par jour et beaucoup de gens n’arrivent même pas à gagner ce seuil par jour à Calcutta. Pour certains organismes assez « forts » tels que les branches des Nations Unies, l’essentiel est alors de se concentrer sur la croissance économique rapide, souvent au détriment de l’équité et l’égalité pour espérer avoir une moyenne nationale plus acceptable.
Non seulement ils ne réussissent pas à endiguer la pauvreté, mais parfois ils en viennent à modifier, voire aggraver les conditions déjà vécues de la pauvreté ou créer de nouvelles tournures de la pauvreté.
Par exemple, on affirme souvent que la libéralisation du commerce et la privatisation des actifs de l’État dirigeraient l’économie vers la croissance. Par conséquent, la réduction de la pauvreté serait d’autant plus palpable.
Mais la triste réalité veut que, dans de nombreux pays en développement, cette croissance économique soit obtenue au détriment du bien-être des petits agriculteurs, travailleurs, femmes et enfants, peuples autochtones et autres groupes sociaux vulnérables, provoquant encore plus un accroissement des écarts entre les riches et les pauvres.
Ceci revient au fait que l’humanisme c’est plus qu’une valeur presque utopique quand on veut essayer de sauver une économie plus rapidement et coûte que coûte.
Mais si c’est le prix à payer pour ne plus vivre la pauvreté; alors, beaucoup de gens seraient prêts à se sacrifier pour y arriver. Dans un telle de perception du « sous-développement » surtout la pauvreté urbaine dont il est question à Calcutta, on atteint une dimension très complexe.
D’une part, elle évoque une répulsion symptomatique vis-à-vis de cette pauvreté urbaine de la ville.
D’une manière générale, cette vision presque « animale » de l’homme pousse aux extrêmes limites de la vie.
D’une certaine manière, la pauvreté extrême ou absolue étant perçue comme « la vie à la marge de l’existence » (Levi-Strauss). D’autre part, cette perception donne une valeur encore plus valeureuse et charitable de la condition humaine.
C’est pourquoi tant d’œuvres caritatives et de volontariat se penchent sur cette question car il nous vient à l’esprit que ces gens, même pauvres, n’ont pas moins de dignité que notre personne.
La pauvreté est un concept codé issu de la société occidentale basée sur l’économie et l’individualisme. Pour expliciter, c’est en sorte, une des variantes du capitalisme ou même son fruit. L’une des premières valeurs du capitalisme et tout d’abord l’enrichissement.
Or, qui dit enrichissement dit aussi pauvreté quelque part. Mais dans une démarche purement économique, la pauvreté n’est qu’un processus.
Si on ne prend que l’exemple du continent africain, ils sont confrontés à la logique économique, celle du développement global. Autrement dit, même si un pays ne parvient pas à rehausser son économie mais que tout le reste du continent connaît un sort contraire, on peut « surfer » sur cette vague de croissance globale des autres pays.
C’est le cas concret de la zone Euro actuellement, beaucoup de pays veulent adhérer à l’Union Européenne à cause de la fortification de la valeur de sa monnaie sur le plan mondial. L’Euro parvient même à déstabiliser la monnaie mondiale par excellence depuis longtemps : le Dollar.
Pour les pays encore à économie faible, c’est une logique qui tend à détruire leurs moyens de survie et leur environnement, cela les met encore plus dans l’embarras. Puisque, cela les mènerait dans une situation d’appauvrissement ou d’accroissement de la précarité auxquels ils n’ont pas pu se préparer.
Et là, la question sur la relation entre colonisateurs et colonies se pose toujours car les inégalités sociales qui découlaient du système colonial suggère, par ailleurs, qu’à la métaphore de la « cité des Palais » allait succéder celle de Calcutta de la misère extrême.
Le passage de l’âge doré de la colonisation au paysage du « handicap » économique contemporain s’est fait trop brutalement; sans que l’on ait eu le temps de sa préparer à la mutation qui allait survenir en l’espace de quelques décennies.
Les Occidentaux ressentent une certaine anxiété par rapport à ce revirement soudain de la situation de la ville en laquelle ils espéraient leur ancien joyau s’épanouir lors de son indépendance. Ceci étant, les slums et bustees s’étaient peu à peu développés en ce temps-là, mais pas autant que la vitesse exponentielle à laquelle ils se sont multipliés ces dernières années après l’indépendance.
D’antan, la frustration des colonisateurs n’était pas tant sur la crainte de leurs sécurités mais du prestige auquel ils attachent au quartier où ils habitaient. C’est en quelque sorte une honte dont on ne pouvait se cacher. Mis à part cela, les odeurs nauséabondes rendaient leurs conditions de vie.
