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Architecture d’intérieur : L’architecture adaptée aux personnes ayant des problèmes de mémoire

Architecture d’intérieur : L’architecture adaptée aux personnes ayant des problèmes de mémoire

Sujet : La relation entre l’architecture et la mémoire

Problématique : Comment l’architecture peut-elle venir en aide à des personnes ayant des troubles de la mémoire tels que l’amnésie et la maladie d’Alzheimer ; comment peut-elle les accueillir ?

Plan

  1. Rôle et importance de la mémoire chez l’être humain

 

  1. La mémoire, des mots, du sens
  2. La mémoire à l’origine de la construction individuelle
  3. La relation entre le corps et l’esprit
  4. Le maintien de l’identité humaine

 

  1. L’intégration de la mémoire collective
  2. Une construction perpétuelle
  3. La mémoire favorise l’expérience et la transmission

 

  1. La mémoire, thématique artistique
  2. La reconstruction des mémoires de Boltanski
  3. L’oblitération selon Sacha Sosno

 

  1. Les architectes et leurs travaux sur la mémoire
  2. L’influence de l’architecture sur l’esprit par Louis Kahn
  3. L’institut du cerveau et de la moelle épinière par Jean-Michel Wilmotte
  4. Lou Ruvo, la clinique neurologique de Franck Gehry

 

  1. Les troubles mnésiques de la mémoire

 

  1. Alois Alzheimer et la découverte de la maladie éponyme
  2. Une redoutable découverte
  3. Vivre dans de nouveaux espaces avec la maladie d’Alzheimer

 

  1. Le traumatisme de l’esprit
  2. L’amnésie post-traumatique : L’altération de la mémoire par la maladie d’Alzheimer
  3. Le rôle des établissements de santé mentale

 

  1. La structure architecturale atteinte
  2. On Hold ou l’installation annihilée
  3. Le Dôme Genbaku, une architecture de ruine

 

  1. L’oubli, un mot lourd de sens
  2. Du moindre oubli au pire
  3. Les caractéristiques de l’oubli
  4. La bibliothèque de la non-histoire

 

  1. La symbolique du labyrinthe
  2. Anne et Patrick Poirier, Archéologues de l’oubli
  3. Le chemin sinueux de Pistoletto

 

  1. L’architecture, un rempart contre l’oubli
  2. Le mémorial de la déportation
  3. Le mémorial de l’abolition de l’esclavage

 

  1. Vers l’émotion architecturale

 

  1. L’omniprésence du contexte environnemental

 

  1. Les interactions entre l’homme et son environnement
  2. Le milieu de vie et d’évolution
  3. Le rôle du bâti sur l’être humain et l’enjeu du cadre naturel

 

  1. Le rôle de l’espace dans l’architecture et sur la mémoire
  2. L’espace comme référant identitaire
  3. L’espace comme un point de repérage

 

  1. L’impact de la forme et du volume sur la mémoire
  2. La forme en architecture
  3. Efficacité comparative     des       formes

 

  1. Autour de l’architecture et de la mémoire

 

  1. Rôle et nécessité de l’éclairage
  2. Effet et impact de l’usage d’une lumière naturelle sur les troubles mnésiques
  3. Effet et impact de l’usage d’un éclairage artificiel sur les troubles mnésiques

 

  1. L’utilisation de la couleur : ses propriétés et ses vertus sur les troubles mnésiques
  2. Les nuances et leurs propriétés intrinsèques
  3. La chromothérapie et son impact sur la santé

 

  1. De la matière au toucher
  2. Du sentiment de sécurité à la répulsion
  3. L’habitat, un nouveau référentiel

 

  1. La réminiscence, un enjeu mémoriel

 

  1. L’aspect visuo spatial de la réminiscence
  2. Les phénomènes produits par le décor
  3. Qu’est-ce qui déclenche les souvenirs ?
  4. Les effets du son sur la réminiscence
  5. La signification du silence permanent
  6. Le contraste entre silence permanent et silence intérieur

 

  1. L’odorat pour une ultime réminiscence
  2. L’odorat, une mémoire éternelle
  3. Les parfums pour un éveil de fantasmes et des souvenirs de voyage

 

  • L’architecture comme ressource mémorielle

 

  1. Pour une architecture prothétique

 

  1. Accompagner les troubles du comportement
  2. Des repères spatio-temporels pour un meilleur repérage
  3. Des espaces de déambulations pour plus de liberté dans les mouvements

 

  1. Concilier sécurité et liberté
  2. La sécurité par des espaces structurés
  3. Organisation des flux de circulations
  4. Usage de matériaux spécifiques pour assurer la liberté des patients atteints de troubles mnésiques

 

  1. Favoriser l’autonomie des malades
  2. Une architecture qui évite le confinement
  3. Créer des parcours spécifiques dans l’habitat
  4. Une architecture qui donne une ouverture sur l’extérieur

 

  1. Création d’un environnement stimulant

 

  1. Un environnement d’émulation sociale
  2. Favoriser le lien social
  3. Intégrer une place pour

 

  1. L’architecture émotionnelle
  2. Les implications
  3. L’expérience émotionnelle

 

  1. L’usage d’espaces intérieurs / extérieurs
  2. Des lieux privilégiés de la réminiscence
  3. Les éléments déclencheurs

 

  1. Le projet d’architecture

 

  1. La thérapie par l’horticulture ou hortithérapie
  2. Les ateliers d’écritures et de lectures
  3. La musicothérapie

 

 

 

 

 

 

Introduction

La fragilité de la mémoire est un fait prouvé par les troubles mnésiques causés par le temps et l’âge ou provoqués par des facteurs extérieurs tels que des accidents graves touchant le système nerveux. Parmi les nombreux traitements dédiés à ces troubles, la prise en compte de l’architecture devient de plus en plus évidente. Les architectes prônent d’ailleurs les vertus de l’architecture que ce soit sur l’être humain en général, sur une personne atteinte d’une pathologie quelconque ou sur une personne atteinte de troubles de la mémoire en particulier.

Philippe Madec, architecte, urbaniste et professeur à l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Bretagne à Rennes considère l’architecture comme étant créatrice de la vie. (Madec, 2014) Selon ce dernier, « l’architecture emphatique et bienveillante est complice de la vie » d’Alzheimer (Madec, 2015 : 008), c’est-à-dire qu’un environnement bien structuré, bien décoré, et dont l’architecture correspond aux attentes de son occupant et à son état de santé permet l’épanouissement de celui-ci. L’architecte est non seulement un artiste mais aussi un créateur qui modélise, conçoit et fonde un espace de vie conformément aux attentes, aux aspirations ou encore aux envies du genre humain.

 

En architecture d’intérieur, il est prouvé que l’architecture participe au rétablissement ainsi qu’au bien-être des patients, à l’instar des Etablissements d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes (EHPAD) qui s’efforcent actuellement de mettre en place une architecture mieux adaptée à ses résidents atteints de la maladie (Treussard Marchand, 2007/2008) : création d’établissements bien décorés, aux couleurs vives et faciles à retenir pour les patients, création de petits jardins multicolores pour éveiller l’esprit et la mémoire des résidents et pour leur octroyer une vision moins « centre de soins » et plus « lieu de vie » de l’établissement.

L’architecture a donc un lien particulier avec la mémoire, d’où notre problématique : Comment l’architecture peut-elle venir en aide à des personnes ayant des troubles de la mémoire tels que l’amnésie et la maladie d’Alzheimer ; comment peut-elle les accueillir ? En effet, la mémoire peut être entretenue, voire même stimulée par l’architecture, notamment par des éléments tels que la couleur, la décoration, etc. Notre travail a pour vocation de déterminer l’apport thérapeutique de l’architecture vis-à-vis de la mémoire. Pour ce faire, nous le diviserons en quatre grandes parties.

La première partie parlera du rôle et de l’importance de la mémoire chez l’être humain. Elle nous permettra de découvrir la liaison entre mémoire et architecture via une présentation des troubles mnésiques, d’architectes ayant traité la mémoire dans leurs travaux, etc. La seconde partie traitera exclusivement de l’émotion architecturale. Nous y évoquerons l’émotion que l’architecture suscite chez l’être humain en général et chez la mémoire en particulier. La troisième partie présentera l’architecture comme ressource matérielle. Nous y exposerons les vertus de l’architecture sur la mémoire. La dernière partie sera consacrée au projet d’architecture. Nous y aborderons la thérapie par l’horticulture ou hortithérapie, les ateliers d’écritures et de lectures et la musicothérapie, des activités en lien avec notre projet.

 

 

 

 

  1. Rôle et importance de la mémoire chez l’être humain

 

  1. La mémoire, des mots, du sens

 

  1. La mémoire à l’origine de la construction individuelle

 

  1. La relation entre le corps et l’esprit

 

La mémoire est une part de chaque être humain capable de stocker des faits et ensuite de les restituer, ou de les garder en tant que souvenirs. Dans ce contexte, la perte de la mémoire correspond au fait, pour le cerveau, organe de logement de la mémoire, de ne plus pouvoir effectuer les tâches d’emmagasinage, de conservation et de restitution d’informations.

 

Le philosophe français Henri Bergson (1859-1941) a établi un lien entre le corps et l’esprit par la mémoire. Dans la septième édition de son célèbre ouvrage Matière et mémoire : Essai sur la relation du corps à l’esprit (1939) ; il met en évidence l’existence d’une dualité : « Ce livre affirme la réalité de l’esprit, la réalité de la matière, et essaie de déterminer le rapport de l’un à l’autre sur un exemple précis, celui de la mémoire. » (Bergson, 1939 : 5) Ainsi, Bergson se sert de la mémoire pour relier le corps à l’esprit, en tant que point d’attache de ces deux entités.

 

Il est intéressant de noter que dans la relation du corps à l’esprit, les sensations ressenties par le corps sont mémorisées par l’esprit. La mémoire individuelle construit l’identité d’un être humain à partir des sensations que ses sens, son corps et son esprit vivent. Cette construction est possible grâce au corps qui nous montre ce que nous aimons, ce que nous trouvons agréable, ou ce que nous n’aimons pas. Ces sensations positives et négatives sont retenues par la mémoire qui nous conduira à faire ce que nous aimons, en général, et à fuir ce qui nous déplaît.

 

La mémoire étant individuelle, chacun a sa propre définition de ce qui lui plaît et de ce qui lui déplaît. De même, ces sensations et la façon dont elles sont mémorisées dépendent de tout un chacun et changent d’une personne à une autre.

 

  1. Le maintien de l’identité humaine

En termes de mémoire individuelle, on note la participation de la mémoire dans la construction, mais aussi dans le maintien de l’identité humaine. Par identité humaine, on entend « l’ensemble des  données historiques, comportementales, cognitives, émotionnelles et sociales qui fondent la singularité de chaque être humain et configurent ainsi son ‘Soi ‘ ou ‘Self’. » (Gil, Fargeau et Jaafari, 2011 : 2). En d’autres termes, il s’agit des informations personnelles qui nous distinguent des autres, affirment notre personnalité et nous rendent uniques. Elles ne sont ni à partager ni identiques à celles d’autrui.

La mémoire construit l’identité en trois temps bien définis : le passé, le présent et le futur. Dans le passé, la mémoire personnifie une personne et lui confère une identité dont elle prendra soin durant le présent afin de lui garantir un avenir. Cela justifie le fait que la mémoire maintient l’identité humaine car c’est en se rappelant de qui on est que l’on peut se souvenir de notre identité.

Eustache (2013) place un point d’attachement entre mémoire et identité, un élément permettant de relier ces deux parties, mais aussi d’expliquer l’influence de l’identité sur la mémoire : la conscience. Pour elle, la mémoire confère, conserve et construit petit à petit et à long terme l’identité humaine parce qu’un individu a conscience de qui il est. Cependant, elle tient à rappeler que conscience de soi et identité sont différentes : « l’identité naît de la conscience de soi, bien qu’elle ne soit pas restreinte à cette conscience d’elle-même » (Eustache, 2013 : 13).

En décortiquant cette affirmation, nous nous rendons compte que la conscience est mue par la mémoire. En d’autres termes, c’est parce qu’une personne se rappelle de son « soi » qu’elle en est consciente. La mémoire façonne donc la conscience qui favorise l’identité humaine. Il s’agit d’un cercle vicieux que l’on ne peut interrompre. Une déficience au niveau de la mémoire entraîne la perte de la conscience de soi et donc de l’identité.

Le concept de volonté doit aussi être mis en évidence ici. En effet, pour que l’identité soit conservée, il faut que la personne le veuille, et qu’elle fasse donc travailler activement sa mémoire dans le but de stocker les informations, de les sortir et de les utiliser en temps nécessaire. Cela signifie que la conservation de l’identité exige une volonté humaine. Autrement, si la mémoire ne souhaite pas se souvenir, elle ne fera aucune action de réminiscence.

Pour le philosophe hollandais Baruch Spinoza (1632-1677), l’homme est l’union du corps avec l’âme (Hamlaoui, 2005). De fait, il identifie une identité substantielle fournie par l’âme qui résulte de la pensée, et donc de la mémoire. (Hamlaoui, 2005) Pour qu’un esprit puisse garder son identité, il faut que le corps garde la sienne.

En somme, la mémoire favorise en même temps l’apprentissage et l’expérience. Non seulement elle construit l’identité humaine, mais elle la maintient aussi. La mémoire individuelle, pour sa part, est constituée de cinq mémoires interdépendantes :

  • La mémoire procédurale est le système enregistrant les habitudes, les automatismes.
  • La mémoire perceptive qui repose sur des mécanismes complexes nous permet de réaliser plusieurs actions en même temps
  • La mémoire sémantique permet de connaître des connaissances générales du monde qui nous entoure.
  • La mémoire de travail a une capacité de stockage restreinte et maintient l’information à court terme, une sorte de mémoire vive de quelques secondes afin      de        garder une      information      à            l’esprit
  • La mémoire épisodique, le souvenir d’un voyage par exemple, qui permet de voyager dans l’espace et le temps, de récupérer une situation, d’évoquer un souvenir. Elle nous permet de nous projeter dans le futur.

 

  1. L’intégration de la mémoire collective

 

  1. Une construction perpétuelle

Contrairement à la mémoire individuelle, la mémoire collective est un ensemble de mémoires et non une seule mémoire inhérente à une seule personne. La mémoire collective est donc une mémoire de faits, de souvenirs, d’évènements particulièrement marquants, d’informations, etc. commune à un ensemble, que ce soit une population, un peuple, une famille ou tout simplement un groupe. Elle forme l’identité d’un groupe. Tout comme la mémoire individuelle construit et poursuit l’identité humaine d’une personne, la mémoire collective façonne et construit également l’identité d’une société entière. (CNRS-Le Journal)

 

Vidal-Beneyto (2003) confirme que « la mémoire collective d’une communauté, d’une période de son histoire, ou d’un événement concret consiste dans l’ensemble des représentations majoritairement partagées par ceux qui créent cette histoire : des individus et des groupes. » En plus d’être commune aux membres d’une société, elle est partagée par ces derniers et construit leur histoire.

 

On doit le terme mémoire collective à Maurice Halbwachs (1925) qui en a étudié les cadres sociaux et mis en évidence la dimension historique de la mémoire. Elle s’apparente donc à l’histoire, à un vécu qui marque tout un ensemble d’individus et construit leur identité. (CNRS)

 

C’est donc l’histoire qui façonne la mémoire collective. A titre d’exemple, les deux grandes guerres mondiales, les conflits armés dans le monde, et d’autres faits historiques et évènements marquants de ce genre forgent la mémoire historique des peuples les plus concernés par ces derniers. Il s’agit de ceux qui ont vécu ou vivent dans les pays où ces faits se sont produits ou se produisent ou de ceux y ayant participé.

 

Du fait de cette dimension historique, la mémoire collective est en perpétuelle construction, tout comme l’histoire ne cesse d’évoluer : « Elle est dans un devenir permanent : elle ne cesse de s’enrichir de faits nouveaux de même qu’elle s’affaiblit à la mesure de la dispersion et de la disparition de ses membres. » (Universalis.fr) Outre l’histoire, la mémoire collective peut être influencée par d’autres facteurs tels que la rumeur en tant que phénomène social. (Houdremont, 1999) En effet, la rumeur alimente un groupe, réorganise ses attitudes et ses opinions et entre dans son histoire, c’est-à-dire dans la mémoire collective. (Houdremont, 1999 : 69)

 

La mémoire collective, aussi appelée mémoire sociale, est une expérience partagée et retenue collectivement par un groupe. Elle résulte d’un fait social mais dépend avant tout de la mémoire individuelle. En effet, lorsque celle-ci se dégrade et que les souvenirs qu’elle emmagasine s’effacent avec le temps, il est commun de créer des monuments, en l’occurrence des musées, afin de matérialiser ces faits pour un maintien de la mémoire à leur simple vue. La mémoire est conditionnée par l’émotion : les deux sont interdépendantes et les facteurs psychologiques qui influencent l’émotion impactent aussi sur la mémoire, notamment sur l’acte de mémorisation. C’est donc naturel si la société actuelle s’interroge fortement sur la maladie d’Alzheimer et son impact sur la mémoire collective.

 

  1. La mémoire favorise l’expérience et la transmission

Dans cette logique de continuité de la mémoire, cette dernière perdure donc depuis le passé, construit le présent et prépare l’avenir. Elle évolue en fonction du temps. Elle est différente durant l’enfance, durant l’âge adulte et durant la vieillesse. Elle commence sa construction pendant l’enfance, s’affermit durant l’âge adulte mais perd peu à peu sa faculté de conservation lors de la vieillesse. La mémoire construit donc l’expérience. Toutefois, elle se construit également à travers l’expérience, du moins une partie d’elle-même et de la mémoire individuelle.

Lorsqu’un individu expérimente de nouvelles choses, son identité humaine et individuelle se construit en parallèle. L’expérience contribue à sa construction individuelle et construit autant son identité personnelle que sociale.

En termes de transmission, nous notons une dimension « archéologique » de la mémoire. En effet, celle-ci permet à l’être humain de s’identifier et de se situer dans le cadre d’une histoire. L’individu en question commencera donc à assimiler un sentiment d’appartenance à une histoire donnée. Et il ressentira le besoin de léguer ce sentiment, cette mémoire, à sa postérité. La mémoire favorise la continuité et permet un double mouvement : celui du retour sur le passé d’une personne pour l’évaluer et sur la focalisation du présent qui consiste à ce servir de cette évaluation pour repenser le moment présent.

  1. La mémoire, thématique artistique

 

  1. La reconstruction des mémoires de Boltanski

Christian Boltanski fait partie des artistes ayant traité la mémoire. A travers ses multiples reconstructions, un fait est dégagé : l’histoire et la mémoire sont deux notions différentes, bien qu’étant similaires et même confondues. La reconstruction des mémoires fait partie des grands projets de Boltanski. Il a essayé, tour à tour, de reconstruire ses propres mémoires et celle d’autrui. Pour ce faire, il a usé de nombreux éléments tels que des documents, des albums de famille, des objets, des archives, etc. qu’il a étudié et analysé pour pouvoir reconstruire les mémoires ou souvenirs, dans ce contexte.

 

Boltanski est né à Paris en 1944. Son thème phare demeure la reconstruction des mémoires à laquelle il se livre pour reconstituer des souvenirs ayant réellement existé ou étant fictifs. Ses œuvres défendent son idéologie et celle des artistes en général : « Un des désirs de l’artiste est de rendre compte de la réalité et à la fois de la protéger contre l’oubli et la mort ». Boltanski tente donc de repousser l’oubli en usant de l’art qui confère de la nostalgie et « appelle au passé ».

 

Il a débuté ses reconstructions avec sa propre mémoire : Essais de reconstruction d’objets ayant appartenu à Christian Boltanski entre 1948 et 1954. Dans cette optique, il a essayé de revenir dans l’enfance et de reconstruire une part de son enfance en faisant appel à sa mémoire. Il a usé, pour ce faire, de plastiline avec laquelle il a modelé ses jouets d’enfance ou encore ses vêtements. Il a fait exprès d’être maladroit dans son modelage pour rappeler le caractère enfantin de sa finalité. Sa reconstruction s’est avérée être un échec. Un an plus tard, il tente une autre tentative de reconstruction en usant, cette fois-ci, de gestes qu’il a effectués durant son enfance : Reconstruction de gestes effectués par Christian Boltanski entre 1948 et 1954. Il tente donc de refaire certains gestes qu’il avait l’habitude de faire étant enfant, en étant lui-même adulte : descendre l’escalier par la rampe, etc. Il les a ensuite immortalisés sur photos.

