Coaching des Youtubeurs : Enjeux, Défis et Perspectives
1.1. NAISSANCE ET EVOLUTION D’INTERNET. 5
1.1.2. Les applications multimédia sur l’Internet 6
1.2.1. Les nouveaux métiers engendrés par l’évolution du Web. 8
1.2.2. La rémunération des Youtubeurs. 11
1.2.3. Le cyber popularité. 13
1.2.4. Le cyber-harcèlement et ses caractéristiques. 15
1.2.4.1. Impact profond du cyber-harcèlement 17
2.1. LES PREMIERS YOUTUBEURS. 19
2.1.1. YouTube, trois à cinq fois plus de vues que sur Dailymotion et Facebook. 20
2.1.2. Les raisons qui poussent les internautes à aller sur YouTube. 20
2.1.3. Un marché publicitaire du display vidéo en plein essor en France. 22
2.1.4. Un marché des chaînes YouTube pas encore bien structuré en France. 23
2.2. LA CARRIERE D’UN YOUTUBEUR.. 23
2.2.1. La préexistence d’une communauté de passionnés et d’amateurs. 24
2.2.2. Des communautés qui se forment dans un nouvel espace médiatique. 25
2.2.3. Quand le Youtubeur devient une star. 28
2.3. LES PROBLEMES RENCONTRES PAR LES YOUTUBEURS. 29
2.3.1. Le Cyber-harcèlement et sa manifestation auprès des Youtubeurs. 29
2.3.2. La responsabilité de YouTube face au harcèlement que subissent ses piliers. 31
3.1. YOUTUBEURS – OUI MAIS, QUI DEVONS-NOUS ACCOMPAGNER ?. 33
3.1.1. Pourquoi avoir un coach ou un network ?. 35
3.1.1.1. Souci de protection des copyrights. 35
3.1.1.2. La gestion des publicités, de la finance et des problèmes. 36
3.1.2. Les networks en tant que coach personnel et stratégique. 39
J’ai choisi pour ce mémoire de vous parler de deux sujets qui me tiennent particulièrement à cœur, le coaching et internet. Il serait présomptueux de traiter de tout internet et toute sa complexité, je vais donc me concentrer sur le coaching appliqué à une activité en pleine croissance, le métier de Youtubeur.
Je voudrais démontrer quels pourraient être les bénéfices liés à l’accompagnement de ce métier grandissant, tout en étudiant les limites de cet accompagnement.
J’ai travaillé plus de 10 ans au sein du service clientèle d’une entreprise de jeux vidéo desquels j’ai pu être témoin des différents scenarii qui se traduisent souvent par un manque de communication constructive. J’ai pu retrouver ces scenarii sur YouTube et il m’a donc semblé pertinent d’étudier le possible accompagnement que l’on peut prodiguer à un Youtubeur.
Plusieurs rétrospectives me semblent nécessaires pour comprendre la situation actuelle. Je voudrais vous proposer ces rétrospectives à travers l’҄œil du coach, en position de coach, cette approche nous permettant le détachement nécessaire pour ce type d’accompagnement.
Si nous nous intéressons au but du coaching, l’International Coach Federation (ICF) le définit ainsi : « une relation suivie dans une période définie qui permet au client d’obtenir des résultats concrets et mesurables dans sa vie professionnelle et personnelle ». Cela induirait que la non obtention de ces résultats en l’absence de coaching est due à divers facteurs, obstacles, ou encore problématiques.
Cette définition nous permet de faire le lien direct avec les Youtubeurs et donc la problématique qui nous intéresse pour ce mémoire : Comment le coaching peut-il constituer un atout pour le Youtubeur ?
En premier lieu, nous allons donc retracer l’évolution d’Internet : Comment internet a évolué, comment sont nés les Youtubeurs, quelles problématiques cela pose.
En deuxième lieu, nous aborderons la question du cyber-harcèlement, problème majeur du Youtubeur, qui occupera donc une place importante dans notre réflexion.
En dernier lieu, nous nous focaliserons sur le coaching d’un Youtubeur ; comment, quand, pourquoi, que peut apporter le coach en plus de ce qui existe déjà. Nous tenterons ici de préciser quels différents types de coaching peuvent être mis en place.
- NAISSANCE ET EVOLUTION D’INTERNET
- Une brève histoire[1]
L’internet a émergé en 1969 lorsque le département des « projets avancées » de l’armée des Etats-Unis (ARPA[2]) a initié des recherches sur la possibilité de connecter des ordinateurs entre eux. La particularité de cette expérience est que ces appareils ne sont pas installés dans un même local mais éparpillés dans différents centres de recherche. Ainsi, pour accéder à ces ordinateurs, ils ont développé un réseau de transmission à distance qu’ils ont appelé ARPANET[3].
C’est au sein de l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA) que le projet a démarré et à l’époque, ce système ne reliait que trois ordinateurs.
Ils ont continué l’expérience et ont réussi, en 1971, à connecter quinze ordinateurs éparpillés dans les universités d’UCLA, de Harvard, de Massachussetts Institute of Technology (MIT), de Stanford Reseach Institute (aujourd’hui appelé SRI International) et bien d’autres. C’est également durant cette période que la France met sur pied le réseau Cyclades. Ce réseau utilisait une technologie analogue à celle de l’APARNET, notamment un système de transmission d’information par datagramme. Toutefois, il n’était pas relié au réseau américain. Puis en 1972, cette possibilité, c’est-à-dire, l’interconnexion de ces deux réseaux, a été envisagée, conduisant à la mise en place d’une équipe travaillant sur le développement d’une nouvelle architecture qui permettrait de la réaliser. C’est ainsi qu’en 1973, Bob Khan et son collaborateur Vint Cerf créèrent Internet. Leur concept consistait à relier les différents réseaux existants via des passerelles et ensuite de diffuser les informations en passant d’un réseau à l’autre. Ces passerelles utilisent un protocole désigné par le terme Internet Protocol communément connu sous le sigle « IP ». La première version de ce protocole fut sortie en 1978, mais il faut attendre l’année 1981 pour avoir la version que nous connaissons aujourd’hui, notamment la version 4 désigné aussi comme la version standard.
L’usage de l’Internet Protocol qui permet désormais de relier des réseaux qui, autrefois, étaient isolés, les progrès technologiques réalisés favorisant le développement des réseaux locaux abordables comme les réseaux Ethernet, mais également l’émergence des diverses applications pratiques telles que les courriers électroniques et les transferts à distance de fichiers, ont vite rendu intéressant l’usage des réseaux. Au fil des années et de leurs évolutions, ces derniers sont devenus indispensables dans les activités quotidiennes des individus ainsi que des organisations. En 1984, l’APARNET reliait plus de mille ordinateurs. En 1986, un nouveau réseau élaboré par la National Science Foundation (NSF[4]) voit le jour aux Etats-Unis. Il s’agit du NSFnet. Ce réseau fonctionnait comme une épine dorsale[5] couvrant tout le pays et interconnectant tous les réseaux déjà présents à l’époque. Sur ce réseau, les messages se transmettaient à vitesse de 56 kilobits par seconde. Dans ces temps-là, cette vitesse de transfert était déjà formidable même si elle n’excédait que de peu le double de la vitesse des modems disponibles sur les ordinateurs sortis à l’époque et sachant que cette vitesse de transfert était ventilé entre tous les utilisateurs du réseau.
Deux ans plus tard, notamment le 28 juillet1988, la France s’est connectée au réseau NSFnet. Cette jonction transatlantique a été possible grâce aux travaux de l’Institut National de Recherche en Informatique et en Automatique Sophia Antipolis via son équipe dénommée « réseaux ».
L’internet est donc devenu un ensemble de réseaux connectés entre eux par l’intermédiaire d » l’Internet Protocol. Plus il y a de réseaux, plus internet s’élargit. En 1987, on a recensé plus de 10 000 ordinateurs connectés. Elle connait depuis une croissance exponentielle puisqu’en 1994, 2 500 000 ordinateurs sont connectés au réseau. Aujourd’hui, on compte des milliards d’appareils (ordinateurs, smartphones, tablettes, montres, etc.) connectés à Internet.
- Les applications multimédia sur l’internet[6]
A ses débuts, internet avait été conçu de façon à procurer un service élémentaire, c’est-à-dire, relier tous les ordinateurs du monde. Cet objectif devait se réaliser de la manière la plus économique possible. Cependant, il n’a pas été créé pour un type d’applications spécifique bien qu’il n’existait, jusqu’à ces dernières années, pas beaucoup d’applications qui en faisaient usage. Seul un petit nombre l’a vraiment utilisé comme les applications de transfert de fichiers et les courriers électroniques. L’utilité de ces applications n’est plus à démontrer étant donné que la plus grande partie des données échangées sur internet résultent de leur usage.
Grâce aux avancées technologiques, les ordinateurs sont désormais capables de traiter et d’encoder des images, des vidéos et des sons. Ce qui a également élargit les champs de possibilité de l’exploitation d’internet. Ses utilisateurs ont alors commencé à « uploader » ces nouveaux types de fichiers et à les transmettre. Ces nouvelles capacités présentent de nombreux avantages car la transmission et le partage de fichiers multimédia de qualité élargissent les offres en matière de téléphonie (appel vidéo, message multimédia, etc.), de travail de groupe à distance, (vidéo conférence, écran partagé), de jeux distribués, d’apprentissage, etc.
La transmission de fichiers multimédia sur le réseau n’est toutefois pas une simple extension des échanges d’information textuelle. Il y a une différence notable entre les besoins des applications de diffusion de données textuelles et celles des multimédia. En général, les applications classiques ne font mettent en scène que deux usagers dont l’un est l’expéditeur et l’autre le destinataire. Par ailleurs, l’utilité des données textuelles ne dépend pas de leur temps de transmission. A titre d’exemple, le temps qu’aura mis un mail à aller de Paris à Marseille n’a pas, sinon peu, d’importance qu’il met cinq ou dix secondes pour y arriver. D’autre part, les fichiers multimédia s’adressent à un bon nombre d’internautes : nous pouvons citer l’exemple de l’enseignement à distance, des vidéos présentées sur YouTube, des collaborations médicales sur les réseaux, etc. En outre, la rapidité des transferts est essentielle pour ces types de données. Pour illustrer notre propos, nous allons prendre les appels vocaux et vidéo de Facebook : l’interactivité entre utilisateurs est dans ces cas-ci crucial. Toutefois, ces exigences en matière de temps de transfert ne sont pas aussi rigoureuses pour les applications non interactives telles que les plateformes de diffusion de vidéo ou d’images.
- L’EMERGENCE DE CYBER-POPULARITES ET DU CYBER-HARCELEMENT, CONSEQUENCES DIRECTES DE L’EVOLUTION D’INTERNET
- Les influenceurs[7]
Les influenceurs sont des acteurs majeurs sur les réseaux sociaux et les plateformes d’échange et de diffusion sur internet. Les entreprises de tous les secteurs d’activités montrent un grand intérêt vis-à-vis d’eux, les considérant comme un moyen de communication puissant et efficace. Cette estime qu’ont les sociétés à leur égard provient de leur taux d’audience particulièrement élevé et la confiance que leur accordent les internautes. Ils sont aujourd’hui des véritables leaders d’opinion. Les entreprises recourent à eux pour en faire des relais d’information afin d’accroitre leur visibilité sur internet. C’est pourquoi, il faut connaitre les différents acteurs qui influencent le choix et les avis des internautes ainsi que leurs motivations.
