docudoo

Economie marocaine et le roi Mohammed VI

Economie marocaine et le roi Mohammed VI

 

Le Maroc a officiellement accédé à son indépendance en mars 1956. Cette accession, bien qu’elle soit aussi importante pour la liberté du peuple marocain, a également été l’occasion de la parution des problèmes économiques du pays. Cette indépendance s’est en effet accompagnée d’une chute importante des investissements dans le pays, de la fuite de capitaux, le tout accompagné d’un exode rural massif chamboulant toute l’économie.

Le Maroc avait hérité de quarante années de régime colonial français[1]. Toute l’économie marocaine était alors dépendante de la même structure économique. Une reconversion, après autant d’années de régime colonial n’est pas aisée. Tout le problème résidait d’ailleurs dans cette tentative de reconversion.

L’indépendance du Maroc s’est également marquée par l’accession au trône de Sa Majesté le Roi HASSAN II. Le roi HASSAN II a voulu fermer la parenthèse du colonialisme pour reprendre ses manifestations d’autorité en imposant ses normes[2]. Mais il veut également relancer l’économie marocaine, une économie nouvelle suivant la tradition nationale.

Abattre l’ancien pour créer du neuf, le pays s’est attelé à créer un nouveau cadre empreint du Maroc. Entre 1960 et 1972, trois plans avaient été élaborés pour essayer de créer, ou recréer, une économie nationale ; le plan quinquennal de 1960 à 1964, le plan triennal entre 1965 et 1967, et enfin le plan quinquennal de 1968 à 1972.

Malgré l’effort investi dans ces plans, ces derniers n’ont pu surmonter la faible croissance enregistrée par le pays. Le chômage continuait à sévir la nation. L’investissement ne pouvait redémarrer. Le pays faisait état d’une balance de paiement continuellement déficitaire, entrainant le pays dans un retard accru.

Aucun secteur n’avait été épargné par ce déficit ; agriculture, énergie, mine, industrie, etc. La période 1960-1966 a été marquée par une stagnation de la production globale. Le pays avait enregistré un taux de croissance de 2% contre une croissance démographique de 3.

L’année 1967 avait pourtant été une année de providence pour le pays. En effet, une augmentation exceptionnelle des récoltes avait permis d’enregistrer une augmentation du PIB de 7%, allant jusqu’à 12% l’année suivante. Cependant, malgré cela, ces phénomènes n’ont pu modifier la tendance à caractère structurel. L’économie marocaine est toujours restée faible et fragile.

Le secteur agricole, principal pilier de l’économie marocaine est en proie à la fluctuation incessante. Déjà, l’agriculture marocaine doit faire face aux aléas naturels, mais elle doit également faire face à une insuffisance structurelle qui ne permet pas l’évolution souhaitée. En 1958, la saison agricole du pays pouvait être considérée comme bonne. Mais il a fallu dix années pour atteindre le même production de 1958. Ceci pour dire que le secteur reste faible, en matière de production, et surtout de rendement.

Le secteur agricole est resté en large majorité artisanal. Bien qu’il appartient à l’Etat de promouvoir le secteur, ce dernier présente une insuffisance accrue. La disponibilité de stockage et de collecte est restée très faible pour permettre une spéculation intense sur les produits.

Pour les autres secteurs, la même fluctuation peut être enregistrée. Le secteur de l’industrie patauge. Depuis l’indépendance, aucun changement majeur ne pouvait être perçu. L’investissement privé avait disparu pour faire place à l’investissement public. Mais cette participation publique n’a permis de relancer que quelques secteurs, notamment le textile et la sucrerie. L’industrie marocaine est en état de stagnation, voire de récession.

Il faudra attendre les années 1980 et 1990 pour percevoir certains changements s’inscrire dans la politique économique du Maroc ainsi que dans la politique tout court. La fin des années 1990 a été également marquée par la succession au trône du roi HASSAN II par son fils Mohammed VI. Mohammed VI accède au trône en 1999 à la mort du roi HASSAN II.

Le nouveau monarque inscrit sa politique, autant dans la continuité que dans le changement. Depuis 1998 en effet, l’organisation institutionnelle de la politique économique au Maroc faisait de la stabilité économique son premier objectif. Le Maroc avait commencé à prôner l’ouverture pour s’intégrer dans une économie mondiale, s’inspirant en grande partie du « consensus de Washington »[3] et adoptant des reformes structurelles.

Comment l’économie marocaine se porte-t-elle depuis l’accession au trône du nouveau monarque Mohammed VI ? Quel impact la nouvelle politique du roi a-t-elle apportée ? Pour répondre à cette question, il nous faut relater l’état de l’économie marocaine avant Mohammed VI, en remontant au règne du roi HASSAN II. Ce n’est qu’ensuite que nous pourrons apporter la comparaison des mesures instituées par le nouveau monarque du Maroc. En dernier lieu, nous apporterons un regard pratique sur l’état réel du développement économique du Maroc.

