Analyse comparée de deux versions du conte de Cendrillon Finette Cendrons de Mme d’Aulnoy et Cendrillon de Charles Perrault
Analyse comparée de deux versions du conte de Cendrillon
Finette Cendrons de Mme d’Aulnoy et Cendrillon de Charles Perrault
SOMMAIRE
Introduction
Partie I. L’histoire des contes
1.1. Origine et Histoire du conte cendrillon ……………………………………
1.2. Cendrillon à travers le temps et à travers le monde ……………………..
1.3. Cendrillon : jeune femme héroïque ………………………………………..
1.4. Qu’évoquent les pantoufles de verre ? …………………………………….
Partie II. Les écrivains et les œuvres
2.1. Les idées maîtresses de Charles Perrault et Mme d’Aulnoy ………………….
2.1.1. Biographie et écrits de Charles Perrault ……………………………….
2.1.2. Les critiques de l’œuvre de Perrault ……………………………………
2.1.3. Biographie et écrit de Mme d’Aulnoy …………………………………..
2.1.4. Les critiques de l’œuvre de Mme d’Aulnoy …………………………….
2.2. Etude comparative des structures des deux contes de Perrault et de Mme d’Aulnoy …………………………………………………………………………
2.2.1. Longueur du conte et personnages clés …………………………………
2.2.2. Résumés des deux contes …………………………………………………
2.2.3. Les objectifs éducatifs outre la démonstration de l’intelligence de cendrillon ………………………………………………………………..
2.3. Problématique « Comment va-t-on maîtriser les différents contes se cendrillon sans qu’il y ait divergence de leçons à tirer et d’objectifs éducatifs sans parler de l’aspect divertissement » ……………………………………………………………….
2.4. Hypothèses ………………………………………………………………………..
– Le conte de fée pourrait convaincre les enfants à avoir un comportement courageux et de bravoure malgré les contraintes quotidiennes
– Les parents disposent de temps matériels pour comprendre et transmettre aux enfants les points favorables à retenir
Partie III. Etudes comparatives des sous parties des deux contes
3.1. Les 15 sous parties de Finette Cendrons de Mme d’Aulnoy …………………..
3.2. Les 15 sous parties de Cendrillon de Charles Perrault ………………………..
3.3. Les éléments communs et les éléments dissemblables des deux contes ……….
3.4. Comparer et tirer des enseignements des deux contes …………………………
3.4.1. Le début de l’histoire de la fille cadette …………………………………
3.4.2. La pénitence et les pouvoirs magiques ………………………………….
3.4.3. L’amour, la jalousie, la malice, l’intelligence ………………………….
3.4.4. Cendrillon bonté sans limite et les bonheurs qui s’ensuivent …………
Conclusion ……………………………………………………………………………..
Bibliographie ………………………………………………………………………….
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INTRODUCTION
En général les versions de contes sont directement issues des anciennes traditions populaires, dont elles ont gardé des éléments de sagesse. Certes le thème de la justice du destin est clairement distinguable dans toutes les versions, mais les conteurs ne sont pas tous sur la même longueur d’onde sur le second thème à aborder, c’est-à-dire lorsqu’on va tirer une leçon, il reste à discuter si c’est la punition ou c’est le pardon le pardon. Dans la version de Charles Perrault, Cendrillon pardonne à ses belles-sœurs, alors que dans d’autre version comme celle des frères Grimm, elles sont doublement punies : il y a d’abord la mutilation qu’elles se font subir pour pouvoir chausser la pantoufle (et même dans une version écossaise, la belle-mère mutile elle-même ses filles pour pouvoir chausser la pantoufle) et puis la seconde punition c’est qu’elles finissent aveugles. Les versions sont donc changées d’un conteur à un autre, d’un pays à un autre, et d’une époque à une autre. On a identifié plus de cinq cent versions de Cendrillon réparties dans le monde.
Dans cet écrit, il s’agit de discuter un peu sur quelques versions et quelques auteurs qui ont en quelques sortes des relations avec le comportement et les idées maîtresses de Charles Perrault et de Madame D’Aulnoy. Comparer les deux versions n’est un simple travail de différentiation des écrits mais il s’agit de fouiller depuis la biographie des auteurs jusqu’à la pertinence des œuvres.
Mais avant de procéder à cette analyse comparée, il faut nécessairement passer par l’examen de l’origine du conte Cendrillon. Et dans la première partie aussi on va revoir l’historique du contre à travers le temps et à travers le monde. On va intelligemment analyser les causes et les effets de la pantoufle de verre de Cendrillon qui est retrouvée dans toutes les versions et par la même occasion on va discuter le comportement de l’héroïne du conte.
Dans la deuxième partie, afin de bien soutenir par la suite les comparaisons, l’on va voir la biographie respective des deux auteurs Charles Perrault et Madame D’Aulnoy ainsi que quelques échantillons de leurs œuvres. A la suite des analyses structurelles des deux contes, et des objectifs outre que la démonstration du courage de la jeune femme, la deuxième partie est conclue par la discussion de la problématique relative à la maîtrise des divergences des leçons à tirer ainsi que les hypothèses touchant les cibles aussi bien les enfants que les adultes en rapport à l’orientation du conteur.
La troisième partie est consacrée à l’étude comparative des deux contes, en rappelant de temps à autres diverses versions et divers auteurs pour que la qualité littéraire de l’écrit soit comblée d’illustration. L’objectif est aussi de pouvoir, ultérieurement, comparer et maîtriser les éléments à comparer dans d’autres contes écrit par d’autres auteurs.
Le résumé de la biographie des deux auteurs est mis en annexe, et la bibliographie se doit démontrer qu’une analyse comparée n’est pas aussi simplifiée que les références en font foi.
PREMIERE PARTIE
L’HISTOIRE DES CONTES
- Origine et Histoire du conte cendrillon
Les ethnologues et les folkloristes ont recensé des centaines de versions du conte « cendrillon ». Ces scientifiques et chercheurs les ont classés en cinq sections dont France, Europe, Afrique, Asie et Amérique qui inclut des versions québécoises et guadeloupéennes. Le conte Cendrillon a fait le tour du monde de l’Ouest à l’Est, jusqu’aux Antilles en laissant de côté l’Afrique noire. Nicole Belmont[1] a retenu l’ouvrage d’A.B Rooth (The Cinderella cycle, 1951) par rapport à ceux qui ont répertorié les versions à partir de la fin du 19ème siècle. N. Belmont a remanié la typologie suivant la structure narrative et elle en dégageait six types et parvenait à l’hypothèse d’une évolution dans le temps et dans l’espace. Cependant, elle émettait quelques réserves car des récits de types différents coexistaient dans les mêmes régions. Elle contestait par la suite la thèse de Graham Anderson[2] qui a cru trouver (en 2000) des témoignages de l’existence de ce récit dans l’Antiquité, chez Strabon.
Le conte de Cendrillon vient donc du Moyen-Orient malgré la première forme écrite en chinoise du Neuvième siècle. Au terme de sa présentation récapitulative et critique, Nicole Belmont propose un mode de lecture des versions de Cendrillon, des plus simples au plus complexes suivant un sens qui ne correspond pas aux origines géographiques des éditions où l’on ne dispose pas de moyen de dater l’apparition de récits appartenant à la tradition orale mais suivant un sens « comme un itinéraire psychique, celui des filles face à leur mère […] qui doit aboutir à l’acquisition de la féminité, à la conscience de sa propre identité, à la reconnaissance de celle-ci »(p.12). Des questions sont alors posées « considéré dans ses grandes lignes, cet itinéraires psychique est-il l’exclusivité de Cendrillon ? Cet itinéraire psychique n’est-t-il pas partagé par d’autres héroïnes de contes ? Ou cet itinéraire psychique est –il l’apanage du féminin ?
- Belmont a essayé de montrer comment l’ensemble imprécis du cycle de Cendrillon est bien « une affaire de femmes » (p.363-379). D’un récit du cycle de Cendrillon à un autre, à l’appui de nombreuses citations, elle a effectué ce parcours et démontrait distinctement que le cycle entier opère bien la « mise en récit de la maturation psychique de la jeune fille» (p.363).
- Belmont a montré comment chacun à leur façon d’autres récits illustrent le passage de l’oralité à la sexualité, « de la nourriture aux parures », comment ces récits feront prendre à la jeune fille la conscience de sa beauté, et comment ces récits la sortiront des cendres montrant les figures du deuil de la mère et la mèneront au statut d’une jeune femme amoureuse, mariée ayant atteint ses objectifs et réalisé ses rêves.
Dans d’autres versions du conte Cendrillon, le père n’est si absent qu’il le paraît. Le père est effectivement présent. Il est remarié, après la mort de la mère de Cendrillon, et a coupé le lien avec sa fille où il a été dominé par d’autres figures féminines, belle-mère ou demi-sœurs. Dans d’autres récits encore, le père est vaguement incestueux où Cendrillon avec un autre nom fuit pour se dégager du désir de son père, ou dans une autre version Cendrillon engloutie dans les cendres ne peut si facilement quitter la maisonnée pour aller vers un objet plus clément, vers un objet d’amour qui fera d’elle une femme heureuse.
L’ouvrage de réflexion s’achève-t-il sur une autre interprétation tout aussi attrayante qui prolonge celle de Nicole Belmont reconnaissant en Cendrillon une héritière d’Hestia à la suite de Jean Pierre Vernant[3].
Au fait, Cendrillon est un conte populaire. Cendrillon est le nom du personnage central du conte. L’occident a surtout l’expérience de cette histoire à travers des versions fixées par Charles Perrault [l’auteur qui fera l’objet d’un chapitre entier dans ce mémoire] et par les frères Grimm[4] dans Anschenputtel.
- Cendrillon à travers le temps et à travers le monde
Pareille à d’autres histoires appartenant au patrimoine oral avant son évolution dans le temps et dans l’espace littéraire, l’histoire de Cendrillon est présente dans presque toutes les époques et civilisations de ce monde. Il n’existe pas nécessairement de lien direct et distinguable entre toutes les versions. On parle par ici de texture itérative hypothétiquement liée au genre humain, aux problématiques qui demandent depuis toujours des actions concrètes de solutions.
Cette texture répétitive ou trame est présentée ci-après avec une hypothèse que des variations selon les régions d’application peuvent être connues mais restant dans presque toutes ces versions conformes à ce modèle :
- Une jeune fille ou dans d’autres versions un garçon plus ou moins rejeté(e) par sa famille et qui aimerait jouir les mêmes droits et faire les mêmes choses que les autres enfants
- La préférence d’une personne aspirée par tous pour cet enfant délaissé
- Une consigne à respecter sinon sanctionnant (exemple pour le cas de Cendrillon : les douze coups de minuit)
- La personne prétendue qui finit par la retrouver après une épreuve d’identification.
- L’aide d’additifs dans son périple
- Le triomphe de la jeune fille sur ceux qui la transgressaient.
Parmi les multitudes de versions du conte de Cendrillon que l’histoire littéraire retenait, on veut rappeler la version qui était retranscrite au troisième siècle par d’Elien[5]. L’auteur raconte, en effet, l’histoire de Rhodope une jeune fille grecque transmise en Egypte comme esclave. Un jour, un aigle lui vola sa pantoufle et elle insistait à toujours garder l’autre. L’aigle laissa tomber la pantoufle devant le pharaon Psammétique qui était frappé de stupeur par la délicatesse de la pantoufle. Il promit d’épouser la jeune femme propriétaire de cette pantoufle et notamment celle qui dispose de l’autre pièce. C’est une version antique du conte de Cendrillon.
Propagé à travers les siècles et à travers les continents, le conte de Cendrillon est une source d’inspiration pour certaines disciplines artistiques. Les quelques cinq cent versions dénombrées jusqu’ici depuis l’histoire de Rhodope marquent beaucoup d’adaptations. A la suite de la mise par écrit du conte en Chine au 9ème siècle, on passe par le conte vietnamien de Bon Than où l’on raconte l’héroïne qui prie Bouddaha, puis La Chatte cendreuse en 1634 par l’italien Giambattista Basile, puis l’opéra comique de Jules Massenet en 1899 dénommé Cendrillon, plus récemment on a enregistré un ballet de Rudolf Noureev, la comédie musicale de Luc Plamondon intitulé Cindy, puis la Cendrillon des temps modernes qui était rendu public en 2002. Pour en citer plus, on peut décrire les plus remarquables adaptations :
- Cendrillon, ballet qui a connu de nombreuses version depuis 1813 jusqu’à notre temps
- Cendrillon, une version cinématographique de Jeanne d’Alcy
- Cendrillon, un film de Walt Disney en 1950 à titre d‘animation
- Cendrillon, une version série télévisée nippon-italienne
- Cendrillon, une chanson de téléphone publiée en 1982 dans l’album intitulé Dure limite
- Ever After ou à tout jamais qui était la véritable histoire de Cendrillon : un filme de Andy Tennant avec Drew Barrymore en 1998
- Comme Cendrillon: un film de Mark Rosman avec Hilary Duff, Chad Michael Murray et Brenda Song
- Cendrillon: comédie théâtrale de marionnettes de Jean-Baptiste Fronty.
- Cendrillon [2] en 1759, une première version opéra du conte de Perrault réalisée par Jean Louis Laruette et Louis Anseaume
- La Cenerentola, ou Cendrillon la bonté triomphante (en italien : La bontà in trionfo), une opéra de Giaoachino Rossini Teatro Valle, Rome en 1817
- La pantoufle perdue de Lucien Jacques, un conte en vers, 1953.
- Trois noisettes pour cendrillon, un film sorti en 1973 avec Libuše Šafránková
- Le bal de Cendrillon, une version automate et sur scène animée installé en 2005 au château de Breteuil par Armand Langlois
- Le Bois des contes: dans le parc d’attractions Efteling, le Prince retrouve Cendrillon dans le manoir de la belle-mère
- Cinderella, émission télévisée aux USA dont la première version en 1957 avec la musique de Richard Rodgers, livret d’oscar Hammaerstein II.
En effet, comme toutes les histoires appartenant avant tout aux propriétés orales, on retrouve ce « conte type » d’une jeune fille, ou pour certain un jeune garçon, passant des cendres au siège élevé un peu partout à travers les époques et concerne toutes les cultures[6]. La section suivante ca être consacré à la démonstration de l’héroïsme d’une jeune fille qui n’était pas lasse de rêver un autre mode de vie, une autre figure de traitement social.
- Cendrillon : jeune femme héroïque
Ce qui est à démontrer dans cette section est le courage, la patience d’une jeune orpheline qui subit la maltraitance de la belle-mère et des demi-sœurs. Bien que la présence du père ne soit pas mentionnée clairement, il est imaginable d’un comportement plein d’hypocrisie de la belle-mère vis-à-vis du père de l’enfant qui n’a jamais essayé de dénigrer la femme de son papa.