- Les experts :
Nous désignons par experts, les professionnels qui exploitent le web et particulièrement les blogs afin de publier leurs points de vue et leurs études, de valoriser leur compétence et gagner en popularité. Ils sont d’ailleurs les premiers à s’affirmer sur internet vers la fin des années 1990. Leur intérêt pour le web ne résulte pas seulement de la possibilité de faire du marketing personnel, la liberté d’expression constitue aussi une bonne raison de s’exprimer sur les plateformes telles que les blogs et les réseaux sociaux. Les experts ne sont pas nécessairement les plus productifs, néanmoins leurs publications sont longues, bien fournies, bien défendues et ils traduisent souvent une forte appréciation personnelle. Il dispose généralement de lecteurs fidèles (essentiellement des étudiants ou des personnes travaillant dans le domaine) grâce à la qualité de leurs articles et ces derniers n’hésitent pas à diffuser leurs travaux sur les réseaux sociaux. En effet, outre le lectorat qui visite leurs blogs, les experts sont suivis par nombreux fans sur les réseaux sociaux.
Si certains professionnels disposent d’une page Facebook, on les voit beaucoup plus actif sur Twitter car ce réseau plus avant-gardiste donc permet une diffusion rapide de leurs travaux en touchant un plus grand nombre de public.
Les experts se servent de ce qu’on appelle le « guest blogging ». Il s’agit, du point de vue de l’auteur, de se présenter en tant qu’invité sur des sites populaires à l’instar de Rue 89 ou Huffington Post afin d’accroitre leur notoriété et leur nombre de lecteurs. Ces experts parviennent à attirer l’attention des médias de référence tels que Les Echos ou Le Figaro ou encore Le Monde grâce à leur crédibilité et leur impartialité. Des qualités qu’il faut posséder pour pouvoir établir des relations ces plateformes.
- Les bloggeurs grand public
Les bloggeurs sont probablement les plus nombreux parmi toutes les catégories d’influenceurs sur internet. Ils abordent des thématiques qui touchent un très grand nombre de lecteurs. Ils traitent des divers sujets tels que le high-tech, les jeux vidéo, le cinéma, les aliments, la santé et le bien-être, le voyage, la beauté et même la mode. Leur popularité est alimentée par leur forte présence sur les réseaux sociaux sur lesquelles ils attirent leurs lecteurs. Ils entretiennent leur visibilité en restant actifs : ils publient hebdomadairement plusieurs articles et écrivent quotidiennement sur les réseaux sociaux. Ils sont également très réactifs, c’est même une des qualités essentielles pour garantir le succès. Ainsi, quand tous les blogs parlent du nouveau iPhone X, ce sont bien les premiers à publier ses nouvelles options ou ses caractéristiques les plus singulières qui seront les plus partagés et, par conséquent, les plus consultés.
Les bloggeurs les plus populaires sont très recherchés. Les entreprises font très souvent appel à eux afin de leur communiquer des renseignements qui les valorisent ou de leur faire tester leurs produits. Les marques sont donc très prudentes lorsqu’elles choisissent leurs bloggeurs sous peine de voir leur communication ignorée. Pour cela, elles recourent à différentes méthodes : elles utilisent des outils de relation presse tels qu’Augure, consultent les sites de classements des meilleurs blogs tels que Guide Social Media ou Teads Labs[8] et n’hésitent pas à lire directement leurs articles. Ces démarches sont faites dans le but d’apprécier la pertinence et l’impact et l’ampleur du bloggeur. Les entreprises consacrent du temps et de l’argent pour engager les bloggeurs avec qui il sera bénéfique d’établir des relations et qui peut assurer la visibilité de leurs marques.
A noter que l’on parle également de Vlogs pour désigner une Vidéo (V) sur un blog.
- Les Youtubeurs
En 2005, aux Etats-Unis, Steve Chen, Chad Hurley et Jawed Karim créént YouTube ; Wikipedia explique YouTube comme étant « un site Web d’hébergement de vidéos sur lequel les utilisateurs peuvent envoyer, évaluer, regarder, commenter et partager des vidéos ». Les premiers Youtubeurs apparaissent donc en 2006. Ce sont donc des acteurs récents dans le domaine de la communication. Ils ont connu un essor remarquable, au point de devenir de véritables influenceurs sur le web. Le terme, néologisme dérivé de Youtube, désigne désormais toute personne faisant des vidéos visibles au grand public, qu’il s’agisse de YouTube, Dailymotion, Vimeo, Twitch, blog personnel etc. ; à l’instar du Bic qui peut désigner tout type de stylo.
Les plus célèbres d’entre eux remplissent désormais des salles de spectacle complètes, tout comme Norman par exemple, qui a rassemblé plus de 200 000 spectateurs à travers toute la France en 2016.[9]
Cette popularité est dépendante du contenu que le Youtubeur présente, la fréquence et de sa propre personnalité ; est-il apprécié, ou non ? Se retrouve-t-on dans les anecdotes racontées ? L’humour, le gaming et la mode sont les thématiques les plus appréciées par les visiteurs du site. Néanmoins, de nombreux Youtubeurs abordent aussi d’autres thèmes comme la science, la cuisine et la gastronomie, le bricolage, la vie sociale, la santé, etc.
Il est possible de suivre qui nous voulons, pour les raisons que nous voulons. Le nombre exact de Youtubeurs en France est difficilement trouvable, cette donnée n’étant sans doute que dans les mains de Youtube lui-même. Nous avons vu de plus que nous pouvions différencier le « Youtubeur loisir » qui a ses quelques abonnés du « Youtubeur rémunéré » qui cumule au bas mot plusieurs milliers de vues.
Que ce soit par simple plaisir, ou pour combiner l’utile à l’agréable, de nombreux internautes aiment partager avec le monde entier leur passion, nous faire entrer dans leur univers. Nous entrons virtuellement chez eux.
Les Youtubeurs les plus populaires peuvent gagner leur vie de cette manière, ce qui attire de nouveaux Youtubeurs, tentant leur chance chaque jour. Tout le monde peut devenir Youtubeur ; l’investissement de départ est faible, et avec une simple webcam, il devient possible d’être connu, reconnu, massivement. Dès qu’un Youtubeur dépasse les 5000 vues sur l’une de ses vidéos, il peut prétendre à une rémunération par YouTube. C’est ainsi que le loisir peut devenir un métier.
L’objectif est donc d’obtenir un maximum de vues sur leurs chaines et leurs vidéos. Ainsi, ils utilisent les réseaux sociaux pour diffuser le plus largement possible leurs chaines et inciter les internautes à s’abonner à leurs vidéos. Ils étendent leurs espaces de visibilité pour accroitre et atteindre le plus grand nombre de personnes : Google+, Facebook, Instagram, Twitter, Snapchat sont des moyens permettant de diffuser leurs vidéos et d’être plus proche de leurs abonnés.
Ils partagent des actualités ainsi que leur vie quotidienne sur ces plateformes et créent un véritable lien avec leurs followers. Les entreprises sollicitent les faveurs des Youtubeurs pour profiter de cette proximité.
Lorsque l’on recherche un Youtubeur sur internet, il suffit d’entrer sur le site YouTube. La plateforme intègre un moteur de recherche qui permet à l’utilisateur de lister les résultats en fonction du nombre de vues. Ce procédé permet d’identifier les chaines les plus suivis. Le site présente aussi la liste des chaines susceptibles d’intéresser l’utilisateur ainsi les vidéos les plus vues. Si ce dernier s’abonne à une chaine, la plateforme dresse des suggestions encore plus pertinentes.
Etre Youtubeur est un métier rémunéré. Nombreuses sont les sources de revenu permettant à l’acteur de gagner sa vie, à savoir :
- La publicité :
La publicité diffusée dans chaque vidéo que l’internaute regarde génère quelques centimes par vidéos. Ainsi donc, plus le Youtubeur à de vues, plus la publicité génère de fonds pour le Youtubeur. Ce dernier décide si vous devez voir la publicité jusqu’à la fin pour regarder sa vidéo (fonds garantis) ou si vous pouvez directement passer la publicité, ce qui ne génère pas de fonds pour le Youtubeur si vous utilisez cette option, mais en génère davantage si vous décidez de regarder malgré tout la publicité.
- La publicité / Les placements de produits :
A moins que le Youtubeur ne s’en cache pas, il est très difficile de reconnaître ce type de publicité. Il s’agit, lorsqu’un produit sort en relation avec votre chaîne, de vanter, à la demande de l’entreprise finançant le produit, les mérites de ce produit.
Pour un Youtubeur spécialisé dans le gaming par exemple, il peut recevoir une demande d’un éditeur de jeux vidéo, qui envoie la console/le jeu/le produit à tester gratuitement en échange d’une vidéo du Youtubeur « flatteuse » pour son produit.
Mon entreprise par exemple, Blizzard Entertainement, a établi un parternariat avec Cyprien et Squeezie, afin que ces derniers produisent quelques vidéos où ils jouaient à l’un de nos produits, Hearthsone. Actuellement, le compteur Youtube indique plus de 4 millions de vues, soit une publicité extraordinaire pour le produit en question.
Le « placement de produit », définit par le CSA[10] « comme toute forme de communication commerciale audiovisuelle consistant à inclure un produit, un service ou une marque ou à y faire référence, en l’insérant dans un programme, moyennant paiement ou autre contrepartie ». Il peut s’agir d’une marque de mascara qui apparaît sur une vidéo, ou qui est mentionnée par exemple.
Le placement de produit et la publicité de cette forme ne sont pas de nouvelles techniques de promotion, nous rencontrons le même phénomène si dans un film par exemple, votre héros préféré conduit une Audi.
- Les appels aux dons :
Pour financer leurs chaînes, de nombreux Youtubeurs demandent des dons à leur communauté, via des sites tels que Patreon ou Tipeee par exemple, comme nous l’indique le site Laruche dont nous reprenons l’exemple : «[En 2014], le Fossoyeur de films (nom d’un Youtubeur) compte 421 Internautes qui se sont engagés à payer pour chaque épisode. Ce qui lui rapporte aujourd’hui 1409 euros par vidéo et donc par mois puisque son rythme est mensuel. ».
- La plateforme vidéo YouTube :
YouTube rémunère également les Youtubeurs les plus populaires (ceux qui font le plus de vues). Cet argent ne finit pas entièrement entre leurs mains étant donné que les plus grandes vedettes de YouTube reversent souvent une partie à leur network ; ce sont des sociétés spécialisées qui s’occupent de l’agent artistique, du conseiller technique et juridique, du producteur, de la régie publicitaire… (l’Etudiant.fr ; fiche métier Youtubeur)
En résumé, bien que Youtubeur ne soit pas à l’heure actuelle un métier reconnu comme tel, il peut s’agir, selon ce que le Youtubeur souhaite, d’une source de revenus et d’un véritable travail, pouvant par moment avoir des contraintes similaires aux contraintes d’entreprise, comme par exemple le nombre de vues attendues par un éditeur qui souhaite que vous fassiez la promotion de son jeu vidéo.
