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Dans quelle mesure le numérique constitue-t-il une solution efficace, dans le développement des Installations Nucléaires de Base (INB) de recherche au XXIème siècle ?

Problématique : Dans quelle mesure le numérique constitue-t-il une solution efficace, dans le développement des Installations Nucléaires de Base (INB) de recherche au XXIème siècle ?

Avant-propos

Le stage a commencé en juin 2016 à l’Institut Laue Langevin (ILL), une société civile de droit privé et également société de service leader dans le domaine de la science et de la technologie neutronique. L’installation nucléaire de base (INB) offre des services et des produits qui vont servir de support pour les professionnels scientifiques. Notre mission au sein de cette INB de recherche avait pour objectif d’optimiser la gestion financière en améliorant l’exploitation et la collecte des données scientifiques et financières. Cette mission peut être scindée en plusieurs tâches :

  • L’analyse du reporting actuel avec l’outil Business Objects : Cela consiste d’une part à analyser les données issues de ce reporting, et de transférer les données issues de la BO vers le Qualiac for Excel.
  • La réconciliation des comptes entre la vue budgétaire et la vue comptable : Dans cette démarche, nous avons détecté les écarts entre les résultats obtenus par le contrôleur budgétaire et ceux obtenus du comptable et de proposer des possibles alternatives pour regrouper les données des deux parties. Ainsi, il n’y aura plus qu’un seul document utilisé pour la prise de décision.
  • Amélioration du pilotage de l’ERP Qualiac
  • Automatisation des tâches manuelles

Dans le cadre de la réalisation de nos missions au sein de l’ILL, nous avons pu déceler de la difficulté de la part des professionnels dans l’exploitation de l’outil Qualiac. D’autre part, le module mis en place auparavant par l’entreprise à savoir le Qualiac to BO arrive à ses termes, ce qui contraint l’entreprise à trouver une alternative pour améliorer sa performance et sa gestion. La présente étude tente d’apporter des lumières sur les caractéristiques des INB de recherche ainsi que sur les différentes approches permettant de les développer en soulignant l’importance de la digitalisation.

Introduction

La France dispose de 58 réacteurs en 2010, ce qui fait d’elle le deuxième parc de réacteurs nucléaires après les Etats-Unis[1]. La recherche dans le domaine nucléaire détient une place prépondérante en France. La France est un des pays qui montrent la plus forte dépendance vis-à-vis du domaine nucléaire étant donné que celui-ci est à l’origine de 75% de la production d’électricité. Par ailleurs, ce pays présente un parc de réacteurs standardisés mais fortement exposés à des risques d’anomalies génériques. D’autre part, 80% des réacteurs en France vont atteindre le seuil de la limite d’âge de trente ans pour les centrales françaises d’ici 2017[2].

Face à l’augmentation de la demande énergétique en France comme dans de nombreux pays dans le monde, incite le gouvernement français à faire des projections quant à la politique à mettre en œuvre à l’horizon de 2020 – 2040. Devant la raréfaction des ressources non renouvelables comme le pétrole, deux options se présentent à la France : le recours aux énergies renouvelables et le mix énergétique. Mais dans cette dernière option, les énergies renouvelables ne peuvent pas satisfaire les demandes des consommateurs. Ainsi, le nucléaire va encore tenir un rôle important dans le mix énergétique. Cette entreprise est principalement dépendante de l’Etat. Par ailleurs, les acteurs privés se montrent réticents à faire des investissements malgré le fait que le domaine nucléaire soit stable[3].

La France projette entre autres, de mettre en œuvre le programme ASTRID destiné à intégrer la technologie du nucléaire de quatrième génération. Cette nouvelle technologie permet d’assurer la durabilité de l’énergie nucléaire ainsi que la réduction des déchets radioactifs. La France a pour ambition de détenir le premier réacteur de quatrième génération au monde[4]. Cette perspective prouve que le domaine du nucléaire est amené à se développer dans le futur et à s’adapter aux évolutions des attentes des consommateurs actuels.Dans cette optique, il s’avère intéressant de se tourner vers le contexte de l’avancée technologique qui marque la société actuelle, mais aussi les entreprises. L’INB comme toute autre organisation va devoir se développer dans cette avancée technologique et plus particulièrement, dans la digitalisation de l’entreprise.

En effet, le secteur de l’informatique et de la télécommunication a connu un essor drastique ces dernières années et influencent les stratégies de l’entreprise, ainsi que les comportements des consommateurs. L’intégration des technologies de l’information et de la communication (TIC) se trouve à la base de la modernisation et de la compétitivité des entreprises. Cette constatation a     encouragé de nombreuses entreprises à intégrer le processus d’informatisation de leurs activités. Pour satisfaire leurs exigences, les acteurs du numérique n’ont de cesse de concevoir des produits notamment des logiciels qui vont soutenir et appuyer les stratégies de l’entreprise. Le phénomène numérique tend à continuer pour les années à venir[5]. Si beaucoup de recherches se sont penchées sur la digitalisation de l’entreprise de différents domaines d’activités, très peu d’analyses se sont intéressées au phénomène numérique au sein des entreprises nucléaires. Ceci amène à se poser la question suivante : Dans quelle mesure le numérique constitue-t-il une solution efficace, dans le développement des Installations Nucléaires de Base (INB) de recherche au XXIème siècle ?

Cette étude a comme principal objectif de caractériser le phénomène d’intégration d’outils numériques au sein des INB et d’analyser par la suite, les possibles enjeux de la digitalisation au sein de ces organisations. Pour ce faire, nous avons réalisé une étude auprès de l’Institut Laüe Langevin (ILL), une installation nucléaire destinée à la recherche. Il semble pertinent de prendre comme exemple une INB de recherche étant donné que ce soit cette catégorie qui est majoritaire en France. Des objectifs secondaires émergent alors. Il s’agit d’une part, de démontrer les points forts et les points faibles de la rénovation et des stratégies de management de l’ILL par le biais des outils informatiques. D’autre part, l’étude va tenter de déterminer les apports de cette intégration du numérique sur le développement de l’entreprise.  La première partie de cette étude va se consacrer à l’étude des généralités concernant les INB de recherche et les enjeux qu’elles rencontrent à l’ère numérique. La deuxième partie, va se focaliser sur le diagnostic de ce qui se passe au sein de l’ILL afin de pouvoir déduire les caractéristiques de la digitalisation au sein des INB de recherche.

  1. Les INB de recherche à l’ère numérique
  2. Généralités sur les INB de recherche
  3. Définition d’une installation nucléaire de base (INB)
  • Définition générale de l’INB

Le gouvernement Français a défini l’installation nucléaire de base (INB) comme étant « les installations présentant un caractère nucléaire affirmé, … soumises à un strict régime d’autorisations – contrôles ». Les INB peuvent être classées en fonction de leurs principales activités. Ainsi, il existe des INB spécialement vouée à la Défense nationale ou Installation Nucléaire de Base Secrète (INBS), dont les activités sont contrôlées par le Ministère de la Défense ; les Installations Classées pour la Protection de l’Environnement (INCPE) régies par le Code de l’environnement français. Mis à part ces deux types d’INB, il existe les réacteurs électrogènes, les installations qui servent à la création de combustibles, d’autres INB dédiées à la recherche, et les centres de stockage de déchets radioactifs[6].

Pour l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN), l’INB est une « installation soumise, de par sa nature ou en raison de la quantité ou de l’activité des substances radioactives qu’elle contient, à la loi du 13 juin 2006 (dite Loi TSN) et de l’arrêté du 7 février 2012. Ces installations doivent être autorisées par décret pris après enquête publique et avis de l’ASN. Leurs conception, construction, exploitation (en fonctionnement et à l’arrêt) et démantèlement sont réglementés ». La loi TSN est régularise la Transparence et la Sécurité en matière Nucléaire. L’arrêté du 7 février 2012 pour sa part, montre les différentes règles générales à suivre pour régir les activités des INB[7].

Les critères permettant de déterminer une INB sont présentés dans le Décret n°73 – 405 du 27 mars 1973, puis par le décret n°2007 – 830 du 11 mai 2007, article 5. Ces décrets définissent les installations nucléaires de base comme étant :

  • « Les réacteurs nucléaires, à l’exception de ceux qui font partie d’un moyen de transport ;
  • Les accélérateurs de particules dont les caractéristiques sont fixées par arrêté conjoint du ministre de l’Education nationale, du ministre du Développement industriel et scientifique et du ministre de la Santé publique ;
  • Les usines de préparation, de fabrication ou de transformation de substances radioactives, c’est-à-dire de toutes substances naturelles ou artificielles émettant des rayonnements directement ou indirectement ionisants, notamment : les usines de préparation des combustibles nucléaires, de séparation des isotopes des combustibles nucléaires, de traitement des combustibles nucléaires irradiés ou de traitement des déchets radioactifs ;
  • Les installations destinées au stockage, au dépôt ou à l’utilisation des substances radioactives, y compris les déchets, notamment celles qui sont destinées à l’irradiation»[8]

Les équipements et les différents matériels nécessaires à l’installation des INB font partie intégrante de cette entité. La mise en place d’une INB ne peut avoir lieu à moins que les exploitants de cette installation ne démontrent qu’ils ont pris toutes les mesures nécessaires pour assurer la santé de la population et l’absence d’effets nocifs sur l’environnement. En d’autres termes, l’autorisation donnée aux exploitants des INB à diminuer autant que faire se peut les risques encourus par les employés et la communauté locale à partir de la mise en place de l’INB jusqu’à son démantèlement[9].

Kenedi et Clément (2007 : 7) souligne que le management des parcs nucléaires peuvent être considérés sous trois angles. D’abord, il y a le management des ressources humaines qui constituent les principales sources d’avantages compétitifs pour les exploitants et qui assurent le bon fonctionnement et la sûreté de l’installation. Puis, il y a le management par le projet, démarche adoptée à partir des années 1990, qui exige beaucoup plus de performance et de compétences de la part des exploitants. Ensuite, il y a le management par la qualité, une démarche très fréquente à l’heure actuelle pour gérer les INB stabilisés. Afin d’assurer le fonctionnement de l’INB, l’exploitant endosse les coûts d’investissements et de maintenance ainsi que les coûts de cycle du combustible. La compétitivité d’une INB dépend de la capacité de l’exploitation à maîtriser les coûts de construction et de financement de celle-ci[10].

La maîtrise des coûts et l’assurance de l’obtention d’un retour sur investissement dans le cadre de l’installation d’INB dépend d’une pré-planification des ressources à déployer. Cela implique le choix pertinent quant à la technologie, le site et les acteurs à mobiliser dans le cadre de l’établissement de l’INB. Cette décision permet d’éviter les coûts supplémentaires liés à la localisation géographique du site, aux modifications pouvant avoir lieu au cours de l’installation, aux inefficacités des ressources humaines déployées et parfois même, à l’abandon du projet (Hessler, 2015 : xviii).