 

 

 

Chapitre I :

L’état de l’économie marocaine avant Mohammed VI

 

 

Le Roi Mohammed VI entend appliquer une nouvelle stratégie pour le développement économique du Maroc et permettre ainsi à son pays de trouver sa place dans l’économie moderne contemporaine. Mais le roi a hérité d’une économie fragile que lui a léguée son défunt père, le Roi HASSAN II. Ce dernier a régné sur le Maroc depuis l’indépendance du Maroc, au milieu du siècle dernier.

Pour comprendre cet héritage du roi Mohammed VI, il nous faudra retracer le parcours de la politique économique marocaine pendant près d’un demi-siècle pendant lequel l’économie marocaine a essayé de trouver sa voie, entre un héritage colonial et une politique de changement, pourtant empreint de l’époque précoloniale.

Le Maroc indépendant en 1956 fait face tout de suite à d’énormes difficultés économiques. Après quarante années de colonisation, le Maroc tente sa reconversion afin de réaliser son décollage économique. Mais cette reconversion elle-même est la source des difficultés. En réalité, l’économie marocaine avait commencé à se porter mal depuis 1953. Mais la baisse des investissements s’est considérablement accrue avec la proclamation de cette indépendance en 1956, indépendance qui s’est accompagnée de la chute des investissements et de la fuite de capitaux.

Le tableau ci-dessous présente l’évolution de l’investissement global brut au Maroc entre 1956 et 1960.

 

Années Valeurs en milliards de francs Indice de base

[4]

Par ce tableau, nous pouvons conclure une dégression de près de la moitié des volumes d’investissements entre 1956 et 1960. Ce volume est catastrophique pour le pays. Mais pour appuyer davantage ce tableau, nous étudierons par secteur cette dégression de l’investissement, par tant de l’économie marocaine.

En 1961, un rapport officiel avait fait état de la situation économique marocaine. Il en a conclu que « les amortissements du matériel existant au Maroc en 1960 nécessitant une dépense de 216 milliards de francs pendant le quinquennat soit 43 milliards environ par an, les investissements bruts en outillage réalises en 1961 n’ont donc pas couvert les amortissements ; s’il y a eu des investissements nets dans certains secteurs, d’autres secteurs n’ont pas renouvelé leur matériel ancien ».

 

 

  • 1 : La reconstruction économique post colonisation (1958-1981)

 

Cette période a été pour le moins laborieuse puisqu’elle s’étend de l’indépendance jusqu’au début des années 1980. Cette période a été marquée par plusieurs tentatives de mise en place d’une politique économique propre au Maroc afin de couper les liens avec le colonialisme que le pays a vécu pendant quarante années.

Les débuts de l’indépendance n’ont pas été faciles. Entre 1960 et 1965, les besoins de reconstruction, politique et administrative, ont poussés le pays dans un grave déficit ayant eu leur impact sur la monnaie marocaine. Mais ce déficit a pu être finalement stabilisé à partir de l’année 1966.

La période 1973-1981 a été marqué par un retournement de la conjoncture nationale, mais également internationale. Si la croissance du PIB était en moyenne de 4,76%, la croissance agricole, pourtant le facteur clé de l’économie marocaine, a enregistrée une croissance négative de -1,86% en moyenne. Le Plan quinquennal 1973-1977 a assuré le maintien de la stabilité de la croissance.

Entre 1973-1981 au final, la croissance du PIB a été positive huit fois, et négative une fois. Celle de l’agriculture n’a été positive que quatre fois et négative cinq fois (-9,3% ; -6,3% ; -12,3% ; -1,7% ; -28,6% en 1981).

Les prévisions économiques dépassaient les capacités de production. Aucune mesure n’avait été entreprise pour parer aux insuffisances des ressources internes et externes, notamment pour faire face aux crises qui accompagnaient les relances budgétaires et monétaires. Les pays occidentaux ont pourtant su adapter ces relances avec le potentiel de production de leurs pays et les capacités de financement du capital nécessaire à la croissance.

Pendant cette période, le rôle de l’Etat a été prépondérant reléguant l’investissement privé presque au second plan.

Pour essayer de réguler l’économie, l’Etat a adopté des mesures drastiques, notamment sur le plan budgétaire et monétaire, des politiques macroéconomiques qui ne pourront pourtant pas déboucher sur un réel développement.

 

  • Les structures budgétaires post coloniales

De l’indépendance jusqu’au début des années 1970, les dépenses évoluent de manière régulière et lente. Entre 1958 et 1964, deux plans d’équipement et d’industrialisation avaient été adoptés par les pouvoirs publics pour essayer de redémarrer la croissance économique, un plan biennal entre 1958 et 1959, un plan quinquennal entre 1960 et 1964.

