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Accompagner les personnes en situation de handicap psychique accueillies en foyer de vie dans le choix de leur projet de vie

 

 

 

 

 

« Accompagner les personnes en situation de handicap psychique accueillies en foyer de vie dans le choix de leur projet de vie »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

– Novembre 2015

Sommaire

 

Introduction.. – 1 –

  1. Première Partie (saisissez votre Titre) – 2 –

1.1. – 2 –

1.2. – 2 –

1.3. – 2 –

  1. Deuxième partie (saisissez votre titre) – 2 –

2.1. – 2 –

2.2. – 2 –

2.3. – 2 –

  1. troisième partie (sAISISSEZ VOTRE TITRE) – 2 –

3.1. – 2 –

3.2. – 2 –

3.3. – 2 –

Conclusion.. – 3 –

 

Liste des sigles utilisés

 

 

 

Introduction

Mon étude concerne l’accueil et l’accompagnement au sein du foyer de vie « la pierre d’orée » qui a ouvert ses portes fin décembre 2012. Ce foyer accueille 15 personnes en situation de handicap psychique. L’année 2013 a été consacrée à mettre en œuvre le fonctionnement de la structure et à créer une dynamique de vie tant au niveau des résidents que du personnel. L’année 2014 a permis d’optimiser cette organisation afin d’apporter une bonne qualité de vie aux personnes accueillies.

 

Faisant fonction de chef de service sur ce foyer avec l’objectif d’intervenir prochainement en tant que chef de service sur les trois foyers de vie de l’association, j’aurai à m’interroger très régulièrement sur l’efficience de l’organisation mais également sur la dynamique institutionnelle. Pour cela, je dois être l’acteur principal garant de la mise en œuvre du projet de service et ce dans une recherche constante d’équilibre entre vie collective et vie privée des résidents. Sans cette constante réflexion, le risque insidieux est que le foyer devienne au fil du temps un lieu qui rende difficile la possibilité d’envisager l’avenir, n’entendant plus les souhaits et les désirs exprimés par les personnes hébergées. En ce sens, je dois m’interroger sur les incidences que peut générer l’hébergement collectif sur l’accompagnement éducatif et social des personnes en situation de handicap psychique.

 

Certes, vu de l’extérieur, le fonctionnement général de l’établissement ainsi que les modalités d’accompagnement rentrent dans les normes préconisées par l’ANESM. Pour autant, dois-je me satisfaire d’un accompagnement qui mérite de s’améliorer ? Ma position de chef de service me conduit à avoir une vision éclairée du contexte dans lequel j’évolue, notamment des politiques publiques, de l’établissement et de ses résidents. Ces différents paramétres me motivent à mettre en place tous les moyens nécessaires pour un accompagnement de qualité.

 

La problématique qui guidera l’esprit de cette étude est la suivante : En quoi l’accompagnement effectué par les professionnels est-il primordial pour un projet de vie réussi : respectueux des attentes et des besoins individuels des personnes accueillies ?

 

La première partie du mémoire effectuera une étude conceptuelle des termes clés du mémoire, à savoir le concept d’accompagnement des personnes en situation de handicap psychique, le handicap psychique et la nécessité du projet de vie. Le cadre dans lequel s’inscrit le mémoire, à savoir l’Association GRIM, sera également explicité dans cette première partie

 

La deuxième partie portera su un diagnostic de la situation au sein du foyer de vie, et effectuera une étude succincte de la population accueillie, et cela afin de relever les situations qui posent problèmes et qui appellent la mise en place d’un projet.

 

Dans la troisième partie sera exposé le projet d’accompagnement des résidents dans la conception de leur projet de vie.

 

 

 

 

PREMIERE PARTIE – Etude conceptuelle de l’accompagnement des personnes en situation de handicap psychique et  le contexte de l’Association GRIM

 

CHAPITRE 1 – LE CONCEPT D’ACCOMPAGNEMENT DES PERSONNES EN SITUATION DE HANDICAP PSYCHIQUE ET CADRE LEGISLATIF DE L’ACCOMPAGNEMENT

 

1.1. Le handicap psychique : de la folie à la reconnaissance du handicap

 

1.1.1. Historique de la désinstitutionalisation de la psychiatrie

 

Au XVIIème siècle, de grandes institutions ont vu le jour. L’hôpital général était destiné aux mendiants et aux invalides avec des espaces spécifiques réservés aux fous. A ce moment-là, « l’hôpital » est à entendre comme un lieu d’hébergement forcé, assurant vivres et couverts à une population miséreuse mais la privant de sa liberté. Dans le même temps, sont apparues les maisons tenues par des religieuses et les maisons de santé privées. Les Hôtels Dieu se développèrent.

 

Au XIXème siècle, des asiles ont été construits dans la majorité des départements avant et surtout après la loi du 30 juin 1838 sur les aliénés. C’est le début du « grand renfermement » : les hospitalisations de fous se multiplient.

 

Au XXème siècle, les asiles s’ouvrent progressivement. Ils deviennent hôpitaux psychiatriques en 1937, avant d’être dénommés Centres Hospitaliers Spécialisés. La psychiatrie « hors les murs » se développe. Le courant « désaliéniste » impulse une véritable rupture en prônant l’intégration des malades mentaux au sein de la société dont ils étaient issus. Les psychiatres  s’efforcent à l’époque de faire admettre un autre regard possible que celui porté jusque-là par la communauté.

 

L’aspect thérapeutique de ce début de siècle a été marqué par la découverte de traitements, notamment la découverte des antipsychotiques  dont l’utilité a été reconnue et a favorisé l’hospitalisation partielle voire même le suivi ambulatoire. Cette avancée a modifié en profondeur la vie des hôpitaux et des malades mentaux.

 

La circulaire du 15 mars 1960 découle des progrès notable de la psychiatrie et a institué la sectorisation. Enfin, la loi du 27 juin 1990 relative aux droits et à la protection des personnes hospitalisées en raison de troubles mentaux a réformé la loi de 1838.

 

Ainsi, l’avancée des politiques publiques en faveur des personnes souffrant de handicap mental et psychique, a fait connaitre de profonds changements aux structures médico-sociales. Elle a favorisé  les professionnels à modifier les modes d’accompagnement en portant une attention toute particulière sur les capacités de la personne à s’inscrire dans son environnement.

 

1.1.2. LE HANDICAP PSYCHIQUE, UNE NOTION COMPLEXE

Une approche historique du handicap psychique permet d’appréhender la complexité de  ce terme.

« La notion de handicap psychique apparait dans les années soixanteportée notamment par les sociétés de Croix Marine créées en 1952 comme une notion de combat, d’une part contre l’isolement et la ségrégation des personnes souffrant de troubles mentaux, et d’autres part contre la séparation des politiques de soins et de l’insertion sociale.(…) Entre 1975 et 2005, la notion de handicap psychique est mise en réserve (…) Cette notion « renait » en quelques sortes à la fin des années 1990 ».

 

A ce jour, il n’existe pas de définition partagée du handicap psychique. Les questionnements portent principalement sur :

‐ les différences entre handicap mental et handicap psychique ;

‐ les troubles  à l’origine des situations qualifiées de « handicap psychique ».

 

Aujourd’hui encore, il existe des confusions entre les notions de handicap mental, de maladies mentales, et de handicap psychique.

 

Jean-Marc Botta propose de parler de « situation de handicap pour une personne présentant une ou des déficiences ainsi qu’une incapacité particulière liée à une affection psychiatrique stabilisée »[1]. La difficulté pour définir le « handicap psychique » tient notamment au fait que cette notion repose plus sur une construction pratique que scientifique. Jean-Marc Botta parle du handicap psychique comme « la limitation ou la restriction de participation subie par une personne en raison d’une altération substantielle de ses fonctions psychiques par le fait d’une affection psychiatrique survenue à un moment antérieur de sa vie ».

L’UNAFAM précise que « les personnes handicapées psychiques sont à la fois malades et en situation de handicap (…). Pour ces personnes, la maladie mentale et le handicap sont inséparables ».

 

1.1.3. LA SINGULARITE D’UN HANDICAP

 

L’UNAFAM, dans son livret concernant : « l’accueil et l’accompagnement des personnes en situation de handicap psychique », mentionne que la maladie se déclare :

 

 Le plus souvent à l’adolescence ou chez de jeunes adultes

 Sans distinction de milieu d’appartenance sociale, de culture

 Quels que soient le niveau de formation et les capacités intellectuelles.

