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Analyse stratégique des actions du Lieutenant de vaisseau DESTREMAU et de leurs conséquences

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Analyse stratégique des actions du Lieutenant de vaisseau DESTREMAU et de leurs  conséquences

PLAN

 

 

Introduction

 

 

 

  1. Biographie de Destremau

 

  1. Analyse des actions

2.1 Tahiti

2.2 Préparatifs de Défense

2.3 Prise de la « Walkure »

2.4 Les Peu

2.5 A Bora-Bora

2.6 La bataille

  1. Conséquences de la stratégie Destremau

 

3.1 Les pertes

3.2 Les reconnaissances

3.3 L’engagement pour l’armée en Polynésie

 

 

Conclusion

 

Introduction

 

 

 

De 1914 à 1918, les différents empires coloniaux  ont contribuées humainement et financièrement à l’effort pour la guerre mais également pour l’effort économique. D’une autre optique, la « guerre totale » a contraint les belligérants au recours à leur empire colonial dans le but de se fournir en hommes, en matières premières mais surtout  en produits agricoles. C’est également dans ces moments forts que les emprunts de guerre connaissent un grand succès dans les colonies. La force dite « la force noire » préconisée, entre autre, par le général Mangin n’est toutefois recrutée qu’avec réticence puisque malgré le fait que les troupes noires déjà recrutées remplissent au mieux leur rôle dans les débuts de la guerre, le recours aux tirailleurs sénégalais à compter de 1915 fut rarement couronné de succès.

 

En 1918, ces troupes noires, qui ont été mieux choisies et mieux entraînées, donnent satisfaction, en même temps que l’arrivée des tirailleurs kanaks sur le front. Toutefois, les Allemands restent hostiles à l’emploi de Noirs et recrutent néanmoins les Papous pour tenter de contenir l’invasion de la Nouvelle-Guinée par les Australiens assistés du croiseur français Montcalm. Le nombre de soldats et de tirailleurs originaires des outre-mer peut paraître symbolique par rapport au nombre de soldats métropolitains. Pourtant, le bilan des victimes, sur tous les champs de bataille de la Marne, de Belgique, de Verdun, de la Somme, du Moyen-Orient et des Dardanelles montre la dette de sang contractée par la France et la Grande-Bretagne à l’égard de leurs populations ultramarines.

C’est dans cette guerre que fut connu La Zélée, une canonnière, sous la responsabilité d’un homme connu après l’acte de bravoure qu’il a réalisé en la personne du capitaine Destremau. Dans ces temps  l’organisation  une quelconque défense de Tahiti, ne pouvait se faire que en comptant  sur la Zélée, son équipage, et une soixantaine de « coloniaux » récemment arrivés de Nouméa, malgré l’existence du conflit ouvert avec le capitaine Destremau, c’est alors avec beaucoup de mauvaise grâce que le gouverneur Fawtier confie à ce capitaine cette délicate mission d’assurer la défense de Tahiti. La tactique adoptée par le capitaine pour la défense de Tahiti ne fut reconnue qu’après quelques année, tactique qui, pourtant, à permis de grande réalisation. L’aventure, à la fois triste et glorieuse, du lieutenant Destremau a fait le tour de la presse française. Il est à croire qu’elle figurera longtemps dans les anthologies de la Grande Guerre. Notre analyse se portera donc sur la connaissance du Capitaine Destremau dans un premier temps à travail l’étude de sa bibliographie. Dans un second temps nous analyserons les actions portées pas ce soldat en vue de sauver cette île d’une guerre imminente et des attaques Allemandes. Enfin, la dernière partie nous permettra de déduire et de retracer les reconnaissances de ces actions au niveau du lieu de combat mais également par rapport à l’image de l’armée  en polynésie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  1. Biographie de Destremau

 

Le Lieutenant de Vaisseau Destremau naquit le 29 mars 1875 à Alger. Il devient alors élève du Collège Stanislas de 1885 à 1889, et fit son cours de Marine à Saint-Charles de 1889 à 1892, année durant laquelle il entra au Borda en étant le neuvième de sa promotion. Promu enseigne de vaisseau en 1895 et lieutenant en 1905, il fut affecté aux sous-marins de Toulon.

 

Destremau avait été fait chevalier de la Légion d’Honneur le 10 juillet 1908, pour ses travaux sur les sous-marins à l’arsenal de Cherbourg. C’est alors à partir de janvier 1914 qu’il prend possession du commandement de la canonnière connue sous le nom de la Zelée en Océanie. Dés  le bombardement il fut en conflit avec le Gouverneur FAWTIER, représentant de l’autorité civile. Un mois plus tard Destremau menaça de faire emprisonner le Gouverneur, ce qui conduisit l’amiral Huguet à mettre le commandant de la Zélée aux arrêts, puis à le renvoyer en métropole. Dans son rapport l’amiral Huguet se rangea aux arguments du gouverneur. Quand la guerre éclata, en 1914, l’île de Tahiti devint l’objectif des divisions navales allemandes qui avaient rallié aux îles Marshall. Les navires de guerre surtout allemands naviguant dans l’immensité du Pacifique, ayant besoin d’approvisionnements visent alors Papeete. Destremau était justement affecté sur la protection de cette île qui devait d’autant plus tenter les bâtiments allemands qu’ils le savaient hors d’état de leur résister.

Le 22 septembre, deux grands croiseurs allemands, avec l’amiral von Spee, apparaissaient dans les eaux de Tahiti. Destremau, commandant de la défense, décida de résister, malgré les arguments de l’autorité civile. Comme les croiseurs allemands commençaient à bombarder mollement la ville, en économisant leurs munitions, Destremau coula la Zélée et mit le feu au stock de charbon qui était sans nul doute le principal objet des convoitises de l’ennemi.
Von Spee, comprenant alors qu’il n’aurait rien à gagner et beaucoup à perdre, mit le cap au large et disparut.

Le danger passé, au lieu de féliciter le vaillant marin, le ministre d’alors, qui était M. Augagneur, lui reprocha de n’avoir pas obéi au gouverneur de l’île qui voulait amener le pavillon ; il le blâma et le punit d’arrêts. Destremau en mourut de chagrin quelques mois après à Toulon le 7 mars 1915. Mais bientôt l’amiral Lacaze remplaçait M. Augagneur et rendait justice à la mémoire du commandant Destremau par une très belle citation :

 A su, dans la journée du 22 septembre 1914, prendre les dispositions les plus judicieuses pour assurer la défense du port de Papeete contre l’attaque des croiseurs allemands a « Sharnhorst » et « Gneisenau« . A fait preuve dans la conduite des opérations de défense de la plus grande bravoure personnelle et de qualités militaires de premier ordre qui ont eu pour conséquence de préserver le port de Papeete et de provoquer l’éloignement des croiseurs ennemis.

