Dans quelles mesures les contacts humains traduits en communications verbales et non verbales influent –ils positivement ou négativement les suivis thérapeutiques de la victime de la maladie d’Alzheimer.
Problématique
Dans quelles conditions l’affect impacte-t-il les relations patients/soignant ? Et dans quelles mesures les contacts humains traduits en communications verbales et non verbales influent –ils positivement ou négativement les suivis thérapeutiques de la victime de la maladie d’Alzheimer.
Plan détaillé
Introduction
Partie 1 le milieu professionnel
Chapitre 1 : Le concept de l’affect et explication de la maladie d’Alzheimer
Section1 : l’approche du terme affect
Section2 : La maladie d’Alzheimer
Chapitre 2 : Les échanges infirmiers/patients et les problèmes rencontrés
Sections 1 : Les types de relations dans la fonction de l’infirmier
Section 2 : L’affect réciproque installant une compréhension mutuelle et un climat de confiance.
Partie 2 Les facteurs influençant les relations
Chapitre 1 : La communication verbale
Section 1 : Les circonstances de la communication verbale
Section 2 : Les effets de la communication verbale sur le comportement du soigné
Chapitre 2 : La communication non verbale
Section1 : Les situations de la communication non verbale
Section 2 : La perception du malade et la réaction du paramédical
Conclusion
bibliographie
Bibliographie
Webographie
Introduction
Malgré mes études académiques peu poussées, j’ai eu le privilège de travailler dans un centre hospitalier en tant qu’aide médical psychologique en structure fermée. Mon désir de réussir dans ma profession m’a motivé pour suivre des cours supplémentaires me permettant d’obtenir une meilleure situation professionnelle. Ainsi, j’ai continué une année durant, d’approfondir en psychopathologie de la personne âgée. Etant donné mon expérience en milieu psychiatrique, je souhaite soutenir un mémoire dans le cadre de mon métier habituel. Je vise par la même occasion à soigner mon profil professionnel en vue d’une promotion au poste de responsable de l’unité s’occupant des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. C’est dans ces optiques que j’ai conçu d’approfondir et d’étudier sous quelles conditions l’affect impacte-t-il les relations paramédical /patients psychopathes ? Et dans quelles mesures les contacts humains traduits en communications verbales et non verbales influent –ils positivement ou négativement les traitements et suivis thérapeutiques d’une victime de la maladie d’Alzheimer.
En effet, cette maladie frappe un million d’individus avancés en âge en France. Et le traitement semble jusqu’à présent assez limité. Malgré l’existence de quelques associations, l’Etat ne peut prendre en charge que de trois cent cinquante mille patients ce qui laisse à croire à l’insuffisance des infrastructures d’accueil. Cependant l’instauration du (CAMA) Comité régional Alzheimer et maladies apparentées composés de corps médical, vise aider et à améliorer l’assistance des victimes, spécialement en favorisant d’une part, à l’occasion d’actions en partenariat, les analyses et les recherches autour de la maladie en phase de diagnostic puis dans l’étape de prise en charge. D’autre part, le comité fait des actions de sensibilisation et de communication et la formation envers le public, la société en général, ainsi que le milieu professionnel. D’autre part encore, il donne des conseils et des appuis techniques en faveur des structures en place. Ces actions se reflètent dans des propositions d’organisation pour suivre et traiter le malade, suivant des priorités.
Cependant selon mes expériences, les approches comportementales des traitants doivent être propres et adaptées à chaque cas. Les difficultés résident à mon avis dans les problèmes relationnels. C’est ainsi que j’ai jugé prépondérant de connaître l’impact de l’affect en psychiatrie et notamment concernant la maladie d’Alzheimer. Dans le cadre du problématique évoqué plus haut, ce devoir éclaire tout d’abord les diverses notions et concepts qui seront étudiés et ensuite il s’agit d’approfondir les facteurs relatifs à la communications verbales et non verbales pour affiner les contacts humains dans une atmosphère de confiance.
Partie 1 le milieu professionnel
Cette première partie de devoir se donne comme objectif de définir les concepts et de situer
le lieu professionnel originel du thème que j’ai choisi pour élaborer mon mémoire. Je conçois la définition des termes dans un sens simple afin que même les personnes exerçant dans d’autres disciplines les comprennent. Comme les analyses concernent des cas en centres hospitaliers, je profite de cette première partie d’entamer les type de liens ainsi que la réciprocité d’affect entre le malade et le corps de paramédicaux dans la recherche d’un terrain de confiance mutuelle.
Chapitre 1 : Le concept de l’affect et explication de la maladie d’Alzheimer
Ce chapitre donne les définitions ainsi que les diverses dimensions de la maladie d’Alzheimer pour faciliter la compréhension du dossier dans sa globalité
Section1 l’approche du terme affect
Le mot affect prend étymologiquement sa source du terme latin, « affectus »qui signale et décrit un « état d’âme » .Il se rapproche ainsi du sentiment. Dans son ouvrage Ethique III-définition III Spinoza conçoit le mot affect comme un changement difficile à localiser dans le corps de l’individu mais qui impacte son mental. Ce qui se traduit dans un sens de faire varier sa puissance de faire un acte ou d’agir. Par conséquent, il faut qu’il y ait une volonté d’agir sinon la modification reste au stade de l’affection sans parvenir à la notion d’affect.
Le terme grec fait référence au scepticisme comme consentement aux affects eu égard à des impressions. Ce qui met en exergue des sentiments confus et des perceptions vagues. Dans cette optique, les faits réels ne sont pas palpables mais demeurent indéfinis.
