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Aides techniques et qualité de vie des résidents en USLD

 

 

 

 

 

 

 

Aides techniques et qualité de vie des résidents en USLD

 

 

Travail de fin d’études

Promotion 6 – Diplôme de Responsables d’établissements et services pour personnes âgées

 

Claire RAD      2009 – 2010

 

 

 

SOMMAIRE

Les sigles

Les remerciements

Introduction

 

Chapitre 1 : aide technique, définition et conditions de prise en charge financière

  • Conditions et procédures de la prise en charge des matériels Aides techniques
  • Conditions d’attribution de l’aide technique en établissement
  • La prise en charge des aides techniques
  • L’aide technique et la gestion des risques professionnels
  • Aide technique et la qualité de la prise en charge des résidents
  • Aide technique, aide humaine, quelle articulation ?

Conclusion partielle

 

Chapitre 2 : la phase d’enquête et d’analyse

2.1     Présentation de l’établissement

2.2    Aspect méthodologique du recueil de l’information

2.3    Le choix de la méthode de recherche

2.4    Le choix de la population

2.5    Les enquêtes et analyses, les points de vue des résidents, personnels et aidants

2.6    La place des aides techniques dans la qualité de transfert et de déplacement

Conclusion partielle

 

 

Chapitre 3 : l’organisation, l’entretien et la maintenance des matériels dans l’établissement

3.1    Le rôle du personnel pour la mise en place des aides techniques

3.2    Les dispositifs en place pour la prise en charge des AT

3.3    La mise en place d’un projet pour une meilleure prise en charge quotidienne des AT

Conclusion

 

 

 

Les sigles

AGIR : Autonomie Gérontologique Groupe Iso-Ressources

APA : Allocation personnalisée d’autonomie

ANAES : Agence National

ANACT : Agent Nationale pour L’amélioration des conditions de travail

AS : Aide-soignant

AVP : Accident sur la Voie Publique

ASH : Agent de Service Hospitalier

CHIPS : Centre Hospitalier Intercommunal de Poissy Saint Germain En Laye

IDE : Infirmier Diplômé d’Etat

HAS : Haute Autorité de Santé

CDAPH : commissions des droits et de l’autonomie des personnes handicapées

PCH     : prestation de compensation du handicap

TMS : Trouble Musculo-Squelettique

LPPR : la liste des produits et prestations remboursables

GMP : Gir Moyen Pondéré

CNSA : caisse national de solidarité pour l’autonomie

GEVA : guide d’évaluation des besoins de compensation de la personne handicapée

MDPH : maison départementales des personnes handicapées

IReSP/ institut de recherche en santé publique

 

Les remerciements

Je tiens à remercier  Dr. Laure Bedonnant et le service du long séjour de m’avoir permis la réalisation de mon travail de fin d’études. Merci a Wilfrid et Claire pour la relecture de mon mémoire.

 

Introduction

Le terme « aide technique » souvent considéré comme quelque chose de vague qui nécessite d’être précisé. La dénomination « aide technique » recouvre la notion de matériel ou d’équipement en position avec l’aide humaine.

Dans les années 80, on a remplacé les termes « aide techniques » par « produits pour mieux vivre » puis récemment par « produit d’aide à la vie ».

Des définitions existent, précisant le champ couvert par les aides techniques :

Ainsi, la norme ISO 9999 définit les aides techniques comme « tout produit, instrument, équipement ou système technique utilisé par une personne handicapée, fabriqué spécialement ou existant sur le marché destiné à prévenir, compenser, soulager ou neutraliser la déficience, l’incapacité ou le handicap ».

La recommandation 92 du conseil de l’Europe fait référence à la norme ISO 9999 et inclut non seulement les appareillages classiques mais aussi «  tout outil ou système technique susceptible de faciliter le déplacement, la manipulation, la communication, le contrôle de l’environnement, les activités simples ou complexes de la vie quotidienne, domestique, scolaire, professionnelle ou sociale ».

Il ressort de ces définitions que le champ des aides techniques est très large et couvre un ensemble de matériels disparates. Il y a les matériels conçus spécifiquement pour un type de handicap en vue de restituer autant que possible la fonction de la personne et compenser le handicap issu de sa déficience. Il ya aussi des matériels plus ou moins adaptés pour faciliter et améliorer la vie quotidienne de la personne.

Donc, les aides techniques sont des moyens destinés à permettre à la personne de retrouver une autonomie ou tout au moins de lui permettre de se maintenir dans son cadre de vie.

Les aides techniques contribuent à diminuer la limitation d’activité, la dépendance de la personne et à compenser ses incapacités : elles peuvent éviter, dans certains cas, le recours à une aide humaine et confèrent à la personne handicapée une autonomie.

Et aussi, elles limitent le champ d’activité dans lequel le besoin en aides humaines reste néanmoins nécessaire. Elles facilitent, dans certains cas, le travail des aidants, ce qui réduit la charge de la dépendance et sont par la même définition « une aide aux aidants ».

Les aides techniques  tout en réduisant l’intervention des aides humaines ne peuvent pas toujours s’y substituer totalement mais en compensent le plus possible le handicap.

L’aide technique peut redonner une réelle indépendance à la personne, ce qui n’est jamais le cas avec l’aide humaine. C’est pourquoi, l’étude des besoins de la personne en aides techniques doit être une étape préalable à la mise en place de l’aide humaine et à son financement.

Aux maisonnées qui est un service de l’hôpital de Poissy Saint Germain en Laye,  l’utilisation des aides techniques est très fréquente. Les aides techniques sont arrivées à chaque étape de découverte d’un besoin mais sans avoir un projet et des protocoles d’utilisation et d’attribution de ces matériels.

Deux concepts principaux ont motivé l’achat et l’utilisation de plus en plus nombreux de ces matériels :

1) la gestion des risques professionnels

2) la qualité de la prise en charge de l’usager

Mais faut il encore les connaitre et construire un projet d’organisation  pour respecter l’hygiène, l’entretien et la gestion de ces matériels de plus en plus nombreux dans l’établissement. Faciliter leur utilisation en construisant des protocoles de l’attribution et d’utilisation de ces matériels.

L’absence d’un projet pratique et d’un suivi régulier ont motivé mon choix de sujet « aides techniques » pour construire un mémoire de fin d’études.

Le directeur d’établissement a pour mission de garantir la qualité de la prise en charge des personnes accueillies puis la gestion et la prévention des risques professionnels.

Les aides techniques sont garantes de la prise en charge de l’autonomie et préviennent les risques professionnels comme des maladies TMS. Par quel moyen faut-il accompagner la gestion et l’entretien de ces matériels dans un établissement pour respecter l’hygiène et la sécurité.   « Pourquoi les entretenir ? Qui les entretient ? A quel moment de la journée ? »

Je commence mes recherches par la construction d’un état des lieux,  l’identification des facteurs de risque et la conduite d’un projet de prévention, pour dégager et mettre en place des moyens de prévention. Pour cela, je dois prendre en compte la globalité des procédures nécessaires à la mise en place des aides techniques dans l’établissement ; définir le rôle et la compétence de chacun « qui fait quoi et à quel moment ? » La construction d’une démarche permettant de garder des capacités de veille et d’action dans le temps.

De cette large réflexion, un certain nombre d’informations ont surgi dont les principales sont :

1) sur le terrain, j’ai observé une bonne volonté pour œuvrer en faveur de l’autonomie de la personne selon son choix de vie ; l’intégration dans la vie normale est toujours l’objectif prioritaire ; le projet de réinsertion est mis en route rapidement, dès l’arrivée dans établissement et après stabilisation de l’état de la personne.

2) les besoins de la personne âgée sont évalués en amont par des équipes pluridisciplinaires pour la mise en place de son projet individualisé.

3) l’équipe permet une utilisation quotidienne des aides techniques sans apprécier les demandes de la personne en fonction de ses besoins réels et de son projet de vie.

4) les procédures d’utilisation de ces matériels sont presque inexistantes donc, matériels en panne encombrant les locaux de la maison

5) le résident continue à bénéficier d’une ou plusieurs aides techniques seulement jusqu’à ce que le matériel tombe en panne ou soit défectueux, car il n’y a pas de procédure d’utilisation et de suivi.

6) l’ergothérapeute est prévenu par l’équipe d’un ou plusieurs problèmes d’installation (fauteuil, lit, etc).

7) comme le besoin de l’usager n’est pas réfléchi ni étudié, le matériel est changé plusieurs fois avant de trouver la solution finale

8) les matériels d’aides techniques demandent de l’entretien. Par exemple : les matelas à eau sont à vider et à remplir tous les 2 mois, n’ayant pas de fiche de suivi, ces matériels sont mal entretenus, donc les mesures d’hygiènes ne sont pas respectées.

Je suis cadre hôtelier à la maison de retraite Richard à Conflans Saint Honorine. C’est une maison de retraite publique de 197 lits. A l’époque de l’élaboration de mon mémoire, je travaillais à l’hôpital de Poissy Saint Germain en Laye. Pour retravailler sur mon mémoire, je suis retournée aux Maisonnées pour faire un état des lieux, 2 ans après la mise en place des référents matériel et avec l’expérience d’aujourd’hui et savoir quels sont les concepts qui motivent un directeur de traiter le sujet d’aide technique dans un établissement pour personne âgée.

Après avoir fait l’état des lieux  sur le projet d’aide technique, je commence mon travail de fin d’études par la définition de l’aide technique, la description des conditions d’aides financières, les risques professionnels et les actions de préventions.

 

Chapitre 1 : Aide technique, définition et conditions de prise en charge financière

 

1.1 Conditions et procédures de la prise en charge des matériels Aides techniques

 « L’aide technique est attribuée pour l’achat ou la location par la personne handicapée et pour son usage personnel, d’un instrument, un équipement ou un système technique adapté ou spécialement conçu pour compenser une limitation d’activité rencontrée par une personne du fait de son handicap ».

Elle peut être attribuée en établissement, sous conditions :

Les aides techniques attribuables doivent être inscrites dans le plan de compensation et répondre au moins à l’un des objectifs suivants :

  • maintenir ou améliorer l’autonomie de la personne handicapée pour une ou plusieurs activités,
  • assurer sa sécurité,
  • mettre en œuvre les moyens nécessaires pour faciliter l’intervention des aidants qui l’accompagnent.

En outre, l’aide technique doit être suffisante et appropriée aux besoins de la personne, compte tenu de ses habitudes et de son environnement.

Son usage doit être régulier ou fréquent.

 

1.2 Condition d’attribution de l’aide technique en établissement

Les aides techniques peuvent être attribuées lorsqu’au moment de la demande de Prestation de Compensation du Handicap (PCH), la personne handicapée est :

  • hospitalisée dans un établissement de santé,
  • ou hébergée dans un établissement social ou médico-social financé par l’assurance maladie ou par l’aide sociale.

Dans ce cas, le montant des aides techniques correspondant aux besoins de la personne définis par la commission pour les droits et l’autonomie des personnes handicapées (CDAPH)[1] est attribué à partir des besoins en aides techniques que l’établissement ne couvre pas habituellement dans le cadre de ses missions.