Suite à cela, l’appellation « Cité d’épouvantable nuit » devient au fil des années la métaphore dégoûtante de tout Calcutta. Ce fait relevait des représentations coloniales; et cette altérité avec les bengalis marquait profondément les œuvres de Kipling.
La lumière sur la pauvreté des sociétés issues d’anciennes colonies s’imbrique étroitement avec la hiérarchisation internationale des niveaux de vie. Les sociétés du Tiers Monde deviennent l’objet d’une soudaine focalisation institutionnelle et médiatique des pays développés.
Dans cette optique, la « Cité d’épouvantable nuit » de Kipling devient ainsi l’équivalent de la « Cité d’épouvantable pauvreté » manifestant le dégoût mêlé d’une vision horrifique vis-à-vis de la pauvreté par les Occidentaux.
Quant à Muggeride, sa réflexion porte vers la période où la capitale indienne était transférée à New Delhi. Par conséquent, Calcutta perdait, en même temps que son titre, son pouvoir économique aussi.
L’auteur fait allusion à la cartographie coloniale de la ville blanche (occidentale) de Calcutta avec tous les petits plaisirs de la vie cette dernière lui apporta.
Certes, il n’est pas question d’une menace de « mélange » de culture entre la ville indigène sur la ville blanche mais de celle de la « Cité d’épouvantable pauvreté » qu’était déjà en train de devenir Calcutta. Point de vue qui s’opposait à totalement à celui de Kipling, qui lui, pensait que la ville indigène avait un effet négatif sur la vie des occidentaux de la ville.
Il ne se contentait pas de le penser mais l’a aussi médiatisé. Mais pour arriver à l’image apocalyptique de la ville, il a fallu qu’il y ait famine pour que les ennuis de Kipling prennent forme. Cette période coïncidait avec les dernières années de l’Empire ; qui furent marquées par l’ampleur extraordinaire de la mortalité due à cette famine durant l’année 1943 et de l’afflux massif de réfugiés et de migrants.
Il ne faut pas oublier que le Bengale se met dos à dos avec le Bengladesh géographiquement. Or, l’altitude y est très basse, ce qui rend cette région très vulnérable aux catastrophes naturelles.
Cet évènement terrible a fait l’objet d’une médiatisation, des campagnes de sensibilisation, voire celui d’une commission officielle d’enquête (dont le Rapport fut publié en 1945).
Elle aura ainsi un véritable impact sur la visibilité et la « visibilisation » de la misère de la ville.
Cet incident marqua, sans doute, un tournant quant à l’histoire de la géographie urbaine de Calcutta.
De là découle sûrement ce phénomène de masse qui a poussé les populations environnantes à prendre abri dans la ville la plus proche d’elles. Elle y prit l’aspect de plus en plus actuel de son visage que l’on voit encore grossir de nos jours.
Or, Calcutta était une ville où les occidentaux s’étaient déjà implantés. Donc, plus la population périphérique gonfle, plus les disparités commencent à se faire sentir sur le plan spatial.
Calcutta se montrait, peu à peu, en une métaphore spatiale pouvant solliciter l’imaginaire occidental du Tiers Monde. Une remarque de précision s’impose ici : ce que Moorhouse ne cherche pas à expliciter dans cette phrase, mais que l’on peut aisément remarquer dans son livre consacré à cette ville (-métaphore), Calcutta : The City Revealed (1971), c’est l’idée que c’est par la portée de la grande pauvreté que Calcutta se caractérise.
Cela rend le propos de Moorhouse plus suggestif : Calcutta serait donc la métaphore de la pauvreté du Tiers Monde.
Lorsque Jean-Claude Guillebaud, dans sa carrière journalistique inspirée d’Albert Londres, essayait de faire une approche de l’Asie de la fin des années 1970, la force d’attraction de Calcutta ne lui a point échappé : « Passez donc en revue toutes les dimensions de la vie quotidienne – politique, économique, colère, courage, détresse, etc. – et cherchez un seul endroit où les extrêmes se télescopent avec autant de violence qu’à Calcutta » (1998/1979 : 166).
En mettant l’accent sur cette extrémité des conditions de vie matérielles qu’il a pu voir en Inde (précisément à Calcutta) Pascal Bruckner, de son côté, cherche à expliquer, par le biais historique, la portée symbolique de cette ville du Tiers Monde : « Calcutta n’est évidemment pas la seule ville pauvre du Tiers-Monde. »
L’imaginaire économique est évidente au regard de l’expert extérieur ; et invisible ou presque de l’intérieur de la société concernée, la pauvreté est donc le plus souvent « non pensée ». Les processus objectifs étrangers au milieu sont ressentis et vécus comme une fatalité. Certaines populations sont désarmées face à ce destin artificiellement créé par l’occidentalisation du monde et en désarroi devant le déficit de sens ainsi advenu et vécu au quotidien.