Selon les sciences cognitives et particulièrement dans la psychologie, les connaissances basées sur des raisonnements rationnels sont diamétralement opposées au domaine de l’affect. Cependant, il ne faut pas nier que l’aptitude affective de l’individu à s’adapter à une situation va toujours de pair avec sa cognition. La partie émotionnelle exerce une influence sur la connaissance pour préciser l’état d’âme. L’affect ressemble à un état ou un mécanisme de nature psychologique, plutôt agréable, parfois pénible, difficile à définir associé à un besoin d’agir, et qui exerce des influences sur le comportement contrairement au raisonnement intellectuel.
Vers la fin du siècle précédent, de nouvelle conception ont vu les jours dans le domaine de l’affect. Son objectif est de mettre en clair et de soulever les relations secondaires entre la conduite d’un individu et son affect. De même, cette création essaie de mettre en valeur les émotions et les ressentis face à la pensée logique
La notion de l’affect semble confuse. Mais pour bien la comprendre il faut se référer à l’approche des grands auteurs. En effet, ils sont nombreux à exploiter le terme affect dans le but de clarifier la notion. Selon Sigmund Freud, dans le domaine psychologique, l’affect exprime une impression, un effet, ou un sentiment plutôt vague que l’individu ressent. Il se rapproche de l’émotion sans bien en mesurer le degré. Il inclut une sorte de pulsion et de tendance, soit une idée que l’on veut exprimer et représenter.
D’autres auteurs n’ont pas manqué de porter leurs idées dessus. Mais ce dossier se limite à des interprétations plus simplifiées de la notion d’affect. L’affect ne s’interprète pas comme l’affection mais il traduit une dimension consciente d’une poussée psychique. Il se décline en un ensemble de gestes, de façons, de sentiments et de ressentis au niveau d’une personne devant un fait ou un cas particulier. Pour notre part, il s’agit de voir clair l’affect exprimé en sensations et sentiments ressentis du paramédical soignant, devant une personne malade. Le cas est délicat car le patient dont il est question est victime d’une grave maladie qui frappe les personnes âgées. Le cas spécifique de la maladie d’Alzheimer s’inclut dans le domaine de la psychiatrie et l’âge avancé des victimes ne donne pas beaucoup d’espoir.
Section2 La maladie d’Alzheimer
Cadre Symptomatique et manifestations comportementales
Définition de la maladie d’Alzheimer
La maladie d’Alzheimer se classe parmi les maladies neurologiques. C’est une maladie et non un état occasionné par un vieillissement physiologique de l’homme. Les personnes de (80) quatre vingt et plus n’ont pas obligatoirement d’altération au niveau de leurs facultés mentales et intellectuelles. L’âge non plus se constitue pas toujours une référence car à (40) quarante ans l’homme peut être victime de cette maladie bien que d’habitude la tranche d’âge de (60) soixante à (70) soixante dix ans sont les plus vulnérables. Néanmoins, une stimulation cérébrale n’est pas une mesure préventive pour éviter l’attaque de la maladie d’Alzheimer.
C’est donc une maladie qui atteint le cerveau de l’être humain. Il se traduit par des lésions qui impliquent des diminutions des fonctions du cerveau. Elle résulte d’une altération de certaines cellules cérébrales au début. Ensuite son évolution va jusqu’à leur destruction. C’est au niveau de la mémoire qui est le plus touché. Ainsi le patient devient incapable de se rappeler d’une chose, d’un acte ou d’une idée. En conséquence, le malade acquiert un comportement désemparé inexplicable et agressif, ce qui rend difficile les relations interpersonnelles. Cette modification doit être perçu sans tarder par l’entourage familial ou professionnel. La manifestation extérieure de la maladie à travers des confusions et des perturbations de tout ordre sera vue plus en détail dans la partie du présent dossier concernant les relations soignant /soigné. Notons seulement ici que les troubles peuvent avoir lieu pour quelques heures seulement au début. Mais ils risquent de se présenter à plusieurs reprises tout au long de la journée. Plus tard, la durée des perturbations peut s’allonger pour enfin rester en permanence.
Les traitements à l’aide de médicaments
Les diverses interventions en cas de maladie d’Alzheimer se réalisent de façons médicales d’une part, et d’autre part l’affect familial y détient une place prépondérante.
Le traitement à titre curatif de la maladie d’Alzheimer demeure encore en cette époque peu efficace. Cependant, il faut reconnaître le progrès de comportement et la nette amélioration au niveau des troubles cognitifs du patient sans pour autant en noter concernant la mémoire.
Cette maladie à priori incurable semble récemment faire l’objet de nouvelle découverte médicamenteuse. Si auparavant les premières molécules de la tacrine faisaient leurs preuves, les effets secondaires ont eu des influences désolantes sur leur consommation. Finalement, elle a été retirée du marché pharmaco-médical. Pour l’instant, suite à ces récentes découvertes, quatre médicaments sont mis à la commercialisation. Ils interviennent sur les troubles de comportement et se limitent à agir sur les difficultés cognitives sans parvenir à soigner totalement la maladie d’Alzheimer.
Les médicaments de spécialités en France
Ces médicaments inclus dans la deuxième génération font partie des deux familles, les anticholinestérasiques et les antiglutamates. Ces médicaments agissent dans les traitements symptomatiques.
Action thérapeutique des médicaments
Les anticholinestérasiques
Cette maladie dite d’Alzheimer s’explique par l’apparition de dégâts lésionnaires au niveau du cerveau de l’homme. Il y a lieu d’assister à des dégénérescences neurofibrillaires. Les lésions portent atteinte au bon fonctionnement du cerveau. C’est l’effet de la réduction de l’acétylcholine, le principal neurotransmetteur, responsable de l’activation des neurones de la mémoire communicative. Le rôle des anticholinestérasiques consiste à réduire la dégradation de ladite molécule. Effectivement, ce médicament a démontré son succès car les soignants perçoivent des améliorations palpables concernant les attitudes comportementales du malade. Cependant, la mémoire ne s’est pas relevée. Les anticholinestérasiques intègrent trois éléments dont donépézil, galantamine et rivastigmine. Toutefois, la consommation de ces médicaments accuse des effets secondaires indésirables comme des diarrhées ou nausées et des fois des pertes d’appétit.
