Durabilité et programmes institutionnels de lutte contre la pauvreté.
Durabilité et programmes institutionnels de lutte contre la pauvreté.
SOMMAIRE :
Introduction
- Programmes institutionnels de lutte contre la pauvreté : cadre logique
- Cadre théorique :
- Théorie du rattrapage : théories de Rostow, de Lewis, du développement par l’ouverture, Marxistes et indépendantistes
- Autres théories relatives : théories du développement par le bas, de l’ajustement structurel, du développement humain, du développement durable, du post-développement, de l’alter-mondialisme
- Cadre stratégique de la lutte contre la pauvreté : par le FMI et la banque Mondiale
- Limite des projets mises en place :
- Au niveau individuel et villageois
- Au niveau national : Etat
- Au niveau international : bailleurs de fonds
- Vers une stratégie durable de lutte contre la pauvreté
- Programmes adéquats aux besoins des cibles
- Equité : projets adaptés et personnalisés pour les zones desservies
- Participation et responsabilisation des pays en développement via le principe de non-indépendance aux aides extérieures
Conclusion
Introduction :
« Alors que le monde connaît une formidable redistribution de la richesse, pourquoi certains pays sont-ils toujours pauvres ? [1]». Ce questionnement reflète toute une recherche de compréhension vis-à-vis de ce phénomène, alors que les réponses ne sont pas évidentes et restent complexes. L’on se pose généralement cette question en essayant d’expliquer non seulement le fossé qui sépare les pays développés et les pays en développement, mais aussi et surtout l’écart de développement entre les pays en développement. Pourquoi certains pays ont réussi leur « take off » et d’autres pas ?
Du fait de ces écarts de développement, Wolfenson propose une nouvelle vision : « le monde à quatre vitesses, où un groupe de pays émergeants se détache du reste du monde en développement [2] », que nous allons présenter par la suite. En haut de l’échelle, se trouvent les pays traditionnellement riches, effectivement les États-Unis ainsi qu’une grande partie de l’Europe, ceux qui assurent à eux-seuls une grande part du revenu mondial depuis longtemps. Ces pays essayent non seulement de poursuivre leur développement, mais aussi et surtout de garder ce premier rang mondial face à la montée des pays émergents.
Au deuxième plan, Wolfenson présente les pays émergents, appellation regroupant quelques pays à revenu intermédiaire, notamment la Chine et l’Inde. Anciens pays pauvres, ils ont su profiter de la mondialisation et de l’économie mondiale pour se relever. Ils ne se contentent pas seulement de leur parcours mais tentent toutefois d’être les nouvelles puissances économiques, au même rang que les leaders mondiaux dans un futur proche.
Et puis, les pays à la traîne, ceux qui ont déjà entamé des périodes courtes de développement, et n’ayant pas su conserver leur croissance, ils ont stagné par la suite, voire même décliné. Ces pays se trouvant au milieu de l’échelle, ne sont classée ni riches, ni pauvres.
Et au bas de l’échelle apparaissent Les pays en stagnation ou en déclin, principalement les pays d’Afrique subsaharienne. Ces pays n’ont pas ou profiter de la mondialisation et se trouvent actuellement dans des situations vulnérables par rapport aux 3 autres classements.
Mais comment cerner la pauvreté d’un pays ? Si pour certains, être pauvre c’est disposer de moins d’1$ par jour, certains pays la qualifie comme disposer de moins de 40% du revenu moyen par unité de consommation. Bien que ces appréciations diffèrent d’un pays à l’autre, ils identifient tous le seuil de la pauvreté selon le niveau de vie. L’on constate actuellement que plus d’un milliard de la population mondiale vivent sous ce seuil. Ces pays prennent bien conscience de leur situation, plus ou moins complexe et sérieuse.
Ces pays sous-développés ont désormais tenté, depuis les années soixante de mettre en place des mesures, des programmes, qui auraient eu comme objectif l’élimination, voire même la réduction de la pauvreté. Des échecs succèdent à ces stratégies de développement à cause de multiples raisons, qu’on approfondira plus tard dans notre étude. Après de multiples études menées sur ces échecs, des ajustements et améliorations ont été apportées aux programmes de développement. Certains pays ont su bénéficier de cela, et ont pu décoller ainsi leur économie, tandis que d’autres accumulent les échecs et s’enfoncent très profondément dans la pauvreté. Certains ont connu un développement, et malgré leur incapacité de le soutenir, ils se situent à mi-chemin entre les pays riches et les pays pauvres, le cas échéant, se sont replongés même dans la pauvreté.
Bilan un demi-siècle plus tard, l’on se rend compte que la pauvreté persiste. Pourquoi ? Sachant que les programmes de développement ont été menés presque pareillement pour les pays pauvres, pourquoi certains s’en sont sortis vainqueurs, et d’autres malgré leur lutte ne connaissent pas le même sort ? Qu’est ce qui leur différencie ? Comment certains pays arrivent-ils à pérenniser leur développement, ont-ils fait appel à d’autres mesures plus considérables et plus effectives ?
Pour ce faire, allons aborder en première partie le cadre logique de la lutte contre la pauvreté, comprenant le cadre théorique où nous approfondirons les grandes théories du développement, ainsi que le cadre stratégique de la lutte contre la pauvreté selon le FMI et la Banque Mondiale.
En deuxième partie, nous discernerons les limites des projets et programmes mis en places et menés durant ce demi-siècle, au niveau individuel et villageois, au niveau national, et enfin au niveau international.
En troisième et dernière partie de notre étude, nous allons étudier les stratégies durables de la lutte contre la pauvreté, éclairant ainsi les programmes adéquats aux besoins des cibles, abordant la question d’équité dans la mesure où les projets seront adaptés et personnalisés pour les zones desservies, et le dernier mais pas le moindre, la participation et responsabilisation des pays en développement via le principe de non-indépendance aux aides extérieures.
- Programmes institutionnels de lutte contre la pauvreté : cadre théorique :
« L’économie du développement est une discipline fondée sur un objet, les processus de transformations de longue durée, et sur un champ, le Tiers Monde ou les pays en développement [3]». Effectivement, « les théories du développement se sont affirmées comme un corpus distinct dans la science économique dès lors qu’elles ont postulé l’existence de spécificités communes à un ensemble de pays, en même temps qu’elles ont adopté l’idée que le développement ne se réduisait pas à la croissance [4]».
Mais, comment fonctionnent-ils ces programmes afin de réduire la pauvreté d’un pays quelconque ? Sur quelles théories se repose-t-il ?
D’après Albert O. Hirschman, « sur le plan de la théorie économique, les diverses théories du développement reposent sur deux postulats fondamentaux. Ces deux postulats théoriques fondamentaux sont ce que j’appelle le rejet du principe mono-économiste et l’affirmation de celui de la réciprocité des avantages[5] ».
D’une part, le rejet du mono-économisme s’identifie à la prise en compte des différences de situation des pays du tiers monde et des pays industrialisés. Ceci implique que les programmes de développement à la base fondés sur la situation des pays développés, doivent faire l’objet de remaniement et modifications, s’adaptant ainsi aux conditions existantes dans les pays « pauvres ». La lecture de la réduction de la pauvreté sur la base d’un seul concept n’aura plus lieu.
D’autre part, l’affirmation du principe de la réciprocité des avantages, sous-entend la réorientation des rapports économiques existants entre les deux groupes de pays vers la jouissance respective de profits. Les nouveaux regards sur les programmes de développement porteront de ce fait sur l’harmonie des avantages, mais non concentré sur ceux des pays riches.