 

Pour évaluer l’importance du handicap, cinq domaines de la vie courantes sont à prendre en considération au quotidien : la capacité à prendre soin de soi ; la capacité à établir des relations durables ; la capacité à se former et assurer une activité ; la capacité à se maintenir dans un logement  et enfin  la capacité à organiser une vie sociale et de loisirs.

De plus,  « le handicap psychique met en cause l’identité de la personne, la blesse ; sa nature est souvent l’objet d’un déni par la personne elle-même, parfois par une partie de son entourage »[2]

 

Parmi les troubles qui perturbent le plus souvent le fonctionnement psychique et qui peuvent générer une situation de handicap psychique, Jean-Marc Botta propose de repérer quatre catégories principales :

 

  • Les psychoses, et plus particulièrement la schizophrénie, qui se caractérisent par des perturbations du rapport au monde et à soi-même en affectant la communication avec autrui, ainsi que la perception et le sens de soi.
  • Les troubles dépressifs graves et les troubles maniaco-dépressifs.
  • Les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) graves se traduisant par des actes répétitifs irrépressibles et par des rituels prolongés et épuisants.
  • Les phobies et les troubles anxieux.

 

Il est encore fréquent de considérer les difficultés psychologiques comme des manifestations plongeant ceux qui en souffrent dans un univers impénétrable dont il serait impossible de s’échapper.

C’est sans doute, en ce sens, que le Dr Gro Harlem Bruntland, directrice générale de l’OMS s’est exprimée : « La maladie mentale et les troubles cérébraux ne sont pas un échec personnel. En fait, l’échec, si il y en a un, se trouve dans notre manière de répondre aux personnes qui en sont atteintes  ».

 

1.4. DONNEES CHIFFREES

 

En France, d’après les données du Livre Blanc des partenaires de la santé Mentale [3] et celui de la coordination 69[4], il y aurait sur le territoire national près de 511 000 personnes concernées par le handicap psychique dont 12 900 personnes dans le Rhône. Un tiers des personnes en situation de handicap psychique bénéficierait de réponses adaptées à ses besoins.

D’autre part, chaque année en France près de 10500 personnes meurent par suicide. Entre 176 000 et 200 000 tentatives de suicide sont prises en charge chaque année par les urgences hospitalière[5].

 

Selon une enquête de la DRESS de 2010[6] : « établissements et services », les personnes ayant une déficience du psychisme à titre principal constituent :

‐ 40,1% du public accueilli en SAMSAH ;

‐ 23,7% en SAVS ;

‐ 26,4% en foyer de vie ;

‐ 24,3 % du public en FAM ;

‐ 12,4% du public accueilli en MAS;

‐ 21,5% en Esat.

 

Le Rhône dispose actuellement de 5 foyers de vie spécifiquement destinés aux personnes en situations de handicap psychiques :

  • Le foyer « Petites maisons de Montvenoux » à Tarare : 29 places (Association Montvenoux)
  • Le foyer « La résidence d’Yzeron » de 51 places
  • Les foyers de « La pierre d’Oréée » à l’Arbresle 15 places et « Le petit caillou » à Lyon 1er 15 places.
  • Le foyer « ? » à Tarare : X places (association La Roche)

Je rappelle que le GRIM ouvrira courant 2016, 15 places supplémentaires à Lyon 8e

Le total de ses places  sera de  ?  en 2016.

Le taux d’équipement en foyer de vie du Rhône en 2014 est supérieur au niveau national (1,47) et régional (1,54). En effet, il est dans le Rhône de 2,12 pour mille (20 – 59 ans) ce qui représente 2009 places[7].

Avec ses 45 places, les maisons du GRIM représenteront  2 ,24% de la capacité d’hébergement des Foyers de vie du Rhône.

Selon le livre blanc de la coordination 69, sans compter le futur foyer du GRIM, il faudrait un minimum de 50 places supplémentaires pour satisfaire les besoins immédiat du département.

En revanche, dans le département, des dispositifs innovants existent et contribuent à l’insertion par le logement de personnes en situation de handicap psychique.

 

Les dispositifs innovant du département du Rhône.

Il s’agit d’une forme d’hébergement social dans des appartements collectifs ou individuels. Ces dispositifs sont intermédiaires aux foyers de vie et aux appartements associatifs, dans une fonction de transition vers un appartement autonome. Au regard de la réglementation, ils sont classés soit comme foyer d’hébergement soit comme foyers de vie. Ils  s’adressent à des personnes qui ne sont pas ou plus en mesure de travailler et ne disposent pas, ou pas encore, d’une autonomie suffisante pour accomplir les actes de la vie quotidienne.

Foyer appartement de l’association La Roche de 28 places (16 logements accueillant de une à trois personnes et quatre en placements familiaux)

Domicile collectif « Le Patio » de l’association des petits frères des pauvres situé à Grézieu-la-varenne : 10 places pour personnes handicapées psychiques vieillissantes avec trouble de la personnalité.

L’association ORLOGES : 13 places en logement individuels (10) ou collectif (3) situé dans tout Lyon. Cette association propose à ses bénéficiaires un dispositif d’hébergement leur permettant par le biais de baux glissants d’en devenir locataire.

La « Résidence pluriel » situé à Tassin la demi-lune, géré par l’ADAPEI, propose 26 studios bénéficiant de locaux communs à partager avec 26 autres personnes handicapées mentales.

Le service Logement du GRIM présenté plus haut dispose de 39 places.

Le total de places existantes dans ces dispositifs innovant est de 116 places.

 

Ces établissements et services se sont développés peu à peu tenant compte de l’évolution des politiques publiques destines aux personne en situation de handicap psychiques.

1.2 Le cadre législatif

 

Dans la deuxième partie du 20ième siècle, le droit international et européen a conduit des évolutions qui se sont traduites par une modification du droit français en réponse à la mobilisation des mouvements de personnes handicapées.

 

Ces changements tendent à améliorer la place des personnes handicapées qui ont acquis une égalité de droit.

 

1.2.1 Un contexte international conduisant les changements

 

A partir des années 1970, le droit international et européen accorde une attention particulière aux personnes handicapées. De nombreux textes ont permis aux personnes handicapées d’obtenir un statut légal et des droits, chacun apportant peu à peu sa contribution à la reconnaissance des droits fondamentaux des personnes handicapées.

 

1.2.2 Le droit international

 

Il se développe sous l’égide des Nations Unies et au travers de différents textes : Déclaration des Droits du Déficient mental de 1971, résolution intitulée Pour la pleine intégration des handicapés dans la société de 1994.

 

Ces textes constitueront des étapes qui aboutiront à l’adoption par l’ONU en décembre 2006, de la convention relative aux droits des personnes handicapées.

Cette Convention relative aux droits des personnes handicapées renforce le droit des personnes handicapées et engage les états à mettre en œuvre les mesures favorisant leur inclusion dans la société et à garantir une égalité de traitement de tous les citoyens.

 

1.2.3 La politique du handicap de la Communauté Européenne

 

L’Union européenne compte environ 50 millions de personnes atteintes d’un handicap, soit 10 % de sa population. Ces personnes ont progressivement acquis des droits, à partir des premiers textes qui visaient à soutenir l’insertion professionnelle.

 

A partir de l’an 2000, l’engagement de la communauté européenne se renforce et les textes deviennent contraignants : règlements qui sont immédiatement applicables et directives qui doivent être transposées dans les législations des états membres.

 

Ainsi, la Charte des droits fondamentaux de l’Union Européenne ( 7 décembre 2000) reprend en un texte unique, pour la première fois dans l’histoire de l’Union Européenne, l’ensemble des droits civiques, politiques, économiques et sociaux des citoyens européens ainsi que de toutes personnes vivant sur le territoire de l’Union. Cette charte réaffirme l’interdiction de toute discrimination fondée sur le handicap (article 21).

 

D’autre part, elle pose le principe de l’intégration des personnes handicapées : « L’Union reconnaît et respecte le droit des personnes handicapées à bénéficier de mesures visant à assurer leur autonomie, leur intégration sociale et professionnelle et leur participation à la vie de la communauté ». Cette charte a une valeur de traité et s’impose donc aux Etats membres.