Les antiglutamates
Ayant été mise en vente au cours de l’année 2002, la classe des antiglutamates ne présente qu’un médicament soit la mémantine. Il sert à aider les malades parvenus à des stades plus avancés de la maladie d’Alzheimer. Son action thérapeutique est d’intervenir pour arrêter la réception de glutamate afin d’éviter ou de limiter les excitations d’origine toxique du système nerveux. Ce qui freine la disparition des facultés cognitives du sujet ou même d’y apporter des améliorations suivant les cas. La tolérance de ce médicament est notée chez beaucoup de patients.
Mesure sociale entreprise pour faire face à la maladie d’Alzheimer
Malgré l’existence des traitements médicamenteux à longue durée, la maladie n’est pas pour autant guérie. Des améliorations peuvent apparaître suivant les cas, mais la guérison totale demeure des illusions. En France, la Haute Autorité de Santé trouve que (40%) quarante pour cent des victimes sont sous antidépresseur en sus de leur traitement normal.
Si la prise de médicaments ne suffit pas pour améliorer l’état des malades, il faut reconnaître qu’elle aide leur famille et les soignant dans leur action. En effet le rôle des proches sont très importante car la proportion de malades traités à domicile en France s’élève à (60%) soixante pour cent. Les approches familiales et sociales non médicamenteuses se déclinent en traitements rééducatifs et cognitifs. Leur efficacité réside dans l’affect de la part de l’entourage. Mais c’est limitatif. Néanmoins, cette stratégie n’exclut pas la responsabilité des centres hospitaliers
Chapitre 2 Les échanges infirmiers/patients et les problèmes rencontrés
Les liens typiques qui rapprochent les deux camps du malade et du soignant méritent d’être approfondis avant de savoir l’impact de l’affect dans leurs échanges.
Sections 1 Les types de relations dans la fonction de l’infirmier
L’article 2 du décret 194 du 11 février 2002 attribue aux infirmiers des fonctions nobles qui ne se limitent pas à des soins d’ordre technique mais en plus ils ont des activités de nature poussée en relation. De cette loi, il ressort deux rôles bien distincts pour le paramédical. A chaque acte correspond un type de relation. Au point de vue technique, il s’agit de procurer les soins quotidiens médicamenteux. Et d’autre part, c’est prendre en sa charge et cela d’une manière personnalisée, chaque malade. Les difficultés consistent à distinguer les besoins du patient à travers ses attitudes et de s’ y adapter au cas échéant.
Les relations techniques et thérapeutiques
Il fait partie des attributions basiques du soignant de donner régulièrement aux malades, les médicaments prescrits par le psychiatre traitant. Cette fonction d’ordre technique doit être exécutée sérieusement. De plus, des soins corporels doivent être intimées aux patients pour leur bien être personnel. Souvent, l’accomplissement de ces travaux quotidiens heurte à des problèmes relativement difficiles. Comme la maladie atteint le cerveau, le malade reste à capacité limitée. Le contact physique matérialisé par les médicaments et les soins est fragilisé. Il exige de la part du soignant un affect proportionnellement développé en fonction de chaque cas. Le malade va-t-il accepter d’avaler son médicament ? Consentira-t-il de coopérer pour ses soins corporels ? Si des refus se manifestent, comment faire ? Il appartient au paramédical de personnaliser ses contacts physiques et matériels.
Les relations interpersonnelles d’assistance et d’aide
Les relations d’aide et d’assistance sont importantes car ce sont des malades à capacité réduite. Cependant, une activité excessive de la part du soignant risque de se transformer en relation d’attachement et même en une affectivité dépassant le professionnalisme habituel. Pour bien comprendre les relations du type aide et assistance, l’on va rappeler les caractères symptomatiques de la maladie. C’est la mémoire du malade qui est touchée. Cette altération diminue progressivement l’aptitude de la personne à apprendre et surtout à se rappeler des paroles ou informations diverses qu’elle vient d’entendre. D’autres perturbations relatives au langage et aux actions motrices peuvent survenir sans qu’il y ait altérations des organes de toucher, de vue ou de l’odorat. Le patient a besoin d’assistance d’aide pour la prise des médicaments, sa nourriture et sa tenue quotidienne dans sous une toilette normale.
Par ailleurs, la difficulté voire l’impossibilité d’identification ou de reconnaissance des objets les plus élémentaires se révèle plus fréquemment. L’attitude abstraite, l’inexistence de l’organisation temporelle, sont aussi apparentes. Par conséquent, l’ensemble de ces déficits cognitifs et comportementaux exige de la part du soignant un dévouement profond, une disponibilité inconditionnel vis-à-vis du malade. Il a besoin d’être assisté et aidé dans tous les aspects de sa vie, aussi bien dans le cadre physique, moral, spirituel et surtout au niveau des traitements appropriés à son cas.
Les relations de dépendance
Cette relation trouve sa définition dans l’incapacité du patient à accomplir tout seul des actes menus de nature physique ou mentale de la vie quotidienne comme l’a dit Leroux en 1990.
Ce type de relations découle de la relation d’aide et d’assistance ci-dessus explicitée. Comme le malade n’est pas en mesure de réfléchir ni d’effectuer les moindres tâches, il doit attendre son assistant. Cela veut dire qu’il ne peut survivre qu’aux dépends de ce dernier. C’est l’assistant qui lui rappelle à tout moment ce qu’il doit faire, ce qu’il doit manger ainsi de suite et comment s’y prendre… Tout dépend de soignant.