  • Spécificité de l’INB de recherche

Les installations de recherche constituent une part importante des INB implantées en France[11]. Les INB de recherche comprennent les réacteurs de recherche permettant d’irradier les matériaux et de produire des radioélements. Ces produits entrent directement dans la phase de recherche en médecine nucléaire ou pour le compte des industries électroniques. Les réacteurs de recherche permettent de ce fait de faire des expériences et de mettre en œuvre des stratégies de mesures neutroniques. Dans certains cas, les réacteurs entrent dans la production de faisceaux de neutrons qui seront utilisés ultérieurement dans le cadre de recherches scientifiques. Les faisceaux de neutrons sont utilisés pour étudier la structure des matières condensées. Mais ils constituent également des matériaux indispensables pour mettre en œuvre une mesure non destructive de certains composants. Ainsi, ils sont utilisés dans de nombreux domaines dont la médecine, l’archéologie, la toxicologie. Les INB de recherches peuvent comporter des laboratoires dédiés principalement à l’étude des comportements des objets et des combustibles irradiés[12].

Pour Ballagny et Guigon (2004)[13], « un réacteur de recherche est une installation nucléaire dans laquelle on créé et on entretient, par une réaction en chaîne, la fission d’atomes de matériaux fissiles (par exemple, de l’uranium) afin d’obtenir des flux de neutrons élevés pour une utilisation dans les divers domaines de recherche fondamentale et appliquée ».Ces réacteurs nucléaires sont des sources de neutrons pour la recherche technologique et servent de support pour la création de nouveaux réacteurs de puissance. Les réacteurs de recherches permettant de déclencher une fission et par conséquent, la libération de deux à trois neutrons. Cette réaction s’accompagne de chaleur qui va être exploitée lors de la création des réacteurs de puissance pour créer de l’électricité. Il existe différents types de réacteurs de recherche en fonction de leurs puissances : les réacteurs à faisceaux sortis pour la recherche fondamentale, les réacteurs d’irradiations et d’essais destinés à la caractérisation des matériaux et des combustibles nucléaires, les réacteurs d’essais de sûreté destinés comme leur nom l’indique, aux expérimentations sur les possibles accidents nucléaires, les assemblages critiques dédié à l’étude et l’évaluation des modèles de calculs de neutrons et enfin, les réacteurs universitaires spécialement conçus pour appuyer la fonction des personnels travaillant au sein des centrales nucléaires[14].

Les réacteurs nucléaires sont aussi utilisés dans la production de radioisotopes qui seront exploités dans le domaine industrielle et le domaine de la médecine. Les réacteurs de recherche permettent également de faire des recherches dans le domaine de l’environnement. Il n’est pas étonnant alors que certains réacteurs de recherches soient installés dans le campus universitaire. Le monde compte 245 réacteurs de recherche répartis dans 55 pays. Les réacteurs de recherches sont des structures moins complexes par rapport aux réacteurs nucléaires destinés à la production d’électricité, et contrairement à eux, ils fonctionnent à des températures plus basses[15]. Parmi les réacteurs de recherche utilisés à des fins médicales se trouve par exemple le réacteur national de recherche universel de Chalk River au Canada. Le parc nucléaire de ce site est connu mondialement pour sa production d’isotopes médicaux, principalement indispensable lors de diagnostic. Le réacteur national de recherche universel pour sa part, entre dans l’expérimentation des matériaux et des combustibles servant à la création d’autres réacteurs. Le réacteur de recherche ZED-2, une autre installation du laboratoire de Chalk River est également exploité dans le cadre de la simulation d’accidents et l’assemblage de combustibles[16].

Etant donné que les réacteurs de recherches aient de multiples applications scientifiques, pendant les périodes de guerre, ces réacteurs ont été placés strictement sous le contrôle de l’Etat. En effet, les réacteurs de recherche ont été utilisés à des fins militaires, spécialement pour construire des armes. C’est ainsi que les armes nucléaires ont pu se développer rapidement. Il a fallu attendre pour que les réacteurs nucléaires soient utilisés à des fins scientifiques et industrielles (IBP, 2013 : 9).

A l’heure actuelle, les réacteurs de recherche se trouvent confrontés à différents problèmes dont le vieillissement des premières vagues notamment en Amérique et en Europe. Les réacteurs d’irradiations technologiques sont ceux qui sont les plus touchés par le vieillissement. D’autre part, il a été constaté que les réacteurs de recherches destinées à des fins expérimentales sont sous-exploités par rapport à d’autres qui sont utilisés dans le domaine électrique ou militaire par exemple. L’AIEA a affirmé en effet que la moitié de ces réacteurs enregistrent une activité annuelle basse. A cela s’ajoute les enjeux liés au changement de l’environnement au sein duquel, l’INB s’est développé. Cette situation laisse prévoir le démantèlement de nombreux réacteurs expérimentaux d’ici 2020.

D’autre part, il a été constaté que l’installation des réacteurs de recherche et leur développement étaient importants dans les années 1950 et 1960, suite à une nouvelle tendance concernant l’utilisation des réacteurs nucléaires. Alors que le monde est conscient des possibles dangers de l’utilisation des armes nucléaires et de la recherche dans ce domaine, dans le cadre de la guerre, les Etats-Unis et le bloc communistes ont attiré l’attention des sociétés sur l’indispensable utilisation de l’atome pour asseoir la paix dans le monde. Les réacteurs expérimentaux ont pu se développer, mais actuellement, les risques de prolifération semblent menacer les communautés environnantes. Afin de réduire le risque de prolifération et de vol de l’uranium hautement enrichi dans les réacteurs expérimentaux, les Etats-Unis ont opté pour l’uranium faiblement enrichi afin de produire des neutrons. Cette nouvelle approche semble moins proliférant par rapport au premier. Mais la conversion de l’installation uranium hautement enrichi en une installation uranium faiblement enrichi nécessite de l’investissement. Après plusieurs années de tentatives de conversion, certains réacteurs expérimentaux sont encore en cours de conversion[17].

  1. Les critères de développement des INB

Le développement de l’INB dépend principalement des compétences et des savoirs des ressources humaines qui manipulent les différents matériels, gèrent et produisent. La formation de l’équipe constitue donc la première démarche de développement des INB. La théorie du capital humain suppose d’ailleurs que « les connaissances, les habiletés et les compétences détenues par les individus représentent, au même titre que les autres actifs corporatifs, une source de valeur économique pour la firme, souvent supérieure aux actifs traditionnels tels les machines, les immeubles, etc. ». (Chrétien et al., 2005 : 110). Les employés constituent des ressources rares et uniques qui permettent d’augmenter la performance de l’entreprise et sa compétitivité sur le marché. Ainsi, les différentes démarches de gestion de ces ressources sont cruciales pour la survie de l’entreprise elles constituent en effet, les ressources stratégiques et des avantages compétitifs pour l’entreprise. Ainsi, il n’est pas rare que les entreprises évaluent régulièrement les performances de leurs collaborateurs et mettent à leur disposition des formations permettant d’accroître les connaissances et les compétences des employés (Chrétien et al., 2005 : 110).

Au sein d’une INB, les connaissances techniques et approfondies des employés permettent de développer l’INB. Ainsi, les différents moyens de communication et les stratégies de gestion des ressources humaines devraient permettre à ces collaborateurs de comprendre les objectifs de l’INB, les risques et les enjeux de la manipulation des matériels et des travaux réalisés au sein des INB, ainsi que leurs rôles au sein de l’INB, leur contribution à l’atteinte de ces objectifs communs, les différentes tâches qui les attendent (Hessler, 2015 : 1).

La création et le développement des INB semble être corrélés à la présence d’organismes chargés d’évaluer régulièrement les installations afin d’assurer le degré de sécurisation de l’installation aussi bien pour les employés que pour les communautés environnantes. Les actions menées par l’Agence International de l’Energie Atomique (AIEA), ou encore l’Agence de Sûreté Nucléaire (ASN) ou encore l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) permettent d’améliorer la qualité des services et des produits délivrés par les INB tout en s’assurant de leur innocuité pour l’environnement et pour l’Homme. Par ailleurs, ces organismes offrent des prestations de services destinés aux employés ou aux entreprises qui travaillent dans le domaine nucléaire. L’AIEA pour sa part, donne des guides permettant aux exploitants d’INB de gérer les installations au fur et à mesure que le temps passe. Cela constitue déjà une approche de management du vieillissement du réacteur. Ce guide permet aux exploitants de comprendre les différents processus de dégradation des équipements et des réacteurs, puis de prévoir les différentes défaillances pouvant atteindre les matériels afin de s’assurer que les prises de décisions ne soient pas trop tard, enfin, la maintenance des matériels et équipements. L’AIEA invite les exploitants à mettre en œuvre des programmes de management systématique du processus de vieillissements des INB (Heys, 2007 : 26).

Les recherches scientifiques réalisées auprès des laboratoires dont les activités sont complémentaires permettent de lancer des stratégies permettant de prévenir les accidents nucléaires. Les pays européens se montrent particulièrement vigilants quant à la réalisation de ces recherches. Ainsi, une étude menée en 2006 témoigne de la coopération entre 49 organismes européens dans le cadre du réseau Severe Accident Research and management NETwork (SARNET), ont cherché à caractériser et à proposer des recommandations, des solutions pour faire face aux défaillances des réacteurs. A travers cette approche, la complémentarité entre les résultats des recherches menées par les différents laboratoires peuvent être synthétisés pour améliorer la sûreté nucléaire. Par ailleurs, le SARNET a aussi établi des moyens de communication permettant les échanges d’informations entre les différents laboratoires. Afin de s’assurer que les résultats soient fiables et que les simulations soient bien proches de la réalité, le logiciel ASTEC a été conçu pour simuler le comportement d’un réacteur nucléaire en cas d’accident grave[18].

Le développement des INB est corrélé au contexte mondial et aux stratégies et politiques gouvernementales. Dans un monde marqué par la raréfaction de certaines ressources comme le pétrole, les gouvernements sont contraints de trouver des alternatives pour remplacer ces sources d’énergies non renouvelables. Pour illustrer ce fait, la France par exemple a opté pour la production d’énergie nucléaire pour faire face à la première crise pétrolière. Depuis 1974, la politique énergétique de la France consistait à développer de l’électricité à partir de l’énergie nucléaire permettant de satisfaire la demande en énergie croissante. Cela a permis certes, le développement des INB mais également, de la réduction du prix de l’électricité, suivie d’une faible émission de gaz carbonique. Désormais, la France est un des pays européens qui affichent les prix les plus bas en électricité[19]. Ce fait démontre que le développement des INB dépend aussi de la politique interne des pays dans lesquels, elles sont installées.