- Le cyber popularité[11]
Le cyber popularité touche est un phénomène qui touche autant les internautes que les organisations. Dans le cas ce ces dernières, elles sont devenues sensibles aux perceptions des internautes de leur produits. Les bloggeurs et Youtubeurs sont d’ailleurs les principaux influenceurs de ces critiques émises à leur égard. Cette tendance a même créé d’autres marchés en faisant émerger des entreprises spécialisées en cyber popularité ou en « corporate branding ». Du côté des internautes, le cyber popularité se traduit par des comportements devenus courants : la recherche de l’identité de la personne en tapant son nom sur internet afin de la connaitre ou de converser avec elle. L’individu qui souhaite connaitre l’autre accède alors, de manière indiscrète, aux informations concernant ce dernier et s’adonne au voyeurisme.
C’est sur les sites marchands à l’instar d’eBay que la notion de cyber popularité a vu le jour. Elle se manifeste par un système de notation mis en place par le site sollicitant les acheteurs à donner leur appréciation de la qualité du produit et du service des vendeurs. Généralement, l’acheteur et le vendeur sont de simples particuliers. Mais depuis le milieu des années 2000, le cyber popularité connait une forte expansion suite à l’émergence des réseaux sociaux et des blogs. Sur YouTube, par exemple, un système de notation par étoile, puis ensuite par pouce est mis en place pour donner son avis. Ainsi, lorsqu’un Youtubeur aborde un sujet sur son appréciation d’un jeu vidéo, ses abonnés notent sa prestation en cliquant sur le pouce vert ou, à une époque, en mettant trois étoiles. Il leur est également possible de laisser des commentaires sur la vidéo.
De nos jours, les internautes sont considérés comme des super-consommateurs, capables de s’exprimer sur de nombreuses thématiques et de donner leurs points de vue sur un produit, un service, une marque ou même une personne physique. La disponibilité de l’information sur le web et son accroissement constant contraignent les professionnels et particuliers préoccupés par leur image, de maitriser leur propos et d’adopter une stratégie orientée vers le « personal branding ».
La curiosité est devenue une seconde nature. Le googling devient une pratique courante pour appréhender un sujet lorsqu’une personne physique ou morale publie un article ou une vidéo sur internet. Les internautes n’hésitent pas à consulter les avis d’un Youtubeur ou d’un bloggeur avant d’acheter un processeur pour son ordinateur, de suivre un programme de musculation, ou encore de connaitre les nouvelles modes d’hiver avant de se rendre dans une boutique.
Outre les nouvelles opportunités qu’offre internet dans le domaine de la communication et de l’accroissement de la popularité, cette propension du web suscite des interrogations sur l’identité numérique. Selon la définition de Fred Cavazza[12], l’identité numérique est « un ensemble de données formelles (coordonnées, certificats) et informelles (commentaires, notes, billets, photos », toutes ces données façonnant « une identité numérique plus globale qui caractérise un individu, sa personnalité, son entourage et ses habitudes ».
Cet expert et bloggeur décrit cet ADN numérique à l’aide de deux diagrammes, composés d’informations personnelles et publiques. Il est alimenté par les coordonnées des utilisateurs (adresse IP, e-mail), ainsi que les contenus qu’ils produisent au moyen de leurs commentaires et leurs blogs, et qu’ils partagent sur YouTube, Facebook ou Instagram. L’ADN numérique est également nourri par les relations que les internautes établissent sur les réseaux sociaux et les sites de rencontre, leurs achats chez les plateformes de commerce en ligne et par les aventures que leurs avatars expérimentent dans l’univers ludique et numérique.
Légalement, le cyber-harcèlement est définit comme « le fait de tenir des propos ou d’avoir des comportements répétés ayant pour but ou effet une dégradation des conditions de vie de la victime. Cela se traduit par une dégradation de la santé physique ou mentale de la personne harcelée (anxiété, maux de ventre…). C’est la fréquence des propos et leur teneur insultante, obscène ou menaçante qui constitue le harcèlement.
Le harcèlement en ligne est un harcèlement s’effectuant via internet (sur un réseau social, un forum, un jeu vidéo multi-joueurs, un blog…). On parle aussi de cyber-harcèlement.
Besley définit le cyber-harcèlement comme « l’utilisation de technologies de communication et d’information comme l’e-mail, le GSM, les SMS, la messagerie instantanée, les pages web personnelles, pour nuire délibérément, de manière répétée, de manière agressive aux autres. »
L’Observatoire des droits de l’Internet[13] prend en compte la définition proposé par Besley et établit cinq critères pour identifier un acte de cyber-harcèlement. D’après cette entité, il y a cyber-harcèlement lorsque l’acte :
- est fait dans le but de blesser (selon l’appréciation de l’auteur et/ou de la victime).
- est une réitération d’actions négatives.
- se produit dans une situation où le rapport de forces est disproportionnel, d’après une évaluation établie sur des critères de la vie réelle tels que l’âge, la force physique ; et/ou de critères ‘relatifs aux technologies de l’information et de la communication comme la compétence en matière de manipulation d’outils technologiques.
- se manifeste dans le cadre de groupes sociaux existants.
- cible un individu.
Les propos en cause peuvent être des commentaires d’internautes, des vidéos, des montages d’images, des messages sur des forums…
Le harcèlement en ligne est puni que les échanges soient publics (sur un forum par exemple) ou privés (entre « amis » sur un réseau social). » [14]
D’après une étude réalisée sur 20 000 jeunes résidant sur le territoire européen par l’Observatoire des droits de l’internet, plus de 30 % des jeunes confessent avoir déjà été harcelés sur le web ou via GSM et 20 % admettent avoir été des bourreaux[15].
Dans un article du Nouvel Obs, on estime à la gendarmerie nationale ce bien supérieur, 60% des harceleurs ont été ou sont aussi harcelés. [16]
Bernard Magrez[17] déclare par ces paroles : « C’est en premier lieu aux parents de réguler l’accès des enfants à internet et au GSM ». Pour lui, les parents ne doivent pas se soustraire à leur responsabilité par rapport à l’utilisation de l’ordinateur par leurs enfants.
Le cyber-harcèlement peut se manifester de différentes manières/ Il peut prendre la forme de menaces ou d’insultes, de tromperie s’exprimant par la passation de commandes au nom de la victime sans que cette dernière le sache, de publication de médisances sur la toile ou par GSM, de piratage de compte ou de boite de messagerie d’un individu en changeant, par la même occasion, son mot de passe, ou encore de transmission volontaire de virus.
- Impact profond du cyber-harcèlement[18]
On peut déceler des comportements de harcèlement dans les contacts virtuels. Seulement, la différence entre le harcèlement classique et le cyber-harcèlement est que celle-ci affectent beaucoup plus profondément la victime.
Des individus peuvent utiliser internet ou le GSM à des fins malsaines à cause des caractéristiques des plateformes et outils technologiques tendant, dans certains cas, vers le laxisme[19].
L’une de ces caractéristiques est l’anonymat et/ou la possibilité de falsifier l’identité : il est difficile de connaitre la véritable identité du harceleur électronique. Il peut causer des préjudices à un individu en restant anonyme sur le web. Pour ce faire, il crée des fausses adresses électroniques ou des comptes temporaires, il peut également utiliser des pseudonymes dans les discussions instantanées.
Dans le cas d’un harcèlement classique, une interaction physique entre le persécuteur et la victime est requise pour considérer l’acte comme tel. Or, cette condition n’a pas forcément lieu d’être dans le cadre d’un cyber-harcèlement. Les outils technologiques actuels sont devenus une extension même des membres de l’individu dans le sens où il ne peut pas s’en séparer. C’est ce qu’on désigne par le critère d’inséparabilité. L’individu doit, dans bien des cas, rester connecté à internet ou joignable sur GSM pour des raisons d’obligations sociales (travail, études, tenir les parents informés, etc.). Ce qui expose constamment l’individu au harcèlement électronique indépendamment du temps ou de l’endroit où il peut se trouver. Toute personne dans ces conditions est alors des cibles potentiels du moment qu’elle a accès à un ordinateur ou un GSM.
Dans les interactions virtuelles, notamment le cyber-harcèlement, il est pratiquement impossible de savoir si la personne qui a envoyé un message harcelant, blague ou a réellement une intention perverse, étant donné le caractère non-verbal de la communication. De plus, il est de fait que les individus ont tendance à dire ou plutôt écrire des propos beaucoup moins nuancés par courrier électronique ou par message téléphonique qu’en face à face. On peut assimiler cette situation à celle des pilotes d’avion de chasse : ces derniers n’ont pas directement conscience des dommages qu’ils ont causés car ils sont loin de leur cible, bien protégés dans leur cockpit. De même, étant derrière son écran, le harceleur électronique ne réalise pas réellement les effets de ses actes vis-à-vis de sa victime sur le plan émotionnel. Cet « effet cockpit » mène le persécuteur à agir froidement en ne montrant aucun signe d’empathie par rapport à sa victime.
L’absence totale de supervision sur internet favorise également le cyber-harcèlement. Alors que dans le monde physique, il y a des personnes pouvant intervenir pour arrêter à temps les actes de harcèlement, cette assistance est quasi-inexistante sur le web. De nombreuses études indiquent formellement qu’au niveau média, les harceleurs électroniques possèdent souvent des équipements leur permettant d’être moins surveillés que la plupart des individus, dans leur usage des technologies.
Enfin, les nouvelles technologies ont aujourd’hui un aspect public. Cette caractéristique est bien problématique dans le cas des cyber-harcèlements puis que les individus ont désormais cette habitude de poster tout sur internet à la vue d’un large public et les harceleurs utilisent cette nouvelle tendance pour humilier davantage leurs victimes. Ce qui rend le cyber-harcèlement beaucoup plus dangereux que les actions isolées ou qui n’ont d’impacts que sur ces derniers seuls.
Il est aujourd’hui difficile de se rappeler des créateurs de vidéos qui étaient actifs sur YouTube et Dailymotion, deux principaux sites de partage de vidéos sur le web, durant la période 2005-2007 et pour cause, personne ne produisait réellement, à l’époque, de contenus de qualité et orignaux. En effet, ces plateformes n’étaient qu’une accumulation d’extraits de programmes déjà diffusés sur les chaines de télévision, on y voyait le Zapping de Canal+, le Vidéo Gag de TF1 et le Hit Machine de M6.
Mais en dix ans, on a constaté une évolution remarquable des plateformes de partage de vidéos. En 2016, YouTube enregistre plus d’un milliard d’usagers à travers le monde alors que l’audience n’était qu’à 60 millions, en 2007. Mais vers la fin de cette année, l’entreprise a créé le programme « YouTube Partner ». C’est la naissance des Youtubeurs. Le programme prévoit de rémunérer ces derniers en échange d’être actifs sur le réseau en créant des vidéos qui attirent du monde. Cette nouvel élan donne même l’opportunité aux Youtubeurs d’être aussi populaire voir plus que les présentateurs de télévision. Parmi eux ces jeunes talentueux et nouveaux acteurs du web, on peut citer Cyprien et Norman comptant des millions d’abonnés.
La plateforme Dailymotion, concurrente directe de YouTube, à une époque, a été fondée par Olivier Poitrey le 15 mars 2005 en France, soit un mois avant le lancement de la première vidéo sur YouTube. Dans l’Hexagone, les vidéos diffusées sur Dailymotion a une meilleure audience que celles de son rival de 2006 à 2007.[20]
Les créateurs de vidéos sur la plateforme Dailymotion, appelés les MotionMakers, animent le réseau et deux d’entre eux se distinguaient des autres : il ‘agit de Hakim93200 et de FullHDReady. Ils partageaient illégalement des vidéos musicales des artistes ainsi que des extraits de programmes télévisés qui avaient fait sensation. Le site était donc le premier à offrir la possibilité d’écouter des musiques et de regarder des vidéos en streaming.