Choix de l’équipement adapté :

L’équipe pluridisciplinaire de la maison départementale des personnes handicapées peut prévoir dans le plan de compensation une période d’essai, par exemple, pour valider la pertinence d’une aide en situation réelle ou comparer plusieurs systèmes.

Dans ce cas, les conditions de la période d’essai sont précisées dans le plan de compensation.

 

1.3. Produits pris en charge

Pour être prise en charge au titre de la prestation de compensation, l’aide technique doit figurer :

  • dans la liste portée sur l’arrêté du 18 juillet 2008,[2]
  • ou dans la liste des produits et prestations remboursables (LPPR) de la sécurité sociale.[3]

 

Cas particulier des aménagements d’équipements d’utilisation courante

En dehors des dispositifs médicaux ou spécifiquement conçus pour compenser le handicap, des équipements d’utilisation courante peuvent être inscrits, au titre des aides techniques, dans le plan de compensation.

Selon la situation, appréciée par la commission départementale pour les droits et l’autonomie des personnes handicapées (CDAPH), la prestation de compensation peut prendre en charge :

  • uniquement le surcoût lié à l’adaptation d’un équipement de base d’usage courant,
  • ou l’ensemble d’une combinaison comprenant un équipement d’usage courant et le ou les éléments d’adaptation de cet équipement au handicap.

Montant

Lorsqu’un dispositif figure dans la liste des produits et prestations remboursables (LPPR) de la sécurité sociale, il se trouve soumis à une prescription médicale. Dans ce cas, la prise en charge au titre de la prestation de compensation porte sur la partie non remboursée par la sécurité sociale.

Lorsque l’aide technique indiquée dans le plan de compensation ne figure pas dans la LPPR, elle est remboursée à hauteur de 75% de son tarif et dans la limite de 3 960 €  sur 3 ans.

Lorsque l’aide a un montant supérieur à 3 000 €, le montant maximal attribuable est majoré du montant du tarif de l’aide, diminué du montant de la prise en charge par la sécurité sociale.

Lorsque le choix est possible entre plusieurs aides techniques équivalentes, le plan de compensation retient la solution la moins onéreuse ».[4]

 

1.4. L’aide technique et  la gestion des risques professionnels

Avec près de 20 000 cas reconnus en 2000, les  Troubles Musculo-Squelettique (TMS) constituent la première cause de maladies professionnelles en France comme dans la plupart des pays européens et progressent dans beaucoup d’entreprises (+ 20% par an). Syndromes du canal carpien ou encore tendinites, les TMS affectent principalement les muscles, les tendons, et les nerfs des membres supérieurs et inférieurs au niveau du poignet, des épaules, du coude ou des genoux. Ces affections se manifestent par des douleurs et une gêne dans les mouvements pouvant entraîner un handicap sérieux dans la vie professionnelle et dans la vie privée.

Les TMS résultent d’un déséquilibre entre les capacités fonctionnelles des personnes et les sollicitations qui apparaissent dans un contexte de travail notamment, sans possibilité de récupération suffisante. Et il apparaît que les travaux exigeant des gestes répétés sous forte contrainte de temps restent très répandus. Si le coût humain est important (souffrance, risques d’inaptitude professionnelle, atteinte à l’image de soi, dégradation de la vie privée), le coût économique est aussi élevé pour l’hôpital. L’absentéisme répété et les arrêts longs maladie sont les conséquences des TMS causés par les manipulations répétées des résidents sans les aides techniques.

D’après l’ANACT (Agent Nationale pour l’Amélioration des Conditions de Travail ), « les connaissances scientifiques sur les facteurs de risque et sur le rôle déterminant du travail dans le développement des pathologies sont aujourd’hui bien établies et partagées par tous les préventeurs. Pour être efficace, l’entreprise doit construire son projet de prévention sur les principes suivants » :

  • Une approche globale du « geste » : celui-ci ne se réduit pas aux seuls mouvements musculaires mais est aussi l’expression de la personne au travail qu’il convient de prendre en compte dans sa globalité. Outre les aménagements nécessaires des situations de travail pour réduire les contraintes physiques, la prévention devra ainsi viser à une meilleure reconnaissance du travail et des compétences mises en œuvre dans le geste
  • Une mise en lien entre les pathologies et l’organisation du travail : la prévention devra viser à redonner des possibilités de régulation aux salariés leur permettant d’assurer la production tout en préservant leur santé.

La démarche suppose la participation des salariés qui doivent être impliqués à toutes les étapes du processus d’analyse des problèmes et de recherche des solutions.

Le réseau ANACT, en complément d’autres institutions de prévention (Médecine du travail, CRAM, MSA, OPPBTP…) accompagne les acteurs de l’entreprise dans leur démarche de prévention »[5]

Dans l’évaluation des risques professionnels aux Maisonnées, l’état des lieux de la dépendance physiques et psychiques des résidents et les moyens mis en place pour leur prise en charge sont les principaux outils d’évaluation des risques professionnels au travail, l’impulsion, déjà ancienne, est venue de l’union Européenne avec la directive de 1989 rendant obligatoire l’évaluation à priori des risques.

 

Le Document Unique

Selon le code du travail, l’employeur transcrit et met à jour, dans un document unique, les résultats de l’évaluation des risques pour la santé et la sécurité des travailleurs à laquelle il procède en application de l’article L4121-3.

Dans un document publié par ANACT sur la prévention des risques professionnels, cette évaluation comporte un inventaire des risques identifiés dans chaque unité de travail de l’entreprise ou de l’établissement.

La mise à jour du document unique d’évaluation des risques est réalisée ; au moins chaque année

  • Lors de toute décision d’aménagement important modifiant les conditions de santé et de sécurité ou les conditions de travail, au sens de l’article L461268
  • Lors qu’une information supplémentaire intéressant l’évaluation d’un risque dans une unité de travail est recueillie ;

L’employeur doit informer les travailleurs sur les risques pour leur santé et leur sécurité d’une manière compréhensible pour chacun. Il doit aussi les former à la sécurité ;

Le document unique doit être tenu à la disposition du travailleur et des représentants du personnel (décret décembre 2008)

Transposée en droit français grâce à la loi du 31 décembre 1991, la directive européenne a marqué des réelles avancées pour la sécurité et la santé des salariés. Le législateur a, en effet, précisé la notion de prévention des risques en définissant le périmètre de la population dont le chef d’entreprise à la responsabilité : «  l’employeur doit assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale du travailleurs  de l’établissement, y compris les travailleurs temporaires ».

Il existe dorénavant une obligation de moyens et de résultats, obligation sur laquelle s’appuient les tribunaux en cas de contention.[6]

La formation des personnels sur l’utilisation des aides techniques comme des matériels  visent à :

  • La prévention des risques professionnels
  • La qualité de la prise en charge des résidents

Ainsi construire des documents et procédures d’utilisation de ces matériels permet  de valoriser ces outils de prévention des risques professionnels, de garantir la  qualité  de la prise en charge des résidents et de faciliter leur utilisation.

 

 1.5. Aide technique et la qualité de la prise en charge des résidents

La prescription d’une aide technique chez une personne âgée visera à améliorer son autonomie et de ce fait sa qualité de vie. La sélection des aides appropriées doit tenir compte de la personne, de ses besoins, et de son environnement. Une aide technique doit être adaptée à l’incapacité du patient. C’est pourquoi l’investigation de l’équipe pluridisciplinaire est primordiale.

Jérôme Pélissier dans son livre  Humanitude nous rappelle que : « A chaque fois qu’un environnement empêche un homme de réaliser un geste ou une action qu’il est capable de réaliser, à chaque fois qu’une personne fait à sa place un geste qu’il pourrait accomplir, ils modifient et affaiblissent cet homme. A chaque fois qu’une faculté, qu’une capacité, est ainsi inutilisée, elle se détériore ; d’autant plus rapidement que la personne est vulnérable physiquement ou psychiquement. Les environnements qui conduisent à transformer des hommes ayant développé des capacités en des hommes qui les perdent faute de les utiliser ». [7]

Lorsqu’il n’est plus possible de corriger une perte d’autonomie, il faut la compenser. C’est à cela que servent les aides techniques. L’aide technique, c’est le  « petit truc », parfois  qui rendra la vie plus facile, qui dispensera de demander de l’aide pour un acte tout simple, comme enfiler une paire de bas ou se brosser les cheveux par exemple. Comme l’indique Yves Gineste, « pour être efficace, l’aide technique ne doit pas être imposée. Qu’il s’agisse d’un simple accessoire ou d’un fauteuil roulant, elle doit être acceptée par son utilisateur et prise pour ce qu’elle est : un outil pour l’autonomie, et non pas un marqueur de vieillesse ou de handicap.[8]

Concernant la prise en charge d’un patient âgé, cette approche globale implique le respect de la personne, de son corps, de sa pudeur, de son intimité. Donc de son autonomie au sens large, c’est-à-dire le choix de l’aide, de l’acceptation ou non.  Savoir accepter les désirs, les besoins, les limites de la personne, et ses habitudes de vie.

Le champ couvert par la notion d’aides techniques (AT) est extrêmement vaste : il regroupe des procédés technologiques très disparates allant de la canne ancestrale et des aménagements de l’habitat, au matériel intégrant les progrès les plus récents de la recherche en matière d’électronique, d’informatique, de matériaux ultralégers, etc. A ce sujet Yves Gineste tient les propos suivants :

 

 « Il concerne des domaines d’intervention qui couvrent tout le champ des activités de la vie quotidienne : hygiène, habillage, alimentation, mobilité, communication et relation, réalisation des tâches domestiques, loisirs, etc. Longtemps perçues comme des attributs essentiellement palliatifs, visant à compenser des incapacités, les AT peuvent également être des outils importants pour la réadaptation, particulièrement chez le vieillard fragile ; par exemple, chez ce dernier, le choix d’une aide à la mobilité peut avoir un rôle déterminant sur l’évolution d’un syndrome de désadaptation posturale »[9]

Le marché des AT a subi une véritable explosion au cours des deux dernières décennies, avec un doublement du nombre d’utilisateurs dans la population générale.

Les raisons de cet accroissement sont multiples : augmentation du nombre de personnes atteintes d’incapacités (allongement de la durée de vie, plus grande survie après des traumatismes ou maladies sévères), progrès technologiques (dispositifs plus variés, plus performants, plus maniables, meilleure prise en compte des attentes esthétiques de l’utilisateur), changement d’attitude vis-à-vis du handicap et meilleure prise en charge des aides techniques. L’accroissement d’utilisation des aides techniques touche en particulier les personnes âgées. A ce propos l’auteur de « aide technique et matériel d’assistance en gériatrie » mentionne que : « Cet accroissement concerne tout particulièrement la personne âgée (PA) : aux États-Unis, la prévalence d’utilisation d’AT pour la mobilité, la vision et l’audition est quatre fois supérieure chez les plus de 65 ans à celle enregistrée dans la population générale. En Suède, 70 pour cent des utilisateurs d’AT sont âgés de plus de 65 ans ». [10]

Il faut toutefois noter que cette expansion s’est essentiellement faite sous  l’influence des lois du marché : Le nombre et la diversité du matériel proposé aux personnes âgées contrastent avec nos connaissances limitées et partielles quant aux bénéfices réels qu’elles peuvent apporter. De ce fait, Les aides techniques manuelles associées à l’aide humaine vont permettre :

  • à la personne âgée de maintenir ou de recouvrer une autonomie momentanément perdue, un confort, une sécurité, un soulagement d’une douleur par exemple,
  • aux soignants et aux aidants de se préserver des troubles musculo-squelettiques provoqués par les efforts accomplis à l‘occasion des soins.