Finalement, quel est le nombre de damnés, victimes de l’économie mondiale ? Un, deux ou deux milliards huit cents millions suivant le compte de la Banque mondiale. De ceux qui vivent avec moins d’un ou deux dollars par jour ?
Probablement pas tous ceux-là, mais sans doute beaucoup plus au total si on inclut les nouveaux pauvres de l’Occident et ceux des pays de l’Est, moins bien lotis avec quelques dollars de plus. La notion du Tiers Monde prend une proportion de plus en plus vaste (géographiquement) et commence même à ne plus connaître de limites géographiques.
Tout cela sans parler des récentes crises qui commencent à démontrer les failles du système capitaliste. Cette crise globale se ressent surtout aux pays que l’on a l’habitude de qualifier « développés ».
Ceci est la conséquence de la première règle de ce système économique : s’enrichir avant tout. Sans se soucier des retombées (négatives) sur son prochain, ces dernières années ont montré une facette que l’opinion publique ne pouvait prévoir lors de la période d’après-guerre. En se demandant si le Président Truman pouvait le faire aussi.
Maintenant, pour réduire la misère du monde, sans doute faudrait-il écouter le cri du cœur du leader paysan guatémaltèque : « Laissez les pauvres tranquilles et ne leur parlez plus de développement ». Construire au Sud comme au Nord des sociétés conviviales, autonomes et économes passe par la remise en cause radicale du culte de la croissance économique et des logiques de sa mise en œuvre.
Chapitre 2 : Place du tourisme à Calcutta
Section 1 : Aspect social du tourisme
Le tourisme à Calcutta et un propos auquel nous avons déjà touché mot mais nous allons nous y intéresser dans cette partie du travail. De tous les voyages, Calcutta est la ville des superlatifs : la plus grouillante de vie, la plus polluée, la plus malodorante, la plus bruyante mais surtout la plus misérable.
Ceux qui y sont passés soulignent toujours ce dernier trait. Avec ses douzaines de millions d’âmes, Calcutta évoque, avec raison, l’extrême pauvreté et les missions de Soeur Teresa qui se sont perpétués, même des années après sa mort.
Calcutta a beaucoup d’attrait malgré se que l’on a pu lire tout au long de se qui a été dit. L’Inde s’implique dans certains de nouveaux tourismes que l’on ne voit pas très souvent. Il se décline sous plusieurs formes : soit éthique, où certains étrangers y vont car ils pensent que c’est un devoir envers l’humanité d’y aller au moins une fois dans sa vie (sorte de pèlerinage) ; soit sous la forme humanitaire, encore des occidentaux (pour la plupart) qui souhaitent participer, de leur plein gré, à la grande lutte contre la pauvreté.
Mais on rencontre aussi des cas où on peut le qualifier « tourisme authentique » ; autrement dit, des étrangers qui veulent passer un bref moment à vivre ce que peuvent vivre les parias et
les plus démunis pour dénoncer, ensuite, ce qu’ils trouvent injuste.
Le plus intéressant pour nous se trouve être ce dernier car s’apparente un peu plus au genre d’approche que nous avons essayé d’étayer tout au long du travail.
Il n’y a mieux qu’un récit de voyage pour pouvoir toucher la réalité de la main. C’est le cas, entre autres de celui d’Alexandre Marchand, qui est étudiant en journalisme. Il s’est tout de suite rendu dans les quartiers que l’on peut qualifier de « pas fréquentable », pour justement pouvoir raconter avec objectivité la réalité qui y est vécu.
D’emblée, il se rend à Sonagachi, le quartier rouge de la capitale du Bengale occidental, où les prostituées gagnent leurs vies. Pour le bon fonctionnement de leur travail, elles ont créé un mouvement qui structure leurs vies et qui a bouleversé la hiérarchie de ce quartier. En bon journaliste, il aborde une jeune femme avec laquelle il tente de sympathiser pour gagner plus d’informations.
C’est là que l’on se rend compte de la portée de son cas car c’est grâce à ce premier contact que l’on a pu établir qu’un vaste réseau de proxénétisme avait mis la main sur la ville. Leurs histoires sont presque toujours les mêmes : un « rabatteur » leur promet de beaux jours devant elles ; puis, quand la jeune femme est amadouée, il les emmène en ville où on les achète comme de vulgaires marchandises.