Figure : Typologie des théories du développement[6]
Selon A.O. Hirschman, deux positions du tableau ci-dessus correspondent aux possibilités de développement du tiers monde, et ce sont les systèmes homogènes : la théorie néoclassique (se basant sur les concepts mono-économistes et la réciprocité des avantages) et le néomarxisme (ne prenant en compte ni le mono-économisme, ni la réciprocité des avantages). Tandis que les deux autres, le Marxisme et l’économie du développement contemporain, ne répondent pas aux critères de cohérence des politiques de développement, en ne respectant qu’un seul des 2 conditions. De ce fait, ils présentent plus de risques internes d’instabilité et se voient mal adaptés aux situations des pays pauvres.
Ces théories du développement se divisent en deux grands groupes selon les périodes de leur élaboration : les théories traditionnelles et les approches contemporaines.
- Les théories traditionnelles du développement économique :
La littérature d’après-guerre sur le développement économique a été dominée par 4 grands courants de pensée, souvent concurrents[7] : la théorie des étapes de la croissance, les théories du changement structurel, les théories de la dépendance internationale ainsi que la théorie libérale.
- Théorie des étapes de la croissance :
La deuxième guerre mondiale a largement bouleversé l’économie mondiale, les théoriciens économistes du développement des années 50 et du début des années 60 s’envoient inspirés, identifiant ainsi le processus de développement à une série d’étapes successives de la croissance économique, passage obligé de tous les pays.
Effectivement, après la guerre, voulant comprendre la situation des pays pauvres, les pays développés ne disposaient pas encore d’appareil conceptuel d’analyse de croissance. Ils sont toutefois conscients grâce à leurs expériences, tous les pays industriels modernes avaient dans un premier temps débuté par le développement des exploitations agricoles. Et ils se demandent pourquoi leur expérience n’a pas inspiré ces pays en besoins, notamment l’Asie, l’Afrique et l’Amérique Latine?
La théorie des étapes de la croissance englobe deux grands théories, dont le modèle de Rostow et le modèle de croissance de Harrod-Domar, que nous allons aborder respectivement.
- Modèle de Rostow :
Selon Rostow, le développement s’identifie à une succession de 5 étapes dans un processus historique linéaire et universel. De ce fait, le sous-développement ne serait qu’un retard, autrement dit, les PED aujourd’hui sont le passé des pays développés alors que ces derniers sont leur avenir[8]. Ceci revient à dire que tous les pays seraient en train de parcourir le même chemin, mais en sont à des étapes différentes de son développement.
Par opposition au marxisme de l’école allemande, il s’est largement inspiré de la théorie des stades de l’école capitaliste, comme suit.
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Figure : Théorie des stades et ses prolongements[9]
D’où les 5 étapes de développement de Rostow, ci-dessous :
Figure : 5 étapes de Rostow[10]
Selon lui, la stratégie de développement la plus efficace en vue de permettre à un pays en retard de décoller sera la mobilisation de l’épargne domestique et étrangère dans un très court terme. Ceci aboutira sur le moyen terme à générer un investissement suffisant pour accélérer la croissance économique. Le modèle est alors largement tributaire des variables technologiques que des institutionnelles.
Rappelons-nous que la phase « take off » repose sur quatre conditions[11] :
- la constitution d’un capital social et l’introduction du progrès technique dans l’industrie et l’agriculture, le relèvement du taux d’investissement qui en résulte (de 5 à 10% du revenu national, voire davantage) est alors suffisant pour déborder la pression démographique;
- l’émergence de plusieurs secteurs moteurs à forte croissance (rôle d’entraînement des chemins de fer) ;
- un cadre politique qui favorise le décollage en rationalisant les achats de produits à l’étranger et en donnant un caractère permanent au processus de croissance;
- et, une productivité du travail qui atteint 2% par an. C’est la totalité des niveaux atteints par quelques indicateurs-clés de la comptabilité nationale (les niveaux de productivité, les taux d’investissement et de croissance sectoriels…) qui deviennent le critère de démarcation décisif pour repérer les différents stades.
- Le modèle de croissance de Harrod-Domar (1939, 1946)
Ce modèle de Harrod-Domar se ressemble sur certains points à celui de Rostow. Cela se repose surtout sur le concept : « sans épargne, sans investissement, donc pas de croissance possible ». Selon lui, toute économie doit passer par la case « épargne », c’est-à-dire ne pas consommer une certaine proportion de son revenu. A moyen terme, cela engendrera une augmentation du stock de capital, qui alimentera par la suite l’investissement.
Le modèle Harrod-Domar, ou modèle AK est ainsi considérée comme le mécanisme économique par lequel plus d’investissement conduit à plus de croissance. Qu’en est-il du modèle proprement dit?
Figure : Modèle de Harrod-Domar[12]
Pour chaque pays qui veut connaître une croissance, ils doivent épargner et investir une certaine proportion de leur PIB. L’industrialisation est alors un passage obligé. Et plus les pays épargnent et investissent, plus ils croîtront à grande vitesse. Cette implication de l’Etat dans les démarches de croissance du pays est dénommé l’interventionnisme.
Selon Harrod-Domar, les mécanismes de sortie de la pauvreté passent par la croissance économique en essayant d’augmenter l’épargne nationale et l’investissement. De ce fait, il a cerné l’obstacle majeur au développement des pays pauvres, qui s’assimile au faible niveau de l’accumulation du capital. Le cas échéant, on peut combler le déficit d’épargne d’un pays à travers l’aide extérieure ou l’investissement étranger.
Qu’en est-il des théories du changement structurel ?
- Les théories du changement structurel :
Pour ce courant de pensées, les théories se basent entièrement sur la nécessité de la transformation structurelle du pays sous-développé. Effectivement, le développement se matérialise par le passage d’une économie traditionnelle de subsistance à une économie moderne diversifiée et urbanisée.
Elles font appel aux outils de la théorie néoclassique des prix et de l’allocation des ressources, ainsi que de l’économétrie afin d’expliquer ce processus de transformation, en ne citant que les cercles vicieux de Nurske, le modèle de Lewis.
- Approche du cercle vicieux de Nurkse :
Nurske, précurseur de l’analyse du cercle vicieux de la pauvreté et du sous-développement s’est largement inspiré du modèle de take off de Rostow sur la nécessité de financement extérieur, vu que la faiblesse de l’épargne empêche le développement ; du modèle de croissance de Harrod-Domar, vu que la capacité d’épargne d’un pays sous-développé n’est pas entièrement utilisé pour l’investissement à cause de la fuite de capitaux. Selon lui, « un pays est pauvre parce qu’il est pauvre [13]» (1953).
D’où son modèle montrant la multi-dimensionnalité du développement, regroupant ainsi les facteurs tant économiques, que sociaux et culturelles.
Figure : Cercle vicieux de la pauvreté de Nurske[14]
La notion de « cercle vicieux » de la pauvreté renvoie à la perpétuité de celle-ci dans le cas où le pays ne mette pas en œuvre les mesures nécessaires pour en sortir. Pour ce faire, le pays doit avoir recours aux capitaux étrangers, qui vont permettre l’accroissement du stock de capital, de la productivité, des revenus, voire même de la demande.
- Le modèle de Lewis (1954) :
Lewis s’est inspiré largement des théories du développement centré sur la transformation structurelle d’une économie de subsistance de Nurske. Le « dualisme » de Lewis en découlant, affirme que l’économie sous-développée s’explique par la coexistence de deux secteurs : le secteur traditionnel et le secteur moderne, qui se diffèrent par les techniques de production et les formes d’organisations. La structure de développement de Lewis, étant en cohérence avec les modèles de Rostow et Harrod Domar, se base sur l’articulation fonctionnelle du travail du secteur traditionnel au secteur moderne. Indéniablement, le secteur traditionnel présente une offre illimitée de main d’œuvre, que le secteur moderne va absorber par la suite.