Convaincre les personnes âgées d’accepter une aide technique pour compenser une déficience n’est pas un travail simple : En relation avec la notion d’appropriation, d’apprentissage et d’adaptation, la coexistence ou le rejet des aides techniques chez les personnes âgées. Un des auteurs du livre « aides techniques et matériels en gériatrie » nous déclare que :

« A tout âge de la vie, l’aide technique sert à palier une fonction déficiente. S’approprier une aide technique a donc pour condition première d’accepter la déficience. On se souvient du professeur Tournesol dans Tintin qui ne veut pas d’appareil auditif puisque, dit-il,  “je ne suis pas sourd, juste un peu dur d’oreille. Accepter une déficience est un travail psychologique qui peut demander beaucoup de temps, c’est d’abord faire le deuil de la perfection (de fonctionnement, de pouvoir) mais aussi de l’intégrité corporelle et parfois celui de certaines fonctions sociales »[11]

 

1.6.  Aide technique, aide humaine : quelle articulation ?

En un siècle, nous avons gagné 30 ans d’espérance de vie.

Le vieillissement entraîne naturellement des dysfonctionnements et des difficultés d’adaptation voir d’apprentissage à l’utilisation de matériel nouveau. Il est possible de prévenir ces problèmes et de les accompagner. L’âge est  un facteur important dans l’apparition de pathologies lourdes. L’aide apportée aux résidents dépendants peut prendre diverses formes. Le recours à une aide technique doit à cet égard être mis en relation avec l’environnement de la personne, en particulier la présence d’aides humaines, professionnelles ou familiales, avec  lequel il se combine.

Cette combinaison entre les aides ne se traduit pas par des phénomènes de substitutions. Ces deux types d’aide apparaissent davantage comme complémentaires. La perspective des compensations apportées par ces aides permet de pallier les difficultés que rencontre le résident.

Il est important de noter qu’avant la mise en place d’une aide technique l’ensemble de l’équipe doit cibler les diverses demandes et leurs motivations  et déterminer :

  • la demande du résident
  • la demande de sa famille
  • la demande globale de la part de l’équipe

Puis les objectifs recherchés :

  • Amélioration du confort (résident et soignant)
  • Amélioration de la sécurité (résident et soignant)
  • Amélioration de l’autonomie du résident (et soignant)
  • Amélioration dans l’organisation du travail

Ces objectifs sont différents en fonction de chaque individu résident ou soignant. L’utilisation d’une ou plusieurs aides techniques ne devrait pas être vue sous l’angle exclusif du meilleur confort de travail des membres de l’équipe. Le risque étant de créer encore plus de dépendance par l’absence d’utilisation des capacités conservées. D’autre part, la rééducation demandera plus de temps et la sollicitation pertinente des capacités du résident peut permettre de ne pas multiplier le nombre d’intervenants.

Un rapport bénéfice/risque doit toujours être posé par le personnel, (le médecin prescripteur, le directeur, l’ergothérapeute, et le personnel soignant). Cela nous aide à prendre une décision adaptée à chaque fois.

Les écrits sur les aides techniques insistent sur le fait que, l’ambition de l’équipe doit porter sur des objectifs qui puissent motiver la personne âgée à s’approprier l’aide technique. Ces objectifs sont les suivants :

  • Savoir : connaissance de l’ergomotricité, et des aides techniques capables de faciliter les soins et les déplacements des personnes âgées ;
  • Savoir faire : apprentissages des procédures d’utilisation des aides techniques spécifiques aux tâches à accomplir ;
  • Savoir laisser faire : sans gêner ni nuire, mais en favorisant l’utilisation des aides techniques ;
  • Savoir faire faire : apprendre l’utilisation des aides techniques par la personne âgée, et l’inviter à s’en servir ;
  • Savoir faire avec : utiliser l’aide technique avec la personne âgée, et inciter la personne âgée à participer ;
  • Savoir faire pour : en utilisant les aides techniques si nécessaire, en verbalisant ce que l’on fait pour et à la place de la personne âgée.[12]

Je rajoute aussi : savoir devenir, c’est-à-dire apprendre à évoluer avec la technologie dans son rapport bénéfice, risque”.

 

Conclusion partielle

En milieu institutionnel, l’utilisation des AT est conditionnée par l’attention portée à l’information ainsi qu’à l’entraînement des équipes à son emploi et à son maintien en état de fonctionnement sécurité.

Les aides techniques sont utiles aux personnes âgées ou handicapées à la marche et dans leur besoin de se mouvoir. Leur développement soulage considérablement le personnel et palie les pertes d’autonomie des résidents. L’aide technique est reliée à l’aide humaine.

Ces aides techniques sont des dispositifs médicaux ou spécifiquement conçus pour compenser le handicap. Il est toutefois possible d’inscrire dans le plan de compensation certains équipements d’utilisation courante au titre des aides techniques.

A présent, je vais tenter  de déterminer si l’aide technique peut améliorer la qualité de vie des résidents des Maisonnées et en quoi ? Quelles sont les mesures de prévention concernant les gestions des risques professionnels.

Après avoir présenté la question des aides techniques, les concepts de la gestion des risques professionnels, la qualité de la prise en charge des résidents, des conditions d’attribution et les objectifs recherchés, (prendre en compte des demandes des résidents, des aidants et du personnel) ; voici l’étape de l’enquête et analyse.

 

 

 

 

 

CHAPITRE 2 :

LA PHASE D’ENQUETE ET D’ANALYSE

 

2.1 Présentation de l’établissement et de la population accueillie

« Les maisonnées » sont implantées sur le plateau de Beauregard, et entourées d’un jardin clos à la disposition des résidents.

La conception architecturale a été guidée par la recherche de la lumière: toutes les chambres bénéficient d’une luminosité maximale.

La capacité du service est de 105 lits. La disposition du bâtiment en 2 étages a permis de regrouper les chambres en unités de vie ou « maisonnées » pour préserver la vie sociale et des espaces de rencontre.

Les chambres à 1 ou 2 lits, dans chaque maisonnée, s’organisent autour de placettes et salons d’étage. D’une superficie de 18 à 24 m2, elles comprennent un cabinet de toilette avec lavabo, WC et douche.

Elles sont dotées de lits médicalisés à hauteur variable et équipées de prises de téléphone et de télévision.

Chacun est libre d’y apporter des petits meubles ou objets familiers, dans la limite de la place disponible.

Si leur état de santé le permet, les résidents ont la possibilité de sortir, accompagnés de leur famille ou de leurs amis. Les repas sont servis dans la salle à manger de chaque étage.

En cas de nécessité médicale, les repas sont pris en chambre.

Les admissions aux Maisonnées liées au développement des services à domicile  font que deux entrées sur trois sont des personnes très dépendantes qui nécessitent des soins médicaux constants et une surveillance accrue. Par conséquent, dans la politique d’hébergement des personnes âgées,  aujourd’hui, le long séjour est un type de structure bien adapté pour de nombreuses situations.

La surcharge de travail, avant le développement des matériels d’aide aux soins,  y était réputée, faisant de ces services les plus lourds de l’hôpital. En revanche, l’arrivée des aides techniques et leur développement continu, soulage beaucoup le personnel et palie les pertes d’autonomie des résidents en terme de « manutention », aidant à la marche et dans leur besoin de se mouvoir.

Actuellement l’âge moyen des résidents aux maisonnées est de 87 ans. Leur état de dépendance physique ou psychique est important ; le degré de cette dépendance est évalué à l’aide de la grille AGGIR qui permet de répartir les individus en différents Groupes Iso Ressources (GIR).

Depuis des décennies, les gérontologues et le personnel soignant créent et utilisent des grilles d’évaluation de la personne âgée afin de mieux appréhender celle-ci dans plusieurs objectifs :

  • Evaluer les besoins de la personne et leur évolution
  • Evaluer la charge en soins qu’elle nécessite
  • Evaluer les coûts représentés par cette prise en charge
  • Déterminer le plan d’aide (humaine ou technique)

La grille AGGIR est devenue l’outil légal d’évaluation de la dépendance des personnes âgées dans le cadre de la loi n° 97-60 du 24 janvier 1997 depuis sa désignation par le décret n° 97-427 en conseil d’état du 28 Avril 1997 (modifié par décret N°2008 du 21 août 2008). [13]

Il y a six groupes répertoriés donnant lieu à 3 tarifications différentes permettant au département d’allouer une allocation personnalisée d’autonomie (APA) aux personnes âgées de 60 ans et plus.

Cette allocation à caractère de solidarité nationale a été mise en place depuis 2001. Plus le GIR de la personne âgée est faible, plus les dépendances sont importantes, plus l’allocation allouée est élevée. La tarification concerne les GIR 1-2, les GIR 3-4 et les GIR 5-6.

Le tableau de répartition des GIR permet, de déterminer le montant d’une prestation – l’APA (Allocation personnalisée d’autonomie) – aux personnes âgées dépendantes. Puis ce constat sur le GMP (Gir Moyen Pondéré) nous permet de concevoir la place importante des aides techniques pour compenser un ou plusieurs déficiences.

Presque toutes les personnes accueillies aux Maisonnées ont des dépendances physiques et psychiques très lourdes qui  demandent un accompagnement constant et spécifique par le personnel qui les entoure. Il n’y a aucun usager classé en GIR 5 et 6, ce qui montre la place spécifique des longs séjours dans le classement des établissements pour personnes âgées. C’est à dire une population qui nécessite également une surveillance médicale de tous les jours.

La cotation des GIR permet également aux gestionnaires d’établissement, à travers le calcul du GIR moyen pondéré (GMP) de leur établissement, de demander des créations de postes supplémentaires auprès du conseil général et de l’assurance maladie.

Aux Maisonnées, le GMP est en constante augmentation depuis sa création. Les dépendances sont tant physiques que psychiques. En  2007, le GMP calculé par le médecin Chef, est de 844,34 ; ce qui le  situe dans la moyenne « haute dépendance » des établissements pour personnes âgées. Nous accueillons actuellement aux maisonnées 3 résidents de moins de 60 ans qui malgré leur dépendance très lourde, ne bénéficient pas de l’APA.

Les 105 lits des Maisonnées, fonctionnent avec 37 aides-soignants et 7 IDE de jour. Les agents de service hospitalier s’occupent essentiellement de l’entretien des lieux de vie. A ce personnel s’ajoutent 2 infirmiers de nuit et 4 AS de nuit. Le chef médecin est une gériatre qui travaille également sur le site de Saint Germain. Elle travaille avec 4 assistants hospitaliers. L’équipe des Maisonnées est encadrée par 2 cadres de santé et 1 cadre de pôle.