En centre hospitalier, les patients sont nombreux. Dans ces conditions, un infirmer s’occupe de plusieurs malades. Il en résulte qu’il lui est impossible d’allouer plus de temps à un malade donné par rapport aux autres. Cependant, en maladie d’Alzheimer, les choses semblent différentes. Le malade a besoin que l’infirmier lui réserve plus de temps et d’accompagnement vu son état de dépendance permanente .Le soignant doit comprendre cette situation grâce à un affect poussé. Les attitudes du soignant sont guettées par le malade. Il a peur que l’infirmier le traite durement.
Les relations d’orientations
Ce type de relations résulte toujours de la déficience de la mémoire du malade. Le paramédical doit intervenir pour lui indiquer les lieux, le temps et même les activités à faire à tout moment. Il faut lui montrer sans cesse où il va manger et quand il va dormir car il ne peut se retrouver ni se repérer dans l’espace et le temps.
Les relations de prise en charge
Faisant suite aux relations d’aide et d’assistance ainsi qu’aux relations d’orientations et de dépendance, intervient la relation de prise en charge. Ce type de relation soulève et cherche à solutionner les problèmes issus de l’acceptation de l’infirmier à faire tout ce qui est nécessaire sans distinction de tâches de tout ordre, quelque soit les conditions environnementales et sociales du malade et quoi qu’il en résulte. En effet, il se peut que le malade lui lance des méchancetés et refuse carrément les soins et les instructions à suivre, alors, l’infirmier tache de trouver tous les moyens pour parvenir à ses fins. Ce qui n’est pas facile sans avoir un affect, un dévouement inflexible. Il fera appel à toutes ses capacités physiques, morales, intellectuelles et humaines.
Les relations d’affectivité
Comme l’humeur du malade présente en permanence de l’agressivité et de dépression, il lui arrive de se sentir abandonné tout seul et demande de la présence humaine à ses cotés. Toute intérêt à la vie lui semble enlevé. Et cette impression de vide le fait pleurer des fois. Le soignant doit le consoler et lui redonner goût à la vie, le raisonner tout en sachant qu’il va l’oublier sans tarder. Cet effort des fois surhumains, demandé au soignant exige de lui un dépassement de soi même. Car, il ne faut pas oublier que le soignant est aussi un être humain social qui a ses soucis personnels et ses limites physiques.
Les traits caractéristiques des relations
Les relations doivent être personnalisées. Chaque malade est unique. Le degré d’aide et d’assistance, le niveau de dépendance indiquent l’intensité et la profondeur des liens tissés entre le soignant et le soigné. Un excès de zèle est dangereux car non seulement, il risque d’attacher la malade au-delà des limites professionnelles, mais encore cela peut créer des perturbations relationnelles et interpersonnelles des soignants entre eux. Dans ces conditions, l’expression de l’affect doit être balancée équitablement pour limiter les impacts.
Section 2 L’affect réciproque installant une compréhension mutuelle et un climat de confiance.
Les obligations de l’infirmier
Les obligations de l’infirmier se divise en deux grandes catégories comme il a été vu précédemment :
– Les devoirs techniques de soins quotidiens et les responsabilités thérapeutiques et médicamenteux
– les devoirs relatifs à la prise en charge du malade
Ces obligations professionnelles créent des relations spécifiques entre le soigné et le soignant.
L’affect émanant du soignant
Les paragraphes suivants s’efforcent d’analyser les sentiments de l’infirmier dans l’accomplissement de ses devoirs.
Je trouve qu’il n’est pas facile de se comprendre. Néanmoins, le comportement le plus efficace, à mon avis est de faire preuve d’un dévouement profond pour assurer avec douceur et empathie les exigences de cette profession. Exécuter sans me plaindre les tâches les plus dégradantes exprime mon affect.
Importance du premier contact
Pour faciliter au mieux les relations, il faut d’abord établir un climat confiant avec le soigné dès le premier contact. Comme les centres hospitaliers organisent le travail de façon tournante, les infirmiers soignant ont intérêt à porter plus d’attention à ce premier pas. C’est à ce stade que le malade est le plus vulnérable. Il va changer de monde et d’entourage. L’anxiété le tourmente plus que jamais. Il s’agit ici de l’anxiété due aux modifications du milieu. Cela implique un isolement et un vide étant donné l’absence du caractère familier. L’affect de l’infirmier se manifeste ici par des essais de communication verbale, de gestes affectifs et non blessant à l’endroit du patient. Cette première rencontre va éveiller en son for intérieur un ressenti qui le pousse à agir avec attention malgré les agitations, l’instabilité les humeurs dépressives de son malade. Pour l »infirmier c’est décisif. Pour le patient, ce premier contact lui fait peur et son comportement anxieux est normal.
Je souligne que mes émotions prouvent que je considère le malade comme étant un être humain et non un objet quelconque. C’est un point fort dans les relations futures soignant/soigné. Toutefois, savoir gérer et ménager ses émotions est plus délicat. La recherche du bon milieu et de la distance adéquate par rapport au malade nécessite des expériences médicales et des vocations cognitives.
Interférence de la vie personnelle et de la vie professionnelle
Les facteurs personnels sont susceptibles de changer l’affect réciproque. A mon avis, il faut éviter au maximum de répercuter les soucis familiaux sur la vie professionnelle. Mais est-ce toujours possible ? Des fois et malgré ma bonne volonté, je me sens trahi. Je ne suis pas le seul d’ailleurs. « On peut essayer de cacher mais bon, les patients le verront automatiquement », « même si tu ne le dis pas, ça se voit à ton non verbal, faudrait vraiment être fort pour que ça ne se voit », disent les collègues.