Figure : Surplus de travail dans la ferme familiale[15]
Cette figure modélise la théorie que la production d’une ferme familiale présente des rendements décroissants du travail vu que la dotation en terre est fixe. De ce fait, la croissance de la main d’œuvre génère le chômage déguisé, et la tendance du salaire à la nullité, théoriquement quand le produit marginal du travail est proche de 0. Ce phénomène est dénommé « asymétrie organisationnelle ».
Figure : Modèle de Lewis[16]
- Théorie de la dépendance :
Ces théories se reposent sur le rôle que joue l’extérieur sur le pays, en ne citant que la pression, la colonisation, l’imposition des politiques de sortie de crise … Elles supposent que l’étude seule des facteurs internes au pays ne suffit pas à expliquer son sous-développement ainsi que la persistance de sa pauvreté. Allons cerner le modèle de dépendance néocoloniale et le modèle du faux paradigme.
- Modèle de dépendance néocoloniale :
Ce modèle influencé par le Marxisme, affirme que la domination d’une majorité de pays pauvres par une minorité de pays développés rend difficile voire impossible toute tentative de développement.
Ainsi, le sous-développement est aussi tributaire de l’extérieure, et considéré telle une conséquence de la colonisation qu’un retard de développement. Il est modélisé par les théories d’étapes linéaires et structuralistes.
- Modèle du faux paradigme :
Ce modèle théorise la persistance du sous-développement en tant que conséquence directe des conseils d’experts internationaux mal informés, et qui s’avèrent inappropriés à la situation réelle du pays en question.
En plus de cela, les modèles traditionnels ne peuvent solutionner la défaillance du marché existante, la formation des élites du Sud ou élites locaux accentuent fortement les erreurs des pays pauvres, les pays développés proposent des politiques de développement plus orientés sur les mesures quantitatives aux pays en développement, bâclant ainsi les structures institutionnelles dont elles dépendent.
- La contre-révolution libérale :
Ce courant de pensée affirme la corrélation positive entre la liberté et le développement. Il repose essentiellement sur 3 approches fondamentales :
- Approche du libre marché :
Cette approche sous-entend que l’ouverture du marché est le seul moyen de sortir de la pauvreté. Effectivement, cette ouverture permet l’accroissement des ressources complémentaires dans un premier temps, ainsi que l’accumulation du capital via l’épargne, et du revenu par habitant dans un futur proche.
- Approche « public choice » :
Dans ces pays pauvres, l’Etat ne peut assurer à lui seul son développement malgré une mauvaise allocation des ressources et la réduction de la liberté individuelle. De ce fait, il faudrait primer la privatisation du marché afin d’accélérer la relance économique et induire un niveau de revenu supérieur à la population. En somme, il faudrait éliminer le monopole du marché, externaliser les productions et consommations.
- Approche « market friendly » :
Vu que les imperfections du marché conduisent à la persistance de la pauvreté dans les PVD, il faudrait que l’Etat puisse faciliter le fonctionnement des marchés par des interventions non sélectives. Pour ce faire, un traitement des problèmes au cas par cas serait les bienvenus.
Après avoir bien cerner les théories traditionnelles du développement, contournons les approches contemporaines.
- Les approches contemporaines du développement et du sous-développement:
« Le développement économique est à la fois un objet d’analyse et une pratique (les politiques ou les actions dites de développement) ». Selon le champ d’analyse (théorique, terrain ou action), les préoccupations des économistes diffèrent allant de l’exigence d’une «approche rendant compte de la spécificité et de la complexité de situations concrètes » (pour les actions de développement), à une « exigence de cohérence, de conceptualisation, de questionnement dans un cadre analytique cohérent permettant d’élaborer des tests ». D’autre part, il apparaît que « le développement économique est un objet complexe caractérisé par des interactions entre différentes variables. L’interprétation de cette totalité et la compréhension de son sens supposent un dépassement de la discipline économique. Au contraire, la méthode scientifique analytique fondée sur un découpage d’objets complexes en éléments simples et la réfutabilité des démonstrations, suppose une méthodologie précise et une délimitation de son champ de validité à partir du découpage de la réalité en modèles ou secteurs »[17].
Les modèles néoclassiques n’ayant pas pu répondre positivement aux exigences de développement des pays pauvres se doivent d’être remis en question via les approches contemporaines, et ainsi complétés.
Afin de mieux approfondir ces approches, allons cerner respectivement la nouvelle théorie de la croissance endogène, le sous-développement comme échec de coordination, les équilibres multiples, ainsi que le Big Push.
- La nouvelle théorie de la croissance: croissance endogène :
Inspirés des modèles néoclassiques, cette théorie s’apparente à la recherche des rendements croissants. Pour ces théoriciens, les facteurs de croissances diffèrent d’un pays à un autre, il faudrait donc confectionner des politiques de développement sur mesure pour chaque pays en besoin.
Figure : Modèle de Romer[18]
- Le sous-développement comme échec de coordination :
Echec de coordination s’identifie à la situation où chaque individu, ou seulement une partie, d’un système instauré n’arrivent pas à coordonner leurs actions, supposées complémentaires. De ce fait, le bien-être de tout un chacun se base sur la causalité circulaire, se voit compromis par la coordination, et se voit satisfait par l’accomplissement des rôles respectifs des acteurs.
- Equilibres multiples :
Vu que la principale cause de la pauvreté soit le déséquilibre de plusieurs facteurs de développement de chaque pays, il faudrait assurer alors de multiples équilibres.
- Initier le développement : Big Push :
La notion de « Big push » peut être assimilée à l’intervention de l’Etat dans la politique de développement, à cause des défaillances du marché. Pour ce faire, l’Etat aura pour rôle de favoriser l’industrialisation de l’économie sur plusieurs filières. Pratiquement, le secteur de l’industrie se dépend entre eux, allant de la fabrication de matières premières vers celle des produits finis.
- Analyse d’exemple de programmes et politiques de développement :
Selon le point de vue de l’OCDE, les politiques de développement s’expliquent par 5 domaines afin de contribuer à soutenir la croissance, dont [19]:
- L’accumulation correspond aux investissements effectués par exemple dans les infrastructures et le capital humain (éducation, compétences et santé), et dont les bénéfices n’apparaissent parfois qu’après plusieurs années. Par nature, l’investissement consiste à sacrifier la jouissance immédiate de certaines ressources afin d’en tirer un profit plus grand dans l’avenir. Le promouvoir exige une vision à long terme, de la part des pouvoirs publics comme du secteur privé. L’innovation renvoie à ce qui est nouveau (objets et façons de faire les choses) et, en particulier pour les pays en développement, à l’imitation.
- L’innovation ne se résume pas aux inventions, telles que la lampe à incandescence ou l’iPhone, comme on le pense souvent. Elle consiste aussi à concevoir de nouveaux systèmes et processus dans tous les domaines, de l’agriculture au management, et à tirer les leçons de ce que font les industries des autres pays. La Chine et l’Inde y ont excellé : ces pays « importaient les connaissances du reste du monde et exportaient ce dont il avait besoin », écrit la Commission sur la croissance. Ces transferts de connaissances empruntent différentes voies : un pays peut notamment envoyer ses citoyens se former à l’étranger ou encourager l’investissement direct étranger (en substance, inciter les entreprises étrangères à s’implanter sur son territoire).