 

Les tentatives de Boltanski échouent toujours, l’amenant à conclure qu’il ne peut pas ressusciter le passé. Par la suite, il essaie de reconstruire les mémoires d’autrui, notamment par le biais de photographies. Dans le cadre de l’Album de photos de la famille D., 1939-1964, il se procure des photos de famille de la part d’un de ses amis galeristes, en 1971. A l’aide des photos, il tente d’identifier l’histoire des personnes figurant sur celles-ci.  A titre d’exemple, il a pris un homme d’âge mûr qui n’est photographié en famille que durant les occasions de fête. Il veut déterminer son rôle et le caractérise comme étant un oncle venu de la province. Pour Boltanski, les photos dont il se sert sont la preuve et la trace de l’existence des personnes. Là encore, Boltanski va se rendre compte que ses interprétations sont erronées et que sa reconstruction fait entièrement fausse route. Il en a conclu que  « ces images n’étaient que le témoin d’un rituel collectif. Elles ne nous apprenaient rien sur la famille D. (…) mais nous renvoyaient à notre propre passé »

Non seulement la véritable reconstruction est impossible, mais elle véhicule aussi une image d’authenticité et de fausseté contradictoires.

 

Ainsi, les photos ne peuvent donc pas reconstruire et raconter le passé, seulement le représenter. Ceci est valable autant pour les mémoires individuelles que collectives. Au final, il met en évidence qu’une reconstruction aussi précise soit-elle cache toujours une part de mensonge. Il se questionne alors sur le vrai et le faux. (Garcia, 2008 : 1113-1135)

 

 

Schéma 1. Christian Boltanski (1944 – ) Monumenta 2010, Collection Grand Palais. Source : Google Images.

 

  1. L’oblitération selon Sacha Sosno

L’oblitération, le jeu de cache-cache de Sacha Sosno a un objectif précis : « cacher pour mieux montrer » (Artophta.com) Tout comme Boltanski, Sosno est également né en France, plus précisément à Marseille, en 1937. Dans sa biographie de Sacha Sosno, Armengaud (2008) précise que « l’oblitération est le fil rouge qui parcourt avec ténacité et cohérence la vie créative de Sacha Sosno ». En d’autres termes, la créativité de Sosno repose essentiellement sur l’oblitération qui l’a fait connaître dans le monde entier.

 

Sosno est un artiste qui a fortement travaillé sur le « regard du spectateur vis-à-vis de l’œuvre. » (Artophta.com) En usant de l’oblitération par le plein ou par le vide, il propose au spectateur une réflexion sur l’œuvre, une analyse de celle-ci, une interprétation même. Il fait travailler le mental du spectateur, en masquant certaines parties d’une architecture ou d’une photo. Il l’invite à découvrir ce qui se cache derrière cette rature volontaire, à livrer sa propre perception de ce qu’elle masque. C’est donc un travail de réflexion, Sosno se focalise surtout sur l’interprétation du spectateur. C’est au spectateur de reconstruire l’œuvre oblitérée, de la rendre à nouveau complète, d’être, en quelque sorte, un nouveau créateur de cette dernière.

 

La découverte de l’oblitération par Sosno s’est faite par hasard. Ayant été photographe pendant une dizaine d’années auparavant, il a raturé sans le faire exprès une photographie réalisée par un de ses amis, lors d’un entracte au cinéma en 1971. (Armengaud, 2008) Cette rature partielle conduira l’ancien photographe qu’est Sosno à créer l’oblitération dont il use sur des archétypes et sur la mémoire collective. Il commence d’abord par exploiter ses photographies, puis des objets industriels et enfin des sculptures archétypes comme ses plus fameux : l’« Hommage à Romain Roland », une sculpture en marbre blanc de 6 mètres créée en 1999 ou la « Dame aux chiffres » faite en bronze et en inox créée en 2008. Dans le cadre de l’oblitération, il travaille le bronze, la pierre ou l’acier.

 

 

Schéma 2. Exemple d’oblitération : «La paille dans l’œil du voisin» projet d’architecture d’après une sculpture de Sosno avec l’architecte Rytis Daukanas 22 mètres de haut , au total 600 m2. Source : Google Images.

  1. Les architectes et leurs travaux sur la mémoire

 

  1. L’influence de l’architecture sur l’esprit par Louis Kahn

Louis Kahn est un architecte américain né à Osel, une île estonienne, en 1901 et mort en 1974. Il est à l’origine du brutalisme et de l’architecture moderniste aux Etats-Unis. Bien que sa renommée ait été tardive, il a fortement influencé l’architecture américaine au point d’être considéré comme étant l’un des plus grands architectes américains du XXè siècle. (Laforce et Ethier, 2011). Reconnu pour ses œuvres brutes et ses réalisations telles que le centre de recherches médicales Newton-Richards à Philadelphie, il s’est surtout distingué grâce à la construction du Salk Institute for Biological Studies à La Jolla.

 

A l’origine de cet institut, les travaux de Jonas Salk, biologiste et médecin américain né en 1914 et mort en 1995. Salk, étant à la recherche d’un traitement efficace contre la poliomyélite, s’est rendu compte que l’architecture peut avoir une influence sur l’esprit. C’est de cette idée qu’est né le projet du Salk Institute for Biological Studies à La Jolla. Pour réaliser l’œuvre, il a fait appel à l’architecte Louis Kahn. Le but de l’institut était d’avoir une architecture, une forme pouvant éveiller et encourager la créativité des scientifiques qui y travailleraient. (Pourlascience.fr)

 

 

Schéma 3. Le Salk Institute for Bilogical Studies à La Jolla. Source : Google Images

 

Ce bâtiment a été construit selon une logique architecturale ancienne : les pensées, la conduite et les sentiments d’une personne peuvent être affectés par l’environnement qui l’entoure, plus précisément par sa maison.

 

On reconnaît à cette logique la création d’établissements spécifiques aux atteints de la maladie d’Alzheimer qui doivent pourvoir une grande mobilité, des espaces larges avec des moyens de repérage, des espaces éclairés, etc. pouvant stimuler les mémoires. Le Salk Institute for Bilogical Studies est un bâtiment brutaliste et moderniste pourvu de toutes les qualités créatives de Louis Kahn :

 

  • Des espaces servants et des espaces servis
  • La lumière et le silence,
  • L’usage de matériaux bruts et l’exposition des défauts de ces derniers (Laforce et Ethier, 2011)

 

Il s’agit de bâtiments identiques se faisant face, séparés par une cour dans laquelle on peut voir une fontaine. Les bâtiments sont face à l’océan et ont été spécialement conçus pour que la lumière puisse les pénétrer et créer un espace vivant et inspirant pour les chercheurs. La lumière naturelle est un des points forts de cette construction.

 

En outre, Louis Isadore Kahn est le concepteur de la fameuse Assemblée Nationale du Bangladesh, à Dacca, 1ère capitale de ce pays. Il a été choisi pour en faire le design et en mars 1962, l’autorité pakistanaise lui a donné le feu vert pour débuter sa construction. C’est le leader pakistanais Ayub Khan qui en a posé la première pierre en 1963 avant que les travaux ne commencent en 1964. Pour la construction de cette assemblée, 215 acres de terrain ont été réquisitionnés par l’Etat pakistanais. Le budget initial de la construction était estimé à 15 milliards de dollars. L’Assemblée Nationale de Bangladesh figure aujourd’hui sur la liste des plus grandes merveilles architecturales du monde et fait partie des plus grands complexes de parlement existant à ce jour. Sa construction s’est achevée en janvier 1982 avec un budget total valant plus du double du coût initial : 32 milliards de dollars.

 

A l’origine, cette Assemblée Nationale a été construite en tant que « sièges des députés du Pakistan Oriental ». Le design des bâtiments est unique au monde, tout comme le message qu’ils véhiculent. Ces bâtiments possèdent des ouvertures géométriques en forme de rond et de cône et Louis Kahn a utilisé un système moderne pour garantir la luminosité de ces derniers, notamment en mettant en place des fenêtres destinées à procurer une lumière naturelle optimale. Malgré la forte luminosité, Kahn a reçu pour ordre de concevoir les bâtiments suivant une architecture qui leur permettait d’être protégés du soleil et des pluies abondantes tout en prônant une grande circulation d’air. D’où le choix des formes coniques, circulaires, triangulaires et rectangulaires des ouvertures des façades géométriques.

 

Cette construction est symbolique, surtout pour le peuple pakistanais. Il  permis de réunir des peuples car son but ultime était la démocratie, la Liberté Universelle. (Khan Anwar Hossein : 31-32).

 

 

Schéma 4. Assemblée nationale du Bangladesh au Dacca. Source : www.greatbuldings.com

 

  1. L’institut du cerveau et de la moelle épinière par Jean-Michel Wilmotte

L’on doit la création de l’Institut du Cerveau et de la Moelle épinière (ICM) à Jean-Michel Wilmotte, un architecte français à la fois designer et urbaniste. Né à Soissons en 1948, il touche à toutes sortes d’architecture, de la plus simple à la plus sophistiquée. Il a créé une agence d’architecture en 1975 qui se divise actuellement en deux sociétés : Wilmotte & Associés, l’agence d’architecture et Wilmotte & Industries SAS, le studio de design. (Wilmotte.com). L’ICM favorise la transversalité de la recherche, ce qui a incité l’architecte à concevoir un bâtiment facilitant « le travail en commun des équipes, quelles que soient leurs disciplines ». (Icm-institute.org)

 

L’architecture du bâtiment permet donc la rencontre et l’échange entre les chercheurs. Le bâtiment a la forme de la lettre H afin qu’il y ait le plus d’espace possible. Comme pour le Salk Institute for Biological Studies, l’ICM a aussi été conçu en priorisant la pénétration de la lumière naturelle dans le bâtiment, raison pour laquelle ce dernier est fait entièrement de verre. Selon Wilmotte, il a dû suivre trois mots d’ordre lors de la construction de l’institut : « beauté, flexibilité et mobilité. » (Icm-institute.org). Le bâtiment en question a été créé sur une surface de 22 000 m2 et dispose de huit étages et de deux sous-sols. Il permet la rencontre et les échanges entre les professionnels ainsi que l’accueil des malades et la formation. Il prévoit également l’évolution technologique et pense au futur, notamment par les « poteaux poutres » qui retiennent tout le bâtiment. Le bien-être des scientifiques au nombre de 450 est la priorité de l’architecture, ce qui a incité Wilmotte à pousser au maximum l’éclairage naturel via une lumière naturelle optimale. (Icm-institute.org)

 

Schéma 5. L’Institut du Cerveau et de la Moelle épinière à Paris. Source : Google Images.

  1. Lou Ruvo, la clinique neurologique de Franck Gehry

Franck Gehry est un architecte américain né à Toronto en 1929. Célèbre pour son architecture moderniste, il est un symbole de référence pour l’architecture contemporaine américaine. Il a sa propre agence d’architecture, Frank O. Gehry and Associates, à Santa Monica, fondée en 1962. (Projetsarchitecteurbanisme.fr) Son œuvre la plus connue reste le Guggenheim Museum à Bilbao, un musée reflétant le style architectural « de rêve » de Gehry. Au cours de sa carrière, plus d’une centaine de prix lui ont été décernés dont la médaille d’or du Royal Institute of British Architects en 2000. (Projetsarchitecteurbanisme.fr)

C’est en 2005 qu’il a eu l’idée de l’architecture à donner au Cleveland Clinic Lou Ruvo Center for Brain Health achevé en 2010. Ce centre de recherche est un complexe médical faisant 6 000 m2 dans le Symphony Park, à Las Vegas. Il s’agit d’une clinique neurologique procurant des soins contre les maladies neuro-dégénératives dont la maladie d’Alzheimer. Le défi dans la réalisation consistait à « organiser ordre et chaos, tension et fusion, assemblage et fluidité » (Journaldudesign.fr). On doit le nom de la clinique à son financeur, le distributeur d’alcool Larry Ruvo.

Concrètement, l’édifice rappelle le Guggenheim Museum car on y retrouve l’usage en masse de l’acier. Il a été pensé suivant la structure du cerveau humain : l’établissement est constitué de deux volumes reliés par un espace à ciel ouvert, à l’image du cerveau et de ses deux hémisphères. Migayrou (2014) décrit l’architecture de la clinique comme suit : « La compénétration des volumes et leur fluidité produit une architecture hors de toute convention : organique, vivante, portée par les flux complexes de la cité. » Le bâtiment est fait d’acier et de verre pour la partie façade dont la forme virevolte et d’inox, pour la partie « dure-mère », en hommage à la membrane de protection du cerveau et de la moelle épinière. (Projetsarchitecteurbanisme.fr). Gehry a également veillé à ce que la lumière naturelle remplisse le centre avec la façade en verre et les 199 fenêtres qui favorisent la lumière naturelle.

 

Schéma 6. Cleveland Clinic Lou Ruvo Center for Brain Health de Franck Gehry à Las Vegas. Source : http://www.dezeen.com/2010/06/17/lou-ruvo-center-for-brain-health-by-frank-gehry/

  1. Les troubles mnésiques de la mémoire

 

  1. Alois Alzheimer et la découverte de la maladie éponyme

 

  1. Une redoutable découverte

C’est en 1907 que le neurologue allemand Aloïs Alzheimer a découvert la maladie d’Alzheimer portant son nom. Il a décrit les premiers symptômes et les caractéristiques neuropathologiques de cette pathologie : des lésions cérébrales appelées plaques séniles (PS) et dégénérescence neurofibrillaire (DNF). (Portet et Touchon, 2004 : 16). Cette maladie dégénérative détruit de manière lente et progressive les cellules du cerveau, notamment les neurones que les lésions cérébrales susmentionnées sabotent et finissent par détruire entièrement. (Derouesné et Selmès, 2005 : 5).

 

Ainsi, la maladie d’Alzheimer (MA) touche le cerveau et donc la mémoire ainsi que le fonctionnement mental. Elle provoque également des troubles du comportement, rend ses patients constamment confus ou même désorientés dans l’espace et dans le temps. Les troubles de la mémoire sont un symptôme courant de la MA. Ils ne sont pourtant pas constatés de prime abord mais au fur et à mesure que la maladie évolue.

 

Ces troubles finissent par impacter sur les tâches quotidiennes des malades. Ils finissent par avoir de plus en plus de mal à se laver, à s’habiller, etc. et dépendent de plus en plus d’autrui, jusqu’à devenir totalement dépendants. L’apparition de la MA est associée au vieillissement du cerveau humain. Cependant, elle ne résulte pas d’une infection, n’est pas contagieuse mais est mortelle car elle détruit progressivement l’état de santé.

 

  1. Vivre dans de nouveaux espaces avec la maladie d’Alzheimer

Les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ayant des troubles de la mémoire et des comportements ainsi que des pertes de mémoire, elles doivent vivre dans des établissements ou des maisons correspondant à leur capacité physique et intellectuelle. Ces établissements doivent pourvoir leur mobilité, leur permettre de mieux s’orienter dans l’espace et dans le temps, leur garantir la sécurité et la liberté en parallèle, l’autonomie, la vie sociale, etc. Leur architecture doit répondre à certains standards comme l’amélioration de la qualité de vie des résidents et la facilitation du travail de leurs soignants. (Treussard Marchand, 2007/2008 : 21). Ce nouvel environnement doit permettre une stimulation de la mémoire des résidents et leur procurer du bien-être aux côtés de leurs soins.

 

Dans son ouvrage L’habitat des personnes âgées. Du logement adapté aux Ehpad, USLD et unités Alzheimer, Philippe Dehan (2007) propose une liste de réalisations exemplaires conformes aux normes d’établissements adaptés aux personnes atteintes d’Alzheimer. Parmi cette liste, on retrouve la célèbre Résidence St. Nikolaus à Neumarkt-am-Wallersee en Autriche, dans la catégorie « résidences services ». Cette dernière se situe sur la Sparkassenweg et se trouve être une résidence pour personnes âgées construite par l’agence Kada-Wittfeld en 2001.

 

En deux ans, deux prix régionaux ont été décernés à cette résidence : celui de la construction en bois, en 2001, et celui d’architecture de la région de Salzbourg en 2002. Son architecture a été pensée pour permettre au personnel de se déplacer suivant des distances limitées, aux résidents de circuler sur une longueur raisonnable dans une résidence presque entièrement éclairée naturellement. Pour ce faire, le bâtiment R+1 de la résidence dispose dune orientation est-ouest. Un atrium, c’est-à-dire une cour, est disposée au milieu de la résidence et prend la forme d’une place du village. De ce dernier partent des ruelles menant aux chambres et aux pièces de service. Ces circulations menant aux différentes chambres sont surplombées par une verrière, à l’étage. Cette dernière ne couvre pas que ces ruelles mais également la zone centrale de la résidence, permettant à celle-ci ainsi qu’à tous les espaces communs d’être éclairés par une lumière naturelle.

 

 

Schéma 7. Vue de l’extérieur du bâtiment. Source : Google Images

 

  1. Le traumatisme de l’esprit

 

  1. L’amnésie post-traumatique : L’altération de la mémoire par la maladie d’Alzheimer

La maladie d’Alzheimer est caractérisée par une perte de la mémoire, surtout concernant des données qui ont été ajoutées récemment dans le cerveau. La mémoire immédiate et la conscience sont préservées, seuls les faits récents sont oubliés. On note également une désorientation temporospatiale manifestée par les personnes atteintes de MA : elles ne savent plus se situer dans l’espace et dans le temps. En parallèle, il leur est impossible de se remémorer des faits et des informations non contenus dans leur mémoire immédiate ou à court terme. La MA détériore leur capacité à stocker des informations dans leur cerveau et ces dernières disparaissent dès que les sujets ont des moments d’inattention.

Cette détérioration de la mémoire ne leur permet ni de recueillir ni de retenir des informations. Les malades usent de la fabulation en compensation à leur perte de mémoire et mélangent l’imaginaire à la réalité, ce qui les rend souvent confus lorsqu’ils sont interrogés sur tel ou tel fait.

En outre, une amnésie post-traumatique peut également résulter d’un traumatisme crânien. Cette amnésie est temporaire et rend impossible ou difficile l’assimilation de nouvelles informations après le traumatisme. Ce sont les faits récents qui sont oubliés, les anciens sont généralement préservés. L’amnésie peut durer longtemps ou rapidement, suivant la gravité du traumatisme crânien. Parmi ses symptômes, on retient la déficience de la mémoire immédiate et de la mémoire ancienne, l’incapacité de s’orienter dans l’espace et dans le temps, la déficience à la fois de la mémoire et de la capacité et même le changement de personnalité. Cela peut entraîner une détérioration de la vie sociale et/ou professionnelle du sujet.

  1. Le rôle des établissements de santé mentale

Comme nous l’avons dit précédemment, les personnes atteintes par la maladie d’Alzheimer doivent vivre dans un environnement adapté à leur état de santé. Les établissements de santé mentale font partie des habitats convenant à ces sujets. Ils leur procurent soins et bien-être, suivant leur pathologie et les symptômes de la MA. Dans cette section, nous allons présenter deux établissements de santé mentale dédiés aux atteints de la MA.

Anciennement appelé hôpital local, le Centre Hospitalier de Beaujeu est un établissement de santé public prodiguant surtout des soins gériatriques. Cela signifie qu’il soigne prioritairement les maladies relatives ou dues au vieillissement (Larousse.fr). Ce centre a été créé au XIIIe siècle. Deux sites composent ce centre : le site hôpital comprenant trois bâtiments dont « les Unités d’Hospitalisation « Médecine » et « Soins de Suite et de Réadaptation » ; l’« EHPAD Les Balcons de l’Ardières » médicalisé (Établissement hébergeant des Personnes Âgées Dépendantes) ; l’« EHPAD Hôtel Dieu » avec ses 3 unités spécialisées « Alzheimer » » et le site EHPAD « Les Etoux » (Hopitalbeaujeu.net). Le CHB dispose de 216 lits pour répondre aux besoins de santé de proximité et la majorité de leurs patients et résidents sont originaires du canton de Beaujeu. De même, les 200 agents qui y travaillent habitent aux alentours, dans un rayon de 30 km.

 Schéma 8. Centre hospitalier de Beaujeu. Source : http://hopital-beaujeu.net/

L’Hôtel Dieu est donc le bâtiment consacré à la prise en charge des personnes âgées et de celles atteintes de MA. Il s’agit d’un bâtiment ancien rénové à l’image du centre qui se veut conservateur vis-à-vis de son patrimoine et souhaite le valoriser.