Enfin le 25 février 1919, l’amiral de Bon, chef d’état-major général de la Marine, demandait et obtenait pour le lieutenant Destremau la rosette d’Officier de la Légion d’honneur, en mettant en avant les motifs suivants :

«Commandant la défense de Tahiti, après le désarmement de la Zélée, a su, malgré le peu de concours apporté par les autorités locales, organiser la défense de l’île, de manière à empêcher le Scharnhorst et le Gneisenau de s’en emparer »

 

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Après son décès en mars 1915, en décembre de la même année, Destremau fut cité à l’ordre de l’Armée à titre posthume : « M. le Lieutenant de Vaisseau DESTREMAU,Commandant la canonnière Zélée et les troupes à Papeete a su, dans la journée du 22 septembre 1914, prendre les dispositions les plus judicieuses pour assurer la défense du port de Papeete contre l’attaque des croiseurs allemands SHARNOST et GNEISENEAU. A fait preuve dans la conduite des opérations de défense de la plus grande bravoure personnelle et de qualités militaires de premier ordre qui ont eu pour conséquence de préserver le port de Papeete et de provoquer l’éloignement des croiseurs ennemis »[1].

 

 

  1. Analyse des actions

 

2.1         Tahiti

 

L’île de Tahiti, était en 1914 un point de charbonnage important pour tous les vapeurs du Pacifique. Il y était disposé un stock de 5000 Tonne  de charbon, du Cardiff,  entretenu en permanence. Le 12 Août 1914, la canonnière ZELEE, au mouillage de Raiatea entendu vent de la déclaration de guerre. Son commandant, le lieutenant de vaisseau Destremau avait aussitôt regagné Papeete, s’emparant au passage du vapeur allemand Walküre qui venait charger des phosphates à Makatea et ignorait tout de la guerre avec dans son équipage 7 Anglais et 1 Russe.

 

Ce fut ainsi la modeste canonnière Zélée que l’île possédait comme toute protection maritime, commandée par le lieutenant de vaisseau Destremau ; avec cinq enseignes, quatre-vingt-dix hommes et six canons. Dès 1880, la Marine avait fait construire un fort équipé de neuf canons pour protéger l’entrée de Papeete. Mais, 25 ans plus tard, les pièces d’artillerie étaient mollement couchées sur le sol parmi les fleurs et les mousses. Les affûts, tapissés de plantes grimpantes, étaient solidement assujettis par un enchevêtrement de lianes vivaces du plus bel effet. Bref, la forêt tropicale, exubérante, avait repris ses droits et enseveli la batterie. Destremau avisa au moyen de défendre l’île. De même que les autres terres de l’Océanie tropicale, Tahiti est entourée par une redoutable ceinture de madrépores qui s’avance d’un à deux kilomètres du rivage. Cette sorte de rempart sous-marin n’offre qu’un petit nombre d’étroites coupures, lesquelles permettent l’accès d’autant de mouillages à l’intérieur du récif. Pratiquement, le port de Papeete était le seul dont il convînt de se préoccuper, à cause de ses ressources en vivres et en charbon, sans compter la contribution que l’on pourrait lever sur la ville. C’est dans ce cadre qu’il débarqua ses canons et les défila sur les collines, commandant la passe qui permettait seule l’entrée du port. Autour de son équipage, il groupa les forces de police de l’île, un détachement de soixante soldats d’infanterie coloniale et quelques citoyens mobilisables, formant, en tout, un contingent de deux cent cinquante hommes. Depuis que les radios de Yap (Carolines) et Apia (Samoa) s’étaient tues, von Spee avait compris que ces archipels n’étaient déjà plus colonies allemandes. Pourtant, le 14 Septembre, il se présente devant Apia et constate que le pavillon néo-zélandais flotte désormais sur la ville. Il s’éloigne mais, par cette bévue, il a lui-même dévoilé le secret de ses mouvements.

 

2.2         Préparatifs de Défense

A Tahiti, où la T. S. F. ne sera installée que le 4 septembre, la menace des Allemands se fait de plus en plus perçante du fait qu’ils peuvent venir d’un moment à l’autre. La préparation pour les recevoir s’est ainsi organiser aussi rapidement que possible. Dès le retour de la Zélée au chef-lieu, le commandant Destremau avait-il pris les fonctions de commandant d’armes et commencé les travaux de défense. Ce sera à son énergie et à sa présence d’esprit, ainsi qu’à l’ardente bonne volonté de ses collaborateurs les plus immédiats, jeunes enseignes et matelots, que l’île évitera le pire.

Destremau comprend qu’il n’a plus de temps à perdre. En cinq jours, il va organiser la défense de Tahiti. Avec l’aide de Tahitiens emmenés par l’EV de réserve et artiste peintre Octave Morillot (frère du commandant du Monge) qui vivant depuis huit ans aux îles sous le Vent, il va monter l’artillerie de la ZELEE pour atteindre l’ancienne batterie dominant la passe; un canon de 100 (celui de l’arrière) qui demandera des efforts surhumains, et 4 canons de 65.

L’idée du commandant Destremau fut alors de prendre un chenal n’ayant qu’environ 80 mètres de large et 12 à 15 de profondeur, juste de quoi donner passage aux grands croiseurs allemands, chenal impossible à suivre autrement qu’en se plaçant exactement dans l’alignement de deux pylônes élevés à terre. Rien de plus facile par conséquent que de rendre la passe impraticable, soit en abattant les marques qui la jalonnent, soit en coulant un navire au milieu, ou encore en y plaçant des torpilles dormantes. Faute du matériel nécessaire à la pose de ces dernières, l’équipage se contenta de miner les pylônes et de tenir la Zélée prête à se porter au bon endroit. Il n’en fallait point davantage pour empêcher l’ennemi d’entrer, aussi longtemps qu’il ne serait pas parvenu à dégager ou à baliser la passe.