On les achète, en moyenne, vers les 60 000 roupies (environ 900 euros) vers la fin des années 1990. Dans cet enfer, elles ne peuvent plus s’échapper au risque de perdre leur vie. Près de 9000 jeunes femmes semblables à son cas jonchent les rues de ce quartier fréquenté de la ville. Il y a donc un réseau et un rouage déjà bien établis ; mais les simples touristes étrangers sont loin de se douter de cette vérité-là.
Pour montrer à quel pont ce réseau est bien élaboré, ces travailleuses du sexe sont regroupées par origines géographiques : des Népalaises, des Bengali, des Bihari… sont disposés bien ponctuellement. A côté de cela, le système s’est assaini et pour chasser les vieux démons du quartier, un centre anti-trafic humain a vu le jour.
Il est impossible, théoriquement, pour une nouvelle arrivante de travailler ici sans être repérée. Il lui faut donc, pour exercer, passer devant une commission qui déterminera si elle est arrivée ici de sa propre volonté, son âge, si elle a bien considéré toutes les alternatives possibles avant de s’engager dans ce dur métier.
Ce cas de proxénétisme et de prostitution peut donc être interprété comme étant l’une des conséquences majeures de la pauvreté qui règnent dans la ville. La présence des mendiants, aussi nombreux soient-ils, n’est qu’une façade de cette pauvreté et le revers de cette surpopulation à Calcutta se fait nettement sentir de par ce témoignage. Certains vétérans du métier se rétractent afin de se vouer seulement à l’information et la prévention auprès des nouvelles arrivantes.
Les clients ont même droit à une séance d’explication tenue tous les soirs afin de leur expliquer les dangers du VIH et autres maladies sexuellement transmissibles envers eux et leur entourage.
Outre ces travailleuses du sexe, les petits voleurs aussi font partie du décor quotidien de Calcutta. Les cas de vols, de viols, de maltraitance de ces femmes et des touristes contribuent à la mauvaise publicité de cette destination qui, pourtant, mérite d’être considérée comme une destination-phare de cette partie de l’Inde.
D’après l’apprenti journaliste, ce phénomène a pris beaucoup plus d’ampleur vers le milieu des années 1990. On n’ose même pas, alors de nos jours, d’estimer leur nombre ni la propension que ce phénomène a pris depuis ce temps. Toutefois, il y a toujours le tourisme que nous qualifierons d’ « officiel ».
Les visites guidées des endroits historiques et monuments ; lesquels rendent la ville agréable à visiter et où le savant mélange de la période coloniale et les valeurs traditionnelles attirent les touristes. Autre que les trois catégories de tourisme que l’on peut rencontrer à Calcutta, c’est le tourisme de charité. John Hutnyk en a fait mention dans son œuvre intitulé : La rumeur de Calcutta: tourisme, la charité et la Pauvreté de représentation.
Cette œuvre tente d’interpréter la complexité de cette situation dans lequel les pratiques et les technologies spécifiques du tourisme, la représentation et l’expérience se combinent pour renforcer et reproduire les conditions de l’inégalité internationale de l’époque où nous vivons. Il voit le tourisme comme organisme de bienfaisance qui est égocentrique car ne s’intéresse pas vraiment aux pauvres.
Selon lui toujours : « Calcutta est considéré comme un site qui se prête à des dépenses de bienfaisance ; tel un site prêt à être travaillé, développé et à être aidé. Comme un lieu qui est considéré comme l’un de l’appauvrissement et la dégradation par les visiteurs, sa représentation en tant que telle permet un déploiement dans une économie touristique de la paupérisation, de charité et de rédemption. ».
Ses propos sont clairs, il perçoit Calcutta comme un lieu où on peut être pris par un grand élan de générosité car tellement la pauvreté peut toucher ses semblables (occidentaux) au point de vouloir « sauver son âme » ; sans doute, par crainte du jugement dernier.
Les catégories de gens comme lui, sûrement pieux, se refuse à être un simple spectateur de ce chaos qui règne dans la place. C’est pourquoi, il conscientise les gens de bonne foi à être du même avis que lui. La compréhension culturelle et la préoccupation du geste charitable ne peuvent pas représenter un défi pour la Banque Mondiale, le Fonds Monétaire International, la bourgeoisie compradore et l’ordre hégémonique qui perpétuent l’exploitation et l’oppression. Un cercle vicieux d’endettement se crée ainsi.
De ce fait, le pays sous-développé qui a emprunté de l’argent à l’une de ces institutions ne peut se défaire de ses dettes ; vu qu’ils n’ont pas pu rempli le contrat envers leurs bailleurs. Or, ces grands prêteurs d’argent savent pertinemment ce qui va se passer. Dans ce cas de figure, une mauvaise foi s’engage dans le contrat entre les deux parties ; car l’on pourrait prendre cela pour un investissement de la part de l’institution financière.