Les rénovations sont hélas très coûteuses au regard des contraintes rencontrées au niveau de l’architecture. Sa réhabilitation a été achevée et il dispose actuellement de trois unités pourvues de 10 lits pour une meilleure prise en charge des patients atteints de MA et des personnes âgées. Ces trois unités ont été inaugurées le 1er octobre 2011. (hopitalbeaujeu.net)

Schéma 9. L’Hôtel Dieu rénové. Source : http://hopital-beaujeu.net/index.php?option=com_content&view=article&id=72&Itemid=76

Le second établissement de santé médicale prodiguant des soins contre la MA est le Pavillon des Alizés. Il dispose de chambres mesurant 20m2 ayant leur propre salle d’eau, occupées par 22 personnes atteintes de MA ou d’une pathologie similaire. A ces résidents permanents s’ajoutent deux places d’accueil de jour ouverts 5/7j. (Lesjardinsducastel.com) Une salle de séjour pour le quotidien, des ateliers, une salle à manger, etc. sont présents dans ce centre. Il a été conçu en tenant compte d’exigences hautement qualifiées : « un environnement ordonné et stable, sans qu’il soit monotone et impersonnel, et sécurisant sans être sécuritaire. » L’architecture du bâtiment permet une compensation des problèmes de désorientation, de perte de mémoire, de perte de capacités au niveau social et de détérioration de l’estime de soi : « L’architecture et les couleurs de ce bâtiment sécurisé favorisent l’autonomie, le repérage temporo-spacial et la stimulation de la mémoire des personnes hébergées dans cette unité. » (Lesjardinsducastel.com)

Dans ce sens, le centre veut :

  • Privilégier la lumière naturelle
  • Permettre aux malades atteints de MA d’âtre autonomes le plus longtemps possible
  • Maintenir leur bien-être et leur permettre de mieux vivre en collectivité
  • Privilégier leurs stimuli sensoriels
  • Leur permettre de déambuler autant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pavillon

En termes de prise en charge de soins de santé pour les personnes atteintes de MA, l’architecture agit sur quatre axes :

  • Elle façonne jour après jour le comportement pour la réalisation des actes de la vie quotidienne.
  • Elle complète, symbolise et concrétise le rôle de l’équipe soignante face au désordre intérieur et au débordement des conduites ;
  • Elle marque, dans la réalité visible et tangible, des points de repère, des limites, des axes de mouvement qui sont analogues dans le monde matériel aux repères, limites et mouvements internes que les soins cherchent à restructurer (dedans et dehors, moi et autrui, solitude et échanges, permis et interdit)
  • Elle induit ou facilite la restauration de relations affectives interpersonnelles de bonne qualité, en favorisant le mouvement et en associant le mouvement à la notion de plaisir et de vie.

Le pavillon des Alizés veut inciter la personne âgée atteinte de MA à renouer avec elle-même, de s’ouvrir et de communiquer, de renouer avec la nature, etc. Il prône donc les activités jardinières permettant aux résidents et aux malades de passage de renouer avec la nature et de se redécouvrir. C’est durant ces activités externes, c’est-à-dire dehors, dans le jardin, sur la terrasse, dans la cour, etc. que les malades vivent des situations stimulant leur émotion et pourvus d’éléments cognitifs, historiques et sensoriels.

 

Schéma 10. La terrasse du pavillon des Alizés. Source : http://www.lesjardinsducastel.com/?page=pavillon_alizes

  1. La structure architecturale atteinte

 

  1. On Hold ou l’installation annihilée de Peter Buggenhout

Peter Buggenhout est un artiste belge né en Termonde. Célèbre sculpteur, il crée des monuments ou des œuvres destinées à la stimulation de la mémoire. Dans le cadre de l’installation annihilée appelée On Hold, il invite l’homme à comparer les méfaits de la nature sur le bâtiment avec ceux du temps sur la mémoire humaine. En d’autres termes, il crée une relation de cause à effet entre une nature qui prend le dessus sur le bâtiment et un temps qui, inévitablement, finira par porter atteinte à la mémoire.

L’installation est hybride et fait instantanément penser à un bâtiment ravagé ou à une structure abandonnée. Faisant partie des expositions dans le cadre de l’Inside au Palais de Tokyo du 20 octobre 2014 au 11 janvier 2015, elle « évoque plus spontanément un paysage post-apocalyptique au visiteur saisi par le choc de sa découverte » (Scolab Le cahier pédagogique, p. 11). Elle consiste en plusieurs matériaux disposés de manière enchevêtrée, en morceaux ou parties éparses de caravanes ou encore en restes et débris de châteaux gonflables. Le parcours que l’on doit suivre pour parvenir à une compréhension de cette œuvre est labyrinthique et accidenté. Incompréhensible au départ, elle doit faire l’objet d’un parcours à la fois physique et mental pour que le message transmis soit saisi.

Elle n’est pas sans rappeler la vision que Buggenhout a du monde : tout fonctionne à travers un mouvement permanent de construction et de déconstruction. (Scolab Le cahier pédagogique, p. 11) A travers On Hold, Buggenhout rappelle donc à la mémoire que ce qui est fait peut être défait, et qu’il ne s’agit guère d’une option mais d’une fatalité.

Schéma 11. On Hold de Peter Buggenhout en 2014. Source : Scolab Le cahier Pédagogique, p. 11

  1. Le Dôme de Genbaku, une architecture de ruine

L’histoire du Dôme de Genbaku est des plus émotives. Il a été, à l’origine, un Hall d’Exposition commerciale d’Hiroshima. Construit en 1910 par l’Assemblée de la Préfecture d’Hiroshima, il a pour but la promotion de la production industrielle d’Hiroshima. C’est en 1914 que sa construction a véritablement démarré. Elle a duré un an, sous la direction de l’architecte Jan Letzel, l’emplacement choisi par celui-ci étant le bord du fleuve Motoyasu. Il a été rebaptisé Hall de la promotion des Industries de la Préfecture d’Hiroshima en 1933. L’architecture de ce bâtiment est peu commune. Il s’agit d’un « bâtiment en briques de trois niveaux comportant une partie centrale de cinq niveaux, surmontée d’une coupole à armature d’acier, couverte de cuivre. Son emprise au sol était de 1023 m² et sa hauteur de 25 m. » (Unesco.org). Les matériaux choisis pour les murs extérieurs du Hall sont la pierre et les enduits et on peut accéder à la coupole par un escalier se trouvant dans l’entrée principale.

Le bâtiment a explosé en 1945 causant une destruction presque totale du bâtiment principal qui se trouve à tout juste 150 m de l’hypocentre de l’explosion. Abritées sous la coupole, les fondations de la partie centrale du bâtiment sont restées intactes. L’état du bâtiment depuis l’explosion a été conservé jusqu’à aujourd’hui. C’est la première bombe de 1945 qui a détruit le bâtiment, toutefois, il est le seul édifice à avoir survécu à l’explosion alors qu’il est situé très près de son hypocentre.

Il a été rebaptisé Dôme de Genbaku ou Mémorial de la Paix d’Hiroshima, en mémoire de l’atrocité de l’explosion. Il a une véritable symbolique et représente le symbole extrême et puissant de la force la plus destructrice que l’homme ait jamais créée et il incarne en même temps l’espoir, la paix dans le monde et de l’élimination définitive des toutes les armes nucléaires (Unesco.org). Le nom « Dôme de Genbaku » a été donné suite à la conservation de la coupole, le terme « Genbaku » signifiant bombe atomique en japonais. C’est le vestige d’une guerre. Il représente l’inhumanité de par l’acte atroce de bombardement subi par la ville d’Hiroshima mais symbolise également la force, l’espoir et la volonté de subsister, de toujours rester debout et fort même si le choc subi a laissé des séquelles indiscutables à travers l’espace et le temps. Dans une volonté de préservation de ce site qui occupe 0,40 ha du centre de la ville d’Hiroshima, les habitants ont fourni maints efforts afin que son état soit conservé identiquement à celui après l’explosion.

Schéma 12. Vue du Dôme de Genbaku. Source : Google Images

 

  1. L’oubli, un mot lourd de sens

 

  1. Du moindre oubli au pire

 

  1. Les caractéristiques de l’oubli

Chaque être humain est assujetti à la sélection. Elle décide de la manière dont la mémoire va se souvenir des émotions fortes ou moins fortes que nous avons ressenties durant notre vécu. Cette sélection déterminera la force de la manière dont nous nous en souviendrons : soit d’une manière significative, soit de manière moins forte. La sélection est de plus en plus dense au fil du temps.

L’oubli résulte d’une détérioration de certaines zones du cerveau, une détérioration provoquée par une maladie. Les différentes phases de la mémorisation ainsi que les différents types de mémoires peuvent être affectés de plusieurs manières, à différents stades. L’amnésie ou oubli est provoquée par une destruction des lobes temporaux ou de la région de l’hippocampe. Plus la lésion est grande, plus l’amnésie est grave.

De nombreux facteurs, hors accident ou maladie, peuvent affecter notre mémoire au quotidien. Il s’agit de stress ou d’émotion forte s’attaquant à la plasticité synaptique, c’est-à-dire la mémoire. Le stress amène les glandes surrénales dans le cerveau à produire des hormones qui, en se propageant dans le sang, touchent la plasticité des neurones et la détériorent de manière significative. Chez une personne sujette à un stress important, la plasticité des circuits de l’hippocampe s’affaiblit. Il en est de même pour une personne qui n’est pas suffisamment stimulée ou qui est affligée par l’ennui. Dans le premier cas, la personne utilise son cerveau à sa capacité maximale ce qui peut entrainer une détérioration et une fatigue rapides de celui-ci. Le contraire se produit dans le second cas : le cerveau est trop en repos et non stimulé, il n’est plus habitué ni capable à travailler si l’ennui persiste. D’où l’utilité de trouver un « juste milieu » : si les hormones sont de quantité modérée, les neurones de l’hippocampe se portent bien.

  1. La bibliothèque de la non-histoire de Volupsa Jarpa

Outre l’oubli, il existe un facteur beaucoup plus volontaire qui affecte la mémoire et lui nuit : la censure. Volupsa Jarpa, un artiste qui consacre une grande partie de son œuvre à la mémoire et à l’oubli, traite de cette censure à travers sa Bibliothèque de la non-histoire (2011-Abbatoirs). Cette bibliothèque consiste en une installation composée d’ouvrages rassemblant les archives « déclassées » des Etats-Unis concernant le Chili. Elle se veut dénonciatrice de la censure qui condamne la mémoire par la dissimulation de faits et d’informations et l’interdiction de la propagation de ces derniers. La censure prive les gens de souvenirs et les empêche de connaître et de retenir des choses importantes, des choses qui peuvent être décisives et changer radicalement leur perception ou leur point de vue.

Dans la Biblioteca de la No Historia, Jarpa dénonce une double censure : « celle de la dictature d’Augusto Pinochet entre 1973 et 1990 au Chili et celle des Etats-Unis qui ont contribué au coup d’Etat de 1973 contre Salvador Allende et qui ont soutenu la dictature de Pinochet dans le cadre d’une politique étrangère de Guerre froide qui cherchait à endiguer la progression du socialisme en Amérique latine. ». Cette bibliothèque combat la « non-histoire », c’est-à-dire l’histoire niée, refoulée. Elle s’adresse aux Chiliens, victimes impuissantes de cette ignorance « voulue » par des autorités au-dessus du peuple ; et les encourage à se manifester, à prendre en main l’histoire, leur histoire. Jarpa agit ici sur la mémoire collective du peuple chilien. Il révèle des vérités expressément cachées pour nourrir et enrichir la mémoire de ses compatriotes et les délivrer de l’ignorance et des fausses vérités.

Schéma 13. Voluspa Jarpa,Biblioteca de No Historia, 2011, 1,000 x 320 x 54 cm. Foto: Carolina Castro

  1. La symbolique du labyrinthe

 

  1. Anne et Patrick Poirier, Archéologues de l’oubli

Le Festival International des Jardins expose les innombrables vertus du jardin. Ses propriétés et ses impacts sur l’âme et le corps sont aussi nombreux qu’indiscutables : il les soigne, les apaise et les régénère. Le jardin agit sur tous les sens et prodigue apaisement et sérénité. C’est un « espace propice à la contemplation et à la stimulation de l’imaginaire ». Il permet également de soigner l’esprit humain et de le reconstruire : « ‘Toucher la terre’ agit sur notre équilibre intérieur et l’on a pu mesurer le pouvoir du jardin sur les pathologies cérébrales et neurologiques. Dépenses physiques, activité intellectuelle, convivialité, tout concourt au jardin à favoriser les énergies positives. »

Anne et Patrick Poirier sont des « archéologues du rêve », des habitués de ce Festival des Jardins. Leur participation tient de l’exposition de cités englouties, de vestiges en ruine. Ils sont qualifiés d’archéologues de jardins et de cités en ruines, du passé et du présent. Ils réalisent des reconstitutions d’immenses cités ou labyrinthes de mémoires en forme de coupes de cerveaux. Ces reconstitutions se font à l’aide de scènes de muséographie et de maquettes. Ils proposent aux visiteurs d’emprunter un parcours fait de recherches archéologiques fictionnelles. C’est de cette manière qu’ils stimulent leur mémoire et leur apprennent des éléments du passé, de l’histoire qui construit la mémoire. C’est la mémoire culturelle qui est visée et stimulée par ces artistes.

Anne et Patrick Poirier ont entamé leur voyage au milieu des ruines et de l’histoire en 1966. Leur but est l’exploration de la mémoire à travers la nature. Ils ont pour finalité la découverte des lieux et des signes de la mémoire culturelle. Selon cette démarche, connaître la mémoire culturelle permet de connaître l’identité culturelle et la racine même de la mémoire collective.

Schéma 14. « Le labyrinthe de la mémoire », Anne et Patrick Poirier. Festival des Jardins 2010. Domaine de Chaumont-sur-Loire

  1. Le chemin sinueux de Pistoletto

Parmi les artistes italiens qui se sont intéressés de près à la mémoire, nous retrouvons Michelangelo            Pistoletto, figure majeure du développement de l’art conceptuel et l’un des créateurs du mouvement Arte Povera dans les années 60. Cet artiste est reconnu pour l’usage de matériaux simples, presque pauvres tels que le carton. Le « chemin sinueux de Pistoletto » consiste en un labyrinthe de carton ondulé représentant « un chemin sinueux et imprévisible qui nous mène à la connaissance, à la révélation », selon ses propres dires. Ce labyrinthe mène à la découverte et à la connaissance de soi. Il sert de métaphore : le fait que le visiteur se perde en le visitant représente le fait qu’on se perde dans notre quotidien et que nous continuons à nous chercher perpétuellement. Réussir à se repérer dans le labyrinthe signifie se découvrir et trouver son cheminement personnel.

Pistoletto utilise un miroir qu’il place au milieu du labyrinthe. Celui-ci nous apprend à considérer et à accepter l’aspect altéré de l’espace. Ce miroir permet de se voir soi-même et de voir les autres visiteurs qui se trouvent dans le labyrinthe en même temps que nous. Ce labyrinthe n’est pourtant pas haut, on ne devrait logiquement pas se perdre car sa faible hauteur permet de voir par-dessus. Le labyrinthe sinueux est donc surtout une image avant d’être une réalité concrète, en ce qui concerne cette invention de Pistoletto. La disposition du miroir au milieu de ce dernier nous conduit à nous-mêmes, à notre découverte. Le parcours est symbolique : il montre qu’après avoir erré, nous finissons par aboutir à un moment donné où nous saurons enfin qui nous sommes réellement, où nous nous dirigeons, etc. Le but du labyrinthe n’est donc pas de trouver le chemin de sortie, mais plutôt d’aboutir à son centre pour déboucher sur le miroir et y voir notre propre reflet. (archeologue.over-blog.com).

Schéma 15. Labirinto, Pistoletto 1969 – 2010

  1. L’architecture, un rempart contre l’oubli

 

  1. Le mémorial de la déportation

Pour favoriser la mémoire collective, on peut également ériger des mémoriaux. Il s’agit d’édifices, de monuments, de bâtiments, de statues, etc. qui conservent l’histoire, le passé, la mémoire collective. Le Mémorial de la déportation fait partie des ces édifices à caractère symbolique, et fonctionnel, d’où le manque d’instructions précises données à son concepteur qui a dû imaginer et ériger le monument en inventant. Un mémorial permet de commémorer un évènement important et de conserver des archives sur celui-ci tout en les rendant accessibles au grand public qui peut les consulter librement. C’est le cas pour le Mémorial du Martyr Juif inconnu créé en 1956 dans le cadre du projet Pingusson. Il se situe dans le quartier Saint-Paul.

Le Mémorial de la déportation est un hommage à la mémoire des 220 000 citoyens français qui ont disparu durant les campagnes de déportation de la Seconde guerre mondiale. Cet hommage est mêlé à l’honneur et s’adresse à leurs familles et proches autant qu’aux personnes qui, contrairement à eux, ont survécu à cette déportation. Cet édifice est un rappel du passé, de la déportation, de la disparition de milliers d’individus. C’est aussi un rachat, un monument qui permet de « conjurer » la « responsabilité collective d’un Etat qui s’est rendu partiellement complice de ces persécutions.». Dans le cas de ce mémorial, les contraintes résidaient dans la conciliation de l’intention symbolique avec le caractère officiel et commémoratif de l’édifice. Il s’agissait d’un véritable défi pour son architecte, Georges-Henri Pingusson, surtout parce la conception de l’édifice relevait uniquement de l’invention.

Pour faire sortir le caractère symbolique du monument, Pingusson a eu recours à la création d’un parcours au sein du Mémorial. Ainsi, un simple regard sur l’extérieur de l’édifice ne permet pas de déceler cet aspect symbolique. Il faut effectuer ce parcours, le suivre et le finir pour le découvrir. Ce dernier est considéré comme un parcours d’initiation. Ici, la mémoire est donc stimulée par le parcours qui permet aux visiteurs de visiter et de revivre brièvement le passé, de revenir dans le temps, de comprendre une histoire, des émotions, une vérité aussi blessante qu’attristante, en ce qui concerne le sort de ces milliers de disparus. Cependant, la réminiscence n’est pas immédiate. Pour que les souvenirs surgissent et que l’oubli soit repoussé, sous peine de ne pas pouvoir être radicalement éradiqué, le visiteur doit véritablement travailler sa mémoire.

Schéma 16. Vue extérieure de l’entrée du Mémorial des Martyrs de la déportation de Pingusson.

  1. Le mémorial de l’abolition de l’esclavage

Les mémoriaux conservent également l’histoire et la rappelle ou la transmet à une génération qui ne l’a pas vécue. Rien qu’en analysant le nom des deux mémoriaux que nous présentons dans cette section, nous voyons qu’ils évoquent déjà ce que ces édifices contiennent, protègent et partagent. Pour le Mémorial de l’abolition de l’esclavage, nous pouvons retenir les termes « abolition de l’esclavage », ce qui signifie que ce mémorial commémore, rappelle et confirme que l’esclavage est une lutte du passé qui continue dans le présent. Il représente aussi un rappel : il faut continuer la lutte et se rappeler que l’esclavage est une pratique inhumaine. Et pour représenter ce passé, cette mémoire, l’architecture se pose comme un représentant, un élément de prédilection. L’architecture a donc des vertus conservatrices de la mémoire. Elle contient et retient de nombreux faits, l’histoire et des informations qu’elle transmet à ceux qui sont capables et qui ont le désir de les découvrir.

Le Mémorial de l’abolition de l’esclavage a été dessiné par Julian Bonder, un architecte, et Krzysztof Wodiczko, un plasticien. Il s’agit d’un édifice qui veut servir de rempart, de point de rencontre entre un message politique et un contenu scientifique. Ce Mémorial représente  « une évocation métaphorique et émotionnelle de la lutte, principalement historique, mais toujours actuelle, pour l’abolition de l’esclavage » avec pour fonction de « garder la mémoire du passé et de mettre en garde pour l’avenir ». C’est donc un rappel du fait que bien que la lutte contre l’esclavage a perduré, elle n’est pas terminée, même si l’esclavage revêt un caractère moins voyant à notre époque.

La Ville de Nantes a organisé un concours pour ce projet. L’architecture de cet édifice est un parcours historique de l’esclavage qui s’étend sur 6 800 m². Ce projet a pour visée un rappel de l’histoire et non son explication. Dans cette optique, il fournit des informations objectives, des dates, des noms, etc.