- L’affectation consiste à laisser les forces du marché jouer leur rôle dans la façon d’utiliser les ressources, plutôt que de s’en remettre à des décisions centralisées. Ainsi, à mesure qu’une économie évolue, certaines industries stagnent et deviennent moins pertinentes : leur apporter un soutien peut empêcher l’apparition d’entreprises plus nouvelles et productives. Cette «destruction créatrice » a évidemment un coût, notamment les emplois perdus dans les secteurs qui ne sont plus viables. Les dispositifs de protection sociale (assurance-chômage, soins de santé et reconversion) peuvent faciliter de telles transitions.
- La stabilisation revient à se protéger de l’inflation, des fluctuations soudaines des taux de change et de l’imprévisibilité du fardeau fiscal. Face à de telles incertitudes, individus et entreprises réagissent rationnellement en retardant l’investissement. Disposer d’institutions solides peut grandement contribuer à stabiliser l’économie. Par exemple, on considère généralement qu’une banque centrale politiquement indépendante est un facteur clé pour respecter les cibles d’inflation. De même, la confiance accordée aux banques incite les individus à leur confier leur argent, au lieu de le garder sous leur matelas ou sous la forme de bijoux : leur épargne peut ainsi se transformer en prêts aux entreprises et aux entrepreneurs.
- L’inclusion consiste à miser sur l’ensemble de la population pour favoriser la croissance et à gagner son appui politique en veillant à ce que personne ne se sente exclu. Or, dans de nombreux pays, la moitié de la population – les femmes – est souvent exclue de l’activité économique. L’exclusion peut aussi toucher les personnes vivant dans certaines régions ou les membres de certains groupes sociaux ou tribus. En conséquence, ces personnes peuvent estimer à juste titre qu’il y a peu de raisons de soutenir les stratégies de croissance. De solides institutions peuvent contribuer à l’inclusion en s’assurant que les divers groupes de la société sont traités équitablement et ont accès aux opportunités qu’offre l’économie, et ce, au vu et au su de tous.
- Description :
- Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD 2010 pour 2015):
Selon SHA ZUKANG, Secrétaire Général Adjoint aux Affaires Economiques et Sociales des Nations Unies « La Déclaration du Millénaire représente la promesse la plus importante jamais faite aux populations les plus pauvres du monde. Le cadre de responsabilisation des OMD qui découle de cette déclaration a engendré un niveau sans précédent d’engagements et de partenariats pour permettre à des milliards d’individus de mener une vie décente et plus saine et pour créer un environnement qui contribuera à la paix et la sécurité.[20] »
En 1990, les Nations Unies ont défini huit objectifs, les Objectifs du Millénaire pour le Développement, à atteindre d’ici 2015. Ces objectifs se portent sur[21] :
- Objectif 1 : Eradiquer l’extrême pauvreté et la faim:
Les cibles pour cet objectif seront de réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion de la population dont le revenu est inférieur à un dollar par jour ; d’assurer le plein emploi et la possibilité pour chacun, y compris les femmes et les jeunes, de trouver un travail décent et productif ; de réduire de moitié, entre 1990 et 2015 la proportion de la population qui souffre de la faim.
- Objectif 2 : Assurer l’éducation primaire:
La cible pour cet objectif est de donner à tous les enfants, garçons et filles, partout dans le monde, les moyens d’achever un cycle complet d’études primaires d’ici à 2015.
- Objectif 3 : Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes :
La cible pour cet objectif est d’éliminer les disparités entre les sexes dans les enseignements primaire et secondaire d’ici à 2005 si possible, et à tous les niveaux de l’enseignement en 2015 au plus tard.
- Objectif 4 : Réduire la mortalité infantile :
La cible pour cet objectif est de réduire de deux tiers, entre 1990 et 2015, le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans.
- Objectif 5 : Améliorer la santé maternelle :
Les cibles pour cet objectif sont de réduire de trois quarts, entre 1990 et 2015, le taux de mortalité maternelle ; et de rendre l’accès à la médecine procréative universel d’ici 2015.
- Objectif 6 : Combattre le VIH/sida, le paludisme et d’autres maladies :
Les cibles pour cet objectif sont d’avoir enrayé la propagation du VIH/sida et commencé à inverser la tendance actuelle, d’ici à 2015 ; d’ici 2010, d’assurer à tous ceux qui en ont besoin l’accès aux traitements contre le VIH/sida ; et d’ici à 2015, d’avoir maîtrisé le paludisme et d’autres grandes maladies et commencé à inverser la tendance actuelle.
- Objectif 7 : Assurer un environnement durable :
Les cibles pour cet objectif sont d’intégrer les principes du développement durable dans les politiques et programmes nationaux et inverser la tendance actuelle à la déperdition des ressources environnementales ; de réduire la perte de la biodiversité et atteindre d’ici à 2010 une diminution significative du taux de perte ; de réduire de moitié, d’ici à 2015, le pourcentage de la population qui n’a pas d’accès à un approvisionnement en eau potable ni à des services d’assainissement de base ; et d’améliorer sensiblement, d’ici à 2020, les conditions de vie de 100 millions d’habitants des taudis.
- Objectif 8 : Mettre en place un partenariat mondial pour le développement :
Les cibles pour cet objectif sont de répondre aux besoins particuliers des pays les moins avancés, des pays en développement sans littoral et des petits États insulaires en développement ; de poursuivre la mise en place d’un système commercial et financier ouvert, réglementé, prévisible et non discriminatoire ; de traiter globalement le problème de la dette des pays en développement ; et en coopération avec le secteur privé, de faire en sorte que les avantages des nouvelles technologies, en particulier des technologies de l’information et de la communication, soient accordés à tous.
- Programme Opportunidade au Mexique :
En réponse au premier et du septième objectif: « réduire l’extrême pauvreté et la faim, et assurer un environnement durable »…fleurissent dans le monde entier des initiatives destinées à réduire l’extrême pauvreté, comme par exemple au Mexique avec le programme gouvernemental « Oportunidades », lequel fait, depuis 1997, la preuve de son efficacité en vue d’un certain nombre d’indicateurs[22].
- Objectifs :
Un des objectifs d’Oportunidades est le développement du capital humain, lequel se définit comme l’ensemble des capacités productives qu’un individu acquiert par accumulation de connaissances générales ou spécifiques, de savoir-faire, etc.[23]
- Piliers :
Pour ce faire, le moyen mis en œuvre par le projet étant le transfert de fonds en vue d’améliorer la qualité du capital humain. Ce programme concerne 3 grands piliers : l’éducation, la santé et la nutrition.
Parlant de l’éducation, le programme met en place un système de bourse scolaire aux personnes de moins de 22 ans, entre le CE2 et la 1ère, pour les garçons et les filles. Le montant étant croissant allant de 10,50 USD en CE2 pour atteindre 58 USD en Terminale pour un garçon et 66 USD pour les filles. L’obtention de la bourse sous-entend la présence obligatoire aux cours et le non-droit au redoublement.
Quant à la santé, le programme prévoit l’accès au service sanitaire de base pour les familles via les dispensaires publiques, en termes de soins préventifs. L’obtention des aides sous-entend le respect le calendrier des visites médicales prévues.
Et le troisième pilier c’est la nutrition, qui fait bénéficier les enfants de 4 mois à 2 ans, les femmes enceintes et en lactation. Le programme transfert 15,50 USD par famille et par mois pour l’achat de produits et de suppléments alimentaires.
- Cibles :
Ce programme cible la population en zone rurale, dans un premier temps, surtout les foyers des communautés isolées et à niveau socio-économique faible dans les 506 communautés éligibles. Le contrat était de 3 ans renouvelables.