  1. Les avantages et les obstacles au développement des INB
  • Les avantages

L’industrie nucléaire en France tient un rôle important dans la production d’électricité, la médecine, l’ionisation des aliments, la conservation des œuvres d’art ainsi que des objets anciens. Ainsi, les nombreuses applications des activités des INB en France pourraient constituer un facteur de renforcements des recherches et développements axés sur le perfectionnement des installations et des meilleurs résultats de la part de celles-ci[20]. Dans le cadre de la diversification des sources d’énergie, les INB sont plus amenées à se développer et les managers sont aussi amenés à augmenter la performance de leurs collaborateurs (Hessler, 2015 : 89).

La France établit entre autres, des programmes nucléaires permettant de gérer et d’augmenter la performance des INB. Le développement des réacteurs nucléaire à moyen terme, long terme et très long terme est envisagé par le gouvernement français. La perspective à moyen termes est d’améliorer la performance des réacteurs actuellement exploités à travers les actions du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) qui mène des recherches au sein de laboratoires. Les études menées ont pour objectif d’augmenter la performance des réacteurs. La performance de l’INB pourrait être évaluée à partir de sa capacité à réduire la production de déchets, et l’intégration de matériaux plus rentables. La présence de laboratoires chauds au sein de la CEA permet de lancer des recherches et développement des réacteurs de recherche.

A long termes, le programme vise à concevoir des réacteurs de quatrième génération. La perspective de rendre plus efficiente l’utilisation des ressources à la disposition est recherché par les acteurs du nucléaire. La conception de réacteurs à neutrons rapides (RNR) pourrait être une alternative pour le développement des INB. La conception de tels dispositifs permet d’assurer la durabilité de l’énergie nucléaire. A très long termes, l’opportunité pour le développement des INB pourrait se faire à travers la conception de réactions de fusion nucléaires. Pour atteindre cet objectif, la France a intégré le projet international ITER ayant pour objectif de concevoir et d’assurer la création de réacteurs de fusion nucléaire[21].

Le contexte général concernant la production d’énergie dans le monde montre que les ressources utilisées pour produire de l’énergie doivent être  diversifiées pour assurer la consommation mondiale en énergie. Pour la France, le nucléaire entre dans la production de son énergie. Mais elle est également une partie intégrante de la défense nationale et de la recherche scientifique. Ceci  s’inscrit dans le cadre du développement durable. Cette tendance est amenée à se renforcer à l’avenir. Ainsi, il est fort probable que la France mette en place une politique et des stratégies permettant le développement du domaine nucléaire[22].

Mais ce n’est pas uniquement la France qui s’intéresse au domaine nucléaire. D’autres pays dans le monde ont suivi ses traces. L’Inde par exemple a établi un programme nucléaire pour mettre en valeur ses ressources en uranium et en thorium. Dans le cadre de ce programme, l’Inde a mis en place un réacteur à eau lourde pressurisée et des surgénérateurs utilisant le plutonium[23].

Etant donné que l’humain constitue un autre capital de l’entreprise, les entraides et les transferts de savoirs et de compétences entre les employés constituent une opportunité pour le développement de l’entreprise. Dans le domaine nucléaire, les acteurs sont amenés à cohabiter et à coopérer. Les anciennes générations disposent de nombreuses connaissances qu’elles peuvent valoriser à travers le transfert de ceux-ci à leurs cadets. Le transfert ne concerne pas uniquement, les savoirs et les compétences, mais également, la culture de l’entreprise et les différentes alternatives concernant les situations problématiques qui peuvent se poser lors du travail (Le Roux, 2006 : 27).

Il faut noter cependant, que les échanges intergénérationnels ne se font pas à sens unique. Ainsi, les anciennes générations peuvent apprendre aux jeunes générations, les fils du métier, les gestes techniques, les différentes astuces pour résoudre un problème. Les jeunes générations pour leur compte peuvent aussi donner des connaissances à leurs aînés. Il est établi que la formation initiale des techniciens dans les parcs nucléaires et leurs expériences ne peuvent aucunement être comparée à ceux des jeunes. Ces derniers sont nés avec la technologie et adoptent un rapport totalement différent par rapport au travail dans les parcs nucléaires et par rapport au nucléaire lui-même. Il n’est pas rare donc que les anciennes générations recourent aux savoirs des jeunes en ce qui concerne la nouvelle technologie. C’est cet échange et ces interactivités entre les jeunes et les anciennes générations qui permettent le développement de l’INB. Mais ces échanges ne peuvent avoir lieu à moins qu’il n’y ait reconnaissance mutuelle. Ainsi, le transfert des savoirs par les anciens peut être interprété comme étant une reconnaissance symbolique de leurs travaux au fil des années. Pour les jeunes, les échanges de leurs savoirs aux anciens constituent également une marque de reconnaissance par eux (Le Roux, 2006 : 28)

  • Les limites

Le vieillissement des INB constitue une limite fréquemment mentionné par les acteurs du nucléaire. La durée de vie d’une INB en générale, a été fixée àquarante ans mais force est de constater que certains parcs se rapprochent déjà de ce seuil. En ce qui concerne la France, ses parcs nucléaires ont déjà atteint trente ans, ce qui pousse les acteurs de ces parcs à envisager déjà des stratégies leur permettant de prolonger la durée de vie de l’INB. Contrairement à d’autres pays, la France n’a pas déterminé la durée limite de fonctionnement. Ainsi, certains dirigeants des INB projettent déjà de prolonger la durée de fonctionnement de leurs installations. L’EDF par exemple a manifesté son désir d’exploiter ses réacteurs au-delà de la limite de quarante ans.

Le prolongement de la durée de fonctionnement des réacteurs nécessite une ré-examination de l’état de l’INB afin de s’assurer que les activités et les produits réalisés par celles-ci ne nuisent pas à la qualité de l’environnement et à la sûreté des communautés qui vivent à proximité des installations. Cette démarche se fait tous les dix ans et pour que l’exploitant des INB puisse encore continuer leurs activités, ils doivent détenir une autorisation d’exploitation délivrée par l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN). Or, l’autorisation ne peut être délivrée à moins que l’INB ne présente certaines conditions. Parmi ces conditions se trouvent les stratégies adoptées par les exploitants afin d’assurer la sûreté de leurs actions et la conformité aux bonnes pratiques déjà dressée au niveau international. Par la suite, l’ASN en collaboration avec l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN), fonde le Groupe Permanent d’Experts (GPR) dont la mission est d’évaluer les programmes d’études et les activités prévues par l’exploitant des INB. Il se charge ensuite de faire des commentaires sur les dispositions prises par l’entreprise.

Si la durée de fonction de l’INB n’est pas clairement déterminée en France, la prolongation de l’utilisation de celle-ci comporte encore différents enjeux. Certes, si une installation est jugée encore être fonctionnelle, alors les dirigeants de cette entreprises évitent de faire des investissements pour une nouvelle installation. Les investissements alloués à la révision des réacteurs s’avèrent dix fois moins chers par rapport à ceux nécessaires pour installer une nouvelle INB. De plus, cette démarche permet d’amortir les investissements faits pour créer l’installation. Le retour sur investissement de ce genre d’installation nécessite en effet, entre 25 et 30 ans.

Malgré toutes ces constatations, la probabilité d’assurer une meilleure qualité de service des INB au-delà de quarante ans reste encore sujet à controverse. D’une part, des experts soutiennent que les INB pourraient être fonctionnelles jusqu’à soixante ans. D’autre part, l’Observatoire du nucléaire affirme que de tels prolongements sont sources d’accidents et d’anomalies. En effet, l’utilisation des réacteurs s’accompagne d’usures inévitables des matériels et des équipements. Par conséquent, les risques d’accidents nucléaires augmentent significativement au fur et à mesure que les années passent.Ce propos a été soutenu par les acteurs de la protection environnementale comme les Amis de la Terre, Greenpeace, VoorModerAarde et le WWF[24].

Or, les risques d’accidents à l’issue d’accidents nucléaires coûtent cher aussi aux entreprises nucléaires. Plusieurs coûts en effet, doivent être endossés par l’entreprise. Il y a d’abord les coûts radiologiques sur site suite à la perte du réacteur, les frais pour décontaminer, les pertes et les dommages sur les employés, frais de fermeture de l’INB. D’autre part, l’entreprise doit également prendre en compte les coûts d’image. Une entreprise nucléaire qui expose les habitants et les employés à des risques notables d’acquisition d’une image négative. D’autre part, les risques d’accidents au sein des INB entraînent aussi des charges liées au non vente des produits pour l’entreprise. Mais ce risque impacte également sur l’économie générale de la zone d’implantation des INB. Comme les produits agricoles sont contaminés, il y a de fortes probabilités pour que les consommateurs se montrent récalcitrants à consommer et à acheter les produits provenant de la zone contaminée.

Par ailleurs, en cas de prolongement de la durée de fonctionnement des INB, alors que les risques d’accidents sont importants, les exploitants doivent aussi endosser des coûts liés aux effets collatéraux. Cela englobe les pertes d’énergie non produite, augmentation des exigences en matière de sécurité, substitution, perte de valeur du capital. Il y a également les coûts liés aux modifications des modes de vie. Les populations aux alentours en effet, doivent être évacuées de la zone contaminée, ce qui s’accompagne inexorablement de profonds changements au niveau de leur mode de vie. Ensuite, il y a des effets psychologiques sur les populations[25].

Par conséquent, les exploitants des INB se trouvent dans l’obligeance de faire une gestion du vieillissement de l’installation et une prévision à long terme intégrant le processus de rénovation. Mais cela ne peut se faire à moins de faire des investissements notables dans le domaine de la recherche et développement dont la principale mission est de ralentir autant que faire se peut le processus de vieillissement des matériels en particulier, les composants non substituables. Dans cette optique, les dirigeants de l’INB peuvent collaborer avec des sociétés de génie nucléaire[26]. En d’autres termes, la capacité des exploitants à utiliser l’INB au-delà de quarante ans passe par le suivi du vieillissement des installations ainsi que des conditions industrielles dans lesquelles se développe l’INB[27]. Outre à cela, les parcs nucléaires se trouvent confrontées à des problèmes de conflits intergénérationnels puisque les anciennes générations sont les plus habiles pour manipuler les différents appareils. Leur formation et leur rapport au travail sont différents par rapport à ceux des jeunes générations. Or, la gestion du vieillissement des INB suppose aussi la gestion du vieillissement des ressources humaines de l’entreprise, outre les pannes découlant du vieillissement des installations. Les anciennes générations correspondent aux personnels embauchés lors de l’ouverture de l’installation elle-même. Leurs expériences leur a permis d’acquérir des savoirs qui ne sont pas encore acquis par les jeunes générations. Par ailleurs, leur âge avancé oblige les INB à prévoir un départ en retraite massif (Le Roux, 2006 : 24).