Schéma 17. Vue du Mémorial de l’abolition de l’esclavage de Julian Bonder

  1. Vers l’émotion architecturale

 

  1. L’omniprésence du contexte environnemental

 

  1. Les interactions entre l’homme et son environnement

 

  1. Le milieu de vie et d’évolution

L’environnement et l’homme sont deux éléments inséparables. D’un côté, l’homme naît, grandit et meurt au sein de cet environnement. D’un autre, l’environnement se forme et évolue autour de lui et avec lui. L’homme dépend de l’environnement et l’environnement change et évolue avec l’homme, pour l’homme et par l’homme. En effet, l’environnement subit une mutation avec l’homme et son travail. Le travail de la terre modifie l’environnement dans son état naturel. Il en est de même pour l’architecture étant donné que les maisons bâties sont le fruit d’une modification de l’environnement opérée par l’homme.

L’environnement est indissociable de l’homme : ce dernier y vit. Celui-ci peut être familial, social, etc. L’individu se crée dans son environnement et évolue dès l’enfance jusqu’à l’âge adulte et la vieillesse. Il y vit et sa mémoire ainsi que ses souvenirs s’y forment. C’est là que sa mémoire individuelle se construit et c’est là aussi que sa mémoire collective se forme, en référence à l’environnement social. Il est donc un être individuel et social à la fois.

Comme l’environnement l’aide à se construire, il peut aussi contribuer à sa destruction, en référence aux personnes dont il s’entoure. Un mauvais environnement social, cautionné par un mauvais entourage, contribue à faire d’un individu une mauvaise personne. De même, si l’homme peut beaucoup apporter à l’environnement, il est également capable de le détruire comme le prouvent les déchets et fumées organiques produits par les usines, une invention de l’homme dans laquelle il travaille, qui polluent l’air et détruisent l’environnement à petit feu.

  1. Le rôle du bâti sur l’être humain et l’enjeu du cadre naturel

Illustre architecte, urbaniste et utopiste français du XVIIIe siècle, Nicolas Ledoux (1736-106) résume l’importance du bâti pour l’être humain, surtout en matière d’apprentissage et de relations, par une citation phare : « La qualité du cadre de vie conditionne la pensée et le comportement » (Francaspaysdelaloire.fr). Cette citation de Nicolas Ledoux (architecte, urbaniste et utopiste français 1736 – 1806)  illustre parfaitement toute l’importance du bâti des structures scolaires ou structures d’animation en termes d’apprentissages et de relations.

En effet, le bâti détient une influence majeure sur chacun. Tout comme l’homme a besoin de lui, il survit également grâce à l’homme. Sans l’entretien que nous apportons à nos espaces bâtis (à nos maisons, aux structures publiques qui nous entourent, à nos bâtiments scolaires, etc.), ces derniers se détérioreraient au fil du temps et ne survivraient pas au temps. De même, un bâti qui ne correspond pas aux exigences de ses habitants et ne répond pas à leurs principes et attentes ne leur procurera jamais la qualité de vie qu’ils recherchent : « une structure, un espace bâti ne vit que par celui et ceux qui les habitent. » (Francaspaysdelaloire.fr) « Or les adolescents plébiscitent les espaces dédiés où circule la parole.

C’est pour cette raison que toute construction nécessite un projet d’architecture orienté vers la population ciblée par l’architecte. Le bâti doit permettre l’évolution, l’épanouissement, la construction, la satisfaction, etc. de la personne qui l’habitera. Si le local envisagé servira d’école, il faut un environnement spacieux dans lequel chaque élève peut s’exprimer. C’est dans cette logique que se construisent les EHPAD, centres de soin, centres médicaux, résidences, etc. hébergeant et offrant des soins pour des personnes âgées atteintes d’Alzheimer ou d’autres maladies impactant sur la mémoire.

C’est également ainsi que le bâti a évolué au fil du temps, répondant aux besoins évolutifs des mœurs et des modes. Selon Reveyron (2002), le changement de mode et de mœurs entraine de nombreuses transformations du bâti. A titre d’exemple, il dénombre des modifications d’ordre architectural liées au passage du groupe familial (plusieurs générations réunies sous un même toit) à la famille mononucléaire (une famille plus individualiste qui prône l’intimité). Le bâti s’est transformé pour se conformer à ce changement et à ce besoin d’intimité, via « de profondes transformations dans les volumes internes et les circulations (autonomie des pièces, migration interne des escaliers, création de couloirs et portes…). »

  1. Le rôle de l’espace dans l’architecture et sur la mémoire

 

  1. L’espace comme référent identitaire

L’identité est ce qui permet à une personne, à un objet ou à toute autre chose de se distinguer des autres. Dans l’incontournable Lieux de mémoires, Pierre Nora (1997 : 24-25) affirme que « La mémoire s’enracine dans le concret, dans l’espace, le geste, l’image et l’objet » L’espace et l’identité ont une relation durable ancrée dans le temps. L’identité, qu’elle soit sociale ou individuelle, se forme et se consolide dans l’espace. Dans ce sens, l’identité puise ses ressources de la relation individuelle ou sociale à l’espace que chacun d’entre nous vit. (Di Méo, 2002 : 175).

L’identité personnelle comme collective se construit dans l’espace. On parle alors de territorialité : on vit dans un espace donné et les souvenirs que nous accumulons durant ce vécu contribuent à la création et à l’affirmation de notre identité. L’espace joue donc un rôle de référent identitaire. Il conserve l’histoire de tout individu qui évolue en son sein. En termes de territorialité, l’espace (ou territoire) raconte l’histoire de ceux qui ont intégré un groupe ou une société dans cet espace.

L’identité individuelle d’une personne se forme dans l’espace, milieu incontournable de construction de l’identité. En effet, un individu vit dans l’espace qui le constitue. L’espace permet donc à la mémoire de se former. Un individu y naît, grandit, s’y transforme, y vit et finit par disparaitre en son sein. Di Méo (2008 : 4) le confirme : « Les études de géographie sociale ont montré l’importance des notions d’espace de vie (les cheminements et déplacements réguliers de chacun), d’espace vécu (espaces des pratiques et des imaginaires) et de territorialité (toutes les dimensions du vécu territorial d’un individu) pour la construction de soi, mais aussi de ses rapports sociaux et spatiaux par chaque être humain. »

De fait, toute chose s’étend donc dans l’espace qui devient son lieu de vie. L’espace ne permet pas seulement à l’identité de se former, mais également d’évoluer. Un exemple typique représentant l’espace comme étant un référant identitaire est celui des territoires qui gardent en eux les vestiges d’une population, d’un groupe social donné. Ceux-ci représentent ces peuples et permettent de les identifier. Ils conservent leurs histoires et les partagent à autrui. Ils montrent et rappellent l’unicité de ces peuples et renvoient leur image au monde. Ils conservent leur identité dans l’espace.

  1. L’espace comme un point de repérage

Dès son plus jeune âge, on apprend à l’homme à s’orienter dans l’espace, à connaître sa position par rapport à ce qui l’entoure, à savoir se situer et situer des objets, des lieux, des gens, etc. Se repérer dans l’espace permet donc à un individu de savoir où il se trouve. Il s’accompagne souvent de l’orientation dans le temps, ce qui constitue l’orientation temporo spatiale, c’est-à-dire l’art de se repérer dans l’espace et dans le temps. Cette dernière nous permet de savoir où nous nous trouvons à une date précise. Cette faculté fait partie de la mémoire, de la faculté de mémorisation. Et lorsque nous perdons cette capacité, cela signifie que notre mémoire se détériore. C’est aussi un signe fréquent chez les atteints d’Alzheimer.

Savoir se repérer dans l’espace permet d’avoir une bonne qualité de vie. En effet, une personne dont la mémoire fonctionne encore normalement est capable de dire où elle se trouve, surtout à un moment précis. Lorsqu’elle en est incapable, sa mémoire à long terme est affectée, sa mémoire immédiate pouvant également être touchée. Et pour bien se repérer dans l’espace, l’architecture peut aider. En effet, celui qui n’est plus capable de s’orienter dans l’espace voit sa qualité de vie diminuée et perd son autonomie (Toutsurlamémoire.com). D’où l’utilité de le placer dans des établissements proposant une stimulation de sa mémoire.

C’est dans l’espace que l’on se repère en premier lieu. Dès l’enfance, nous apprenons tous où se situe une chose ou où nous nous situons nous-mêmes : en haut, en bas, à gauche, à droite, au-dessus, au-dessous, etc. La mémoire se remémore ce repérage grâce à la vue. Dès que nous connaissons l’emplacement d’une chose, nous nous souvenons toujours de ce dernier jusqu’à ce qu’elle soit déplacée. La perte de la mémoire, que ce soit de la mémoire à long terme ou à court terme, empêche cette mémorisation et nous ne sommes plus capables de nous souvenir de cet emplacement. Ce qui rend utile de placer des repères dans l’espace de vie occupé par des personnes souffrant de troubles mnésiques. La structure de l’espace contribue à ce repérage. L’emplacement de chaque pièce, de la cuisine, de la porte de sortie, de la salle de bain, etc. doit être réfléchi pour permettre la stimulation mémorielle de sorte que cela devienne machinal de se repérer, de savoir où se trouve telle ou telle pièce, etc.

  1. L’impact de la forme et du volume sur la mémoire
    1. La forme en architecture

Dans The design of the cities, Edmund N. Bacon disait : « Formes architecturales, textures, matériaux, couleur, jeux sur la lumière et l’ombre, tous ces facteurs contribuent à donner une qualité à l’espace. Cette qualité sera déterminée par la compétence du créateur à utiliser et associer tous ces éléments, à la fois dans les espaces intérieurs du bâtiment et dans les espaces extérieurs. »

La forme est un élément crucial voire même fondamental de l’architecture. En architecture, la forme représente autant l’intérieur d’un ouvrage que son extérieur. Elle relève à la fois de la géométrie (forme rectangulaire, cubique, sphérique, etc.) et de ce que l’on peut voir au résultat au niveau de la couleur, des proportions, etc. En d’autres termes, la forme est en relation avec tous les aspects d’une œuvre et ne peut s’en dissocier. D’elle dépendent de nombreuses choses comme l’agencement, la structuration, l’utilisation entière de l’espace, etc. C’est elle qui définit l’aspect extérieur et intérieur d’un ouvrage et la perception visuelle que nous en aurons une fois son achèvement.

Il est intéressant de constater que la forme architecturale dépend du matériau utilisé pour la conception d’un ouvrage. Ce sont les propriétés physiques du matériau qui détermineront la possibilité ou non de doter l’ouvrage d’une forme spécifique. A titre d’exemple, le bois peut servir pour différentes formes architecturales de par sa facilité à travailler en compression, en traction et à sa capacité de flexion. (Crit.archi.fr)

  1. Efficacité comparative   des       formes

Le rôle joué par la forme du bâtiment est crucial, d’où l’importance de bien décider de la forme à lui donner.  La forme peut influencer la performance énergétique d’un bâtiment sur le long terme. Elle détermine, aux côtés de la taille, les besoins et exigences en chauffage de l’ouvrage. Plus un bâtiment est grand et est de forme complexe, plus le chauffage doit être conséquent pour pouvoir chauffer toute la surface habitée. En effet, un bâtiment de grande taille est exposé à une grande perte de chaleur. (Leslie, 2009 : 60)

La forme d’un bâtiment joue donc un rôle de déterminant. Celui de forme compacte et cubique permet à la surface extérieure d’être plus diminuée et au volume intérieur d’être plus renfermé, ce qui a pour effet la diminution de quantité de matériaux requis pour sa construction et celle de la perte de chaleur. Les bâtiments de forme en « U » ou en « L » disposent de plus de surface extérieure exposée en comparaison à ceux de forme carrée ou rectangulaire. En ce qui concerne la toiture, un bâtiment de forme carrée à la base mais qui prend la forme d’un cube en hauteur n’aura besoin que d’un peu de toit. En général, la forme sphérique est la forme de bâtiment la plus efficace. Toutefois, son design est extrêmement compliqué et les matériaux de construction sont rectilignes, ce qui rend difficile la construction de bâtiments de forme sphériques. L’on se rabat donc sur la forme sphérique qui est moins exigeante et moins contraignante.

Il est donc utile de savoir bien choisir la forme d’un bâtiment parce qu’elle impacte sur l’utilisation de celui-ci, le chauffage, l’entretien, la faisabilité du projet, les coûts, le choix des matériaux, etc. Une bonne forme ne représente pas trop de contraintes, contrairement à une forme choisie de manière irréfléchie. Il en est de même pour la taille du bâtiment. Plus elle est grande, plus la construction risque de durer, aura besoin de plus de capital, nécessitera le recours à plus de main d’œuvre, requerra plus de chauffage et d’éclairage, etc.

Extérieurement, un bâtiment doit donc être conçu de manière à ce que la surface extérieure exposée soit diminuée. Cela permettra une réduction du chauffage et de l’entretien. Intérieurement, plus l’intérieur est aménagé ouvertement, plus il sera éclairé naturellement et sujet à un maximum de ventilation naturelle.

Pour un bon choix de forme en architecture, voici un comparatif des formes de bâtiment tiré du Recueil de notes sur l’architecture de l’architecte David Leslie :

Rectangulaire plat

Superficie du plancher : 40’ X 160’ = 6 400 p²

Superficie de l’assise et du toit : 40’ X 160’ = 6 400 p²

Volume: 6 400 p² X 10’ = 64 000 p³

Périmètre de la fondation : 40’+ 160’+ 40’+ 160’ = 400 p

Superficie des murs extérieurs: 400’ X10’ = 4 000 p²

Superficie de l’enveloppe : 4 000p² + 6 400p² = 10 400 p²

Ratio  du volume/ enveloppe: 1 : 0.163

Carré plat

Superficie du plancher : 80’ X 80’ = 6 400 p²

Superficie de l’assise et du toit : 80’ X 80’ = 6 400 p²

Volume: 6 400 pc X 10’ = 64 000 p³

Périmètre de la fondation : 80’+ 80’+ 80’+ 80’ = 320 p

Superficie des murs extérieurs: 320’ X10’ = 3200 p²

Superficie de l’enveloppe : 3200p² + 6 400p² = 9 600 p²

Ratio du volume/ enveloppe: 1 : 0.15

Carré élevé étalé

Superficie du plancher : 56.568’ X 56.568’ = 3 200p² X 2 = 6 400 p²

Superficie de l’assise et du toit : 56.57’ X 56.57’ = 3 200p²

Volume: 3 200p² X 20’ = 64 000p³

Périmètre de la fondation : 56.568’+ 56.568’+ 56.568’+ 56.568’= 226.27 p

Superficie des murs extérieurs: 226.27’ X 20’ = 4 525 p²

Superficie de l’enveloppe : 4 525 p² + 3 200 p²= 7 725p²

Ratio du volume/ enveloppe : 1 : 0.12

Carré élevé compact (non illustré)

Superficie du plancher : 46.18’ X 46.18’ = 2 132.6 p² X 3 = 6 400 p²

Superficie de l’assise et du toit : 46.18’ X 46.18’ = 2 132.6 p²

Volume: 2 132.6p² X 30’ = 64 000 p³

Périmètre de la fondation : 46.18’+ 46.18’+ 46.18’+ 46.18’= 184 p

Superficie des murs extérieurs: 184’ X 30’ = 5 541.6 p²

Superficie de l’enveloppe : 5 541.6p² + 2 132.6p²= 7 674.6p²

Ratio du volume/ enveloppe : 1 : 0.119

Cubique

Superficie du plancher : 40’ X 40’ = 1 600 p² x 4 = 6 400 p²

Superficie de l’assise et du toit : 40’ X 40’ = 1 600 p²

Volume: 1 600 pc X 40’ = 64 000 p³

Périmètre de la fondation: 40’+ 40’+ 40’+ 40’ = 160 p

Superficie des murs extérieurs: 160’ X40’ = 6 400 p²

Superficie de l’enveloppe : 6 400p² + 1 600p² = 8 000 p²

Ratio du volume/ enveloppe : 1 : 0.125

 

Efficacité comparative des formes par David Leslie. Source : Recueil de notes sur l’architecture, p. 61

  1. Autour de l’architecture et de la mémoire

 

  1. Rôle et nécessité de l’éclairage

 

  1. Effet et impact de l’usage d’une lumière naturelle sur les troubles mnésiques

Pour qu’un logement soit de qualité, il a besoin d’être bien éclairé. La lumière contribue à la fois à la qualité de vie des résidents d’un établissement et à leur confort. Bleichner (2004) et le groupe de travail avec lequel il a élaboré le document « Architecture des services d’urgence : recommandations de la Société Francophone de Médecine d’Urgence » exposent les bienfaits de l’éclairage dans les établissements en ces termes : « La qualité et l’éclairage participent naturellement au bon traitement des espaces mais également au confort des lieux ; ils contribuent à leur perception ainsi qu’à leur ambiance et participent à leur identification (Public/soignants ; Accueils attentes/zones techniques) en répondant, selon les cas, à des contraintes et à des exigences variées. Il participe également à l’orientation au sein de du service tant pour le personnel que pour le service » (Bleichner, 2004 : 25).

En effet, c’est grâce à la lumière que nous pouvons circuler librement dans un bâtiment et nous repérer. Sans lumière naturelle durant la journée et artificielle la nuit, nous ne pouvons pas nous situer ou distinguer ce qui se trouve dans notre espace. Geert Salomez, une référence dans l’usage de la lumière en architecture, confie même que la lumière détient des vertus thérapeutiques et que la lumière du soleil et du ciel équilibrent l’horloge biologique de l’homme. (jevaisconstruire.levif.be).

Treussard Marchand (2007-2008 : 26) indique que l’éclairage influence les couleurs au plus haut point. En effet, la couleur d’un objet provient de la réflexion d’une partie de la lumière qu’il reçoit. La lumière envoie des ondes aux objets, et la lumière naturelle possède toutes les gammes d’ondes, contrairement à la lumière artificielle qui en dispose de peu. C’est à partir de ce constat que les architectes tendent à favoriser le maximum d’éclairage naturel dans les établissements qu’ils conçoivent, à l’instar des exemples que nous avons exposés au début de ce mémoire (la clinique neurologique Lou Ruvo de Franck Gehry et l’institut du cerveau et de la moelle épinière de Jean-Michel Wilmotte).

L’éclairage naturel est fortement conseillé dans les établissements publics et privés, dans les logements, dans les espaces de vie, etc. Mais comme l’affirme Frank Delmulle, architecte réputé et directeur de l’école supérieure Saint-Luc à Gand, la lumière doit prendre en compte les contrastes et aller de pair avec l’obscur ou la pénombre. (jevaisconstruire.levif.be). Les établissements de soins ou centres d’hébergement de personnes atteintes de déficience mémorielle doivent donc concilier pénombre et lumière puisque la pénombre peut être requise pour des examens, dans les Services d’Urgence, par exemple (Bleichner, 2004 : 25).

Puisque l’éclairage naturel contribue au repérage et à l’identification, il est à privilégier dans les établissements de prise en charge de malades atteints de troubles mnésiques car la lumière naturelle a tendance à attirer ces personnes. Un éclairage naturel de haut niveau doit donc être mis en place pour que ces patients puissent circuler librement en en toute sécurité. Plusieurs solutions sont proposées pour favoriser l’éclairage naturel afin de favoriser un maximum d’éclairage naturel, surtout lorsque le bâtiment est trop épais et que l’éclairage naturel est peu:

  • Création d’un patio supplémentaire
  • Installation d’éclairages zénithaux pour des espaces de vie en partie couverts à l’aide de skydômes ou de décrochements de toiture
  • Aménagement d’un jardin d’hiver (Source : Treussard Marchand (2007/2008 : 26)

Les hôpitaux, centres de soins et structures de soins doivent prendre en compte l’éclairage dans leur architecture. A travers Les nouvelles organisations et architectures hospitalières, le Ministère de la Santé et des Solidarités inclut la demande en lumière naturelle dans les demandes fréquentes dans un projet architectural. Ce document considère la lumière naturelle comme étant une demande universelle qui fait l’objet de multiples contraintes architecturales. Cependant, le Ministère de la Santé préconise « de mettre majoritairement tout local de travail en éclairage naturel (hormis ceux occupés périodiquement ou secondairement occultés pour des examens) , en prenant en compte des secteurs particuliers comme les archives dont il faut éviter que les agents travaillent en lumière artificielle exclusive. » (Ministère de la Santé et des Solidarités, Nouvelles Organisations et Architectures Hospitalières, p. 145).