La réalisation et la mise en œuvre de ces plans nécessitaient l’augmentation des charges budgétaires et des dépenses publiques. Mais ces plans ont été la source d’un grand déficit. En effet, l’investissement fut énorme pour essayer de pallier les vacances de postes dus par le départ des fonctionnaires français, mais également la création de nouveaux postes.

Les pouvoirs publics ont dû adopter des mesures de stabilisation, suite aux déséquilibres créés par les plans précédents. Ainsi, un plan triennal entre 1965 et 1967 et un plan quinquennal entre 1968 et 1972, ont permis de réduire le taux de croissance des dépenses publiques.

Mais les efforts des pouvoirs publics devront faire face à des conjonctures défavorables à la croissance. Dans les années 1970, plusieurs faits, notamment le choc pétrolier de 1973, vont venir perturber les plans de relance. Le conflit du Sahara a fait notamment accroître les dépenses militaires. Des raisons d’ordre interne pèsent également sur le budget de l’Etat. Nous pensons notamment à la hausse des salaires des fonctionnaires entre 1974 et 1977, une hausse qui alourdira les dépenses publiques.

En 1973, les dépenses d’investissement ont commencé à croitre rapidement par rapport aux dépenses de fonctionnement (diagramme n°1), Ceci est dû par la résolution d’un plan quinquennal d’équipement massif entre 1973 et 1977. Ces investissements concernaient en large partie de la réalisation de grands travaux publics, barrages, routes, infrastructures scolaires et universitaires.

 

Diagramme n°1. Evolution des dépenses de fonctionnement et des dépenses

d’investissement entre 1970-1983 (en millions de DH)

 

 

Des efforts de stabilisation ont ensuite été entrepris au début de l’année 1978 pour rectifier le déséquilibre constaté jusqu’en 1977. L’austérité a été adoptée, accompagnée d’une politique d’assainissement. Les dépenses d’investissement ont été réduites de 40% cette année. Mais cet effort de stabilisation n’a pu perdurer au-delà de 1979. En effet, les circonstances ne l’ont pas permis. Le Maroc a enregistré un très faible taux de pluviométrie, le pays a fait face à une période de sécheresse en 1981. Des troubles sociaux en 1981 a également coupé ces efforts de stabilisations.

 

 

  • La reforme de la politique monétaire

La reforme touchait également la politique monétaire afin de réguler les flux monétaires et la valeur de la monnaie marocaine. Cette régulation a été axée sur l’encadrement du crédit. L’institut d’émission avait adopté un système de fichage pour agir sur la liquidité bancaire. Mais en 1959, le système de fiche avait été remplacé par le système de plafonds des réescomptes.

En juillet 1959, la banque du Maroc a acquis le statut d’établissement autonome et a lancé la nouvelle monnaie marocaine, le dirham. Les pouvoirs publics ont ressenti la nécessité de la mise en place de nouveaux instruments qui se sont manifestés par les plafonds des réescomptes.

Le système consiste à fixer pour chaque établissement de crédit un plafond unique d’escompte au-delà duquel les taux pratiqués seront dissuasifs. Mais l’efficacité de ce système est restée limitée. Il n’a pu avoir d’effet direct sur le volume des concours bancaires (voir diagramme n°2).

 

 

Diagramme n°2. Evolution des crédits à l’économie financés

sur ressources monétaires (1960-1972)

 

 

  • 2 : L’ajustement structurel (1983-1993)

 

Cette période va de 1983 à 1993. Les déséquilibres enregistrés pendant les vingt années précédentes ont obligés les pouvoirs publics à retourner aux principes fondamentaux de l’économie de marché. La crise de la fin des années 1970 et une récession internationale ont conduit à l’adoption d’un programme d’ajustement structurel.

Le plan se fonde sur la stabilisation et la libéralisation de l’économie afin de rétablir une croissance économique. La stabilisation suppose la réduction des dépenses publiques. La libéralisation ouvre la voie à la participation du secteur privé à la croissance économique et dans l’investissement.

 

 

  • Les mesures d’ajustement

La priorité de l’ajustement a été axée sur l’équilibre macro-financier. En 1983, le Maroc lance le programme de stabilisation qui repose essentiellement sur la maîtrise de la demande interne. La stabilisation s’oriente vers la réduction de la participation financière publique, un impératif d’ailleurs imposé par le FMI et la Banque mondiale.

Mais à côté de cette stabilisation, la libéralisation a également été évoquée afin de, outre réduire cette participation publique, faire entrer dans le processus de développement l’investissement privé et l’ouverture au marché mondial.

Les progrès ont d’abord été ressentis sur le plan des équilibres extérieurs. En effet, les efforts internes ont été plombés par des impératifs de subventions qui ont continué à grever le budget de l’Etat. Sur le plan des équilibres extérieurs, le solde du compte courant est passé d’un déficit de 12,3% du PIB en 1982 à un excédent de 0,9% en 1987. Cette amélioration se justifie par la contraction des importations et la hausse notable des transferts courants nets des Marocains résidant à l’étranger, de 7,4% du PIB en 1984 à 9,2% en 1987.