Enfin, la présence d’un ergothérapeute et d’un psychomotricien aident le personnel à définir le choix des aides techniques et à les adapter à chaque cas puis à en faire l’apprentissage. Vu la fréquence d’utilisation des aides techniques aux Maisonnées, l’expertise d’un ergothérapeute est très importante.  Celui-ci est important dans la procédure de mise en place des aides techniques.  La procédure de l’acquisition d’une ou plusieurs aides techniques et les démarches auprès de la sécurité sociale et des organismes de tutelles sont quelques une des missions de l’ergothérapeute.

 

2.2. Aspect méthodologique du recueil de l’information

Dans cette enquête, il s’agit de comprendre si la mise en place des aides techniques participe à la qualité de la prise en charge des résidents. Comment s’intègrent-ils dans le quotidien des personnes âgées, dans la qualité du travail du personnel,  dans la prévention des risques professionnels et dans le quotidien des aidants pour accompagner ? La méthode choisie consiste en des entretiens auprès des résidents, du personnel et dans l’organisation d’une réunion afin de comprendre la place des aides techniques dans le projet individualisé.

L’analyse présentée ici s’appuie sur une enquête menée auprès de 8 résidents, de l’ensemble du personnel soignant, des familles, de l’ergothérapeute et de la psychomotricienne de l’établissement.

 

2.3.  Le choix de la méthode de recherche

Ce sont des entretiens semi directifs qui ont été privilégiés afin de laisser une liberté de paroles aux personnes interrogées.

Pour les personnes âgées, il s’agissait de savoir si elles étaient au centre de la prise en charge et « acteurs » de leur vie tant dans  leurs désirs que dans leurs demandes et leurs besoins.

Pour ce qui concerne le personnel, le questionnaire était axé sur la connaissance des aides techniques et connaître  leurs apports dans la prise en charge de la dépendance.

Qu’est-ce que les aides techniques peuvent-elles apporter aux personnes âgées résidant dans l’établissement ?

Comment pouvons-nous impliquer les résidents dans le choix des AT?

Quelle doit être la participation du personnel à leur mise en place ?

 

2.4. Le choix de la population

Les résidents ont été choisis en fonction des caractéristiques représentatives des personnes dépendantes accueillies dans l’établissement. La population déterminée est constituée de personnes atteintes de plusieurs pathologies. Il s’agissait de recueillir leurs témoignages sur le choix de l’aide technique et sur ce que ces matériels leur apportent dans la vie quotidienne.

Les huit  personnes interrogées nécessitent toutes de l’aide de la part du personnel pour les tâches de la vie quotidienne à des degrés différents. Madame X, présente depuis 10 ans, est assistée pour toutes les tâches de la vie quotidienne et se déplace en fauteuil électrique. Madame L est entrée le 22 Janvier 2002, à la suite de chutes répétitives, elle marche à l’aide d’un déambulateur. Elle est accompagnée pour la toilette et la douche. Monsieur D est entré après une hospitalisation, il a besoin d’aide pour tous les soins d’hygiène. Madame T se déplace en fauteuil roulant et monsieur D avec son déambulateur.

Madame CH qui a perdu l’usage de ses jambes il y a quatorze ans, se déplace en fauteuil roulant, est douchée sur le Brancard douche, et est levée avec le lève malade.

Monsieur A, se déplace avec un fauteuil électrique, également  un déambulateur pour les petits trajets, (aller à la salle de bain).

Madame M, âgée de 90 ans, assistée pour toutes les taches de la vie quotidienne, se déplace avec un fauteuil roulant.

De façon habituelle, une réunion est organisée avec l’ensemble de l’équipe pluridisciplinaire. Nous profitons d’un créneau entre 14h et 15h chaque jeudi pour réunir l’équipe du matin et du soir qui est composée de :

  • 12 AS pour le matin et 8 AS pour le soir,
  • 2 infirmiers pour le matin 2 pour le soir,
  • 4 ASH pour le matin et 2 pour le soir,
  • le médecin chef, 2 assistantes hospitalières, le cadre de santé, l’animatrice, le kinésithérapeute, l’ergothérapeute, la psychomotricienne et une réunion sur deux la cadre de pôle. Nous parlons des nouvelles entrées, du départ d’un résident, de la présentation des stagiaires, du personnel qui arrive dans le service. Ces réunions permettent de faire le point sur le travail hebdomadaire : les difficultés rencontrées par l’équipe de soignants, les changements de comportement des résidents, les informations de la direction de l’hôpital sous présentation des « notes de service ». Les 60 minutes de la réunion font partie du temps de travail.

Avec l’accord du cadre de santé, nous avons consacré à deux reprises 30 minutes sur ces réunions à mes recherches sur les aides techniques aux personnes âgées. Au préalable, le personnel fut prévenu  du thème et de l’objectif de la réunion.

Comme les aides techniques prennent une place de plus en plus importante dans le service ; le sujet de l’enquête a fait l’objet d’un bon accueil de la part de l’ensemble de l’équipe.

 

2.5. Les enquêtes et analyses, les points de vue des résidents, personnels et aidants

A ce stade, j’ai analysé le contenu des réunions et des propos qui reviennent  souvent dans les différents entretiens auprès des résidents, et l’analyse en a suivi.

L’ergothérapeute définit les aides techniques comme suit : « l’aide technique est  une compensation à la situation de handicap et permet de suppléer une fonction déficitaire de façon provisoire ou définitive. La procédure est donc d’évaluer les incapacités de la personne, de faire le choix de l’aide technique adaptée et d’en faire l’apprentissage.

Si la personne âgée a déjà perdu toute autonomie fonctionnelle et adopte une attitude résignée. Il nous faudra la persuader de l’intérêt du traitement comme une aide technique pour marcher ou se déplacer. C’est un préalable évidemment indispensable. Il nous faudra obtenir son accord et sa collaboration, dans le respect de sa liberté de choix et de ses possibilités psychiques et physiques ».

L’intervention de l’ergothérapeute évoquant le respect de choix de la personne âgée puis le niveau très élevé de la dépendance des  résidents aux Maisonnées me fait penser à un chapitre  du livre « Humanitude » qui nous montre l’importance de la notion de soigner :   « L’aspect totalement subjectif de la perception de la qualité de vie nous montre que la santé est alors un élément d’un équilibre dynamique qui dépend directement de la perception de l’individu. Ce recentrage sur la personne soignée déplace le centre du « pouvoir » : « Je ne peux plus te soigner sans toi, malgré toi, je ne peux que t’aider ». »

Relatif au concept de soigner malgré le handicap, il nous rappelle l’importance de faire participer la personne dans les méthodes de prise en charge. A ce propos les auteurs  disent : « Jusqu’au dernier souffle, même atteinte de syndromes démentiels, une personne ressent, échange, s’émeut. C’est ce que montre le concept d »Humanitude ». La qualité du « prendre soin«  aidera à faire du bien, et soutiendra aussi ceux qui prennent soin. Des moments d’émotion, de tendresse, de plaisir, de complicité, … que la société ne valorise pas à ce jour, mais qui nous font grandir et vieillir plus sereinement ».[14]

Certaines personnes de l’équipe soignante, pensent que «  persuader les résidents de l’intérêt de garder une certaine autonomie peut prendre du temps et de l’énergie, mais la démarche est passionnante sur le plan humain ». A ce sujet, nombreux points de vue sont exprimés ; parmi eux, Vincent CARADEC déclare que : « Les maisons de retraite ne sont pas des lieux clos comme l’étaient les Hospices, qui accueillaient des vieillards isolés, c’est pourquoi accompagner une personne âgée demande beaucoup d’attention et de professionnalisme aujourd’hui”. [15]

Pour ce qui concerne les comportements démissionnaires  de certains résidents, une aide- soignante est intervenue en disant : « Souvenez vous de madame X, pour lui faire comprendre que même si elle n’a jamais eu de permis de conduire, elle pourra manipuler son fauteuil électrique pour se déplacer seule.  Pour en arriver là, il a fallu un encadrement, une écoute, une réassurance de tous les instants. A force, madame X a trouvé suffisamment de confiance en elle pour ne plus appréhender le fauteuil électrique. »

Une infirmière s’est exprimée en disant: « qu’il est primordial d’établir une relation de confiance. Une fois cette confiance obtenue, une participation plus active de la personne âgée pourra être sollicitée à condition de respecter le résident ».

Le kinésithérapeute a dit : « Il est important de relater que les interruptions d’un suivi de rééducation grâce à la technologie entraînent inévitablement un nouveau « repli sur soi » de la personne âgée. A leur manière, les patients expriment rapidement leur inquiétude quand les rééducations sont espacées. Nous avons ainsi remarqué des états dépressifs, des cas de régressions, et même des syndromes de glissement chez des résidents pour lesquels la rééducation était  trop irrégulièrement faite ou bien  interrompue ».

Un petit groupe d’agents ne s’est pas clairement prononcé. Pour eux, des aides techniques ne sont pas forcément utiles à certains résidents grabataires. Ils tiennent le discours suivant : « de toute façon on ne les rajeunit pas. De plus les aides techniques entraînent du travail supplémentaire et de  nombreuses manipulations pour le personnel soignant ». 

Quant à cette façon de penser consistant à ne mettre en place des  choses uniquement en l’absence d’objectif d’une guérison, je n’ai pas pu m’empêcher d’intervenir et de vouloir découvrir le fond de cette pensée. J’ai posé la question : Comment pouvez vous me définir un résident grabataire ?

Une infirmière a précisé: « être grabataire, c’est ne pas communiquer,  perdre toute fonction physique et psychique. De plus, les soignants ne peuvent pas connaitre les désirs et les choix de cette personne ».

Cette réponse aide à comprendre combien la médicalisation des soins en gériatrie peut bloquer les soignants à aller plus loin dans le concept de qualité de vie et dans la prise en charge de la dépendance.

Suite à cette réponse, je les questionne sur le thème de la communication. « Dites moi, ce qu’est pour vous  communiquer  ?  S’exprimer oralement, comme nous qui nous exprimons dans la vie de tous les jours ? Si oui, que dites-vous des cris, des agitations, des comportements démissionnaires, des gestes douloureux, des sourires, des pleurs, de bouger son corps dans tous  sens, de  ne pas manger, et beaucoup d’autres comportements qui nous interpellent à longueur de journée ». A toutes ces questions, je n’ai obtenu aucune réponse.

En réécoutant l’enregistrement de cette réunion,  j’ai pu conclure  que la communication avec les patients est un réel problème en long séjour et demande des réflexions à ce sujet.  Par exemple, la question qui revient souvent de la part de l’équipe est : « comment  pouvons-nous connaitre le bon choix à faire pour chaque personne et chaque pathologie  puisque nous ne pouvons pas communiquer avec eux »? Est ce que l’échange se fait seulement par le langage oral ? Quels sont les outils existants pour comprendre les mimiques et les gestes ?