L’éclairage naturel est apporté par le soleil. L’architecture du bâtiment doit donc permettre une pénétration optimale du soleil dans un logement. Les fenêtres sont un des meilleurs outils favorisant l’éclairage naturel. Non seulement elles doivent être de nombre proportionnel à la taille du bâtiment, mais aussi être bien orientées pour laisser entrer le plus de rayon de soleil possible. La lumière naturelle procure de la chaleur, du bien-être et de la clarté à un logement. L’orientation de la fenêtre détermine la quantité de lumière naturelle qu’elle peut laisser entrer dans le bâtiment : « Ce sont les fenêtres orientées au sud qui laissent passer le plus longtemps la plus grande quantité de lumière. Cette lumière procure chaleur et clarté, elle est idéale pour les lieux de rassemblement. La quantité de lumière admise est à peu près égale pour les fenêtres orientées à l’est et à l’ouest. Les fenêtres orientées à l’ouest reçoivent la lumière tard en après-midi: les pièces de détente bénéficieront de cette lumière chaude en fin de journée. » (Leslie, 2009 : 15)

Ces fenêtres doivent être en verre pour que la lumière naturelle puisse s’introduire au maximum. Il faut toutefois savoir choisir le type de verre adéquat. Une vitre teintée aura pour effet de réduire la pénétration de la lumière naturelle. C’est une fenêtre faite de vitre ordinaire qui fera passer le plus de spectre et stoppera les rayons ultraviolets. La vitre acrylique a pour propriété de faire passer ces rayons. (Leslie, 2009 : 15)

  1. Effet et impact de l’usage d’un éclairage artificiel sur les troubles mnésiques

Un éclairage artificiel de qualité procure de la qualité et du confort à toute habitation, au même titre que la lumière naturelle. Il peut servir d’accompagnement à l’éclairage naturel lorsque celui-ci n’est pas assez satisfaisant. Il permet la circulation de tout le monde – en particulier du personnel et des résidents dans les centres de soin – la nuit, en favorisant le repérage et en éclairant les trajets que ces derniers doivent emprunter. La conception de l’éclairage artificiel dans les établissements accueillant des personnes âgées souffrant d’Alzheimer doit se faire suivant trois principaux critères (Torrington et Trengenza, 2007 et Brawley, 2006) :

  • Il faut augmenter le niveau d’éclairement pour compenser la baisse d’acuité visuelle des personnes très âgées.
  • Il faut éviter l’éblouissement de manière directe ou indirecte ainsi que les zones d’ombre angoissantes. Il faut donc privilégier un éclairage indirect et multiplier les sources lumineuses bien réparties pour obtenir une distribution 27 uniforme de la lumière. I l faut éviter les surfaces trop réfléchissantes (sols cirés, grands miroirs, aluminium brillant) et privilégier des surfaces mates.
  • Il faut, pour répondre aux difficultés d’adaptation aux contrastes lumineux des personnes âgées, créer des transitions entre les zones fortement éclairées et les zones moins lumineuses. Pour cela, on peut privilégier les grandes baies vitrées dans les pièces donnant sur des terrasses extérieures et créer des zones extérieures de transition protégées du soleil (auvent, porche…). (Treussard Marchand, 2007/2008 : 27).

Ainsi, la conception de l’éclairage artificiel dans ces centres doit prendre en compte les problèmes de vue des personnes âgées. L’éclairage artificiel de bas niveau peut être nocif pour les yeux car il n’aide pas à la vue. De même, trop de lumière artificielle peut détruire la vue car elle éblouit et crée des sentiments de confusion. Le mieux est d’opter pour un éclairage à niveau moyen ou un peu élevé au maximum. L’éclairage artificiel peut être catégorisé en trois grandes familles en prenant l’exemple de l’éclairage artificiel recommandé pour les Services d’Urgence (SU) de Bleichner (2004 : 145):

Dans les zones publiques Dans les zones techniques Dans les circulations
Il intervient en complément de l’éclairage naturel. Il est important de privilégier la notion de confort et apportant une attention particulière à la nature des sources lumineuses et au choix des appareils d’éclairage Il revêt un aspect fonctionnel et il doit être au service des utilisateurs et adapté aux différentes activités : examens, dispensation des soins. Il est important de prendre en compte la notion de malades couchés (come dans les zones techniques) et donc d’adapter les sources d’éclairage direct de façon à ce qu’elles ne deviennent pas des éléments inconfortables et agressifs vis-à-vis des patients.

 

Tableau 1. Exemple d’éclairage artificiel recommandé pour les Services d’Urgence. Source : Bleichner (2004 : 145)

Le rôle, l’usage, l’utilité ainsi que le niveau de l’éclairage artificiel diffèrent donc d’un service à un autre, d’une zone à une autre. Pour les malades, l’éclairage artificiel procure un sentiment de sécurité et d’apaisement la nuit car il permet de lutter contre l’obscurité. Ainsi, l’éclairage artificiel peut être fortement requis pour des patients apeurés par l’obscurité et qui ne sont rassurés et ne peuvent trouver le sommeil que lorsque la pièce est éclairée, la plupart du temps par une lumière artificielle faible diffusée par une veilleuse ou par une lumière tamisée de couleur claire, non prononcée.

Pour que les patients ne se sentent pas « agressés » par l’éclairage artificiel, plusieurs solutions peuvent être adoptées comme la disposition des sources de lumière sur le plafond ou encore l’évitement de disposer des luminaires sur les axes de circulations de sorte que la lumière semble attaquer la personne qui circule dans ces derniers. Différents types d’ampoules existent : halogènes, incandescentes, au mercure et fluorescentes. Les ampoules incandescentes sont particulièrement recommandées pour leur éclairage chaleureux, plaisant et agréable (Leslie, 2009 : 16).

  1. L’utilisation de la couleur : ses propriétés et ses vertus sur les troubles mnésiques

 

  1. Les nuances et leurs propriétés intrinsèques

La couleur est un élément indissociable de notre vie. Elle est présente partout et est particulièrement utilisée en architecture. Il existe deux groupes de couleur qui peuvent avoir différents impacts sur la physiologie et la psychologie : les couleurs chaudes et les couleurs froides. Les couleurs chaudes (rouge et jaune) libèrent l’adrénaline et ont un effet excitant : elles font augmenter la pression artérielle, la vitesse de la respiration, les battements du cœur, l’activité cérébrale, la tension musculaire et d’autres fonctions du système nerveux automatique (Leslie, 2009 : 22). Au contraire, les couleurs froides (vert, bleu) aspirent au repos et à la concentration. Elles secrètent des hormones tranquillisantes propices au repos et représentent la passivité. D’un point de vue psychologique, les couleurs chaudes augmentent l’appétit et favorisent la créativité tandis que les couleurs froides donnent plus envie de se reposer. La température conduit au choix de la couleur : le froid amène à utiliser des  couleurs chaudes tandis que la chaleur conduit à l’usage des couleurs froides.

Le tableau suivant résume les propriétés intrinsèques des nuances de couleur :

Les couleurs chaudes

 

Les couleurs froides

 

●   Le rouge

La couleur rouge possède les vibrations de plus basse fréquence.

▲   Avec la couleur rouge l’homme s’anime, sa vitalité augmente, mais ce peut être aussi selon la nuance, l’éveil de la violence et de la colère.

Cette couleur est à éviter dans les lieux de repos ou dans les locaux collectifs.

L’orange

L’orange est la couleur qui vitalise, sans être agressive.

Elle est antifatigue.

Le jaune

La couleur jaune pousse l’homme à lire, à réfléchir, à comprendre. Elle accroît la toxicité neuromusculaire.

 

Le vert

Le vert est la couleur de la croissance et du développement. Une pièce peinte en vert repose et diminue les cas d’excitations fébriles.

Le bleu

La couleur bleue développe le sens musical, apaise le système nerveux et agit favorablement sur les yeux. Elle procure un sentiment de calme et de sécurité. Elle est une couleur aux propriétés anesthésiques et antispasmodiques. Un abus peut cependant engendrer la déprime.

Le violet

Le violet favorise la méditation. Il calme les émotions violentes. Cette couleur est très protectrice.

 

 

Tableau 2. Les propriétés intrinsèques des nuances de couleur. Source : Leslie (2009 : 22)

 

Le rôle de la couleur en architecture est de fournir à une personne une perception de l’espace. Elle permet également à un espace d’être reposant, agréable, désagréable, excitant, etc. (Treussard Marchand ; p. 25). Les couleurs agissent directement sur les personnes âgées et leur vision. Etant donné que leur vue diminue au fil des années, elles sont plus réceptives aux couleurs chaudes, lumineuses et vives. La lumière est donc prothétique. La couleur est aussi utilisée pour la signalétique car elle représente un outil de repérage pour des personnes à la mémoire déficiente. A titre d’exemple, on peut jouer sur le contraste et différencier la couleur de la chambre de celle de la porte de sorte que la personne puisse mieux se repérer et trouver la porte facilement. Enfin, la couleur donne vie à un espace et façonne son caractère. Les lieux de vie des établissements hébergeant des personnes atteintes de troubles mnésiques doivent donc être de couleur chaude pour stimuler la réaction, l’activité et le mouvement des résidents. Et les chambres de ces dernières devraient être de couleur froide pour faciliter le repos et la tranquillité.

 

  1. La chromothérapie et son impact sur la santé

La chromothérapie est l’usage de la couleur à des fins thérapeutiques. Elle favorise la guérison naturelle des malades à l’aide de la couleur. La couleur a une influence autant sur notre physique, notre psyché et nos émotions. La chromothérapie permet donc de guérir toutes sortes de pathologie qu’elle soit physique ou mentale. Parce que les couleurs agissent sur l’ensemble de notre organisme, le tableau suivant présente huit couleurs qui correspondent aux parties du corps humain et qui sont très utilisées en chromothérapie:

Violet : On le recommande pour sa puissance thérapeutique pour purifier le sang, éliminer les toxines, désengorger le foie, stimuler le bon fonctionnement de la rate et pour renforcer le système immunitaire. Dans une perspective émotionnelle, le violet est également utilisé pour calmer les états coléreux comme pour éveiller l’inspiration.
Indigo : On lui prête un pouvoir anesthésique, idéal dans les cas de maux de tête, d’angine, de rage de dents ou de rhumatismes sévères. On dit aussi de l’indigo qu’il aide à mettre en avant les capacités intuitives.
Bleu : Le bleu est la couleur symbolique du pacifisme et de la quiétude. On l’utilise évidemment pour apaiser dans la plupart des cas de crise. Souvent efficace auprès des gens en proie à des troubles psychologiques avec anxiété grave, le bleu a aussi un effet antispasmodique. Il sera donc utile dans les moments de crampes. On lui accorde encore un pouvoir sur les maladies inflammatoires et sur les gens souffrant de pression artérielle à la hausse en raison de ses vertus apaisantes.
Turquoise : À l’exemple du bleu, le turquoise possède des qualités apaisantes. Mais on le recommande surtout pour contrer les douleurs soudaines. Il apparaît également qu’il a un effet sur la régénération du derme.
Vert : Le vert est la couleur du renouveau et du retour à la vie. On en prône l’utilité dans les cas d’épuisement ou de stress intense. Le vert amène une lucidité considérable et on le recommande dans les prises de décisions. Comme on lui reconnaît également le pouvoir de l’harmonie et de la stabilité, il fait grand effet auprès de personnes émotionnellement perturbées. Enfin, il intervient efficacement pour combattre l’insomnie et stimule l’appétit sexuel.
Citron : Le citron est une couleur stimulante qui agit de manière bénéfique sur la concentration. Il aide aussi dans les cas de désintoxication. Par ailleurs, il semble avoir un effet revitalisant dans la structure osseuse du corps humain.
Jaune : Le jaune est la couleur par excellence pour toute forme de stimulation cérébrale. Il procure énergie, motivation et imagination. Il agit sur le système digestif à titre purgatif tout en maintenant son bon fonctionnement. On lui accorde enfin un effet positif sur le système nerveux.
Orange : D’une grande efficacité dans les problématiques thyroïdiennes, l’orange est aussi efficace dans l’élimination des surplus de matières adipeuses. Son caractère antispasmodique agit contre les douleurs musculaires, arthritiques et lombaires. Perçu comme un stimulant cardiaque, on le recommande dans les cas d’asthme et d’allergie pour dilater les voies respiratoires. Associé aux luxe et aux plaisirs, cette couleur est un tonique qui aide à conserver la jeunesse du cœur.

Tableau 3. Source : http://www.medecines-naturelles.com/chromotherapie-3.html

 

La chromothérapie descend de pratiques ancestrales chinoises. Elle croit en la possession d’énergie de la couleur. Cette dernière détient une longueur d’onde qui impacte sur l’organisme humain. C’est la peau qui reçoit la lumière et lui est sensible, cela lui permet de recevoir les couleurs. Chaque individu a un goût précis pour la couleur, c’est un fait à considérer prioritairement en chromothérapie. Cette thérapie par la couleur agit sur plusieurs plans :

 

Physique : optimisation des fonctions organiques, des fonctions métaboliques et des processus physiologiques, relaxation physique et musculaire, la détente corporelle…

 

Émotionnel :

gérer, canaliser, harmoniser les émotions, évacuer le stress et en réduire les effets nocifs, lutter contre la déprime, stimuler la créativité, développer la confiance en soi…

Mental :

clarifier l’esprit, remonter aux sources des blocages et les dénouer, améliorer la concentration, développer l’intuition, lutter contre l’anxiété et les troubles du sommeil, lâcher-prise, favoriser la méditation, détente de l’esprit…

Energétique : harmoniser la circulation de l’énergie vitale, équilibrer les vides ou trop pleins énergétiques, améliorer la vitalité et les facultés de récupération, se ressourcer…

 

 

Tableau 4. Effets de la chromothérapie. Source : http://www.site-chromotherapie.fr/

 

Quant aux effets de la couleur sur la mémoire, nous pouvons prendre l’exemple de la couleur jaune qui permet de hausser considérablement la concentration et la mémoire. Le violet est un conducteur cérébral de référence parce qu’il a la capacité de mieux transmettre les impulsions connectées du cerveau. (http://www.colorinside.fr/guide-des-couleurs/)

 

  1. De la matière au toucher

 

  1. Du sentiment de sécurité à la répulsion

Le lien que nous entretenons avec notre environnement est dépendant de notre sens du toucher. Par toucher, nous entendons la sensibilité de notre peau. Pour qu’un habitat puisse nous procurer du bien-être, il faut que la sensation ressentie par notre peau nous soit agréable (cela concerne le chauffage ou la température du bâtiment dans lequel nous vivons, la température de l’air qui y circule ou encore la fraîcheur du sol que nous écrasons). (Leslie, 2009 : 25). La « perception tactile » qui résulte du toucher par la main est également décisive.

Pour qu’un sentiment de sécurité s’établisse, il faut prendre en considération ces paramètres, notamment la texture des matériaux utilisés dans la construction. Par texture, on entend la qualité et le fini des éléments composant les surfaces des objets. Pour que ceux-ci soient agréables au toucher et n’invitent pas à la répulsion, il faut tenir compte de cette texture qui peut provoquer des perceptions et des évocations d’ordre psychologique chez l’être humain.

En architecture, les objets et les matériaux utilisés ont différentes textures. Les objets et matériaux légers et grands à la vue et au toucher sont faits de textures lisses et fines. Ceux qui semblent lourds et petits résultent de textures rugueuses. La sensation que nous ressentons en touchant une surface influence notre mémoire et nos émotions. Ceci explique la répulsion que nous pouvons manifester au contact de certains matériaux et le sentiment de sécurité que d’autres peuvent représenter à nos yeux.

  1. L’habitat, un nouveau référentiel

En 2006, le Ministère de l’Equipement, des Transports, de l’Aménagement du Territoire, du Tourisme et de la Mer a réalisé un rapport final sur le Plan Urbanisme Construction Architecture. Ce dernier décrit les caractéristiques et spécificités de l’architecture et les objectifs qu’elle doit atteindre en termes de construction : « L’architecture doit permettre l’émergence de la cité, la communauté inscrite dans un cadre bâti. » (P. 69) « L’architecture vise la qualité, c’est-à-dire devenir ce « temple » qui fait chanter les humains qui y font leur demeure (P. Valéry). » (P.70).

L’habitat doit donc, avant tout, viser le bien-être de son résident et lui servir de demeure dans laquelle il pourra s’épanouir et envisager une installation à long terme. La qualité de vie des résidents étant au cœur de l’architecture, des référentiels de l’habitat sont édités au fil des années. L’association Label Promotelec Habitat Neuf est chargée de la création de ces référentiels. Forte de 40 d’expérience en création de référentiels de qualité pour l’habitat, elle se donne pour mission l’incitation à la création d’habitat sûr et adapté aux besoins de tout le monde, d’habitat économe et respectueux de l’environnement.

Ces référentiels tiennent compte des évolutions techniques et réglementaires les plus récentes en termes d’habitat. Un nouveau référentiel pour l’habitat est en cours et sera mise en vigueur au début du mois d’avril 2015. Celui-ci sera accessible aux maîtres d’ouvrage. En voici les spécificités :

Le nouveau référentiel est en phase avec les évolutions dans l’habitat

Le nouveau référentiel est en phase avec les enjeux dans l’habitat

Le nouveau référentiel permet de se différencier

 

Il prend en compte :

·         les prochaines évolutions réglementaires ;

·         les retours des différents acteurs de la construction ;

·         les travaux du programme RAGE 2012 (Règles de l’art du Grenelle de l’Environnement).

 

Il contribue à :

·         renforcer le confort de vie intérieur ;

·         préserver la santé des occupants ;

·         permettre à chacun de nos concitoyens de pouvoir évoluer dans un logement adapté à ses besoins quotidiens ;

·         garantir la sobriété énergétique des bâtiments ;

·         limiter les émissions de CO2 à un coût maitrisé ;

·         faciliter l’appropriation, par les habitants, des équipements installés.

 

 Composé de prescriptions obligatoires qui en constituent le socle de base, le Label Promotelec Habitat Neuf propose aussi deux mentions supplémentaires, d’application volontaire, et permettant aux demandeurs de se différencier sur des domaines précis :

Mention Habitat adapté à chacun

·         Sécurité des personnes et des biens

·         Ergonomie et évolutivité du logement

·         Connectivité du logement (thématique « bonus »)

·         Cadre de vie et accessibilité aux services

Mention Habitat respectueux de l’environnement

·         Intégration dans l’environnement local

·         Maîtrise de la demande en énergie

·         Autoconsommation – autoproduction de l’électricité (thématique « bonus »)

·         Réduction de l’empreinte environnementale et des émissions de CO2

·         Gestion de chantier

·         Maîtrise des consommations d’eau

·         Santé et qualité d’usage

·         Management et utilisation

 

Tableau 5. Spécificités du nouveau référentiel de l’habitat. Source : www.promotelec.com

  1. La réminiscence, un enjeu mémoriel

 

  1. L’aspect visuo spatial de la réminiscence

 

  1. Les phénomènes produits par le décor

Le décor et les objets provoquent des souvenirs chez les personnes déficientes au niveau de la mémoire. Ils leur permettent de retrouver des bribes de souvenir, des fantasmes ou de créer des souvenirs. Lorsque des éléments du décor dans l’environnement qui les entoure ressemblent à des éléments de décor présents dans leur vie passée, ils créent en eux des souvenirs qui s’y rapportent. La disposition de ce décor joue fortement dans le déclenchement de la réminiscence.

Le décor de l’établissement importe donc énormément pour les personnes atteintes de troubles mnésiques. Certains décors aperçus par ces dernières peuvent évoquer des souvenirs anciens ou des décors similaires. Selon Gilsoul (2009 : 153), le décor et ses éléments sont les premiers éléments visibles dans un habitat et il nous est impossible de ne pas les remarquer à première vue. Dans le cadre de sa thèse de doctorat sur L’architecture émotionnelle Au service du projet, il a mené des enquêtes auprès de sept sites relatifs à l’architecture émotionnelle de Luis Barragan. En ce qui concerne l’émotion et les souvenirs émanés par le décor, il a présenté des exemples de réponses émises par les personnes interrogées pour le cadre empirique de son travail. Nous allons emprunter ces exemples ici pour illustrer l’effet du décor sur la mémoire : il suscite la réminiscence et diffère d’une personne à une autre :

  • « les poutres en bois apparentes des haciendas » (M4,2)
  • « la porte à vantail coupé dont le portillon supérieur s’ouvre comme celui
  • d’une stèle d’écurie » (M9,1)
  • « l’enceinte, haute et massive me projette tout de suite dans ce souvenir de
  • couvent colonial » (M17,1)
  • « le patio lui-même » (M8,2)
  • « cette sorte de auvent habité, ni dedans, ni dehors » (M7,6)
  • « le principe même de la chambre verte : une pièce extérieure » (M5,1)
  • « les affleurements de lave noire » (M3,3) (Gilsoul, 2009 ; 153)

A travers ces exemples, nous voyons qu’un décor peut évoquer des souvenirs, faire penser à d’autres décors ou à d’autres endroits qu’on a visités, qu’on a vus, dont on a entendu parler ou dans lesquels on a vécu. Ces éléments sont les plus visibles, les plus évidents.