Ce n’est là donc qu’une des manifestations d’un néo-colonialisme malsain; vu que le pays encore en voie de développement est assujetti aux conditions de remboursement fixés par la partie qui a prêté cet argent.
Dans le cas du Bengale (et de l’Inde en général), l’épée de Damoclès ne lui permet pas de jouir complètement des commandements des opérations économiques à faire. Pour un exemple plus concret de ce que Hutnyk, nous allons prendre celui de Calcutta.
En supposant que l’Inde soit encore sous le joug d’un endettement auprès de l’une de ces institutions financières et que si les autorités décidaient d’aménager un site touristique, ces dernières devront avoir l’aval de ces bailleurs de fonds dans tous les volets de l’opération. Pour dire que les pays « pauvres » n’ont même plus leur mot à dire sur leur politique de gestion de l’Etat tant qu’ils sont sous la houlette des dettes internationales.
Liée indirectement à cette de gestion de l’espace de la ville, la gestion urbaine est une des chose primordiale à maîtriser pour bien pouvoir ce nombre gigantesque d’habitants. L’objet de la géographie urbaine est l’analyse des interfaces entre centralités spatiales, structures économiques, sociales et évolution démographique.
La discipline observe ainsi la répartition du fait urbain dans le monde, l’évolution des taux d’urbanisation, la distribution des réseaux régionaux de villes, les caractéristiques de l’économie et de la société urbaines.
Derrière la diversité typologique des manifestations du fait urbain, en particulier derrière les contrastes qui semblent opposer l’urbanisation galopante dans les pays mal développés et la stabilisation des taux d’urbanisation dans les pays d’économie avancée, se cache l’essence du fait urbain. Les études géographiques ne permettent pas de valider l’hypothèse parfois avancée d’une désurbanisation.
L’apparent déclin démographique des grandes villes dans les pays d’économie globale est compensé par une exurbanisation sur les campagnes environnantes, et donc par une large extension des zones bâties.
L’émergence de mégapoles (très grandes agglomérations plurimillionnaires) dans les pays mal développés et dépendants est un des faits majeurs de la période contemporaine. Que ce soient Mexico, São Paulo, Calcutta, Bombay (Mumbai) ou Séoul, elles étaient toutes de modestes agglomérations il y a encore moins d’un siècle.
Mais entre-temps, elles ont connu une croissance particulièrement rapide et atteignent désormais une taille exceptionnelle. L’exemple le plus frappant étant celui de Séoul qui comptait encore 280 000 habitants en 1905 ; 440 000 en 1936 ; 935 000 en 1940 ; 2,8 millions en 1960 ; 5,5 millions en 1970 ; 10 millions au début des années 1990 pour 627 km2. Le dernier recensement aurait compté près de 14 millions en l’an 2000.
Outre ces enjeux du développement et ces acteurs du champ, il importe également de prendre en compte le phénomène d’organisations non gouvernementales (ONG) structurant, elles aussi, les relations Nord-Sud.
Lors de la mise en place d’un de ces ONG ces trois critères sont indispensables pour permettre un bon déroulement et une bonne impartialité des opérations à effectuer, selon Charles Condamines (1989 : 12) :
– d’abord, désintéressement à toutes sortes de spéculations, c’est-à-dire, à but non lucratif ;
– puis, apolitisme qui n’est autre la neutralité envers toutes tendances politiques et à l’aspiration universaliste de l’idéologie humanitaire;
– et enfin, prendre en compte de la dimension Nord-Sud des relations : c’est la projection transnationale de l’aide et de la solidarité. Cela revêt donc un sens géopolitique. Dans cette optique, les ONG ont pour finalité d’apporter de l’aide au développement ou celle d’urgence aux plus pauvres du Sud.
Fondée sur une « internationalité » qu’il faut entendre plutôt vers le Sud; ce qui caractérise surtout son identité, cette vitalisation des sociétés civiles occidentales constitue le creuset des représentations idéologiques du Sud et de son altérité. Autrement dit, la culture prend une place prépondérante lorsqu’on évoque un pays qui n’appartient pas au cercle des pays avancés. Que ce soit le mode de vie, les identités qui marquent cette civilisation…
« [À] la suite du relatif échec des grands projets étatiques de développement » dès les années 1970, ces « structures associatives consacrées à des activités de coopération pour le développement » commencent à s’imposer et imposer la vogue des petits projets « à échelle plus locale supposés bénéficier plus directement aux populations »; et dans cette démarche elles jouissent de nouveaux flux financiers résultant de financements publics [et] de financements croissants de donateurs privés sensibles à la couverture médiatique des actions de terrain,selon Hours (1998 : 67-68) et Bonnecase (op. cit : 394 ).