Cette période se marque également par la nette progression des dépenses de fonctionnement, de 16,4 milliards de DH en 1983 à plus de 36 milliards de DH en 1992 (voir diagramme n°3)

Diagramme n°3. Evolution des dépenses de fonctionnement

et des dépenses d’investissement

Source : Bank Al-Maghrib

La politique d’encadrement du crédit a également été poursuivie afin de contenir les effets de la dévaluation monétaire. Afin de rétablir un équilibre, les autorités monétaires ont appliqué, de façon systématique jusqu’en 1991, une politique d’encadrement du crédit comme principal moyen de contrôle de la distribution du crédit.

 

 

  • Les impacts de l’ajustement structurel

Le secteur agricole reste le poumon de l’économie marocaine. Pourtant, le programme d’ajustement structurel n’a pas su avoir les impacts attendus sur ce secteur. Le secteur privé a également dû faire face à la gangrène de l’informel.

Le taux annuel moyen de croissance économique a stagné à 3,1%, à un niveau inférieur de 1,8 point par rapport à celui de la période précédente. La variation annuelle de la population globale de 2,1% entre 1983 et 1993 indique que l’accroissement du PIB réel par habitant n’a été que de 1%, avec une perte de 1,6 point.

La valeur ajoutée agricole a quant à elle augmenté en moyenne annuelle de 3,3%. Mais le secteur n’a cessé de connaitre des fluctuations.  1987 et 1992 ont été de bonnes périodes, mais   1986 et 1988 ont été de très mauvaises saisons.

Le PIB non agricole s’est caractérisé par une variation faible, entre 3,2% et 3,6%. En effet, le secteur de la manufacture avait commencé à connaître des problèmes de compétitivité. Les services ont accusé un taux de croissance relativement stable grâce notamment à la bonne tenue des secteurs de commerce, de transport et de communication qui ont permis la relance du secteur de façon globale.

Au terme de cette période de 1983 à 1993, la consommation a contribué à la croissance économique à un niveau de 2,6 points, perdant 2,4 points par rapport à la période précédente. Ceci s’explique notamment par des politiques restrictives adoptées dans le cadre du programme d’ajustement structurel et des résultats très bas des compagnes agricoles en 1992 et en 1993.

L’investissement a marqué une légère diminution par rapport à la période précédente pour se situer à 22,4%. Cette diminution de la participation publique a d’ailleurs été le but premier du programme d’ajustement menant à un recul de la contribution à la croissance économique de 2 points à 0,3 points. Le pays a néanmoins enregistré une amélioration de la compétitivité. Les exportations nettes de biens et services ont contribué à la croissance économique, de 0,6 points.

 

Pour résumer cette période, le Maroc a voulu relancer une économique propre depuis son indépendance en 1956. Plusieurs mesures ont été entreprises pour essayer de bâtir une économie viable et forte. Néanmoins, ces programmes n’ont pu permettre au pays de s’affirmer correctement. Entre les caprices de la nature et des ajustements mal placés, le pays est resté en état de fluctuation permanente, un héritage que le nouveau monarque doit réguler.

 

 

 

Chapitre II :

L’économie marocaine sous Mohammed VI

 

Le roi HASSAN II a régné sur le Maroc depuis l’indépendance jusqu’à la fin du siècle dernier. Pendant son règne, plusieurs programmes et plans se sont succédé pour essayer d’affirmer une économie marocaine autonome. Mais rattrapés souvent par les évènements, ces programmes n’ont eu qu’un impact très limité sur l’économie marocaine.

L’héritage du nouveau roi du Maroc, Sa Majesté Mohammed VI est lourd. Il a devant lui une économie fragile d’un demi-siècle que lui a légué son défunt père. Comment sortira-t-il son pays d’une telle impasse pour que le Maroc puisse avancer ?

Le PAS entrepris entre 1983 et 1993 a instauré une politique de stabilisation et de libéralisation de l’économie marocaine. Mais les résultats obtenus ont été en deçà des attentes, ce qui a amené les pouvoirs publics à adopter une seconde stratégie de réforme s’étalant antre 1994 et 2004.

Cette période a été sous l’égide du roi HASSAN II ; Mas la mort de ce dernier a transmis la continuité de ces efforts à son fils Mohammed VI en 1999. Le règne de Mohammed VI s’est dés lors inscrit dans la continuité des efforts entrepris à la fin de la vie du roi HASSAN II avant de pouvoir prétendre au changement.