Mais cette perspective entrainait Dailymotion et YouTube dans des conflits qui les confrontaient avec les propriétaires des vidéos (majors de l’industrie musicale, chaînes de télévision) concernant les questions de droits d’auteurs.
Pour éviter ces problèmes à l’avenir, les deux plateformes ont conclu des accords avec les plus importants producteurs de contenus et ont mis en place des systèmes de contrôle des vidéos uploadées et diffusées. En outre, elles ont monté des programmes aidant les créateurs de vidéos à se professionnaliser avec la possibilité de monétiser leurs productions avec de la publicité.[21]
C’est ainsi que Norman avec sa chaine Le Velcrou sur Dailymotion et Cyprien par l’intermédiaire de Monsieur Dream sur la même plateforme font leur début dans le métier en 2007 et 2008. Puis, ils ont migré sur YouTube.
Depuis le début de l’année 2008, YouTube distance son concurrent Dailymotion en termes de visiteurs et d’abonnés. Cet écart notable résulte notamment du rachat de la plateforme par Google en 2006, des accords établis avec les majors de l’industrie musicale et au référencement prédominant des vidéos YouTube dans le moteur de recherche de Google depuis mai 2007. En France, YouTube est le troisième site le plus consulté en 2015 après Google et Facebook. Toutefois, avec 3,56 milliards de vues, le site se place en tête du classement en matière de vidéos vues[22]. Aussi, la plateforme a atteint le cap du milliard d’heures de vidéos vues chaque jour en février 2017[23]. A titre de comparaison, Facebook enregistre 600 millions de vues sur ces vidéos contre seulement 300 millions pour Dailymotion.
La lecture en streaming des vidéos est très considérable sur YouTube à un point qu’elle constitue 15 % de la bande passante aux Etats-Unis. Son usage est encore plus important dans les heures de pointe que les fournisseurs d’accès à internet ont été amenés à établir des accords de peering[24] avec Google ou à réduire la vitesse de téléchargement en la répartissant en rations entre 18 heures et 21 heures du soir.
Lorsqu’on parle d’Youtubeur, les premières pensées qui viennent à l’esprit sont les sketchs humoristiques de Cyprien et Norman qui durent entre trois et quatre minutes. Ces deux influenceurs qui comptent respectivement 11,3 millions[25] et 9,8 millions[26] d’abonnés, sont les chaines françaises les plus suivies sur YouTube.
Mais, les internautes ne se rendent pas sur YouTube pour seulement regarder des vidéos hilarantes. D’autres Youtubeurs et Youtubeuses très doués sont également présents sur la plateforme et proposent des thématiques différentes :
- Squeezie, Amixem, le Joueur du Grenier et Le Bled’Art sont spécialisés dans les jeux vidéo, ils montrent des gameplay, commentent les jeux avec humour et partagent des conseils dans le domaine ;
- Jenesuispasjolie, Enjoyphoenix et Horia, abordent la beauté féminine et donnent des conseils et leurs avis sur la manière de s’habiller ;
- Nota Bene, Scilabus, E-Penser et Histoire Brève sont des chaînes qui traitent l’histoire et la science ;
- Jojol, TechNews&Tests, PP Garcia, 73Steven et Gui font des tests sur les téléphones et les équipements high-tech ;
- Chocmiel, Hervé Cuisine, Amandine Cuisine et FastGoodCuisine font des vidéos sur l’art de la table et de la cuisine ;
- Topito, Taupe10, Topovaures et Doc Seven présentent des informations improbables et humoristiques énumérées touchant divers domaines ;
- La Brigade du Livre, Margaud Liseuse, Miss Book et Bulledop sont des chaines dédiées aux passionnées de lecture.
Les acteurs cités supra sont des indépendants qui mettent en avant leurs passions et leurs talents. Cependant, d’autres influenceurs sont également présents sur le site, il s’agit des marques et éditeurs de site web. Pour ces derniers, YouTube est un moyen de communication permettant d’atteindre leurs clients, de capter leur attention et de fournir des prestations en matière d’utilisation de leur produit par le biais des tutoriels. Ils recourent parfois à des Youtubeurs célèbres pour atteindre une plus large clientèle et pour avoir la confiance de leurs abonnés et de ceux de leurs invités. Parmi ces marques et éditeurs de site web, on peut citer :
- Les sites Marmiton, AuFeminin, jeuxvideo.com, et 01Net, qui disposent de leurs propres chaines sur la plateforme ;
- Robert Longechal (Bricoler du Côté de la Maison), Castorama et Leroy Merlin sont spécialisés dans le bricolage et aménagement de la maison sachant que les deux derniers sont des entreprises de grande distribution ;
- SFR et Orange sont des entreprises de télécommunication également présentes sur YouTube, elles réalisent des tutoriels sur l’utilisation d’un mobile et d’internet ;
- Moulinex, une entreprise de petit électroménager, présente sur sa chaîne YouTube des recettes de cuisine à préparer avec les ustensiles qu’elle commercialise ;
- Le Musée de Louvre et le château de Versailles présentent leurs collections et leur histoire sur la plateforme.
Comme nous l’avons déjà indiqué précédemment, la publicité constitue un marché très intéressant pour les Youtubeurs. En France, celui des bannières classiques n’a pas progressé au cours de l’année 2015, les annonceurs n’ont investi que 609 millions d’euros sur cette période, soit une diminution de 0,2 % en comparaison à l’année précédente. Quant au marché du display vidéo, bien qu’il soit inférieur au marché des bannières classiques en termes de valeur, évalué à 309 millions d’euros en 2016, il a connu une augmentation de 35 % par rapport à l’année 2015.
Le format publicitaire en vidéo dans lequel les annonceurs engagent la plus grande partie de leurs dépenses, est celui InStream[27]. Il s’agit de publicités qui sont insérées dans la vidéo et qui apparait soit au début, soit pendant le visionnage de celle-ci.
Le native advertising ou la publicité native semble aussi connaitre une croissance sur le marché de la publicité en ligne. Il s’agit de contenus vidéo sponsorisés fortement intégrés, présentés dans la liste des vidéos similaires à celles regardées par l’internaute. L’essor du display vidéo au détriment des bannières publicitaires classiques peut être expliqué par les phénomènes suivants :
- Les internautes sont beaucoup plus sensibles au format vidéo car celui-ci est animé et doté de son, à l’inverse d’une bannière classique ;
- Les annonceurs préfèrent reporter leurs dépenses publicitaires sur les chaines télévisés ciblant les jeunes de dix-huit à trente-cinq ans, sur les chaines YouTube, cette allocation est due au fait que les jeunes passent plus de temps sur cette plateforme que devant la télévision ;
- La possibilité d’élargir encore plus la clientèle cible grâce au partage des vidéos sous forme de liens dans les réseaux sociaux, de plus, les annonceurs peuvent avoir un retour rapide sur l’appréciation des internautes au moyen de leurs commentaires et leur notation (ils ont liker la vidéo ou pas).
En observant de près les chaines des entreprises de renommée et les classements des sujets les plus abordés sur YouTube, on peut constater qu’en France, les chaînes américaines accrochent un nombre important d’abonnés que les chaines françaises sur les mêmes thématiques.
Si les thématiques liées à l’humour, au gaming, à la beauté paraissent déjà popularisées (bon nombre de chaines abordant ces topiques ont une audience comportant plus de 100 000 abonnés), il existe encore des sujets intéressants présentant des opportunités dans le domaine de la haute technologie, de l’automobile, du voyage, de la culture, de la cuisine, du sport, du bricolage et bien d’autres.
Les Youtubeurs sont des simples internautes, baignant dans l’anonymat qui, à force de diffusion de vidéos, de commentaires postés de manière fréquente, deviennent populaires ou, à l’inverse, restent définitivement dans l’ombre. Certains se réjouissent de cette notoriété, tandis que d’autres sont nostalgiques et éprouvent le besoin de savourer les privilèges d’être anonyme (plus fréquent dans le monde du jeu vidéo). Dans ce chapitre, nous allons parler de la carrière des Youtubeurs, dans un cadre objectif, autrement dit dans un contexte normal où le métier permet une ascension sociale, mais également dans un cadre subjectif en considérant les évolutions du comportement de l’acteur dans sa quête de l’embellissement de son image[28].
Les Youtubeurs sont avant tout animés par le plaisir de divertir et de transmettre. Ainsi, ils veulent partager leurs plus belles expériences et leur savoir par pure passion, afin de d’établir des relations avec la communauté, recueillir des critiques, conseils et opinions et prodiguer des astuces. A leur début, très peu d’entre eux soupçonnaient ce que cette aventure pouvait leur offrir, et aujourd’hui encore certains ne savaient pas que cette activité peut être lucrative.
Riahmiz confirme par ces mots : « Sincèrement, lorsque j’ai commencé à faire des vidéos sur YouTube en 2012, je savais pas qu’on pouvait gagner du fric avec. En plus, mon intention n’était pas de me faire du fric, mais seulement pour divertir mes abonnés, les faire plaisir. »
Patrice Flichy explique que le passionné envahit internet et le monde de numérique pour échanger et présenter à la communauté ses connaissances et ses talents dans un domaine particulier et, par la même occasion, les développer pour arriver à un niveau d’expertise dans sa discipline, mais également afin de se faire une identité. Dans son ouvrage, l’auteur indique que « la montée en puissance des amateurs s’inscrit aussi dans un mouvement de diffusion et d’élargissement des savoirs et des compétences. L’amateur se distingue de l’individu ordinaire par l’important effort d’apprentissage et de formation qu’il réalise. L’expertise qu’il accumule est essentielle dans son attachement à telle ou telle pratique ; elle est aussi un élément crucial de sa construction identitaire […]. Ses connaissances ne se limitent pas aux champs légitimes, elles font également une place aux secteurs et domaines exclus des institutions scolaires : culture populaire, savoirs pratiques, bricolage technique, contestation politique, etc. »[29]
Ainsi, les amateurs se partagent de l’expérience pour cultiver leur pratique par l’intermédiaire des blogs, des forums, et des plateformes spécialisés. C’est dans cette optique, d’ailleurs que YouTube intervient avec des solutions innovantes : le partage de vidéo qui apparait comme une nouvelle manière de s’exprimer sur internet donnant, d’une part, la possibilité aux internautes d’illustrer leurs échanges qui, auparavant, ne pouvaient se faire que par écrit, et d’autre part de former un nouvel espace médiatique via la création de communautés.
Le terme nouvel espace médiatique est ici évoqué pour se référer à la communauté que le Youtubeur va créer et alimenter sur les réseaux sociaux tels que la plateforme elle-même, Facebook et Twitter, pour entretenir les abonnés et les faire réagir. Chaque communauté créée par chaque Youtubeur a ses particularités du fait qu’elle résulte de l’expression de la singularité de celui qui l’a formée et qui l’exprime sur les réseaux sociaux. Ce contexte conditionne la communauté à plus se concentrer sur les thèmes que lorsque qu’elle entame des discussions sur les forums parce qu’elle se construit autour d’un individu. Toutefois, les relations entre la communauté et le Youtubeur se diffèrent de celles établies sur les blogs en raison de la proximité, et parfois même de la familiarité, permise par la mutualité des réseaux sociaux.
