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Approche des processus psychiques sous-jacents chez des patients douloureux chroniques reconnus « syndrome fibromyalgique » : L’éclairage du type d’attachement et du génogramme

Marie Christine Chassang-Degui

 

 

 

 

 

 

 

MEMOIRE DE RECHERCHE

 

MASTER 1

 

 

 

Approche des processus psychiques sous-jacents chez des patients douloureux chroniques reconnus « syndrome fibromyalgique » :

 

L’éclairage du type d’attachement et du génogramme

 

 

 

 

 

groupe Nathalie DURIEZ

 

 

 

 

 

 

 

Année universitaire 2008-2009

 

REMERCIEMENTS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

SOMMAIRE

 

 

I-INTRODUCTION

 

II-REVUE DE LA LITTERATURE

 

A-  La douleur chronique :  approche bio psycho-sociale

 

  • Approche neurobiologique:un déficit des systèmes de contrôle inhibiteurs de la douleur
  • Le champ psychosomatique
  • Approche sociale: une maladie construite socialement,ou comment aller mieux alors que l’on doit prouver que l’on va mal?

 

 

B- 1- Approche psychanalytique (?)du sujet fibromyalgique

A quoi sert le symptôme

l’investissement du corps douloureux

l’éclairage de la théorie de l’attachement à l’âge adulte

 

2-Approche systémique du sujet étiquetté fibromyalgique:

 

Quelle place le sujet occupe t’-il  dans le système familial?

Repérage des conflits interpersonnels

Repérage d’un conflit avec la mère

 

(avec en particulier un lien mère fille problématique ce qui pourrait se corréler avec le fait que 90% des sujets fibromyalgiques soient des femmes ?)

 

-III-HYPOTHESE GENERALE/

 

Les patients atteints de syndrome polyalgique diffus sans support organique        manifeste auraient à l’âge adulte un attachement insécure désorganisé ou évitant .Par ailleurs ces mêmes patients devraient occuper une position particulière au sein du système familial. Cette position en lien avec un trouble de l’attachement pourrait se repérer dans la constellation familiale et permettre de souligner des conflits non élaborés ,dont la seule expression manifeste serait cette douleur invisible.

 

 

 

IV-ETUDE DESCRIPTIVE /

 

 

POPULATION:

parmi une dizaine de Patients fibromyalgiques régulièrement suivis par le centre anti -douleur et  en suivi pour un soutien psychologique   nous en avons retenus 5 à partir de discussions avec l’éqiuipe médicale de sorte qu’ils soient      diagnostiqués avec certitude fibromyalgiques.

 

OUTILS:

  • Entretiens libres autour de la construction du génogramme
  • Elaboration du génogramme du sujet fibromyalgique
  • Mesure de l’attachement adulte /codés par EDicode

 

 

 

BIAIS d’ores et déjà noté

les sujets ont été envoyé par l’équipe pluridiscipinaire du centre anti douleur , donc une fragilité psychologique est d’emblée attribuée aux sujets de notre  étude.

 

Cependant le soutien peut se faire pour plusieurs motifs :

l’acceptation de la maladie pour les patients dans le déni,

une psychoéducation (relaxation sophrologie) apprendre à gérer sa douleur,

une prise en charge thétrapeutique:la maladie étant concomittante ou génératrice d’épisodes dépressifs et d’ anxieté.

 

 

Alors que notre recherche viserait

 

1)à montrer la pertinence d’élaborer un génogramme au cours de la consultation anti douleurs

 

  • à introduire l’utilité d’une thérapie familiale ou psychanalytique pour permettre l’élaboration des conflits latents

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« La douleur traverse les os, les consume,

et les douleurs qui me rongent ne me laissent pas de repos »

 

Job (XXX, 16-17), le livre de Job, Ancien testament.

 

 

 

 

I- INTRODUCTION

 

 

En 2000, Cathébras titrait un article « la fibromyalgie doit-elle passer le siècle ?». Assurément, il signait là un questionnement d’actualité, évoquant tout le mystère environnant cette maladie, mettant en jeu une symptomatologie complexe, mais surtout une querelle portant sur sa pleine reconnaissance.

 

Tout à tour, la fibromyalgie se dessine en effet comme une maladie imaginaire, un syndrome invisible, et par nature, difficilement vérifiable. Par contraste, la fibromyalgie est-elle une pure somatisation ? Les malades témoignent du contraire avec acharnement, attestant de leur souffrance, réelle, imparable.

 

Toute la problématique de la reconnaissance fait le fond de cette maladie que certains décrient comme étant créée par l’industrie pharmaceutique. Le « si vous avez à prouver que vous êtes malade, vous ne pouvez pas aller bien » de Hadler accule en effet la possibilité de diagnostic dans ses retranchements vu que les dispositifs médicaux se révèlent inefficaces à la détecter. En outre, nous préciserons d’emblée ici la logique de ce mémoire : comprendre les relations entre une douleur perçue comme étant insoutenable, ingérable, et un besoin profond de la voir validée par autrui.

 

Dans cet axe, nous poserons pour hypothèse qu’il faut chercher dans le vécu infantile du malade pour comprendre la relation entre psychisme et corporalité. Nous tâcherons ainsi de montrer que les conditions dans lesquelles s’est déroulée la construction psychique de l’enfant joue pour beaucoup dans le rapport à la douleur.

 

Pour y répondre, nous proposerons d’abord une revue de littérature croisée destinées à faire un état des lieux de la fibromyalgie, puis nous présenterons en deuxième partie des études de cas formalisant notre hypothèse. De façon plus précise, nous nous appuierons sur les outils que sont le génogramme et l’Edicode pour analyse les cas en question et ainsi établir un lien de corrélation entre vécu psychiques te vécu corporel.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

II – Cadre conceptuel

 

 

Aborder le sujet de la fibromyalgie suppose d’emblée l’éclaircissement de nombre de points inhérents à sa définition, son étiologie, voire même sa nosographie. Au détour d’une maladie reconnue comme telle par l’OMS depuis 1992, ce mémoire se proposera de faire le point sur une pathologie perçue comme étant obscure par le corps médical. Pour ce faire, nous convoquerons certaines références littéraires au profit d’un regard croisé, à la fois, biologique, psychologique et sociale. Au demeurant, nous nous attarderons sur ce qui constitue l’enjeu de ce travail, découvrir les connexions psychologiques sous-jacentes.

 

 

  1. La fibromyalgie comme objet d’étude

 

 

1.1. Généralités

 

 

Si pour « pour 2% des rhumatologues et 4 % des généralistes français, la fibromyalgie n’existe pas, 23 % des rhumatologues et 33 % des généralistes la considèrent comme une maladie[1] ». Une proportion d’incrédules qui se répercute d’un pays à l’autre, mais qui n’empêche pas la fibromyalgie de constituer un véritable problème de santé publique aux coûts médicaux et sociaux très importants. En 2003, sur le seul territoire des USA, on évalue ainsi un coût annuel moyen par personne atteinte à 6000 dollars US. Du reste, les coûts humains se révèlent tout aussi importants au regard du maintien de la qualité de vie des fibromyalgiques, ressentie inférieure à celle des patients diabétiques, ou atteints de lupus ou de bronchopathies obstructives par exemple.

 

 

1.1.1. Approche de définition

 

 

Pathogénie obscure, la fibromyalgie (FBM) est incluse par l’OMS depuis 1992 dans sa 10ème  classification internationale des maladies dans la rubrique M. 79. 0. Au sens littéral, elle est une affection douloureuse des tissus musculaires. Encore appelée fibrosite, polyinsertionite, myofascite, rhumatisme de tension, rhumatisme musculaire psychogène, syndrome polyalgique idiopathique diffus (SPID), aucune de ces appellations ne rend cependant pleinement compte de sa réalité clinique.

 

Ainsi Blotmann et Branco de préciser que « c’est une forme fréquente de douleur rhumatismale non articulaire, qui se manifeste par une douleur et une raideur des muscles et d’autres tissus mous ainsi que par la présence  de points douloureux à la pression en plusieurs endroits caractéristiques »

 

 

La persistance de la controverse sur son fondement en tant que maladie singulière, c’est-à-dire qui ne serait pas le corolaire d’autres maux, porte en effet sur le diagnostic même en, raison de l’évaluation d’une entité nosographique complexe et environnée d’une dominante psychologique. En effet, et comme nous le verrons, la FBM possède des relations avec le vécu de la personne atteinte qui, selon toute évidence, l’inscrit dans une perspective fondamentale de reconnaissance sociale. Cependant, contre toute tentative réductrice au seul champ social, White relève une grande fréquence de FBM chez les Amish qui n’ont pas de bénéfice social à retirer de cette maladie (2002). Ce qui ressort à tout le moins, c’est cette double évidence que si la FBM implique souvent l’impuissance des recherches de soins, désarme les médecins, elle se voit parfois aussi bien soulagée par la seule reconnaissance orale de cette maladie en vertu du principe du « nommer c’est apaiser[2] ».

 

 

1.2. Nosographie

 

 

 

1.2.1. Aspect clinique et diagnostic

 

 

 

Du point de vue clinique, la FBM s’appréhende comme une entité nosographique à part entière qui résulte d’un dysfonctionnement des systèmes de contrôle de la douleur. Les patients présentent ainsi un état d’hyperalgésie diffuse. Le seuil de la douleur est abaissé et la sensibilisation périphérique (peau, muscles et tendons) et augmenté pour se généraliser via un mécanisme central[3].

 

Comme nous l’avons vu, il n’existe aucun examen clinique, radiologique ou autre susceptible de confirmer le diagnostic de FBM. Ce manque de signes objectifs rend donc les plaintes subjectives fondamentales pour le diagnostic.

 

 

1.2.1.1. Les troubles primaires

 

 

Pour diagnostiquer la FBM la clinique[4] associe :

 

  • des douleurs chroniques intenses, persistantes, rebelles aux traitements ;
  • des douleurs diffuses atteignant la partie axiale du corps (cervico scapulaire, lombo fessière) ;
  • des douleurs localisées (cervicalgies, dorsalgies, coccygodynies).

 

Et des signes fonctionnels :

 

  • une fatigue intense, des troubles du sommeil ;
  • anxiété dépression, troubles cognitifs ;
  • troubles digestifs et vasomoteurs ;
  • anomalies de l’articulé dentaire ;
  • syndrome des jambes sans repos.

 

 

 

 

Tableau des caractéristiques cliniques page 24 de fibromyalgie

 

 

 

D’une manière générale, les critères de diagnostic largement retenus sont ceux établis par Yunus et Al. en 1981.

 

 

 

 

Tableau à insérer page 33

 

 

 

1.2.1.2. Caractéristiques cliniques complémentaires

 

 

 

Depuis 1990, il faut préciser que le diagnostic est augmenté de critères supplémentaires pour qualifier et quantifier la douleur par le bais d’une véritable carte anatomique de diffusion des douleurs. Ainsi, l’American College of Rheumatology caractérise la FBM par l’association     d’ une douleur généralisée et d’une douleur à la palpation sur 11 parmi 18 points répertoriés comme suit :

 

 

FIG 1 à insérer page 34

 

De plus, la seule localisation des douleurs est insuffisante à diagnostiquer la FMB. Celle-ci n’est en effet attestée que sous réserve des principes suivants

 

  • les douleurs diffuses sont présentes depuis plus de 3 mois ;
  • la palpation est douloureuse sur au moins 11 points parmi les 18 recensés sur l’ensemble du corps. Ces points correspondent aux points d’insertion des tendons ou à des zones de jonction musculo-tendineuse ;
  • il n’y a pas de cause organique. ;
  • on retrouve une fatigue généralisée, voire un épuisement.

 

 

 

 

 

1.2.2. Etiologie

 

 

Comprendre les origines de la FBM n’est pas aisé. L’invocation de la composante neurobiologique dans les mécanismes de la douleur constitue cependant une étape indispensable.

 

On suppose ainsi, chez les personnes atteintes de FMB, un trouble de la perception douloureuse au niveau périphérique et central. Plusieurs mécanises[5] entreraient en jeu :

 

  • l’abaissement du seuil de la douleur;
  • l’allodynie: un stimulus non nociceptif comme une tension musculaire provoque la douleur ;
  • l’hyperalgésie: l’amplification de la réponse douloureuse, avec expansion de la zone de réception qui crée une augmentation de la sensibilité ;
  • les posts décharges qui font persister la douleur au vu d’une anomalie physiologique en particulier de certains neuromédiateurs tels que la sérotonine et la substance P.

 

 

 

 

 

Les différents facteurs déclenchants répertoriés par Wolfe (1986) insérer tableau page 25.

 

 

 

 

 

 

 

 

1.2.3. Incidence et prévalence

 

 

 

En 2006, une étude[6] menée en Europe et en Israël établit que 19% des sujets ont une douleur depuis plus de 6 mois dont l’intensité est supérieure à 5 sur l’échelle E.V.A.(BREIVIK).

 

 

 

En pratique on peut retenir une prévalence de 2%, avec 3,4% chez les femmes et 0,5 % chez les hommes[7].

 

Cependant, il s’agit de croiser ces résultats avec leur incidence de survenue qui concerne les femmes de 80 à 90 %. Etrangeté de la FBM qui semble également frapper avec davantage d’incidence les trentenaires.

 

 

 

 

 

 

 

1.2.3. Evolutions et comorbidités

 

 

 

L’évolution de la maladie est variable, les crises se stabilisent ou diminuent mais les thérapeutiques sont le plus souvent inefficaces. Le tableau clinique aboutit à une incapacité de travailler et à une mise en invalidité.

 

Dès lors, dans une optique de suivi, la qualité de vie est un indicateur important dans la prise en charge de la FBM car elle reflète l’état global du patient : sa fonctionnalité physique, sociale et émotionnelle. Elle permet ainsi de mesurer l’impact du syndrome polyalgique sur le patient, de repérer les sphères où le sujet témoigne d’un besoin de changements. Elle est donc pertinente pour définir des buts thérapeutiques personnalisés.

 

 

  1. La notion de douleur : entre biologisme et psychisme

 

 

Pour désintriquer les divers strates qui composent l’homme, il s’agit de comprendre ce qui relève de nos fondements biologiques, puis de l’émotion, de la pensée et enfin des ressorts psychiques qui animent l’homme.

 

 

2.1. Les fondements biologiques

 

 

Un des points essentiels intervenant dans la compréhension du vivant consiste à déterminer les processus biologiques qui le sous-tendent. Car ceux-ci expliquent pour une part les mécanismes qui règlent le métabolisme humain et, dans une certaine mesure, l’enjeu de nos comportements.

 

 

 

2.1.1. L’hypothèse de Mac Lean

 

 

 

A l’instar de Darwin, la science a peu à peu défini les composantes de notre cerveau sous la forme de trois étages distincts. Selon Mac Lean, nous disposons de trois cerveaux imbriqués les uns dans les autres. Ceux-ci ont été élaborés en parallèle de notre évolution afin de répondre à un degré d’adaptation sans cesse repoussé. Tout d’abord, il évoque le cerveau « reptilien », le plus ancien, première couche de notre évolution. Ensuite, il s’appuie sur le cerveau des mammifères ou système limbique décrit par Broca. Autour de ce dernier, il discerne le cerveau nouveau ou néocortex règle notre activité cognitive, nos rapports avec le monde extérieur.

 

 

 

2.1.1.1. Du champ sensoriel

 

 

 

C’est ainsi que nous avons pu développer des propriétés héritées de l’interaction avec le milieu éprouvée dans l’organisme dans le cadre de notre ressenti selon le modèle douleur/plaisir. Notre cerveau limbique ou émotionnel analyse en effet chaque expérience au crible de cette double régulation. C’est ainsi que nous apprenons, mémorisons, au gré d’un apprentissage incessant.

 

Il se situe à l’arrière de la boîte crânienne. Siège des émotions, des sensations, son rôle principal consiste à nous prémunir de l’environnement. Si un stimulus est ressenti comme étant dangereux, il cible son attention et envoie des instructions aux systèmes moteur et viscéral dans le but de prépare l’organisme à l’action ou à la fuite. Mû par ces émotions, l’homme tente alors de maintenir constant son niveau de plaisir et de rejeter tout comportement susceptible de lui occasionner de la douleur. C’est là la fonction du deuxième cerveau décrit par MacLean : le cerveau émotionnel ou limbique.

 

 

 

2.1.1.2. …Au mécanisme émotionnel

 

 

 

Le neurobiologiste Antonio R. Damasio rappelle que les émotions ont pour fonction primordiale d’assurer la survie de l’organisme au moyen d’un mode binaire plaisir/déplaisir d’expérimentation censé garantir notre intégrité. Mais le mécanisme émotionnelle ne relève pas du seul cerveau limbique.

 

En fait, Damasio décrit trois types d’émotions bien spécifiques :

 

  • les émotions primaires d’abord, innées ou programmées réglant les relations avec une situation donnée. Elles se produisent de façon quasi automatique et décrivent des réactions au monde physique car elles sont générées par les circuits neuronaux du système limbique ;

 

  • les émotions secondaires, liées à l’évolution de l’individu, après une maturation mentale et décidée, et ayant quant à elle pour champ d’action le monde social, elles sollicitent quant à elles les régions évoluées du cerveau, telles que les cortex préfrontaux somato-sensoriels, qui sont elles-mêmes le siège de la pensée..

 

  • la notion de « perception de l’état d’arrière-plan du corps». Cette fois-ci, l’arrière-plan n’est pas en prise avec les émotions. Il disparaît même au profit de l’activité émotionnelle. En l’occurrence, Il s’agit là de « la perception de la vie elle-même, de la sensation d’être », souligne-t-il.

 

 

 

2.1.2. Entre anatomie émotionnelle et vie émotionnelle

 

 

 

2.1.2.1. Les marqueurs somatiques

 

 

 

Véritables alarmes, ces émotions secondaires fonctionnent à la manière de « marqueurs somatiques » dont la valeur associée, positive ou négative, sert tantôt de dissuasion, tantôt d’exhortation à prendre telle ou telle décision. Ces propensions dépendent en réalité de véritables cartes cognitives nourries par la valeur affective des informations qui leur parviennent et enregistrées par notre corps.

 

Chaque région du corps se voit ainsi associée à une expérience au gré d’un circuit nerveux et chimique conduisant au cerveau et tel que :

 

  • la récompense du plaisir et du désir se voit transmise par la dopamine et par des morphines endogènes (endorphines) ;

 

  • la punition, l’aversion, la souffrance et l’agression, sont quant à elles relayées par la sérotonine.

 

 

 

2.1.2.2. Les cartes cognitives et la construction du moi

 

 

 

Ces marqueurs somatiques qui associent une région du corps et un éprouvé constituent une véritable carte cognitive de représentation de soi et du monde. Au cours du développement, mais aussi tout au long de la vie, les hormones inféodent en effet notre représentation cartographique du monde environnant aux besoins quotidiens.

En réalité, la formation des cartes s’accomplit dans la continuité du temps. Elle situe l’activité cérébrale entre passé et futur. La trace du passé se marque dans la forme des cartes, dans la réalité anatomique et physiologique des relations entre les neurones. En outre, à tous les âges, les marqueurs somatiques sont bien les témoins physiques de notre histoire, de notre rapport aux choses, aux êtres et aux savoirs, de notre morale et de nos convictions. Via cette expérimentation émotico-sensorielle de l’existence, nous somatisons, enregistrons dans notre « chair » notre lecture du monde sur un mode plaisant/déplaisant.

En d’autres termes, notre corps fait partie de notre individualité, non seulement en tant qu’enveloppe charnelle, mais en tant que corps de somatisation des émotions.

 

 

 

  1. Le champ psycho-analytique

 

 

 

Le mythe de la fracture corps/esprit a beau constituer l’un des fondements de notre civilisation occidentale, la science entrevoit de plus en plus clairement comment chaque parcelle de notre corps, en tant que marqueur émotionnel, fait partie d’un système organique total en état de résonance émotionnelle avec l’environnement. En ce sens, la FBM se veut exemple saisissant d’une intrication profonde entre corps et vie psychique.

 

En attestent ses comorbidités[8] importante avec des troubles d’origine psychologique tels que  la dépression majeure, le syndrome du côlon irritable, les céphalées de tension ou le syndrome de fatigue chronique. Même si les études[9] tendent davantage à associer ces troubles avec la douleur chronique, Mac Beth évoque la FBM comme le signe d’une détresse émotionnelle et de consultations médicales nombreuses[10]. Cette interaction renvoie ainsi à la « somatisation définie comme expression de détresse intrapsychique et sociale dans un langage de plaintes corporelles et donnant lieu à une recherche accrue de soins[11] ». Seulement est-elle à envisager comme cause ou conséquence de la FBM[12] ?

 

 

 

3.1. Les facteurs psychologiques de prédisposition

 

 

Pour creuser la question de l’interrelation entre psychique et corps, soulignons le poids du vécu, de la relation psychique à la douleur et les facteurs de vulnérabilité comme autant de critères de lien inhérents à la FBM. Nous découvrirons ainsi que sans établir une cause psychique à la FBM, le fibromyalgique entretient un rapport singulier à sa maladie, qui inclut de façon fondamentale la dimension psychique.

 

 

 

3.2.1. Le poids du vécu

 

 

 

Le poids du vécu d’abord, montre l’impact qu’il a dans l’installation de la maladie, qu’elle soit progressive ou brutale associée à un évènement déclenchant. Ainsi des antécédents de maltraitance ou d’abus sexuels, ont été décrits[13] bien souvent pour expliquer leur surgissement. Pendant l’enfance la perte d’un parent, la maladie d’un membre de la famille, une carence maternelle, une impression de surprotection paternelle, présentent des liens étroits avec un nombre élevé de points sensibles sans toutefois de rapport de causalité directe.

 

Le diagnostic, quel que soit le mode de survenue des symptômes, vise à trouver une explication aux changements de perceptions corporelles à identifier la douleur, donner du sens et de la cohérence à l’enchainement des évènements et aux répercussions de la douleur. Le fait de donner un nom à la maladie valide, atténue la douleur d’une part et d’autre part valide le sujet comme patient. Le diagnostic répond à la perte de crédibilité et à l’invisibilité de la maladie[14] et permet de donner à l’extérieur une explication acceptable de la fatigue, de la diminution ou de l’arrêt des activités quotidiennes. Il légitime ainsi le vécu de douleur et de souffrance.

 

Ce diagnostic peut générer des inquiétudes en signant une atteinte pour laquelle il n’existe pas de traitement spécifique et dont l’étiologie reste élusive et dont les conséquences peuvent bouleverser la vie du patient.

 

 

 

3.2.2. Facteurs de vulnérabilité individuelle

 

 

En outre, la personnalité conjugue autant de facteurs de risques fibromyalgiques inhérents à la vulnérabilité individuelle. Celle-ci se décline ainsi :

 

  • vulnérabilité personnelle : Van Houdenhove et al (2001) mettent en évidence des sujets « actionpronenes », hyperactifs, ce qui pourrait constituer un facteur de vulnérabilité lorsque cette hyperactivité est un mode de défense pour maintenir l’estime de soi ou éviter l’angoisse et la dépression ;

 

  • vulnérabilité psychosociale : Halberg et al soulignent le poids des attentes internes. Ainsi les femmes fibromylagique se décrivent très actives sur le plan professionnel et familial, tout en faisant état du sentiment de ne jamais être à la hauteur et d’un besoin  mal assouvi de reconnaissance ;

 

  • vulnérabilité psychologique et catastrophisme : Selon Hasset et al, les patientes FBM ont une forte tendance au catastrophisme, elles ont des attentes et des croyances pessimistes vis à vis d’ elles-mêmes, des autres et de l’avenir. Elles ont des sentiments d’impuissance, d’échecs, d’inutilité ou de culpabilité. Ces sentiments sont liés aux attributions causales des symptômes. Evoquer une attribution interne comme cause de la maladie, par exemple une faible constitution, induit un caractère irréversible qui peut augmenter la détresse psychique. De même, mettre en cause des problèmes pendant l’enfance suscite un sentiment d’impuissance[15]. Ce sentiment d’être sans aide et sans espoir entraîne un état d’invalidité supérieur et une plus grande utilisation du système de santé ;

 

L’examen de ces facteurs individuels comme autant de critères de vulnérabilité s’établit par ailleurs dans un aménagement spécifique de la douleur dans le corps des FBM.

 

 

 

 

3.2.3. L’investissement du corps douloureux[16]

 

 

 

Au demeurant en effet, la mise en place de la FBM découle d’un rapport singulier au corps, et plus clairement à un investissement typique du corps douloureux. Le douleur corporelle suppose ainsi un investissement narcissique important rattaché à la zone sensible du corps. Or, cet effet a tendance à vider le moi au profit de cette mobilisation particulière de l’énergie psychique. Précisons par ailleurs que les organes internes visés par la FBM mobilisent un rapport à la douleur très profondément en résonance avec l’inconscient attendu que nous n’en avons ordinairement pas des représentations consciente.

 

Ce processus se prolonge du reste par un transfert de la douleur physique à une douleur psychique en raison de son caractère inapaisable, continuel. Ce passage répond à une réaction de détresse psychique au lieu de se résoudre dans l’angoisse. D’où un effet de surinvestissement à destination d’un véritable objet psychique qu’est la recherche d’un objet perdu qu’est celui de la non-douleur.

 

 

 

3.2. La théorie de l’attachement à l’âge adulte

Pour aller plus loin, évoquons à présent la théorie de l’attachement qui fait justement état d’un lien fort avec l’objet primal que constitue la figure maternelle. La façon dont cet attachement est vécu par l’enfant conditionne en effet sa vie d’adulte, ses rapports à autrui, et sans doute à sa propre corporalité.

3.2.1. Le principe d’attachement

 

 

3.2.1.1. Fondements d’une théorie

 

Théorie née en 1958 des travaux d’HARLOW et de BOWLBY, la théorie de l’attachement postule que le besoin d’attachement serait inné, en lien avec un besoin primaire fondamental dirigé vers la mère. A contrario, elle pose que l’attachement quant à lui ferait l’objet d’un apprentissage. S’écartant de l’hypothèse de dépendance émotionnelle, elle vise une économie de l’individu inscrite à sa racine.

 

En outre, le rapport à autrui ne s’origine pas dans la seule conscience des autres dans un rapport constructif interrogeant les représentations qu’il en a. En amont de la théorie de l’apprentissage, le principe d’attachement stipule le primat de la relation interpersonnelle entre le bébé et sa mère, ou tout autre objet d’attachement, comme un « temps privilégiés pour l’équilibre affectif de l’enfant puis de l’adulte[17] ».

 

Cet objet d’attachement se construira au titre de longs mois de relations, de sorte que, dans la lignée de la théorie de l’étayage, le principe d’attachement y verra une substantialisation de ce même objet par le biais de la nourriture sensorielle, c’est-à-dire la stimulation corporelle. Or, ce besoin est fondamental chez l’enfant. Du reste, l’augmentation du ressenti corporel est de nature à améliorer notablement l’éveil moteur, bien plus que la seule stimulation orale. Ainsi, observe-t-on que la stimulation corporelle « conduit automatiquement à des représentations stables, tandis que la description verbale de phénomènes qui n’ont pas de confirmation perceptive donne des représentations instables. Et ces dernières sont perpétuellement en quête de confirmation[18] ».

 

 

3.2.2. Prédictibilité pathologiques en fonction du lien mère enfant

 

 

On pressent dès lors l’existence d’un lien entre cette éducation du corps et l’éducation à la santé au devant du constat que « L’apprentissage du contrôle de son corps peut instiller chez l’enfant un sens bourgeonnant de contrôle de soi qui croîtra avec le temps pour imprégner tous ses actes[19] ».

 

Mais qu’en est-il lorsque le lien d’attachement est défaillant ?

 

Nous l’avons vu, le lien mère-enfant constitue un lien natal, à l’origine de la naissance psychique. Or, de celle-ci dépend un lien à la corporalité qui s’établit naturellement dans le bien-être et le rapport à la santé. De sorte qu’il portera en germe la capacité de résilience du sujet.

 

En cas de défaillance, le lien d’attachement s’analysera au travers d’une relation insatisfaisante avec l’objet primal, la figure maternelle. Si bien qu’entre l’âge de un et trois ans, une séparation d’avec sa mère peut engager un processus en trois temps :

 

  • la phase de protestation: pleurs, détresse voire agressivité s’exprimeront sur une dure pouvant varier d’une heure à une semaine ;

 

  • la phase de désespoir: les pleurs se font de façon intermittente, et provoqueront une situation de repli. Cette période de calme apparent peut durer des semaines ;

 

  • la phase de détachement: derrière cette apparence, où l’enfant paraît réconforté par les autres, il rejette sa mère  son retour et développe, si la situation se répète, une incapacité à s’attacher.