De plus, deux autres problèmes ont été soulevés lors de cette enquête, la diversité des aides techniques dans l’unité de long séjour ainsi que le problème de la multiplicité des pathologies chez les personnes âgées pour prendre une décision de mise en place de ces matériels. Quant à savoir quel est le bon choix à faire pour accompagner une déficience physique ou psychique à l’aide des matériels si nombreux, nous avons décidé de nous poser la question, sachant que le choix d’une aide technique doit porter sur le besoin et le respect de l’autonomie de la personne âgée. Mais dans certains cas, nous nous contraignons à faire des choix qui ne sont pas toujours faciles.

Comme par exemple le cas d’un résident, monsieur B, 88 ans.

Il  est dépendant physiquement et présente des troubles de comportement ; penché dans son fauteuil gériatrique qui lui causait des douleurs articulaires. Avant d’ « adapter » une aide technique pour empêcher ses douleurs, il répondait à des sollicitations du personnel soignant pour faire des petits trajets (fauteuil lit ou l’inverse).

Nous l’avons installé dans un autre fauteuil qui lui permettait d’allonger son corps et ne plus avoir de douleurs. Je l’ai interrogé pour savoir ce qu’il pensait de son nouveau fauteuil, il m’a répondu: « je suis bien mais je ne peux pas marcher : Vous ne savez pas comment faire pour que je puisse  marcher »?

Pour Monsieur B, nous avons choisi le confort, une bonne installation pour prendre ses repas, ne pas souffrir des douleurs articulaires. Seulement, le peu de déplacements qu’il faisait était important pour lui. Avons-nous pris la bonne décision?

En effet, les personnes âgées se rendent rapidement compte combien elles sont aidées et sécurisées ; ce qui les aide à vaincre leurs légitimes appréhensions. Les soignants  doivent rester constamment attentifs et prendre en compte de nombreux paramètres individuels et matériels (handicap, rythme de chacun,  comportement).

J’ai interrogé une résidente disposant de toutes ses facultés psychiques mais bénéficiant d’aide technique pour la majorité de ses actes quotidiens malgré la présence du personnel.

Madame X âgée de 85 ans, ancienne infirmière, se déplace en fauteuil électrique, elle se tient sur ses jambes pendant les transferts du  fauteuil au lit.  Elle repose  sur un matelas à  mémoire de forme (matelas qui s’adapte au corps).

Quand je lui ai demandé pourquoi elle dormait avec les barrières au lit, elle a réfléchi un instant et a dit : « Maintenant en réfléchissant  je pense qu’elles ont toujours été  là depuis mon arrivée. (Année 2004) Remarquez, dit-elle, elles me sont bien utiles pour me relever dans mon lit ».

« Je vous dirais que je me sens rassurée et en sécurité de les avoir ; voyez-vous pour moi et avec l’âge elles me sont indispensables, sans elles, il me faudrait constamment solliciter le personnel ».

« Grâce aux barrières, je peux me tourner sur le coté, je peux m’asseoir, je peux me redresser ».

Il m’a paru important de souligner que Madame X a détourné complètement le rôle des barrières au lit. Ce n’est plus la question de la sécurité et éviter les dangers mais d’une aide matérielle indispensable à Madame X pour pouvoir bouger dans son lit sans l’aide de personnel.

J’ai constaté dans mes entretiens, contrairement aux idées reçues sur le rejet des aides techniques, que les personnes âgées préfèrent dépendre d’un matériel pour  limiter ainsi les interventions des personnels soignants.

Ce constat de détournement des rôles des matériels, jugés « contention », par les résidents nous a permis de recalculer le pourcentage de la contention dans le service. Désormais les matériels, demandés par son utilisateur pour compenser une ou plusieurs pertes d’autonomie, ne sont plus jugés « contention ».

Il est important de noter que les barrières du lit, les attaches au fauteuil, les protège- bas-flancs, et beaucoup d’autres types de matériels qui sont considérés comme des aides techniques, sont aussi une contention pour laquelle un règlement  exigeant a été mis en place par la Haute Autorité de Santé (HAS) l’ancien ANAES.

Les recommandations concernant l’utilisation de la contention ont été définies, en France, par l’agence Nationale d’Accréditation et d’Evaluation de Santé (ANAES) actuellement Haute autorité de santé (HAS) à partir d’une analyse des études réalisées sur les motifs, l’efficacité et les conséquences des contentions.

Rappelons rapidement les informations fournies par l’HAS : la contention « se caractérise par l’utilisation de tous moyens, méthodes, matériels ou vêtements qui empêchent ou limitent les capacités de mobilisation volontaire de tout ou une partie du corps » les motifs en sont principalement : « prévenir les risques de chutes, contenir l’agitation, limiter la déambulation ». [16]

En ce qui concerne  l’efficacité  de ces aides techniques qui sont aussi une forme de contention : « Il est important de souligner qu’il n’y a aucune preuve scientifique de l’efficacité des contentions utilisées pour ces motifs ». Toutes les études analysées par l’ANAES indiquent que la fréquence des chutes augmente pendant et dans les jours suivants de la mise en place des contentions ». [17]

En dehors de ces aides qui sont considérées comme une contention, il existe  diverses opinions sur ces matériels.

Parmi les entretiens avec le personnel, les résidents et les familles, les points de vue bien différents sont exprimés quant à la signification de ces aides. A titre d’exemple, pour la question : «  c’est quoi les aides techniques pour vous » ?

Un résident me répond, «  pour moi les aides techniques sont les fauteuils roulants, les déambulateurs, les cannes ». Les matériels qui leur permettent de solliciter moins souvent le personnel et de garder une certaine autonomie. Pour les deux aides soignants, les aides techniques sont, les chariots de douche, le lève personne, les lits médicalisés, les matériels de prévention d’escarres, tout ce qui aide à la prise en charge des résidents.

Pour les familles, un peu des deux, car leur préoccupation allie conservation de l’autonomie de leurs proches et prise en charge à l’aide des matériels.

 

2.6. La place des aides techniques dans la qualité de transfert et de déplacement

La qualité de la prise en charge des résidents demande beaucoup d’attention et de disponibilité. Dans les établissements pour personne âgées, tout compte, des petites attentions jusqu’à la grande animation.  Pour la majorité du personnel soignant, le temps investi à remettre en mouvement ces personnes n’est pas du temps perdu. Bien au contraire, le jeu en vaut largement la chandelle. Parfois même les résultats obtenus sont au delà de nos espérances. A cet instant quelle grande satisfaction pour le personnel soignant !

Pour le personnel, prendre plusieurs résidents et les faire participer à  des groupes de paroles ou à des groupes de jardinage n’est guère possible sans l’utilisation des aides techniques.

Nous ne pouvons plus imaginer la prise en charge des résidents sans les aides techniques. La pratique d’autrefois d’être confiné au lit ou au fauteuil, ne pas pouvoir prendre une douche, ne sont  plus dans les normes de qualité de la prise en charge. De plus les aides techniques sont des matériels de prévention des risques et des accidents au travail.

« Humanitude » nous le confirme  en disant que : « L’un des soutiens du bien-être psychologique est le bien-être physique. Les toilettes doivent répondre aux désirs de confort des personnes. Se sentir propre, être bien lavé, bien rasé, confortablement vêtu, pouvoir prendre ou être aidé à prendre une douche, sont des exigences plus que légitimes… et qui seront encore plus réclamées dans les décennies à venir ».[18]

Mes enquêtes auprès des résidents et du personnel, font ressortir des points importants qui nous montrent combien l’utilisation des aides techniques peut aider à renforcer la qualité de vie dans les structures de personnes âgées dépendantes et aide le personnel à prendre soins de leur santé.

Le premier point concerne le besoin d’hygiène exprimé par les soignants et les résidents.  Des matériels de toilette et de douche qui permettent de respecter et de pratiquer des soins plus humains sans forcer la personne à céder à quelque chose qui lui déplait.

Comme disait madame CH, âgée de 49 ans, qui a perdu l’usage de ces jambes il y 14 ans, «  avant on nous douchait pour « faire genre »  mais aujourd’hui avec le brancard douche, je suis douchée pour mon bien être ».

Quand je lui ai demandé de s’expliquer un peu plus, elle me dit : « Mais c’est vrai, on me prenait à deux pour m’asseoir sur les toilettes, à peine je  commençais à faire mes besoins j’avais la paume de douche qui m’arrosait d’abord le visage en ensuite le corps. Mais avec le brancard douche et le lève-personne, je suis allongée, seule avec la personne qui prend soins de moi, et je suis maître de ma douche. Cela m’apporte énormément du bien »

Un autre point important : celui de la mobilité, le besoin  d’être « libre » comme nous l’a exprimé Monsieur A : «  je me sentais vraiment démuni avant que l’on  me donne ce déambulateur et mon fauteuil électrique. Je sonnais ; les deux personnes qui arrivaient  au bout de dix minutes  s’excusaient d’abord qu’elles étaient occupées, ce que je veux bien croire parce qu’il y a pas que moi ici !  En suite elles me mettaient  sur les toilettes et encore au bout de quelques temps je recommençais à sonner. Mais depuis que j’ai le déambulateur et mon fauteuil dans la chambre je me déplace avec le déambulateur.  Pour aller dans le jardin et participer aux animations je prends ma « Porsche ». Les seules fois où j’ai besoin d’être aidé c’est quand je veux sortir de la chambre. Je sonne pour qu’on vienne m’aider  à aller au fauteuil, je ne le fais pas seul j’ai peur de tomber ».

« Rendre mobiles des résidents nous fait gagner du temps et de l’énergie » évoque une AS.  «  Je me souviens quand j’ai débuté en tant que faisant fonction AS, dans les couloirs longs et interminables.  Je faisais chambre par chambre et des fois plusieurs résidents  dans la même chambre, quand je parlais à Mme A c’est Mme X qui répondait et les soins se résumaient, à faire les toilettes au lit, les faire manger, changer les draps, et se précipiter pour aller faire quelqu’un d’autre, c’était vraiment déprimant. La technologie est un bon truc au moins on peut sortir avec les résidents, les lever les rendre mobiles pour certains actes de la vie. Les faire participer aux animations, aux repas, aux goûters, parfois même aux petits déjeuners dans la salle à manger, c’est vraiment vivant et j’ai l’impression de travailler avec  les « vivants » ».

Travailler avec « les vivants » m’interpelle car cela est exprimé aussi par Madame M âgée de 90 ans. « J’arrive à sortir de ma chambre avec mon fauteuil j’ai toujours besoin de quelqu’un mais c’est beaucoup mieux. On m’avait proposé le fauteuil roulant électrique mais comme une « imbécile » je n’ai pas pu m’en servir, j’avais peur d’accélérer”.

Avec mon fauteuil roulant normal je sors de « ma chambre », il m’accompagne depuis des années. Quand j’étais chez moi et dans un appartement j’étais déjà « morte » mes enfants ont décidé de me mettre ici. J’étais contre le fait de quitter mon appartement, mais après quelques temps je me suis aperçue que, chez soi,  c’est là où on se sent vivant ».