Les autres collègues ont aussi leur façon de voir les choses « les problèmes personnels n’ont pas forcement un impact sur le travail mais sur le reflet que l’on renvoie au patient » et « tu vas peut-être pas y penser en début de journée et puis au fil du temps, tu vas être dans ton travail, et ne plus y penser, tu y repenseras quand tu sortiras ».
Certains parviennent à dissimuler leurs problèmes personnels. Comme l’explique l’infirmier M : « J’arrive bien à faire la part des choses, faudrait vraiment que ce soit un gros souci pour que ça me perturbe. En général j’arrive bien à scinder les deux ».
Par contre, d’autres ont laissé tout voir à contre coeur « Moi personnellement, je n’y arrive pas. Obligatoirement ma vie personnelle reste toujours là ». Toujours est-il que les moindres gestes déplacés, le ton mal mesuré, un mot mal placé, tout cela suffit à démolir d’avance tout lien de confiance et de confidentialité. Une disponibilité totale et un détachement significatif par rapport à la vie personnelle quand on est en milieu professionnel, facilitent aussi la tâche. Il faut éviter de laisser voir son stress et sa fatigue aux yeux de son patient car il risque de se refermer sur lui –même dans le futur.
La réaction et la réceptivité du malade
Face à cet effort sérieux de la part du soignant, comment réagit le malade ? Son comportement cognitif est en troubles. Il n’est pas juste de le blâmer. Il est certain que le malade ne peut exprimer la moindre gratitude. Mais d’autres cas peuvent se présenter. Il est difficile à vivre, vulnérable et même désagréable mais non décourageant. Mais il fait partie de ma fonction de découvrir à travers son regard et ses gestes, son moindre désir.
L’affect de patient décliné en réactions positives
Du moment qu’il accepte la présence du soignant à ses cotés, c’est déjà une expression de son affect. Il comprend alors qu’il n’est pas perdu et que l’on est en train de s’occuper de lui. Son degré de réceptivité n’est pas véritablement mesurable. Seuls quelques indicateurs sont repérables à travers ses regards, ses touchers. On peut aussi considérer le fait de prendre son médicament et d’accepter les soins menus journaliers comme un pas positif. La compréhension est mutuelle. L’atmosphère de confidentialité s’établit petit à petit. L’affect du patient se traduit par ses gestes et ses mots.
L’affect en réactions négatives
De plus le fait qu’il recherche la compagnie d’un infirmier donné ne manifeste pas toujours un effet positif. Un choix s’inclinant sur un infirmier se décline en rejet d’autre soignant. Ici, il faut remarquer la méfiance. Ne reconnaît-il pas le soignant en tant qu’un bienfaiteur en sa faveur ? Si jamais, le cas échoie, il se referme et refuse définitivement l’intervention de l’infirmier en question. Sera-t-il possible de lui demander de faire des efforts ? En revenant sur les effets des traitements médicamenteux, il y a de l’espoir à ce que la vitesse d’évolution de la maladie soit réduite et qu’une amélioration dans le comportement se perçoit. Ce qui demande beaucoup de patience.
Partie 2 Les facteurs influençant les relations
Les relations entre la victime de la maladie d’Alzheimer et l’infirmier soignant sont catégorisées en plusieurs types selon le chapitre précédent. L’affect réciproque et positif instaure un plateforme ambiant qui facilite les soins. Effectivement, ces relations tantôt chaleureuses, tantôt stressantes varient suivant des facteurs déterminants. L’apparition d’autres maladies peut aggraver les cas. Le climat changeant influe les humeurs. Cependant, à mon avis, parmi ces facteurs, c’est la communication qui détient la clé de la bonne relation entre soignant et soigné.
Chapitre 1 La communication verbale
La communication se définit comme un processus à l’aide duquel le malade établit un lien avec le soignant pour adresser ses requêtes, ses suggestions et ses besoins ainsi que pour échanger avec lui, des idées ou des propos positifs ou négatifs mais aussi des connaissances. Elle sert à montrer des émotions ou des ressentis, voire de l’affect tant par des paroles ou des mots, du vocabulaire et surtout de la façon dont on les prononce
Section 1 Les circonstances de la communication verbale
Les dimensions de la communication verbale
Communiquer est un verbe né au XIVème siècle dans la grammaire française. Le dictionnaire Le Petit Robert explique qu’étymologiquement ce verbe veut dire mettre en commun ou encore communier. Peu à peu, avec l’évolution de la langue française, le sens du mot communiquer engloba aussi les verbes « échanger » et « transmettre ».
La caractéristique importante de l’humain selon Jacques Lacan, est qu’il parle, l’Homme est un « parlêtre »20. Cette communication verbale revêt deux formes : la parole et l’écriture. La parole : élément essentiel, autorise l’échange : que le soignant explique le soin (pour vous aider à dormir) que le patient comprenne le pourquoi du soin et accepte de participer à l’acte (veut dormir – prend le médicament) et instaure par la meme occasion un climat de confiance.
Le besoin de communiquer
Il est évident que l’homme ne peut pas vivre sans communiquer autour de lui et ceux qui ne peuvent le faire, qui le font mais sans arriver à leurs fins, en éprouvent beaucoup de souffrance, de frustration et de détresse. La communication joue alors un rôle primordial dans la vie de tous les jours et spécialement dans le traitement d’un patient surtout en milieu psychiatrique. Que ce soit du coté du soignant, que du soigné, la perception de la communication est au meme niveau.
Une infirmière exerçant aux Etats Unis, Virginia Henderson, définit la nécessité de communiquer autour d’ elle « une nécessité vitale que la personne doit satisfaire afin de conserver son équilibre physique, psychologique, social ou spirituel »18 D’où plusieurs recherches sur le concept de la communication. Les théories premières sur la communication disent qu’elle est simplement un transfert d’une information depuis une source qui envoie vers une cible qui doit recevoir sans autre fonction ni interaction. C’est le concept dit télégraphique.