De cette manière, la communauté fondée par le Youtubeur a un impact déterminant sur sa carrière tant du point de vue objectif que subjectif. A l’évidence, son succès, c’est-à-dire l’amélioration de sa condition sociale repose avant tout sur l’élargissement et la l’appréciation de sa communauté. L’édification de son identité et l’image même qu’il a de lui sont établies sur la base des réactions de ses abonnés, des échanges qu’il entretient avec eux et des avis que ces derniers émettent sur ses vidéos. La réussite du Youtubeur se fait donc en quatre étapes majeures : premièrement créer une communauté, deuxièmement accroitre le nombre d’abonnés, troisièmement, l’animer la communauté et dernièrement l’établir un réseau. L’identité de l’individu s’édifie au fur et à mesure qu’il avance dans la réalisation de ces étapes.
Au premier abord, la décision de devenir Youtubeur est une initiative qui vient, soit de la volonté propre de l’individu, soit de l’encouragement de ses proches. Riahmiz nous explique comment la décision de se lancer sur YouTube lui est venue :
« Personnellement, mon ambition de réaliser des vidéos sur YouTube date de l’époque où je jouais à mon premier console. Mais ça se pouvait pas, j’ai pas encore dix-huit ans donc, je travaillais pas. Pas de travail veut dire pas de paie. Pour faire des vidéos, il faut du matériel et je pouvais pas m’en acheter. Mais après, j’ai économisé et je me suis offert l’Avermedia muni du game capture HD. J’ai un peu galéré au début pour l’installation et tout ça, mais heureusement YouTube est là. »
A priori, il semble facile de devenir Youtubeur une fois les problèmes financiers et l’installation technique résolus[30], mais ce n’est pas le cas parce que publier une vidéo de soi sur la plateforme n’est pas banal. En effet, poster des vidéos de soi c’est s’exhiber et montrer sa technique amateur à la vue du public, en attendant les critiques et commentaires des internautes. Les réseaux sociaux donnent libre cours aux critiques et les incitent même. Les critiques sont subjectives et se portent sur la façon du Youtubeur de s’exprimer, sa personne et sa pratique amateur.
Réaliser des vidéos sur YouTube est une activité qui requiert des compétences techniques en vidéo. Par exemple, en matière de gaming, le Youtubeur doit être habile et à l’aise au jeu vidéo et en vidéo. La communauté d’amateurs n’aurait pas d’intérêt à visionner des vidéos faites par des cazu et encore moins des noob[31] dans laquelle ils exposeraient leurs scores lamentables et leurs difficultés à jouer.
Réussir sur YouTube ne se repose pas sur le buzz d’une vidéo, elle est possible grâce à une publication régulière de vidéos permettant d’accroitre grandement le trafic et les collaborations avec d’autres Youtubeurs sur la plateforme. Le Youtubeur et joueur de jeux vidéo, Aypierre, s’explique :
« Mon exploit sur YouTube n’est pas dû qu’à un seul truc, je suis monté assez rapidement car j’ai fait des tas de choses. Au début, c’est vrai que la première vidéo que j’ai réalisée a fait son effet. C’est-à-dire que les gens ils ont apprécié et ils m’ont dit « ouais, pourquoi tu ferais pas de vidéo de temps en temps, c’est pas mal ton truc ». Faut dire que ma première vidéo a été pas mal vue, minecraft.fr l’a même passée sur son site. Du coup ça m’a fait assez d’abonnés qui ont souhaité que je me lance là-dessus, que je produise une série quoi. Et voilà, c’est comme ça que ça a commencé. Après, j’ai tourné une série sur la première vidéo, j’en ai fait une deuxième et ça a attiré plus beaucoup de monde. La première était encore en cours à l’époque alors ça m’a fait encore plus d’abonnés vu que le truc marchait bien. Puis, j’ai intéressé TheFantasio974[32] et il a commencé à parler de moi donc ça me fait de la pub. Beaucoup se sont abonnés à ma chaine grâce à lui et c’est devenu de plus en plus gros. Ouais, Fanta m’a donné un grand coup de pousse. »
A travers cette interview qu’on a eu avec Aypierre, nous pouvons constater le rôle que peut jouer la communauté dans la carrière d’un Youtubeur. Et elle s’élargit au fur et à mesure que l’identité virtuelle du Youtubeur évolue. Ces phénomènes sont même complémentaires dans le sens où l’influenceur s’adresse à des individus qu’il veut fidéliser, qui entretiennent une relation de proximité avec lui grâce aux réseaux sociaux qui permettent une bonne réactivité de leur part.
Afin de faciliter les interactions avec la communauté, les Youtubeurs lient leur compte d’utilisateur YouTube avec d’autres comptes des réseaux sociaux, à savoir Facebook et Twitter. Il établit ainsi une zone médiatique, élargissant l’espace d’échange et optimisant les liens sociaux.
Les réseaux sociaux Facebook et Twitter servent aussi en tant que plateformes de promotion des prochaines vidéos des Youtubeurs. Ils y diffusent vidéos en avant-première, procurant ainsi aux abonnés un sentiment de proximité. En effet, si les abonnés, en plus de souscrire à la chaine du Youtubeur, le suivent aussi sur Twitter et Facebook, c’est qu’ils démontrent un grand intérêt à l’égard de celui-ci et veulent rester connectés avec lui.
Ainsi, lorsque le Youtubeur réussit à franchir ces quatre étapes, c’est-à-dire créer une communauté, accroitre le nombre d’abonnés, animer cette communauté et établir un réseau, il a alors pu asseoir sa notoriété et dans les circonstances les plus favorables, il devient même une star.
A l’apothéose de sa carrière, le Youtubeur devient une véritable « star ». A ce stade, les abonnés deviennent des fans et ils peuvent même faire un déplacement d’une ville à une autre juste pour rencontrer leurs stars favorites et prendre quelques photos avec elles. Il arrive que des fans se rendent importunément dans leur demeure pour les rencontrer, après avoir faits des recherches au moyen des technologies informatiques et internet (géolocalisation, Facebook, Twitter, Google maps, etc.), c’est pour cette raison que certains Youtubeurs préfèrent ne pas révéler leur identité. Des célébrités à l’instar de The Kairi 78 s’accorde occasionnellement des rencontres avec ses inconditionnels à Paris lorsqu’il en ressent le besoin. En faisant cela, le Youtubeur se donne une opportunité de discuter directement avec ses fans et d’établir un contact réel.
Cependant, certains Youtubeurs comme Boolbiche, ont un avis un peu moins enchanté de la popularité. Pour lui, les Youtubeurs sont de simples particuliers qui réalisent juste des vidéos. Dans n’importe quel domaine (gaming, beauté, humour, cuisine, etc.), la popularité peut souvent peser car certains abonnés de leur chaine peuvent s’adonner à des réactions violentes.
Sur YouTube, les acteurs sont souvent victimes des opinons préconçues qui, parfois même, virent au lynchage de la part des internautes. Ces propos haineux des abonnés sur le réseau se meuvent sur les followers des réseaux sociaux, amplifiant l’agressivité des commentaires. Ainsi, par exemple, la gameuse et Youtubeuse Sophie HD[33] a choisi de cacher son visage lorsqu’elle fait sa prestation. Les internautes se sont mis à s’attaquer à son physique, alors que personne n’a jamais vu, du moins dans ses vidéos, à quoi elle ressemble réellement. Ensuite ils ont critiqué sa voix et le problème s’est tourné en scandale. Des internautes affirment que la personne qui se cache sous le pseudo Sophie HD serait en fait un homme, qui veut juste obtenir plus de vues alors elle se fait passer pour une femme[34]. Lorsque les viewers ont révélé publiquement le scandale, le phénomène a déclenché une polémique au sein des autres Youtubeurs, les départageant. Certains soutiennent la Youtubeuse et la défendent tandis que d’autres la critiquent sévèrement encouragés par des internautes. Ainsi, la communauté des Youtubeurs est fait de personnes qui se connaissent réellement (certains collaborent pour produire ensemble des vidéos comme Norman, Cyprien, Squizzie et Natoo) et de personnes qui prétendent connaitre les autres et émettent leurs avis sur elles. Sur YouTube, la gestion des commentaires hostiles et des relations avec les abonnés et les autres acteurs du réseau semblent parfois difficile pour ces amateurs dépassés, dans la plupart des cas, par leur popularité.
En résumé, le Youtubeur est un amateur qui veut partager sa passion à d’autres personnes qu’il estime avoir le même engouement que lui dans un domaine bien déterminé, qui se différencie du bloggeur par sa capacité à fonder une zone médiatique et sociale établie autour de la notion de proximité, voire de familiarité. Cette interaction affermit ses liens avec ses abonnés qui l’encourage à leur tour et le hisse au rang de célébrité. Un statut qui parfois s’avère être difficile à assumer. Les réseaux sociaux sont, par ailleurs, des outils efficaces pour développer cette popularité permettant, quelques fois de faire le buzz. Assurer un métier de Youtubeur pour toucher une bonne rémunération implique également de produire du contenu de qualité et suivre une logique de pratique sur sa chaine.
Le cyber-harcèlement est un acte répréhensible initié par les internautes à l’endroit, dans notre cas, des Youtubeurs. Lorsqu’un vidéaste émet une vidéo sur sa chaine YouTube, celle-ci est vue par un internaute. Parfois, ce dernier après avoir vu la vidéo, la commente. Et dans bien des cas, ce commentaire est hostile comme les suivants :
« T’es vraiment jolie, dommage que tu sois une salope »… « Vu comme ça, tu ressembles à un PD, une meuf qui a pas de seins, c’est quoi ça ? »… « T’es qu’une poufiasse qui mérite le viol »… « Espèce de PD, tout le monde se fou de ta gueule chez nous »… « Ah la mocheté, t’arrive à te regardé dans un mirroir, tu me donnes envi de vomir ».
Ce sont là des commentaires écrits comme tels par des internautes, aussi authentiques que leur orthographe. Si la plupart des avis sont positifs ou neutres, les messages haineux affectent beaucoup les auteurs et dans les cas les pires des cas, ils mènent à la dépression, voire au suicide.
Au cours de notre étude, nous nous sommes entretenus avec des jeunes Youtubeurs er Youtubeuses français dont Clara Marz, Mlle Chloé, HugoPosay, Sulivan Gwed et Sweet Ness. A eux cinq, ils cumulent des millions de vues. Ces influenceurs sont quotidiennement confrontés au cyber-harcèlement. Pour les blesser, certains internautes ne ménagent pas leurs propos et profèrent des menaces de viol, de l’incitation à la haine, des offenses sur le physique, etc. Pour répliquer à ces réactions violentes, ces Youtubeurs répondent souvent en se justifiant suivi d’un agacement pour enfin se poser en victime.
Clara Marz, Youtubeuse passionnée de chant, s’est vu outragée par les commentaires négatifs de certains internautes par rapport à ses vidéos. Pour répondre à ces derniers, elle a créé une vidéo à l’attention leur attention. Parmi les commentaires haineux, elle lit ceci : « Plus décolleté, et plus en avant la prochaine fois, non ? ». A ce message, la jeune Youtubeuse a répliqué : « C’est vrai, je portais un décolleté un peu large […] j’avais mis un grand débardeur qui était comme une robe et alors ? Je ne vois pas où est le problème, c’était l’été et ce jour-là il faisait très chaud […] la chaleur m’étouffait. Mais malgré cela, je me suis installée devant ma fenêtre au soleil, et j’ai pris du temps pour vous faire une vidéo. Alors excusez-moi mais pour une fois, je voulais mettre un débardeur à cause du temps qu’il faisait. Rien ne m’obligeait à faire une vidéo ce jour-là, j’aurais très bien pu aller me bronzer dehors, et sortir voir des amis pour passer du bon moment… Mais non, j’ai consacré du temps pour vous, je l’ai fait parce que je pensais à vous donc à moment donné, il faut arrêter ».