 

 

  • 1 : Le roi Mohammed VI, entre continuité et changement

Le roi HASSAN II s’est éteint en 1999. Mais il d’abord initié la seconde étape de la reforme de l’économie marocaine axée sur l’ouverture au marché mondial. C’est ce programme surtout que le défunt roi a légué à son fils Mohammed VI. Ce dernier a continué ces efforts entrepris lorsqu’il accède au trône en 1999.

 

 

  • L’état de l’économie marocaine entre 1994 et 2004

Les grandes lignes de la deuxième vague de réformes entreprises depuis 1994 avaient été la libéralisation du commerce extérieur, le renforcement des coopérations internationales, des accords de libre échange avec l’Union Européenne et les Etats-Unis ont été ainsi entamés ; la réforme de la douane, du secteur financier et l’accélération de la privatisation ; l’adoption du code du travail entrer dans l’ère de l’économie de marché; l’assainissement et l’amélioration de l’environnement des affaires au Maroc.

Avec l’appui des institutions internationales telle que le FMI et la banque mondiale, le Maroc poursuit son périple vers la mise en place effective d’une économie de marché gouvernée essentiellement par la libéralisation.

 

Le plan initié sous l’égide du roi HASSAN II et continué par le roi Mohammed VI laisse entrevoir ainsi un développement certain de l’économie marocaine. Toutefois, les taux de croissance affichés restent encore très faibles durant cette période. Les efforts qui ont été déployés jusqu’à présent présentent encore leurs limites.

Entre 1994 et 2004, le pays affichait un taux annuel moyen de croissance économique de 3,7%. L’accroissement du PIB réel par habitant restait également faible, de 1% en moyenne par an, soit 1,2 points de moins que la moyenne observée depuis 1960.

La valeur ajoutée agricole a présenté une croissance de l’ordre de 10,7%, mais la production agricole a encore été très volatile durant la période 1994-2004, donnant raison à l’adage « prévoir c’est pleuvoir », l’agriculture marocaine doit encore faire face aux caprices de la nature.

Le taux annuel moyen pour le PIB non agricole réalisé au cours de cette période était de l’ordre de 3,4%. Ceci s’explique par une amélioration du secteur des services grâce à l’extension du secteur de transports et communications. La valeur ajoutée du tertiaire a enregistré une croissance de 16,9%. Le secteur du commerce a réalisé une évolution positive de 4,7%.

1998 a été l’année de la télécommunication au Maroc. Le secteur a connu un essor remarquable avec le processus de privatisation. La libéralisation a pu ainsi être clairement observée dans le secteur de la télécommunication. En effet, l’économie fortement administrée a fait place à l’initiative privée. Maroc Telecom a ainsi géré la transition entre une culture administrative et une culture entrepreneuriale[5]. Le Maroc rejoint ainsi l’Afrique du sud dans le développement du secteur en Afrique.

Cette politique d’ouverture du marché a également permis à Maroc Telecom d’obtenir des participations élevées dans des entreprises de télécommunications africaines. 50% dans le capital de Mauritel, 51% du capital d’Onatel du Burkina Faso, 51% du capital de Gabon Telecom, ce qui ne peut qu’être bénéfiques à la croissance économique du pays.

Le tourisme a également pu profiter de ce mouvement de hausse. Le filon représente à peu près 5,5% du tertiaire. Le tourisme est l’une des sources principales de devises pour le pays, et il a connu amélioration significative.

La consommation a connu une amélioration. Sa contribution à la croissance économique est passée à 3 points. L’inflation a pu être maitrisée et gardée aux alentours de 2,7%.  L’investissement est resté inchangé par rapport à celui de la période précédente, soit 22,4% du PIB. Cette stagnation s’explique par le retard pris par les reformes en matière des droits des affaires, des procédures administratives. Mais sa contribution à la croissance a gagné 1 point pour se situer à 1,3 point au final.

Les exportations nettes ont enregistré néanmoins une récession avec 0,7 points. Ceci s’explique par la perte des parts des marchés face à la concurrence étrangère malgré des stratégies visant la promotion des exportations au Maroc.

Au final, la structure de l’économie marocaine en 2004 se présente ainsi :

– Une croissance économique de 4,2% encore insuffisante

– Une irrégularité du secteur agricole, fluctuations importantes,

– Un taux d’investissement toujours faible pour la relance de l’économie marocaine ;

– Une exportation qui réagit faiblement à la concurrence

– Un secteur des services qui a tardivement commencé à prendre de l’ampleur

 

 

  • Les changements entrepris depuis 2004 sous Mohammed VI

Il est clair que la seconde étape entre 1994 et 2004 initiée sous le roi HASSAN II et perpétrée sous l’égide de Mohammed VI ont apporté des changements majeurs dans l’économie marocaine. L’année 2006 a été une année de providence pour le pays. Les chiffres officiels de la direction du trésor et des finances extérieures du Ministère des Finances et de la privatisation[6] présente un taux de croissance économique de 8,1%. Une dynamique qui porte le pays vers le haut.