 

Notons que dès l’âge de trois ans, l’enfant possédant un lien d’attachement sain pourra se passer de sa mère sans angoisse, avec l’assurance de son retour. Ce qui nous engage sur la voie de la dimension psychosociale, qui constitue le lieu même d’expression de la FBM au titre de la complainte qui est adressée à l’autre par la douleur. Faut-il y voir les effet d’une logique de reconnaissance contrariée dans l’enfance ?

 

Selon Bowlby (1982), Les 4 styles d’attachement sont définis à partir de la dimension anxiété et stratégie d’évitement :

  • sécure ;
  • anxieux ;
  • évitant ;

 

 

3.3. Dimension psychosociale de la FBM[20]

 

 

A l’instar de notre revue littéraire, il ressort que la FBM se présente comme un syndrome multidimensionnel et qui se présente comme un « processus dynamique résultant de l’interaction entre aspects somatiques et psychologiques[21] ».

 

 

3.1.1. Une maladie stigmatisante

 

 

Par ailleurs, soulignons que la FBM se définit comme une maladie construite socialement qui s’articule sur la problématique suivante : « comment aller mieux alors que l’on doit prouver que l’on va mal ? »

 

La question qui se pose est en effet à quoi sert le symptôme de FBM ?

 

Pour y répondre, admettons qu’au-delà des symptômes physiologiques, se superposent un environnement contextuel où s’inscrit l’individu d’une manière atypique avec pour incidences un rapport singulier à la douleur. L’absence même de signes visibles l’attestant sans ambigüité la confine à une quête de reconnaissance sociale.

 

Or, de ce point de vue, la FBM ne s’apparente pas à une maladie socialement pleinement acceptable. Au contraire, elle laisse derrière elle un sillage de honte et de stigmatisation. Asbring et Mirvinen évoquent son intensité au regard d’un effet de « psychologisation des symptômes » qui agit comme une déconsidération, pire, à leur ignorance.

 

 

3.1.2. L’enjeu de la reconnaissance

 

 

Or, force est de constater que l’ignorance de la véracité de la maladie est la pierre angulaire de la détresse psychique, compréhensible au titre de la théorie de l’attachement dans sa version défaillante.

 

Ce qu’il faut se demander, c’est qu’est-ce que les fibromyalgiques revendiquent derrière le paravent de leur douleur ?

 

Au demeurant, quelle autre légitimité que celle de leur propre vécu, pour justifier du fait que les fybromyalgiques sont avant tout de victimes, non des usurpateurs ? Quoi de plus authentique en effet que la réalité d’une douleur. Seulement laquelle : physique ? Affective ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

III- Etude descriptive

 

 

  1. Méthodologie

 

Fort de ces recherches croisées qui nous ont menée sur le terrain psychique inhérent à la FBM, nous avons pu percevoir les orientations pratiques de ce mémoire. Convergeant vers une mise en évidence du lien d’attachement chez des patients FBM, elles promettent de découvrir des caractéristiques singulières dans leur vécu, susceptibles de jouer d’explications.

 

 

1.1. Fondements et hypothèses

 

 

 

1.1.1. Réflexion de problématique

 

 

Comment mettre en évidence l’existence de l’attachement, d’Objets d’attachement et l’âge d’apparition de ces Objets? Plusieurs recherches ou méthodes sont utilisées :

 

  • étudier les effets de la séparation ;
  • étudier les effets de l’éloignement momentané de la mère ;
  • étudier les réactions de l’enfant en présence d’étrangers.

 

Voilà donc trois types de techniques qui ont été diversifiées et appliquées dans des conditions extrêmement variables.

 

Comment d’autre part analyser la genèse, la création de ces liens?

 

 

1.1.1. Hypothèse générale

 

 

Les patients atteints de syndrome polyalgique diffus sans support organique manifeste auraient à l’âge adulte un attachement insécure désorganisé ou évitant. Par ailleurs ces mêmes patients devraient occuper une position particulière au sein du système familial. Cette position en lien avec un trouble de l’attachement pourrait se repérer dans la constellation familiale et permettre de souligner des conflits non élaborés, dont la seule expression manifeste serait cette douleur invisible.

 

1.2. Objectifs

 

 

Pour valider cette hypothèse nous sommes allée à la rencontre de sujets atteints de FBM.

 

 

1.2.1. Les visées

 

 

Les sujets ont été envoyé par l’équipe pluridisciplinaire du centre antidouleur, donc une fragilité psychologique est d’emblée attribuée aux sujets de notre  étude.

 

Cependant le soutien peut se faire pour plusieurs motifs :

 

  • l’acceptation de la maladie pour les patients dans le déni,
  • une psychoéducation (relaxation sophrologie) apprendre à gérer sa douleur,
  • une prise en charge thérapeutique : la maladie étant concomitante ou génératrice d’épisodes dépressifs et d’ anxieté.

 

Alors que notre recherche viserait :

 

  • à montrer la pertinence d’élaborer un génogramme au cours de la consultation anti douleurs ;
  • à introduire l’utilité d’une thérapie familiale ou psychanalytique pour permettre l’élaboration des conflits latents.

 

 

1.2.2. La population étudiée

 

 

Pour ce faire nous avons recherché des sujets volontaires pour  un entretien oral d’une durée de environ 1 heure 30 afin de mieux cerner l’histoire de leur maladie dans le contexte de leur vie personnelle et familiale. Parmi une dizaine de Patients fibromyalgiques régulièrement suivis par le centre antidouleur et  en suivi pour un soutien psychologique nous en avons retenus 5 à partir de discussions avec l’équipe médicale de sorte qu’ils soient  diagnostiqués avec certitude fibromyalgiques.

 

Au cours de ces entretiens, je souhaitais construire avec le patient un  arbre généalogique (génogramme) permettant de le situer dans ses relations interpersonnelles.

 

L’anonymat des patients est respecté: changement de noms et des lieux de vie.

 

 

 

1.3. Outils d’analyse

 

 

 

 

 

 

1.3.1. Entretiens libres autour de la construction du génogramme

 

 

 

Ce type d’analyse entend dégager de sa gangue linguistique « le symbolique qui échappe au sujet par l’envers des mots » du discours : émotions, lapsus. Partant du concept de Jacques Lacan selon lequel  « L’inconscient est structuré comme un langage » nous nous sommes attachés à observer dans les discours des sujets comment l’inconscient utilise les rapports métonymiques au sens du rapport qui relie une représentation à l’autre, au sens de plus en plus éloigné de la représentation originaire ; et métaphoriques, au gré de l’association de 2 ou 3 images qui recèlent quand même une caractéristique commune. Cette analyse sémiotique dénote également de l’étude d’indicateurs évoquant la présence de mécanismes de défense, tels que la dénégation, le refoulement, le déni.

 

 

1.3.2. Elaboration du génogramme du sujet fibromyalgique

 

 

 

Murray Bowen conçoit la famille comme un système émotionnel dont les membres sont interdépendants mais doivent se différencier. Le génogramme qu’il élabore est une technique qui vise à donner une représentation graphique du système familial. C’est une carte des relations interpersonnelles du sujet souffrant. Il permet de prendre en compte l’histoire du sujet de manière à la fois diachronique et synchronique, la famille étant selon Angel( 1996) une unité fonctionnelle où les individus interagissent.

 

Pour construire un génogramme il n’existe pas de modèle standard, cependant de nombreux auteurs dont Mc GOLDRICK et GERSON (1985) ou Wright et LEAHEY(1994) proposent des normes

 

 

1.3.3. Mesure de l’attachement adulte /codés par EDicode

 

 

Pierrehumbert et al (1999) sont à l’origine d’une grille de codage des entretiens  : l’Edicode. Cet outil repose sur la théorie de l’attachement. C’est un outil destiné à analyser les expériences subjectives abordées dans les entretiens cliniques d’adolescents ou d’adultes. Les items élaborés à partir de la théorie de l’attachement, fournissent des caractéristiques  du type d’attachement du sujet. Les différents scores reflètent l’appréciation elle même subjective du codeur.

 

Cet outil présente un intérêt important pour la recherche clinique dans la mesure où il est très simple, polyvalent et d’une fiabilité relativement acceptable (PIERREHUMBERT ,1999)

Nous avons présenté ceux-ci sous le format d’échelles différentielles sémantiques. Les cinq échelles de Edicode couvrent les dimensions suivantes :

– Fluide : richesse associative, accès aisé aux souvenirs, participation à l’entretien (5 items)

– Cohérent : le discours est « focalisé » et structuré (6 items)

– Adéquat : distance relationnelle adéquate, confiant dans les relations, capacité de régulation émotionnelle (3 items)

– Réflexif : prend en considération les états mentaux, de soi et des autres, et leur influence (4 items)

– Authentique : discours spontané, vivant (3 items)

 

 

 

Ainsi à partir de ces 2 modèles, un basé sur la théorie systémique centré sur le contenu, l’autre basé sur la théorie de l’attachement, centré sur la forme, on obtient avec la construction du génogramme, une grande richesse d’informations sur le sujet.

 

 

 

 

 

  1. Résultats

 

 

Mme M.

 

 

 

 

 

 

Mme F.

 

 

 

Mr D.

 

 

2.1. Cas de Madame B.

 

 

 

2.1.1. Anamnèse 

 

 

 

2.1.2. Représentation génographique

 

 

 

 

2.1.3. Mesure de l’attachement adulte

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

IV-Conclusion

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

V- BIBLIOGRAPHIE

 

 

PAPAGEORGIOU M., 2003, «  l’insoutenable légèreté du corps de la mère » in  Revue Française de psychosomatique, P.U.F.n°24 /2

 

AUTARD-BARRY, Gabrielle, 2008, « Caractéristiques interpersonnelles ,qualité de vie et fibromyalgie ». Thèse. Montréal (Québec, Canada), Université   du Québec à Montréal, Doctorat en psychologie.

 

BLOTMAN Francis et BRANCO Jaime, 2006, «  La fibromyalgie, la douleur au quotidien », Toulouse ,  éditions PRIVAT

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CEDRASCHI C., DESMEULES J., LUTHY C., ALLAZ A.F., 2003, « Aspects psychologiques de la fibromyalgie »,in Revue du Rhumatisme ,Editions Elsevier

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GOVENDER. C., CASSIMJEE. N., SCHOEMAN J.,MEYER. H.,  « Psychological characteristics of FMS patients » in Scandinavian Journal of Caring Sciences, vol. 23, Issue 1, page 76-83,march 2009

 

GUEDENEY N., GUEDENEY A.,2002, 2006, « L’attachement, Concepts et application »,2ème édition Masson, Paris.

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TUNKS E., CROOK J., WEIR R., 2008, « Epidemiology of chronic pain with psychological comorbidity: prevalence, risk, course , and prognosis ». Canadian Journal of Psychiatry, vol 53, n°4, pp.224-234

 

ZARIFIAN E.,1999, « La force de guérir », Editions Odile Jacob, Paris.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

VI ANNEXES

 

Le cas de Mme B:  Madame B.S, 53 ans :

Elle est la 11éme d’une fratrie de 13 ( les 4 derniers sont des filles ) ASH en arrêt maladie depuis 18 mois; a 2 fils d’un premier mariage (35 et 25 ans), 1 fille( 19 ans) avec son 2 ème compagnon.

La patiente est envoyée par le médecin anesthésiste de la consultation douleur  qui porte le diagnostic de polyalgie chronique diffuse réactivée dans le cadre d’un syndrome fibromyalgique. La mesure de la douleur se fait par l échelle EVA, échelle d’évaluation analogique, un score supérieur à 6 signe une pathologie avérée. Score EVA 6 au niveau lombaire, extrême fatigue le matin. Mme B a tout essayé: la moxathérapie, la neuro-stimulation transcutanée (tens), la kinésithérapie en piscine, elle prend un traitement pharmacologique important : Tramadol*, Spifen* Epitomax, Paroxétine*, Eupantol*, Vastarel*. Mais « les douleurs sont toujours là «. Elle est en attente d’un bloc à la kétamine .

Lors de la première séance à laquelle je suis présente, Mme B est en arrêt maladie depuis 18 mois, le suivi psychologique  est en place depuis 5 mois; elle arrive pour une 12 ème séance après une interruption de 2 mois en raison de l’absence de la psychologue.

MmeB. commence par dire que son fils de 25 ans attend un bébé. L’arrêt de travail de Mme B s’achève bientôt, elle dit avoir été tranquille pendant 3 mois, parce qu’elle n’avait pas à s’en préoccuper mais il va falloir qu’elle demande une prolongation, elle ne se sens pas capable de reprendre le travail,  mais elle a honte(culpabilité) de demander une prolongation , elle a peur d’être obliger de se justifier, de son besoin de repos , surtout face au regard des autres, elle en a parlé à ses collègues de travail; mais en fait personne ne peut la comprendre , « personne ne peut se douter, et pourtant si on savait…. », si on savait ce qu’elle a vécu mais « j’ai commencé de m’y préparer, si j’ai accepté de venir ici c’est que je savais bien que ça finirait par sortir, ce que je n’ai jamais dit à personne, et puis on sait maintenant  que la fibromyalgie, ça peut venir de problèmes pendant l’enfance ou de chocs affectifs, de traumatismes anciens, alors voilà alors voilà »( Mme B tortille son mouchoir, baisse les yeux, regarde ses mains) -eh bien, mon père il se levait la nuit et il venait dans mon lit , c’était moi qu’il avait choisi (pleurs),

-silence…

-Ça s’est arrêté et pas arrêté, puisque ‘après on a déménagé et je m’arrangeais toujours pour ne pas être seule (elle se sentait menacée et a mis en place des stratégies d’évitement du père), j’étais toujours volontaire pour nettoyer la maison ,(hyperactivité, désir de se faire aimer, par un père qui la dévalorise)

-mais mon père il disait que j’étais une bonne à rien , de toute façon il m’aimait pas ,

-Psy: « il vous a mal aimé »

– « ah non il m’a jamais aimé, pour me faire ça, il m’a choisi parce que j’étais celle qui dirait rien, j’étais faible, moi je voulais faire une formation professionnelle mais mon père a dit qu’on allait pas dépenser des sous pour me payer une formation que j’étais pas capable que j’y arriverais pas alors je suis allée travailler à l’usine comme une bête pendant 13 ans. »

«  ma mère ,elle, savait, il quittait son lit au milieu de la nuit , alors forcément elle devait savoir ….Moi j’aurais jamais laissé faire ça à mes enfants , quand on dit qu’on peut tuer, j’aurais été capable de tuer.(elle en veut à sa mère de ne pas l’avoir protégé , mais on ne sait pas si c’est tout à fait conscientisé)

« Ma mére elle veut que j’aille lui ranger sa crèche, mais je la laisse mijoter ça presse pas,  elle peut bien attendre » (colère, et rires ), elle s’occupe de son ex belle-mère qui est brouillée avec ses enfants depuis 14 ans « j’ai honte ».

Mme B. reconnaît son tempérament hyperactif depuis son  enfance, elle dit qu’elle a de l’humour, mais dit qu’elle s’effondre une fois qu’elle est seule

Mne B. arrive en souriant, elle raconte son séjour en cure, son discours est fluide, enjoué et plus structuré , elle s’asseoit tranquillement,  je sens qu’elle s’ouvre à la relation aux autres, elle a dîné seule avec des amies en cure, elle a décidé de ne plus faire les gros travaux chez elle. Elle reconnaît qu’elle s’autorise à demander de l’aide. En peu de temps elle donne une foule de détails , elle a des projets reconnaît qu’elle est entrain de changer et s’étonne elle-même de tout. Peu après je reçois Mme B pour un entretien de recherche sur les fibromyalgiques et leur attachement. Le codage de l’attachement par Edicode n’est pas très net intermédiaire entre sécure et préoccupé. Je m’autorise à penser que cela signe le travail psychothérapeutique engagé et l’amélioration de l’état de Mme B.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

ENTRETIEN MR D.

 

I : Depuis quand venez vous en consultation ?

Mr. D. : Ca fait deux ans que je viens ici. Donc, ça a commencé par des douleurs diffuses et de la fatigue, qui se sont aggravées sur un temps. Donc, ça fait maintenant six ou sept mois. Ça m’handicape vraiment.

I : Oui ?

Mr. D. : C’est pour ça que je prends les béquilles, j’arrive à m’en passer sur des lieux, domicile, travail, j’arrive à me passer de mes béquilles, parce que je dirai si j’ai mes jambes qui flanchent, je peux toujours me rattraper aux branches.

Je les utilise beaucoup en dehors parce que j’ai les jambes qui se crispent souvent.

I : En dehors  ?

Mr. D. : Les lieux familiers, ça va à peu près, j’entre et dehors à tout moment, je peux avoir les muscles qui se contractent et j’ai les jambes qui flageolent par moment, donc l’utilisation des béquilles permet de me, me rattraper, et de me stabiliser.

I : Oui ?

Mr. D. : Donc voilà, c’est des douleurs, plus ou moins importantes, ça dépend des semaines.

I : Et sans les béquilles ?

Mr. D. : Sans les béquilles à l’extérieur, c’est pas la peine, c’est pas la peine, parce que je me sens faible, j’ai déjà essayé de faire un peu de marche, ça me cause des soucis. Donc, je préfère, c’est, je dirai c’est plus une sécurité pour moi.

I : Oui ?

Mr. D. : Donc voilà, y a des fois où j’en utilise qu’une pour aller dehors, ça dépend ce que je veux faire.

I : Ca vous rassure ?

Mr. D. : non, c’est vrai que c’est une sécurité parce que c’est vrai que dans l’été, ça a lâché donc, j’avais vu d’ailleurs, avec mon médecin qui m’a prescrit les béquilles justement, pour que ça évite de me casser la figure, parce que les jambes qui ont lâché. Les jambes qui se bloquent d’un seul coup, c’est vrai que l’utilisation des béquilles c’est…

I : Et avant ?

Mr. D. : J’ai déjà eu des alertes, mais sans, je dirai, sans penser à la fibromyalgie et tout. J’ai eu des douleurs, de la fatigue chronique donc des douleurs un petit peu de droite et de gauche donc mon médecin disait c’est un coup, c’est un machin et puis bon ça disparaissait, ça revenait, ça disparaissait jusqu’au jour où j’avais des douleurs vraiment partout et que je prenais des, comme des crises de tétanies quoi, je me bloquais un petit peu partout donc j’ai vu mon médecin de famille, je lui en ai parlé, c’est lui qui m’a dit, et bien, écoute ça correspondrait à la fibromyalgie. Je savais pas du tout ce que c’était au départ, donc c’est elle qui m’a envoyé au centre anti-douleur. Donc, j’ai vu Mr A. qui par la palpation sur les points bien précis donc j’avais dix huit points qui ont répondu tout de suite. Ca a répondu tout de suite à la palpation et qui m’a dit c’est fibromyalgique, bon, j’ai pas voulu rester sur cette fibro parce que pour moi c’est pas que j’ arrivais pas l’admettre, mais je voulais savoir vraiment fin mot parce que, j’voulais confirmation que c’était bien ça et pas autre chose, donc j’ai passé l’IRM, j’ai passé pas mal d’examens, donc pour arriver au même stade, effectivement, que c’était fibromyalgique, donc la cause… j’en vois pas donc (rires).

I : Oui ?

Mr. D. : Donc, j’ai pas, bon, j’ai eu une enfance assez, assez difficile mais bon, je dirai que maintenant, je m’en suis toujours bien sorti, puis bon la cause, c’est pas le tout.

I : Les premières douleurs ?

Mr. D. : Ca a commencé y a trois quatre ans, trois quatre ans, un petit peu à, à me faire, à se mettre en douleur quoi. Oui, y a trois quatre ans.

I : D’accord, c’était à quel âge ?

Mr. D. : J’en ai 39 ans, aujourd’hui.

I : Vous aviez 35 ans ?

Mr. D. : Voilà, disons qu’au début je pensais plus à mes douleurs, puisque je suis un peu casse-cou donc je pensais que c’est suite à ce que j’ai pu faire avant quoi.

I : Qu’est-ce-que vous appelez casse-cou ?

Mr. D. : J’étais un peu kamikaze en tout parce que j’ai travaillé pendant 2 ans en tant que ambulancier, et j’ai fait après 4 ans d’urgence au SAMU, et j’étais pompier en même temps donc forcément.

I : Oui ?

Mr. D. : J’étais conducteur de VML et j’étais pompier volontaire en même temps, et comme pompier volontaire, j’étais un peu kamikaze, notamment au niveau du feu.

 

I : C’est-à-dire ?

Mr. D. : (rires). C’est-à-dire bon ben, j’étais pas, j’étais toujours le premier à partir sur les feux, quoi mais bon toujours en train de grimper, on prend des risques, et voilà quoi. Donc, c’est vrai que ça m’est arrivé, 2-3 pépins en tant que pompier sur les feux.

I : C’est-à-dire ?

Mr. D. : C’est-à-dire passer à travers un plafond (rires) donc voilà donc.

I : Et ça a fait quoi ?

Mr. D. : Ca fait un drôle d’effet, mais bon, je m’en suis bien sorti (rires).

I : Rien ?

Mr. D. : Non, j’ai eu quelques contusions mais rien de.

I : Oui ?

Mr. D. : C’est pareil, je faisais de la moto, et en moto, je suis un petit peu kamikaze donc j’ai quelques clashs en moto.

I : Et là ?

Mr. D. : y a eu des cassures, un peu de droite et de gauche, j’ai goûté le goudron plus souvent qu’à mon tour (rires).

I : En même temps, vous étiez pompier ?

Mr. D. : Oui, en même temps. J’ai fait du sport automobile aussi, donc j’ai fait 2 ans de sport automobile, c’est pareil, en sport automobile, on prend des…

I : Avez-vous eu des accidents ?

Mr. D. : oui, eu des accidents, mais rien de très méchant mais c’est surtout que on prend quand même des chocs qui sont assez, assez violents, parce que bon, en vitesse automatiquement, bon on veut toujours attaquer donc automatiquement, vous avez des accélérations et des décélérations qui sont assez, assez violentes donc c’est vrai que le corps, on prend des coups quand même, même si on le sent pas tout de suite, ça fait quand même, que, le corps prend des chocs, donc, voilà, bon, pour moi tout ça, c’est peut-être une accumulation des choses qui se sont passées auparavant, donc voilà…

I : Vous aviez la condition ?

Mr. D. : oui, oui, j’ai fait beaucoup, beaucoup de sport, je faisais du vélo, de la natation, je faisais pas mal de sport. J’ai commencé le sport quand j’avais 15 ans. J’ai fait du vélo, après, j’ai fait de la boxe, bon après, j’ai fait aussi du karaté, donc voilà, c’est pareil, pendant le service militaire, je suis parti commando marin, donc en formation rapide, c’est pareil là aussi. C’est, c’est des chocs, je peux dire sans, sans gravité.

I : Des chocs ?

Mr. D. : Des chocs, quand on descend en parachute ou qu’on saute d’un hélicoptère, automatiquement, faut amortir quoi (rires), voilà.

I : Vous avez fait du parachutisme ?

Mr. D. : J’ai fait du parachutisme à l’armée puisque je suis parti du commando. On était appelé sur des, des missions puisque je suis parti notamment pour l’affaire d’Howéa, y a quelques années.

I : Ah oui ?

Mr. D. : Donc, en renfort sur le banc d‘Howéa, suite à ça, j’ai eu des problèmes psychologiques, en rentrant de l’armée.

I : Oui ?

Mr. D. : Parce que c’était une période qui était assez difficile, bon j’ai passé des bons moments mais bon, y a eu des périodes assez difficiles, c’est une population qui est difficile, et l’utilisation d’armes à feu en balles réelles, donc voilà. Y a des choses voilà. (rires).

I : Vous aviez quel âge ?

Mr. D. : J’avais 18 ans, donc voilà. J’étais engagé volontaire. J’ai demandé un USDOM pour 2 ans, après renouvelable, et je suis resté 3 mois en F et je suis parti en Howéa.

I : Vous étiez volontaire ?

Mr. D. : J’étais volontaire, oui, enfin, j’étais volontaire obligé. Je suis resté 1 an en Nouvelle Calédonie. En rentrant, j’ai rompu mon contrat.

I : Ca a été une période ?

Mr. D. : Ca a été une période assez dure (rires), psychologiquement.

I : Là-bas ou de rompre votre contrat ?

Mr. D. : Non, de rompre, ça a été un soulagement.

I : Oui ?

Mr. D. : Ca a été un soulagement, bon, parce qu’à l’armée, on est un bœuf.

I : Oui ?

Mr. D. : Voilà, vous avez un ordre, et puis, y faut l’exécuter.

I : Des ordres ?

Mr. D. : Y a des ordres qui, qui font désordre, qui blessent donc voilà donc.

I : Oui ?

Mr. D. : Donc obligé d’utiliser une arme à feu, c’est vrai que, bon, quand vous êtes obligés de tirer sur les populations, c’est toujours traumatisant quoi, bon,

I : Vous en avez parlé ?

Mr. D. : Non, j’en ai jamais parlé, et puis, c’est pas connu. Personne a jamais su ce qui s’est passé là-bas, c’est des choses que j’ai pas où j’utilise mon joker.

I : Quand vous êtes rentré ?

Mr. D. : Quand je suis rentré, c’est là que j’ai commencé un petit peu le sport automobile.

I : Oui ?

Mr. D. : Et je suis rentré en tant qu’ambulancier. J’ai fait une formation de secourisme et j’ai demandé à passer l’aptitude en tant que ambulancier. J’ai passé 2 mois à Garches, non 3 mois à Garches aux urgences. Donc voilà, c’est une formation.

I : Une formation ?

Mr. D. : Intéressante, enfin, difficile psychologiquement mais très intéressante.

I : Oui ?

Mr. D. : Bon, c’est vrai que, moi ça me plaît d’être dans ce milieu là, disons que le contact humain, ça m’a toujours plu, et le fait de bouger, d’être toujours, d’avoir les monter d’adrénalines entre guillemets (rires), voilà c’est un peu mon truc quoi.

Mr D. : Moi, ça me plaît de travailler dans ce milieu là.

I : Quand vous êtes rentré, vous avez fait quoi ?

Mr D. : − Je suis rentré en tant qu’ambulancier. Oui, j’ai fait une formation de secouriste.

− J’ai passé deux mois à Garches, non, trois mois à Garches, trois mois à Garches aux urgences, donc voilà, ces trois mois là, difficile psychologiquement mais très intéressante, moi ça me plaît d’être dans ce milieu là, disons que le contact humain, euh, ça m’a toujours plu, mais le fait de bouger, de, d’être toujours, d’avoir les montées d’adrénaline entre guillemets, voilà, c’est un peu mon truc quoi, voilà, d’où mon appartenance aux pompiers.

I : Donc, vous avez été ambulancier ?

Mr D. : Oui, après, je suis rentré en tant que pompier, et ensuite, j’ai été au SAMU.

I : D’accord.

Mr D. : − J’ai eu l’opportunité de rentrer en tant que conducteur arrière sur des transports longues distances, donc, notamment, les personnes qui étaient hospitalisées, qu’on transférait chez eux.

− Donc voilà, je faisais parti, entre guillemets, euh, du SAMU, euh, j’ai des pertes de mémoire, et des assistances rapatriements, j’étais en double étiquette.

I : Vous avez voyagé ?

Mr D. : Oui, sur l’Allemagne, sur la Suisse, l’Italie.

I : Et vous étiez où ?

Mr D. : A Moulins.

I : Ca a duré combien de temps ?

Mr D. : Et bien, j’ai fait trois ans et huit ans pompier. J’ai arrêté les pompiers l’année dernière parce que, bon malheureusement, les jambes.

I : Et vous étiez pompier où ?

Mr D. : − J’ai été pompier à Moulins et, ensuite, j’ai été transféré sur Mont, et ensuite, ici à VC, donc voilà.

− Voilà ce qui me reste, des accidents de la route qui ne sont pas jolis, c’est quand même des moments assez forts et intéressants et assez riches comme expériences, c’est vrai que bon le fait de porter assistance à autrui, c’est toujours intéressant, c’est toujours enrichissant pour soi même, quoi, mais si c’est pas toujours facile.

I : Et ça vous manque de ne pas faire pompier ?

Mr D. : Oui, oui, oui, le fait de ne plus pouvoir bouger, je dirai que l’action me manque, voilà.

I : L’action ?

Mr D. : Oui, oui, l’action, le fait des montées d’adrénaline, d’être sur le qui vive, c’est vrai que voir passer les collègues ça me, euh (rires), un petit moins maintenant, parce que j’en ai pris mon parti, c’est vrai qu’il a fallu que je fasse mon deuil sur tout ce que je faisais avant, ça a été dur d’accepter tout ça.