En considération de la réaction de Clara Marz, ses propos sont aussi inquiétants que le commentaire de l’internaute : à l’évidence, elle démontre l’impact que le harcèlement lui a causé. La Youtubeuse a créé sa chaine pour son amour du chant et pour le partager avec les autres. D’abord, l’usager a émis un critique sur son physique. Ce qui est hors contexte puisque la vidéo dont il commente n’aborde aucunement ce sujet. Ensuite, Marz se sent contrainte de se justifier sur sa tenue. Enfin, après s’être justifié, la jeune Youtubeuse se pose en victime en faisant comprendre qu’elle n’était pas obligée de tourner une vidéo ce jour-là et qu’elle aurait très bien pu passer ce temps à faire autre chose de plus agréable comme se bronzer ou sortir avec des amis, mais qu’elle fait passer ses abonnés avant le reste.
La majorité des Youtubeurs qui subissent le harcèlement sur le réseau minorent l’importance de ce type de comportement, voire même l’excuse. Ils considèrent ce désagrément comme la « contrepartie du succès ». Pendant un événement organisé par Teen Vogue en 2015 aux Etats-Unis, une bonne partie des Youtubeuses du pays se sont exprimés sur cette brimade. Elles expliquent que ces messages exaspérants et blessants sont inévitables lorsqu’on devient un personnage public. Il incombe donc, selon elles, à la personne de faire face et de passer outre la situation. Sinon, il faut songer à faire autre chose.
A l’heure actuelle, la mesure la plus recommandée même par ces acteurs est d’encaisser ces agressions plutôt que d’instruire et sanctionner leurs auteurs.
Sur le réseau, les Youtubeurs ont même adopté une nouvelle façon de réagir à ces commentaires hostiles en faisant des vidéos marrantes dédiées à la lecture de ceux-ci et en créant une sorte de signature pour en guise de prévention. A titre d’exemple, la Youtubeuse Sullivan Gwed, dans ses vidéos consacrées à la lecture des méchants commentaires, dit : « Il vaut mieux en rire qu’en pleurer » au début de celles-ci. Cependant, il n’est pas toujours aisée de mettre en pratique ce genre de répartie. Mlle Lina, une enfant de huit ans mais déjà Youtubeuse, aborde les thèmes de la beauté et du maquillage. Cette très jeune actrice du web a été contrainte de désactiver les commentaires sur certaines de ses vidéos car les réactions hostiles étaient considérables, affectant ainsi la petite fille. La plateforme est devenue un réseau du non-droit où les utilisateurs se permettent de dire des choses sans ménager leur propos en se cachant dans l’anonymat, bien confortable derrière leur écran.
Le porte-parole de YouTube France, Charles Savreux affirme que le réseau a mis en place un système de signalement. En ce sens qu’il appartient aux internautes de signaler les propos à caractère agressif. Si personne ne signale le commentaire, il continuera d’apparaitre. Si le commentaire enfreint les règles d’utilisation établies par le site, les agents de YouTube le supprimeront après avoir, bien évidemment, reçu un signalement. Des sanctions peuvent aussi être prises si les actes de l’internaute ont des graves impacts sur la victime. Elle peut, par exemple, se traduire par la suppression du compte de l’utilisateur.
Pour lutter contre le cyber-harcèlement, Charles Savreux précise que « des outils de modération » sont mis à disposition du Youtubeur. Selon lui, ces outils font que la validation des commentaires passe par le Youtubeur avant qu’il soit publié à la vue de tous. Ainsi, ce dernier peut le supprimer s’il le trouve inconvenant. Il est également possible de supprimer automatiquement les messages qui comportent des mots-clés définis l’avance par le Youtubeur et qu’il juge hostiles. Le porte-parole indique aussi que le Youtubeur peut déléguer la modération des commentaires à d’autres personnes : « un professionnel, un fan ou un proche ». La plateforme leur offre donc cette possibilité, toutefois, il leur incombe de trouver par eux-mêmes cette tierce personne et n’octroie aucune rémunération à cette dernière.
En considération des affirmations de Charles Savreux, YouTube met en avant sa condition d’hébergeur pour légitimer son système de signalement. Ce système est de toute évidence lacunaire puisqu’on voit encore des commentaires agressifs diffusés en dessous des vidéos. Il indique, par ailleurs, que l’entreprise « reste persuadé que la critique peut être constructive ».
Les relations entre les abonnés et leurs Youtubeurs préférés ne sont pas toujours aussi catastrophiques. La majorité des réactions sont d’ailleurs favorables. Néanmoins, il serait plus efficace de supprimer de manière systématique les propos comportant certains mots-clés étant donné que le site prétend donner cet outil aux Youtubeurs.
- Les propos haineux, qui sont les responsables ?
D’un côté, la politique de signalement de la plateforme, bien que lacunaire, et tout de même utile. En effet, d’un point de vue pénal, YouTube peut être tenue responsable exclusivement si, en toute connaissance de cause, elle a diffusé ou a autorisé la diffusion d’un contenu illicite. En d’autres termes, la plateforme n’est pas responsable de ce qu’elle ne connait pas.
Valérie Piau[35] souligne que dans le cadre du cyber-harcèlement, l’auteur du commentaire est désigné comme étant le premier responsable de l’outrage. Le cyber-harcèlement est passible d’une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à deux ans, en plus d’une amende de 30 000 euros si le harceleur est majeur. S’il est mineur, la sanction peut se traduire par le paiement d’une amende 7 500 euros, plus un an d’emprisonnement. L’avocate précise que si la victime a moins de quinze ans, la situation alourdit la peine au même degré que si le propos de l’agresseur pousse au suicide ou a incité la victime à faire une tentative de suicide.
Il n’est pas rare dans le domaine du coaching de parler de « coach en développement personnel et professionnel. » Il semble donc important d’associer l’un et l’autre, comme s’il s’agissait de deux types de coaching différents.
Nous pouvons toutefois relever un point commun : l’accompagnement dans une démarche d’amélioration, et des axes de solutions pour son client. Ce qui diffère se concentre dans les objectifs :
- Dans le cadre d’un coaching en développement personnel :
L’accompagnement se concentre sur les objectifs fixés par le client lui-même. Il est même tout à fait possible que la problématique du client soit professionnelle, « avoir d’avantage confiance en moi lorsque je présente les meetings d’équipe » par exemple.
Lorsque l’on en revient aux Youtubeurs, la situation est plus ambigüe quant à savoir quel type de coaching nous allons pouvoir faire.
Si l’on reprend la définition d’une personne faisant des vidéos visibles au grand public, notre première pensée est qu’il s’agit d’un hobby ; il ne semble pas y avoir de conditions de chiffres, d’entreprise impactée, ni même d’ordre hiérarchique, vu qu’il s’agit d’une personne.
- Dans le cas d’un coaching en développement professionnel :
L’accompagnement est fait dans le cadre du travail. En plus des objectifs de l’individu que l’on accompagne, qui peuvent être personnels, le coach doit prendre en compte les objectifs de l’entreprise et son contexte notamment. Ces objectifs ne sont pas fixés par le client lui-même, mais inhérents à ce que souhaite l’entreprise pour évoluer.
Dans le cas des Youtubeurs, ces influenceurs ne sont pas aussi indépendants qu’il n’y parait. Pour réussir dans ce domaine, ils font appel à des agences de management ou de coaching qui les accompagnent tout au long de leur carrière. Ces agences dénommées les « multi-channel networks » ou MCN. Cyprien, le Youtubeur le plus célèbre de la France avoue dans une interview : « c’est une agence qui gère les Youtubeurs »[36].
Au début de son aventure, le Youtubeur ne navigue seul, sans l’aide de personne. Il réalise des vidéos et animent sa chaine du mieux qu’il peut. C’est au fur et à mesure qu’il gagne en notoriété qu’il éprouve le besoin de se faire coacher par quelqu’un. Ce besoin est motivé soit par la crainte de ne plus maitriser son business, soit tout simplement pour améliorer la notoriété de sa chaine et être plus productif et efficace. Cyrus North[37] nous confirme cet état de fait par ses dires : « Un jour, j’ai discuté avec un pote, c’est aussi un Youtubeur et on a parlé de perspective d’évolution et tout ça et après il m’a sorti quelque chose du genre : “Je vais d’abord parler à mon network le demander conseil, après je t’appelle”. Je savais pas ce qu’il entendait par là alors j’ai répondu : “Ton quoi ?”. Il m’a expliqué ce que c’était et c’est là que j’ai compris. En fait, c’est un manager et tout ça. Mais au début, je voyais pas trop l’intérêt d’engager quelqu’un comme ça pour me coacher. Mais j’ai finalement engagé un. C’est important d’en avoir. »
Le coaching est important pour tout individu qui veut faire carrière sur YouTube et rencontrer le succès. Les opportunités pour les Youtubeurs sont nombreuses, les médias traditionnels et les entreprises classiques ont investi ces plateformes en les engageant pour promouvoir leurs marques et leur notoriété. Et pour ce faire, ils mettent en place des networks chargés de coacher les influenceurs. Parmi ces agences, nous pouvons citer : le Studio Bagel, un network appartenant à Canal+ et travaillant avec Ludovik et Mister V ; Mixicom, une filiale de Webedia qui managent les plus célèbres Youtubeurs français, à sa voir Cyprien et Norman ; Rose Carpet qui est une agence de M6, coachant Sandrea et Clara Channel ; l’agence Finder Studios qui collabore avec la TF1, en charge de la Youtubeuse Emma CakeCup ; et Golden Moustache qui est également un network de M6 encadrant les Suricates. A l’évidence, tous les Youtubeurs à succès de la France ont des managers qui les suivent.
Le Youtubeur est considéré comme un artiste qui possède beaucoup de talents. Et comme tout artiste, à l’instar des musiciens, il doit s’entourer de personnes pour l’accompagner dans son aventure. Nombreux sont les raisons qui justifient ce besoin de coaching.
Afin d’appréhender l’importance des networks pour les Youtubeurs et au sein du monde médiatique actuel, nous devons nous rappeler des événements qui se sont produits vers la fin de la première décennie du siècle présent. Aux Etats-Unis, YouTube connait une croissance fulgurante et les grandes firmes de production veulent préserver leur droit en s’assurant que leurs musiques et vidéos ne soient pas diffusées sans leur accord. Lors de notre entretien avec Christophe Cluzel[38], il nous a affirmé que :
« Le multi-channel network est un statut que YouTube a créé il y a neuf ans. Seulement, ce n’est pas comme ça qu’il l’a appelé. Vevo a été le premier MCN à avoir connu un succès notable. La mission de cette agence consistait à monétiser la musique car les majors et maisons de disque américaines exerçaient du lobbying sur la plateforme.