Il était beaucoup moins comode de prévenir un bombardement du large, ce qui nécessite l’envoi d’embarcations portant des hommes chargés d’exécuter un coup de main. En vue de parer à ce double danger dans la mesure de ses faibles ressources, Destremau fit débarquer les canons de la Zélée et les mit en batterie sur le Faiere, en arrière de la ville. Ces canons sont toutefois très peu de chose, contre l’artillerie des croiseurs boches, mais probablement assez pour arrêter leurs embarcations. Ci toutefois celles-ci réussiraient à passer outre, la plage devait être défendue par un petit corps de troupes. Composé de 40 marins, 60 coloniaux et 50 volontaires, son nombre avait été limité par celui des fusils qui fut de 150 seulement.. Il était complété par un groupe de cyclistes, et le soutien de six pièces de 37 montées sur autos lui permettait de résister à toute tentative de descente. Enfin, il a été disposé des foyers d’incendie dans un énorme tas de charbon de 6.000 mètres cubes de Fare-Ute, celui-ci étant l’objet principal des convoitises allemandes. Avec l’installation de postes de vigies et d’un service de surveillance, c’était l’ensemble des actions qu’il pouvait être fait, pour remédier à la coupable imprévoyance qui laissait l’île sans pareille exposée à toutes les insultes de l’ennemi.

2.3         Prise de la « Walkure »

Le 11 août, une fumée à été signaler à l’horizon, incitant toute la population à aller sur le quai. Alors que ce n’est que le Saint-Joseph, de la compagnie Ballande, venant de Nouméa. Mais on apprend, par une goélette arrivée le même jour, qu’un grand cargo allemand, la Walkuere, charge des phosphates à Makatea, des îles Tuamotu. Et, comme le navire sera de bonne prise, la Zélée fut envoyé pour le capturer.

Déjà aux trois quarts vide, la petite canonnière est immédiatement a été remise en état de faire la traversée soit aux alentours de 125 milles. 11 lui reste précisément son 105 de l’avant, très suffisant pour avoir raison d’un bâtiment de commerce; 35 hommes de l’équipage sont embarqués avec un état-major réduit et le docteur Bachimont, médecin de colonisation. 6 fusils a été pris avec des revolvers et des vivres pour huit jours. Appareillée dans le courant de l’après-midi, la Zélée se trouvait le lendemain matin devant Makatea. L’enseigne de vaisseau Dyèvre nous cite les faits:

« Vers les cinq heures, un homme me réveille en sursaut. – Lieutenant, il est là! – Qui ça? – Le Boche. – Je saute sur la passerelle. Il ne fait pas encore jour, mais on distingue les feux d’un navire au mouillage. Nous stoppons. Une baleinière est armée, dans laquelle je saute avec un détachement et le docteur Bachimont comme interprète. Une demi-heure plus tard, nous étions le long de l’Allemand. Je monte à bord et trouve le capitaine en train d’enfiler un pantalon, complètement ahuri. Je lui annonce ainsi la guerre ».

La Walkure jaugeant 10.000 tonnes, était une superbe proie pour La Zelée. Elle avait un équipage de 32 hommes, dont 20 Allemands, le reste appartenant à des nations alliées de la nôtre, Anglais principalement. Aussitôt les feux poussés, le navire pris son départ pour Papeete, la prise en tête, de manière à la garder sous la menace de l’unique canon de la Zélée, qui se trouvait être sa pièce de chasse. 15 des hommes étaient passés sur l’Allemand, que commandait à ce moment là l’enseigne Dyèvre.

2.4         Les Peu

Grande peine fut déployé par le capitaine et son équipe afin de réunir les 150 fusils dans la colonie. Parmi les volontaires appelés à s’en servir, il eu des réservistes européens, entre autres un habitant de la montagne, devenu à moitié sauvage, les indigènes s’étaient offerts, eux également en masse, mais il avait fallu se limiter à quelques dizaine du fait de la couleur de leur costume, pantalon et vareuse de toile khaki, on les appelait les « feii », du nom qu’ils donnent à l’espèce de banane qui constitue un de leurs principaux aliments. Ceux-ci montraient alors non moins de courage que d’adresse.

Chaque matin à six heures sous le commandement de l’enseigne Barnaud, la troupe se réunissait dans la cour de la caserne (ex-asile des aliénés) et partait en manœuvre au son du unique clairon. La troupe traversait ainsi la ville endormie pour prendre, soit la route du rivage, soit celle conduisant à la cascade de la Fantaoua. Selon toujours l’enseigne de vaisseau Dyèvre ; « Ce fut le service en campagne, les faufilements dans les champs de vanille, les déploiements sur la grève, les simulacres de combat au milieu des cannes à sucre. En revenant, par un soleil déjà brûlant, les hommes avaient des fleurs au bout des fusils, et les feii chantaient des himenes qui était les chœurs tahitiens. Sorties sur le seuil de leurs cases toujours ouvertes, les petites vahinés en pareo s’accroupissaient, leurs grands cheveux noirs retombés en deux nattes sur le dos et une cigarette de pandanus aux lèvres, pour voir passer les matelots français. »

Malgré cette description cela n’empêcha point que les braves gens formés à cette école de cocagne reçoivent le baptême du feu, résolus à tenir contre quiconque voudrait débarquer de vive force. Autour de l’île, les chefs des districts avaient organisé des veilles du haut des montagnes, de plus  les Tahitiens ont toujours contribué à leur offrir le concours le plus empressé, le plus dévoué et le plus utile par respect pour le Capitaine Destremau « Ils nous ont rendu les plus grands services dans l’organisation de la défense – dit l’enseigne Barbier. Ils se sont offerts de bon cœur à nous aider, et c’est en particulier grâce à leurs bras vigoureux que nos canons ont pu grimper les 70 mètres de la colline escarpée où nous avions décidé de les installer. Ils avaient tous la plus grande admiration pour notre commandant qui, par sa cordialité, avait su s’attacher une population extrêmement sensible à la sympathie qu’on lui témoigne ».

L’ensemble des défenses organisées fut prêt dès le 25 août. Le 7 septembre, un des premiers signaux recueillis par le nouveau poste de T. S. F. de l’équipage donnait, en ondes très nettes, un long message indéchiffrable par les codes des Alliés. Le capitaine en conclut qu’il devait émaner d’un ennemi, et la surveillance fut redoublée.