En 2002, grâce à l’efficacité du programme en zone rurale, celui-ci a pu s’étaler vers les zones urbaines. La cible pour cette fois-ci était les foyers des zones défavorisées.
- Impacts du programme :
En somme, le programme Opportunidade a entraîné une hausse des inscriptions scolaires, une hausse des visites médicales, l’amélioration de l’alimentation, ainsi et surtout la pérennité du programme dans le temps et malgré les changements politiques au Mexique (changement de Président de la République par exemple).
Concernant l’éducation, l’évaluation de 2004 a permis l’analyse des 6 ans d’implantation du programme en zone rurale, ainsi qu’un an en zone urbaine. « Dans le domaine éducatif, le nombre de boursiers financés par Oportunidades a augmenté de 127% pendant les quatre dernières années. En outre, le volume d’élèves inscrits au collège a augmenté de 24%. Dans les zones rurales, l’abandon scolaire et les redoublements en école primaire ont diminué de 17% et 13% respectivement. Les inscriptions au collège ont augmenté de 42% pour les garçons et de 33% pour les filles. De plus, on remarque une hausse de 85% des candidats au baccalauréat mexicain. Ainsi, les adolescents entre 15 et 18 ans bénéficiant du programme ont un niveau scolaire plus élevé (14%) que ceux qui n’y participent pas. A 16 ans, les élèves bousiers ont amélioré leurs performances de 7% en Mathématiques, de 8,1% en lecture et de 10,4% en écriture par rapport aux élèves non boursiers. En ce qui concerne les zones urbaines, le rapport de l’évaluation indique uniquement qu’à l’école primaire l’abandon scolaire a diminué de 9,5% et que les redoublements ont baissé de 21%. Ainsi le programme semble avoir véritablement influencé les comportements scolaires des bénéficiaires d’Oportunidades. [24]»
Pour la santé, une nette amplification de l’accès au centre de santé publique, qui est gratuit, a été vérifiée, avec une diminution des recours aux services privés. De ce fait, les dépenses de santé se voient diminuer pour les foyers cibles. « Dans les zones rurales, les consultations médicales se sont accrues de 57%. Le volume des consultations préventives a augmenté de 35% à la campagne et de 20% dans les agglomérations. Par exemple, les femmes participant au programme se soumettent à 61% à plus d’examens gynécologiques que les femmes qui n’y participent pas. Ces dernières connaissent 6% de moins de méthodes de contraception et en utilisent 17% moins que les femmes faisant partie d’Oportunidades. Les enfants de moins de 5 ans couverts par Oportunidades ont 12% moins de maladies que les enfants sans couverture. [25]»
Quant à la nutrition, l’on constate que tous les cibles de ce sous-programme ont su en profiter. Effectivement, « dans les zones urbaines, 50% des enfants de moins de 2 ans consomment le supplément une fois par semaine. Parmi ceux-ci, deux tiers en consomme 4 à 7 jours par semaine. Dans ce dernier groupe, l’anémie a été réduite de manière significative. Les suppléments alimentaires distribués ont également contribué à accroître la croissance des enfants entre 1 et 3 ans, 1 cm supplémentaire par an en moyenne. Enfin, les fonds versés par Oportunidades sont utilisés pour améliorer l’alimentation des familles, selon 75% des femmes. La consommation des ménages ruraux a augmenté de 22% et celle des foyers urbains de 15% grâce au transfert de fonds conditionnel. [26]»
En somme, l’on peut affirmer que le programme Opportunidade a pu dégager des impacts positifs et a fait profiter les foyers cibles.
Les résultats positifs d’Opportunidade ont engendré un effet d’entraînement de grande envergure surtout en Amérique Latine et en Afrique. Ces derniers ont mis en place des programmes similaires, tels que pour l’Amérique latine : la Colombie (Familias en acción), le Nicaragua (Red de protección social « Mi familia »), le Honduras (Programa de asiganción familiar), la Jamaïque (Program of advancement through health and education), le Brésil (Bolsa familia) et l’Argentine (Programa de ciudadanía porteña « Con todo derecho »). Ils sont tous basés sur un transfert de fonds, mais leurs objectifs, ciblages et conditions diffèrent.
- Limites des programmes :
Bien que les résultats du programme sont positifs et qu’il arrive à engendrer des progrès palpables à tous les niveaux : la santé, l’éducation et la nutrition, certains aspects présentent des limites.
- Au niveau du programme et de la population bénéficiaire:
- Ciblage :
Le ciblage concerne dans un premier temps les foyers précaires dans les zones rurales, à niveau de vie très faible, alors que les composantes éducatives et de santé du programme renvoient à une dense infrastructure d’écoles et de centres médicaux. Ce qui s’avère contradictoire et problématique, vu que les foyers cibles vivent essentiellement dans des petits villages enclavés, ne disposant ni d’écoles ni de centres médicaux. De ce fait, même si cette population se trouve théoriquement éligible, dans la pratique ils ne peuvent pas bénéficier de tous les avantages du programme. Ils ont dû alors mettre en œuvre d’autres moyens afin de faire bénéficier cette proportion de la population, qui incarne un réel besoin d’aide.
Et pour les zones urbaines, les cibles étant la population défavorisée, les méthodes de sélection n’étaient pas les mêmes et n’ayant pas eu les effets escomptés. Effectivement, le programme a opté pour une campagne d’information publique, d’où les candidats intéressés postuleront et le programme va sélectionner les bénéficiaires selon les grilles d’évaluation préétablies. En dépit de cette méthode de campagne, une partie des foyers jugés éligibles et nécessiteux n’ont pas pu être informés et ont été mis à l’écart du programme de ce fait.
- Dépendance de la population au programme :
Le programme consiste à financer monétairement les besoins de la population cible, c’est à dire opte pour « l’assistanat » mais ne prévoit pas de clause « apprendre à faire ». De ce fait, il s’identifie à une déresponsabilisation des bénéficiaires, les incitant ainsi à dépendre amplement du programme. Qu’en est-il de leur situation quand le programme finira ?
Supposons le cas d’une famille qui a connu une amélioration du niveau de vie suite au programme. Dépassant un certain seuil, elle ne sera plus éligible. Pourra-t-elle alors sortir indemne de cette nouvelle situation ? Théoriquement, si le programme ne prévoit pas des sous-programmes d’empowerment pour les bénéficiaires, où il offre des séances de formations assurant leur avenir, et les aidant ainsi à ne plus dépendre des aides, garantissant largement leur sortie de la phase d’assistanat, ils se replongeront dans la situation précédente.
- Méthode d’évaluation :
Est-elle efficace ? Peut-on compter sur ces résultats chiffrés ?
- Limitation des objectifs du programme :
Le programme se limiterait-il à remédier les urgences constatées pour un certain pays? Le traitement seul de ces situations d’urgences ne profitera pas durablement à la sortie de la pauvreté des bénéficiaires. Il faudrait de ce fait mettre en place un nouveau dynamique basé sur des activités orientés vers l’avenir des bénéficiaires après le programme, tels que la production de biens ou de services à caractère durable, comme solution pérenne pour la sortie de la pauvreté des bénéficiaires, voire même de l’Etat.
- Relations entre les acteurs du programme :
La relation véhiculé par ce projet s’explique via deux rapports : rapport Bailleur-Etat et rapport Etat- bénéficiaire. De ce fait, les plaintes et problèmes des bénéficiaires ne peuvent remonter au programme du fait de la complexité de leur relation, de caractère « à sens unique» de l’Etat aux bénéficiaires seulement.
D’un autre côté, le transfert de fonds s’opère du programme directement aux bénéficiaires. Le contrôle s’avère alors plus compliqué. Il faudrait alors mettre en place une association de bénéficiaires, qui va combler ce manque et faire le nécessaire pour le bon déroulement de ces transferts et autres démarches administratives.