Outre à cela, les exploitants des INB se trouvent devant une impasse entre les coûts assumés pour l’entretien et la mise en œuvre de stratégies de gestion du vieillissement du parc nucléaire, et les dépenses à assurer dans le cas d’un démantèlement d’une INB. Les exploitants des INB dans le cadre d’un démantèlement doivent en effet tenir compte des charges de démantèlement des INB ainsi que des installations de stockage de déchets radioactifs ainsi que les charges d’arrêt définitif. Le démantèlement s’accompagnent de la prise en considération de certains aspects des impacts des produits radioactifs sur l’environnement notamment, la gestion des déchets, la dépollution, l’application des procédures de sécurité, ainsi que la durée de démantèlement.A cela s’ajoute les investissements nécessaires pour créer une nouvelle INB[28].

La politique énergétique du pays d’implantation de l’INB pourrait porter atteinte au développement de celle-ci. En ce qui concerne la France, le président français François Hollande a fixé comme objectif la diminution de 25% de la consommation d’électricité d’origine nucléaire[29].

  1. Les solutions numériques dans la stratégie de développement de l’entreprise : l’exemple d’un Progiciel de Gestion Intégré (PGI) ou Enterprise Resource Planning (ERP)
  2. Définition et caractéristiques des ERP

L’ERP a été conçu dans le but de réunir de bonnes informations permettant d’améliorer le management de l’entreprise. Avant la conception de cet outil, les preneurs de décisions font leur demande auprès du département de la technologie de l’information pour pouvoir accéder aux données. Les réponses venaient après des mois. Avec l’émergence des ordinateurs portables, les travailleurs ont cherché à s’approprier les données via leur ordinateur personnel. Cette démarche économise le temps et ne requiert pas beaucoup de matériels. Etant accessible à tous, les entreprises même de petite taille, peuvent l’utiliser. Les entreprises tentent entre autres, de trouver des moyens de communiquer avec les clients. C’est ainsi, que les éditeurs de logiciels ont établir l’ERP. Ce nouvel outil permet d’intégrer toutes les données de l’entreprise et de les utiliser dans les différentes fonctions de l’entreprise comme la conception de nouveaux produits, la capitalisation des informations, le planning, la gestion des capacités, la communication, etc. Au fur et à mesure que les exigences des consommateurs évoluent, les entreprises doivent également s’y adapter, ce qui s’accompagne de l’évolution des outils informatiques qu’elles utilisent (Ptak et Schragenheim, 2004 : 11 – 12).

McGaughey et Gunasekaran (2009)[30] définissent l’ERP comme étant un système d’informations intégrant des process d’affaires dont le but est de créer de la valeur et de réduire les coûts en mettant à la disposition de la bonne personne, la bonne information afin qu’elle puisse prendre la bonne décision dans le cadre du management des ressources tant du point de vue productif que proactif. Par conséquent, les stratégies de l’entreprise deviennent plus efficaces et les ressources humaines peuvent faire une utilisation optimale des matériels et des équipements mis à leur disposition. L’ERP comprend une gamme de logiciels servant à réaliser et à soutenir les principales fonctions de l’entreprise.

Ray (2011 : 3 – 4) souligne que l’ERP provient de l’assemblage de trois termes clés permettant de résumer le fonctionnement de l’entreprise et de cet outil. Ainsi, il démontre que l’entreprise est composée de plusieurs services, départements qui sont amenés à coordonner leurs activités dans le but d’atteindre des objectifs communs. Deuxièmement, l’entreprise ne peut fonctionner efficacement à moins qu’elle ne détienne des ressources humaines, matérielles, financières, etc. Les différentes ressources devraient assurer la compétitivité de l’entreprise sur le marché. Cela se fait par le biais d’une utilisation efficiente de celles-ci pour optimiser la création de valeurs pour les différentes parties prenantes de l’entreprise comprenant les employés, les actionnaires, les fournisseurs, les consommateurs, etc. Enfin, la meilleure utilisation des ressources nécessite une planification des activités qui peuvent être diverses. Au sein de l’organisation, les managers sont amenés à planifier les demandes, la distribution, la production, la capacité, la répartition des matériels, la maintenance, la finance, le budget, la qualité, le lancement de nouveaux produits, etc.

Pour Muscatello et al. (2003 : 852), l’ERP est l’ensemble de plusieurs modules de collectes et de traitement d’information pour les différentes fonctions de l’entreprise. Un module permet dans ce cas de collecter toutes les informations au sein d’un service, d’un département ou d’une fonction. L’installation de ce système d’information (SI) vise à partager et à transformation les informations au sein de l’entreprise, ainsi que la centralisation des données.

L’ERP a donc deux missions au sein de l’entreprise. D’une part, elle permet de planifier et d’autre part, de réaliser les tâches au sein de l’organisation. Pour définir l’ERP donc, Ray (2011 : 4) souligne qu’il s’agit d’un système d’informations intégrées basé sur la création d’une base de données centrales à partir de laquelle, des plateformes informatiques sont connectées afin d’optimiser l’utilisation des ressources par l’entreprise. Par ailleurs, l’ERP est également un système intégré qui facilite les flux d’informations qui parviennent des différents départements composant l’entreprise. Par le biais de cet outil, l’entreprise peut également gérer ses relations avec les parties prenantes externes.

L’intégration des ERP aussi bien au sein des grandes entreprises qu’au niveau des entreprises de taille plus modeste témoignent de l’informatisation ou de la digitalisation de celles-ci. En se basant sur la construction d’une base de données, l’ERP permet à l’entreprise de standardiser les différentes fonctions et activités au sein de l’entreprise tout en mettant en valeur toutefois, certains processus de l’entreprise. Mais dans tous les cas, l’ERP permet à l’entreprise d’unifier ses différentes unités et de centraliser les données issues des différents systèmes d’information de l’entreprise. En d’autres termes, l’ERP répond à l’exigence de partage d’informations entre les collaborateurs (Paquet, 2008 : 24).

L’ERP a été adopté alors pour servir à améliorer la performance de l’entreprise. Mais force est de constater que cet outil est retrouvé dans la grande majorité des entreprises actuelles, sans distinction de domaine d’activité, de localisation géographique ou de taille. Dans cette optique, l’entreprise va chercher à faire de cet outil un instrument permettant d’aboutir à un avantage compétitif pour elle. L’avantage compétitif pour l’entreprise à l’heure actuelle n’est plus constitué par la seule adoption de l’ERP, mais surtout, sur sa capacité à l’utiliser de manière efficiente. Puis, l’ERP devrait aussi permettre à l’entreprise de s’adapter aux évolutions du marché et des comportements des consommateurs. Chaque système intégré au sein de l’entreprise devrait être adaptée à la situation de celle-ci. En d’autres termes, l’ERP est un outil permettant d’asseoir les stratégies de l’entreprise (Harwood, 2003 : 28).

  1. Les différentes applications de l’ERP au niveau des entreprises

L’ERP sert d’appui au développement des fonctions stratégiques de l’entreprise notamment, la comptabilité, la gestion des ressources humaines, l’achat, la logistique, la finance et l’ingénierie. L’ERP permet entre autres d’atteindre une meilleure performance organisationnelle et plus de facilité dans la gestion et l’accomplissement de synergie. La mise en œuvre de l’ERP au sein d’une organisation répond aux besoins de gérer et de développer les activités des différents services qui composent l’entreprise. En rassemblant les différents systèmes opérationnels de l’entreprise, l’ERP permet de rendre l’activité de production plus facile à faire et dans les plus brefs délais et à moindre coûts[31].

Les entreprises adoptent des ERP dans le cadre de la gestion des responsabilités environnementales de l’entreprise. L’outil utilisé à cette fin est l’Environmental Enterprise Resource Planning (eERP). Cet outil permet la digitalisation les processus permettant de rendre durable la performance environnementale de l’entreprise à travers différentes stratégies comme l’augmentation de l’engagement des employés envers l’environnement, la gestion des ressources énergétiques, l’évaluation de l’émission de gaz à effet de serre. L’eERP fait appel à la construction d’une base de données axée principalement sur les données environnementales telles que la consommation d’eau, la proportion de déchets recyclés, etc. L’outil ERP permet à l’entreprise d’établir sa stratégie environnementale. L’eERP est utilisée lors de la prise de décision et constitue de ce fait, un élément mettant à la disposition de l’utilisateur, les informations clés concernant l’environnement[32].

L’ERP est également utilisé dans le cadre du management financière de l’entreprise notamment, pour collecter les informations comptables. Il est également utilisé dans le cadre du management des salaires des employés. L’ERP pourrait en effet être utilisé pour réduire le temps consacré à la gestion des salaires et pour éviter les possibles retard au niveau des dates de paiement, et pour faire des prévisions. L’ERP est supposé faciliter le reporting financier et de diffuser en temps réel les informations opérationnelles. Par ailleurs l’ERP entre également en jeu lors des analyses comptables et financièresafin de piloter la performance de l’entreprise (Brazel et Dang, 2008 : 4).

  1. L’installation des ERP au sein de l’entreprise

Le processus d’installation d’un ERP est un processus complexe puisqu’il consiste à planifier, justifier les démarches avant d’installer l’ERP proprement dite et de l’intégrer au sein des différentes fonctions de l’entreprise. Comme cet outil vise à centraliser les données, la procédure d’installation peut atteindre non seulement les différentes fonctions au sein de l’entreprise, mais également les partenaires de celle-ci. Toute la chaîne de production de valeur par exemple, pourrait être impliquée dans le cadre de l’intégration de l’ERP (Muscatello et al., 2003 : 854).

Le choix de l’ERP à installer constitue la première étape de l’installation. Différentes options peuvent en effet être proposées à l’entreprise, mais le choix dépend d’une part, des caractéristiques de l’entreprise, et d’autre part, de l’objectif poursuivi par celle-ci. Devant la multitude de systèmes ERP, certaines entreprises mettent en œuvre des systèmes d’évaluation de l’efficacité de l’ERP comme le Data Envelopment Analysis (DEA). Le DEA détermine différents critères pour évaluer l’efficacité, la compétitivité et l’utilité de l’ERP[33]. Il semble également intéressant de choisir l’ERP après avoir fait une modélisation des processus d’affaires de l’entreprise afin que l’outil soit approprié aux objectifs stratégiques de l’entreprise. Par la suite, les paramètres sont configurés et les documentations sont installées (Harwood, 2003 : 29).

D’autres facteurs viennent aussi influencer l’installation de l’ERP au sein de l’entreprise. Parmi eux se trouvent la culture organisationnelle et les qualités des équipes qui vont installer et utiliser le système. La théorie de Nah et al. cités par Brazel et Dang (2008 : 3) sur la diffusion d’innovations et de systèmes d’informations démontre que la composition de l’équipe et le changement de la culture managériale constituent les piliers de la réussite de l’installation et de l’efficacité de l’ERP. L’habileté des utilisateurs lors du maniement du système conditionne l’efficacité de l’ERP. Or, cela est en relation avec la formation et l’expérience de l’utilisateur. En d’autres termes, le niveau de formation des utilisateurs à l’emploi des systèmes ERP est crucial pour la performance et le développement de l’organisation (Brazel et Dang, 2008 : 3).