Or l’escadre allemande commander par le  comte von Spee approchait. Elle comportait les croiseurs cuirassés Scharnhorst et Gneisenau, le croiseur rapide Nürnberg, deux croiseurs auxiliaires et huit charbonniers. Car le charbon était pour eux un élément vital. Bien qu’ayant une capacité de soutes de 2000 tonnes, Scharnhorst et Gneisenau n’avaient que 4 jours et demi d’autonomie à 20 nœuds pour tenir

Von Spee va d’abord relâcher à Bora Bora en se faisant habilement passé pour une escadre anglaise. Le brigadier de gendarmerie qui l’accueille n’y voit que du feu et, maladroitement, lui indique que Tahiti ne possède aucune défense sérieuse, mais un joli stock de charbon. Il ignore d’ailleurs tout des préparatifs de Destremau.

2.5         A Bora-Bora

Bora-Bora est  la plus occidentale des Iles Sous le Vent, ainsi baptisées parce qu’elles s’allongent derrière Tahiti, dans la direction où souffle l’alizé de Sud-Est, vent le plus généralement régnant sur ces latitudes bénies du ciel. Son morne chauve jaillit d’entre les cocotiers du rivage,

Le 21 septembre, très tôt le matin, quatre grands navires amarraient sur Bora- Bora. L’un était un charbonnier et mouilla le premier tandis que les deux autres, des grands croiseurs peints en gris, sans nom ni pavillon, qui l’accostèrent tribord et bâbord. Le quatrième, plus petit, resta au dehors. Un gendarme, unique représentant de la France, se rendit à bord pour arraisonner les arrivants, comme il avait coutume en temps de paix. Il put lire leurs noms, malgré la couche de peinture qui les recouvrait, et bien que les hommes eussent retourné les rubans de leurs bonnets. C’étaient le Gnei-senau, le Schamhorst et le Dannstadt avec celui qui se tenait au large qui de ce temps ne pouvait être que le Niimberg. Mais le gendarme ne se doutait pas encore de leur nationalité qu’il ne connut que quand l’amiral von Spee le reçut en personne et l’invita à lui fournir un ravitaillement en vivres qui seraient payés en or anglais. Le gendarme ne puit les lui refuser, de plus il possédait une liste de notables qu’il fit mander.

Un commissaire et des matelots allèrent prendre livraison des vivres, abattirent le bétail à terre et rembarquèrent, emportant 200 cocos dont les indigènes leur faisaient présent en toute ingénuité, comme c’était leur usage traditionnel, ne sachant évidemment pas trop ce que c’étaient que ces gens-là. Avant de partir, le soir, l’amiral offrit le Champagne et d’excellents cigares au gendarme sans cacher son intention de continuer son ravitaillement à Tahiti que s’il y avait des bâtiments de guerre ou des ouvrages fortifiés, il les détruirait, mais sans bombarder la ville et  il tint d’ailleurs parole. Il proposa même de bien vouloir se charger du courrier pour Papeete. Toutefois la quantité de sacs, portant la mention Australia Mail, que le gendarme avait vue entassée et conservée dans le faux pont du Gnei-senau, ne lui inspira que des doutes l’empêchant ainsi d’accepter un moyen de correspondance trop sujet à caution. Force et de constater que  ce gendarme eu sur lui le poids d’une trop lourde responsabilité pour un aussi modeste répondant.

2.6         La bataille

Ce fut le lendemain 22, d’un temps gris et pluvieux avec une mer un peu grosse, vers 6 heures du matin, que les vigies de Tahiti signalent deux bâtiments de guerre faisant route vers l’île. Comme ceux-ci ignorait encore le passage des Allemands à Bora-Bora, ils se demandait alors si ces bâtiments de guerre fut des amis ou des ennemis. A tout hasard l’alerte est donnée, et chacun de courir à son poste de combat. En un clin d’œil, la ville est rassemblée sous les bouraos qui ombragent le quai, regardant avidement dans la direction du large. Pour des insulaires, l’arrivée de navires reste toujours un événement capital, et l’habituelle curiosité se double cette fois d’une appréhension qui la surexcite encore. Seuls, les colons européens comprennent la gravité de l’heure et beaucoup regrettent que Papeete ne soit pas demeurée ville ouverte.

Les marins fut à leur affaire, tandis que grimpé au sémaphore, le commandant Destremau observait et envoyait également ses ordres par le téléphone. Les deux croiseurs ont eu le cap droit sur la passe et comme la veille, ils cherchent à dissimuler leur nationalité et espèrent entrer par surprise. C’est dans cette action qu’il a été reconnu le Gneisenau et le Scharnhorst tandis que les deux autres attendaient hors de vue et, quand ils ne fut plus qu’à 2 milles, trois salves des 65 de la Zélée ont été tirées comme semonce. Le petit pavois fut hissé aux couleurs allemandes, signe de leur disponibilité à combattre. « Je n’ai pas fait ouvrir le feu pour éviter de démasquer la batterie et de la faire détruire, de façon à la réserver pour s’opposer à une tentative directe de débarquement » – note Destremau sur son journal. Parti d’autant défini en tant que sage du fait qu’à pareille distance les projectiles de ses petites pièces eussent été perdus contre des croiseurs cuirassés. Ils devaient alors trouver un emploi des plus efficaces si l’ennemi tentait de descendre à terre, comme semblaient l’indiquer ses embarcations à vapeur sous pression sur leurs portemanteaux et les grues disposées pour les amener.

Les chaudières de la Zélée avaient été allumées aussitôt, toutefois le temps allait manquer pour la conduire au poste où elle devait boucher la passe. Si on avait voulu être sûr d’y parvenir, il aurait fallu se résoudre par avance à un sacrifice qui présentait le grave inconvénient de rendre le port complètement inaccessible, peut- être inutilement pour longtemps. Par suite des circonstances, il n’y eut d’ailleurs rien à regretter puisque lorsque aucun doute ne fut possible sur les intentions des Allemands, Destremau fit sauter les marques indiquant le chenal. Il avait préalablement ordonné d’ouvrir les prises d’eau de la Zélée et de la Walkure, afin de les couler sur place, ainsi que d’incendier le parc à charbon.

Les Allemands se présentent devant la passe d’entrée  de Papeete. A 2000 m du récif de corail, ils essuient trois salves de la batterie installée par Destremau. Fort surpris, mais confiant dans son artillerie infiniment supérieure ( 16 pièces de 210 et 12 de 150) von Spee s’écarte, tire plusieurs salves sur la forêt vierge. Puis il se présente à nouveau. Destremau saborde alors le Walküre pour obstruer la passe et met le feu au dépôt de charbon.
La batterie reste habilement silencieuse ce qui a pour effet d’accroître
l’inquiétude de von Spee. Il pense qu’on lui tend un piège et que le chenal a été miné.