Se sentir « vivant » et avoir l’impression de travailler avec les « vivants » rien que par la mobilisation me fait penser à un des chapitres du livre Humanitude « vivre et mourir debout » qui confirme les propos des résident et des soignants par rapport à « des pratiques d’autrefois » : «  les pratiques d’autrefois, avec ces besoins systématiquement réalisés au lit, avec ces personnes laissées systématiquement allongées ou assises quand elles ne pouvaient pas se lever seules, conduisaient à ne distinguer que deux types de patients : ceux qui vivaient au lit et au fauteuil, les « grabataires », et ceux capables d’en sortir, les « valides » entre les deux, généralement… personne ».

Une autre pensée qui guide mes recherches est le désir « d’être autonome ».  « Etre capable », disait une des résidentes. « Je suis capable de faire ma toilette depuis qu’ils ont aménagé ma salle de bain. Je m’assois sur la chaise  » faite à cet effet « , je suis près du lavabo et tout est à la portée de mains. Pendant que l’aide soignant fait mon lit et range ma chambre,  » l’environnement « , je fais ma toilette et je suis aidée pour l’habillage. Je suis contente d’être capable de faire quelque chose pour les aider, les pauvres, elles ont beaucoup de travail ».

 

 

Conclusion partielle

A présent nous savons que  les AT participent largement à la qualité dans la prise en charge des résidents et dans la prévention des risques professionnels.

Malgré la place importante des aides techniques dans la prise en charge des résidents, j’ai noté le manque d’un projet. Un projet qui puisse aider le personnel; dans l’évaluation, le choix de l’aide technique et l’accompagnement dans sa mise en œuvre. Chaque membre de l’équipe fait au mieux pour un accompagnement optimal, mais la coordination entre l’ergothérapeute et l’équipe est inexistante : Ce qui est la conséquence de l’absence de compréhension de l’efficacité et des risques de ces matériels.

Je cite  quelques détails qui sont importants pour l’efficacité de mise en œuvre des aides techniques. Sur un coussin anti-escarres, le bon côté d’utilisation est marqué par une petite écriture de marque ou du nom du matériel.  Un autre détail important. Mettre en place des matelas à eau dans le lit pour repérer les points d’appui : Il faut mesurer la personne et savoir comment elle se positionne les plus  souvent dans le lit,  car la zone la plus sensible aux escarres se situe au niveau des talons.

Comment l’équipe doit entretenir ces matériels, comment les remettre en place pour qu’ils soient efficaces ? C’est une problématique que je vais développer.

Toutes ces informations sont inconnues de l’équipe. C’est pourquoi l’équipe est obligée de solliciter l’intervention de l’ergothérapeute plus souvent pour réadapter le matériel.

De plus, au cours des réunions de service, il est courant d’entendre parler de perte, d’inefficacité, de détérioration des matériels d’aide technique ou d’inadaptation aux pathologies.

La perte résulte d’un manque de suivi après l’utilisation du matériel. La détérioration résulte du manque d’entretien de ces aides techniques. Quant à l’inefficacité, elle relève du manque d’information et d’outils de transmission. Le système référent de chaque type de matériels déjà en place se révèle peu efficace car les utilisateurs des aides techniques sont très nombreux.

 

 

CHAPITRE 3 :

L’ORGANISATION, L’ENTRETIEN ET UN PROJET PERMETTANT LA PRISE EN CHARGE QUOTIDIENNE DES AT

 

Dans tous les secteurs, industriel, commercial, sanitaire mais aussi social, cette exigence de qualité est devenue essentielle dans l’évaluation du service rendu. Le secteur de l’hébergement des personnes âgées n’y échappe pas.

Le souci du personnel de santé en gériatrie  dans la prise en charge en terme de qualité est de les stabiliser, de les rassurer, de créer un climat de confiance qui permet aux résidents de participer activement à leur prise en charge et aux personnels une prise en charge optimale de la qualité.

A ce sujet les AT compensent les pertes d’autonomie, permettent de palier une déficience physique et parfois psychique car les résidents sont, comme souvent en gériatrie, polypathologiques et fragiles. A leur arrivée, ils sont dans un état psychologique et physique instable, en lien avec leur pathologie traumatique ou neurologique qui a conduit à leur admission pour rééducation et réadaptation fonctionnelle. Avoir beaucoup de matériels est une bonne chose en gériatrie, mais le personnel doit savoir les entretenir. Réfléchir à ce qui se faisait avant a permis de  réunir  les points de vue des résidents et du personnel et deux points importants font l’objet d’une réflexion d’équipe.

Le premier, est le manque de projet permettant de faire profiter l’équipe des informations concernant l’entretien, l’efficacité et les risques des aides techniques.

Le deuxième point est le manque d’outils d’échange (la communication) entre les résidents « grabataires » et le personnel, c’est-à-dire, prendre connaissance du désir des résidents malgré leur dépendance physique et psychologique.

 

3.1. Le rôle du personnel  pour la mise en place des aides techniques

Dans toute profession, la définition du rôle du personnel est essentielle. Ce rôle doit avant tout respecter les règles, les décrets, les directives et les lois du pays dans lequel il agit.

Jérôme Pélissier nous  rappelle que:

« Chaque profession possède ses règles de l’art, des savoirs et savoir-faire établis au fur et à mesure de son existence et modifiés en permanence, en fonction de l‘évolution sociale, des expériences scientifiques, des dispositions réglementaires, etc. [19]

La mission de chacun doit viser un objectif : le bien être des résidents. Afin de répondre à cet objectif l’observation est nécessaire  pour attribuer une aide adaptée.

Tout sera vu en détail. Prenons un exemple: Pour un fauteuil, on étudiera l’assise, le coussin, l’inclinaison, l’appuie-tête, le cale-pieds, la hauteur de l’accoudoir, la matière, la maniabilité, le poids etc.

C’est un réel travail de recherche afin que le résident soit au mieux.

Il semble illusoire de vouloir que tous les membres de l’équipe soient formés à l’utilisation de tous les types d’aides techniques. Tout comme il semble utopique de vouloir intéresser et motiver l’ensemble du personnel.

Cependant, les principes d’utilisation doivent être inclus dans des formations internes de manière à valoriser le travail effectué par l’équipe, ainsi que l’intervention de la médecine du travail pour présenter le bénéfice de ces matériels pour la prévention des risques professionnels et prendre soins de la santé des soignantes. Cela peut être une  mesure pour inciter le personnel à se servir de ces aides techniques à chaque fois que cela est nécessaire.

En 2009, le directeur de l’établissement a sollicité le médecin du travail pour qu’il fasse plusieurs intervention au près du personnel aux Maisonnées pour leur présenter les risques des Troubles Musculo- Squelettiques en l’absence d’utilisation des aides techniques. Pour cela, il explique la formation de ces maladies (TMS) et pourquoi les aides techniques sont indispensables dans la prise en charge des résidents comme pour la santé des professionnels.

Après avoir fait le constat sur la place incontournable des aides techniques dans la qualité de vie (aux Maisonnées), il faut savoir quels sont les outils de communication et de transmission entre l’ergothérapeute et le personnel soignant sur place.

Mise à part le contact téléphonique pour la solliciter ; l’échange entre les professionnels n’a pas lieu sauf dans un cahier le jour d’intervention de l’ergothérapeute. Elle note : « suite à votre contact téléphonique je viens de mettre en place un coussin anti-escarre pour Madame E ». 

Pour savoir comment elle procède avant la mise en place d’une ou plusieurs aides techniques je lui ai demandé de l’accompagner.

Elle commence par lire la cible qui était faite par l’équipe, concernant la personne pour laquelle son intervention a été sollicitée. Ensuite, elle regarde l’installation du résident et elle met en place une ou plusieurs aides techniques. Pendant que je l’accompagnais, beaucoup de détails me sont apparus auxquels l’équipe n’avait pas  prêté attention. Par exemple poser un coussin anti-escarre sur le fauteuil n’est possible que par un côté. Les coussins du fauteuil sont carrés et on doit le mettre à l’endroit, dans le cas contraire la personne glisse de son fauteuil. Comment faire pour informer l’équipe ?

 

3.2. État de lieux des dispositifs déjà en place pur la prise en charge des AT

Pour la prise en charge des aides techniques, l’outil de « référents des matériels » est en place depuis un an. Il consiste à désigner des référents pour chaque type de matériel et une feuille de traçabilité par type de matériel. (Fauteuil, matelas, coussin anti-escarres, matelas à air, etc.).

Les  référents  sont sensés stimuler l’équipe pour entretenir les matériels et remplir les feuilles de traçabilité. (Par exemple : le jeudi nettoyage des fauteuils) .

Malgré la mise en place des référents des matériels, les cadres de santé n’ont aucun retour du travail qui a été délégué au personnel. Pour approfondir la question, je propose à l’ergothérapeute de m’accompagner. Nous avons constaté que 6 matériels sur 10 n’étaient pas aux normes de sécurité, d’hygiène, ou n’étaient plus adaptés aux personnes.

J’ai posé la question à plusieurs membres de l’équipe afin de connaître les raisons de ces manques de suivi du matériel. Les réponses nous ont permis de comprendre que la multiplicité des matériels rend la mission des référents très lourde. Prenons un exemple : une seule personne référent pour 55 fauteuils par étage.

Le constat sur la lourdeur des tâches et la multiplicité des supports de transmission, constituent les points faibles du système de référent de matériels. Une solution permettant à l’ergothérapeute d’informer l’équipe à chaque intervention malgré son temps limité au long séjour doit être mise en place.

De plus, pendant notre tour avec l’ergothérapeute, j’ai aperçue des armoires non rangées, des meubles des résidents peu entretenus, des trousses de toilette presque vides, des verres contenant la brosse à dent ou les matériels d’entretien des dentiers ne respectant  pas les normes d’hygiène.

La mise en place d’un projet, qui regrouperait tous ces aspects et qui permettrait aussi l’entretien et le suivi du matériel des aides techniques, ne doit  souffrir d’aucun retard.

En réécoutant l’enregistrement de l’enquête auprès de l’équipe concernant l’outil de « référent des matériels », les réactions du personnel soignant étaient détentrices de beaucoup de réponses: Le référent des lits médicalisés m’avait dit : « mais c’est trop de choses à la fois, tous ces matériels, vous ne vous rendez pas compte du travail que je dois faire, 55 lits, je ne suis pas « superwoman » en plus à chaque fois que je demande à mes collègues de commencer à nettoyer des lits je  passe pour la méchante qui est complice avec les chefs » .

La réaction de référent des matelas à eau : « il me faut un contrat rien que pour accomplir cette tâche, c’est trop de matelas, vous vous imaginez 2 matelas par résident, en plus des fois je me fais gronder par les collègues si les matelas ne sont pas assez ou trop remplis ».

Quant à l’entretien de l’environnement et armoires, les réactions étaient très vivantes, du genre : «  comme si on n’avait pas assez de travail, il manquait plus que ça, encore des feuilles à remplir et des comptes à rendre, c’est la meilleure ! »

 

3.3. La mise en place d’un projet pour une meilleure prise en charge des AT au quotidienne

En travaillant sur les réactions du personnel, je suis arrivée à la conclusion d’un « découpage » de système de « référents des matériels ».