 

 

Enfin, la convention relative aux droits des personnes handicapées de l’ONU a été signée par l’Union Européenne le 3 août 2007. Il s’agit d’un signal fort envoyé aux Etats membres qui devront développer des mesures visant à l’intégration systématique du handicap dans tous les domaines de la vie.

La France a également signé cette convention en août 2007.

 

La législation française en matière de politique sociale est fortement inspirée des orientations définies au niveau communautaire. A ce titre, il est important de considérer ces grandes orientations qui influencent notre contexte législatif et le champ des pratiques au sein du secteur social et médico-social. L’avènement des lois de rénovation sociale de 2002 et 2005en témoigne.

 

  • Des politiques publiques françaises qui affirment la position d’acteur citoyen des personnes en situation de handicap.

 

1.2.4.a A L’avant 2002 : vers un usager progressivement placé au cœur du dispositif social et médico-social

 

Au cours des dernières décennies, une mutation de la place de l’usager des établissements du secteur social et médico-social s’est opérée.

 

La loi de 75 était avant tout portée par les usagers et les familles désireuses de solutions alternatives à une hospitalisation en établissement psychiatrique.

 

La loi du 2 janvier 2002 rénovant l’action sociale et médico-sociale vient, après des années

d’attente, « dépoussiérer » la loi 75-535 de 1975.

 

  • b La loi du 2 Janvier 2002 : l’usager comme citoyen

 

La loi n° 2002-2 du 2 Janvier 2002 rénovant l’action sociale et médico-sociale, met l’accent sur la reconnaissance, le respect et la promotion du droit des personnes.

A cet égard, elle énonce les sept droits et libertés individuels devant être garantis à toute personne accueillie dans les établissements du secteur et, notamment : « une prise en charge et un accompagnement individualisé de qualité favorisant son développement, son autonomie et son insertion, adaptés à son âge et à ses besoins, respectant son consentement éclairé » et « la participation directe ou avec l’aide de son représentant légal à la conception et à la mise en œuvre du projet d’accueil et d’accompagnement qui la concerne ».

L’innovation (et la force) de cette loi est qu’elle prévoit les outils devant être mis en place par les établissements pour rendre effective l’exercice de ces droits : livret d’accueil, charte des droits et libertés, règlement de fonctionnement, etc.

 

1.2.4 C La loi du 11 Février 2005 : la promotion des droits de la personne handicapée

 

La loi n° 2005-102 du 11 Février 2005 s’organise autour de trois objectifs proches de ceux de la 2002 :

 

  • Garantir aux personnes handicapées le libre choix de leur projet de vie, grâce à la compensation des conséquences de leur handicap.
  • Permettre une participation effective des personnes à la vie sociale, grâce à l’organisation de la cité autour du principe d’accessibilité généralisée.
  • Placer la personne handicapée au centre des dispositifs qui la concernent, en substituant une logique de service à une logique administrative. A ce titre est créée une maison départementale des personnes handicapées (M.D.P.H.).

 

1.3. La reconnaissance du handicap psychique en France

La loi du 11 février 2005  pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées inscrit, pour la première fois, une définition du handicap et reconnaît, par la même, la notion de handicap psychique.

Elle présente dans son article 2, une définition du handicap qui serait la conséquence d’une altération de différentes fonctions : « Constitue un handicap, au sens de la présente loi, toute limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d’une altération substantielle, durable ou définitive d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d’un polyhandicap ou d’un trouble de santé invalidant ».

Cette reconnaissance du « handicap psychique », constitue une avancée importante pour la prise en compte des besoins de soins et d’accompagnement social et médico-social de ces personnes.

 

Cette prise en compte des politiques publiques se traduit également par différents rapports, études, plans (dans le champ sanitaire et social). Ces documents mettent en avant des besoins importants, notamment en matière de logement ou d’hébergement.

 

1.3.1 Le Plan psychiatrie et santé mentale 2011-2015

Ce plan souligne la nécessité de mieux accompagner les personnes handicapées psychiques, en développant les services d’accompagnement, en créant des GEM, et en favorisant l’accès à un logement ou un hébergement adapté.

 

1.3.2 Le schéma départemental du Rhône : un cadre d’orientation pour la mission du Foyer de vie

La loi du 2 Janvier 2002 pose le principe d’une évaluation des besoins et d’une programmation des actions. Elle prévoit comme outil le schéma d’organisation sociale et médico-sociale. Établi pour une durée maximale de cinq ans, le schéma apprécie l’évolution des besoins de la population, dresse le bilan quantitatif et qualitatif de l’offre de service existante et détermine les perspectives et les objectifs de développement de l’offre sociale et médico-sociale. Le schéma départemental en faveur des personnes handicapées assure l’organisation territoriale de l’offre de service.

 

De par ses activités, ses valeurs et ses engagements, l’association GRIM est un acteur important dans le département du Rhône, notamment par le biais de ses foyers de vie.

 

1.4 Les foyers de vie : définition

 

Les foyers de vie sont des établissements récents émergeant dans les années 1970-80 instaurés par l’article 2 du circulaire n° 86-6 du 14 février 1986

Ils se situent entre les FAM et les SAVS pour répondre aux besoins des personnes qui ne peuvent se retrouver dans les deux premiers dispositifs. L’association disposera à terme de 3 foyers de vie sous le concept dénommé les maisons du GRIM.

 

 

CHAPITRE 2 – LE CONTEXTE ET LES STRUCTURES D’ACCOMPAGNEMENT DES PERSONNES EN SITUATION DE HANDICAP PSYCHIQUE : LES FOYERS DE VIE DE L’ASSOCIATION GRIM

 

2.1 L’Association GRIM : un regroupement

L’association GRIM est née en 1987 du Groupement entre la Roche, Industrie service et Messidor. Trois associations gestionnaires d’Établissements et Services d’Aide par le Travail dont le but était d’ouvrir des services de type SAVS, complémentaires à leur activité.

 

Pour ce faire, à travers toutes ses actions, l’association met en avant les valeurs telles que la vigilance, la ténacité, l’adaptabilité et se donne pour valeur fondamentale l’équilibre de ces dernières. Elle ajuste ses prestations aux besoins des personnes, en partenariat avec le réseau social et médico-social. Le panel de prestations qu’elle offre repose sur la proposition de services qui s’adaptent à l’évolution du handicap. Ce large éventail de prestation permet d’entretenir et maintenir « un fil rouge» dans le parcours de soin de la personne et limite dans la mesure du possible  les ruptures.

 

2.1.1 L’association GRIM et « les couleurs de l’accompagnement »

En ce sens, l’association a signé en 2013 un protocole d’accord avec six associations partenaires qui sont Messidor, La Roche, Industrie Service, Firmament et Espoir 74. Intitulé « les couleurs de l’accompagnement », ce regroupement veut favoriser la complémentarité d’actions entre les associations qui la composent et mettre en œuvre des accompagnements concertés variant avec les capacités des personnes. Cette démarche commune aux six associations s’inscrit dans le cadre d’un rapprochement des structures d’aide aux personnes, répondant à la demande des personnes handicapées et de leur famille, ainsi qu’aux orientations fixées par les Agences Régionales de Santé et les Conseils Généraux.

Ce rapprochement est énoncé ainsi dans le projet associatif : « Nous voulons rassembler les expériences et les connaissances acquises par l’ensemble des professionnels. Nous souhaitons que cette synergie soit déployée vers la mise en valeur des capacités des personnes qui le souhaitent. Nous considérons que la libération de leurs capacités est leur ambition légitime en dépit de la variabilité de leurs troubles et leurs difficultés à l’exprimer. Nous considérons ainsi le soutien à cette libération comme un droit à la compensation à leur handicap que nous voulons favoriser ».[8]

 

Ainsi les objectifs de l’association GRIM sont aujourd’hui de :

  • Déployer une synergie d’actions et d’offrir une palette de compétences
  • Optimiser les ressources et les moyens
  • Poursuivre la démarche qualité
  • Veiller à l’évolution des besoins.

 

Par ailleurs elle partage réflexion et recherche avec différentes associations telles que : la Coordination 69, Agapsy Rhône-Alpes et l’union tutelles Rhône-Alpes.

 

2.1.2  L’association GRIM, aujourd’hui :

L’association est en pleine croissance puisqu’elle est passée de 68 salariés en 2008 à 113 salariés en fin d’année 2014, soit une augmentation de près de 40% en six ans.