I : D’accepter ?

Mr D. : De plus pouvoir agir, euh, d’être autonome, entre guillemets, même si je suis toujours autonome, mais je veux dire, euh, voilà, j’ai une autre forme autonomie, et y a beaucoup de choses que je peux plus faire, c’est vrai que, ça c’est très dur, un petit peu, à gérer, psychologiquement, bon ben maintenant, ça va, j’en ai pris mon parti, voilà, ça va.

I : Votre prénom ?

Mr D. : Christian.

I : Vous êtes marié ?

Mr D. : Marié, deux enfants.

I : Votre femme est née en quelle année ?

Mr D. : Oups, rires, en 70, en 70, oui je dis pleins de bêtises, non c’est le jour de naissance que je cherchais.

I : Et vos filles ?

Mr D. : Oui, ma fille.

I : Ah, oui une fille ?

Mr D. : Oui, une fille, donc elle est née en 2002.

I : Oui, elle s’appelle ?

Mr D. : Gwenaëlle.

I : Oui ?

Mr D. : J’ai un petit garçon qui est né en 2008, qui s’appelle Mathias.

I : Né au mois de ?

Mr D. : Mars.

I : Il a juste un an ?

Mr D. : Oui, il va avoir un an samedi.

I : D’accord.

Mr D. : Et ma fille es née au mois de février.

I : Donc, elle a eu sept ans ?

Mr D. : Je dis des bêtises, 2004, j’étais en train de réfléchir sur la bêtise que j’étais en train de dire, y a quelque chose qui me convenait pas.

I : Et vous vous êtes mariés en quelle année ?

Mr D. : (grand éclat de rire), euh, c’est 2002, voilà.

I : Ah ! voilà.

Mr D. : Oui, oui, c’est notre mariage en 2002, c’est pour ça, moi les dates.

I : Comment vous êtes vous rencontrés ?

Mr D. : On s’est rencontré chez la famille à elle qui habitait Montlu.

I : Oui ?

Mr D. : (tousse), j’étais au SAMU à M.

I : Vous vous êtes mariés ?

Mr D. : On s’est marié trois mois après notre rencontre.

I : Trois mois après, donc vous vous êtes mariés… ?

Mr D. : (rires), assez rapidement, (rires), assez rapidement.

I : En 2002 ?

Mr D. : C’est pas la meilleure des choses, mais bon, c’est comme ça, on aurait du faire plus connaissance au départ.

I : Oui ?

Mr D. : Mais bon, je regrette pas non plus, bien, j’ai deux enfants, je suis heureux même si y a des soucis avec ma, ma femme.

I : Vous avez des frères ?

Mr D. : Donc, trois frères.

I : Qui sont avant, après ?

Mr D. : − J’en ai un avant moi, et deux autres derrières moi.

− Je suis originaire de Lyon.

I : Vous savez leur date de naissance ?

I : Non ?

Mr D. : (rires), c’est un mauvais sujet.

I : Et vos parents ?

Mr D. : Mon père, y s’est suicidé par arme à feu, il y a deux ans.

I : Oui ?

I : Il avait quel âge ?

Mr D. : 53 ans, si je dis pas de bêtises.

I : Il était marié ?

Mr D. : Je suis en train de réfléchir, moi les âges et les dates de naissance, c’est pas mon truc, c’est 53 qui me gêne.

I : 54 alors ?

Mr D. : c’est 53 qui me gêne, approximativement, on verra peut-être.

I : Et votre mère ?

Mr D. : − Ma mère, elle vit sur Lyon, mais j’ai aucun contact avec elle.

− Ils habitaient ensemble quand il est décédé.

− Non, ils étaient divorcés, mon père était remarié.

I : Ils ont divorcé il y a longtemps ?

Mr D. : Y a un petit moment, au bout de 5 ans.

I : Le double trait, c’est le divorce.

I : Il a eu des enfants de son 2ème mariage ?

Mr D. : Il a eu 2 enfants.

I : Des filles, des garçons ?

Mr D. : 2 filles, donc j’ai beaucoup de mal avec ma famille parce que moi j’ai été coupé de ma famille à l’âge de 8 ans, donc, j’ai beaucoup de mal à vous donner les, les choses qui sont dans le temps.

I : A 8 ans ?

Mr D. : − Oui et …

− Moi, j’ai été placé dans un foyer de prêtres, c’est eux qui se sont occupés de moi.

I : A Lyon ?

Mr D. : A Lyon, oui.

I : Et les autres frères ?

Mr D. : Ben, mes autres frères, les deux petits, si je dis pas de bêtises, ils ont été élevé par ma mère. Et le grand a été élevé par le père puisque c’était sa maison l’été.

I : C’était quand ?

Mr D. : C’était avant, avant le divorce.

I : Et c’était une décision… ?

Mr D. : C’était une décision, alors le dire exactement, y a des choses que je me souviens pas, je sais que c’est passé au tribunal.

I : Oui ?

Mr D. : − Mais bon, j’ai jamais su le fin mot de l’histoire dans la cour.

− Et mon frère, il me semble, il a été placé chez la grand-mère.

I : Chez la grand-mère ?

Mr D. : Oui, il a été placé chez la grand-mère.

I : La grand-mère ?

Mr D. : La grand-mère paternelle, et après, il a été repris par le père.

I : Y a une grand-mère, vous vous en rappelez ?

Mr D. : Rires, non.

I : Et les deux petits ?

Mr D. : Les deux petits sont restés avec la mère.

I : Avec la mère ?

I : Ils sont plus jeunes ?

Mr D. : Le dernier a 27, 27 ans, l’autre, il me semble, donc, le dernier non 25, le dernier, et 28 l’autre.

I : 28, ça fait 1981 et 25, 1984, donc vous avez 10 – 11 ans de différence. Et avec l’aîné ?

Mr D. : Il doit avoir dans les 42, 42, 43.

I : Donc, ça fait 1967, vous les voyez ?

Mr D. : Oui, oui, on se voit, oui, oui, on se revoit.

I : Quand vous étiez en foyer, vous rentriez le week-end ?

Mr D. : − Non, non, j’ai jamais retourné chez mes parents.

− J’ai retrouvé mon frère, ben mon grand frère, j’ai retrouvé, donc en 2002.

I : L’année où vous vous êtes mariés ?

Mr D. : Oui, oui.

I : Pour le mariage ?

Mr D. : Non, non, pas du tout, c’est ma femme qui a fait des recherches, puisque moi, mon enfance, j’en ai jamais parlé.

I : Oui ?

Mr D. : Elle voulait savoir ce que j’avais comme histoire, donc elle avait retrouvé un de mes frères, donc, les recherches qu’elle a faite, je m’en suis jamais préoccupé, euh, donc, pour lui faire plaisir, je lui ai dit, bon ben écoute.

I : Pour lui faire plaisir ?

Mr D. : Voilà, bon maintenant je regrette pas, bon, on s’entend bien avec les frangins, y a pas de soucis, donc, bon je regrette pas mais bon, on a appris à refaire connaissance, j’y suis passé c’est excellent, bon maintenant on garde un contact, mais c’est chacun chez soi.

I : Oui ?

Mr D. : On se voit pour, pour passer un petit moment, mais c’est assez rare, bon on a plus de contact téléphonique que visuel, bon je sais qu’ils sont là.

I : Si vous avez un coup dur, vous ?

Mr D. : Non, rires, non, non. Si ont un coup dur, si eux ont des soucis, y vont m’appeler que moi, mes soucis, j’ai appris à les gérer tout seul.

I : Oui ?

Mr D. : Donc, voilà, donc moi je suis très très secret sur mes soucis et voilà. Donc, ma vie, j’en parle que très peu, j’ai appris à les gérer avec, et bon, ça a toujours été comme ça, et bon voilà, donc, depuis tout petit, j’ai appris à les gérer comme ça, euh, disons que, entre guillemets, j’ai eu, j’ai subi un acte de violence infantile et le viol infantile, oui, d’où mon état.

I : C’est à la suite que vous avez été en foyer ?

Mr D. : Oui.

I : Et ?

Mr D. : Tout ce qui est enfance, et puis ma mere, on en parle pas, c’est un sujet clos, euh, de moi-même, je leur ai dit, c’était une condition, si on se voit, on en parle pas.

I : Et eux ?

Mr D. : Ils la voient, ils la voient assez régulièrement, donc, ça c’est leur libre choix à eux.

I : Oui ?

Mr D. : Moi, chacun fait ce qui veut, en ce qui concerne la famille, je veux pas entendre parler, bon, se retrouver c’est bien, mais pour le reste.

I : La maison familiale ?

Mr D. : Bon, y a des choses que j’ai en tête, y a des choses que j’ai oublié, y a certaines choses, euh, certains flashs qui me reviennent mais c’est un peu tout mélangé là dedans, bon, c’est enfoui au fond de moi. C’est pour ça, j’ai beaucoup de mal à parler un petit peu de mon enfance et tout, bon y a beaucoup de choses que j’ai un petit peu fermé à clef et que je dirais, j’arrive pas à en parler, et bon, ça me reviens pas trop, je pourrai pas donner des choses.

I : Et vos demi sœurs ?

Mr D. : Je les ai vues une fois.

I : Et les grands parents du côté de votre mère ?

Mr D. : Euh, du côté de ma mère, de mon père, il avait ses parents, qui je crois, sont décédés, mais bon, sans certitude, sa mère, je sais qu’elle est décédée.

I : Quels métiers faisaient vos parents ?

Mr D. : − Ma mère était au foyer et mon père était routier. Mon père y faisait l’international donc je le voyais que le week-end.

− Chez mon père, je dirai que j’ai pas de gros reproches à faire, euh.

− C’est vrai que c’est plus difficile avec ma mère, puisqu’elle est alcoolique au dernier degré. Apparemment, le peu que j’ai pu en entendre, elle l’est toujours.

− Voilà, donc, je suis fâché avec elle, c’est pour ça que je veux pas en entendre parler.

− Mon père, je dirai que c’était le pauvre bougre, un peu abruti, qui subissait.

I : Que font vos frères ?

Mr D. : Les trois sont routiers.

I : Et votre femme ? parlez moi de sa famille.

Mr D. : Elle a un frère, il est à Nantes.

I : Comment ça se passe ?

Mr D. : Bonjour, bonsoir, (rires), disons que c’est, c’est un gros nounours, un vieux garçon et donc, on a pas d’atomes crochus, vraiment comme on dit.

I : Et y a les parents de votre femme. Elle s’appelle comment ?

Mr D. : Nadège.

I : Et quel métier faisait votre beau père ?

Mr D. : Il était agent SNCF.

I : Et sa femme ?

Mr D. : Aussi, des fonctionnaires, rires, c’est bon.

I : Et votre épouse ?

Mr D. : Quand je l’ai rencontré, elle était agent en station service sur l’autoroute.

I : Comment vous vous êtes rencontrés ?

I : Comment vous êtes arrivés boulanger ?

Mr D. : Bon, c’est venu dans le sens où, c’est vrai que j’ai quand même un métier très prenant et que bon, j’avais dit, je m’étais toujours dit que le jour où je construirai une vie de famille, et ben, je réduirai mon activité professionnelle et on a eu l’opportunité d’avoir la boulangerie et donc moi c’est mon métier premier.

I : Oui ?

Mr D. : J’ai quand même un CAP, moi, j’ai commencé à travailler en boulangerie, j’avais 11 ans ½, donc voilà, j’ai un peu banqué là dedans.

I : C’était où ?

Mr D. : C’était sur Lyon, donc j’étais trempé là dedans, ben, j’ai commencé en tant que petit manœuvre, puis après, j’ai fait un pré apprentissage, et un apprentissage, voilà. J’ai commencé comme petit manœuvre.

I : Vous habitiez où à ce moment là ?

Mr D. : J’étais au foyer, chez les prêtres, donc voilà, donc, disons qu’on a eu l’opportunité d’avoir à côté de chez nous une boulangerie qui se vendait, donc l’idée nous est venu de la boulangerie.

I : C’était votre métier ?

Mr D. : Oui, mais sans bon, c’était pas vraiment une passion, on a monté ça, c’était surtout pour question familiale parce que à la base on devait travailler avec un patron et puis ça a pas duré longtemps, m’enfin bon.

I : Pas longtemps ?

Mr D. : − Un petit peu, pas longtemps. Disons que ma femme, c’était pas trop sa tasse de thé, m’enfin bon, on a deux tempéraments différents, elle, elle est plutôt renfermée, jalouse et pacifique que moi je suis beaucoup ouvert, beaucoup plus jovial, donc, ben voilà, y avait des petits soucis, à la boulangerie, elle est beaucoup plus renfermée.

−  Au niveau clientèle, les gens préfèrent que je sois là, que voir ma femme, je suis beaucoup plus souriant, j’arrive à faire plus ou moins le pitre, et puis, c’est vrai que moi, j’ai le contact plus facile, que ma femme est beaucoup plus renfermée, beaucoup plus, beaucoup plus renfermée, quoi, en fait, donc c’est deux choses différentes, donc, c’est vrai que ça s’est fait comme ça.

− Elle allait de moins en moins à la boulangerie, et je parlais de plus en plus de partir jusqu’au jour où elle m’a dit écoute, tu t’occupes de la boulangerie, moi, je m’occupe des papiers, et puis voilà, c’est comme ça que les rôles se sont répartis.

I : C’est comme ça que les rôles se sont répartis ?

Mr D. :Oui,mais c’est venu, je dirai, naturellement quoi, sans qu’on en est parlé, sans dispute au départ, le problème, c’est qu’il faut que je rende des comptes sans arrêt, sur ce que je fais et bon, bon, voilà. Donc, ça c’est un peu pénible, donc, euh…

I : Vous avez beaucoup de travail ?

Mr D. : Oui, mais c’est une question d’organisation, il faut commencer à s’organiser, après ça se passe, c’est vrai que maintenant avec mon handicap, qui est assez important, le moindre petit souci devient un gros souci pour moi.

I : Et la maladie, qu’est-ce que ça a changé avec votre épouse ?

Mr D. : Pas grand-chose. Si ce n’est que bon, j’ai moins d’écoute qu’auparavant, et j’ai pas pris en compte de la maladie. Disons, elle admet que, que j’ai, je sois malade, que je suis fatigué et que je suis en douleur mais, mais c’est assez complexe, je sais pas trop comment le définir, elle sait que je suis malade que j’ai, bon, que j’ai des douleurs, que j’ai des tas de trucs mais elle arrive pas à admettre, que j’ai besoin de souffler même si elle s’en rend compte, elle m’aide que j’ai besoin de souffler, que j’ai besoin de temps en temps de m’aider, bon c’est très dur pour elle, mais bon, comme on disait l’autre jour, elle a le cordon ombilical qui est pas coupé avec ses parents.

I : Et avec son frère, c’est un cercle fermé ?

Mr D. : Même avec le frère, y a un cordon ombilical, qui est très fort. Entre le frère et le cercle, et puis les parents, c’est un cercle, c’est un grand cercle, ils sont tous très liés ensemble.

I : Et vous ?

Mr D. : Au départ, ça allait à peu près bien, et depuis ma maladie a pris un peu plus d’ampleur, j’ai de moins en moins, j’arrive de moins en moins à les admettre parce que bon vu qu’ils veulent régencer un petit peu aussi bien le magasin, la maison, que ma maladie, c’est vrai que ben, moi je me sens un peu étouffé, oui, étouffé et mis de côté aussi en même temps donc j’ai un peu plus de mal à l’admettre.

I : Comment ça se passe ?

Mr D. : Oui, y a des clashs entre nous (rires). Oui, c’est vrai que y a des fois j’arrive plus à admettre qu’on vienne me dire ce que j’ai à faire ou que ce soit aussi bien au niveau de ma maladie ou au niveau professionnel ou au niveau familial, donc.

I : Et avec votre épouse et votre famille ?

Mr D. : Disons quand on est tous les quatre, moi, de toute façon, je suis mis de côté, bon ça s’est vite vu, maintenant quand je suis avec ma femme, ça se passe pas trop trop mal mais disons elle est en permanence au contact de sa mère même si on est pas ensemble le soir, c’est deux, trois coups de téléphone à ses parents. Dès que y a un soucis, il suffit qu’on se dispute ou quoi que ce soit, elle va appeler sa mère, donc voilà, donc, c’est pas évident de détacher un peu tout ça.

I : Et pour vous ?

Mr D. : C’est un peu une contrainte ? On part quelque part, il faut appeler sa mère et voilà.

I : Et vous partez ? En vacances ?

Mr D. : Oui, (rires), mais chez son frère. Donc, si on n’est pas chez son frère, ça nous est arrivé une fois de partir en dehors du cercle familial, mais, c’est en permanence sa mère qui appelle pour avoir des nouvelles et patati et patata, disons qu’ils arrivent pas à se détacher les uns des autres.

I : D’accord.

Mr D. : Si on part une journée, dans la journée, y va y avoir des coups de téléphone, donc, c’est, ça devient dur à gérer.

I : Et la naissance de votre fils ?

Mr D. : Le fils, il rentre dans le cercle familial de ma femme et y a des fois où je me demande si c’est moi le père, quoi, au niveau de la famille, pas au niveau des enfants.

I : Vous vous sentez exclu ?

Mr D. : − Oui, oui, bien sûr, bien sûr. Disons que j’ai pas, si je vais prendre une décision pour, pour ma fille qui avait des petits soucis, qui est assez nerveuse et qui a du mal à dormir, euh, je me dis çà serait bien de la faire suivre par un pédopsychiatre, ça venait de moi, donc, ça a été non.

− Ben non, ben non, tu vas commencer à l’amener chez un pédopsychiatre, donc tout le monde s’est plus ou moins lié contre moi, donc j’ai un peu passé outre et j’ai un petit fait le forcing, j’ai pris rendez-vous, j’ai dit maintenant c’est comme ça, j’ai pris rendez-vous, j’emmène ma fille, point barre.

I : Oui ?

Mr D. : − Que ça plaise ou pas, de toute façon, et bon y a eu une petite amélioration maintenant mais bon, c’est, c’est un travail de longue haleine. Mais bon voilà, je dirai on est en conflit sans arrêt quoi, donc et bon c’est un conflit permanent avec mes beaux parents, avec ma femme, avec tout le monde.

− Je vais me disputer avec la belle mère le matin, je suis sûr qu’à midi je vais avoir le reste à la maison quoi, parce que ma belle mère va en parler, ça va faire boule de neige et je vais avoir une tête comme une cabane à midi.

− Ca se ressent sur pas mal de choses.

I : Oui ?

Mr D. : Pour citer un exemple un peu plus flagrant, même si je m’en fous, c’est pas mon truc, mais bon pour Noël, ça va être sa fille qui est en priorité, quoi, moi, on va m’offrir , un truc moi, même si je trouve que normal, ça va être pour sa fille, sur des moments, sur la naissance de notre fille, par exemple, notre fille ou notre fils, c’est ma femme qui passe en priorité et les enfants, moi je suis un petit peu exclu de tout ça.

I : Votre place ?

Mr D. : − Disons que moi j’ai l’impression que je suis un peu là pour travailler et pour amener la bouffe, et je dois dire amen à tout.

− Euh, c’est pas dans mon tempérament, voilà donc, c’est vrai que j’ai un petit peu de mal, donc voilà.

I : Et vos douleurs dans tout ça ?

Mr D. : − Y a toujours eu plus ou moins des conflits depuis qu’on est marié, les conflits sont un petit peu plus importants, la douleur, ça, la maladie a pris le pas, a pris le pas sur ma vie, je suis en souffrance, j’accepte un petit peu moins les choses, je suis fatigué et j’ai du mal, et j’ai un petit plus de mal à supporter les choses, du coup, j’explose plus facilement.

− Il faut que les problèmes qu’il y a, c’est qu’il faut que je gère ma maladie, faut que je gère ma famille, faut que je gère le magasin et faut que je gère les autres soucis qui peuvent se greffer dessus, donc c’est vrai que c’est une accumulation de choses, donc voilà, avant j’avais une solution échappatoire, c’était les pompiers, c’était mon, mon truc à moi et j’avais pas la famille qui s’enclenchait dedans.

− C’est pour ça, je disais en vendant la boulangerie, en travaillant chez un patron, j’aurai mon truc à moi, je pourrai souffler, que j’aurai personne qui va venir mettre son nez au dessus.

I : Vous avez gardé des relations de votre apprentissage ?

Mr D. : − Moi, j’avance avec l’avenir pas avec le passé, tout ce qui s’est passé derrière, ça s’est passé derrière. J’ai très peu d’attaches sur ma vie antérieure.

− A chaque fois que j’ai pris une décision de changer ma vie, je changeais aussi, je faisais une croix sur ce qui se passait avant.

− Je regarde toujours devant, c’est pour ça que je vis avec l’avenir et je vis pas avec le passé, c’est pour ça que vous parlez de mon passé, c’est très dur pour moi, parce que, je sais pas comment l’expliquer, mais, j’ai beaucoup de mal à me rappeler les dates, me rappeler certaines choses, bon en plus, j’ai l’impression qu’avec ma maladie, les cachets, j’ai des pertes de mémoire, par moment, donc, j’ai un peu des trous, j’ai un peu de difficultés à revenir en arrière.

I : Et les traitements, ça vous soulage ?

Mr D. : − Je dirai que j’ai plus une aggravation qu’une amélioration, j’ai des soulagements mais pas d’amélioration.

− J’arrive à avoir des périodes où je suis à peu près bien, notamment sur les périodes où on fait les blocs à la kétamine, me redonnent un peu de tonus mais ça dure jamais très longtemps.

I : Et le travail ?

Mr D. : − Quand je vais mieux, j’essaie de jamais dépasser mes limites. Je dirai que j’en fais plus, dans le sens où je profite plus de mes enfants.

− Quand je vais mieux, je vais plus avoir tendance à profiter de mes enfants, à vouloir sortir avec eux, à vouloir prendre de bons moments avec eux et leur donner un peu plus que ce que je peux leur donner à l’heure actuelle, notamment, les prendre dans mes bras, chose que à l’heure actuelle, je les prends un peu moins dans mes bras, puisque je suis en souffrance et que le fait de les avoir dans les bras, je peux pas les tenir longtemps, parce que ça me fais mal.

I : Et le petit ?

Mr D. : Le petit, je le prends très peu avec moi, si ce n’est quand je suis couché ou assis, à ce moment là, c’est différent, mais j’essaie de me préserver, pour eux et comme j’ai toujours dit, si y avait pas mes enfants, ça fait longtemps que ça serait terminé, voilà.

I : Oui ?

Mr D. : − Parce que mentalement, c’est ma vision des choses, parce que j’ai eu des moments très très dur, j’ai eu des périodes qui ont été très, très hard au niveau douleur, notamment, l’année dernière, j’ai fait pas mal de stages, ici, j’étais transporté souvent par les ambulanciers, parce que bon, j’ai eu des grosses crises qui ont donné de fortes douleurs, donc ça a été très, très dur pour moi, même à l’heure actuelle, quand j’ai des grosses crises de douleur, c’est vrai que c’est, euh, je dirai que la maladie en elle-même, je, je l’ai admise maintenant, mais, j’ai du mal à gérer la douleur, j’ai beaucoup de mal avec la douleur.

− C’est surtout gérer la douleur, les crises qui sont, qui sont assez violentes et c’est vrai que supporter les maux, c’est pas évident quoi, surtout que bon, j’ai pas d’anti douleur vraiment unique qui me fais du bien, et malgré tout ce qu’on a pu essayé avec Mr A., y a pas grand-chose qui me soulage, donc, dès que je suis soulagé sur un côté, j’ai un autre truc qui se détraque, et bon, à l’heure actuelle, c’est une douleur du ventre.

−J’ai une fibroscopie à passer, ils ont refusé de la faire parce que ils, apparemment, l’année dernière, Mr A. m’a envoyé faire une coloscopie et une fibroscopie en même temps, donc, je savais pas, donc, suite à ça, …, la prise de sang est revenue, bon, apparemment, y a un petit souci, donc, j’ai un petit peu moins mal, mais ça reste très sensible.

− Je dirai que, pour moi, me soulager c’est gérer les douleurs et encaisser les douleurs, et ça c’est vrai, que au début, ça fait mal, on serre les dents, ça va passer, mais c’est vrai, qu’avec le temps, j’ai de plus en plus de mal à accepter ces douleurs violentes et diffuses un peu partout et en plus j’ai un corps qui est un peu réfractaire aux médicaments, pour en avoir discuté avec le Dr A., on parlait de la kétamine sur un sucre, il disait halte au feu, il vaut mieux qu’on vienne à l’hôpital, pour faire un test parce que mon corps répond à chaque médicament, donc c’est vrai, que les traitements médicamenteux, c’est pas évident, parce que je fais des allergies, je fais toujours des effets indésirables au-dessus, donc, ça était l’année dernière un état de choc, on a été obligé de m’envoyer ici, ça m’a occasionné pas mal de petits soucis, aussi à côté, donc c’est vrai, que j’ai, l’année dernière, ça a été la grosse galère quoi.

− Maintenant, ça va pas trop, trop mal, j’ai pas encore fait le stage à la kétamine. J’ai pas fait le bloc kétamine.

− Ce qui me soulage un petit peu c’est le kiné, donc, j’y vais une fois par semaine mais le travail n’est pas compatible avec ce qu’on peut faire, c’est un petit peu le problème, c’est que je suis pas compatible, le bénéfice qu’il m’apporte ou le soulagement qu’il m’apporte va être détruit, je dirai dans les deux trois jours, en fait, trois jours de soulagement, qui vont être vite perdu puisque mon boulot, voilà, je suis toujours en train de bosser, c’est vrai que ça, ça fait soucis.

I : Et la boulangerie, vous en êtes où ?

Mr D. : J’ai une promesse de vente qui est faîte, on verra ça la semaine prochaine, puisque promesse de vente c’est une chose, maintenant, est-ce qu’il aura les crédits suffisants, j’en saurai plus la semaine prochaine, mais maintenant, j’aspire à me débarrasser rapidement de mon boulot et essayer de trouver quelque chose de beaucoup plus, de beaucoup plus léger, mais bon, j’en suis pas à ce stade là parce que disons, moi, je marche par étape et que je marche pas à l’objectif, donc, moi, mon objectif 1er, c’est de me débarrasser de               , 2ème objectif, c’est me prendre au moins 3 mois pour moi, pour souffler, donc, je voudrai essayer de partir au moins 3 semaines déjà en cure, voir ce que ça va donner, prendre un peu de temps après la cure pour récupérer.

I : Le médecin vous l’a prescrite ?

Mr D. : Non, parce que tant que le magasin n’est pas vendu, je peux pas me permettre de partir, donc je suis obligé d’attendre, j’ai des projets dans la tête.

I : Et avec votre compagne, vous en avez parlé des projets après la boulangerie ?

Mr D. : − J’en ai parlé de certains, pour le moment, j’ai pas de suivi, mais bon, euh, après c’est soit elle bouge avec moi soit elle bouge pas, et à ce moment là, moi je bougerai tout seul, mais c’est vrai que maintenant je veux plus, disons que, je veux essayer de vivre un peu ma vie entre guillemets.

− Je veux passer un peu à autre chose, d’arrêter de m’occuper toujours de ce que va penser ma femme, et ce que va penser mes beaux parents.

− J’ai conforté ma décision depuis vendredi de la semaine dernière quand elle aura compris que moi j’ai besoin d’une épouse, et pas d’une mère ou d’une personne qui est absente, on verra.

− J’ai l’impression que depuis quelques temps, on s’éloigne énormément, on a de moins en moins d’attaches ensemble, et depuis quelques temps, je pourrai pas vous dire si quels sont mes sentiments envers ma femme.

− Je sais pas si c’est un sentiment fraternel ou ami ou amour, je suis incapable de le définir, j’ai beaucoup de vide, j’ai un gros entre elle et moi, je me force à avoir de la tendresse pour elle.

I : Et elle ?

Mr D. : Tout va bien dans le meilleur des mondes, pour elle, elle arrive pas à comprendre que moi, j’ai envie d’autre chose que ce qu’on a à l’heure actuelle, que je veux sortir un petit peu du contexte familial, le gros coup de colère de ma décision de passer outre malgré les orages, j’ai conforté ça depuis pas mal d’années.

I : Et vendredi ?