  1. Qu’est-ce qui déclenche les souvenirs ?

Les matériaux utilisés pour le décor peuvent servir d’éléments déclencheurs de souvenirs, de même que la couleur, la disposition, etc. Si les déclencheurs peuvent être nombreux, ils peuvent évoquer des souvenirs différents d’une personne à une autre, en fonction du contexte (lumière, saison, relations avec d’autres déclencheurs ou les habitants de la scène), en fonction du vécu et de la sensibilité du sujet. Ainsi, les souvenirs sont propres à chacun. Et bien que les éléments déclencheurs puissent être communs à de nombreuses personnes, ils n’apportent pas forcément les mêmes réminiscences.

  1. Les effets du son sur la réminiscence

 

  1. La signification du silence permanent

Le silence peut être une source de réminiscence. Dans cette section-ci de notre mémoire, nous évoquons les concepts de silence permanent et de silence intérieur. Ce qu’il faut savoir, c’est que ces deux notions sont opposées et entrent en contraste. Le silence permanent, selon Gilsoul (2009 : 153) représente et évoque la sympathie. Barragan a identifié quatre déclencheurs sonores importants au concepteur (architecte) : l’eau, les oiseaux, les cloches et le silence. Dans le cadre de son étude, Gilsoul (2009) a ajouté quatre autres déclencheurs à ceux de Barragan qu’il appelle des « catégories additionnelles » : le végétal, l’architecture, le corps en mouvement et la ville).

En analysant ces déclencheurs sonores, il en est venu à la conclusion qu’un seul d’entre eux représente le bruit et la nuisance sonore : la ville. La ville en question est la ville moderne connue pour être bruyante. Les sept autres déclencheurs sont associés à la sympathie et donc au silence permanent : « Elles évoquent le calme, la sérénité, une certaine idée de la Nature. Elles basculent tous les sujets réceptifs dans des réminiscences paisibles et sécurisantes (images de refuges, de jardin secret et de territoires de l’enfance). » (Gilsoul, 2009 : 157). Le silence permanent est donc relatif aux réminiscences qui calment l’esprit et qui rassurent. L’architecture fait partie des déclencheurs sonores porteurs de réminiscences apaisantes et sécurisantes.

  1. Le contraste entre silence permanent et silence intérieur

De prime abord, le silence représente l’absence de bruit et se transforme en silence intérieur représente la recherche de sérénité. (Gilsoul, 2009 : 158). Selon Barragan, le silence est un déclencheur sonore, au même titre que l’eau, les oiseaux et les cloches. (Gilsoul, 2009 : 157). Lorsque les personnes atteintes de troubles mnésiques se livrent à un entretien ou à un récit mémoriel, il existe une évolution du sens porté par certains déclencheurs tels que le silence, qui entraine un changement d’attitude de ces personnes.

Ainsi, lorsqu’elles débutent leur récit, le silence se définit par une opposition avec le monde extérieur qui, lui, est bruyant. A titre d’exemple, lorsqu’on pénètre dans une maison, le silence se fait instantanément car on n’entend plus les bruits à l’extérieur, surtout lorsqu’on se trouve en ville. Au fil du récit, le silence disparaît pour réapparaître en fin de récit, sous forme de silence intérieur. Il reflète le calme, le recueillement et permet de penser. Ce silence intérieur renvoie à un endroit retiré dans lequel la personne en question se décrit comme étant solitaire, une sorte de « jardin secret ». Il permet des réminiscences relatives au silence comme le souvenir du calme, des réminiscences qui diffèrent selon l’espace dans lequel la personne se trouve et le temps, et peut provoquer un changement d’attitude.

  1. L’odorat pour une ultime réminiscence

 

  1. L’odorat, une mémoire éternelle

Rousseau considérait l’odorat comme le sens de l’incorporation. Le nez, organe de l’odorat, émet des informations au cerveau et celui-ci analyse ces dernières pour juger si une odeur est normale ou pas et si cette dernière change, le cerveau avertit immédiatement le corps. L’odorat est un conservateur de mémoire tenace. Il a la faculté d’analyser notre environnement pour notre protection et notre bien-être : un environnement qui sent bon apporte du bien-être et donne envie d’habiter, un environnement qui ne sent pas bon répugne et ne procure pas du bien-être mais plutôt du dégoût.

Les odeurs ont des effets cruciaux sur notre santé et notre bien-être. L’odorat est capable de repérer et de distinguer une bonne odeur d’une mauvaise et de la retenir indéfiniment. C’est pour cette raison qu’une odeur, quelle que soit sa particularité, peut évoquer et rappeler des expériences passées vécues avec une odeur qui lui est semblable. C’est la mémoire qui réagit dans ce sens. L’odorat peut amener une personne atteinte de troubles de la mémoire à se rappeler de sentiments enfouis dans sa mémoire. Malheureusement, l’architecture ne prend pas réellement en compte l’odorat, contrairement à la vue et à l’ouïe. (Leslie, 2009 : 32). Pourtant, il existe des matériaux capables de provoquer des réactions agréables à l’odorat et donc de stimuler la réminiscence.

On peut, par exemple, utiliser des matériaux naturels tels que le bois ou les traitements de surfaces par les huiles naturelles ou la cire d’abeille qui peuvent procurer des odeurs agréables porteuses de réminiscence. On peut y ajouter des fleurs pour optimiser les effets et le parfum émanant de ces matériaux. Il faut savoir que ce type d’odeur naturelle marque les esprits et nous permet d’avoir une perception positive des lieux où nous nous trouvons, ce qui est un point positif pour les personnes souffrant de démence, atteintes de MA, d’oubli, de troubles mnésiques, etc.

Enfin, certains lieux sont associés à des senteurs et odeurs bien spécifiques. Le parfum de la nourriture dans la cuisine ou qui émane d’elle sert de repère : en la suivant, on peut déboucher sur la pièce en question. Différents parfums marquent autant des lieux que des esprits. Les sentir dans d’autres lieux peut réveiller des souvenirs, de même que la présence des odeurs crée des souvenirs qui, bien que pouvant être oubliés avec le déficit de la mémoire, peuvent être ravivés par le simple fait de les ressentir à nouveau.

  1. Les parfums pour un éveil de fantasmes et des souvenirs de voyage

L’odeur est porteuse de souvenir et évoque de nombreuses choses. L’odorat fait partie des déclencheurs olfactifs de réminiscence. Un parfum peut ramener une personne à une période précise, lui rappeler une époque, un sentiment, une sensation ou faire revivre de nombreux souvenirs en elle. Ses fantasmes peuvent s’éveiller grâce à ce dernier qui peut lui rappeler de bons comme de mauvais souvenirs. A titre d’exemple, un parfum peut éveiller des souvenirs de voyage. Lorsqu’on amène une personne à un endroit donné, le parfum présent dans ce dernier ou l’odeur qu’il y perçoit peut lui rappeler bien des sensations, des émotions, des souvenirs, des voyages, etc. La terre mouillée peut, par exemple, représenter un endroit humide ou encore la saison pluvieuse.

Pour qu’un parfum puisse être associé à un ou plusieurs souvenirs, il faut que ceux-ci soient significatifs et ancrés profondément dans le cerveau de la personne. L’odeur ressentie est réactivée par le récit mémoriel. Gilsoul (2009 : 163)

  • L’architecture comme ressource mémorielle

 

  1. Pour une architecture prothétique

 

  1. Accompagner les troubles du comportement

 

  1. Des repères spatio-temporels pour un meilleur repérage

Le repérage et l’orientation font partie des symptômes les plus fréquents pour les personnes atteintes d’Alzheimer, de troubles mnésiques, d’oubli, etc. Il s’agit d’un des facteurs qui conduisent leurs proches à les soustraire de leur domicile privé pour les mettre en pension ou dans des établissements privés car cela constitue un risque au niveau de la sécurité. Les établissements dans lesquels on les place doivent cependant intégrer des repères spatio-temporels pour un meilleur repérage. En effet, l’impossibilité de se repérer n’est pas seulement au sens spatial du terme, mais aussi temporel.

L’oubli ou les troubles mnésiques empêche de se souvenir de l’endroit où on se trouve ou du moment présent. Il en est de même pour les moments passés ou les endroits dans lesquels nous sommes passés auparavant. Afin de garantir la sécurité et la liberté de ces personnes en même temps, la mise en place de repères spatio-temporels est nécessaire. C’est surtout utile du fait que dans ces établissements, les lieux et les ambiances sont très diversifiés, ce qui peut causer une désorientation des patients.

Nombreux sont les éléments utilisables comme repères spatio-temporels : les couleurs, la lumière, la signalétique ou la décoration. Ces éléments sont des stimulants de la mémoire, ce qui permet aux personnes désorientées de se repérer aisément. On peut reprendre ici le concept de la couleur et de la lumière : usage d’une couleur chaude pour des pièces spécifiques telles que les espaces de vie et d’une couleur froide pour les chambres des résidents ; usage d’une forte lumière dans les espaces dans lesquels les résidents peuvent déambuler ou se promener et usage de la pénombre dans les espaces qu’ils ne devraient pas emprunter par mesure de sécurité. Les signalétiques et les couleurs pourraient également servir pour distinguer un étage d’un autre, ce qui leur permettra de savoir dans quel étage ils se trouvent ou vers quel étage ils doivent se diriger. Il en est de même pour l’espace : on peut user de forme ou de lumière particulière pour différencier un espace d’un autre.

  1. Des espaces de déambulations pour plus de liberté dans les mouvements

Les espaces de déambulations sont des parcours que les individus atteints de troubles mnésiques peuvent emprunter afin de se sentir libres dans leur mouvement. La déambulation est une des manifestations de la maladie d’Alzheimer. L’architecture doit donc prendre en compte ce symptôme et lui consacrer des espaces précis. La déambulation, pour rappel, décrit le fait de toujours marcher, de toujours se mettre en mouvement, de se promener à longueur de temps. Dans les espaces de circulation fonctionnels, cette déambulation peut représenter une gêne du fait que la personne se promène quotidiennement, à des heures précises ou non, dans les trajets communs au personnel, aux visiteurs et aux autres malades.

La création d’espaces de déambulation peut représenter un sentiment de sécurité et de liberté au malade en sachant que ceux-ci lui permettent de déambuler à sa guise sans contraintes. Ledit espace doit être large et sécurisé. Les couloirs qui se terminent sur un cul de sac ne sont donc pas conseillés étant donné qu’ils pourraient donner un sentiment d’emprisonnement et d’angoisse au malade. L’espace de déambulation doit lui donner un sentiment de sécurité, de confort et de liberté. Il doit sentir qu’il peut déambuler à sa convenance et que personne ne l’en empêche. Il faut toujours prendre en compte le fait que la déambulation contribue à son bien-être et le rassure.

Cet espace de déambulation doit être stimulant et attirant. L’idéal serait de miser sur un éclairage naturel puisque la lumière a tendance à attirer les patients. On peut également imaginer un parcours stimulant dans lequel de nombreuses représentations seront placées. L’idée est d’augmenter le bien-être du patient par la déambulation. A titre d’exemple, un bon espace de déambulation pourrait être constitué d’un parcours en boucle passant par un espace de vie central, idéalement une pièce de vie, une salle de séjour, de détente, etc. Celui-ci pourrait déboucher sur une terrasse ou un jardin clôturé. (Treussard Marchand).

  1. Concilier sécurité et liberté

 

  1. La sécurité par des espaces structurés

La perte de mémoire étant liée à l’oubli et à l’indépendance ainsi qu’à l’impossibilité ou à la difficulté d’orientation dans l’espace et dans le temps, l’environnement des personnes sujettes aux troubles mnésiques doit prendre en compte ces facteurs. Cependant, même si l’autonomie se détériore, cela ne signifie pas qu’il faut favoriser la dépendance de ces personnes. Au contraire, il faut veiller à ce que leur autonomie soit prise en compte et réveillée. Cependant, les établissements de soin de ces personnes oublient souvent que cette autonomie doit se faire en accordant un minimum de liberté aux malades. Et cette liberté passe par la sécurité, bien que l’on pense souvent le contraire.

Pour que la sécurité des atteints de troubles mnésiques soit garantie, l’établissement dans lequel ils sont placés doit contenir des espaces structurés et disposés de manière organisée. Si leur famille exige souvent qu’ils vivent dans un établissement avec une sécurité renforcée, cela ne signifie pas l’enfermement ou la privation de la liberté de mouvement. Cela signifie plutôt vivre dans des espaces structurés, de préférence bien spacieux et larges pour leur éviter le sentiment de confinement. Ainsi, il faut prévoir un lieu de vie, une salle de séjour ou un espace de vie au sein de l’établissement. Ce dernier doit permettre l’échange. On peut également mettre en place des espaces de vie extérieurs tels qu’un jardin bien clôturé qui termine un espace intérieur donné.

Pour permettre la déambulation en toute sécurité, il est préférable de créer des parcours pour les personnes atteintes de perte de mémoire et qui ne sont plus capables de se repérer dans l’espace et dans le temps. Un espace bien structuré permet l’habitude car la mémoire, bien que déficiente, peut assimiler le parcours quotidien et ainsi ne plus montrer trop de difficulté à s’orienter. C’est dans l’organisation de l’espace que la sécurité réside. Dans les établissements de soin et d’hébergement pour les atteints d’Alzheimer, par exemple, on peut organiser l’espace de sorte que les individus puissent se mouvoir librement tout en étant surveillés et même accompagnés. Dans ce sens, on peut concevoir un poste de soin positionné en évidence dans l’établissement, soit au centre même du lieu de vie, afin de pouvoir surveiller de près le déplacement tout en leur assurant une certaine liberté, le tout en toute sécurité. (Treussard Marchand, 2007/2008 : 23).

Parmi les exemples les plus pertinents de centres dédiés aux atteints de MA, de troubles mnésiques et aux amnésiques qui privilégient la sécurité conciliée avec la liberté, nous pouvons citer Le Médou, un centre de soins/EHPAD pour les personnes atteintes d’Alzheimer, situé à Bréviandes. Ce dernier a obtenu le 1er prix d’architecture 2007 (Treussard Marchand, 2007/2008 : 40) durant le salon Géront-Handicap de 2007. Daniel Régnault, son architecte, affirme que « tout a été pensé pour le bien-être du résident ». Elle permet donc aux résidents de se mouvoir et de se déplacer en toute liberté depuis leur propre chambre au jardin sans sentiment de confinement. Cette structure a pour particularité la liberté de mouvement et de déplacement dont jouissent ses occupants. Cependant, cette liberté est surveillée, sans faire penser à l’enfermement. Et la technologie est utilisée pour assurer cette liberté surveillée et sécuritaire : un système de domotique permet aux soignants de surveiller les allées et venues des résidents (Le Figaro en ligne). De même, il dispose d’un poste de contrôle dans lequel un voyant rouge correspondant à chaque chambre des résidents s’allume pour signaler l’ouverture d’une porte-fenêtre.

Le Médou est une structure à l’architecture simple dotée d’une pièce à vivre centrale « de forme fœtale » et de deux couloirs très larges donnant sur chaque chambre. Seuls quinze lits sont disposés dans le pôle Alzheimer pour héberger les résidents permanents du centre. L’accueil de jour reçoit sept malades supplémentaires quotidiennement. Toute l’architecture de ce centre a été pensée pour le bien-être, le soin et la liberté des résidents, le centre étant particulièrement réputé pour cette liberté octroyée aux malades atteints de MA :

  • Le centre use de la luminothérapie pour l’amélioration du moral de ses résidents dont la majorité souffre de dépression. Pour ce faire, il a disposé de grandes lampes dans la pièce centrale, dont la lumière produite est presque identique à celle diffusée par le soleil,
  • Il propose également l’ergothérapie pour permettre aux patients de renouer avec leurs habitudes gestuelles quotidiennes.

Ce centre a déjà fait ses frais. Dans un article lui étant consacré, le journal Le Figaro en ligne a souligné ses vertus thérapeutiques en citant quelques exemples concrets de patients ayant présenté des états d’amélioration suite aux activités proposées par le centre, aux soins mais aussi à l’architecture de ses bâtiments. Les résidents sont libres de se déplacer à leur convenance dans l’établissement et dans le jardin. Ils sont accompagnés d’une infirmière lorsqu’ils sortent faire un tour à l’extérieur. A titre d’exemple, citons Gérard, un patient de 61 ans dont le nom a été modifié pour garantir l’anonymat- qui a montré des signes d’amélioration dans le centre. Étant obsédé par la marche, il fait les cents pas à longueur de journée. En arrivant au centre, il était prostré dans son univers intérieur et ne communiquait avec personne, le regard fixé sur ses cents pas et très peu tourné vers les autres. Six mois après son arrivée, il est devenu plus sociable et « ses traits se sont dissipés », signes d’amélioration procurés par son hébergement et la possibilité de se mouvoir à sa guise. (Le Figaro  en ligne)

Schéma 18. Centre de soins Le Médou à Bréviandes, vues de l’extérieur et de l’intérieur. Source : Google images

  1. Organisation des flux de circulations

L’architecture doit contribuer à la stimulation mémorielle des personnes atteintes de troubles mnésiques. Dans les établissements de soin de ces derniers, les flux de circulation sont particulièrement denses et nombreux et nécessitent la mise en place de disposition architecturale spécifique et adaptée. Pour ce faire, il faut d’abord identifier les types de flux dans ces établissements, qu’il s’agisse de flux internes ou de flux externes. Parmi ces types de flux, on retrouve les flux des patients, des visiteurs et des personnels. Pour que ces personnes n’empruntent pas un même trajet, ce qui est susceptible de créer des problèmes de circulation comme des bouchons, il est astucieux de leur créer des espaces de circulation spécifiques et dédiés. Ces espaces doivent prendre en compte de nombreux paramètres : l’accessibilité pour les personnes handicapées, le port de matériels simples, lourds ou encore fragiles pour les agents de surface ou le personnel, la situation d’urgence, le nombre de visiteurs, etc. (Ministère de la Santé et des Solidarités : 128).

Face aux problèmes que le nombre de flux peut causer, les architectes rivalisent d’idées et d’ingéniosité. Pour la conception du Nouveau Centre Hospitalier d’Annecy en 2008, les architectes Bernard Reichen, Marc Reiniche, Philippe Robert et Agnès Taponier des agences d’architecture Reichen&Robert&Associés, Philippe Mahon et Marie-Hélène Maurette ont mis en place une organisation spécifique des flux de circulation de ces différents acteurs. Pour ce faire, ils ont conçu un « concept de rues » : « La conception générale de la distribution dans le bâtiment sanitaire est celle d’une desserte horizontale selon le dispositif urbain en quatre rues» (Ministère de la Santé et des Solidarités : 121).

Les quatre rues en question sont distribuées à plusieurs niveaux :

  • La RUE « TOUS PUBLICS » (au niveau 2) constitue la desserte principale à partir du hall d’accueil. Elle distribue les accueils des pôles d’activités par cinq noyaux verticaux
  • La RUE MEDICALE (au niveau 1) est réservée au personnel et au transfert des patients accompagnés vers le secteur médico-technique à l’Est (bloc opératoire, imagerie…)
  • La RUE DES SERVICES qui distribue le rez-de-chaussée est connectée aux parkings Est par trois accès destinés aux professionnels de santé, aux patients chroniques et aux personnels.
  • La RUE LOGISTIQUE située au rez-de-jardin est réservée aux transports automatisés du Centre Technique et Logistique ainsi qu’au personnel d’entretien. (Ministère de la Santé et des Solidarités : 121)

Chacune de ces rues a été conçue et imaginée en tenant compte des contraintes et exigences relatives à la circulation de chaque acteur. La rue Tous Publics au niveau 2 dispose d’accès taxis, véhicules privés, bus en site propre et dépose sur le parvis. Des accès VSL et particuliers aux urgences générales et un accès direct conduisant aux urgences mère et enfant y sont également visibles. Cette rue dispose même de liaisons directes qui ne nécessitent pas de devoir entrer dans le bâtiment sanitaire. La Rue Médicale située au niveau 1 est exclusive au transfert des malades couchés vers le secteur médico-technique. La Rue des Services dans le rez-de-chaussée est exclusive au personnel hospitalier et aux professionnels de santé et leur permet d’atteindre directement leur poste de travail depuis les parkings. La Rue Logistique au rez-de-jardin est exclusive aux transports automatisés permettant de desservir les monte-charges des pôles depuis le Centre Technique et Logistique et sert au personnel chargé de la maintenance du bâtiment (Ministère de la Santé et des Solidarités : 122-124.)