- Au niveau de l’Etat :
- Capacité de l’Etat à faire face aux résultats :
Théoriquement, une amélioration de la situation des familles bénéficiaires du programme doivent se sentir sur la dynamique budgétaire du pays. Effectivement, les besoins primaires satisfaits, les ménages se voient sentir des besoins plus complexes, qui à leur tour s’affirment par des demandes au niveau de l’Etat. Ce processus a-t-il été démontré pour Opportunidade ? Et face à ces nouveaux besoins, l’Etat sera-t-il à même de les satisfaire ?
- Capacité de l’Etat à assurer la pérennité des améliorations de niveau de vie après le programme :
Après la fin du programme, comment l’Etat arrivera-t-il à assurer le maintien des résultats positifs ? Effectivement, il faudrait que l’Etat sera capable d’assurer les dépenses budgétaires nécessaires. Ceci ne sera possible que via de solides recettes fiscales, limitant ainsi la transportabilité du programme dans les autres pays ne bénéficiant pas d’une recette fiscale considérable.
- Vers une stratégie durable de lutte contre la pauvreté :
Le développement durable apparaît comme étant un mode de développement qui permet aux générations présentes de satisfaire leurs besoins (à commencer par ceux des plus démunis) sans remettre en cause la capacité des générations futures à satisfaire les leurs (CMED en 1987)[27]. Cette définition insiste surtout sur une double équité : l’équité intragénérationnelle et l’intergénérationnelle. La première permet la distribution équitable des ressources entre les générations présentes au bénéfice des plus démunis (pays du Sud surtout) afin d’assurer un développement généralisé. Tandis que la deuxième sous-entend un processus de développement prenant en compte la sauvegarde de ressources pour l’avenir et pour les générations futures. De ce fait, le développement durable intègre deux dimensions : une dimension écologique dans la mesure où une préservation des ressources naturelles et de l’environnement sera nécessaire, ainsi qu’une dimension humaine et sociale à la base d’une lutte contre la pauvreté. Ceci revient à dire que tout développement futur des pays pauvres est largement tributaire de la mise en place de programmes et projets soutenables humainement et écologiquement.
Afin de cerner ce thème, nous allons approfondir en premier lieu les stratégies théoriques du développement durable, et puis un cas pratique d’un programme durable-type : celui du Phillips Eco Entreprise Center au Minnesota, Etats-Unis.
- Stratégies :
Selon Michel Dion et Dominique Wolff, « Tel qu’il est présenté, le développement durable se veut une acception proposant un nouvel équilibre entre les enjeux de conservation de l’environnement, de croissance économique et d’équité sociale.[28]»
Il sera toutefois nécessaire de se rappeler que les programmes à mettre en place doivent être adéquats aux besoins des cibles, doivent être adaptés et personnalisés pour les zones desservies et doivent inclure des sous-programmes afin d’aider les pays en développement à être indépendant des aides extérieurs dans le futur.
- Participation : Programmes adéquats aux besoins des cibles :
Selon Philippe Deubel, « les stratégies de développement ne peuvent plus être un modèle unique défini par des économistes des grandes institutions internationales et appliqué sans discernement à tous les PED. Un nouveau partenariat international consiste à accroître la participation des PED à la définition des stratégies de développement au sein des grandes institutions et conférences internationales, notamment des Nations unies, dans le cadre du développement durable. [29]»
Effectivement, les projets de développement ont toujours apparus antérieurement tels des projets imposés aux pays en développement par les pays riches. Bien que ce projet a réussi pour certains pays, ils sont tributaires des conditions existantes dans le pays d’accueil, et peuvent ne pas engendrer les mêmes effets. Selon Alexandra de Heering & Stéphane Leyens, « Le passage de politiques « top-down », qui s’imposent du haut à des populations volontaires ou non, à une démarche « bottom-up », qui privilégie un modèle de développement généré idéalement au sein des populations elles-mêmes, représente un véritable tournant. [30]»
Il faut cependant comprendre que « la question de la mise en œuvre de l’appropriation est tout aussi difficile que sa connexe conceptuelle. Il ne suffit pas de signifier les intentions participatives, c’est-à-dire les intentions d’inclusion des populations locales dans les processus de prise de décision et de mise en application, pour que l’appropriation véritable soit effective.[31] »
De ce fait, depuis la phase d’élaboration des projets et programmes de lutte contre la pauvreté, il faudrait que le besoin, l’identité et le type de projet à mettre en place doivent émaner du pays en développement lui-même, pour qu’il se sente propriétaire du programme, par soucis de l’atteinte de l’objectif.
- Equité : projets adaptés et personnalisés pour les zones desservies :
Une des particularités des pays en développement c’est que ce sont toujours les grandes villes et les zones faciles d’accès qui bénéficient d’une grande injection de projets de développement. Ces derniers se fassent dans le cadre d’une lutte contre la pauvreté, or ce sont les zones très éloignées et difficiles d’accès qui s’avèrent les plus éligibles.
Puisque les réalités ne sont pas les mêmes d’un pays à un autre, voire même d’une ville à une autre, il faudrait façonner des projets de développement se basant essentiellement sur la réalité de la localité en question, analysant ainsi ses possibilités de sortie de la pauvreté, en tenant compte de ces avantages et inconvénients.
Effectivement, si seuls quelques villes d’un pays puissent bénéficier de projets de développement, un certain degré de développement peut avoir lieu, mais l’écart entre riche et pauvre de ce pays agrandira ainsi.
De ce fait, à chaque région en besoin, un projet lui correspondant, ce serait l’idéal pour que tout un chacun puisse en profiter et en bénéficier.
- Responsabilisation des pays en développement via le principe de non-indépendance aux aides extérieures :
L’on remarque qu’à la longue, les pays habitués aux aides extérieurs ne peuvent plus s’en passer. En fait, quand les programmes de développement en place se concentrent sur des assistanats, sur la donation sous forme monétaire ou non, ils ne seront pas ultérieurement profitables pour le pays bénéficiaire.
Seuls les projets et programmes qui peuvent assurer un transfert de connaissance et une amélioration des savoir-faire, via des séances de formation qui peuvent aider à l’insertion professionnelle des bénéficiaires dans un futur proche, qui seront qualifiée de « durable » et « luttant contre la pauvreté ».
Pour mieux approfondir nos propos, nous allons analyser un cas concret, le programme durable PEEC au Minesotta des Etats-Unis.
- Programme durable type : cas de PEEC aux Etats-Unis :
- Historique du programme :
En 1970, l’Etat du Minesota aux Etats-Unis a mis en place un projet d’implantation d’une « décharge » dans un quartier défavorisé de la ville de Minneapolis, comptant dix-huit mille habitants. D’où le mécontentement de la population locale qui voyait en ce projet une aberration à la fois économique, sociale et environnementale[32]. Effectivement, il a été prévu de modifier et déstructurer la zone d’habitation pour permettre non seulement la construction de la décharge qui nécessite une grande proportion du terrain, mais aussi et surtout la circulation journalière des grands engins au sein du site. Ceci entraîne la pollution et la modification totale de l’environnement du quartier dans un premier temps, et l’enfoncement de la population dans la précarité et l’exclusion sociale dans un futur proche.
Face à l’opposition de la population envers l’imposition du projet, un nouveau programme dénommé « Re-use Center » a vu le jour en 1995. Il consiste à mettre en place un magasin de vente de matériaux de construction usagés mais réutilisables alors qu’ils sont obtenus gratuitement. Ce type de projet a été positif pour les habitants, du fait qu’ils ont pu directement profiter de cet intérêt économique.