Afin de pouvoir interagir avec d’autres personnes tout en utilisant l’ERP, les applications sont diffusées en ligne. Les applications mises à la disposition de l’entreprise dépendent des fonctions que celle-ci veut faciliter. L’ERP peut constituer une interface pour les différents échanges d’informations en temps réel. Elle permet entre autres de faire des échanges dans le cadre de la gestion des ressources humaines (Harwood, 2003 : 31). Après avoir installé les logiciels, et paramétréles différentes fonctionnalités dont les différentes parties prenantes de l’entreprise ont besoin, l’ERP a besoin d’être ajustée aux caractéristiques de l’entreprise. La phase d’adaptation consiste à réviser les différents fonctionnements de l’ERP. Cette phase comprend également la formation et l’entraînement des utilisateurs à l’exploitation de l’ERP. Il est possible que cette formation soit réalisée physiquement. Mais il est également possible de faire une formation hors ligne à l’aide d’un CD-ROM interactif (Harwood, 2003 : 34).

  1. Avantages et limites de la digitalisation au sein des INB de recherche
  2. Avantage de la digitalisation dans les INB

La digitalisation des différentes fonctions et plus particulièrement, le recours à l’ERP a permis de satisfaire les consommateurs. En effet, les différentes fonctionnalités de ce SI permet de faciliter et de faire une commande plus rapidement, d’améliorer la facturation et de réduire significativement la durée nécessaire pour répondre aux réclamations des clients. Par ailleurs, l’ERP pourrait constituer un outil de réduction des coûts liés aux inventaires, d’augmenter l’efficience et la rentabilité d’une activité. Pour les sociétés de services, mais également pour celles qui conçoivent des produits, la digitalisation pourrait constituer un moyen pour faire une étude sur les attentes et les comportements des consommateurs. Ainsi, l’entreprise peut envisager directement, des stratégies pour attirer et fidéliser les consommateurs (Muscatello et al., 2003 : 853).

La digitalisation des différentes fonctions au sein de l’entreprise permet d’augmenter la performance opérationnelle, organisationnelle, financière et économique. Pour les preneurs de décisions, l’intégration d’outil informatique comme l’ERP permet de les assister dans les prises de décisions et la recherche de solutions aux problèmes qui se posent. En effet, les systèmes de partage et de gestion des informations permettent de faire les échanges entre les différents acteurs. L’obtention d’informations rapide et facile permet aux managers de prendre une décision adéquate à la situation de l’entreprise. En effet, les informations sont diffusées en temps réel, ce qui permet aux managers d’intervenir en conséquent. Les échanges permis par l’outil informatique permettent d’éviter les possibles obstacles et cloisonnements entre les échanges entre les différents services et départements au sein de l’entreprise. Par ailleurs, les systèmes d’informations comme les ERP permettent également d’avoir des retours plus rapides de la part des consommateurs et par conséquent, permet de répondre plus rapidement à leurs requêtes (Brazel et Dang, 2008 : 2).

En permettant les échanges d’informations en temps réel, la digitalisation de l’entreprise constitue une alternative à l’asymétrie d’informations entre les investisseurs et les managers d’entreprise. De ce fait, l’ERP est un outil permettant d’éviter les différences entre les résultats réels, et ceux qui sont rapportés lors des reportings (Brazel et Dang,  2008 : 5). Cet outil permet entre autres de collecter les données non seulement internes, mais également, les données externes et de les diffuser automatiquement, ce qui facilite leur gestion (Brazel et Dang, 2008 : 6).

  1. Désavantages de la digitalisation dans les INB

La digitalisation des INB comporte des limites si l’intégration de l’ERP est considérée. En effet, cet outil de digitalisation a été conçu sans tenir en compte des caractéristiques particulières à l’entreprise au sein de laquelle, il va être installé. Dans cette optique, ce sont les visions et les perceptions des modélisateurs qui sont mises en avant au détriment de celles des entreprises clientes. Le fonctionnement de ces dernières est en effet à prendre en compte lors de l’intégration de cet outil. Certes, l’ERP est paramétrable pour s’adapter à la situation de l’entreprise à travers les modifications faites au niveau des tables de configurations, mais tout ne peut pas être paramétrable (Paquet, 2008 : 24).

Par ailleurs, les échanges peuvent parfois conduire à des fuites d’informations importantes. En d’autres termes, la digitalisation peut conduire à des problèmes liés à la protection des informations (Paquet, 2008 : 25).L’éradication des barrières entre les différents acteurs de l’organisation peut conduire à un manque de contrôle même si le système ERP est mis en place (Brazel et Dang, 2008 : 2).

La mise en œuvre d’un système d’informations au sein de l’entreprise devrait être accompagnée par la formation des employés qui vont utiliser cet outil. Certains employés en effet, éprouvent beaucoup de mal à exploiter et à utiliser efficacement l’outil et comme résultat, ils se montrent méfiants et récalcitrants à l’idée de la digitalisation de certaines fonctions. Dans le cas de l’ERP par exemple, toutes les entreprises qui y recourent au début ne parviennent pas toujours à l’installer et à l’utiliser correctement. Chez les entreprises de petite taille, les personnels ne disposent pas de connaissances et d’habiletés suffisantes leur permettant de manipuler l’outil ERP. Ainsi, le système d’information à implanter dans ce genre d’entreprise, devrait être simple. Les employés devraient aussi bénéficier d’une formation leur permettant de manipuler et d’utiliser efficacement l’outil. Mais cette démarche demande aussi des investissements supplémentaires que les entreprises surtout, celles qui sont de taille modeste, de se relever après un échec en termes d’intégration de système d’information (Muscatello et al., 2003 : 851). Le même cas pourrait se produire aussi au sein des INB.

La digitalisation pourrait également être un facteur de licenciement de certains employés. A l’ère du digital, les entreprises requièrent des personnels habilités à la manipulation d’outils numérique. Or, le problème lié aux rapports des générations aux outils informatiques pourrait conduire à une certaine réticence. La génération Y par exemple est plus à l’aise dans la manipulation des outils numériques par rapport à ses aînés. A cela s’ajoute le manque de formation des employés en ce qui concerne l’utilisation de l’ERP (Muscatello et al., 2003 : 863).

Devant de tels faits, les entreprises qui installent l’ERP se trouvent dans l’obligeance d’allouer des budgets pour former leurs employés. Outre les investissements financiers, cette démarche nécessite aussi un investissement en temps pour former les personnes-clés au sein de l’entreprise. Pour les structures de petite taille, les employés qui n’arrivent pas à répondre à ce besoin d’habilité à manipuler l’outil sont licenciés au détriment de personnes généralement issue d’une génération cadette, pour les remplacer. Cela démontre donc que la digitalisation peut parfois conduire à des remaniements au niveau de la composition des ressources humaines, ainsi qu’au niveau de l’organisation même de l’entreprise étant donné que certaines fonctions peuvent être substituées, et que certains emplois sont éliminés (Muscatello et al., 2003 : 864). Ainsi, les qualités des ressources humaines semblent constituer l’obstacle majeur que les caractéristiques de la technologie elle-même pour développer l’entreprise (Muscatello et al., 2003 : 869).

La gestion des ressources humaines au sein des INB ne se manifeste pas uniquement par la gestion des conflits intergénérationnels. Il existe en effet, une routinisation des métiers des techniciens ce qui pourrait être source de frustration que ce soit au niveau de jeunes ou des générations plus âgées. Les gestes techniques que les jeunes devraient apprendre en effet, sont amenés à disparaître puisque celles-ci sont principalement requises lors de la phase de démarrage de l’INB. Chez les INB vieillissantes et qui sont amenées à être démantelées, les travaux sont majoritairement des actes de routines. Par ailleurs, les installations vieillissantes n’attirent plus les jeunes, qui, pourtant, pourraient détenir des connaissances indispensables pour la rénovation et l’innovation (Le Roux, 2006 : 32).

  1. Etude empirique
  2. Diagnostic des problèmes de l’entreprise
  3. Le lieu d’étude : une INB de recherche

Les études sur terrain ont été réalisées auprès d’une INB de recherche, l’Institut Laüe Langevin (ILL), mis en place à Grenoble en 1967. A la fin des guerres mondiale, la tendance est à la collaboration et à la recherche de l’entente, mais également, à la recherche du développement pour les pays, puisque la guerre a conduit à des séquelles et à des pertes. La recherche scientifique n’est plus focalisée sur la fabrication d’armement, mais sur des activités pacifiques et contribuant au développement. C’est dans cet esprit que les professeurs Louis Néel et Heinz Maier ont cherché à concevoir une source de neutron froid. Mais à travers cette démarche, les deux initiateurs développent aussi la réconciliation entre l’Allemagne et la France. A partir de 1973, l’Angleterre a été le premier à s’unir à ces deux pays dans le cadre d’un contrat de coopération scientifique. Douze autres pays comme l’Espagne, la Suisse, l’Autriche, l’Italie, la République Tchèque, la Suède, la Hongrie, la Belgique, la Pologne, le Danemark, la Slovaquie et l’Inde. Ainsi, l’ILL a pris une ampleur internationale.

L’ILL fait travailler 453 professionnels et chercheurs. Son principal objectif est la promotion de la recherche scientifique neutronique afin d’améliorer la vie des populations. En moyenne plus de 750 expériences sont réalisées au sein de l’ILL. Outre la recherche en sciences et techniques neutroniques, l’ILL est également un institut de service. Dans ce cadre, son rôle est de concevoir et de mettre à la disposition de la communauté scientifique internationale, des équipements. L’ILL accueille entre autres des scientifiques à raison d’environ 1 500 chercheurs sélectionnés et envoyés par un comité scientifique.

Afin de parvenir à ses objectifs, l’ILL dispose et utilise un réacteur nucléaire haut flux classé INB n°67 et localisé à Grenoble. Environ 1 300 personnes travaillent au niveau de cette INB qui est géré par trois pays associés notamment, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni. Le réacteur haut flux fonctionne grâce à un élément combustible d’uranium très enrichi, refroidi dans l’eau lourde. Ce combustible permet à l’ILL d’augmenter sa production de neutrons (1,5 x 1015 neutrons/s/cm²). Les neutrons ainsi produits servent à induire une réaction de fission qui va permettre de faire fonctionner les dispositifs expérimentaux. Le dispositif de l’ILL permet d’obtenir trois types de neutrons : les neutrons chauds, les neutrons froids et les neutrons ultra-froids.