Le même système peut être repris pour organiser les flux de circulation dans des établissements qui s’occupent de personnes à la mémoire déficiente. Puisque ces dernières ne sont même plus capables de se souvenir de faits récents (perte de la mémoire à court terme), le fait que plusieurs espaces de circulation qui leur sont accessibles existent pourrait les embrouiller car elles ne sauraient pas lequel emprunter. Si on met en place des espaces qui leur sont réservés et dédiés, le fait de n’emprunter que ces derniers pour se mouvoir quotidiennement aura un impact positif sur la mémoire.

Schéma 19. Le concept des rues du nouveau Centre Hospitalier d’Annecy. Source : Ministère de la Santé et des Solidarités, p. 122.

  1. Usage de matériaux spécifiques pour assurer la liberté des patients atteints de troubles mnésiques

Les personnes atteintes de trouble mnésiques ont tendance à être anxieuses. L’architecture doit donc leur procurer un sentiment d’apaisement et se conformer aux spécificités de leur état psychologique. Pour atteindre cet objectif, il est nécessaire d’utiliser des matériaux capables de créer une ambiance apaisante et réductrice d’anxiété pour les patients. Ces matériaux peuvent être des couleurs, l’acoustique ou encore la lumière utilisée. (p. 27) En ce qui concerne les zones de circulation ou les chambres des résidents, il est utile de choisir des matériaux qui réduisent les nuisances sonores pour leur permettre le calme, le repos et la concentration. Et parce que ces patients sont atteints de troubles de la mémoire, les matériaux utilisés dans l’ensemble du bâtiment ne doivent pas être faciles à détruire ou à casser. Ils doivent être étanches, résistants et durer dans le temps. (Bleichner 2004).

Les personnes atteintes d’Alzheimer étant particulièrement sensibles au bruit, les établissements doivent maîtriser les problèmes d’acoustique par l’usage de revêtements de sol plastique tout en limitant l’usage de « matériaux révérbants », c’est-à-dire de verre, de bois ou de carrelage. (Treussard Marchand : 28) Le choix de ces matériaux doit  également prendre en charge l’aspect sécuritaire du bâtiment et sa durabilité. Les matériaux ne doivent pas être trop bruts pour éviter d’effrayer les patients. S’ils sont apaisants, cela peut contribuer à faire ressurgir des souvenirs.

  1. Favoriser l’autonomie des malades

 

  1. Une architecture qui évite le confinement

Malheureusement, le sentiment d’enfermement accompagne toujours les établissements dans lesquels les personnes atteintes de troubles mnésiques vivent. En effet, leur perte de mémoire et leur désorientation effraient souvent leurs proches. Cela les conduit à exiger un maximum de sécurité, ce qui frise l’enfermement et le confinement. Plus la sécurité dans ces établissements est assurée, plus les proches se sentent rassurés de leur confier leurs êtres chers âgés. Pourtant, le sentiment d’enfermement et de confinement est négatif pour la mémoire. En effet, il leur prive de liberté et les rend plus anxieux et moins enclins à se souvenir de leur passé.

L’architecture des lieux doit donc être bien spacieuse et permettre la liberté de mouvement des patients. Les espaces de déambulation, les parcours, les espaces de vie, les distributions débouchant sur des patios ou des jardins, la décoration, etc. évitent le sentiment de confinement. Ils permettent à la mémoire de s’éveiller plus facilement et librement.

  1. Créer des parcours spécifiques dans l’habitat

Les parcours spécifiques permettent également d’éviter le confinement. L’établissement ne doit pas être étroit ni exigu et comporter de nombreux parcours pour les patients. Ils doivent permettre aux personnes atteintes de troubles mnésiques de déambuler en toute sécurité. La répétition quotidienne de cet acte de déambulation permet un meilleur repérage et la renaissance de souvenirs. Ces parcours contribuent au bien-être des patients et servent donc à la thérapie pour le recouvrement ne serait-ce que partiel de la mémoire.

Les parcours mis en place peuvent être stimulants et parsemés de décorations et de formes inhabituelles et attrayantes pour stimuler la mémoire de ces personnes. Plus ils sont éclairés, plus ces patients peuvent retrouver leur joie de vivre et se sentir libres dans leur mouvement. Pour des effets directs sur leur santé, ces parcours peuvent déboucher sur l’extérieur de l’établissement, notamment sur une terrasse ou un jardin.

  1. Une architecture qui donne une ouverture sur l’extérieur

La lumière et l’ouverture sur l’extérieur sont deux éléments clés du bien-être des personnes atteintes de troubles mnésiques. Ce sont deux paramètres que les architectes doivent prendre en compte lorsqu’ils sont chargés de créer des bâtiments dans lesquels ces personnes doivent vivre. Cependant, allier ces deux facteurs n’est pas une simple tâche du fait qu’il peut être très difficile de faire parvenir la lumière naturelle à toutes les pièces et à tous les espaces formant ce type d’établissement. Mais pour que ce dernier offre une ouverture sur l’extérieur, l’usage de fenêtres vitrées larges et de portes vitrées est nécessaire. Ces dernières doivent être en grande quantité non seulement pour permettre la pénétration maximale de la lumière naturelle dans le bâtiment, mais aussi pour que celui-ci ouvre sur l’extérieur. On peut également utiliser de larges baies vitrées pour que les pièces puissent être ouvertes au maximum et créer des espaces qui limitent les cloisons au maximum.

Ainsi, de l’intérieur, il est possible de voir le paysage extérieur tous les jours, un point positif pour certaines personnes atteintes d’agoraphobie ou pour celles qui refusent tout simplement de sortir hors des murs du bâtiment. Elles peuvent contempler la nature de l’intérieur et la vue de celle-ci peut leur offrir du bien-être. Cela donnera également une dimension plus accueillante à ces établissements et un environnement aspirant, inspirant et favorisant la créativité pour le personnel qui y travaille, en sachant que s’occuper de personnes à la mémoire déficiente n’est pas de tout repos. Ce type d’ouverture permet de contempler l’extérieur depuis l’intérieur mais nécessite l’entretien de l’extérieur afin que le paysage visible depuis l’intérieur soit stimulant (notamment en donnant sur un jardin ou un espace fleuri, etc.) On peut également utiliser de grands tableaux représentatifs de paysages naturels disposés dans tout le bâtiment pour donner l’illusion de pouvoir voir l’extérieur de l’intérieur, notamment pour les zones dans lesquelles les vitrages ne sont pas possibles et qui ne sont pas atteintes par la lumière du soleil.

Schéma 20. Exemple d’ouverture vers l’extérieur. Source : Google Images

  1. Création d’un environnement stimulant

 

  1. Un environnement d’émulation sociale

 

  1. Favoriser le lien social

La perte d’autonomie et du goût pour le social sont typiques des personnes atteintes de troubles de la mémoire. L’architecture doit prendre en compte ces faits et permettre à ces dernières de redécouvrir et de retisser des liens sociaux entre elles, mais aussi avec leurs soignants ou leurs proches. Le lien social est important pour leur thérapie parce qu’il sert de stimulant pour la mémoire via les échanges qu’il suscite et donc le travail mémoriel conduisant à la possibilité de certains faits du passé de ressurgir. Que ce soit dans les hôpitaux ou dans les établissements dédiés, ces personnes doivent pouvoir mener une vie sociale.

Pour ce faire, il est nécessaire de créer des espaces conviviaux auxquels elles peuvent accéder à leur guise. Il peut s’agir de cafétérias, d’espaces de détente, de salle de séjour ou d’espaces larges dans lesquels elles peuvent se réunir pour discuter, échanger, partager leurs souvenirs et se retrouver entre elles. Cela peut également être des espaces dans lesquels elles peuvent évoluer et effectuer des actions culturelles, sportives ou artistiques (une salle d’art, une salle de projection pour regarder des films, une salle de gym avec des appareils adaptés à leurs conditions physiques, etc.) Enfin, il peut s’agir d’espaces extérieurs (une grande cour qui permet le rassemblement, une terrasse, un jardin, etc.)

  1. Intégrer une place pour l’intimité

Mais si le lien social est important, l’intimité l’est encore plus. Dans les établissements qui les accueillent, les personnes atteintes de MA ou de troubles mnésiques n’ont que leur chambre comme seul espace privé pour leur intimité (Ministère de la Santé et de la Solidarité). Celle-ci doit donc offrir un confort maximal car elle sert à leur intimité et leur permet de se retrouver au calme, avec elles-mêmes. L’idéal serait que la chambre puisse « reconstituer un chez soi » avec une possibilité d’y aménager des meubles personnels et d’y emporter des souvenirs personnels tels que des photos ou des bibelots. Puisqu’il s’agit de la zone qui permet au patient de rester en lien avec son passé, elle doit donner l’envie d’y habiter et donc être claire et accueillante, d’une taille appropriée (pas trop étroite), etc.

Puisqu’il s’agit également du seul endroit où la personne se retrouve seule sans surveillance, elle doit être sécurisée. On peut notamment penser à mettre en place des dispositifs de limitation d’ouverture sur les fenêtres ou un système domotique permettant d’alerter le personnel lorsque celle-ci s’ouvre. Le confort n’est pas à oublier ; des toilettes, une douche ou encore un lavabo sont le strict minimum que devrait contenir une chambre en matière d’hygiène.

La notion d’intimité ne s’applique pas uniquement aux personnes souffrant de troubles de la mémoire, mais aussi aux personnes qui s’occupent d’elles, c’est-à-dire au personnel pour celles qui résident dans des établissements spécifiques ou des membres de la famille qui peuvent venir leur rendre visite. Une salle dédiée au personnel est utile : les soignants et autres intervenants peuvent s’y réunir et se retrouver entre eux, s’y reposer, etc. Des espaces dédiés aux rencontres entre les malades et leur famille sont aussi à prévoir : ils peuvent s’y retrouver en toute intimité et discuter sans être gênés par ce qui les entoure.

  1. L’architecture émotionnelle

 

  1. Les implications

Luis Barragán (1905-1988) est sans doute le plus grand représentant de l’architecture émotionnelle. Ce terme, apparu au Mexique en 1954, a été repris et travaillé par cet architecte qui a le plus travaillé sur l’émotion du visiteur lorsqu’il pénètre dans un bâtiment. Gilsoul (2009 : 15) explique les motivations de Barragan l’ayant conduit à explorer cette architecture de l’émotion : « offrir un refuge d’enchantements inspirants qui permette à l’homme de se retrouver en lui-même et de se reconstruire dans une atmosphère de Sérénité. »  L’œuvre de Luis Barragan fait partie des plus importantes du XXe siècle. En effet, elle est « locale » et universelle en même temps et suscite l’émotion et l’esthétique avec l’usage de la couleur, de la lumière et de l’ombre. (Lemoniteur.fr)

L’architecture émotionnelle de Barragan est centrée sur trois thèmes dont « le rapport à la nature (avec l’importance de l’eau, de la pierre et de l’arbre) ; le traitement de la lumière (avec le rôle des sources lumineuses dans la définition de l’espace et de sa « théâtralisation ») ; les fonctions de la couleur (tant dans l’espace urbain que dans les intérieurs). » (Lemoniteur.fr) Pour cet architecte, l’architecture représente une source d’émotion et représente un processus créatif en soi.

L’architecture émotionnelle de Barragan est donc significative car elle a pour portée la création d’émotion chez celui qui la visite ou la contemple. Pour provoquer cette dernière, l’architecte joue avec la lumière, l’ombre et la couleur.

Schéma 21. CAUE de l’Aude – Lumière, ombre et couleur : Luis Barragán (1905-1988). Source : Lemoniteur.fr

Deux acteurs sont impliqués dans l’architecture émotionnelle : son créateur et son visiteur duquel le créateur « attend une participation sensible consciente et/ou inconsciente. » (Gilsoul, 2009 : 32).

Le créateur ou concepteur doit donc être sensiblement impliqué dans l’architecture émotionnelle. Pour comprendre ce que le concepteur souhaite transmettre, il faut suivre le conseil de Barragan et déterminer son implication sensible dans l’œuvre en la visitant pour voir ce que le concepteur a vu lorsqu’il l’a créée plutôt qu’en lui demandant comment il l’a créée et ce qu’il veut transmettre pas son biais. Si l’implication sensible du concepteur désigne son point de vue et nécessite la visite de son œuvre pour pouvoir la discerner, celle du visiteur ou de celui qui habite l’établissement dépend de son vécu personnel et de son conditionnement socio-culturel (Gilsoul, 2009 : 33).

  1. L’expérience émotionnelle

L’architecture émotionnelle, par ses vertus émotionnelles, est assimilée à l’art. En effet, l’art est porteur et provocateur d’émotion. Dans son ouvrage L’expérience émotionnelle de l’espace, Kaufman (1999) s’exprime ainsi : « La peur de ce réel disparu subsiste et se manifeste chez le sujet sous la forme d’une nostalgie (…) pour revenir à l’identité de la perception. ». Il montre que l’expérience émotionnelle résulte de « l’expérience d’exclusion d’un espace supposé connu et fondateur » (Gilsoul, 2009 : 35). Cela signifie que l’artiste, en l’occurrence l’architecte, a la faculté de permettre au visiteur ou au résident de retourner à cet espace fondateur, d’en ressentir les émotions. C’est d’ailleurs l’objectif de son œuvre.

Pour ce faire, son œuvre donne vie à des significations émotionnelles qui amènent les visiteurs/résidents à revenir instinctivement dans cet environnement fondateur. L’œuvre d’architecture émotionnelle apparaît donc comme étant un « miroir » qui reflète un passé disparu. Elle ne doit pas montrer ce que l’architecte garde au fond de lui (ce qui est désiré), mais plutôt le désirable, c’est-à-dire ce qui, chez le visiteur, importe réellement et peut provoquer des émotions. L’architecture émotionnelle prône le fait que le créateur veut voir au-delà de la beauté de son œuvre, qu’il cherche dans la maison qu’il a créée des émotions ou une élévation spirituelle qu’elle seule peut lui apporter.

  1. L’usage d’espaces intérieurs / extérieurs

 

  1. Des lieux privilégiés de la réminiscence

Que ce soit l’intérieur ou l’extérieur d’un bâtiment, chaque lieu peut être porteur ou évocateur de réminiscence. En effet, chaque endroit peut rappeler d’autres endroits déjà visités ou dans lesquels nous avons vécu. Cela se fait par la similitude que l’on dénote dans ces deux types de lieux : ils peuvent avoir la même forme, être conçus avec la même couleur ou avec une couleur plus ou moins similaire, être aménagés de la même manière, etc.

L’architecture des espaces intérieurs et extérieurs d’un bâtiment d’accueil, d’hébergement ou de soins de personnes à la mémoire défaillante peut donc être structurée de sorte que ces espaces puissent représenter des lieux privilégiés de réminiscence. Les souvenirs peuvent ressurgir par la familiarité que ces lieux évoquent. Les espaces intérieurs peuvent être les espaces de vie, les salles communes ou même des chambres dont l’agencement ou l’ameublement est familier et provoque la réminiscence. Les espaces extérieurs peuvent être la cour, le jardin, le patio, les aires de circulation extérieures, etc. qui renvoient ce sentiment de familiarité. Il existe de nombreux éléments déclencheurs qui font des ces espaces intérieurs/extérieurs des lieux privilégiés de la réminiscence.

  1. Les éléments déclencheurs

Parmi les nombreux déclencheurs, on retrouve la forme, le décor, la couleur, l’agencement, etc. des espaces intérieurs/extérieurs. Pour qu’ils puissent évoquer des souvenirs et inviter la mémoire à en produire, ces espaces peuvent être aménagés de la même façon que le lieu de vie précédent du résident ou de son lieu de vie d’enfance. Les proches peuvent aider en ce sens. C’est surtout au niveau du décor et de l’ambiance intérieure que cela est possible. On peut, par exemple, utiliser des matières ou des affaires appartenant à la personne, dans sa chambre, pour qu’elle ait le souvenir de son passé.

  1. Le projet d’architecture

 

  1. La thérapie par l’horticulture ou hortithérapie

L’hortithérapie a émergé aux Etats-Unis et au Canada et s’est ensuite propagée au Royaume-Uni et au Japon avant de faire son entrée en France. L’association d’hortithérpaie canadienne Canadian Horticultural Therapy Association  (CHTA) et l’association américaine d’hortithérapie American Horticultural Therapy Association (AHTA) définissent l’horthitérapie comme étant « L’utilisation des plantes, par un professionnel formé, comme moyen pour atteindre des objectifs cliniques préétablis. » (Psychologies.com). L’hortithérapie n’est pas l’usage de plantes médicinales pour les soins, mais plutôt du jardinage. Bouquet (2009) la décrit comme l’usage des jardins en tant qu’espaces et médias de réadaptation et de soins. Le jardin permet aux patients de se retrouver, ce qui favorise donc l’usage de leur mémoire et sa stimulation.

Lors du 11è colloque scientifique de la SNHF, le 15 mai 2009, les bienfaits de la présence des jardins en milieu hospitalier sur de nombreuses personnes ont été exposés. Il a donc été rapporté que sur plus de 140 individus ayant consulté un médecin dans un hôpital ou ayant juste accompagné une tierce personne, 95% déclarent trouver dans les espaces verts des vertus apaisantes. (Jonveaux et Fescharek, 2009) Pour les soignants, les jardins dans les hôpitaux « permettent  de  diminuer  anxiété,  stress et humeur dépressive ». Les personnes malades aiment également les jardins et les espaces fleuris dans les hôpitaux. Ceux-ci représentent un point de repère efficace pour se déplacer dans un établissement de forme banale. Les hôpitaux parfois qualifiés de milieux hostiles avec leurs chambres blanches et inexpressives deviennent des lieux de vie plus accueillants grâce à la présence de jardins. Les personnels hospitaliers aiment la vue d’un espace fleuri depuis leur fenêtre car cela permet de réduire leur taux d’angoisse.

Les espaces verts diminuent l’anxiété des patients et leur permet de mieux se détendre lors de leur convalescence, surtout lorsqu’ils sont hospitalisés ou internés dans des établissements de soins. Les deux exemples ci-dessous reflètent ce constat :

  • Sur une  petite  cohorte,  en  milieu  chirurgical,  après cholécystectomie,  une  durée  d’hospitalisation  plus brève  et  une  moindre  consommation  d’antalgiques sont observées chez les patients dont la chambre a  vue sur un espace vert ; ceux-ci expriment des commentaires  analysés  à  travers  les  transmissions  infirmières, moins négatifs sur leur état de santé. (Hartig et Cooper Marcus, 2006 : 36-37)
  • En unité  de soins de longue durée, les soins de toilette  aux stades sévères de la maladie d’Alzheimer se déroulent mieux, le comportement du patient est mieux adapté si le résident peut écouter les bruits de la nature et si la salle de bain  est  décorée  avec  des  reproductions  de  paysages.(Whall et al., 1997 : 216-220)

L’hortithérapie est particulièrement utilisée par les centres de soin et établissements de santé qui accueillent des patients atteints d’Alzheimer. Mais pour qu’un jardin puisse avoir des vertus thérapeutiques, il doit respecter certains critères : Un jardin à véritable visée thérapeutique s’adapte aux troubles des patients, prend en compte  leurs  besoins  et  ceux  de  leur  entourage,  des soignants, des thérapeutes, des animateurs, pour offrir un cadre à diverses activités. (Jonveaux et Fescharek, 2009).

L’INSEE recense 35,6% de personnes âgées pratiquant le jardinage. Au CHU de Nancy, la thérapie par le jardinage a été pensée suivant les troubles mnésiques présentés par les patients atteints d’Alzheimer. L’établissement a mis en place le jardin « art mémoire et vie » en vue de stimuler la mémoire des personnes atteintes de MA à travers le jardinage. A travers le jardin thérapeutique, le centre veut favoriser « l’autonomie  par  la  reprise d’activités  habituelles,  habillage,  marche,  l’amélioration  de  la  qualité  de  vie  des  patients  soignés  dans le service et de celle de leurs aidants. » La portée de l’hortithérapie ne se limite donc pas aux patients mais s’étend aussi à leurs soignants. Il en est de même pour des personnes qui n’ont pas de troubles de la mémoire. Selon le centre, le jardin conçu a pour vocation la réhabilitation cognitive : « apporter un enrichissement de l’environnement sensoriel stimulant, de par sa structuration, les repères fournis,  solliciter  l’orientation  spatiale,  temporelle,  la mémoire personnelle, sémantique, sociale ».