Le GRIM s’est doté d’un siège social situé dans le  8e arrondissement de Lyon et met tout en œuvre pour  accompagner les 1875 personnes qui fréquentent ses différents services.

 

L’association s’est récemment réorganisée en trois pôles dans une dynamique de propositions de services diversifiés. Chaque Pôle est dirigé par un directeur secondé par un coordinateur ou un chef de service :

 

2.1.3 Le pôle d’accompagnement à la vie sociale

Ce service de l’association a été créé en 1988. Il est déployé autour de quatre sites : Tarare, Lyon, Villefranche-Sur-Saône et L’Arbresle. Il accueille 185 personnes. Ces personnes sont orientées vers le SAVS par la CDAPH pour une durée déterminée, renouvelable en fonction de l’évolution de leur situation. Il s’est doté récemment de 8 studios : 6 sur l’Arbresle, 2 sur Tarare.

 

2.1.4 Le pôle hébergement dont je dépends comprend :

           

Un Service d’Accompagnement Renforcé et d’Insertion par le Logement. Ce service créé en 2002 sur Lyon 9ème (plus communément appelé service logement) accueille 39 personnes ayant des « troubles psychiatriques stabilisés ». Il a pour mission d’insérer socialement des personnes de 20 à 60 ans. Ce service, lieu de transition entre l’hôpital et le milieu ordinaire, dispose de différents modules d’hébergement : collectif, semi-collectif ou individuels. L’hébergement est indissociable à un accompagnement social et une prise en charge psychiatrique.

Il a la particularité de fonctionner avec une présence éducative365 jours par an.

 

2.2 LES MAISONS DU GRIM

Les Maisons du GRIM est issu d’un partenariat entre les trois secteurs de psychiatrie du département du Rhône, le Conseil Général et l’association, dans l’objectif de constituer trois petites unités de vie de 15 places chacune.

Ce projet a obtenu un avis favorable du CROSM en juin 2008[9].

La reprise par l’Association GRIM en 2010 du « Petit Caillou » a constitué le premier Foyer de Vie.

En décembre 2012, le foyer de vie « La Pierre d’Orée » a accueilli ses premiers résidents dans un bâtiment construit par l’OPAC du Rhône sur la commune de l’Arbresle.

Le troisième Foyer de vie sera implanté sur Bron. Sa construction est en cours avec une ouverture prévue pour juin 2016.

 

2.2.1 Une architecture adaptée et évolutive

La capacité d’accueil de quinze résidents par structure représente un réel point fort puisqu’elle favorise la responsabilité et l’initiative. Elle freine ainsi une évolution vers des comportements de repli et de passivité facteurs de chronicité et de perte d’identité sociale, bien souvent synonyme d’institutionnalisation et de ritualisation. Cette capacité d’accueil répond à une de mes convictions fortes qui est de soutenir l’accomplissement d’un projet de vie qui doit prendre le pas sur la dimension institutionnelle et non l’inverse. Cela nécessite d’innover.

En ce sens, j’ai été entendu sur la nécessité de créer des studios à l’intérieur même des foyers dans le but de travailler une autonomie surveillée.

La pierre d’orée dispose d’un studio avec accès direct sur l’extérieur, celui de Bron en aura trois.

A terme, les trois établissements pourraient disposer d’une chambre d’accueil temporaire.

La pierre d’orée et le foyer de Bron garderont en effet  le bénéfice d’une chambre initialement prévue pour les surveillants de nuit, mais qui en raison de l’évolution de la législation ne peuvent plus être utilisées comme tel.

Si la dimension « humaine » des maisons du GRIM représente un atout de taille dans l’accompagnement, il ne peut en être de même pour le ratio d’encadrement qui s’en trouve affaibli. Les charges fixes, notamment celle des surveillants de nuit impact grandement la présence du personnel de jour.

 

Deuxième partie – DIAGNOSTIC : POPULATION ACCUEILLIE, BESOINS SPECIFIQUES ET DIAGNOSTIC DES DYSFONCTIONNEMENTS de l’ETABLISSEMENT ETUDIE

 

I – Présentation de la population accueillie : définition qualitative et quantitative

 

A – Les personnes en situation de handicap psychique : une population à besoins spécifiques

En effet, la maladie mentale dont souffrent les personnes que nous accueillons leur laisse pour une très grande majorité la capacité physique d’accomplir les actes de la vie courante. En revanche, elle freine la mobilisation et la réalisation de tout ou partie des actes de leur quotidien. L’envahissement psychique et les angoisses en sont les principales raisons.

 

Face à l’incapacité de faire, il est indispensable d’accompagner ces personnes pour faciliter leur quotidien, leur intégration sociale.

 

Reconnaitre, solliciter, inciter, soutenir ou compenser sont l’essence même de toutes les actions menées dans leur accompagnement. L’accompagnement mot-clé du handicap, selon H-J. Stiker, J. Puig, et O. Huet, « c’est d’abord l’atténuation de la solitude de la personne handicapée, la possibilité de compter sur quelqu’un et la sécurité que donne la présence, à côté de soi, d’une personne compétente et disponible. Processus interactif, c’est aussi : donner, proposer et laisser prendre, en permettant l’émergence de stratégies visant à atténuer les désavantages ou incapacités en mobilisant les ressources de la personne et de la société[10]

 

Dans le champ des relations humaines, il existe chez ces personnes une fragilité psychologique, se manifestant par une représentation de soi et/ou de ses propres capacités faussée. Parfois ils se dévalorisent, ou à l’inverse mais moins fréquemment se surestiment. Cela engendre très souvent une grande susceptibilité aux remarques d’autrui. Elles vivent alors une véritable situation de détresse les conduisant soit dans une position de repli soit dans des réactions agressives.

 

Les personnes accueillies ont toutes connu de multiples et successives ruptures dans leur parcours de vie.  La maladie est apparue parfois très tôt, parasitant toute possibilité d’intégration sociale. Dans d’autres situations, elle s’est présentée plus tardivement, laissant le temps de croire qu’une vie familiale, sociale ou professionnelle pouvait être durablement sereine, avant de tout anéantir. Pour chacune de ces personnes, les troubles sont apparus tantôt brutalement, tantôt sournoisement, nécessitant, dans la phase aigüe de la maladie, des soins curatifs en secteur psychiatrique.

 

De ce qu’il ressort des dossiers d’admissions des résidents, je comprends que leur orientation a coïncidé avec une rupture sociale et/ou affective dans leurs parcours de vie et à une  incapacité à se prendre en charge au quotidien. Pour certains, l’arrivée au foyer a été vécue comme une réelle chance, pour d’autres une contrainte, voire pour une résidente, comme la cause d’une « orchestration organisée par des forces extérieures ».

 

Les résidents du Foyer de Vie doivent être stabilisés[11] dans leur maladie pour être en capacité de vivre en collectivité et de participer aux tâches de la vie quotidienne de la structure. Le foyer ouvert en décembre 2012 accueille actuellement 7 femmes et  hommes âgés de 31 à 58 ans. La moyenne d’âge est de 46 ans.

 

Tous bénéficient d’un suivi psychiatrique réalisé par des services relevant des centres hospitaliers de :

  • St Cyr au Mont d’or : 12
  • Vinatier : 1
  • Desgenettes : 1

 

Leur hébergement d’origine est ainsi réparti :

 

La catégorie « autre » regroupe des personnes qui vivaient dans un logement personnel, en famille d’accueil ou dans un établissement médico-social.[1] Le résident est considéré stabilisé lorsqu’il suit un traitement régulièrement ajusté et qu’il ne connait plus de périodes de « crise », susceptibles d’engager violence et danger pour autrui, mais également pour lui-même.

 

B – Le projet de vie : instrument  indispensable dans l’accompagnement dans une perspective de réponse aux besoins spécifiques des résidents

Le projet de vie permet à la personne de faire part de ses attentes, ses besoins et ses aspirations. C’est un document qui retrace alors le choix de vie de la personne accueillie. Ce qui fait qu’il tient une place primordiale dans l’accueil de ces personnes au sein de l’établissement étudié.