Cendrillon n’est que le surnom donné par ses demi-sœurs. Cendrillon est l’héroïne appelée de son surnom du fait qu’elle se repose toujours au coin de la cheminée, dans la cendre, lorsqu’elle a fini ses travaux domestiques. On ignore le nom réel de Cendrillon. Elle a un deuxième surnom, celui de Cucendron que Javotte, sa demi-sœur aînée qui était vulgaire, lui a attribué.
Dans la version de l’opéra de Jules Massenet mentionné supra, le père de Cendrillon l’appelle Lucette et on suppose alors que c’était son vrai nom. Ces surnoms : Cendrillon et Cucendron sont dérivés du mot cendre qui est le symbole de l’humiliation et de pénitence. A titre d’illustration : la Bible et l’Odyssée[7] font mention de Jérémie qui se roulait dans les cendres et Ulysse s’est assis dessus. En outre, les pères de l’église nous montrent les pénitents se couvrant la tête de cendre, voire même vivre dans les cendres. Le surnom de Cendrillon vient d’une fusion de deux mots : cendre et souillon. Au IXème siècle, dans un conte chinois, la jeune fille se nomme Yè Xiàn. Ce nom se raccorde d’un point de vue phonétique de termes tels qu’aschen (allemand), asan (en sanskrit) ashes (anglais) et aescen (anglo-saxon) qui signifient cendre. On confirme que c’est de la même histoire. La jeune orpheline courageuse ne se soucie pas trop de ces surnoms, elle continue à espérer et à rêver une autre vie.
Cependant, le nom anglais de l’héroïne « Cinderella » vient d’une traduction facile de son nom original « Cendrillon », car contrairement à ce que pourrait laisser interpréter, la traduction anglaise de «cendre » est « ash » mais non pas « cinder » qui signifie en fait étincelle ou escarbille.
On a lu dans un livre de conte qui narre l’histoire de Cendrillon l’héroïne, qu’après la mort de sa mère dès sa naissance puis celle de son père quelques années plus tard, une jeune fille est adoptée par sa « belle-mère[8] » et ses deux belles-sœurs nommées Javotte et Anastasie. Mais la mère adoptive va faire une grande différence entres ses filles et la petite orpheline qui est condamnée à s’habiller de chiffons et obligée de faire tous les travaux domestiques et surtout le nettoyage des cendres de la cheminée.
Cendrillon respecte et tient les conditions d’hébergement dans l’espoir de voir réaliser ses rêves d’amour un de ces jours. Et tout au long de son existence à la maisonnée, elle essaye de maintenir sa bonté et les bonnes conduites malgré l’humiliation qu’est doit subir sans cesse. Elle démontre ce comportement aussi bien aux humains qu’aux animaux qui l’entourent.
Il était une fois, Cendrillon est réveillée et entourée par les oiseaux et les souris de la maisonnée qui les aident à se laver et s’habiller. Oiseaux et souris lui réparent et brossent les vêtements souillés de cendre. Ce jour, la souris qu’elle a nommée Jaky l’informe qu’une nouvelle souris était prise dans la souricière. Cendrillon décide de sauver la petite souris et de la vêtir puis de la nommer Guste. Jaky s’est chargée d’avertir Guste de l’existence du chat dans la maisonnée, le chat est nommé Lucifer.
Selon les obligations, chaque matin Cendrillon doit donner du lait à Lucifer dans la cuisine. Un jour, elle y trouvait Pataud, c’est le nom du chien de la maisonnée, qui était en train de rêver qu’il court après le chat Lucifer. Cendrillon lui conseilla de ne plus faire ce genre de rêve au risque de se faire sanctionner par les belles-sœurs. D’habitude, le chat mange dans la cuisine et le chien mange dehors. Nourrir les animaux fait partie du labeur quotidien de Cendrillon. Les souris mangent avec les poules dans la cour mais ils doivent passer l’obstacle du chat Lucifer. Un jour, Cendrillon était appelée par sa belle-mère et ses deux belles-sœurs pour résoudre le problème de la souris Jaky et du chat Lucifer qui essayait de rattraper la souris qui se cachait sous l’un des plateaux de petits déjeuners pour la belle-mère. Ainsi, chaque jour davantage, la liste des tâches de Cendrillon s’allonge y compris le bain du chat Lucifer.
Un jour, Cendrillon était en train de laver le sol du hall quand un messager du Roi arriva pour inviter la maisonnée du bal du soir ayant pour objectif de choisir la jeune femme future mariée du Prince. Cendrillon demande à sa belle-mère d’aller elle aussi au bal. La belle-mère accepte à condition que Cendrillon finisse tout son ouvrage et qu’elle ait une robe convenable. Cendrillon courageuse souhaite de confectionner elle-même la robe convenable mais les membres de la famille qui la méprisent font en sorte qu’elle n’ait pas le temps de la faire. Les souris décident de faire une surprise à Cendrillon, qui dans tête et sans le dire n’a jamais perdu espoir. Avec l’aide des oiseaux, les souris commençaient à confectionner la robe. Guste et Jaky les souris ont pour mission de récupérer des pièces et matières pour la confection de la robe, mais parfois elles étaient confrontées à Lucifer. Ils doivent prendre un ruban et des boutons mais le collier de perles est le plus difficile à obtenir. Jaky enfile les perles sur la queue de Guste et rejoint les souris et oiseaux dans la chambre de Cendrillon où la robe prend forme sans que Cendrillon en soit consciente.
De son côté, selon les ordres de la maisonnée, Cendrillon doit préparer les robes de ses belles-sœurs et par la suite d’autres tâches lui ont été confiées par sa belle-mère.
En fin de journée, vers 20H, le carrosse qui va transporter les jeunes femmes pour aller au bal arrive chez la famille de Cendrillon. Elle n’est pas prête et désiste d’y aller ignorant quelle robe mettre. A ce moment précis, les animaux montrent la surprise, donc la robe confectionnée. Réjouissante de cette surprise, Cendrillon vient se rejoindre au reste de la famille. La belle-mère ne veut directement pas revenir sur la parole et détaille la robe, et à ce moment les belles-sœurs de Cendrillon découvrent que plusieurs pièces viennent de leurs affaires. Irritées et jalouses, elles mettent en lambeaux la belle robe, puis elles ordonnent la carrosse de les amener.
Cendrillon se réfugie dans le jardin et commence à perdre l’espoir. Elle pleure sur un banc prenant entre ses deux mains le courage pour affronter davantage la méchanceté de la vie. Et justement, sa marraine la bonne fée apparaît. Sa baguette magique à la main, elle transforme une citrouille en un carrosse cent fois plus beau que celui qui amène ses belles-sœurs, et transforme les quatre souris Jaky, Guste, Luka et Merty en chevaux puis le cheval de la maisonnée en cocher, enfin le chien Pataud en valet de pied. Les chiffons qui servent d’habit à Cendrillon sont transformés en robe blanche immaculée avec des pantoufles de verre. Elle est prête pour se rendre au bal, avec une condition de rentrer avant les douze coups de minuit, sinon le charme magique disparaît.
Au château, le prince accueille une à une les jeunes femmes invitées au bal, princesses et demoiselles des environs. Juste au moment où le prince consulte ses demi-sœurs, Cendrillon se pointe, alors le prince se dirige vers elle, une inconnue éblouissante. Après la danse d’ouverture du bal, le roi va se coucher mais le Grand-duc est chargé de surveiller le prince fasciné et subjugué par la beauté de Cendrillon. Le Grand-duc ne doit pas les laisser seuls jusqu’à ce que le Prince demande la jeune file en mariage.
A minuit, Cendrillon dit au prince qu’elle doit partir sans tarder mais celui-ci tente de la retenir et même il la poursuit dans l’escalier du hall. Le prince est bloqué par les jeunes filles et c’est le Grand-duc qui continue la poursuite en faisant appel aux gardes. Lors de cette poursuite, Cendrillon perd une de ses pantoufles. Le charme de la magie, justement prend fin et les soldats ne parviennent pas à trouver la beauté.
Cendrillon pense que le prince dépasse largement ses rêves et qu’elle risque de tout gâcher en perdant la notion de temps. Elle est très reconnaissante de sa marraine qui lui permet de garder l’autre pantoufle de verre. Cendrillon revient à la vie et au labeur quotidien. Sa belle-mère et ses belles-sœurs ignorent son aventure au bal et continuent de la traiter comme une domestique.
- Qu’évoquent les pantoufles de verre ?
Au château, le roi est furieux contre son fils le prince, mais il souhaite que son fils trouve l’amour et fonde une famille afin d’avoir des petits-enfants. Le prince jure d’épouser la propriétaire de la pantoufle et le roi donne l’ordre de rechercher la jeune fille magique. Et celle qui parvient à chausser la pantoufle de verre, selon la promesse royale, est reconnue comme fiancée du prince. Toutes les filles du royaume sans exception doivent et ont le droit d’essayer.
Chez la famille qui abrite Cendrillon, la nouvelle émanant de la royauté provoque un remue-ménage et Cendrillon en est bouleversée sinon excitée. La belle-mère s’apercevant son état l’enferme à clé dans sa chambre. Cependant, ses deux belles-sœurs affirment au Grand-duc être les propriétaires mais les testes rejettent leurs candidatures car leurs pieds sont trop grands. A force de tester les jeunes filles du royaume le Grand-duc est fatigué et s’endort un instant.
Les souris ne cessent pas de chercher les moyens de récupérer la clé de la chambre où Cendrillon est enfermée, et au moment où Javotte la sœur aînée est en train de faire d’effort pour entrer son pied dans la pantoufle, Guste a récuperé la clé mais il a été emprisonné par le Chat Lucifer. Aidées par les oiseaux, les souris révoltent contre le chat. Quand les animaux amis de Cendrillon arrivent à ouvrir la porte, le Grand-duc est sur le point de s’en aller. Elle se présente et demande à essayer la pantoufle. Malgré l’acceptation du Grand-duc sur ordre du Roi, la belle-mère donne l’ordre à son valet de casser la pantoufle. Le Grand-duc en est désespéré mais Cendrillon lui sort la seconde pantoufle.
En effet, la pantoufle présente multiples interprétations, et ce, dans le temps et dans l’espace. Dans l’antiquité, parmi les versions du conte où la jeune grecque vendue et embarquée en Egypte au IIIème siècle, un aigle lui vola une de ses pantoufles pendant qu’elle prenait son bain. Et cet aigle laissa tomber la pantoufle aux pieds du Pharaon Psammétique qui promit d’épouser la femme propriétaire de la pantoufle. C’est donc l’une de l’invocation de la pantoufle. C’était Elien qui a écrit cette histoire qui, paraît-il, est reprise d’une légende déjà contée par Strabon[9] à propos de la pyramide de Mykérinos qui était le tombeau d’une courtisane nommée Rhodopis. Il a écrit : « Un jour, comme elle était au bain, un aigle enleva une de ses chaussures des mains de sa suivante, et s’envola vers Memphis où, s’étant arrêté juste au-dessus du roi qui rendait alors la justice en plein air dans une des cours de son palais, il laissa tomber la sandale dans les replis de sa robe. Les proportions mignonnes de la sandale et le merveilleux de l’aventure émurent le roi; il envoya aussitôt par tout le pays des agents à la recherche de la femme dont le pied pouvait chausser une chaussure pareille; ceux-ci finirent par la trouver dans la ville de Naucratis; et l’amenèrent au roi qui l’épousa et qui, après sa mort, lui fit élever ce magnifique tombeau ». La pantoufle est confirmée avoir un pouvoir magique et pérenne.
Selon la version des frères Grimm et par rapport à la pantoufle, les deux-belles-sœurs sont doublement punies. D’abord, elles se sont infligées de la mutilation pour pouvoir chausser la pantoufle et par la suite elles finissent aveugles. Dans une version écossaise intitulée « Rashin Coatie », la belle-mère elle-même mutile ses filles pour pouvoir chausser la pantoufle.
Encore pire, la première version allemande, les deux sœurs sont condamnées à danser avec des chaussures de métal. Ces chaussures ont été chauffées au rouge jusqu’à ce que la mort en résulte. La brutalité d’un tel châtiment rappelle que les contes populaires peuvent inciter la vocation morale des contes mettant en garde contre les tentations de faire du mal à autrui.
Les matières premières composantes des pantoufles de Cendrillon font l’objet d’un débat répétitif en Europe francophone depuis le 19ème siècle. Selon les nouvelles transcriptions et les versions de l’histoire, les pantoufles sont tantôt de verre, parfois de vair (C’est une fourrure d’écureuil gris). Honoré de Balzac affirme que la pantoufle de Cendrillon est de vair au motif qu’il ne peut exister de pantoufles en verre.
La version de Charles Perrault mentionne sans équivoque du verre. Des versions populaires de Cendrillon ne parlent pas des matières composantes des pantoufles, et pour la plupart, il n’est même pas question de chaussure. La matière de la pantoufle provoque un impact narratif d’ordre symbolique pour l’épreuve que doit subir Cendrillon.
Selon la version de Perrault, l’épreuve n’est si difficile que si la pantoufle est en verre, sachant que la fourrure peut s’adapter à la pointure et non le verre.
Néanmoins, les versions non francophones du conte de Cendrillon restent à l’écart de cette controverse basée probablement sur un malentendu ou sur une homophonie c’est-à-dire deux mots différents de même son en langue française.
Les objets étranges en verre sont une déclaration qui se répète dans le folklore où l’on parle de montagne de verre, de pont de verre, …. Et des chaussures de verre. On reconnaît des pantoufles de verre ou de cristal dans les contes catalans, irlandais, écossais. Le folkloriste breton François-Marie Luzel[10] parle de trois pantoufles d’or, d’argent et d’acier dans son écrit Le poirier aux poires d’or.
En 1885, Anatole France[11] répond à ces tentatives rationalistes dans « Le Livre de mon ami » : « C’est par erreur, n’est-il pas vrai, qu’on a dit que les pantoufles de Cendrillon étaient de verre ? On ne peut pas se figurer des chaussures faites de la même étoffe qu’une carafe. Des chaussures de vair, c’est-à-dire des chaussures fourrées, se conçoivent mieux, bien que ce soit une mauvaise idée d’en donner à une fillette pour la mener au bal ». « Je vous avais pourtant bien dit de vous défier du bon sens. Cendrillon avait des pantoufles non de fourrure, mais de verre, d’un verre transparent comme une glace de Saint-Gobain[12] comme l’eau de source et le cristal de roche. Ces pantoufles étaient fées ; on vous l’a dit, et cela seul lève toute difficulté. Un carrosse sort d’une citrouille. La citrouille était fée. Or, il est très naturel qu’un carrosse fée sorte d’une citrouille fée. C’est le contraire qui serait surprenant » La citation d’Anatole est parfois raccourcie et on n’en conserve que la première partie le plaçant parmi les partisans de la transcription ‘menu de vair ».