Mr D. : Le soir, quand je suis rentré, je me suis reposé un petit peu, ma fille est rentrée à 16h30 de l’école, et ma femme m’a dit la grande elle veut dormir chez mamie, ce soir, donc, ils se sont mis d’accord ensemble, bon, c’est très bien, ma mère va venir chercher la gamine, je lui dis et bien si ça te déranges pas tu appelles ta mère, tu lu dis qu’on dépose la gamine et j’ai une paire de chaussures à acheter et j’avais deux trois courses à faire pour le magasin, ben comme ça, on partira tous les deux, on fait les courses et on passe la soirée tranquille et puis, bon, on sait jamais où on part avec moi, ça me prends une lubie, comme ça, ça me prends, en l’histoire de 2 minutes, d’un seul coup, vu qu’on est tous les deux.

 

ENTRETIEN MME BO.

I : Parlez-moi de votre maladie ?

Mme B. : La FM, ça fait 2 ans, à peu près, que j’en souffre, qu’on a mis un nom sur la maladie mais ça fait très longtemps, que je, que je souffre des problèmes de dos, d’arthrose, de bobo. Depuis pratiquement 25 ans, que, au début me traitait plus pour une hernie discale. J’ai tout eu, tous examens (scanner), il voyait un petit bout d’hernie discale, mais très léger, c’était pas question d’opérer. J’ai souffert des années et des années, insensiblement, les douleurs du dos se sont atténuées. J’ai fait du kiné, j’ai fait pleins de choses, d’autres douleurs se sont greffées.

Depuis 2 ans, j’ai vraiment une douleur permanente, diffuse.

Pour moi, c’est un mystère cette maladie. Depuis 3 ans, on a trouvé de l’arthrose.

Je suis mariée.

Il y a 3 enfants : 2 filles, 1 garçon.

Corinne l’aînée (15/06/1970), Agnès (01/12/1971) et Yannick (31/12/1976).

Les 2 filles rapprochées, le garçon un peu plus, pensait, j’ai toujours voulu un garçon, même la première, mon gynécologue m’a dit : oh ! ça sera un garçon, c’était une fille, j’étais déçue.

Corinne est coiffeuse à son compte.

Agnès est secrétaire administrative.

Yannick est intérimaire, il est, comment on appelle ça, il a un BTS agent de maintenance dans les usines en électromécanique. Pour le moment, il est au chômage. Il est parti de la maison en 98, ça fait une dizaine.

I : Ils ont des compagnons ?

Mme B. : Non, Yannick non, Corinne et Agnès, Corinne non, Agnès oui, Agnès a un compagnon. Jai aucun petit enfant.

I : Quels

Mme B. : Corinne, je la vois une ou deux fois par semaine.

Agnès s’occupe du club d’escalade dans mon association et je la vois dans ce cadre là.

Yannick, lui, il est informatique, jeux vidéos, il a beaucoup de copains, il a fait de la musique, il joue de la basse, il a monté un petit orchestre.

I : Votre métier ?

Mme B. : Je suis vendeuse, pour le moment, je suis au chômage, et avant, j’ai été nourrice agréée.

I : Vous êtes restée longtemps nourrice ?

Mme B. : 20 ans, le temps d’élever mes enfants et puis, quand ils ont été grands, en 89, j’ai arrêté. C’est là, que je me suis lancée, relancée dans la vente puisque quand j’ai quitté l’école à 15 ans, j’ai été 3 ans vendeuse à Clermont.

I : Ca vous plaît comme métier ?

Mme B. : Oui, énormément.

I : Et nourrice ?

Mme B. : J’aimais beaucoup, c’est moi-même qui ait décidé d’arrêter parce que j’avais plus envie, j’avais envie de faire autre chose. J’aime énormément le contact avec les gens, quand on est nounou, on voit personne.

Je suis repartie à l’école, j’ai fait une formation pour passer un CAP vente, que j’ai pas concrétisé puisque j’ai été embauchée avant, avant d’avoir passer l’examen. J’ai passé l’oral mais pas l’écrit.

I : Quelle vente ?

Mme B. : C’était dans la mode. Ca m’a plu énormément. Je suis restée 3 ans dans ce magasin, après, j’ai été licenciée pour diverses raisons qui ont pas été très sympa pour moi.

La personne qui m’a embauchée, c’était un peu l’amie, et puis, y a des choses qui se sont pas trop bien passées dans sa vie, elle a monté un autre magasin, celui du centre marchait moins, elle me l’a un peu mis sur le dos en me disant que c’était moi qui le faisait pas tourner et puis, elle m’a licenciée, elle avait quelqu’un d’autre à mettre.

Je me suis un petit peu laissée faire, j’ai été trop gentille, elle m’a licenciée pour faute. On me l’a dit, j’avais pas vraiment fait de faute, c’était en 93.

2 ans et demi au chômage, puis j’ai retrouvé en boulangerie. Au début, ça se passait bien, même mes problèmes de dos mais les 2 dernières années, je souffrais beaucoup plus de mon état de santé, ça a été un licenciement économique , la personne qui reprenait, ne pouvait pas prendre tout le personnel, à al limite, mon licenciement est bien tombé parce que, donc, je me suis dit, je vais pouvoir me reposer un petit peu, essayer de me soigner comme y faut et retrouver du travail.

I : En quelle année, vous avez été licenciée ?

Mme B. : En 80, en 2005, en 2005.

I : Et depuis ?

Mme B. : J’ai pas retravaillé, non, j’ai pas retravaillé.

I : Et ça vous a manqué ?

Mme B. : Ca me manque. Ca m’a trop manqué parce que autant pendant 2 ans, je me suis plus investie au niveau de l’association mais là maintenant, depuis un an, un an et demi, ça me manque, j’aimerai bien trouver du travail.

I : Mais, l’association c’est un travail ?

Mme B. : Ah oui, c’est un travail, mais bénévole bien sûr, je suis pas, je suis pas rémunérée du tout.

I : Et vous aimeriez ?

Mme B. : J’aimerais pour mon, ben, jusqu’au mois de janvier là, cette année, j’étais indemnisée par les assédics, là j’ai plus rien. Depuis le mois de janvier puisque je rentre plus dans le cadre, j’ai pas retrouvé de travail et avec le salaire de mon mari, j’ai plus droit à aucune aide, automatiquement puisque ils se basent sur les revenus du foyer.

I : Et financièrement ?

Mme B. : Et financièrement, là c’est un peu dur quoi, même si c’était pas, une, une grosse somme puisque j’ai toujours travaillé à demi temps dans le commerce, j’ai jamais été, enfin bon, je touchai, jusqu’au mois de janvier, je touchais 430 euros par mois. Pour moi, c’était important. J’avais un, mon petit, mon petit salaire quoi, pour me faire mes petits, mes petits plaisirs donc, c’est vrai que depuis 2 mois, ça me contrarie un petit peu, ben oui, seulement retrouver du travail, c’est pas évident, dans la vente, actuellement le commerce.

I : Oui ?

Mme B. : C’est plutôt en baisse, et puis bon, faire autre chose. A 57 ans, c’est pas facile de refaire, d’apprendre autre chose, faire une formation, c’est pas facile non plus. Y a pas énormément de débouchés, si ce n’est des ménages ou des choses comme ça mais physiquement je serais pas assurée donc…

I : Vos douleurs ?

Mme B. : Ca va pas trop bien (soupir). Franchement, j’ai pas, je suis pas, je trouve que, que je, j’ai été, j’ai été, ça fait un mois que j’étais venue ici là pour le bloc et pendant une semaine je m’étais trouvée un petit peu mieux et puis c’est revenu comme avant, si ce n’est pire.

I : Le bloc ?

Mme B. : Non, le bloc m’a rien fait, j’ai toujours très très mal, partout, des douleurs la nuit, dans la journée.

I : Ca vous empêche de faire des … ?

Mme B. : Ca m’empêche de faire certaines choses, oui. Oui, des choses, parfois, enfin, je fais pas grand-chose non plus, ce qui veut dire…

I : A la maison ?

Mme B. : Oui, je fais pas grand-chose, je reconnais que le ménage, j’ai une dame qui vient me faire 2 heures de ménage par semaine, et là cette semaine, elle pas là, et c’est vrai que j’ai voulu en faire un petit peu plus, j’ai du mal, passer l’aspirateur et tout ça me…

I : Les repas, les courses ?

Mme B. : J’entretiens, je fais mon lit, j’écarte, je repasse.

I : Et votre mari ?

Mme B. : Lui, il est géomètre, employé, enfin, il est cadre, il travaille à V.

I : Et par rapport à la maladie ? Ca se passe comment avec votre mari ?

Mme B. : Oui, mon mari est très, euh, discret, il parle beaucoup, il parle pas beaucoup, alors on en parle pas beaucoup de la maladie, on en parle très peu.

I : Il vous accompagne quand y a le bloc ?

Mme B. : Ah oui, par contre, oui, oui, il est venu me voir, oui, oui y a pas de problème.

I : Et vos enfants ?

Mme B. : Aussi.

I : Oui ?

Mme B. : Surtout mes filles, mon fils un petit moins, parce que lui, bon, c’est un garçon aussi, un peu, non mais je, disons que c’est un peu moi qui le sollicite parfois, disons.

I : Et vos filles ? Vous êtes proches de vos filles ?

Mme B. : Les deux.

I : Oui ?

Mme B. : L’aînée, plus.

I : Oui ?

Mme B. : La deuxième est plus indépendante mais elle est , elle est très secrète, et je pense que elle, qu’elle exprime pas toujours ce qu’elle ressent par rapport à moi, et on a eu, été en conflit aussi (rires).

I : En conflit ?

Mme B. : Oui.

I : Et là ?

Mme B. : Ben, disons que tout de suite, ça va très bien, on est en très bon terme, mais on a eu des conflits…

I : Et entre eux ?

Mme B. : Ah là, les deux sœurs s’entendent pas très bien.

I : Non ?

Mme B. : Oh, c’est pas méchant, elles se parlent, c’est pas du tout, non, non, elles se parlent mais bon elles ont pas la même, la même façon de voir un petit peu la vie, donc elles se, elles se, elles s’accrochent, elles sont pas du tout pareilles. De toute façon, quand on les voit, on a du mal à croire que c’est deux sœurs, elles se ressemblent pas du tout physiquement.

I : Avec leur frère ?

Mme B. : Avec leur frère, elles s’entendent très bien, toutes les deux, ils s’entendent très bien.

I : Vos parents ?

Mme B. : Mon papa et, et ma maman sont décédés, y a quelques années.

I : Votre mère ?

Mme B. : Elle est décédée en 2007.

I : Elle avait quel âge ?

Mme B. : Elle avait 88 ans.

I : Donc, elle est née ?

Mme B. : En 1918. Mon père, lui, est décédé en 1982, né en 1914.

I : Et votre famille ?

Mme B. : On était 5, même 6, qu’on a eu un, un bébé qui est décédé très jeune.

I : Et vous, vous avez quelle place ?

Mme B. : Moi, je suis l’avant dernière (sourires). J’ai 3 sœurs, euh, 2 sœurs.

I : C’est une grande famille ?

I : Là c’est ?

I : La dernière c’est ?

Mme B. : Et voilà, c’est l’aînée, c’est Lucette, c’est une fille, non la plus vieille je veux dire.

Après, y a Odette, la deuxième fille.

Robert, le garçon, en troisième, qui est décédé.

Après, y a eu donc le bébé qui était décédé c’était Jean. Non, Pierre, excusez-moi.

Jean, c’était mon papa. D’accord, il est décédé tout petit, il avait 3 mois je crois, il avait la, ce qu’on appelait la maladie bleue.

Après, y a eu moi.

Et puis, mon frère, le plus jeune.

Et mon frère Alain.

Lucette 1939, Odette 1941, Robert 1942, le petit Pierre c’était 40…4 je crois, je suis pas sure à 100%. Moi 52, oui y a eu énormément d’écart et 53 mon frère.

Moi, je suis du mois de juin, lui de septembre, on a 13 mois et demi d’écart.

I : Vos parents ?

Mme B. : Maman, c’est Marie-Louise et mon papa Jean.

I : Combien de différence avec votre sœur ?

Mme B. : Avec ma sœur aînée, j’ai 14 ans.

I : Quelles relations avez-vous avec vos frères et sœurs ?

Mme B. : Avec mes deux sœurs, bonne relation, très bonne relation.

Avec mon frère qui est décédé, on avait de très bonnes relations, aussi jusqu’à sa maladie. Il est décédé en 2000, attendez on est en 2009, 2004.

I : Il avait ?

Mme B. : Il avait 62 ans, voilà.

I : Il est décédé de ?

Mme B. : De la maladie de Charcot, sclérose en plaque amyotrophique en 18 mois. Ca s’est déclaré très très vite, et donc on avait de très bon rapport avant entre lui et moi. On le voyait souvent, et du jour où sa maladie s’est déclarée, et ben, on l’a vu beaucoup moins et je sais pas comment expliquer, plus un petit peu, pas notamment lui, mais plutôt sa femme, qui a un petit peu exclu la famille autour de lui. Est-ce qu’elle voulait pas trop en parler, je sais pas donc on l’a vu beaucoup beaucoup moins.

Beaucoup moins quand, au moment où il a eu, oui c’est en 2002 du reste qu’il a commencé à avoir ses problèmes, puisqu’il est tombé d’une échelle, apparemment c’était la maladie qui devait commencer, et qui était pas du tout, ils l’ont trouvé 6 mois après quand même.

I : Il avait des enfants ?

Mme B. : Oui, il a 2 filles.

I : Il était marié ?

Mme B. : Oui, il est marié.

I : Sa femme, vous la voyez ?

Mme B. : Très peu.

I : Lucette ?

Mme B. : Lucette est mariée, oui, ils ont une fille qui a, qui est grande, qui a 10 ans de moins que moi (rires) et oui y a de la différence. Elle est née en 62, Claudine qui était ma première petite nièce, que j’ai pas beaucoup gardé si on veux, puisque j’étais jeune aussi. Je suis assez proche de Claudine, elle est pas dans la région malheureusement.

I : Odette ?

Mme B. : Odette, elle est mariée aussi, elle a 3 enfants, 2 filles et 1 garçon. Je les ai aussi pas mal gardé (rires) puisque ma sœur était dans le commerce, était boulangère, j’allai lui donner souvent un coup de main, surtout les week-ends.

I : Et Alain ?

Mme B. : Il est marié, il est pas marié, il vit en couple, il a divorcé, voilà lui aussi. Il a eu 2 enfants, une fille et un garçon qui est décédé, Mickaël qui est décédé à 20 ans, d’un accident de voiture, de la route, très gros choc. Il était né en 73 donc il est décédé en 93. Suite à ce décès, qu’ils ont divorcé, d’accord. Et puis y a la fille Angélique qui est plus jeune.

I : Et après, il s’est remarié ?

Mme B. : Il vit en concubinage. Et Alain, on est toujours proche.

I : Si on prend la douleur ?

Mme B. : FM depuis 2 à 3 ans, autres douleurs depuis 25 ans, depuis 85 à peu près, c’est là que j’ai vraiment commencé à souffrir du dos.

I : Vous aviez 30 ans ?

Mme B. : Oui voilà. Au début, je m’étais dit, je m’étais fait mal dans le jardin parce que, bon à ce moment là, je jardinais, lieu, ou j’arrachais des arbres. J’étais à la maison, je gardais les enfants. Je jardinais et je m’étais dit, bon, ben tiens, un jour, j’ai commencé à avoir mal en jardinant puis, bon, insensiblement la douleur est restée.

 

L’origine de la famille.

Mme B. : Je suis née à Clermont, mais on habitait à la campagne. On a été élevé à la campagne. Moi, je suis partie de chez moi quand j’ai été travaillé, à 15 ans, puisque j’ai arrêté l’école à 14, 15 ans. J’aimais pas l’école (rires). Mes parents étaient pas enchantés. Mon papa travaillait à la SNCF, il était poseur sur les voies. Et maman était femme au foyer.

On avait des bêtes, un petit peu paysan et quand j’ai, j’ai plus voulu, j’étais en 6e et 5e. J’ai redoublé la 5e, et puis bon, j’avais pas envie de rester à l’école, donc maman a dit : si tu vas pas à l’école, tu vas travailler. A ce moment là, y avait pas le choix.

I : Et vos frères et sœurs ?

Mme B. : Ma sœur aînée, elle est couturière de métier donc elle a été à l’école, je sais pas jusqu’à quelle heure, jusqu’à ce qu’elle ait, qu’elle ait trouvé du travail quoi.

I : Oui ?

Mme B. : Ma 2e sœur apprenait également la couture mais après elle s’est marié donc elle est partie dans la boulangerie puisque son mari était boulanger donc ils ont acheté une boulangerie.

I : Après ?

Mme B. : Robert, lui, était mécanicien, toute sa carrière dans la même boîte. Et puis moi, donc, j’étais nounou, puis vendeuse. Et Alain, il est aussi mécanicien, et puis instructeur à l’AFPA à Clermont.

I : Tout le monde est dans le coin ?

Mme B. : Oui, à part Lucette, elle est dans le Doubs. Elle est dans son petit mobilhomme.

I : Et son mari la suit ?

Mme B. : Oui, mais ils sont un peu séparé.

I : Oui ?

Mme B. : (rires). Ils sont pas séparés officiellement. Ils sont un petit peu en conflit, c’est un peu, un peu spécial. Son mari est mécanicien.

Quand y a un souci, j’appelle ma fille.

I : Et avec votre mari ?

Mme B. : Oui, aussi. Quand y a un souci, on en parle, oui, oui, pas autant peut-être que je le voudrai mais il est très terre à terre. Mon mari, lui, y a pas beaucoup de place pour pas, pas du rêve mais un petit peu, disons, si y a un problème il faut le résoudre, c’est comme ça. Donc, des fois, ça me manque.

I : Ca vous manque ?

Mme B. : Oui, un petit peu, oui.

I : Et vos grands parents ?

Mme B. : J’ai connu ma grand-mère maternelle, décédée en 60… 8 ou 9, juste avant que je me marie, je l’ai un petit peu connu parce que les dernières années, elle était à la maison, maman la gardait dans ses derniers instants de vie donc j’étais jeune, c’était une bonne mamie, mais, je l’ai connu quand même mon grand-père maternel, je l’ai pas connu, je devais avoir 5 ans quand il est décédé, j’ai un souvenir, un flash, un papi au coin du feu.

J’ai pas connu mes grands parents paternels.

I : Et votre maman, elle avait des frères et sœurs ?

Mme B. : Oui, elle avait que des frères, que des frères, elle était l’aînée et tous ses frères sont décédés avant elle.

I : Elle en avait combien ?

Mme B. : 3, le plus jeune est décédé le premier, c’était mon parrain du reste, de maladie, je sais pas quoi, je m’en rappelle pas parce que j’étais très jeune quand il est décédé.

Euh… l’autre, y en a un qui est décédé, je l’ai connu, il est décédé aussi de maladie, y avait un petit peu d’alcool, il buvait.

Et l’autre, je l’ai pas connu, disons que je l’ai pas vraiment connu.

I : Donc votre maman ?

Mme B. : Elle était toute seule, elle s’occupait de sa maman.

I : Quelle relation vous aviez avec votre maman ?

Mme B. : Très bonne.

I : Et votre papa, il avait des frères et sœurs ?

Mme B. : Non, était fils unique.

I : Et ses parents, ils faisaient quoi ?

Mme B. : Paysans dans le village où mon papa est resté. Aussi dans le village d’à côté, ils étaient métayers (rires).

I : Evènements marquants

Mme B. : Dans ma jeunesse, pas que je me rappelle, non, je me rappelle d’avoir eu une enfance très bien, on était à la campagne, on allait à l’école à pied, c’était bien, les frères et sœurs aînés s’occupaient beaucoup de nous avec mon frère plus jeune, puisque on avait quand même 14 ans d’écart, l’autre plus de 10 ans d’écart donc on a été les 2 petits derniers, peut-être pas trop attendus, maman me disait souvent « vous vous êtes pas appelés désiré, mais en riant (rires) » mais elle nous adorait.

C’était une 2ème famille, quoi pratiquement, ils ont eu ces 2 enfants, bon, qu’ils attendaient peut-être pas trop parce qu’ils avaient les 3 aînés, lieu, il s’est passé 10 ans entre le décès du petit Pierre, et puis moi et ma naissance.

I : Et votre maman, elle en parlait du petit Pierre ?

Mme B. : Non, elle en parlait pas du tout. On le voyait au cimetière, on savait qu’il était décédé parce qu’on a la petite plaque sur la tombe.

I : Elle l’a vécu comment ?

Mme B. : Je sais pas. Elle m’en a jamais bien parlé.

I : Et les aînés ?

Mme B. : Non plus. Ca a toujours été le petit Pierre qui était un petit ange, qui est parti. C’était pendant la guerre donc… Mon père est parti à la guerre, il a été jusqu’à Dunkerque, juste avant le débarquement, il est revenu avant l’Armistice, sais pas grand-chose. Il est parti pendant la guerre mais je sais pas quand.

I : Il est né en quelle année ?

Mme B. : Est né en 1914.

I : Donc, il avait 25 ans au début de la guerre ?

Mme B. : Il est parti tout de suite, vu la famille, on en a jamais vraiment parlé, et le petit Pierre, on n’en pas parle beaucoup. Il a pas vécu, très très longtemps, 1 ou 2 mois. Simplement, ce qu’elle nous disait c’est qu’il est mort de la maladie bleue. Mes frères et sœurs se sont occupés de nous quand on était plus jeune. On était presque des poupées pour eux.

I : Robert, il avait 10 ans quand vous êtes née ?

Mme B. : Oui et Lucette, quand je suis née, elle avait presque 14 ans. Et, en plus, qui ont choisi nos prénoms.

I : Ah bon ?

Mme B. : Oui, oui, ça je le sais. Ils me l’ont toujours dit, ils ont choisi notre prénom. Moi d’abord, ben puis après… (rires) avec l’accord de mes parents certainement. Mais disons, toute ma jeunesse, je me rappelle avoir vu mes frères et sœurs très près de moi, s’occuper de nous.

I : A la maison ? Le travail, comment c’était ?

Mme B. : A la maison aussi, le travail, tout le monde donnait, faisait son, son petit coin, son petit chose, on avait une petite maison pas très grande, on était assez entassé. Moi, je dormais avec mes sœurs, y avait une chambre pour les 3 filles et une chambre pour les 2 garçons. Tout petit, on dormait dans la chambre dans la chambre des parents puis on a intégré la chambre des frères et sœurs.

I : Et vos parents, ils s’entendaient bien ?

Mme B. : Oui, oui, très, très bien. Mon papa était en retraite assez tôt, puisque il était SNCF, il a été en retraite à 55 ans, donc ils ont fait beaucoup de voyages, beaucoup de sorties, ils ont bien profité.

I : Et votre mari, il est pas à la retraite ?

Mme B. : Non, à la fin de l’année.

I : Et pendant les vacances, vous voyagez ?

Mme B. : Disons que mon mari a hérité de sa grand-mère d’une maison, d’un appartement au G. Donc, on va tout le temps au G (rires). Il adore, lui, (rires), moi j’aime bien, mais je m’en lasse, maintenant, j’aurai envie d’aller un peu ailleurs, alors, mais lui, il aime pas trop voyager, il aime pas trop donc, on a fait quelques sorties, si on a été en Martinique et en Allemagne, lié à nos activités associatives, lui il s’occupait d’un club de natation mais un petit peu, sinon, on bouge pas trop.

I : Comment vous gérez quand vous avez mal ?

Mme B. : Pas trop bien, j’essaie de, quand même, continuer, je dirai que je bouge quand même mais c’est dur, mais y a des fois où j’ai des cours de         où j’ai qu’envie de me mettre dans un petit coin et de plus bouger.

I : Oui ?

Mme B. : Ca me contrarie, j’ai le moral un peu bas (rires). Oui, c’est ça qui me contrarie de pas pouvoir faire ce que j’ai envie de faire.

I : Avant, vous étiez plus active ?

Mme B. : Ah oui, du fait de mon travail déjà en boulangerie, j’étais très, très active puisque y avait beaucoup de travail, fallait beaucoup bouger. Je menais de front, à côté, l’associatif aussi, puis les week-ends, j’allais sur les compétitions, j’allais sur les compétitions de natation, aussi, l’emploi du temps était très, très chargé. Alors que là, beaucoup moins.

La journée, je monte au bureau. Tous les jours, vers 9h jusqu’à 12h, l’après-midi, pareil, 14h30 jusqu’à 18h, à peu près. Des fois, le soir, j’ai des réunions, je fais mes réunions mais je le fais avec plaisir, c’est pas une contrainte.

I : Et quand vous arrêtez ?

Mme B. : Eh bien, c’est dur (rires). Je me mets un peu sous tension. Quand je suis en réunion pour essayer de, mais d’un autre côté, c’est bien aussi, parce que ça me fait un peu oublier mes douleurs, je reconnais, mais par contre, je peux pas rester plus longtemps de 2h assise sans bouger, j’ai du mal après quand je bouge. C’est vrai, dans certaines réunions, je m’autorise à me lever, et puis les week-ends, le samedi, maintenant, l’après-midi, j’ai des amies, j’ai des copines, on se balade, on fait les boutiques.

I : Vous avez beaucoup d’amies ?

Mme B. : Oui, oui, j’ai beaucoup de relations. J’ai une amie très, très proche, Danièle, qui a perdu son mari y a 4 ans, on est très, on est très proche, disons, pour sortir aussi, une fois, deux fois par semaine, je vais la voir chez elle, le soir, on papote, on boit la tisane, et voilà.

I : Et Corinne ? Elle a pas de petit ami ?

Mme B. : A chaque fois, c’est elle qui a été abandonné, lâché, je trouve dommage, c’est ma fille, c’est, elle a beaucoup de copines, elle aussi. Elle a une vie sociale très riche, elle a des copines, qui ont des enfants, c’est vrai qu’elle aurait peut-être aimé avoir des enfants.

I : Et votre mari ?

Mme B. : Lui en parle pas, je sais pas ce qui, du tout, il adore les enfants aussi. Il aime bien mais je sais pas ce qu’il ressent. C’est sa nature, il est très, très secret.

I : Vous aimeriez qu’il parle davantage ?

Mme B. : Un peu, oui mais bon (rires). Après 40 ans de mariage presque enfin 39 ans, c’est vrai que…

I : Vous vous êtes bien entendus ?

Mme B. : Oui, oui, enfin comme dans tous les couples.

I : Et votre mari ?

Mme B. : Il est en bonne santé, il a de la tension, il attend la retraite. Au niveau familial, j’ai pas de gros, gros soucis quoi, je m’entends bien, à peu près, avec tout le monde, si ce n’est avec ma belle sœur, que mon frère est décédé, ça me contrarie un petit peu, oui parce qu’on s’entendait.

I : Vous avez pu en parler ?

Mme B. : Non, j’en parle avec mes sœurs. Moi, j’ai un petit peu réfléchi, parce que c’est vrai que, pendant la maladie de mon frère, on l’a pas vu beaucoup. J’osai pas trop y aller, c’est difficile quoi, chaque fois que je demandais des nouvelles, oui, ça va, ça va puis, insensiblement, à ce moment là, je le voyais un peu plus parce que ma mère était à la maison de retraite, donc il venait la voir, et on s’est trouvé ensemble mais je savais pas le jour où il venait, il venait sur Issoire, mais il passait pas nous voir.

Le dernier Noël, on faisait toujours Noël chez eux, donc on a passé le dernier Noël chez lui. Il est décédé en novembre 2004 donc décembre 2003, il était encore assez bien, jusqu’au printemps. J’aurai pu y aller chez lui, je sais pas comment, j’avais envie d’y aller et d’un autre côté dire, j’avais peur, (pleurs), peur de la maladie.

I : Et votre mari ?

Mme B. : Il est terre à terre, les sentiments il aime mais je pense que il a pas eu beaucoup d’amour, dans sa jeunesse, du moins de la part de sa maman.

I : Oui ?

Mme B. : Je l’ai un peu vu dire. Ma belle mère était très dure, très spéciale.

I : Vous l’avez connu votre belle mère ?

Mme B. : Ma belle mère, mon beau père, je les ai connus. Ils sont décédés tous les 2. Ma belle mère était très, très spéciale, mon beau père était très gentil, par contre je m’entendais super bien avec mon beau père, énormément bien, du reste c’est moi qui l’ai assisté sur ces derniers jours, il est décédé, ici à l’hôpital, et ma belle mère s’en est pas occupé.

I : En quelle année ?

Mme B. : Il est décédé en 92, je crois.

I : Vous aviez quel âge ?

Mme B. : J’avais 30 ans.

I : C’est vous qui l’avez accompagné ?

Mme B. : Oui, on l’avait fait hospitalisé.

I : Vous aviez vos enfants, vous étiez la nounou, vous veniez à l’hôpital ?