Dans le domaine scientifique, les neutrons sont impliqués lors des recherches dans des disciplines scientifiques très variées comme la physique, la chimie, la biologie, la biotechnologie, la nanotechnologie, les géosciences et le génie civil. Les études commencent par l’introduction de l’échantillon à analyser dans le faisceau de neutrons. Ces derniers vont être projetés par l’échantillon. La mesure des neutrons diffusés permet de collecter les informations concernant les caractères physiques de l’échantillon. En d’autres termes, le réacteur de l’ILL sert à connaître les caractéristiques de la matière étudiée dans le but de concevoir des produits, des matériaux, des médicaments efficaces pour le futur.

Pour illustrer les applications des neutrons dans le domaine biologique, il est possible de se référer à l’étude des propriétés des graines de Moringa. La réflectométrie neutronique de l’ILL, pratiquée sur les graines de Moringa a permis de connaitre les différentes caractéristiques de la graine et plus particulièrement la densité et l’épaisseur de la solution de Moringa. A partir de cette expérience, les chercheurs ont pu déterminer que cette plante, outre ses utilisations courantes comme source d’huile végétale et de nourriture, pourrait également être utilisée pour séparer différents matériaux. Les résultats de cette recherche permettent de réduire le recours aux produits chimiques synthétiques.

De même, l’analyse neutronique des dents humaines a permis d’expliquer le processus de déminéralisation de l’émail dentaire suite à des mauvaises habitudes alimentaires. L’analyse neutronique entre dans la détermination de la structure cristallographique de l’émail ainsi que de la concentration en hydrogène de celle-ci. Il s’agit donc d’une approche permettant de caractériser le phénomène de déminéralisation de l’émail dentaire de l’homme et par conséquent, de proposer des alternatives plus adaptées. Les différentes recherches scientifiques réalisées au sein de l’ILL doivent faire l’objet d’une publication dans des revues scientifiques afin que les consommateurs puissent suivre les résultats des recherches. Leurs applications devraient concerner exclusivement le domaine civil.

Comme toute autre INB, l’ILL est aussi soumises à des réglementations permettant d’assurer que ses activités ne portent pas préjudice à la qualité de l’environnement et à la santé de ses employés, ainsi que les communautés locales. L’établissement a mis en place des stratégies de défenses à cinq niveaux. Le premier niveau consiste à déterminer et à mener des stratégies permettant de prévenir les défaillances ou les failles au niveau du fonctionnement du réacteur nucléaire. Le deuxième niveau se rapporte à la correction des écarts entre le fonctionnement normal et le fonctionnement effectivement observé. Le troisième niveau amène à maîtriser les possibles conséquences d’un accident. Le quatrième niveau consiste à la mise en place de systèmes de mitigation. Cette approche permet de réduire les possibles rejets issus de la fusion du cœur du réacteur. Enfin, le cinquième niveau regroupe toutes les dispositions prises afin de limiter les répercussions radiologiques sur les employés, l’environnement et les communautés environnantes. Les mesures de prévention incluent les risques internes, mais également, les possibles agresseurs externes comme les risques sismiques, les explosions externes, les inondations, etc.[34].

  1. Organisation et management de l’entreprise

L’ILL comporte quatre divisions : la division science, la division projet technique, la division administration et la division réacteur. La division Science (DS) est composée par des scientifiques et des techniciens. Sa principale tâche est de réaliser des expériences et de faire des recherches scientifiques. La division Projet technique (DPT) pour sa part, se charge la maintenant des outils expérimentaux comme les guides neutrons, les monochromateurs, les spectromètres, les diffractomètres, etc. La division Administration (DA) est responsable de la finance et de la gestion des ressources humaines. Enfin, la division Réacteur (DRe) permet le fonctionnement, la maintenance et la sûreté du réacteur nucléaire.

La DRe assure la bonne marche de l’INB. Ainsi, son organisation mérite de l’attention. La DRe est dirigée par le chef de l’INB 67 et également chef de la DRe. Ce dernier gère la sûreté nucléaire et l’utilisation du réacteur. Il est aidé de deux ingénieurs sûreté. La DRe peut encore être divisée en trois services, dans lesquels sont répartis 90 personnes chargées respectivement de l’exploitation, de la conduite du réacteur et de sa maintenance. Six équipes comprenant chacune cinq agents se chargent de l’utilisation du réacteur. La DRe mobilise entre autres, un ingénieur chargé d’intervenir dans les différentes phases de fonctionnement du réacteur.

Outre à cela, le Service Radioprotection Sécurité et Environnement (SRSE) se charge de la protection contre les rayonnements ionisants du personnel. Ce Service rattaché à la direction de l’ILL après des études, donne des conseils concernant la sécurité des transports de substances radioactives. Le SRSE fait entre autres des surveillances de l’environnement et s’occupe de la gestion des déchets radioactifs ainsi que de la dosimétrie du personnel potentiellement exposés aux rayonnements ionisants. Dans cette tâche, il est aidé par le Service Médical du travail qui assure le suivi des salariés qui sont exposés à ces risques.

L’ILL fait intervenir dans le cadre de la protection contre les possibles risques encourus par les employés dans le cadre de leur travail. Il existe donc des agents de radioprotections qui se chargent de l’établissement d’écrans de protections contre les rayonnements. Le service chargé de la radioprotection envoie des agents qui vont accompagner les employés dans les zones exposée aux rayonnements ionisants. Cela les permet de conseiller les responsables de l’ILL en ce qui concerne les moyens de protection les plus adaptées à la situation de l’entreprise[35].

Le budget de fonctionnement de l’ILL est issu des partenaires scientifiques et des pays associés qui donnent des subventions. Pour son management, l’entreprise s’appuie sur l’utilisation d’outils digitaux et notamment, sur l’exploitation de l’ERP Qualiac. Depuis 2007, le module décision Qualiac to Business Objects (BO) a été mis en place avec le concours de la société Micropole Univers. Cet outil a été mis en place afin de faciliter et d’améliorer les rapports et les requêtes. Pour l’année 2014, le budget de l’ILL atteignait 88,99 millions d’euros répartis comme suit : 61,535 millions provenant des trois associés la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni, 20,70 millions issus des membres scientifiques, 3,33 millions de reports de l’année précédente et 2,55 millions issues des ressources propres à l’ILL[36].

  1. Les problèmes rencontrés au sein de l’entreprise
  • Problèmes relatifs à la sûreté nucléaire

L’ASN a rapporté en 2015, huit incidents dont six au niveau 0 et deux au niveau 1. Cela démontre que les conséquences réelles ou potentielles de ces incidents sont encore faibles et ne peuvent pas avoir des répercussions importantes sur la santé et l’environnement. Toutefois, ils appellent à rester vigilants lors des manipulations. Ces différents faits sont résumés sur le tableau suivant :

Tableau 1 : Les principaux incidents rapportés par l’Autorité de Sûreté Nucléaire chez l’Institut Laue Langevin en 2015 (données issues du rapport de l’ILL, 2015)

Incidents Niveau Causes des évènements Conséquences réelles Conséquences potentielles
Ouverture d’une dalle de toit d’une casemate expérimentale avant déclassement officiel par le SRSE 0 Manque de repérage de la séparation interne entre les deux casemates Aucune Aucune
Intervention en zone jaune d’un agent d’entreprise extérieure pour le contrôle d’incendie, sans prévisionnel dosimétrique formalisé sur le bon de travail 0 Absence de consigne radioprotection

Absence du balisage en zone jaune

Imprécisions des consignes dans le bon de travail

Absence de contact entre l’intervenant et le SRSE

Aucune Réception de dose plus élevée de substances radioactives par l’agent
Non respect de la RGE n°18 concernant l’exploitation de l’expérience IN16B 0 Absence d’essai pour vérifier la boucle de sécurité de l’instrument IN16B

Absence de vérification des boucles de sécurité

Aucune Non détection de l’absence de protection biologique avec une ambiance gamma plus importante dans l’aire expérimentale
Déclenchement de l’arrêt d’urgence du RHF par le seuil de sécurité VRmax 0 Un point dur détecté lors de l’introduction de la perche de manutention a obligé l’opérateur à ressortir et à renfourner immédiatement la navette Aucune Aucune
Irradiation localisée de la paume d’une main d’un opérateur par une source scellée de 137Cs 1 Manque de repérage de la source par l’opérateur lors de la reprise de la canne

Dosimètre électronique non opérationnel

Dose reçue par l’opérateur : 250mSv

Exposition du corps entier reste faible

Réalisation de deux contrôles par l’opérateur, ce qui aurait doublé la dose  reçue
Légère surpression dans le bâtiment réacteur 1 Faille au niveau de la référence de pression

Défaillance au niveau du groom de la porte côté zone inactive

Modification des consignes de régulation sans modification des seuils de surveillance

Aucune Faille au niveau de la gestion du confinement

Rejet de radionucléides dans l’environnement par les fuites directes pendant un temps court

Arrêt d’urgence consécutif à la perte des alimentations électriques externes 0 Prolongation du temps de basculement sur l’antenne de secours Aucune Aucune
Rupture de la gaine de ventilation de l’atelier BS 0 Mise en place d’une gaine provisoire

Ps de contrôle périodique de l’état de la gaine EIP

Accrochage de la gaine lors d’une manutention à proximité

Aucune Aucune

Pour tous les incidents qui se sont produits, l’ILL a déjà pris des mesures correctives immédiates et à long terme. Les incidents ne sont pas fréquents au niveau du réacteur de l’ILL, ce qui pourrait traduire que l’installation soit encore en bon état et peut fonctionner normalement. Les mesures des rejets gazeux  et les rejets liquides ont permis de montrer que pour l’année 2015, ils étaient faibles par rapport à la limite annuelle définie par l’arrêté du 03/08/2007. Par ailleurs, les rejets de substances non radioactives sont très faibles.

L’ILL comme toute autre INB pourrait être soumise à des accidents potentiels liés au vieillissement des matériels. Cette installation présente des risques potentiels liés à l’émission de rayonnements ionisants dont les produits de fissions radioactifs émis par le réacteur. Certes, des contrôles internes et externes sont réalisés à travers les audits concernant l’opération de déchargement du combustible. L’ILL subit entre autres des audits de la part des prestataires qui suivent la qualité des eaux des exutoires ainsi que ceux chargés de la fabrication des cartes. Les organismes de sûreté nucléaire comme l’ASN entrent en jeu[37].

  • Analyse des problèmes relatifs à la gestion financière de l’ILL

L’INB  de recherche a un compte d’immobilisation très important. Elle conçoit des réacteurs nucléaires à haut flux pour le compte de ses clients internationaux. La conception de ces matériels sont personnalisés et requièrent de ce fait plus d’investissements. La construction de ces instruments est comptabilisée en immobilisation.