 

Dans ce sens, le PVP est un document qui retrace, pour chaque résident, toutes les informations suivantes :

-Les informations générales sur la personne accueillie : nom, prénoms, …,

-Les besoins spécifiques et les attentes particulières de chaque résident, dans le cadre de son séjour au sein du foyer de vie

 

Le projet de vie est un document d’essence primordiale, et s’avère être incontournable pour un accompagnement adapté, car : « « Il définit les objectifs et les moyens de l’établissement en termes de qualité hôtelière de l’hébergement (architecture, repas, mobilier,…) et de vie sociale (maintien des relations familiales et amicales, respect des droits de citoyen, animation,….)[12]

 

Ce concept de « projet » a été instauré pour la première fois par la loi de 31/07/1991, qui a alors préconisé la mise en place de divers types de projet : projet d’établissement, projet de vie, projet de soins et projet médical. Viennent ensuite les autres règlementations :

 

– L’arrêté du 08/09/2003 relatif à la Charte des droits et libertés de la personne accueillie, mentionnée à l’article L 311-4 du code de l’action sociale et des familles, modifié par l’ordonnance n°2010-177 du 23/02/2010 (art8).

– Le code de l’action sociale et des familles, dans la section 2 droits des usagers, article L311-3 modifié par la loi 2007-308 du 05/03/07.

 

Mais la question qui se pose est celle de savoir : quels sont les réels objectifs du projet de vie ? En effet, le projet de vie répond à des objectifs spécifiques primordiaux :

 

                                    1 – Mettre l’usager, objet du soin, au centre des préoccupations

L’usager explicite dans son projet de vie l’ensemble de ses aspirations personnelles. Un accompagnement basé sur un projet de vie prend alors en compte l’individualité de chaque personne, et met cette « individualité » au centre des préoccupations.

 

                                    2 – Préconiser la personnalisation de l’accompagnement

Le projet de vie est unique pour chaque résident, et varie d’un résident à un autre. Baser son accompagnement sur le projet de vie revient alors à personnaliser l’accompagnement.

 

Quid de la situation au sein du foyer de vie étudié ? Le concept de projet de vie est-il déjà en place ? Les aspirations personnelles des résidents sont-elles considérées et prises en compte ? Des éléments de réponse seront préconisés dans la deuxième partie relative au diagnostic, sur la base d’une démarche pragmatique.

 

II – Evaluation des pratiques actuelles au sein de l’établissement

La démarche théorique a été d’une grande importance dans le sens où elle a permis de prendre connaissance des concepts et du contexte de la prise en compte des personnes en situation de handicap psychique au sein de l’établissement. Toutefois, dans un objectif de perfectionnement de l’accompagnement des résidents dans le pôle étudié, il a été important de prendre connaissance des modalités pratiques d’organisation et de fonctionnement qui sont de nature à constituer un blocage à l’accompagnement adapté, prônée par le projet d’établissement du foyer, et les législations en vigueur.

 

A – Méthode pragmatique d’évaluation du fonctionnement du foyer de vie: l’entretien semi-directif

Afin de relever les dysfonctionnements dans l’accueil et l’accompagnement des personnes en situation de handicap psychique, qui sont de nature à entraver le travail les professionnels et à  constituer un blocage à la bientraitance, j’ai réalisé une enquête de terrain sur la base d’entretiens semi-directifs.

 

Les avis des professionnels de l’établissement sont primordiaux et constituaient des éléments incontournables dans l’analyse pratique, au même titre que ceux des résidents. Ce qui fait que les entretiens personnels ont été réalisés tant auprès des professionnels de l’établissement qu’auprès de quelques résidents sélectionnés.

 

Les entretiens utilisés lors de ces échanges formels étaient semi-directifs qui ne dépassaient pas une heure, articulée autour de quatre/cinq questions, laissant ainsi une certaine liberté d’affirmation et d’expression chez l’interviewé. En effet, l’entretien semi-directif a été explicitement choisi car c’est une démarche qui permet de recueillir des données qualitatives et authentiques, contrairement aux autres types d’entretiens qui peuvent s’avérer trop libres ou trop fermés [13] :

 

Force est de constater que l’obtention de données de qualité est conditionnée par la maitrise de toutes les techniques d’interview, schématiquement présentée comme suit[14] :

 

B – Personnes interviewées

Les personnes interviewées peuvent être classées en deux catégories :

-Des représentants des résidents

-Des représentants des professionnels accompagnateurs.

 

C – Exposé des questionnaires d’échange

Deux types de questionnaires ont été élaborés pour chaque groupe d’interviewés.

 

-Questionnaires pour les professionnels

OBJECTIFS ATTENDUS QUESTIONS
Prise de connaissance des fonctions, des formations et du statut de l’interviewé Quelles sont les fonctions que vous exercez au sein de cet établissement? Quels types de formation avez-vous suivi ?
Places et rôles de l’interviewé dans l’accueil et l’accompagnement des résidents Plus précisément, à quelle phase de l’accompagnement de chaque résident intervenez-vous ? (accueil, accompagnement à la vie quotidienne, ….)Quelle importance tient cette phase dans la prise en charge globale du résident ?
Projet de vie personnalisé Estimez-vous que l’accompagnement dispensé aux résidents respecte leurs attentes spécifiques ? Pourquoi ? Quelle place tient le projet de vie personnalisé dans cet accompagnement ? Tous vos résidents possèdent-ils tous ce projet de vie personnalisé ?
Difficultés dans la conception et la mise en œuvre du projet personnalisé+préconisations Selon vous, quelles sont les difficultés que l’établissement rencontre dans la conception et la mise en œuvre des projets personnalisés de chaque résident ? Quelles suggestions d’amélioration pouvez-vous proposez afin d’améliorer le respect des individualités de chaque résident?

 

-Questionnaire pour les résidents

OBJECTIFS ATTENDUS QUESTIONS
Prise de connaissance du résident Comment vous vous appelez ? Depuis combien de temps avez-vous résidé au sein de cet établissement ?
Projet personnalisé Lors de l’intégration de cet établissement, avez-vous bénéficie d’une conception d’un projet personnalisé? Si oui : comment a-t-il été élaboré ? Si non, pourquoi ?
Les impacts d’un projet de vie personnalisé sur l’accompagnement Avez-vous des attentes spécifiques dans le cadre de votre accompagnement ? Ont-elles été respectées, assouvies ? Est-ce-que l’existence ou non d’un projet de vie personnalisé a un lien avec l’accomplissement ou non de ces attentes spécifiques
Souhaits, préconisations pour un projet de vie personnalisé réussi Souhaitez-vous la mise en place effective d’un projet de vie personnalisé pour chaque résident ? Pourquoi

 

Les réponses à ces questionnements ont apporté des éléments, quantitatifs et qualitatifs, quant aux questions centrales du mémoire : le projet de vie personnalisé, les besoins et attentes des résidents, les démarches d’accompagnement effectuées par les professionnels.

 

III –Résultats de la démarche pragmatique : identification des attentes et besoins des personnes handicapées, non couverts par l’établissement

Par le biais de l’entretien semi-directif, démarche pragmatique réalisée auprès des résidents et des professionnels, on a pu relever trois séries de besoins non couverts par l’établissement d’accueil ; exposées dans les sous parties suivantes.

 

A- Les manques de passerelles ou de dispositifs souples et adaptés permettant de faire des allers/retours entre dispositifs

Aux dires des résidents, le Foyer de vie parait leur apporter les repères nécessaires au maintien d’une certaine autonomie et d’un certain confort de vie, leur permettant ainsi d’envisager plutôt sereinement les années à venir. Pour beaucoup, ils n’imaginaient plus trouver un peu de sérénité. La diversité des avis et des affirmations vient du fait que chaque résident a des souhaits qui lui est propre, par rapport à ses conditions actuelles. Des fois, ces souhaits coïncident aux modalités d’accompagnement proposés par l’établissement, dans d’autres cas, ces souhaits ne coïncident pas, si bien que les résidents sentent l’écart, l’inadaptation de l’accompagnement.

 

En revanche, trois résidentes expriment fréquemment leur souhait de pouvoir retrouver davantage d’autonomie par le biais d’un logement moins étayant. Elles expriment leur crainte de perdre peu à peu leurs acquis (courses, repas) et de devoir vivre toute leur vie en institution. Ces usagers ont alors soulevé les manques de passerelles ou de dispositifs souples et adaptés permettant de faire des allers/retours entre dispositifs.