En milieu psychiatrique médical, le patient est isolé de sa famille et de son environnement familier. Sa tendance à communiquer pour justement, satisfaire un besoin vital de relation se reporte sur son soignant notamment dû à son statut de malade et son internat à l’hôpital. Le patient communique au soignant son souhait pour un meilleur traitement. Il lui transmet ses ressentis, et surtout ses souffrances dans le but d’être compris, et entendu. Il veut lui passer ses objectifs qui tendent vers l’espoir de guérison. Par la suite, ce dernier sera au centre même de la vie du patient et des relations tissées par des communications et des échanges se noueront autour de ces deux êtres.
Les techniques de communication verbale en psychiatrie
Par la communication verbale, lorsque le patient est en mesure de comprendre les mots, le patient s’ouvre à son soignant et inversement. Les deux parties sont amenés à faire montre de leur personnalité : gentillesse, fermeté, compassion, dégoût…Mais aussi leurs émotions : douleur, acquiescement, pardon, suffisance, et donner des informations. Il s’agit donc d’une relation sociale qui se développe dans la situation de soins. Cette relation communicative verbale est essentielle pour que le couple patient/soignant s’amplifie et forme une équipe afin d’arriver au but de la guérison.
Ici, la dimension amabilité et patience de l’affect intervient vivement. La gentillesse doit primer quelles que soient les circonstances. Les mots utilisés sont de nature simple, nette, claire, précise et ils doivent être dits avec prévenance. Il est dangereux de rehausser le ton malgré les circonstances stressantes et obligeantes. La maîtrise de soi est une qualité principale d’un paramédical travaillant en psychiatrie. Il est important que l’infirmier l’encourage dans tout ce que le malade fait et placer des mots qui lui redonner envie de lutter.
JAKOBSON illustre cette situation en donnant les composants ci-dessous qui sera illustré par un soignant invitant son patient à prendre ses médicaments pour dormir en faisant sa ronde de nuit :
Le destinateur : Mr F. l’infirmier
Le message : prendre les médicaments pour avoir une bonne nuit de sommeil
Le destinataire : Mr Z. le soigné
Le contexte : L infirmier dit cela en éteignant la lumière dans la chambre du patient durant un tour de garde et le voyant éveillé
Le canal : c’est à dire le support pour transmettre le message : la parole qui est un code pour formuler le message – de Mr F. (gentiment mais fermement): « Mr Z. prenez vos médicaments et dormez »
Le contact ou la liaison entre l’émetteur et le récepteur qui peut être
- soit psychologique (Pour l’infirmier : Mr Z. je suis votre soignant, c’est mon travail de vous aider à vous endormir – Pour le malade : Mr F. est mon infirmier soignant, il m’aide à soigner ma maladie)
- soit physique (l’infirmier donne la pilule au patient avec un verre d’eau tout en lui disant qu’il faut qu’il les avale, le malade avale)
Section 2 Les effets de la communication verbale sur le comportement du soigné
Les réactions du malade ou le feed-back, face à la communication verbale caractérisent sa réception du message et incluent sa réponse à l’émetteur initial. Les travaux de Wiener sur la Cybernétique, sépare en deux formes le feed-back, une notion appliquée souvent en sciences sociales : le feed-back positif et le feed-back négatif.
Le feed-back positif et réactions encourageantes
Cette section analyse la façon dont le malade conçoit et perçoit la communication verbale. Dans le cas où le climat de confiance et de confidentialité évoqué dans les paragraphes précédents tient en bonne mesure, le patient reçoit positivement les instructions de l’infirmier. Il avale ses pilules et il s’efforce de se calmer pour dormir. Il reconnaît à travers les mots que c’est son infirmier et que celui-ci ne lui veut que du bien. La sensation de sécurité indique ainsi le degré de compréhension du vocabulaire transmis. Le malade réagit positivement.
L’affect du malade envers son soignant s’exprime par sa docilité. Il peut dire quelques mots simples peut être mal placés en cas d’aphasie. Mais c’est la façon de le dire qui a de valeur. Le calme, la reconnaissance maladroite, l’exécution des taches demandées sans agressivité sont des indices non mesurables de l’affect positif qu’il manifeste. Il se sent intéressant et admet d’être soigné. Sa réception est sécurisée. Il est sensible aux soins et à la communication verbale dans le cadre d’un affect réciproque. L’infirmier se sent être dans la bonne voie dans son approche. Il ne lui reste plus qu’à soutenir la qualité de cette entente mutuelle qui favorise d’ailleurs l’amoindrissement d’erreurs ses obligations.
Le feed-back négatif et les réactions négatives du soigné
Contrairement au cas ci-dessus, les réactions négatives se manifestent par des agressivités. Le malade refuse par haussement de ton de se soumettre aux instructions. Il réclame par des vociférations qui tendent à la longue à la violence. Les problèmes s’empirent. Peut-être que le manque de confiance règne en lui. Peut-être qu’il est angoissé de plus en plus. Il se peut aussi qu’il vive une très grande déception difficile à remonter par des mots. Il est aussi possible que le soignant a manqué de tactique dans sa communication verbale.
En reprenant le cas d’aphasie où il a oublié le sens des mots, c’est tolérable et le soignant n’en tient pas compte. Mais au cas contraire, le patient est vraiment parmi les cas les plus difficiles qui ne ménagent point leur vocabulaire et qui sollicitent beaucoup de compréhension. L’affect du patient et ses ressentis sont douloureux. La pénible anxiété voir phobie de sa part, l’enfouit dans une impression d’insécurité, de perditions.