A l’époque de Perrault, le verre était pour le peuple un matériau rare et précieux et symbolique. Une personnalité exceptionnelle pour qui le verre est ainsi travaillé est particulièrement fine et légère ayant la capacité de porter de telles chaussures sans les casser ni en être incommode. On peut aussi argumenter au « nom de la raison » qu’il serait très difficile de chausser une pantoufle de verre qui n’est pas ajustée exactement à la pointure et à la forme du pied, ce qui se répète dans l’histoire.
Parmi les versions de Paul Delarue[13], on compte 32 versions qui font mention de pantoufles ou de chaussures dont la répartition est comme suit : (i) chaussures sans autre précision =14 ; (ii) pantoufles = 10 ; (iii) sandales = 1 ; (iv) pantoufles de verre = 4 ; (v) pantoufles d’or = 1 ; (vi) chaussures de verre = 1 ; et (vii) chaussures de cristal = 1.
En occitan, une formule de conclusion par les conteurs était celle-ci « Cric-crac ! Mon conte est achevé, j’avais un petit sabot de verre, si je ne l’avis pas brisé, je vous le ferais voir ».
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Ainsi se termine cette première partie qui nous informe sur l’histoire des contes. Une partie qui nous fait savoir l’origine du conte Cendrillon et ses voyages à travers le temps et à travers les civilisations et à travers le monde. Cette partie nous allèche sur l’héroïsme d’une jeune femme ayant subit la méchanceté mais qui ne perd pas espoir. Cette partie discute notamment ce que les pantoufles de Cendrillon évoquent à traves les sociétés de la littérature.
La deuxième partie va nous faire découvrir les deux auteurs qui se mettent à la place des personnages en contant à leurs façons respectives l’histoire de Cendrillon. Cette deuxième partie, relativement à la pertinence du sujet nous amène à discuter une problématique ayant une contenance éducative et des hypothèses de responsabilité parentale.
DEUXIEME PARTIE
LES ECRIVAINS ET LES OEUVRES
2.1. Les idées maîtresses de Charles Perrault et Mme d’Aulnoy
D’emblée, il faut signaler que les deux auteurs ne sont opposés l’un à l’autre. Ils ont des points communs, mais il y a aussi des points qui les partagent. D’une manière générale, Charles Perrault véhicule les idées que la littérature change et il y a une grande différence entre l’antiquité et monde contemporain, de son côté Mme d’Aulnoy soutient une idée satire. Dans cette section, qui est une section charnière dans cet écrit, il s’agit de résumer la biographie des deux auteurs afin de comprendre par la suite des hypothèses et des études comparatives.
2.1.1. Biographie et écrits de Charles Perrault
On ne peut pas disconvenir que Charles Perrault est un grand écrivain français. Surtout, il est légendaire pour être à l’origine de la discussion des « Anciens » et des « Modernes ». Charles Perrault est né le 12 Janvier 1628 en étant le quatrième fils d’un Avocat et parlementaire parisien. Sa famille était bien placée à l’époque de Louis XIV. Perrault a fait des études littéraires brillantes au collège de Beauvais à Paris, en outre il a décroché un diplôme de licence en droit à partir duquel il exerçait temporairement la fonction d’avocat au barreau de Paris. De 1654 à 1664, il devient commis dans l’administration de la Recette Générale des finances, dirigée par son frère aîné Pierre. L’année suivante, Il est recruté comme contrôleur général des bâtiments du Roi Louis XIV et parallèlement membre de la Commission des inscriptions publiques qui sont la future Académie des inscriptions et belles-lettres. En 1671, à 43 ans d’âge, il est élu à l’Académie Française où il est l’initiateur et le principal acteur de la fameuse controverse des Anciens et des Modernes Il a suivi par la suite une double carrière : littéraire et politique.
Mais en 1683, Louvois, le remplaçant de Colbert à la suite de la mort de celui-ci, lui retire charges et pensions à l’inscription publique, et par la même occasion, il est renvoyé de la Petite Académie. Charles se retrouve en retraite « forcée » et consacre son temps à la littérature, dans les genres et les styles les plus variés.
En 1687, à la gloire du Roi, Charles lit en public son poème « Le Siècle de Louis le Grand » mais celle-ci déclenche une polémique littéraire avec Boileau. Dans ce poème, Charles insiste à montrer la supériorité des auteurs modernes par rapport aux anciens. « Que l’on peut comparer, sans crainte d’être injuste, le siècle de Louis au beau siècle d’Auguste ». Il faut reconnaître que Boileau et son collègue Racine sont tellement hostiles envers Perrault. Les Académiciens soutiennent Charles dans ses arguments, et Boileau s’attribue la réprobation puis Racine le tourne en ridicule. Perrault rassemble ses arguments dans « Parallèle des Anciens et des Modernes » (1688-1690-1691)
Charles Perrault est un écrivain et conteur principalement célèbre pour avoir participé activement à la relance du genre littéraire des contes de fées. Dans son actif, on identifie des œuvres très réputées comme « Contes de ma mère l’Oye » et « Histoires et contes du Temps passé » en 1697. Il en existe aussi un recueil de huit merveilleux contes. Cette inspiration pour les contes est un atout pour Charles Perrault pour pouvoir transmettre à traves ses mots l’univers légendaire et traditionnel des contes en renouvelant l’appropriation de l’imaginaire du moyen âge, courageux et civilisé ainsi que des textes relatifs à la renaissance italienne.
Il faut reconnaître que les contes les plus lus et les plus racontés aujourd’hui sont de l’œuvres de Charles Perrault. Effectivement, il a repris des contes appartenant à une littérature orale, mais non pas, comme laissent entendre certaines commentaires, des contes adressés à des enfants.
Dans son style, il a réécrit l’histoire de Cendrillon, et du Petit Chaperon Rouge, dans des versions adaptées aux attentes des enfants avec moins de terreur, contrairement aux esprits des légendes d’antan. Ainsi, Charles Perrault réécrit les récits et en fait d’adaptation conforme à la société de son temps, en ajoutant des éléments de temps à autre. On cite aussi les œuvres ayant subit ce style comme La Barbe Bleue, Le Petit Poucet, La Belle au Bois dormant.
Les poésies galantes et les écrits précieux font partie du palmarès de Charles Perrault et il en est devenu remarquable. En 1653, à 25 ans d’âge, il rend publique sa première œuvre, un poème burlesque « Les Murs de Troie » ou « L’Origine du Burlesque » qui attaque avec enthousiasme l’antiquité. En 1660, il écrit des poèmes comme « Le Miroir ou la Métamorphose d’Orante » et « La Chambre de Justice d’Amour ».
En 1694, Charles publie les trois contes en vers : Grisélidis, Peau d’Ane et les Souhaits Ridicules, sous le nom de son fils Pierre Perrault d’Armancour qui n’avait que 10 ans d’âge.
Pourtant, il ne faut pas omettre qu’on connaît aussi Charles Perrault de sa collaboration au genre parodique, c’est-à-dire son imitation primitive pour certaines œuvres, entre autres « L’Enéide Burlesque » en 1648, L’Origine du Burlesque en 1649, Dailogue de l’Amour et de l’amitié en 1660, Parallèle des Anciens et des Modernes entre 1688 et 1692.
Charles Perrault l’académicien meurt à Paris le 16 Mai 1703, à l’âge de 75 ans[14].
2.1.2. Les critiques de l’œuvre de Perrault
En écrivant les versions de contes qu’il avait entendues, sachant qu’il est accort et porte de la forte légitimité à l’écrit, Perrault a souvent pris, selon les critiques, le pas sur la multitude des autres versions du patrimoine oral français. Pierre Dubois[15], spécule que Charles Perrault a profusément modifié la perception de la fée dans ses contes en faisant des « belles de mai » qui sont invoquées dans les anciennes croyances des femmes raffinées, délicates et élégantes fréquentant la cour. Perrault ainsi détruit le symbolisme originel lié au renouveau de la nature. Selon Dubois, Perrault « détourne et dénature » les fées des saisons avec l’ajout de ses morales[16].
Perrault se laissa entraîner à des paroles vives dans son Apologie des femmes publié en 1694 et surtout dans le but de répondre à la critique de Boileau contre les femmes. En 1700, les deux « antagonistes » sur l’échiquier littéraire se sont apparemment réconciliés, et leur « querelle » fut continuée par d’autres antagonistes écrivains.
De 1696 et à 1701, Perrault réalise un ouvrage « Les hommes illustres » qui est un recueil de cent deux biographies, courtes mais précises et exactes qui sont accompagnées de magnifiques portraits bien dessinés.
Mais ce qui a rendu Perrault immortellement populaire c’est le petit volume intitulé « Contes de ma mère l’Oye ou Histoire du temps passé » dont il publia en 1697 sous le nom de son fils Perrault d’Armancourt.
2.1.3. Biographie et écrits de Mme d’Aulnoy
Née sous le nom Le Jumel de Barneville à Barneville-la-Bertran le 14 Janvier 1651, Marie Catherine, baronne d’Aulnoy est morte à Paris le 14 Janvier 1705. C’est un écrivain français mais aussi une femme « d’esprit » et scandaleuse. Mme d’Aulnoy est l’un des auteurs à l’origine du genre écrit du conte merveilleux[17] où elle a inspiré un esprit « démoralisateur » en usant d’expression dont le sens doit être deviné sous le sens littéral et de épigramme. Le travail littéraire de Mme d’Aulnoy est parfois rapproché de celui de Jean de la Fontaine avec ses critiques masquées à l’endroit de la cour et de la société française du 17ème siècle.
A l’âge de seize ans, la famille de Marie-Catherine Le Jumel de Barneville lui arrange son mariage comme à l’accoutumé. Appartenant à la petite noblesse normande, parente du marquis de Béringhem, Marie-Catherine a été mariée au mois de Mars 1666 avec François de La Motte, un valet de pied du duc de Vendôme, baron d’Aulnoy en Brie. Marie-Catherine s’y oblige malgré la différence d’âge de trente ans, puis de la réputation du baron de grand buveur et de coureur incorrigible. Trois ans plus tard, Marie-Catherine et sa mère, aidées par deux complices a monté une manigance faisant accuser le baron d’Aulnoy d’un crime de lèse-majesté[18] passible de la peine de mort. Le mari de Marie a été arrêté mais plus tard libéré ayant pour conséquence la condamnation des complices et « amis » pour avoir provoqué de la calomnie, c’était la décapitation assurée.
Lorsque le complot a été découvert, Marie-Catherine la baronne était dans l’obligation de fuir dans des circonstances inimaginables et allait se réfugier d’abord sous l’estrade d’une église. Par la suite, elle était contrainte de s’exiler et aurait voyagé à traves des pays de l’Europe pour échapper à la condamnation qui l’effrayait.
Six ans après le complot, Marie-Catherine passe par l’Angleterre puis gagne l’Espagne où sa mère réside. Dix ans après, en 1685, Marie-Catherine a pu revenir en France car elle rentre en grâce auprès de Louis XIV pour services rendus en qualité d’agent secret.
En 1690, Marie s’installe à Paris et a ouvert un salon littéraire fréquenté par la société mondaine, et publie un récit mythique qui connait un immense succès : Histoire d’Hippolyte, conte de Douglas (1690). Elle a aussi produit d’autres succès éclatants : ses Mémoires de la cour d’Espagne (1690) et sa Relation du voyage en Espagne (1691), où l’on trouve le conte de fées qui donne le coup d’envoi à la « mode des contes de fées » qui fera fureur jusqu’aux dernières années du siècle : l’« Histoire de Mira », qui reprend le thème de Mélusine. Ironie du sort, Marie s’est trouvée à nouveau compromise dans un scandale[19] pour sa relation intime avec Madame Ticquet qui était décapitée pour le meurtre de son mari.
Madame d’Aulnoy est admise à l’académie des Ricovrati de Padoue comme la 7ème femme célèbre parmi les surnommées « l’éloquente » ou « Clio » où elle représente l’inspiratrice de l’histoire. Mathurin de Lescure, un de ses éditeurs et biographe dit des deux portraits persistent de cette conteuse qu’ils laissent « l’image d’une sémillante et plantureuse beauté », c’est-à-dire l’image d’une frétillante et corpulente beauté.
En 1697, « les contes des fées » est l’ouvrage qui la rendue célèbre suivi en 1698 par « des Contes Nouveaux ou les Fées à la Mode » qui sont publiés chez Barbin. Ces contes nouveaux contiennent notamment des fameux récits comme Gracieuse et Percinet, L’oiseau bleu, Le Prince lutin, La Belle aux cheveux d’or, Le Rameau d’Or, L’Oranger et l’Abeille. Dans un premier temps, ces ouvrages sont destinés aux enfants. Par la suite, Finette Cendrons, le Nain jaune, la Grenouille bienfaisante, représentent l’évolution d’un genre emprunté aux traditions populaires en un genre littéraire destiné au lectorat adulte de la société attentionnée.
Mme d’Aulnoy meurt paisiblement chez elle à Paris à 54 ans d’âge.
2.1.4. Les critiques de l’œuvre de Mme d’Aulnoy
Fondés comme des aventures fictives où se découvre l’influence de la pastorale[20], du théâtre et du roman contemporains, les contes de Mme d’Aulnoy enchevêtrent joyeusement excès de préciosité, naturel désinvolte, pragmatisme et sauvagerie. Le vécu de Madame d’Aulnoy se manifeste dans son écriture quand elle utilise l’allégorie (une autre manière de dire, au moyen d’une image figurative ou figurée) pour dénoncer l’épreuve du mariage forcé qu’elle a eu à subir.
Madame d’Aulnoy est l’un des personnages les plus inquiétants et les plus contradictoires à l’époque du Roi Louis XIV. Elle débuta avec éclat dans les lettres par un roman impressionnant et mythique, Histoire d’Hippolyte comte de Douglas (1690).
2.2. Etude comparative des structures des deux contes de Perrault et de Mme d’Aulnoy
Les deux contes qui nous intéressent à partir de cette section s’intitulent respectivement « cendrillon » de Charles Perrault et « Finette Cendrons » de Madame d’Aulnoy. A chacun de ces deux contes sont attribués des qualificatifs par rapport aux idées maîtresses des auteurs. Afin de pouvoir faire dans la troisième partie une étude comparative plus détaillée, il s’agit d’observer dans cette section les structures et les objectifs éducatifs ainsi que les résumés des deux contes.
2.2.1. Longueur du conte et personnages clés
Malgré la similitude de la fin des deux contes, les leçons à tirer ne sont pas les mêmes. Et en ce qui concerne la longueur physique des contes, celui de Charles Perrault est construit avec 2.375 mots, et celui de Mme d’Aulnoy trois fois plus de mots.