De plus, depuis le début l’objectif d’« atteindre les plus pauvres » occupe une place importante dans les agendas des ONG (Revel et Roca, 1998 : 92). Bref, tout « en privilégiant le développement des peuples », de nombreuses ONG s’impliquent dans des activités d’aide (d’urgence) et de solidarité et « atteignent vers la fin des années 1970, un début de reconnaissance et de notoriété internationale » (Ryfman, 1999 : 45).
En effet, la croissance quasi-exponentielle des ONG, au début des années 1970, est étroitement liée avec la forte médiatisation internationale d’une série de « catastrophes humanitaires » telles la guerre du Biafara (s’achevant en 1970).
Puis suivi du cyclone meurtrier ravageant le pays en 1970. Après cela, il y eut la guerre menant à l’indépendance du Bangladesh (1971).
Tout cela, dans parler du tremblement de terre au Nicaragua (en 1972), la famine en Afrique sahélienne en 1973, etc.
Tout ceci provoqua la mort, le déplacement et l’extrême dégradation des conditions d’existence des millions d’hommes, de femmes et d’enfants.
Le développement de la promotion caritative en faveur des populations victimes qui s’observe aux temps des « crises » de la fin des années 1990- 2000 pose d’ailleurs la question des représentations du monde dans la mesure où les campagnes caritatives font circuler dans les médias, les images des enfants et des réfugiés affamés.
Dans la mobilisation des opinions publiques occidentales à des fins caritatives, les ONG participent ainsi au façonnement des représentations des Autres.
La qualification de « Autres », ici, se réfèrent toujours à l’axe Nord-Sud dont ce dernier fait l’image. On a tout de suite en tête, la métaphore d’un nourrisson auquel est rattachée sa mère au cas où celui-ci aurait besoin d’aide ou d’appui.
Les pays développés ont donc pris le rôle de mentor. Comme le cas des pays colonisés, il est plus facile pour eux d’aborder leur « mère patrie » en cas d’aide. Car, après tout, c’est à cause d’elles si les petites colonies n’ont pas pris le bon départ lors de la grande division du monde en deux grands blocs (capitalistes ou communistes).
Même si cette focalisation médiatique ne dure guère plus que le temps de la crise, elle a pour conséquence d’associer durablement les pays du Tiers Monde à ces images dans les pays occidentaux (Bonnecase, op. cit : 403).
Autrement dit, ces espaces humanitaires (les espaces d’intervention) prennent désormais une dimension capitale dans les géographies imaginatives des Occidentaux du Tiers Monde. Ceci est véridique dans le sens où les mass médias contribuent beaucoup à ce que les sensibilisations et les collectes de dons puissent encore s’effectuer.
Or, la médiatisation de l’activisme humanitaire qui laisse poser, par ailleurs, la question de l’instrumentalisation des images de victimes par des ONG pour leur propre usage, n’est pas un phénomène borné au début de la décennie.
Cependant, comme le souligne Vincent Bonnecase : « Le processus n’en est alors qu’à ses débuts. Les années 1980 voient se renforcer un mouvement humanitaire fortement médiatique » (op. cit : 403). Dès lors les ONG vont stratégiquement servir de la couverture médiatique des actions de terrains comme un outil fondamental pour « faire l’opinion et la faire partager » au plus grand nombre de personnes susceptibles d’être touchée par cette vague de médiatisation (Hours, op. cit : 96).
La majorité d’entre elles va intégrer ce que l’on appelle « la loi du tapage médiatique » pour reprendre l’expression de Bernard Kouchner qui dira clairement « sans image pas d’indignation » (1991 : 194). En fait, « l’aide humanitaire [sera ainsi considérée] non uniquement un enjeu moral, mais encore stratégique, politique et financier » et qu’elle est loin d’être bornée « seulement [aux] lieux où elle se déploie » (Ryfman, op. cit : 8).
Section 2 : Tourisme « authentique » : comment vit un « intouchable » au quotidien ?
Un autre exemple de tourisme authentique, mais tout aussi intéressant car le « touriste » aborde un sujet tabou en Inde : la ségrégation raciale, par les castes. Il faut dire que ce genre de dégradation de la condition humaine existe toujours malgré que l’Inde ce soit aboli par leur dernière Constitution (1947).