Cette performance s’accompagne d’une bonne tenue des autres indicateurs macroéconomiques. Le taux d’investissement atteint les 29,4 % du PIB[7]. Le déficit budgétaire a été réduit à 1,7% du PIB et la dette du trésor à 57% du PIB. Le taux d’inflation, selon toujours les études du Ministère des Finances et de la privatisation, s’élève à 3,3%. Et, les réserves de change passent de 24 MM de DH en 2005 à 190 MM en 2006.

En 2007, De multiples accords de libre échange ont été signés par le Maroc avec ses principaux partenaires, notamment l’Europe avec plan action Maroc- Union européenne et les USA. 90% des échanges extérieurs du pays se font dans le cadre du libre échange. Les indicateurs macroéconomiques de l’année 2007 démontrent une tendance positive dans la croissance économique.

Le PIB non agricole a enregistré une croissance. Le secteur des services comme le tourisme, la télécommunication et les transports, l’industrie viennent appuyer la croissance économique du pays, ne se contentant plus du secteur agricole dans la croissance de la nation.

La Banque Mondiale et la société Financière Internationale ont salué les efforts entrepris par le Maroc en 2006 en lui décernant le premier rang dans la zone MENA. Une telle considération permet une ascension dans le baromètre des réformes économiques, politiques et sociales. Le Maroc est un bon élève. Cette capacité exceptionnelle du Maroc lui vaut le renforcement des IDE. La communauté internationale n’hésite plus à recommander le Maroc pour les investissements étrangers[8].

Les performances économiques réalisées par le Maroc en l’espace de quelques années a permis au pays d’établir une relation de confiance dans une économie de marché. Le développement marocain allie performances économiques et réformes institutionnelles. En effet, des institutions efficaces permettent la coordination avec les agents économiques[9].

 

 

  • 2 : Le revers social du développement économique

Il est certain que le Maroc a réalisé des performances exceptionnelles pour faire entrer le Maroc dans l’ère de l’économie de marché. Les relations commerciales avec l’Europe, les Etats unis et les collaborateurs en Afrique se sont considérablement accrues en l’espace de quelques années. Mais qu’en est-il de l’impact sur le développement humain ?

 

 

  • Une croissance économique sans développement humain

La politique économique adoptée par le Maroc n’a pas su éviter les disparités d’ordre social. Si les mesures ont servi à réduire considérablement le déficit public, ces mesures ont également touché à des secteurs vitaux comme la santé publique, l’éducation nationale. Pourtant une population en bonne santé et bien éduquée est un capital à forte valeur ajoutée.

L’Etat s’est désengagé de ces secteurs, laissant la population dans une avidité[10]. L’émergence du secteur privé dans le domaine de la santé et de l’éducation  a simplement permis d’accentuer le traitement inégal. Une large part de la population à faible pouvoir d’achat n’y ont pas accès. A cause de ces disparités, le Maroc enregistre un fort taux d’exil vers l’Espagne et l’Italie[11].

La disparité sociale est telle que des quartiers insalubres apparaissent dans les périphéries des agglomérations[12]. Mais la population n’est pas la seule à souffrir de cette inégalité de traitement. La nature se retrouve également menacée par une forte exploitation des ressources naturelles par les personnes défavorisées[13].

 

  • Une forte croissance économique et un fort taux de chômage

Les mesures entreprises depuis une dizaine d’années ont profité largement aux entreprises et acteurs économiques. Pourtant, aucune répercussion n’a été sentie au niveau de la population active. La réalité démontre plutôt l’incapacité du secteur privé à réaliser une croissance économique socialement équilibrée.

Les données officielles font état d’un taux de chômage de 9,7% en 2006, de 15,5% en milieu urbain et de 3,7% en milieu rural. Si une amélioration a été enregistrée depuis 2001, le Ministère des Finances reconnait que le chômage reste préoccupant[14].

Un développement incontesté de l’économie, mais une dégradation de la situation sociale de la population, voilà sans doute le résumé de l’état actuel de l’économie marocaine. Pourtant, cette situation n’est pas sans incidence sur le développement futur de la nation. En effet, les impératifs de l’investissement actuel est le développement humain. Il s’agit là encore d’un trou noir à remplir pour permettre une économie durable pour le Maroc.

 

 

 

Chapitre III : Les perspectives d’avenir du Maroc

 

Le Maroc a réalisé une majeure partie de son retour dans l’ordre économique mondial. Mais les mesures restent encore insuffisantes. En effet, le but premier d’un développement économique doit être le développement durable de la population, développement humain dont le Maroc accuse encore un retard considérable.

Le pays mise également sur un développement durable et vert. Le pays, notamment le roi Mohammed VI, a mis l’accent sur la nécessité de reconsidérer l’agriculture comme le premier moteur du développement du pays dans l’avenir.