En voyant les deux pylônes de l’alignement voler en l’air, les Boches sont venus « à droite toute ». Non seulement ils risqueraient trop gros à vouloir passer quand même, mais qui sait si l’entrée n’est pas minée? Ils reculent alors de 3 ou 4 milles, pour se mettre hors d’atteinte de nos pièces, puis reviennent en ligne de file, parallèlement à la côte, et se mettent tout d’un coup à tirer. Ils exécutent ainsi trois passes, en se dirigeant alternativement à l’Ouest et à l’Est, chacune d’environ 50 coups, principalement de leurs 210. Tir lent, très imprécis à cause de la brume et du soleil levant droit en face d’eux. Il est d’abord dirigé contre le mont Faiere, dont l’ennemi cherche à repérer les batteries.

Craignant de perdre bêtement un bâtiment pour rien, puisque le charbon est en feu, von Spee lance plusieurs salves de son artillerie lourde sur la ville de Papeete qui s’embrase, tandis que deux obus touchent la ZELEE qui s’enfonce, pavillon haut

Selon Dyèvre « Plusieurs fois atteinte, la Zélée s’enfonce vite. Trois ou quatre incendies s’y sont déclarés. A hauteur des porte-haubans de misaine, un 210 lui a fait un trou par où passerait un cheval. L’arrière plonge de plus en plus, la mer passant bientôt par-dessus la lisse. Le bâtiment se cabre, le bout dehors de foc pointé vers le ciel, la moitié de la quille hors de l’eau, puis il se couche sur le côté bâbord, et la demie de 9 heures sonne quand il disparaît, accompagné par la détonation des chaudières qui explosent. » Il n’y avait bien entendu plus personne à bord, mais, de terre, les hommes assistaient, frémissants et impuissants, à l’agonie de leur malheureux navire.  Selon l’enseigne Barbier « Les Tahitiens comprirent notre douleur et plusieurs, sans mot dire, plongèrent au fond de l’eau et nous rapportèrent le pavillon demeuré à la corne d’artimon. »

Afin d’arrêter le bombardement, dont les écarts menaçaient d’anéantir toute la ville, on venait de hisser au sémaphore le signal suivant, en pavillons du code international: « Nous avons 20 otages allemands. » Il s’agissait des 20 prisonniers de la Walkùre, auxquels s’ajoutait un certain nombre de commerçants installés dans l’île, où la vermine boche foisonnait comme partout chez nous. Fut-ce la menace qui opéra, ou parce que la Zélée et la Walkûre étaient coulées? Toujours est-il que le tir cessa et que les deux croiseurs s’éloignèrent définitivement avec la double honte d’avoir manqué leur coup et fait acte de barbarie aussi odieuse qu’inutile.

 

  1. Conséquences de la stratégie Destremau

La Polynésie française n’occupant pas une grande place dans l’histoire de la fortification moderne. Nous avons toutefois jugé utile de la citer, en raison des événements qui s’y déroulèrent en septembre 1914. Le conseil d’Amirauté, dans sa séance du 13 juin 1890, prévoit l’établissement outre-mer de 10 bases d’opérations navales, parmi lesquelles Tahiti. Le décret du 4 octobre 1898 classe officiellement ce site parmi les points essentien d’appui de la Flotte. Mais la loi relative à la défense des colonies, ou loi Gautret, du 20 juillet 1900, ne le reprend pas, et ne lui affecte pas de crédits. La France n’a pas les moyens d’entretenir deux bases navales dans le Pacifique, et Papeete est jugée indéfendable. On se contentera donc de Nouméa, du moins provisoirement, car ce point d’appui sera déclassé dès 1908. On envisage bien un moment d’établir la base à Port Phaéton, au sud de l’isthme de Taravao. Mais rien ne sera jamais réalisé à cet endroit. L’île n’est toutefois pas complètement démunie de fortifications. En 1880, Papeete est ainsi défendue par trois batteries, armées de canons complètement dépassés  en les batteries de l’Embuscade, armée de 7 canons de 16 cm Mle 1858-60, celle de Motu Outa, armée de 7 canons de 16 cm Mle 1858-60 et enfin la batterie de Faieré, ou de Fayéré, armée de 10 canons de 16 cm Mle 1858-60.

Ces armements dont la première est établie au ras de l’eau, face à la passe ne possède plus la moindre valeur militaire, car soumise aux tirs de plein fouet. La deuxième est située sur un îlot du lagon, avec les mêmes inconvénients que la première. La troisième est située sur la colline surplombant la ville, à 90 mètres d’altitude et constitue une redoute en terre. Le comité des fortifications préconise d’y établir un ouvrage bastionné, pour recevoir les canons de 16 cm, et deux mortiers de 22 cm, disponibles à Papeete. En 1889, la situation n’a guère évolué. La batterie de Motu Outa est déclassée, et on envisage d’y établir un poste de commande de torpilles immergées. Le fort du Faieré a été réalisé, mais il possède toujours son armement obsolète. C’est un ouvrage très sommaire, dont deux des pièces hors d’âge doivent être remplacées par des canons de 24 cm Mle 1864-66, à peine plus récents. C’est chose faite l’année suivante, au moment ou on décide que Papeete n’est décidemment pas défendable. Les deux canons hissés à grand-peine sur le Faieré sont abandonnés.

 

En août 1914, la situation est inchangée, et Papeete est dépourvue de toute défense, à l’exception d’une soixantaine de marsouins, arrivés récemment de Nouméa, et de la canonnière Zélée, armée de deux canons de 100, de 4 canons de 65, et de 4 canons de 37. Ce navire commander par le lieutenant de vaisseau Destremau fut ainsi le seul instrument officiellement utilisé.  Face à l’ennemie commandée par l’amiral Von Spee dotée des croiseurs cuirassés Scharnhorst et Gneisenau, armés chacun de huit canons de 210, de six canons de 150, de vingt canons de 88 et de quatre canons de 37. Trois croiseurs plus légers, Emden, Nurnberg et Leipzig, armés de six canons de 105, les accompagnent. Destremau a su ainsi qu’il n’a aucune chance face à cette armada, si jamais elle vient à passer par Tahiti. Mais il a pourtant juger, en opposition avec une partie de la population, que Papeete est défendable, et doit l’être.