Une autre réaction de la victime de maladie d’Alzheimer devant son infirmier est de rester en silence et bien qu’il soit en mesure de parler, comme s’il manifeste des signes d’incompréhension. Il demeure réservé et impassible soucieux. Si le malade se sent blessé par une incompréhension de ce qu’il exprime, sa réaction primaire est la fermeture totale sur lui-même quitte à ne plus vouloir des services dudit soignant. Ce cas n’est pas non plus facile et demande beaucoup d’empathie ;
Les mesures stratégiques
L’infirmier, face à ce feed-back négatif et par rétrospection, doit trouver d’autres moyens pour alléger les approches et changer de stratégie avec l’aide du psychiatre traitant. Une analyse s’avère pertinente à ce niveau pour pouvoir continuer le traitement. Pourquoi cette réaction ? S’agit-il d’une phase d’éruption brusque de la maladie ? Doit-il changer de vocabulaire pour s’adresser à ce malade ? L’infirmier doit revoir les conceptions probables globales du malade ; Il en est de même pour ses croyances, ses cultures personnelles, ses objectifs, et ses motivations.
Devenir un bon communicateur exige un comportement compréhensif et empathique.
Pour maintenir dans un sens d’équilibre les relations, dans la recherche d’une stabilité, il ne suffit pas de parler facilement. Il faut savoir passer et transmettre un message sinon les résultats risquent d’être à l’inverse par rapport à ses espérances La communication verbale s’intègre dans l’art des relations interpersonnelles. Il aide le patient à migrer ses ressentis ses souffrances physiques et morales à travers des mots. Des paroles aimables lui favorisent une atmosphère ambiante et une confiance mutuelle s’établit avec le soignant. L’infirmier a donc le devoir de se tenir sur ses gardes pour ne jamais envenimer la situation, ne jamais porter des jugements à l’égard du malade, ne jamais lui reprocher ses défauts, toujours le considérer comme une personne dotée de ses valeurs malgré sa façon de voir.
Chapitre 2 La communication non verbale
Si le chapitre précédent parle de la communication verbale, cette section va s’intéresser aux communications non verbales. Un malade qui ne s’exprime pas en parole pour diverses raisons ne veut pas forcément dire qu’il n’a ni d’objection ni de suggestion ni de demande. La communication non verbale fait référence à un transfert de message qui privilégie des canaux autres que la voix. En effet, les messages ne passent pas forcément par des mots mais peuvent être également s’exprimer par d’autres moyens comme des signes, des gestes ou des mimiques, voire un silence qui dévoile beaucoup plus que des paroles. Si certains malades ne parviennent pas à émettre des mots, à cause d’une forte frustration ou due à la maladie, il revient à l’infirmier qui prend en charge les patients de considérer le bien-être ou le mal-être des patients, afin de rendre l’ambiance conviviale, agréable à vivre ou propice à leur épanouissement –bien que limité-, malgré leur âge avancé et leur souffrance.
Section1 Les situations de la communication non verbale
Cette communication non verbale reflète l’état d’âme et l’émotion de la personne. N’est-il pas normal de ressentir la frustration, la tristesse ou la douleur morale d’une personne qui pleure ? Le rire, le sourire ou encore le battement des mains d’une personne ne traduisent-ils pas la joie et la satisfaction. Malgré les manques de mot ou la difficulté à parler, la communication peut toujours se faire par plusieurs moyens. La compréhension de la communication non verbale pour un infirmier en psychiatrie est d’une haute importance car il fait face à différents types de cas. En effet comme il a été vu dans les sections précédentes , il y a ceux qui se replient sur eux-mêmes, ceux qui semblent désemparés, ceux qui essaient de comprendre ce qui leur arrive et de vivre, ou de survivre malgré la circonstance.
Les techniques de la communication non verbale :
C’est ici la grâce de l’expression non verbale comme le définit Winckler, par l’envoi et la réception de message sans utiliser la parole. Il met en évidence l’importance des gesticulations, des reflets du visage, de la façon de se tenir debout ou assis ou endormi ou allongé, de la manière de regarder et de la façon d’écouter. Il suffit que deux personnes, interlocuteurs, soient en contact, visuellement ou physiquement pour faire passer un message, notamment l’affect.
- Le regard dit beaucoup sur l’état d’âme d’un patient. L’affect, incluant le sentiment et l’attitude, passe souvent par les yeux. Ils peuvent être sombres et las, évoquant ainsi la douleur morale et le chagrin ainsi que l’angoisse du patient. Par contre, il se peut aussi que les yeux soient luisants, traduisant la joie et la pleine satisfaction du malade. Les yeux ne savent pas mentir. Et il sert en psychiatrie pour connaître ce que le malade cache au fond d’eux-mêmes. Les yeux du soignant sont également scannés par le malade. Un soignant nerveux, bien qu’ils ne l’émettent pas ouvertement, peuvent frustrer le malade à cause de son regard glaçant ou manquant de tendresse.
- Par ailleurs, la position du corps sert également à lire ce que ressent un malade. Une stature affaiblie et nonchalante, évoque une attitude négative, contrairement à une stature bien droite, qui reflète l’enthousiasme ou l’agressivité du malade, soit son affect. Un soignant, qui se précipite dans l’accomplissement des tâches ou qui parait démotivé à travers ses actes, laisse des messages négatifs ou désagréables dans la tête des soignés. Ces derniers n’oseront alors pas dire ou exprimer ouvertement leur besoin, par peur ou par souci de devenir un fardeau.
- En outre, une façon de sourire, de se taire ou d’autres signes émanant du visage révèlent souvent une prédisposition à un comportement et un affect. Bien que ces réactions ne soient pas réellement palpables mais se transmettent généralement par des sensations et ressenties par intuitions, leur interprétation peu être sujette à un controverse et une discussion.