 

 

  • 1 : Un développement économique pour un développement humain

 

Les analyses contemporaines  ont prévu une croissance moyenne de 3,2% entre 2000 et 2010. Elles prévoient également une baisse au cours des deux décennies suivantes : 3% durant 2010-2020, et 2,7% durant 2020-2030. Une moyenne de 3% sur les trente années 2000-2030, soit 0,25% de moins que la moyenne constatée entre 1970 et 2000 sont également prévues. Ces prévisions prennent-elles en compte une amélioration de la situation de la population ?

 

 

  • Les prévisions de croissance

Le Maroc peut être situé dans les catégories des pays à revenus intermédiaires. La croissance est fonction de variables, la croissance de la population active, l’investissement en capital humain et l’investissement. Les pays à revenus intermédiaires profiteront d’une meilleure insertion internationale.

Les pays d’Afrique du Nord et du Moyen Orient, les Etats producteurs de pétrole voient leur PIB augmenter d’environ 2% par an durant les 30 prochaines années selon toujours les estimations des analystes.

Le pays compte investir dans le capital humain pour accompagner le développement économique. En réalité, les deux sont interdépendantes. Si le développement humain s’appuie sur un développement économique, ce dernier est fonction du développement du capital humain.

3% à 4% d’ici à 2030, c’est la prévision dans les pays d’Afrique du Nord non producteurs de pétrole. En deçà de ce seuil, aucune croissance ne peut être enregistrée, ni croissance économique ni développement humain.

 

 

  • Lutte contre le chômage structurel

Les prévisions du Maroc en terme d’emploi est de passer de 10,9 millions en 2005 à 13,8 millions en 2014 et à 16,6 millions en 2024, soit  une offre additionnelle annuelle de 293 000 et de 263 000. Ces offres cibleront surtout le milieu urbain à cause de l’exode rural massif qu’enregistre le Maroc.

285 000 emplois sont à créer entre 2005 et 2014 avec une évolution du taux de croissance du PIB supérieure à 4,7% dans les dix prochaines années. 276 000 postes d’emplois sont à prévoir entre 2015 et 2024, soit une croissance moyenne de 4,4% l’an du PIB. Un taux de chômage de 6% à l’horizon 2024 est l’objectif imposé par le pays. Cela suppose un rythme de croissance soutenu, de 5,4% pour pouvoir générer 366 000 postes de travail entre 2005 et 2014 et 260 000 entre 2015 et 2024.

 

 

  • 2 : Le développement vert, le développement futur

 

Sa majesté le Roi Mohammed VI a exhorté lors de son discours du 30 juillet 2010 les forces vives au développement d’une économie verte et écologique. En effet, l’écodéveloppement est aujourd’hui l’un des impératifs pour un développement durable.

Le plan Maroc Vert 2020 pour l’agriculture a été mis en œuvre depuis avril 2008. Ce plan vient consolider la relance de l’agriculture. Des investissements à hauteur de 150 milliards de DH sont attendus dans le secteur d’ici 2020, avec l’objectif de générer, à terme, un PIB de 100 milliards de DH par an.

Ce plan a pour objectif de permettre une sécurité alimentaire au Maroc, mais également à garantir des revenus aux agriculteurs qui sont encore nombreux au Maroc. Pousser l’agriculture permettra également de donner sa place au niveau du marché international, et enfin de protéger les ressources naturelles des différentes régions

Le Plan Maroc Vert met en avant le potentiel agricole territorial et veut rompre avec l’image simpliste d’une agriculture traditionnelle et non compétitive. Le plan vise d’abord un développement accéléré d’une agriculture moderne et compétitive capable de porter haut l’économie marocaine en s’appuyant sur les investissements privés.

Le Plan Maroc Vert vise ensuite la mise en place de 545 projets d’intensification ou de professionnalisation des petites exploitations agricoles. Le plan prévoit également la reconversion de la céréaliculture en cultures à plus forte valeur ajoutée.

 

 

 

Conclusion générale :

Le Maroc a pataugé pendant une décennie pour essayer de trouver sa voie dans la mise en place d’une économie nationale forte et indépendante. Sous HASSAN II, le pays avait essayer d’établir plusieurs plans afin de rompre avec les pratiques coloniales et investir le pays d’une économie propre.

Mais force est de constater que ces plans ont été la plupart du temps des échecs, soit à cause des caprices de la nature qui ne sont pas négligeables dans cette partie du monde, soit à cause de circonstances internationales indépendantes de la volonté du pays. Le Maroc a connu des hauts et des bas entre 1958 et 1980.

Des reformes ont été entreprises depuis 1983, mais avec des résultats moindres par rapport à l’attente. Une politique d’ouverture est nécessaire et le Maroc ne peut y déroger. C’est pour cela que la libéralisation a été le mot d’ordre du pays depuis 1993 jusqu’à aujourd’hui. Une partie de cette libéralisation a été initiée sous HASSAN II, mais les réalités de cette libéralisation n’ont eu d’impact réel que depuis l’accession au trône du roi Mohammed VI.