Un découpage sert à alléger et simplifier un projet et permet à des acteurs de poursuivre la mission en pratique. Grâce à mes recherches, j’ai repéré les faiblesses de l’outil de « référents des matériels » qui consistent à la multiplicité des supports et à la multiplicité des missions.

Après analyse, je suis arrivée à la conclusion suivante : de diviser le nombre des résidents par le nombre des personnels comme pour les nursings et la prise en charge quotidienne. De cette manière chaque soignant aura la charge de 3 à 4 résidents et le matériel qui appartient à ces résidents donc le projet de « référents des résidents » sera créé.

Comme la mission devient « individualisée » de façon automatique, les supports de traçabilité vont disparaître et donneront place à des feuilles individuelles qui porteront l’identité du résident et l’identité de référent. L’entretien aura lieu deux fois par mois et la transmission entre l’ergothérapeute et le personnel se fera à chaque intervention. En cas de modification Le référent sera prévenu par l’ergothérapeute et celui-ci apportera les modifications individuelles dans le dossier de référent.

Les jours d’intervention du référent sont au choix de l’agent pour faire le tour des matériels et environnement, armoires, salles de bain, trousses de toilette.

J’ai présenté le projet au cadre supérieur de santé qui l’a validé.

Tenir compte de l’exigence et valoriser le travail de chacun ont simplifié la mise en place  du projet.

Quant au deuxième point, la communication avec les résidents « grabataires », nous avons décidé de mettre en avant les échelles et outils d’interprétation des gestes chez les patients qui ne peuvent pas s’exprimer oralement.

Parmi les outils existants pour saisir et entendre les différents comportements douloureux chez les résidents dépendants,  citons  l’échelle DOLOPLUS.

Elle consiste à interpréter les attitudes du résident avant et après les soins. Cette échelle se base uniquement sur de l’observation pendant la prise en charge et c’est  ensuite aux soignants et médecins  de traduire.

Dans certains cas, cette échelle aide à interpréter des comportements douloureux dus à une installation inadaptée. La présence d’une feuille de transmission ciblée dans le dossier du résident  permet à l’équipe soignante  de retranscrire chaque jour et de faire le constat d’un comportement douloureux pour les médecins.

 

 

Conclusion

Ce travail de recherche, d’enquête, d’analyse et d’écriture sur ce thème particulier des aides techniques en lien avec le concept de qualité de vie des résidents et la gestion des risques professionnels, a permis une dynamique collective de travail d’équipe au sein du service de long séjour.

Les observations, l’écoute et le fait d’être dans le cœur du problème étaient  très porteurs  pour la réalisation de mon travail.  Je connaissais en effet, les matériels et leur efficacité dans la prise en charge des résidents.

Le retour de la réunion que j’ai organisée dans le but de donner la parole à l’équipe pluridisciplinaire était passionnant et détenteur de beaucoup de réponses.

Les réunions où  le personnel peut s’exprimer m’ont  permis de comprendre que même s’il y a des protocoles et des procédures, chaque personne à sa propre façon de travailler. C’est pourquoi nous devons revenir sur le projet mis en place et souvent vérifier si les consignes ont été respectées. La simplicité du projet, le choix du jour pour accomplir la mission, la limitation des supports de traçabilité, permettent encore aujourd’hui de faire vivre et suivre le projet. Faire participer le personnel, l’aider à prendre conscience de la problématique et de la nécessité du changement aident  à limiter  « la peur du changement ». Car le plus difficile et le plus important dans la mise en place d’un projet sont de faire adhérer le personnel, c’est-à-dire « les acteurs ». L’écoute et mon implication dans la mise en place du projet ont motivé le personnel pour soutenir le projet.

A la fin de mon travail, j’ai pu constater que pour un travail de recherche et d’observation, l’inconnu permet d’interroger par un regard neuf puis de se familiariser peu à peu avec l’avancement de la recherche. Se lancer dans une situation inconnue permet d’être créatif et efficace.

Mettre en avant la nécessité d’un projet pour parvenir à surveiller les AT a permis à l’équipe de réfléchir sur un sujet qui leur causait beaucoup de problèmes.

Aujourd’hui l’ergothérapeute, en aval de la mise en place des matériels collabore avec le référent attitré du résident. Elle a décidé d’organiser des formations dans les réunions du jeudi sous le thème : « 30 minutes aide technique ».

Décembre 2009, je suis allé aux Maisonnées pour faire un état des lieux de projet mise en place pour mon mémoire en 2007.

L’intervention de la médecine du travail a incité davantage le personnel à l’utilisation de ces aides techniques. Le projet de suivi des matériels est encore efficace et l’hygiène est respectée grâce à un entretien régulier de ces matériels. Une fois par mois, l’ergothérapeute fait les « 30 minutes aide techniques » pour présenter le nouveau matériel et son utilisation. Le personnel ne peut plus travailler sans ces aides ou difficilement. Aujourd’hui, aux Maisonnées, les aides techniques sont vraiment le garant de la qualité de la prise en charge des résidents.

Depuis l’adoption en 2004 de la loi relative à la solidarité pour l’autonomie des personnes âgées et des personnes handicapées, la prise en charge des aides techniques a beaucoup évolué. La CNSA a été créée pour contribuer au financement des  aides en faveur de ces bénéficiaires avec le souci de l’égalité de traitement sur tout le territoire. En 2005, la loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées crée des outils que la CNSA doit mettre en œuvre.[20]

Parmi ces outils, le Programme interdépartemental d’accompagnement des handicaps et de la perte d’autonomie ou PRIAC traite de l’offre d’accueil en établissements et services médico-social au sein de la région. L’accompagnement du vieillissement est l’un de ses domaines d’activité. Le PRIAC permet de rattraper le sous-équipement de certains départements dans une région. Il affiche les ressources que l’Etat est en mesure d’affecter pour un certain public sur un certain territoire.

Les projets relatifs à la mise en place d’aides techniques sont susceptibles d’être financés dans le cadre de ce programme. Etant une réponse à l’expression des besoins de financement, le PRIAC privilégie d’injecter l’argent dans les projets montés par les établissements que d’intégrer des projets comme bénéficiaire d’une enveloppe à dépenser. Le montage de projet est une opportunité pour les établissements d’accueil pour qu’ils puissent apporter une amélioration à la qualité de service et aux conditions de vie des résidents.

Trouver du financement pour l’équipement d’un établissement en aides techniques est possible au niveau de la région. Une grande partie des ressources de la CSNA est affectée aux dotations annuelles destinées aux établissements et services médico-sociaux, accueillant ou accompagnant des personnes âgées et des personnes handicapées. L’analyse régionale des besoins permet d’arrêter le montant affecté à un département. L’Etat dispose de moyens et des outils pour appuyer financièrement les offres de services collectives. Les établissements et les services définissent leurs priorités financières. Les aides techniques doivent légitimement y figurer.

 

 

Bibliographie

 

– Pascale Merieca, Catherine Pinatel en collaboration avec Jack Bernon et Serge Deltor, La prévention des risques professionnels, du document unique au plan d’action. Edition anact

« Aides techniques d’assistance en gériatrie » Edison Masson,  sous la direction de M. Enjalbert, M. Abric, G. Cazalet, F. Nouvel, S. Srau, J-M. Jacquot, février 2002

Yves Gineste et Jérôme Pélissier, Humanitude, éditeur Armand Colin, Février 2007

Vincent Caradec, Sociologie de la vieillesse et du vieillissement, édition ARMAND Colin, juin 2006

 

WEBOGRAPHIE

 

Annexes

 

 

  1. Echelle DOLOPLUS
  2. Gide d’évaluation de la personne âgée en perte d’autonomie
  3. L’arrêté du 18 juillet 2008,
  4. Liste des produits et prestations remboursables (LPPR) de la sécurité sociale

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

GUIDE D’ÉVALUATION DE LA PERSONNE ÂGÉE EN PERTE D’AUTONOMIE

Nom de naissance (en majuscules) : Prénom :
Nom marital (s’il y a lieu) : Date de naissance :
Adresse :
Numéro de téléphone : Numéro de digicode :
– 1ère demande – renouvellement
Date de la visite :
Effectuée par :
Médecin traitant :

 

SOINS ET AIDES EXISTANTS
hébergement en établissement avec convention tripartite
sans convention tripartite
soins par des infirmiers libéraux
service de soins infirmiers à domicile
aide-ménagère (en heures par mois)
garde à domicile (en heures par mois) jour
nuit
portage de repas (en nombre par mois)
téléalarme
dépannage
autre service (précisez)
aides techniques fauteuil roulant
cannes
déambulateur
lit médicalisé
lève-malade
matériel à usage unique pour incontinence
autres (précisez)

GRILLE NATIONALE AGGIR

VARIABLES DISCRIMINANTES
COHERENCE :
converser et/ou se comporter de façon sensée
ORIENTATION :
se repérer dans le temps, les moments de la journée et dans les lieux
TOILETTE :
concerne l’hygiène corporelle
HABILLAGE :
s’habiller, se déshabiller, se présenter
ALIMENTATION :
manger les aliments préparés
ELIMINATION :
assumer l’hygiène de l’élimination urinaire et fécale
TRANSFERTS :
se lever, se coucher, s’asseoir
DEPLACEMENT A L’INTERIEUR :
avec ou sans canne, déambulateur, fauteuil roulant…
DEPLACEMENT A L’EXTERIEUR :
à partir de la porte d’entrée sans moyen de transport
COMMUNICATION A DISTANCE :
utiliser les moyens de communication, téléphone, sonnette, alarme…

 

VARIABLES ILLUSTRATIVES
(PERTE D’AUTONOMIE DOMESTIQUE ET SOCIALE)
GESTION :
gérer ses propres affaires, son budget, ses biens
CUISINE :
préparer ses repas et les conditionner pour être servis
MENAGE :
effectuer l’ensemble des travaux ménagers
TRANSPORT :
prendre et/ou commander un moyen de transport
ACHATS :
acquisition directe ou par correspondance
SUIVI DU TRAITEMENT :
se conformer à l’ordonnance du médecin
ACTIVITES DE TEMPS LIBRE :
activités sportives, culturelles, sociales, de loisir ou de passe-temps

 

 

GROUPE ISO-RESSOURCES

ENTOURAGE
réseaux personnels vit seule
vit avec une personne dépendante
vit avec une personne autonome
sans contact avec sa famille
sans voisinage ou voisinage indifférent
commerces inaccessibles
absence de réseaux personnels le week-end
les vacances
absence de réseaux professionnels le week-end
les vacances

HABITAT

type rural dispersé
appartement ordinaire
en logement-foyer
autre
maison individuelle
accessibilité étage sans ascenseur
présence de marches ou de niveaux différents
sols défectueux
sanitaires absence eau courante
absence eau chaude
WC extérieurs ou absents, WC non adaptés
absence de salle de bains
baignoire ou douche inadaptée
chauffage problème approvisionnement
chauffage défectueux ou inexistant
équipement électro-ménager insuffisant
mobilier insuffisant
absence de téléphone
logement trop petit
logement insalubre

 