Sans aucun arrangement de l’apparition des personnages dans le conte, on peut énumérer dans le conte de Charles Perrault : Le père Cendrillon (qui se marie avec une autre femme ayant avec elle deux filles de son premier mariage), une belle-mère de Cendrillon, deux belles-sœurs de Cendrillon qui se nomment Javotte et Suzette, puis la Marraine de Cendrillon, Le Fils du Roi qui veut se marier avec la femme exemplaire de son histoire, des personnages ayant des rôles secondaires sont les souris qui deviennent chevaux, les lézards qui deviennent laquais, puis il y a aussi les Princesses et les Duchesses ayant participé aux essais de la pantoufle de verre puis le gentilhomme qui exécute l’ordre du Roi pour les essais, et enfin les deux grands seigneurs devenus maris des deux demi-sœurs de Cendrillon. En général, l’histoire de Cendrillon dans ce conte se passe dans sa propre maison.
Dans le conte de Mme d’Aulnoy, il y a un roi et la reine, ruinés et parents de trois princesses dont Finette ou Fine d’Oreille la cadette ; les deux sœurs ainées de Finette nommées Fleur d’Amour et Belle-de-nuit ; Merluche ou la marraine de Cendrillon ; le cheval d’Espagne. Dans la deuxième partie : l’ogre et l’ogresse, genre de personnes cannibales ; puis Le Roi et La Reine qui sont les parents du Prince Charmant devenus le mari de Cendrons Finette. L’exploit de Cendrons Finette se passe essentiellement en dehors de son domaine familial.
2.2.2. Résumés des deux contes
Pour le conte de Charles Perrault intitulé « Cendrillon » : un homme, après la mort de sa femme épousa une deuxième femme, hautaine de son genre. Il amena avec lui une enfant et la femme amena deux filles plus ainées que la sienne. La belle-mère et les deux demi-sœurs, Javotte et sa cadette Suzette, n’ont pas facilité la cohabitation avec la petite cadette qu’elles ont nommée Cendrillon. La petite Cendrillon fait tous les travaux ménagers aussi bien que l’entretien personnel des trois femmes. Elle n’a comme lit et matelas qu’une méchante paillasse dans le grenier. Le pire c’est qu’elle n’ose pas se plaindre auprès de son papa qui l’aurait grondé. Il est devenu son habitude d’aller au coin de la cheminée après avoir fini ses besognes. Un jour le Prince célibataire organise un bal où toutes les demoiselles du royaume sont invitées. Cendrillon a envié d’y aller. Hélas, ses habits ne sont pas convenables malgré sa beauté dissimulée.
Après le départ de ses deux demi-sœurs pour le bal, sa marraine lui fit le miracle en changeant la citrouille en un beau carrosse tout doré assorti d’élégant « cocher », et d’un coup de baguette, les chiffons qu’elle porte changent en des habits de drap d’or et d’argent tout chamarrés de pierreries. La marraine lui donne ensuite une paire de pantoufles de verre, les plus jolies du monde. A chaque bal davantage, Cendrillon devient de plus en plus attrayante et le prince devient de plus en plus amoureux. Une fois, Cendrillon trop distraite par le prince oublie la condition posée par la marraine qui fait en sorte que le charme de la magie disparaît dès minuit sonnante, elle ne quitte le bal qu’au premier coup de minuit. Et dans sa précipitation, elle perd une pantoufle et la marraine lui laisse garder l’autre en souvenir.
Le Prince retrouve la pantoufle et insiste de chercher la propriétaire et qu’il épousera la jeune femme dont le pied y va à merveille. Aucune princesse, aucune duchesse du royaume n’a pas pu chausser la pantoufle. Seule, Cendrillon a pu la mettre, en plus elle a montré l’autre lors son essai. Cendrillon devient la Princesse, mais elle n’a pas délaissé sa famille, surtout ses deux demi-sœurs qu’elle les maria avec deux grands seigneurs de la cour.
En ce qui concerne le conte de Mme d’Aulnoy : Un Roi est déchu de son trône, et il s’éloigne du palais avec la Reine et ses trois filles, et pour survivre il va à la chasse. Leur existence devient de plus en plus précaire que la Reine envisage de se séparer définitivement de ses enfants en les amenant très loin et qu’elles n’en reviennent plus. Ce n’est qu’à la troisième tentative que les trois filles n’ont plus la possibilité de retrouver le chemin car les deux sœurs ont fait des erreurs en semant des pois sur la route en guise de repère, car les oiseaux ont avalé les pois. Les deux premières tentatives de la mère n’ont pas réussi car la marraine de Finette Cendrons est venu pour elle, qui, malgré les conseils de la marraine de plus se charger du sort des deux méchantes sœurs, s’est risquée à cause de son amour pour ses paires. Alors, cette fois, les trois sœurs sont perdues loin, très loin de leur demeure. Elles n’ont plus de quoi pour s’alimenter, mais Finette garde toujours en cachette les habits en or et en diamant que sa marraine lui a donné avant de partir.
Un jour, elle trouve un gland et ses deux s’acharnent de le posséder. Mais Finette propose qu’on cultive le gland et tout le monde en aura profité. Le gland devient un grand arbre, et Finette épuise ses journées à y monter. Un jour, il arrive qu’elle aperçoive un palais non loin de leur point de repère. Ses deux sœurs lui ont volé les habits donnés par la marraine Merluche et elle reste mal vêtue comme leur servante. Arrivées au palais, elles rencontrent en premier l’ogresse avec un seul œil au milieu du front. Cette dernière envisage de manger Finette qui lui servira d’entrée. A son retour au palais, l’ogre encore deux fois plus grand, deux fois plus haut que l’ogresse sent l’odeur humaine des trois princesses et oblige sa femme de les montrer pour qu’il en fait une seule bouchée. L’ogresse lui explique que ces trois filles sont capables faire tous les travaux domestiques et surtout faire la cuisine et fabriquer du pain. Convaincu, après une longue discussion et d’insistance, l’ogre ordonne à Finette de chauffer le four pour en faire le pain, cependant les deux sœurs préparent la pâte qui, on l’a raconté, peut nourrir deux régiments militaires. Lorsque le four est chauffé, Finette demande à l’ogre de tester la température, et pour ce faire, il lui faut utiliser la langue et lécher le plateau intérieur. Il a accepté mais Finette en profite pour que le mort de l’ogre s’ensuive. L’ogresse attristée veut abuser des trois princesses, mais ces dernières essaient de la convaincre qu’avec un peu de traitement, elle peut devenir la plus belle des reines et des princes viendront l’épouser. Elle accepte le traitement, on commence par les cheveux où les deux sœurs sont chargées de peigner et de friser. Cependant, Finette prend une hache, et lui donne par derrière un si grand coup, qu’elle sépare son corps d’avec sa tête.
Le danger est écarté. Les princesses deviennent très riches, mais les deux sœurs reviennent à la maltraitance envers leur cadette. Elles cherchent les moyens de trouver de princes charmants pour les épouser et laissent la cadette garder le palais et servir comme servante.
Les deux sœurs prennent l’habitude d’aller en ville pour rejoindre les hautes personnalités. Elles portent les habits que la marraine Merluche a donnés à Finette. Un jour, Finette trouve par hasard une clé en or dans le centre de la cheminée. C’est la clé d’un coffre qui contient des habits, des diamants, des rubans, tous incommensurables. Elle cache ces merveilles à ses sœurs. Lors du prochain bal, elle met les plus beaux habits et les diamants et ses sœurs ne la reconnaissent pas pendant la fête. Elle essaie toujours de rentrer à la maison avant les sœurs et fait semblant d’ignorer ce qui se passe au bal.
Mais, une fois, elle reste trop distraite avec le Prince qui devient de plus en plus amoureux d’elle qui se fait appeler Cendrons, et oublie la notion de temps. Lors de son départ précipité, elle perd une de ses pantoufles. Les jours suivants, le Prince a fait un avis de recherche, et promet que celle qui puisse chausser la pantoufle deviendrait sa fiancée. Ses deux sœurs participent à l’essai mais seule Finette, qui a décidé de se montrer, a pu entrer son pied dedans. Le Roi, La Reine et le Prince demande Finesse en mariage qui leur oblige d’écouter d’abord son histoire avant de décider. Son histoire les envoie ravis car elle-même est une princesse. Finette demande la restitution du trône de ses parents que ceux du Prince ont jadis pris de force. On a raconté que ses deux sœurs deviennent reines elles aussi.
2.2.3. Les objectifs éducatifs outre la démonstration de l’intelligence de cendrillon
A l’endroit des parents, il faut en tirer la leçon de ne jamais faire deux poids deux mesures. Pour les collatéraux, il ne doit pas y avoir de mauvais traitement. Les frères ainés ou les sœurs ainées ne doivent pas abuser de leur statut. Pour les bonnes femmes, il y a le dicton « trop bon, trop con » à l’exemple de Cendrillon ou de Finette qui accepte le sort et ne lutte pas pour contrer les plus grands. Ce qui se passe aujourd’hui, à l’ère de l’informatique et de l’internet, les plus petits ont tendance à surpasser les plus grands, et ce comportement change la version des contes si le conteur n’arrive pas à convaincre les plus petits de tirer du conte de cendrillon ou de Finette la leçon qui fait en sorte que la patience, le respect, la bonté paient toujours en fin de compte.
Dans ces deux contes, Cendrillon ou Finette a utilisé son intelligence pour avoir trouvé des solutions à tous les problèmes. Mais les objectifs éducatifs aussi sont très importants car les conteurs veulent mettre dans la tête de l’assistance que les mauvaises fois amènent toujours à la dérive.
Mais toujours est-il, chacun interprète ce qu’il a entendu et par rapport à ce qu’il veut faire dans la vie. On risque toujours des divergences de points de vue, c’est pourquoi, on va discuter les hypothèses vis-à-vis de la problématique montrée ci-après.
2.3. Problématique « Comment va-t-on maîtriser les différents contes de cendrillon sans qu’il y ait divergence de leçons à tirer et d’objectifs éducatifs sans parler de l’aspect divertissement »
L’essentiel est de répondre et trouver un consensus s’il faut que le conte cendrillon apporte les mêmes leçons à tous les enfants où qu’ils soient dans ce monde. Les auteurs ou les conteurs ont tendances à raconter le conte selon leur convenance et selon les circonstances qui leur mettent à l’aise sans pour autant préserver ou régulariser la globalisation au double sens du terme.
Bien que les contes, dans la plupart de cas, aient des buts de divertissement, il faut retrouver le côté éducatif et pédagogique à travers le vif de l’histoire. A rappeler que l’on est actuellement à l’ère de l’informatique où les concurrences entre les diverses disciplines se multiplient et si les contes ne présentent pas d’intérêt aux yeux des enfants ou aux yeux des adultes, ils vont choisir des histoires qui risquent de changer l’orientation éducative vers la vie adulte de nos jeunes.
2.4. Les hypothèses
- Le conte de fée pourrait convaincre les enfants à avoir un comportement courageux et de bravoure malgré les contraintes quotidiennes
- Les parents disposent de temps matériels pour comprendre et transmettre aux enfants les points favorables à retenir
Comme toute littérature, comme toute philosophie, personne n’est capable de maintenir et transmettre intact son idée originelle sans que l’assistance interprète autrement ce qu’il a entendu. De ce fait, les auteurs ont intérêt à clarifier autant que possible leur position et leur but dans la vie communautaire. Un conte se raconte parfois à l’intention d’un groupe de personnes de même génération. Si par hasard, on s’adresse à une assistance composée de personnes de différentes classes d’âge, le conteur lui-même sera influencé par la classe d’âge prépondérante. Dans tel cas, il est préférable de s’adresser à une assistance plus ou moins homogène. Si un papa et son jeune garçon écoutent ensemble et simultanément une version du conte de Cendrillon, il est soutenable que leurs interprétations sont différentes.
A chaque conte donc, on pose toujours des hypothèses et il faut prévoir les leçons à tirer. Certes, le conte n’est qu’une partie de divertissement pour certaines personnes. Mais l’effet socio-psychologique n’est imperceptible qu’à la suite logique des commentaires. Même pour une personne paresseuse, le conte prend toujours effet dans son comportement au quotidien. Les parents qui prennent conscience de la philosophie du conte auront des avantages sur le plan éducatif de leurs enfants. Quoi qu’il en soit, conter présente toujours deux aspects de la vie dont le plaisir de l’assistance et la satisfaction du conteur.
Troisième Partie
Etudes comparatives des sous parties des deux contes
Avant d’entrer dans le processus de comparaison des deux contes, il semble plus astucieux de subdiviser les contes en des sous parties. Sans avoir eu misé sur les chiffres, les deux contes ont été subdivisés chacun en 15 sous-parties. A la suite de ces subdivisions, on va relever les éléments communs et les éléments dissemblables de deux contes. Ce n’est qu’à partir de ces éléments que l’on va pouvoir, d’une manière littéraire et conjointement scientifique, de faire l’analyse comparée.
3.1. Les 15 sous parties de Cendrillon de Charles Perrault
Le Conte de Cendrillon
Par Charles Perrault
- Le début du calvaire de la jeune orpheline
- Les besognes quotidiennes au service de ses semblables
- La précarité matérielle de Cendrillon contrairement aux demi-sœurs
- La bonté va de pair avec ses agilités manuelles
- Cendrillon regrettait son sort et enviait d’aller au bal
- Les vœux de Cendrillon sont exhaussés
- La beauté fatale est sous contraintes
- Cendrillon la princesse
- Cendrillon n’a jamais été rancunière aux demi-sœurs (voire discrètement)
- La victoire de la bonté qui paie
- Cendrillon intelligente, Cendrillon sociable
- Cendrillon élégante et divertie risque l’oublie des contraintes
- La chance sourit et Cendrillon en reçoit l’effet parfait
- Cendrillon garde ses bontés originelles envers ses mauvaises demi-sœurs
- Cendrillon vit heureuse mais ne laisse pas tomber les siennes changeantes
On l’amena chez le jeune prince, parée comme elle était : il la trouva encore plus belle que jamais, et peu de jours après il l’épousa. Cendrillon, qui était aussi bonne que belle, fit loger ses deux sœurs au palais, et les maria dès le jour même à deux grands seigneurs de la cour.