Ce siècle a été marqué par une forte mondialisation à laquelle ne peut échapper le Maroc. C’est d’ailleurs dans cette perspective que le roi Mohammed VI prévoit de faire entrer son pays dans l’ère de l’économie de marché. Même si le roi n’est pas l’instigateur premier de cette ouverture, il ne veut surtout plus accuser de retard, prenant le pas sur l’avenir.

Le roi voit large et prévoit un avenir vert qui ne peut être que l’avenir du monde. Les efforts sont entrepris dans le sens de l’écodéveloppement, un pari qui pourrait payer d’ici quelques années.

[1] Voir dans ce sens J. Berque, Le Maghreb entre deux guerres, Paris, Le Seuil, 1979, p. 26

[2] M. Tozy, « Le Roi Commandeur des croyants » in D. Basri, A. Belhaj, M.J. Essaïd, A. Laroui, A. Osman et M. Rousset (dir.), Edification d’un Etat moderne. Le Maroc sous Hassan II, Paris, Albin Michel, 1986, pp. 50-69 ; R. Bourqia, « The cultural legacy of power in Morocco » in R. Bourqia and S. Gilson Miller (eds.), In the Shadow of the Sultan. Culture, Power, and Politics in Morocco, Cambridge, Center for Middle Eastern Studies, 1999, pp. 243-258

[3] Voir John Williamson, «Un train de réformes devenu un label galvaudé. Consensus de Washington : un bref historique et quelques suggestions», Finances et Développement, septembre 2003, pp. 10-13

[4] Source : Compte de la Nation, Division du plan et des Statistiques

 

[5] Lalla Hind EL IDRISSI, L’entreprise innovante au Maroc. Le cas de Maroc Télécom, Thèse de doctorat GREL, Université du Littoral Côte d’Opale, 2005

[6] Ministère des Finances et de la privatisation, Direction du trésor et des finances extérieures Rapport sur l’évolution de l’économie marocaine, année 2006

[7] La croissance de la FBCF a été de 9,3% entre 2002-2006 contre 5,6% entre 1999 et 2001. Si le taux d’investissement brut est de 25, 9% du PIB en 2002, il est de 31,6% du PIB en 2006, Ministère de l’économie et des finances, Rapport économique et financier. Projet de loi des finances pour l’année budgétaire 2008, p. 33

[8] Rapport économique et financier (Projet de loi des finances pour l’année budgétaire 2008, p. 20), « Les investissements directs étrangers (IDE) au Maroc ont connu un essor important au cours des dernières années, passant de 2,9 milliards de dirhams en 1996 à 5 milliards en 2000 pour quintupler à 25,5 milliards en 2006. Sur les neuf premiers mois de 2007, les flux d’IDE ont dépassé les 20,7 milliards de dirhams. Leur part dans la FBCF et dans le PIB s’est améliorée, en conséquence, progressant de 5,9% en 2000 à 15,5% en 2006 pour la FBCF et de 1,4% à 4,4% pour le PIB. Cette bonne performance a permis au Maroc d’améliorer son positionnement au niveau régional en matière d’attrait des IDE. Il est ainsi, depuis 2000, l’un des trois premiers pays de l’Afrique les plus attractifs d’IDE (1er en 2003) et reçoit 9% en moyenne des IDE à destination de la région MENA. »

[9] M’Hammed ECHKOUNDI Gouvernance et dynamique des territoires. Expériences marocaines. GREL, Thèse de doctorat Université d’Artois, 2008

[10] Tarik KASBAOUI, Du rôle des investissements immatériels dans le développement économique : l’expérience du Maroc. GREL, Thèse de doctorat, Faculté d’économie appliquée d’Aix Marseille en partenariat avec l’Université du Littoral Côte d’Opale, 2004

[11] Hassan ZAOUAL, « Migrations africaines et mondialisation. Les damnés de la terre à l’assaut de la forteresse européenne », Foi et développement, n°338, novembre 2005. Centre Lebret, Paris

[12] Mustapha BRAKEZ, La gestion des déchets urbains au Maroc. Une approche par le développement territorial durable, GREL, Thèse de doctorat, Université du Littoral Côte d’Opale, 2007

[13] Hassan ZAOUAL, « Le progrès n’est plus ce qu’il était » (20pages) et « Ombres et lumières sur la richesse et la misère des nations » (11 pages). Les Rencontres de Fès Une âme pour la mondialisation, session juin 2006 HARMONIES, Sixième édition, Festival des Musiques Sacrées, 2006

[14] Ministère de l’économie et des finances, Rapport économique et financier. Projet de loi des finances pour l’année budgétaire 2008, p. 35

Nombre de pages du document intégral:21

24.90

Retour en haut