Depuis 2007, le module décisionnel Qualiac to BO a été installé au sein de l’entreprise. le pilotage via cet ERP semble apporter des avantages mais la licence BO arrive à son terme, ce qui contraint l’entreprise à trouver une autre alternative pour améliorer le pilotage de sa performance. Par ailleurs, les requêtes mises en place par le consultant sont redondantes, ce qui ralentit le fonctionnement de l’outil et par conséquent, l’efficience de celui-ci. C’est dans ce cadre que depuis 2013, l’entreprise a dû changer de module et adopter la QFX afin d’assurer et d’améliorer les nouvelles demandes de reporting dans le cadre de l’achat et des finances. Le bouleversement accompagnant ce changement pourrait conduire à l’inefficacité de l’ERP. Dans le cadre de l’intégration de ce nouvel outil pour le management de l’entreprise, nous avons fait des enquêtes auprès des professionnels du service. L’objectif de ces enquêtes était d’évaluer leur utilisation de l’ERP Qualiac.

Lors de la migration des données Qualiac to BO vers Qualiac for Excel pour améliorer la gestion financière de l’entreprise, nous avons recensé les différentes requêtes des utilisateurs, ainsi que les paramètres nécessaires au transfert vers Qualiac for Excel. Certains transferts de données ont été réalisés par le biais de SQL. La migration des données a pu être réalisée, mais nous avons constaté qu’il était difficile de faire une conversion du franc en euro. Par ailleurs, les différents paramètres à notre disposition ne nous permettaient pas d’évaluer le cumul des comptes. Par ailleurs, il était difficile d’analyser les résultats obtenus via le reporting.

Afin d’améliorer l’évaluation de la situation budgétaire de l’entreprise, nous avons opté pour la réconciliation des comptes entre la vue budgétaire et la vue comptable. Cette démarche permet en effet d’harmoniser les montants des comptes entre le contrôleur budgétaire qui utilise le BHT, et la vision comptable qui utilise le Business Objects. A l’issue de cette réconciliation, il ne devrait y avoir qu’un seul document de reporting bien lisible et exploitables pour toutes les parties prenantes de l’ILL. En faisant cette démarche, nous nous sommes aperçus que les deux acteurs ont des manières de collecter les données très différentes. Le contrôleur budgétaire utilise le BHT en poste budgétaire et CGR (A-B) pour faire son reporting et pour regrouper toutes les données. Pour le comptable par contre, il s’agit d’exploiter les données brutes. Nous avons donc analysé les différences entre les traitements de données issus du contrôleur budgétaire et du comptable. Des différences ont été observées, ce qui rend difficiles la prise de décision. Il nous incombe de ce fait de détecter les possibles raisons de ces écarts et de tenter d’apporter des solutions.

Nos enquêtes auprès des employés de l’ILL ont permis de montrer que les solutions digitales mises en place au sein de l’entreprise sont simples d’utilisation. L’utilisation de l’ERP semble une démarche de routine pour la plupart des employés. Avec le temps, ils s’y sont habitués. Néanmoins, ils ont communiqué qu’ils avaient du mal à s’habituer avec l’outil informatique. Les professionnels de service semblent ne sont pas à l’aise avec l’outil informatique. Nous supposons de ce fait, que l’intégration du nouveau module de Qualiac for Excel pourrait encore être difficile pour les employés. Comme il est question d’intégrer ce système de planification au sein de l’entreprise, il nous semble intéressant de caractériser l’outil ERP proposé par Qualiac.

  1. Qualiac et son apport au sein de l’entreprise
  2. Présentation de l’ERP Qualiac et ses produits pour l’entreprise

L’ERP de Qualiac est un logiciel permettant de répondre à des besoins de l’entreprise dans le cadre du pilotage de l’entreprise, l’amélioration du système d’informations ainsi que des supply chain. L’ERP de Qualiac peut être utilisée aussi bien par les entreprises de taille intermédiaires, qu’aux grands groupes internationaux. L’ERP de Qualiac permet d’optimiser la gestion des flux financiers des entreprises[38].

  1. Les solutions pouvant être proposées et leur intégration au sein de l’entreprise

Etant donné que l’entreprise reçoit des commandes dans les différents pays du monde entier, il est nécessaire de gérer les flux d’informations, les factures, et les différentes commandes provenant de ces clients. A l’heure du digital, l’enjeu majeur pour toute entreprise est le traitement rapide de ces données afin de pouvoir donner une image de réactivité vis-à-vis des consommateurs. En ce qui concerne la gestion des flux financiers, il est possible de recourir au Qualiac ERP flux financiers. Il semble que cet outil répond à certains besoins de l’entreprise relatifs à une meilleure collecte et lecture des coûts réels pour les employés des services administratifs et financiers, ainsi que pour les personnes en charge de l’informatique et de  développement technique.

Cette ERP flux financier est un logiciel de gestion financière intégré permettant de faciliter la comptabilité, la réalisation du reporting financier, de la gestion des fonds, etc. En d’autres termes, l’ERP Qualiac flux financiers constitue un instrument de pilotage de la performance financière de l’entreprise. L’ERP Qualiac comprend plusieurs fonctionnalités notamment : la comptabilité-finance, les locations financements, l’élaboration budgétaire, l’e-commerce, les projets et affaires, le décisionnel, le XRM, les immobilisations, le crédit management, les achats, la facturation, la gestion des temps et des activités, le workflow information manager et les déplacements et frais professionnels[39].

Puis, dans le cadre de notre mission, nous avons mis en place le Qualiac for Excel, un outil indispensable lors des processus décisionnels de l’entreprise. Il s’agit en effet, d’un outil permettant de perfectionner le reporting opérationnel. Les informations sur l’entreprise sont écrites dans des tableaux de bords personnalisés, ce qui facilite leur lecture et la collecte de données pertinentes (datamarts). Lors de l’utilisation, l’utilisateur choisit les différentes informations qu’il doit intégrer au sein d’Excel pour être transférées et traitées dans Qualiac. Ce dernier crée des reports, des tableaux de bords et des indicateurs de performance[40].

  1. Avantages et possibles limites de l’intégration de l’ERP Qualiac au sein de l’INB
  2. Avantages des solutions Qualiac chez l’INB de recherche

Pour l’entreprise, l’adoption d’une solution Qualiac ERP flux financiers est un moyen pour tracer les flux physiques et financiers. En mettant à la disposition de l’opérateur les différentes informations financières de l’entreprise, il est plus facile de faire une maîtrise budgétaire et de piloter par conséquent, la performance financière de l’entreprise. L’outil Qualiac ERP permet une décentralisation des fonctions supports à travers la mise en place de centres de services partagés, dans le but de pouvoir se focaliser sur le cœur du métier notamment la recherche neutronique.

Actuellement, les consommateurs font leurs achats et leurs commandes via Internet. L’ERP permet de faciliter la dématérialisation des process achats et de les gérer. De plus, les différents acteurs peuvent interagir et accéder aux informations. Les différents paramétrages et les workflows sont facilement partagés via l’interface. Ainsi, l’ERP permet de mener des actions collaboratives au sein d’une organisation comme l’ILL. Mais cette solution permet également à l’entreprise de suivre les normes françaises et européennes[41] en termes de gestion ce qui ne manque pas d’améliorer l’image de l’entreprise. Les différentes fonctionnalités de l’ERP permettent de gérer aussi la facturation, les achats ainsi que les comptes d’immobilisation.

Etant donné que l’ILL possède des comptes d’immobilisation très importante, la gestion de ceux-ci via la fonctionnalité « Immobilisations » pourrait être envisagée. L’immobilisation permet en effet, de gérer le cycle de vie des actifs immobilisés de l’entreprise, qu’il s’agisse des immobilisations, des subventions, des amortissements, des inventaires réglementaires ou des obligations légales. Il s’agit donc d’un outil permettant l’automatisation de la gestion des ressources tangibles et intangibles de l’entreprise[42].

L’intégration de la fonctionnalité « immobilisations » de l’ERP Qualiac permet d’améliorer les pistes d’audits afin de pouvoir suivre les différents évènements qui se sont produits pendant le cycle de vie des biens immobilisés. Cet outil facilite la conception d’une stratégie d’investissement de l’entreprise, permettant ainsi de maîtriser les coûts endossés par l’entreprise. Il s’agit d’un outil de pilotage souple et permettant l’écriture comptable et extracomptable automatiquement. Cela permet d’augmenter la productivité administrative et de sécuriser en même temps, les différentes informations ayant influencé le cycle de vie des biens immobilisés via les connectivités natives[43].

Qualiac est également intéressant dans le processus décisionnel. Les stratégies de l’entreprise ne peuvent être établies à moins que les preneurs de décisions ne disposent d’informations pertinentes leur permettant de discerner les problèmes au sein de l’entreprise et par la suite, de les corriger ou de le prévenir. Qualiac for Excel est un outil simple qui se base sur Excel, un outil largement utilisé au sein de l’entreprise pour dresser un tableau de bord personnalisé[44].

  1. Limites des solutions Qualiac dans le développement de l’INB de recherche

A l’issue de nos investigations, nous avons pu déterminer que le principal problème de la digitalisation de certaines fonctions au sein de l’entreprise notamment, au niveau de la fonction finance et budget, est la collecte et le traitement de données pour que celles-ci soient fiables. Néanmoins, les solutions proposées ne sont pas toujours faciles d’utilisation pour les opérateurs, ce qui nécessite la formation des personnels du service administratifs et financiers.

Outre à cela, nous avons transférés les données issues de Qualiac to BO vers Qualiac For Excel. Mais cette démarche est assez complexe, ce qui a conduit à des problèmes au niveau de la conversion du franc à l’euro. Qualiac for Excel pourrait être un outil innovant mais encore faut-il que les données communiquées soient pertinentes et que l’utilisateur maîtrise son utilisation.

Conclusion

Le domaine nucléaire est amené à se développer à l’avenir. Il est un des piliers de la production d’énergie, mais constitue aussi un élément important dans la réalisation de recherches fondamentales. Ce développement repose sur la capacité d’innovation de l’entreprise permettant de répondre aux exigences des consommateurs et de vaincre les concurrents. La technologie permet cette innovation tant dans le domaine de la sûreté nucléaire, mais aussi dans la conception d’instruments de mesures innovants. La qualité des ressources humaines compte beaucoup dans le développement dans la mesure où ce sont elles qui manipulent, conçoivent et réalisent les recherches fondamentales. Les ressources humaines constituent également un capital pour l’entreprise et conditionnent de ce fait, l’efficacité de la manipulation des outils, de la nouvelle technologie.

L’INB de recherche dans le domaine civil ILL, doit aussi suivre les innovations technologiques pour concevoir, les services et les produits qu’elle propose aux clients. Mais en même temps, l’innovation implique aussi la dématérialisation de certains processus comme l’achat et la gestion financière et comptable de l’entreprise. Bien que les différentes études menées sur l’ILL aient démontré que celui-ci peut encore fonctionner, des signes de vieillissement ont été décelés. Or, avec le vieillissement des équipements, les risques augmentent également. Dans la plupart des cas, le vieillissement des installations peut aussi s’accompagner du vieillissement des ressources humaines.