 

En d’autres termes, la prise en charge proposée par l’établissement est souvent généraliste alors que chaque résident a des caractéristiques, des particularités, des difficultés qui lui sont propres. Parallèlement à cela, conformément à la loi de 2002, la prise en charge se doit d’être au plus près des besoins de la personne, c’est l’accompagnement individualisé, qui désormais, est conditionné par la préalable élaboration d’un projet de vie personnalisé, guide incontournable de l’accompagnement. Ce projet de vie est même un instrument efficace de la bientraitance, en effet, selon les recommandations de l’ANESM, la bientraitance des usagers s’inscrit au niveau de cinq dimensions principales : « Une culture du respect de la personne et de son histoire, de sa dignité, et de sa singularité, une manière d’être des professionnels au-delà d’une série d’actes, une valorisation de l’expression des usagers, un aller-retour permanent entre penser et agir, une démarche continue d’adaptation à une situation donnée.[15]».

 

B – Difficultés des personnes accueillies dans la conception de leur projet de vie

Selon les affirmations du psychosociologue Jean-René Loubat (Les cahiers de l’Actif- n°266/267), « c’est bien l’équipe professionnelle qui gravite par conséquent autour de la problématique du bénéficiaire…en définissant des objectifs pour lui et si possible avec lui ».

 

A cet effet, les professionnels de l’établissement d’accueil ont des obligations par rapport à l’élaboration d’un projet de vie personnalisé, dans le sens où c’est le document qui retrace les obligations de chacun. Toutefois, il est constaté que ce projet de vie personnalisé est inexistant (ou mal élaboré) au sein de l’établissement, et les personnes accueillies seules, ne sont pas en mesure de les élaborer, sans l’aide et l’appui des professionnels. Certes, elles connaissent pertinemment leurs attentes, mais elles ne sont pas capables de les formuler en objectifs dans un document officiel. Et cela nécessite incontestablement l’intervention des professionnels.

 

C – Nécessité d’adaptation des professionnels au projet de vie des résidents

Une certaine partie des professionnels de l’établissement affirme rencontrer des blocages, et cela aboutit naturellement à une situation de « maltraitance » des usagers, une situation en discorde avec les priorités nationales évoquées dans les diverses dispositions textuelles développées dans la première partie de ce mémoire.

 

Par rapport à cette situation, les professionnels de l’établissement doivent renforcer leurs compétences, être plus minutieux par rapport aux attentes des résidents, et s’adapter donc au projet de vie de chaque résident.

 

Cela implique l’instauration d’un plan de formation et d’accompagnement des professionnels dans le but de favoriser le « savoir faire » de chacun dans le domaine de la prise en charge des attentes personnelles des résidents. Mais cette formation passe certainement après la mise en place même d’un projet de vie individuel pour chaque résident.

 

troisième partie : LE PROJET

« Le concept de projet est vital dans toute pratique institutionnelle : vital pour la mobilité ; vital pour que le doute, l’interrogation et le risque aient leur place dans la réalité de l’organisation ». A cet effet, la mise en place de ce projet s’inscrit dans le cadre du perfectionnement de l’accompagnement des personnes en situation de handicap psychique, via une meilleure considération de leurs individualités, de leurs attentes et besoins spécifiques.

 

I – Présentation  du projet : accompagnement des résidents dans la conception de leur projet de vie

 

A – Objectifs du projet

-Titre du projet : « Accompagnement des résidents dans la conception de leur projet de vie »

-Objectifs du projet :

L’objectif de ce projet est double :

-Appuyer le savoir faire des professionnels en termes de conception et de réalisation d’un projet de vie pour un usager en situation de handicap psychique, dans le cadre de la promotion du concept d’accompagnement « adapté » des résidents.

-Aider l’usager à formuler ses attentes exactes dans le projet de vie.

 

B – Le tableau des actions

Le projet ne saurait être réalisé sans la réalisation de plusieurs étapes, appelées actions. Ces actions sont interdépendantes entre elles, et doivent être réalisées dans des délais bien déterminés, afin que le projet soit effectif.

 

L’outil suivant peut être exploité par le leader de projet, à savoir le chef de projet, dans le cadre de l’exposé de ces divers éléments :

 

PROJET : Accompagnement des résidents dans la conception de leur projet de vie
N°Action Titre action Description étapes de chaque action Objectifs Durée estimative de réalisation Manager de l’action
           
           
           
           

 

Pour le projet sur l’accompagnement des résidents dans la conception de leurs projets de vie, les actions, ainsi que les couts financiers et les délais de réalisation, seront explicités dans le tableau suivant :

 

PROJET : Accompagnement des résidents dans la conception de leur projet de vie
N°Action Titre action Objectifs Description étapes de chaque action Durée estimative de réalisation Manager de l’action
 1  Formation des professionnels sur l’élaboration et la conception d’un projet de vie personnalisé Conscientisation des professionnels sur les enjeux et l’importance des projets de vie sur la qualité de la prise en charge – Maitrise des étapes de la conception d’un projet de vie Elaboration d’un calendrier de formation 7 jours Chef de service
Recrutement d’un formateur 10 jours
Mise en œuvre effective de la formation 30 jours
2 Conception des projets de vie personnalisés de chaque résident Mise en application des formations théoriques – Adaptation des accompagnements aux besoins individuels des résidents Recensement des besoins de chaque usager 1jour Chef de service
Conversion des besoins de chaque usager en objectifs 1 jour
Ecriture du projet de vie individualisé pour chaque résident 2 jours

 

A cet effet, seront explicitées succinctement les différentes phases incontournables de la réalisation d’un projet de vie, et les exigences auxquelles il faut se soumettre dans une perspective de pertinence et d’efficience.

 

II – Mise en œuvre du projet

 

A – Action N°1 : Formation des professionnels sur l’élaboration et la conception du projet de vie personnalisé

Si le système de mise en place d’un projet de vie n’a pas encore été adopté jusqu’ici, il peut exister un risque que les professionnels ne maitrisent pas les techniques d’élaboration, ou bien ils ne sont pas encore conscients des enjeux de ce projet de vie sur l’accompagnement des usagers.

 

A cet effet, les deux objectifs de cette première action sont de :

-Dispenser aux professionnels les connaissances et les aptitudes nécessaires dans la conception d’un projet de vie

-Les conscientiser sur les enjeux du projet de vie sur la qualité de l’accompagnement des résidents

 

A cet effet, un formateur sera recruté. Ce formateur doit avoir des expériences et une connaissance approfondie de l’accompagnement des personnes en situation de handicap psychique. Les formés, quant à eux, seront tous les personnels de l’établissement, sans exception. Ceci car, l’accompagnement des usagers doit être individualisé, quel que soit le domaine d’accompagnement et l’intervenant en question.

 

Les deux thèmes suggérés dans l’accompagnement sont les suivants :

-Projet de vie personnalisé et qualité de l’accompagnement

-Démarches d’élaboration d’un projet de vie individualisé.

 

Avant l’engagement dans l’acte d’accompagnement, il faut que :

-L’établissement sache tous les frais rattachés à l’accompagnement : honoraires de l’accompagnateur, frais de déplacement des personnels de l’établissement, …

-L’établissement établisse au préalable un plan de formation. Ce dernier indiquera les disponibilités de chaque personnel, compte tenu de leurs obligations et charges de travail. Tous les personnels peuvent par exemple regroupés en deux catégories, pour garantir la continuité de service : le premier groupe fera la formation la matinée, et le deuxième groupe en cours d’après midi.

 

A la fin de cette formation, les formés doivent être capables de :

-Connaitre les impacts du projet de vie sur l’accompagnement des résidents

-Maitriser les méthodes incontournables ainsi que les démarches d’élaboration d’un projet de vie personnalisé.

 

Une fois cette formation terminée, il faudra ensuite que les projets de vie de tous les résidents de l’établissement soient élaborés. Ceci constituera une application concrète des formations suivies par les personnels, et s’analysera en une innovation réelle au sein de l’établissement. Une innovation qui va dans le sens de l’amélioration de la qualité de la prise en charge, par le biais de l’accompagnement individualisé : les attentes des résidents seront mieux prises en compte.