AIDES PROPOSEES FREQUENCE
aide à domicile aide-ménagère (en heures par mois)
type : garde à domicile jour
(en heures par mois) nuit
accueil temporaire
portage de repas (en nombre par mois)
téléalarme
adaptation du logement
blanchisserie à domicile
transport
dépannage, petits travaux
autre service (précisez)
aides techniques fauteuil roulant
cannes
déambulateur
lit médicalisé
lève-malade
matériel à usage unique pour incontinence
autres (précisez)

 

OBSERVATIONS DE L’EQUIPE MEDICO-SOCIALE

 

 

Guide de remplissage de la grille nationale AGGIR

Le 29 janvier 2010

 

 

JORF n°0177 du 31 juillet 2008

 

Texte n°29

 

 

ARRETE

Arrêté du 18 juillet 2008 modifiant l’arrêté du 28 décembre 2005 modifié fixant les tarifs des éléments de la prestation de compensation mentionnés aux 2°, 3°, 4° et 5° de l’article L. 245-3 du code de l’action sociale et des familles

 

NOR: MTSA0817548A

 

 

 

 

Le ministre du travail, des relations sociales, de la famille et de la solidarité et la secrétaire d’Etat chargée de la solidarité,

 

Vu le code de l’action sociale et des familles, notamment les articles L. 245-3, L. 245-6 et R. 245-42 ;

 

Vu l’arrêté du 28 décembre 2005, modifié par l’arrêté du 27 décembre 2007, fixant les tarifs des éléments de la prestation de compensation mentionnés aux 2°, 3°, 4° et 5° de l’article L. 245-3 du code de l’action sociale et des familles ;

 

Vu l’avis du Conseil national consultatif des personnes handicapées en date du 9 juillet 2008,

 

Arrêtent :

 

 

Article 1

 

L’annexe de l’arrêté du 28 décembre 2005 susvisé est modifiée ainsi qu’il suit :

 

  1. Le I.1.1.10 (Appareils divers d’aide à la vie) est complété par les alinéas suivants :

 

 

1292424

 

Casque de protection pour enfant handicapé

 

26,88

 

1245407

 

Coquille pour bain en matière plastique, modèle enfant, ≤ 16 ans

 

381,93

 

1216481

 

Socle à inclinaison variable de coquille pour bain, matière plastique, ≤ 16 ans

 

40,13

 

 

  1. Le I.1.2 (Appareils électroniques correcteurs de surdité) est complété par les dispositions suivantes :

 

I.1.2.3. Appareils électroniques correcteurs de surdité pour les patients jusqu’au 20e anniversaire ou atteints de cécité :

 

2316782

 

Audioprothèse, appareil de classe A, < 20 ans

 

900

 

2325723

 

Audioprothèse, appareil de classe B, < 20 ans

 

1 000

 

2355820

 

Audioprothèse, appareil de classe C, < 20 ans

 

1 250

 

2355084

 

Audioprothèse, appareil de classe D, < 20 ans

 

1 400

 

2392079

 

Audioprothèse, lunettes auditives, < 20 ans

 

900

 

2326190

 

Audioprothèse, boîtier avec ses accessoires, < 20 ans

 

900

 

 

  1. Le 1° du I.1.3.1 (Fauteuils roulants) est complété par les dispositions suivantes :

 

  1. d) Fauteuils roulants à propulsion manuelle évolutifs pour jeunes enfants à partir de 18 mois :

 

4134364

 

VHP, propulsion manuelle, évolutif, pour jeunes enfants à partir de 18 mois

 

1 924,40

 

 

  1. Le I.1.3.1 (Fauteuils roulants) est complété par les dispositions suivantes :

 

4° Fauteuil roulant électrique monte-marches :

 

4113920

 

Fauteuil roulant électrique monte-marches, topchair-s, hmc 2 développement

 

10 374,88

 

 

  1. Le 1° du I.1.3.2 (Véhicules divers) est complété par les alinéas suivants :

 

4255116

 

VHP, poussette ou fauteuil à pousser, < 16 ans, dossier ou dossier et siège inclinables

 

861,31

 

4261051

 

VHP, poussette multiréglable et évolutive, < 16 ans

 

1 443,3

 

 

  1. Le 2° du I.1.3.2 (Véhicules divers) est complété par l’alinéa suivant :

 

4278212

 

VHP, tricycle à propulsion manuelle ou podale, inferieure à 38 cm, < 16 ans

 

995,72

 

 

  1. Le I.1.3.3 (Options et accessoires applicables aux fauteuils roulants) est complété par les dispositions suivantes :

 

5° Véhicules divers :

 

4357319

 

VHP, poussette, < 16 ans, appui-tête ou rallonge dossier

 

63,47

 

4385787

 

VHP, poussette, < 16 ans, appui-tête réglable

 

108,64

 

4331024

 

VHP, poussette, < 16 ans, support ou cale latérale de corps

 

34,92

 

4349142

 

VHP, poussette, < 16 ans, garde-robe complète avec bassin et coussin

 

103,51

 

4376386

 

VHP, poussette, < 16 ans, tablette de travail facilement démontable

 

76,82

 

4360215

 

VHP, poussette, < 16 ans, cale antiadduction des cuisses

 

69,84

 

4329330

 

VHP, poussette, < 16 ans, support d’inclinaison/écarteur des jambes

 

105,53

 

4380637

 

VHP, poussette, < 16 ans, support d’appareil de ventilation assistée

 

151,31

 

4314853

 

VHP, poussette, < 16 ans, dispositif d’immobilisation par frein à tambour

 

28,71

 

4370886

 

VHP, poussette, < 16 ans, accoudoirs réglables verticalement, la paire

 

38,80

 

4330036

 

VHP, poussette, < 16 ans, accoudoirs réglables & orientables, la paire

 

114,84

 

4328542

 

VHP, poussette, < 16 ans, harnais

 

96,22

 

4396035

 

VHP, poussette, < 16 ans, supplément remplacement des roues, la paire

 

18,62

 

 

  1. Après le I-1.3 (Véhicules pour handicapés physiques), il est ajouté les dispositions suivantes :

 

I-1.4. (Aides visuelles).

 

1° Aides visuelles optiques :

 

2238958

 

Matériel pour amblyopie, < 20 ans, aide visuelle optique, loupe quel qu’en soit le type

 

30,48

 

2267397

 

Matériel pour amblyopie, < 20 ans, aide visuelle optique, vision microscopique. Système à vision microscopique, quel qu’en soit le type

 

228,65

 

2295815

 

Matériel pour amblyopie, < 20 ans, aide visuelle optique, vision de près. Système à vision télescopique de près

 

228,65

 

2297926

 

Matériel pour amblyopie, < 20 ans, aide visuelle optique, vision de loin ou mixte. Système à vision télescopique de loin ou mixte

 

152,44

 

 

2° Aides visuelles électroniques :

 

2289571

 

Matériel pour amblyopie, < 20 ans, aide visuelle électronique, loupe, système d’agrandissement électronique location hebdomadaire

 

4,57

 

2256790

 

Matériel pour amblyopie, < 20 ans, aide visuelle électronique, loupe, achat. Système d’agrandissement électronique

 

2 000

 

 

  1. Avant le premier alinéa du I.2.5.1 (Aides optiques), est ajouté l’alinéa suivant :

 

22.03.09

 

Lunettes, lentilles et systèmes de lentilles pour agrandissement

 

20

 

 

  1. Le 3° du III-1.2.2 (Fauteuils roulants et autres véhicules pour personnes handicapées) est complété par les alinéas suivants :

 

4326431

 

VHP, poussette, forfait annuel pour les roues

 

74,82

 

4371704

 

VHP, poussette, forfait annuel, autres réparations dont sellerie

 

102,39

 

 

  1. Le III-3.1.2 (Audioprothèse) est complété par l’alinéa suivant :

 

2306832

 

Audioprothèse, entretien et réparations, pour les enfants jusqu’à leur deuxième anniversaire, embout

 

106,72

 

 

 

 

Article 2

 

 

Le directeur général de l’action sociale est chargé de l’exécution du présent arrêté, qui sera publié au Journal officiel de la République française.

 

 

Fait à Paris, le 18 juillet 2008.

 

Le ministre du travail, des relations sociales,

de la famille et de la solidarité,

Pour le ministre et par délégation :

Le directeur général de l’action sociale,

J.-J. Trégoat

 

La secrétaire d’Etat

chargée de la solidarité,

Pour la secrétaire d’Etat et par délégation :

Le directeur général de l’action sociale,

J.-J. Trégoat

 

 

 

 

[1] CDAPH : commissions des droits et de l’autonomie des personnes handicapées, créées par la loi n° 2005-102 du 11 février 2005. Elles résultent de la fusion des commissions techniques d’orientation et de reclassement professionnel (COTOREP) et des commissions départementales d’éducation spéciale (CDES)

[2] Annexe 4

[3] Annexe 5

[4] SOURCE : www.legifrance.gouv.fr article : R245-1 à R245-72 et D245-73 à D245-78

[5] www.anact.fr ANACT : établissement public national installé à Lyon, relève du ministère chargé du travail. Créée par une loi de 1973, elle est gérée par un conseil d’administration tripartite (organisation patronales et syndicales, Etat, personnalités qualifiées).

[6] La prévention des risques professionnels, du document unique au plan d’actions. Pascale Merieca, Catherine Pinatel en collaboration avec Jack Bernon et Serge Deltor. Edition anact page 14 et 15

[7] «  Humanitude » éditeur Armand Colin Février 2007 Yves Gineste et Jérôme Pélissier (P 115)

[9]« Aides techniques d’assistance en gériatrie » Edison Masson février 2002/ sous la direction de M. Enjalbert/M ; Abric G. Cazalet/ F. Nouvel S. Srau/J-M.Jacquot (P 15)

 

[10]« Aides techniques d’assistance en gériatrie » Edison Masson février 2002/ sous la direction de M. Enjalbert/M ; Abric G. Cazalet/ F. Nouvel S. Srau/J-M.Jacquot (P 15)

[11] « Aides techniques d’assistance en gériatrie » Edison Masson février 2002/ sous la direction de M. Enjalbert/M ; Abric G. Cazalet/ F. Nouvel S. Srau/J-M.Jacquot (P 31)

 

[12] « Aides techniques d’assistance en gériatrie » Edison Masson février 2002/ sous la direction de M. Enjalbert/M ; Abric G. Cazalet/ F. Nouvel S. Srau/J-M.Jacquot (P 23)

 

[13] Annexe 3

[14]« Humanitude » éditeur Armand Colin Février 2007 Yves Gineste et Jérôme Pélissier (P 208)

[15]Sociologie de la vieillesse et du vieillissement » juin 2006 édition ARMAND Colin, Vincent Caradec (p 87)

[16] Site  www.anaes.fr

[17] Site  www.anaes.fr

[18] Humanitude » éditeur Armand Colin Février 2007 Yves Gineste et Jérôme Pélissier (P 252)

 

[19] Humanitude » éditeur Armand Colin Février 2007 Yves Gineste et Jérôme Pélissier (P 199)

 

[20] Source : www.cnsa.fr , caisse national de solidarité pour l’autonomie

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24.90

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