Notre stage au sein de l’ILL a permis de constater que si cette structure est à la pointe de la technologie en matière de recherche neutronique, elle présente des problèmes relatifs à la gestion des informations financières. Des écarts ont été enregistrés entre les résultats du contrôleur budgétaire et ceux du comptable. Les informations obtenues sont donc difficiles à lire, non fiables et ne reflètent pas la situation financière de l’entreprise. Une première démarche de digitalisation de cette fonction a été menée par le biais de l’intégration de l’ERP Qualiac to BO, mais cet outil est arrivé à ses termes et certains professionnels se plaignent de la difficulté à utiliser cette solution.

Nous avons donc proposé d’adopter une autre solution : le Qualiac for Excel pour mieux gérer les flux financiers, les comptes immobilisations ainsi que les processus d’achat. Basé sur les données enregistrées sur Excel, cet outil semble plus pertinent pour piloter la performance de l’entreprise puisqu’elle met à la disposition des décideurs, des tableaux de bords personnalisés sur lesquels, les informations sont directement lisibles.

A travers cette étude, nous avons pu déterminer les caractéristiques des conditions de développement des INB de recherche. Nous avons pu également démontrer les différentes perceptions des utilisateurs quant aux outils de gestion de l’entreprise. Cependant, cette étude comporte encore différentes limites. Certes, nous avons analysé le cas d’une INB de recherche mais nous ne pouvons pas affirmer que le cas observé chez ILL soit aussi le même pour les autres INB de recherche. D’autre part, si nous sommes parvenus à la mise en place du nouvel outil, nous n’avons pas pu évaluer la capacité des utilisateurs à s’approprier l’outil efficacement et les résultats de l’adoption de cette solution pour l’entreprise. Cela nous amène à une autre question de recherche : Quelles sont les possibles limites de la digitalisation au sein des INB de recherche ?

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  • Ray, R. 2011. Enterprise resource planning: text & cases. Tata McGraw Hill Education Private Limited, New Delhi, 602p.

[1] Pontier, J. 2010. Les politiques et le droit de l’énergie nucléaire en France, http://ils.khu.ac.kr/ils-khulaw/45-4/45-4-2-5.pdf

[2] Greenpeace. 50% de nucléaire : 5 centrales nucléaires à fermer en priorité, http://www.greenpeace.org/france/pagefiles/266521/etude_greenpeace_5centrales.pdf

[3] Pontier, J. 2010. Les politiques et le droit de l’énergie nucléaire en France,  http://ils.khu.ac.kr/ils-khulaw/45-4/45-4-2-5.pdf

[4] Idem

[5] Menard, B. 2010. L’entreprise numérique : quelles stratégies pour 2015 ? Collection économie et prospective numériques, http://multimedia.fnac.com/multimedia/editorial/pdf/9782363670014.pdf

[6] Ministère de l’environnement, de l’énergie et de la mer. 2009. Les installations nucléaires en France, http://www.developpement-durable.gouv.fr/Les-installations-nucleaires-en.html

[7] Lexique de l’ASN, http://www.asn.fr/lexique/mot/(lettre)/95491/(mot)/Installation%20nucl%C3%A9aire%20de%20base

[8] Décret n°63 – 1228 du 11/12/63 relatif aux installations nucléaires, http://www.ineris.fr/aida/consultation_document/3349

[9] Pontier, J. 2010. Les politiques et le droit de l’énergie nucléaire en France,http://ils.khu.ac.kr/ils-khulaw/45-4/45-4-2-5.pdf

[10] Idem

[11] Ministère de l’environnement, de l’énergie et de la mer. 2009. Les installations nucléaires en France, http://www.developpement-durable.gouv.fr/Les-installations-nucleaires-en.html

[12] CEA Saclay. 2008. Installations nucléaires de base (INB), http://www-centre-saclay.cea.fr/fr/Installations-nucleaires-de-base-INB

[13] Ballagny, A. et Guigon, B. 2004. « Réacteurs de recherche et d’irradiation de matériaux », Techniques de l’ingénieur, Génie nucléaire, BN1 (BN30303), http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=16466319

[14] Merchie, F. 2015. Les réacteurs de recherche, http://encyclopedie-energie.org/articles/les-r%C3%A9acteurs-de-recherche

[15] World nuclear association. 2016. Research reactors, http://www.world-nuclear.org/information-library/non-power-nuclear-applications/radioisotopes-research/research-reactors.aspx

[16] Association nucléaire canadienne. Réacteurs de recherche, https://cna.ca/fr/technologie/recherche-developpement/reacteurs-de-recherche/

[17] CEA. Le panorama mondial des réacteurs expérimentaux, http://www.cea.fr/Documents/monographies/R%C3%A9acteurs-nucl%C3%A9aires-exp%C3%A9rimentaux-panorama-mondial.pdf

[18] Micaelli, J., Haste, T., Van Dorsselaere, J., Bonnet, J., Meyer, L., Beraha, D., Annunziato, A., Chaumont, B., Adroguer, B., Sehgal, R. and Trambauer, K. 2006. « SARNET : a European cooperative effort  on LWR severe accident research », Revue générale nucléaire, n°1, http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=17782430

[19] L’énergie nucléaire en France, http://energie-nucleaire.net/situation/france-energie-nucleaire.html

[20] Pontier, J. 2010. Les politiques et le droit de l’énergie nucléaire en France, http://ils.khu.ac.kr/ils-khulaw/45-4/45-4-2-5.pdf

[21] Les réacteurs nucléaires du futur, http://www.developpement-durable.gouv.fr/Les-reacteurs-nucleaires-du-futur.html

[22] Les installations nucléaires en France, http://www.developpement-durable.gouv.fr/Les-installations-nucleaires-en.html

[23] Sinha, R. and Kakodkar, A. 2006. “Design and development of the AHWR – the Indian thorium fuelled innovative nuclear reactor”, Nuclear engineering and design, 236 (7 – 8), pp. 683 – 700, http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0029549306000690

[24]Ancelin, C. 2015.  « Exploiter le parc nucléaire français au-delà de 40 ans », RGN, n°1, 57 – 60, http://rgn.publications.sfen.org/articles/rgn/abs/2015/01/rgn20151p57/rgn20151p57.html

[25] Erne-Heintz, V. 2014. Penser le démantèlement d’une centrale nucléaire,http://riseo.fr/IMG/pdf/Riseo-1-2014-8-demantelement.pdf

[26] Fabrégat, S. 2011.  Vieillissement du parc nucléaire : la prolongation de la durée de vie, un enjeu stratégique et économique, http://www.actu-environnement.com/ae/dossiers/nucleaire/viellissement-parc-centrales-nucleaire-prolongation.php4

[27] Ancelin, C. 2015.  « Exploiter le parc nucléaire français au-delà de 40 ans », RGN, n°1, 57 – 60, http://rgn.publications.sfen.org/articles/rgn/abs/2015/01/rgn20151p57/rgn20151p57.html

[28] Erne-Heintz, V. 2014. Penser le démantèlement d’une centrale nucléaire, http://riseo.fr/IMG/pdf/Riseo-1-2014-8-demantelement.pdf

[29] Greenpeace. 50% de nucléaire : 5 centrales nucléaires à fermer en priorité,http://www.greenpeace.org/france/pagefiles/266521/etude_greenpeace_5centrales.pdf

[30] McGaughey, R. and Gunasekaran. 2009. Enterprise Resource Planning (ERP) : past, present and future, p.360, https://www.semanticscholar.org/paper/Enterprise-Resource-Planning-ERP-Past-Present-and-McGaughey-Gunasekaran/6a92efc0ee3d14e99612efdec3ebbd6e058aa6e4/pdf

[31]McGaughey, R. and Gunasekaran. 2009. Enterprise Resource Planning (ERP) : past, present and future, p.360,https://www.semanticscholar.org/paper/Enterprise-Resource-Planning-ERP-Past-Present-and-McGaughey-Gunasekaran/6a92efc0ee3d14e99612efdec3ebbd6e058aa6e4/pdf

[32] Melville, N. and Whisnant, R. 2012.  Environmental sustainability 2.0: Empirical analysis of environmental ERP implementation. Ross School of business working paper, n°1175, https://deepblue.lib.umich.edu/bitstream/handle/2027.42/91283/1175_Melville.pdf;sequence=4

[33] Ghapanchi, A., Jafarzadeh, M. and Khakabaz, M. 2008. An application of Data Envelopment Analysis (DEA) for ERP system selection: Case of a petrochemical company. 29th International conference on information system, Paris, http://www98.griffith.edu.au/dspace/bitstream/handle/10072/53451/86716_1.pdf?sequence=1

[34] Rapport annuel transparence et sécurité nucléaire : Réacteur haut flux – Institut Laue – Langevin, 2015, https://www.ill.eu/fileadmin/users_files/documents/reactor_environment_and_safety/Annuel-TSN-2015.pdf

[35] Rapport annuel transparence et sécurité nucléaire : Réacteur haut flux – Institut Laue – Langevin, 2015, https://www.ill.eu/fileadmin/users_files/documents/reactor_environment_and_safety/Annuel-TSN-2015.pdf

[36] Baumel, P. 2015. Rapport de l’ Assemblée Nationale du 18 février 2015, http://www.assemblee-nationale.fr/14/rapports/r2588.asp

[37] Rapport annuel transparence et sécurité nucléaire : Réacteur haut flux – Institut Laue – Langevin, 2015, https://www.ill.eu/fileadmin/users_files/documents/reactor_environment_and_safety/Annuel-TSN-2015.pdf

[38] Présentation de Qualiac, http://www.qualiac.com/presentation-de-qualiac.html

[39] Qualiac ERP flux financiers : une gestion financière intégrée de haut niveau, http://www.qualiac.com/erp-flux-financiers.html

[40] Qualiac® for Excel, http://www.qualiac.com/files/qualiac/TELECHARGEMENTS/Flyers%20produits/Flyers%20modules%20fonctionnels/QualiacForExcel.pdf

[41] Qualiac ERP flux financiers : une gestion financière intégrée de haut niveau, http://www.qualiac.com/erp-flux-financiers.html

[42] Immobilisations : une gestion complète du cycle de vie de vos actifs immobilisés, http://www.qualiac.com/immobilisations.html

[43] Idem

[44] Qualiac lance Qualiac for Excel, solution de reporting opérationnel « à la demande » capitalisant sur la puissance d’Excel, 2012, http://www.qualiac.com/files/qualiac/Communiques%20de%20presse/Qualiac-connecteur-decisionnel-Qualiac-For-Excel-100512.pdf

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