 

B –  Action N°2 : Conception du projet de vie des résidents : collaboration entre les professionnels et le résident

Un travail étroit entre les professionnels et les résidents doit être déployé dans le cadre de la conception du projet de vie des résidents. Ceci car, c’est le résident qui définira ses attentes individuelles, et ce sera le professionnel qui l’accueille qui transformera ces attentes en objectifs d’accompagnement, auxquels seront assujettis tous les personnels accompagnateurs de ce résident. De cette manière, l’accompagnement n’est plus standard, mais s’adapte convenablement aux spécificités de chaque personne accueillie.

 

1-La composition du document

Concrètement, le projet de vie individualisé de chaque résident comportera les éléments cités ci-après.

 

a- la fiche de projet personnalisé ou le document administratif : cette fiche énoncera l’identité et l’histoire de vie générale du résident.

 

b- le projet proprement dit

C’est cette fiche qui déterminera avec précision les besoins de chaque résident, et convertira directement ces besoins du résident en objectif pour les personnels de l’établissement, et déterminera également les divers moyens appropriés à chaque objectif. Dans ce sens, le projet proprement dit variera d’un individu à un autre.

 

Besoins Objectifs Moyens
Prévention de la perte Stimuler la personne Atelier mémoire
d’autonomie
Amélioration de la communication avec la société Communiquer – tisser des relations avec les autres résidents Participation à des ateliers
Amélioration de l’autonomie aux activités journalières fondamentales Accompagnement, formation à l’autonomisation

 

c- La fiche de suivi du projet

Le suivi du projet est important car le projet lui-même est un document évolutif, il évolue en fonction de l’évolution même du résident, d’où l’importance de la mise en place d’une fiche de suivi. Ce suivi permettra également de savoir si les objectifs formulés dans le projet sont susceptibles d’être atteints ou bien la situation du résident est en train de se dégrader par exemple.

 

Mais il convient de préciser que l’efficience de l’exploitation de ce document est fonction du respect des certaines exigences, auxquelles il faut nécessairement se soumettre.

 

3 – Les exigences relatives à la mise en œuvre du projet dans une perspective de pertinence et d’efficience

Le cadre, à la fois leader et manager, est la personne incontournable pour une efficience de la mise en place d’un tel projet de vie individualisé au bénéfice des résidents d’un établissement.

 

a – La présence du cadre dans la phase de conception et de mise en œuvre du projet

Le cadre, en tant que chef de projet doit tout mettre en œuvre pour que la réalisation du projet qui sera mis en place soit effective et réussie. Le succès du Projet étant sa première préoccupation, selon Tanguy LeDantec : « La réussite est celle de l’équipe de projet, l’échec est celui du chef de projet. ». L’échec ou la réussite d’un projet provient en premier lieu du leader de ce projet.

 

  • -Le cadre comme agent de liaison

Il est à préciser que le cadre, en exerçant le rôle de leader de projet, est un agent de liaison car il doit être celui qui encourage et dynamise la synergie des compétences pour une efficience du projet. Sans ce cadre, la motivation, l’esprit d’équipe et de collaboration ne sauraient être suscités.

 

Il assure ainsi une liaison entre les membres de l’équipe, et entre l’équipe et les objectifs. Ceci car :

-Il est le premier responsable de la réussite de la mise en œuvre effective du projet, ce qui fait qu’il doit être au courant des difficultés et besoins de chaque salarié et usager. Il participera alors activement à la phase d’élaboration du projet de vie.

-Il exerce la fonction de GRH (gestionnaire des Ressources Humaines), les missions de dynamisation et de motivation des équipes lui incombent.

 

  • -Un rôle d’animation et de retransmission

Pendant la mise en place et la mise en œuvre du projet de vie personnalisé, le cadre détient un rôle d’animation et de retransmission. Ce qui fait que les rôles suivants lui reviennent :

– Rôle d’animation des diverses réunions d’information (par exemple : réunion mensuelle d’information sur l’évolution de chaque résident par rapport à ses besoins personnels, …)

 

– Rôle de retransmission car l’efficacité du projet de vie implique la nécessité d’un travail de collaboration entre tous les personnels, à savoir les professionnels éducatifs, les psychologues, les agents administratifs. Le chef de projet anime la collaboration entre ces équipes et assure la retransmission des informations d’une équipe à une autre.

 

  • -Le cadre et sa fonction de contrôle

Dans l’exercice de sa fonction de contrôle, le cadre exerce un contrôle à différents niveaux :

 

– il doit être à la fois un des acteurs qui participera à la contractualisation du projet et devra s’assurer que les objectifs et les besoins ressentis par les usagers accueillis soient réalistes, compte tenu des spécificités de l’établissement d’accueil, des compétences des personnels, du budget de l’établissement.

-il devra s’assurer que les objectifs formulés dans le projet de vie, au bénéfice de chaque résident, soient effectivement réalisés et atteints.

 

  • -Le cadre : agent de décision

En cas de discorde ou de divergence d’interprétation des objectifs ou des besoins des résidents, le cadre jouera le rôle d’agent de décisions, et donnera des explications ou des lignes directives claires à son équipe.

 

  • -Le cadre : agent de régulation

L’établissement avait l’habitude de fonctionner sur la base d’un accompagnement standard, global. Avec la mise en place du système de projet de vie individualisé, l’accompagnement sera désormais spécifique, individualisé. Et les personnels de l’établissement doivent nécessairement s’adapter à cette nouveauté, cette nouveauté qui sera un changement pour eux, car constitue une étape nouvelle dans l’accompagnement des résidents.

 

Dans cette optique, en tant qu’agent de régulation, le cadre doit exercer le « Management du changement », le cadre doit faire en sorte que le Projet ne se heurte à des cas de résistance au niveau des personnels, il est ainsi chargé de défendre ce projet et d’argumenter sur sa nécessité.

 

b –Importance de l’attention portée aux besoins et attentes spécifiques du résident

Le projet de vie individualisé, en tant que tel, doit être le fruit d’une réflexion mure sur les besoins réels de chaque usager. Ces besoins peuvent varier d’une personne à une autre, et ne doivent aucunement être standards. L’accompagnement est réussi s’il a parvenu à satisfaire/répondre aux besoins ressentis par chaque usager. Ce qui fait que l’attention portée à ces besoins spécifiques est garante de l’efficience du projet de vie, vu que lesdits besoins constituent le point d’ancrage d’un accompagnement adapté.

 

II – Evaluation du projet : Analyse des divers apports de la réalisation du Projet

Le fait d’accompagner les usagers dans la conception de leur projet de vie offre divers apports, tant au niveau des professionnels de l’établissement qu’au niveau des usagers accompagnés.

 

A– Les apports du projet de vie pour les professionnels de l’établissement

Le projet de vie est un document essentiel pour l’usager, dans le sens où c’est la concrétisation de ses attentes personnelles. Mais ce document essentiel est également porteur d’apports pour les professionnels de l’établissement :

 

-Le projet de vie personnalisé relate les valeurs professionnelles communes de tous les membres de l’équipe, c’est donc un document de référence qui permettra aux professionnels d’accomplir convenablement leurs missions.

-Le projet de vie est un document d’orientation, par rapport aux objectifs, il sera alors plus facile pour les professionnels de réaliser les objectifs, car ils sont plus clairs et explicites, par rapport à un accompagnement standard, vaste, énoncé dans le projet d’établissement.

 

-Le projet de vie est un instrument qui permettra à l’établissement de se soumettre aux prescriptions légales et aux normes d’accompagnement des personnes en situation de handicap psychique.

 

B- Apports du projet de vie sur les usagers accompagnés

 

                                    1-Le projet de vie personnalisé : garant d’un accompagnement individualisé et adapté, point de départ de la bientraitance

Aux termes des recommandations de l’ANESM, cinq dimensions principales permettent d’évaluer le respect de la bientraitance des usagers : « Une culture du respect de la personne et de son histoire, de sa dignité, et de sa singularité, une manière d’être des professionnels au-delà d’une série d’actes, une valorisation de l’expression des usagers, un aller-retour permanent entre penser et agir, une démarche continue d’adaptation à une situation donnée.[16]».