Avec Marc Boulet, nous allons nous immiscer dans la peau d’un indien de caste inférieur que l’on appelle « intouchable ». Journaliste français et étant polyglotte, il a parcouru le grand continent asiatique et a décidé, au début des années 1990, de se fondre à Bénarès dans la peau d’un intouchable. En voulant tenter de comprendre une société, il voulait commencer par ce que celle-ci méprise le plus. En Inde, malgré l’abolition des castes, le castéisme reste toujours un sujet d’actualité mais dont on a honte de parler, surtout aux yeux d’un étranger.
Bénarès n’étant pas une représentativité de cas pour une étude de cette trempe, sa petite enquête nous en apprend quand même beaucoup sur la place de la politesse et les petits gestes
du quotidien auxquels une personne de l’extérieur ne pourrait pas capter.
Dans sa démarche, il a voulu d’abord donner la justification de sa démarche dans laquelle il se faisait passer pour l’un des leurs.
Ceci n’a sans doute plus raison d’être expliqué car c’est pour mieux se faire une idée impartiale de la vie de ce genre de personne.
A part cela, son caractère curieux l’a poussé à tenter cette aventure de reconnaissance et de compréhension qui le « démangeait ».
En passant par l’usage d’artifices et de transformations dans tous les sens possibles du terme (tout pour faciliter l’imprégnation dans cette société).
Il nous fait partager ce qu’il a vu de ses yeux, comme les cas de maltraitance et de violence (parfois gratuite), de la part de qui que ce soit, pourvu que cette personne soit de plus haute caste que vous. Il n’y a ni critère d’âge ni de critère d’origine ; quand vous êtes de basse caste, vous ne méritez rien.
Cela pourrait beaucoup nuire à l’image de l’Inde qui se veut moderne, mais c’est une situation qui n’est pas prête de changer de si tôt.
L’allusion prise de cette situation vis-à-vis des occidentaux serait que ces derniers seraient tentés, ultérieurement, d’ajouter un autre indice à ces critères déjà sophistiqués.
Tout cela pour interpeller l’Inde, en l’occurrence, de ne plus se référer à ce système ancestral qui nuit fortement à la dignité humaine qui n’est plus d’actualité de nos jours. Etre « intouchable » mine la psychologie de l’individu en question car ces traitements inhumains ont des effets destructeurs sur lui ; tant physiquement que moralement.
Cette coutume continuera encore à perdurer tant que la force du système brahmanique aura les dessus sur les prérogatives propres à une personne. Ceci implique que malgré toute son inhumanité, son illégalité et son iniquité, ce changement ne sera pas pour aujourd’hui. Bref, l’auteur remet en question l’expression “droits de l’homme” en Inde. Il y va même à critiquer la société hiérarchique hindoue car il défend l’idée que c’est un concept moral fondé sur le respect mutuel entre les citoyens, un concept égalitaire que les hindous doivent impérativement assimiler à leur culture.
La remarque qu’il nous fait en dernier lieu est que l’Inde refuse toujours que la question des intouchables soit abordée à l’ordre du jour des Conférences sur le racisme de l’ONU. Preuve que la mentalité peut ne jamais changer malgré que la situation économique de son pays décolle.
Cela pousse à se demander si les valeurs culturelles ancestrales pouvaient se mettre en travers du développement économique lorsque celui-ci est en marche, comme c’est le cas actuellement en Inde.
D’un autre côté, cela sous-entend-t-il aussi que les pays développés tels que les Etats-Unis constituent la « vitrine » de la réussite économique et culturelle? Puisqu’en même temps, ils sont à l’avant-poste du rang des premières puissances mondiales.
En plus de cela, ils se proclament gendarme du monde lors des situations délicates qu’ils trouvent important à résoudre.
C’est le cas dernièrement avec la Guerre en Irak où ils ont décidé de l’envahir pour cause d’éventuelle possession d’armes de destruction massive. Pour ce cas précis de l’Irak, les américains ont, tant bien que mal, essayé de combler le grand abysse qu’ils ont provoqué depuis 2003.
Pour passer en revue de tout ce qui a été dit, l’importance de cette partie résidait dans le fait que tout est question de géopolitique. Ce simple mot peut tout résumer car c’est la base de tous les conflits, de toutes prospections, de toutes manipulations politiques de part et d’autre du globe.
Tout dernièrement, nous avions parlé du lien et la cause Nord/Sud qui unissait les deux extrêmes de cette planète.
D’un côté, les pays du Nord qui regroupent les grandes puissances de ce monde. Perçus comme étant les sauveurs des petits pays en détresse. Ce sont les actionnaires majoritaires de nombreuses grandes institutions ayant pour vocation d’aider les pays pauvres à se rétablir économiquement.
De l’autre côté, les pays en voie de développement du Sud, toujours à la traîne et dépendants
de ces aides prodiguées par les pays riches.