Mme B. : Je me suis occupé un peu de tout le monde (rires), oui. Même de la grand-mère de mon mari, donc la maman de mon beau père, qui est décédée en 85.
I : Oui ?

Mme B. : Elle était très âgée. Elle était née en 1900, donc elle avait 85 ans. Les derniers temps, je m’en suis occupée dans les années 80, elle avait été très malade, je l’avais prise à la maison. C’était une femme très dure aussi, très (rires), qui a pas beaucoup de sentiments non plus, c’était le travail, c’est tout, il fallait s’amuser à côté, (rires).

Donc, c’est pareil, je m’en suis occupée aussi à la maison, elle était dure aussi, y avait pas beaucoup de places à fantaisie, puis après, elle est allée en maison de retraite et elle est décédée.

I : Mariage en quelle année ?

Mme B. : En 70, j’étais très jeune, j’étais enceinte de Corinne.

I : Oui ?

Mme B. : Ca faisait 2 ans et demi que je connaissais mon mari. La maison où on est, c’est la grand-mère qui nous l’a faite, qui nous l’a acheté. Comme elle avait que ce fils et ce petit fils, donc, seulement, comme elle s’entendait pas avec son fils et avec moins avec la belle mère, avec la belle fille (rires), elle s’entendait pas du tout, du tout, donc, elle reportait tout son, son amour sur mon mari et sur nous. Mais moi, elle m’aimait bien, moi je l’aimais bien aussi la grand-mère, la vieille même, elle était très, c’est une fille qui avait vécu toute seule, toute sa vie, qui avait réussi, qui avait eu de l’argent, qui avait, qui avait des biens, qui avait des choses comme ça donc y avait pas de place à la fantaisie chez elle.

On avait pas le droit de s’amuser, on travaillait point, alors c’est vrai que moi, à ce moment là, à 18 ans, j’avais mes enfants, j’aimais bien un petit peu, même si c’était difficile, mon mari a toujours travaillé, on a pas manqué d’argent, le petit superflu, était toujours superflu pour elle.

I : Donc ?

Mme B. : Il fallait montrer beaucoup de sentiments mais après, j’étais pas fâchée avec elle, c’est pas ça, je subissais un petit peu, et puis bon. Et du fait qu’elle nous logeait et tout, c’était pas facile quoi.

I : Pour vous ?

Mme B. : Pour moi, c’était pas toujours facile.

I : Vous étiez chez elle ?

Mme B. : Voilà, on vivait pas avec elle mais la maison, mais on était pas vraiment chez nous.

I : Et vous ?

Mme B. : Nous, on était très famille. La famille de mon mari, c’est lui tout seul, son père tout seul, c’est unique, tout seul, ils sont fils uniques tous les 2, donc ils riaient. Nous, on partageait tout, eux c’est pas la même chose, la même vie, c’est vrai mais bon.

Non, la vieille grand-mère, c’est vrai c’est pour dire, je l’ai gardée, je l’ai soignée à la maison quelques temps puis après, elle est repartie.

Et puis, ma belle mère que j’ai également, que j’ai également soignée et que j’ai gardé à la maison jusqu’à ce qu’elle décède.

I : Le reste de la famille ?

Mme B. : Mes 2 nièces. L’aînée est mariée, elle a divorcé. Ma nièce, elle est mariée, elle a un petit garçon (celle de Robert). Elle a pas mal de soucis avec son mari, on la voit pas souvent.

Maman était pas exigeante du tout, mais c’est la vieillesse, elle se rendait plus trop compte, si j’y allais pas d’un jour, elle était pas contente. Il fallait que je sois tout le temps présente, c’était moi qui devais faire ça. C’était pas mes sœurs, même si mes sœurs étaient disponibles, elle demandait à moi, c’était que moi.

I : Et vous disiez pas non ?

Mme B. : Non, (rires)… Je sais dire non, oui des fois, même si j’ai du mal, c’est vrai que j’y pense souvent. Les douleurs, toutes ces tensions, tout le long, j’étais debout, tout, des fois c’était dur.

Tout ce que j’ai pris, on en a plein le dos (rires). Silences.

Regarde le genogramme.

Quand j’y réfléchis, y a beaucoup de gens qui sont partis.

Oui, le dessin (rires), c’est très parlant, (pleurs).

 

 

ENTRETIEN MME MAR.

Mme M. : C’est ça aussi qui fait que j’ai été une femme soumise, donc cette maladie, c’est le déclencheur, ça a été l’accident.

I : D’accord.

Mme M. : Je pense que ça a été la goutte qui a fait déborder tout ça, parce que y en a eu trop, j’ai emmagasiné, emmagasiné, emmagasiné, fallait bien que ça sorte, donc moi j’ai pas fait de cancer, j’ai pas fait de chose comme ça, j’ai fait la fibromyalgie, ben c’est ça.

I : C’est ça ?

Mme M. : C’est sur, moi je le vois comme ça, en tout cas.

I : Votre mari ?

Mme M. : Il s’appelle Pierre, on est marié, bientôt 5 ans.

I : Votre prénom ?

Mme M. : Marie-Jo.

I : Votre date de naissance ?

Mme M. : 15 juin 54 et 5 mars 57.

I : Vous avez eu des enfants ?

Mme M. : Non, lui, il en a 3. Il est divorcé. Il a deux filles, un garçon, l’aîné Mickaël, il a 31 ans, une fille Magali, elle a …

I : Quel âge elle a Magali ?

Mme M. : Elle a 27 ans puisqu’elle est née en 80…81 et Marie-Aline, la plus chieuse, celle qui nous en a fait voir le plus, elle est de 86, de 87.

I : Vous les fréquentez ?

Mme M. : Ah oui, maintenant, ça va mieux mais ça a été dur, très, très dur, parce que leur mère a tout fait pour que ça se passe mal, parce que si vous voulez, lui, je l’ai connu, enfin on se connaissait depuis longtemps, mais on a eu une relation à partir de 88, on a eu une relation tous les deux mois, il était marié et, donc, son ex femme a empêché que, on, parce que moi j’étais veuve en 87 et, lui, a empêché les choses.

I : Vous vous êtes mariés en quelle année ?

Mme M. : Avec ?

I : Avec Pierre.

Mme M. : En 2004.

I : Et vous aviez des enfants ?

Mme M. : Alors, quand je me suis mariée, en 77, d’un premier mari, parce que y a eu deux mariages là, (rires), ma vie, elle est très compliquée, (rires).

I : Le premier mariage ?

Mme M. : Ah oui, y en a eu deux, alors le premier mariage, c’était Joseph, il s’appelait, donc il est décédé en 87 d’ailleurs, il était né en 55, donc il avait 32 ans, il s’est suicidé, vous pouvez le mettre parce que c’est important.

I : Oui ?

Mme M. : Oh oui, parce que lui, il m’en a fait voir, il était violent, il était alcoolique, et violent même.

I : Et vous avez eu des enfants ?

Mme M. : quatre, quatre avec lui et un avec celui là.

I : L’aîné ?

Mme M. : Yannick, il a 32 ans.

I : Donc, il est né ?

Mme M. : En 77, voilà, après Karen en 79.

I : D’accord.

Mme M. : Après David 81, j’avais bien travaillé.

I : Hein ?

Mme M. : Oui. Et puis Vanessa 82.

I : Après ?

Mme M. : René et Mélanie en 93. Et lui, je l’ai rencontré en 91, décédé en 2004, et divorcé en 2002 et il est décédé en 2004. Oh, je sais plus dans les dates, et si fin 2004, alors il a fallu que je divorce, parce qu’il a eu un cancer, mais il était infect, après, infect, lui c’était, lui c’était de, comment on dit, c’était moral, la violence morale, lui c’était la violence physique et la violence morale, j’ai connu les deux, c’est pire, c’est pire, parce que là j’étais rabaissée, j’étais rabaissée plus bas que terre, j’étais rien du tout, les derniers temps, c’était pareil, comme y me disait, je m’essuie sur une serpillière, et après, quand je me suis retrouvée toute seule et tout, un jour, je lui ai sorti, tu t’es bien essuyé sur la serpillière.

I : Et quel métier faisait il ?

Mme M. : Lui, était ouvrier d’usine.

I : Et René ?

Mme M. : Lui, il était militaire, Major !

I : Vous êtes veuve en 87 ?

Mme M. : Vanessa, elle avait 5 ans à peine.

I : Vous viviez ensemble ?

Mme M. : Oui, oui, très dur, très dur, parce que, surtout, lui là (Yannick), il allait avoir 10 ans mais fallait voir ce qui lui a fait, il lui faisait faire des choses, il disait « dit à ta mère que c’est une pute », c’était horrible, horrible, il lui faisait verser les, il lui faisait prendre les pichets d’eau et il me les faisait verser sur la tête, et les choses, il les faisait et c’est drôle, les enfants ont oublié ça, bon, j’essaie pas de le rappeler et il le faisait toujours à table, quand ça lui plaisait pas qu’il était en colère, parce qu’en plus y me trompait et pour pouvoir partir de la maison, y faisait ça à table, comme ça y pouvait foutre le camp et aller batifoler ailleurs.

I : Et le décès ?

Mme M. : Parce que si vous voulez, je suis partie avant que, parce que les derniers jours avant de décéder, il était devenu fou, et là, comment elle s’appelle, sa psy m’avait dit partez, et je suis partie chez ma sœur dans le midi, j’avais mis une grande distance pour pas que y me retrouve.

I : Et vous avez emmené les enfants ?

Mme M. : − Ah oui, on était parti tous les, tous sans un sou, mais ça fait rien, je m’en fiche, et j’avais l’intention de m’installer dans le midi, j’avais oublié mes papiers, donc j’avais l’intention de remonter avec ma sœur chercher mes papiers, et puis, lui, y s’est suicidé entre temps, il avait mis quand même un bidon d’essence dans la maison et la portière était ouverte, mais il a avalé tous ses cachets, il avait des extraits thyroïdiens, et ça, ça a pas pardonné

− Il allait en maison, parce que la première tentative de suicide, il l’a faite le 23 janvier 83, il en a fait plusieurs, deux.

− La troisième, elle a pas été ratée, mais les deux premières, c’était vraiment pour faire peur, parce que la première, il l’a faite, et puis, il me montrait après, il était allongé dans le lit, il était à moitié dans le coltar, parce que il avait jamais avalé des cachets, mais c’était juste, c’était léger ce qu’il avait avalé, il me montrait la porte de la chambre, il fallait que j’aille voir dans la cuisine, et puis il avait, parce que la veille y m’avait tapé dessus, mais, avec les rangers et tout, fallait voir dans quel état j’étais, y me dit, ça se verra pas, y m’avait pas tapé sur le visage, parce que d’habitude, y me tapait sur le visage, et de là jusqu’en bas, j’avais des bleus partout, et il me montrait la porte de la chambre et je suis allée dans la cuisine, il avait pris, il avait marqué un mot, et puis, il avait planté le couteau dedans, et il avait mis je veux pas que ma mère vienne voilà, c’était pour dire sauvez moi.

− Quand même, il voulait pas mourir, il a jamais voulu mourir, et la troisième fois y s’est raté quoi parce que y pensait s’endormir quoi, y pensait pas mourir, manque de bol ! J’étais pas là ! Parce que la deuxième fois, il a avalé des cachets, moi j’étais en train de faire du canevas et je savais qu’il était en train de le faire, mais le médecin m’avait dit qu’y ferait du chantage au suicide, y m’avait dit laissez le faire, donc je l’ai laissé faire et après, j’ai été voir dans la cuisine, il en avait laissé trois au fond du tube et puis, il avait pas pris les pires, il avait pris les plus simples et donc, j’ai dit bon, il s’était mis dans le canapé, bon maintenant, je vais appeler le médecin, y me dit non, attend que ça ait fait effet parce que sinon tu seras accusée de non assistance à personne en danger. Je dis ah bon ? Bon ben, j’ai appelé le médecin, j’ai dit il a avalé des cachets mais enfin, ça risque rien, mais enfin, à l’hôpital, il voulait lui payer le pastis au médecin. Y m’en a fait voir.

I : A quel âge vous vous êtes mariés ?

Mme M. : A 23 ans. L’année où Yannick est né, et le lendemain on a fait le baptème parce que c’était un italien, et que sa mère n’arrêtait pas de dire qu’il se marie et que ses parents lui ont fait voir de toutes les couleurs et ben, pour contrarier, il a fait un mariage entre témoins et voilà.

I : Y avait personne au mariage ?

Mme M. : Voilà, et moi ça m’a, j’ai pas apprécié, oui moi, parce que j’ai jamais porté la robe blanche, je crois qu’un jour j’irai dans un magasin pour porter la robe blanche, rien que pour me faire plaisir je crois.

I : Oui.

I : Et Yannick ?

Mme M. : Il est né le 6 août 77, et c’est vrai que ça c’est un truc, ça, parce que la belle mère, et, quand lui, il était pas dans les parages, la belle mère me disait que c’était un bâtard.

I : Et ses parents ? C’était pas son père ?

Mme M. : Ah non, pour Yannick, parce que comme on était pas marié, et c’est des italiens, attention ! Des sardes, et des sardes en plus, alors comme on était pas marié, elle me disait à moi, oui, t’as un bâtard, et puis en Italie, quand on est enceinte et qu’on veut se marier, on se marie en rose ou en bleu, pas en blanc, j’avais pas le droit de porter la robe blanche.

I : Donc pas en blanc ?

Mme M. : Je me suis mariée en robe toute simple et lui en jean.

I : Il est né où ?

Mme M. : En France.

I : Et ses parents ?

Mme M. : Sa mère est morte six mois après lui et son père a jamais été aussi heureux.

I : Vous le voyez encore ?

Mme M. : Mais moi, toute la famille m’a abandonné, toute la famille au départ.

I : La famille de ?

Mme M. : Quand il est décédé, frères, sœurs, tout ça, plus personne.

I : Et avant ?

Mme M. : Ben, tout le monde profitait de nous.

I : C’est-à-dire ?

Mme M. : − Ses frères et sœurs venaient à la maison, mais pour profiter et puis lui, il allait beaucoup voir sa belle sœur parce que il avait son frère, qui était marié, qui avait deux enfants, et lui, il allait beaucoup voir sa belle sœur et les derniers temps, il y allait beaucoup le samedi matin de bonne heure et j’ai appris après, que lui, y parlait de divorce, mon beau frère, ma belle sœur, et une fois, moi j’ai, j’étais allée les voir, après le décès, et elle me dit, mais moi je le connais mieux que toi, ça dit bien ce que ça veut dire.

− Il avait deux frères et une sœur, il était le deuxième et ça ma belle mère, elle nous en a voulu, parce que moi j’ai eu un garçon, une fille, un garçon, une fille, et ça, ma belle mère était jalouse de ça, en plus, les deux premiers ont les yeux bleus, ça, elle est pas arrivée non plus, a avoir ça et elle avait trois garçons et une fille.

− Voilà, et la dernière, elle l’a pas regardé parce que quand elle a accouché, elle l’a regardé même pas.

I : Ah oui ?

Mme M. : Elle a accouché, elle a cru que c’était encore un garçon.

I : Et elle ?

Mme M. : Elle était comme Joseph, moi des fois, elle me téléphonait des heures et des heures, et après, elle m’a plus regardé, et je sais pas comment elle est maintenant, elle avait l’esprit, elle avait les, des envies de suicide, comme son, comme son père.

Ah mais sa mère, c’était une teigne, chaque fois qu’elle pouvait nous dire des méchancetés, après, j’avais pris le culot, comment elle s’appelait, oh ben, un nom italien. Je savais pas comment l’appeler, ni mon beau père.

J’ai Karen qui a été lui présenter ses arrières petits enfants, mais lui, en avait rien à faire.

I : Et Karen ?

Mme M. : Maintenant, elle s’en fiche, parce que je vais vous dire, à une époque, moi, j’ai vendu ma maison, je suis venue à Issoire pour trouver du travail, y nous envoyait des colis de Noël, et bien, c’était du chocolat périmé dedans, il était blanc, alors, c’est bien qu’il était vieux le chocolat, il venait pas de l’acheter, hein, le chocolat, des livres à colorier, des conneries quoi, il leur envoyait un chèque que je leur aurai acheté un jouet, ils auraient préféré.

I : Et Joseph, il s’entendait avec ses parents ?

Mme M. : − Ca dépendait, mais il avait une trouille bleue de son père, quand il était enfant, faut voir, et sa mère, le seul regret qu’il avait, c’est que sa mère l’a jamais embrassé quand il était enfant.

− Quand elle voulait que les voisins entendent qu’elle engueulait le mari, elle parlait en français, quand elle voulait pas que les voisins comprennent, elle parlait en italien.

− Elle, c’était une bourgeoise de la Sardaigne et elle lui a toujours reproché d’être venu en France, ouvrier. Et là-bas, quand ils se voyaient, elle avait un chaperon, attention, c’était la haute là-bas et lui, il gardait les moutons sur les terres arides, et il nous l’a assez dit qu’on aurait du connaître ça, coucher à la dure et tout, attention, oh ! oh !

I : Avec Joseph ?

Mme M. : Ma première gifle, ça a été très vite mais on se laisse embobiner là dedans parce que quand j’ai eu le décès de mon frère, parce que on s’est installé chez mes parents.

On s’est rencontré en 60, euh, moi j’avais un petit appartement en 75, je faisais un stage, donc lui faisait son régiment, on s’est rencontré 75, je suis en train de réfléchir… Yannick est né en 77, donc on s’est rencontré Noël 75, voilà donc, et en 75, Noël 75, il faisait l’armée.

I : A quel âge vous êtes partie de chez vos parents ?

Mme M. : Oh, mais moi y avait longtemps, à 18 ans, puisqu’elle voulait pas que je redouble ma première, tout ça.

I : Combien de frères et sœurs ?

Mme M. : Moi, j’avais deux frères et une sœur.

I : Vous êtes l’aînée ?

Mme M. : L’aînée.

I : Et après ?

Mme M. : J’ai ma sœur qui est née en 55, elle a, on a onze mois de différence parce que moi je suis née le 15 juin et elle le 3 juin.

I : Elle s’appelle comment ?

Mme M. : Ginette.

I : Et après ?

Mme M. : J’ai Didier qui est décédé.

I : Qui est né en ?

Mme M. : En 58 et Eric en 66.

I : Et vous ?

Mme M. : 54.

I : Et vos parents ?

Mme M. : oui, papa, maman ! Mon père, là, Louis, enfin, mon père, enfin, toujours la question là de savoir si c’est lui et ma mère Josette, mon père 1927 et ma mère 1936.

I : Et ils sont toujours ?

Mme M. : Non, mon père est décédé en 2002 et elle, elle est et oh ! elle est bien là (rires) à faire, à faire ses saloperies, mais maintenant je peux lui parler comme ça, ça me fait du bien, avant, je pouvais pas.

I : Et qu’est-ce qui vous faire dire que votre père ?

Mme M. : Parce que ils se sont mariés le 27 octobre, le 24 octobre pardon.

I : Oui ?

Mme M. : Et je suis née le 15 juin.

I : 24 octobre ?

Mme M. : 53. Oui, et je suis née le 15 juin 54, paraît que je suis née à terme.

I : Oui, mais ça peut-être le père aussi ?

Mme M. : Pourquoi y m’a jamais aimé mon père, pourquoi y m’a toujours rejeté, pourquoi y m’a, y m’a fait toutes les saloperies qu’il a pu me faire, il me les a faites, pourquoi y me tenais pas sur ses genoux comme y faisait avec ma sœur.

I : Oui ?

Mme M. : Ah, c’était ma sœur, moi j’ai toujours vu comme premier enfant ma sœur, c’était ma sœur.

I : Et les garçons ?

Mme M. : Après, c’était Didier, bon il est décédé.

I : En quelle année ?

Mme M. : En 76, autour de Noël 76.

I : Et Eric ?

Mme M. : Oh lui, Eric, il est toujours là, on s’entend pas.

I : Vous vous entendez pas ?

Mme M. : Oh lui, tant que j’ai donné pour lui ça va, mais à partir du moment où j’ai divorcé de, de René, et ben je l’ai plus vu.

I : Et Eric, il est marié ?

Mme M. : Oui, il s’est remarié, il a divorcé et je l’ai aidé quand il a divorcé et à partir du moment où il s’est remarié, je connais pas ses autres enfants.

Avec la première, il a en 2, et là il en 3.

I : Et qu’est-ce qu’il a comme enfant ?

Mme M. : Alors, il a Thomas et Julie, Thomas c’est l’aîné.

I : Et après ?

Mme M. : les trois autres, je les connais pas, il a deux filles et un garçon, le garçon je sais qu’il est né au mois de décembre là et il s’appelle Louis.

I : Au mois de décembre récent ?

Mme M. : Oui.

I : Il est né en décembre 2008 ?

Mme M. : Voilà et il s’appelle Louis comme son grand-père.

I : Et les deux aînés, vous les connaissez ?

Mme M. : Non et j’ai pas envie, ça m’intéresse pas.

I : Et Thomas, Julie ?

Mme M. : Oui, je suis la marraine de Thomas.

I : Vous les voyez ?

I : Et Didier ?

Mme M. : Il avait 18 ans, c’est une honte, moi j’en veux à ma mère. C’est incroyable, parce que elle lui reprochait tout, de grandir, de manger, et tout, c’est fou ça d’être méchante comme elle a été et comme elle est toujours d’ailleurs, d’être méchante.

I : Avec ?

Mme M. : Avec moi et lui, voilà, pourquoi ? C’est la question que je me pose maintenant. Pourquoi elle a fait ça, elle l’a amené au suicide, il a en fait d’autres tentatives, on l’a su plus tard, parce que on était gamin, puis tout est caché.

I : Et vous le saviez pas ?

Mme M. : Non, non. Il était toujours en pension, elle l’a envoyé loin dans le Cantal, il revenait que pour les grandes vacances, Pâques et Noël, c’est tout, on le voyait pratiquement pas, c’était pas normal. Parce qu’elle voulait pas le voir. Comment se débarrasser d’un gamin.

Par contre, mon frère Eric, lui, il a été en pension, monsieur a fait de la dépression le pauvre, et ben, on l’a ramené !

I : Elle était proche de Eric ?

Mme M. : Oui, d’ailleurs c’est le seul qu’il lui reste parce que ma sœur, elle est dans le midi. Mais lui, il en fait ce qu’il veut de sa mère.

I : Enfant vous étiez ?

Mme M. : Pas de grand monde, parce que à partir de 18 ans, je rentrais pas beaucoup à la maison.

I : Et avant 18 ans ?

Mme M. : Ben moi avant, j’étais un peu seule.

I : Parce que vous aviez qu’un an de différence avec Ginette ?

Mme M. : On jouait ensemble mais c’est vrai que moi j’étais seule, à l’école, j’avais du mal à me faire des copines.

I : Les grands parents ?

I : Les oncles et les tantes ?

Mme M. : Y avait des repas de famille donc on se voyait.

I : Et votre mère avait des frères et sœurs proches ?

Mme M. : Non, elle s’est mariée, le jour de son mariage, elle a reçu une gifle de son père, et que personne a été à son mariage mais je suis pas arrivée à en savoir plus.

I : Et pour votre mariage, c’était votre père qui était pas d’accord ?

Mme M. : Non, ça s’est trouvé comme ça, personne a voulu venir à l’église ou quoi que ce soit, à l’église non, parce que le curé, il l’a fait à la maison.

I : Et vos frères et sœurs, ils sont venus ?

Mme M. : Non, ils ont pas eu le truc de venir à la mairie, et pourquoi se déplacer pour moi ? Après on se dit, on me dit oui ?

I : Et votre père, parlez moi de ses parents ?

Mme M. : Mon grand-père, je l’aimais bien, il est décédé, j’avais 15 ans, ma mère nous a envoyé à l’école quand il est décédé.

I : Vous êtes ?

Mme M. : Non, on avait pas le droit, moi je me rappelle, j’étais dans ce car et je pensais à mon grand-père.

I : Ginette est-elle ?

Mme M. : Elle a deux enfants, elle les a eu tard, elle…

I : Quels âges ont-ils ?

Mme M. : Quels âges y ont maintenant ? y a un moment que je les ai pas vus.

I : Vous les voyez pas ?

Mme M. : Et ben, elle a tellement profité de moi que chaque fois qu’elle est venue à la maison, qu’elle a critiqué, que maintenant je veux plus la recevoir, depuis que je travaille 2005, que c’est toujours moi qui fait le premier pas.

I : Vous travaillez depuis 2005 ?

Mme M. : − Et avant j’étais à la maison. Chaque fois, je me suis relevée de mes cendres tel un phénix, oh c’est pas beau ça (rires).

− Non, mais c’est vrai, j’ai été veuve, j’ai vendu ma maison, j’ai rencontré René, on est parti à Paris, j’ai pas travaillé puisque avec mes quatre gamins.

− J’avais de quoi vivre, tout le monde disait que c’était lui qui me faisait vivre mais moi j’avais ce qu’il fallait.

− A Paris, de 91 à 95, voilà.

− En 98, il a eu le cancer du colon et là j’ai essayé de le soigner, j’ai passé toutes mes journées de janvier à mars à la clinique.

− Je faisais des petits boulots.

− Quand il était malade, il a fallu le secouer, donc moi quand j’ai vu ça, j’ai voulu divorcer en 98, en 2001, j’ai marié non 2002 le divorce et en 2001 j’ai marié Karen et là monsieur a décidé de partir en vacances tout seul avec sa fille et moi je suis restée à la maison, il m’a laissé un mois toute seule, et là, j’ai avalé deux tubes de lexomyl, c’est là qu’il a pas apprécié du tout ! parce que je lui ai gâché ses vacances, y me donnait pas des nouvelles des enfants, y me donnait pas des nouvelles de Mélanie et il a pas du tout apprécié, mais, ce qui fait que j’ai décidé de divorcer, ça, ça lui a pas plu non plus, parce que c’est peut-être lui qui voulait le faire, mais manque de bol c’est moi qui ai décidé et donc j’ai divorcé, j’ai trouvé ma maison, y m’a quand même amené pour la trouver parce que j’avais la voiture, j’avais pas le droit de conduire, j’ai trouvé un CES dans le collège de …

I : Et les enfants ?

Mme M. : − Y étaient casés.

− Aujourd’hui, y a que Mélanie.

− Vanessa, elle va se marier.

− David y travaille le bois, il a une copine.

− Karen a deux enfants, Alban (7ans) et Lucas (3 ans).

I : Et Yannick ?

Mme M. : Il a un copain donc il aura pas de, c’est pas grave. Et y a son cousin qui est venu, le fils du frère à Joseph, et ben, il est pareil, c’est assez rigolo quand même.

I : Et vos enfants y voient leurs cousins ?

Mme M. : Sébastien. Les parents, on s’en fout. Quand y étaient petits.

I : Vos enfants, vous êtes proches ?

Mme M. : Maintenant de tous, là c’est merveilleux, à part David, mais là c’est son problème, il a coupé les ponts avec moi.

I : Parlez-moi de votre mari actuel ?

Mme M. : − On s’est marié en 2005, c’est lui l’aîné, son frère s’appelle Eric et Corinne.

− Ses parents, elle était infirmière de nuit, ses enfants, ils ne voulaient pas et maintenant avec Magali, elle est adorable, Mickaël on le voit pas et Marie-Aline c’est elle qui nous a amené devant les tribunaux pour la pension, et lui il a pas voulu me croire, y m’a pas suivi dès le départ, parce que moi je l’ai vu tout de suite qu’elle était, qu’elle nous en ferait voir, mais lui ça a été sa préférée.

I : Ca a fait quoi ?

Mme M. : − Ca a fait qu’on a eu une saisie sur salaire 325€/mois, maintenant c’est arrêté.

− Je dis ou tu perds ton père ou tu continues ta pension.

− Elle touchait l’ARE, allocation de retour à l’emploi, elle pouvait pas toucher la pension alimentaire. Elle se démerde.

− Avec Magali, elle est comme son père.

− Marie-Aline, elle est comme sa mère, les sous, les sous.

I : Elle est remariée ?

Mme M. : − Non, elle est en invalidité, moins on en fait mieux on se porte, le copain, il est en invalidité. C’est fou ça, moi j’arrive pas à comprendre.

− Quand je l’ai retrouvé, sur son salaire, sur 10 000F, il donnait 8 000F de crédits et je les connaissais pas tous, parce que j’en ai appris des crédits, y étaient en surendettement, je lui dis tu vois, tu continues avec ta femme, tu seras, un jour, tu seras, tu vendras ta maison et ça c’est manqué de peu.

− Aujourd’hui, on habite à         mais c’est la nôtre à tous les deux. Y a Mélanie avec nous.

I : Et votre sœur ?