 

Effectivement grâce à ces actions le grand Von Spee fait demi-tour et s’éloigne suite aux coups montés par Destremau. Face à une puissante escadre ennemie, la détermination et l’habileté stratégique d’un simple lieutenant de vaisseau a sauvé Tahiti. Un tiers de Papeete seulement est en cendres et il y a eu deux morts côté français. Le 22 septembre 1914, Papeete subit le feu des navires allemand mais Tahiti est sauvée par le capitaine Destremau.

3.1  Les pertes

Malgrè les gains sur cette bataille, des pertes ont toutefois été constatés. En effet, estimant que les batteries doivent être anéanties, l’amiral von Spee se demandait sans doute ce qu’il pourrait bien faire de plus surtout après l’incendie du stock de charbon. Achever à coups de canon la Zélée en train de couler? Impossible sans atteindre une partie de la ville. Malgré la promesse de l’amiral, tel n’en fut pas moins l’objet de la quatrième passe, dont le premier obus creva la maison du capitaine de port[2], lequel se trouvait dans sa cour. Les flammes jaillirent et la maison  s’effondra presque instantanément.

« Je venais de quitter Simon – écrit le lieutenant de vaisseau de réserve Dornier, administrateur colonial en service à Tahiti – et m’arrêtai devant le consulat américain, en canonnier impénitent que je suis resté, pour observer les points de chute et les effets des obus à explosifs puissants que je voyais pour la première fois. A ce moment, les éclats tombaient dru sur tout le quai. Un Tahitien trop curieux fut tué près de la Zélée, un Chinois éventré dans le voisinage; un autre eut la main enlevée avec une liasse de billets de banque qu’il emportait en courant. Je ne vis que deux coups courts et cinq au but, tous les autres longs. Ceux-ci portent d’abord dans la Walkùre qui fut criblée car elle était amarrée à un appontement, et la Zélée contre elle, en dehors, puis dans le bloc des maisons situées derrière, c’est-à-dire autour du marché, où les flammes se propagèrent avec une extrême rapidité. » A la fin des tirs , il ne fut plus possible que de faire la part du feu. La moitié du quartier chinois flamba avec le total des  dégâts estimés à environ 2 millions et demi. Il est cité comme vrai le fait que l’amiral von Spee n’ait pas délibérément visé la ville, mais il savait très bien qu’elle ne pourrait manquer d’être atteinte, en tirant sur un but placé juste devant.

3.2  Les reconnaissances 

La belle attitude du maire de Papeete, M. Cardella a été signalé, celui-ci ayant donné l’exemple à tous dans la lutte contre le feu. Dans cette occasion il a été également citer aussi Mlle Jeanne Drolet, âgée de vingt ans, laquelle, alors que la plupart s’enfuyaient, resta au central téléphonique « continuant son service malgré son effroi et ses larmes, sans un instant de défaillance ni une erreur » – rapporte une lettre particulière.

L’un des plus virulents détracteur de Destremau fut  un certain Troufleau, notabilité locale, qui pendant le combat du 22 Septembre n’avait pas hésiter à arborer le pavillon suédois sur son étude, se faisant durement rappeler à l’ordre. A noter que l’un des officiers de Destremau, l’aspirant Le Breton fut, plus tard, tué au combat du moulin de Laffaux.

Tandis qu’une vive polémique opposa Chack et Farrère au gouverneur colonial Fawtier qui ne portait guère Destremau dans son cœur, il est certain que Fawtier, qui ne croyait pas à une attaque sur Tahiti, s’ingénia à mettre des obstacles dans les actions du commandant de La Zélée. Pourtant, aucune attaque n’était portée contre le gouverneur dans le récit des deux écrivains qui s’appuyaient sur les nombreux témoignages recueillis à Tahiti même.
.  C’est dans ce cadre et mal informé, mais également en  ne voulant pas heurter la hiérarchie comme un gouverneur est au dessus d’un simple lieutenant de vaisseau que l’amiral Huguet fit mettre aux arrêts et rappeler Destremau après ses actions. D’ailleurs, le ministre des colonies avait bien compris la situation, qui fit remplacer le gouverneur Fawtier dès 1915.

Destremau a tenu en échec les puissants croiseurs qui mettent le cap sur les Marquises, mais il n’en sera pas félicité bien au contraire. Le gouverneur proteste devant les destructions effectuées par le lieutenant de vaisseau. L’affaire commence a s’envenimer et l’amiral Huguet se rend sur place. Il donne tord a son officier qui est ramené en France sur le Montcalm. En France il est mis aux arrêts et mourra d’une maladie  a Toulon en mars 1915 sans que justice lui ait été rendu.

 

Mais en 1919 l’Amiral de Bon, chef d’état-major de la Marine, lui rendit justice et n’hésita pas à écrire : « M. le lieutenant Destremau a su, malgré le peu de concours apporté par les autorités locales, organiser la défense de l’île ».En 1919 il sera promu au titre d’officier de la légion d’honneur pour avoir : organisé avec succès la défense de Thaiti malgré le peu d’aide apporté par les autorité civiles de l’île  selon la citation des termes qui accompagnait la légion d’honneur.

3.3   L’engagement pour l’armée en Polynésie

Cette stratégie de Destremeau a contribué à marquer l’engagement de l’armée polynésienne  et a confirmé la place du Pacifique dans la Première Guerre mondiale. En s’appuyant sur une carte murale centrée sur le Pacifique, il est constaté que, même si le Pacifique constitue une zone où les colonies des pays belligérants comme la France, le Royaume Uni, le Japon, l’Allemagne sont voisines, la guerre, « maritime » essentiellement, ne touche directement les espaces de l’Océanie que de manière très secondaire et ponctuelle et se résume à quelques actions dans la première partie de cette guerre dont la prise des possessions allemandes (Samoa, Nouvelle-Guinée, Micronésie) d’août à octobre 1914 par les pays du Pacifique alliés au Royaume-Uni, à la France et à la Russie (Nouvelle-Zélande, Australie et Japon) ; le Moncalm, navire-amiral de guerre français, participe à la conquête des colonies allemandes de Nouvelle-Guinée et du Samoa aux côtés des forces navales australasiennes (australiennes et néo-zélandaises).

Et bien sûr, le bombardement de Papeete le 22 septembre 1914 par les croiseurs allemands Scharnhorst et Gneisenau de l’amiral von Spee qui a occasionner  des dégâts matériels dans le quartier du marché et qui a provoqué également la mort de deux personnes. Le lieutenant de vaisseau Destremau saborde son navire La Zélée pour obéir aux « instructions en cas de guerre » interdisant ainsi l’accès de la passe aux navires ennemis. Cela a permis également la neutralisation de la menace que font peser les navires corsaires allemands sur les navires et territoires alliés.