C’est de cette manière que les trois plus anciens mutli-channel networks (Vevo, Base 79, Maker Studios) sont nés aux Etats-Unis et au Royaume-Unis. Outre la mission de monétisation, ils avaient comme principales fonctions de protéger les copyrights des contenus produits par les majors et maisons de disque, de les promouvoir et d’accroitre leur visibilité en conquérant, à titre d’exemple, des abonnés. Des firmes ont alors rapidement investi le marché en fédérant ces activités. Christophe Cluzel précise que « les MCN doivent désormais être capables de gérer aussi bien l’aspect promotionnel que l’aspect juridique pour attirer plus d’abonnés. Ils doivent aussi monétiser les contenus afin gagner beaucoup d’argent et de favoriser la création. »
Les multi-channel networks assurent aux Youtubeurs des revenus issus des publicités grâce à leur régie publicitaire.
Une des principales motifs qui doivent pousser les Youtubeurs à engager des coaches est la gestion de la finance. Le Youtubeur est, généralement, jeune et est animé par le désir de réussir sa vie en produisant des vidéos axées sur son domaine de prédilection. C’est dans ce contexte qu’intervient le network. Ce dernier encadre l’influenceur afin de transformer sa passion pour la réalisation de vidéos en une activité lucrative, pour qu’il puisse faire carrière dans ce domaine. Sans un coach, en l‘occurrence un multi-channel network, il sera ardu pour un Youtubeur de monétiser ses vidéos car même si YouTube propose des publicités (visibles au démarrage des vidéos), les revenus qu’il peut en tirer sont bien modestes. Selon les estimations[39], YouTube rémunère ses influenceurs à hauteur de un dollar pour un millier de vues, soit près de 0,9 euro. Ainsi, sur sa vidéo abordant la possible existence de Dieu ayant cumulé près de 289 000 vues, le Youtubeur Cyrus Norah n’aurait gagné que 260 euros. Mais selon le Youtubeur, la rémunération pour un millier de vues n’atteint pas 0,9 euro, elle serait plutôt de 0,6 euro. Cyrus North explique par ces paroles :
« YouTube possède un éventail de publicités que les annonceurs désirent diffuser au démarrage des vidéos. Le nombre de vidéos postées quotidiennement est énorme. Bien qu’il y ait beaucoup d’annonceurs, ils sont très loin d’être suffisants. Leurs pubs ne couvrent pas toutes les vidéos publiées sur le réseau. C’est pour cette raison que ce système de coût pour mille, est aussi bas et aléatoire. »
Les publicités suivent aussi une saisonnalité. Ainsi, les Youtubeurs gagnent plus d’argent en décembre car les annonceurs font beaucoup de communications (notamment publicitaires) durant ce mois en raison de la fête de Noël. Inversement, les actions de communication publicitaire des annonceurs sont moins importantes durant les autres mois de l’année. En conséquence, les influenceurs perçoivent de faibles revenus au cours de cette période.
De son côté, un MCN dispose de son propre régie publicitaire. Cyrus North indique les publicités appartenant network dites « premium » sont uniquement diffusées sur les chaînes YouTube qui collaborent avec lui. De la sorte, le Youtubeur ont plus de chance de voir des publicités passées lors de la lecture de ses vidéos par les viewers et les abonnés s’il travaille avec un network. Ce qui permet de toucher plus d’argent que les publicités de YouTube. De plus, il serait plus commode pour le Youtubeur d’avoir un manager pour assurer la gestion de ses revenus étant donné que les rouages de cette activité peuvent se montrer plus complexes à appréhender. En 2015, Le Rire Jaune, vidéaste du réseau, a tourné une vidéo dans laquelle il affirme qu’un MCN ne déduit que 10 à 20 % des revenus produits par ces publicités.
Josh Roa[40], indique que « le prélèvement effectué par Finder Studios sur les contrats publicitaires est relatif au degré de son implication dans les négociations. Toutefois, le montant prélevé ne dépasse les 30 % que dans la minorité des cas. » Et lui de continuer : « Lorsque les négociations avec les marques requièrent une intervention spéciale, nous prenons une commission là-dessus. Certaines agences prennent, 50 % mais ce n’est pas notre cas. Pour nous, l’objectif est que le talent se complaise dans son activité, car plus il est satisfait, plus noue un lien fort avec son network. Le pourcentage prélevé est donc moindre si notre intervention ne nécessite pas trop d’effort. En revanche, il est plus important si les négociations requièrent un coaching plus long. Généralement, on prélève entre 10 et 30 %. »
Les networks assistent également leurs talents dans la recherche de partenariat avec les entreprises pour faire des placements de produit ou réaliser des contenus dits sponsorisés. De la même façon que dans les séries et films à l’instar de la série britannique Sherlock sortie en 2010, où les acteurs utilisent des produits de la marque Apple (iPhone, Mac, etc.) de manière très visible, les Youtubeurs peuvent aussi être approchés par les marques pour qu’ils utilisent leurs produits lors de leur prestation. Les entreprises n’hésitent pas à leur offrir ces produits ou leur payer un chèque en contrepartie d’une visibilité dans leurs vidéos. Il arrive aussi que certains vidéastes portent des accessoires ou des vêtements appartenant à une marque en échange d’une rétribution ou de produits offerts gratuitement.
Outre ces présentations de produit dans les vidéos, les sponsors vont même jusqu’à financer leur projet, comme dans le cas de Norman qui a entrepris un tour du monde soutenu par le fabricant de chocolat, Crunch. Ce type de collaboration constitue pour le Youtubeur une bonne source de revenus. Dans ce contexte-ci, Crunch a financé les contenus des vidéos de Norman. Dans toutes les vidéos du Youtubeur lors de son aventure autour du monde, on y voit clairement le logo de Crunch. Un artifice assurant une très forte visibilité et qui a bien plus d’impact que si on mettait au début de chaque image une publicité.
La gestion des placements de produit dans une vidéo n’est pas compliquée. Et dans bien des cas, les marques participent à la réalisation des vidéos en y apportant des améliorations au niveau de leur qualité. C’est une belle opportunité pour es Youtubeurs. En février 2016, lors d’une interview tenue par France Culture concernant la sponsorisation d’une vidéo par Ubisoft, un des plus grands producteurs de jeux vidéo du monde, Norman atteste par ces paroles : « Cette expérience avec Ubisoft n’était pas une simple pub, C’était une réalisation à grand budget. Ils voulaient une vidéo de qualité et j’étais payé en retour. Je n’aurais pas tourné cette vidéo sans eux. »
Cependant, certains cas de placements de produits sont insoupçonnables et passent inaperçus qu’ils ébranlent l’appréhension qu’on a de cette stratégie. Ces pratiques sont considérées par la Direction générale de la consommation, de la concurrence et de la répression des fraudes comme illégales[41]. Beaucoup de Youtubeurs se sont vus sanctionnés pour ce genre de publicité. Le network intervient également dans ces situations et assistent le Youtubeur sur la façon de réaliser le placement et dans les pires des, c’est-à-dire, lorsqu’ils sont accusés de faire de la publicité dissimulée, le MCN aident l’influenceur dans les négociations pour éviter les lourdes sanctions.
L’accompagnateur n’est pas indispensable que pour les affaires financières, le rôle que jouent les networks auprès du Youtubeur est bien large et englobe d’autres aspects de la vie professionnelle et personnelle de ce dernier.
La Youtubeuse détentrice de la chaine « Et pourquoi pas Coline ? » nous révèle : « Je trouve que le MCN est indispensable si on veut évoluer dans ce métier. Personnellement, mon network m’a encadré dans mon activité et me guide dans mes décisions et mes actions ». Il est à préciser que la Youtubeuse est coachée par Endemol Beyond et voit leur collaboration comme fructifiant. Elle explique par ces mots :
« Endemol Beyond, est pour moi à la fois un partenaire et un coach. Je suis parfaitement à l’aise avec l’équipe et l’ambiance est super. Ils m’écoutent et comprennent ce que j’essaie de leur expliquer, comment je veux faire les choses. Puis, ils me conseillent sur la façon de faire les choses ou de me comporter sans pour autant imposer. Je suis très attachée à ma liberté quand je fais mes vidéos et ça ils le respectent. »
En ce qui concerne la gestion des commentaires, les networks assistent également les Youtubeurs pour éviter les dérapages. Ils prodiguent des conseils lorsque le talent ne sait plus comment réagir face à l’agressivité de certains viewers et abonnés. Toutefois, ce comportement des MCN par rapports à la gestion des cyber-harcèlements que subis leur filleul est intéressé, c’est-à-dire qu’ils ne conseillent pas réellement ce dernier pour strictement le réconforter, mais pour que les prestations continuent. L’aide apportée au Youtubeur semble, du point de vue de la victime, être personnel, cependant, elle dénote un aspect plutôt économique pour le network.
Julien Brault[42] atteste et nous explique : « Concrètement, nous nous focalisons surtout sur l’accompagnement du Youtubeur du point de vue financier et prodiguons des soutiens professionnels pour la production des vidéos. Nous nous occupons aussi du marketing et de son intégration dans les contenus. Mais pour ce qui est des soutiens personnels, le mieux que nous pouvons faire c’est de leur conseiller sur les comportements à adopter en cas d’harcèlement par exemple, pour ne pas ruiner son image. Mais nous ne prétendons pas substituer à un psychologue ou aux professionnels spécialisés. Les relations avec les Youtubeurs sont à la fois professionnelle et personnelle. Ils nous parle sans réserve ni protocole et on les écoute. On les aide dans limite de nos compétences. Nous leur montrons que nous sommes là pour eux. »
Cyrus North confirme : « Le network vous accompagne dans votre activité en mettant à votre disposition leur expertise. Vous n’avez plus à vous occuper des recherches de pubs et tout ça alors vous avez plus de temps pour vous consacrer entièrement à la production du contenu. Mais, on ne va pas les voir pour se plaindre du harcèlement. Ils connaissent les chiffres et autres choses mais ils sont pas non plus omniscients. Ils font ce qu’ils peuvent mais faut voir quelqu’un pour ça je pense. A moins qu’il intègre dans leur boîte quelqu’un pour nous assister spécialement dans ce domaine. »
L’apparition des Youtubeurs sur le web ne s’est pas faite de manière brusque. Cette activité trouve son origine dans les blogs et les forums à la différence que ces derniers sont moins révélateur et intimiste. La vidéo permet, en effet, plus que l’image d’exprimer beaucoup plus de choses (émotions, gestes, etc.), de raconter une histoire. Elle permet aussi d’appréhender l’influenceur de manière plus intime grâce aux échanges, au décor de la place dans laquelle il réalise son vidéo, à son physique que ses viewers et abonnées peuvent voir et à son comportement qu’il montre tout au long de la vidéo. Le réseau permet de comprendre la personnalité de l’individu et sa singularité.