3.2. Les 15 sous parties de Finette Cendrons de Mme d’Aulnoy
Finette Cendrons
De Mme d’Aulnoy
- La dégradation sociale des parents débute la brillance de la princesse Finette
- Princesse Finette et les pouvoirs magiques bénéfiques
- Finette délicate, élégante, attentionnée et agile
- La bonté qui va de pair avec l’intelligence paie toujours
- Princesse Finette a toujours gagné l’amour paternel
- Les sœurs de Cendrons jalouses et malveillantes envers elle
- La Princesse Finette et les contraintes affectueuses envers ses sœurs
- La malice des sœurs et la prévoyance de Finette
- Finette endure les épreuves de ses sœurs
- Ensemble, Finette et ses sœurs au cœur du malheur de l’ogre méchant
- Finette intelligente met fin à l’histoire de l’ogre et de sa femme
- Finette continue de subir les adversités des siennes
- La patience originelle de Finette garantit le retour de sa marraine
- Finette Cendrons recherchée pour beauté et allégresse
- Cendrons Fine-Oreille la Finette se marie au prince mais ne laisse pas tomber les siens
Le roi, la reine et le prince prient Cendrons de se laisser marier : « Non, dit-elle, il faut avant que je vous conte mon histoire « ; ce qu’elle fit en quatre mots.
Quand ils surent qu’elle était née princesse, c’était bien une autre joie, il tint à peu qu’ils n’en mourussent ; mais lorsqu’elle leur dit le nom du roi son père, de la reine sa mère, ils reconnurent que c’étaient eux qui avaient conquis leur royaume : ils le lui annoncèrent ; et elle jura qu’elle ne consentirait point à son mariage, qu’ils ne rendissent les états de son père ; ils le lui promirent, car ils avaient plus de cent royaumes, un de moins n’était pas une affaire.
Cependant Belle-de-nuit et Fleur d’Amour arrivèrent. La première nouvelle fut que Cendrons avait mis la mule, elles ne savaient que faire, ni que dire, elles voulaient s’en retourner sans la voir ; mais quand elle sut qu’elles étaient là, elle les fit entrer, et au lieu de leur faire mauvais visage, et de les punir comme elles le méritaient, elle se leva, et fut au devant d’elles les embrasser tendrement, puis elle les présenta à la reine, lui disant : » Madame, ce sont mes sœurs qui sont fort aimables, je vous prie de les aimer. »
Elles demeurèrent si confuses de la bonté de Finette, qu’elles ne pouvaient proférer un mot.
Elle leur promit qu’elles retourneraient dans leur royaume, que le prince le voulait rendre à leur famille. Á ces mots, elles se jetèrent à genoux devant elle, pleurant de joie. Les noces furent les plus belles que l’on eût jamais vues.
Finette écrivit à sa marraine, et mit sa lettre avec de grands présents sur le joli cheval d’Espagne, la priant de chercher le roi et la reine, de leur dire son bonheur, et qu’ils n’avaient qu’à retourner dans leur royaume.
La fée Merluche s’acquitta fort bien de cette commission. Le père et la mère de Finette revinrent dans leurs états, et ses sœurs furent reines aussi bien qu’elle.
3.3. Les éléments communs et les éléments dissemblables des deux contes
Il s’agit, dans cette section, de détecter systématiquement les éléments communs dans les deux contes. Il est évident que certaines manifestations des faits ne sont points semblables. Mais ce sont les fonds des idées et des comportements que l’on essaie de mettre en relief.
Il s’agit de partir du conte de Charles Perrault comme référence, sans pour autant avoir eu choisi une préférence. Et on observe le conte de Madame d’Aulnoy pour en tirer, d’abord, les éléments communs :
- « Le début de calvaire de la jeune orpheline » qu’est Cendrillon dans le conte de Charles présente un point en commun avec celui de Mme Aulnoy où Finette n’est pas orpheline, mais le calvaire qu’elle subit de par ses propres sœurs n’est pas négligeable.
- « Les besognes quotidiennes au service de ses semblables » : Ce n’est que plus loin dans le conte de Mme d’Aulnoy, notamment au sous titre 9 que l’on parle de « Finette qui endure vraiment les épreuves de ses sœurs ».
- « La bonté va de pair avec ses agilités manuelles » : et dans le conte de Mme, l’on intitule la sous partie : « la bonté qui va de pair avec l’intelligence paie toujours ».
- Au sous titre 3 de Perrault : « Les vœux de Cendrillon sont exhaussés » et au sous titre 13 de Mme Aulnoy : « La patience originelle de Finette garantit le retour de sa marraine ».
- « Cendrillon la princesse » est similaire à « Finette recherchée pour sa beauté et allégresse »
- « Cendrillon n’a jamais été rancunière aux demi-sœurs » en sous titre 9 de Perrault et de même au sous titre 15 « Cendrillon vit heureuse mais ne laisse pas tomber les siennes changeantes » ont un élément commun avec « Finette se marie au prince mais ne laisse pas tomber les siens ».
En résumé, le calvaire, les épreuves, les besognes quotidiennes que subissent Cendrillon ou Finette Cendrons sont les points communs des deux contes sur le plan obscur de la vie de la jeune fille. Mais sur le plan féerique : la bonté, l’agilité manuelle, l’intelligence, la patience, la beauté, l’allégresse sont les éléments qui soutiennent Cendrillon et sont communs aux deux contes. Il s’agit pour l’instant d’observer et par la suite d’en tirer concrètement des enseignements.
Mais certains points des deux contes sont aussi dissemblables :
Au sous titre 4 de Perrault « La précarité matérielle contrairement aux demi-sœurs » n’a aucun point commun à celui de Madame d’Aulnoy qui a souligné que les trois sœurs vivent sous le même toit, sous les mêmes conditions vis-à-vis de leurs parents et jouissent le même traitement malgré que le père le roi ait bien un faible envers Finette mais il ne l’a pas manifesté devant les deux sœurs. On a eu cette remarque lors de leur premier retour à la maison à la suite de l’égarement de par leur mère la reine.
Au sous titre 5 de Perrault « Cendrillon regrettait son sort et enviait d’aller au bal » : Finette est toujours patiente et seulement observe les faits et les gestes de ses deux propres sœurs qui vont et viennent du palais des ogres vers la ville. Il n’est point mentionné le regret de Finette. Elle attend les retours des sœurs avec patience sans pour autant regretter de les avoir ramenées, il était une fois, malgré que sa marraine la déconseille lors des mauvaises intentions et de manigance de leur mère.
Au sous titre 7 de Perrault « La beauté fatale est sous contrainte » qui explique que Cendrillon doit revenir à la maison avant minuit sinon l’effet magique prend fin est une contrainte. Quant au conte de Mme Aulnoy, Finette, de son propre gré rentre au palais avant ses sœurs en leur réservant des effets de surprise sans que personne ne lui en préconise.
Au sous titre 10 « La victoire de la bonté qui paie » n’a aucune correspondance dans l’autre conte du fait que Finette n’a pas eu l’occasion de profiter de sa bonté pour en tirer des avantages. Elle s’est parée par les habits trouvés dans le coffre du palais et se montrait au bal sans qu’il y ait une idée de bonté. C’est plutôt un esprit de concurrence.
Au sous titre 11 de Perrault « Cendrillon intelligente, Cendrillon sociable » permet de penser à une jeune fille sociable qui n’aura pas le courage de toucher à une mouche. Mais dans le conte de Madame Aulnoy, l’intelligence de Finette est utilisée pour mettre fin à la vie de l’ogre et de l’ogresse, voire la jeune fille a eu le courage de décapiter la femme après avoir poussé l’ogre à s’incendier.
Au sous titre 13 de Perrault « La chance sourit et Cendrillon en reçoit l’effet parfait ». Dans l’autre conte, il n’y a pas question de chance. C’est plutôt du courage d’une jeune femme qui est mis en exergue. Le courage d’affronter la réalité et la méchanceté de la société en général et celle des sœurs en particulier.
Au sous titre 14 de Perrault « Cendrillon garde ses bontés originelles envers ses mauvaises demi-sœurs » ne présente de correspondance avec aucune partie du conte de Madame d’Aulnoy. Mais, il n’y a non plus de divergence très marquée qui les sépare.
3.4. Comparer et tirer des enseignements des deux contes
En comparant ces deux contes, il est profitable d’en tirer des enseignements. Dans beaucoup de pays dans le monde, le fait de conter des histoires n’est pas un simple plaisir de conter ou d’endormir les enfants, mais plutôt de leur donner des leçons, des exemples, des enseignements. Et même pour les adultes, les contes devraient avoir les mêmes effets.
Avant de pénétrer dans le vif de comparaison des deux contes, selon les sous parties, il est intéressant de revenir sur un sujet devenu généralisé qui n’accorde pas les visions des auteurs, et notamment celles de Charles Perrault et de Mme d’Aulnoy. C’est le mode de vie qui est doté du nom « préciosité ».
Au début, c’est un mouvement culturel qui s’est reposé sur la volonté de se distinguer par la pureté de langage, par la dignité de mœurs, par un amour idéalisé, voire même par l’élégance de la tenue. Ce mouvement a pour prémonitoire l’euphuisme[21] en Angleterre, pour précurseur le marinisme[22] en Italie ou pour inspiration le gongorisme[23] en Espagne. Pour s’opposer aux manières qui manquent de finesse pour ne pas dire des manières « grossières » du XVIème siècle, et pour s’opposer à la violence baroque[24], les femmes créent ce mouvement pudique et raffiné à l’extrême. Cette observation n’exclut pourtant pas certains hommes. Les « Précieux » veulent mettre en relief tout ce qui est à la recherche perpétuelle de l’élégance. Les Précieux voient l’amour comme une pure inclinaison de l’esprit.
En son véritable mouvement littéraire et intellectuel, en avance sur son époque, la préciosité a prestement marqué son temps avec le rejet de la théorie de supériorité masculine. Des contes de fées, dans le style « précieuse » ont été écrits particulièrement au temps de Mme d’Aulnoy. Ce mode de contes de fées a une influence notable sur Charles Perrault et d’autres écrivains comme Gabrielle-Suzanne (Auteur de « La Belle et la Bête »).
Bon nombre de collections de contes de fées publiées démontrent combien l’on a été fécond dans ces futilités, et que des personnes d’esprit et de mérite, quelquefois, n’ont pas manqué de s’y exercer. On a risqué de mettre du goût et de l’art jusque dans ces inconstances. Selon le jugement de Jean François de la Harpe[25], Madame d’Aulnoy est celle qui paraît y avoir le mieux réussi. Et Jean François de La Harpe de continuer « Les mémoires contemporains nous représentent la comtesse d’Aulnoy comme une gracieuse et aimable femme, dont la demeure était le rendez-vous de la compagnie la plus élégante et la plus choisie ».
« C’est Madame d’Aulnoy qui a lancé cette mode des contes de fées en insérant dans un de ses romans le premier conte de fées littéraire. Au début, Mme D’Aulnoy était romancière, mais elle devint une illustre conteuse, jusqu’à distancer Perrault. Elle a assemblé dans ce genre spécifique le romanesque et le merveilleux qu’elle aimait tant. Le style de Mme D’Aulnoy tend naturellement vers l’exagération, elle prenait soin de mettre à profit les ressources du merveilleux. Le ton sciemment enfantin se fixe également au conte de fées, même si c’est adressé à un public adulte et féminin »[26].
Quand on se tourne vers Perrault, et on fait une brève analyse du conte « Le petit chaperon rouge ». Le Petit Chaperon rouge est un conte de la tradition populaire qui connaît de nombreuses versions au cours de l’histoire et des sociétés. Il s’agit d’un conte d’avertissement[27] qui contient des thèmes ayant trait à la sexualité, à la violence et à l’anthropophagie[28]. Le genre des « Contes de Fées » tel que Perrault a écrit ses histoires nous transporte pour quelques minutes ou quelques heures dans un monde imaginaire.
De tout temps les enfants en sont les spectateurs les plus attentifs, les plus bouleversés par ces histoires et ces contes étonnants. En écoutant, ils font travailler leur imaginaire, ils se représentent ou se transportent dans ces mondes fantastiques.
Ce sont des souvenirs que l’on conserve toute sa vie, d’un parent ou d’un grand parent nous racontant, avec conviction, ces histoires d’un autre temps ….
3.4.1. Le début de l’histoire de la fille cadette
Le début du calvaire de la jeune orpheline
« Il était une fois un gentilhomme qui épousa en secondes noces une femme, la plus hautaine et la plus fière qu’on eût jamais vue. Elle avait deux filles de son humeur, et qui lui ressemblaient en toutes choses. Le mari avait de son côté une jeune fille, mais d’une douceur et d’une bonté sans exemple; elle tenait cela de sa mère, qui était la meilleure femme du monde ».
Les besognes quotidiennes au service de ses semblables
« Les noces ne furent pas plus tôt faites, que la belle-mère fit éclater sa mauvaise humeur; elle ne put souffrir les bonnes qualités de cette jeune enfant, qui rendaient ses filles encore plus haïssables. Elle la chargea des plus viles occupations de la maison : c’était elle qui nettoyait la vaisselle et les montées, qui frottait la chambre de madame, et celles de mesdemoiselles ses filles ».
Cette partie introductive de Charles Perrault nous amène à imaginer le changement ou plus la dégradation du cours de la vie de Cendrillon où l’on se réfère directement au calvaire et aux besognes qui attendent la jeune orpheline dès la mort de sa mère et à cause de l’impatience de son père pour ne pas dire l’égoïsme de son père. Le point commun de cette partie avec le conte de Madame D’Aulnoy est la place de la jeune fille au sein de la famille : elle est la cadette, la moins âgée, la moins considérée. Dans le conte de D’Aulnoy, voici la partie correspondante à celle-ci :
La Princesse Finette et les contraintes affectueuses envers ses sœurs
« […..] Quand Finette entendit ce complot, elle se leva tout doucement pour aller voir encore sa marraine. Elle entra dans le poulailler, elle prit deux poulets et un maître coq, à qui elle tordit le cou, puis deux petits lapins que la reine nourrissait de choux, pour s’en régaler dans l’occasion ; elle mit le tout dans un panier, et partit. Mais elle n’eut pas fait une lieue à tâtons, mourant de peur, que le cheval d’Espagne vint au galop, ronflant et hennissant ; elle crut que c’était fait d’elle, que quelques gens d’armes l’allaient prendre. Quand elle vit le joli cheval tout seul, elle monta dessus, ravie d’aller si à son aise : elle arriva promptement chez sa marraine.