Puis en 1997, le projet a été substitué par le « Deconstruction Warehouse», qui a eu pour but de présenter une autre option que la démolition traditionnelle mécanisée : une déconstruction et démontage des bâtiments en douceur. Cette méthode a permis de réutiliser et de revendre les matériaux usagés, au profit de la population locale.
Cette longue démarche a permis l’instauration du PEEC ou Phillips Eco Entreprise Center en 2000, qui a su concilier l’économique, la base de la satisfaction des bénéficiaires et la créativité, la base de la pérennité des activités professionnelles engendrées par le projet. Le processus a été non seulement très long mais aussi pénible, cependant pour se faire accepter par la population locale, les bénéficiaires en question, l’Etat a voulu procéder ainsi. Sa mise en place a été tributaire de la coopération de tous les acteurs de développement du village, notamment les habitants du quartier, des environnementalistes, des constructeurs, des professionnels du développement commercial, des architectes, des ingénieurs, des banques, des experts du bâtiment, des associations de locataires et des étudiants[33].
- Population Cible :
Quant aux cibles, ce village au sein de la ville de Minneapolis a bénéficié de ce programme du fait de son taux de chômage 3 fois plus importante que la moyenne nationale. Durant plusieurs années, des importantes aides ainsi qu’une quantité importante de programmes sociaux ont été mis en œuvre, mais en vain, ils n’ont pas influé positivement sur ce taux. Effectivement, ces projets concentrés sur l’assistanat de la population via l’administration biens, tels que l’alimentation, les vêtements et l’abri, leur inculquait un comportement d’attente de l’aide des bailleurs, compromettant ainsi leur développement. La responsabilisation et le développement de leurs savoirs faire afin de permettre leur insertion professionnelle de manière durable ont fait défaut. D’où l’échec de ces politiques d’assistanat et la réussite des politiques incluant l’empowerment des bénéficiaires pour leur indépendance en cas de fin du projet.
- Objectifs :
Ce centre devrait servir à l’origine de station de stockage et de transit des déchets. La zone d’intervention du PEEC inclue dix-huit entreprises dans différentes domaines, notamment technologique, industriel et commercial, qui échangent quelque part leurs déchets. De ce fait, le centre se voit non seulement de permettre l’accroissement de la productivité des entreprises, mais aussi de protéger au maximum le cadre environnemental. Cet objectif principal sera tributaire de trois sous-objectifs primaires, dont:
- Se servir des ressources locales et du savoir-faire des populations déshéritées,
- Minimiser l’usage de l’énergie fossile et de matières neuves dans sa construction et son exploitation,
- Offrir un environnement de travail sain[34].
Ces objectifs s’identifient à ceux d’un programme durable de lutte contre la pauvreté dans la mesure où le PEEC incite la hausse de la productivité des ressources via la gestion du stock de matières premières et du flux de déchets, dans le but de respecter l’environnement.
- Moyens d’action :
L’atteinte de ces objectifs dépend surtout de l’exploitation des moyens d’actions mis en place. A la base, des actions « vertes » ont été menés pour la construction du bâtiment du PEEC, notamment l’installation de douches dans le but d’encourager les employés à se déplacer à bicyclette, limitant ainsi l’émission de gaz carbonique par la voiture ; la construction d’un escalier sis à l’entrée du bâtiment dans le but de limiter l’utilisation de l’ascenseur ; etc.
La gestion de l’eau a aussi été privilégiée, en ne citant que l’arrosage naturel surtout pour les prairies restaurées autour du bâtiment, l’aménagement des espaces verts par la plantation d’espèces ne nécessitant d’entretien, les systèmes d’absorption de dioxyde de carbone et d’isolation du toit par la mise en place du jardin suspendu, le système de recyclage des eaux de pluies,
Quant aux ressources énergétiques, le programme a intégré l’économie d’énergie via l’utilisation de l’énergie solaire, du vent et des systèmes géothermiques mécaniques. Pratiquement, par l’exploitation des rayons de soleil reflétés par des miroirs afin d’éclairer à la lumière naturelle le bâtiment la journée, réduisant ainsi la consommation d’électricité ; par le système d’optimisation de l’éclairage, du chauffage, de la ventilation et de la climatisation.
Parlant de la récupération des matériaux, lors de la construction du bâtiment, le PEEC a fait appel à la réutilisation de larges proportions de ressources locales et de matériaux de seconde main afin de sauver de la coupe les arbres de plantation ; le recyclage des portes et fenêtres, des éviers, planchers, briques, etc. ; fabrication des rebords de fenêtre à partir de matériaux recyclables tels que les journaux, etc.
- Résultats :
L’implantation du PEEC s’identifie à nos jours à un processus à la fois innovateur et pluridimensionnel, qui a su mettre en cohérence l’innovation technologique « verte », la réussite économique, le savoir-faire de la population locale et le respect de l’éthique[35]. En comparaison avec des projets d’envergure similaire, les moyens d’actions entrepris a indéniablement permis dans un premier temps d’économiser la quantité de ressources requises, tels que l’énergie et les matières premières, et de manière durable d’économiser les coûts de l’énergie, notamment l’électricité et l’eau, les frais d’entretien et de réparation. Le projet est alors à la fois bénéfique tant pour l’entreprise au niveau charges de fonctionnement, que pour l’environnement au niveau de l’économie des ressources.
Effectivement, d’après les chiffres sortant de l’analyse[36], le centre emploie jusqu’à moins de 55% d’énergie comparé à une construction de taille similaire et ses coûts annuels en électricité s’élèvent à seulement 5% de son budget de fonctionnement contre 20% en moyenne pour une structure similaire. Enfin, ses frais d’entretien et de réparation représentent 17% de son budget de fonctionnement contre une moyenne nationale de 23%. Le coût de construction du centre a certes été de 10% supérieur à celui d’une construction de type traditionnelle mais il a été amorti en quatre ans grâce aux économies de fonctionnement.
A part ces avantages économiques liés à la construction, le programme a permis la création de l’emploi, dont 25% imputable au centre, 50% aux 18 entreprises environnantes, et le reste en tant qu’emplois indirects. Cette ville qui a tant souffert par un taux de chômage trop élevé a cette fois-ci connu un bouleversement important via le PEEC. Ce hausse de taux de l’emploi a pu bénéficier 2/3 de la population locale répondant positivement à leur insertion sociale et la lutte contre la pauvreté.
En outre, la population a été assujettie à des séances de formations permettant ainsi de développer leurs savoirs faire, de respecter l’environnement, et de rehausser leur performance économique.
En somme, « la prise en compte de l’éthique dans ce projet permet de réunir toutes les conditions nécessaires pour voir émerger une vision holistique du développement durable qui est définitivement la cause première de la réussite d’une politique de lutte contre la pauvreté dont le PEEC se révèle comme étant une parfaite illustration. Un projet qui a su, à partir de l’initiative des plus défavorisés et la coopération de différents acteurs économiques, donner naissance à un modèle d’éco-entrepreneur où l’éthique sociale, la mise en valeur des différentes cultures, la réussite économique et la prise de conscience de l’importance du respect de l’environnement en ont fait un lieu d’excellence. La colère d’un quartier défavorisé a permis l’émergence d’une association : le «Green Institute », désormais fortement ancrée culturellement, économiquement et socialement sur son territoire et qui en 2004, avec un budget de 4 millions de dollars, contribue largement à la création de richesses, d’activités nouvelles, à l’amélioration du cadre de vie et des conditions de travail, ainsi qu’à la lutte contre la pauvreté dans une perspective durable de ce quartier déshérité. [37]»
Conclusion :
La pauvreté est un phénomène qui occupe tant les PVD que les pays riches, actuellement. Beaucoup de projets et programmes de développement ont vu le jour dans le but de lutter contre la pauvreté. Quelques pays ont réussi et d’autres ont connu des échecs à répétitions, d’autres ont réussi dans un premier temps et se trouvent retombé dans la pauvreté après que les projets et les aides extérieurs ont pris fin. Mais qu’est-ce qui différencie ce premier groupe de nations ?