- Les pieds et les mains croisés ou encore la manière de ronger les ongles découvrent la nervosité, l’état stressé du malade. Il en est de même pour les manières non maîtrisées comme le fait de se gratter la tête ou le menton. Un sentiment de embarras ou de timidité est aisément ressenti, de part et d’autre. Bien que le soignant, soumis par la contrainte professionnelle, désire ne laisser rien paraître, des petites mimiques, certes minimes, peuvent tout détruire. Elles sont naturelles et non volontaires mais seulement dictées par l’inconscient. Ce qui les rend difficile à maîtriser.
- L’écriture ou l’art servent également à faire passer des messages. En effet, des patients peuvent transcrire indirectement ce qu’ils ressentent par leur passe-temps, afin de se soulager de la lourdeur de leur bagage émotionnel. La peinture et le dessin sont souvent déployés à cet effet.
Raison pour laquelle, il est essentiel de laisser libre cours au ressenti, en milieu psychiatrique. Savoir déployer ses gestes au bon moment et adéquatement apporte une différence palpable pour le bien-être du soigné. Un simple regard suffit pour apaiser leur solitude ou leur frustration.
Section 2 La perception du malade et la réaction du paramédical
Il faut donc considérer que le malade incapable de dire un mot n’est pas forcément qu’il n’a rien à dire. Ici se trouve donc toute la distinction de la communication non verbale. Tout mouvement d’un membre du corps peut aider à s’exprimer sans prononcer un mot. Le malade épie donc le soignant à travers cette communication non verbale. De son coté, le paramédical essaie de comprendre le malade et de deviner ses besoins par le même canal. De reste, la réciprocité de l’affect parvient à se manifester en passant par ce canal sans parole.
Une des failles de la communication non verbale se trouve dans l’incompréhension ou la mauvaise interprétation du contenu ou du message. En effet, le message à faire passer est loin d’être clair, notamment pour le cas d’un malade d’Alzheimer. Ce dernier, moralement endolori par son état instable et difficile à maîtriser, n’a pas l’esprit reposé et est toujours à l’affût du moindre soin. Il se peut alors que cet état interfère à sa perception de sa personne. Il ne saura pas exactement ce dont il a réellement besoin. Il lui sera également difficile de demander infiniment et incessamment de l’aide ou du support de la part des infirmiers. Ainsi, si le malade lui-même ne sait pas ce qu’il veut, il est assez complexe pour celui qui soigne de deviner continuellement ce que ce malade veut dire ou faire savoir, indirectement ou directement.
Le feed back positif du patient
En rappelant le cas de prendre des pilules et de se nourrir, le patient exécute s’il a compris les messages à travers gestes. En rappelant le cas de prendre des pilules et de se nourrir, le patient exécute s’il a compris les messages à travers gestes.
En cas d’aphasie, caractérisée par une « perturbation du langage », les patients s’expriment mal et perdent pratiquement leur éloquence. Le niveau de compréhension du message transmis est toujours l’acceptation d’accomplir ce qui lui est demandé. Il mange quand son repas est prêt ; il dort quand l’infirmier le lui intime ; il avale les médicaments que l’infirmier lui présente. Il fait sa toilette quand l’infirmier le lui rappelle.
Le feedback négatif traduites en réactions négatives
Ce cas est très difficile car non seulement, le malade n’exécute pas mais encore il est impossible de savoir ce qu’il a dans la tête. Seules les gestes permettent de comprendre qu’il refuse de se soumettre. Il ne prend pas ses pilules ; il ne veut pas se mettre au lit ; il n’avale point de nourriture ; il jette par terre tout ce qu’on lui présente. Les réactions violentes peuvent même survenir.
Les mesures humaines et concrètes de la part de l’infirmier
L’infirmier de service, conscient de cette faiblesse, est alors censé de déployer beaucoup plus d’effort pour connaître ce dont ce patient a besoin. Il se doit de dédoubler de vigilance pour éviter tout risque d’accident. Le manque de compréhension n’est pas à écarter mais une ouverture et une bonne sensibilité de la part du soignant constituera une différence. Face à apraxie, révélée par une « altération de la fonction motrice » l’infirmier doit faire appel à tout son affect pour ne pas s’affoler et perdre son sang froid.
Bien que le malade n’émet pas un mot, il est à même de comprendre et peut également ressentir ce qu’il y a de plus profond dans le cœur et dans l’esprit du soignant. Un regard ou une modification de la fluidité des gestes peuvent compromettre ce que le professionnel essaie de dissimuler. Certes, le traitement des malades peut peser lourd sur le cœur du professionnel mais il lui est requis de maîtriser ses ressentis tels que lassitude, démotivation, dévouement et bien d’autres. Un aperçu de la relation entre le soignant –soigné dévoile que l’interaction entre eux dépend surtout des gestes et de l’affect des deux parties.
Conclusion
Le domaine de la psychiatrie et notamment de la maladie d’Alzheimer revêt un caractère spécifique où la douleur n’est pas physique mais psychique. La délicatesse des traitements exige un important affect de la part du soignant. Certes, les médicaments existent mais leur effets sont limités .Les problèmes relationnels sont maîtrisables quand le premier contact malade /soignant a réussi à instaurer un climat de confiance entre les deux parties. Il appartient au paramédical en psychiatrie de faire preuve de beaucoup de compréhension et d’empathie car ils sont devant des cas très difficiles. Les personnes âgées ont leur valeur comme tout autre individu. Pour leurs derniers vieux jours ils méritent que l’on fasse beaucoup pour eux en reconnaissance de ce qu’ils ont enduré pour en arriver là.
bibliographie
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BIOY A., Manuel de psychologie du soin. Bréal Paris 2002
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