Après les cérémonies ordinaires, elle lui présenta les poulets, le coq et les lapins, et la pria de l’aider de ses bons avis, parce que la reine avait juré qu’elle les mènerait jusqu’au bout du monde. Merluche dit à sa filleule de ne pas s’affliger ; elle lui donna un sac tout plein de cendre :
» Vous porterez le sac devant vous, lui dit-elle, vous le secouerez, vous marcherez sur la cendre, et quand vous voudrez revenir, vous n’aurez qu’à regarder l’impression de vos pas ; mais ne ramenez point vos sœurs, elles sont trop malicieuses, et si vous les ramenez, je ne veux plus vous voir. »
Finette prit congé d’elle, emportant, par son ordre, pour trente ou quarante millions de diamants en une petite boîte, qu’elle mit dans sa poche : le cheval était tout prêt, et la rapporta comme à l’ordinaire. Au point du jour, la reine appela les princesses ; elles vinrent, et elle leur dit :
» Le roi ne se porte pas trop bien ; j’ai rêvé cette nuit qu’il faut que j’aille lui cueillir des fleurs et des herbes en un certain pays où elles sont fort excellentes, elles le feront rajeunir ; c’est pourquoi allons-y tout à l’heure. »
Fleur d’Amour et Belle-de-nuit, qui ne croyaient pas que leur mère eût encore envie de les perdre, s’affligèrent de ces nouvelles. Il fallut pourtant partir ; et elles allèrent si loin, qu’il ne s’est jamais fait un si long voyage. Finette, qui ne disait mot, se tenait derrière les autres, et secouait sa cendre à merveille, sans que le vent ni la pluie y gâtassent rien. La reine étant persuadée qu’elles ne pourraient retrouver le chemin, remarqua un soir que ses trois filles étaient bien endormies ; elle prit ce temps pour les quitter, et revint chez elle. Quand il fut jour, et que Finette connut que sa mère n’y était plus, elle éveilla ses sœurs :
» Nous voici seules, dit-elle, la reine s’en est allée. »
Fleur -d’Amour et Belle-de-nuit se prirent à pleurer : elles arrachaient leurs cheveux, et meurtrissaient leur visage à coups de poings. Elles s’écriaient :
» Hélas ! Qu’allons-nous faire ? »
Finette était la meilleure fille du monde ; elle eut encore pitié de ses sœurs.
» Voyez à quoi je m’expose, leur dit-elle ; car lorsque ma marraine m’a donné le moyen de revenir, elle m’a défendu de vous enseigner le chemin ; et que si je lui désobéissais, elle ne voulait plus me voir. »
Belle-de-nuit se jette au cou de Finette, autant en fit Fleur d’Amour ; elles la caressèrent si tendrement, qu’il n’en fallut pas davantage pour revenir toutes trois ensemble chez le roi et la reine ».
Finette endure les épreuves de ses sœurs
« Finette ignorait le vol que ses méchantes sœurs lui avaient fait ; elle prit son sac dans le dessein de s’habiller, mais elle demeura bien affligée de ne trouver que des cailloux ; elle aperçut en même temps ses sœurs qui s’étaient accommodées comme des soleils. Elle pleura et se plaignit de la trahison que ses sœurs lui avaient faite ; et elles d’en rire et de se moquer.
» Est-il possible, leur dit-elle, que vous ayez le courage de me mener au château sans me parer et me faire belle ?
– Nous n’en avons pas trop pour nous, répliqua Fleur d’Amour, tu n’auras que des coups si tu nous importunes.
– Mais, continua-t-elle, ces habits que vous portez sont à moi, ma marraine me les a donnés, ils ne vous doivent rien.
– Si tu parles davantage, dirent-elles, nous allons t’assommer, et nous t’enterrerons sans que personne le sache. »
La pauvre Finette n’eut garde de les agacer ; elle les suivait doucement et marchait un peu derrière, ne pouvant passer que pour leur servante.
Plus elles approchaient de la maison, plus elle leur semblait merveilleuse.
» Ha ! disaient Fleur-d’Amour et Belle-de-Nuit, que nous allons nous bien divertir ! Que nous ferons bonne chère, nous mangerons à la table du roi, mais pour Finette elle lavera les écuelles dans la cuisine, car elle est faite comme une souillon, et si l’on demande qui elle est, gardons-nous bien de l’appeler notre sœur : il faudra dire que c’est la petite vachère du village. »
Finette qui était pleine d’esprit et de beauté, se désespérait d’être si maltraitée. Quand elles furent à la porte du château, elles frappèrent : aussitôt une vieille femme épouvantable leur vint ouvrir, elle n’avait qu’un œil au milieu du front, mais il était plus grand que cinq ou six autres, le nez plat, le teint noir et la bouche si horrible, qu’elle faisait peur ; elle avait quinze pieds de haut et trente de tour.
» Ô malheureuses ! qui vous amène ici ? leur dit-elle. Ignorez-vous que c’est le château de l’ogre, et qu’à peine pouvez-vous suffire pour son déjeuner ; mais je suis meilleure que mon mari ; entrez, je ne vous mangerai pas tout d’un coup, vous aurez la consolation de vivre deux ou trois jours davantage. »
Quand elles entendirent l’ogresse parler ainsi, elles s’enfuirent, croyant se pouvoir sauver, mais une seule de ses enjambées en valait cinquante des leurs ; elle courut après et les reprit, les unes par les cheveux, les autres par la peau du cou ; et les mettant sous son bras, elle les jeta toutes trois dans la cave qui était pleine de crapauds et de couleuvres, et l’on ne marchait que sur les os de ceux qu’ils avaient mangés ».
Cette partie contée par Madame Aulnoy, dotée de deux sous titres, montre la qualité de la jeune cadette de la famille (Finette) au même titre que Cendrillon dans le conte de Perrault. Alors qu’ici on essaie de monter le courage et l’espoir de survivre de la jeune femme.
3.4.2. La pénitence et les pouvoirs magiques
La bonté va de pair avec ses agilités manuelles
Malgré la punition subie par Cendrillon, elle n’a jamais baissé les bras, elle n’a jamais perdu espoir. Elle continue à servir autant que possible la famille qui lui reste. Le conte de Charles Perrault se poursuit comme suit :
« Il arriva que le fils du roi donne un bal, et qu’il y invite toutes les personnes de qualité : nos deux demoiselles en furent aussi invitées, car elles faisaient grande figure dans le pays. Les voilà bien aises et bien occupées à choisir les habits et les coiffures qui leur siéraient le mieux; nouvelle peine pour Cendrillon, car c’était elle qui repassait le linge de ses sœurs et qui godronnait leurs manchettes : on ne parlait que de la manière dont on s’habillerait.
-« Moi, dit l’aînée, je mettrai mon habit de velours rouge et ma garniture d’Angleterre. »
– » Moi, dit la cadette, je n’aurai que ma jupe ordinaire; mais par contre, je mettrai mon manteau à fleurs d’or, et ma barrière de diamants, qui n’est pas des plus indifférentes. »
On envoya chercher la bonne coiffeuse, pour dresser les cornettes à deux rangs, et on fit acheter des mouches de la bonne faiseuse : elles appelèrent Cendrillon pour lui demander son avis, car elle avait bon goût. Cendrillon les conseilla le mieux du monde, et s’offrit même à les coiffer; ce qu’elles voulurent bien. En les coiffant, elles lui disaient :
-« Cendrillon, serais-tu bien aise d’aller au bal ? »
– » Hélas, mesdemoiselles, vous vous moquez de moi, ce n’est pas là ce qu’il me faut. »
– » Tu as raison, on rirait bien si on voyait un Cucendron aller au bal. »
Une autre que Cendrillon les aurait coiffées de travers; mais elle était bonne, et elle les coiffa parfaitement bien. Elles furent près de deux jours sans manger, tant elles étaient emplies de joie. On rompit plus de douze lacets à force de les serrer pour leur rendre la taille plus menue, et elles étaient toujours devant leur miroir ».
Outre les punitions, Cendrillon est soumise aux paroles ironiques des demi-sœurs et en plus elle continue à leur rendre service. Et malgré sa tristesse et son vouloir de faire moins, l’agilité de ses mains va toujours parfaire la coiffure des siennes.
Cette bonté est aussi mentionnée dans le conte de Madame D’Aulnoy, et elle l’exprime comme suit :
La bonté qui va de pair avec l’intelligence paie toujours
« La princesse remercia sa marraine, qui lui remplit un sac de beaux habits, tous d’or et d’argent. Elle l’embrassa ; elle la fit remonter sur le joli cheval, et en deux ou trois moments, il la rendit à la porte de la maisonnette de leurs majestés. Finette dit au cheval :
» Mon petit ami, vous êtes beau et très sage ; vous allez plus vite que le soleil ; je vous remercie de votre peine ; retournez d’où vous venez. »
Elle entra tout doucement dans la maison, cachant son sac sous son chevet ; elle se coucha sans faire semblant de rien. Dès que le jour parut, le roi réveilla sa femme :
» Allons, allons, madame, lui dit-il, apprêtez-vous pour le voyage. »
Aussitôt elle se leva, prit ses gros souliers, une jupe courte, une camisole blanche et un bâton. Elle fit venir l’aînée de ses filles qui s’appelait Fleur-d’Amour, la seconde Belle-de-Nuit et la troisième Fine-Oreille : c’est pourquoi on la nommait ordinairement Finette.
» J‘ai rêvé cette nuit, dit la reine, qu’il faut que nous allions voir ma sœur, elle nous régalera bien ; nous mangerons et nous rirons tant que nous voudrons. «
Fleur d’Amour, qui se désespérait d’être dans un désert, dit à sa mère :
» Allons, madame, où il vous plaira, pourvu que je me promène, il ne m’importe. »
Les deux autres en dirent autant. Elles prennent congé du roi, et les voilà toutes quatre en chemin. Elles allèrent si loin, si loin, que Fine-Oreille avait grande peur de n’avoir pas assez de fil, car il y avait près de mille lieues. Elle marchait toujours derrière ses sœurs, passant le fil adroitement dans les buissons.
Quand la reine crut que ses filles ne pourraient plus retrouver le chemin, elle entra dans un grand bois, et leur dit :
» Mes petites brebis, dormez ; je ferai comme la bergère qui veille autour de son troupeau, crainte que le loup ne le mange. »
Elles se couchèrent sur l’herbe, et s’endormirent. La reine les quitta, croyant ne les revoir jamais. Finette fermait les yeux, et ne dormait pas.
» Si j’étais une méchante fille, disait-elle, je m’en irais tout à l’heure, et je laisserais mourir mes sœurs ici, car elles me battent et m’égratignent jusqu’au sang. Malgré toutes leurs malices, je ne les veux pas abandonner. »
Elle les réveille, et leur conte toute l’histoire ; elles se mettent à pleurer, et la prient de les mener avec elle, qu’elles lui donneront leurs belles poupées, leur petit ménage d’argent, leurs autres jouets et leurs bonbons.
» Je sais assez que vous n’en ferez rien, dit Finette, mais je n’en serai pas moins bonne sœur « ; et se levant, elle suivit son fil, et les princesses aussi ; de sorte qu’elles arrivèrent presque aussitôt que la reine ».
Cette partie de conte de Madame D’Aulnoy est une preuve que les femmes ont multiples facettes et l’étude comportementale des femmes est complexe. La Femme mère, la femme sœur, la femme soumise mais de l’autre côté il y a la femme de qualité qui prévoit d’ores et déjà ce qui va se passer dans le futur. Ces remarques sont réitérées dans la sous partie suivante qui parle d’amour, de jalousie, de malice et de l’intelligence.
3.4.3. L’amour, la jalousie, la malice, l’intelligence
Les vœux de Cendrillon sont exhaussés
Charles Perrault continue son conte. Cette partie montre la détermination qui amplifie l’intelligence et l’amour, mais aussi la malice et la jalousie d’autrui qui sont parfois égoïstes pour ne pas dire égocentriques :
« Cendrillon alla aussitôt cueillir la plus belle qu’elle put trouver, et la porta à sa marraine, ne pouvant deviner comment cette citrouille pourrait la faire aller au bal. Sa marraine la creusa, et n’ayant laissé que l’écorce, la frappa de sa baguette, et la citrouille fut aussitôt changée en un beau carrosse tout doré. Ensuite elle alla regarder dans sa souricière, où elle trouva six souris toutes en vie ; elle dit à Cendrillon de lever un peu la trappe de la souricière, et à chaque souris qui sortait, elle lui donnait un coup de sa baguette, et la souris était aussitôt changée en un beau cheval; ce qui fit un bel attelage de six chevaux, d’un beau gris de souris pommelé. Comme elle était en peine de quoi elle ferait un cocher :
-« Je vais voir, dit Cendrillon, s’il n’y a point quelque rat dans la ratière, nous en ferons un cocher. »
– » Tu as raison», dit sa marraine » va voir. »
Cendrillon lui apporta la ratière, où il y avait trois gros rats. La fée en prit un d’entre les trois, à cause de sa maîtresse barbe, et l’ayant touché, il fut changé en un gros cocher, qui avait une des plus belles moustaches qu’on ait jamais vues. Ensuite elle lui dit :
-« Va dans le jardin, tu y trouveras six lézards derrière l’arrosoir, apporte-les-moi. »
Elle ne les eut pas plus tôt apportés, que la marraine les changea en six laquais, qui montèrent aussitôt derrière le carrosse avec leurs habits chamarrés, et qui s’y tenaient accrochés, comme s’ils n’eussent fait autre chose toute leur vie. La fée dit alors à Cendrillon :
-« Hé bien, voilà de quoi aller au bal, n’es-tu pas bien aise ?
– » Oui, mais est-ce que j’irai comme ça avec mes vilains habits ? »
Sa marraine ne fit que le toucher avec sa baguette, et en même temps ses habits furent changés en des habits de drap d’or et d’argent tout chamarrés de pierreries; elle lui donna ensuite une paire de pantoufles de verre, les plus jolies du monde. Quand elle fut ainsi parée, elle monta en carrosse »;
Cendrillon la princesse
« Le fils du roi, qu’on alla avertir qu’il venait d’arriver une grande princesse qu’on ne connaissait point, courut la recevoir; il lui donna la main à la descente du carrosse, et la mena dans la salle où était la compagnie. Il se fit alors un grand silence; on cessa de danser, et les violons ne jouèrent plus, tant on était attentif à contempler les grandes beautés de cette inconnue. On n’entendait qu’un bruit confus :
-« Ha, qu’elle est belle ! »
Le roi même, tout vieux qu’il était, ne lassait pas de la regarder, et de dire tout bas à la reine qu’il y avait longtemps qu’il n’avait vu un si belle et si aimable dame. Toutes les dames étaient attentives à considérer sa coiffure et ses habits, pour en avoir dès le lendemain de semblables, pourvu qu’il se trouvât des étoffes assez belles, et des ouvriers assez habiles.
Le fils du roi la mit à la place d’honneur, et ensuite la prit pour la mener danser : elle dansa avec tant de grâce, qu’on l’admira encore davantage. On apporta une fort belle collation, dont le jeune prince ne mangea point, tant il était occupé à la contempler ».
Cendrillon n’a jamais été rancunière aux demi-sœurs
« Elle alla s’asseoir auprès de ses sœurs, et leur fit mille honnêtetés : elle leur fit part des oranges et des citrons que le Prince lui avait donnés, ce qui les étonna fort, car elles ne la connaissaient point. Lorsqu’elles causaient ainsi, Cendrillon entendit sonner onze heures trois quarts : elle fit aussitôt une grande révérence à la compagnie, et s’en alla le plus vite qu’elle put ».