Mme M. : Elle reste où elle est maintenant, parce que elle a trop profité, elle a un con de mari, mon dieu, y connait tout, y sait tout, il a tout vu, d’abord moi, quand elle s’est mariée, j’ai pas approuvé son mariage.

I : Vous y êtes allés ?

Mme M. : Non, moi quand j’approuve pas, j’approuve pas. On était à Paris, fallait descendre dans le Midi, fallait aller à l’hôtel, on était sept, imaginez les dépenses qu’on avait à faire.

I : − Quand vous êtes descendue chez elle, quand vous avez quitté Joseph ?

− Mme M. : Oui, mais elle m’a accueillie mais pas longtemps, deux jours, j’ai juste fait aller/retour, parce qu’il avait avalé ses cachets, je suis descendue et on est remonté.

− Et quand je descendais, je payais, rien n’était gratuit avec elle, elle montait en vacances, elle ne payait rien.

− J’ai fêté mes 50 ans, son gamin, il avait son anniversaire, elle a rien payé et on dit faudra garder tel gâteau, et son gamin, il est venu vers moi, y m’a dit c’est plus ton anniversaire c’est le mien !

I : Le décès de votre frère ?

Mme M. : − En 76, j’avais 22 ans, c’est moi qui est tout, tout fait, quand les gens venaient voir le cercueil, fallait que je prépare le café, machin dans ces cas là, mes parents y étaient tellement            , ma sœur était enfermée dans sa chambre, elle bougeait plus, donc qu’est-ce qu’on fait, on prend le dessus et on assume.

− Ma mère, c’était strict. On en a fait des choses, des tricots, elle faisait du travail à domicile, on en faisait du travail.

I : Vous allez la voir ?

Mme M. : − Maintenant c’est fini, j’ai arrêté avant Noël, elle a été odieuse, ah c’est par rapport à Karen, parce qu’elle demande pas de nouvelles, je lui ai annoncé qu’elle avait un cancer, oh mais ça se soigne, elle sait pas, elle sait rien, ça m’énerve, alors elle était jalouse parce que je passais pas mal de temps avec ma fille et pas de temps avec elle.

− Alors, oui je te vois pas, machin écoute j’ai autre chose à faire, ma fille est plus importante, j’ai dit c’est elle qui est malade, c’est pas toi, parce que moi ma fybromialgie c’était rien, pour elle, j’étais pas malade, c’était le temps.

− Personne, vous savez, que ce soit la fibromyalgie ou n’importe quoi, tout le monde se fiche de ce que j’ai eu, parce que j’ai eu quand même.

− Les premières vacances que j’ai passé avec Pierre, 2003, non 2002, j’ai fait une crise de vésicule, j’ai failli mourir de péritonite et septicémie, ma sœur, ça l’a fait rire.

I : Et Mélanie ?

Mme M. : − Elle s’entend bien avec lui. + frères et sœurs.

− Avec la fibromyalgie, les enfants y ont rien compris.

− Y a que mon mari, il le voyait à ma tête. Nous deux, on a beaucoup de dialogues, moi je pousse les choses, parce que sinon, y a que comme ça.

− Mon père buvait mais c’est marrant, elle disait pas qu’il était alcoolique, c’était secret, c’était calme plat, ils se parlaient pas, personne parlait. Mon père, il avait aucune ambition, c’était une faille.

− Alors que quand elle était enceinte de moi, il l’enfermait dans la chambre, c’est elle qui me le disait, il l’enfermait la journée, il allait voir sa mère.

− Ma sœur, elle avait des copines, moi j’avais personne.

− Pour le baptême de ma fille, ma sœur dansait avec quelqu’un, mon père lui a dit t’a pas honte de danser avec lui alors qu’il est marié, donc il était jaloux et y dansait, moi j’ai dansé avec mon père, je suis la seule qui n’ai pas dansé avec lui.

− Didier, c’est pour ça qu’il est mort, en plus, il avait une jambe plus courte que l’autre et y faisait des crises d’épilepsie donc ma mère, d’ailleurs, quand il est né, on lui donnait pas longtemps à vivre, donc, déjà, donc, je pense qu’elle, elle pensait qu’il mourrait, pas de bol, il a vécu.

− Mon père, il rentrait tard, on le voyait pas au début, elle accompagnait les chauffeurs de car, elle aimait bien les chauffeurs de car, sans commentaires, c’était fou, c’était fou, ça m’a marqué, ça, parce qu’elle disait je vous emmène toutes les deux et je laisse votre frère à votre père, y en avait qui lui plaisait, il habitait en Suisse et elle voulait nous emmener.

I : Vous aviez quel âge ?

Mme M. : − 7-8 ans. Et puis on est parti, mes parents sont allés                  , et là elle a mené la grande vie, mon père faisait les tournées, elle en a profité, elle avait des copines, ouh là là, nous on avait une espèce de cagibi, on était là dedans, on avait pas le droit d’aller dans la cuisine ni quoi que ce soit, y avait mon frère.

− Quand j’y pense, ma mère faisait pas grand-chose.

− Mon frère, lui, n’en parlons pas. Chaque fois, quand j’ai acheté ma robe, les boules, y ont rien à faire.

− Mon père, il est allé au mariage de ma sœur et moi rien du tout. Et à mon frère, on a carrément payé le grand mariage. Et moi, rien du tout, c’est toujours pour mon frère. Thomas et Julie, y avaient droit au chocos, y avait pas de 4h pour mes gamins, ça fait plaisir.

− Ma sœur, elle paye pas une cantine.

I : Vos enfants ?

Mme M. : David, il est à part, je sais pas pourquoi, celui qui a du mal, c’est David, on espère qu’il sera là. David, à partir du moment où il a rencontré Angélique, on le voit plus, mon frère, ma sœur et lui.

I : Vanessa n’a pas invité sa grand-mère ?

Mme M. : Sa grand-mère ? Ma mère ! Yannick, Karen et David sont fâchés avec elle. Quand ils étaient petits, elle les prenait pour faire la vaisselle.

− Même petite, elle m’en a fait, y a pas que grande.

− Elle me ment, c’est une menteuse née, elle s’est inventée sa vie, un jour elle a vu       son père lui taper la tête comme un marronnier chez elle, elle a rien fait, alors que maintenant elle dit oui, j’ai dit à Joseph d’arrêter de lui taper la tête contre le marronnier sinon elle appelait les flics, elle en avait peur, elle allait pas lui dire ça, comme elle a laissé faire, me taper dessus, comme mon père me remontait avec sa deudeuche chez moi quand je me réfugiais chez mes parents, vous trouvez ça normal aussi ?

I : Votre père ?

Mme M. : Y me ramenait parce que des fois je me sauvais, parce que je ne supportais plus.

I : Et les enfants ?

Mme M. : Je savais qu’il les toucherait pas, ils étaient couchés.

Mon père y me ramenait chez moi et y se tirait.

J’étais protégée par personne, même pas par le médecin, tout le monde en avait peur.

Ah non, j’avais pas de protection, l’assistante sociale, je lui avais dit, elle a rien fait.

Vanessa se sent rejetée, elle a pas vécu la violence de son père, elle le sent comme ça.

On a fait une thérapie familiale, c’était pour David, il faisait pipi au lit et au CHU, ça a sorti pas mal de choses.

Yannick avait complètement             son père et il a fait une forte dépression après, et son père y peut en parler maintenant.

Au fond de moi, je le savais qu’il était homo, en 97, il est parti de la maison en colère et on communiquait par écrit, il m’écrit, je t’avoue que je suis homo, comme ça, ça fera une raison de plus de se détester. Si tu es heureux comme ça, tant mieux, ça ne me dérange pas.

La tombe de leur père était mal tenue, ça te regarde pas.

I : Votre mère ?

Mme M. : − Mais elle a toujours aimé faire le gnangnan parce que je vais vous dire, moi j’ai divorcé, elle recevait      ah là là, elle dit pour Joseph mais attention, fallait voir les manières qu’elle lui faisait, il me tapait sur la gueule et elle lui faisait les grosses manières, c’est ça qui est le plus dur, mais quand il est décédé, elle allait pas lui mettre des fleurs et à la Toussaint, elle allait pas lui mettre des chrysanthèmes et tout, je lui ai passé une scoubannée, je lui dis tu crois que les, les fleurs, ça serait pas mieux de l’argent pour tes petits enfants, tu te fous pas un peu de ma gueule là, j’ai dit faut peut-être y arrêter tes conneries, punaise, ça, ça lui avait pas plu, ben moi, je vais pas mettre des fleurs sur sa tombe, vu ce qu’y m’a fait, ah non alors !

− Vous croyez que c’est normal ?

− C’est comme là, avec mon père, c’est pareil, elle va faire, elle y va avec son amant en plus, vous trouvez ça logique, elle critique mon père et elle met une photo dans le salon, je lui dis tu trouves qu’il est bien avec tout ce que tu racontes, non mais, là, c’est là que ça va pas non.

I : Et votre maman, elle est en couple ?

Mme M. : − Oui, elle a pris l’homme marié et après elle se permet de me critiquer moi, bon, faut que je la critique parce que j’ai pas à la juger comme ça.

− Quand je vois comment elle agit et qu’elle se permet de critiquer les gens.

 

 

 

 

 

 

 

ENTRETIEN Mme B.S.

 

I : Parlez-moi de votre maladie ?

Mme B. S. : Ca fait 3 ans, 3 ans, mais y a peu près 5 ans que, que les douleurs sont importantes et que on savait pas           , on avait pas mis un nom dessus, c’était mon médecin , qui, ne sachant, quand il m’avait envoyé chez un rhumatologue, donc qui a détecté la FBM que je connaissais pas du tout, je me suis même demandée ce que c’était, et puis, donc j’avais toujours mal, toujours mal ,y avait et avant on pensait que c’était circulatoire que c’était mon métier, étant donné que je piétinais beaucoup, que je faisais pas beaucoup d’exercice, pas de sport, que ça pourrait avoir un rapport et puis finalement quand elle a dit que c’était FBM que donc c’est lui qui l’a décidé de m’envoyer au centre anti douleur et tout ça.

Quand je me baissais, quand je faisais mes journées je disais rien, mais j’étais souvent en coupé j’étais obligée de m’allonger pour pas que, parce que j’avais toujours cette habitude de rien dire à personne, pour pas que ça se sache trop pour pouvoir faire la fin de mes journées, souvent j’étais obligée de m’allonger les jambes, tellement que je souffrais donc je continuais bien sûr à faire mes journées et puis jusqu’au jour où vraiment, j’ai plus pu et j’étais obligée d’avoir un arrêt, et puis bon comme j’étais, et après j’avais des douleurs vraiment importantes à la jambe donc que j’avais mal au genou, ça m’avait bloqué carrément la jambe, donc là j’ai commencé des arrêts de travail. Ca a duré un temps comme ça après j’ai fait une crise de cruralgies donc à ce niveau je suis restée, ah oui un mois et demi bien couchée au départ d’abord y pensait pas que ça serait, c’est vrai c’est très douloureux et puis donc je suis restée allongée, je pouvais rien faire, je faisais le canapé, le lit et dès que j’étais en station debout ou que j’étais assise, je pouvais pas rester assise, j’étais obligée de rester tout le temps allongée, et puis donc ce qui fait que ça a fini de me réveiller les autres douleurs parce que au départ je pensais que finalement ça avait pas de lien parce qu’on peut avoir la FM, et avoir autre chose, je croyais que ça venait de, je dis tiens c’est encore la même chose, et quelque part on peut avoir la FM, et on peut avoir toujours des douleurs, on peut quelque chose, souvent en parlant avec des personnes elles ont souvent autre chose qui sont greffées, elles ont souvent autre chose.

 

I : Et vous ?

Mme B. S. : Est-ce-que parce que lorsque j’avais compris en ne me renseignant un peu, que ce soit par internet ou que ce soit par des conférences, ou en discutant avec d’autres personnes, y a une relation du départ avec, ça peut venir du départ de la naissance, y a des choses qui se sont passées et j’avais lu sur des livres que ça pouvait venir de vaccins, d’accident, qu’on aurait pu avoir sur le corps, de choses comme ça, beaucoup au niveau psychologique, beaucoup de rapport aussi que y a beaucoup de médecins qui pensent que c’est plus psychologique que douloureux, et puis c’est bien que j’ai toujours pensé que y a un ensemble, avec le passé, je me disais mon passé il est pas plus que quelqu’un d’autre tout le monde a bien des, des problèmes, étant donné que j’étais divorcée aussi.

Dans ce milieu, j’ai l’impression que y a beaucoup de gens, qui ont eu des relations avec des personnes, des métiers assez difficile, difficile aussi, ou des métiers comme institutrice ou quelque chose, milieu médical comme ça et c’est vrai que avec du recul, en discutant comme ça avec mes collègues ASH, en maison de retraite, on disait qu’on avait un métier qui était quand même difficile pour une vie familiale, comme elles ont aussi dans les hôpitaux et plus ou moins quand on a plus ou moins un compagnon qui est pas de ce métier là, c’est parfois difficile des fois ils comprennent mais si on a les métiers d’un ouvrier par exemple qui a toujours leur week-end, et nous on a un week-end sur deux par exemple, des fois y a pas d’importance mais c’est vrai que ça engendre. On a bien remarqué que dans ce milieu là y avait beaucoup de couples divorcés et alors c’est toujours problème pour la garde des enfants.

Y a du souci quelque part dans ces choses là parce que on faisait les enfants donc on avait la garde bien sûr, un week-end sur deux, je les donnais à garder les week-ends que je travaillais mais c’était toujours un casse tête, mais finalement c’est la femme qui les garde les enfants, mais finalement c’est un casse tête de plus ou de moins toujours pour rien, les soucis sont beaucoup plus, on est contente, on s’épanouit dans notre travail aussi mais on s’aperçoit qu’on a des vies doubles, voire triple de toute façon ça a un rapport peut-être on a travaillé plus, on a le cœur, (lapsus), le corps plus usé, plus fatigué, peut-être.

 

I : Quel âge avaient vos enfants ?

Mme B. S. : Mon fils aîné avait dans les, il avait quitté la maison, donc mon fils il devait avoir 18 ans, le deuxième et ma fille 15 ans.

I : Votre premier mariage ?

Mme B. S. : J’avais deux garçons (1974 – 1982) David et Sébastien.

 

I : Je peux vous demander les dates de naissance ?

Mme B. S. : 74 et 82. Née en 1955. Mon premier mari né en 1951 mariage en 1974 à

Mariage dure 13 ans -> 1988 séparation ?

Premier mari = Christian – il est toujours en vie.

Depuis le deuxième mariage de mon fils aîné, on se revoit par rapport à mon fils aîné, il s’était marié une première fois, ils se connaissaient pas bien, ils se sont mariés vite, ils avaient pas d’enfants.

Il s’est remarié récemment, ça fait 2 ans.

 

I : Ils ont des enfants ?

Mme B. S. : Ils attendent un pour le mois d’avril. Je revois, oui, on a été au mariage ensemble, on a . Il s’est remarié là, il est remarié et on se rencontre souvent, avant, on se rencontrait comme si on se connaissait pas on a jamais eu de conflit, on s’est plus parlé.

 

I : Et là vous êtes remariée ?

Mme B. S. : Là je suis en concubinage, Jean-Claude né en 1946 – une fille née en 1989 « elle a 20 ans cette année ».

 

I : Elle s’appelle ?

Mme B. S. : Carole. Elle est encore étudiante. (premier mariage à 19 ans restée 13 ans). On s’est mis en ménage en 95 quelque chose comme ça, notre fille, elle avait 6-7 ans quand on s’est marié. On se connaissait.

 

I : Ca se passe bien avec votre compagnon ?

Mme B. S. : Oui, oui, ça se passe bien.

 

I : Et par rapport à la maladie ?

Mme B. S. : Non par rapport à la maladie ça a été dur parce que maintenant un peu mieux, amis au départ lui croyait que quand j’allais chez le médecin même encore des fois, il croit qu’il va me trouver le médicament miracle, puis comme là il pense que je vais, puisque comme je vais en cure, je vais revenir, ce sera terminé et puis je vais faire ce que je faisais avant, ça c’est, je crois qui, lui il a toujours, rire c’est travailler, donc il eu du mal maintenant, lui croyait qu’on allait comme là je vais en cure, il pense que ça se sera terminé.

Pour lui rire c’est travailler, maintenant il a , il accepte, enfin c’est pas qu’il a pas accepté mais il comprend quand même mieux, mais c’est, c’est difficile il a du mal de toute façon déjà par lui-même, de voir les gens malades il a du mal d’accepter la maladie des gens, lui si lui si il se sentait malade, il faudrait tout de suite se tirer une balle dans la tête tout de suite et quand il faut aller voir quelqu’un de malade c’est c’ est dur ben justement il a son copain qui est décédé, là et donc une greffe de moelle la dernière fois qu’on l’a vu quand on est reparti de chez lui, c’était pis que tout puisque ces choses là, il le savait lui-même, il était confiant, mais il savait que ça marchait, ça marchait pas et la dernière fois qu’on est parti de chez lui, il l’avait appelé très retourné quelque part il est très retourné mais bon il dit ben c’est comme ça, mais quelque part en lui ça lui fait mal mais il a du mal à parler de maladie, y a qu’avec lui que j’ai entendu en parler des choses comme ça sinon il a du mal à en parler de choses comme ça, et avec moi c’est pire quand je lui en parle, il dit rien, ça veut pas dire qu’il prend pas part, mais quelque part il ne donne pas de réponse, fait pour le mieux, il me dit mais débrouille toi mais si faut m’amener à un rendez-vous, je peux pas y aller y m’amène par contre, mais une fois y m’a amené mais y m’a dit, je lui dis tu peux bien tu vois t’attendras dans la salle d’attente « oh ça fait rien je vais faire le tour du parking je sais que c’est pas que je, mais à c’était dur parce que quelque fois on a l’impression d’être laissée de côté. C’est pas qui s’en fout, je sais que c’est pas qui s’en fout. Il s’en tracasse mais il va pas me le dire, il a pas été chouchouté non plus il est du genre de personne d’une époque que, c’était dur. Il a quatre garçons de son premier mariage, non, trois garçons y en a un qui habite au village, ils se voient ils se disent bonjours mais sinon ils ont pas de relation. C’est par rapport à elle qui a poussé.

 

I : Avec votre fille comment ça se passe ?

Mme B. S. : Elle va passer son bac pro dans la vente. Elle est étudiante.

 

I : Et vos garçons ? Que font-ils ?

Mme B. S. : Et donc Sébastien, il travaille avec mon compagnon.

 

I : Et votre compagnon ?

Mme B. S. : Il fait des, il est loueur de chapiteaux.

 

I : Oui

Mme B. S. : Ils vont en déplacement mais ils rentrent tous les jours.

 

I : L’aîné :

Mme B. S. : Il est dans l’Isère, mais à côté de Lyon, il travaille, il est parti, après le deuxième ça fait six mois qu’il a quitté la maison ça fait du bien, au niveau de ses copains et tout ça et de sa vie, pour lui aussi d’ailleurs.

 

I : Votre famille ?

Mme B. S. : Elle est grande, on est sept filles et six garçons.

 

I : L’aîné ? C’est un garçon ?

Mme B. S. : Jean, il a 65 ans, j’aurai du prendre mon cahier – ben disons qu’il a 65 ans donc il est né en 1940 ou en 39, 41, c’est à quelque chose près, avant même. Après y a ma sœur Nicole, ils se suivent de toute façon entre certains ça fait que deux ans ou un an d’écart en plus. Y a eu trois qui sont décédés à la naissance mais par contre je sais pas trop dans l’ordre que c’est je crois que y en a un après Nicole c’est marrant j’arrive mieux à les compter en montant qu’en descendant.

 

I : On part de vous. On part de la plus petite ?

Mme B. S. : Marie Thérèse elle est née en 1964. Martine en 52. Après c’est moi en 55. Après Mireille 54. Après y a Alain 53. Oui puisque ma sœur Nicole en 51, c’est sûr. Et là je crois que y a une fille décédée à la naissance, je sais qu’y en avait une qui s’appelait Jeanine, je sais que y en avait un qui avait un prénom. Après y a Georges, il va avoir 60 ans donc 49, après Georges c’est, c’est après c’est Pierrot, non c’est Christian. C’est pour ça là je pense que en bout là y a Christian, y a Françoise, y en a une entre tout ce monde, je pense que c’est peut être là qu’y en a un autre entre les deux là y a de l’écart, entre moi et Christian car aussi je sais pas trop si Georges, Françoise, Christian, Henri, vous savez pas pourquoi parce que c’est les aînés, ils étaient partis de la maison, on s’est moins fréquenté. Georges, Françoise, Christian, Henri, Nicole, j’ai pas oublié Pierre.

 

I : Alors il manque Pierre ?

Mme B. S. : Pierre, Françoise, Christian, Henri, Nicole et Jean. Je sais que y en a deux qui n’ont pas de prénom. Je sais que y en a deux qui y sont pas, je crois que y a pas de prénom, trois décédés dont deux qui n’ont pas de prénom. Je sais pas si c’est une fille ou un garçon, Martine c’était pas Pierre Martine ça a toujours été considérée comme la dernière. Mon père est né en 19, votre maman en 19. Elle avait 45 ans à la naissance de Marie-Thérèse et finalement je suis en train de penser entre Marie-Thérèse et Jean, y a 22 ans, donc il est né en 42 donc Nicole c’est pas 41, mais 43, après Henri ben c’est 44 – oui. Christian 46 – Françoise – 48 c’est Pierre.

 

I : Votre naissance

Mme B. S. : Jusqu’à Françoise, je me rappelle, mais je me rappelle pas bien parce qu’on était dans le Cantal et on a déménagé. Il y est marqué.

 

I : La famille de votre père :

Mme B. S. : Un frère qui avait une ferme, on allait chez lui, on le sait pas. On nous disait pas. C’est vrai que ça a manqué les grands-parents, y avait pas de grands-parents, quelque part je les ai retrouvé dans mon travail (elle travaille dans une maison de retraite). On allait voir un vieux monsieur, une vieille maison. On était jamais seul. Il fallait nettoyer de fonds en comble. On avait toujours quelque chose à faire, toujours quelque chose à faire.

 

I : Santé

Mme B. S. : Elle est fière que ses enfants, elle est fière ils ont tous du travail. Ils étaient tous là.

 

I : La famille de votre mère :

Mme B. S. : Elle disait qu’elle suivait ses frères, à la chasse partout parce qu’ils avaient besoin de manger j’étais la seule fille. C’est tout ce qu’elle nous disait, ils allaient à la chasse pour manger, elle est partie sur Paris, elle avait travaillé dans une bonbonnerie, elle vendait des barbes à papa sur des marchés, elle est secrète, elle aime pas bien, elle se défile, elle dit qu’elle s’en rappelle pas, elle se défile tout le temps même elle se.

 

I : Le décès du père

Mme B. S. : Les gens, c’est drôle y parlait de tout et de rien. J’étais dans le groupe, j’étais pas tout à fait devant, la famille était assez grande, j’étais pas dans les premières places, ils pleuraient, pas tout le temps, pas à perdre haleine moi j’y arrivais pas, et je me disais comme ça, faut que t’essaye de pleurer si tout le monde pleure, j’ai essayé, j’ai essayé, j’y arrivai pas, j’y suis pas arrivée. Ca me faisait ni chaud ni froid, j’étais pas émotive, je l’ai gardé pour moi, on a jamais parlé de cet enterrement. Par contre, j’avais envie de me rapprocher de ma mère, mais elle m’a repoussé. Par contre, on veillait les morts, à la salle à manger, on a pas veillé au bord du lit, on a pas spécialement pleuré. J’ai passé la nuit là, j’étais tranquille. On a fait une nuit blanche, je ne suis pas une pleureuse, j’avais envie de discuter, ça m’a rien apporté. Ca m’a pas remué, on peut pas se forcer, on peut pas forcer les choses. Tout ça, je l’ai gardé pour moi.

On en a jamais parlé de ce jour, par contre, quand ils se sont réunis pour ma maman pour savoir ce qu’on faisait, c’est rare que je dise ma maman, quand on parle entre nous, ta mère quand on parle. « j’ai été voir ta mère » quand je dis à ma sœur. Souvent les filles aussi me disent elles « pourquoi on dit ta mère c’est pas la tienne ». Souvent si mais je sais pas peut être souvent « on » dit ta mère. Quand y a la réunion                 la seule qui y est pas allé c’est moi. Parce que Jean-Claude voulait m’emmener. Ils ont fait ce qu’ils ont voulu, j’étais d’accord pour tout. J’avais pas envie d’y aller. On en a jamais reparlé. « Je m’en occupe pas ».

 

I : Depuis qu’elle est à la maison de retraite

Mme B. S. : Ca, c’est maintenant, elle s’inquiète que je vais à la cure, ça fait plaisir. Moi, maintenant, ce qui est passé est passé, ça reste là, je déteste pas, elle a pas su faire ce qu’il fallait quand c’était le moment, elle pouvait peut-être pas, elle a peut-être pas su, elle a peut-être pas su. Bon, on reste là, elle est âgée, je veux pas l’embêter avec mes problèmes moi.

Quelque part, plus ça avance, plus je me dis qu’elle savait. Je me rends compte que y travaillait à l’extérieur en plus de ses journées de travail et moi quand en parlant des hommes comme ils sont actuellement, on en arrive à dire, autrefois ils étaient pareils mais je pense que son besoin qu’il avait, je suis sure qu’il avait des relations extérieures ; moi c’est moi qui me le dit pour moi-même. Mais je sais quand qu’il travaillait chez des personnes, qui quand elles venaient en vacances, elles avaient toujours du travail à lui faire faire. En particulier chez une dame, on était trop gamin et avec le recul, et l’âge qu’on a, et que toutes ces choses y ressortent, c’était pas spécialement pour y réparer son lavabo, on nous le faisait, on peut nous faire croire ça à l’âge de dix ans mais pas…

 

I : Avec vos sœurs, vous en avez parlé ?

Mme B. S. : On pense un peu la même chose aussi. Notre père était pas si clean que ça. Les hommes, maintenant, avant, y en avaient qui avaient le même problème, on en sait rien. Je suis sure que ma mère, elle a pas souhaité en avoir autant. Une fois ou peut-être deux, elle a dit si elle avait pu, on, elle, en aurait pas tant eu, pas en disant qu’elle nous rejette. Elle avait pas le choix, le choix elle l’a peut-être pas parce que c’était comme ça maintenant elle pas eu le choix parce que c’était comme ça. On sait pas pourquoi. On sait pas. Y avait d’autres grandes familles comme ça. Y avaient deux autres familles dans le village. C’est pareil ils étaient nombreux. On faisait les cartes ensemble. Souvent, ils disent pas la vérité, ils sont secrets quelque part c’est chacun sa vie.

 

Cantal familles

 

Mme B. S. : On a déménagé en 1964, on est venu dans le PDD on était dans le Cantal, et donc là je me rappelle un peu mieux mais sinon avant je veux dire, j’ai des fractions de souvenirs mais, pourtant, j’avais déjà une dizaine d’années mais.

 

I : Où êtes-vous née ?

Mme B. S. : Dans le Cantal, on est tous nés dans le Cantal jusqu’à la naissance de Marie-Thérèse, et on a déménagé quand elle est née, elle était bébé.

 

I : Comment se fait-il que vos parents aient déménagé ?

Mme B. S. : Eh bien, à cause du travail et qu’on était nombreux et que là-bas c’était pas une maison.

 

I : Que faisiez votre père ?

Mme B. S. : Il a, il était ouvrier, il avait été, il travaillait, il était ouvrier, il était, il a eu, il était plusieurs choses, il avait été à petrol, il avait été, après quand on venait là, il était dans une usine de peinture, il avait fait de comment on appelle ça, du bon, il avait été chauffeur aussi, il avait fait plusieurs métiers.

 

I : Et votre maman ? Elle a élevé les enfants ?

Mme B. S. : Oui.

 

I : Et vos grands-parents ?

Mme B. S. : J’en ai pas connu des grands-parents.

On allait voir des oncles et des tantes mais je me rappelle pas.

 

I : Et aujourd’hui ?

Mme B. S. : J’ai qu’une, une, j’ai une tante qui est, est ma marraine, qui est toujours dans le Cantal, ça fait longtemps que je suis pas…

 

I : C’est la sœur de votre mère ?

Mme B. S. : Non, c’est un frère à mon père.

 

I : C’est un frère à votre père ?

I : Et la famille de votre mère ? Combien de frères et sœurs ?

Mme B. S. : Ils étaient           , ils étaient sept, elle se suit, elle était la dernière.

 

I : Que des garçons avant elle ?