Cependant, un nombre non négligeable d’hommes vivant en Océanie participe à la Grande Guerre surtout après ces actions. Les illustrations sont alors retrouvé dans les diverses action d’près la déclaration de guerre du Royaume Uni à l’Allemagne, qui ont fait que des bureaux sont ouverts pour enregistrer les engagements volontaires en Australie comme en Nouvelle-Zélande. En octobre 1914 a lieu le premier départ des soldats australiens et néo-zélandais vers l’Europe. Formant l’Australian and New Zealand Army Corps[3]. C’est dans ce cadre que les troupes levées dans les dominions sont complétées par des volontaires des Indes, de Singapour et de Fidji affectés le plus souvent à des tâches de manutention.

Plusieurs  Calédoniens ayant la double- nationalité par l’origine d’un de leurs ascendants font partie des engagés volontaires de l’ANZAC. Au total 331 814 Australiens et 112 223 Néo-Zélandais s’engagent dans l’ANZAC ; ils représentent alors 13,43 % et 19,35 % de la population masculine blanche de leur pays respectifs. Pendant la guerre, les troupes de l’ANZAC subissent de lourdes pertes à Ypres en Belgique, à Gallipoli durant la campagne des Dardanelles, s’illustrent sur le front de France pendant la Bataille de la Somme, ces troupes participent aux batailles victorieuses de l’été et de l’automne 1918. L’ANZAC’s Day commémoré chaque année le 25 avril, rappelle le débarquement sur les plages de la presqu’île de Gallipoli de ces hommes venus du bout du monde. Avec la participation des soldats de l’ANZAC, il faut ajouter celle d’environ 4 000 soldats des colonies françaises du Pacifique.

La participation des Océaniens et des Calédoniens à la Grande Guerre dans les troupes de l’armée fut ainsi une des conséquences majeures. A la veille de la Première Guerre mondiale, la France est  présente dans le Pacifique sur l a Nouvelle-Calédonie et les EFO [4] sont des colonies françaises.

Les Nouvelles-Hébrides ont le statut de condominium franco-britannique  confirmant ainsi plus de 4 000 hommes mobilisés ou volontaires vivant dans ces territoires qui ont répondu à l’appel de la patrie et rejoindre la métropole pour combattre sur les différents fronts. La participation des ressortissants des EFO à la guerre  dès l’annonce de la guerre, le 29 août 1914 n’est qu’une début. La mobilisation commence avec les actions comme ceux de Destremau par lequel 165 citoyens tahitiens gagnent Nouméa afin d’être embarqués pour la France. En 1916, tous les citoyens des EFO qui sont en âge de combattre sont recensés. Les citoyens des îles Sous-le-Vent et des Marquises, sujets français, se portent alors  volontaires. Au total, 1057 hommes des EFO rejoignent le Bataillon mixte du Pacifique à Nouméa. Une centaine de tahitiens combattent à Salonique au sein de l’Armée d’Orient, le gros du contingent est engagé sur le front de France, en Champagne, puis participe à la deuxième Bataille de la Marne en 1918. Environ 300 des soldats polynésiens du Bataillon mixte du Pacifique font le sacrifice de leur vie dans la guerre.

 

 

 

 

Conclusion

 

 

 

Une tactique de guerre afin de sauver Tahiti avec des armements relativement peu par rapport au allemand, tel a été la grande force du capitaine Destremau. La mise en place de son dispositif ayant commencé par sa prévision de bloquer la passe du port de Papeete avec le navire Walkure. Ensuite, afin de disposer d’un semblant d’artillerie, il fait démonter les dix pièces qui arment sa vieille canonnière composé de deux canons de 100, quatre de 65 et quatre de 37. Il fait installer l’un des canons de 100, avec un effort sans semblable, et les quatre de 65 à l’emplacement de l’ancienne batterie qui domine la passe de Papeete. C’est en cinq jours seulement que le capitaine Destremau a su mettre en place son dispositif. Il ne reste plus qu’à guetter l’arrivée des navires du comte Von Spee, commandant en chef de l’escadre allemande.

Entre temps il est connu que deux croiseurs allemands, en se faisant passer pour des navires Anglais, ont réussi à se ravitailler à Bora Bora puis ont mis le cap sur Tahiti. La célèbre bataille de Papeete eu alors lieu le 22 septembre 1914, à partir du moment où les cuirassés Scharnhorst et Gneisenau se présentent devant la passe du port de Papeete. A 2000 m du récif de corail, ils essuient trois salves de la batterie installée par Destremau. Von Spee confiant dans son artillerie infiniment supérieure composée de 16 pièces de 210 et 12 de 150, s’écarte et tire plusieurs salves sur la forêt. Quand à nouveau il se présente  à l’entrée de la  passe le capitaine Destremau y saborde le cargo Walkure Afin de leur en interdire l’accès. Dans le même temps, il met le feu au dépôt de charbon du port. Durant l’ensemble de ces actions et afin de ne pas montrer ses forces réelles, il laisse ses canons silencieux.

Comme le charbon fut la principale raison qui ai attiré les navires allemands à Tahiti, le fait qu’il n’en ait plus eu a découragé le commandant allemand. L’enjeu n’est plus du tout le même pour lui, de plus le silence de l’artillerie française inquiète Von Spee qui soupçonne alors un piège.C’est alors dans la crainte de perdre un bâtiment pour rien, du fait que le charbon est en feu que Von Spee lance plusieurs salves de son artillerie sur la ville de Papeete qui s’embrase, tandis que deux obus touchent la Zélée qui coule, pavillon haut. Ces actions effectuées, il fut demi-tour et s’éloigna. Ainsi le lieutenant de vaisseau Destremau a sauvé Tahiti par sa technique ingénueuse, sans perdre beaucoup d’homme mais également a contribuer à redorer l’image de l’armée en polynésie. Ce  fut alors en mars 1915 lors de son retour en France, que Destremau injustement dénigré par les autorités civiles de Tahiti, qui eux n’avaient songé qu’à fuir, mourut.