Les politiques d’ajustement structurel et les programmes de développement se concentrant amplement sur le développement macroéconomiques et financiers ont engendré le sacrifice de la dimension sociale au profit de l’engouement pour les chiffres. Ils s’avéraient non-équitable pour la population d’un certain pays, vu que des inégalités de revenu et d’opportunités économiques existent. Ce qui a quelque part compromis son efficacité. De ce fait, pour réussir un programme de développement, il faudrait prendre la dynamique sociale en compte.
Le développement durable engage des enjeux spécifiques pour les PED, pour trois raisons : leur développement constitue la principale menace sur l’environnement et les ressources naturelles à l’avenir (accroissement des besoins à satisfaire du fait de leur développement économique et démographique) ; leur développement est en partie empêché par les atteintes des pays du Nord à l’environnement mondial, en particulier le processus de changement climatique (cyclones, montée des eaux, vagues de sécheresses…) ; ce sont eux qui ont le plus à gagner au renouvellement de la réflexion sur l’équité intragénérationnelle concernant la distribution des ressources, qu’elles soient économiques ou écologiques[38].
Le concept de durabilité s’impose alors pour tous les programmes et projets de développement pour une sortie durable des bénéficiaires de l’emprise de la pauvreté. Certainement, il faudrait que les programmes à mettre en place respecteront au moins ces conditions : adéquation de l’offre de projet aux besoins des bénéficiaires, personnalisation des projets pour les zones longtemps desservies et difficile d’accès, et l’empowerment des bénéficiaires pour qu’ils puissent se réinsérer socialement et adopteront ainsi des comportements d’indépendance vis-à-vis de ces aides extérieurs.
L’ONU s’est fixé en 2000, 8 objectifs de développement à réaliser avant 2015 : mettre fin à la grande pauvreté : diviser par deux le nombre de personnes vivant avec moins de 1 $ par jour (plus d’1 humain sur 6 actuellement) ; assurer l’éducation primaire pour tous les enfants (110 millions d’enfants n’ont pas accès à l’école primaire) ; assurer l’égalité homme-femme en assurant l’accès des femmes à l’éducation, à la maîtrise de la fécondité, à l’activité professionnelle officielle et au pouvoir politique ; améliorer la santé : diviser par deux la mortalité infantile, et stopper les épidémies, sida ; assurer un développement écologique : diviser par deux la part des individus n’ayant pas accès à l’eau potable (plus d’un milliard de personnes) et mettre en place les principes du développement durable ; assurer un partenariat international pour le développement : renégocier les termes du commerce international, de la dette et de l’aide au développement[39]. Arriverons-nous à la hauteur ?
Bibliographie :
- Alexandra de Heering & Stéphane Leyens, (Avril 2010), Lutte contre la pauvreté et développement au Sud : liberté et participation
- Alexandra Paul, Aldo Zimmermann, Jean-Christophe Villard, Les grands programmes de lutte contre l’extrême pauvreté sont-ils durables?
- Assidon Elsa, (1992), Les théories économiques du développement, Paris, La découverte, Repères n° 108
- Carluer Fréderic, (Janvier 2012), les théories du développement économique, PUG, collection Economie
- Cudeville & S. Poncet, (2011), Les théories du développement
- Hirschman A.O., (1984), L’économie comme science morale et politique, Paris, Gallimard, Le Seuil
- Keeley, Brian, (2012), La persistance de la pauvreté, in De l’aide au développement : La lutte mondiale contre la pauvreté, Éditions OCDE
- Michel Dion, Dominique Wolff, Le développement durable, Introduction générale
- Nations Unies, (2010), Objectif du millénaire pour le développement, Rapport 2010, New-York
- Hugon, L’économie du développement, le temps et l’histoire, Revue Economique, pp. 339-364
- Hugon, (Mars-Avril 1991), La pensée française en économie du développement, Revue d’économie politique, 101 (2), p 171-229
- Philippe Deubel, (2008), Analyse économique et historique des sociétés contemporaines, Pearson Education France
- Wolfenson, (2010), Perspectives du développement mondial
- W. Rostow, (1960), Les étapes de la croissance économique
[1] Keeley, Brian, « La persistance de la pauvreté », dans De l’aide au développement : La lutte mondiale contre la pauvreté, Éditions OCDE, 2012
[2] Wolfenson, Perspectives du développement mondial, 2010
[3] Ph. Hugon, L’économie du développement, le temps et l’histoire, Revue Economique, pp. 339-364
[4] E. Assidon, Les théories économiques du développement, Paris, La découverte, 1992, p 5
[5] A.O. Hirschman., L’économie comme science morale et politique, Paris, Gallimard, Le Seuil, 1984, p 45
[6] A.O. Hirschman., L’économie comme science morale et politique, Paris, Gallimard, Le Seuil, 1984, p 45
[7] E. Cudeville & S. Poncet, Les théories du développement, 2011
[8] W.W. Rostow, Les étapes de la croissance économique, 1960
[9] Carluer Fréderic, les théories du développement économique, PUG, collection Economie, Janvier 2012, p 25
[10] W.W. Rostow, Théorie des étapes de la croissance, 1960
[11] Carluer Fréderic, les théories du développement économique, collection Economie, Janvier 2012, p 25-26
[12] E. Cudeville & S. Poncet, Les théories du développement, 2011
[13] Assidon Elsa, Les théories économiques du développement, Repères n° 108, p 1
[14] Idem
[15] Idem
[16] Idem
[17] Ph. Hugon, La pensée française en économie du développement, Revue d’économie politique, 101 (2), Mars-Avril 1991, p 171-229
[18] Idem
[19] (Ces 5 domaines des politiques de développement, dans) Keeley Brian, La persistance de la pauvreté, in De l’aide au développement : La lutte mondiale contre la pauvreté, Éditions OCDE, 2012, p 30
[20] Nations Unies, Objectif du millénaire pour le développement, Rapport 2010, New-York, 2010, p 5
[21] Idem
[22] Alexandra Paul, Aldo Zimmermann, Jean-Christophe Villard, Les grands programmes de lutte contre l’extrême pauvreté sont-ils durables?, p 2
[23] Idem, p 7
[24] Idem, p 12
[25] Idem, p 12
[26] Idem, p 13
[27] Philippe Deubel, Analyse économique et historique des sociétés contemporaines, Pearson Education France, 2008, p 498
[28] Michel Dion, Dominique Wolff, Le développement durable, Introduction générale, p 1
[29] Philippe Deubel, Analyse économique et historique des sociétés contemporaines, Pearson Education France, 2008, p 498
[30] Alexandra de Heering & Stéphane Leyens, Lutte contre la pauvreté et développement au Sud : liberté et participation, Avril 2010, p 5
[31] Idem, p 3
[32] Idem, p 16
[33] Idem, p 18
[34] Idem, p 21
[35] Idem, p 24
[36] Idem, p 24
[37] Idem, p 25
[38] Philippe Deubel, Analyse économique et historique des sociétés contemporaines, Pearson Education France, 2008, p 498
[39] Nations Unies, Objectif du millénaire pour le développement, Rapport 2010, New-York, 2010
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