Mme B. S. : Je crois bien, ils sont tous décédés, elle reste la seule.

Je ne vois personne.

 

I : Et du côté de votre père ? la famille ?

Mme B. S. : J’avais donc, ma tante, elle avait un, elle était fille mère, elle avait un garçon, et.

 

I : Votre grand-mère ?

Mme B. S. : Non, la fille.

Du côté de mon père, j’ai pas connu de grands-parents donc j’ai connu que son frère.

 

I : Son frère ?

I : Il en avait d’autres ? Vous le savez

Mme B. S. : Non, si, il en avait un qui a été tué à la guerre.

Ils étaient trois garçons.

 

I : La guerre ?

Mme B. S. : Oui, oui, il était malade, je crois que, j’avais entendu dire, il était malade, il est parti en Suisse, et puis ils l’ont jamais revu. Celui là il est plus jeune, celui là qui reste.

 

I : Plus jeune ?

Mme B. S. Plus jeune que mon père.

 

I : Donc c’est votre parrain ?

Mme B. S. : Elle, sa femme, c’est ma marraine.

Mais on se côtoyait quand on était dans le Cantal. On se côtoyait.

 

I : Ils habitent toujours dans le Cantal ?

Mme B. S. : Oui, oui, ils y habitent toujours, et donc ils avaient eu un fils ensemble, ma tante donc elle était fille mère, elle avait un fils.

Qui est décédé d’ailleurs.

Et…

Il s’était pendu.

 

I : Ils ont eu d’autres enfants ?

Mme B. S. : Ont eu un fils qui s’est tué au travail.

 

 

I : Un accident du travail ?

Mme B. S. : Oui, oui, il est, il est, tombé du haut de son camion et …

Ils ont deux petits enfants qui, qui se sont, qui habitaient à côté, qui se sont éloignés et qui maintenant, ils sont seuls.

 

I : Votre mère ?

Mme B. S. : Y avait quelques cousins comme ça, mais maintenant y a plus personne.

 

I : Quand avez-vous quitté la maison ?

Mme B. S. : Moi je suis partie quand je me suis mariée en 1974.

 

I : A quel âge avez-vous commencé de travailler ?

Mme B. S. : A 16 ans, parce que je, j’étais quand j’ai eu mes 16 ans, à, quand j’ai eu mes 16 ans parce que à ce moment-là, au mois de mai, j’ai eu, j’ai eu mes 16 ans au mois de février, au mois de mai, j’ai attaqué de travailler, j’avais commencé à travailler à Montboissier, là, là-bas, c’était une, c’était dans une, pour les enfants, à Montboissier.

C’était une maison de, d’enfants, qui avaient de plus, qui étaient assez      , et puis, bon je devais y faire la saison et puis j’y suis pas restée. Ils, ils voulaient que j’y retourne mais, j’ai, parce qu’on avait une coupure, d’y, reste quinze jours ou peut-être comme ça et ça changeait, et donc j’y suis pas, j’ai fini une session, mais je, j’y suis pas retournée, ils voulaient que j’y retourne mais j’ai pas voulu y retourner.

Je leur en ai fait du chantage, je leur ai dit si, si, si me laissais de toute façon je me sauverai, je suis revenue à la maison et après j’ai gardé à la maison et après donc je suis partie travailler quand même, après j’ai travaillé à la Bourboule… pour garder, j’amenais des enfants faire la cure… dans une maison, c’étaient mes sœurs qui m’avaient trouvé du travail, donc j’étais restée huit mois, toute la saison, comme ça j’étais logée, nourrie, j’étais bien là et c’est là que y avait des filles qui faisaient des formations, je savais pas de quoi d’ailleurs, et ça m’avait bien plu, et quand je, quand j’ai demandé si mes parents, pourquoi c’était et tout ça, ils m’ont dit « oh mais t’y arriveras pas », ça te concerne pas.

Et alors là déjà, finalement ça a commencé, parce que comme elles allaient en formation, quand on était de garde les après-midis quand, et les matins, parce que quand on, on ramenait les enfants de cure, y fallait qui se reposent, et donc les filles qui allaient à cette formation et ben elles étaient pas là pour surveiller, alors moi si, je gardais tous les dortoirs, on avait un dortoir chacune, alors je faisais déjà la navette, c’était déjà, ça commençait déjà, et c’est encore et ça a pas fini (rire) alors voilà donc on avait pas bien le temps, on sortait pas ni rien, parce que on avait presque plus qu’un demi jour de repos, même la plupart du temps, on, on faisait rien, on sortait pas, d’abord on avait pas le droit de sortir, puisque c’était la, la responsabilité de la direction. Je rentrai pas.

Quand on était en vacances, comme y travaillait, ah oui, il avait travaillé à l’usine aussi de, de fruit qui faisait des compotes, les confitures, il ramenait des cagettes de fruits et tout ça, et puis on déquetez les, les fruits et tout ça, oui il nous payait pour ça.

 

I : Ah oui ?

Mme B. S. : On allait se promener avec la maman, on est jamais parti en vacances, ni chez une tante ni chez qui que ce soit, on partait pas. Et ben finalement, c’est à peu près rester les mêmes, on a beaucoup vécu ensemble, Mireille, Martine, Marie-Thérèse et Alain, les derniers quoi.

 

I : De qui êtes vous proches aujourd’hui ?

Mme B. S. : Et ben finalement c’est à peu près rester les mêmes, les derniers quoi, on a , on a beaucoup vécu ensemble, … les, les cinq derniers là, on se voit fréquemment.

 

I : Comment ça se passe ? Est-ce-que vous les voyez ?

Mme B. S. : Oui, oui, ou on s’appelle, quand quelques jours a passé qu’on s’est pas vu, je sais que Martine elle fait du portage à domicile, alors des fois elle passe pas loin, elle s’arrête. Elle boit le café, elle repart ou, en plus, maintenant elle est grand-mère, des fois elle a des petits, des fois elle les garde, alors bon, je descends les voir ou je vais beaucoup chez sa, chez sa fille. Elle a deux filles, y en a une qui a deux petites filles alors souvent on, je vais facile, je vais bien chez une de ses filles pour voir les petites justement, pour…

 

 

 

I : Oui ? Et Mireille ?

Mme B. S. : Mireille a une fille, elle sur Issoire aussi, oui, oui, d’abord c’est que, qu’elle travaille dans la coiffure, je vais là me faire couper les cheveux, ça fait l’occasion de la voir.

Et Alain aussi voilà même avec ma belle-sœur on s’entend bien aussi.

Ils sont sur Saint Germain, c’est pour ça.

On est resté assez ensemble.

 

I : Parce que ?

Mme B. S. : On habite à Saint Germain, Martine et Marie-Thérèse sont à côté quoi.

I : Et Odette ?

Mme B. S. : Odette, elle est partie, elle était à Paris.

I : Oui ?

Mme B. S. : La coupure elle est là, elle est là (montre le génogramme).

I : Entre Odette et Alain ?

Mme B. S. : Oui, oui, elle est là, elle est là la coupure.

I : Ca fait deux ?

Mme B. S. : Ca fait 2 clans, oui, oui, ça fait 2 clans et encore maintenant, Odette elle vient en vacances alors on se voit un peu plus, Jojo on le voit un peu plus maintenant qu’il est à la retraite, parce que des fois il vient travailler avec mon copain mais on a pas du tout les mêmes relations.

 

I : Et votre maman ? Qui est proche ?

Mme B. S. : Mireille plus, elle y travaille aussi et puis bon et c’est elle qui fait le lien entre tous les autres. Mireille, les nouvelles de tout le monde c’est plus ou moins, c’est elle qui, c’est elle qui fait le lien.

Et Marie-Thérèse puisque comme c’est elle qui s’occupe de ses papiers et tout, elle…

Martine, elle c’est pour les commissions, elle, c’est quand y a besoin de l’amener quelque part.

 

I : Et vous ?

Mme B. S. : Moi, c’était, c’était plutôt les corvées (rire) -> les corvées ?

Les corvées, moi j’appelle ça         , j’ai pu, et maintenant que, bon maintenant que, qu’elle sait que je peux plus, elle se fait quand même plus de souci quoi, si, si, ça a changé quand même.

Elle le dit, puis bon l’infirmière me l’a dit l’autre fois à la maison de retraite.

Elle se fait quand même plus de souci, ça me fait plaisir, mais je me dis, il est temps quoi.

Ça me fait plaisir, je peux pas dire le contraire mais, ça me, ça me dit pas, c’est quelque chose que je veux pas leur dire à elles, même quand elles me le disent, je dis « ah bon » mais parce qu’elles diraient « et ben mon vieux ».

Non, c’est moi, c’est moi qui, elles diraient « eh ben mon vieux » elle s’inquiète et encore ça, ça lui va pas, c’est moi qui pense ça.

 

I : Est-ce-que la maladie a changé quelque chose ?

Mme B. S. : Oui, parce que si elles ont pas de, si moi je donne pas signe, si je donne pas signe, elles le font, parce que souvent c’était plus ou moins moi qui donnait signe, oui, oui, des fois, si par hasard je le fais pas, euh, si je vais faire, si je veux les faire, si je veux les faire secouer, je donne pas de nouvelles, (rires), c’est elles qui le font.

En principe, si au bout d’une semaine, elles ont pas eu signe de moi, d’abord dès qu’elles se voient, l’une, l’une d’entre elles, tout le temps, tiens t’as vu Solange ou vice versa, on se pose toujours la question si, Mireille elle a vu Martine ou si Solange elle a vu, on se pose toujours la question. Quand on se revoit une, je veux dire, on se pose toujours la question si on a vu l’autre.

 

I : Et avant ?

Mme B. S. : On se voyait moins, on était prise par le travail aussi, mais, disons que, avec Mireille quand j’habitais à Saint Germain, j’étais seule avec les enfants, elle habitait en face, c’est important parce qu’elle avait sa fille et quand j’étais pas là, elle me surveillait les enfants alors ça m’avait bien aidé. J’avais les trois enfants, j’étais les trois enfants et à ce moment, je travaillais, un week-end sur deux et tout donc y avait elle et sa fille, j’étais pas là ou elle, elle arrivait avant moi, elle finissait plus tôt que moi donc, elle finissait ses journées à 6h30, donc moi quand je finissais à 8h, même si elle montait pas elle savait que, ils savaient que quand ils arrivaient ils savaient que Mireille était en bas, ou Valérie, donc, même si j’arrivais à 8h, que j’étais pas là, y avait quelqu’un en cas, pour moi j’étais tranquille. J’ai déménagé quand on s’est mis en ménage chez lui, dans une maison, à             un petit village.

 

I : Depuis quand votre mère est à la maison de retraite ?

Mme B. S. : Depuis 88, à peu près comme, comme moi elle est rentrée.

I : Comme vous ?

Mme B. S. : Oui comme moi (rires).

I : Son mari il est décédé ?

Mme B. S. : Il est né en 1975, en 1975, en 1975.

I : Elle a habité toute seule ?

Mme B. S. : Non, y avait Marie-Thérèse, y avait mon frère qui était pas parti.

I : Lequel ?

Mme B. S. : Georges, qui était pas parti et après y a ma sœur qui était à Paris, qui est revenue, alors elle était revenue avec sa fille, et elle a habité quelques années avec elle.

I : Elle est divorcée ?

Mme B. S. : Oui, les filles toute façon, on est toutes divorcées.

I : Et là Alain ? Il est marié ?

Mme B. S. : Non.

I : Non, il est pas divorcé ?

Mme B. S. : Non.

I : Mireille ?

Mme B. S. : Elle est divorcée.

I : Vous ?

Mme B. S. : Divorcée, Martine aussi (non remariée).

Marie-Thérèse non, elle est mariée, a deux enfants.

Une fille, un garçon.

 

I : Et les cousins y sont proches ?

Mme B. S. : Oui, sa fille est très proche de la mienne, puisqu’elles ont le même âge, elles sont nées à  cinq jours d’écart.

 

I : Ah bon ?

Mme B. S. : On était ensemble quand elle est partie à la maternité, on s’est croisée (rires). Oui, oui, et alors donc on a toujours malgré qu’elle était dans un village un peu plus haut, un peu à la montagne parce que son mari est agriculteur, et donc à chaque vacance, on a toujours essayé de de se voir, d’abord elle réclame, pour que, elle s’entendait bien en plus et puis les gens y disaient c’est les jumelles, elles se ressemblaient pas physiquement mais elles étaient toujours plus ou moins pareilles.

Mireille, je lui dis bien des choses, mais je parle plus avec Marie-Thérèse.

Enfant.

Martine, elle est un peu différente, parce que elle affabule beaucoup, elle se crée beaucoup d’histoire de , elle invente beaucoup de choses, on peut pas lui faire confiance, elle rencontre, même si c’est pas. On lui dit noir, elle raconte blanc, c’est pas une mauvaise fille, elle est gentille comme tout, elle rend service, mais on peut pas lui faire confiance.

Marie-Thérèse, elle travaille pas.

Martine, fait.

Mireille, elle est redescendue.

Alain, menuisier.

Odette, secrétariat.

Georges, cadre usine retraité.

Françoise,

Pierre, représentant.

Henri, ouvrier.

Nicole, retraitée.

Jean,          Paris.

Depuis qui sont en retraite, on les voit mieux, ma maman avait de la famille qui avait un grand restaurant, dès qui y ont eu l’âge, les aînés partaient travailler.

Françoise a rencontré son mari très jeune.

Mon père est né à Paris, sa famille je sais pas trop finalement.

Ma mère aussi est partie.

Je sais.

Il était parti, reparti travailler à Paris, et quand y a le problème du bébé qui est décédé, après il est revenu, et elle était seule un moment, il avait du partir travailler et elle devait y monter, et ils sont restés là.

A un moment, j’ai cru comprendre ça.

 

I : Y-a-t-il eu des évènements marquants ?

Mme B. S. : Oui, quand mon neveu, mon neveu, on a trouvé pendu donc on savait pas, on parlait pas de suicide à ce moment là.

 

I : Vous aviez quel âge ?

Mme B. S. : Je devais avoir 10-11 ans, c’était pas loin de quand on a déménagé, nous on savait pas pourquoi, on savait pas, c’est vrai qu’on nous disait pas les choses vraiment c’est vrai que ça avait un peu secoué tout le monde, on avait pas compris. On était proche de ce cousin, il avait 13-14 ans. Il avait à peu près mon âge, et c’est vrai que le seul endroit qu’on allait c’était chez eux. Cette tante, et on jouait beaucoup avec lui, il était gentil et tout et c’est vrai que ça nous, bon je sais que mon père il était descendu à l’enterrement bien sûr, et quand il faisait les choses y faisait tout seul et puis y nous en parlait pas, il allait à un mariage, on savait pas de qui, il y allait tout seul mon père.

 

I : Et votre maman ?

Mme B. S. : Non, elle y allait pas, elle restait toujours à la maison nous gardant. Lui, il allait au mariage tout seul, l’enterrement c’était toujours lui qui y allait, oui je me rappelle de ça.

Des choses de ce qui y avait à faire.

Mireille, comme elle travaillait un peu mieux à l’école, elle avait, elle se défendait peut-être mieux, elle avait l’aplomb de répondre.

 

I : Oui ?

Mme B. S. : Elle avait l’aplomb de répondre à mon père.

 

I : Et vous ?

Mme B. S. : Non.

Alain, c’était pareil.

Et Martine, c’était la chouchoute.

Quand Marie-Thérèse

Quand on avait eu cet accident, les parents des gens avec qui on avait eu l’accident, m’avait offert une petite poupée, elle me l’avait toute déchirée.

Un jour qu’on avait eu l’autorisation de rester à une fête là et finalement on sait pas pourquoi ma sœur, on avait trouvé un jeune qu’on connaissait, moi je suis passée devant et ma sœur elle est pas passée devant parce qu’elle avait peur en plus et du coup il a fait le fanjo, on s’est retrouvé au fossé, bien sûr, moi j’avais du mal et puis donc on s’est fait engueuler, elle, finalement, ça s’est bien passé parce que ce jour y avait les parents de mon frère, ses beaux parents qui venaient faire la connaissance de mes parents alors quelle histoire. C’est mon pied qui a ramassé. J’avais une blessure à un œil, et puis donc, les parents de ce jeune homme, ils m’avaient offert une petite poupée, elle, elle était jalouse, alors, elle m’avait cassé la boîte, elle était jalouse.

 

I : Elle avait quel âge ?

Mme B. S. : 17 ans, 16 ans, j’étais à l’école.

Elle avait 14 ans, quelque chose comme ça, elle piquait des crises, ma mère, elle la prenait et puis elle la mettait sous la douche froide parce qu’elle piquait des crises, elle était coléreuse, elle, elle est, quelque part des fois, c’est pour ça que je vous dis, on revient toujours au même avec mes sœurs, même, on n’est pas toute pareille, je veux dire les gens sont différents et puis on a des, mais elle, c’est vrai qu’on peut pas, y a un problème, de jalousie, elle est jalouse, elle a quelque chose, on sait pas quoi, on arrive pas toujours à la comprendre.

 

 

I : Comment cela se passe t-il avec votre compagnon ?

Mme B. S. : C’est vrai que il a la force que j’avais pas, en premier et il y a une chose, que quand, il tient toujours ses paroles de ce qui fait et y a une chose et il le dit pas toujours, il le dit pas toujours, comme y fait les choses, même envers sa fille, il me soutient toujours.

Et il me laissera jamais dans le besoin, et ça il me l’a prouvé, je l’ai toujours ressenti. Tout ce qu’il fait, même s’il veut pas le dire c’est pour qu’on soit bien et qu’on manque de rien, c’est le principal pour lui. C’est vrai que ça fait tout des fois comme j’y dis.

C’est vrai, un geste gentil, il sait pas dire mais il veut pas nous laisser, ce qui fait, c’est il veut pas nous laisser dans le besoin si je m’en vais le premier.

Il a fait un petit logement qu’il a mis à mon nom. C’est lui qui a fait les travaux et qu’il a payé, j’ai participé mais la grande partie, c’est lui qui a fait, qui a décidé, au départ, de vouloir faire quelque chose, comme je suis dans sa maison, on sait jamais… Pour pas que sois à la rue, c’est quand même important, tout el monde l’a pas fait, et je veux dire, pour lui, il veut pas que je sois à la rue, c’est une preuve quand même, mais il sait pas le montrer. Je vois bien que devant les autres, arrête de dire le contraire de ce qu’il pense, j’ai fait du chemin.

C’est ce que j’expliquai à ma sœur l’autre jour (rires) : je lui dis, tu dis, tu expliques à ton mari, ce qui fait qui te va pas, c’est comme ça, je lui dis moi, j’ai fait du chemin, je dis bon, je sais qu’il faut parler, il faut parler, parce que vous parlez plus, lui mange sa soupe tout seul et toi de l’autre. C’est pas histoire de changer, c’est pas histoire de confiance, d’aller à droite, à gauche.

Mon premier mari, on se parlait pas.

Il était tout le temps chez ses parents. Il s’est mis à boire, y a eu le financement, on arrivait pas à joindre les deux bouts, je suis partie, comme ça fait déjà quelques temps que ça allait pas, lui sortait tout seul.

Soulagée.

Même mon fils, c’est quand qu’on s’en va, je prenais pas beaucoup de décision, mais après, je faisais sur un coup de tête quand j’étais au bout.

Aujourd’hui, je parlerai, mais je le ferai pas sur un coup de tête.

Ma mère : elle s’est pas beaucoup occupée du ménage de chacune parce que Mireille, elle était revenue, et comme elle était seule, elle avait besoin de nous, y aura peut-être eu mon père, finalement, elle était bien sous la coupe de mon père, saurait été dramatique peut-être, mais comme elle était toute seule, elle avait besoin de nous, autoritaire. La preuve c’est qu’on lui parlait pas. C’est bien que quand je suis partie de la maison, j’étais pas fâchée, je continuais à aller leur dire bonjour mais on se parlait pas vraiment, même si on allait y manger, on avait pas de conversation, pas grand-chose.

Georges, il va pas la voir, c’est rare ; Alain, il hésite à y aller. Elle était, bon, elle était, elle a pas toujours été gentille avec les belles sœurs et tout, elle était pas bien, elle a pas toujours été, elle va pas bien, elle les a pas spécialement après les belles filles.

C’est difficile, oui c’est difficile parce que quelque part on a jamais vu sa mère, on faisait le travail qu’y avait à faire des choses et c’est tout, on avait pas de, de lien de faire seule,ensemble, on était deux ou trois, on avait pas une relation avec notre mère, après l’usine, on mangeait, télé et on se couchait, on parlait pas ensemble, on discutait pas bien, les autres c’est un peu pareil. On faisait pas bien les choses, si quand on faisait la pâtisserie ou en cuisine, parce qu’on allait l’aider, disons comme on était deux ou trois, on était pas vraiment seul.

I : La maison dans le Cantal

Mme B. S. : J’ai des souvenirs de la buanderie, c’est curieux, des prés, pas tellement. Une copine, qu’on allait jouer chez elle comme on était nombreux, on riait entre nous.

 

I : Le travail à 16 ans

Mme B. S. : Mon salaire servait à la maison. Alain y travaillait en apprentissage chez un artisan. Mireille, quand elle a eu l’âge, elle est partie à Paris (elle avait fugué), en punition, quand elle était partie en haute saison, elle avait fait une fugue comme ma sœur Odette avait du travail. Odette était pensionnaire à Clermont. Je suis restée le plus à la maison, pour le temps que je suis restée à l’usine, je travaillais à Saint       , je suis restée le plus, elle avait dix sept ans, elle est partie, c’était le temps que j’étais à la Bourboule, je savais pas que ça s’appelait comme ça, je l’ai su qu’après, après et donc ils l’ont envoyé à Paris pour qu’elle aille travailler dans cette épicerie où les voisins, les parisiens, à côté, c’était… Elle était partie travailler chez un restaurateur au Vernet. Elle avait connu un copain, elle avait foutu le camp avec lui, il lui avait promis une croisière, mais moi, je sais ça, mais pas plus.

Quand je suis revenue, moi, elle y était plus, elle était partie à Paris et moi quand je suis revenue, elle était pas là, elle était partie à Paris, elle est restée quelques années à Paris puis je l’ai pas revue. Et donc, après quand elle est montée, c’est là qu’elle a trouvé son mari, c’est là donc après, quand elle est revenue, sa fille elle avait cinq ans, cinq six ans. On s’était perdue un peu de vue donc après cinq six ans, quand sa fille a eu cinq six ans , elle est revenue mais par contre avec ma belle sœur, avec la femme de mon frère aîné. On a des bonnes relations, quand son fils, qui est de l’âge de mon fils aîné, elle le laissait en vacance, un peu, et je l’avais eu gardé. On s’est relié, on s’est connu avec mon frère aîné quand mon fils aîné, quand mon fils, quand les deux enfants jouaient en vacance. On a eu un lien par la naissance de nos enfants. Et c’est resté, sachant que je partais en cure, elle m’a téléphoné.

 

 

ENTRETIEN Mme F. :

 

Mme F. : A la suite du boulot déjà, je m’entendais pas avec mes collègues et après, j’ai fait une fausse couche, je l’ai pas digéré, il a fallu m’opérer, j’ai su que je pouvais plus avoir d’enfants mais moi je soupçonne plus que ça s’est déclenché plus avant, quand on m’a vacciné de l’hépatite, le toubib me dit c’est vrai que, y a eu beaucoup de fibro.

I : C’était quand ?

Mme F. : Je me rappelle plus, en 2000, je pense, j’étais titulaire, ça s’est déclenché un an après, en 2001, et mon toubib me dit : oui y a eu ça, la fibro et la sclérose en plaque. D’ailleurs, elle a cru que c’était ce que j’avais au début, finalement c’est la fibro.

I : Et l’opération, c’était quand ?

Mme F. : C’était en 2002, donc ça s’est tout cumulé.

I : Et le travail ?

Mme F. : Oui, c’était en 2002, qu’ils m’ont fait tant chier.

I : C’est-à-dire ?

Mme F. : Je suis passée titulaire, j’étais remplaçante à Vic, d’abord.

I : Votre métier, c’est ?

Mme F. : Ouvrière d’entretien et d’accueil, et mon patron y m’a fait passer mon concours, ça fait plusieurs années que je le passais, j’arrivais pas à l’avoir, y a pas de secret, y me dit : faut apprendre le bouquin. Donc je l’ai appris, je l’ai eu grâce à lui et après y avait un poste qui, et lui, il l’a caché pour me récupérer, il voulait me garder et les autres l’ont su, ah ! Comme elles sont mauvaises, elles m’en on fait baver.

I : Vos collègues de travail ?

Mme F. : Ah ouais, elles m’en on fait baver.

I : C’est-à-dire ?

Mme F. : Me traitaient de fainéante, m’insultaient, pendant trois ans.

I : Et après ?

Mme F. : − C’est elle qui s’est arrêtée, quand elle était plus là, c’était impeccable, ça allait beaucoup mieux, et puis après, je me suis séparée donc, en 2007, là, ça a fini de clasher, déprimée j’étais, ça va que j’avais le gamin, franchement, je peux plus.

− Et puis, voilà, maintenant j’ai pas repris le boulot et je suis pas prête de le reprendre parce que je suis, je me lève comme si j’avais travaillé 8 heures.

I : Qu’est-ce que ça a changé la maladie ?

Mme F. : J’ai plus envie de sortir, je vois rien, avant j’aimais jouer aux cartes, à la pétanque, là, j’ai plus goût à rien, non, je reste chez moi sur le canapé et je dors, ma plus grande… c’est ce que je fais le plus souvent, je dors.

I : Et à la maison ?

Mme F. : Je suis toute seule à la maison, j’ai mon gamin un week-end sur deux, c’est vrai quand je l’ai, j’essaie de le, pour dire que je suis en forme.

I : Oui ?

Mme F. : Mais y a des fois, c’est pas le cas, il le voit bien, il est pas fou.

I : Votre fils, c’est le plus jeune ?

Mme F. : Oui, j’ai une fille qui a 20 ans, qui n’habite plus chez moi.

I : Vous avez été mariée ?

Mme F. : Non, j’ai jamais été mariée.

I : Non ?

Mme F. : Alors, moi, j’ai été fille mère au départ.

I : De votre fille ?

Mme F. : Qui a 20 ans, je l’ai élevée toute seule, jusqu’à l’âge de 7 ans.

I : Comment elle s’appelle ?

Mme F. : Laura.

I : Elle est née en quelle année ?

Mme F. : Elle est née en 80, qu’est-ce que je dis, pas de bêtises, j’ai même des trous de mémoire, c’est dingue quand même, 88, octobre 1988.

I : Et vous ?

Mme F. : En 64.

I : Et votre prénom ?

Mme F. : Françoise.

I : Et son papa ?

Mme F. : Elle sait qui c’est. Oui, oui, parce que je lui ai dit, quand elle a commencé à aborder le sujet, j’ai pas voulu lui mentir, c’est vrai qu’elle le savait, puisque, avant qu’elle me pose la question, elle le savait, puisque en sortant dans les bals, elle a trouvé une demi sœur, un demi frère, c’est les filles jumelles, portrait craché.

I : Il a eu d’autres enfants ?

Mme F. : Oui, sa femme était enceinte pendant que… (Rires), voilà.

I : Que vous aussi, vous étiez enceinte ?

Mme F. : Oui, oui.

I : Elle a combien de demi-frères, demi-sœurs ?

Mme F. : Elle en a 2, un demi- frère, une demi-sœur, un frère qui doit être plus vieux et une sœur qui doit avoir le même âge, elles ont trois ou quatre mois de différence.

I : Et quand elles se sont vues ?

Mme F. : − Elle savait un peu, elle s’en est doutée, ma fille, quand elle a vu cette ressemblance, elle savait que son père était de par là-bas, et après, elles ont discuté.

− Elle a cherché à joindre son père, il a jamais voulu répondre, moi-même, j’ai essayé de l’appeler, j’ai dit : écoute, elle veut te voir, elle veut pas te manger. J’ai dit : elle veut te voir, elle t’a jamais rien demandé, j’ai jamais rien demandé, elle veut juste savoir qui tu es, elle veut te voir dans un bar, pendant une heure, deux heures et discuter, il a jamais voulu, il avait dit ok et puis il m’a jamais rappelé.

− Ma fille m’a dit de laisser tomber, un jour ou l’autre, si j’ai envie, moi, je prendrai ma voiture, je sais où il habite maintenant.

I : Elle porte quel nom de famille ?

Mme F. : Mon nom.

I : Alors, après donc ?

Mme F. : J’ai rencontré le papa de Damien.

I : Plus tard ?

Mme F. : Plus tard, je suis restée 7 ans toute seule.