La capacité du capitaine à agir rapidement sous une pression imminente, à agir avec des actions concrète et rusée. La faculté également à faire adhérer la population à son action, et ce malgré les réticences des autorités à Tahiti est les principaux détails stratégiques adoptés par Destremau. Cette stratégie se consacre alors sur trois grandes axes notamment la définition des actions, la préparation et les diverses mises en œuvre et enfin la participation de chaque citoyen et homme de troupe présent sur l’île dans le renforcement des rangs en vue de lutter dans cette bataille pour Tahiti.

La définition des actions fut entreprise en prenant considération de la disponibilité humaines mais surtout matérielle dont disposait l’île. Sans se décourager par rapport au peu d’armement et au peu de ressource dont il disposait sous sa gouverne, Destremau se focalisait essentiellement sur son objectif qui était de sauver Tahiti.  La décision fut de sauver l’île avec une tactique de combat qui prenait en compte l’ensemble des ressources, qu’ils soient dévestuse ou mal formée, peu importe, la volonté d’aller de l’avant ainsi que la définition au préalable de la tactique à adopter fut un point essentiel qui a contribué à la réussite des actions. La prise en compte de la force de l’ennemie, l’analyse des environnements qui entoure la possible prise de l’île, tels l’existence du charbon, la connaissance des différents engagements des allemands par rapport à l’île dont la promesse de ne point la détruire, enfin l’analyse de la stratégie même utilisé par le célèbre Von Spee, sont tant d’éléments pris en compte par Destremau et qui ont grandement contribué à la réussite des actions menées contre les Allemands.

La mise en œuvre et la réalisation des actions de préparation afin de prévoir la venue des allemands concerne le deuxième axe. Le point essentiel de ces actions, si lourdes soient t’elle fut le ralliement de la force militaire et les citoyens de l’île dans ce but commun. Destremau avec la poignée d’homme dont t’il disposait, n’aurait pas pu effectuer les aménagements nécessaire, surtout l’ensemble des actions relevant du transport des canons, et autres sans l’adhésion des citoyens de l’île. Il est alors fortement remarquer l’aisance à laquelle le Lieutenant Destremau savait rallier la cause militaire à celle des civils en vue d’obtenir le maximum d’aide. De plus il a su en un minimum de temps définir la stratégie et la communiquer aux troupes, malgré l’insuffisance de formation de ceux-ci, sans se décourager. Au contraire, les hommes fut de plus en plus nombreux à s’investir et les différents engagement de part et d’autre des civils sur cette première guerre mondiale, surtout sur la zone Océanie, reflète l’efficacité de la stratégie de Destremau en terme de recrutement.

Cet engagement ne s’arrête pas dans la mise en place et dans l’organisation des éléments nécessaire à la réussite des actions, il se confirme également par la présence de ces hommes au front. La capacité de bon meneur d’homme de Destremau se confirme par cette présence massive des hommes civils et militaire, et même l’adhésion des femmes dans cette bataille. Présence massive qui a permis le succès des actions et ceux, malgré la non adhésion des responsables politiques de l’île qui ont même tenté de freiner les actions de Destremau et qui n’ont d’ailleurs reconnus ce gain que plusieurs temps après la réussite des actions en lui décernant à titre posthume un titre confirmant la bonne tenue de ces actions et de stratégie pour la protection de Papette et cela malgré la destruction de certain matériels utiles.

La destruction de matériel, le fait de brûler le charbon présent sur l’île et les actions entreprises pour couler la Zelée ont été comprises dans les actions de Destremau. Actions qui ont demeuré longtemps contreverties pas les personnalités de l’île mais toutefois furent les piliers de la réussite des actions de Destremau dans cette bataille pour Tahiti et ce malgré les diverses réticences des ordres politiques en place. Pour Destremau, l’adhésion des hommes ainsi que l’adhésion des citoyens à la bataille à toujours valu plus que l’adhésion du gouvernement en place. Effectivement dans le cas de cette bataille pour la protection de Tahiti, elle fut confirmée. Et cette stratégie avait vallu une bataille pour les allemands et une reconnaissance à Destremau, même si celle-ci ne fut décerner qu’après sa mort. Elle fut également la source de nombreux engagement des citoyens dans l’armée Française sur cette première guerre mondiale.

 

 

 

 

 

BIBLIOGRAPHIE :

 

  • Bulletin de l’Association des Historiens et Géographes de Polynésie Française, n°7-2004

 

  • G. Guennou, F. Merceron, M. Lextreyt, P.Y. Toulellan, Terres et civilisations polynésiennes, Les événements de 1914 dans les EFO, p.146-147

 

 

  • Hermann Joseph Hiery, The Neglected War The German South Pacific and the Influence of World War I, University of Hawai’I Press, Honolulu, 1995

 

  • Jacques Frémeaux, Les colonies dans la Grande Guerre Combats et épreuves des peuples d’outre-mer, Soteca éditions 14-18, 2006

 

 

  • Jean-Jacques Becker, La Première Guerre mondiale, Belin Sup., Paris 2003

 

  • John Keegan, La Première Guerre mondiale, Tempus-Perrin, 2005

 

 

  • La dernière croisière de l’EMDEN 31 juillet-9 novembre 1914, in SEHNC n°140, 3e trim. 2004.

 

  • Marc Michel, Les Africains et la Grande Guerre L’appel à l’Afrique, Karthala, 2003

 

 

  • Mémoires d’outre-mer Les colonies et la Première Guerre mondiale, Historial de Péronne, catalogue d’exposition du 3 juin au 20 octobre 1996

 

  • Rémi Porte, La conquête des colonies allemandes Naissance et mort d’un rêve impérial, 2ditions 14-18, 2006

 

 

  • Révoltes, conflits et guerres mondiales en Nouvelle-Calédonie et dans sa région, l’Harmattan, 2008, 2 tomes

 

  • Sabine Andrivon-Milton, La Martinique et la Grande Guerre, L’Harmattan, 2005

 

 

  • Sylvette Boubin-Boyer, De la Première guerre mondiale en Océanie, les guerres de tous les Calédoniens, 1re partie, De la guerre dans le Pacifique, P. 20-212

 

  • Sylvette Boubin-Boyer, Le partage du Pacifique en 1914, L’importance des colonies allemandes de l’Océanie en 1914, La présence navale française dans le Pacifique 1914-1918, in Bulletin scientifique de la SEHNC, 3e trimestre 2003, n°136, Graphoprint, Nouméa, pp. 67-89.

 

 

[1] Journal Officiel du 9 décembre 1915

[2] Lieutenant de vaisseau en retraite Simon

[3] ANZAC

[4] Etablissements français de l’Océanie

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