De cette partie, on tire un enseignement que l’amour emporte toujours sur la jalousie au sens large du terme. L’amour tue les rancunes et donne des forces extraordinaires pour celle qui le porte en son cœur. Les demi-sœurs n’ont pas reconnu Cendrillon qui montre sans arrière pensée cet amour fraternel. Mais Charles dans ce conte faire trop subir la petite Cendrillon. Qui d’autre en ce bas monde puisse accepter un tel traitement, puis par la suite distribuer de l’amour en retour ?
De son côté, Madame D’Aulnoy, en sa qualité féministe et mettant au premier loge le comportement de patience de la femme continue son conte :
La patience originelle de Finette garantit le retour de sa marraine
« Le lendemain encore elles retournaient et revenaient conter des merveilles. Un soir que Finette était assise proche du feu sur un monceau de cendres, ne sachant que faire, elle cherchait dans les fentes de la cheminée ; et cherchant ainsi elle trouva une petite clé si vieille et si crasseuse, qu’elle eut toutes les peines du monde à la nettoyer. Quand elle fut claire, elle connut qu’elle était d’or, et pensa qu’une clé d’or devait ouvrir un beau petit coffre ; elle se mit aussitôt à courir par toute la maison, essayant la clé aux serrures, et enfin elle trouva une cassette qui était un chef-d’œuvre. Elle l’ouvrit : il y avait dedans des habits, des diamants, des dentelles, du linge, des rubans pour des sommes immenses : elle ne dit mot de sa bonne fortune ; mais elle attendit impatiemment que ses sœurs sortissent le lendemain. Dès qu’elle ne les vit plus, elle se para, de sorte qu’elle était plus belle que le soleil.
Ainsi ajustée, elle fut au même bal où ses sœurs dansaient ; et quoiqu’elle n’eût point de masque, elle était si changée en mieux, qu’elles ne la reconnurent pas. Dès qu’elle parut dans l’assemblée, il s’éleva un murmure de voix, les unes d’admiration, et les autres de jalousie. On la prit pour danser, elle surpassa toutes les dames à la danse, comme elle les surpassait en beauté. La maîtresse du logis vint à elle, et lui ayant fait une profonde révérence, elle la pria de lui dire comment elle s’appelait, afin de ne jamais oublier le nom d’une personne si merveilleuse. Elle lui répondit civilement qu’on la nommait Cendrons. Il n’y eut point d’amant qui ne fût infidèle à sa maîtresse pour Cendrons, point de poète qui ne rimât en Cendrons ; jamais petit nom ne fit tant de bruit en si peu de temps ; les échos ne répétaient que les louanges de Cendrons ; l’on n’avait pas assez d’yeux pour la regarder, assez de bouche pour la louer.
Fleur d’Amour et Belle-de-nuit, qui avaient fait d’abord grand fracas dans les lieux où elles avaient paru, voyant l’accueil que l’on faisait à cette nouvelle venue, en crevaient de dépit ; mais Finette se démêlait de tout cela de la meilleure grâce du monde ; il semblait, à son air, qu’elle n’était faite que pour commander. Fleur d’Amour et Belle-de-nuit, qui ne voyaient leur sœur qu’avec de la suie de cheminée sur le visage, et plus barbouillée qu’un petit chien, avaient si fort perdu l’idée de sa beauté, qu’elles ne la reconnurent point du tout ; elles faisaient leur cour à Cendrons comme les autres. Dès qu’elle voyait le bal prêt à finir, elle sortait vite, revenait à la maison, se déshabillait en diligence, reprenait ses guenilles ; et quand ses sœurs arrivaient :
» Ah ! Finette, nous venons de voir, lui disaient-elles, une jeune princesse qui est toute charmante ; ce n’est pas une guenuche comme toi ; elle est blanche comme la neige, plus vermeille que les roses ; ses dents sont de perles, ses lèvres de corail ; elle a une robe qui pèse plus de mille livres, ce n’est qu’or et diamants : qu’elle est belle ! Qu’elle est aimable ! «
Finette répondait entre ses dents :
» Ainsi j’étais, ainsi j’étais.
– Qu’est-ce que tu bourdonnes ? « , Disaient-elles.
Finette répliquait encore plus bas :
» Ainsi j’étais. »
Ce petit jeu dura longtemps ; il n’y eut presque pas de jour que Finette ne changeât d’habits, car la cassette était fée, et plus on y en prenait, plus il en revenait, et si fort à la mode, que les dames ne s’habillaient que sur son modèle.
Un soir que Finette avait plus dansé qu’à l’ordinaire, et qu’elle avait tardé assez tard à se retirer, voulant réparer le temps perdu et arriver chez elle un peu avant ses sœurs, en marchant de toute sa force, elle laissa tomber une de ses mules, qui était de velours rouge, toute brodée de perles. Elle fit son possible pour la retrouver dans le chemin ; mais le temps était si noir, qu’elle prit une peine inutile ; elle rentra au logis, un pied chaussé et l’autre nu ».
Finette Cendrons recherchée pour beauté et allégresse
« Le lendemain le prince Chéri, fils aîné du roi, allant à la chasse, trouve la mule de Finette; il la fait ramasser, la regarde, en admire la petitesse et la gentillesse, la tourne, retourne, la baise, la chérit et l’emporte avec lui. Depuis ce jour-là, il ne mangeait plus ; il devenait maigre et changé, jaune comme un coing, triste, abattu. Le roi et la reine, qui l’aimaient éperdument, envoyaient de tous côtés pour avoir de bon gibier et des confitures ; c’était pour lui moins que rien ; il regardait tout cela sans répondre à la reine, quand elle lui parlait. L’on envoya quérir des médecins partout, même jusqu’à Paris et à Montpellier. Quand ils furent arrivés, on leur fit voir le prince, et après l’avoir considéré trois jours et trois nuits sans le perdre de vue, ils conclurent qu’il était amoureux, et qu’il mourrait si l’on n’y apportait remède.
La reine, qui l’aimait à la folie, pleurait à fondre en eau, de ne pouvoir découvrir celle qu’il aimait, pour la lui faire épouser. Elle amenait dans sa chambre les plus belles dames, il ne daignait pas les regarder. Enfin elle lui dit une fois :
» Mon cher fils, tu veux nous faire étouffer de douleur, car tu aimes, et tu nous caches tes sentiments ; dis-nous qui tu veux, et nous te la donnerons, quand ce ne serait qu’une simple bergère. »
Le prince, plus hardi par les promesses de la reine, tira la mule de dessous son chevet, et l’ayant montrée :
» Voilà, madame, lui dit-il, ce qui cause mon mal ; j’ai trouvé cette petite pouponne, mignonne, jolie mule en allant à la chasse ; je n’épouserai jamais que celle qui pourra la chausser.
– Hé bien, mon fils, dit la reine, ne t’afflige point, nous la ferons chercher. »
Elle fut dire au roi cette nouvelle ; il demeura bien surpris, et commanda en même temps que l’on fût avec des tambours et des trompettes, annoncé que toutes les filles et les femmes vinssent pour chausser la mule, et que celle à qui elle serait propre, épouserait le prince.
Chacune ayant entendu de quoi il était question, se décrassa les pieds avec toutes sortes d’eaux, de pâtes et de pommades. Il y eut des dames qui se les firent peler, pour avoir la peau plus belle ; d’autres jeûnaient ou se les écorchaient afin de les avoir plus petits. Elles allaient en foule essayer la mule, une seule ne la pouvait mettre et plus il en venait inutilement, plus le prince s’affligeait.
Fleur d’Amour et Belle-de-nuit se firent un jour si braves, que c’était une chose étonnante.
» Où allez-vous donc ? leur dit Finette.
– Nous allons à la grande ville, répondirent-elles, où le roi et la reine demeurent, essayer la mule que le fils du roi a trouvée ; car si elle est propre à l’une de nous deux, il l’épousera, et nous serons reines.
– Et moi, dit Finette, n’irai-je point ?
– Vraiment, dirent-elles, tu es un bel oison bridé : va, va arroser nos choux, tu n’es propre à rien. »
Finette songea aussitôt qu’elle mettrait ses plus beaux habits, et qu’elle irait tenter l’aventure comme les autres, car elle avait quelque petit soupçon qu’elle y aurait bonne part; ce qui lui faisait de la peine, c’est qu’elle ne savait pas le chemin, le bal où l’on allait danser n’était point dans la grande ville. Elle s’habilla magnifiquement ; sa robe était de satin bleu, toute couverte d’étoiles et de diamants ; elle avait un soleil sur la tête, une pleine lune sur le dos ; tout cela brillait si fort, qu’on ne la pouvait regarder sans clignoter les yeux. Quand elle ouvrit la porte pour sortir elle resta bien étonnée de trouver le joli cheval d’Espagne qui l’avait portée chez sa marraine. Elle le caressa et lui dit :
» Sois le bien venu, mon petit dada ; je suis obligée à ma marraine Merluche. »
Il se baissa ; elle s’assit dessus comme une nymphe. Il était tout couvert de sonnettes d’or et de rubans ; sa housse et sa bride n’avaient point de prix ; et Finette était trente fois plus belle que la belle Hélène.
Le cheval d’Espagne allait légèrement, ses sonnettes faisaient din, din, din. Fleur-d’Amour et Belle-de-Nuit les ayant entendues, se retournèrent et la virent venir ; mais dans ce moment quelle fut leur surprise ? Elles la reconnurent pour être Finette Cendron. Elles étaient fort crottées, leurs beaux habits étaient couverts de boue :
» Ma sœur, s’écria Fleur-d’Amour, en parlant à Belle-de-Nuit, je vous proteste que voici Finette Cendron » ; l’autre s’écria tout de même, et Finette passant près d’elles, son cheval les éclaboussa, et leur fit un masque de crotte : elle se prit à rire, et leur dit :
» Altesses, Cendrillon vous méprise autant que vous le méritez « ; puis passant comme un trait, la voilà partie.
Belle-de-nuit et Fleur d’Amour s’entre-regardèrent.
» Est-ce que nous rêvons ? disaient-elles ; qui est-ce qui peut avoir fourni des habits et un cheval à Finette ? Quelle merveille le bonheur lui en veut, elle va chausser la mule, et nous n’aurons que la peine d’un voyage inutile. »
Pendant qu’elles se désespéraient, Finette arrive au palais ; dès qu’on la vit, chacun crut que c’était une reine, les gardes prennent leurs armes, l’on bat le tambour, l’on sonne la trompette, l’on ouvre toutes les portes, et ceux qui l’avaient vue au bal, allaient devant elle, disant :
» Place, place, c’est la belle Cendrons, c’est la merveille de l’univers. »
Elle entre avec cet appareil dans la chambre du prince mourant ; il jette les yeux sur elle, et demeure charmé, souhaitant qu’elle eût le pied assez petit pour chausser la mule : elle la mit tout d’un coup et montra la pareille, qu’elle avait apportée exprès. En même temps l’on crie:
» Vive la princesse Chérie, vive la princesse qui sera notre reine ! »
Le prince se leva de son lit, il vint lui baiser les mains, elle le trouva beau et plein d’esprit: il lui fit mille amitiés. L’on avertit le roi et la reine, qui accoururent ; la reine prend Finette entre ses bras, l’appelle sa fille, sa mignonne, sa petite reine, lui fait des présents admirables, sur lesquels le roi libéral renchérit encore. L’on tire le canon ; les violons, les musettes, tout joue ; l’on ne parle que de danser et de se réjouir ».
Ici encore, Madame D’Aulnoy montre que la femme est complémentaire à l’homme de pas qualité de conseillère et tendre devant l’homme qui ne peut rien faire sans la présence de l’âme sœur. Si on compare les deux contes, la finalité s’avère similaire mais la manière de montrer l’essence féminin diffère entre les deux auteurs ayant chacun leur ligne directrice et leur style.
3.4.4. Cendrillon bonté sans limite et les bonheurs qui s’ensuivent
Perrault va achever son conte en qualifiant les deux demi-sœurs arrogantes qui sont humiliées comme deux femmes qui se garde la préciosité malgré les circonstances. A savoir si elles allaient changer de comportement vis-à-vis de Cendrillon si cette dernière n’était pas plus belle et plus chouchoutée ? Ainsi, Charles Perrault finit son histoire comme suit :
Cendrillon garde ses bontés originelles envers ses mauvaises demi-sœurs
« Alors ses deux sœurs la reconnurent pour la belle dame qu’elles avaient vue au bal. Elles se jetèrent à ses pieds pour lui demander pardon de tous les mauvais traitements qu’elles lui avaient fait souffrir. Cendrillon les releva, et leur dit, en les embrassant, qu’elle leur pardonnait de bon cœur, et qu’elle les priait de l’aimer bien toujours ».
Cendrillon vit heureuse mais ne laisse pas tomber les siennes changeantes
« On la mena chez le jeune prince, parée comme elle était : il la trouva encore plus belle que jamais, et peu de jours après il l’épousa. Cendrillon, qui était aussi bonne que belle, fit loger ses deux sœurs au palais, et les maria dès le jour même à deux grands seigneurs de la cour ».
Madame D’Aulnoy met la femme à la place qui lui convient. Ce n’est pas que l’homme se croit l’être supérieur, ou pour certain le sexe fort qu’il peut abuser les femmes de son choix. Le conte pose bien le statut de la femme bien aimée qui n’accepte pas aveuglement et avec égoïsme la demande en mariage d’un homme, bien qu’il soit un prince aussi charmant que le fils du roi. En effet, Finette accepte de se marier avec des conditions pour le bien-être de ses parents, de ses sœurs et de sa famille en général. Les jeunes femmes d’aujourd’hui doivent y prendre de l’enseignement. Ainsi, Madame D’Aulnoy termine son conte comme ceci :
Cendrons, Fine-Oreille ou Finette se marie au prince mais ne laisse pas tomber les siens
« Le roi, la reine et le prince prient Cendrons de se laisser marier :
» Non, dit-elle, il faut avant que je vous conte mon histoire « ; ce qu’elle fit en quatre mots.
Quand ils surent qu’elle était née princesse, c’était bien une autre joie, il tint à peu qu’ils n’en mourussent ; mais lorsqu’elle leur dit le nom du roi son père, de la reine sa mère, ils reconnurent que c’étaient eux qui avaient conquis leur royaume : ils le lui annoncèrent ; et elle jura qu’elle ne consentirait point à son mariage, qu’ils ne rendissent les états de son père ; ils le lui promirent, car ils avaient plus de cent royaumes, un de moins n’était pas une affaire.