Ce jardin favorise également l’interaction sociale entre les patients, les aide à se communiquer et leur procure même des émotions positives. Les statistiques montrent l’impact positif du jardin thérapeutique au sein du CHU de Nancy : « 20%  des  patients  interrogés  trouvent  appréciable  de sortir  de  l’ambiance  hospitalière,  60%  d’être  en contact avec la nature. 73% des accompagnants ont un jugement  positif  sur  le  jardin,  90%  des  soignants  le considèrent  comme  un  outil  facilitant  la  communication avec les patients et leurs collègues; les petits enfants semblent visiter plus facilement leurs aînés  lorsque le temps permet d’aller dans le jardin. » La conservation de la mémoire des patients est une thématique au cœur de l’hortithérapie, elle est permise grâce au jardinage quotidien qui apporte cohérence et harmonie aux patients et les rend plus réceptifs au souvenir grâce à la répétition et au côté ludique que le jardinage représente.

Elle ne permet pas de recouvrer entièrement la mémoire mais partiellement. Voici un exemple de séance d’hortithérapie au CHU de Nancy dans un but de stimulation de la mémoire : deux thérapeutes invitent des patients à jardiner. Ils les invitent à se repérer, c’est-à-dire à déterminer la saison rien qu’en regardant la nature, à se rappeler les gestes qu’ils avaient l’habitude de faire auparavant lorsqu’ils jardinaient, avant la perte de leur mémoire. Cela permet de raviver leur mémoire ancienne sur les savoirs et savoir-faire qu’ils ont développés dans ce domaine. Puis, les soignants et les malades jardinent ensemble et s’échangent des conseils ou des souvenirs et des sensations ressenties durant le jardinage. Le jardin thérapeutique permet donc de retrouver des sensations anciennes, des souvenirs et la mémoire. Le centre suit les patients grâce à une grille d’évaluation et les résultats montrent que leur état s’améliore au fur et à mesure des séances puisqu’ils semblent plus apaisés et rayonnants. (www.psychologies.com)

Schéma 22. Séance d’hortithérapie. Source : Google images

Les bienfaits de l’hortithérapie sont nombreux, autant sur les sens, la mémoire, etc. Nous allons les résumer dans le tableau ci-dessous :

Sur un enrichissement sensoriel plurimodal :

 

Sur  une  sollicitation  cognitive  qui  fait  référence  aux microstratégies

 

Sur des aspects comportementaux et émotionnels :

 

Audition de sons naturels : fontaine, mobiles sonores de certaines sculptures, oiseaux, bruits de la ville …

– Vision : repérage visuel fort par les coloris thématiques  des  massifs,  les  sculptures,  l’utilisation  judicieuse de l’éclairage;

– Odorat : plantations parfumées présentes dans chaque carré;

– Goût : grâce à des arbres fruitiers évoquant les jardins et vergers de la Lorraine;

– Toucher : feuillages des plantes, eau, bancs et sculptures conçus pour être touchés, créer un contact agréable de par le matériau et la forme choisis ;

 

–  Mémoire  :  repères  temporels  :  rythme  des  saisons incarné  par  le  jardin  lui  même,  présence  de  l’horloge, disposition  sous  les  galeries  de  panneaux  illustrant  la mémoire collective et sociale. Le jardin illustre tout à la fois la notion de permanence par les sculptures et  l’écoulement du temps par l’évolution de la nature ;

– Langage : le partage d’une expérience favorise la communication ;

– Gnosies visuelles : la présence d’objets réels, familiers, la découverte des sculptures qui peuvent être contemplées  sous  différents  angles,  apportent  un  important enrichissement perceptif.

 

– La promenade correspond au besoin de déambulation sans  contrainte,  dans  ce  lieu  sécurisé  à  proximité  des soignants, allées, galeries et chemins au sein des carrés, évitent les culs de sacs sources d’anxiété mais aussi les parcours  monotones  en  simple  boucle,  la  promenade accompagnée  vise  la  réassurance  le  temps  d’une  relation, individualisée, à l’autre ;

–  La  sollicitation  d’émotions  personnelles,  de  la  mémoire sociale;

– L’intégration d’une dimension artistique, sans interdit  à  l’opposé  d’un  musée,  ciblée  et  intégrée  à  l’environnement, sollicite des émotions positives, suscite des réminiscences par la possibilité d’observer, de toucher des  sculptures  de  différentes  formes,  tant  abstraites que  figuratives.  Les  matériaux,  diversifiés  y  contribuent : bois, métal, pierre et vitrail, sculptures sonores apportent  des  éléments  interactifs,  invitent  les  patients et visiteurs, même les plus jeunes à découvrir, se réjouir,  être  surpris  de  ce  jardin,  qui  se  conçoit  dans une  appréhension  globale,  sculpture,  œuvre  d’art  en lui-même.

 

 

Tableau 7 : Bienfaits de l’hortithérapie sur les patients souffrant d’Alzheimer au CHU de Nancy. Source : Jonveaux et Fescharek (2009 : 4)

Schéma 23. Vue d’ensemble du jardin du CHU Nancy. Source : Google Images

  1. Les ateliers d’écriture et de lecture

 

Selon Anne Roche, professeur à l’université de Provence, « Un atelier d’écriture est un lieu où, à plusieurs, des gens apprennent à écrire ». (Jullien, 1995) Cette définition est valable pour les enfants qui apprennent tout juste à écrire ou pour des personnes analphabètes. Dans le contexte sur lequel nous travaillons, les ateliers d’écriture sont des ateliers durant lesquels on fait lire et écrire les personnes atteintes de troubles mnésiques afin de stimuler leur mémoire. Nombreuses sont les vertus d’un tel atelier : l’expression personnelle, le tissage de liens et de sens (Trekker, 2006), la lutte contre l’exclusion, etc. (Centre de documentation du Collectif ALPHA : 3)

Les ateliers d’écriture et de lecture représentent un moyen d’expression, favorisent l’interaction sociale, les échanges, la communication, etc. Ils développent l’imagination et permettent aux personnes âgées de se redécouvrir et de se souvenir de leur passé à l’aide de livres d’enfants (se souvenir de l’enfance). Il s’agit également d’un moment de partage des goûts pour les livres. En effet, ces derniers sont conduits par des animateurs qui incitent les participants à lire des livres et permettent à leurs lecteurs d’écouter et de commenter.

Pour stimuler la mémoire, ces ateliers peuvent être orientés vers des thèmes précis pour faire un voyage à travers le temps et redécouvrir des sensations ou se souvenir de goûts qui y sont liés (ateliers sur le jardin, sur la cuisine, les voyages) Cela réveille les souvenirs des patients participants et les conduit à partager les expériences dont ils se souviennent, à les revivre intérieurement.

Le tableau ci-dessous résume les objectifs classiques des ateliers d’écriture :

Revaloriser, reprendre confiance en soi : Chaque personne a quelque chose à dire ; il suffit de lui donner la place, l’espace, le temps pour le faire. On va alors valoriser l’expression de chacun. Les échanges au sein du groupe sont fondamentaux. La référence aux pratiques d’Elisabeth Bing est flagrante. Ce type de démarche est fréquent en formation d’adultes, plus particulièrement dans les processus de réinsertion.
Dans l’association Elisabeth Bing même, Véronique Petetin pratique des ateliers d’écriture avec des illettrés, des classes spécialisées pour enfants en difficulté, des gitans, des chômeurs longue durée… Elle note qu’elle conduit ces ateliers de la même manière que ceux destinés à un public de loisirs, même dans le recours à la littérature : elle ne leur donne pas de textes spéciaux, en provenance d’une littérature dite « facile », elle recourt à Lautréamont et Michaux, comme avec ses autres groupes. Elle insiste sur le pouvoir que redonne l’écriture comme acte d’affirmation de soi à des gens qui en ont peu dans la vie.
Communiquer : L’objectif de l’écriture va être à usage social, hors du groupe où s’écrivent les textes : dans le quartier, la ville… avec un livre, une exposition. Il va s’agir de témoignage, d’expression, de revendication, il va s’agir du droit de tout individu. C’est alors affaire de militants et de création.

Structurer son expérience : A des moments de bilan, d’orientation ou de réorientation, le recours aux récits de vie va permettre « d’ordonnancer l’émiettement d’une vie »(6). Le récit de vie va permettre une prise de conscience et l’écriture va permettre la formalisation de celle ci. Elle va être un des instruments de l’élucidation que mène son auteur. L’écrit est pour lui, d’abord.
Jouer avec les mots : La langue est source d’angoisse. On renverse la vapeur. On va la triturer, démonter et remonter le langage, faire et défaire. On ne recherche pas l’implication, on observe, on copie, on dévie, on recompose. Françoise Xambeu (8) travaille dans des dispositifs de formation de formateurs. Leur difficulté réside dans la capacité à être concis, précis et à avoir une écriture adaptée à leurs destinataires. Elle considère que les exercices ludiques à contraintes formelles portent l’attention sur une chose à faire (respecter la contrainte, surprenante le plus souvent) plutôt que sur une chose à dire (une conviction que l’on veut faire partager, une obsession du sens). On va pouvoir ensuite d’autant plus facilement mesurer et discuter des effets du non-respect de la consigne, ce qui est beaucoup plus délicat avec un texte très « impliqué ».

 

Tableau 8. Objectifs classiques des ateliers d’écriture (et de lecture). Source : Atelierécritures.com

En vue de leurs vertus, les ateliers d’écriture et de lecture sont proposés dans les maisons de retraite, les établissements de soins pour des personnes atteintes de troubles mnésiques, etc. Selon Isabelle Buisson, plus les personnes âgées atteintes de maladies dégénératives de la mémoire assistent à des ateliers d’écriture et de lecture et les pratiquent, plus leur mémoire sera stimulée et leur permettra de rechercher des mots et des souvenirs oubliés, enfouis au font d’elles. Elle recèle plusieurs objectifs des ateliers d’écriture en relation avec l’éveil de la mémoire (exemple des ateliers d’écriture dans les maisons de retraite) :

  • Permettre la résurgence d’une mémoire récente et ancienne défaillante
  • Permettre la  transmission  d’une  mémoire  individuelle  et  collective  par  la
  • restitution orale et écrite de textes
  • Faire fonctionner la mémoire et l’imagination
  • Participer à  l’élasticité  de  l’esprit  à  travers  des  jeux  de  langage  et  la
  • création de textes littéraires
  • Rompre les solitudes et mettre en commun des mots et des sentiments
  • Apporter de la joie
  • Ouvrir de nouvelles voies d’expression
  • Donner envie de lire et d’écrire
  • Ecrire dans  les  quatre  champs  d’écriture  que  sont :  la  mémoire,  le  réel,
  • l’imaginaire et  les  jeux  de  langage  mais  plus  particulièrement  dans  le
  • champ de la mémoire
  • S’amuser
  • Apprendre
  • Echanger sur ses pratiques culturelles
  • S’inscrire dans  un  projet  intergénérationnel  vers  l’extérieur  (lecture,
  • affiche-expo, livre, etc) à destination des enfants et des petits-enfants (Buisson : 6)

Ces ateliers permettent donc l’amusement puisqu’il s’agit d’un procédé ludique. Ils ne doivent pas être obligatoires pour permettre aux patients de laisser libre cours à leur imagination et de s’exprimer librement. Ce sentiment de liberté permettra à leur mémoire de s’ouvrir davantage et plus facilement et permettra une meilleure remontée de souvenirs.

  1. La musicothérapie

L’art est porteur de réminiscence : il est mémoriel et permet à la mémoire de se remémorer des souvenirs antérieurs. (Zinelabidine, 2010 : 4-6) Parmi les arts auxquels on confie la réminiscence, la musique est un des plus utilisés pour éveiller et réveiller la mémoire des gens. Mullenbach et Lanoë (2001), dans leur ouvrage Musicothérapie et coma : Le doute : De l’obstacle à l’espace, décrivent la musicothérapie comme un procédé thérapeutique utilisé par deux thérapeutes pour explorer le coma d’un patient. Ils utilisent la musique pour réveiller et faire renaître ses désirs. La musique en question est montée en conformité avec l’histoire du patient, ses goûts, ses aspirations culturelles et affectives afin de faciliter la renaissance de ses désirs.

La musique dispose également de vertus apaisantes. Leduc (2008) explique que la musique est utilisée en fin de vie, pour des soins palliatifs, comme moyen de communication et d’apaisement des patients. Elle leur permet de communiquer, de s’exprimer et recèle même des vertus thérapeutiques de réminiscence. Selon cette musicothérapeute, bien qu’une personne perde sa mémoire ou montre des signes de changements physiques, cognitifs ou mentaux dus à sa maladie, elle est sensible au son qui atteint toujours son organisme.

En réalisant des recherches sur le cerveau, les scientifiques s’accordent sur le fait que la musique touche les deux hémisphères du cerveau en même temps. Ce sont les nerfs auditifs qui transmettent au cerveau les stimuli qui apparaissent via l’écoute de la musique. Ses effets sur le cerveau sont notables : elle « augmente  aussi  la  sécrétion  de  la  mélatonine  C, hormone  associée  à  la  régulation  de  l’humeur  et  diminue  le  niveau  de  cortisol,  hormone responsable du stress. » (Salem, 2012-2013 : 7). La musicothérapie, pour des personnes souffrant de MA, n’est pas un traitement définitif mais permet plutôt une amélioration de son quotidien. (Salem, 2012-2013 : 12). En France, la musicothérapie est surtout utilisée en parallèle à la psychopathologie et aux soins psychiatriques et à leur évolution. (Lecourt, 2005 : 31)

Selon Benenzon (2004), la musicothérapie est une « thérapie qui utilise le son et la musique sous toutes ses formes afin de rétablir,  maintenir  et  améliorer  la  santé  mentale,  physique  ou  émotionnelle  du  malade ». On se sert donc de la musique pour la thérapie, et cela malgré le fait que cette pratique ne soit pas vraiment très répandue mais commence tout juste à se faire connaître. Scientifiquement parlant, les patients atteints de MA retrouveraient un souvenir grâce à la musique à cause du fait que la musique ne dispose pas de centre précis dans le cerveau et que les souvenirs qui lui sont liés sont donc encodés dans des zones saines comme dans des zones abîmées. (Salem, 2012-2013 : 13).

Les séances de musicothérapie sont animées par des musicothérapeutes. Ces derniers se fixent comme objectifs la mobilisation des sentiments et de la mémoire des personnes atteintes d’Alzheimer. La musicothérapie vise à toucher la partie encore intacte de la mémoire de la personne âgée et l’amène à sortir de son cocon d’isolement. Pour ce faire, les séances doivent se faire de manière spontanée pour laisser les patients s’exprimer librement à travers la musique. Le musicothérapeute choisit la musique suivant les goûts et préférences des patients. Il n’existe donc pas de musique de prédilection en musicothérapie, cela dépend surtout du patient en question. La plupart du temps, les patients n’ont que très peu de moments de lucidité, ce qui ne permet pas de déterminer leur goût musical. Il faut donc choisir la musique suivant l’ambiance que l’on souhaite créer.

En musicothérapie, il existe deux types d’approches :

Approches en musicothérapie
La  musicothérapie  active consiste  à  faire  jouer  le  patient  sur  un  instrument  de  musique  et  à

créer des rythmes, des mélodies ou des chants. Elle facilite son expression émotionnelle et lui

permet de s’exprimer pleinement de manière spontanée, de développer sa créativité et surtout de

se libérer de toutes ses tensions intérieures. La personne peut ainsi évacuer son agressivité, ses

frustrations  ou  son  mal-être.  La  musique  est  utilisée  comme  passerelle  entre  ses  émotions

intérieures et la réalité extérieure.

La musicothérapie réceptive est basée sur l’audition musicale. Le patient écoute des musiques

choisies soigneusement par le musicothérapeute, qui est le « maître du jeu » : c’est lui qui décide

quelle musique il va faire écouter à son patient, pendant combien de temps, à quel moment il va

couper  le  son,  etc.  Le  patient  est  alors  calmé  par  la  musique  et  peut  laisser  libre  cours  à  son

imagination et à ses pensées. La musique fait très souvent resurgir des souvenirs ou des émotions

profondément enfouis.

 

Tableau 9. Les approches en musicothérapie. Source : Salem (2012-2013 : 15)

Tout comme l’atelier d’écriture et de lecture, la musicothérapie est aussi ludique et permet de développer l’imaginaire du patient. En musicothérapie active, le patient joue et s’exprime à travers la musique. En musicothérapie réceptive, il écoute la musique, la laisse l’entraîner et laisse sa mémoire revivre à travers elle. Elle développe sa cognition et amène sa mémoire à faire renaître des souvenirs ou des émotions profondément ancrés et enfouis dans la mémoire du patient.

Conclusion

Dans ce mémoire, nous avons tenu à mettre en évidence les apports de l’architecture en réponse à la problématique suivante : Comment l’architecture peut-elle venir en aide à des personnes ayant des troubles de la mémoire tels que l’amnésie et la maladie d’Alzheimer ; comment peut-elle les accueillir ? Les personnes souffrant de troubles de la mémoire ne peuvent pas habiter des logements non adaptés à leur état de santé : elles ont des tendances d’oubli, elles sont désorientées et requièrent beaucoup de sécurité, ce qui nécessite de les placer dans des établissements spécifiques.

Tout au long de ce travail, nous avons parlé de ce que l’architecture peut faire pour accueillir ces personnes, pour améliorer leur état de santé, notamment leur mémoire. Nous avons évoqué plusieurs concepts relatifs à l’architecture : la lumière (naturelle/artificielle), la couleur (ses vertus thérapeutiques), la forme, etc. et leurs effets sur la mémoire ainsi que sur le bien-être des personnes souffrant de troubles de la mémoire. Nous avons vu que l’architecture a une influence sur les soins de ces personnes. Louis Khan lui accorde une relation étroite avec l’esprit, d’autres architectes tels que Luis Barragan évoquent quasiment la possibilité pour l’architecture -émotionnelle- de susciter des émotions et de conduire à la réminiscence.

Pour stimuler la mémoire de ces personnes, il est primordial de mettre en place un cadre propice à cet objectif : user d’un maximum d’éclairage naturel et d’éclairage artificiel. L’éclairage naturel apporte bien-être et confort, l’éclairage artificiel lui sert de complément et permet une visibilité la nuit. Tous deux sont propices à la circulation, au repérage et à la sécurité, d’où l’utilité, pour un architecte, d’en user à bon escient. Un environnement bien éclairé invite à la réminiscence et à l’apaisement. Nous avons également parlé des bienfaits de la couleur : la couleur chaude tel que le rouge ou la couleur vive rappelle l’action et excite les fonctions du système nerveux, la pression artérielle, etc. La couleur froide invite au calme et au repos. L’architecture, pour faciliter l’orientation des personnes souffrant de troubles mnésiques, peut utiliser la couleur comme point de repérage, en parallèle avec l’éclairage. Ainsi, on peut rendre les espaces de déambulations ou les espaces dans lesquels ces personnes peuvent circuler en toute sécurité plus éclairés et de couleur plus voyante pour les attirer dans ces derniers et stimuler leur mémoire. Les espaces qu’ils ne peuvent pas emprunter peuvent être de couleur froide et moins éclairés –jeu de contraste entre pénombre et lumière- pour qu’ils ne s’y aventurent pas.

Il s’agit-là d’exemples d’éléments architecturaux pouvant montrer que l’architecture a bien une influence positive sur la mémoire et qu’elle peut aussi contribuer au soin des personnes atteintes de troubles de la mémoire. Elle doit veiller à la qualité de leur vie, assurer leur sécurité, leur bien-être, favoriser leur lien social, respecter leur intimité et leur confidentialité, etc. Pour optimiser l’effet de l’architecture, elle peut s’accompagner d’autres thérapies qui peuvent être pratiquées au sein des établissements. Nous avons évoqué la thérapie par l’horticulture (hortithérapie), la thérapie par la musique (musicothérapie), la thérapie par la couleur (chromothérapie) et la thérapie par les ateliers de lecture et d’écriture.

Pour chacune d’entre elles, des aménagements et dispositions architecturaux spécifiques doivent être mis en place : création d’une salle consacrée aux ateliers de lecture et d’écriture (un espace pouvant accueillir un atelier de groupe, bien éclairé pour favoriser la lecture, bien situé pour éviter les problèmes d’orientation et pour une meilleure connexion avec les autres espaces utiles dont les toilettes, par exemple), création d’une salle de musique répondant aux normes et exigences d’acoustique (avec des murs qui contiennent les bruits sonores que la musique peut produire afin de ne pas déranger les autres résidents qui ne pratiquent pas la musicothérapie), création d’un jardin à un bon emplacement et qui tient compte des contraintes physiques et psychologiques relatives à l’état de santé des personnes atteintes de troubles de la mémoire, etc. Des faits qui seront explicitement et profondément explorés et présentés dans notre projet d’architecture.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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