Or, c’est de cette dépendance aux aides venues de l’extérieur que vient la majorité des « embrouilles » des pays en voie de développement. Cette aide peut être assimilée à un cadeau empoisonné puisque plus l’envergure de la dette est grande, plus l’emprise des bailleurs de fonds sur les pays du Sud. En plus de cela, les deux parties savent très bien qu’à partir d’une certaine somme d’argent, il n’y a plus de retour possible pour le pays pauvre de rembourser ce qu’il doit aux bailleurs de fonds.
C’est là que l’aspect « malsain » de ces derniers se voit car si on ne les rembourse pas, ils demandent une contrepartie assez conséquente à ces débiteurs. Le pays pauvre, n’ayant plus de recours possible, doit se soumettre à cette demande de son créancier. Nous pouvons donc réaliser que ce genre d’opération financière est la manifestation d’une nouvelle forme de soumission envers les grands de ce monde.
Bref, que ce soit clair, il s’agit bien d’une nouvelle forme de colonialisme : le néo-colonialisme. Il faut dire que ces organismes de prêts d’argent tels que la Banque Mondial ou le Fonds Monétaire International constituent des instruments très efficace si l’on ne regarde que ce point de vue. Beaucoup de pays ont souscrit à de nombreuses demandes pour tenter de gérer leurs affaires d’Etat mais, hélas, la plupart d’entre ces pays ne réussissent pas à investir l’argent là où il le faut.
Affilié à cela, la présence des ONG au sein de la vie des pays pauvres contribue donc, en quelques sortes, à servir de « soupapes » pour les pays créanciers. Pour mieux simplifier le schéma, un pays débiteurs qui n’a pas pu rembourser ses dettes envers un autre se doit de se plier aux exigences de ce dernier.
La plupart du temps, le pays créancier exige que son débiteur rende son appui à un ONG en donnant les moyens nécessaires à ce dernier pour qu’il puisse accomplir les missions et les tâches auxquelles il est voué.
En ce qui concerne le cas particulier de l’Inde, elle a réussi à redorer son image au niveau international en parvenant à se hisser dans la catégorie des nouveaux pays industrialisés. Ce qui nous intéresse maintenant, c’est le fait de savoir si elle parviendra un jour à mettre la barre un peu plus haut, économiquement, tout en tenant compte des spécificités de ses différents Etats et des rectifications à faire.
CONCLUSION
Pourquoi parler d’imaginaire occidental de la misère? En effet, cette approche consiste en une mise en évidence du fait que de part le tourisme, l’occident s’approprie et peut être transposé dans le cadre de la misère orientale.
Pour ce qui est du cas de Calcutta, elle représente à la fois une sorte de fascination et de répulsion de la part de l’occident. Celle-ci se présente dans le cadre de l’imaginaire dans la mesure où Calcutta représente elle-même une forme ambivalente de telle manière qu’elle est symbolisée par une Déesse qui est caractérisée par son acception qui est tout aussi bonne et mauvaise.
C’est aussi l’appréciation que l’on a vis-à-vis de Calcutta dans la mesure où l’on peut percevoir dans cet Etat aussi bien les formes de l’extrême pauvreté que les formes qui nous démontrent qu’au fond c’est un Etat qui dispose d’une richesse inconcevable. Une richesse puisée dans ses ressources culturelles.
En outre, cette appréciation occidentale se motive aussi par le fait d’une appropriation de l’espace de Calcutta, dans la quête des plus pauvres d’entre les pauvres.
Par ailleurs, nous pouvons dire que la mondialisation, qui n’est autre qu’une sorte de création à l’initiative des occidentaux, n’est pas une chose nouvelle pour le Calcutta.
Tant aussi bien que vers la fin du quinzième siècle, les richesses de ce pays ont été les principaux éléments générateurs des déplacements occidentaux, et actuellement c’est d’un tourisme d’une autre genre qui se manifeste dans le milieu dans la mesure où l’on fait face à une prépondérance de type nouveau de tourisme tel que le tourisme à caractère humanitaire, l’écotourisme, …
Ce qui importe le plus pour nous c’est l’implantation des associations à vocation humanitaire qui font en sortes que l’essor du tourisme tendant vers cette option soit de plus en plus important.
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[1] Madeleine GRAWITZ, « Méthodes des sciences sociales », 11ème édition, DALLOZ, 1019 p, 105.
[2] Suivant les sources de l’Organisation Mondiale du Tourisme
[3] Ce terme a été initié par Y. M. Lotman (1990)
[4] Smith
cited in Kunwar, 199cité dans Kunwar, 1997). Further, Zins (cited in Kunwar, 1997) identified
[5] Surveiller et punir (1975)
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