 

Conformément à ces recommandations, la bientraitance n’est autre que cette prise en charge qui prend en compte les besoins, les spécificités des usagers. « La bientraitance est une attitude correspondant à une éthique. Elle traduit le savoir-être de parents, tuteurs ou soignants face à des enfants, des personnes âgées ou encore des malades ou des personnes handicapées. La bientraitance s’applique aussi vis-à-vis d’animaux. Elle implique le respect d’un être vulnérable de par son âge, son état de santé ou sa condition et inclut autant le domaine physique, moral, sexuel ou encore affectif et financier. La bientraitance impacte le bien-être réciproque et apporte un réel bénéfice tant sur le plan sanitaire que psychologique. »[17]

 

Ce qui fait que l’accompagnement basé sur les prescriptions formulées dans le projet de vie personnalisé consiste en un accompagnement « bientraitant », allant au grand profit des usagers.

 

                                    2 – -Implication de l’usager dans l’accompagnement

Le fait pour l’établissement de prévoir l’implication de l’usager dans le processus de prise en charge et d’accompagnement des personnes vieillissantes en situation de dépendance est conforme aux préconisations de l’ANESM[18].

 

Alors, le fait d’appliquer ce volet « participation de l’usager, de sa famille ou de son représentant » préconisé par l’ANESM, dans le processus de mise en place du projet de vie personnalisé, aide considérablement à améliorer la qualité même de l’accompagnement des usagers accueillis.

 

 

 

Conclusion

Les personnes en situation de handicap psychique sont des personnes qui ont, certes, les mêmes droits que les individus normaux, mais ressentent des besoins spécifiques. Des besoins spécifiques qui doivent nécessairement être pris en compte et considérés dans l’accueil et l’accompagnement de ces personnes, en vue d’une bientraitance. La bientraitance qui est fortement recommandée par les textes et législations, d’autant plus que le renforcement du respect des droits fondamentaux des personnes handicapées s’est fait ressentir ces dernières années.

 

Pourtant, les réalités sur terrain ont permis de constater que les modalités de fonctionnement de l’établissement a permis de détecter que ces besoins spécifiques ne sont pas « convenablement » pris en compte et exploités, dans le cadre de la prise en charge de ces personnes en situation de handicap. Alors que la considération de ces besoins est d’une importance capitale pour la qualité de la prise en charge. Concrètement, les usagers intégrant l’établissement ne bénéficient pas de l’écriture d’un projet de vie individualisé d’une part, et d’autre part, si les projets de vie sont existants, ils ne sont pas efficacement exploités et respectés par les professionnels.

 

Face à cette situation problème, le projet qui a été mis en place consiste en un « accompagnement des personnes en situation de handicap psychique accueillies en foyer de vie dans le choix de leur projet de vie ». Ce projet a été jugé comme la solution idéale pour un accompagnement individualisé, soucieux des attentes spécifiques et personnelles de l’usager.

 

Un projet qui va certainement constituer un changement au sein de l’établissement étudié, et qui appelle une réelle capacité de « management de changement » de la part du leader de projet. De plus, le management de l’esprit d’équipe et de collaboration doit également être renforcé en période de gestion de projet.

 

Comme dans tout projet, le cadre intermédiaire, en tant que leader du projet, a un rôle primordial à jouer au niveau de la motivation et de la dynamisation de l’équipe, vu qu’il est le garant de la réussite du projet. Le travail en équipe est le pilier de toute action, selon Roger Muchielli, qui a affirmé que : « Une équipe, ça se construit, l’esprit d’équipe ça se cultive. […] Il faut se doter des moyens appropriés pour faire d’un groupe, une équipe orientée vers la réalisation d’un but commun et pour maintenir vivante l’équipe ainsi constituée. » (Roger Muchielli, Le Travail en Equipe, Clés pour une meilleure efficacité collective, Juin 2014)

 

Le positionnement du cadre intermédiaire consiste à rallier et à manager toutes ces exigences de la réussite du projet.

 

Comme le précise toujours Patrick Lefèvre : « Qu’être responsable d’un service rejoint à occuper un statut et une position sociale qui aurait fonction entre autre de promouvoir tout ce qui peut permette la valorisation du projet de service, le développement des prestations, leur qualité, tout autant que l’optimisation des compétences humaines et le développement de la technicité des équipes. Il est celui qui recentre le débat capable d’apprécier la globalité d’une situation. Il est là pour mobiliser et apporter une culture commune qui s’élabore, s’entretient et se dynamise au quotidien »

 

 

 

 

Bibliographie

 

Textes de référence :

  • Loi 2002-2 du 2 janvier 2002  rénovant l’action sociale et médico-sociale
  • Loi 2005 -102 du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées
  • Déclaration universelle des droits de l’Homme, ONU, 1948
  • Convention européenne des droits de l’homme et des libertés fondamentales, 1953, amendée en juin 1940

 

Consultations internet :

  • Agence Régionale pour la Santé : « www.ars.sante.fr »
  • Agence Nationale de l’évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico sociaux (ANESM), la bientraitance : définition et repères pour la mise en œuvre. Recommandation de bonnes pratiques, août 2008.
  • Ministère des affaires sociales et de la santé « www.social-sante.gouv.fr »
  • Rapport ministériel « promouvoir la bientraitance dans les établissements de santé » de janvier 2011

 

Ouvrages

Zucman E., 2011, Auprès de la personne handicapée, une éthique de la relation partagée, Eres

 

Agence Nationale de l’Évaluation et de la Qualité des Établissements et Services Sociaux et Médico-sociaux (ANESM), 2008 : LA BIENTRAITANCE : DÉFINITION ET REPÈRES POUR LA MISE EN ŒUVRE ».

 

DUBECHOT Patrick, LEGUY Patrice: CAFERUIS, tout-en-un. Vuibert, 4è édition, 2012. 222 p.

 

GUÉGUEN, Jean-Yves (dir.) : L’Année de l’Action sociale 2012. Bilan des politiques sociales, perspectives de l’action sociale. Dunod, 2012. 224p.

 

PAPAY, Jacques : Le CAFERUIS. Edition 2011-2012. Dunod, 2011. 271 p. (Je prépare. Action sociale)

 

ASQUIN Alain : Ce que manager par projet veut dire. Ed. d’Organisation, 2005. 302 p.

 

FERNANDEZ Alain : Les secrets de la conduite de projet. Ed. d’Organisation , 2003. 167 p.

[1] BOTTA JM, BAPTISE R., ARNAUD M., et al. Handicap psychique. De la reconnaissance aux réponses de terrains. CREAI Rhône-Alpes, juin 2007, n°139. P4-7

[2] Charzat Michel, Pour mieux identifier les difficultés des personnes en situation de handicap du fait de troubles psychiques et les moyens d’améliorer leur vie et celle de leurs proches, Rapport à Madame Ségolène royale, Ministre délèguée à la Famille, à l’enfance et aux personnes handicapées , Mars 2002, P5.

[3] LE LIVRE BLANC des partenaires de santé mentale. France, Paris :Editions de santé, 2001

[4] LE LIVRE BLANC de la coordination 69 Janvier 2012, p.9

[5] Santé gouv.fr

[6] P.261MAKDESSI Y., MORDIER B., Les établissements et services pour adultes handicapés, résultats de l’enquête ES 2010 DRESS, document de travail, série statistiques, N°180, mai 2013.

[7] Source :www.ecosante.fr Données : DRESS, statis.

[8] Projet Associatif 2013 de GRIM

[9] L’arrêté départemental n° ARCG-SEPH-2008-0005 du 6 juin 2008 a autorisé la création d’un foyer de vie.

[10] Handicap et accompagnement, nouvelles attentes nouvelles pratiques, 2009, P.63

[11] Le résident est considéré stabilisé lorsqu’il suit un traitement régulièrement ajusté et qu’il ne connait plus de périodes de « crise », susceptibles d’engager violence et danger pour autrui, mais également pour lui-même.

[12] Source : http://cvs.bruyeres.free.fr/pdf/ehpad.pdf

 

[13] http://www.cairn.info/revue-recherche-en-soins-infirmiers-2010-3-page-23.htm

 

[14] Source du schéma : http://ec.europa.eu/europeaid/evaluation/methodology/tools/too_itw_whe_fr.htm

 

[15] Recommandations de l’ANESM

[16] Recommandations de l’ANESM

[17]http://sante-medecine.commentcamarche.net/faq/17544-bientraitance-definition

 

[18] ANESM Agence Nationale de  l’Evaluation et de la qualité des Etablissements et services Sociaux et Médicosociaux. « Les attentes de la personne et le projet individualisé »

 

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