I : Damien donc, qui est né en ?

Mme F. : Né en 96 et pareil, quand je suis tombée enceinte, j’ai pas bien, je l’ai mal pris parce que bon je voulais pas de, je savais que ça allait pas marcher avec lui, il était (routier ?), il était bringueur, presque jamais là, donc, il a voulu absolument qu’on le garde et moi je l’ai pas accepté quoi, donc puis après, il est né, c’est vrai qu’on craque (rires), mais c’est vrai que deux ans après, ça a pas marché, il est parti.

I : Il s’appelait comment ?

Mme F. : Philippe.

I : Et quand l’avez-vous rencontré ?

Mme F. : − C’est facile, je suis tombée enceinte tout de suite, donc, donc c’est pareil, je prenais rien parce que on m’avait toujours dit faut arrêter la pilule, t’auras pas d’enfants sinon, tu pourras pas avoir d’enfants.

− C’est vrai que j’avais arrêté la pilule à l’âge de 20 ans alors…

I : Et Philippe ?

Mme F. : Heureusement que je l’ai, il est en train de faire des réparations dans ma maison, c’est vrai que, heureusement que je l’ai, c’est lui qui paye le téléphone de mon portable.

I : Ah oui ?

Mme F. : Et même le téléphone de ma fille.

I : Et Damien, comment vous l’avez élevé ?

Mme F. : − Au début, y commence à dire, le gamin, de toute façon, je vais l’abandonner.

− J’ai dit : ok, tu l’abandonnes, c’est le tribunal et va falloir que tu sortes des sous parce que j’ai assez galéré pour ma fille qui a eu besoin de son père. Donc sa mère lui a dit : écoute si tu veux pas pour ton gamin, je te veux pas.

− Donc après, il a réfléchi et moi je lui ai dit : écoute on l’a fait à deux. Je lui ai dit : j’ai pas envie que le gamin soit tiraillé à droite, à gauche, faut s’entendre pour le gamin.

− Et c’est vrai que au début ça pas été toujours facile et après il a réfléchi, heureusement que y avait sa mère, et c’est vrai que, bon il y va tous les 15 jours.

Même ma fille, elle s’entend bien avec lui.

I : Ils ont vécu un moment là ?

Mme F. : Oui, un jour, elle arrive de l’école, elle avait quoi 10 ans, maman, maman, je veux faire ma communion, c’est bien ma chérie, t’es pas communiée, euh, t’es pas baptisée, elle était pas baptisée donc on les a baptisés et ben elle avait 10 ans et j’ai baptisé mon petit en même temps, et elle a dit : moi le parrain, je veux que ce soit Philippe. Donc, c’est Philippe son parrain.

I : Actuellement, ils se voient ?

Mme F. : Oui.

I : Et après Philippe ?

Mme F. : Bien après, ça s’est fait bêtement à cause d’un anniversaire, donc j’étais à un anniversaire, je suis allée chez ce monsieur, et puis bon ça a flashé, il était célibataire, du moins, il venait de divorcer, voilà, donc de fil en aiguille, j’aurai mieux de me casser une jambe.

I : Vous avez vécu avec lui ?

Mme F. : Voilà, 8 ans presque.

I : Donc de ?

Mme F. : Donc de 2001, 2002, 2002, non 2004.

I : Quel est son prénom ?

Mme F. : Laurent.

I : Né en quelle année ?

Mme F. : Il est né en 60 euh 7

I : Parlez-moi de votre famille, vos parents ?

Mme F. : Mes parents, alors, très, très longue histoire, mes parents se sont séparés quand on a été tous majeurs, donc ils ont divorcé eux, ils auraient divorcés, dû divorcer quand j’avais l’âge de 11 ans, là, je leur en veux, je leur en veux, ils le savent.

I : De pas ?

Mme F. : − De pas avoir divorcé avant, j’ai vu des scènes, se battre et tout, des choses horribles, ma sœur, mes sœurs ont pas connu ça, mes frères non plus, y a que ma petite sœur qui a, mais elle en parle pas, elle, elle parle pas, ma plus grande sœur, elle comprend pas, je lui dis : attends, moi j’ai vu des images quoi, tu t’en fous, t’étais mariée, tu y a pas vu, moi, j’y ai vu.

− Maintenant, elle le sait, c’est vrai que c’est délicat, moi c’est tout remonté d’un coup, j’ai déprimé, fuitt d’ailleurs, je suis restée 10 ans sans voir mes parents, euh, après le divorce.

I : Après leur divorce ?

Mme F. : − Moi j’ai dit : j’ai plus de parents, pour moi, j’avais plus de parents.

− Quand je suis tombée enceinte, je les ai appelés, je leur dit : voilà je suis enceinte.

− Y m’a répondu : tu l’as voulu.

− Je l’ai dit à Laurent.

I : Vous avez combien de frères et sœurs ?

Mme F. : On est 5.

I : 5 et vous, vous êtes où dans les 5 ?

Mme F. : Moi, je suis l’avant dernière, donc, j’ai un frère.

I : Aîné ?

I : Comment s’appelle t-il ?

Mme F. : Jean-Claude.

I : Il est né en quelle année ?

Mme F. : Il est né, il a 50, euh, 50, euh, 6 ans cette année, donc euh.

I : En 53 ?

Mme F. : En 53.

I : Après ?

Mme F. : − J’ai ma sœur Yvette, qui aura 52 ans, non c’est pas ça, elle aura 51 ans, donc mon frère 54 il aura, ils ont 3 ans d’écart. Donc il est né en 55.

− Après, y a Gilles, c’est mon autre frère, il doit être né lui en 60.

− Après, y a moi.

− Et après, y a ma petite sœur qui est née en 60 euh 7.

I : Qui s’appelle comment ?

Mme F. : Nicole.

I : Et vos parents ont divorcé en quelle année ?

Mme F. : Et ben, y ont divorcé, y ont divorcé, j’avais quoi moi, j’avais ma fille donc j’étais, je sais plus, ils ont attendu que ma sœur soit majeure.

I : Donc c’est au moins 87 ?

Mme F. : J’avais ma fille, elle est née en 88 donc ils ont dû divorcer, en 80, non, ils étaient séparés, ils se sont séparés, je m’en rappelle plus, ils se sont séparés, ma fille avait 2 ans, j’étais au Portugal.

I : En 90 ?

Mme F. : Ouais, j’étais au Portugal, je revenais du Portugal, avec la nounou de ma fille, on est parti deux mois de rang avec, j’étais jamais partie en vacances.

I : Et alors ?

Mme F. : C’était super parce que je faisais rien, je pouvais même pas laver mes culottes, elle m’engueulait (rires), ah ! j’ai rien foutu, je buvais l’apéro avec les hommes (rires) et on jouait aux cartes.

I : Et votre compagnon vous a suivi ?

Mme F. : − A non, j’étais toute seule à l’époque, j’avais que ma fille, et quand je suis arrivée du Portugal, je suis allée voir mes parents parce que je suis restée ni chaud ni froid, parce que je leur parlais pratiquement pas, je suis rentrée, j’ai dit : elle est où la mère ?

− Et mon père m’a dit : elle est partie, elle habite à tel endroit.

I : C’est votre maman qui est partie ?

Mme F. : − Et après, y ont fait chacun leur vie, parce que c’était fait déjà d’avant et après il a demandé le divorce et moi je suis restée 10 ans, plus de 10 ans, j’avais plus de parents.

− Mon père est revenu, bon, ma mère, j’allais la voir un petit peu avec mes gamins, après, parce que ma fille avait déjà pas de père, je voulais qu’elle est une grand-mère, un grand-père, ça a été dur d’ailleurs avec le grand-père, parce que c’est lui qui l’avait été au début, quand j’ai commencé à bosser, il la gardait de temps en temps et du jour au lendemain, il a débarqué de sa vie, donc là, j’ai pété les plombs, après je me suis dit, bon, ben, je vais aller voir ma mère, c’est vrai que je mettais tous les torts à ma mère, puis, en fin de compte, après, en réfléchissant, ils ont tort tous les deux.

I : Vous les voyez ?

Mme F. : − J’ai revu mon père y a pas tellement longtemps, je vais vous dire quand, c’est quand j’ai été hospitalisée mi novembre, j’avais mon fils, c’était un dimanche, je m’en rappellerai toujours, je vois une ombre de loin, je dis tiens, on dirait mon père, il s’est approché.

− C’est qui ce vieux qui s’approche, on dirait qu’il vient te voir ?

− Je dis : c’est ton grand-père.

− Ah bon, j’ai un grand-père ?

I : Il le connaissait pas ?

Mme F. : Il le connaissait mais il avait un an ou deux ans, alors il s’en rappelle plus et c’est vrai qu’on a renoué là.

I : Y a combien de temps ?

Mme F. : Y a pas longtemps, y a un an, un an et demi, même pas.

I : Et maintenant ?

Mme F. : J’essaie d’y aller tous les 15 jours, on a pleuré tous les deux, comme des gamins.
I : Et sa nouvelle compagne ?

Mme F. : Elle a vu que bon elle avait eu des torts, oui, elle avait mis des bâtons dans les roues pour que je vois mon père.

I : Et avec votre mère, comment ça se passe ?

Mme F. : Et ben, j’y vais mais je me force, je dois y aller, là, ça fait 15 jours que je dis oui, je viendrai te voir mais j’y repousse, je les supporte pas.

I : Son compagnon ?

Mme F. : Si, si, il est très, très gentil, elle, elle est méchante, elle a toujours un os à ronger, elle parle toujours de quelqu’un, elle est vulgaire et tout, moi, je la supporte pas, elle le sent en plus.

I : Oui ?

Mme F. : Et avec moi, elle fait attention mais quand je reste, j’y reste une heure et demi, c’est tout.

I : Son prénom, c’était ?

Mme F. : Marie-Thérèse. Elle a jamais travaillé, ils étaient paysans mes parents, il était agriculteur.

I : Et vous aviez une ferme ?

Mme F. : Ah oui, on avait une grande ferme et mon frère avait pris la suite.

I : Vous avez grandit là ?

Mme F. : Voilà.

I : La ferme, d’où venait-elle ?

Mme F. : C’était du côté du père de mon père.

I : Du côté de votre grand-père paternel, ils étaient fermiers ?

Mme F. : Oui.

I : Et la famille de votre maman ?

Mme F. : Et ben, c’est pareil, ils étaient, mon grand-père était fermier et ma grand-mère avait un bureau de, un bar, ils étaient séparés, je les ai jamais connus ensemble, jamais, je les ai vus ensemble.

I : Jamais ?

Mme F. : Mon grand-père, quand il est décédé, de toute manière, j’ai pleuré parce qu’il est mort à la chasse en plus.

I : Vous étiez proche de votre grand-père ?

Mme F. : Ah oui, très, très proche, des deux grands pères.

I : Et les grands-mères ?

Mme F. : − Et bien, un peu moins. Je les ai jamais connu ensemble, même ma mère, elle dit : ils se sont séparés, on était gamins ; c’est bizarre, hein.

− Ma grand-mère est toujours restée toute seule et mon grand-père aussi.

I : Et votre maman, elle avait des frères et sœurs ?

Mme F. : Oh oui, ils sont cinq. Quatre sœurs et un frère.
I : Elle était laquelle ?

Mme F. : − Non, elle était pas l’aînée, l’aîné, c’est son frère. Un frère qui est décédé, après c’est ma tante, après ma mère et après deux sœurs.

− Donc l’une, la dernière, on sait pas si c’est celle de mon grand-père. Moi, j’ai toujours dit que c’était pas sa vraie sœur.

I : Comment elle s’appelle ?

Mme F. : Chantal. On pense une demi-sœur. J’ai toujours soupçonné, même ma mère, parce que y a vachement d’écart de différence d’âge, elles ont 20 ans d’écart et on a jamais compris, mais bon, il l’a reconnue, ils s’appellent tous…

I : Donc, Marie-Thérèse, c’est votre maman ?

Mme F. : Et donc, y a Jean-Claude, Yvette, Gilles, Nicole.

I : Qu’est-ce qu’ils font ?

Mme F. : Alors, Jean-Claude, je ne lui parle plus, il a marié sa fille, j’ai pas été invitée, j’étais la seule à pas être invitée.

I : Ca a toujours été comme ça ?

Mme F. : Non, non, non, quand on était enfant, on était complice, je lui gardais ses gamines, on se voyait et tout, du jour au lendemain, la jalousie je pense, quand j’ai repris ma vie avec Laurent, quand j’ai été dans la merde, ça allait, y étaient bien contents, et dès l’instant où j’ai été bien, la jalousie.

I : Il est marié ?

Mme F. : Oui, il est marié et même grand-père. Je connais que la première.

(Jean-Claude : boucher).

I : Après, y a Yvette ?

Mme F. : Yvette, c’est comme ma mère elle, ça était ma mère d’ailleurs.

I : Pourquoi ?

Mme F. : Parce que c’est elle qui m’a élevée, pratiquement, qui m’a vachement, quand j’étais dans la merde, qui m’a donnée de l’argent, elle m’a prêtée de l’argent, donnée de l’argent, heureusement, que y avait ma grand-mère et ma sœur.

I : Elle avait 6 ans quand vous êtes née ?

Mme F. : Voilà et elle s’en souvient (rires), elle m’emmenait même chez le dentiste.

I : C’est toujours votre sœur la plus proche ?

Mme F. : Ah oui, on est tout le temps ensemble, je l’appelle toutes les semaines, heureusement que je l’ai parce que (elle est agricultrice), son mari est mécanicien.

I : Après y a Gilles ?

Mme F. : Y a Gilles, lui, il était paysan, il a mangé toute la ferme, heureusement que y avait ma sœur, là aussi, parce que sinon.

I : La ferme ?

Mme F. : La ferme de mon père, on a pu récupérer la maison et les granges, sinon, ça partait tout en fumée.

I : Ca a pas marché ?

Mme F. : Il s’occupait pas, il était tout seul et personne l’encadrait.

I : Il était marié ?

Mme F. : − Si, il a été marié, d’abord, ça a pas marché à cause de ma mère, le mariage, parce que elle a voulu s’occuper de leur couple et puis sa femme est partie, moi, je serai partie aussi.

− Elle s’occupait de son ménage, de tout, je sais pas moi, si ma fille venait à se marier, d’ailleurs elle vit avec son copain, je suis pas derrière, c’est logique.

Après, il fréquente mais bon, il a pas de gamins, au moins, j’ai pitié pour lui, on se voit pas, c’est vrai qu’on se voit pas assez, c’est dommage, parce que moi, monter à Vayet et maintenant, on est arrivé à vendre la ferme, c’est ma sœur qui s’en est occupée.

I : Et enfant ?

Mme F. : On s’entendait bien. On se voit dans les enterrements. Quand mon père a été médaillé.

I : Médaillé ?

Mme F. : Il a été 30 ans Maire.

I : Et votre père, c’est ?

Mme F. : Marcel.

I : Après Gilles ?

Mme F. : Y a moi.

I : Et après ?

Mme F. : Y a ma petite sœur. C’est pareil, elle a galéré, elle a eu un enfant pareil après moi, ils ont 6 mois d’écart.

I : Et le papa ?

Mme F. : − Le papa, il l’a reconnue, sans le reconnaître, mais bon, il l’a reconnue quand même.

− Ma sœur n’a jamais voulu que son fils aille voir son père, donc moi, je me suis fâchée, ça fait 6-7 ans que je suis fâchée, attends, j’admets pas que tu envoies pas ton fils voir son père, il a le droit d’aller voir son père, je lui dis : y va t’en vouloir après.

− Elle cherchait pas de boulot, elle allait chez ma mère, bien sûr, elle lui donnait de l’argent, jusqu’au jour où je me suis fâchée, j’ai dit : du boulot, y en a, je peux te faire rentrer au rectorat. Elle a jamais voulu, je suis allée voir ma mère, tu lui donnes plus d’argent et puis, alors mon père, j’ai fait pareil, je lui ai dit : plus d’argent, il va bien falloir qu’elle se secoue.

− Du jour au lendemain, mes parents lui ont plus donné d’argent, et bien, elle s’est mise au boulot.

I : Elle fait quoi ?

Mme F. : Maintenant, elle travaille dans les écoles. Elle est toujours restée seule.

I : Elle va voir votre maman ?

Mme F. : Tous les mercredis.

I : Et vous, vous y allez la voir ?

Mme F. : Ma sœur, ma mère. Ah ben, c’est les sœurs, euh, les filles, ma mère, quand elle a été opérée du cœur, y a aucuns garçons qui sont allés la voir.

I : Oui ?

Mme F. : − Et je dis à ma mère : si t’arrive quelque chose, par contre, ils auront rien.

− Et moi, si je suis toujours vivante, alors là, je vais faire du vide, là, je serai méchante.

I : Et votre père ?

Mme F. : Mon père, il s’entend très bien avec les garçons, il monte à F. tous les jours, c’est sa maison.

(Les grands parents sont décédés).

I : Votre père est né en quelle année ?

Mme F. : Il va avoir 78 ans, il est né en 31.

I : Votre maman ?

Mme F. : Elle a 5 ans de moins donc elle a 72 ans (née en 36).

I : Et la famille, comment ça s’est passé avec votre maladie ?

Mme F. : − Oh ben, ils m’ont laissée tomber comme une vieille chaussette, à part ma sœur Yvette. Dans les hôpitaux, tout ça, personne est venu me voir, à part ma sœur et ma mère, quand même, elle est venue me voir. La fibromyalgie, pour elle, je lui en parle même pas.

− Y avait de la violence, tous les jours, j’ai vu mon père prendre le fusil, je m’en rappelle, quand j’avais 10 ans, 15 ans, je m’en rappelle, je pouvais plus parler, j’avais un copain plus vieux que moi et j’avais vu ma mère avec un autre bonhomme et là, et je disais à mon père le lendemain. Je prenais une calotte, pour lui, c’était pas vrai, il la défendait, il le savait, mais pour son, c’est vrai qu’il aurait pu faire des conneries mais il voulait pas le sortir, il voulait pas que les gens le sachent, mais tout le monde le savait, pour lui, ma mère, c’était une sainte.

− Avec ma mère, on a jamais eu de contact.

I : Votre père ? Votre Sœur ?

Mme F. : Mais j’étais plus avec les grands pères.

I : Et vous êtes partie de la maison ?

Mme F. : − J’avais 18 ans, j’avais essayé avant, ma mère était venue me chercher, elle m’a dit : si ton père vient te chercher, y va te tuer.

− Et je suis remontée, donc à 17 ans, dès que j’ai eu 18 ans, je suis partie chez une copine, je dormais chez elle, j’ai trouvé des petits boulots, j’ai travaillé à l’hôpital à B., j’étais factrice, j’ai jamais manqué de travail. Bon, quand j’étais vraiment dans la merde, j’allais voir ma sœur.

I : Yvette ?

Mme F. : Yvette, elle s’est mariée, elle avait 17 ans, elle était enceinte d’ailleurs, elle s’est mariée exprès, disons, elle s’est fait mettre enceinte, elle voulait s’en aller de chez moi, elle voulait arrêter l’école.

I : Elle a ?

Mme F. : Elle a 2 garçons. Mariée à 17 ans, en 51. 33 ans l’aîné, oui, il doit avoir 35 ans. Le plus vieux a 35 ans.

I : Qui compte beaucoup ?

Mme F. : − Ma sœur, quand je vais à l’hôpital, c’est ma sœur.

− Quand j’ai déménagé, c’est elle qui m’a trouvé l’appartement.

− Et la maison, je l’ai acheté quand j’étais titulaire.

I : Avec vos enfants, comment ça se passe ?

Mme F. : Très bien, à part ma fille, j’ai même pas de visite.

I : Qu’est-ce qu’elle fait ?

Mme F. : Elle fait le boulot d’une aide soignante mais sans le diplôme.

I : Et votre maladie ?

Mme F. : Je lui en parle pas, j’évite, elle a pas besoin de tout savoir. (elle a 20 ans).

I : Et votre fils ?

Mme F. : Mon fiston, il a 13 ans, il est en pension depuis cette année.

I : Et ça se passe comment ?

Mme F. : − Bien, c’était son choix et parce que moi, je me sens pas capable le soir de lui faire les devoirs, on s’engueulerait. S’aurait pas été son choix, de toute façon, y allait, j’aurai pas pu me battre tous les jours.

− Bon, j’étais malade mais moins que maintenant, là, je me sens vraiment diminuée, ça fait 2 ans, ça chute, chute, chute.

− C’est les douleurs et puis je suis fatiguée. Le matin, je me lève, je suis fatiguée. Ce matin, j’ai cru que je me levais pas. Hier, j’étais chez une copine, j’ai passé la journée et l’après-midi, je me suis mise au lit.

I : De qui êtes-vous proche ? La famille de votre père ? Votre mère ?

Mme F. : D’une sœur de mon père, il a qu’une sœur.
Du côté de ma mère, je les vois même pas mes tantes, pour les enterrements.

I : La sœur de votre père ?

Mme F. : − C’est vrai que des fois, j’allais la voir, j’y emmenais même voir ma mère parce qu’elles étaient restées quand même copines, et puis là, ma mère voulait aller la voir un dimanche avec son copain et ma tante a dit : tu viens mais sans lui.

− Donc là, je suis allée voir ma tante et je suis allée m’expliquer, parce que mon père a fait sa vie, pourquoi que ma mère aurait pas pu faire la sienne, et puis je suis allée voir ma tante lui mettre les points sur les i parce que ma mère m’a appelée et na na, t’inquiètes pas, je vais m’en occuper, c’est vrai que je veux bien le dire gentiment mais je vais le dire.

I : A la maison, qui s’occupait des tâches ménagères ?

Mme F. : Et ben, c’était Lemoine, c’étaient mes grands parents, mes sœurs, après, c’était moi et ma mère faisait, je l’ai jamais vue balayer.

I : Qu’est-ce qu’elle faisait votre mère ?

Mme F. : − Elle prenait la voiture, elle s’en allait, elle prenait le carnet de chèques et je dépense, je m’habille, je m’achète des toilettes, bon, elle s’occupait, si, elle faisait des lapins, les lundis, elle était au marché mais elle travaillait pas beaucoup, elle dépensait plus qu’elle travaillait tandis que maintenant elle a bien changé, elle est en retraite mais elle travaille parce qu’elle s’en sort pas.

− Plus tu vieillis, plus tu travailles, et là, elle en met de côté, elle en met de côté, tant mieux, je lui dis : si un jour on peut peut-être y avoir droit, je vais pas aller payer pour ma mère.

I : Nicole ?

Mme F. : − Nicole, elle, je sais pas, elle parle pas, elle parle à personne, elle vient nous voir, moi des fois, elle vient mais elle parle pas, si on lui parle pas, elle parle pas, même chez ma mère, si ma mère lui parle pas, elle parle pas. Ma mère, elle me dit : elle me saoule, des fois, il vaudrait mieux pas qu’elle vienne.

− Elle vient, elle s’assoit et puis voilà.

I : Et votre mère ?

Mme F. : Je me sens obligée d’aller la voir mais je me force.

I : L’école ?

Mme F. : − Moi, l’école, c’était simple, j’ai que travaillé quand j’ai été en pension. Jamais mes parents m’ont ouvert un bouquin, jamais y m’ont signé mes carnets.

I : Et à quel âge vous étiez en pension ?

Mme F. : − A 14 ans. J’ai pas fait la 3ème ni la 4ème. J’ai fait CPN et après ma mère voulait me mettre dans la couture, j’ai dit : de toute façon, tu me mets en couture, je t’avertis, j’arrête l’école et je me casse. Je lui dis : je veux bien faire mais ce que j’ai envie de faire.

− Donc j’ai fait ETC, cuisine, un petit peu de couture, je suis restée 3 ans, j’étais première de la classe et puis j’ai bossé, y a des profs qui m’ont dit : tu devrais continuer.

− J’ai dit : non, ça me saoule l’école, moi, à 18 ans, je veux m’arrêter. Et là, je m’en mords les doigts.

− Mes parents y s’en foutaient, c’était ma sœur qui me signait mes punitions.

I : Vous avez été élevée à la ferme ?

I : Et quand votre frère a repris la ferme ?

Mme F. : − Et bien, c’est vrai que j’ai été un petit peu jalouse mais j’aurai fait comme lui, j’aurai pas tenu le coup.

− Quand mon frère a marié sa fille, tout le monde était invité sauf moi.

− Il me dit : c’est vrai que j’aurai dû t’inviter.

− Je lui dis : t’es qu’un con.

− Je lui dis : ta fille qu’elle vienne pas me présenter des amis, mais alors qu’ils aient pas un problème, j’irai pas les aider.

I : Marcel, Jean-Claude et Gilles ?

I : Et Yvette ?

Mme F. : − Je sais pas comment qu’elle fait pour tenir, elle bosse, elle bosse, elle est toujours debout 24h/24 jusqu’au jour où ça va te tomber.

− Avant, j’allais aider ma sœur parce que quand ils font l’ail, j’allais les aider.

I : Et vous y allez ?

Mme F. : Ah, j’y vais tous les ans. Avant, rien ne m’arrêtais et maintenant je me vois un légume, je vois pas de progression.

I : Et en ce moment ?

Mme F. : − J’ai même plus envie d’aller les voir.

− Avant, j’avais des amis, quand on est dans la merde, ça fait le vide.

I : Qui vous voyez donc le plus souvent ? Votre ex ? Votre sœur Yvette ?

Mme F. : − Et mon père, je pourrai aller demander mais j’irai pas.

− Pour moi, mon père, c’était le Dieu, du jour au lendemain, il le dit…

− Lui, maintenant, il vit avec sa nouvelle copine.

I : Et la maison de famille ?

Mme F. : J’aime y aller, j’aimerai y aller mais non j’y vais pas.

I : Vos parents, ils se sont mariés en quelle année ?

Mme F. : Elle devait être enceinte je pense mais même des fois, je me posais des questions, est-ce que c’est vraiment mon vrai père ?

I : Vous, vous posez la question ?

Mme F. : Oui, les 3 premiers, c’est sûr mais moi et ma petite sœur, c’est pas sûr.

I : Qu’est-ce qui vous fait dire ça ?

Mme F. : On se doute, je sais que ma mère, elle fréquentait un gars, que sa mère était malade, je l’ai toujours vu malade, assise dans un fauteuil, elle avait mal partout, si ça se trouve, je suis sa fille à lui, j’y ai toujours pensé.

I : Et votre mère, vous lui avez demandé ?

Mme F. : − Je lui demanderai jamais, je demanderai plus à mon père.

− Comme je voyais ma mère toujours avec des bonhommes.

− Elle nous a jamais regardé, ses gamins, je sais même pas pourquoi elle en a fait, elle était pas maternelle.

I : C’est-à-dire ?

Mme F. : Moi, ma mère, jamais m’a dit je t’aime ou…

I : De qui étiez-vous proche enfant ?

Mme F. : − Mon grand-père, mon grand-père, j’étais tout le temps avec mon grand-père.

− Ma sœur, elle a pas vécu tout ça.

− Par contre, ma petite sœur, je l’ai jamais vu bosser.

I : Laurent ?

Mme F. : − Il s’est marié, il a un gamin qui a 13 ans. Elle, elle en a 3, par contre, elle a eu un mari avec l’handicapé, je sais même pas.

− Son fils, il a le même âge que Damien.

I : Et vous les avez élevés ensemble ?

Mme F. : Au début, on l’avait une fois tous les 15 jours et comme sa mère s’en occupait pas, j’ai dit : sa mère s’en occupe pas, on va le prendre. Donc, on l’a gardé, il allait chez sa mère quand il voulait.

I : Vous avez élevé Laura, Damien, Gaël ?

I : Le père de Laura ?

Mme F. : 2 jours après, il l’a annoncé, ah bon, en entendant je suis enceinte, ça s’est arrêté là, il était marié, c’était pas marqué sur son front, j’avais 25 ans, je voulais des enfants, au moins un.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[1] Blotmann et al (2005)

[2] Roland Barthes cité par Cathébras

[3] Desmeules et al

[4] Blotmann, page 27

[5] WOOLF, 1994

[6] BREIVIK

[7] BLOTMANN,2007

[8] Hudson

[9] OKIFUJI

[10] Mac Beth 2002

[11] Kleinmann

[12] Cedrashi 2003

[13] GARDNER 24 25

[14] 27 SODERBERG 1999

[15] NEERINCK 2000

[16] www.megapsy.com/textes/…/biblio051.htm

[17] Zazzo, 1979

[18] Premack D. & A., 2003

[19] Premack D. & A., 2003

[20] C. Cedraschi et al. / Revue du rhumatisme 70 -2003

[21] Cedraschi, 2003

Nombre de pages du document intégral:81

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