Cependant Belle-de-nuit et Fleur d’Amour arrivèrent. La première nouvelle fut que Cendrons avait mis la mule, elles ne savaient que faire, ni que dire, elles voulaient s’en retourner sans la voir ; mais quand elle sut qu’elles étaient là, elle les fit entrer, et au lieu de leur faire mauvais visage, et de les punir comme elles le méritaient, elle se leva, et fut au devant d’elles les embrasser tendrement, puis elle les présenta à la reine, lui disant :
» Madame, ce sont mes sœurs qui sont fort aimables, je vous prie de les aimer. »
Elles demeurèrent si confuses de la bonté de Finette, qu’elles ne pouvaient proférer un mot.
Elle leur promit qu’elles retourneraient dans leur royaume, que le prince le voulait rendre à leur famille. Á ces mots, elles se jetèrent à genoux devant elle, pleurant de joie.
Les noces furent les plus belles que l’on eût jamais vues.
Finette écrivit à sa marraine, et mit sa lettre avec de grands présents sur le joli cheval d’Espagne, la priant de chercher le roi et la reine, de leur dire son bonheur, et qu’ils n’avaient qu’à retourner dans leur royaume.
La fée Merluche s’acquitta fort bien de cette commission. Le père et la mère de Finette revinrent dans leurs états, et ses sœurs furent reines aussi bien qu’elle ».
Ces parties des deux contes ne sont pas intégrales mais prises en considération pour faire l’analyse comparée de l’état d’esprit et des styles des deux auteurs. Quoi qu’il en soit, Cendrillon ou finette se marie au prince et de même les deux sœurs ou les deux demi-sœurs ne sont pas punies pour leur mauvaise foi. L’enseignement tirés c’est de savoir reconnaître ses fautes et revenir sur les illusions qui risquent d’amener dans le gouffre de la jalousie.
CONCLUSION
L’analyse comparée des deux versions du conte Cendrillon « Finette Cendrons de Madame d’Aulnoy et de Cendrillon de Charles Perrault est basée sur deux choses dont la première est la tendance spécifique de chacun des auteurs et la seconde est la problématique posée dans cet écrit. Bien que les deux auteurs se trouvent dans la même génération, si l’on se réfère à l’âge (Mme d’Aulnoy entre 1651-1705 et Charles Perrault entre 1628-1703) Madame tend plutôt vers la mise en valeur du courage féminin qui ne recule pas devant n’importe quel problème et malgré les divers obstacles. Ceci étant, en général, les femmes se fixent des objectifs au fur et à mesure qu’elles avancent dans le labyrinthe, et ce comportement reflète l’historique de Marie-Catherine Le Jumel de Barneville et elle le rapporte dans le conte Finette Cendrons. Par contre, pour Charles Perrault, la femme est le maillon faible de la société qui est la source de la malédiction de l’homme, car il illustre ce comportement en se référant aux décisions de la Reine ayant rejeté dans la nature ses trois princesses, et à ce moment le roi a bien voulu faire autrement sans pouvoir intervenir.
Les deux contes en tant que tels peuvent divertir les enfants, les adultes, mais les leçons à tirer divergent selon le point de vue du conteur et des cibles. La problématique posée « comment va-t-on maîtriser les différents contes de cendrillon sans qu’il y ait divergence de leçons à tirer et d’objectifs éducatifs sans parler de l’aspect divertissement » est vraiment une bonne question qui risque d’entraîner une série de problèmes. Sans vouloir inquiéter les lecteurs ou l’assistance, les auteurs, de par leur structure du conte, arrivent à toucher l’esprit critique de ces derniers. Les commentaires viennent systématiquement, sinon des questions se posent à la suite de l’histoire pour s’éclaircir certains points ; exemple pourquoi les sœurs de cendrillon agissent de la sorte, ou pourquoi cendrillon n’a-t-elle pas refusé alors qu’elle en avait la possibilité ; ou encore la pantoufle de verre est-elle si particulière et singulière pour qu’aucune jeune femme du royaume ne répond pas aux aspirations du prince ?
Chaque pays du monde, chaque époque de l’histoire de l’humanité, chaque conteur et chaque version du conte de Cendrillon traduit les faits selon leur objectif spécifique d’éducation. La philosophie enfantine, par exemple, tend à poser des questions sur la suite logique de l’histoire. Et la réponse se base sur l’étude comportementale du personnage que le conteur veut transmettre à son assistance. Ce ne serait pas forcément la réponse de l’auteur, mais l’interprétation du conteur, c’est pourquoi l’on peut avoir plus de cinq cent versions du conte Cendrillon reparties dans le monde. Et les deux versions de Charles Perrault et de Madame d’Aulnoy ne sont pas les seules versions comparables. C’est pourquoi, il s’agit de réfléchir sur d’abord sur la biographie respective des deux auteurs avant d’entrer dans l’analyse comparée proprement dite des textes.
En guise de réponse succincte à la problématique, il est préférable d’annoncer au préalable l’objectif du conteur par rapport à la cible, par rapport à l’assistance ou tout simplement par rapport aux lecteurs potentiels et la version du conte prendrait forme selon les circonstances. Par exemple, si on veut insister sur la suprématie du genre masculin, l’histoire peut être canalisée dans ce sens et Cendrillon peur servir de fer de lance pour l’interpréter dans la version du conte. C’est la même structure dans la version de Madame d’Aulnoy qui veut véhiculer le facteur féminin courageux, ou dans la version de Charles Perrault qui veut montrer la cruauté de la vie en société montrant le rapport de force comme facteur de survie ou de persistance des mauvais caractères à l’encontre de la bonté féerique présentant le seul espoir des faibles ?
BIBLIOGRAPHIE
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Jean Mainil, Mme d’Aulnoy et le rire des fées : essai sur la subversion féerique et le merveilleux comique sous l’Ancien régime, Paris, Kimé, 2001.
Maître, Myriam. Précieuses Les Femmes: Naissance des lettres de France au XVIIe en siècle (Paris: Champion) 1999
Nadine Jasmin, Naissance du conte féminin, Mots et merveilles, Les contes de fées de Madame d’Aulnoy, 1690-1698, Paris, Champion, 2002.
Paul Delarue, À propos de la pantoufle de Cendrillon, Bulletin de la Société française de mythologie, n° 5, janvier-mars 1951, p. 24
Sous la cendre : figures de Cendrillon, anthologie établie et postfacée par Nicole Belmont et Élisabeth Lemirre, Paris, José Corti, « Merveilleux », 2007. (ISBN 978-2-7143-0957-0)
Trois Noisettes pour Cendrillon. Tri Oriski pro Popelku. 1976
http://lescontesdefees.free.fr/Contes/cendrillon_par_charles_perrault.htm
http://fr.wikipedia.org/wiki/Another_Cinderella_Story
http://fr.wikipedia.org/wiki/A_Cinderella_Story:_Once_Upon_a_Song
http://fr.wikipedia.org/wiki/Cendrillon Critique psychanalytique de Cendrillon
[1] Nicole Belmont est une anthropologue européaniste française. Elle est Enseignant-Chercheur à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS, Laboratoire d’Anthropologie Sociale). Ses travaux portent notamment sur le conte et le folklore autour desquels elle a développé une anthropologie de la naissance et de la transmission orale. Ses derniers travaux et séminaires portent sur les rapports entre anthropologie et psychanalyse
[2] Graham Anderson, Né en 1981 à Cliffside Park, NJ. Vit et travaille à Brooklyn, New York. Éducation : 2003 BFA, Cooper Union pour la promotion de la Science et l’Art, New York City , Slade School of Art, Londres (programme d’échange)
[3] Jean-Pierre Vernant, né le 4 janvier 1914 à Provins et mort à Sèvres le 9 janvier 2007, est un historien et anthropologue français, spécialiste de la Grèce antique et plus spécialement des mythes grecs. Il a été professeur au Collège de France. Il est également un des héros de la Résistance. il n’a jamais connu son père. La mère de Jean-Pierre Vernant meurt alors qu’il n’a que huit ans.
[4] Jacob et Wilhelm Grimm : Sous l’appellation de frères Grimm, on désigne les deux linguistes, philologues et collecteurs de contes de langue allemande. Jacob Grimm (4 janvier 1785 – 20 septembre 1863 à Hanau) et Wilhelm Grimm (24 février 1786 – 16 décembre 1859 à Hanau)
[5] Claude Élien ou Élien (en latin Claudius Aelianus, en grec ancien Κλαύδιος Αἰλιανός / Klaúdios Ailianós), surnommé Élien le Sophiste, né vers 175 à Préneste et mort vers 235 à Rome est un historien et orateur romain de langue grecque.
[6] Sous la cendre : figures de Cendrillon, anthologie établie et postfacée par Nicole Belmont et Élisabeth Lemirre, Paris, José Corti, « Merveilleux », 2007.
[7] L’Odyssée a inspiré un grand nombre d’œuvres littéraires et artistiques au cours des siècles, et le terme « odyssée » est devenu par antonomase un nom commun désignant un « [récit] de voyage plus ou moins mouvementé et rempli d’aventures singulières »
[8] Lady Trémaine plus couramment appelée Belle-mère ou marâtre est le personnage antagoniste du long métrage d’animation Cendrillon (1950) adapté du conte de Charles Perrault, Cendrillon ou la Petite pantoufle de verre paru en 1697, et de la version des frères Grimm, Aschenputtel, publiée en 1812.
[9] Strabon né à Amassé dans le Pont (actuelle Amasya en Turquie) vers 58 av. J.-C., mort entre 21 et 25 après J.-C., est un géographe grec. Peu de choses de sa vie sont connues. Sa famille habitait à Amassé, une ville dans la région du Pont-Euxin. Strabon lui-même dit qu’il a étudié auprès d’Aristodème.
[10] François-Marie Luzel (6 juin 1821 Plouaret – 26 février 1895 Quimper), également connu sous la forme bretonne de son nom Fañch an Uhel, est un folkloriste breton, et également un poète en langue bretonne. l caressa l’idée de devenir médecin de marine et alla pour cela étudier à Brest. Il bifurqua ensuite vers le professorat, mais sans parvenir à trouver un poste fixe, ce qui l’amena à une vie nomade
[11] Anatole France, pour l’état civil François Anatole Thibault, né le 16 avril 1844 à Paris, mort le 12 octobre 1924 à Saint-Cyr-sur-Loire (Indre-et-Loire), est un écrivain français, considéré comme l’un des plus grands de l’époque de la Troisième République, dont il a également été un des plus importants critiques littéraires.
[12] Saint-Gobain est une entreprise française fondée en 1665 qui produit, transforme et distribue des matériaux. Elle est présente dans 64 pays et emploie 189 193 personnes en 2010.
[13] Paul Delarue, À propos de la pantoufle de Cendrillon, Bulletin de la Société française de mythologie, n° 5, janvier-mars 1951, p. 24
[14] Source : perso.wanadoo.fr/…/biographies/perrault_biographie.htm
[15] Pierre Dubois, né le 19 juillet 1945 à Charleville-Mézières, est un auteur, scénariste de bande dessinée, écrivain, conteur et conférencier français à l’origine du regain d’intérêt pour les fées et le petit peuple en France. Passionné très tôt par la féerie et les contes, il devient illustrateur après de courtes études aux beaux-arts, puis rassemble des légendes locales qu’il restitue dans des chroniques à la radio et à la télévision durant plus de trente ans, ce qui lance sa carrière et rend sa passion publique
[16] Source : Dubois 1998, p. 35
[17] Le conte merveilleux, ou conte de fées, est un sous-genre du conte. Dans ce type de littérature interviennent des éléments surnaturels ou féeriques, des opérations magiques, des événements miraculeux propres à enchanter le lecteur, ou l’auditeur, dans le cas d’une séance de conte, généralement empruntée au folklore. La plupart des récits appartenant à ce genre littéraire ont circulé par le biais du bouche à oreille, avant d’être l’objet au XVIIe siècle de collectages, retranscriptions à l’écrit et de se retrouver relativement fixés dans leur forme et contenu.
[18] Le crime de lèse-majesté est une notion juridique mal définie qui a évolué dans le temps, recouvrant différentes qualifications juridiques. Pour l’essentiel, il était relié aux atteintes au souverain, quel qu’il soit (le peuple, un monarque, un principe fondateur, etc.), et aux signes de sa majesté (objets, décisions, personnes y compris leurs représentants, etc.).
[19] Un scandale est une affaire retentissante soulevant l’indignation publique. Il est plutôt difficile de situer quand commence un scandale et, d’ailleurs, quand il se termine. La notoriété des personnes en cause, le nombre de personnes impliquées et les conséquences sont difficiles à déterminer pour diverses raisons : refus de dénoncer, coûts d’enquête, etc. En ce qui a trait aux sociétés, il faut aussi considérer les conséquences économiques.
[20] La pastorale est un thème littéraire datant de l’Antiquité (nostalgie des citadins pour la nature et, par extension, pour un passé mythique où l’empreinte de l’homme sur la nature était nulle) et évoquant une forme d’harmonie originelle entre l’homme et la nature
[21] L’euphuisme est le nom que prirent, en Angleterre, à la fin du XVIe siècle, le bel esprit et le style précieux qui furent en si grande faveur, à cette époque, dans toute l’Europe.
[22] Le marinisme est un style littéraire caractéristique de l’écriture baroque italienne inspiré par la publication, en 1623, de l’Adone par le Cavalier Marin qui fut appelé le grand corrupteur du goût chez les Italiens. Ses défauts devinrent, pour ses partisans, d’incontestables beautés
[23] Le gongorisme est un style littéraire inventé par le poète espagnol Gongora. Propre à la littérature baroque espagnole de la fin du XVI au XVIIe siècle, il se caractérise par sa préciosité cultiste et ses recherches de style, abus d’images, métaphores, etc.
[24] Le baroque touche tous les domaines et se caractérise par l’exagération du mouvement, la surcharge décorative, les effets dramatiques, la tension, l’exubérance, la grandeur parfois pompeuse et le contraste, ce même contraste dont parlait Philippe Beaussant: L’époque baroque « a tenté de dire un monde où tous les contraires seraient harmonieusement possibles ».
[25] Source : Jean-François de La Harpe, Lycée [1798-1804], Paris, Depelafol, 1825, t.VII, p.365
[26] Source : Sophie Raynard, La Seconde Préciosité. Floraison des conteuses de 1690 à 1756, Tübingen, Gunter Larr Verlag, «Biblio 17», 130, 2002, p.62
[27] Un conte d’avertissement est un récit issu de la tradition orale. Traditionnellement, il est sert de vecteur éducatif et moral et est principalement destiné aux enfants et à la jeunesse. Il leur recommande ainsi souvent de suivre des comportements particuliers, ou au contraire, mets en garde quant aux conséquences de certains de leurs actes.
[28] L’anthropophagie (du grec anthropos signifiant « être humain » et phagia qui se rapporte à l’action de « consommer« ) est une pratique qui consiste à consommer de la chair humaine. Il s’agit d’une forme de cannibalisme mais qui concerne exclusivement l’espèce humaine.
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