Nous rejoignons Julie Denouël et Fabien Granjon dans leur réflexion : « Les individus que nous avons enquêtés se considèrent comme des sujets uniques et singuliers dans ce qu’ils sont (marquer une différence identitaire), mais également parce qu’ils osent précisément afficher leur singularité en sachant que cet exercice de monstration de soi n’est pas toujours conforme aux normes de la pudeur en vigueur (prendre le risque de cette différence). Aussi, les grammaires de la reconnaissance sont ici hétérogènes car elles répondent aux singularités identitaires mises en évaluation et ne correspondent pas à des domaines normatifs définis a priori. Elles sont davantage le théâtre de conflits d’émotions et de perceptions subjectives que véritablement le lieu de désaccords pouvant se prévaloir de règles consensuelles.»[43]
Cette valeur attribuée au Youtubeur l’aide à créer une communauté autour de sa passion sur les différents réseaux, qui servent à appuyer sa chaine et promouvoir sa pratique amateur. Il fonde ainsi un espace médiatique axée sur sa singularité qui lui permet de communiquer et discuter avec ses abonnés, jusqu’à acquérir un niveau de réputation. Certains Youtubeurs arrivent dépasser ce niveau de réputation de deviennent des célébrités. Leurs abonnés se transforment alors en fans. On remarque donc dans ce type de carrière que la valeur donnée à l’individu le propulse à un stade où il est idéalisé et idolâtré. La communauté du Youtubeur s’agrandit et il devient une icône dans son domaine. Si les Youtubeurs tendent à démarquer et communiquent leur singularité à travers leurs vidéos, nous pouvons rationnaliser leurs pratiques : réaliser une vidéo de qualité plus concentrée sur le contenu que le montage, raconter une histoire, faire de l’humour et montrer de l’émotion, établir une relation de proximité, voire de familiarité avec leurs abonnés et les viewers. Dans la création de sa communauté, ce sont les internautes qui choisissent les Youtubeurs et qui deviennent ensuite des abonnés. Cette sélection se fait de manière assez subjective en se basant sur les qualités mises en avant par les Youtubeurs et qui les plaisent (personnalité, compétence dans le domaine abordé).
La communauté donne donc une valeur à la singularité de l’influenceur pour établir une relation de proximité, voire d’intimité, avec ce dernier, même si cette relation reste dans le domaine du virtuel.
Cependant, certains abonnés et viewers peuvent se montrer hostiles envers les Youtubeurs et le manifestent par des commentaires outrageux. Chaque Youtubeur réagit différemment face à ces agressivités. Certains sombrent dans la dépression et s’adonnent même au suicide, tandis que d’autres trouvent des moyens ingénieux pour relativiser le problème. Mlle Lina, par exemple, a préféré désactiver les commentaires sous certaines vidéos pour éviter de recevoir des propos haineux. Sullivan Gwed, Cyprien, Norman et d’autres Youtubeurs ont trouvé le moyen de tourner ces commentaires en humour en compilant ces messages dans une vidéo dans laquelle ils répondent à leurs persécuteurs.
Faire face au harcèlement en ligne ou monétiser ses vidéos pour en faire un métier viable, les Youtubeurs ne peuvent atteindre ces objectifs seuls. Ils ont besoin d’un accompagnateur qui pourra les encadrer et les conseiller sur leur activité et le comportement à adopter. Les Youtubeurs à succès se font d’ailleurs assister par des agences appelées « multi-channel network » pour les manager. Cette forme d’accompagnement par les networks se limite pour l’instant à des encadrements de la vie professionnelle des influenceurs. Les MCN se chargent ou les aident à trouver des contrats publicitaires et apportent leur expertise sur d’autres domaines tels que la gestion des placements de produits l’intégration de ceux-ci ou la manière de les présenter dans les vidéos. Leur relation avec les Youtubeurs est ambiguë dans le sens où ces derniers ne se limitent pas aux relations professionnelles. En cas de problèmes personnels, comme la confrontation au harcèlement, certains n’hésitent pas à contacter leurs networks pour demander conseil. Ce dernier fait de son mieux pour les aider dans cette situation, mais n’étant pas expert, ils ne peuvent pas les accompagner dans la résolution de ce problème, du moins par rapport à leur ressenti. Néanmoins, ils peuvent les conseiller sur la façon de répondre à ces commentaires négatifs pour préserver leur image vis-à-vis de leurs abonnés.
Les Youtubeurs sont des acteurs qui disposent d’une influence considérable sur les réseaux sociaux et le web en général. Depuis quelques années, ils ne cessent de s’améliorer et se professionnalisent progressivement, tirant des profits de leurs posts grâce à leur popularité. Ils arrivent à fonder une communauté qui devient un capital social non négligeable et acquièrent, ainsi, un pouvoir d’influence sur la plateforme qu’ils usent. Leur proximité avec leurs abonnés et leur singularité poussent les marques à les engager en tant qu’acteur opérationnel pour réaliser leurs actions marketing et communicationnelles.
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http://www.lavenir.net/article/detail.aspx?articleid=251091
[1] Bolot J-C., Dabbous W., (2004), « L’Internet: Historique et évolution », INRIA Sophia Antipolis, p. 1.
[2] ARPA ou Advanced research Projetcs Agency est l’ancien denomination de DARPA ou Defence advanced research project agency, c’est une agence en charge des nouvelles technologies militaires américaines.
[3] ARPANET est l’acronyme d’Advanced Research Projects Agency Network, appelée aussi en français le réseau ARPA.
[4] NSF ou la National Science Foundation est un organisme indépendant du gouvernement américain ayant pour mission d’appuyer financièrement la recherche scientifique fondamentale.
[5] Il fonctionnait comme un backbone.
[6] Bolot J-C., Dabbous W., (2004), « L’Internet: Historique et évolution », INRIA Sophia Antipolis, p. 4. Op. cit.
[7] Wellcom, (2015), « Guide Social Média », pp. 14-16.
[8] Teads Labs, « Classement des meilleurs blogs » – http://fr.labs.teads.tv/top-blogs
[9] Le Zapping Amazing – http://www.zappingamazing.com/
[10] CSA : Conseil Supérieur de L’audio-visuel – http://www.csa.fr/Television/Le-suivi-des-programmes/Les-communications-commerciales/Le-placement-de-produit
[11] Culture mobile, (2012), « La cyber réputation », paru le 07 juin
http://www.culturemobile.net/questions-ethique/cyber-reputation
[12] Fred Cavazza est un consultant dans le domaine du commerce électronique et des métiers d’internet. Il tient également un blog https://fredcavazza.net
[13] http://www.internet-observatory.be/internet_observatory/home_fr.htm
[14] https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F32239
[15] http://www.lavenir.net/article/detail.aspx?articleid=251091
[16] http://tempsreel.nouvelobs.com/l-enquete-de-l-obs/20130331.OBS6297/chantages-sexuels-harcelement-les-ados-pris-au-piege-du-net.html
[17] Bernard Magrez est le président de l’observatoire des droits de l’internet.
[18] Loriers B., (2010), « Eduquer aux risques du cyber harcèlement », Analyse UFAPEC n°25.10, pp. 3-4.
[19] Cyber harcèlement, risque du virtuel, impact sur le réel, de l’Observatoire des droits de l’Internet :
http://www.clicksafe.be/splash/uploads/sid/Boek_cyberpesten_fr.pdf
[20] Viet J-B., (2016), « Youtubeur : créer des vidéos et des millions de vue sur YouTube », Editions Eyrolles, pp. 11-13.
[21] Viet J-B., (2016), « Youtubeur : créer des vidéos et des millions de vue sur YouTube », Editions Eyrolles, p. 26. Op. cit.
[22] Ouest France, (2017), « Le clip de Despacito, vidéo la plus vue de l’histoire de YouTube », paru le 04 août
http://www.ouest-france.fr/culture/musiques/le-clip-de-despacito-video-la-plus-vue-de-l-histoire-de-youtube-5172300.
[23] Arène R., (2017), « YouTube : plus d’un milliard d’heures de vues quotidiennement », paru le 28 février
http://www.cnetfrance.fr/news/youtube-plus-d-un-milliard-d-heures-de-videos-vues-quotidiennement-39849142.html
[24] Le peering est un accord d’interconnexion entre les fournisseurs d’accès à Internet et des services web comme Netflix, YouTube, Facebook fortement consommateurs de bande passante. L’accord permet de garantir à l’internaute un accès rapide au service.
[25] Cyprien, (2017), « CYPRIEN passe les 11 millions d’abonnés en live », paru le 10 juillet
www.youtube.com/watch?v=5eUPQ_Z9NY
[26] Laura Terrazas, (2017), « Norman, Cyprien et Natoo dans une série sur TF1 », paru le 21 juin
Tvmag.lefigaro.fr/programme-tv/norman-cyprien-et-natoo-dans-une-serie-sur-tf1_72780f44-5664-11e7-B986-765cb6ba5ab/
[27] SRI, observatoire de l’e- pub 2015.
Viet J-B., (2016), « Youtubeur : créer des vidéos et des millions de vue sur YouTube », Editions Eyrolles, pp. 15-16. Op. cit.
[28] Rostaing, (2012), « Carrière », Sociologie [En ligne], Les 100 mots de la sociologie, mis en ligne le 01 février.
http://sociologie.revues.org/1197
[29] Flichy P., (2010), « Le sacre de l’amateur, Sociologie des passions ordinaires à l’ère numérique », Ed Seuil et La République des Idées, p.88.
[30] En effet, cette pratique nécessite un investissement bien que faible : le coût du boitier Avermedia évoqué par le Youtubeur est d’au moins 120 euros. Grâce à ce matériel, il peut enregistrer ses parties sur un disque dur, cependant, il doit encore se doter d’un logiciel de montage et étoffer ses compétences quant à sa manipulation s’il n’en dispose pas encore. Le Youtubeur doit aussi s’équiper d’une caméra et d’un micro s’il souhaite avoir une meilleure qualité de vidéo. A l’évidence, être Youtubeur en gaming n’est pas à la portée de tout le monde, sachant qu’en moyenne, le prix d’un jeu vidéo est de 45 euros.
[31] On désigne par le terme cazu, une personne qui ne joue au jeu vidéo que de manière occasionnelle. Il est souvent victime de moquerie des gamers et des Youtubeurs. On désigne par le terme le noob, une personne débutante, qui s’initie au jeu vidéo.
[32] The Fantasio974 est un joueur et testeur de jeu vidéo très populaires au sein de la communauté Minecraft francophone. Il tient également une chaine YouTube sur laquelle il poste des vidéos de guide pour les débutants.
[33] Sophie HD est une Youtubeuse et gameuse comptant 38 614 abonnés et cumulant 4 226 168 vues sur sa chaîne YouTube qui, à ce jour est désactivée.
[34] Pour plus de détail sur la polémique, voir le Forum Realitygaming.fr, Complet-le scandale SophieHD.
[35] Valérie Piau est une avocate spécialisée en droit de l’éducation. Elle est également l’auteure de l’ouvrage intitulé « Le Guide Piau ».
[36] Manilève V., (2016), « Comment fonctionnent les agences qui gèrent les Youtubeurs », paru le 1er septembre.
http://m.slate.fr/story/115203/mcn-groupes-youtubeurs
[37] Cyrus North est un YouTubeur qui réalise des vidéos philosophiques.
[38] Christophe Cluzel est l’ancien responsable du multi-channel network « francetvmcn », appartenant à France Télévisions. Il avait pour mission de publier les contenus sur le réseau YouTube.
[39] Manilève V., (2016), « Comment fonctionnent les agences qui gèrent les Youtubeurs », paru le 1er septembre.
http://m.slate.fr/story/115203/mcn-groupes-youtubeurs
[40] Josh Roa est un agent de Finder Studios, occupant le poste de talent manager.
[41] Cassini S., (2016), « Publicité dissimulée ; premières sanctions contre les Youtubeurs avant l’été », paru le 07 mars
http://www.lemonde.fr/economie/article/2016/03/07publicite-dissimulee-premieres-sanctions-contre-les-youtubeurs-avant-l-ete_4878086_3234.html?xtref=
[42] Julien Brault est le directeur digital et diversification d’Endemol Beyond.
[43] Fabien G., Julie D., (2010), « Exposition de soi et reconnaissance de singularités subjectives sur les sites de réseaux sociaux », Sociologie, Vol. 1, p.30
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